Olivier Berruyer résume l’essentiel économique en 1min20 : LES USA LITTÉRALEMENT PILLÉS PAR LES 1%

20/09/2017 | 11 commentaires

Remar­quable Oli­vier Ber­ruyer (en déc 2013, l’es­sen­tiel éco en 1 minute 20) :
les USA lit­té­ra­le­ment pillés par les 1%

« Le 1 % le + riche a cap­té TOUTE la richesse créée, et a conti­nué à piquer EN PLUS sur la part de reve­nu des 99 % (les + pauvres) »

« Donc, les États-Unis, c’est 99 % de la popu­la­tion qui est tou­jours en réces­sion depuis 2009 et 1 % pour qui ça va beau­coup mieux, MAIS EN MOYENNE ÇA VA… » 

La cra­pu­le­rie des éco­no­mistes pros­ti­tués aux ultra-riches, c’est de ne rai­son­ner qu’en moyenne.

Mer­ci Olivier.
Mer­ci Thin­ker­view pour l’entretien.
Et mer­ci Benoît, pour l’ex­trait sur mesure 🙂

théorie du ruissellement

À votre avis, pour la France et l’Eu­rope, c’est dif­fé­rent ou c’est pareil ?


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11 Commentaires

  1. Ezra

    Ber­ruyer n’a rien trou­vé de plus urgent que publier un dos­sier sur le 1109
    qui est une tra­duc­tion lit­té­rale des conclu­sions du NIST tota­le­ment sous contrôle d’une admi­nis­tra­tion de banquiers/marchands de canons.
    Cette soupe infâme et indi­geste , l’au­teur essaie de la faire pas­ser en l’as­sai­son­nant copieu­se­ment d’une sur­en­chère de mau­vaise foi, de pro­vo­ca­tions les plus épaisses et les plus mépri­santes pour l’in­tel­li­gence des lecteurs.
    Indi­gnez vous !

    Réponse
    • Tibert

      Ce n’est pas le sujet, mais j’en pro­fite puisque Ezra nous y invite, à lire ces excel­lents sujets sur les atten­tats du 11 sep­tembre qu’O­li­vier Ber­ruyer à mis en ligne sur son blog. Pour celui qui veut com­prendre et se faire sa propre opi­nion… Pour ma part, c’est main­te­nant fait et elle est dif­fé­rente de celle d’Ezra.
      Bonne lecture.

      Réponse
  2. claude saint-jarre

    Dans un petit livre trou­vé à l’U­ni­ver­si­té du Qué­bec à Mont­réal, Le droit des femmes, . Des articles d’O­lympe de Gouges, en 1791 a écrit ceci : Toute socié­té , dans laquelle la garan­tie des droits n’est pas assu­rée, ni la sépa­ra­tion des pou­voirs déter­mi­née, n’a point de consti­tu­tion : la consti­tu­tion est nulle si la majo­ri­té des indi­vi­dus qui com­posent la Nation n’a pas coopé­ré à sa rédac­tion.( article 16)

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  3. BA

    Un article essentiel :

    Etats-Unis : les causes du recul des salaires au 21ème siècle.

    L’un des plus grands mys­tères pour les éco­no­mistes conven­tion­nels est de com­prendre pour­quoi les salaires n’aug­mentent pas pour les 95% des salaires les moins éle­vés – même si le chô­mage est faible et que les embauches res­tent solides. Selon la théo­rie éco­no­mique clas­sique, l’offre limi­tée de tra­vailleurs dis­po­nibles cor­ré­lée à une forte demande de tra­vailleurs devrait faire grim­per les salaires.
    Pour­quoi donc les 95% des salaires les moins éle­vés ont-ils recu­lé dans une éco­no­mie en croissance ?

    http://​cdn​.publi​ca​tions​-ago​ra​.com/​e​l​e​m​e​n​t​s​/​l​c​a​/​n​e​w​s​l​e​t​t​e​r​/​h​t​m​l​/​1​7​0​9​1​5​_​L​C​A​.​h​tml

