[Passionnant] FRIOT sur la LAÏCITÉ, outil radical de désintoxication des croyances religieuses capitalistes

29/04/2015 | 64 commentaires

Salut à tous. 

Je vous parle de Ber­nard Friot depuis des années. Je le trouve épa­tant, atta­chant, éman­ci­pant… important. 

Mon enthou­siasme redouble encore, cette fois, avec cette (pas­sion­nante) confé­rence sur… la laï­ci­té. Pour­tant, jusque-là je pen­sais que le concept de laï­ci­té était vrai­ment « à la marge » de mon tra­vail (je me penche très peu sur les ques­tions religieuses). 

Eh bien, vous allez voir com­ment Ber­nard replace éton­nam­ment la laï­ci­té (lai­kos = peuple) au cœur de nos réflexions poli­tiques modernes. 

Les confé­rences de Ber­nard sont de plus en plus puis­santes (et utiles), je trouve.

Ber­nard Friot : Reli­gion Capi­ta­liste & Laï­ci­té (par­tie 12) :

Ber­nard Friot : Reli­gion Capi­ta­liste & Laï­ci­té (par­tie 2/2) :

Il fau­drait retrans­crire cette confé­rence, je crois : sa langue est claire, convain­cante, son mes­sage est à la fois sub­ver­sif et éman­ci­pant. Mais je n’ai pas le temps. 

[Edit (6 mai) : ça y est 🙂 Nicole a retrans­crit toute la par­tie 1 !

https://​old​.chouard​.org/​E​u​r​o​p​e​/​B​e​r​n​a​r​d​_​F​R​I​O​T​_​L​a​i​c​i​t​e​_​v​s​_​C​a​p​i​t​a​l​i​s​m​e​_​f​e​v​r​i​e​r​_​2​0​1​5​.​pdf

Incroyable cer­veau collectif…
Mer­ci Nicole ! 🙂 ]

J’ai grat­té en l’é­cou­tant plus de 30 pages de notes (avec mon écri­ture de pattes de mouches), et je vais en retrans­crire ici les grandes lignes, pour que vous en sen­tiez l’im­por­tance (pour nous tous) :

[Extrait de mes notes, prises au vol :]

Il ne faut pas réduire la laï­ci­té à la seule sépa­ra­tion entre l’É­glise et l’É­tat ; elle passe par là, bien sûr, mais le fon­de­ment de la laï­ci­té, c’est de rendre pos­sible des lois, des ins­ti­tu­tions, qui affirment, contre le pou­voir, la sou­ve­rai­ne­té popu­laire (lai­kos = peuple).

En effet, le pou­voir exerce tou­jours son emprise contre la sou­ve­rai­ne­té popu­laire par le biais de croyances reli­gieuses, en l’oc­cur­rence aujourd’­hui des croyances « économiques ». 

On va décrire ici 5 croyances reli­gieuses, des croyances qui, aujourd’­hui, appuient le pou­voir de la classe diri­geante contre la sou­ve­rai­ne­té populaire :

1) La croyance (reli­gieuse, irra­tion­nelle) que
« le patri­moine crée de la valeur économique »
(croyance en la légi­ti­mi­té de la pro­prié­té lucra­tive ;
croyance que « il est nor­mal de tirer un reve­nu d’un patrimoine »,
alors que la seule source de valeur est — exclu­si­ve­ment — le tra­vail vivant). 

Anti­dote laïc : la copro­prié­té d’u­sage des outils de travail.

2) La croyance (reli­gieuse, irra­tion­nelle) dans
« la néces­si­té d’un mar­ché du travail »
(mar­ché du tra­vail qui est la cause pre­mière du chômage !
croyance qu’il est légi­time d’at­ta­cher le salaire au poste de travail,
et que seuls les employés subor­don­nés à un employeur créent de la valeur économique).

Anti­dote laïc : le droit au salaire à vie, comme matrice uni­ver­selle du tra­vail, avec qua­li­fi­ca­tion de la per­sonne. Nous n’a­vons pas besoin d’employeurs pour travailler.

3) La croyance (reli­gieuse, irra­tion­nelle) dans
« la néces­si­té du cré­dit pour finan­cer les investissements »
(nous pen­sons « man­quer d’argent », alors que ceux qui pro­posent de nous prê­ter de l’argent (moyen­nant un inté­rêt non néces­saire et rui­neux) viennent de nous le piquer !)

Anti­dote laïc : la sub­ven­tion de l’in­ves­tis­se­ment, grâce à l’im­pôt et à la coti­sa­tion sociale (dont nous devrions deman­der l’aug­men­ta­tion mas­sive, pour deve­nir les sou­ve­rains de la valeur). Nous n’a­vons pas besoin de prê­teurs pour finan­cer l’in­ves­tis­se­ment. Le Tré­sor public sub­ven­tionne, il ne prête pas.

4) La croyance (reli­gieuse, irra­tion­nelle) dans le fait que
« la réduc­tion du temps de tra­vail est la mesure de la productivité »
(croyance qu’il faut tra­vailler plus vite pour tra­vailler mieux ; har­cè­le­ment du management).

Anti­dote laïc : qua­li­fi­ca­tion du pro­duc­teur (et pas du poste) et conven­tion col­lec­tive (par qui le salaire ne dépend plus du temps pas­sé à travailler)

5) La croyance (reli­gieuse, irra­tion­nelle) dans le fait que
« la Sécu­ri­té sociale, c’est de la solidarité »
(croyance que « ceux qui tra­vaillent » paient pour « ceux qui ne tra­vaillent pas »).

Anti­dote laïc : la coti­sa­tion comme salaire signi­fie que TOUS ceux qui pro­duisent des biens non mar­chands pro­duisent AUSSI de la valeur économique.

Fina­le­ment, la reli­gion du capi­tal, elle nous dit que « ne pro­duit de la valeur éco­no­mique que celui qui va se vendre sur un « mar­ché du tra­vail » et se sou­mettre à un pro­prié­taire lucra­tif, qui a finan­cé son inves­tis­se­ment par cré­dit, et qui mesure la valeur de ce qu’on pro­duit par le temps pas­sé à tra­vailler. En dehors de ça, il n’y a pas de pro­duc­tion de valeur, ce n’est que de l’u­ti­li­té sociale ; donc, tous les autres, qui touchent de l’argent autre­ment, c’est grâce à la solidarité. »

Et cette reli­gion a des curés, qui viennent prê­cher le caté­chisme du capi­tal, tous les matins à la radio, au 6–9 : « si vous n’êtes pas sages, vous irez en enfer ». 

Dépla­çons notre com­bat laïc ; nos socié­tés ne sont qu’à mi-che­min dans la bagarre de la laïcité.

C’est vrai­ment une bonne syn­thèse du tra­vail de Friot, je trouve. 

C’est un nou­veau bel outil d’é­du­ca­tion popu­laire que Ber­nard — et ceux qui l’ont invi­té et ceux qui ont pro­duit ce film — nous offrent.
À nous, ensuite, de le faire connaître autour de nous. 

Faites pas­ser…

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Par ailleurs, l’as­so­cia­tion « Deve­nons Citoyens », à Basse-Terre en Gua­de­loupe, orga­nise une semaine d’é­du­ca­tion popu­laire, du 6 au 12 juin 2015, avec Ber­nard Friot et Franck Lepage (les deux en même temps ! vei­nards de Gua­de­lou­péens). Un beau moment d’é­du­ca­tion popu­laire en vue, donc.

Mais ils ont besoin de quelques sous pour finir de payer le voyage… Déci­dé­ment, je vous parle pas mal de sous, ces temps-ci… Mais bon, il faut bien finan­cer nous-mêmes nos outils d’au­to-éman­ci­pa­tion, n’est-ce pas ? 

Donc, je vous donne ici les liens qui signalent l’é­vé­ne­ment, et ceux qui invitent à aider les orga­ni­sa­teurs à finan­cer ce voyage :

• Évé­ne­ment Face­book : https://​www​.face​book​.com/​e​v​e​n​t​s​/​3​6​2​8​9​1​3​4​0​5​8​6​0​22/

• Finan­ce­ment col­lec­tif : https://​www​.lepot​com​mun​.fr/​p​o​t​/​c​g​s​h​9​02v

• Pro­gramme :

• Site de l’as­so « Deve­nons citoyens », chaîne You­tube et page FB :

http://​deve​nons​ci​toyens​.fr/

https://​www​.you​tube​.com/​c​h​a​n​n​e​l​/​U​C​X​e​D​W​6​n​h​-​C​I​3​I​Z​i​-​r​x​K​6​5Lg

https://​www​.face​book​.com/​D​e​v​e​n​o​n​s​C​i​t​o​y​ens

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Ensuite, il y a des mois que je veux vous signa­ler le der­nier livre de Ber­nard, « Éman­ci­per le tra­vail » :

C’est son meilleur livre, je trouve, il est bien adap­té au grand public. La forme des entre­tiens assez courts le rend très agréable à lire, et toute la puis­sance sub­ver­sive de ses pro­po­si­tions y est pour­tant mieux expo­sée que jamais.

Le plan du livre est là : http://​www​.reseau​-sala​riat​.info/​1​b​1​0​5​2​b​a​5​9​f​8​c​f​b​c​a​c​d​6​d​4​1​f​b​8​e​5​b​5​a​b​?​l​a​n​g​=fr

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Enfin, je veux dire encore un mot de l’ou­til d’é­du­ca­tion popu­laire créé par Ber­nard pour faire mon­ter notre niveau de conscience et d’exi­gence sur l’en­jeu du salaire : tâchez d’ai­der Réseau Sala­riat si vous le pou­vez : nous ne pou­vons comp­ter que sur nous-mêmes pour finan­cer de tels outils. 

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Mer­ci pour toutes ces pen­sées affec­tueuses et pour tous ces encou­ra­ge­ments que vous m’en­voyez tous les jours, par mail et dans les dif­fé­rents fils de com­men­taires sur le net. Je n’ai pas le temps maté­riel de vous répondre indi­vi­duel­le­ment, mal­heu­reu­se­ment, mais je le fais par la pen­sée, tou­jours avec émo­tion. On n’est forts qu’en­semble et vos témoi­gnages ami­caux me donnent bien de l’éner­gie. Merci.

Bon cou­rage à tous, bande de virus 🙂

Étienne.

