Eric Zuesse : « HOMME BLANC AVOIR LANGUE FOURCHUE »… Le double jeu infamant de l’Occident avec Gorbatchev

25/11/2016 | 12 commentaires


Eric Zuesse

Par Eric Zuesse – Le 10 sep­tembre 2015 – Source Stra­te­gic Culture

La condi­tion­na­li­té de l’accord de l’Union sovié­tique, pour per­mettre à l’Allemagne de l’Ouest de récu­pé­rer l’Allemagne de l’Est, et ter­mi­ner ain­si la guerre froide, était que l’OTAN ne s’étendrait pas « d’un pouce vers l’est ». C’est l’accord qui a été approu­vé par le pré­sident russe de l’Union sovié­tique, Mikhaïl Gor­bat­chev, un grand homme et un héros exem­plaire pour les démo­crates par­tout dans le monde.

Il accep­ta alors de mettre fin à l’Union sovié­tique, en aban­don­nant le com­mu­nisme, et donc de mettre fin à la guerre froide. Il a accep­té cela, parce qu’on lui avait pro­mis que l’OTAN ne s’étendrait pas « d’un pouce vers l’est » ou « d’un pouce à l’est », selon la façon dont la pro­messe a été tra­duite et com­prise – mais elle a le même sens, peu importe la tra­duc­tion. Il a fait confiance au pré­sident amé­ri­cain George Her­bert Wal­ker Bush, dont l’ami et secré­taire d’État James Baker a fait cette pro­messe à Gor­bat­chev. Avec cette pro­messe, Gor­bat­chev a accep­té de mettre fin à l’Union sovié­tique, au pacte com­mu­niste de défense mutuelle, qui était leur équi­valent de l’OTAN, le Pacte de Var­so­vie. Et il croyait que la nation res­tante, la Rus­sie, qu’il diri­ge­rait alors, serait accep­tée comme une démo­cra­tie occidentale.

Il a même été pro­mis par les États-Unis que « nous allions être un membre [de l’OTAN], nous serions d’abord obser­va­teurs, puis un membre ». En d’autres termes, les États-Unis ont pro­mis que l’OTAN ne s’étendrait pas jusqu’aux fron­tières de la Rus­sie en deve­nant une menace mor­telle pour la sécu­ri­té natio­nale du peuple russe, iso­lé et sépa­ré de ses anciens alliés mili­taires. Au lieu de cela, a dit Gor­bat­chev, la Rus­sie serait elle-même accueillie dans l’Alliance occi­den­tale, et fina­le­ment devien­drait un membre de l’OTAN. C’était l’accord, met­tant fin à une guerre froide de qua­rante-six ans.

La Rus­sie a res­pec­té sa part de l’accord. Les États-Unis ne l’ont pas fait. Les États-Unis ont la langue four­chue [comme dans leurs accords avec les Amé­rin­diens, NdT] et ont depuis élar­gi l’OTAN, pour y inté­grer les anciennes nations membres du Pacte de Var­so­vie dans une alliance mili­taire anti-russe – exac­te­ment ce que les États-Unis avaient pro­mis de ne jamais faire. Le pré­sident amé­ri­cain George Her­bert Wal­ker Bush a dit en pri­vé au chan­ce­lier de l’Allemagne de l’Ouest Hel­mut Kohl (qui était d’accord avec ce que James Baker avait arran­gé) : « Qu’ils aillent au diable ! Nous avons vain­cu, pas eux. » Il ne vou­lait pas la paix avec la Rus­sie. Il vou­lait la conqué­rir. Il vou­lait enfon­cer le nez des Russes dans leur infé­rio­ri­té par rap­port aux Américains.

Le désir constant de la Rus­sie de rejoindre l’OTAN a été reje­té. C’est une guerre inten­tion­nelle de l’OTAN. C’est exac­te­ment le contraire de ce que les États-Unis avaient pro­mis à la Rus­sie, sur la base de quoi le Pacte de Var­so­vie a pris fin. Com­ment le peuple russe peut-il alors faire confiance à un pays comme les États-Unis ? Ils seraient fous de le faire.

Mais cette trom­pe­rie, cette double peine, n’est pas seule­ment la honte de l’Amérique. Elle est aus­si deve­nue la honte de l’ensemble des nations qui ont adhé­ré à cette pro­messe occi­den­tale à l’époque. Parce que tous ont accep­té le lea­der­ship de l’Amérique dans le double jeu de cette guerre contre la Rus­sie, la guerre de l’Amérique pour conqué­rir la Rus­sie. Ils l’acceptent tout sim­ple­ment, en res­tant membres de ce gang mili­taire, main­te­nant néfaste, que l’OTAN est deve­nue. Pire encore, cer­tains des pays membres de l’OTAN à l’époque étaient –  comme Kohl en Alle­magne occi­den­tale, le modèle de sa pro­té­gée Ange­la Mer­kel, qui per­pé­tue main­te­nant le crime – eux-mêmes des par­ti­ci­pants majeurs à l’élaboration, puis main­te­nant à la rup­ture, de cette pro­messe faite aux Russes.

Voi­ci la preuve de ce crime inter­na­tio­nal his­to­rique, mas­sif et constant. Le crime qui est à l’origine de tant de misère, de des­truc­tions et de morts, non seule­ment en Rus­sie, mais dans le reste de l’Europe, où des mil­lions de réfu­giés fuient la Libye, la Syrie, l’Ukraine et d’autres anciens pays alliés de la Rus­sie – suite au chaos engen­dré par les États-Unis.

LE TÉMOIGNAGE

« J’étais là quand nous avons dit aux Russes que nous allions en faire un membre, un obser­va­teur d’abord, puis un membre » – Law­rence Wil­ker­son, le 3 octobre 2014, sur The Real News Net­work, à 18:54 dans l’entretien.

