[Interview RT] Le journal Le Monde devient un problème pour la Démocratie

13/02/2017 | 15 commentaires

Contrai­re­ment aux pré­ten­dus « jour­na­listes » du jour­nal « Le Monde », « jour­nal de réfé­rence » lit­té­ra­le­ment — et scan­da­leu­se­ment — ven­du à 3 mil­liar­daires, je trouve Oli­vier Ber­ruyer admi­rable et exem­plaire.

C’est, plus que jamais, l’oc­ca­sion de lire tous les jours — et de faire connaître à tous vos proches ! — un des meilleurs sites d’in­for­ma­tion du pays (Oli­vier ne me lais­se­rait pas dire ça sans ten­ter de mini­mi­ser son rôle, mais je fais ce que je veux 🙂 ), les​-crises​.fr. C’est très facile : il suf­fit de glis­ser un rac­cour­ci de son adresse dans le groupe Démar­rage du menu Démar­rer, et ce site de salut public devient alors gra­tui­te­ment votre jour­nal quo­ti­dien, un des tout meilleurs cer­veaux col­lec­tifs du pays.

Lisez ce récent billet : 

[Interview RT] Le Monde devient un problème pour la Démocratie

Oli­vier Berruyer : 

« Je com­prends mal pour­quoi Le Monde conti­nue à trou­ver d’une telle impor­tance que je sois dans leur liste Mac­car­thyste avec d’autres petits blogs.

Très bien, je me charge d’en faire de la publi­ci­té en ce cas.

Et ne me sor­tez pas le cou­plet “la télé des russes”, j’ai contac­té les Amé­ri­cains, et un des plus grands jour­na­listes amé­ri­cains, son­né par ce que vous me faites, m’a accor­dé une tri­bune invi­té dans son site…

Mer­ci beau­coup Le Monde – ce suc­cès inter­na­tio­nal, je vous le dois…

Il est impor­tant de se mobi­li­ser, sinon il va être très dif­fi­cile à n’importe qui de créer et tenir un blog, si la police du Monde veille…

(je tien­drai les lec­teurs infor­més de tous les déve­lop­pe­ments de ce dossier) » 

OB

Lire la suite :
http://​www​.les​-crises​.fr/​i​n​t​e​r​v​i​e​w​-​r​t​-​l​e​-​m​o​n​d​e​-​d​e​v​i​e​n​t​-​u​n​-​p​r​o​b​l​e​m​e​-​p​o​u​r​-​l​a​-​d​e​m​o​c​r​a​t​ie/

Source : les​-crises​.fr Oli­vier Berruyer

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​4​9​6​2​2​4​0​5​1​2​317

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15 Commentaires

  1. etienne

    Mar­rant 🙂
    En ce moment, le Déco­dex ALTERNATIF du Grand Soir est clas­sé « à la une » sur Google avant Le Monde 🙂

    Édit : en fait, c’est la une per­son­na­li­sée par Google pour Vik­tor qui le classe comme ça 😀

    Ça ne fait rien, faites connaître autour de vous le déso­pi­lant et robo­ra­tif Déco­dex ALTERNATIF du Grand soir 🙂


    https://​www​.legrand​soir​.info/​l​e​-​d​e​c​o​d​e​x​-​a​l​t​e​r​n​a​t​i​f​-​m​e​f​i​e​z​-​v​o​u​s​-​d​e​s​-​i​m​i​t​a​t​i​o​n​s​.​h​tml
    Mer­ci Vik­tor, mer­ci Maxime.

    Réponse
  2. etienne

    #UnVrai­Jour­na­lis­te­Nest­Pas­Ven­du

    Réponse
  3. etienne

    [Pourriture politicienne et capitaliste] Décrets de Trump pour démanteler la réglementation financière
    Le début de la fin

    « On parle beau­coup du décret anti-immi­gra­tion de Trump, visant à inter­dire l’entrée aux USA de res­sor­tis­sants de sept pays (sept pays qui ont tous subi des inva­sions, attaques ou embar­gos de la part des dif­fé­rentes admi­nis­tra­tions américaines).

    Pour­tant, ce décret inutile ne fait que stig­ma­ti­ser un grand nombre de per­sonnes, avec un effet nul sur la lutte contre le ter­ro­risme, voire contre-pro­duc­tif : en atti­sant les haines, cela peut sus­ci­ter des voca­tions au dji­had anti-US et au mar­tyr. Sans oublier qu’un atten­tat, même meur­trier, hor­mis ses mal­heu­reuses vic­times, sa charge émo­tion­nelle et son buzz média­tique, n’a qu’une por­tée limitée.

    Par contre, on par­le­ra un peu moins de la volon­té affi­chée de détri­co­ter l’insuffisante régle­men­ta­tion du sys­tème finan­cier mise en place après la crise des sub­primes de 2008.

    Dom­mage !

    En effet, l’abrogation des deux décrets visant la loi Dodd-Frank et la règle Vol­cker aurait une por­tée systémique.

    Pour rap­pel, la loi Dodd-Frank de 2010 a créé le bureau de pro­tec­tion finan­cière des consom­ma­teurs (CFPB) char­gé de régu­ler les prêts hypo­thé­caires et les cartes de cré­dit, suite aux abus consta­tés lors de la crise des sub­primes. Cette loi a aus­si obli­gé les banques à aug­men­ter leurs fonds propres et subir des tests annuels de résis­tance (« stress tests », qui valent ce qu’ils valent…), afin d’éviter une faillite comme celle de Leh­man Brothers.

    Quant à la dis­po­si­tion de la loi Dodd-Frank qui visait à évi­ter la cor­rup­tion pour l’obtention de conces­sions, elle a d’ores et déjà été abro­gée. Désor­mais, les com­pa­gnies pétro­lières et minières amé­ri­caines ne sont plus obli­gées de rendre publiques les sommes ver­sées aux gou­ver­ne­ments étrangers.

    La règle Vol­cker empêche les banques de pra­ti­quer la spé­cu­la­tion pour leur propre compte et vise à frei­ner leurs inves­tis­se­ments spé­cu­la­tifs avec l’argent de leurs clients : l’objectif consiste à évi­ter le finan­ce­ment d’actifs ris­qués par des dépôts garan­tis par l’État fédé­ral (rap­pe­lons que la crise finan­cière de 2008 a coû­té 1000 mil­liards de dol­lars aux contri­buables amé­ri­cains, argent public qui a ser­vi à ren­flouer des banques privées).

    Le deuxième décret vise aus­si la règle fidu­ciaire qui oblige les conseillers finan­ciers à agir dans l’intérêt de leurs clients. Cette règle les empêche actuel­le­ment de conseiller à leurs clients des pla­ce­ments pour les­quels les com­mis­sions sont les plus éle­vées, ou d’acheter des pro­duits, alors que leur banque spé­cule contre ces mêmes produits.

    Com­ment jus­ti­fier la remise en cause de deux légis­la­tions qui visent à évi­ter les excès sur les mar­chés finan­ciers et à pro­té­ger davan­tage les consommateurs ?

    Selon les Répu­bli­cains, cette légis­la­tion était nui­sible tant pour les banques que pour les consom­ma­teurs. L’association ban­caire ABA s’est elle féli­ci­tée de cette ini­tia­tive « qui devrait per­mettre de libé­rer le pou­voir de l’industrie bancaire ».

    Le direc­teur du Conseil éco­no­mique natio­nal à la Mai­son Blanche Gary Cohn (ancien numé­ro deux de Gold­man Sachs) a décla­ré que l’objectif de déré­gle­men­ter les mar­chés finan­ciers n’était pas une faveur accor­dée aux banques.

    « Il s’agit d’être un acteur sur le mar­ché mon­dial où nous devons, pou­vons et aurons une posi­tion domi­nante. Les banques vont être en mesure de fixer leurs prix plus effi­ca­ce­ment et donc au mieux pour les consom­ma­teurs. Les Amé­ri­cains vont pou­voir faire de meilleurs choix et accé­der à de meilleurs pro­duits financiers. »

    Ha ! la bonne blague.

    Lors de sa cam­pagne élec­to­rale, M. Trump avait pris la défense des popu­la­tions défa­vo­ri­sées, mises à la rue par la crise des sub­primes, en fus­ti­geant l’attitude des ban­quiers de Wall Street. Pour­tant, ces der­niers sont lar­ge­ment repré­sen­tés au sein de sa nou­velle administration :

    • Ste­ven Mnu­chin, 17 ans chez Gold­man Sachs, repre­neur de la One­West Bank, lea­der des sai­sies sur le seg­ment des per­sonnes âgées en expul­sant des dizaines de mil­liers d’Américains de leur mai­son, nom­mé secré­taire au Trésor.

    • Wil­bur Ross, ex-banque Roth­schild, repre­neur d’entreprises en dif­fi­cul­tés et restruc­tu­rées à coup de mil­liers de licen­cie­ments, nom­mé secré­taire au Commerce.

    • Ste­phen Ban­non, ex-Gold­man Sachs, nom­mé conseiller de la Mai­son Blanche.

    • Paul Atkins, ex-membre de la Secu­ri­ties and Exchange Com­mis­sion (SEC), CEO d’une entre­prise de ser­vices finan­ciers, nom­mé conseiller sur la régle­men­ta­tion financière.

    • Le déjà cité Gary Cohn, ex-numé­ro deux de la banque d’affaires Gold­man Sachs, nom­mé direc­teur du Conseil éco­no­mique national.

    Réac­tions : Le déman­tè­le­ment de cette régle­men­ta­tion finan­cière sus­cite heu­reu­se­ment quelques réactions : » […]

    Lire la suite :
    http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​d​e​c​r​e​t​s​-​d​e​-​t​r​u​m​p​-​p​o​u​r​-​d​e​m​a​n​t​e​l​e​r​-​l​a​-​r​e​g​l​e​m​e​n​t​a​t​i​o​n​-​f​i​n​a​n​c​i​ere

    Source : SakerFrancophone

    Réponse
  4. etienne

    Controverse Décodex : et si on pensait la qualité de l’information comme un Commun ?

    « Déco­dex est une boîte à outils pro­po­sée en accès gra­tuit depuis le 1er février 2017 par Les Déco­deurs, rubrique du site lemonde​.fr. Elle vise à per­mettre aux inter­nautes de dis­tin­guer les sites d’information fiables de ceux qui ne le sont pas, à l’aide d’une clas­si­fi­ca­tion selon plu­sieurs cri­tères (voir plus bas).

    Sont concer­nés les sites, blogs, sites de presses mais aus­si les comptes You­tube ou Twit­ter. Les inter­nautes sont mis à contri­bu­tion pour réper­to­rier les sites avec la pos­si­bi­li­té d’envoyer une requête aux Déco­deurs, ce qui place le pro­jet dans une « démarche citoyenne » mais aus­si d’éducation aux médias pour tous et dans les écoles. A noter que ce pro­jet est finan­cé par le Fonds pour l’innovation numé­rique de la presse (« Fonds Google »).

    Sont ain­si proposés :
    • un moteur de recherche « Veri­fi­ca­tor » qui per­met de faire une recherche par l’adresse d’une page web ou par le nom d’un site

    • un logi­ciel de dis­cus­sion sur Mes­sen­ger de Face­book qui donne des réponses auto­ma­tiques sur les sites à véri­fier et des conseils sur la manière de véri­fier l’information,

    • un plu­gin (exten­sion) pour les navi­ga­teurs Chrome et Fire­fox qui ins­talle un petit logo « D » dans la barre de navi­ga­tion qui change de cou­leur et en expli­cite les rai­sons avec des­crip­tion du site,

    • des articles péda­go­giques sous forme de kit à des­ti­na­tion des ensei­gnants avec une com­pi­la­tion de conseils, des­sins, cas pra­tiques et exercices.

    Au moment du lan­ce­ment, ce sont déjà près de 600 sites qui ont pu être clas­sés, par­mi les­quels des sites « majo­ri­tai­re­ment fran­çais mais aus­si anglais et amé­ri­cains et quelques alle­mands, avec cinq niveaux de fia­bi­li­té, repé­rés par cinq couleurs ».

