On ne peut pas penser à l’endroit avec des mots à l’envers.
D’où l’importance, pour le bien commun, de l’éducation populaire.
Mais sans vous, ça ne pourra pas se faire.
Il est temps de devenir tous constituants, partout sur terre.
httpv://youtu.be/PudBH1Tjx‑I
Éducation populaire : un enjeu de lutte
par Alexia Morvan
Reprendre le maquis de l’éducation populaire « avec un petit e » c’est se ressaisir de la question de l’émancipation.
L’éducation populaire est une invention du XIXe siècle. Elle suppose deux événements historiques très étroitement liés : la révolution industrielle (naissance du capitalisme) et la Révolution française (naissance d’une démocratie représentative ou formelle).
Instruire ces nouveaux citoyens (pour les citoyennes il faudra attendre le XXe siècle !) pour la République, ou ces travailleurs pour les besoins de l’industrie, devient un enjeu pour tous les courants politiques et pour les patrons même si leurs objectifs diffèrent.
Une construction par étapes
À partir de cette première période de l’éducation populaire qualifiée « d’éducationniste », toute l’histoire de ce champ peut se lire comme un lent processus de domestication des organisations civiles par l’État, qui, par étapes spécialise, rétrécit et finalement incarcère leur potentiel critique.
Le premier acte de dissociation est la loi de 1884 sur la reconnaissance des syndicats qui va d’ailleurs inspirer celle de 1901 sur les associations. Alors même que le parti politique, le syndicat, l’association, sont issus d’une même matrice historique (l’association), la loi entérine un principe de division des rôles qui assure l’étanchéité entre scène politique (aux associations politiques autorisées, la vision globale, les questions d’intérêt général, la représentation du peuple à l’assemblée) et scène professionnelle (aux syndicats, les conflits du travail).
Pelloutier estimait que la domination de la bourgeoisie ne pouvait se perpétuer sans la domination idéologique dont l’art et l’enseignement « officiel » constituaient les vecteurs essentiels. Une majeure partie de l’éducation populaire en s’institutionnalisant (en relation étroite avec la laïcisation de l’enseignement) prend le sens de supplément extrascolaire de l’école républicaine pour les classes populaires. Les termes de culture populaire ou ouvrière attestent de la présence continue d’un clivage avec cette conception de l’éducation populaire (démocratisation scolaire), une méfiance à l’égard des savoirs transmis par la culture dominante, tant en terme de contenus que de modalités d’appropriation du savoir.
La loi Astier de 1919 (deuxième tournant) sur l’enseignement technique approfondit le travail de segmentation en attribuant la responsabilité de l’extension des loisirs à l’éducation populaire tandis que se multiplient les mouvements de jeunesse et avec eux une spécialisation par l’âge, le milieu et le genre.
On comprend mieux dès lors pourquoi en 1936 le premier secrétariat d’Etat qui entreprend directement des relations avec les mouvements de jeunesse et d’éducation populaire, est réservé aux sports et loisirs, puis en 1940 pourquoi se crée pour la première fois un département ministériel en charge des seuls problèmes de la jeunesse sous le gouvernement de Vichy.
A contrario en 1944 le projet d’ordonnance de Guéhenno pour les associations, fédérations, coopératives, comités d’entreprises et sections jeunesses des partis politiques assimilées à des œuvres éducatives, est une tentative d’inscrire la finalité d’une formation critique des citoyens dans une large politique publique d’éducation populaire. Ce projet (au nom de la culture populaire) s’affronte avec celui d’une direction de la jeunesse et des pratiques sportives. L’échec de l’équipe de Guéhenno entérine le succès d’une conception récréative de l’éducation populaire (démocratisation des loisirs, épanouissement personnel).
Le troisième tournant de cette domestication se manifeste à partir de 1958 par la professionnalisation du secteur (personnel spécialisé formé par l’État) et la planification d’équipements socioculturels (avec la charge de locaux) dans le cadre d’une vaste politique d’animation mais surtout de pacification de la vie sociale des quartiers urbains. L’État reproche aux associations d’être trop idéologiques et pas assez techniques.
La quatrième étape de cette domestication s’amorce avec « l’Etat modeste » en 1975. Celui-ci, de plus en plus libéral, devient expert du découpage de l’action publique en dispositifs de traitement local à court terme des symptômes (chômage, délinquance juvénile…) d’une société non démocratique. Les modes de financements publics incitatifs décentralisés découpent les actions de l’éducation populaire en contrats territorialisés sur des objectifs opérationnels avec une invasion de sigles à la mesure des interventions spécialisées. Les nouveaux animateurs sont censés concevoir des séquences d’activité pour un public donné, guidés par une « méthodologie de projet » avec de nouvelles références (médiation culturelle, insertion sociale, développement local…).
Dans ces conditions l’éducation populaire « avec un petit e » pouvait elle être autre que clandestine ?
Éducation populaire et émancipation
Depuis 1995, les indices d’un retour de la conflictualité sociale en France s’accompagnent d’une réappropriation de la notion d’éducation populaire (offre publique de réflexion du ministère de la Jeunesse et des Sports entre 1998 et 2000). L’enjeu du XXIe siècle consiste à entretenir ce deuxième pôle plus restrictif dans sa définition mais plus ouvert du point de vue de ses protagonistes (au-delà des acteurs officiels agréés) d’un type d’éducation populaire visant l’émancipation par des savoirs et des pédagogies critiques, par l’exercice politique du plus grand nombre, pour la transformation radicale de l’ordre hiérarchique (patriarcal, colonial, capitaliste…) du monde social. Cette orientation impose la désinstitutionnalisation au sens de la dé-spécialisation de l’éducation populaire comme condition de sa repolitisation.
La question centrale devient de qui, de quoi faut-il s’émanciper ensemble, faire cause commune (classe) et comment ?
L’éducation populaire politique consiste dès lors, en groupe, à dire le monde, tel qu’il est, tel qu’on voudrait qu’il soit, et exercer une volonté collective quant à la façon de vivre. Elle prend sa source dans les expériences concrètes de domination des groupes concernés car l’émancipation est indéterminée et multiple jusqu’à ce qu’elle prenne forme par des aliénations identifiées dans des situations réelles, base de construction d’une revendication et d’une stratégie commune de transformation. Elle s’accompagne d’une pédagogie expérimentale d’instruction des conflits tournée vers l’action collective. Cette pédagogie tente d’articuler une philosophie de l’émancipation (Rancière, Boltanski) et une théorie (ou sociologie) critique de la domination (Marx, Bourdieu). Elle peut investir tous les espaces, objets, possibles, avec des groupes et des méthodes pédagogiques variées et stimulantes (histoires de vie, conférences gesticulées, théâtre de l’opprimé, enquêtes, jeux à partir de situations problèmes, entraînement au débat public…), dès lors que ceux-ci soulèvent des conflits d’intérêts au sens large aux yeux des intéressés pour en faire des prétextes d’émancipation collective dans une visée de transformation radicale de la réalité sociale.
Alexia Morvan.
*Alexia Morvan est docteur en sciences de l’éducation. Elle exerce son activité professionnelle dans une coopérative d’éducation populaire (Le Pavé).
La Revue du projet, n° 20, octobre 2012
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Fil Facebook correspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10154277164057317
Voilà pourquoi les médias, comme une seule voix, sont pour la loi travail, contre la grève, contre la CGT, contre la volonté des Français de conserver un code du travail décent :
Sarkozy : anti-démocrate un jour, anti-démocrate toujours.
Quand Sarkozy était président de la République, il était anti-démocrate.
Par exemple :
En 2005, Sarkozy avait été furieux de voir le peuple français voter « non » au référendum concernant le traité sur la constitution européenne.
En 2008, Sarkozy était président de la République. Il savait que le traité de Lisbonne reprenait 98 % du traité sur la constitution européenne. Il savait que le peuple français allait voter « non » au traité de Lisbonne si un référendum était organisé.
Pour contourner le peuple français, Sarkozy a donc fait adopter le traité de Lisbonne sans passer par le référendum ! Il a demandé au parlement français de voter le traité de Lisbonne !
Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui, Sarkozy est toujours autant anti-démocrate. Il veut un nouveau traité européen. Mais comme il sait que le peuple français votera « non » à ce nouveau traité, il ne demandera pas son avis au peuple français !
C’est comme ça, la construction européenne !
Les partisans de la construction européenne savent que les peuples voteront « non » aux traités européens, alors ils n’organisent plus jamais de référendum !
La construction européenne continue, mais sans les peuples.
La construction européenne continue, contre les peuples.
La construction européenne est anti-sociale, anti-populaire, anti-démocratique. Elle doit être détruite.
Mercredi 22 juin 2016 :
Sa proposition est celle d’un nouveau traité européen qui ne ferait pas l’objet d’un référendum (comme le traité de Lisbonne), avec un Schengen 2, la création d’un « euro-Schengen » (avec les ministres de l’Intérieur), d’un Fonds monétaire européen, et une Europe qui se concentre sur des dossiers prioritaires.
http://www.lesechos.fr/elections/primaire-a-droite/0211052379919-a-berlin-sarkozy-reve-du-retour-du-merkozy-2008429.php
Natacha Polony : « L’APPEL À LA RÉSISTANCE DU 18 JUIN N’A JAMAIS ÉTÉ AUSSI ACTUEL »
https://comiteorwell.net/2016/06/16/natacha-polony-lappel-a-la-resistance-du-18-juin-na-jamais-ete-aussi-actuel/
#éducationpopulaire #motsimportantsremisàlendroit #souveraineté #souverainisme
Natacha Polony : Parler de souveraineté a plus de sens que jamais
Le texte du colloque du 18 juin du Comité Orwell
http://www.causeur.fr/natacha-polony-comite-orwell-souverainete-globalisation-mondialisation-38832.html
#éducationpopulaire #motsimportantsremisàlendroit #souveraineté #souverainisme
Mercredi 22 juin 2016, vers 19 heures 26 :
A la veille du référendum, deux sondages donnent le Brexit en tête.
Alors que les Britanniques sont appelés à voter pour ou contre la sortie de l’Union européenne, deux sondages donnent le camp du non à l’UE en tête.
Deux nouveaux sondages donnaient mercredi le camp d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne légèrement en tête des intentions de vote, à la veille du référendum historique sur cette question.
Selon Opinium, qui a interrogé 3.011 Britanniques sur internet, 45% étaient pour une sortie, 44% pour un maintien dans l’UE, mais 9% étaient toujours indécis et 2% préféraient ne pas se prononcer.
Selon TNS, qui a sondé 2.320 personnes, 43% étaient pour une sortie de l’UE, 41% étaient pour rester, et 16% étaient encore indécis.
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/a‑la-veille-du-referendum-deux-sondages-donnent-le-brexit-en-tete_1805175.html
Victoire !
« Vive la nation ! »
C’était le cri du peuple français lors de la Révolution française !
C’est le cri de tous les peuples qui luttent pour leur indépendance nationale !
En ce jour historique, le peuple britannique a choisi l’indépendance nationale !
Le dessin qui résume tout :
C’est le retour de l’Histoire !
C’est le retour des nations !
C’est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, tel qu’il a été inventé par la Révolution française !
Maintenant, c’est au tour du peuple français de choisir !
Maintenant, c’est au tour du peuple allemand de choisir !
Maintenant, c’est au tour du peuple italien de choisir !
Il faut redonner la parole aux peuples !
Il faut consulter les 27 peuples européens en organisant 27 référendums :
« Voulez-vous rester dans l’Union européenne, ou voulez-vous en sortir ? »
Nous voulons choisir, nous aussi !
Nous voulons disposer de nous-mêmes, nous aussi !
Nous voulons un référendum !
BA, jacobin.
YEEEEEEESSE !
« Nous avons trop longtemps été amusés et induits en erreur par les noms. Il est bien évident que l’usage impropre de mots ou la talentueuse mauvaise utilisation de noms ou d’épithètes ont eu une grande et dangereuse influence sur la politique de ce pays.
Tout abus de langage auquel on peut penser n’a‑t-il pas été pratiqué depuis longtemps pour donner au peuple de fausses idées concernant à la fois le gouvernement et ses administrateurs ? […]
J’espère qu’une main ingénieuse fournira au public un petit dictionnaire de ces mots qui, tout comme plusieurs leaders politiques de ce pays, ont changé de sens depuis l’année 1776. »
Anonyme, journal « National Gazette », 12 décembre 1792 aux USA, cité par Dupuis-Déri, « Démocratie, histoire politique d’un mot » (2013), p 27.
L’avertissement prophétique de Pierre Mendès France
24 juin 2016, par Edwy PLENEL :
En 1957, lors du débat sur le Traité de Rome, Pierre Mendès France mettait en garde contre un projet inspiré par « un libéralisme du XIXe siècle ». Cette mise en garde oubliée résonne dans notre présent où éclate la crise d’une Europe qui a perdu la confiance majoritaire des peuples.
Le 18 janvier 1957, Pierre Mendès France (1907−1982) intervient à l’Assemblée nationale dans le débat sur le projet du Traité de Rome qui, signé deux mois plus tard, le 25 mars, instituera la première communauté économique européenne, composée de l’Allemagne, de la France, de l’Italie et des trois pays du Benelux, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas. Alors figure du Parti radical, il avait quitté la présidence du Conseil deux ans auparavant, après sept mois et dix-huit jours de gouvernement dont la brièveté n’empêchera pas le souvenir durable, celui d’un homme d’État vertueux, averti en matière économique, soucieux des comptes publics, respectueux du débat démocratique et, de plus, en quête d’une issue à la crise coloniale.
À bientôt soixante ans de distance, ce discours oublié semble une mise en garde prophétique, tant Mendès France y met en évidence les vices originels d’un marché économique commun qui, politiquement, ne pouvait que produire un éloignement progressif des peuples de l’idéal européen. Mendès France, qui sera parmi les 207 voix contre la poursuite des négociations sur l’élaboration du Traité (322 pour, 30 abstentions), n’hésite pas en effet à affirmer que ce projet « est basé sur le libéralisme classique du XIXe siècle » et à y voir, si la politique économique de la France devait lui être soumise, « l’abdication d’une démocratie ».
Autrement dit, pour Mendès France qui, pourtant, prenait l’économie au sérieux, celle-ci ne pouvait être l’absolu d’une politique. Ou, plutôt, la politique, comme bien commun, délibération permanente et confiance partagée, ne pouvait s’y dissoudre, sauf à perdre en route la démocratie elle-même, son idéal et sa vitalité. Écoutons donc ce Cassandre, fort lucide et toujours jeune, qui, déjà, plaide au nom d’une forte exigence sociale et, surtout, prédit l’engrenage fatal d’une pédagogie anti-démocratique de la future Union européenne.
« L’harmonisation doit se faire dans le sens du progrès social, affirme le député Mendès France, dans le sens du relèvement parallèle des avantages sociaux et non pas, comme les gouvernements français le redoutent depuis si longtemps, au profit des pays les plus conservateurs et au détriment des pays socialement les plus avancés. »
« Mes chers collègues, poursuit Mendès France, il m’est arrivé souvent de recommander plus de rigueur dans notre gestion économique. Mais je ne suis pas résigné, je vous l’avoue, à en faire juge un aréopage européen dans lequel règne un esprit qui est loin d’être le nôtre. Sur ce point, je mets le gouvernement en garde : nous ne pouvons pas nous laisser dépouiller de notre liberté de décision dans des matières qui touchent d’aussi près notre conception même du progrès et de la justice sociale ; les suites peuvent en être trop graves du point de vue social comme du point de vue politique.