« Quand j’ai par­lé avec Baker, il a conve­nu qu’il disait à Gor­bat­chev que si l’Union sovié­tique auto­ri­sait la réuni­fi­ca­tion alle­mande et l’adhésion à l’OTAN, l’Occident ne déve­lop­pe­rait pas l’OTAN d’un pouce à l’est. » – Bill Brad­ley, le 22 août 2009 .

« M. Kohl a choi­si de faire écho à M. Baker et non à M. Bush. Le chan­ce­lier a assu­ré M. Gor­bat­chev, comme M. Baker l’avait fait, que ‘natu­rel­le­ment l’OTAN ne pou­vait pas étendre son ter­ri­toire’ en Alle­magne de l’Est […] La réunion Gor­bat­chev-Kohl s’est ter­mi­née par un accord, contrai­re­ment à la ses­sion de Gor­bat­chev-Baker la veille […] M. Kohl et ses col­la­bo­ra­teurs ont immé­dia­te­ment ren­due publique cette impor­tante conces­sion, lors d’une confé­rence de presse. Puis ils sont retour­nés chez eux pour com­men­cer à fusion­ner les deux Alle­magnes, sous une mon­naie et un sys­tème éco­no­mique unique. » – Mary Louise Sarotte, New York Times, 29 novembre 2009.

« Selon les dos­siers de la chan­cel­le­rie, Kohl a choi­si de se réfé­rer à Baker, pas à Bush, puisque la ligne douce de Baker était plus sus­cep­tible de pro­duire les résul­tats que Kohl vou­lait : l’autorisation de Mos­cou pour com­men­cer à réuni­fier l’Allemagne. Kohl a ain­si assu­ré à Gor­bat­chev que ‘natu­rel­le­ment l’OTAN ne pour­rait pas étendre son ter­ri­toire au ter­ri­toire actuel de l’Allemagne de l’Est’. Dans des entre­tiens paral­lèles, Gen­scher a trans­mis le même mes­sage à son homo­logue sovié­tique, Edouard She­vard­nadze : L’OTAN ne s’étendra pas à l’Est. Mais l’énoncé de Kohl devien­dra rapi­de­ment une héré­sie par­mi les prin­ci­paux déci­deurs occidentaux.

Une fois Baker retour­né à Washing­ton, à la mi-février 1990, il est tom­bé d’accord avec l’avis du Conseil de sécu­ri­té natio­nale et a adop­té sa posi­tion. Dès lors, les membres de l’équipe de poli­tique étran­gère de Bush ont impo­sé une stricte dis­ci­pline de mes­sage, ne fai­sant aucune remarque sur l’OTAN figée à la ligne de 1989. Kohl, lui aus­si, a ali­gné sa rhé­to­rique sur celle de Bush, comme le montrent les rele­vés de notes des États-Unis et de l’Allemagne de l’Ouest au som­met des 24 et 25 février à Camp David. Bush a expri­mé à Kohl ses sen­ti­ments, à pro­pos du com­pro­mis avec Mos­cou : ‘Qu’ils aillent au diable ! Nous avons vain­cu, pas eux’,a‑t-il dit. En avril, Bush a expri­mé sa pen­sée dans un télé­gramme confi­den­tiel adres­sé au pré­sident fran­çais Fran­çois Mit­ter­rand […] Bush à clai­re­ment fait com­prendre à Mit­ter­rand que l’organisation de sécu­ri­té domi­nante dans l’Europe de l’après-Guerre Froide devait res­ter l’OTAN – et non une sorte quel­conque d’alliance paneuropéenne.

Le mois sui­vant, Gor­bat­chev a pro­po­sé un tel arran­ge­ment paneu­ro­péen, dans lequel une Alle­magne uni­fiée rejoin­drait l’OTAN et le Pacte de Var­so­vie, créant ain­si une ins­ti­tu­tion mas­sive de sécu­ri­té. Gor­bat­chev a même sou­le­vé l’idée de faire adhé­rer l’Union sovié­tique à l’OTAN. ‘Vous dites que l’OTAN n’est pas diri­gée contre nous, qu’il s’agit sim­ple­ment d’une struc­ture de sécu­ri­té qui s’adapte aux nou­velles réa­li­tés’, a décla­ré Gor­bat­chev à Baker en mai, selon les archives sovié­tiques. Baker a refu­sé d’envisager une telle idée, répli­quant avec dédain : ‘La sécu­ri­té paneu­ro­péenne est un rêve…’ Au moment du Som­met de Camp David, […] tous les membres de l’équipe de Bush, avec Kohl , se sont accor­dés sur une offre par laquelle Gor­bat­chev rece­vrait une aide finan­cière de l’Allemagne de l’Ouest – et un peu plus à côté – en échange d’autoriser l’Allemagne de se réuni­fier et de per­mettre à une Alle­magne unie de faire par­tie de l’OTAN. » – Mary Louise Sarotte.

« L’incapacité d’apprécier la fin de la guerre froide a eu un pro­fond impact sur les atti­tudes russes et occi­den­tales – et aide à expli­quer ce que nous voyons main­te­nant. La sup­po­si­tion com­mune que l’Occident a for­cé l’effondrement de l’Union sovié­tique et a ain­si gagné la guerre froide est fausse. Le fait est que la guerre froide s’est ter­mi­née par la négo­cia­tion au pro­fit des deux côtés. Au som­met de Malte en décembre 1989, Mikhaïl Gor­bat­chev et le pré­sident George H.W. Bush ont confir­mé que la base idéo­lo­gique de la guerre avait dis­pa­ru, décla­rant que les deux nations ne se consi­dé­raient plus comme des enne­mis. Au cours des deux années sui­vantes, nous avons tra­vaillé plus étroi­te­ment avec les Sovié­tiques qu’avec même cer­tains de nos alliés. ‘Par la grâce de Dieu, l’Amérique a rem­por­té la guerre froide’, a décla­ré Bush lors de son dis­cours sur l’état de l’Union en 1992. Cette rhé­to­rique n’aurait pas été par­ti­cu­liè­re­ment dom­ma­geable par elle-même. Mais elle a été ren­for­cée par les mesures prises sous les trois pré­si­dents sui­vants. Le pré­sident Bill Clin­ton a appuyé le bom­bar­de­ment de la Ser­bie par l’OTAN, sans l’approbation du Conseil de sécu­ri­té des Nations Unies et l’expansion de l’OTAN pour inclure les anciens pays du Pacte de Var­so­vie. Ces démarches sem­blaient vio­ler l’accord disant que les États-Unis ne pro­fi­te­raient pas de la retraite sovié­tique de l’Europe de l’Est. L’effet sur la confiance des Russes dans les États-Unis a été dévas­ta­teur. » – Jack Mat­lock, Washing­ton Post, 14 mars 2014.

