[Prétendu « libéralisme »] TRAVAIL GRATUIT, par Juan Manuel de Prada

24/03/2018 | 3 commentaires

Encore un bon texte sur Le Saker fran­co­phone (je vous recom­mande la lec­ture quo­ti­dienne de ce site passionnant) :

TRAVAIL GRATUIT

Dans un contexte de pau­pé­ri­sa­tion crois­sante des condi­tions de tra­vail, la Confé­dé­ra­tion espa­gnole des entre­prises (CEOE) a eu le culot de pro­po­ser que les contrats de for­ma­tion et d’apprentissage ne soient plus rému­né­rés (autre­ment dit, que les sta­giaires tra­vaillent gra­tui­te­ment), qu’ils puissent concer­ner du tra­vail pos­té ou de nuit (autre­ment dit, que les sta­giaires tra­vaillent gra­tui­te­ment avec des horaires dif­fi­ciles ou chan­geants) et que puissent éga­le­ment en béné­fi­cier les plus de 45 ans ne per­ce­vant plus les allo­ca­tions de chô­mage (autre­ment dit, que des sta­giaires à vie puissent être aus­si chô­meurs de longue durée).


Les bate­liers de la Vol­ga » Ilya Repin

Ches­ter­ton se trom­pait (par excès d’optimisme) quand il nous aver­tis­sait que « toute réforme du capi­ta­lisme signi­fie­ra sim­ple­ment que les capi­ta­listes ont trou­vé des moyens pour réduire les salaires » ; parce que le capi­ta­lisme a désor­mais trou­vé le moyen de les supprimer.

Il est en effet affli­geant de consta­ter la vio­la­tion sys­té­ma­tique de la digni­té du tra­vail que nous vivons ces der­nières années, sous cou­vert de « flexi­bi­li­té ». Une flexi­bi­li­té qui, en lan­gage clair, signi­fie que le tra­vail doit être subor­don­né à la recherche du pro­fit : ain­si ont été impo­sées des légis­la­tions du tra­vail qui fra­gi­lisent pro­gres­si­ve­ment la condi­tion des tra­vailleurs, qui pié­tinent tous les prin­cipes de la jus­tice sociale et attentent à la digni­té même de la per­sonne. Ches­ter­ton a écrit que dans une pre­mière phase de son évo­lu­tion, le capi­ta­lisme nous avait volé la pro­prié­té des biens de pro­duc­tion, pour faire de nous des tra­vailleurs sala­riés. Puis que, dans une deuxième phase, il subor­don­ne­rait nos salaires à son expan­sion. Ain­si dis­pa­raît le prin­cipe fon­da­men­tal de la jus­tice sociale, qui sti­pule que « le tra­vail est tou­jours la cause effi­ciente pre­mière du pro­ces­sus de pro­duc­tion, alors que le capi­tal n’en est que l’instrument ou la cause ins­tru­men­tale » (Labo­rem exer­cens, 12).

Mais dans cette phase bou­li­mique et ter­mi­nale du capi­ta­lisme, on en arrive à pré­tendre que les indi­vi­dus tra­vaillent gra­tui­te­ment, voire paient pour tra­vailler. Et pour qu’une telle aber­ra­tion soit conce­vable, on joue de la façon la plus vile et mani­pu­la­trice qui soit avec les espoirs des plus jeunes et les angoisses des plus anciens. Ain­si, le capi­ta­lisme atteint un abîme de dégra­da­tion que n’avait même pas osé envi­sa­ger l’esclavage : le patri­cien romain, au moins, avait l’obligation d’assurer la nour­ri­ture et le loge­ment à ses esclaves.

On pour­rait com­prendre que les contrats de for­ma­tion ou d’apprentissage ne soient pas rému­né­rés s’il exis­tait une légis­la­tion du tra­vail qui assu­rât un tra­vail fixe et rému­né­ré au can­di­dat méri­tant une fois son appren­tis­sage ter­mi­né. Mais avec la légis­la­tion en vigueur, ces pro­po­si­tions de la CEOE nous paraissent par­ti­cu­liè­re­ment cruelles, parce qu’elles pro­fitent traî­treu­se­ment de la néces­si­té que l’homme a de tra­vailler non seule­ment pour sub­ve­nir à ses besoins maté­riels (par­fois si pres­sants) mais aus­si pour répondre à un noble désir de per­fec­tion­ne­ment personnel.