« Prenons‑y bien garde aussi : le mécanisme une fois mis en marche, nous ne pourrons plus l’arrêter. (…) Nous ne pourrons plus nous dégager. Nous serons entièrement assujettis aux décisions de l’autorité supranationale devant laquelle, si notre situation est trop mauvaise, nous serons condamnés à venir quémander des dérogations et des exemptions, qu’elle ne nous accordera pas, soyez-en assurés, sans contreparties et sans conditions. »
À la lecture de ces anciennes paroles, Mendès France prend soudain stature de devin tragique, anticipant ce que ses contemporains ne voient pas, parce qu’ils sont aveugles ou parce qu’ils s’aveuglent. Car c’est peu dire que la suite, notamment celle vécue ces trente dernières années par des gouvernements de gauche, élus sur des promesses sociales alternatives, aura donné raison à cette prophétie.
À la fin de son discours, Mendès France souligne le cœur du désaccord : ce projet de marché commun, résume-t-il, « est basé sur le libéralisme classique du XIXe siècle, selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes ». Autrement dit, un libéralisme économique qui ruine tout libéralisme politique, imposant la loi d’airain de la concurrence à la vie sociale, au détriment des solidarités collectives et des libertés individuelles.
« L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, conclut Mendès France, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement “une politique”, au sens le plus large du mot, nationale et internationale. »
« Dire cela, ajoutait Pierre Mendès France, ce n’est pas être hostile à l’édification de l’Europe, mais c’est ne pas vouloir que l’entreprise se traduise, demain, par une déception terrible pour notre pays, après un grand et bel espoir, par le sentiment qu’il en serait la victime et, tout d’abord, ses éléments déjà les plus défavorisés. »
Faute de l’avoir écouté, nous vivons aujourd’hui ces temps de « déception terrible » prédits par Mendès France.
Edwy PLENEL
https://www.mediapart.fr/journal/international/240616/l‑avertissement-prophetique-de-pierre-mendes-france
[politiciens = dingues (ou diables)]
« Il se passe quelque chose »
… et c’est pire que ce que vous pensez !
[…] « L’idée que nous pourrions utiliser des islamistes pour lutter contre les djihadistes a toujours été folle, et malgré tout c’est pour cette politique étrangère que l’Establishment et les faucons du Congrès – des deux partis – ont fait pression. Le virage sunnite, pris par l’administration Bush, soutenu – et financé – par les Saoudiens, les Turcs et les pays du Golfe, et intensifié par l’administration Obama, a renforcé le pouvoir de nos pires ennemis et mis en danger le peuple américain. Et voici l’ironie ultime : tout cela a été fait au nom de la lutte contre le terrorisme » […]
http://lesakerfrancophone.fr/il-se-passe-quelquechose-et-cest-pire-que-ce-que-vous-pensez
[bal de crapules politiciennes]
Le top des excuses pour ne pas faire de référendum
httpv://youtu.be/8Rm5KPOez3s
N. Farage (2011), aux parlementaires et aux technocrates européens : « Je veux que vous soyez tous virés ! »
httpv://youtu.be/gS2BHC8mmRs
Rappel :
1995–2012 : le combat de Jacques Cheminade contre le péril financier :
httpv://youtu.be/Sb4WwMeWws0
Philippe Seguin, 1992 : « Mon irrecevabilité se fonde sur le fait que le projet de loi [à propos du traité de Maastricht] viole, de façon flagrante, le principe en vertu duquel la souveraineté nationale est inaliénable et imprescriptible, ainsi que le principe de la séparation des pouvoirs, en dehors duquel une société doit être considérée comme dépourvue de Constitution. Il existe en effet, au-dessus même de la charte constitutionnelle, des droits naturels, inaliénables et sacrés, à savoir pour nous les droits de l’homme et du citoyen tels qu’ils ont été définis par la Déclaration de 1789.
Et quand l’article 3 de la Constitution du 4 octobre 1958 rappelle que « La souveraineté nationale appartient au peuple », il ne fait que reconnaître le pacte originel qui est, depuis plus de deux cents ans, le fondement de notre État de droit. Nulle assemblée ne saurait donc accepter de violer délibérément ce pacte fondamental.
La question de la séparation des pouvoirs se pose dans les mêmes termes. Aucune assemblée n’a compétence pour se dessaisir de son pouvoir législatif par une loi d’habilitation générale, dépourvue de toute condition précise quant à sa durée et à sa finalité.
A fortiori, aucune assemblée ne peut déléguer un pouvoir qu’elle n’exerce qu’au nom du peuple.
Or, le projet de loi qui nous est soumis comporte bien une habilitation d’une généralité telle qu’elle peut être assimilée à un blanc-seing.
Et nous voilà confrontés à une situation tout à fait extraordinaire dans notre histoire constitutionnelle puisque, pour la première fois, on demande au Parlement de constitutionnaliser par avance des textes qui n’existent pas encore et qui, pour la plupart, ne seront même pas soumis à ratification dès lors qu’il s’agira de normes communautaires directement applicables. On demande donc au Parlement, qui n’en a pas le droit, rien de moins que d’abandonner sa compétence législative aux organes communautaires chaque fois que ceux-ci le jugeront nécessaire pour l’application du traité. »
[…]
« Que l’on ne s’y trompe pas, la logique du processus de l’engrenage économique et politique mis au point à Maastricht est celle d’un fédéralisme au rabais fondamentalement anti-démocratique, faussement libéral et résolument technocratique. L’Europe qu’on nous propose n’est ni libre, ni juste, ni efficace. Elle enterre la conception de la souveraineté nationale et les grands principes issus de la Révolution : 1992 est littéralement l’anti-1789. Beau cadeau d’anniversaire que lui font, pour ses 200 ans, les pharisiens de cette République qu’ils encensent dans leurs discours et risquent de ruiner par leurs actes ! »
Philippe Séguin, « exception d’irrecevabilité » à propos des « Transferts de compétences nécessaires à l’établissement de l’Union économique et monétaire européenne (en vue de l’application du traité de Maastricht) », discours formidable prononcé le 5 mai 1992.
La vidéo :
http://videos.assemblee-nationale.fr/video.674333_55488159b3ea7.traite-de-maastricht–exception-d-irrecevabilite-defendue-par-philippe-seguin-5-mai-1992–5‑mai-1992
Le texte :
http://www.cvce.eu/obj/discours_de_philippe_seguin_paris_5_mai_1992-fr-208cafc7-f175-4e91-af4f-da4769440e83.html
pdf surligné : https://old.chouard.org/Europe/Docs/Discours_Philippe_Seguin_contre_Maastricht_5_mai_1992.pdf
« Le régime démocratique ne peut être conçu, créé et soutenu que par des hommes qui savent qu’ils ne savent pas tout. Le démocrate est modeste, il avoue une certaine part d’ignorance, il reconnaît le caractère en partie aventureux de son effort et que tout ne lui est pas donné, et à partir de cet aveu, il reconnaît qu’il a besoin de consulter les autres, de compléter ce qu’il sait. »
Albert Camus, extrait de « Réflexions sur une démocratie sans catéchisme », in La Gauche, juillet 1948.
« Le démocrate après tout est celui qui admet qu’un adversaire peut avoir raison, qui le laisse donc s’exprimer et qui accepte de réfléchir à ses arguments. Quand des partis ou des hommes se trouvent assez persuadés de leurs raisons pour accepter de fermer la bouche de leurs contradicteurs par la violence, alors la démocratie n’est plus. »
Albert Camus, extrait de « Démocratie et Modestie », in Combat, février 1947.
Jacques Ellul : « Ce qui est nouveau, en ce temps, et peut-être pour la première fois dans l’histoire, c’est l’utilisation du mot désignant l’ancienne valeur pour le fixer sur son exact opposé, c’est l’inversion totale. Cette inversion des valeurs dont chacun commence à se rendre compte, plus ou moins clairement, produit un effet profond et grave sur l’homme contemporain : il ne peut plus croire en ces mots, qui de fait deviennent de simples sons.
Et encore s’ils n’étaient que cela, ce ne serait pas bien sérieux : mais ces mots ont exprimé l’espérance de l’homme, ils l’ont motivée. Ce ne sont pas des sons neutres : devenus inverses d’eux-mêmes, ils constituent un poison violent de l’âme, de l’être entier. Ils détruisent l’homme parce que celui-ci qu’on le veuille ou non porte encore en lui la soif de justice, de vérité, d’égalité, et qu’on lui donne l’acide de l’injustice, du mensonge, de l’exploitation pour se désaltérer.
Ainsi l’homme de ce temps n’a plus aucun repère fixe, sain, stable pour orienter son action et sa vie, pour juger ce qu’il fait et ce que l’on fait autour de lui. Il n’a plus aucun critère clair et sûr, pour départager un bien et un mal. Tout ce qu’on lui offre est une boussole affolée, de fausses lumières dans le brouillard. Telle est la véritable portée de cette inversion des valeurs : et ceci vaut pour tous.
Tous, sans exception, sont victimes de cette inversion – de ce pain de mensonge et de mirages successifs dissipés à chaque approche. Alors, cet homme qui ne peut plus croire aux valeurs, qui n’a plus aucun repère fixe pour se situer lui-même, ne peut pas davantage concevoir une espérance : tout a sans cesse menti.
On a avancé d’une tromperie vers un mensonge, d’une misère vers une illusion. Il sombre alors dans un scepticisme sans grandeur et sans lucidité. Il meurt de misère spirituelle dans le dessèchement et le vide des yeux morts. »
Jacques Ellul, « L’espérance oubliée ».
« Quand un tissu de mensonges bien emballé a été vendu progressivement aux masses pendant des générations, la vérité paraîtra complètement absurde et son représentant un fou furieux. »
Dresde James.
À New York, lors d’un banquet, le 25 septembre 1880, le célèbre journaliste John Swinton se fâche quand on propose de boire un toast à la liberté de la presse :
« Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! »
(Cité dans : Labor’s Untold Story, de Richard O. Boyer and Herbert M. Morais, NY, 1955⁄1979.)
« Le langage politique est conçu pour donner aux mensonges des airs de vérité, rendre le meurtre respectable, et faire passer pour solide ce qui n’est que du vent. »
George Orwell.
« Les noms mêmes des quatre ministères qui nous dirigent font ressortir une sorte d’impudence dans le renversement délibéré des faits. Le ministère de la Paix s’occupe de la guerre, celui de la Vérité, des mensonges, celui de l’Amour, de la torture, celui de l’Abondance, de la famine. Ces contradictions ne sont pas accidentelles, elles ne résultent pas non plus d’une hypocrisie ordinaire, elles sont des exercices délibérés de doublepensée.
Ce n’est en effet qu’en conciliant des contraires que le pouvoir peut être indéfiniment retenu. L’ancien cycle ne pouvait être brisé d’aucune autre façon. Pour que l’égalité humaine soit à jamais écartée, pour que les grands, comme nous les avons appelés, gardent perpétuellement leurs places, la condition mentale dominante doit être la folie dirigée. »
George Orwell, 1984.
On avale à pleine gorgée le mensonge qui nous flatte,
et l’on boit goutte à goutte une vérité qui nous est amère.
Diderot
« Ou tu défends la liberté d’expression pour des opinions que tu détestes, ou tu ne la défends pas du tout. Même Hitler et Staline étaient ravis de défendre la liberté d’expression pour des idées qui leur convenaient. Voilà les enjeux essentiels. Pour pouvoir éluder ce débat, il y a toujours le flot de mensonges habituels. »
Noam Chomsky
« La parole n’a pas été donnée à l’homme, il l’a prise. »
Aragon.
« Désormais, nous dit-on, l’individu est roi et le roi est sujet. Tout devrait donc être pour le mieux dans le meilleur des mondes. C’est, du moins, ce que cherchent à nous faire croire tous ces professionnels de la politique qui occupent le devant de la scène à nos dépens. Car, hélas, le présent est toujours à l’image du passé : le privilège du pouvoir n’est pas de répondre aux questions ─ de voter ─ mais de les poser ─ d’organiser les élections. »
Upinsky, « Comment vous aurez tous la tête coupée (ou la parole). Le calcul et la mort sont les deux pôles de la politique » (1991), p 25.
« Pour dire un mensonge, on peut aller vite. Pour dire la vérité, il faut réfléchir. Mensonge et vérité ne sont pas les deux faces d’une même pièce : il est plus facile de dire un mensonge qu’une vérité ; le mensonge s’accommode mieux de la vitesse, de la non réflexion, du n’importequoitisme. La vérité, c’est un processus long, qui demande du temps. »
Viktor Dedaj.
Grèves et joie pure : Une arme nouvelle : les occupations d’usine, 1936 de Simone Weil
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/48490
[un article épatant de Natacha Polony]
Pourquoi les Britanniques ont dit non à l’Europe
par John PILGER :
http://www.legrandsoir.info/pourquoi-les-britanniques-ont-dit-non-a-l-europe.html
La décision de quitter l’Europe votée par la majorité des Britanniques est un acte parfaitement démocratique. Des millions de gens ordinaires ont refusé de se laisser impressionner, intimider et mépriser par les analystes des principaux partis, le monde des affaires, l’oligarchie financière et les grands médias.
Ce fut en grande partie le vote de ceux qui étaient déçus et démoralisés par l’arrogance des défenseurs d’une politique de maintien dans l’UE associée à la déconstruction d’une politique sociale équitable en Grande Bretagne. Le service National de Santé, dernier bastion des réformes historiques de 1945, a été à ce point démantelé par les Conservateurs et les Travaillistes partisans des privatisations qu’il en est réduit à devoir se battre pour sa survie.
L’alarme a été déclenchée quand George Osborne, secrétaire au trésor, incarnation de l’ancien régime britannique et de la mafia bancaire en Europe, a menacé d’amputer de 30 milliards de £ le budget des services publics si la population faisait le mauvais choix. Ce chantage était scandaleux.
Le problème de l’immigration a été exploité au cours de la campagne avec un cynisme achevé non seulement par les populistes délirants d’extrême droite mais aussi par les travaillistes traînant avec eux une vieille tradition de racisme, symptôme de corruption du sommet plutôt que de la base du parti. On connaît pourtant les raisons de la présence de ces millions de réfugiés qui ont fui le Proche et le Moyen Orient – d’abord l’Iraq, maintenant la Syrie – suite aux invasions et aux agressions lancées par la Grande Bretagne, les Etats-Unis, la France, l’Union Européenne et l’OTAN. Avant cela, il y eut la destruction délibérée de la Yougoslavie ; plus loin encore la confiscation de la Palestine et l’imposition de l’Etat d’Israël.
Les casques à plumes ont disparu mais le sang n’a jamais séché. Ce mépris du dix-neuvième siècle pour les pays et les peuples, selon l’importance de leur utilité coloniale, demeure une pièce maîtresse de la « globalisation » avec son socialisme pervers pour les riches et son capitalisme débridé pour les pauvres : liberté pour le capital, déni de liberté pour le travail, politiciens perfides et agents civils politisés.
Tout cela a maintenant atterri en Europe, enrichissant Tony Blair et ses semblables en appauvrissant et asservissant des millions de personnes. Ce 23 juin, les Britanniques n’ont rien vu d’autre.
Les promoteurs les plus efficaces de « l’idéal européen » n’ont pas été l’extrême droite mais une insupportable classe patricienne dirigeante pour laquelle Londres représente le Royaume Uni. Ses membres dirigeants se voient comme instruits, libéraux, élite éclairée du vingt et unième siècle et même un peu cool. Ils ne sont en réalité qu’une bourgeoisie aux goûts consuméristes insatiables, porteuse de sentiments de supériorité dépassés.
Dans leur quotidien, le Guardian, ils ont aboyé jour après jour sur ceux qui osaient considérer l’Union Européenne comme profondément anti-démocratique, à la source d’injustices sociales et d’un extrémisme virulent connu sous le nom de néolibéralisme.