« Sir Rodric Brai­th­waite GCMG, ancien ambas­sa­deur bri­tan­nique en Union sovié­tique et en Rus­sie, nous a infor­més que des assu­rances avaient été don­nées, en 1990, par les États-Unis (James Baker, secré­taire d’État amé­ri­cain), l’Allemagne (Hel­mut Kohl, chan­ce­lier alle­mand), le Royaume-Uni (par le Pre­mier ministre de l’époque, John Major, et le ministre bri­tan­nique des Affaires étran­gères, Dou­glas Hurd) et la France (par le pré­sident fran­çais Fran­çois Mit­ter­rand). Sir Rodric Brai­th­waite a décla­ré que ce ‘dos­sier fac­tuel n’a pas été contes­té avec suc­cès en Occi­dent’.» L’UE et la Rus­sie : avant et après la crise en Ukraine, 20 février 2015, Chambre des Lords bri­tan­nique, para­graphe 107.

Conclu­sion

L’incapacité de Gor­bat­chev à exi­ger ces assu­rances par écrit a été lar­ge­ment cri­ti­quée, mais les accords de poi­gnée de main dans les affaires inter­na­tio­nales sont cou­rants et aucun trai­té ne devait être signé à la fin de la guerre froide parce que cela n’avait pas été une guerre chaude, il n’y avait aucune res­ti­tu­tion ou répa­ra­tions à payer par l’une ou l’autre par­tie. Gor­bat­chev a pen­sé que les États-Unis étaient hon­nêtes et dignes de confiance, que les accords obte­nus en pri­vé devant de nom­breux témoins seraient hono­rés par l’Occident, comme ils le seraient par la Russie.

Mal­heu­reu­se­ment, il fai­sait confiance à des méga-escrocs qui étaient diri­gés par un super-gang­ster, G.H.W. Bush, et le monde entier souffre de ces escrocs aujourd’hui, tous les jours. Au lieu de s’excuser et de s’arrêter, l’Occident insulte la Rus­sie constam­ment. C’est appro­fon­dir encore plus les consé­quences du péché ori­gi­nel de G.H.W. Bush, le méga-crime de l’Occident, qui pro­duit un chaos et une effu­sion de sang crois­sants en Libye, en Syrie, en Ukraine et ailleurs, avec une crise de réfu­giés qui en résulte dans toute l’Europe.

Par exemple, Defense News, la revue com­mer­ciale des entre­prises tra­vaillant pour la défense aux États-Unis, a fait son gros titre le 4 sep­tembre 2015 avec « La nou­velle doc­trine mili­taire ukrai­nienne iden­ti­fie la Rus­sie comme un agres­seur, et envi­sage des acqui­si­tions navales », en précisant :

« Le Pre­mier ministre ukrai­nien Arse­ni Iat­se­niouk [que Vic­to­ria Nuland, du Dépar­te­ment d’État amé­ri­cain, https://​you​tu​.be/​M​S​x​a​a​-​6​7​yGM le 4 février 2014, 18 jours avant le https://youtu.be/8‑RyOaFwcEw] a décla­ré que le nou­veau pro­jet de doc­trine mili­taire du pays est le pre­mier dans l’histoire de l’Ukraine, à iden­ti­fier clai­re­ment la Rus­sie comme enne­mi et agres­seur. L’annonce a été faite le 1ersep­tembre lors de la visite du Pre­mier ministre à Odes­sa. […] Iat­se­niouk a décla­ré que […] le pré­sident ukrai­nien ‘signe­ra le décret cor­res­pon­dant’ […] Le vice-ami­ral James Fog­go, com­man­dant de la 6e flotte amé­ri­caine, et l’ambassadeur des États-Unis en Ukraine Geof­frey R. Pyatt [qui a pris les https://​you​tu​.be/​M​S​x​a​a​-​6​7​yGM de Nuland et lan­cé le coup d’État pour elle] ont par­ti­ci­pé à la céré­mo­nie […] ‘Nous nous sen­tons comme une seule force avec nos par­te­naires, les pays membres de l’OTAN, avec nos par­te­naires amé­ri­cains. Par consé­quent, les navires amé­ri­cains sont entrés et vont entrer dans les eaux ter­ri­to­riales ukrai­niennes à l’avenir [pour vaincre les Russes en Cri­mée et expul­ser la base navale de la marine russe qui a son siège là depuis 1783]. Nous allons conti­nuer notre exer­cice conjoint’, a décla­ré Iatseniouk. »

Eric Zuesse

Tra­duit et édi­té par jj, relu par nadine pour le Saker Francophone

http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​h​o​m​m​e​-​b​l​a​n​c​-​a​v​o​i​r​-​l​a​n​g​u​e​-​f​o​u​r​c​hue

Fil face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​4​7​1​3​8​4​8​5​7​7​317

Pour m'aider et m'encourager à continuer, il est désormais possible de faire un don.
Un grand merci aux donatrices et donateurs : par ce geste, vous permettez à de beaux projets de voir le jour, pour notre cause commune.
Étienne

Catégorie(s) de l'article :

12 Commentaires

  1. Elysabethe

    Le salut sur vous Etienne, hélas il a rai­son, ce n’é­tait pas la fin de la guerre froide et la fin de l’his­toire chère a Fuku­hya­ma, mais le début d’une autre his­toire encore plus vio­lente, com­men­cée dès le 11 sep­tembre 2001 : le PNAC mis en oeuvre …Conquête guer­rière des res­sources essen­tielles au lea­der­ship Amé­ri­cain qui ne veux plus voir de pays émer­geants. Manque de bol, la Rus­sie revient sur le devant de la scène et la Chine s’est réveillée, l’Inde, le Bré­sil et bien d’autres tentent de sor­tir du sous déve­lop­pe­ment. Voi­là la source de tous nos maux, encore plus des 7 pays abat­tus ou a abattre.