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  4. Durand
  5. solambre

    En ce moment, en France,la publi­ci­té tourne autour des promoteurs(fameuse loi PINEL,investissements pour les rési­dences sénior), de fer­me­ture des portes(attention à tout ce qui ne nous res­semble pas, ce sont des cam­brio­leurs en puis­sance), de publi­ci­té pour Auchan (Michel Cymes se prê­tant au jeu)sous cou­vert de recom­man­da­tions pour notre san­té etc, etc..un vRai scandale…

    Réponse
  6. Benoit

    https://​you​tu​.be/​H​V​M​m​f​Y​3​p​nEU

    Trans­crip­tion :
    Pour­quoi ? Qui a dit ? Qui a essayé de jus­ti­fier le fait que l’ob­jec­tif de la vie humaine, la rai­son pour laquelle nous sommes sur terre, pour laquelle nous essayons de vivre : c’est d’aug­men­ter indé­fi­ni­ment la pro­duc­tion, la consom­ma­tion ou une maî­trise se disant ration­nelle du monde ? Pour­quoi c’est ça et pas autre chose ? Je ne sais pas moi : être libre. Ou écou­ter de la musique, ou regar­der notre nom­bril. Peu importe mais il n’y a aucune justification. 

    Alors bien sûr il y a des expli­ca­tions de vul­gaires. Une jus­ti­fi­ca­tion vul­gaire : c’est qu’on essaie de satis­faire les besoins humains c’est une réponse risible parce que ces besoins sont manu­fac­tu­rés eux-mêmes par cette socié­té. Et on voit que l’ex­pan­sion de cette socié­té sur l’en­semble de la pla­nète n’est pas sim­ple­ment une péné­tra­tion du capi­tal au sens tra­di­tion­nel avant qu’il y ait ou en même temps qu’il y a péné­tra­tion du capi­tal il faut qu’il y ait péné­tra­tion des modes de vie, des modes de consom­ma­tion capi­ta­liste. Il faut que les gens apprennent que ceux qui leur faut c’est pas ce que leurs pères man­geaient ou la façon dont leurs grand-mères s’ha­billaient. Non, il leurs faut ce qui est pro­duit par l’in­dus­trie moderne, etc… 

    - Oui il n’y a donc pas de néces­si­tés natu­relles qui sou­tiennent ces choix ? 

    - Abso­lu­ment pas. Et quelle est la néces­si­té natu­relle qu’on change de voi­ture tous les trois ans ? Et pour­quoi le sys­tème s’est orien­té de telle façon qu’il pro­duit des voi­tures et des fri­gi­daires qui néces­sai­re­ment s’usent et sont obso­lètes au bout d’un cer­tain temps pour que le sys­tème puisse conti­nuer à tour­ner et pour que le consom­ma­teur soit for­cé comme on l’est, à chan­ger de fri­gi­daire. Tout sim­ple­ment parce qu’il n’y a plus des pièces de rechange pour l’ancien. 

    Donc il y à un triomphe de la logique « ensem­bliste-iden­ti­taire » c’est-à-dire du ratio­na­lisme le plus plat dans ses signi­fi­ca­tions ima­gi­naires du capi­ta­lisme. Et en même temps une démons­tra­tion de l’i­na­ni­té de cette logique. C’est-à-dire qu’elle ne peut pas rendre compte d’elle-même, qu’elle est arbi­traire dans ses pré-sup­po­si­tions, quelle est arbi­traire dans ses fins. Mais le monde moderne ne serait pas le monde moderne (ou le monde contem­po­rain) s’il n’y avait que le capi­ta­lisme. Parce que le capi­ta­lisme comme tel n’au­rait pas pro­duit par exemple ce qui est l’autre grande carac­té­ris­tique du monde moderne. Qui est, disons, la dimen­sion libé­rale. Je récuse le terme « démo­cra­tique » parce que je pense que les régimes sous les­quels nous vivons ne sont pas véri­ta­ble­ment démocratiques. 