L’objectif de cet extrémisme est d’installer une théocratie capitaliste figée qui conforte une société à trois classes : une majorité divisée et endettée dirigée par une classe structurée stable et une classe permanente de travailleurs pauvres. Aujourd’hui, en Grande Bretagne, 63% des enfants pauvres vivent dans une famille dont un seul membre travaille. Pour eux, la trappe est déjà fermée. Une étude rapporte que 600.000 habitants du Grand Manchester, la seconde ville britannique, découvrent les effets de la grande pauvreté tandis que 1.6 millions de Britanniques s’enfoncent dans la précarité.
Cette situation catastrophique a été trop peu évoquée par les médias contrôlés par la bourgeoisie, notamment par la BBC dominée par Oxbridge. Pendant la campagne du referendum, aucune analyse en profondeur n’a pu éclipser le cliché hystérique d’une sortie de l’Europe, comme si la Grande Bretagne allait subitement dériver vers les courants hostiles quelque part au nord de l’Islande.
Au matin après le vote, un reporter de la BBC accueillait les politiciens dans son studio comme de vieux copains en disant, notamment à Lord Peterson, architecte déconsidéré du Blairisme : « Pourquoi ces gens rejettent-ils l’Europe à ce point ? ». « Ces gens » sont la majorité des Britanniques.
Tony Blair, opulent criminel de guerre, reste un héros de la classe « européenne » Mandelson, ce que l’on n’ose plus guère dire aujourd’hui. Le Guardian a décrit Blair en son temps comme un mystique fidèle à son projet de guerre prédatrice. Après le scrutin, l’éditorialiste Martin Kettle a apporté une réponse Brechtienne au mauvais usage de la démocratie par les masses. « Aujourd’hui, nous pouvons nous accorder sur le fait que les referendums sont mauvais pour la Grande Bretagne. » titrait-il sur sa page. Le « nous » n’était pas explicité mais bien compris, tout comme l’était « ces gens » à la BBC. « Le referendum a conféré moins de légitimité aux politiques, rien de plus, » écrivait Kettle…Le verdict au sujet des referendums devrait être brutal : plus jamais ça.
Ce genre de brutalité à laquelle aspire Kettle est illustré par le spectacle de la Grèce, un pays passé à l’aspirateur. Là, il y a eu un referendum dont on n’a pas tenu compte. Comme pour le parti travailliste en Grande Bretagne, les dirigeants du gouvernement Syriza à Athènes sont issus de milieux aisés, privilégiés, éduqués, frottés à l’hypocrisie et aux trahisons postmodernistes. Le peuple grec a utilisé courageusement le referendum pour demander à son gouvernement de négocier de meilleurs termes pour l’accord conclu à Bruxelles qui broyait la vie de leur pays. Ils ont été trahis comme les Britanniques l’auraient été.
Vendredi, la BBC a demandé à Jeremy Corbyn, leader du parti travailliste, s’il rendrait hommage à son partenaire, le démissionnaire Cameron, dans leur combat pour le « oui » et il a alors, jusqu’à provoquer la nausée, rendu hommage à la dignité de Cameron, rappelé son soutien au mariage gay et ses excuses aux familles irlandaises pour les victimes du « bloody Sunday ». Il n’a rien dit des germes de division semés dans le pays par Cameron, de ses politiques d’austérité brutales, de ses mensonges au sujet des garanties apportées au Service National de Santé. Il n’a pas non plus rappelé la folie guerrière du gouvernement Cameron : l’envoi de forces spéciales en Libye, la fourniture de lanceurs et de munitions à l’Arabie Saoudite et, par-dessus tout, sa disponibilité pour une troisième guerre mondiale.
Au cours de la semaine précédant le referendum, aucun politicien ni, à ma connaissance, aucun journaliste britannique n’a fait mention du discours de Vladimir Poutine à Saint Pétersbourg commémorant le septante-cinquième anniversaire de l’invasion de l’Union Soviétique par les Nazis le 22 juin 41. La victoire des Soviétiques au prix de 27 millions de vies soviétiques et de la majorité des forces armées allemandes nous a permis de l’emporter dans cette seconde guerre mondiale.
Poutine a associé l’actuel renforcement fébrile des troupes de l’OTAN ainsi que la consolidation des bases militaires aux frontières occidentales de la Russie à l’opération Barbarossa du troisième Reich. Les exercices de l’OTAN en Pologne ont été les plus importants depuis l’invasion nazie ; l’opération Anaconda a simulé une attaque de la Russie, vraisemblablement avec des armes nucléaires. A la veille du referendum, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a sournoisement prévenu les Britanniques de ce qu’ils mettraient en danger la paix et la sécurité en votant pour la sortie de l’Union Européenne. Ces millions-là l’ont ignoré, comme ils ont ignoré Cameron, Osborne, Corbyn, Obama et celui qui dirige la banque d’Angleterre ; en votant ainsi ils ont peut-être, et seulement peut-être, rendu un espoir de paix réelle et de démocratie en Europe.
John PILGER
http://johnpilger.com/articles/why-the-british-said-no-to-europe
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Traduit de l’anglais par Oscar GROSJEAN pour Investig’Action
»» http://www.investigaction.net/pourquoi-les-britanniques-ont-dit-non-a-leurope/
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http://www.legrandsoir.info/pourquoi-les-britanniques-ont-dit-non-a-l-europe.html
Par la souveraine grâce des Anglais, et en tout cas par la force du fait accompli, un strict fait s’impose désormais à la conscience des gens, même les plus lavés du cerveau : il est possible de sortir de l’Union européenne. Nous est donc octroyé, enfin, un acquis communautaire. Je veux dire une croyance – sinon une connaissance – effectivement commune, que chacun aura l’occasion d’apprécier librement et qui (une fois n’est pas coutume avec l’UE) ne lui aura pas été imposé par la force ou par la ruse, simplement par le fait, accompli dans les règles et, d’ailleurs, suivant la seule méthode qui soit applicable.
Bien sûr, à présent que nous savons tous qu’il est possible de le faire, nous le ferons – ça ne saurait tarder encore longtemps.
Après quelques habituels gros délits d’initiés, “les marchés” vont, quant à eux, vite reprendre leur marche gentiment dans un élan retrouvé, comme pour tout le monde satisfaits de la nouvelle situation. Chacun pourra constater que rien n’a profondément changé durant la traversée de quelques turbulences passagères. Après quoi ça ne pourra qu’aller mieux.
Un récent sondage européen (*) confirme que l’esprit des Français (et des Espagnols) dénote par les marques d’une trop longue manipulation pseudo-fédéraliste : c’est à mon avis effrayant, mais un nombre incroyablement élevé de Français – 34% d’entre les sondés – continue de croire qu’une poursuite dans l’intégration « toujours plus étroite » est souhaitable, donc a fortiori praticable, faisable, tenable, durable. C’est d’autant plus surprenant et inquiétant que les Français se distinguent également (après la Grèce) comme l’une des nations qui sont les moins favorables à l’UE (telle qu’elle est). Les Français de 35 ans et plus sont moins d’un tiers à avoir un avis favorable. Il y a difficilement place pour l’interprétation : cette curiosité ne peut tenir qu’à la double, fausse croyance que l’UE (bien que catastrophique en son état réel, actuel) est largement amendable et que nous puissions, au moins sur la papier, lui donner une forme institutionnelle viable.
Cette position psychotique n’est donc évidemment pas le fait d’un égarement spontané, mais à l’intrusion de cette double fausse croyance. J’ai personnellement fréquenté pas mal d’européistes plutôt au fait des réalités institutionnelles et qui pourtant fument de cette herbe. Pourtant, pas besoin d’être très malin pour comprendre, par exemple, que sans État (fédéral), pas de flux de compensations financières automatiques, donc pas de monnaie unique qui tienne. On ne demande pas aux habitants de la Lozère d’éponger la dette extérieure de leur département vis-à-vis de celui du Haut-Rhin. Et si un Lozérien veut bosser dans l’aéronautique, faute de pouvoir le faire par chez lui, à la rigueur il peut choisir d’aller vivre à Toulouse, ce qui n’entraîne heureusement pas non plus de tels absurdes transferts financiers, sans parler d’en faire des prêts, dettes et intérêts. Et si ça marche, évidemment, c’est parce que que les Conseillers généraux de la Lozère et du Haut-Rhin n’ont rigoureusement rien à en dire, parce que ça découle automatiquement de règles supérieures écrites à Paris. Pourvu que ça dure. C’est ce qu’on appelle un État. Quant on a compris ça, on en a compris assez pour dire bye-bye à cette impasse mortelle qu’est l’UE. Et qu’on est bien bêtes de laisser se développer de telles architectures tyranniques car non seulement elles le sont mais elles ne peuvent que l’être et le rester.
Cette croyance (idiote) est simplement le produit de décennies de mensonges, disais-je, du moins de l’absence criante et persistante, dans les débats, de ce genre de pédagogie élémentaire. Mais pour cette même raison elle se soigne assez bien… sur le papier. Il suffit en gros de comprendre qu’on n’est pas sur la voie du fédéralisme européen (depuis des années, on y est même clairement de moins en moins) – et que, d’ailleurs, même si on y était, l’UE serait le meilleur obstacle. Mais justement, ce n’est pas tant par les explications – les débats réels sur le sujet sont toujours le plus rare possible, pour cause – que par la voie du fait accompli qu’on a pu longtemps nous cacher que l’UE n’a pas d’avenir : il suffisait déjà largement que, faute de précédent, chaque population soit ultimement convaincue, sans justement y penser, que nous n’avions de toutes manières que le choix de nous plier à accepter de bricoler l’UE en attendant toujours « une autre Europe », tout simplement parce que l’UE était un fait accompli et parce qu’il était comme inconcevable d’en sortir, puisque personne ne l’avait jamais fait (et bien sûr tout était fait pour que cette illusion dure). C’en est fini de cet état de fait, le reste suivra bientôt.
Vive les Anglais. Vive tous ces ouvriers, ces pêcheurs, à qui on a dérobé leurs industries, leurs services publics et leur dignité. Vive la démocratie. Merci pour eux, pour nous et tous les autres peuples que la mort de l’UE viendra bientôt soulager.
(*) http://www.pewglobal.org/2016/06/07/euroskepticism-beyond-brexit/
Il ne faut pas se laisser emporter par son enthousiasme. La grande majorité de la population européenne reste favorable à l’UE :
http://www.pewglobal.org/2016/06/07/euroskepticism-beyond-brexit/
Il n’y en a en fait que trois pays eurosceptiques : le Royaume-Uni, la France et la Grèce. Et malgré cela, pour le premier, le referendum n’a été gagné que de justesse. Pour la France, je ne la vois pas tenter de sortir de l’UE de sitôt. Et on a vu ce que se passe quand un dirigeant grec veut organiser un referendum.
Le Royaume-Uni reste un cas très particulier, où il y a réellement une presse qui attaque l’UE. Au point que la commission européenne a mis en place un site visant à contrecarrer la diffusion de ce qu’elle appelle « euromythes » (courbure des concombres et autres). Concrètements, ces attaques contre la bureaucratie européenne ne sont le fait que des médias britanniques :
http://blogs.ec.europa.eu/ECintheUK/euromyths-a-z-index/
Référendum au Royaume-Uni : « D’une façon ou d’une autre, ce résultat doit être annulé. » (Peter Sutherland, patron de la banque Goldman Sachs)
Lundi 27 juin 2016 :
Le président de Goldman Sachs annonce qu’il va falloir annuler le Brexit « d’une façon ou d’une autre »
L’ancien Commissaire européen à la concurrence, ancien directeur général de l’OMC, actuel président de l’European Policy Center et actuel président de Goldman Sachs International a diffusé le tweet suivant suite à la victoire du Brexit au référendum britannique :
« La jeune génération au Royaume-Uni a été sacrifiée, tout ça à cause d’une déformation des faits et des conséquences. D’une façon ou d’une autre, ce résultat doit être annulé. »
https://twitter.com/PDSutherlandUN/status/746687362902728704
« D’une façon ou d’une autre »
J’ai bien peur en effet que cette sortie de l’UE ne soit que formelle et que les maîtres des lois et règlements trouvent des chemins juridiques opaques et discrets pour rendre ce Brexit aussi effectif que ne l’ont été les référendums des autres peuples européens…
Sutherland joue à nous faire peur, on a l’habitude : c’est son boulot. Blague à part, donc, on pourrait demander s’il faut traduire la question et sa réponse ainsi : la City sort de l’UE. Non seulement il y croit, à son rêve européen (il serait trop cher à acheter) mais il sait que la Grande-Bretagne ne risque pas de quitter l’OMC, ni l’OTAN. Blague à part, donc, rien ne va changer pour le moment. Je suppose qu’ils se sont payé quelques montages tranquillou, fixant entre autres à l’avance la « punition » que serait la dévaluation « infligée » à la Livre sterling ; que tout a bien roulé pour eux, en bonne entente avec la Couronne – qui renoue pour pas cher avec son cher empire – et qu’une fois empoché le fric, tout va rentrer sagement dans l’ordre. Cela n’enlève rien au mérite des citoyens britanniques, il y a simplement que les sondages l’avaient su à l’avance et qu’on a veillé à le cacher à la populace.
Que la gauche britannique ait eu de bonnes raisons de sortir de l’UE, c’est évident. Mais maintenant, évidemment, tout lui reste à faire. Pour enfin essayer de les y aider, et de nous aider en même temps, il serait bien que nous prenions au moins – c’est très peu demander au demeurant, mais c’est en fait un effort inouï – l’habitude d’arrêter de répéter en cœur une rhétorique trop bien huilée qui dit que ces salauds de roastbeef sont tous des ultralibéraux. Je ne vise personne : je rappelle justement que cette saleté d’image nous a été carré bien dans le crane, à tous ou presque. Réussite plus géniale encore que discrète de la part du poison bruxellois. Tu parles si on quitte l’UE en deux mois. Mais patience.
Et si le Royaume-Uni ne quittait jamais l’Union européenne ?
http://www.lefigaro.fr/international/2016/06/27/01003–20160627ARTFIG00009-le-brexit-arlesienne-de-l-ete-2016.php
« Un nombre croissant de responsables directement impliqués se gardent de garantir la réalité d’un divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. David Cameron a fait savoir qu’il laisserait à son successeur le soin de provoquer la rupture, au plus tôt à l’automne.
De notre correspondant à Bruxelles
Le Brexit ? N’y comptez pas trop… Les 52 % de Britanniques qui viennent de voter « non » à l’UE ont déclenché un tremblement de terre en Europe, sur les marchés et dans les chancelleries. Mais de là à garantir un divorce officiel entre le Royaume-Uni et le Continent, il y a comme un bras de mer qu’un nombre croissant de responsables directement impliqués se gardent de franchir, à Bruxelles, à Londres et à Berlin.
Le premier flottement a surgi vendredi lorsque David Cameron a fait savoir qu’il laisserait à son successeur le soin de provoquer la rupture, au plus tôt à l’automne. Un haut responsable européen confirme que le premier ministre défait ne répondra pas à la question, lorsqu’il se retrouvera face à ses pairs des vingt-sept autres pays de l’UE, mardi soir à Bruxelles. « Je suis prêt à en mettre ma main au feu », renchérit un diplomate au fait des discussions.
Fuite calculée à Berlin ?
Le doute s’est renforcé dimanche lors d’un couac – ou d’une fuite calculée ? – à la chancellerie à Berlin. Peter Altmaier, confident d’Angela Merkel et hommes des dossiers difficiles, a amorcé une bombe : « La classe politique londonienne devrait avoir la possibilité de réfléchir une nouvelle fois aux conséquences d’un retrait ». Le Royaume Uni pourrait-il rester dans l’UE, contrairement au leitmotiv officiel des 27 ? Le conseiller Altmaier a rectifié le tir, précisant que l’Allemagne n’entendait pas faire revenir les Britanniques sur leur choix.