    Réponse
  2. etienne
    • etienne

      Le livre d’histoire américaine le plus important de votre vie


      Par Richard Oxman – Le 23 mars 2017 – Source Coun­ter­cur­rents

      Dr. Robin D.G. Kel­ley à pro­pos de l’ouvrage de Roxanne Dun­bar-Ortiz : « C’est peut-être le plus impor­tant livre d’histoire que vous lirez dans votre vie. »

      Selon Harper’s Maga­zine (avril 2017), il y a au moins vingt-huit uni­ver­si­tés amé­ri­caines qui ont des pro­grammes d’études sur l’esclavage aux États-Unis. Mais, en revanche et cela me paraît très ins­truc­tif, aucun éta­blis­se­ment d’enseignement supé­rieur aux États-Unis ne s’intéresse, sous quelque forme que ce soit, au fait que les peuples autoch­tones – hommes, femmes et enfants de tous âges – aient été éli­mi­nés (avec un objec­tif géno­ci­daire) pour leur voler les terres sur les­quelles les ins­ti­tu­tions pres­ti­gieuses qui existent main­te­nant ont été construites.

      Il est facile de créer un pro­gramme, mais il est pra­ti­que­ment inter­dit de men­tion­ner l’éventualité de rendre des terres sur les­quelles les Amé­rin­diens ont un droit légal. Il y a quelques cam­pus où l’on dis­cute for­mel­le­ment des répa­ra­tions à consen­tir aux Afro-Amé­ri­cains, mais vous aurez du mal à trou­ver quelqu’un – même dans les cafés des cam­pus – qui plaide pour la res­ti­tu­tion aux Amé­rin­diens de ce qui leur a été volé par les ancêtres de ces pré­si­dents d’université gras­se­ment rémunérés.

      Les Amé­ri­cains de souche sont tout en bas de l’échelle sociale. C’est-à-dire qu’ils sont les moins sus­cep­tibles d’être pris en consi­dé­ra­tion dans l’ordre des prio­ri­tés quand il s’agit de nos pro­blèmes col­lec­tifs. En fait, des entre­prises comme Pea­bo­dy Ener­gy (et beau­coup d’autres) – si elles pen­saient pou­voir s’en tirer sans dom­mage – dis­tri­bue­raient des vête­ments infes­tés de germes de mala­dies mor­telles dans les réserves (dans l’intention de par­ache­ver la mis­sion géno­ci­daire de nos pères fon­da­teurs). Beau­coup d’intérêts finan­ciers puis­sants sont fort contra­riés par les pro­tes­ta­tions des Indiens contre la des­truc­tion envi­ron­ne­men­tale de leurs terres sacrées.

      Et le grand public, y com­pris les lec­teurs de médias alter­na­tifs, regarde ailleurs quand les entre­prises se com­portent de manière cri­mi­nelle. Regar­der ailleurs, com­porte sou­vent aus­si la publi­ca­tion d’articles pro-indiens et la tenue de confé­rences sur des ques­tions liées aux Indiens. En effet, se joindre au concert des récri­mi­na­tions poli­ti­que­ment cor­rectes (sans aucune inten­tion de faire quoi que ce soit de plus à pro­pos de quoi que ce soit) équi­vaut à se rendre à un car­re­four aban­don­né pour crier dans le désert qu’il est injuste de ne pas accor­der de par­don à Leo­nard Pel­tier. Est-ce que cela ne s’appelle pasregar­der ailleurs quand c’est là tout ce qu’on fait pour libé­rer LP ? Mar­cher en cercles avec des pan­cartes et par­ti­ci­per à des veillées aux chan­delles n’a pas plus d’impact, si ce n’est de pro­cu­rer aux par­ti­ci­pants un sen­ti­ment d’auto-satisfaction et / ou le plai­sir de la socia­li­sa­tion. C’est ce que j’appelle du mili­tan­tisme pour le moins équi­voque. Et en tout cas… sans consis­tance.

      Mais au niveau glo­bal, celles et ceux que je cri­tique ici sont de peu d’importance. Au plan macro­sco­pique, nous devons tout d’abord recon­naître que les États-Unis sont pour­ris jusqu’à l’os quand il s’agit des Indiens (et de dési­gner des « indé­si­rables »). Et cela n’est pas le cas lorsqu’un éta­blis­se­ment d’enseignement met en place un pro­gramme (simi­laire aux pro­grammes pour les Afro-Amé­ri­cains cités ci-des­sus), mais qu’il ne modi­fie en rien ses poli­tiques d’aide finan­cière ou d’admission en signe de répa­ra­tion. Une seule des vingt-huit uni­ver­si­tés men­tion­nées ci-des­sus l’a fait.

      En réponse aux Hau­de­no­sau­nee (les six Nations iro­quoises) qui hési­taient entre sou­te­nir les Anglais ou les sépa­ra­tistes au milieu des années 1770, le Géné­ral George Washing­ton a envoyé des ins­truc­tions écrites au Géné­ral de divi­sion John Sul­li­van pour qu’il prenne des mesures contre elles. Voi­là ses ordres :

      « … détruire tous les cam­pe­ments de la région […] que le pays ne soit pas sim­ple­ment occu­pé mais détruit […] vous refu­se­rez abso­lu­ment d’écouter toute les demandes de paix avant d’avoir mené à bien la des­truc­tion totale de leurs cam­pe­ments […]. Notre sécu­ri­té future réside dans leur inca­pa­ci­té à nous nuire […] et dans la ter­reur que leur ins­pi­re­ra la sévé­ri­té du châ­ti­ment qu’ils rece­vront. »

      Cela vous rap­pelle quelque chose ?