    Il y a la dimen­sion libé­rale. Or le capi­ta­lisme ne tend pas à pro­duire cette dimen­sion. Là il y a une déma­go­gie qui se fait actuel­le­ment tout à fait risible. Le véri­table esprit du capi­ta­lisme c’est l’es­prit de l’u­sine capi­ta­liste où on vous dit ce que vous avez à faire et vous le faites et puis c’est ter­mi­né. Il n’y a aucune liber­té là-dedans. La liber­té, pour autant qu’elle existe dans le monde moderne, elle est le rési­du de grands mou­ve­ments his­to­riques qui étaient ins­pi­rés par l’autre grande signi­fi­ca­tion du monde moderne, qui remonte aux Grecs d’ailleurs, qui est le pro­jet d’autonomie. 

    Auto­no­mie indi­vi­duelle, auto­no­mie sociale. Qu’est-ce que ça veut dire auto­no­mie ? « Autos » « Nomos » : se don­ner ses lois soi-même. Auto­no­mie ça ne veut pas dire faire n’im­porte quoi ou ce qui vous chante. C’est pas le règne du désir, ça c’est une aberration. 

    - Oui, c’est pas la spontanéité ? 

    - C’est pas la spon­ta­néi­té brute et aveugle. « Nomos » là-dedans : « loi ». Je me donne une loi mais JE me la donne. Et je me la donne com­ment ? Je me la donne de façon réflé­chie et réflexive. Et après déli­bé­ra­tion. Or ce pro­jet d’au­to­no­mie veut dire non-seule­ment qu’on veut éli­mi­ner la mono­po­li­sa­tion du pou­voir par quelques-uns dans le domaine poli­tique mais qu’on veut aus­si éli­mi­ner toute auto­ri­té qui refuse de rendre rai­son d’elle-même au plan de la pen­sée. C’est pour ça qu’aux ori­gines du pro­jet d’au­to­no­mie il y a à la fois la nais­sance de la phi­lo­so­phie et de la démo­cra­tie, ou de la véri­table politique. 

    « Poli­tique » mot qui est deve­nu aujourd’­hui obs­cène parce qu’il est de plus en plus syno­nyme de l’in­trigue, de la magouille etc… alors que « poli­tique » tel que les grecs l’ont conçu et tel qu’elle a exis­té dans les grands moments du monde moderne : c’est l’ac­tion humaine qui d’une façon lucide, exclu­sive, consciente, réflé­chie, essaye de trans­for­mer les ins­ti­tu­tions et l’ins­ti­tu­tion de la socié­té pour rendre la socié­té plus auto­nome et les indi­vi­dus plus autonomes. 

    Qu’est-ce que c’est qu’une socié­té auto­nome ? C’est une socié­té qui est capable d’a­bord de savoir que ses lois sont sa propre créa­tion. Et non pas des ordres divins, qui est une situa­tion d’hé­té­ro­no­mie. Ou qu’elles sont la consé­quence de loi natu­relle ou des « lois natu­relles du mar­ché » comme on dit absur­de­ment aujourd’­hui. Et qu’elle peut donc, puisque c’est elle qui les a créée ces lois, qu’elle peut les modi­fier si elle pense que cela est néces­saire ou utile. 

    Et une telle socié­té ne peut exis­ter que si elle est for­mée par des indi­vi­dus auto­nomes. C’est-à-dire par des indi­vi­dus qui sont capables de se dire « Oui tel est mon désir » par exemple mais ce désir est mons­trueux et je ne le réa­li­se­rai pas. Je ne le refoule pas mais je sais que je ne dois pas le réa­li­ser. Et pour­quoi je ne dois pas la réa­li­ser ? Là com­mence un pro­ces­sus de réflexion de l’in­di­vi­du en réfé­rence, à la fois aux fins de sa vie à soi et à la socié­té, aux autres, etc… Et en même temps, l’in­di­vi­du auto­nome est quel­qu’un qui est capable de dire : « mon maître m’a dit cela » ou « dans Le Livre (qu’il s’a­gisse de l’an­cien ou du nou­veau tes­ta­ment ou du capi­tal de Marx ou de l’in­ter­pré­ta­tion de Freud) il est dit cela ». Est-ce que moi je pense que cela est vrai ? L’in­di­vi­du auto­nome est quel­qu’un qui est capable de pen­ser librement. 