Mais garantir que l’on ne cherchera pas à faire changer d’avis n’interdit pas au Royaume-Uni de se raviser de lui-même, poursuit un responsable. Après avoir mariné quelques mois dans un bouillon de chaos politique interne et d’instabilité économique, les Britanniques pourraient bien faire marche arrière. Pourquoi les Continentaux brusqueraient-ils le tableau, quand le problème peut se dissoudre tout seul, dans la durée ? La chancelière, le premier ministre Cameron en sursis et son vainqueur Boris Johnson se disent prêts à attendre jusqu’à l’automne, sinon plus.
L’hypothèse d’élections législatives anticipées
« Ce qu’un référendum a fait, un autre référendum peut le défaire sans déni de démocratie », estime le diplomate. La Chambre des communes, où dominent les élus pro-européens, pourrait tout aussi bien ignorer le vote puisqu’un référendum n’est pas contraignant selon la loi. Des élections législatives anticipées dues à l’incapacité du successeur de David Cameron d’honorer les rêves de grandeur du 23 juin pourraient bouleverser la donne politique. Chut ! Il ne faut pas (encore) le dire trop fort à Londres. À Bruxelles et à Berlin, beaucoup y pensent. À Paris, on semble s’en inquiéter.
Cette tournure ne ferait ni l’affaire de François Hollande qui juge le référendum « irréversible ». Ni celle de Manuel Valls qui compte sur le départ immédiat du Royaume-Uni pour enterrer un traité commercial honni avec les États-Unis. Ni celle encore d’Emmanuel Macron qui a proposé sans rire d’adresser un « ultimatum » à Londres.
L’ambitieuse promesse franco-italienne d’une refondation rapide de l’UE et de la zone euro risque au passage d’être écornée, ce qui ne déplairait pas à Angela Merkel.
« Mon sentiment personnel est que le Royaume Uni ne signifiera jamais à ses vingt-sept partenaires qu’il veut quitter l’UE » (Un diplomate).
Le Brexit connaîtrait ainsi le même sort que le « Grexit », sortie de la Grèce à laquelle beaucoup croyaient dur comme fer il y a tout juste un an. Elle ne s’est jamais produite. Alexis Tsipras, champion du désordre établi s’est depuis transformé en réformateur-modèle, avec la bénédiction de Bruxelles. Autre référendum, autres élections peut-être, Boris Johnson pourrait-il lui aussi se heurter à la réalité et emprunter le même chemin ? « Mon sentiment personnel est que le Royaume-Uni ne signifiera jamais à ses vingt-sept partenaires qu’il veut quitter l’UE », assure le diplomate.
L’article 50 du traité de Lisbonne, désormais invoqué à toutes les sauces, ne permet en aucun cas de forcer le départ du Royaume-Uni. C’est à Londres qu’il revient légalement de l’invoquer, à sa guise et sans délai imparti. Il y aura de fortes pressions. Mais pourquoi les Britanniques se tireraient-ils dans le pied, en s’imposant un divorce aux conditions de l’UE, avec de surcroît un compte-à-rebours de deux ans, vraiment irréversible celui-là ? De fait, un discret rendez-vous des « sherpas » a confirmé, dimanche, que les Vingt-Sept changent peu à peu d’approche, à la veille du sommet : en clair, le « non » du 23 juin n’implique plus nécessairement un Brexit en bonne et due forme. Et dans tous les scénarios, Londres peut rester maître du calendrier… »
Jean-Jacques Mevel
Source : Le Figaro
Signalé par rezo.net
De la genèse d’un syndicat Jaune durant la Belle Époque aux vitres brisées de la CFDT, son dernier avatar ad hoc :
http://www.archyves.net/html/Blog/?p=7050
Signalé par rezo.net
Tapie : les juges ont achevé leur instruction
par Laurent MAUDUIT (Mediapart) :
« Les juges d’instruction ont, selon nos informations, signifié au parquet et aux protagonistes du scandale Tapie qu’ils avaient achevé leur enquête. Cette notification ouvre la voie à un procès devant un tribunal correctionnel, qui pourrait avoir lieu en 2017.
C’est une étape majeure dans l’interminable affaire Tapie qui vient d’être franchie : selon nos informations, les trois juges en charge du dossier ont notifié au parquet, au cours de la semaine écoulée, ainsi qu’aux différents protagonistes du scandale, qu’ils avaient achevé leur instruction. Cette notification ouvre donc la voie à un probable procès devant un tribunal correctionnel, sans doute dans le courant de l’année 2017. Après avoir défrayé la chronique politico-judiciaire pendant plus de 20 ans, l’affaire Tapie approche donc de son épilogue puisque si, dans la procédure pénale, les magistrats instructeurs ont bientôt fini leur office, le volet civil de l’affaire pourrait se clore dès le 30 juin prochain, avec l’arrêt attendu de la Cour de cassation.
C’est peu dire que la justice a été longue à se saisir du scandale Tapie. Alors que dès le mois de juillet 2008, dans les jours qui ont suivi l’annonce de l’octroi de 404 millions d’euros à Bernard Tapie par un tribunal arbitral en dédommagement de la vente d’Adidas par l’ex-Crédit lyonnais, des indices nombreux de fraudes avaient été mis au jour, il a fallu attendre septembre 2012 pour qu’une information judiciaire soit ouverte, confiée à trois juges d’instruction, Serge Tournaire, Claire Thépaut et Guillaume Daïeff.
Mais dès que les magistrats ont été saisis, l’affaire, qui était en passe d’être étouffée, a pris une tout autre tournure. Des dizaines et des dizaines de perquisitions, des centaines d’auditions et de procès-verbaux, des milliers d’actes de procédure : enfin, la justice s’est donné les moyens d’établir la vérité. Le résultat est celui que l’on sait. Six personnalités ont d’abord été mises en examen au printemps 2014 pour « escroquerie en bande organisée » et « complicité de détournement de fonds publics » : Bernard Tapie ; son avocat, Me Maurice Lantourne ; l’un des trois arbitres, Pierre Estoup ; l’ex-directeur de cabinet de la ministre des finances et actuel patron du groupe Orange, Stéphane Richard ; l’ex-président de la structure publique de défaisance dénommée Consortium de réalisation (CDR), Jean-François Rocchi ; et l’ex-président de l’Établissement public de financement de restructuration (EPFR – l’actionnaire du CDR), Bernard Scemama. Ultérieurement, en septembre 2015, l’ancien secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, a aussi été mis en examen « du chef de complicité [par instructions] de détournement de fonds publics commis par un particulier ».
Par ailleurs, plusieurs autres protagonistes de l’affaire ont été placés sous le statut de témoin assisté. C’est le cas des deux autres arbitres, l’ancien président du Conseil constitutionnel Pierre Mazeaud, et l’avocat et académicien Jean-Denis Bredin, et également de l’avocat du CDR, Me Gilles August.
C’est donc cette immense enquête, remontant jusque dans les sommets de l’État, que les trois magistrats ont achevée. Ils l’ont notifiée au parquet et à toutes les parties concernées, en fin de semaine dernière. La suite des événements est désormais encadrée par les dispositions prévues par l’article 175 du code de procédure pénale : […]
Quoi qu’il en soit, le scandale Tapie va donc vers son épilogue. C’est vrai, comme on vient de le voir, pour la procédure pénale. Mais c’est vrai tout autant pour la procédure civile, car dès le 30 juin prochain, la Cour de cassation pourrait rendre un ultime arrêt, confirmant les arrêts de cour d’appel ayant annulé l’arbitrage frauduleux puis condamné Bernard Tapie à rendre le pactole qu’il a indûment perçu, majoré des intérêts (lire Affaire Tapie : la cour de cassation rendra son arrêt le 30 juin).
Certes, affaire gigogne, le scandale Tapie mobilise la justice encore sur d’autres fronts. L’ex-ministre des finances et actuelle patronne du FMI, Christine Lagarde, est ainsi renvoyée pour « négligences » devant la cour de justice de la République (lire Tapie : la justice reproche à Christine Lagarde son incurie). Par ailleurs, l’enquête conduite par les trois juges d’instruction de l’affaire Tapie a mis au jour des indices si nombreux d’irrégularités dans le traitement fiscal des indemnités perçues par Bernard Tapie que ce volet de l’affaire a été détaché du reste des dossiers Tapie ; et une information judiciaire spécifique a été ouverte pour « concussion, complicité et recel »,visant notamment l’ancien ministre du budget, Éric Woerth, au sujet du cadeau fiscal qu’il a fait à Bernard Tapie en 2009. Mediapart avait révélé que Woerth lui a accordé une ristourne d’au moins 58 millions d’euros (lire Woerth visé par une enquête sur son méga cadeau fiscal à Tapie).
Et puis, il y a un dernier front judiciaire qui se mène au tribunal de commerce. Dès l’annulation de la sentence frauduleuse, Bernard Tapie aurait en effet dû être dans l’obligation de rendre le magot indûment perçu. Mais il a scandaleusement obtenu du tribunal de commerce le placement de ses sociétés dans des procédures de sauvegarde, le protégeant d’éventuelles sommations d’huissiers ; et le parquet a participé à cette manœuvre (lire Le parquet volet au secours de Tapie). Puis plus récemment, lorsque cette même affaire est venue devant la cour d’appel de Paris, le jugement du tribunal de commerce n’a pas été annulé, pour la stupéfiante raison que le parquet avait commis… une erreur de procédure ! (lire Tapie garde (encore) son magot).
Mais, par-delà toutes ces péripéties, dont certaines sont scandaleuses, il ne faut pas perdre de vue l’essentiel : au civil comme au pénal, la justice est en train de faire son office. Enfin…
Laurent Mauduit »
Lire la suite :
https://www.mediapart.fr/journal/france/270616/tapie-les-juges-ont-acheve-leur-instruction?onglet=full
Woerth visé par une enquête sur son méga cadeau fiscal à Tapie
par Laurent LAURENT MAUDUIT et Yann PHILIPPIN (Mediapart) :
« Une information judiciaire pour « concussion, complicité et recel » vient d’être ouverte contre l’ancien ministre du budget, au sujet du cadeau fiscal qu’il a fait à Bernard Tapie en 2009. Mediapart avait révélé que Woerth lui a accordé une ristourne d’au moins 58 millions d’euros. »
Éric Woerth est enfin rattrapé par le scandale Tapie. Selon une information du Canard enchaîné, confirmée à Mediapart de source judiciaire, le parquet de Paris a ouvert le 11 mars une information judiciaire pour « concussion, complicité et recel » visant l’ancien ministre du budget (Les Républicains) Éric Woerth et plusieurs membres de son cabinet de l’époque, au sujet de l’énorme cadeau fiscal accordé par Woerth à Bernard Tapie en 2009. Le délit de concussion consiste, pour une personne dépositaire de l’autorité publique, à « accorder sous une forme quelconque et pour quelque motif que ce soit une exonération ou franchise des droits, contributions, impôts ou taxes publics en violation des textes légaux ou réglementaires ». Il est passible de cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende.
Les faits, révélés par Libération et Mediapart, sont extrêmement graves. Après que Bernard Tapie a touché 405 millions d’euros à la suite de l’arbitrage frauduleux dans l’affaire Crédit Lyonnais/Adidas, Éric Woerth, alors ministre du budget et très proche du président Sarkozy, a accordé à l’homme d’affaires une ristourne de 58 à 90 millions d’euros sur les impôts à payer au titre de ce pactole, contre l’avis de sa propre administration. Afin de rendre possible ce cadeau, Woerth est allé jusqu’à modifier en secret le courrier rédigé par la Direction générale des finances publiques (DGFIP), qui avait fixé la fiscalité applicable à Tapie.
Cette manœuvre a été découverte dès 2013 par les juges d’instruction parisiens Serge Tournaire, Claire Thépaut et Guillaume Daïeff, dans le cadre de leur enquête pour « escroquerie en bande organisée » sur l’arbitrage Adidas. Mais fort curieusement, la justice ne s’était pas saisie de ces faits nouveaux, alors même que le cadeau à Tapie a été financé par l’État, c’est-à-dire par l’ensemble des contribuables.
Fort heureusement, cette inertie de la justice a mis en colère le procureur général près la Cour des comptes, Gilles Johanet. Dans un courrier au vitriol adressé au ministre des finances et daté du 24 novembre 2015, courrier que Mediapart avait révélé, ce haut magistrat interpellait Michel Sapin sur le cadeau fiscal de Woerth à Tapie, soulignant que « ces agissements pourraient être passibles de poursuites devant la Cour de discipline budgétaire et financière », et qu’« au plan pénal, ces éléments pourraient également venir à l’appui de poursuites sur le fondement du délit de concussion ».
Gilles Johanet avait adressé une copie de son courrier au procureur de Paris. Lequel a ouvert le 11 mars une information judiciaire, confiée aux trois juges d’instruction déjà chargés de l’affaire de l’arbitrage. Ces magistrats ne pourront poursuivre que les ex-collaborateurs d’Éric Woerth. Au terme de leur enquête, ils pourront saisir la Cour de justice de la république (CJR) au sujet d’Éric Woerth, cette juridiction d’exception étant la seule habilitée à poursuivre les délits commis par un ministre dans l’exercice de ses fonctions. L’ancien ministre, ancien trésorier de l’UMP et désormais responsable du projet du parti Les Républicains, va donc enfin devoir rendre des comptes à la justice.
À l’occasion de cette nouvelle procédure visant Éric Woerth, nous republions notre enquête parue le 2 décembre dernier, qui révélait les coulisses de ce scandale d’État, et dévoilait les manœuvres du cabinet d’Éric Woerth pour tordre le bras du fisc et favoriser Bernard Tapie. » […]
https://www.mediapart.fr/journal/france/220316/woerth-vise-par-une-enquete-sur-son-mega-cadeau-fiscal-tapie
Les « gradés » ne feront pas un jour de taule…c’est comme ça que ça se passe dans la maffia.
[Propagande] Brexit : L’arnaque du “vote des jeunes”…
http://www.les-crises.fr/brexit-l-arnaque-du-vote-des-jeunes/
« Évidemment, ce genre de graphique a été utilisé jusqu’à plus soif : »
« Les jeunes sont particulièrement européistes, donc…
Mais il est “dommage” – pour ne pas dire franchement manipulateur – de ne pas parler de l’abstention (sondage Sky News) : »
« Ce qui change un peu la vision des choses quand on s’intéresse à la classe d’âge entière, non ? : »
« Il est difficile d’étendre les résultats aux abstentionnistes : sont-ils aussi europhiles que les votants ? Osent-ils dire le fond de leur pensée quand ils sont sondés ?
En tous cas, leur non mobilisation démontre leur désintérêt du sujet… »
Certes, l’argument de la « jeune génération sacrifiée » n’est qu’un prétexte. Et il n’est pas utilisé par les mêmes dans d’autre circonstances où les jeunes votent « mal ». Mais l’argument central n’est à mon avis pas dénué de fondement. Les vieux ne devant plus profiter de l’organisation sociale que pendant un petit nombre d’année ont-ils les mêmes droits que les jeunes qui vont encore y vivre un grand nombre d’années ? Une personne plus âgée pensera forcément plus au court terme qu’une personne jeune. La question a déjà été abordée en science politique en dehors d’un contexte polémique (je crois que c’est Van Parijs que j’avais entendu sur le sujet).
Des idées telles que pondérer le droit de vote en fonction de l’âge (les jeunes ayant droit à une pondération plus élevée) ne me semblent pas à récuser d’emblée. Un article sur « Le pouvoir gris » est accessible ici :
http://perso.numericable.fr/~sitedurtf7/downloads/viriot2005.pdf
L’État matraquant la liberté
https://blogs.mediapart.fr/pascal-maillard/blog/280616/l‑etat-matraquant-la-liberte
Relire le discours (absolument essentiel) de Robespierre sur les Gardes Nationales :
https://old.chouard.org/Europe/ROBESPIERRE_DISCOURS_SUR_L_ORGANISATION_DES_GARDES_NATIONALES_decembre_1790_r.pdf
Ne jamais laisser un corps armé au sein d’un peuple désarmé !