      Les ordres de Washing­ton sont clai­re­ment l’écho de ce que les États-Unis font dans le monde entier depuis leur créa­tion. Et ce que les Écos­sais-Irlan­dais – employés par Washing­ton pen­dant la Révo­lu­tion – avaient fait à la demande de ses pré­cur­seurs contre d’autres âmes de seconde classe en Europe… avant de migrer vers le soi-disant Nou­veau Monde (qui n’était pas nou­veau du tout, sauf pour les Blancs voleurs et génocidaires).

      Rien de tout cela n’est réel­le­ment ensei­gné dans nos écoles. Mais je sou­tiens que si un pro­fes­seur lisait seule­ment les 77 pre­mières pages de l’His­toire des peuples indi­gènes des États-Unis de Roxanne Dun­bar-Ortiz, cela l’inciterait à pro­po­ser un pro­gramme pour l’enseigner. Cela per­met­trait de voir que pra­ti­que­ment tous les pro­blèmes actuels – de la vio­lence domes­tique due aux armes jusqu’aux abo­mi­na­tions que nous per­pé­trons à l’étranger (et plus) – ont leurs racines soli­de­ment ancrées dans le trai­te­ment des Amé­rin­diens par les Euro­péens (de leurs pre­miers contacts à nos jours).

      Mais, bien sûr, cela pour­rait détour­ner un ensei­gnant ou un mili­tant de par­ti­ci­per aux veillées aux chan­delles… Ou de mar­cher en cercle.

      Richard Mar­tin Oxman est ensei­gnant et acti­viste depuis plus de 50 ans. Il serait heu­reux de don­ner des confé­rences gra­tuites dans tous les éta­blis­se­ments édu­ca­tifs qui le sou­haitent. On peut le joindre à invisibleparadecall@gmail.com.

      Tra­duc­tion : Alio­cha Kazoff

      Source : Le Saker fran­co­phone, http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​l​e​-​l​i​v​r​e​-​d​h​i​s​t​o​i​r​e​-​a​m​e​r​i​c​a​i​n​e​-​l​e​-​p​l​u​s​-​i​m​p​o​r​t​a​n​t​-​d​e​-​v​o​t​r​e​-​vie

      Réponse
  3. claude saint-jarre

    »Actuel­le­ment, je suis des cours de langue Abé­na­kise, à Mont­réal. J’ai été sidé­ré d’ap­prendre… que per­sonne ne parle cette langue.

    Réponse
  4. etienne

    Turquie : changement majeur de politique étrangère
    La Turquie abandonne l’UE pour l’Organisation de coopération de Shanghai

    Par Peter Kor­zun – Le 22 novembre 2016 – Source Stra­te­gic Culture

    « Le pré­sident turc Tayyip Erdo­gan a décla­ré le 20 novembre, que la Tur­quie n’avait pas besoin de rejoindre l’Union euro­péenne « à tout prix ». Au lieu de cela, elle pour­rait faire par­tie de l’Organisation de coopé­ra­tion de Shan­ghai (OCS), ou Pacte de Shan­ghai. Le lea­der turc a décla­ré qu’il avait déjà dis­cu­té de l’idée avec le pré­sident russe Vla­di­mir Pou­tine et son homo­logue kazakh Nur­sul­tan Nazarbayev.

    L’OCS est une orga­ni­sa­tion poli­tique, éco­no­mique et mili­taire eur­asienne, fon­dée en 2001 à Shan­ghai. Ses membres sont la Rus­sie, la Chine, le Kaza­khs­tan, le Kir­ghi­zis­tan, le Tad­ji­kis­tan et l’Ouzbékistan. Le Kaza­khs­tan, le Kir­ghi­zis­tan et l’Ouzbékistan parlent le turc.

    L’Inde et le Pakis­tan devien­dront des membres à part entière lors de la pro­chaine réunion à Asta­na, en 2017. La Mon­go­lie, l’Inde, l’Iran, le Pakis­tan et l’Afghanistan sont des obser­va­teurs de l’OCS. En 2013, la Tur­quie a obte­nu le sta­tut de « par­te­naire de dia­logue » de l’OCS. L’autre pays ayant le même sta­tut est le Béla­rus. Les par­te­naires de dia­logue ont le droit de par­ti­ci­per à des réunions au niveau minis­té­riel et à d’autres réunions de l’OCS, mais n’ont pas le droit de vote.

    La Tur­quie a for­mel­le­ment deman­dé à deve­nir membre de l’Union euro­péenne en 1987 et les négo­cia­tions d’adhésion ont débu­té en 2005. Son ambi­tion de faire par­tie du bloc remonte aux années 1960. Ses pers­pec­tives d’adhésion semblent sombres, après onze ans de négo­cia­tions. Les droits de l’homme sont une pierre d’achoppement.

    L’UE a inten­si­fié ses cri­tiques à l’encontre d’Ankara depuis le coup d’État du 15 juillet der­nier, affir­mant que les lois anti­ter­ro­ristes du pays étaient appli­quées trop lar­ge­ment. Le Luxem­bourg et l’Autriche, ain­si que cer­tains légis­la­teurs du Par­le­ment euro­péen, ont appe­lé le bloc à arrê­ter les pour­par­lers d’adhésion avec la Tur­quie ou à la punir d’autres sanctions.

    Pour sa part, la Tur­quie est frus­trée par la longue impasse de l’adhésion à l’UE. Anka­ra a accu­sé l’UE de trai­ter le pays dif­fé­rem­ment dans le pro­ces­sus d’accession et de ne pas déblo­quer tout l’argent qui avait été pro­mis à la Tur­quie après l’accord sur les réfu­giés. Elle envi­sage de réta­blir la peine de mort. Cette déci­sion ren­dra l’adhésion à l’UE impos­sible. Le pré­sident Erdo­gan envi­sage d’organiser un réfé­ren­dum sur l’avenir de l’adhésion de la Tur­quie à l’UE.