    Or ce pro­jet d’au­to­no­mie créé en Grèce ancienne pour la pre­mière fois, frag­men­tai­re­ment mais qui a quand même don­né la démo­cra­tie, sur­git dans les temps modernes et resur­git très tôt avant même la Renais­sance. Il resur­git à par­tir du moment où la bour­geoi­sie essaie de consti­tuer des com­munes qui s’au­to-gou­vernent. Arrachent des liber­tés à la monar­chie, etc… Ça devient aus­si un mou­ve­ment phi­lo­so­phique. Les phi­lo­sophes remettent en ques­tion les véri­tés héri­tées. Ça donne lieu à la nais­sance de la science moderne. A par­tir du moment où on écarte l’au­to­ri­té, aus­si bien de la bible que ce qu’on croyait être les ensei­gne­ments d’A­ris­tote. Puis il y a les grandes révo­lu­tions du 17e et 18e, puis il y a le mou­ve­ment ouvrier dans le 19ème et le 20ème siècle. Et là il faut dire il y a aus­si une tan­gente mons­trueuse que prend ce mou­ve­ment d’au­to­no­mie à par­tir d’un cer­tain moment. Je ne veux pas m’é­tendre là-des­sus, j’ai lon­gue­ment écrit sur la ques­tion. A par­tir de Marx, du mar­xisme puis mar­xisme-léni­nisme, du com­mu­nisme où ce pro­jet d’au­to­no­mie se trans­forme, se ren­verse abso­lu­ment en son contraire, en une tyran­nie tota­li­taire. Mais il y a aus­si quand même les grands mou­ve­ments grâce aux­quels (la révo­lu­tion fran­çaise ou le mou­ve­ment ouvrier) la socié­té contem­po­raine est ce qu’elle est. Et non pas une espèce d’im­mense fabrique capi­ta­liste dans laquelle tout le monde fait ce qu’il doit faire d’a­près le plan de pro­duc­tion. Ce qui serait le véri­table esprit du capitalisme. 

    - On a l’ha­bi­tude de par­ler d’une par­tie de la phi­lo­so­phie qu’on appelle la phi­lo­so­phie poli­tique mais j’ai le sen­ti­ment que pour vous c’est toute phi­lo­so­phie qui est pro­fon­dé­ment poli­tique c’est toute la phi­lo­so­phie qui est politique. 

    - En un sens oui. Mais d’a­bord : je n’aime pas tel­le­ment l’ex­pres­sion de phi­lo­so­phie poli­tique. Je pense que la phi­lo­so­phie est poli­tique parce que la phi­lo­so­phie aus­si c’est « un faire ». Et c’est un faire qui agit sur la socié­té. Qui agit très pro­fon­dé­ment au niveau des signi­fi­ca­tions, au niveau des repré­sen­ta­tions col­lec­tives. Pour prendre des exemples : en Grèce ancienne ou dans le monde moderne. Et par là même c’est un volet abso­lu­ment essen­tiel du pro­jet de l’au­to­no­mie. La phi­lo­so­phie c’est la liber­té. La phi­lo­so­phie c’est la liber­té de pen­ser. En ce sens elle est pro­fon­dé­ment poli­tique. C’est pas de la phi­lo­so­phie que de com­men­ter inter­mi­na­ble­ment un texte sacré, « sacré sacré » ou » sacré pro­fane ». Le tal­mud ou le « tal­mu­disme » sur le capi­tal de Marx ce n’est pas de la philosophie. 