Le fil de com­men­taires cor­res­pon­dant à ce billet sur Face­book :
https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​3​3​4​0​0​4​0​5​4​2​317

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Étienne

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64 Commentaires

  1. max 98

    je suis tota­le­ment soli­daire d’une nou­velle consti­tu­tion et d’une nou­velle démo­cra­tie. Mais stig­ma­ti­ser ce que nos anciens avaient comme valeur pre­mière le tra­vail en tant qu’ou­tils d’é­man­ci­pa­tion, le stig­ma­ti­ser donc pour n’en faire qu’une affaire per­met­tant de phi­lo­so­pher sur cet outil, je ne suis plus d’ac­cord. Com­pa­rer Reli­gion et laï­ci­té pour en faire un débat, c’est pen­ser à la place des hommes et ça ce n’est pas accep­table. On peut avoir une reli­gion et être laïque en pen­sée et en action ! Le tra­vail en tant que tel est une édu­ca­tion. Il ne faut pas aller trop loin dans ces débats qui détruisent la pen­sée fon­da­men­tale de cet objet. Il faut au contraire pro­mou­voir le tra­vail comme une acti­vi­té nor­male. Mais bien sur on peut aus­si relire Marx qui avait une belle théo­rie mais tota­le­ment détour­née de son fondement.

    Réponse
    • Eliade Guy

      Bon­jour,
      il ne faut pas confondre acti­vi­té humaine juste méta­bo­lisme d’ avec la nature et créa­tion de bien,de richesses voir même de biens com­muns et « tra­vail ». Ce qui est mis en cause c’ est la cap­ta­tion de cette néces­saire acti­vi­té par des pro­prié­taires. Exemple : ouvrier agri­cole, ouvrier d’ usine.
      Et l’ assu­jet­tis­se­ment de toute acti­vi­té au pro­fit. En sorte que si vous ne par­ti­ci­pez pas à l’ accu­mu­la­tion de Capi­tal alors vous ne tra­vaillez pas. Une per­sonne qui cultive son jar­din et qui est auto-suf­fi­sant ne tra­vaille pas. C’ est ce qui est dénon­cé ici. Marx voyait une double nature du tra­vail dans le sys­tème capi­ta­liste : le tra­vail concret et le tra­vail abs­trait. Le tra­vail d’ un
      menui­sier est dif­fé­rent du tra­vail d’ un chau­dron­nier, c’ est le tra­vail concret. Par contre ce qui per­met l’ échange de mar­chan­dise c’ est la quan­ti­té de tra­vail abs­trait conte­nu dans celle-ci. Si il faut deux heures de tra­vail pour faire une che­mise et deux heures pour faire une chaise alors la che­mise et la chaise valent la même quan­ti­té de monnaie.
      Ain­si l’é­change, le mar­ché, le capi­ta­lisme mesure la valeur par le temps de travail.
      Et c’ est une alié­na­tion car pour un tra­vailleur peu importe ce qu’ il fait c’ est son temps de tra­vail qui est rému­né­ré ( moins le reve­nu du capi­tal (ce que les action­naires prennent)).
      Le « tra­vail » ou plu­tôt les acti­vi­tés humaines seront éman­ci­pa­trices quand elles ne seront plus sou­mises à des lois du mar­ché mais quand elles concour­ront à la pro­duc­tion de biens com­muns et de liens sociaux.

      Je laisse à d’autres le soin de rec­ti­fier mes connais­sances marxiennes.

      Réponse
  2. Matt

    Je sou­hai­te­rais savoir com­ment la pen­sée de Ber­nard Friot pour­rait tenir face à la pos­si­bi­li­té d’ap­pa­ri­tion de la sin­gu­la­ri­té tech­no­lo­gique, spé­cia­le­ment concer­nant la ges­tion de l’in­tel­li­gence artificielle ? 

    Pour le moment je com­prends que BF consi­dère l’ou­til comme une pro­duc­tion de l’homme qui lui per­met de mul­ti­plier la valeur éco­no­mique géné­ré par la per­sonne qui tra­vail dessus.

    Dès lors qu’il y a quelque chose de non humain (exemple d’une intel­li­gence arti­fi­cielle) qui conçoit de lui même l’ou­til de tra­vail qui lui per­met de créer une quan­ti­té don­née de valeur éco­no­mique, à qui BF associe‑t il la valeur éco­no­mique en bout de chaîne ? Aux intel­li­gences arti­fi­cielles (Ce qui pose­rait la ques­tion du droit aux intel­li­gences arti­fi­cielles) ?Aux concep­teurs de l’in­tel­li­gence arti­fi­cielle (qui pro­ba­ble­ment seront les gros indus­triels d’au­jourd’­hui, micro­soft, google, …) donc une poi­gnée de salariés ?

    Ça peut paraître une ques­tion super­fi­cielle mais je m’in­quiète de voir débar­quer l’a­vè­ne­ment de situa­tions de ce genre à la suite de notre modèle éco­no­mique actuel. Ce qui attri­bue­rait de fait l’en­semble de toute la valeur éco­no­mique à une poi­gnée de bons hommes. J’ai l’im­pres­sion qu’il y a urgence à moyen terme.

    Réponse
    • Eliade Guy

      Vous décri­vez là l’ essence de la crise du Capi­ta­lisme, La mesure de la valeur d’ échange est fait par la quan­ti­té de tra­vail abs­trait (indif­fé­ren­cié) humain conte­nu dans la marchandise.
      Les machines et donc l’ IA (machines logi­ciels) ne créent pas de valeur elles ne font que des gains de pro­duc­ti­vi­té. Ce sont les tech­ni­ciens créa­teurs de machines (ou de machines logi­ciels) qui créent la valeur (d’é­change ) de l’ objet fini. Et plus il y a de gain de pro­duc­ti­vi­té plus la valeur d’ une mar­chan­dise baisse donc le taux de pro­fit du Capi­tal aussi.
      C’ est pour­quoi on dit que le Capi­ta­lisme scie la branche sur laquelle il est assis.
      Certes les mar­chan­dises de haute tech­no­lo­gie se vendent cher mal­gré les gains de productivité.
      C’ est dû au mono­pole de ceux qui détiennent des outils de pro­duc­tion sophis­ti­qués et chers.
      Mais il n’ y a pas là de fata­li­té mais bien une remise en cause de la pro­prié­té de ces outils.
      Et le capi­ta­lisme a une contra­dic­tion a résoudre : moins il y a de sala­rié moins il y a de consom­ma­teurs et moins les machines peuvent être ren­ta­bi­li­sés. Impasse.

      Réponse
  3. Eliade Guy

    Excel­lentes vidéos de Ber­nard Friot pour le fond et pour la ques­tion des cohortes de curés (payés) qui nous for­mattent à lon­gueur de temps :
    Dans les 6–9 du matin viennent prê­cher des jour­na­listes et experts, curés du caté­chisme capi­ta­liste et du par­ti de la mort ce qu’il faut croire et pen­ser sur l’ éco­no­mie, la poli­tique et la géo­po­li­tique, ils prêchent des ana­lyses de ce qui est néces­saire de croire et de faire sien pour être dans le juste

    Réponse
  4. frederick

    Quand il ne res­te­ra plus rien de l’hu­ma­ni­té , de l’é­co-sys­thème, de l’air des océans et que tout sera réduit en valeur mar­chande, vous vous direz on aura quand même bien lut­té contre le FN .
    Si vous met­tez autant d’éner­gie a lut­ter contre le capi­ta­lisme qui vous habite, alors là peut-être avez-vous une chance d’en sur­vivre. bonne chance, courage.
    je ne vote plus.

    Réponse
  5. frederick

    la laï­ci­té est aus­si deve­nue une reli­gion mal­heu­reu­se­ment, elle fait par­tie du camp du bien, pour s’é­man­ci­per du dic­tat mora­li­sa­teur de ce qu’il reste de la gauche capi­ta­liste il y a lieu de lui faire la guerre au pre­mier comme au deuxieme. le dis­cours est inté­res­sant mais je craint que le choix des mots sous-entend qu’il y aurait quelque chose a sau­ver a gauche, je n’y crois pas et nous sommes plusieurs.

    Réponse
  6. oli

    Ha mais j’a­vais déjà pos­té (dans quel sujet, je ne sais plus) un résu­mé de cette excel­lente vidéo. Tant pis… Ou tant mieux, si vous l’a­vez décou­verte à votre tour.
    J’aime beau­coup cette réflexion sur la laï­ci­té, qui a le mérite de dévoi­ler quelques unes des nom­breuses croyances aux­quelles adhèrent – aveu­glé­ment – moult per­sonnes qui s’es­timent au-des­sus des faits reli­gieux. Il y a clai­re­ment une messe de l’i­déo­lo­gie domi­nante, qui invite même, si on pousse un peu plus loin la mau­vaise com­pa­rai­son, à des sacri­fices : sacri­fices des pauvres, sacri­fices ou exclusion/condamnation de ceux qui ne par­tagent pas leurs croyances.

    Réponse
    • Eliade Guy

      Soyons opti­miste : il y a de plus en plus de gens sur la pla­nète à dénon­cer la grande messe idéo­lo­gique (vu les catas­trophes annon­cées il y a urgence) et donc
      il y aura de moins en moins « d’ exclusion/condamnation de ceux qui ne par­tagent pas leurs croyances »

      Réponse
  7. Ana Sailland

    « Anti­dote laïc : la sub­ven­tion de l’investissement, grâce à l’impôt et à la coti­sa­tion sociale » (Ber­nard Friot )

    Je tousse.

    Réponse
  8. etienne

    Je viens d’ap­prendre que l’étymologie pré­cise de laï­ci­té est plu­tôt LAIKOS que LAÏOS. 

    LAI (adj.) 1. (pop.) XIIe s. : lat. eccl.  » lai­cus », du gr.  » lai­kos  » « du peuple », qui s’op­pose à  » cle­ri­cus  » « du clergé ».
    (Nou­veau dic­tion­naire éty­mo­lo­gique du fran­çais, par Jac­que­line Picoche, édi­tion Hachette-Tchou (1971), page 375).

    J’ai donc modi­fié le mot dans mon billet. 