Trésor et inspection générale des Finances, la caste des pantouflards
« Dans la suite de la série entamée la semaine dernière, nous publions un nouvel extrait du livre noir des banques. Ce passage revient sur les allers retours incessants entre la haute administration de Bercy et les grandes banques. Et cite quelques cas emblématiques de pantouflage, dont les énarques de l’inspection générale des Finances se sont fait une spécialité. A la clé : collusion, consanguinité et conflits d’intérêts… » (…] (Lire la suite)
http://pantouflewatch.org/2016/06/28/tresor-et-inspection-generale-des-finances-la-caste-des-pantouflards/
Source : http://pantouflewatch.org
Signalé par rezo.net
Brexit : Requiem pour un rêve
Par Ugo Bardi − Le 23 juin 2016 :
« Pendant de nombreuses années, je pensais que l’Europe unie était une excellente idée. Une institution créée par des hommes sages, qui avaient voulu éviter de répéter les erreurs horribles qui ont conduit les Européens à se massacrer les uns les autres dans deux guerres terribles. L’Europe était censée être une Europe des peuples, une force pour la paix, pour la justice, pour l’égalité, pour la défense des deux, l’humanité et la nature.
Il y a deux ans, je suis venu à Bruxelles pour une audition au Parlement européen ; ce fut un choc. L’Europe que je connaissais, l’Europe que je croyais connaître, elle n’était plus nulle part. Ce que j’ai trouvé : un tas de gens mal avisés, des bureaucrates pompeux errant dans un palais gigantesque et inutile. Les fantômes des fondateurs avaient été complètement exorcisés et maintenant ce qui restait n’était qu’une coquille vide ; une structure se perpétuant pour elle-même sans aucun objectif clair, à l’exception de forer plus de combustibles fossiles de sous la terre, et – peut-être – de faire la guerre à la Russie. Le rêve d’une Europe des peuples qui agissent pour la paix et la justice avait disparu. Requiem pour un rêve.
Et maintenant ? Il semble clair que l’Europe, comme elle est maintenant, ne peut pas survivre à ce coup et peut-être que ce n’est pas une mauvaise chose. Peut-on réformer cette Europe ? Ou pouvons-nous redémarrer à partir de zéro ? Impossible à dire. Dans tous les cas, voici le message que j’ai écrit il y a deux ans après mon voyage à Bruxelles. Si vous pouvez lire l’espagnol, vous pouvez être également intéressé par les considérations d’Antono Turiel. »
Ugo Bardi
http://lesakerfrancophone.fr/brexit-requiem-pour-un-reve
Note du Saker Francophone :
« Ce texte fait partie d’une probable longue série de chacun des auteurs familiers de ce site, pour analyser et donner leur sentiment sur ce vote des Britanniques.
Le Saker Francophone a une position anti-système assumée et en ce sens, ce vote est, espérons-le, le début de la déconstruction de ce totalitarisme soft qui menace de nous engloutir, dans un monde où se côtoierait le pire des cauchemars d’Huxley et d’Orwell.
Ce n’est que le début et il va falloir suivre les tentatives du Système qui, comme il n’est que touché mais pas coulé, et va se défendre, n’en doutons pas. »
[très intéressant]
Le monde russe et la civilisation européenne
Par Anna Zhdanova (Russie) :
http://lesakerfrancophone.fr/le-monde-russe-et-la-civilisation-europeenne
Source : Le Saker Francophone
Brexit : le peuple contre les « despotes éclairés »
Par Mathieu Bock-Côté :
FIGAROVOX/ANALYSE : Jacques Attali reproche à David Cameron d’avoir organisé le Brexit. Mathieu Bock-Côté redoute l’émergence d’un Progrès déclaré irréversible par des despotes éclairés contre lesquels les peuples n’auraient pas leur mot à dire.
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Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l’auteur d’ Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle : aux origines du malaise politique québécois(Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.
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Quelques jours avant le référendum sur le Brexit, alors que les partisans du Leave et du Remain s’opposaient vigoureusement en Grande-Bretagne, Jacques ATTALI confessait sur son blogue de L’Express le fond de sa pensée. Je la résume d’une formule : ce qui l’indignait dans ce référendum, c’était fondamentalement qu’on le tienne. On peut reprendre ses mots : « un tel réferendum implique qu’un peuple peut remettre en cause toute évolution considérée jusque-là comme irréversible, telle qu’une réforme institutionnelle, une conquête sociale, une réforme des mœurs ».
On devine aujourd’hui sa colère : un peuple à son avis insuffisamment éclairé se serait permis d’entraver la marche de l’histoire, qui passerait par le démantèlement progressif de l’État-nation. La construction européenne irait tellement de soi qu’il ne devrait pas vraiment être possible de ne pas l’endosser. Une fois la vision de Jacques Attali inscrite dans les institutions et le droit, il ne devrait plus être permis de revenir en arrière. Notre roi-philosophe improvisé, manifestement, croit savoir le sens du progrès et ne tolère pas qu’on le discute. À la rigueur, il veut bien tolérer que nous ne progressions pas à son rythme : les lumières sont inégalement distribuées en ce monde. Mais on ne saurait toutefois prendre une autre direction que la sienne. Ça, c’est interdit.
Étrange perspective sur le monde. La démocratie, ici, ne se pense plus sous le signe de la délibération mais de la révélation – et il s’agit d’une révélation presque religieuse, qui se présente sous le signe du progrès. Cette révélation, c’est que l’humanité devrait toujours pousser plus loin sa marche vers l’indifférenciation et déconstruire les catégories historiques ou anthropologiques qui résistent à ce mouvement. Les civilisations, les peuples et les religions devraient progressivement s’effacer pour que se dessine une humanité réconciliée par un métissage intensif. Les États seraient des structures politiques périmées : il faudrait les déconstruire aussi pour que prenne place progressivement une forme de gouvernance mondiale, qui s’alimenterait bien évidemment, on s’en doute, des sages conseils de Jacques Attali et des autres consciences exemplaires et lumineuses du genre humain. Une technocratie globalisée, délivrée des frontières trop étroites des vieilles nations et particulièrement, des vieilles nations européennes, pourrait ainsi piloter la marche du monde à l’abri des regrettables passions populaires. Il faudrait pour cela travailler activement à la mondialisation des enjeux politiques.
On comprend dès lors la sympathie militante de Jacques Attali pour les différents visages de l’idéologie dominante : cosmopolitisme, supranationalisme, multiculturalisme, tout ce qui pousse à la dénationalisation du monde rencontre manifestement son approbation. Tout cela, Jacques Attali le justifie au nom du progrès, qu’il saurait apparemment définir objectivement. On se demandera peut-être comment un homme si intelligent peut construire aussi ouvertement une pensée antidémocratique.
Car on connaît la suite du raisonnement : il faudrait « sanctuariser le progrès » et rendre à peu près impossibles à révoquer les grandes avancées sociétales ou identitaires qu’il embrasse. Il nous invite ainsi à faire une liste, assez longue, on s’en doute, des sujets qui devraient être éloignés des sales pattes du peuple. Car tel est l’enjeu : réserver les grandes questions de société à ceux qui sont assez éclairés pour se prononcer à leur sujet et qui communient à la même révélation que lui. Il propose d’ailleurs une mécanique fort complexe pour mettre les grands progrès sociaux à l’abri de la souveraineté populaire, en prétendant d’ailleurs se porter à la défense de l’œuvre des générations passées contre le saccage des vivants : on retrouve là, étrangement, une tournure d’esprit propre à la pensée contre-révolutionnaire, ce qui étonne chez un homme de gauche comme Jacques Attali.
On me pardonnera de le citer un peu longuement, mais je ne voudrais pas qu’on m’accuse de déformer sa pensée :
« En particulier, une génération devrait y réfléchir à deux fois avant de modifier une situation ayant un impact sur les générations suivantes. Il faudrait ensuite modifier la procédure de réforme constitutionnelle, pour s’assurer qu’un vote de circonstances ne puisse avoir des conséquences de long terme non désirées. Toute décision ayant un impact lourd sur le sort des générations suivantes, ne devrait pas pouvoir être prise par une majorité de moins de 60% des votants, réaffirmée à trois reprises à au moins un an d’écart. Certains ne verront dans cette prise de position qu’une tentative désespérée d’une oligarchie dépassée pour maintenir un ordre démodé, en méprisant les désirs des peuples. Il s’agit au contraire de donner aux peuples le temps de réfléchir aux conséquences de ses actes et d’éviter qu’une génération, par caprice, ne détruise ce que les précédentes ont voulu laisser aux suivantes ».
Le peuple serait-il néanmoins consulté au moment de mettre en place cette mécanique qui le déposséderait de pouvoirs essentiels ?
Cette tentative de neutralisation politique du peuple comme de la nation n’est pas si neuve. Elle témoigne, de manière caricaturale, peut-être, du préjugé antidémocratique d’une frange importante des élites contemporaines, qui n’en finissent plus de disqualifier le peuple moralement, comme s’il n’était plus habilité à se prononcer et à décider dès qu’une question essentielle surgit dans la vie publique.
C’est d’ailleurs pour cela qu’on assiste aujourd’hui à une judiciarisation croissante des enjeux politiques et sociétaux : on croit les tribunaux plus adaptés à la délibération dans des sociétés plurielles et complexes comme les nôtres.
Ils se déroberaient à la loi du nombre et surtout, dans une société qui se représente à travers la figure de la diversité, ils éviteraient que ne se concrétise la crainte profonde d’une tyrannie de la majorité sur les minorités. Le remplacement de la souveraineté populaire par le gouvernement des juges contribue évidemment à la dégradation gestionnaire de la politique démocratique, puisque les enjeux qui touchent à la définition même de la communauté politique sont chassés du débat public.
Dans ce grand procès du peuple, on diabolise d’ailleurs le référendum, puisqu’il permettrait au peuple d’investir une question fondamentale de ses passions particulières : il ne se pencherait pas sur la question référendaire comme sur une question d’examen. Il la politiserait, l’inscrirait dans un contexte plus vaste. Apparemment, ce serait impardonnable. Il suffit pourtant de se souvenir du référendum de 2005 sur la constitution européenne pour se souvenir de semblables propos : une fois la victoire du Non reconnue, on reprocha à Jacques Chirac d’avoir consulté le peuple. Plus encore, certains reprochèrent à Chirac d’avoir tenu un référendum national, qui viendrait ainsi reconduire la légitimité de l’espace national comme lieu de la décision démocratique.
Le philosophe Jürgen Habermas arrivera plus tard avec sa solution : le seul référendum européen valable serait celui qui convoquerait dans une même consultation l’ensemble du peuple européen, ce qui lui donnerait au même moment l’occasion de se constituer. On devine une objection majeure, que le philosophe ne peut balayer simplement du revers de la main : un peuple n’est pas qu’un artifice juridique et il ne suffit pas de décréter son existence pour le faire advenir dans la réalité de l’histoire. Le peuple n’est pas une construction sociale artificielle : c’est une réalité historique profonde.
C’est une même haine du peuple qui se fait maintenant sentir depuis la victoire du Leave. Sur les médias sociaux, on se déchaine contre le référendum. Helene Bekzemian, journaliste au Monde, a suggéré dans un tweet, à la suite de la victoire du Leave, de retirer le droit de vote aux électeurs trop vieux. Devant le tollé qu’elle a provoqué, elle s’est ensuite trouvée une position de repli : elle faisait de la provocation ! C’était une blague ! Mais, a‑t-elle pris la peine de préciser, on devrait quand même réfléchir au fait que la vieillesse imposait ici ses choix à la jeunesse, alors qu’elle n’aurait pas à vivre dans le monde pour lequel elle venait de voter. Singulière tournure d’esprit : imagine-t-on la réaction si un journaliste marqué à droite avait, sous le couvert de l’humour, proposé de retirer le droit de vote à certaines catégories de la population ? On aurait crié à la phobie. Ce commentaire est symptomatique, d’ailleurs, des préjugés idéologiques d’une caste médiatique qui construit le débat public en présentant les contradicteurs de l’idéologie dominante comme des démagogues ou des demeurés, les premiers misant sur les seconds pour acquérir pouvoir et prestige.
On le sait, quand le peuple ne partage pas les préjugés des élites médiatiques et économiques, on n’hésite pas à l’accuser de populisme : cette catégorie fourre-tout aux définitions si nombreuses qu’elles sont généralement contradictoire permet tout simplement de disqualifier la désobéissance politique du commun des mortels devant ceux qui prétendent le mettre en tutelle. Mais toujours on bute sur un peuple qui s’obstine à ne pas disparaître, qui demeure plus souvent qu’autrement fidèle à sa culture et ses traditions et qui n’apprécie pas trop qu’on le surplombe moralement comme s’il était une bête politique inquiétante à dompter. Dans la démocratie contemporaine, on pratique l’animalisation du peuple, ou pire encore, sa bestialisation.
On peut voir les choses autrement : la tenue d’un référendum, parce qu’elle permet un retour au peuple, déprend le débat public des grands paramètres de la respectabilité médiatique et de certaines catégories idéologiques fossilisées, permet au politique de resurgir dans l’histoire et de redéfinir les termes du débat public. Le corset trop étroit de la rectitude politique peut alors éclater : il ne faut pas y voir un déchainement sauvage de passions malsaines mais une redécouverte de la part existentielle du politique.
Retour à Jacques Attali. Dans le cadre du débat sur le Brexit, il a témoigné d’une forme de fondamentalisme progressiste révélant une triste obsession antinationale et antidémocratique. Il n’y a pas, en démocratie, de doctrine à ce point sacrée qu’elle devrait surplomber toutes les autres et écraser à l’avance ses contradicteurs, en affichant simplement sa splendeur morale.
On pourrait retourner l’argument contre Attali : que ferait-il si des traditionnalistes aussi convaincus que lui d’avoir une vérité révélée à imposer à la population réclamaient la possibilité de faire l’économie de la démocratie ? Que dirait-il si ces traditionnalistes voulaient par exemple sanctuariser le mariage, ou la vie, ou l’identité nationale, et voulaient blinder juridiquement et constitutionnellement leurs propres préférences politiques, quitte à transformer Jacques Attali en contradicteur impuissant, dépossédé politiquement ?
On devine qu’il dénoncerait une inadmissible manœuvre antidémocratique, et il aurait évidemment raison. Il nous permettra de penser la même chose de sa proposition.
La démocratie est fondée sur un principe fondamental : celui de la possibilité, pour les hommes, de définir les formes de l’existence collective. Cela présuppose le libre-examen de toutes les croyances et convictions : même celles de Jacques Attali. »
Mathieu Bock-Côté
http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/06/27/31001–20160627ARTFIG00277-brexit-le-peuple-contre-les-despotes-eclaires.php
Source : Le Figaro
#NDDL : pour respecter le résultat du référendum, l’aéroport sera déplacé là où les consultés ont le plus voté oui 🙂
Ça me fait penser à cet article de constitution (d’origine populaire), mis au point en mini-atelier constituant (prolifique et contagieux) :
Article XX :
§1 Pas de guerre sans référendum.
§2 Ceux qui ont voté oui à la guerre doivent la faire eux-mêmes
(rigoureusement aucune exemption ne sera acceptée).
§3 Au bout de 6 mois de guerre (quand ceux qui ont voté la guerre sont morts), un nouveau référendum doit être réorganisé.