    • Les sites « plu­tôt fiables » qui se montrent « mesu­rés » et « trans­pa­rents » sont en vert.
    • Les sites « mili­tants » ou « insuf­fi­sam­ment pré­cis », et qui « ne véri­fient pas » ou « ne pré­cisent pas » leurs sources se voient attri­buer la cou­leur orange.
    • Les sites « par­ti­ci­pa­tifs » pour les­quels la « fia­bi­li­té [est jugée] trop variable » (Wiki­pé­dia ou les comptes des réseaux sociaux par exemple) sont de cou­leur grise.
    • Les sites « sati­riques ou paro­diques », « à lire au second degré » sont repé­rés par la cou­leur bleu.
    • Enfin, en rouge, ce sont les sites qui « dif­fusent régu­liè­re­ment de fausses infor­ma­tions » ou « des articles trompeurs ».

    Par­mi les cri­tères rete­nus on trouve : 

    • le res­pect des règles jour­na­lis­tiques (croi­se­ment des sources, véri­fi­ca­tion, etc.)

    • la pré­sence ou le manque de sources,

    • la réfé­rence à une seule étude scientifique,

    • la rec­ti­fi­ca­tion des erreurs lorsqu’elles sont identifiées,

    • la dis­tinc­tion entre un éditorial/ tri­bune aux ana­lyses sub­jec­tives, et des articles pure­ment factuels,

    • le signa­le­ment des posi­tions par­ti­sanes affir­mées sur cer­tains sujets qui ont déjà conduit à des erreurs.

    Quelques élé­ments de débats avec cette carte des articles parus autour de la mise en ligne de Décodex

    Nul ne contes­te­ra que les enjeux de l’évaluation de l’information sont de plus en plus impor­tants et que l’outil peut avoir un réel inté­rêt péda­go­gique en contri­buant à déve­lop­per chez les inter­nautes une  atti­tude cri­tique et une culture de l’information.

    Pour autant, il semble essen­tiel de ne pas s’en tenir au seul juge­ment des Déco­deurs (juge et par­tie par­mi les sites de presse) et de déve­lop­per une réflexion sur le prin­cipe même d’une label­li­sa­tion des sites. L’éducation à l’information ne peut pas être acca­pa­rée par un seul jour­nal, aus­si légi­time soit-il, alors que de nom­breux acteurs (biblio­thé­caires, jour­na­listes, pro­fes­seurs docu­men­ta­listes, ensei­gnants, modé­ra­teurs, etc.) détiennent des com­pé­tences en la matière et pour­raient mettre en com­mun cette culture infor­ma­tion­nelle. À l’instar du Monde, on peut aisé­ment ima­gi­ner que d’autres pro­po­se­ront leur propre sys­tème d’évaluation – ser­vant leurs propres inté­rêts –, qu’il s’agisse de plates-formes pri­vées comme Face­book, des conspi­ra­tion­nistes eux-mêmes ou de l’État, qui trou­ve­rait là un moyen de res­tau­rer une régu­la­tion par en haut de l’Internet.

    Plus fon­da­men­ta­le­ment, c’est mécon­naître les méca­nismes mêmes de l’information que de pré­tendre auto­ma­ti­ser et uni­for­mi­ser son éva­lua­tion. Les indi­ca­teurs sont utiles à condi­tion qu’ils puissent être contex­tua­li­sés, dis­cu­tés… et contour­nés. L’information doit tou­jours être rap­por­tée à un régime d’autorité par­ti­cu­lier, à des connais­sances, des croyances ou des consen­sus loca­le­ment ou socia­le­ment situés, et c’est cet envi­ron­ne­ment que l’intelligence col­lec­tive peut mettre en évi­dence, contre l’illusion d’une fia­bi­li­té imma­nente. Le fait d’établir un cri­tère glo­bal de fia­bi­li­té au niveau des sites est par ailleurs dis­cu­table, car cela peut dépendre des articles et de la qua­li­té de chaque contribution.

    Pour parer les risques évi­dents de cen­sure ou de conflits d’intérêt, il serait pré­fé­rable de pen­ser en termes de conver­gence pour favo­ri­ser l’émergence d’une com­mu­nau­té citoyenne de vigi­lance. La qua­li­té de l’information consti­tue un Com­mun, qui néces­site en tant que telle une gou­ver­nance par les com­mu­nau­tés qui la construisent et l’entretiennent. Le col­lec­tif SavoirsCom1 invite donc à consi­dé­rer la ques­tion sous l’angle des Com­muns de la connaissance. 

    L’exemple de Wiki­pé­dia montre qu’un espace de publi­ca­tion qui s’est orga­ni­sé comme un Com­mun résiste mieux aux fausses infor­ma­tions (voir ici et là).

    À l’inverse, le phé­no­mène des fake news cor­res­pond en ce sens à une forme de tra­gé­die des com­muns, qui res­semble à celle que peuvent subir la haute mer ou l’atmosphère. Cer­tains acteurs ont  inté­rêt à faire du « déga­zage sau­vage », en répan­dant des pol­lu­tions infor­ma­tion­nelles. Comme l’explique Evge­ny Moro­zov, ce phé­no­mène est ampli­fié par le fonc­tion­ne­ment même des grandes pla­te­formes, et notam­ment par le modèle publi­ci­taire sur lequel elle repose. Obéis­sant aux prin­cipes de l’économie de l’attention, le capi­ta­lisme cog­ni­tif n’a objec­ti­ve­ment aucun inté­rêt à par­ti­ci­per à l’amélioration de la qua­li­té de l’information.

    Mais il ne suf­fit pas de faire com­mu­nau­té sur Inter­net pour garan­tir que les pra­tiques col­lec­tives contri­bue­ront à la qua­li­té de l’information. Sur Wiki­pé­dia, ce sont les règles mises en place (notam­ment le prin­cipe de neu­tra­li­té de point de vue, ain­si que les pro­cé­dures de dis­cus­sion et de réso­lu­tion des litiges, qui donnent à la com­mu­nau­té sa rési­lience par­ti­cu­lière aux fake news. Là où d’autres espaces de socia­bi­li­té en ligne, orga­ni­sés selon des prin­cipes dif­fé­rents, contri­buent au contraire à l’amplification du phé­no­mène.

    En vue de favo­ri­ser l’émergence d’une telle com­mu­nau­té de vigi­lance infor­ma­tion­nelle autour du Déco­dex, le col­lec­tif SavoirsCom1 pré­co­nise donc :

    que les outils de véri­fi­ca­tion soient tou­jours eux-mêmes véri­fiables (pas de boîte noire),

    que les règles de contri­bu­tion et de régu­la­tion soient clai­re­ment énon­cées et tou­jours sus­cep­tibles d’être mises en discussion,

    que les sites éva­lués puissent faire appel de leur éva­lua­tion en démon­trant leur mode d’élaboration ou de trans­mis­sion de l’information,

    que les acteurs tirant pro­fit de la dif­fu­sion de l’information (organes de presse ou pres­ta­taires de ser­vices infor­ma­tion­nels) contri­buent d’une manière ou d’une autre au déve­lop­pe­ment d’une poli­tique publique d’éducation aux médias et à l’information de tous les citoyens.

    1 Com­men­taire

    TuYol­Pol le 11 février 2017 à 19 h 26 min

    La pro­blé­ma­tique que je sou­haite abor­der est celle d’un tiers de confiance en matière d’informations. Cela n’existe pas encore, et son archi­tec­ture est à inven­ter. La culture de l’information est un autre problème.

    Vos pré­co­ni­sa­tions prennent la pré­cau­tion de se situer à un niveau « méta », sans pré­fi­gu­rer les outils mais ce qui doit pré­si­der à leur élaboration.

    Vous sem­blez impli­ci­te­ment admettre qu’on éva­lue des sites et non des infor­ma­tions ato­miques. Cela ne va pas for­cé­ment de soi, ce n’est pas une contrainte, mais un raccourci.

    Vous ne rele­vez pas le fait que le Deco­dex tire une par­ti­cu­la­ri­té forte du fait d’être conçu comme une exten­sion du navi­ga­teur et altère ain­si sa neutralité.

    Je vous sug­gère une piste de réflexion concer­nant une base de don­nées col­la­bo­ra­tive et infal­si­fiable : la blo­ck­chain (cf le Bit­coin). Le but est de se pas­ser de toute auto­ri­té centralisée.

    Je n’ai pour l’instant qu’une intui­tion, quelque expé­rience, et un sen­ti­ment d’urgence suite à ce lamen­table Decodex. 

    Source : SavoirsCom1 http://​www​.savoirs​com1​.info/​2​0​1​7​/​0​2​/​c​o​n​t​r​o​v​e​r​s​e​-​d​e​c​o​d​e​x​-​i​n​f​o​r​m​a​t​i​o​n​-​c​o​m​m​e​-​u​n​-​c​o​m​m​un/

    Réponse
  5. etienne

    Le Monde banni de Wikipédia pour y avoir créé volontairement des “Fake news” !!

    Oli­vier Ber­ruyer : « C’est à cause de ce genre d’article que Le Monde me déteste, et a ten­té de faire fer­mer ce blog… Nou­vel exemple de l’éthique régnant au sein de “l’ancien quo­ti­dien de réfé­rence”. Je réa­lise ce type de tra­vail quo­ti­dien­ne­ment et béné­vo­le­ment sur ce blog depuis 6 ans.

    Nous ver­rons par ailleurs com­bien de médias signa­le­ront ce gros bug jour­na­lis­tique, dépas­sant leur peur du p’tit caïd Le Monde ? 

    “Le pro­blème avec la greffe de couilles, c’est le manque de don­neurs” [Jacques Chirac]

    OB

    Lire la suite :
    http://​www​.les​-crises​.fr/​l​e​-​m​o​n​d​e​-​b​a​n​n​i​-​d​e​-​w​i​k​i​p​e​d​i​a​-​p​o​u​r​-​y​-​a​v​o​i​r​-​c​r​e​e​-​v​o​l​o​n​t​a​i​r​e​m​e​n​t​-​d​e​s​-​f​a​k​e​-​n​e​ws/

    Source : les​-crises​.fr OIi­vier Oli­vier Berruyer

    Réponse
  6. etienne

    [L’om­ni­pré­sence média­tique de Macron, le can­di­dat des banques, est la consé­quence logique — et scan­da­leuse — de l’a­chat des jour­na­listes par les milliardaires. 

    Le faux « suf­frage uni­ver­sel » (élire des maîtres au lieu de voter des lois) condamne toute socié­té au « capi­ta­lisme » (en don­nant tous les pou­voirs aux plus riches, qui n’ont qu’à ache­ter les jour­na­listes pour gagner les élections)].

    Entre personnalisation et disqualification, la politique selon « C dans l’air »

    par Maxime Friot (Acri­med) :

    Réunis­sant édi­to­ria­listes de médias domi­nants et « experts » accep­tant de jouer le jeu de l’émission de France 5, « C dans l’air » pro­duit et repro­duit des méca­nismes de per­son­na­li­sa­tion et de dis­qua­li­fi­ca­tion poli­tiques. En trai­tant de la poli­tique via l’angle des stra­té­gies per­son­nelles, et en bra­quant la lumière sur quelques can­di­dats bien pla­cés dans les son­dages – et pas sur les autres – « C dans l’air » pro­pose un « décryp­tage » de l’actualité poli­tique bien particulier. […]

    Lire la suite :
    http://​www​.acri​med​.org/​E​n​t​r​e​-​p​e​r​s​o​n​n​a​l​i​s​a​t​i​o​n​-​e​t​-​d​i​s​q​u​a​l​i​f​i​c​a​t​i​o​n​-la

    Source : Acrimed.

    Réponse
    • Ronald

      J’a­vais un peu la même impres­sion qu’A­cri­med sans avoir autant creu­sé. Je regar­dais jadis C dans l’air car il y était dis­cu­té du point de vue de l’o­li­gar­chie, mais au moins on y par­lait d’i­déo­lo­gie. Main­te­nant j’ai arrê­té car il n’est ques­tion que d’a­vis sur les per­son­na­li­tés poli­tiques et d’ap­pré­cia­tion de leurs stra­té­gies. Je crois que cela témoigne que toutes ces per­sonnes n’ont même plus de pensée.