    Mer­ci Fred 🙂

    Réponse
  9. etienne

    RELIGION DU CAPITAL

    ORAISON DOMINICALE :

    Capi­tal, notre père, qui êtes de ce monde, Dieu tout-puis­sant, qui chan­gez le cours des fleuves et per­cez les mon­tagnes, qui sépa­rez les conti­nents et unis­sez les nations ; créa­teur des mar­chan­dises et source de vie, qui com­man­dez aux rois et aux sujets, aux patrons et aux sala­riés, que votre règne s’é­ta­blisse sur toute la terre.

    Don­nez-nous beau­coup d’a­che­teurs pre­nant nos mar­chan­dises, les mau­vaises et aus­si les bonnes ;

    Don­nez-nous des tra­vailleurs misé­rables accep­tant sans révolte tous les tra­vaux et se conten­tant du plus vil salaire ;

    Don­nez-nous des gogos croyant en nos prospectus :

    Faites que nos débi­teurs payent inté­gra­le­ment leurs dettes et que la Banque escompte notre papier ;

    Faites que Mazas ne s’ouvre jamais pour nous et écar­tez de nous la faillite ;

    Accor­dez-nous des rentes perpétuelles.

    Amen.

    ————–

    CREDO :

    Je crois au Capi­tal qui gou­verne la matière et l’esprit ;

    Je crois au Pro­fit, son fils très légi­time, et au Cré­dit, le Saint-Esprit, qui pro­cède de lui et est ado­ré conjointement ;

    Je crois à l’Or et à l’Argent, qui, tor­tu­rés dans l’Hô­tel de la Mon­naie, fon­dus au creu­set et frap­pés au balan­cier, repa­raissent au monde Mon­naie légale, et qui, trou­vés trop pesants, après avoir cir­cu­lé sur la terre entière, des­cendent dans les caves de la Banque pour res­sus­ci­ter Papier-monnaie ;

    je crois à la Rente cinq pour cent, au quatre et au trois pour cent éga­le­ment et à la Cote authen­tique des valeurs ;

    je crois au Grand-Livre de la Dette publique, qui garan­tit le Capi­tal des risques du com­merce, de l’in­dus­trie et de l’usure ;

    je crois à la Pro­prié­té indi­vi­duelle, fruit du tra­vail des autres, et à sa durée jus­qu’à la fin des siècles ;

    je crois à l’É­ter­ni­té du Sala­riat qui débar­rasse le tra­vailleur des sou­cis de la propriété ;

    je crois à la Pro­lon­ga­tion de la jour­née de tra­vail et à la Réduc­tion des salaires et aus­si à la Fal­si­fi­ca­tion des produits ;

    je crois au dogme sacré :
    ACHETER BON MARCHÉ ET VENDRE CHER ;

    et pareille­ment je crois aux prin­cipes éter­nels de notre très sainte église, l’É­co­no­mie poli­tique officielle.

    Amen.

    Paul Lafargue, « La reli­gion du capi­tal » (1887).

    https://​old​.chouard​.org/​E​u​r​o​p​e​/​E​n​_​V​r​a​c​.​pdf

    Réponse
  10. etienne

    Maximes de la sagesse divine

    1. – Le mate­lot est assailli par la tem­pête ; le mineur vit entre le gri­sou et les ébou­le­ments, l’ou­vrier se meut au milieu des roues et des cour­roies de la machine de fer ; la muti­la­tion et la mort se dressent devant le sala­rié qui tra­vaille : le capi­ta­liste qui ne tra­vaille pas est à l’a­bri de tout danger.

    2 – Le tra­vail éreinte, tue et n’en­ri­chit pas : on amasse de la for­tune, non pas en tra­vaillant, mais en fai­sant tra­vailler les autres.

    3 – La pro­prié­té est le fruit du tra­vail et la récom­pense de la paresse.

    4 – On ne tire pas du vin d’un caillou, ni des pro­fits d’un cadavre : on n’ex­ploite que les vivants. Le bour­reau qui guillo­tine un cri­mi­nel fraude le capi­tal d’un ani­mal à exploiter.

    5 – L’argent et tout ce qui rap­porte n’ont point d’odeur.

    6 – L’argent rachète ses qua­li­tés hon­teuses par sa quantité.

    7 – L’argent tient lieu de ver­tu à celui qui possède,

    8 – Un bien­fait n’est pas un bon pla­ce­ment por­tant intérêt.

    9 – En se cou­chant mieux vaut se dire j’ai fait une bonne affaire qu’une bonne action.

    10 – Le patron qui fait tra­vailler les sala­riés qua­torze heures sur vingt-quatre ne perd pas sa journée.

    11 – N’é­pargne ni le bon, ni le mau­vais ouvrier, car le bon comme le mau­vais che­val a besoin de l’éperon.

    12 – L’arbre qui ne donne pas de fruits doit être arra­ché et brû­lé ; l’ou­vrier qui ne porte plus de pro­fits doit être condam­né à la faim.

    13 – L’ou­vrier qui se révolte, nour­ris-le avec du plomb.

    14 – La feuille du mûrier prend plus de temps à se trans­for­mer en satin que le sala­rié en capital.

    15 – Voler en grand et res­ti­tuer en petit, c’est la philanthropie.

    16 – Faire coopé­rer les ouvriers à l’é­di­fi­ca­tion de sa for­tune, c’est la coopération.

    17 – Prendre la plus grosse part des fruits du tra­vail, c’est la participation.

    18 – Le capi­ta­liste, liber­taire fana­tique, ne pra­tique par l’au­mône ; car elle enlève au sans-tra­vail la liber­té de mou­rir de faim.

    19 – Les hommes ne sont rien de plus que des machines à pro­duire et à consom­mer : le capi­ta­liste achète les uns et court après les autres.

    20 – Le capi­ta­liste à deux langues dans sa bouche, l’une pour ache­ter et l’autre pour vendre.

    21 – La bouche qui ment donne la vie à la bourse.

    22 – La déli­ca­tesse et l’hon­nê­te­té sont les poi­sons des affaires.

    23 – Voler tout le monde ce n’est voler personne.

    24 – Démontre que l’homme est capable de dévoue­ment ain­si que le caniche, en te dévouant à toi-même.

    25 – Méfie-toi du mal­hon­nête homme, mais ne te fie pas à l’homme honnête.

    26 – Pro­mettre prouve de la bon­ho­mie et de l’ur­ba­ni­té, mais tenir sa pro­messe dénote de la fai­blesse mentale.

    27 – Les pièces de mon­naie sont frap­pées à l’ef­fi­gie du sou­ve­rain ou de la Répu­blique, parce que, comme les oiseaux du ciel, elles n’ap­par­tiennent qu’à celui qui les attrape.

    28 – Les pièces de cent sous se relèvent tou­jours après être tom­bées, même dans l’ordure.

    29 – Tu t’in­quiètes de beau­coup de choses, tu te crées bien des sou­cis, tu t’ef­forces d’être hon­nête, tu ambi­tionnes le savoir, tu brigues les places, tu recherches les hon­neurs ; et tout cela n’est que vani­té et pâture de vent ; une seule chose est néces­saire : le Capi­tal, encore le Capital.

    30 – La jeu­nesse se fane, la beau­té se flé­trit, l’in­tel­li­gence s’obs­cur­cit, l’or, seul, ne se ride, ni ne vieillit.

    31 – L’argent est l’âme du capi­ta­liste et le mobile de ses actions.

    32 – Je le dis en véri­té, il y a plus de gloire à être un por­te­feuille bour­ré d’or, et de billets de banque, qu’un homme plus char­gé de talents et de ver­tus que l’âne por­tant des légumes au marché.

    33 – Le génie, l’es­prit, la pudeur, la pro­bi­té, la beau­té n’existent que parce qu’ils ont une valeur vénale.

    34 – La ver­tu et le tra­vail ne sont utiles que chez autrui.

    35 – Il n’y a rien de meilleur pour le capi­ta­liste que de boire, man­ger et paillar­der : c’est aus­si ce qui lui res­te­ra de plus cer­tain quand il aura ter­mi­né ses jours.

    36 – Tant qu’il demeure par­mi les hommes qu’é­claire et que réchauffe le soleil, le capi­ta­liste doit jouir, car on ne vit pas deux fois la même heure et on n’é­chappe pas à la méchante et à la vilaine vieillesse qui sai­sit l’homme par la tête et le pousse dans le tombeau.

    37 – Au sépulcre où tu vas, tes ver­tus ne t’ac­com­pa­gne­ront pas ; tu ne trou­ve­ras que des vers.

    38 – Hors un ventre plein et digé­rant gaillar­de­ment et des sens robustes et satis­faits, il n’y a que vani­té et ron­ge­ment d’esprit.

    Paul Lafargue, « La reli­gion du capi­tal » (1887).

    https://​old​.chouard​.org/​E​u​r​o​p​e​/​E​n​_​V​r​a​c​.​pdf

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  11. etienne

    M. Thiers, dans le sein de la Com­mis­sion sur l’instruction pri­maire de 1849, disait :

    « Je veux rendre toute-puis­sante l’influence du cler­gé, parce que je compte sur lui pour pro­pa­ger cette bonne phi­lo­so­phie qui apprend à l’homme qu’il est ici-bas pour souf­frir et non cette autre phi­lo­so­phie qui dit au contraire à l’homme : jouis. » – M. Thiers for­mu­lait la morale de la classe bour­geoise dont il incar­na l’égoïsme féroce et l’intelligence étroite.

    Paul Lafargue, « Le droit à la paresse réfu­ta­tion du « droit au tra­vail » de 1848 » 1880.

    https://​old​.chouard​.org/​E​u​r​o​p​e​/​E​n​_​V​r​a​c​.​pdf

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    • quelqu'un

      anti­dote aux amis de Thiers :
      « Ivre, plus ivre, disais-tu, de renier l’i­vresse… » un homme encore se lève dans le vent. Parole brève comme éclat d’os. Le pied déjà sur l’angle de sa course …
      « Ah ! oui, toutes choses des­cel­lées ! Qu’on se le dise entre vivants !
      « Aux bas quar­tiers sur­tout – la chose est d’importance.
      « Et vous, qu’al­lez-vous faire, hommes nou­veaux, des lourdes tresses dénouées au front de l’heure répudiée ?
      « Ceux qui son­geaient les songes dans les chambres de sont cou­chés hier soir de l’autre côté du Siècle, face aux lunes adverses.
      « D’autres ont bu le vin nou­veau dans les fon­taines peintes au mini­mum. Et de ceux-là nous fûmes. Et la tris­tesse que nous fûmes s’en aille au vin nou­veau des hommes comme aux fêtes du vent !
      « Fini le songe où s’é­mer­veille l’at­tente du Songeur.
      « Notre salut est dans la hâte et la rési­lia­tion. L’im­pa­tience est en tous lieux. Et par-des­sus l’é­paule du Son­geur l’ac­cu­sa­tion de songe et d’intertie.