La carte est amusante, et elle illustre bien le problème. Mais d’autre part je suis assez d’accord avec le périmètre du référendum choisi. Va-t-on ne consulter que les gens de Notre-Dame des Landes, alors que c’est l’aéroport de toute une région. si on ne consulte que ceux qui ont les désagréments, on ne fait jamais rien. On ne va pas non plus consulter toute la France : les Nantais se diront : de quoi se mêlent ces Parisiens qui ne connaissent rien au problème. Une consultation régionale me semble bien ce qu’il y a de plus justifié. Alors je comprends bien le problème pour les locaux. Je pense que dans une société idéale, ceux qui ont les inconvénients doivent être dédommagés : par exemple les voisins d’un aéroport ont les voyages gratuits à vie, ceux d’une centrale nucléaire ont l’électricité gratuite, etc …
Pour l’article sur la déclaration de guerre, j’ai lu quelque chose de semblable chez Barbara Goodwin (Justice By Lottery), mais avec une nuance astucieuse : vu que les personnes les plus âgées ne sont pas aptes à faire la guerre, lorsque la proposition de déclaration de guerre vient sur la table, seul les jeunes de l’assemblée sont autorisés à voter, et sont envoyés au front si le oui l’emporte.
De la même manière, elle propose que si l’on évoque l’éventualité de construire une centrale nucléaire, seuls ceux qui sont sur une zone où elle peut être construite ont le droit de voter. Si le oui l’emporte, on tire au sort la zone où elle sera bâtie.
Je suis assez d’accord avec ce point de vue et il est probable que si l’aéroport avait été prévu plus au nord les rôles seraient inversés.
N’importe qui râlerait si on lui disait : « Tu vois l’arbre avec le petit moineau qui gazouille à ton réveil tous les matins ? Ben on va le raser te mettre une grosse tour de contrôle avec des coucous que tu pourras entendre beugler à 20km jour et nuit ».
Pour les compensation je pense simplement qu’un bon dédommagement serait déjà le rachat des terres au prix qu’elles vont acquérir suite au développement économique de la zone d’influence de l’aéroport, et ensuite de proposer de reloger/racheter les maisons des riverains qui le souhaitent pour ne pas faire comme pour ce nouveau stade à Lyon ou les agriculteurs sont expropriés. (Tous le monde n’est pas forcément intéressé pour des voyages gratis en avions, j’ai 30 ans et je ne l’ai jamais pris)
Je note aussi que ce référendum fait apparaître d’autres contrainte peu mentionnées lors des débats sur cet aéroport au delà de l’aspect environnemental et des possibles alternatives avec l’existant.
Le fait que les communes plus au nord aient voté ‘oui’ montre que l’aéroport actuel est probablement bien moins accessible que le serai un aéroport hors agglomération (L’aéroport sera probablement livré avec un accès autoroutier sans avoir à passer par l’agglomération ou périph de Nantes)
Même si on peut critiquer le taux de participation ~50% et une faible majorité ~55% pour ce projet qui déchaine les passions depuis quelques décennies, on a quand même une majorité et surtout une majorité de communes ~70% de visu. Ce résultat aurait été tout de même plus choquant si il n’avait été du qu’à la ville de Nantes et ses alentours.
D’un point de vue extérieur je dirais donc que :
– la question est claire et va bien dans le sens du « oui alors on fait, non on ne change rien »
– le périmètre choisi est adapté au projet et ses éventuelle nuisances et retombées économiques
– la majorité en tant que % de population est largement conforté par la majorité en terme de communes (pas de Dictat du chef-lieux de dpt)
(Je comprend cependant que les riverains soient contre et le soient toujours même après)
Pour l’exemple sur l’article de la guerre je pense clairement que ça n’est pas une façon de voir la démocratie. La démocratie est, me semble t‑il, la recherche du consensus dans un peuple. Donc sur cet article en question c’est simplement de l’anarchie, quel est l’intérêt de faire un référendum pour une guerre si seul ceux qui ont voté pour s’engage ? autant qu’ils prennent directement leur baluchon et qu’ils aillent à la guerre non ? Dans ce cas on ne peut plus réellement parlé d’un peuple mais de multitude d’individualité avec parfois des intérêts communs ponctuel.
D’ailleurs, dans une autre actualité, c’est pas un peu la volonté de cette loi travail qui veut laisser chaque personne morale (entreprise) négocier seule face à chaque personne physique (employé) en effaçant la force qu’apporte l’accord de branche ? (donc de groupe) ceux qui voudront travailler plus pour gagner moins le pourront!… et les autres en pâtirons ! C’est pas vraiment démocratique…
Je force un peu le trait mais je pense que l’idée est là, un choix démocratique doit être collectif pour faire avancer le collectif et non des choix individuels qui font avancer les individus et peu voir pas le collectif.
En gros l’article devrait être limité à :
$1 pas de guerre sans référendum.
$2 pas de guerre sans unanimité.
Reste a définir ce qu’est l’unanimité dans une communauté de plusieurs millions d’habitant afin d’éliminer « le bruit » (les « trolls ») des votations. Certainement pas 100% des votants 90 p‑e ?
Ensuite se pose la question de l’effort a fournir pour convaincre 90% des gens.
Si il faut plusieurs années pour trouver un accord avec 90% de la population là où on pourrait limite le faire du jour au lendemain avec une majorité à 50% + 1 il est clair que dans le premier cas il risque d’être difficile d’avancer comme dans le second il est « trop simple » d’avancer.
Pour conclure sur le sujet de ce post, je pense que la seule chose à reprocher à ce référendum, c’est que la majorité est validé à 50% alors qu’elle devrait a minima l’être à 60% sinon 65, voire au 2⁄3.
Et enfin, je finirai en disant que laisser la décision à 100 personnes tirées au sort en assemblée à qui on aura laissé suffisamment de temps, d’intervenants et de documentation sur le sujet (comme les EID au Mali) est sûrement plus démocratique que de faire voter une population qui aura fait son choix en fonction du charisme de telle ou telle élite politique et de quelques reportages à la télé.
Jean-Marie Le Guen a sous-évalué son patrimoine.
Il apparaît que le secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement avait initialement menti sur sa première déclaration en sous-évaluant son patrimoine immobilier.
Selon les informations du Monde, Jean-Marie Le Guen a très largement sous-évalué la valeur de ses appartements, garage, terrains et immeuble dans sa déclaration. Les montants qu’il avait mentionnés étaient de 30 % à 40 % inférieurs au prix du marché.
C’est l’administration fiscale qui a fait part de ses doutes à la Haute Autorité. Certes « Patrim », la base de données avec laquelle Bercy évalue les biens immobiliers n’est pas une science exacte, mais de tels écarts sont tout de même rares.
Jean-Marie le Guen s’est d’abord justifié en décrivant des appartements plutôt sombres, mal exposés. Cela n’a pas franchement convaincu la Haute Autorité. Le ministre a fini par revoir sa copie. Le 10 juin, il adresse un « annule et remplace ». Le secrétaire d’Etat, assujetti à l’impôt de solidarité sur la fortune, déclare à présent 2,6 millions d’euros de biens immobiliers.
En acceptant de revoir sa copie, le secrétaire d’Etat a échappé à un signalement au procureur. Cette sous-déclaration ne restera toutefois pas sans conséquence. Comment le secrétaire d’Etat pourrait-il échapper à un redressement fiscal ?
Toujours selon nos informations, Jean-Marie Le Guen pourrait devoir plusieurs dizaines de milliers d’euros à la direction générale des impôts. Si le procureur de la République estime qu’il y a eu fraude fiscale, il pourrait également y avoir des suites judiciaires.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/06/27/jean-marie-le-guen-a-sous-evalue-son-patrimoine_4446645_3224.html
[Recommandé] La folie collective du Département d’État des États-Unis, par Robert Parry
http://www.les-crises.fr/recommande-la-folie-collective-du-departement-detat-des-etats-unis-par-robert-parry/#
#DémocratiePrétendumentReprésentative
#ÉlusPrétendumentCompétents
Merkel annonce un réarmement militaire massif
http://www.wsws.org/fr/articles/2016/jui2016/merk-j25.shtml
Les Etats-Unis vont installer de nouvelles armes nucléaires en Allemagne
https://francais.rt.com/international/7250-armes-atomiques-usa-allemagne
Japon : l’armée peut désormais intervenir, sous conditions, à l’étranger
http://www.lesechos.fr/29/03/2016/lesechos.fr/021801275468_japon—l‑armee-peut-desormais-intervenir–sous-conditions–a‑l-etranger.htm
Le réarmement de l’OTAN en Europe de l’Est augmente le risque d’une guerre
http://arretsurinfo.ch/le-rearmement-de-lotan-en-europe-de-lest-augmente-le-risque-dune-guerre/
Les tensions en mer de Chine poussent les pays de l’Asie-Pacifique au réarmement
http://geopolis.francetvinfo.fr/les-tensions-en-mer-de-chine-poussent-les-pays-de-l-asie-pacifique-au-rearmement-105405
La loi El Khomri mérite un référendum
https://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/280616/la-loi-el-khomri-merite-un-referendum
De Gaulle en 1963 à propos de la candidature du Royaume-Uni au Marché Commun :
https://www.facebook.com/Ina.fr/videos/1132543070125444/
Dans la série « L’Europe, c’est la paie (des ultra-riches) »
L’austérité en Grèce a fait exploser le nombre de suicides et de meurtres
[…] « Les mesures drastiques d’austérité imposées en Grèce pour assainir les finances publiques du pays se sont accompagnées d’une explosion des suicides, des meurtres et d’une détérioration de la santé publique, selon une étude américano-grecque, publiée jeudi 18 avril.
Le taux de mortalité résultant de suicides et d’homicides a augmenté de 22,7 % et de 27,6 % respectivement de 2007 à 2009 surtout parmi les hommes, précisent les auteurs de ce rapport publié dans l’American Journal of Public Health, en se basant sur les statistiques du gouvernement. Ils ont aussi constaté un accroissement du nombre de cas de troubles mentaux, d’abus de drogue et même de maladies infectieuses provoquées par le virus du Nile occidental et du sida.
Ces phénomènes ont coïncidé avec une forte hausse du chômage à la suite de la crise économique de 2007 dont le taux est passé de 7,2 % en 2008 à 22,6 % au début de 2012. Dans le même temps, les dépenses de l’Etat consacrées aux services publics ont été fortement réduites, le budget du ministère de la santé baissant pour sa part de 23,7 % de 2009 à 2011.
Cette diminution des services de santé publique s’est aussi produite au moment où un grand nombre de Grecs au chômage ont été contraints de réduire leurs recours aux soins médicaux privés pour se faire soigner dans des organismes publics, dont les moyens étaient également très réduits et plus entièrement gratuits. » […] (Lire la suite)
http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/04/19/l‑austerite-en-grece-a-fait-exploser-le-nombre-de-suicides-et-de-meurtres_3162603_3234.html
Danger de guerre : l’appel désespéré de Poutine
http://lesakerfrancophone.fr/danger-de-guerre-lappel-desespere-de-poutine
François Hollande veut « éviter la dislocation de l’Union européenne »
- « Eviter la dislocation » -
Les dirigeants des 27 ont aussi fort à faire pour « éviter la dislocation », a constaté le président français.
L’Union européenne, où l’extrême droite et les mouvements populistes ont le vent en poupe, est déjà fragilisée par une succession de crises, notamment migratoire, qui continue de les diviser comme jamais.
Depuis un an, la fracture est particulièrement profonde avec la plupart des pays de l’Est qui refusent de mettre en oeuvre les solutions collectives d’accueil de réfugiés décidées à Bruxelles.
Des pistes de « réflexion » sur l’avenir de l’Union ont été lancées dès mercredi matin, et les Européens vont se retrouver le 16 septembre à Bratislava pour tenter de trouver des terrains d’entente plus concrets.
« La situation est très grave, mais nous croyons que les 27 peuvent gérer », a souligné la chancelière allemande Angela Merkel. « Nous sommes décidés et déterminés à rester unis pour répondre aux défis », a‑t-elle martelé.
« Rien ne serait plus grave que le statu quo exploité par les populistes. Rien ne doit empêcher l’Europe d’avancer et surtout pas la décision que les Britanniques ont prise », a pour sa part estimé M. Hollande.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a ajouté à la confusion post-Brexit en affirmant « qu’il y a un certain nombre de moyens » pour renverser la décision britannique de sortir de l’UE.
« Je ne veux pas, en tant que secrétaire d’Etat, les exposer aujourd’hui. Je pense que ce serait une erreur. Mais il y a des moyens », a expliqué M. Kerry, qui s’était entretenu lundi avec M. Cameron.
http://www.boursorama.com/actualites/brexit-l-ue-enonce-ses-lignes-rouges-face-a-londres-510c5e1d31810ea6364f8f273781c49e
Attention, chef d’oeuvre.
Sur France Inter, le journaliste pro-européen Bruno Donnet analyse le prosélytisme des médias français en 3 minutes 12 :
« Prosélytisme journalistique, l’après-coup de Bruno Donnet »
Le Brexit a servi de révélateur à un problème évident des médias en France : le prosélytisme. Si les gens qui fabriquent l’information sont majoritairement pro-européens, ce n’est pas forcément le cas de ceux qui les écoutent. Il est temps de questionner urgemment le principe de la représentativité dans les médias.
https://www.youtube.com/watch?v=_KyiRYWPxLE
httpv://youtu.be/_KyiRYWPxLE
Soleil couchant sur Nuit debout 🙁
https://blogs.mediapart.fr/elise-thiebaut/blog/290616/soleil-couchant-sur-nuit-debout
Vous avez dit « populiste » ?
httpv://youtu.be/kxKBHk7yYyA
Ceux qui utilisent le mot « populiste » comme une insulte sont à l’évidence des ennemis du peuple.
[Le génocide américain continue, jusqu’au bout du bout]
Les Indiens du Canada préfèrent mourir
http://www.lemonde.fr/m‑moyen-format/article/2016/04/22/les-indiens-du-canada-preferent-mourir_4907359_4497271.html
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À propos de l’effroyable génocide des Indiens (qui dure et dure toujours, depuis l’arrivée de Christophe Colomb en 1492), je suis en train de lire (de dévorer, plutôt) :
« QUE SONT LES INDIENS DEVENUS ? Culture et génocide chez les Indiens d’Amérique du Nord », de Ward Churchill
et c’est littéralement bouleversant :
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/7405
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J’ai découvert Ward Churchill (et aussitôt commandé le seul de ses livres que j’aie trouvé traduit en français, ci-dessus évoqué) en lisant le texte suivant, important (attention, ça secoue) :
Le pacifisme comme pathologie (par Derrick Jensen)
http://partage-le.com/2015/12/le-pacifisme-comme-pathologie-par-derrick-jensen/
La trilogie du Parrain détaille comment le monde est réellement dirigé :
http://lesakerfrancophone.fr/la-trilogie-du-parrain-detaille-comment-le-monde-est-reellement-dirige
Merci aux sanctions :
la Russie est maintenant la reine du blé
par F. William Engdhal
http://lesakerfrancophone.fr/merci-aux-sanctions-la-russie-est-maintenant-la-reine-du-ble
Comment le néolibéralisme absorbe les revendications étudiantes dans les universités américaines
par Aviva Chomsky :
https://pouvoiraupeuple.wordpress.com/2016/07/02/comment-le-neoliberalisme-absorbe-les-revendications-dans-les-universites-americaines/
DANGER : Obama ignore les inquiétudes légitimes des russes concernant leur sécurité nationale
Par Eric Zuesse :
« Lorsque le président démocratiquement élu de l’Ukraine a été violemment renversé en février 2014 et remplacé par un régime rageusement anti-russe, non seulement les habitants des régions de l’Ukraine qui ont voté massivement pour lui – la Crimée ayant voté à 75% pour lui, et le Donbass à 90% – ont été terrifiés par ce qu’ils considéraient être un nouveau régime sanguinaire, mais les Russes aussi, parce que les dictateurs qui ont été installés ont clairement revendiqué leur haine des Russes et même des russophones. L’une de leur premières initiatives législatives a été de proscrire la langue russe, mais la haine flagrante à l’origine de la proposition a provoqué son rejet au parlement de l’Ukraine, parce que ce nouveau régime avait besoin de soutien extérieur, et l’interdiction d’une langue parlée par près de la moitié de la population de la nation aurait suscité une condamnation internationale.