Mais ceux qui cherchent à tirer pro­fit de l’obligation ain­si faite à des jeunes pleins d’espoir (ensuite déçu) et à des vieux rava­gés par son absence (fina­le­ment jus­ti­fiée) de tra­vailler gra­tui­te­ment, se trompent. Car le tra­vail indigne ne génère chez le tra­vailleur que le rejet de l’entreprise qui l’embauche. Et toute entre­prise employant des tra­vailleurs qui ne s’identifient pas à elle est un jour ou l’autre vouée à l’échec. Tant il est vrai que l’homme a besoin de se sen­tir concer­né par son tra­vail. Sinon, celui-ci devient vite insup­por­table. Un ordre éco­no­mique qui déna­ture le tra­vail nie la nature humaine et, par voie de consé­quence, est condam­né à périr. Ce genre de pro­po­si­tions nous montre que les dieux rendent aveugles (par le goût du pro­fit) ceux qu’ils veulent perdre.

Juan Manuel de Prada

Tra­duit par Hugues pour le Saker Francophone

http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​t​r​a​v​a​i​l​-​g​r​a​t​uit

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3 Commentaires

  1. etienne

    François Asselineau, 5 minutes sur RMC : 

    Réponse
  2. etienne

    « Tiens ma bière et regarde ça »

    « Les ser­pents à son­nette (cro­tales) ont une répu­ta­tion ter­rible. Là où je vis, en Flo­ride, nous avons les plus grands ser­pents à son­nettes de la pla­nète, les Eas­tern Dia­mond­backs (Cro­ta­lus ada­man­teus). Ils sont énormes et peuvent atteindre plus de 2 m (6 pieds) de lon­gueur et peser jusqu’à 15 kg (30 lb). Le venin des Eas­tern Dia­mond­backs n’est pas le plus puis­sant, mais il peut en four­nir beau­coup. Donc, oui, c’est une créa­ture for­mi­dable. Mais c’est aus­si une créa­ture douce et vrai­ment très timide.

    Les Eas­tern Dia­mon­backs sont éga­le­ment des créa­tures incroya­ble­ment belles. J’avoue que je les aime énormément.

    Mal­gré sa répu­ta­tion de méchan­ce­té, Eas­tern Dia­mon­back ne vous atta­que­ra jamais s’il peut l’éviter. J’ai vu beau­coup de ces ser­pents lors de mes ran­don­nées, je les ai mani­pu­lés (avec un cro­chet), et j’ai vu mon ber­ger alle­mand arri­ver – lit­té­ra­le­ment – nez à nez avec un Dia­mond­back orien­tal, ce der­nier n’a pas frap­pé. Pour­quoi ? Parce que ces ser­pents feront tout ce qu’ils peuvent pour évi­ter d’avoir à vous mordre.

    D’abord et avant tout, ils se cachent. Vrai­ment bien. Vous pou­vez vous tenir juste à côté d’un grand Eas­tern Dia­mond­back et ne jamais le remar­quer. Vous pou­vez mar­cher tout près, et il ne bou­ge­ra pas, ou ne fera pas cli­que­ter sa queue, et vous ne sau­rez jamais qu’il était là. Le camou­flage est sa pre­mière ligne de défense.

    Ensuite, s’il est décou­vert, il va secouer sa queue comme un hochet. Si néces­saire, très fort. Vous pou­vez faci­le­ment entendre le hochet d’un Eas­tern Dia­mond­back à une dis­tance de cinq mètres, plus que suf­fi­sante pour l’éviter facilement.

    De plus, si on lui en donne l’occasion, il se reti­re­ra et se cachera.

    Enfin, lorsqu’ils sont accu­lés, beau­coup d’entre eux essaient ce qu’on appelle une « mor­sure sèche » : ils vous mordent, mais ne délivrent pas de venin. Pour­quoi ? Parce que vous n’êtes pas une proie, alors quelle serait l’utilité de vous enve­ni­mer ? L’Eastern Dia­mond­back ne veut pas votre mort, il veut qu’on le laisse vivre !

    Un jour, un garde fores­tier de l’Arizona m’a dit que le pro­fil d’une vic­time de mor­sure de ser­pent à son­nettes typique est blanche, mâle, avec des tatouages ​​et les fameux mots ultimes : « Tiens ma bière et regarde ça ! ».

    Pour­quoi je vous dis tout ça ?

    Parce que c’est exac­te­ment ce que je vois arri­ver devant mes yeux horrifiés.