      Nos reven­di­ca­tions furent extrêmes, à la fron­tière de l’humain.
      Sif­flez, faillis ! les vents sont forts ! Et telle est bien notre prérogative.
      Nous nous levons avec ce très grand cri de l’homme dans le vent…

      Saint-John Perse, Vents, sixième chant

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  12. etienne

    BÉNÉDICTIONS DU TRAVAIL.

    En 1770 parut, à Londres, un écrit ano­nyme inti­tu­lé : An Essay on Trade and Com­merce. Il fit à l’époque un cer­tain bruit. Son auteur, grand phi­lan­thrope, s’indignait de ce que « la plèbe manu­fac­tu­rière d’Angleterre s’était mis dans la tête l’idée fixe qu’en qua­li­té d’Anglais, tous les indi­vi­dus qui la com­posent ont, par droit de nais­sance, le pri­vi­lège d’être plus libres et plus indé­pen­dants que les ouvriers de n’importe quel autre pays de l’Europe. Cette idée peut avoir son uti­li­té pour les sol­dats dont elle sti­mule la bra­voure ; mais moins les ouvriers des manu­fac­tures en sont imbus, mieux cela vaut pour eux-mêmes et pour l’État. Des ouvriers ne devraient jamais se tenir pour indé­pen­dants de leurs supé­rieurs. Il est extrê­me­ment dan­ge­reux d’encourager de pareils engoue­ments dans un État com­mer­cial comme le nôtre, où peut-être les sept hui­tièmes de la popu­la­tion n’ont que peu ou pas de pro­prié­té. La cure ne sera pas com­plète tant que nos pauvres de l’industrie ne se rési­gne­ront pas à tra­vailler six jours pour la même somme qu’ils gagnent main­te­nant en quatre ».

    Ain­si, près d’un siècle avant Gui­zot, on prê­chait ouver­te­ment à Londres le tra­vail comme un frein aux nobles pas­sions de l’homme. « Plus mes peuples tra­vaille­ront, moins il y aura de vices, écri­vait d’Osterode, le 5 mai 1807, Napo­léon. Je suis l’autorité […] et je serais dis­po­sé à ordon­ner que le dimanche, pas­sé l’heure des offices, les bou­tiques fussent ouvertes et les ouvriers ren­dus à leur travail. »

    Pour extir­per la paresse et cour­ber les sen­ti­ments de fier­té et d’indépendance qu’elle engendre, l’auteur de l’Essay on Trade pro­po­sait d’incarcérer les pauvres dans les mai­sons idéales du tra­vail (ideal wor­khouses) qui devien­draient « des mai­sons de ter­reur où l’on ferait tra­vailler qua­torze heures par jour, de telle sorte que, le temps des repas sous­trait, il res­te­rait douze heures de tra­vail pleines et entières. »

    Douze heures de tra­vail par jour, voi­là l’idéal des phi­lan­thropes et des mora­listes du XVIIIe siècle.

    Que nous avons dépas­sé ce nec plus ultra ! Les ate­liers modernes sont deve­nus des mai­sons idéales de cor­rec­tion où l’on incar­cère les masses ouvrières, où l’on condamne aux tra­vaux for­cés pen­dant douze et qua­torze heures, non seule­ment les hommes, mais les femmes et les enfants (8) !

    Et dire que les fils des héros de la Ter­reur se sont lais­sé dégra­der par la reli­gion du tra­vail au point d’accepter, après 1848, comme une conquête révo­lu­tion­naire, la loi qui limi­tait à douze heures le tra­vail dans les fabriques ; ils pro­cla­maient comme un prin­cipe révo­lu­tion­naire le droit au tra­vail. Honte au pro­lé­ta­riat fran­çais ! Des esclaves seuls eussent été capables d’une telle bas­sesse. Il fau­drait vingt ans de civi­li­sa­tion capi­ta­liste à un Grec des temps héroïques pour conce­voir un tel avilissement.

    Et si les dou­leurs du tra­vail for­cé, si les tor­tures de la faim se sont abat­tues sur le pro­lé­ta­riat, plus nom­breuses que les sau­te­relles de la Bible, c’est lui qui les a appe­lées. Ce tra­vail, qu’en juin 1848 les ouvriers récla­maient les armes à la main, ils l’ont impo­sé à leurs familles ; ils ont livré, aux barons de l’industrie, leurs femmes et leurs enfants. De leurs propres mains, ils ont démo­li leur foyer domes­tique ; de leurs propres mains, ils ont tari le lait de leurs femmes : les mal­heu­reuses, enceintes et allai­tant leurs bébés, ont dû aller dans les mines et les manu­fac­tures tendre l’échine et épui­ser leurs nerfs ; de leurs propres mains, ils ont bri­sé la vie et la vigueur de leurs enfants. – Honte aux prolétaires !

    Où sont ces com­mères dont parlent nos fabliaux et nos vieux contes, har­dies au pro­pos, franches de la gueule, amantes de la dive bou­teille ? Où sont ces luronnes, tou­jours trot­tant, tou­jours cui­si­nant, tou­jours chan­tant, tou­jours semant la vie en engen­drant la joie, enfan­tant sans dou­leurs des petits sains et vigou­reux ?… Nous avons aujourd’hui les filles et les femmes de fabrique, ché­tives fleurs aux pâles cou­leurs, au sang sans ruti­lance, à l’estomac déla­bré, aux membres alan­guis !… Elles n’ont jamais connu le plai­sir robuste et ne sau­raient racon­ter gaillar­de­ment com­ment l’on cas­sa leur coquille ! –

    Et les enfants ? Douze heures de tra­vail aux enfants. Ô misère ! – Mais tous les Jules Simon de l’Académie des sciences morales et poli­tiques, tous les Ger­mi­nys de la jésui­te­rie, n’auraient pu inven­ter un vice plus abru­tis­sant pour l’intelligence des enfants, plus cor­rup­teur de leurs ins­tincts, plus des­truc­teur de leur orga­nisme que le tra­vail dans l’atmosphère viciée de l’atelier capitaliste.

    Notre époque est, dit-on, le siècle du tra­vail ; il est en effet le siècle de la dou­leur, de la misère et de la corruption.

    Paul Lafargue, « Le droit à la paresse réfu­ta­tion du « droit au tra­vail » de 1848 » 1880.

    (8) Au pre­mier congrès de bien­fai­sance tenu à Bruxelles, en 1857, un des plus riches manu­fac­tu­riers de Mar­quette, près de Lille, M. Scrive, aux applau­dis­se­ments des membres du congrès, racon­tait, avec la noble satis­fac­tion d’un devoir accom­pli : « Nous avons intro­duit quelques moyens de dis­trac­tion pour les enfants. Nous leur appre­nons à chan­ter pen­dant le tra­vail, à comp­ter éga­le­ment en tra­vaillant : cela les dis­trait et leur fait accep­ter avec cou­rage ces douze heures de tra­vail qui sont néces­saires pour leur pro­cu­rer des moyens d’existence. » – Douze heures de tra­vail, et quel tra­vail ! impo­sées à des enfants qui n’ont pas douze ans ! – Les maté­ria­listes regret­te­ront tou­jours qu’il n’y ait pas un enfer pour y clouer ces chré­tiens, ces phi­lan­thropes, bour­reaux de l’enfance.

    https://​old​.chouard​.org/​E​u​r​o​p​e​/​E​n​_​V​r​a​c​.​pdf

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    • Eliade Guy

      C’ est super .. Merci

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  13. etienne

    Il est impos­sible d’é­ta­blir et de main­te­nir en pleine paix une machine d’op­pres­sion comme l’ar­mée per­ma­nente, sans que les par­tis poli­tiques ne s’en emparent pour la tour­ner contre leurs adversaires.

    Le dan­ger des coups d’É­tat et du des­po­tisme mili­taire ne ces­se­ra d’exis­ter que lorsque l’ar­mée per­ma­nente sera abo­lie et que la nation sera armée.

    Paul Lafargue, dans « Le Socia­liste », 23 juillet 1887.

    https://​old​.chouard​.org/​E​u​r​o​p​e​/​E​n​_​V​r​a​c​.​pdf

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  14. etienne

    Les éco­no­mistes s’en vont répé­ter aux ouvriers : tra­vaillez pour aug­men­ter la richesse natio­nale ! Et cepen­dant un éco­no­miste, Des­tutt de Tra­cy, répond : les nations pauvres, c’est là où le peuple est à son aise ; les nations riches, c’est là où il est ordi­nai­re­ment pauvre. Mais assour­dis et idio­ti­sés par leur propres hur­le­ments, les éco­no­mistes de répondre : tra­vaillez, tra­vaillez tou­jours pour créer votre bien-être ! Tra­vaillez pour que, deve­nant plus pauvres, vous ayez plus de rai­sons de tra­vailler et d’être misérables.

    Paul LAFARGUE : Le Droit à la paresse

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  15. etienne

    “Pour moi, l’échec du Front de gauche, du NPA et des anar­chistes, de la CGT, de Soli­daires, de la FSU et de la CNT, un échec qui dure depuis plus de trente ans et qui concerne aus­si Attac ou les éco­no­mistes atter­rés, vient de ce que ces orga­ni­sa­tions n’assument pas les ins­ti­tu­tions de 1945 dans ce qu’elles ont de révo­lu­tion­naire, à savoir le début d’une autre pra­tique de la valeur éco­no­mique (et donc du tra­vail) que sa pra­tique capitaliste :

    - salaire à vie contre emploi et mar­ché du travail,

    - pro­prié­té d’usage contre pro­prié­té lucrative,

    - coti­sa­tion-salaire contre le couple impôt-prévoyance,

    - finan­ce­ment de l’investissement sans cré­dit contre le chan­tage des prêteurs,

    - mesure de la valeur par la qua­li­fi­ca­tion du pro­duc­teur contre sa mesure par le temps de travail.