Peu après que les Criméens ont voté massivement, le 16 mars 2014, pour se séparer de l’Ukraine et rejoindre la Russie, dont la Crimée avait fait partie jusqu’à ce que le dictateur soviétique Nikita Khrouchtchev transfère arbitrairement celle-ci à l’Ukraine en 1954, le haut commandant militaire de l’OTAN, le général américain Philip Breedlove , a dit que, parce que la Russie avait protégé les Criméens de l’invasion du régime ukrainien nouvellement installé, qui menaçait ceux-ci s’ils tenaient un référendum pour se séparer de l’Ukraine, « maintenant, il est très clair que la Russie agit beaucoup plus en adversaire qu’en partenaire », et il a spéculé sarcastiquement au sujet du « prochain pays où les russophones auraient besoin d’être incorporés en Russie » – comme si les habitants de la Crimée n’avaient pas une bonne raison de craindre le nouveau régime, et comme si les russophones dans tous les pays étaient dans la même situation et avait besoin de la même protection ; et comme si l’OTAN elle-même avait le moindre droit à commenter sur ce sujet, puisque l’Ukraine n’est même pas un membre de l’OTAN. L’Ukraine est une nation qui partage une longue frontière avec la Russie, mais cela donne-t-il à l’OTAN le droit de défendre l’Ukraine de l’agression russe ? Est-ce que l’OTAN tente de provoquer une invasion russe, pour avoir un prétexte à lancer une guerre nucléaire à grande échelle ?
Pourquoi le haut commandant militaire de l’OTAN commentait-il là-dessus ? Il représentait le président des États-Unis, non pas le peuple de l’Ukraine, et certainement pas les gens de Crimée. Ceux-ci avaient de bonnes raisons d’être terrifiés par le nouveau régime, mais le général d’Obama, qui dirigeait les opérations militaires de l’OTAN, ne s’en souciait pas du tout.
Et les risques que les États-Unis et leurs alliés faisaient courir aux populations russophones dans d’autres pays qui bordent la Russie ont également été ignorés. […] » (lire la suite)
http://lesakerfrancophone.fr/danger-obama-ignore-les-inquietudes-legitimes-des-russes-concernant-leur-securite-nationale
Information sous contrôle – Presse française : qui possède quoi :
(Le Monde diplomatique)
Marie Beyer & Jérémie Fabre, juillet 2016
http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/ppa#&gid=1&pid=1
Démence bureaucratique : libre pour être esclave
« Les écoles en Amérique aujourd’hui, sont moins préoccupées par le bien-être global des élèves, qu’elles ne le sont à veiller à ce qu’ils obéissent à toutes les règles, peu importe si elles sont utiles et si cela produit de bons résultats aux tests. L’accent mis sur l’obéissance aveugle et l’apprentissage par cœur les prépare à un travail de bureau déshumanisant, où les employeurs ne cherchent même pas à faire semblant de se soucier de leur bien-être. Au lieu de cela, ils leur font honte s’ils prennent des vacances et les forcent à faire des heures supplémentaires gratuitement. Les employeurs et les administrateurs scolaires ne se soucient que de ce qu’ils peuvent produire : les enfants ne sont pas traités différemment de jouets et les employés ne sont pas traités différemment de robots. […] (Lire la suite)
http://lesakerfrancophone.fr/demence-bureaucratique-libre-pour-etre-esclave
Les mondialistes exigent maintenant ouvertement la centralisation du Nouvel Ordre Mondial
Par Brandon Smith – Le 6 juillet 2016 – Source alt-market.com
Je l’ai dit à plusieurs reprises par le passé, lorsque les criminels élitistes commencent à admettre ouvertement leurs plans, cela signifie qu’ils sont prêts à lâcher le système actuel. Ils ne se soucient plus du tout que l’on connaisse leurs plans, parce qu’ils pensent que la victoire est inévitable.
C’est plus subtil et moins en évidence que les appels à un Nouvel Ordre Mondial publiés par le passé, c’est sûr. Cependant, à aucun autre moment je n’ai vu les financiers internationaux et leurs marionnettes, les portes-parole politiques, aussi assurés à propos de leurs appels à la centralisation mondiale, que dans le sillage de la réussite du référendum sur le Brexit. C’est comme si le Brexit avait inversé un commutateur dans le récit existant et mis en avant un flot de nouvelle propagande, le tout visant à convaincre le grand public que les banques centrales doivent unir leurs forces et agir comme une seule institution, afin de lutter contre une crise économique qui n’est même pas encore visible pour les non-croyants.
Bien que j’ai prédit l’activation de cette campagne de propagande dans mon article Brexit : Global Trigger Event, Fake Out Or Something Else ?, publié avant le vote du référendum, la vitesse à laquelle elle se développe est vraiment étonnante.
Maintenant, dans les circonstances actuelles du rallye post-Brexit de la semaine précédente (entraîné par l’espoir d’une intervention de la Banque centrale et un volume de transactions extrêmement faible), on pourrait penser que les appels globalistes pour la centralisation totale de la gestion de la politique financière ne font pas beaucoup de sens. Où est cette crise, contre laquelle les banquiers continuent de nous mettre en garde ?
Comme je l’ai souligné en détail dans les articles récents, je crois que le Brexit est un événement déclencheur partiel d’une catastrophe future sur les marchés, qui a été conçue depuis de nombreuses années. Autrement dit, une calamité financière mondiale a été délibérément mise en scène par avance, et le Brexit est destiné à agir comme un bouc émissaire pour cela. Les fondamentaux de l’économie mondiale sont de plus en plus négatifs depuis des années, et seul l’indicateur du marché des actions pouvait apparaître comme positif.
Il y a beaucoup de gens qui supposent que les actions ont échappé au pire, après le référendum au Royaume-Uni, en raison du rallye du 4 juillet. Cependant, je dirais qu’ils ne devraient pas être trop à l’aise, vu le faible pic de volume d’actions échangées jusqu’à maintenant.
Ces types de rallye ne devraient pas être une surprise. Ils étaient fréquents au cours du crash sur les dérivés de crédit qui a frappé en 2008, à la suite des faillites de Bear Sterns et Lehman Brothers. En fin de compte, le marché action est un mauvais indicateur et les fondamentaux vont toujours gagner à la fin.
Comme le note Forbes dans une analyse étonnamment honnête, le moment Lehman de 2008 n’a pas été vraiment un moment du tout. Le crash des produits dérivés a été alimenté par de nombreuses faiblesses dans la structure de la bulle de la dette ; Lehman n’était qu’un élément avec un profil plus risqué, dans un désordre déjà chaotique. Lorsque la faillite de Lehman est devenue publique, les actions ont beaucoup plongé, à une vitesse assez semblable à celle qui a été enregistrée juste après le référendum sur le Brexit. Mais, une semaine plus tard, les actions étaient remontées et de retour près des mêmes sommets, très peu de temps avant que Lehman ne tombe.
La psychologie des investisseurs sur les marchés est toujours d’aller d’abord vers ce qu’ils connaissent et c’est ce qu’ils ont été conditionnés à faire, tout comme les chiens de Pavlov. Les investisseurs aujourd’hui, comme alors, ont été conditionnés à acheter après un repli, peu importe quoi. Bien sûr, une fois la réalité et les principes fondamentaux de retour, les actions sont reparties à la baisse seulement deux semaines plus tard.
Le Brexit ne va pas disparaître et les effets négatifs qu’il annonce sont encore à peine visibles à la population. Ce processus va peser activement sur les marchés dans les mois à venir, au fur et à mesure que les investisseurs vont continuer à perdre leur foi aveugle dans le système. Nous n’avons même pas encore commencé la partie et tout cela en supposant qu’il n’y aura pas d’autres moments catalysateurs au coin de la rue.
Au-delà de la mécanique de l’économie, les élites elles-mêmes sont souvent un bon test décisif, pour prédire ce qui est sur le point d’advenir dans le casino des marchés et en dehors.
Le fait que les médias financiers grand public soient maintenant inondés par des appels à des mesures extrêmes, en coordination avec la banque centrale et de nombreuses élites avertissant d’une plus grande crise, devrait être le sujet de préoccupation pour le public. Tout comme la Banque des règlements internationaux (BRI) et le Fonds monétaire international (FMI) ont averti d’un accident en 2007 et au début de 2008 qui s’est révéléexact, ils ont également mis en garde contre un accident en 2016. Post-Brexit, le chœur desavertissements des élites a chanté à l’unisson. Ils se sont rarement trompés sur une crise économique, justement parce que ce sont ces gens qui créent les conditions de cette crise en premier lieu.
George Soros continue de prétendre que le Brexit a « accéléré une crise financière sur les marchés », même après le dernier rallye boursier.
Bloomberg, à l’appui du président de la Banque centrale européenne Mario Draghi, a publié un article intitulé Draghi souhaite un New World Order que les populistes vont aimer haïr. Bloomberg plus tard a retiré le mot New dans le titre.
L’article répète un appel grandissant des banquiers centraux au monde entier, pour cesser de se préoccuper des politiques et des problèmes domestiques pour commencer à se coordonner au niveau mondial afin de faire face aux problèmes mondiaux. La BRI contrôle déjà la politique pour prendre des décisions pour toutes les autres banques centrales, comme c’est admis dans les infâmes Harpers exposant sur la BRI, dans un article intitulé Le règne sur le monde de l’argent. Mais ce n’est jamais mentionné par Draghi ou Bloomberg.
Fait intéressant, la BRI fait maintenant la promotion non seulement d’une coordination mondiale des politiques, mais aussi de règles mondiales pour toutes les banques centrales. Si la BRI contrôle déjà les décisions politiques de la Réserve fédérale, la BCE, et de tous les autres banques centrales, alors pourquoi veulent-ils que des règles globalessoient mises en place pour ces mêmes banques centrales ?
Ils font cela parce que le but, la fin du jeu, est de le faire accepter aux masses et même qu’elles exigent une banque centrale mondiale, que ce soit sous la forme de la BRI ou du FMI, ou peut-être toutes les deux combinées en une seule entité. Encore une fois, les élites utilisent la stratégie hégélienne problème-réaction-solution pour manipuler le public selon les volontés du contrôle globaliste.
La BRI a été mise en place il y a longtemps pour ce moment-là. […]
(lire la suite…)
Source : le Saker francophone, http://lesakerfrancophone.fr/les-mondialistes-exigent-maintenant-ouvertement-la-centralisation-du-nouvel-ordre-mondial
Reuters collabore avec les terroristes en les qualifiant de « rebelles »
http://lesakerfrancophone.fr/reuters-collabore-avec-les-terroristes-en-les-qualifiant-de-rebelles
#CentralitéDeLaSouverainetéMonétaire
[Quand la Constitution d’un pays est écrite par ses pires ennemis (comme en Russie, apparemment, et comme en UE, évidemment), le peuple est volé, floué, dominé, infantilisé, exploité, martyrisé.]
Quand la Russie se débarrassera-t-elle de son talon d’Achille : la cinquième colonne ?
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La Russie, sous Poutine, a montré qu’elle ne craint personne… Alors pourquoi cette déférence envers les banksters qui tiennent la Banque centrale de la Russie sous leur l’emprise ?
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«…Ce qui est clairement ressorti cette fois, de mes entretiens à Saint-Pétersbourg, c’est que les événements se rapprochent d’un tournant décisif Marche ou crève, suite auquel soit la politique économique est officiellement mise entre les mains des cercles compétents de l’économie nationale telles que celui de Boris Titov, Andrey Klepach et Sergey Glazyev, soit elle succombera au poison insidieux du Consensus de Washington et au mythe libéral du marché libre. » F.William Engdhal
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Pendant trois jours, en juin, du 16 au 18, j’ai eu l’occasion de participer en tant que panéliste au Forum économique international annuel de Saint-Pétersbourg, en Russie.
Je suis allé en Russie à plusieurs reprises depuis le coup d’État de février 2014 en Ukraine, organisé par les États-Unis, et les escalades délibérées des militaires de l’OTAN entraînant des tensions économiques et des sanctions contre la Fédération de Russie. Le forum de cette année, mon deuxième en tant que participant, m’a donné une occasion rare de parler avec les principaux représentants de tous les secteurs de l’économie – depuis les PDG du secteur russe de l’énergie, des chemins de fer Russia Railways, du fournisseur national d’électricité Russia Grid, jusqu’au nombreuses petites et moyennes entreprises, pour finir avec un large éventail d’économistes. Cela a aiguisé ma perception de la précarité de la situation de la Russie aujourd’hui.
Ce qui est devenu plus clair pour moi, au cours des trois jours de discussions à Saint-Pétersbourg, est précisément la vulnérabilité de la Russie. Son talon d’Achille est l’idéologie dominante qui contrôle tous les postes clé de l’économie du gouvernement de la Fédération de Russie, sous le premier ministre Dmitri Medvedev.
Aux termes de la Constitution russe adoptée dans le chaos des années Eltsine et énormément influencée, sinon littéralement rédigée, par des conseillers du FMI étrangers à la Russie, la politique économique est sous la responsabilité du Premier ministre et de ses divers ministres de l’Économie, des Finances et ainsi de suite. Le président russe, Vladimir Poutine aujourd’hui, est responsable de la défense et de la politique étrangère.
C’est la Banque centrale de Russie qui rend pratiquement impossible la fourniture du flux de crédit pour investir véritablement de toute urgence dans les infrastructures nécessaires sur la vaste étendue du territoire de la Russie. La Banque centrale de Russie a reçu deux tâches, constitutionnellement mandatées quand elle a été créée comme entité indépendante du gouvernement russe dans les premiers mois de la Fédération de Russie, suite à l’éclatement de l’Union soviétique. Elle doit contrôler l’inflation intérieure russe et la stabilité du rouble par rapport aux principales monnaies étrangères. Comme les banques centrales occidentales, son rôle est presque purement monétaire, et non économique.
En juin 2015, lorsque j’ai participé pour la première fois au forum de Saint-Pétersbourg, le taux de base de la Banque centrale russe était de 11%. Au summum de la soi-disant crise du rouble en janvier 2015, il avait atteint 17%. L’été dernier, on s’attendait à ce que Elvira Nabiullina, la gouverneure de la Banque centrale depuis 2013, commence à ramener, assez rapidement, les taux centraux à des niveaux gérables, surtout à un moment où les taux de base des banques centrales comme la Banque centrale européenne, la Réserve fédérale américaine et la Banque du Japon étaient les plus faibles depuis 500 ans, à zéro ou même négatifs. En outre, depuis janvier 2016, le prix du pétrole, un facteur important dans la force de rouble car la Russie est le plus grand exportateur de pétrole au monde, a augmenté de plus de 60% par rapport au creux de $30 le baril qu’il connaissait alors, il est proche de $50 six mois plus tard.
Cette baisse des taux par la Banque centrale russe n’a pas eu lieu. Au contraire, cela tue lentement l’économie. Après un an d’attente, au début de juin 2016, la Banque centrale de Russie sous le gouvernorat de Nabiullina a effectué sa première baisse des taux… le ramenant au niveau toujours mortel de 10,5%. Peut-être devrait-on noter que la monétariste Nabiullina a été nommée, par le magazine londonien Euromoney, meilleur gouverneur de Banque centrale de l’année 2015. Cela devrait être considéré comme un mauvais présage pour la Russie. Tout aussi inquiétant était la louange adressée par la direction du FMI à Washington pour la gestion monétariste de Nabiullina lors de la crise du rouble du début 2015.