    La phi­lo­so­phie c’est pou­voir sou­le­ver toutes les pierres et ne rien accep­ter qu’on ait pas, soi-même, par ses propres res­sources, à la fois remis en ques­tion, mis en preuve, mis à l’é­preuve. Et, soit réaf­fir­mé, soit reje­té pour le rem­pla­cer par autre chose ou pas rien, par l’a­po­rie, par la ques­tion sim­ple­ment. En ce sens la phi­lo­so­phie appar­tient au mou­ve­ment de l’au­to­no­mie, elle est poli­tique. Mais il n’y a pas de phi­lo­so­phie poli­tique parce que on ne peut pas tirer de la phi­lo­so­phie les prin­cipes d’une ins­ti­tu­tion de la socié­té. Sauf dans un sens tout à fait par­ti­cu­lier : si je veux pen­ser libre­ment ça veut dire que je veux être libre. Si je veux être libre je ne peux pas limi­ter cette liber­té au seul domaine de ma réflexion. Mais il n’y a pas de déri­va­tion d’une poli­tique à par­tir de la phi­lo­so­phie. Si je veux une socié­té dans laquelle la phi­lo­so­phie soit pos­sible je dois vou­loir une socié­té libre, c’est-à-dire auto­nome. Alors, dès ce moment-là il faut une autre réflexion qui est une réflexion poli­tique. C’est-à-dire non pas com­ment je vais gagner les pro­chaines élec­tions en chan­geant le sys­tème élec­to­ral ou pas. Mais quelles sont les ins­ti­tu­tions qui per­mettent à une socié­té d’être auto­nome et qui per­mettent à cette socié­té de pro­duire, de fabri­quer des indi­vi­dus auto­nomes. Et ses ins­ti­tu­tions sont des ins­ti­tu­tions démo­cra­tiques au sens véri­table du terme. 

    Qu’est-ce que veut dire la démo­cra­tie ? La démo­cra­tie c’est pas sim­ple­ment les droits de l’homme, c’est pas des liber­tés néga­tifs, des liber­tés défen­sives. Le fait que je sais que nous ici nous pou­vons par­ler et que les poli­ciers ne vont pas venir ou qu’il n’y a pas des micros dans la pièce. La démo­cra­tie c’est le pou­voir du peuple : le « Kra­tos » du « Demos ». Cela veut dire que tous les reve­nus qui appar­tiennent au corps des citoyens ont les mêmes pos­si­bi­li­tés, des pos­si­bi­li­tés égales, effec­tives de par­ti­ci­per au pou­voir. Là on peut retrou­ver Aris­tote : « être citoyen c’est être capable de gou­ver­ner et d’être gou­ver­né » les deux choses étant toutes aus­si impor­tantes. « Être capable de gou­ver­ner » cela veut dire être capable de réflé­chir et de déci­der avec les autres. Et « d’être gou­ver­né », ça veut dire accep­ter que les autres ont tout autant de droit que vous de par­ti­ci­per au pou­voir. Pour cela il faut des indi­vi­dus auto­nomes, nous avons dit que les indi­vi­dus sont faits par la socié­té : nous avons l’air d’être là devant une apo­rie [absence de pas­sage, dif­fi­cul­té] insoluble. 

    « Com­ment les indi­vi­dus peuvent être auto­nome puisque c’est la socié­té qui les faits ? » Mais la socié­té peut faire les indi­vi­dus comme indi­vi­dus hété­ro­nomes et elle peut leur apprendre par exemple qu’il faut tou­jours tout faire comme le fai­saient les ancêtres. Ou qu’il faut tou­jours tout faire comme c’est écrit dans Le Livre. Ou la socié­té peut édu­quer les indi­vi­dus pour qu’ils soient auto­nomes c’est-à-dire elle peut leur apprendre à réflé­chir par eux-mêmes, à ne pas accep­ter de façon non cri­tique ce que dit le pro­fes­seur, les théo­lo­giens, le prêtre, le poli­ti­cien, le pré­sident de la répu­blique… Le tech­ni­cien parce que nous le vivons dans une socié­té où il y a le culte des experts. 