    Tout cela com­mence à se mettre en place entre les années 30 et les années 60, et ce qui est alors en jeu, ce n’est pas un autre par­tage de « la valeur » sup­po­sée inva­riante (la valeur d’échange capi­ta­liste), c’est une autre pro­duc­tion de valeur éco­no­mique débar­ras­sée de sa pra­tique capi­ta­liste, c’est-à-dire des employeurs et des action­naires ou prêteurs.

    Tant que nous conti­nue­rons à nous battre pour « prendre l’argent dans les poches du patro­nat » ou pour le « plein emploi » ou pour la « soli­da­ri­té » avec les « vic­times », autre­ment dit pour un capi­ta­lisme plus juste, nous serons battus.”

    Ber­nard Friot.

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  16. zedav

    C’est la grande réus­site des puis­sants, avoir réus­si à enfer­mer le débat dans le cadre qui leur convient, où les « résis­tants » ne font que qué­man­der aux capi­ta­listes de « ne pas exa­gé­rer » sans jamais remettre en cause la légi­ti­ma­tion de leur puis­sance par les repré­sen­ta­tions et l’i­ma­gi­naire capitaliste.

    La meilleure illus­tra­tion que j’a­vais trou­vé pour figu­rer en deux des­sins cette situa­tion et que j’a­vais envi­sa­gé un temps de pro­duire dans cer­taines mani­fes­ta­tion est celle ci : Le pre­mier des­sin montre une jambe entra­vée par le trip­tyque fer/chaîne/boulet (dette, sala­riat, mon­naie pri­vée si l’on veut) et est bar­rée en rouge avec un grand « NON ! » Le second des­sin est qua­si iden­tique mais le fer est équi­pé d’un petit cous­si­net de confort (les reven­di­ca­tions syn­di­cales), une flèche visible indi­quant ce détail et le des­sin étant alors agré­men­té d’un grand « OUI ! ».
    Pro­bable que je me ferais échar­per par les manifestants…

    La situa­tion des­dits puis­sants ne tient que sur deux piliers : la puis­sance brute, soit les forces mili­taires d’une part et le contrôle des repré­sen­ta­tions d’autre part (en der­nier res­sort, même la puis­sance brute ne leur obéit qu’en consé­quence de ce contrôle et elle sert ce contrôle – cf. 1984 – tout autant qu’elle est un moyen de réserve pour le cas où le contrôle des repré­sen­ta­tions devien­drait insuf­fi­sam­ment effi­cace). Sans cela, leur puis­sance s’ef­fon­dre­rait ins­tan­ta­né­ment. Ils le savent et c’est pour­quoi ils consacrent toute leur éner­gie à pré­ser­ver ce contrôle, ce que Friot appelle « la reli­gion capitaliste ».

    « Voler en grand et res­ti­tuer en petit, c’est la phi­lan­thro­pie. » Excellentissime !!!

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  17. Gaudefroy

    Dol­lar Akhbar !


    J’ai été inter­lo­qué quant à la 17ème minute, Ber­nard Friot énonce  » SEUL le tra­vail génère de la valeur économique « . 

    Que le Capi­tal-ren­tier n’y soit pour rien, j’adhère com­plè­te­ment. Mais quid de l’eau, du sable, du pétrole, des forêts, des abeilles ? Parce qu’ils n’ont pas le droit au salaire, on ne les cal­cule pas, et on peut conti­nuer à piller et gaspiller ?

    2 exemples :

    http://​alter​na​tives​-eco​no​miques​.fr/​b​l​o​g​s​/​r​a​v​e​a​u​d​/​2​0​1​5​/​0​4​/​0​2​/​l​a​-​c​h​i​n​e​-​a​-​c​o​n​s​o​m​m​e​-​p​l​u​s​-​d​e​-​b​e​t​o​n​-​e​n​-​3​-​a​n​s​-​q​u​e​-​l​e​s​-​e​t​a​t​s​-​u​n​i​s​-​e​n​-​u​n​-​s​i​e​c​le/

    http://​alter​na​tives​-eco​no​miques​.fr/​b​l​o​g​s​/​r​a​v​e​a​u​d​/​2​0​1​2​/​0​2​/​1​7​/​c​o​m​m​e​n​t​-​l​a​-​m​o​n​d​i​a​l​i​s​a​t​i​o​n​-​a​-​f​a​i​l​l​i​-​t​u​e​r​-​l​e​s​-​b​i​s​o​ns/

     » Dans tous les manuels d’é­co­no­mie, on vous explique que la crois­sance éco­no­mique est per­mis par 2 fac­teurs de pro­duc­tion, le capi­tal et le tra­vail (BF enlève sim­ple­ment le capi­tal). Autre­ment dit cette table sur laquelle je suis en train de m’ap­puyer a été fabri­qué par des hommes et des machines mais sans bois ni élec­tri­ci­té.  » (Gilles Raveaud aujourd’­hui sur France Inter)

    Car la valeur est géné­rée aus­si par la rare­té, et cela BF n’en parle jamais. Je ne sais plus qui sou­li­gnait qu’au 19ème, les res­sources envi­ron­ne­men­tales étaient sur­abon­dantes et les tra­vailleurs rares et donc on a fait coti­ser les tra­vailleurs alors qu’au­jourd’­hui ce sont les tra­vailleurs qui sont en sur­abon­dance et les res­sources envi­ron­ne­men­tales qui sont deve­nues rares. Alors trou­vons un modèle qui fasse coti­ser les res­sources et qui pro­fite à tous.

    Ceci dit je suis un fervent admi­ra­teur de tout son travail.

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  18. albert L

    étrange qu’ il soit aga­cé par l’ isla­mo­pho­bie de la laï­ci­té et qu’ il ne l’ ai jamais été par la chris­tia­no­pho­bie de la laïcité.

    Réponse
  19. joss

    Le pétrole, l’eau, le sable,…(les res­sources natu­relles) c’est le tra­vail de la nature. C’est un tra­vail éco­no­mique « invi­sible », il est pris en compte lors­qu’il est uti­li­sé dans le tra­vail éco­no­mique humain (celui qui crée la valeur éco­no­mique). La fina­li­té du tra­vail éco­no­mique (qui per­met d’a­dos­ser une valeur d’u­sage à la valeur éco­no­mique) est un choix poli­tique. Ce choix poli­tique devrait être déci­dé de manière démo­cra­tique (dans une démo­cra­tie digne de ce nom). Pour réa­li­ser ce choix, nous aurions besoin d’in­di­ca­teurs qui per­met­traient d’é­va­luer le gas­pillage, l’in­ci­dence sur notre envi­ron­ne­ment, sur notre santé,…

    Réponse
    • Eliade Guy
    • joss

      Le PIB n’est pas cet indicateur.

      Bob Ken­ne­dy, Uni­ver­si­té du Kan­sas, 18 mars 1968 :
      « Notre PIB prend en compte, dans ses cal­culs, la pol­lu­tion de l’air, la publi­ci­té pour le tabac et les courses des ambu­lances qui ramassent les bles­sés sur nos routes. Il comp­ta­bi­lise les sys­tèmes de sécu­ri­té que nous ins­tal­lons pour pro­té­ger nos habi­ta­tions et le coût des pri­sons où nous enfer­mons ceux qui réus­sissent à les for­cer. Il intègre la des­truc­tion de nos forêts de séquoias ain­si que leur rem­pla­ce­ment par un urba­nisme ten­ta­cu­laire et chao­tique. Il com­prend la pro­duc­tion du napalm, des armes nucléaires et des voi­tures blin­dées de la police des­ti­nées à répri­mer des émeutes dans nos villes. Il comp­ta­bi­lise la fabri­ca­tion du fusil Whit­man et du cou­teau Speck, ain­si que les pro­grammes de télé­vi­sion qui glo­ri­fient la vio­lence dans le but de vendre les jouets cor­res­pon­dants à nos enfants.

      En revanche, le PIB ne tient pas compte de la san­té de nos enfants, de la qua­li­té de leur ins­truc­tion, ni de la gaie­té de leurs jeux. Il ne mesure pas la beau­té de notre poé­sie ou la soli­di­té de nos mariages. Il ne songe pas à éva­luer la qua­li­té de nos débats poli­tiques ou l’intégrité de nos repré­sen­tants. Il ne prend pas en consi­dé­ra­tion notre cou­rage, notre sagesse ou notre culture. Il ne dit rien de notre sens de la com­pas­sion ou du dévoue­ment envers notre pays. En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. »

      Réponse
      • quelqu'un

        Magni­fique, mer­ci Joss !

        Réponse
  20. Gaudefroy

    Je m’é­tonne, cher étienne que, ain­si que Mélen­chon le fait pour son blog, vous n’u­ti­li­siez pas le logi­ciel de dic­tée Dra­gon Natu­ral­ly Spea­king. Il est impres­sio­nant d’ef­fi­ca­ci­té. Cela vous épar­gne­rait énor­mé­ment de temps de sai­sie ou le recours inces­sant aux scans/OCR. Ce logi­ciel com­prend aus­si un outil de trans­crip­tion écrite d’en­re­gis­tre­ments sonores. L’i­déal est d’a­voir, comme c’est le cas avec Friot une voix claire, arti­cu­lée et posée.

    Voi­ci donc la trans­crip­tion logi­cielle de la pre­mière par­tie de la confé­rence. Envi­ron 5 à 10% est à cor­ri­ger et il manque la ponc­tua­tion. Avis aux correcteurs…

    http://​www43​.zip​py​share​.com/​v​/​z​d​O​N​Z​b​b​d​/​f​i​l​e​.​h​tml

    Je peux vous envoyer la deuxième par­tie si nécessaire 😉

    Réponse
  21. FabriceM

    Era­di­quer la pro­prié­té lucra­tive, c’est éli­mi­ner toute pro­duc­tion qui ne soit pas com­pa­tible avec le para­digme démo­cra­to-tech­no­cra­tique ché­rit par Friot. 

    Il s’a­git d’é­ra­di­quer un sys­tème curieu­se­ment si natu­rel et rési­lient que même au fin fond d’un camp de concen­tra­tion, on trouve moyen de faire du com­merce en uti­li­sant des clopes (et non une pseu­do-mon­naie qui n’existe que par onc­tion républicaine).