    L’adhésion de la Tur­quie à l’OCS consti­tue­rait une étape impor­tante, en réunis­sant le Conseil de coopé­ra­tion des pays tur­co­phones (CCTS) – une orga­ni­sa­tion inter­na­tio­nale de pays turcs com­pre­nant l’Azerbaïdjan, le Kaza­khs­tan, le Kir­ghi­zis­tan et la Tur­quie. Le Secré­ta­riat géné­ral se trouve à Istan­bul, en Tur­quie. Le Turk­mé­nis­tan et l’Ouzbékistan sont de futurs membres poten­tiels du Conseil.

    Cette orga­ni­sa­tion inter­na­tio­nale fonc­tionne éga­le­ment comme un organe de coor­di­na­tion pour tous les autres méca­nismes de col­la­bo­ra­tion auto­nomes, tels que l’Assemblée par­le­men­taire des pays tur­co­phones (TURKPA), l’Organisation inter­na­tio­nale de la culture turque (TURKSOY) et l’Académie turque.

    Depuis sa créa­tion en 2009, le CCTS a fait des pro­grès signi­fi­ca­tifs en matière d’institutionnalisation des échanges. Le 6e Som­met des chefs d’État du Conseil turc devrait avoir lieu avant la fin de l’année à Chol­pon-Ata (Kir­ghi­zis­tan).

    La décla­ra­tion du pré­sident Erdo­gan est un autre signe de l’abandon de l’Ouest par Anka­ra, au pro­fit d’autres par­te­naires. Par exemple, la Tur­quie vient d’annoncer qu’elle est en pour­par­lers avec la Rus­sie pour l’achat des sys­tèmes avan­cés de défense aérienne à longue por­tée S‑400, afin de pro­té­ger son espace aérien. Elle cherche éga­le­ment à obte­nir des contrats dans les sys­tèmes élec­tro­niques, les muni­tions et la tech­no­lo­gie des mis­siles. Le géné­ral Hulu­si Akar, chef d’état-major des forces armées turques, s’est ren­du en Rus­sie ce mois-ci, pour dis­cu­ter de la coopé­ra­tion militaire.

    Lors de la visite de deux jours d’Erdogan au Pakis­tan le 16 novembre, le rédac­teur en chef d’un jour­nal pro-gou­ver­ne­men­tal en Tur­quie a décla­ré que le pays devait déve­lop­per sa propre force de dis­sua­sion nucléaire. Il a peut-être expri­mé son opi­nion per­son­nelle, mais il confirme la ten­dance géné­rale à la remise en cause, par la Tur­quie, du concept de sécu­ri­té coopé­ra­tive de l’OTAN sous l’égide des États-Unis. » […]

    Lire la suite :
    http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​t​u​r​q​u​i​e​-​c​h​a​n​g​e​m​e​n​t​-​m​a​j​e​u​r​-​d​e​-​p​o​l​i​t​i​q​u​e​-​e​t​r​a​n​g​ere

    Source : le Saker Francophone

    Réponse
  5. etienne

    Viktor Dedaj : un ami est mort à Cuba.

    « Il y a par­fois des coups de fil qui ne trichent pas. A la pre­mière son­ne­rie, on sait déjà. Qui appelle, et à quelle heure. Sans ama­bi­li­tés inutiles, trois mots sont lâchés. Entre cama­rades, on se comprend.

    Les autres, tous les autres, ils diront ce qu’ils vou­dront. Ils sor­ti­ront des pla­cards leurs com­men­ta­teurs atti­trés avec leurs papiers pré­pa­rés à l’avance. Ils réécri­ront l’Histoire à leur guise, comme ils le font tou­jours. Peut-être même feront-ils sem­blant de décou­vrir aujourd’hui ce qu’ils s’obstinaient à igno­rer hier. Lorsque des nains dressent le por­trait d’un géant, c’est géné­ra­le­ment de ses che­villes qu’ils parlent.

    Mais un ami est mort, à Cuba. Et je crois que si vous l’aviez connu, vous aus­si vous l’auriez aimé.

    J’avoue qu’en ce qui me concerne, cela n’a pas tou­jours été le cas. Il y avait encore chez moi quelques traces de res­pect pour les fai­seurs d’opinion. Je n’avais pas encore réa­li­sé à quel point ils pou­vaient haïr quelqu’un de bien. Mais au final, c’est bien un ami qui est mort, à Cuba.

    Et comme pour la mort d’un autre ami, au Vene­zue­la, les larmes me montent aux yeux. Et aujourd’hui aus­si, ce n’est pas sa mort que je pleure, mais l’incommensurable injus­tice qui lui a été faite – avant, pen­dant et pro­ba­ble­ment après. Je pleure l’insondable médio­cri­té et bêtise de tous ces gens de très peu qui ne m’ont jamais ins­pi­ré autre chose qu’une vague indif­fé­rence ou mépris.

    Lorsqu’un tel ami dis­pa­raît, à Cuba ou ailleurs, l’envie de chan­ter ses louanges te sub­merge. Tu cherches des anec­dotes qui per­ce­ront le mur d’hostilité ou d’indifférence dres­sé par des plus forts que toi. A ton tout petit niveau, tu aime­rais lui rendre un peu jus­tice. Mais le plus sou­vent, tu passes au mieux pour un afi­cio­na­do qui ten­te­rait de conver­tir son entou­rage à sa toute der­nière décou­verte musi­cale – comme si l’éthique, la fidé­li­té envers ses convic­tions, la déter­mi­na­tion, le cou­rage, l’abnégation, l’honnêteté, la per­sé­vé­rance, l’amour de son peuple, et même le deve­nir de l’humanité, n’étaient qu’une affaire de goûts et de couleurs.