    La Rus­sie est la Eas­tern Dia­mond­back essayant déses­pé­ré­ment de faire tout ce qu’elle peut pour évi­ter d’avoir à frap­per. L’Occident est l’idiot bour­ré plein d’orgueil, d’arrogance et d’un sens très erro­né de son invul­né­ra­bi­li­té en disant « Tiens ma bière et regarde ça ! ».

    Gar­dez à l’esprit que dans une confron­ta­tion avec un humain ivre, le Eas­tern Dia­mond­back a très peu de chance de sur­vivre. Et il le sait, et c’est pour­quoi il fait tout ce qu’il peut, pour com­men­cer, afin d’éviter une telle confron­ta­tion. Mais s’il est coin­cé ou atta­qué, le Dia­mond­back va frap­per. Dur. Vous vou­lez voir à quoi res­semble une telle frappe ? C’est comme ça :


    Vous ne vou­lez cer­tai­ne­ment pas être à la récep­tion de cette frappe !

    Mais c’est pour les gens nor­maux et sobres. Quand vous êtes saoul, votre atti­tude est « Tiens ma bière et regarde ça ! ». Vous « savez abso­lu­ment » que vous pou­vez mani­pu­ler ce serpent.

    Ils s’y sont tous mis main­te­nant. May, Trump, Macron et Mer­kel, bien sûr, mais aus­si leur presse syco­phante pros­ti­tuée et leur trou­peau de dis­ciples zom­bi­fiés. Ils croient tous en leur invul­né­rable supériorité.

    La véri­té ter­ri­fiante est que ces gens n’ont aucune idée de la per­sonne avec qui ils traitent et ne com­prennent pas les consé­quences de pous­ser la Rus­sie trop loin. Oh, en théo­rie ils le font – oui, oui, Napo­léon, Hit­ler, on connait ! Mais dans leurs tripes, ils se sentent en sécu­ri­té, supé­rieurs et ne peuvent tout sim­ple­ment pas conce­voir qu’ils peuvent mou­rir et que l’ensemble de leurs socié­tés dis­pa­raî­tra, tout simplement.

    Je sug­gère qu’ils réflé­chissent atten­ti­ve­ment à ce qui suit.

    Dans une inter­view récente, Pou­tine a été inter­ro­gé sur le côté rai­son­nable d’une frappe de repré­sailles de la part de la Rus­sie si elle était atta­quée par les États-Unis. Pou­tine a répon­du : « Oui, pour l’humanité ce serait une catas­trophe mon­diale, pour le monde ce serait une catas­trophe mon­diale, mais en tant que citoyen de la Rus­sie et en tant que chef de l’État russe, je demande : Quel besoin aurions-nous d’un monde où il n’y a pas la Russie ? ».

    Donc, vous l’avez, direc­te­ment de la bouche de Pou­tine : si le plan anglo­sio­niste est d’éliminer la Rus­sie – phy­si­que­ment ou autre­ment, alors le peuple russe n’a pas besoin d’un tel monde. Consi­dé­rez ces mots comme la ver­sion russe d’un cli­que­tis de ser­pent à son­nette, très fort, presque désespéré.

    Et regar­dez com­ment ils essaient tous de voir jusqu’où ils peuvent pous­ser à bout la Rus­sie, en toute sécurité.

    Je me demande si ce « cli­que­tis » russe sera assez fort pour arrê­ter l’Occident avant qu’il ne soit trop tard.

    Je n’en suis pas si sûr. »

    The Saker

    Tra­duit par jj, relu par Cat pour Le Saker francophone
    http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​t​i​e​n​s​-​m​a​-​b​i​e​r​e​-​e​t​-​r​e​g​a​r​d​e​-ca

    Réponse
  3. etienne

    La nomi­na­tion de John Bol­ton au poste de conseiller en matière de sécu­ri­té natio­nale nous met sur le che­min de la guerre.

    John Bolton à la Sécurité Nationale : maintenant vous pouvez paniquer (Slate) par Fred Kaplan

    Il est temps d’appuyer sur le bou­ton « panique ».

    La nomi­na­tion de John Bol­ton au poste de conseiller à la sécu­ri­té natio­nale – un poste qui n’exige aucune confir­ma­tion par le Sénat – met les États-Unis sur le che­min de la guerre. Et il est rai­son­nable de dire que c’est bien ce que recherche le pré­sident Trump.