    Friot est, consciem­ment ou non, un mar­xiste-léni­niste ten­dance sta­li­nienne, tout ce qu’il y a de plus dan­ge­reux. Un type res­pec­table comme Lor­don se fait bien du mal en se don­nant des fris­sons d’extrémisme lors­qu’il aborde posi­ti­ve­ment de tels délires

    Un com­mu­nisme qui doit attendre l’onc­tion répu­bli­caine pour exis­ter, c’est soit une uto­pie, soit un tota­li­ta­risme. Si une idéo­lo­gie poli­tique ne com­mence pas à por­ter ses fruits à l’é­chelle locale, il est par­fai­te­ment vain, sinon nui­sible, de la pen­ser à grande échelle.

    Réponse
  22. binnemaya

    Bon­jour Etienne,
    J’ai vu un site inté­res­sant pré­ten­dant mettre en œuvre les idées de Friot pense-tu qu’il est fiable ?
    https://​www​.maj​-eco​.fr/

    Réponse
  23. etienne

     

    Nicole a tout retrans­crit !! 🙂

     

    Ber­nard FRIOT

    Reli­gion capi­ta­liste et laïcité

    Pour­quoi et com­ment sépa­rer « l’Église Capi­ta­liste » de l’État ?

    Confé­rence à Grasse le 27 février 2015

    https://​you​tu​.be/​3​v​W​8​E​o​V​U​aEo

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    Mer­ci à la CGT, au PC, à tous ceux qui sont à l’origine de cette réunion.

    Il est bon je crois qu’un diri­geant com­mu­niste des Bouche du Rhône, Pierre Dhar­ré­ville, ait sor­ti l’an der­nier un ouvrage sur la laï­ci­té. Il ne pou­vait pas savoir que la laï­ci­té allait reve­nir sur le devant de la scène et de la pire façon depuis un mois. Je vous signale cet ouvrage parce que je crois que c’est un ouvrage très utile : Pierre Dhar­ré­ville « la laï­ci­té n’est pas ce que vous croyez » aux Édi­tions de l’Atelier 2014. Lui se réfère plu­tôt à la tra­di­tion répu­bli­caine pour pen­ser la laïcité.

    Vous avez un autre ouvrage que je crois utile, qui lui se réfère au rap­port avec la reli­gion dans la tra­di­tion Mar­xiste : Pierre Téva­nian le titre est un titre qu’il ne faut pas com­prendre à contre-sens, c’est un titre qui conteste ceux qui ont oublié la façon dont le Mar­xisme-Léni­nisme et le Trots­kisme se réfèrent à la reli­gion, et qui du coup, pour l’avoir oublié, sont dans la haine de la reli­gion, ce qui n’est en aucun cas la tra­di­tion. La haine de la reli­gion aux Édi­tions la Décou­verte 2013, qui reprend les textes de Marx, de Rosa Luxem­burg, de Lénine et de Trots­ki sur la religion.

    Je pense que ça peut être aus­si un cer­tain rap­pel, compte-tenu que, dans la variante actuel­le­ment la plus uti­li­sée de la laï­ci­té, il s’agit d’une laï­ci­té isla­mo­phobe qui jus­te­ment est abso­lu­ment à l’opposé de ce que Marx, Lénine ou Rosa Luxem­burg disent de la reli­gion. Là c’est un com­men­taire de texte de ces auteurs.

    Effec­ti­ve­ment la laï­ci­té n’est pas mon domaine de réflexion pre­mier, c’est mon aga­ce­ment — on va dire mon aga­ce­ment mais ce n’est pas un aga­ce­ment psy­cho­lo­gique, c’est une réac­tion poli­tique que j’ai là — mon aga­ce­ment devant le tour que prend la cam­pagne laïque depuis les atten­tats de jan­vier der­nier qui m’a conduit à prendre la parole sur ce ter­rain-là. Le tour que prend le débat laïque aujourd’hui, ouvre un bou­le­vard au front natio­nal et je crois qu’il est urgent de réflé­chir autre­ment sur la laïcité.

    Et le livre de Pierre Dhar­ré­ville — il y a une inter­view dans la NVO de février, puisqu’on est ici accueilli par la CGT, vous trou­ve­rez dans la Nou­velle Vie Ouvrière une inter­view de Dhar­ré­ville — le livre de Dhar­ré­ville a le grand inté­rêt de nous rame­ner aux fon­de­ments de la laï­ci­té à par­tir du mot même, laï­ci­té qui ren­voie (ce n’est pas pour être pédant que je dis ça) au mot grec Laïos, le mot grec Laïos c’est le peuple en oppo­si­tion au chef. La laï­ci­té c’est l’affirmation de la sou­ve­rai­ne­té du peuple, contre la classe diri­geante, contre le pou­voir qui empêche la liber­té, l’égalité, la fraternité.

    Ca n’est pas d’abord un concept néga­tif, c’est d’abord une thé­ma­tique beau­coup plus large que les rap­ports entre l’état et la reli­gion, c’est l’affirmation de la sou­ve­rai­ne­té popu­laire qui va se mar­quer par le droit de suf­frage uni­ver­sel, par la liber­té syn­di­cale, par le droit de grève, par le droit du tra­vail. C’est ça le fon­de­ment de la laï­ci­té : n’ayons pas de la laï­ci­té une défi­ni­tion qui la réduit aux rap­ports entre l’État et la reli­gion. Nous allons voir pour­quoi elle passe par la ques­tion des rap­ports entre l’état et la reli­gion, bien sûr, mais le fon­de­ment de la laï­ci­té n’est pas d’abord les rap­ports entre l’état et la reli­gion : le fon­de­ment de la laï­ci­té c’est de rendre pos­sible des lois, des ins­ti­tu­tions, qui affirment contre le pou­voir la sou­ve­rai­ne­té populaire.

    Pour­quoi est-ce que rendre pos­sible la sou­ve­rai­ne­té popu­laire contre le pou­voir passe par les rap­ports entre l’état et la reli­gion ? C’est parce que le pou­voir exerce son emprise contre la sou­ve­rai­ne­té popu­laire par le biais de croyances reli­gieuses. Ce sont des croyances reli­gieuses — pas elles seules mais entre autres — c’est pour ça que la laï­ci­té va pas­ser par la régu­la­tion des rap­ports entre l’État et les croyances reli­gieuses, ce sont les croyances reli­gieuses qui sont un appui déter­mi­nant du pou­voir contre la sou­ve­rai­ne­té popu­laire. Pour prendre un exemple que nous connais­sons tous : pour fon­der la répu­blique comme droit des citoyens face à la monar­chie de droit abso­lu, il a fal­lu en finir avec la croyance dans la royau­té de droit divin. Une croyance reli­gieuse venait appuyer, venait faire inté­rio­ri­ser par le peuple lui-même le pou­voir qui était exer­cé sur lui et contre sa souveraineté.

    Quelles sont les croyances reli­gieuses qui aujourd’hui appuient le pou­voir de la classe diri­geante contre la sou­ve­rai­ne­té popu­laire ? Voi­là la ques­tion qu’il faut se poser. Quelles sont les croyances reli­gieuses (c’est tou­jours les croyances reli­gieuses qui appuient le pou­voir, mais quelles sont les croyances reli­gieuses) qui aujourd’hui appuient le pou­voir contre la sou­ve­rai­ne­té popu­laire et dont il faut donc opé­rer la sépa­ra­tion d’avec l’État ?

    Les croyances reli­gieuses qui appuient le pou­voir de la classe diri­geante contre notre sou­ve­rai­ne­té, j’en ai lis­té cinq que je vais exa­mi­ner successivement :

    • Pre­miè­re­ment : La croyance que le patri­moine génère de la valeur économique.
    • Deuxiè­me­ment : La croyance dans le mar­ché du travail.
    • Troi­siè­me­ment : La croyance dans le cré­dit, dans la néces­si­té du cré­dit pour finan­cer l’investissement
    • Qua­triè­me­ment : La croyance dans le fait que la réduc­tion du temps de tra­vail est la mesure de la productivité
    • Cin­quiè­me­ment : La croyance dans le fait que la sécu­ri­té sociale c’est de la solidarité.

    Voi­là, à mon sens, les cinq croyances dont il faut que l’État se sépare, si nous vou­lons conqué­rir la sou­ve­rai­ne­té popu­laire sur l’économie.

    Aujourd’hui le droit de suf­frage est en pleine déser­rance, beau­coup dans le peuple aujourd’hui ne votent plus, la vie poli­tique est une mas­ca­rade – assez glo­ba­le­ment – avec des car­rières poli­tiques, des gens qui font de la poli­tique une car­rière, et passent l’essentiel de leur temps à pro­duire de la com­mu­ni­ca­tion. Nous sommes dans un effon­dre­ment de la vie poli­tique qui a comme ori­gine le fait que les élec­teurs, à très juste titre, ont le sen­ti­ment que quoi qu’ils votent, ça ne change pas grand-chose parce que la poli­tique aujourd’hui est impuis­sante face aux pou­voirs éco­no­miques, et que conqué­rir la sou­ve­rai­ne­té popu­laire, c’est-à-dire affir­mer la laï­ci­té, affir­mer le peuple face à la classe diri­geante, affir­mer la laï­ci­té aujourd’hui, pour la conquête de la sou­ve­rai­ne­té popu­laire passe par la sou­ve­rai­ne­té sur l’économie.

    La sou­ve­rai­ne­té popu­laire sur l’économie est un enjeu main­te­nant déci­sif, si nous ne conquer­rons pas la sou­ve­rai­ne­té sur l’économie nous allons vers des effon­dre­ments poli­tiques tout à fait dra­ma­tiques, et la conquête de la sou­ve­rai­ne­té popu­laire sur l’économie sup­pose que nous soyons laïques sur les cinq croyances que je viens de citer.

     

    LA LAÏCITÉ DOIT ÊTRE CONQUISE :

    À pro­pos de la pre­mière des croyances qui assure le pou­voir de la classe capi­ta­liste. Cette pre­mière des croyances est que le patri­moine est géné­ra­teur de valeur et qu’il est nor­mal de reti­rer un reve­nu d’un patri­moine puisque le patri­moine génère de la valeur, donc c’est nor­mal, si on a un patri­moine, qu’on en tire un reve­nu. C’est nor­mal, si on est pro­prié­taire d’un outil de tra­vail, qu’on tire de cette pro­prié­té un reve­nu ; c’est nor­mal que, si on est pro­prié­taire mobi­lier ou immo­bi­lier ou fon­cier, on en tire un reve­nu. Vous voyez bien que cette croyance — je vais vous mon­trer que c’est une croyance qui n’existe que par un phé­no­mène reli­gieux — cette croyance est bien déci­sive dans la sou­ve­rai­ne­té du capi­tal sur nos vies puisque le capi­tal repose pré­ci­sé­ment sur la pro­prié­té lucra­tive de l’outil de tra­vail par la classe capi­ta­liste, et que, tant que nous pen­sons que le patri­moine est source de pro­duc­tion de valeur, et bien ma foi, après tout, c’est légi­time qu’il y ait un reve­nu du patrimoine !