      “Les grands esprits dis­cutent des idées ; les esprits moyens dis­cutent des évé­ne­ments ; les petits esprits dis­cutent des gens.” ([faus­se­ment attri­bué à] Elea­nor Roosevelt)

      Réponse
  7. fanfan

    Alerte : com­bat pour la recon­quête de la langue française
    SAISINE DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE SUR LA MISE A MORT DE LA LANGUE FRANÇAISE : CONFÉRENCE DE PRESSE (« épique ») d’Ar­naud Aaron Upins­ky, pré­sident de l’U­nion Natio­nale des Ecri­vains de France
    https://​you​tu​.be/​1​s​C​C​d​X​r​E​e7U

    LETTRE OUVERTE d’Ar­naud Upins­ky, pré­sident de l’U­nion Natio­nale des Ecri­vains de France à Madame Hélène Car­rère d’Encausse, Secré­taire per­pé­tuel de l’Académie française :
    http://upinsky.work/wp-content/uploads/2017/01/Lettre-Ouverte-de-saisine-de-lAcad%C3%A9mie-fran%C3%A7aise-du-14-janvier-2017-%C3%A0-son-Secr%C3%A9taire-perp%C3%A9tuel…pdf

    A la demande de l’auteur de la sai­sine sur son site : Péti­tion-Sai­sine de mobi­li­sa­tion natio­nale contre la haute tra­hi­son du fran­çais aux JO-Paris 2024 et à l’école
    https://www.change.org/p/acad%C3%A9mie-fran%C3%A7aise-contre-la-haute-trahison-du-fran%C3%A7ais-aux-jo-paris-2024-et-%C3%A0-l-%C3%A9cole

    Réponse
  8. fanfan

    Bon­jour à tou(te)s,
    Le régime des forêts de pro­tec­tion fait actuel­le­ment l’ob­jet de DEUX CONSULTATIONS. L’une concerne exclu­si­ve­ment le mas­sif de Fon­tai­ne­bleau, l’autre couvre l’en­semble des forêts du ter­ri­toire national.
    Dans les deux cas, nous sommes invi­tés à don­ner notre avis sur des pro­jets qui, s’ils sont rete­nus, auront pour consé­quence de réduire encore un peu plus un domaine pour­tant théo­ri­que­ment pro­té­gé. L’un d’entre eux demande même d’ou­vrir le péri­mètre de ces forêts aux acti­vi­tés minières (oui, vous avez bien lu !)
    Comme on nous demande notre avis, vous trou­ve­rez un résu­mé et un mode opé­ra­toire suc­cinct en cli­quant sur le lien sui­vant  https://chroniquesvertesdemill
    … et sur­tout, n’hé­si­tez pas à faire suivre !

    Réponse
  9. fanfan

    CHARTE DE MUNICH
    Décla­ra­tion des devoirs et des droits des journalistes.
    Pré­am­bule : Le droit à l’information, à la libre expres­sion et à la cri­tique est une des liber­tés fon­da­men­tale de tout être humain.
    Ce droit du public de connaître les faits et les opi­nions pro­cède l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes…
    http://​eeas​.euro​pa​.eu/​a​r​c​h​i​v​e​s​/​d​e​l​e​g​a​t​i​o​n​s​/​t​u​n​i​s​i​a​/​d​o​c​u​m​e​n​t​s​/​p​a​g​e​_​c​o​n​t​e​n​t​/​c​h​a​r​t​e​_​m​u​n​i​c​h​1​9​7​1​_​f​r​.​pdf

    Réponse
  10. joss

    « les crises », « Fakir », « inves­tig action », « Chouard »,…
    C’est quant même bizarre, tous ces sites anti-confor­mistes qui dif­fusent de la fausse infor­ma­tion en même temps ? Se seraient-ils tous coor­don­nés ? Ne serait-ce pas un Com­plot contre les Puis­sants de ce « Monde » (facile) ?
    S’ils s’a­vancent sur ce che­min, nous pour­rions atta­quer le « Monde » de complotiste.

    Bon, admet­tons que « Le Monde » a tou­jours rai­son. A‑t-il une recette de cui­sine pour reve­nir sur le droit che­min ? Afin de rece­voir sa bénédiction ?
    …Se mettre à publier des articles du Monde ? per­met­trait de repas­ser au vert ? J’i­ma­gine que le clas­se­ment n’est pas défi­ni­tif, rouge une fois pour toute. Qu’il est per­mit de se faire par­don­ner. Sinon, ils estiment que c’est une dif­fu­sion inten­tion­nelle de pro­pa­gande, en âme et conscience. Alors ils n’ac­cep­te­raient pas l’er­reur qui n’est qu’­hu­maine et qui n’est pas tou­jours inten­tion­nelle (d’ha­bi­tude).
    Pour être construc­tif, ils devraient four­nir sur leur site une boîte à outils de jour­na­liste confor­miste pour les vilains petits canards déviants. Ou l’of­frir après un Mea Culpa suite à un pas­sage au confes­sion­nal (genre de boite mail à l’é­coute 24H/24H).

    A nou­veau, ils trouvent des solu­tions (à leurs pro­blèmes) qui nous infan­ti­lisent, symp­tôme de cette socié­té (à échelles hié­rar­chiques de domi­nances) ! Au lieu de se (de nous) consi­dé­rer des adultes et d’ou­vrir le débat ! …il y a trop d’in­té­rêts à défendre.

    Réponse
  11. etienne

    Déconnant DECODEX, par Jacques Sapir

    Source : Rus­seu­rope, Jacques Sapir, 09-02-2017
    https://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​5​677

    Le site Web du jour­nal Le Monde vient de lan­cer, depuis quelques jours, un « outil » nom­mé « Deco­dex », qui est cen­sé per­mettre à ses uti­li­sa­teurs de trier le faux du vrai dans le dif­fé­rents sites. Nul ne conteste la néces­si­té de véri­fier les sources. On pou­vait pen­ser que cet outil serait une ten­ta­tive hon­nête pour aider le lec­teur. Elle s’avère en réa­li­té un outil idéo­lo­gique ser­vant à la fois à l’autopromotion de ce jour­nal (ce que l’on peut com­prendre sans néces­sai­re­ment l’approuver) mais aus­si, et c’est sur ce point que toute l’opération est bien plus dis­cu­table, un outil de tri idéo­lo­gique. Pré­ten­dant lut­ter conte ce que l’on appelle les « fake news », soit la mul­ti­pli­ca­tion des fausses nou­velles, les jour­na­listes du Monden’ont rien eu de plus pres­sé que de réin­ven­ter l’Index du Vati­can. A quand l’Imprimatur ?

    Deco­dex se pré­sente comme une appli­ca­tion que cha­cun peut uti­li­ser. Cette appli­ca­tion classe les sites du vert (garan­tie de « bonnes » infor­ma­tions) au rouge (site répu­té dan­ge­reux), avec la cou­leur orange (site peu sérieux), ou bleu (site paro­dique). Seule­ment, pour faire fonc­tion­ner un sys­tème comme Déco­dex, il faut au préa­lable éta­blir une liste de sites d’information que l’on consi­dère comme recom­man­dables ou non et une liste de cri­tères qui per­mettent de jau­ger et de juger de la cré­di­bi­li­té de tel ou tel. On entre là dans un domaine ou joue à plein la sub­jec­ti­vi­té idéo­lo­gique des jour­na­listes du Monde. En met­tant les pas­tilles, qu’elles soient vertes, oranges ou rouges, Le Monde s’arroge un droit de juge­ment alors qu’il est lui-même, et nul ne le lui reproche par ailleurs, un jour­nal d’opinion, un jour­nal qui défend ses idées, mais des idées qui ne font que repré­sen­ter sa sub­jec­ti­vi­té. Ce qui gène, ce qui choque avec cette créa­tion du Monde c’est que ce jour­nal se donne ain­si le rôle de cen­seur du Web, de l’information en ligne. Il s’approprie un pou­voir qui pour­rait, à l’extrême limite, rele­ver d’un comi­té indé­pen­dant, ou du CSA, mais cer­tai­ne­ment pas d’un jour­nal qui est un acteur de cette sphère de l’information et qui ne peut donc pré­tendre à l’impartialité néces­saire pour une telle fonction.

    La dimen­sion idéo­lo­gique de l’opération se révèle quand on se pro­mène un peu sur Déco­dex. On constate que les sources de l’établissement média­tique (les jour­naux avec les­quels Le Monde a des col­la­bo­ra­tions ouvertes ou impli­cites) sont sys­té­ma­ti­que­ment en vert. Les autres, sont en orange et en rouge, et en par­ti­cu­lier les sources dites alter­na­tives. Se révèle alors la dimen­sion « mono­po­liste » de l’opération. Dans un monde ou le jour­na­lisme tra­di­tion­nel est contes­té, car cha­cun peut, à sa guise, créer un site d’information, l’opération Déco­dex appa­raît comme une volon­té un peu pué­rile et clai­re­ment déses­pé­rée de cer­tains jour­na­listes pour se garan­tir le mono­pole de l’information. Il eut été plus utile, et plus pro­fi­table à tous, que ces dits jour­na­listes s‘interrogent sur les rai­sons de leurs pertes d’audience. Mais, ce type d’autocritique, il ne faut pas rêver : ils en sont clai­re­ment incapables.

    On don­ne­ra ici un exemple par­lant. Mon propre car­net obtient, tout comme le blog d’Olivier Ber­ruyer, un clas­se­ment orange. Oli­vier répond par ailleurs de manière cin­glante aux argou­sins de Déco­dex. Ce clas­se­ment est moti­vé par un exemple de « fake news » que Le Monde pré­sente ain­si : «…relaie par­fois de fausses infor­ma­tions, niant la pré­sence de sol­dats russes en Ukraine en 2014, pour­tant éta­blie ». Si ces « jour­na­listes » avaient fait leur tra­vail, ils auraient pu consta­ter que je n’avais nul­le­ment nié la pré­sence de mili­taires russes à Donetsk et Lugansk, mais que, citant nom­mé­ment un géné­ral amé­ri­cain en poste à l’OTAN, j’avais indi­qué que la pré­sence de mili­taires russes n’était pas en mesure d’expliquer les vic­toires rem­por­tées par les forces de la DNR et de la LNR en sep­tembre 2014. Mais, on voit bien qu’ici la véri­té importe peu pour les jour­na­listes du Monde. Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage.

    Il serait aus­si facile de rétor­quer que Le Monde lui-même a publié aus­si de fausses infor­ma­tions, ou des infor­ma­tions non confir­mées, comme le montre Vincent Glad dans une chro­nique sur le site de Libération[1]. Le Monde lui même s’était fait l’écho récem­ment du faux pira­tage par les Russes d’une cen­trale élec­trique amé­ri­caine. Alors, pour­quoi ne pas mettre Le Monde lui-même en orange dans le clas­se­ment Déco­dex ? Aude Lan­ce­lin s’est éle­vée contre cette opé­ra­tion du Monde, et l’on peut pen­ser qu’elle risque fort de décré­di­bi­li­ser encore plus la presse tra­di­tion­nelle. En fait, une obser­va­tion rapide des divers sites mis en causes montre que les uti­li­sa­teurs poten­tiels de Déco­dex l’utilisent à l’inverse de ce que sou­hai­taient les jour­na­listes du Monde. La fré­quen­ta­tion de ces blogs semble avoir aug­men­té et tout se passe comme si le lec­teur consi­dé­rait comme « sus­pect » le clas­se­ment en vert qui est cen­sé dési­gner la « bonne » infor­ma­tion et recher­chait les sites dési­gnés par Déco­dex comme « sus­pects ». Si cela devait se confir­mer, nous aurions le résul­tat para­doxal d’une opé­ra­tion de déni­gre­ment en bande orga­ni­sée, comme l’on dit au Minis­tère de la Jus­tice, se retour­nant contre ses propres auteurs…

    Au-delà, l’histoire Déco­dex pose un pro­blème de fond. Nul ne peut cer­ti­fier la « véri­té ». Des faits peuvent être rai­son­na­ble­ment éta­blis, tout en sachant qu’il y a tou­jours une marge d’incertitude à leur égard. L’interprétation de ces faits, elle, varie avec les opi­nions, avec la sub­jec­ti­vi­té de cha­cun, avec les dif­fé­rentes recherches qui peuvent être faites. Je ren­voie ici le lec­teur à mes mul­tiples notes sur la ques­tion du chô­mage en France, et sur l’abus que font les jour­na­listes de la fameuse « caté­go­rie A » de la DARES. Per­sonne ne peut déci­der qu’il a le mono­pole de la véri­té et de l’information ; on ne peut cer­ti­fier une « véri­té », ni la mettre sous copy­right. C’est bien pour­quoi toute l’opération Déco­dex se révèle en fait assez nau­séa­bonde dans ce qu’elle décrit de l’imaginaire de ses auteurs. On ne doit pas, alors, s’étonner de la réduc­tion constante du lec­to­rat de cette presse qui arrive ain­si à se décré­di­bi­li­ser de manière de manière si constante et si régu­lière. Cette presse arrive même aujourd’hui à mêler le ridi­cule à l’ignominie.