    Les experts par défi­ni­tion – tech­nique et scien­ti­fique – savent très peu de choses, dans un domaine très par­ti­cu­lier. Et ils ne sont pas capables, par défi­ni­tion, de pen­ser et l’in­ser­tion de cette chose dans l’en­semble plus vaste dont elle fait par­tie d’où les erreurs conti­nues qu’ils com­mettent. Qui ne sont pas des erreurs tech­niques au sens spé­ci­fique du terme mais parce qu’ils ne voient pas cette inser­tion. S’ils sont capables de pen­ser cette inser­tion alors (ça peut arri­ver, par acci­dent comme disait Aris­tote, où un méde­cin peut être à la fois un gui­ta­riste) mais à ce moment-là ils pensent cette inser­tion non pas en tant qu’ils sont tech­ni­ciens mais en tant qu’ils sont capables de dépas­ser la tech­ni­ci­té et de pen­ser comme citoyen. 

    Alors il faut donc pour une démo­cra­tie des indi­vi­dus auto­nomes. Sans des indi­vi­dus auto­nomes il ne peut pas y avoir de socié­té auto­nome, les deux choses abso­lu­ment soli­daire. Le sophisme déma­go­gique pro­pa­gé actuel­le­ment par les soi-disant libé­raux est lamen­table. « L’in­di­vi­du s’op­pose à la socié­té, que plus on donne des droits à la socié­té plus on donne de droits à l’in­di­vi­du… » c’est la même chose : don­ner des droits à l’in­di­vi­du c’est don­ner des droits à la socié­té. Et don­ner des droits à la socié­té c’est don­ner des droits aux indi­vi­dus qui par­ti­cipent à cette société. 

    Et il y a une édu­ca­tion des indi­vi­dus vers l’au­to­no­mie qu’une socié­té démo­cra­tique seule peut faire et qu’elle doit faire. C’est cette édu­ca­tion dont je par­lais tout à l’heure. Édu­ca­tion vers la réflexi­vi­té, vers la res­pon­sa­bi­li­té, vers la par­ti­ci­pa­tion aux affaires com­munes sans les­quels on est esclave ! Parce que nous sommes esclaves dans la socié­té actuelle puisque ce qui nous concerne tous est déci­dé par d’autres que nous ! Et cette édu­ca­tion n’est pas uni­que­ment une affaire d’é­cole pri­maire, de lycée et d’u­ni­ver­si­té : l’é­du­ca­tion com­mence à l’age zéro et se ter­mine à l’âge « omé­ga » [der­nière lettre de l’al­pha­bet grec]. A tout ins­tant de sa vie dans la socié­té l’in­di­vi­du est édu­qué pour cette vie sociale. Et aujourd’­hui nous sommes payés pour le savoir. Com­pa­rez l’é­du­ca­tion que rece­vait un citoyen athé­nien, ou même une femme qui n’é­tait pas citoyenne, ou un esclave athé­nien en assis­tant à la repré­sen­ta­tion des tra­gé­dies à Athènes ; et l’é­du­ca­tion que reçoit un citoyen contem­po­rain en regar­dant tous les soirs « Dynas­tie » ou je sais pas quoi, « Per­du de vue » ou des âne­ries pareilles. On peut voir tout cela de façon très claire dans le cas de la Grèce ancienne. 