    Alors on va se battre contre le fait que le reve­nu est exces­sif — voyez Piket­ty — le reve­nu du patri­moine est exces­sif, mais enfin il est nor­mal qu’il y ait un reve­nu du patri­moine. C’est comme cela que, en croyant qu’il est nor­mal qu’il y ait un reve­nu du patri­moine, nous nous sou­met­tons à cette ins­ti­tu­tion majeure du pou­voir de la classe diri­geante sur nos vies, à ce qui empêche le peuple d’être sou­ve­rain sur l’économie, à ce qui empêche la laï­ci­té c’est-à-dire la sou­ve­rai­ne­té du peuple — le Laïos — contre la classe diri­geante, et il faut donc com­men­cer par sépa­rer l’État de cette croyance-là.

    Qu’est-ce qui génère de la valeur ? (La valeur c’est ce qu’on va expri­mer par de la mon­naie.) Qu’est-ce qui génère de la valeur ? Exclu­si­ve­ment le tra­vail : c’est le tra­vail vivant qui génère de la valeur. Si donc un patri­moine per­met de rap­por­ter un reve­nu à quelqu’un c’est que ce patri­moine lui per­met de ponc­tion­ner de la valeur sur le tra­vail d’autrui, il n’y a pas d’autres pos­si­bi­li­té. Un patri­moine ne génère aucune valeur, seul le tra­vail vivant génère de la valeur, seuls nous-mêmes par notre acti­vi­té ici et main­te­nant, géné­rons de la valeur éco­no­mique. Si donc un patri­moine per­met de récu­pé­rer des res­sources, si un patri­moine est géné­ra­teur de reve­nu ce n’est pas parce qu’il génè­re­rait de la valeur, c’est parce qu’il per­met de ponc­tion­ner de la valeur sur le tra­vail d’autrui.

    Le fait d’être pro­prié­taire de l’outil de tra­vail per­met à celui qui ne tra­vaille pas sur cet outil, mais qui fait tra­vailler d’autres sur cet outil, de récu­pé­rer une par­tie de la valeur créée par les autres. Ça n’est pas parce que l’outil crée­rait de la valeur et que donc il appor­te­rait de la valeur à la socié­té que le pro­prié­taire a un reve­nu : il a un reve­nu parce qu’il fait tra­vailler d’autres sur l’outil dont il est pro­prié­taire et il exploite le tra­vail des autres.

    En aucun cas un patri­moine ne peut géné­rer de la valeur, seul le tra­vail vivant génère de la valeur, et si l’on tire des res­sources d’un patri­moine, c’est que l’on ponc­tionne sur la valeur créée par le tra­vail d’autrui. Un tra­vailleur indé­pen­dant qui tra­vaille tout seul sur l’outil dont il est pro­prié­taire, ce n’est pas son outil qui génère le béné­fice qu’il va tirer, c’est son tra­vail, il est pro­prié­taire de son outil de tra­vail mais il n’exploite per­sonne, c’est lui-même qui tra­vaille sur cet outil. En revanche, et c’est le propre du capi­ta­lisme, le propre du capi­ta­lisme c’est de faire tra­vailler d’autres sur l’outil dont on est pro­prié­taire et d’en tirer une valeur, c’est ce qu’on appelle l’exploitation : l’exploitation du tra­vail, c’est le fait de ponc­tion­ner une par­tie de la valeur pro­duite par le tra­vail d’autrui que l’on met pour tra­vailler sur l’outil dont on est propriétaire.

    Et vous voyez, [il faut] se battre contre la croyance qu’il y a une légi­ti­mi­té à la pro­prié­té lucra­tive de l’outil de tra­vail (c’est légi­time dit le pro­prié­taire de l’outil de tra­vail, ce qui est illé­gi­time c’est qu’ils en prennent trop, qu’ils se gavent, mais qu’on tire un reve­nu d’un patri­moine c’est nor­mal, mais ça c’est de la croyance)… Jamais on ne peut tirer un reve­nu d’un patri­moine si on n’exploite pas le tra­vail d’autrui.

    Ce qui veut dire que… et c’est là que les choses se com­pliquent, c’est pour ça que la reli­gion c’est tou­jours popu­laire et que c’est un outil excep­tion­nel pour nous faire adhé­rer aux ins­ti­tu­tions qui nous sou­mettent, qui nous empêchent d’être sou­ve­rains, c’est pour ça que la laï­ci­té a tou­jours à voir avec le rap­port entre l’église et l’État, entre la reli­gion et l’état, ça a tou­jours à voir avec ça, mais parce qu’il faut rayer l’affaire, c’est au ser­vice de la sou­ve­rai­ne­té popu­laire. Encore une fois le bou­quin de Dhar­ré­ville de ce point de vue-là est fon­da­men­tal, je vous invite vive­ment à le lire.

    Le fon­de­ment de la laï­ci­té c’est le suf­frage uni­ver­sel, la liber­té syn­di­cale, le droit de grève, etc. Ça, c’est le fon­de­ment de la laï­ci­té. Mais pour pou­voir conqué­rir la sou­ve­rai­ne­té popu­laire, qui jusqu’ici passe par là mais ça ne suf­fit pas, mani­fes­te­ment, il faut d’autres droits, il faut que nous sépa­rions l’État de croyances qui appuient le pou­voir et qui appuient d’autant plus le pou­voir que nous les par­ta­geons y com­pris maté­riel­le­ment. Chaque fois que, pro­prié­taire d’un ter­rain, nous le louons à autrui, chaque fois que, pro­prié­taire d’un appar­te­ment nous le louons à autrui, nous ponc­tion­nons la valeur créée par le tra­vail d’autrui. Ça n’est pas notre patri­moine qui génère de la valeur, ce n’est pas notre patri­moine qui génère le loyer que nous en tirons, c’est le tra­vail d’autrui qui va nous reve­nir à nous parce que nous sommes pro­prié­taires. Ce n’est pas nous qui avons pro­duit la valeur qui nous revient comme pro­prié­taire d’un ter­rain ou d’un immeuble, sauf pen­dant le court laps de temps où le loyer que nous fai­sons payer cor­res­pond au tra­vail que nous avons pro­duit pour amé­na­ger ce ter­rain, ou cet appar­te­ment, ou cette chambre que nous louons. Là, pen­dant quelque temps, quelques mois, le loyer que nous per­ce­vons cor­res­pond à la valeur que notre tra­vail a pro­duite pour l’aménagement, l’amélioration de ce lieu ou de ce ter­rain. Dès que le loyer excède cette valeur, alors nous ponc­tion­nons sur le tra­vail d’autrui.

    Une ins­ti­tu­tion de notre sou­mis­sion col­lec­tive, c’est-à-dire le droit pour un pro­prié­taire d’embaucher des sala­riés dont il va ponc­tion­ner une par­tie de la valeur qu’ils créent, ça c’est l’usage capi­ta­liste de la pro­prié­té lucra­tive, cette ins­ti­tu­tion qui est l’institution de notre sou­mis­sion col­lec­tive : 1) nous en fai­sons une croyance (croire que le patri­moine génère de la valeur), 2) éven­tuel­le­ment nous la pra­ti­quons nous-mêmes.

    Comme l’a dit très jus­te­ment Jéré­mie, la classe ouvrière a conquis des ins­ti­tu­tions d’émancipation vis-à-vis des croyances de la reli­gion capi­ta­liste. Je viens de don­ner une pre­mière croyance qui est que le patri­moine génère de la valeur. Or, la classe ouvrière a conquis des ins­ti­tu­tions de sub­ver­sions de cette croyance. Qu’est ce qui sub­ver­ti la croyance dans la pro­prié­té lucra­tive ? C’est la copro­prié­té d’usage, le fait que nous conqué­rions de la sou­ve­rai­ne­té popu­laire en deve­nant copro­prié­taires d’usage de l’outil de tra­vail. Pour prendre un exemple tout à fait déci­sif qui n’a tenu que 15 ans à peu près, mais qui ne demande qu’à être réac­ti­vé : la classe ouvrière pen­dant 15 ans, entre 1946 et 1961, a été copro­prié­taire d’usage du régime géné­ral de sécu­ri­té sociale qui repré­sente l’équivalent du bud­get de l’État à peu près. Pen­dant 15 ans, des élus sala­riés ont géré les caisses de sécu­ri­té sociale en éli­sant les direc­teurs de caisse, et ça a par­fai­te­ment mar­ché, mais ils ne tiraient de cette acti­vi­té de pro­prié­té — le pro­prié­taire, c’est celui qui décide — ils ne tiraient de cette capa­ci­té à déci­der aucune res­source, aucun reve­nu, c’était de la pro­prié­té d’usage.

    La pro­prié­té d’usage c’est le contraire de la pro­prié­té lucra­tive, ce dont il s’agit c’est ce par quoi il faut rem­pla­cer la pro­prié­té lucra­tive. Donc le pre­mier acte de laï­ci­té, c’est-à-dire d’affirmation de la sou­ve­rai­ne­té popu­laire sur l’économie contre le pou­voir capi­ta­liste, c’est de rem­pla­cer la pro­prié­té lucra­tive par la pro­prié­té d’usage. Pre­mier acte laïque irré­cu­pé­rable par le Front Natio­nal, alors que la guerre à la reli­gion, sin­gu­liè­re­ment à la reli­gion des mino­ri­taires c’est-à-dire l’Islam, ça c’est faci­le­ment récu­pé­rable par le Front Natio­nal, et ça fait tout à fait les affaires du pou­voir éco­no­mique, ça le dérange pas du tout au contraire, ça l’arrange, ça fait diversion.

    Conqué­rir la sou­ve­rai­ne­té popu­laire, ce qui est le cœur du Laïos. La laï­ci­té passe par la sépa­ra­tion de l’État et des croyances et les croyances qui aujourd’hui sont au ser­vice du pou­voir sont des croyances qui relèvent de l’économie.