    Le coté « orwel­lien » de Déco­dex n’aura échap­pé à per­sonne. Il y a du « Minis­tère de la Véri­té » à l’œuvre dans ce qu’ont com­mis les jour­na­listes du Monde.

    Jacques Sapir

    [1] Glad V., « Qui déco­dexe­ra le Déco­dex ? De la dif­fi­cul­té de label­li­ser l’information de qua­li­té », billet publié le 3 février 2017.

    Source : Rus­seu­rope, Jacques Sapir, 09-02-2017
    https://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​5​677

    Réponse
  12. etienne

    <pléo­nasme> cra­pu­le­rie euro­péiste </pléonasme>

    Crapulerie européiste

    par Jacques Sapir
    http://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​5​706

    Sur le site qua­si­ment offi­ciel de l’Union euro­péenne, Euractiv.fr[1], M. Emma­nuel Grynsz­pan me met en cause dans un article consa­cré à la soi-disant cam­pagne des auto­ri­tés russes contre Emma­nuel Macron[2]. Signa­lons que ce site a pour but de « com­plé­ter la « pers­pec­tive bruxel­loise » sur les affaires euro­péennes en ajou­tant un point de vue natio­nal et en adap­tant le conte­nu aux besoins de l’opinion publique locale ». Le titre du papier est déjà tout un pro­gramme (à la dif­fé­rence de Macron qui n’en a point) : « Les médias pro-Russes s’engouffrent dans le tout sauf Macron ». Ain­si donc me voi­ci enrô­lé, sans que l’on ait deman­dé mon avis dans une sorte de croisade.

    Regar­dons ce qui m’est repro­ché. Selon l’auteur, mon crime serait celui-ci : « Les poli­to­logues invi­tés à com­men­ter sa cam­pagne, comme Jacques Sapir, le des­cendent en flamme : « Mon­sieur Macron et ses mys­té­rieux sou­tiens finan­ciers […] Il est le can­di­dat des oli­garques, du MEDEF, de ces affai­ristes qui confondent l’industrie avec un immense jeu de Mono­po­ly », écrit Sapir, qui défend sys­té­ma­ti­que­ment la poli­tique du Krem­lin sur son blog ».

    Rele­vons ici une impré­ci­sion, une erreur, et une volon­té évi­dente de nuire.

    L’imprécision tout d’abord. Le lec­teur ne sait pas ce que j’ai dit et ce que j’ai écrit. M. Grynsz­pan cultive ici l’ambiguïté comme d’autres leur jar­din ou le can­na­bis. Il se fait que j’ai don­né une inter­view à RT en français[3], mais que j’ai écrit deux (et non pas un) article concer­nant Mon­sieur Macron[4], le pre­mier étant moti­vé par ce qui m’apparaissait comme un pro­fond mépris du per­son­nage pour les habi­tants du Nord de la France, une région où j’ai ensei­gné à mon début de car­rière. Quand je me suis expri­mé sur RT France, l’interview ne por­tait pas exclu­si­ve­ment sur Emma­nuel Macron, loin s’en faut. J’ai aus­si par­lé de Fran­çois Fillon, de Marine le Pen, et de bien d’autres choses. Mais ici, par la magie de for­mules vagues, et somme toute aus­si vagues que le pro­gramme d’Emmanuel Macron, on laisse à croire que l’interview aurait por­té exclu­si­ve­ment sur ce der­nier. La phrase citée cor­res­pond, en réa­li­té à une note publiée sur mon car­net. Ce der­nier aurait pu être cité. Le lec­teur aurait, ain­si, pu aller véri­fier et il aurait alors consta­té que l’argumentaire va au-delà de la ques­tion du financement.

    L’erreur vient ensuite. Elle consiste à me pré­sen­ter, moi et les cri­tiques de M. Macron, comme exclu­si­ve­ment foca­li­sé sur ce per­son­nage. Si M. Grynsz­pan s’était don­né la peine de lire ce que mon car­net contient il aurait pu voir qu’attaquer M. Macron n’est pas une de mes prio­ri­tés. J’attaque aus­si M. Fillon, pour la déchéance morale dont il a fait preuve[5], tout comme j’attaque M. Hamon, pour l’escroquerie en bande orga­ni­sée que repré­sente sa candidature[6]. Tout ceci est aisé­ment véri­fiable. Mais il semble bien que M. Grynsz­pan, que j’ai connu à l’EHESS et en Rus­sie, quand il tra­vaillait pour un jour­nal et me deman­dait des articles, ait oublié tout ce que mes col­lègues et moi avions pu lui apprendre en matière de res­pect des sources, de véri­fi­ca­tion et d’honnêteté. De fait, son article s’apparente à un cas de « fake news » sur ce point. Mais, il y a une rai­son. M. Grynsz­pan n’a rete­nu de l’enseignement qu’il a reçu que l’idée que le fait de racon­ter une his­toire est plus impor­tant que le conte­nu de la dite his­toire. Il nous construit donc un « sto­ry­tel­ling » où ce pauvre Emma­nuel Macron serait la cible de l’abominable homme du Krem­lin, je veux par­ler de Vla­di­mir Pou­tine en per­sonne. Comme si nous avions besoin d’attendre ce que pense Vla­di­mir Pou­tine pour nous poser des ques­tions très sérieuses sur ce qu’est M. Macron, sur ce qu’il repré­sente, sur son bilan. Il y a là un men­songe, certes par omis­sion, mais un men­songe tout de même. Et le but de ce men­songe est clair : dis­cré­di­ter toute cri­tique de M. Macron. On voit bien alors le but de la manœuvre, qui repose sur une série de syl­lo­gismes : Pou­tine sou­tient Bachar, donc Pou­tine est le Diable. Tel est le pre­mier syl­lo­gisme. Si le Diable attaque quelqu’un, ce der­nier ne peut être qu’innocent. Tel est le deuxième syl­lo­gisme. Oui, mais voi­là, la poli­tique n’est pas réduc­tible, sauf dans les fan­tasmes des fana­tiques comme les isla­mistes, à une lutte entre le Bien et le Mal. Ici encore, j’ai bien peur qu’il ne reste rien de l’Emmanuel Grynsz­pan que j’ai pu connaître et qui semble avoir été dévo­ré tout cru par l’idéologie euro­péiste, au point de perdre toutes ses réfé­rences et tous ses repères.

    Venons en à la volon­té de nuire. Elle est évi­dente par les rac­cour­cis aux­quels M. Grynsz­pan a recours, sur­tout quand on sait à quel point il connaît les posi­tions qui sont les miennes. La der­nière phrase du pas­sage cité le montre bien : « …qui défend sys­té­ma­ti­que­ment la poli­tique du Krem­lin sur son blog ». Tout d’abord, je mets au défi le lec­teur de mon car­net de trou­ver une seule note ou je ferai l’apologie de Vla­di­mir Pou­tine. Je dis­cute, et sou­vent de manière cri­tique, la poli­tique éco­no­mique du gou­ver­ne­ment russe. Je dis­cute, de manière assu­ré­ment plus favo­rable, les prises de posi­tions inter­na­tio­nales, et j’ai salué en son temps comme un moment intel­lec­tuel impor­tant le « dis­cours de Munich » que Vla­di­mir Pou­tine pro­non­ça en 2007[7]. Ceci ne fai­sait nul­le­ment de ce livre un ouvrage à la gloire de Vla­di­mir Pou­tine, et les tra­duc­tions en coréen ou en polo­nais de cet ouvrage en témoignent.

    L’image que cherche à construire Emma­nuel Grynsz­pan est donc celle d’un « blog » qui serait sys­té­ma­ti­que­ment en faveur du Pré­sident russe, et qui de ce point de vue n’aurait aucune indé­pen­dance intel­lec­tuelle. C’est insul­tant, mais c’est sur­tout dif­fa­ma­toire. Ici encore, le jeu auquel se livre Grynsz­pan n’est que trop évident. Il s’agit de mettre à l’abri de toute cri­tique M. Emma­nuel Macron. Et, la meilleure manière pour M. Grynsz­pan consiste à pré­tendre que toutes les cri­tiques contre son chou­chou ne sont que le pro­duit d’une pen­sée télé­gui­dée. Mais, le texte qu’Adrien de Tri­cor­not, ancien jour­na­liste au Monde, ancien res­pon­sable de la socié­té des Rédac­teurs de ce jour­nal, a écrit au sujet d’Emmanuel Macron est dix fois plus dévas­ta­teur pour Emma­nuel Macron que mes deux notes[8]. Je le recom­mande d’ailleurs aux lec­teurs car il montre à la per­fec­tion qui est le véri­table M. Macron. Alors, fau­dra-t-il que M. Grynsz­pan pré­tende que M. de Tri­cor­not tient lui aus­si un blog pro-Pou­tine ? Nico­las Can­te­loup à fait un fort bon sketch sur Macron dans son émis­sion de 20h45 sur TF1. Fau­dra-t-il que M. Grynsz­pan pré­tende que Nico­las Can­te­loup est un « troll de Pou­tine » sui­vant l’expression conve­nue ? On voit bien le ridi­cule de cette affaire.

    On touche ici à l’absurde. Mais, la haine de la véri­té entraîne des com­por­te­ments absurdes, nous le savons bien. La peur de voir se dévoi­ler la vacui­té du can­di­dat Macron a donc conduit M. Grynsz­pan à fou­ler aux pieds tous les prin­cipes de déon­to­lo­gie que devrait res­pec­ter un jour­na­liste, digne de ce nom. Il s’est trans­for­mé en un dés­in­for­ma­teur gros­sier. Le plus grave est qu’il puisse sévir sur un site lar­ge­ment finan­cé par l’Union européenne.

    Jacques Sapir
    _______

    [1] http://​www​.eur​ac​tiv​.fr

    [2] http://​www​.eur​ac​tiv​.fr/​s​e​c​t​i​o​n​/​p​o​l​i​t​i​q​u​e​/​n​e​w​s​/​l​e​s​-​m​e​d​i​a​s​-​p​r​o​-​r​u​s​s​e​s​-​s​e​n​g​o​u​f​r​e​n​t​-​d​a​n​s​-​l​e​-​t​o​u​t​-​s​a​u​f​-​m​a​c​r​on/

    [3] Que l’on peut retrou­ver dans la note publiée le 11 février 2017 https://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​5​686

    [4] Une note le 11 février 2017 https://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​5​690 et une note le 15 jan­vier 2017 https://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​5​593

    [5] Par exemple le 7 jan­vier (avant le Pene­lo­pe­Gate) sur son ins­tru­men­ta­li­sa­tion de la reli­gion catho­lique https://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​5​581 et le 2 février 2017 https://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​5​655 sans oublier l’analyse cri­tique de son pro­gramme à la suite de sa vic­toire à la « pri­maire » de la droite le 28 novembre 2016 https://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​5​472

    [6] Voir ma note du 29 jan­vier 2017, https://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​5​641

    [7] Sapir J., Le Nou­veau XXIè Siècle, le Seuil, Paris, 2008.