    Après tout, Trump a don­né le poste à Bol­ton après plu­sieurs conver­sa­tions entre eux (mal­gré les ordres du chef de cabi­net de la Mai­son-Blanche, John Kel­ly, inter­di­sant à Bol­ton l’accès au bâti­ment). Et il y avait cette remarque que Trump a faite après avoir viré Rex Tiller­son et nom­mé le plus fau­con Mike Pom­peo à sa place : « Nous sommes très près d’obtenir le Cabi­net, et d’autres choses, que je veux ».

    Bol­ton a appe­lé à plu­sieurs reprises à lan­cer une pre­mière frappe sur la Corée du Nord, à sabor­der l’accord sur les armes nucléaires avec l’Iran, puis à bom­bar­der ce pays éga­le­ment. Il dit et écrit ces choses non pas dans le cadre d’une « théo­rie du fou » intel­li­gente pour ame­ner Kim Jong-un et les mol­lahs de Téhé­ran à la table de négo­cia­tion, mais plu­tôt parce qu’il veut sim­ple­ment les détruire, eux et tous les autres enne­mis de l’Amérique.

    Son pro­gramme n’est pas « la paix par la force », la devise des fau­cons répu­bli­cains plus conven­tion­nels que Trump a inclus dans un tweet mer­cre­di, mais plu­tôt un chan­ge­ment de régime par la guerre. C’est un néo­con­ser­va­teur sans la fer­veur morale de ceux qui portent cette éti­quette, c’est-à-dire qu’il tient à ren­ver­ser les régimes oppres­sifs non pas pour répandre la démo­cra­tie, mais plu­tôt pour étendre le pou­voir américain.

    Au début de l’administration de George W. Bush, le vice-pré­sident Dick Che­ney a confié à Bol­ton un poste de sous-secré­taire d’État au contrôle des arme­ments – une blague interne, puisque Bol­ton n’a jamais lu un trai­té sur le contrôle des arme­ments qui lui conve­nait. Mais sa véri­table mis­sion était d’être l’espion de Che­ney au sein du Dépar­te­ment d’Etat, avec pour mis­sion de sur­veiller et, dans la mesure du pos­sible, sabo­ter toute ten­ta­tive de diplo­ma­tie paci­fique mon­tée par le secré­taire d’État Colin Powell.

    Lorsque Powell s’est fait virer, Che­ney vou­lait que Bol­ton devienne secré­taire d’État adjoint, en rem­pla­ce­ment de Richard Armi­tage, qui avait démis­sion­né dans le sillage de son meilleur ami Powell. Mais la rem­pla­çante de Powell, Condo­leez­za Rice, qui avait été conseillère de Bush en matière de sécu­ri­té natio­nale, a blo­qué le mou­ve­ment, plei­ne­ment consciente de l’idéologie obs­truc­tion­niste de Bol­ton. [Pause deman­dée par le tra­duc­teur. Si C. Rice trou­vait Bol­ton trop extré­miste, on image le per­son­nage – NdT]

    En guise de com­pro­mis, Bush a nom­mé Bol­ton ambas­sa­deur auprès des Nations Unies, mais cette déci­sion s’est avé­rée insup­por­table, même pour le Sénat contrô­lé par les Répu­bli­cains à l’époque. C’était une chose de cri­ti­quer l’ONU – un orga­nisme qui mérite d’être cri­ti­qué – mais Bol­ton s’est oppo­sé à son exis­tence même. « Les Nations Unies n’existent pas », a‑t-il dit un jour dans un dis­cours, ajou­tant que « si le bâti­ment du Secré­ta­riat de l’ONU à New York per­dait 10 étages, cela ne ferait pas beau­coup de différence ».

    Plus que cela, il était hos­tile à l’idée même de droit inter­na­tio­nal, ayant décla­ré une fois : « C’est une grosse erreur pour nous d’accorder une quel­conque vali­di­té au droit inter­na­tio­nal, même lorsqu’il peut sem­bler dans notre inté­rêt à court terme de le faire – car à long terme, l’objectif de ceux qui pensent que le droit inter­na­tio­nal signi­fie vrai­ment quelque chose sont ceux qui veulent contraindre les États-Unis ».

    Il s’agit peut-être de notions pit­to­resques pour cer­tains assis­tants excen­triques de niveau inter­mé­diaire, mais l’ONU est fon­dée sur le droit inter­na­tio­nal, les réso­lu­tions du Conseil de sécu­ri­té sont rédi­gées pour faire res­pec­ter le droit inter­na­tio­nal et, comme Bush com­men­çait à le réa­li­ser au début de son deuxième man­dat, au moment de la nomi­na­tion de Bol­ton, cer­taines de ces réso­lu­tions se sont révé­lées utiles pour expri­mer, et par­fois faire res­pec­ter, les inté­rêts des États-Unis en matière de sécu­ri­té natio­nale. Com­ment quelqu’un ayant ce point de vue pour­rait-il ser­vir d’ambassadeur des États-Unis auprès de l’ONU ?