    Évi­dem­ment il n’est pas ques­tion de faire de la Grèce ancienne un modèle à imi­ter. Nous avons là des germes et nous avons de quoi nous faire réflé­chir. Quand la col­lec­ti­vi­té démo­cra­tique se consti­tue en Grèce, on observe cette chose abso­lu­ment extra­or­di­naire : non seule­ment que la col­lec­ti­vi­té assez rapi­de­ment décide que c’est elle-même qui pose ses lois. Les lois athé­niennes sont tou­jours intro­duites par une clause : « Il a paru bon au « Démos » et à la « Bou­lé » c’est-à-dire au peuple et au conseil. Mais nous obser­vons cette chose abso­lu­ment extra­or­di­naire : c’est la véri­table indi­vi­dua­tion des indi­vi­dus. Là-des­sus aus­si beau­coup d’â­ne­ries ont été dites dans les temps modernes. Comme quoi la cité grecque c’é­tait la tota­li­té, les indi­vi­dus n’exis­taient pas, etc… c’est absurde ! Vous pre­nez des sculp­tures égyp­tienne de dynas­ties suc­ces­sives, vous ne pou­vez pas dire que c’est des dynas­ties suc­ces­sives que si vous êtes égyp­to­logue. Si vous êtes sim­ple­ment un hon­nête homme culti­vé vous ne pou­vez pas le dire. Il n’y a pas de véri­table indi­vi­dua­li­sa­tion. C’est comme dans le folk­lore : des indi­vi­dus sont des indi­vi­dus, ils ont un nom mais ce nom on ne le connais même pas, mais ils ont pas un style per­son­nel. Le style change len­te­ment parce que c’est l’au­to-alté­ra­tion his­to­rique de la socié­té. Dès que vous arri­vez en Grèce c’est autre chose. Les pre­miers poètes lyriques… bon déjà Homère et Hésiode on ne peut pas les confondre. Mais les pre­miers poètes lyriques autour de 700 [av. JC] c’est Archi­loque d’un côté et Sap­pho de l’autre. Il n’y a aucun rap­port, les indi­vi­dus sont indi­vi­dués. Il y a un style per­son­nel, il y a un nom personnel.

    Et en même temps dès qu’il y a par exemple la phi­lo­so­phie (ce que je disais sur la phi­lo­so­phie comme liber­té) vous avez la mise en ques­tion de l’ins­ti­tu­tion sous forme de mise en ques­tion des repré­sen­ta­tions ins­ti­tués. Dès les pre­miers phi­lo­sophes : Xéno­phane, Héra­clite vous avez les pen­seurs qui vous disent « Ce que les grecs racontent dans leur mytho­lo­gie c’est des racon­tars, c’est des fables. C’est pas pos­sible que ça soit comme ça ». « C’est pas pos­sible que les dieux aient une figure humaine » dit Xéno­phane. « C’est pas pos­sible, dit Héra­clite, que les dieux fassent ce qu’­Ho­mère dit qu’ils font. » etc… Vous avez l’é­bran­le­ment de la repré­sen­ta­tion col­lec­tive et le sur­gis­se­ment d’une recherche libre, d’une réflexion et d’un dia­logue. L’ins­tau­ra­tion d’un espace public de pen­sé où les gens se contre­disent, se suivent mais conti­nuent à dia­lo­guer même par des­sus le temps, par des­sus les espaces temporels. 

    Si vous avez un régime théo­cra­tique vous avez des repères fixes, vous savez ce qui est à faire et ce qui n’est pas à faire. Ça ne veut pas dire que les régimes théo­cra­tiques n’y a pas les crimes les plus atroces qui ne soient pas com­mis. Mais la socié­té, crime ou pas, mons­truo­si­té ou pas, est cer­taine de son affaire. Et les indi­vi­dus aus­si. Ils peuvent trans­gres­ser la loi, ils peuvent être cri­mi­nel, per­vers… ce que vous vou­drez, ils le savent et les autres le savent, le condamnent etc… Au plan indi­vi­duel, si je suis vrai­ment libre, c’est à moi de me fixer ma conduite. 

    On nous dit : « Tu ne dois pas voler. Tu ne dois pas tuer. Etc.. je me demande « pour­quoi ? » Je répond effec­ti­ve­ment je ne dois pas tuer et pro­ba­ble­ment je ne dois pas voler, mais il y a d’autres choses qu’on me disait il y a 30 ans par exemple. « Tu ne dois pas empê­cher la concep­tion d’une femme » bon je me disais c’est absurde je trans­gresse la loi. Fina­le­ment la loi a chan­gée mais il n’y a pas que ça. 