Opération réussie… le patient est mort
Ce que j’ai vécu dans mes discussions, lors de la conférence cette année – qui a connu une participation record de plus de 12 000 hommes d’affaires et autres à travers le monde – c’est le sentiment que coexistent deux gouvernements russes opposés. Tous les postes économiques et financiers importants sont fermement occupés actuellement par des économistes libéraux monétaristes, accros au libre-marché, qui pourraient être dénommés Le Jardin d’enfants de Gaïdar. Egor Gaïdar a été l’architecte, avec Jeffrey Sachs – un économiste de Harvard soutenu par Soros – du choc radical thérapeutique à l’origine des difficultés économiques qui ont frappé le pays dans les années 1990, plongeant la population dans une pauvreté massive et le pays dans l’hyperinflation.
Aujourd’hui, Le Jardin d’enfants de Gaïdar abrite l’ancien ministre des Finances, Alexeï Koudrine, un autre favori du magazine Euromoney, qui lui a attribué le titre de ministre des finances internationales de l’année 2010. Il abrite aussi le ministre de l’Économie, Alexey Ulyukaev, et le vice-Premier ministre de Medvedev, Arkady Dvorkovic.
Dvorkovic, diplômé de l’Université Duke en Caroline du Nord, est un protégé qui a directement servi au cours de ses premières années sous Egor Gaïdar. Puis, en 2010, sous le président russe Medvedev, Dvorkovic a proposé un schéma fou pour faire de Moscou un centre financier mondial, avec l’aide de Goldman Sachs et des grandes banques de Wall Street pour s’occuper de tout. On pourrait appeler ça inviter le renard dans le poulailler. Le credo économique de Dvorkovic est « Moins d’État !». Il était le lobbyiste en chef de la campagne d’adhésion à l’OMC de la Russie, et a essayé de faire adopter la privatisation rapide des actifs qui restaient encore la propriété de l’État.
C’est aujourd’hui le groupe de base autour du Premier ministre Dmitri Medvedev qui étrangle toute véritable reprise économique russe. Ils suivent le script occidental écrit à Washington par le Fonds monétaire international et le Trésor américain. Qu’ils le fassent, à ce stade, avec l’honnête conviction que c’est le mieux pour leur nation ou, à contrario, par haine psychologique profonde pour leur pays, je ne suis pas en mesure de dire. Les effets de leurs politiques, comme je l’ai appris dans mes nombreuses discussions ce mois-ci à Saint-Pétersbourg, sont dévastatrices. En effet, ils imposent eux-mêmes des sanctions économiques à la Russie, bien pires que celles des États-Unis ou de l’UE. Si le parti Russie unie de Vladimir Poutine perd les élections du 18 septembre, ce ne sera pas dû à ses initiatives de politique étrangère, pour lesquelles il jouit encore de sondages de popularité supérieurs à 80%. Ce sera parce que la Russie n’a pas nettoyé les écuries d’Augias du Jardin d’enfants de Gaïdar.
Obéir au Consensus de Washington
Suite à diverses discussions, j’ai été choqué d’apprendre que la politique officielle de l’équipe économique de Medvedev et de la Banque centrale est aujourd’hui de suivre les politiques d’austérité budgétaire standards du Consensus de Washington, mises en œuvre par le FMI. Et ceci en dépit du fait que la Russie, il y a des années, a remboursé les prêts du FMI et n’est plus sous ses conditionnalités, comme c’était le cas pendant la crise du rouble en 1998.
Non seulement cela, la Russie a un des plus faibles ratios de dette d’État par rapport au PIB de tous les grands pays dans le monde, seulement 17%, tandis que les États-Unisbénéficient d’un ratio de 104%, et les pays de la zone euro d’un niveau d’endettement moyen de plus de 90% du PIB, loin des 60% exigés par le Traité de Maastricht. Au Japon, ce ratio atteint la valeur astronomique de 229%.
La politique économique officielle de la Banque centrale de Russie aujourd’hui, avec ses taux absurdement élevés, est de ramener le taux d’inflation actuel, de seulement 8%, à son objectif de 4%, par une politique explicite d’austérité budgétaire et de réduction de la consommation. Au cours de l’histoire, aucune économie n’a réussi une politique économique par une réduction forcée de la consommation, et certainement pas la Grèce ni aucune nation africaine. Pourtant, la Banque centrale de Russie, en pilotage automatique, chante religieusement les chants de la mort grégoriens du FMI, comme s’ils étaient une formule magique. Si la Russie continue sa politique dans cette voie monétariste, il se pourrait bien que l’expression cynique « L’opération a été un succès, mais le patient est mort » s’accomplisse.
Le Club Stolypine
Il y a, autour de Medvedev, une opposition cohérente, expérimentée et de plus en plus importante contre cette cabale libérale occidentale. Ils sont actuellement représentés par ce qu’on appelle le Club Stolypine, créé par un groupe d’économistes nationaux russes en 2012, afin d’élaborer des stratégies alternatives globales pour réduire la dépendance de la Russie au dollar et stimuler la croissance de l’économie réelle.
J’ai eu l’honneur de me trouver dans un groupe rassemblant plusieurs membres et fondateurs de ce groupe. Il comprenait un co-fondateur du Club Stolypine, Boris Titov, un homme d’affaires russe et ouvertement adversaire idéologique de Koudrine, qui est président de l’organisation russe Business Russia. Il insiste sur la nécessité d’augmenter la production nationale de biens, de stimuler la demande, d’attirer des investissements, de réduire les impôts et les taux de refinancement de la Banque centrale. Titov est aujourd’hui une figure centrale des dernières initiatives de la Russie en Chine. Il a servi en tant que président de la partie russe du Conseil d’affaires russo-chinois, et il est membre du Présidium du Conseil national pour la gouvernance d’entreprise.
Mon groupe comprenait également des membres éminents du Club Stolypine : Sergeï Glaziev, conseiller du président de la Fédération de Russie, et Andrey Klepach, vice-président de la Banque VEB pour le développement. Klepach, un co-fondateur du Club Stolypine, était auparavant sous-ministre de l’Économie de la Russie et directeur du département de prévision macroéconomique du ministère du Développement économique et du Commerce. Mon impression est que ce sont des gens sérieux et dévoués, qui comprennent que le cœur de la vraie politique économique nationale est le capital humain et le bien-être de la population, pas l’inflation ou d’autres données économétriques.
Les obligations Stolypine
À ce stade, pour étendre mes remarques à l’audience de Saint-Pétersbourg, je voudrais vous faire part d’une proposition pour mettre la vaste et riche économie de la Russie et de sa population sur une trajectoire de croissance positive, malgré les sanctions et les taux d’intérêt élevés de la Banque centrale.
Tous les éléments nécessaires sont là. Le pays a la plus grande étendue de terres de toutes les nations du monde. Il a sans doute les plus riches ressources minérales inexploitées et de métaux précieux. Il a quelques-uns des meilleurs esprits scientifiques et ingénieurs dans le monde, une main‑d’œuvre qualifiée, des gens agréables et très intelligents.
Ce qui manque est la coordination de tous ces instruments pour faire une symphonie économique nationale harmonique. Bien sûr, il y a une crainte d’être accusé de retourner au Gosplan soviétique, la planification centrale par trop de gens dans des positions de gouvernement. Les cicatrices du traumatisme national soviétique ne sont que partiellement guéries par les années de règne de Poutine, qui ont permis aux Russes de se sentir à nouveau respectés dans le monde.
Les cicatrices ne sont pas seulement les conséquences des vicissitudes du communisme. Elles viennent aussi de la manière dont les États-Unis, sous le président George H.W. Bush, au début des années 1990 et ensuite sous chaque président américain depuis, ont humilié et méprisé la Russie et tout ce qui est russe. Malheureusement, ces cicatrices, consciemment ou inconsciemment, entravent encore beaucoup de titulaires des postes de responsabilité à travers le pays.
Du côté positif, il y a beaucoup de modèles réussis de développement économique sans dette. L’un d’entre eux est l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale, menée dans les années 1950 par l’autorité de crédit spéciale de l’État – Kreditanstalt für Wiederaufbau – qui a restauré l’Allemagne à partir des cendres de la guerre avec des taux d’intérêt subventionnés. Il a également été utilisé pour reconstruire l’ancienne République démocratique allemande après la réunification en 1990.
Il y a le modèle de réussite dans les années 1960 sous le président français Charles de Gaulle, appelé Planification, où chaque région, avec des représentants de tous les grands groupes sociaux, paysans, petites et moyennes entreprises, syndicats, grandes entreprises, a discuté des priorités régionales et a envoyé la conclusion des débats à un organisme central pour rédiger le plan quinquennal. Cinq ans, non pas à cause de l’imitation soviétique, mais parce que les grandes infrastructures exigent un minimum de cinq ans et que la correction possible des plans inefficaces ou obsolètes a besoin d’une période courte de cinq ans.
Je proposerais l’établissement d’une autorité unique de l’État pour le développement national des infrastructures, indépendant de la Banque centrale de Russie et du ministère des Finances. Idéalement, il y aurait un Conseil impartial de supervision, composé des ressortissants russes les plus respectés et expérimentés en matière économique de chaque région. Il serait peut-être judicieux de placer ce Conseil directement sous la responsabilité du Président. Il pourrait adopter les meilleures pratiques des deux modèles décrits ci-dessus, ainsi que d’autres succès au cours des dernières années, comme la Corée du Sud après les années 1950.
Le modèle développé par Piotr Arkadievitch Stolypine, du club éponyme d’économistes nationaux d’aujourd’hui, est approprié. En tant que président du Conseil des ministres, désigné par le tsar Nicolas II, Stolypine a servi à la fois comme Premier ministre et ministre de l’Intérieur de 1906 à 1911. Il a introduit des réformes agraires réussies pour créer une classe de propriétaires terriens de métairies axées sur le marché, et la construction d’une seconde partie du monumental Transsibérien de Sergeï Witte, le long du fleuve Amour, frontière avec la Chine. Il a commencé à transformer l’économie de la Russie de façon spectaculaire.
Je proposerais que cette autorité de l’État, suggérée pour le développement national des infrastructures, soit aussi habilitée à émettre des Obligations Stolypine spéciales pour financer une grande variété des projets d’infrastructure nationaux convenus, qui permettraient d’accélérer l’intégration économique eurasienne et la création de vastes nouveaux marchés avec la Chine, le Kazakhstan, le Belarus, jusqu’à l’Inde et l’Iran.
Les Obligations Stolypine seraient délivrées aux seuls ressortissants russes, fourniraient un taux d’intérêt attrayant et équitable, et ne seraient pas transférables aux détenteurs d’obligations étrangères. En raison de ce financement interne, elles ne seraient pas vulnérables aux guerres financières hybrides occidentales. La dette contractée ne serait pas un problème, en raison de la qualité de l’investissement et en raison du niveau actuel extraordinairement bas de l’endettement de l’État russe. L’urgence des situations exige des solutions extraordinaires.
La vente des obligations spéciales serait effectuée directement par la nouvelle autorité d’État ainsi constituée, et non par l’intermédiaire des banques, augmentant ainsi la possibilité de taux d’intérêt attractifs pour la population russe. Les obligations pourraient être distribuées au public par l’intermédiaire du réseau national de bureaux de poste, ce qui réduit les coûts de distribution. Comme l’ont fait l’Allemagne et d’autres pays déjà avec beaucoup de succès, les obligations pourraient être garanties par quelque chose que la Russie possède en quantité, ses terres.
Parce que les obligations iront exclusivement aux projets d’infrastructure jugés priorité nationale, ils seraient anti-inflationnistes. Ceci est dû à la potion magique des investissements d’infrastructure du gouvernement. En permettant une circulation plus efficace des personnes et des marchandises à travers toute la Russie, l’économie nationale pourra atteindre des zones où, par manque d’infrastructures modernes, rien n’existe aujourd’hui. De nouveaux marchés s’ouvriront et les coûts de transport seront nettement plus bas.
Les nouvelles entreprises et emplois créés par la construction des infrastructures fourniront au budget de l’État des recettes fiscales élevées issues d’une économie prospère. C’est l’opposé du modèle courant anti-inflation de la Banque centrale – réduction de la consommation –, qui a échoué. Ces investissements en expansion saperont à leur tour la puissance actuelle de la Banque centrale sur l’économie nationale, jusqu’à ce que les membres de la Douma – le Parlement russe – se rendent compte qu’il est temps de se débarrasser de la loi de 1991 régissant la Banque centrale et de rétablir l’État dans son rôle souverain sur la monnaie, ce qui est l’un des attributs essentiels de la souveraineté.
Objectivement aujourd’hui, la Russie possède tout ce dont elle a besoin pour devenir un géant économique mondial prospère et un leader technologique, en plus de la décision déjà prise de devenir chef de file mondial de l’exportation de produits agricoles naturelssans OGM.
Ce qui est clairement ressorti cette fois de mes entretiens à Saint-Pétersbourg, c’est que les événements se rapprochent d’un tournant décisif Marche ou crève, suite auquel soit la politique économique est officiellement mise entre les mains des cercles compétents de l’économie nationales telles que celui de Boris Titov, Andrey Klepach et Sergeï Glazyev, soit elle va succomber au poison insidieux du Consensus de Washington et au mythe libéral du marché libre. Après mes entretiens privés récents, je suis dans une perspective optimiste pour ce qui concerne un changement positif.
F. William Engdhal
Article Original paru dans New Eastern Outlook
Traduit par jj, relu par nadine pour le Saker francophone
http://lesakerfrancophone.fr/quand-la-russie-se-debarrassera-t-elle-de-son-talon-dachille-la-cinquieme-colonne
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[Ça ne vous rappelle rien ?…
Le fléau des hommes sur terre, c’est la tyrannie des usuriers.
Le seul moyen de nous en émanciper, c’est de devenir constituants. Personnellement. Massivement. Maintenant. ÉC]
Communiqué du Sommet de Varsovie de l’OTAN
http://www.les-crises.fr/communique-du-sommet-de-varsovie-de-lotan/
Rappel :
Passionnant (et important) :
[Traîtrise de nos représentants, terroristes protégeant leurs amis terroristes]
[11 Septembre] Les 28 pages ont été déclassifiées !
http://www.les-crises.fr/11-septembre-les-28-pages-ont-ete-declassifiees/
Ariane Walter : Hollande et la classe politique à poil
« Nous sommes dirigés par des baudruches gonflées par des puissances étrangères qui veulent se mettre toutes les richesses du monde dans leur poche. Et, nous, les petits Français, avec nos richesses et nos lois sociales, nous faisons partie des Indiens à scalper. »
http://www.legrandsoir.info/hollande-et-la-classe-politique-a-poil.html
Stéphane Koch : « Attentats : pourquoi je ne partage plus mon émotion sur les réseaux sociaux »
https://www.linkedin.com/pulse/attentats-pourquoi-je-ne-partage-plus-mon-%C3%A9motion-sur-st%C3%A9phane-koch
Tentative avortée de coup d’état en Turquie : les islamistes restent au pouvoir (mis à jour)
http://www.les-crises.fr/tentative-de-coup-detat-en-cours-en-turquie/
Passionnant :
Analyses divergentes du coup d’État en Turquie
Le coup d’État en Turquie a bien réussi, par Djordje Kuzmanovic
Erdogan : “Ce coup d’état est un cadeau que Dieu nous fait, car nous allons pouvoir purger l’armée »
httpv://youtu.be/psGL9yaMAUM
http://www.les-crises.fr/le-coup-detat-en-turquie-a-bien-reussi-par-djordje-kuzmanovic/
Documentaire « l’éducation interdite », celle qu’on n’a pas, celle qui nous permet de devenir citoyen.
http://4emesinge.com/leducation-interdite-la-educacion-prohibida-documentaire-vostfr
PS
contrairement à l’éducation actuelle, qui permet de maintenir les échelles hiérarchiques de dominance en fabricant des producteurs/consommateurs dociles