    Lors de ses audiences de confir­ma­tion devant la Com­mis­sion des affaires étran­gères du Sénat, Bol­ton a pré­sen­té un spec­tacle épou­van­table, grom­me­lant et grin­çant à tra­vers sa mous­tache de morse. Fina­le­ment, lors d’un vote à 50/50, la com­mis­sion a ren­voyé la nomi­na­tion de Bol­ton devant l’ensemble du Sénat « sans recom­man­da­tion ». Crai­gnant à juste titre un refus de la Chambre, Bush a don­né le poste à Bol­ton via une « nomi­na­tion inté­ri­maire », en pro­fi­tant que le Congrès soit par­ti en vacances. Mais la loi auto­ri­sant cette entour­loupe a accor­dé au Sénat la pos­si­bi­li­té de voter 18 mois plus tard. Au cours de la deuxième série d’audiences, Bol­ton s’est com­por­té de façon encore plus odieuse qu’au cours de la pre­mière. Lorsqu’un séna­teur répu­bli­cain lui a deman­dé si son année et demie à l’ONU avait modi­fié ses idées sur l’organisation, Bol­ton, au lieu de sai­sir l’occasion pour apai­ser les scep­tiques, a répon­du : « Pas vrai­ment ». Les chefs de la Mai­son-Blanche ont reti­ré la nomi­na­tion et Bol­ton s’est recon­ver­ti dans le centre néo­con­ser­va­teur de l’American Enter­prise Institute.

    Pen­dant la tran­si­tion pré­si­den­tielle de Trump, Bol­ton s’est retrou­vé sur la liste res­treinte des can­di­dats au poste de secré­taire d’État adjoint, mais Tiller­son – qui sera nom­mé peu après – expri­ma des réserves quant à tra­vailler avec Bol­ton. (Trump aurait pu se rap­pe­ler cette conver­sa­tion, lorsqu’il déci­da de congé­dier Tiller­son). Après le départ de Michael Flynn comme conseiller en matière de sécu­ri­té natio­nale, Bol­ton s’est encore retrou­vé sur la liste res­treinte pour le rem­pla­cer. Le Géné­ral H.R. McMas­ter fut nom­mé, mais Trump a décla­ré publi­que­ment qu’il aimait Bol­ton et que celui-ci tra­vaille­rait bien­tôt pour la Mai­son-Blanche « à un titre quelconque ».

    Nous y voilà.

    Au cours de son an un et un mois de ser­vice, McMas­ter, qui est tou­jours un géné­ral trois étoiles de l’Armée de terre en ser­vice actif, a pro­fon­dé­ment déçu ses amis et admi­ra­teurs d’antan. Il s’était fait une répu­ta­tion il y a 20 ans, comme auteur du livre Dere­lic­tion of Duty, qui repro­chait aux géné­raux de l’ère viet­na­mienne de ne pas avoir don­né de conseils mili­taires hon­nêtes au pré­sident Lyn­don John­son. Et main­te­nant, lui-même au poste de conseiller poli­tique à Washing­ton, McMas­ter a rui­né cette répu­ta­tion, en com­met­tant les mêmes erreurs repro­chées aux autres en se sou­met­tant aux incli­na­tions de Trump et en tolé­rant ses contre-vérités

    Mais au moins McMas­ter s’était entou­ré – et a sou­vent écou­té – de pro­fes­sion­nels du Conseil de sécu­ri­té natio­nale et a insis­té pour évin­cer les idéo­logues ama­teurs, dont plu­sieurs sont des aco­lytes de Flynn.

    Il est peu pro­bable que Bol­ton puisse tolé­rer des pro­fes­sion­nels, et le flot d’exilés de la Mai­son-Blanche s’intensifiera bientôt. […]

    Lire la suite, sur Le Grand Soir :
    https://​www​.legrand​soir​.info/​j​o​h​n​-​b​o​l​t​o​n​-​a​-​l​a​-​s​e​c​u​r​i​t​e​-​n​a​t​i​o​n​a​l​e​-​m​a​i​n​t​e​n​a​n​t​-​v​o​u​s​-​p​o​u​v​e​z​-​p​a​n​i​q​u​e​r​-​s​l​a​t​e​.​h​tml

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