    Mais pour une socié­té démo­cra­tique, elle ne peut pas se réfé­rer à une source extra-sociale qui don­ne­rait la norme de la norme. Le cri­tère des lois. Ces lois sont bonnes, ces lois ne sont pas bonnes. Elle doit trou­ver la réponse en elle-même. Elle doit savoir que c’est elle-même qui a créé cette réponse. Et elle peut se trom­per. Et comme aus­si il n’y a pas cette limite ima­gi­naire mais plus réelle que toute limite réelle extra-sociale, elle peut aller jus­qu’à l’ex­cès, jus­qu’à l’hu­bris [déme­sure]. Et ça c’est ce qui fait de la démo­cra­tie à la fois un régime tra­gique mais aus­si le seul régime vrai­ment humain parce que notre exis­tence est tra­gique. Parce que per­sonne nous a garan­ti le salut, parce qu’il n’y a pas de salut garan­tie, puis­qu’il n’y a pas de vie dans l’autre monde, parce qu’il n’y a pas de règle fixe une fois pour toute. Parce que nous pou­vons tra­cer nous-même notre voie dans un monde qui est tou­jours rem­pli d’in­dé­ter­mi­na­tion et d’in­cer­ti­tude quant aux choses essentielles. 

    - Ima­gi­nez en res­tant conscient qu’on imagine ? 

    - Exac­te­ment. Et la fin ultime d’une socié­té auto­nome c’est bien enten­du la liber­té. Mais cette liber­té il faut aus­si l’en­tendre en pro­fon­deur c’est-à-dire la libé­ra­tion des ins­tances créa­trices de l’être humain, de l’i­ma­gi­na­tion radi­cale de la psy­ché, de l’i­ma­gi­naire l’ins­ti­tuant col­lec­tif qui sont répri­més par les ins­ti­tu­tions hété­ro­nomes exis­tantes de la société. 

    Extrait res­tau­ré de « Cor­ne­lius Cas­to­ria­dis. Grandes pen­sa­dores del siglo XX » (sous-titres espa­gnol) https://​you​tu​.be/​d​b​q​X​i​J​8​b​2Rs

    Réponse
  7. Benoit
  8. Le Dieu venu du Centaure

    Devi­nette :

    D’où vient la dif­fé­rence entre l’eu­gé­nisme vrai, libé­ral liber­taire de l’UE mar­chande, à la Nietzsche Cou­den­hove Kaler­gi, et le blond stan­dar­di­sé de l’Himm­ler qui peut lui res­ter cré­tin (anti-eugé­niste) ?

    Indice :

    Un fameux lit de la mythologie

    Réponse
  9. Le Dieu venu du Centaure

    Devi­nette :

    Pour­quoi Marx refu­sait les reven­di­ca­tions d’aug­men­ta­tion de salaire ?

    Indice :

    « A bas le sala­riat ! » lan­çait titi rouge, puis vint le mul­ti­co­lore gogo­chon bobo.… le libi­di­neux qui chouar­dine devant l’auge simu­lacre… Et Le Sei­gneur rigole en le voyant, il joue sans sa simu­la­tion et lui César est aus­si maître de la gram­maire, le gogo­chon ne le sait-il pas ?

    Réponse
  10. Le Dieu venu du Centaure

    A pro­pos de Cas­to­ria­dis le mar­xiste (donc pas de gôôôche)

    « Arbeit macht freï » dit l’i­ma­gi­naire dans la société

    « Bran­lette jouis­sive sans entrave rend libre » répond gogochon

    « Efface les His­toires, les Cultures, tout social-his­to­rique sub­strat du logos ima­gi­naire, mais prêche tou­jours la Cha­ri­té, l’U­ni­ver­sel, comme Prêtre et Juge avant toi. » 

    susurre Capi­tal à Soros, le gen­til finan­cier qui aide les migrants.… Sta­tu Quo des valeurs contre Concept imaginaire.

    Réponse

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