    [8] De Tri­cor­not, A., Com­ment Macron m’a séduit puis tra­hi http://​www​.street​press​.com/​s​u​j​e​t​/​1​4​8​6​7​2​3​1​6​0​-​m​a​c​r​o​n​-​l​e​-​m​o​nde

    Source : Rus­seu­rope, http://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​5​706

    Réponse
  13. etienne

    [Sou­tien signa­lé par Oli­vier Ber­ruyer là :
    http://​www​.les​-crises​.fr/​b​e​r​r​u​y​e​r​-​b​e​r​g​e​-​l​e​-​m​o​n​d​e​-​b​i​g​-​b​r​o​t​h​e​r​-​p​a​r​-​r​e​g​i​s​-​d​e​-​c​a​s​t​e​l​n​au/]

    BERRUYER / BERGÉ : LE MONDE BIG BROTHER

    par RÉGIS DE CASTELNAU :

    « Oli­vier Ber­ruyer est un per­son­nage éton­nant. Tout d’abord, à le voir et en comp­tant large, on lui don­ne­rait 16 ou 17 ans. Mais atten­tion, sur ses com­pé­tences le gars est un cos­taud et il est en plus doté d’une puis­sance de tra­vail assez phé­no­mé­nale. Il a un bou­lot qui le fait vivre, et his­toire de se dis­traire il a mon­té un site Inter­net abso­lu­ment remar­quable, qui affiche près de 8 mil­lions et demi de connexions annuelles ! Ceux qui le fré­quentent y trouvent une infor­ma­tion équi­li­brée et plu­ra­liste, sou­vent en pro­ve­nance de l’étranger, que les grands médias ont renon­cé depuis long­temps à nous proposer.

    Le pro­blème, c’est que s’il a des idées et sur­tout des prin­cipes, Oli­vier Ber­ruyer n’est pas poli­ti­sé et pense que la pro­bi­té est essen­tielle dans le tra­vail d’information. Et c’est la rai­son pour laquelle il est aujourd’hui la cible de ceux qui consi­dèrent que leur mis­sion relève de la pro­pa­gande au ser­vice de leurs pro­prié­taires. À com­men­cer par le jour­nal le Monde, qui fut dans mon jeune temps indis­cu­ta­ble­ment un quo­ti­dien de réfé­rence, mais qui depuis la des­truc­tion opé­rée dans les duet­tistes Colom­ba­ni et Ple­nel il y a plus de 20 ans est deve­nu l’expression gros­sière et sans nuance de l’oligarchie.

    Avec des com­pères comme Libé­ra­tion, Radio France, l’AFP, et face à un monde dont ils sentent bien qu’il leur échappe, ils ont déci­dé de ten­ter la cen­sure. D’abord et avant tout contre les sites numé­riques dont la liber­té leur fait hor­reur. Au-delà du fait que l’on apprend, chose abso­lu­ment sidé­rante, que ce qui leur tient lieu de jour­na­listes serait invi­té dans les écoles de la répu­blique à ensei­gner la « véri­té », ils auraient pas­sé un accord avec Face­book pour y faire la chasse aux fausses nou­velles ! Lepar­men­tier expli­quer ce que doit être la véri­té sur l’UE, au secours !

    Ce qui nous inté­resse aujourd’hui c’est l’installation de leur sys­tème « Déco­dex » qui pre­nant la suite des pitoyables « déco­deurs » a déci­dé de mettre des notes à leurs concur­rents. Ne ren­trons pas dans le détail du sys­tème, une petite visite du site est assez édifiante.

    Oli­vier Ber­ruyer est une de leurs cibles anciennes, il semble qu’ils aient déci­dé de lui faire la peau. Alors, clai­re­ment défendre le site « les crises » est un impé­ra­tif, à la fois pour le défendre contre cette agres­sion, mais aus­si pour mener un com­bat pour une liber­té d’expression qui a rare­ment été aus­si attaquée.

    Par ailleurs l’initiative du Monde pose de sacrés pro­blèmes juri­diques, et il faut envi­sa­ger et enga­ger les ripostes judi­ciaires que tout cela exige. Concur­rence déloyale et déni­gre­ment ne sont pas des méthodes accep­tées par le droit français.

    En atten­dant, prendre connais­sance des élé­ments de l’agression dont Oli­vier Ber­ruyer est la vic­time. Et le sou­te­nir contre cette ten­ta­tive de le faire taire. »

    RÉGIS DE CASTELNAU

    http://​www​.vudu​droit​.com/​2​0​1​7​/​0​2​/​b​e​r​r​u​y​e​r​b​e​r​g​e​-​l​e​-​m​o​n​d​e​-​b​i​g​-​b​r​o​t​h​er/

    Source : Vu du droit

    Réponse
  14. etienne

    Hila­rant… Mer­ci Frédéric 🙂

    Charlot ministre de la vérité

    par Fré­dé­ric Lor­don, 22 février 2017

    Source : La pompe à phy­nances, http://blog.mondediplo.net/2017–02-22-Charlot-ministre-de-la-verite

    PNG - 496.3 koOne of the best toy traffic lights ever manufactured (l’un des plus beaux jouets représentant un feu de circulation jamais fabriqué). cc tomovox

     
    Admet­tons-le : au début on n’a pas vou­lu y croire. Lorsque le 3 jan­vier on a enten­du Samuel Laurent, « déco­deur » en chef au Monde, annon­cer « une inno­va­tion tech­no­lo­gique (1)« conçue pour défaire la post-véri­té, on s’est dit que c’était trop beau pour être vrai. Mais l’époque dis­pense sans comp­ter, et il faut désor­mais tenir pour acquis qu’elle est capable de tout. La suite a prou­vé com­bien. Il y a d’abord ce nom gro­tesque, Deco­dex, qui fait sur­tout pen­ser aux col­lants bleus de Fan­tô­mas ou bien au man­teau noir de Judex — et donne irré­sis­ti­ble­ment envie d’avoir accès aux minutes du brains­tor­ming, qu’on ima­gine quelque part entre Veri­ta­tor, Ortho­fact et Rec­ti­fias. Il y a sur­tout une trou­vaille dont on ne sait plus s’il faut l’assimiler au geste d’une per­for­mance artis­tique ou au comique du ciné­ma muet. Construire la machine à gifles et s’y atta­cher la tête dans l’ouverture, Bus­ter Kea­ton ou Char­lot n’auraient sans doute pas fait mieux. C’est que les génies du déco­dage se sont fabri­qué pour long­temps des jour­nées dif­fi­ciles. Comme de juste, pas une des (nom­breuses) traces de pneu de la presse « cré­dible » label­li­sée « vert » ne leur sera épar­gnée, imman­quable ava­lanche dont les effets sur la san­té ner­veuse du chef déco­deur sont déjà consta­tables sur les réseaux sociaux. Et chaque fois que le minis­tère de la véri­té pro­teste de ses jus­ti­fi­ca­tions doc­tri­nales, c’est dere­chef pour faire tour­ner à plein régime la tur­bine à claques.

    L’hôpital, la charité

    Pour son mal­heur en effet, il n’est pas une de ses phrases qui ne puisse aus­si­tôt lui être retour­née. On se sou­vient de Kathe­rine Viner, édi­to­ria­liste-phi­lo­sophe de la post-véri­té au Guar­dian qui, vou­lant faire por­ter le cha­peau à Face­book, « concep­tua­li­sait » les « bulles de filtre » sans s’apercevoir que la défi­ni­tion qu’elle en don­nait s’appliquait à mer­veille à la presse mains­tream : un uni­vers clos qui ne se nour­rit que de pen­sée confir­mante sans jamais ni accueillir ni faire entendre le moindre bruit contra­dic­toire sérieux. Si Samuel Laurent est visi­ble­ment plus à son affaire dans le code que dans la théo­rie, ça ne l’empêche pas d’essayer lui aus­si. Il aurait eu tort de se gêner, les pro­duits de la ferme sont de pre­mière qua­li­té : « Plus on est dans le domaine de la croyance et du reli­gieux, plus c’est dif­fi­cile de faire chan­ger d’avis quelqu’un, parce qu’il y croit, il a basé sa struc­ture men­tale là-des­sus (…) C’est com­pli­qué de se battre contre des gens qui sont déjà convain­cus (2) ». Et c’est tel­le­ment vrai.

    La neu­tra­li­té jour­na­lis­tique est au choix une âne­rie sans nom ou une par­faite hypocrisie.

    Par exemple, le type qui déclare avec un regard fixe un peu inquié­tant que« Jean-Claude Jun­cker s’efforce de taxer les mul­ti­na­tio­nales, de faire la chasse aux para­dis fis­caux et d’avoir une ges­tion poli­tique — com­prendre de gauche — des poli­tiques bud­gé­taires » est clai­re­ment à jour de sa coti­sa­tion aux Raë­liens ou bien s’est fait refi­ler du gâteau au shit par des Hare Kri­sh­na. Ici les ana­lyses de Samuel Laurent n’ont jamais été si éclai­rantes : nous avons en effet à faire à quelqu’un « qui est dans le domaine du reli­gieux, qui y croit, qui a basé sa struc­ture men­tale là-des­sus ». Et il est bien cer­tain qu’il ne va pas être facile de le ravoir, parce que celui-là, c’est peu dire qu’ « il y croit ». Le pro­blème est que le sujet à pupilles dila­tées est direc­teur édi­to­rial au jour­nal Le Monde (3) qui lui tam­ponne régu­liè­re­ment son bon de sor­tie — à vignette verte. Pro­blème d’autant plus sérieux que le direc­teur de la mai­son de repos, en cam­pagne pour les dra­gées Deco­dex, dit lui-même des choses à fort retour de mani­velle : « Un site d’extrême-droite peut reprendre des vraies infor­ma­tions ou alors peut col­por­ter de fausses infor­ma­tions, ou peut don­ner des visions extrê­me­ment ten­dan­cieuses des faits (4) ». Ma foi c’est très vrai éga­le­ment, atten­tion tou­te­fois à la malice du joka­ri. Bien sûr on ne va pas assi­mi­ler le jour­nal de réfé­rence à un site com­plo­tiste, mais enfin, lit­té­ra­le­ment par­lant, « reprendre des vraies infor­ma­tions, en col­por­ter de fausses, don­ner des faits des pré­sen­ta­tions extrê­me­ment ten­dan­cieuses » est un énon­cé sus­cep­tible d’un champ d’application pas­sa­ble­ment plus large que ne l’imagine le direc­teur du Monde.

    Quand les autorités ne font plus autorité

    Qu’un dis­cours devienne à ce point instable par auto­ré­fé­rence devrait nor­ma­le­ment inquié­ter ses propres auteurs. Que la chose les laisse à ce point de marbre, et comme incons­cients de la ruine qu’ils opèrent eux-mêmes de leur propre posi­tion a en tout cas valeur de symp­tôme. Mais symp­tôme de quoi sinon de ces époques finis­santes qu’on recon­naît à l’enfermement de ceux qui pré­ten­daient en être les guides, et ne mesurent plus ni à quel point ils ont rom­pu avec le reste de la socié­té ni la por­tée de leurs propres paroles. De ce point de vue, il y aurait cer­tai­ne­ment lieu de mettre en rap­port le geste invo­lon­tai­re­ment comique du Deco­dex et la vomis­sure des éco­no­mistes Cahuc et Zyl­ber­berg (5), l’un comme l’autre expri­mant ce mélange d’incompréhension et de fureur des ins­ti­tu­tions de la doxa quand, médu­sées, elles contemplent pour la pre­mière fois la crise qui menace de les empor­ter. Spasme réac­tion­nel com­mun des auto­ri­tés qui découvrent qu’elles ne font plus auto­ri­té, le minis­tère jour­na­lis­tique de l’information vraie est mitoyen de la mai­son de cor­rec­tion épis­té­mo­lo­gique pour « néga­tion­nistes éco­no­miques ». Et dans l’un et l’autre cas, la même incom­pré­hen­sion stu­pé­faite du pro­ces­sus d’effondrement de leur légi­ti­mi­té, la même réac­tion à la fois autis­tique et auto­ri­taire — pré­ci­sé­ment parce que les ins­ti­tu­tions de pou­voir ne connaissent pas d’autre concep­tion qu’autoritaire de l’autorité. C’est pour­quoi, expo­sées à la contes­ta­tion, elles cèdent spon­ta­né­ment à une cris­pa­tion ful­mi­nante accom­pa­gnée d’un ser­rage de vis pour ten­ter de reprendre en main ce qui est en train d’échapper. Ici nous vous appren­drons ce qu’est la vraie science, là la bonne infor­ma­tion — et, croyez-nous, vous fini­rez par pen­ser droit.