    Et tu te poses évi­dem­ment la sem­pi­ter­nelle ques­tion du « pour­quoi ». Mais cette ques­tion, qui est la ques­tion de toutes les ques­tions, posée si sou­vent et depuis tant d’années, finit par s’émousser. Alors tu la reposes encore une fois, comme une lame sur une pierre à aigui­ser les consciences, en véri­fiant de temps en temps le fil avec ton pouce.

    Quelque part, tapie au fond de toi, tu sens poindre la jalou­sie. La jalou­sie envers ceux qui l’ont côtoyé, qui l’ont connu mieux que toi. La jalou­sie envers un peuple qui a eu la suprême intel­li­gence – pour ne pas dire l’audace – de l’entendre, de le com­prendre, quand il a par­lé avec ces mots qui n’appartiennent qu’à lui mais qui ne demandent qu’à être par­ta­gés. Des mots qui avaient, qui ont encore et qui auront pour tou­jours, la beau­té de l’évidence.

    Des mots lan­cés à la face de ses juges qui pré­ten­daient rendre une jus­tice qui leur était pour­tant si étran­gère. Des mots « tem­pé­tés » sur des places publiques, devant des mil­lions comme lui, assoif­fés de jus­tice et d’un monde meilleur. Des mots posés aux micros des Nations-Unies, pour assé­ner leurs quatre véri­tés à un par­terre com­po­sé essen­tiel­le­ment de nui­sibles dont l’histoire ne retien­dra pas le nom, encore moins le pré­nom. Et der­rière les paroles, ces indis­pen­sables corol­laires qui sont les actes.

    Alors d’aucuns diront qu’il était excep­tion­nel, et ils auront rai­son. Mais j’aime à pen­ser aus­si qu’il n’aurait jamais été ce qu’il est sans tous ces autres qui l’ont recon­nu, por­té et sui­vi dans une des plus belles aven­tures humaines du 20ème siècle, et peut-être même du 21ème.

    Mer­ci donc à lui, et à tous les autres.
    Mer­ci encore une fois pour votre soli­da­ri­té, votre cou­rage, votre bon­té et votre persévérance.

    Mer­ci au peuple cubain, pour nous avoir don­né Fidel. »

    Vik­tor Dedaj
    « il y a des cadeaux que l’on range jalou­se­ment au fond du coeur »

    ———–

    « Que ce soit bien clair : nous avons com­mis des erreurs, évi­dem­ment. Et nous en com­met­trons d’autres. Mais je peux te dire une chose : jamais nous n’abandonnerons le com­bat pour un monde meilleur, jamais nous ne bais­se­rons la garde devant l’Empire, jamais nous ne sacri­fie­rons le peuple au pro­fit d’une mino­ri­té. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait non seule­ment pour nous, mais aus­si pour l’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie, les géné­ra­tions futures. Nous avons fait tout ce que nous avons pu, et par­fois plus, sans rien deman­der en échange. Rien. Jamais. Alors tu peux dire à tes amis « de gauche » en Europe que leurs cri­tiques ne nous concernent pas, ne nous touchent pas, ne nous impres­sionnent pas. Nous, nous avons fait une révo­lu­tion. C’est quoi leur légi­ti­mi­té à ces gens-là, tu peux me le dire ? Qu’ils fassent une révo­lu­tion chez eux pour com­men­cer. Oh, pas for­cé­ment une grande, tout le monde n’a pas les mêmes capa­ci­tés. Disons une petite, juste assez pour pou­voir pré­tendre qu’ils savent de quoi ils parlent. Et là, lorsque l’ennemi se déchaî­ne­ra, lorsque le toit leur tom­be­ra sur la tête, ils vien­dront me voir. Je les atten­drai avec une bou­teille de rhum. »

    Ibra­him
    à Cuba, un soir lors d’une conver­sa­tion inoubliable.

    https://​www​.legrand​soir​.info/​u​n​-​a​m​i​-​e​s​t​-​m​o​r​t​-​a​-​c​u​b​a​.​h​tml
    Source : Le Grand Soir

    Réponse
  6. etienne
  7. etienne

    Trump montre les signes d’une détente historique avec la Russie
    Alors qu’entretemps Obama s’exprime de plus en plus comme John McCain

    Par M K Bhadrakumar

    « Les pre­miers signaux défi­ni­tifs semblent indi­quer que les poli­tiques étran­gères amé­ri­caines sont des­ti­nées à subir un chan­ge­ment his­to­rique sous la pré­si­dence de Donald Trump. Rus­sia Today l’a confir­mé ven­dre­di en citant une « source proche » (sans men­tion­ner la natio­na­li­té). Le média spé­cule que Trump a nom­mé le Lt. gen. à la retraite Michael Flynn comme conseiller de sécu­ri­té natio­nale dans l’administration entrante. Fait inté­res­sant, le pre­mier rap­port fai­sant auto­ri­té est ori­gi­naire de Moscou.

    Le rap­port de Rus­sia Today a ren­du compte de Flynn d’une façon plu­tôt ami­cale, notant sa forte défense d’une détente avec la Rus­sie. Fait inté­res­sant, par­mi ceux qui ont appe­lé Trump hier à son Quar­tier géné­ral de tran­si­tion, il y a Hen­ry Kissinger.

    Pour­quoi la nomi­na­tion de Flynn est-elle si impor­tante ? Tout d’abord, Trump a confiance en lui et Flynn dans son nou­veau poste super­vi­se­ra l’ensemble des ser­vices de ren­sei­gne­ment amé­ri­cains, le Penta­gone et assu­re­ra la coor­di­na­tion de la sécu­ri­té natio­nale et des poli­tiques étran­gères. C’est une posi­tion extrê­me­ment influente, en plus et au-delà du contrôle parlementaire.

    Il est donc impor­tant de noter que les contacts pas­sés de Flynn avec les res­pon­sables du Krem­lin – il existe une pho­to de lui à table lors d’un dîner, assis à côté du pré­sident Vla­di­mir Pou­tine –, ses liens avec Gaz­prom, le Lévia­than du gaz russe, et sa convic­tion que les États-Unis et la Rus­sie devraient col­la­bo­rer au lieu de riva­li­ser, etc., prennent une grande importance.