    Le minis­tère jour­na­lis­tique de l’information vraie est mitoyen de la mai­son de cor­rec­tion épis­té­mo­lo­gique pour « néga­tion­nistes économiques »

    On pour­rait même pous­ser l’homologie plus loin car l’antinomie épis­té­mo­lo­gi­que­ment indi­gente de la science et de l’idéologie, qui obsède les deux éco­no­mistes par­tis, est for­mel­le­ment sem­blable à celle du jour­na­liste et du mili­tant dont le « déco­dage » fait l’axe de sa vision du monde. De même qu’aux uns il fau­drait expli­quer qu’il y a fina­le­ment trois sortes d’économistes : ceux qui ne s’aperçoivent même pas que leur « science » est de part en part imbi­bée de poli­tique, ceux qui en ont conscience mais décident de cam­per dans la déné­ga­tion pour ne pas gâcher les pro­fits sym­bo­liques de la science, ceux enfin qui aper­çoivent que la pré­sence de la poli­tique dans la science sociale est sa condi­tion néces­saire et qui cherchent au grand jour com­ment régu­ler les effets de cette pré­sence, de même il fau­drait expli­quer aux autres que la neu­tra­li­té jour­na­lis­tique est au choix une âne­rie sans nom ou une par­faite hypocrisie.

    Autant la dis­cus­sion épis­té­mo­lo­gique, tou­jours domi­née par le bou­let de la « neu­tra­li­té axio­lo­gique », est loin d’être close, autant on pen­sait en avoir fini depuis long­temps avec l’ « objec­ti­vi­té du jour­na­lisme ». Il faut croire que non. Une heure d’émission (6), et presque de sup­pli­ca­tions, ne suf­fi­ra pas pour obte­nir de Samuel Laurent un début de vacille­ment sur ce sujet. Par exemple : pour­quoi Fakir doit-il être en orange ? Parce qu’il « a un point de vue » : « Je suis déso­lé, Fakir parle d’un point de vue ».

    « Dieu, le Monde, et moi »

    Leib­niz nomme « géo­mé­tral » de toutes les pers­pec­tives le point de vue sur tous les points de vue, le point de vue suprême qui cesse d’être un point de vue par­ti­cu­lier parce qu’il les syn­thé­tise tous. Le géo­mé­tral, c’est le point de vue de Dieu. Ou, donc, du Monde. C’est bien connu : Le Monden’a pas de point de vue. Il n’est pas l’organe offi­ciel de la mon­dia­li­sa­tion, de l’Europe libé­rale, de la réforme indé­fi­nie, et de l’entreprise-qui-crée‑l’emploi — ou s’il l’est, il n’est que le porte-parole de la nature des choses. Et quand, de temps à autre, admet­tons-le, des « opi­nions » s’y font entendre, c’est dans les pages spé­ciales des édi­to­riaux, des chro­niques et des tri­bunes, her­mé­ti­que­ment sépa­rées du reste du jour­nal voué, lui, aux faits vrais et à l’information neutre.

    Lire aus­si Pierre Rim­bert, « Cri­tique des médias, vingt ans après », Le Monde diplo­ma­tique, décembre 2016.

    Aus­si bien Daniel Schnei­der­mann que Fran­çois Ruf­fin (7) s’essayent à faire com­prendre à Samuel Laurent que c’est le propre du point de vue domi­nant que de pou­voir se nier comme point de vue par­ti­cu­lier, de même, par exemple, qu’en matière de langue il n’y a d’accent qu’en réfé­rence à un accent par­ti­cu­lier mais qui a réus­si le coup de force de se poser comme le neutre, le sans-accent, ou bien dans un autre genre que le refus de l’idéologie est la pos­ture suprê­me­ment idéo­lo­gique, puisque incons­ciente de l’idéologie dans laquelle elle baigne entiè­re­ment, etc., des choses assez simples nor­ma­le­ment. For­mi­dable cita­tion de la docu­men­ta­riste de Paroles de Bibs : « quand un patron parle, c’est de l’économie, quand un syn­di­ca­liste parle, c’est du mili­tan­tisme (8) ». Nor­ma­le­ment, dans ce rac­cour­ci coup de poing, qui dit abso­lu­ment tout, il devrait y avoir de quoi réveiller jusqu’à un esprit végé­ta­tif. Mais là non, rien, autant apprendre la règle de trois à une théière.

    Si, comme le disait Marx, les struc­tures sociales se réa­lisent dans des per­sonnes par­ti­cu­lières, il n’est pas inter­dit de prendre la mesure du fait géné­ral de la label­li­sa­tion de l’information, non seule­ment par ce qu’en dit l’un de ses plus signa­lés repré­sen­tants, mais aus­si par ce qu’il dit de lui-même, l’accord par­fait d’une com­plexion sin­gu­lière à la struc­ture d’ensemble per­met­tant d’éclairer la struc­ture d’ensemble par la com­plexion sin­gu­lière. On touche donc pro­ba­ble­ment au fond des choses (et peut-être en les deux sens du terme) lorsque, inter­ro­gé sur les res­sorts de sa voca­tion jour­na­lis­tique, le chef déco­deur hésite un ins­tant avant de répondre fina­le­ment qu’elle doit tout à « la pas­sion des faits (9) ». La pas­sion des faits… Des faits en géné­ral, sans autre pré­ci­sion. Des faits en tant que faits. Réponse phi­lo­so­phi­que­ment ver­ti­gi­neuse, por­teuse de tout un rap­port au monde social et à la poli­tique (peut-être au monde tout court d’ailleurs), qui laisse aus­si dans un grand désar­roi car on voit bien que, même en pre­nant le sujet avec patience et lon­gueur de temps, on n’y arri­ve­ra pas, on ne lui fera pas lâcher, puisque tout s’en suit avec une par­faite logique : il y a « les jour­na­listes » (qui n’ont pas de point de vue) et il y a « les mili­tants » (qui en ont un). Les pre­miers sont donc par essence res­pec­tueux des faits et les seconds por­tés à les dis­tordre. AuMonde, on n’est pas des mili­tants, d’ailleurs — tex­tuel­le­ment — « je n’ai pas de démarche mili­tante ». Et puis encore : « Je ne suis pas mili­tant, je suis jour­na­liste. Et être jour­na­liste, c’est expli­quer le monde tel qu’il va ». Sen­ti­ment de ver­tige au spec­tacle de cet abysse. On se rat­trape en ima­gi­nant qu’il suf­fi­rait, par amu­se­ment, de sug­gé­rer au « jour­na­liste » qu’il est « un mili­tant des faits » pour qu’une erreur-sys­tème de force 7 lui grille aus­si­tôt tous les circuits.

    À l’intersection de l’évaluation et de la démocratie pastorale

    Il y a comme une loi de pro­por­tion­na­li­té du monde social qui jus­ti­fie la cri­tique en rap­port avec l’importance des posi­tions de pou­voir et des pré­ten­tions qui s’y expriment. C’est que la déten­tion d’un pou­voir exor­bi­tant conduit néces­sai­re­ment à ques­tion­ner la légi­ti­mi­té des déten­teurs, et qu’en l’espèce on est conduit à se deman­der com­ment des pou­voirs aus­si consi­dé­rables se sont trou­vés remis à des indi­vi­dus aus­si insuf­fi­sants. La péda­go­gie géné­ra­li­sée de l’information vraie ne pou­vait donc man­quer de faire reve­nir la bonne vieille ques­tion de Marx de savoir qui éduque les édu­ca­teurs. On se dit d’abord que la croyance for­ce­née en un jour­na­lisme vierge de point de vue et riche seule­ment de faits devrait suf­fire à inter­dire l’accès à la pro­fes­sion. On se demande ensuite ce qui se passe dans les écoles de jour­na­lisme pour qu’on en laisse sor­tir des « diplô­més » dans cet état. Sont-elles toutes sinis­trées à ce point (ou n’y en a‑t-il pas une ou deux qui résistent) ? À quel effon­dre­ment pré­sident-elles ? La dégra­da­tion intel­lec­tuelle du jour­na­lisme est-elle si avan­cée que le laisse entre­voir l’aval enthou­siaste don­né à la phi­lo­so­phie du Deco­dex jusqu’au plus haut niveau du « quo­ti­dien de référence » ?

    « Quand un patron parle, c’est de l’économie, quand un syn­di­ca­liste parle, c’est du militantisme »

    « Nous pro­po­sons de l’aide, nous n’imposons rien à per­sonne, on est là pour aider » mur­mure dou­ce­reu­se­ment M. Feno­glio, direc­teur du Monde (10), dont on se demande s’il y croit vrai­ment — le pire étant qu’on ne peut pas l’exclure —, ou s’il ne fait que retour­ner à ce lieu com­mun de la réponse média­tique à la cri­tique des médias : la déné­ga­tion, spé­cia­le­ment celle de tout magis­tère. « On n’est pas là pour dire le jour­na­lisme qu’il faut faire (11) » n’hésite pas à sur­en­ché­rir son Déco­deur en chef… dans le moment même où il dis­tri­bue sou­ve­rai­ne­ment les labels de bon et de mau­vais journalisme.

    La déné­ga­tion du magis­tère média­tique, dont on ne sait plus si elle pro­cède d’une par­faite hypo­cri­sie ou d’une incon­sé­quence sans fond, va cepen­dant deve­nir une gageure avec le déploie­ment de pro­cé­dés aus­si épais que le Deco­dex. C’est que la machine à gom­mettes occupe pile ce lieu mons­trueux où se ren­contrent la patho­lo­gie néo­li­bé­rale du rating et la concep­tion tuté­laire de la démo­cra­tie. Il y aurait beau­coup à dire sur le geste qui conduit, sans visi­ble­ment qu’il en ait conscience, Le Monde à épou­ser cette pra­tique néo­li­bé­rale entre toutes de l’évaluation géné­ra­li­sée — des autres. Comme on sait, née dans la finance, la pra­tique de l’évaluation est en voie de colo­ni­ser toutes les sphères de la vie sociale, orga­ni­sant par là leur sou­mis­sion à la logique d’une socié­té de mar­ché de part en part régie par le prin­cipe de concur­rence. On éva­lue les chauf­feurs de VTC, les appar­te­ments de loca­tion, les toi­lettes d’aéroport, et sans doute bien­tôt les dîners entre amis — le « code cou­leur », cette tra­gé­die de la cou­leur que même la plus fer­tile ima­gi­na­tion dys­to­pique n’aurait pas pu anti­ci­per. Voi­là donc que Le Monde dis­tri­bue des cou­leurs à l’information comme d’autres aux apports nutri­tion­nels ou aux pots d’échappement. Le Monde est bien le jour­nal de ce monde.

    Il l’est par tous les bouts, spé­cia­le­ment par celui qui conçoit la démo­cra­tie comme le pré­cep­to­rat éclai­ré des « élites », heu­reu­se­ment pré­sentes pour indi­quer aux sujets la juste cou­leur des choses. Dans cette concep­tion pas­to­rale de la démo­cra­tie, les bons ber­gers conduisent le trou­peau du peuple. Ils lui montrent la bonne herbe à brou­ter (la verte) et puis le bon che­min du retour à l’enclos. Les pou­voirs du néo­li­bé­ra­lisme croient se rendre accep­tables en se don­nant la forme de la péda­go­gie géné­ra­li­sée. Mais c’est une grave erreur. Pré­tendre dic­ter aux gens ce qu’ils doivent consi­dé­rer, et puis ce qu’il leur faut en pen­ser, devient rapi­de­ment odieux même assis­té de toutes les cou­leurs de l’arc-en-ciel.

    Normalisation de fer

    Et cepen­dant, la rubrique Déco­deurs n’en finit plus de pro­li­fé­rer : d’abord une par­mi d’autres, puis deve­nue le joyau de la cou­ronne, elle s’est main­te­nant assu­rée la par­ti­ci­pa­tion au magis­tère géné­ral du Mondepuisqu’il lui est per­mis d’engager toute l’autorité du titre pour décla­rer ce que vaut l’information des autres (on a com­pris qu’au jeu de l’évaluation, le truc est de se situer tou­jours du côté des évaluateurs).

    Qui ne voit qu’elle conquer­ra le jour­nal en son entier, des­ti­né à deve­nir une gigan­tesque entre­prise de label­li­sa­tion poli­tique, ter­mi­nus dont l’étape déci­sive a déjà été fran­chie en fait, comme l’atteste cet article sidé­rant, inti­tu­lé « 20 pro­po­si­tions répé­tées par les can­di­dats de gauche et (qua­si­ment) inap­pli­cables » (12), les paren­thèses témoi­gnant d’un ultime reli­quat de décence, sur la lon­gé­vi­té duquel on ne parie­rait pas un kopeck. On y voit sous la plume de trois déco­deurs émé­rites, dont un venu de Buzz­Feed, un ana­lyste de pre­mière force connu pour son apti­tude à fact-che­cker les sous-vête­ments aban­don­nés dans les jar­dins de l’Assemblée (13), on y voit donc les pro­po­si­tions des can­di­dats de la pri­maire de gauche éti­que­tées les unes après les autres : « com­pli­qué », « flou », « contra­dic­toire », « incer­tain », « ris­qué », « pas très utile », « dou­teux », « impro­bable », toutes men­tions accom­pa­gnées comme il se doit de leurs cartouches-couleurs.

    Lire aus­si Pierre Bour­dieu, « L’essence du néo­li­bé­ra­lisme »,Le Monde diplo­ma­tique, mars 1998.

    Pour­ra-t-on faire com­prendre que le pro­blème ici n’est pas tant de livrer des juge­ments sur les pro­po­si­tions poli­tiques — c’est peut-être là la fonc­tion pre­mière de la presse —, mais de les livrer dans une rubrique sup­po­sé­ment consa­crée aux véri­tés de faits et sous la forme du rating en cou­leur, ceci pour ne pas même par­ler du sen­ti­ment qu’inspirent ces géants de la pen­sée fai­sant tom­ber leurs ver­dicts sou­ve­rains en quelques phrases lapi­daires du haut de leur Olympe intel­lec­tuel. Il est d’ailleurs pré­fé­rable de mettre ce sen­ti­ment de côté, et les envies concrètes qu’il ins­pire aus­si­tôt, pour regar­der plu­tôt la dis­po­si­tion poli­tique révé­lée par ces avis autorisés.

    Par exemple, la pro­po­si­tion « Refaire les trai­tés euro­péens » s’attire la men­tion : « com­pli­qué »… Ce qui n’est pas faux en un sens. Mal­heu­reu­se­ment, c’est tel­le­ment vrai que c’en est com­plè­te­ment idiot. Et c’est tout un rap­port à la poli­tique qui s’exprime dans cette par­faite idio­tie. Il est exact en effet, mais tri­via­le­ment, que faire pour de bon de la poli­tique, c’est-à-dire entre­prendre de modi­fier l’ordre des choses en ses struc­tures, celles de la finance, du com­merce inter­na­tio­nal ou de l’Europe, c’est « com­pli­qué »…, sans qu’on voie très bien ce que ce com­men­taire d’expert ajoute sinon de révé­ler le fond gru­me­leux de sa vision poli­tique qui est de dis­sua­der. Dis­sua­der de rien chan­ger, dis­sua­der de faire de la poli­tique, c’est le lieu natu­rel de la dépo­li­ti­sa­tion par le fact-che­cking, qui croit d’abord pou­voir s’aménager son domaine propre, celui des faits purs, mais fini­ra par y dis­soudre toute poli­tique, label­li­sée selon sa confor­mi­té ou sa dis­tance au « réel des faits ». Toute poli­tique trans­for­ma­trice y rece­vra donc, mais par défi­ni­tion, le rouge, à l’image de la pro­po­si­tion d’établir la pari­té hommes-femmes à l’Assemblée, décla­rée par les experts… « contra­dic­toire » ! Contra­dic­toire pour­quoi ? Parce qu’elle sup­po­se­rait (en effet) de modi­fier le mode de scru­tin — et par là « contre­dit » l’état actuel du mode de scru­tin. Et voi­là toute la ques­tion : com­ment pen­ser l’idée de modi­fi­ca­tion, dans une onto­lo­gie poli­tique des faits qui, par défi­ni­tion cherche à rame­ner toute poli­tique au règne de la « réa­li­té vraie » conçue comme l’inaltérable ? De là, « logi­que­ment », que toute entre­prise poli­tique de modi­fier soit par nature « contradictoire ».

    La vérité du Decodex

    On se plaît cepen­dant à ima­gi­ner quels labels auraient reçus des pro­po­si­tions comme « flui­di­fier le mar­ché du tra­vail », « allé­ger une fis­ca­li­té exces­sive », ou « rame­ner la dette sous les 60 % du PIB »… « Néces­saire » ? « Réa­liste » ? « Prag­ma­tique » ? « Urgent » ? Et c’est alors un autre visage du Deco­dex qui appa­raît, non plus bouf­fon mais gri­ma­çant. Pour savoir où finissent les entre­prises de ce type il suf­fit d’observer la tra­jec­toire des pré­cur­seurs. En décembre 2016, leWashing­ton Post pro­pose déjà un plug-in, mais lui des­ti­né seule­ment à colo­rier les tweets de Donald Trump (14). Cou­ra­geux mais pas témé­raire, le Washing­ton Post s’en tient aux tweets de la Bête — du gâteau —, mais laisse faire le reste du sale bou­lot par des offi­cines qu’il se contente d’encourager à distance.

    Dans un article de novembre 2016, il apporte ain­si tout son appui aux « révé­la­tions » d’un site ano­nyme — Pro­pOr­Not — auto-mis­sion­né pour tra­quer l’infestation par la pro­pa­gande russe (15). Pas moyen d’avoir la moindre infor­ma­tion sur l’identité de ces éra­di­ca­teurs qui opèrent avec la trans­pa­rence d’une flaque de mazout. Rien pour­tant qui puisse effrayer lePost, l’essentiel n’est-il pas que les pro­pa­ga­teurs de dés­in­for­ma­tion russe soient mis à l’index — la trans­pa­rence, c’est pour les autres. Mais la liste de Pro­pOr­Not n’est qu’en appa­rence un enfer rus­so­mane, dont Glenn Green­wald, effa­ré, donne le véri­table prin­cipe (16) : mar­quer d’un sceau d’infamie tout ce qui sort, par quelque côté, de l’intervalle du rai­son­nable, déli­mi­té d’un côté par Hil­la­ry Clin­ton, de l’autre par Jeb Bush, toute dis­si­dence étant alors pré­sen­tée, sans la moindre preuve sérieuse, comme éma­na­tion des inté­rêts russes. On y trouve des sites de gauche cri­tique comme Naked capi­ta­lism, et d’autres de la droite ultra ou liber­ta­rienne aus­si bien, dont il est peu pro­bable que Green­wald par­tage leurs vues mais qu’il n’accepte pas de voir bla­ck­lis­tés selon des pro­cé­dés dont il n’hésite pas à dire qu’ils sont ceux du mac­car­thysme même. Voi­là à quelle entre­prise d’épuration le rédac­teur en chef du Post, Mar­ty Baron, donne aus­si­tôt son aval enthou­siaste sur Twit­ter… avant de faire machine arrière devant la levée de bou­cliers et d’ajouter une note de dis­tan­cia­tion alam­bi­quée en tête de l’article originel.

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    Impro­ved Lif­ting and Span­king Machine

    Nous avons donc la séquence-type : éti­que­tage à la truelle idéo­lo­gique en espé­rant que ça pas­se­ra, éven­tuel scan­dale sur les réseaux sociaux, pos­si­bi­li­té du rétro­pé­da­lage. Cas Fakir  : « En regar­dant un peu mieux… on aurait pu le mettre en vert… (17) ». « En regar­dant un peu mieux », voi­là com­ment Deco­dex exerce son pou­voir de label­li­sa­tion : d’un œil par­fois dis­trait. Il n’est pas requis d’endosser inté­gra­le­ment le blog Les Crises d’Olivier Ber­ruyer pour trou­ver indigne, et sur­tout symp­to­ma­tique, le trai­te­ment qui lui a été réser­vé — lui n’aura pas droit aux mêmes indul­gences. Tiré de jus­tesse de l’enfer (rouge), dans un geste d’ostensible mau­vais-vou­loir et consen­ti sous pres­sion, il n’est pas près de sor­tir du pur­ga­toire (orange), et pour des queues de cerise avec les­quelles Le Monde et son Deco­dex pour­raient peut-être redou­ter la com­pa­rai­son. Au demeu­rant, on voit très bien pour­quoi : il coche toutes les mau­vaises cases : contre la finance, pour la sor­tie de l’euro, pas déci­dé à gober sans exa­men les dis­cours sur la Syrie, don­nant la parole à Todd, pour qui le jour­nal Le Monde est deve­nu de longue date un pro­blème pour la démo­cra­tie — il a raison.

    Recon­duit à une sus­pi­cion d’idéologie, Samuel Laurent pro­teste avec le sen­ti­ment de la digni­té scan­da­li­sée : « Nous ? On a une idéo­lo­gie ? C’est quoi notre idéo­lo­gie ? (18) ». Et c’est toute l’ambivalence du Deco­dex qui appa­raît alors, objet hybride aux facettes for­mi­da­ble­ment contras­tées, par-là mal­ai­sé à sai­sir, entre nor­ma­li­sa­tion idéo­lo­gique de fer et sous-doués en liber­té — Char­lot ministre de la véri­té. On rit beau­coup d’un côté, mais de l’autre c’est assez sérieux, et en fait très inquiétant.

    Côté sous-doués en tout cas, on com­prend que ces gens-là sont per­dus, et que les condi­tions d’un com­men­ce­ment de des­sille­ment n’existent même pas. Dans un ultime retour­ne­ment invo­lon­taire contre elle-même, la phi­lo­so­phie du Deco­dex révèle ce qu’elle est… en véri­té, et pousse l’ironie jusqu’à per­mettre de le dire dans ses propres termes : un enfer­me­ment dans la croyance. La croyance au géo­mé­tral suprême, la croyance d’un en-dehors de l’idéologie, c’est-à-dire fina­le­ment d’une idée pos­sible de la poli­tique hors de la poli­tique — pour le coup : « contra­dic­toire ». C’est tel­le­ment conster­nant qu’on est ten­té de se deman­der s’il ne reste pas dans un coin au Monde quelques per­sonnes qui n’ont pas com­plè­te­ment oublié ce que c’est que la poli­tique, et qui n’ont pas secrè­te­ment un peu honte de ce qui est en train de se pas­ser dans leur propre jour­nal, de ce nau­frage intel­lec­tuel, ava­li­sé jusqu’au som­met de la direc­tion : le règne des data et de l’algorithme, de la poli­tique aban­don­née à des illet­trés poli­tiques, où le néant de pen­sée se trouve le rem­plis­sage de sub­sti­tu­tion des lignes de code.

    La presse, contre-contre-pouvoir ?

    Et l’on s’étonne après ça que le trum­pisme pro­li­fère. C’est que lui au moins fait de la poli­tique. De la poli­tique folle, assu­ré­ment, mais de la poli­tique, que ses élec­teurs per­çoivent d’ailleurs par­fai­te­ment comme telle, rai­son pour quoi ils la sol­li­citent avec véhé­mence. Et c’est cette poli­tique puis­sam­ment asser­tive que l’anti-politique du Deco­dex ima­gine rec­ti­fier ? Plaise au Ciel qu’elle n’accélère pas tous les pro­ces­sus, ce qu’il y a en fait tout lieu de craindre puisque, enva­hie par la pen­sée déco­deuse, la presse de réfé­rence se condamne non seule­ment à ne rien com­prendre des pro­blèmes de l’époque mais, quand elle les entre­voit, à y appor­ter la pire des réponses : la réponse du rehaus­se­ment magis­tral à ceux qui n’en peuvent plus des magis­tères, et de la dépo­li­ti­sa­tion à ceux qui réclament à cors et à cris qu’on refasse de la poli­tique — ceci pour faire faire encore quelques tours de roue à la car­riole de la poli­tique unique. Aus­si le déploie­ment à grand fra­cas du bar­num anti-fake news, anti-post-véri­té et pro-nunc-véri­té, a‑t-il pour fonc­tion pre­mière de main­te­nir, en temps de contes­ta­tion, le bali­sage idéo­lo­gique du champ, le contrôle des accès, la dis­qua­li­fi­ca­tion de toute dif­fé­rence poli­tique (de gauche), c’est-à-dire la ligne de fer : celle de la non-idéo­lo­gie, gar­dien­née, la cas­quette au ras du sour­cil, par les fac­tion­naires du Decodex.