    Trump désta­bi­lise l’establishment de poli­tique étran­gère et de sécu­ri­té des États-Unis. Il est conce­vable qu’il uti­li­se­ra le géné­ral dur du Penta­gone pour ame­ner les gens de l’establishment à se sou­mettre à la nou­velle tra­jec­toire de la poli­tique étran­gère. Si quelqu’un peut le faire, c’est Flynn.

    L’inquiétude crois­sante est évi­dente, même au niveau du pré­sident Barack Oba­ma. Jeu­di, dans un acte auda­cieux, Oba­ma a don­né quelques conseils publics à Trump, à par­tir d’un podium à l’étranger, en Alle­magne, Ange­la Mer­kel l’écoutant avec des signes d’approbation, sur l’opportunité du pré­sident élu suite à ses rodo­mon­tades. Cer­tains extraits sont pré­sen­tés ici, ne serait-ce que pour mettre en évi­dence la bataille épique qui se pro­file sur les poli­tiques étran­gères amé­ri­caines. Oba­ma a déclaré :

    « En ce qui concerne la Rus­sie, ma prin­ci­pale approche a été constante depuis mon arri­vée au pou­voir. La Rus­sie est un pays impor­tant. C’est une super­puis­sance mili­taire. Elle a une influence dans la région et dans le monde entier. Et pour que nous puis­sions résoudre les nom­breux pro­blèmes impor­tants dans le monde, il est dans notre inté­rêt de tra­vailler avec la Rus­sie et d’obtenir sa coopé­ra­tion […] J’ai donc cher­ché une rela­tion construc­tive avec la Rus­sie, mais j’ai éga­le­ment été réa­liste en recon­nais­sant qu’il y a des dif­fé­rences signi­fi­ca­tives dans la façon dont la Rus­sie voit le monde et la nôtre, les Occidentaux.

    Et ain­si de suite, sur des ques­tions comme l’Ukraine, la Syrie, nous avons eu des dif­fé­rences très impor­tantes. Et j’espère que le pré­sident nou­vel­le­ment élu adop­te­ra une approche aus­si construc­tive, en trou­vant des domaines où nous pour­rons coopé­rer avec la Rus­sie, où nos valeurs et nos inté­rêts s’alignent, mais j’espère aus­si que le pré­sident élu sera éga­le­ment prêt à affron­ter la Rus­sie si elle s’écarte de nos valeurs et des normes internationales.

    Je ne m’attends pas à ce que le pré­sident élu suive exac­te­ment notre plan ou notre approche, mais j’espère qu’il ne pren­dra pas sim­ple­ment une approche de real­po­li­tik en sug­gé­rant que, si nous nous accor­dons avec la Rus­sie sur cer­taines affaires, même si cela fait du mal aux gens, même si cela viole les normes inter­na­tio­nales, ou même si cela rend des pays plus petits vul­né­rables ou crée des pro­blèmes à long terme dans des régions comme la Syrie – nous ne ferions que ce qui est oppor­tun dans le contexte à ce moment-là. Et c’est une chose sur laquelle je pense que nous appren­drons plus lorsque le pré­sident élu aura consti­tué son équipe. »

    Oba­ma s’est ensuite lan­cé dans une tirade contre Pou­tine, disant qu’il y avait une preuve très claire de son enga­ge­ment dans une cybe­rat­taque contre les États-Unis et qu’il avait per­son­nel­le­ment « livré un mes­sage très clair et puis­sant » au diri­geant russe l’informant que « nous le sur­veillons atten­ti­ve­ment et nous répon­drons de façon appro­priée si et quand nous ver­rons cela se produire ».

    De retour à Washing­ton, iro­ni­que­ment, le plus fort allié d’Obama, en s’opposant à la détente avec la Rus­sie, n’est autre que le séna­teur répu­bli­cain John McCain. L’aversion vis­cé­rale vis-à-vis de la Rus­sie – et de Pou­tine en par­ti­cu­lier – au sein de l’establishment de Washing­ton se dégage de la propre décla­ra­tion de McCain au début de la semaine.

    Pour­quoi une telle crainte mor­bide ? McCain, bien sûr, est le prin­ci­pal porte-parole du com­plexe mili­ta­ro-indus­triel en Amé­rique. Beau­coup d’entreprises de fabri­ca­tion d’armes haut de gamme sont basées en Ari­zo­na, l’état que McCain repré­sente au sénat. Le Saker, l’analyste mili­taire basé aux États-Unis, donne une expli­ca­tion satis­fai­sante de pour­quoi il y a une telle panique à Washington : » […]

    Lire la suite :
    http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​t​r​u​m​p​-​m​o​n​t​r​e​-​l​e​s​-​s​i​g​n​e​s​-​d​u​n​e​-​d​e​t​e​n​t​e​-​h​i​s​t​o​r​i​q​u​e​-​a​v​e​c​-​l​a​-​r​u​s​sie
    Source : le Saker Francophone

    Réponse

Laisser un commentaire

Derniers articles

Essai pour un contrôle populaire des institutions – DÉFINITION, FORCE ET ENJEUX DE LA CONSTITUTION : pourquoi nous sommes complètement fous de ne pas nous y intéresser en priorité absolue (3 vidéos intégrales et texte)

Essai pour un contrôle populaire des institutions – DÉFINITION, FORCE ET ENJEUX DE LA CONSTITUTION : pourquoi nous sommes complètement fous de ne pas nous y intéresser en priorité absolue (3 vidéos intégrales et texte)

Chers amis, Je récapitule, sur ma chaîne et dans ce billet, les vidéos que j'ai conçues et publiées pour Une Nôtre Histoire pour faire le point sur la démocratie et les institutions, en insistant évidemment sur l'importance prioritaire d'un processus constituant...