    Lire aus­si David Gar­cia, « Dans les Yve­lines, le clien­té­lisme au quo­ti­dien », Le Monde diplo­ma­tique, février 2017.

    Que le jour­na­lisme com­mence avec l’établissement de faits et la dénon­cia­tion des contre-véri­tés fla­grantes, c’est une telle évi­dence qu’on se demande com­ment des titres ont cru y voir le motif d’une rubrique spé­ciale, en excès de leur habi­tude ordi­naire qui pres­crit pour­tant depuis des lustres cette exi­gence presque consti­tu­tive de pro­cé­der à des véri­fi­ca­tions élé­men­taires. Ceci d’ailleurs pour des rai­sons qui sont vieilles comme la poli­tique : sitôt qu’ils ne sont plus sur­veillés comme le lait sur le feu les pou­voirs mentent, les ins­ti­tu­tions mentent, l’État ment. Le men­songe leur est consti­tu­tion­nel, comme à toutes les ins­ti­tu­tions auto­no­mi­sées, tou­jours ten­dan­ciel­le­ment por­tées à oublier ce qu’était leur fonc­tion pre­mière, pour ne plus vivre que pour elles-mêmes. Hor­mis quelques incer­taines régu­la­tions ins­ti­tu­tion­nelles, seule la coer­ci­tion de l’information publique peut les tenir à un mini­mum de res­pect de la véri­té. Que le pro­cu­reur de Pon­toise trouve d’abord à dire qu’Adama Trao­ré est mort de com­pli­ca­tions infec­tieuses, ou l’IGPN que le viol de Théo n’en est pas un mais une inad­ver­tance, ceci n’est pas un acci­dent mais la véri­té des pou­voirs ins­ti­tués. Et c’est bien dans le rap­port de force, contraints par l’opiniâtreté d’une volon­té de dévoi­le­ment, que les pou­voirs finissent par cra­cher le mor­ceau, et là seulement.

    La presse est en prin­cipe le lieu de cette volon­té — en prin­cipe car elle-même, deve­nue pou­voir ins­ti­tu­tion­nel, entre­tient (mais depuis si long­temps…) des liens troubles avec les autres pou­voirs ins­ti­tu­tion­nels, ceux du capi­tal et de l’État notam­ment, dont elle passe sou­vent les plats avec une éton­nante décon­trac­tion, employant main­te­nant sur­tout son éner­gie à contrer les contre-pou­voirs (et pen­sant se refaire une vir­gi­ni­té de temps en temps avec un Lux Leaks ou une affaire Fillon, péri­pé­ties à grand spec­tacle, oppor­tu­né­ment venues pour mieux faire oublier l’ombre dans laquelle on laisse d’habitude les fonc­tion­ne­ments régu­liers du sys­tème). Au pas­sage, Pierre Rim­bert rap­pelle dans « Les chauf­fards du bobard » (19) que quand la presse offi­cielle fait dans le fake, elle n’y va pas avec le dos de la pelle, ni ne mol­lit à la taille des enjeux : au bout du men­songe, il y a par­fois des guerres, des bombes et des morts par milliers.

    Toujours plus du même !

    Que débus­quer les contre-véri­tés soit d’une urgence par­ti­cu­lière dans une époque de dérè­gle­ment où cer­tains hommes poli­tiques com­mencent à tenir des dis­cours dont la qua­li­fi­ca­tion hésite entre le men­songe hors de pro­por­tion et l’accès déli­rant qua­si-cli­nique, c’est aus­si une évi­dence, mais qui aurait dû appe­ler de tout autres réac­tions que le magis­tère, ou le minis­tère, de la véri­té. Non pas tant, on l’a vu, parce que les ins­tances déco­deuses bobardent aus­si sou­vent qu’à leur tour, mais parce qu’il est rigou­reu­se­ment impos­sible que pareille situa­tion passe par le seul effet des ser­mons de véri­té et sans l’analyse des causes poli­tiques qui l’ont fait advenir.

    Il n’est pas cer­tain d’abord que les engoue­ments de la cré­du­li­té, et leur résis­tance même aux infir­ma­tions les plus écla­tantes, soient une nou­veau­té his­to­rique. La sur­vi­vance du monde en 2013 n’a pas désar­mé les apo­ca­lyp­tiques qui annon­çaient sa fin en 2012, et n’était que le pro­lon­ge­ment d’une série qu’on ne sau­rait où faire remon­ter. Et si la rumeur de la piz­ze­ria Comet Ping Pong à Washing­ton (20) a pros­pé­ré sur les réseaux sociaux, celle d’Orléans, de cin­quante ans anté­rieure, s’en est fort bien pas­sée. Plu­tôt que dans l’égarement essen­tiel du bas peuple, où les élites le situent spon­ta­né­ment, il se pour­rait donc que le dérè­gle­ment contem­po­rain trouve l’une de ses ori­gines dans l’effet de légi­ti­ma­tion, et par suite de libé­ra­tion, que lui donne l’engagement sans frein de cer­tains hommes poli­tiques dans le dis­cours de l’énormité — on pense à Trump évi­dem­ment, mais nous aurons bien­tôt les mêmes à la mai­son, si nous ne les avons pas déjà.

    Mais com­ment cette irrup­tion de l’énormité au som­met même de la poli­tique est-elle deve­nue « d’un coup » pos­sible ? Si bru­tal soit-il, il n’y a pas d’événement qui n’ait été pré­pa­ré de longue date. Il fau­dra bien alors que la presse offi­cielle, la presse qui n’a pas d’idéologie, s’interroge sur sa contri­bu­tion aux cumuls de longue période qui ont fait déjan­ter des groupes sociaux entiers et amé­na­gé une place pour un « par­ler énorme », une place que néces­sai­re­ment quelqu’un vien­drait occu­per. En réa­li­té, non pas pour un « par­ler énorme » en soi, mais sim­ple­ment pour un « par­ler autre », à qui, du seul fait qu’il soit autre, on ne tien­drait pas rigueur que par ailleurs il soit énorme.

    Sitôt qu’ils ne sont plus sur­veillés comme le lait sur le feu les pou­voirs mentent, les ins­ti­tu­tions mentent, l’État ment. Seule la coer­ci­tion de l’information publique peut les tenir à un mini­mum de res­pect de la vérité

    On ne sait plus com­ment dire sans rado­ter qu’il n’y a plus de démo­cra­tie là où il n’y a plus de dif­fé­rence signi­fi­ca­tive, là où se trouve pro­cla­mée une one best way sans alter­na­tive, telle qu’on peut alors, par exemple, l’inscrire dans des trai­tés euro­péens inamo­vibles, ou telle que des label­li­sa­teurs-sans-point-de-vue viennent la cer­ti­fier « sans point de vue ». La poli­tique sans point de vue étant l’équivalent dans son ordre de l’immaculée concep­tion, il est fatal que vienne tôt ou tard quelqu’un qui rap­pelle que même pour faire Jésus il faut papa dans maman, c’est-à-dire qui réaf­firme un point de vue, et par là s’obtienne une recon­nais­sance immé­diate, presque un immense sou­la­ge­ment, de pans entiers de la popu­la­tion qui suf­fo­quaient d’avoir été si long­temps pri­vés de res­pi­ra­tion poli­tique. C’est sans doute un air char­gé de miasmes qu’ils res­pirent à nou­veau, mais à leurs yeux c’est au moins de l’air, et pas le gaz inerte des zom­bies du fact-che­cking et de leurs chefs.

    Les res­pon­sables du désastre qui vient, ce sont eux. Ils avaient pour mis­sion de faire vivre la dif­fé­rence et ils ont orga­ni­sé le règne du même, l’empire label­li­sé de l’unique. Main­te­nant que la for­te­resse est atta­quée par tous les bouts, plu­tôt que de com­men­cer à réflé­chir, ils se sont payé des épa­gneuls. Et pen­dant que les cabots aboient, les maîtres, croyant avoir la paix, mouillent leur linge de bon­heur à l’idée de Macron, mieux encore : d’un deuxième tour Macron-Le Pen — dont ils sont tel­le­ment sûrs que le têtard sor­ti­rait vain­queur qu’on peut bien pous­ser les feux pour le plai­sir du spec­tacle. Pen­dant ce temps l’illuminé qui a dû prendre la foudre en pas­sant la porte de la banque Roth­schild, un autre Jésus mais à moi­tié cuit celui-là, les enchante avec ses évan­giles Har­le­quin « ni droite ni gauche » ou bien « et droite et gauche », la for­mule même de l’asphyxie poli­tique. Voguons donc avec entrain vers un deuxième tour tant espé­ré, qui ne nous lais­se­ra que le choix de la can­di­date de l’extrême-droite et du can­di­dat qui fera néces­sai­re­ment adve­nir l’extrême-droite — avec les com­pli­ments de la presse de la vérité.

    Fré­dé­ric Lordon

    Lire aus­si « Poli­tique post-véri­té ou jour­na­lisme post-poli­tique ? », 22 novembre 2016.

    ____________
    Notes : 

    (1) Quo­ti­dien, TMC, 3 jan­vier 2017.

    (2) Id.

    (3) La cita­tion pré­cé­dente était extraite de : Arnaud Lepar­men­tier, « Le trai­té de Rome entre anni­ver­saire et requiem », Le Monde, 21 décembre 2016.

    (4) Jérôme Feno­glio, « L’instant M », France Inter, 31 jan­vier 2017.

    (5) Pierre Cahuc et André Zyl­ber­berg, Le néga­tion­nisme éco­no­mique, et com­ment s’en débar­ras­ser, Flam­ma­rion, 2016. Lire Hélène Richard, « Théo­rème de la sou­mis­sion », Le Monde diplo­ma­tique, octobre 2016.

    (6) « Deco­dex : “on s’engage dans une guerre contre les fake news” », Arrêt sur Images, 10 février 2017, avec Samuel Laurent, Fran­çois Ruf­fin et Louise Merzeau.

    (7) Ibid.

    (8) Cité par Fran­çois Ruf­fin, ibid.

    (9) Ibid.

    (10) Jérôme Feno­glio, « L’instant M », France Inter, 31 jan­vier 2017.

    (11) « Deco­dex : “on s’engage dans une guerre contre les fake news” », Arrêt sur Images, 10 février 2017.

    (12) Maxime Vau­da­no, Damien Leloup, Adrien Séné­cat, Syrine Attia et Lucas Wicky, lemonde​.fr,19 jan­vier 2017.

    (13) Adrien Séné­cat, « Mais com­ment ce slip est arri­vé dans les jar­dins de l’Assemblée ? », Buzz­Feed News, 26 jan­vier 2016.

    (14) Phi­lip Bump, « Now you can fact-check Trump’s tweets – in the tweets them­selves »,Washing­ton Post, 19 décembre 2016.

    (15) Craig Tim­berg, « Rus­sia pro­pa­gan­da effort hel­ped spread fake news during elec­tions, experts say », Washing­ton Post, 24 novembre 2016.

    (16) Glenn Green­wald et Ben Nor­ton, « Washing­ton Post dis­gra­ce­ful­ly pro­motes a McCar­thyite bla­ck­list from a new hid­den and very sha­dy group », The Inter­cept, 26 novembre 2016.

    (17) Samuel Laurent, in « Deco­dex : “on s’engage dans une guerre contre les fake news” », Arrêt sur Images, 10 février 2017.

    (18) Id.

    (19) Le Monde Diplo­ma­tique, jan­vier 2017.

    (20) Une rumeur pro­pa­gée sur Inter­net a accu­sé Hil­la­ry Clin­ton de diri­ger un réseau pédo­phile depuis la piz­ze­ria Comet Ping Pong…

    Source : La pompe à phy­nances, http://blog.mondediplo.net/2017–02-22-Charlot-ministre-de-la-verite

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