    Vous en avez un témoi­gnage per­ma­nent, Jéré­mie fai­sait allu­sion aux tranches du 79 du matin, ça démarre main­te­nant à 6 h même parce qu’il faut nous emmer­der dès 6 h du matin. Le 69, c’est des curés qui viennent prê­cher. Qu’est-ce que c’est qu’un éco­no­miste qui est à la radio, un jour­na­liste, c’est un type qui prêche, et qui prêche « si vous n’êtes pas sages vous irez en enfer, regar­dez, les grecs n’ont pas été sages et ils sont en enfer ». Ces curés qui nous encombrent tous les matins ce ne sont pas les curés clas­siques, et plus ils se trompent plus ils ont de l’autorité : ces éco­no­mistes n’avaient rien vu venir avant 2007, ils sont tou­jours là, ils plas­tronnent pour nous racon­ter la reli­gion qu’il faut croire.

    De même qu’il était de salu­bri­té publique à l’époque où c’était l’église catho­lique qui était le por­teur des croyances au ser­vice du pou­voir éco­no­mique, d’aller taper la belote le dimanche pen­dant le ser­mon du curé, ça serait de salu­bri­té publique de fer­mer nos radios de 6 h à 9 h du matin déjà (pour ceux qui ne l’ont pas encore fait). On pour­rait évi­ter au moins le ser­mon du curé, y a déjà ça qu’on peut évi­ter. « Ah ben oui, j’ai envie de savoir ce qu’il raconte »… On sait ce qu’il raconte… Pour­quoi se faire mal en per­ma­nence avec un ser­mon qui nous aliène.

    Deuxième croyance dont il s’agit de sépa­rer l’État : La croyance dans le mar­ché du tra­vail. Le mar­ché du tra­vail, c’est là encore l’institution de notre sou­mis­sion à la classe capi­ta­liste, et c’est une ins­ti­tu­tion qui fait l’objet de notre croyance, et quand je dis nous, je dis y com­pris le Front de Gauche, y com­pris la CGT, je ne parle pas des autres, je parle de nous qui sommes ici et qui avons un énorme effort à faire de dépla­ce­ment du com­bat laïque vers son ter­rain fon­da­men­tal : com­ment sépa­rer l’État des croyances qui empêchent la sou­ve­rai­ne­té popu­laire sur l’économie.

    La croyance dans le mar­ché du tra­vail, c’est la croyance dans le fait que nous n’avons pas droit au salaire à vie, non, on n’a pas droit au salaire à vie. Pour avoir de l’argent il faut pro­duire de la valeur éco­no­mique, donc pre­mière croyance : ceux qui ont de l’argent par le patri­moine, c’est parce que le patri­moine pro­duit de la valeur éco­no­mique ; et deuxième croyance : qui pro­duit de la valeur éco­no­mique ? Ceux qui vont sur le mar­ché du tra­vail (les autres n’en pro­duisent pas). Seuls ceux qui vont sur le mar­ché du tra­vail pro­duisent de la valeur et ont droit au salaire, les autres n’y ont pas droit.

    Le salaire est un attri­but du poste de tra­vail qu’un employeur nous attri­bue. C’est-à-dire : ce que fait la conven­tion col­lec­tive, elle attri­bue un salaire au poste de tra­vail. Un sala­rié pri­vé n’est jamais payé, lui : c’est son poste qui est payé ; s’il n’a pas de poste, il n’est pas payé, et nous trou­vons ça nor­mal. On trouve qu’il fau­drait qu’il y ait plus de droit pour ceux qui n’ont pas d’emploi d’accord, il fau­drait qu’il y ait plus de soli­da­ri­té — (j’y vien­drai, dans la croyance de la soli­da­ri­té qui fait par­tie aus­si de notre alié­na­tion col­lec­tive dont il faut qu’on se débar­rasse) — mais nous croyons fon­da­men­ta­le­ment que quelqu’un qui n’est pas sur le mar­ché du tra­vail n’a pas droit au salaire, parce qu’il n’est pas pro­duc­teur de valeur. Il est utile, il est très utile, bien sûr qu’il est utile, mais il n’a pas droit à du salaire qui recon­nai­trait qu’il pro­duit de la valeur économique.

    Seuls ceux qui vont sur le mar­ché du tra­vail en se sou­met­tant à un employeur pro­duisent de la valeur éco­no­mique, ceux qui ne se sou­mettent pas à un employeur ne pro­duisent pas de la valeur éco­no­mique, s’ils ont des res­sources ce sont des res­sources qui sont créées par ceux qui sont en train de se sou­mettre à un employeur. Ce n’est que si on se sou­met à un employeur qu’on pro­duit de la valeur, ou si l’on est employeur soi-même bien sûr (ou si l’on est indé­pen­dant la ques­tion, là, n’est pas en cause), mais ce dont je parle là c’est, tous ceux qui ne sont pas des tra­vailleurs indé­pen­dants s’ils ne se sou­mettent pas à un employeur ils ne sont pas productifs. 

    Donc, les retrai­tés ne sont pas pro­duc­tifs, les retrai­tés sont utiles, sont très utiles, ils sont conseillers muni­ci­paux, ils viennent aux réunions (ici, vu le côté un peu che­nu de l’assistance, ils sont can­di­dats aux pro­chaines dépar­te­men­tales), etc.… ils sont utiles mais ils ne sont pas pro­duc­tifs, ils n’ont pas d’emploi, ils n’ont pas d’employeurs, ils ne sont pas productifs.

    Les parents qui touchent des allo­ca­tions fami­liales sont impro­duc­tifs, ils n’ont pas d’emploi, ils n’ont pas d’employeurs, ce n’est pas avec un employeur qu’ils éduquent leurs enfants, alors ils ne sont pas pro­duc­tifs, ils sont utiles. C’est pour ça que ceux qui pro­duisent de la valeur sont soli­daires avec eux, mais eux les parents ne pro­duisent rien.

    Les chô­meurs, les chô­meurs ne pro­duisent rien, un chô­meur est un pri­vé d’emploi, vous vous ren­dez compte, il ne va pas pro­duire quelque chose ; de plus, il est même défi­ni par le fait qu’il ne pro­duit rien, il est défi­ni par son manque, c’est un pri­vé de… Vous vous ren­dez compte, l’aliénation qu’il y a à défi­nir un chô­meur comme un pri­vé d’emploi. Je suis dans un local de la CGT, je sais donc ce que je dis en disant cela, je sais la pro­vo­ca­tion que repré­sente mon discours.

    Un fonc­tion­naire (d’État en par­ti­cu­lier, parce que hélas les fonc­tion­naires ter­ri­to­riaux ont des employeurs, le maire, et quand le maire c’est mon­sieur Délo­mez ce n’est pas très mar­rant, mais ça peut être quelqu’un de com­mu­niste et le pro­blème res­te­ra le même), un fonc­tion­naire d’État lui n’a pas d’employeur, un fonc­tion­naire d’État a un salaire à vie, il est payé pour son grade pas pour son poste, per­sonne ne peut lui dire « aujourd’hui je t’embauche, demain je te licen­cie », per­sonne. Y a pas d’employeur qui le paie, y a le Tré­sor public, et je mets au défi les fonc­tion­naires qui sont ici de me dire quel est le TPG qui les paie, ils s’en foutent, ce n’est pas le pro­blème. Qu’est-ce qu’on va dire ? On va dire que les fonc­tion­naires dépensent, ils ne pro­duisent pas, ce sont des gens utiles mais ils dépensent de l’argent pro­duit par d’autres, les fonc­tion­naires ne pro­duisent pas leur salaire à la dif­fé­rence de tous les sala­riés. Tous les sala­riés pro­duisent sauf les fonc­tion­naires, ils ne pro­duisent pas leur salaire ils n’ont pas d’employeur, ils ne vont pas en che­mise, la corde au cou, pieds nus, qué­man­der un emploi à un pro­prié­taire d’un outil de tra­vail, ils ne tra­vaillent pas, ils sont utiles, ils ne sont pas pro­duc­tifs, ils dépensent l’argent pro­duit par les autres. On leur en veut pas parce que ce qu’ils font c’est bien, c’est beau, mais il faut quand même savoir qu’ils dépensent l’argent pro­duit par les autres, faut qu’ils le sachent. Croyance, croyance totale, là nous sommes dans une démarche reli­gieuse qui fait que les fonc­tion­naires eux-mêmes ont inté­gré le truc, ils pensent qu’ils dépensent de l’argent pro­duit par d’autres, que ce n’est pas eux qui pro­duisent l’impôt qui les paye et que les sala­riés du milieu asso­cia­tif qui vit des sub­ven­tions du conseil géné­ral et autres pensent que ce n’est pas eux qui pro­duisent la sub­ven­tion, non, la sub­ven­tion vient de l’état pro­vi­dence évidemment.

    Quel est l’antidote laïc que nous avons créé ? C’est pré­ci­sé­ment le salaire à vie comme matrice du tra­vail. Bien sûr que les fonc­tion­naires pro­duisent leur salaire, comme tous les tra­vailleurs, et ils le pro­duisent sans employeur parce qu’ils sont payés à vie, ils ne passent jamais par le chô­mage ; c’est un pri­vi­lège de ne pas pas­ser par le chô­mage ? Ben non ! C’est une conquête sociale contre la reli­gion capi­ta­liste, c’est une œuvre de laï­ci­té que de pro­cla­mer le salaire à vie comme matrice du tra­vail, comme matrice du tra­vail alter­na­tive à l’emploi capi­ta­liste. Nous n’avons pas besoin d’employeur pour tra­vailler. Nous avons droit à un salaire qui soit un attri­but de notre per­sonne, de même qu’un fonc­tion­naire qui change de poste ne change pas de salaire parce que son salaire n’est pas lié à son poste.

    Bien sûr que les réfor­ma­teurs passent leur temps à lut­ter contre la fonc­tion publique, à ne plus négo­cier sur le point d’indice qui exprime le grade pré­ci­sé­ment et à mul­ti­plier les primes qui elles sont liées au poste. Bien sûr qu’ils cherchent à créer des employeurs par­tout, que les chefs d’établissement deviennent des employeurs, évi­dem­ment puisqu’ils sont au ser­vice du capital.

    Mais ceux qui ont conquis le sta­tut de la fonc­tion publique, (avec Mau­rice Tho­rez un ministre com­mu­niste, ministre d’État qui en 1946 a mis en place le sta­tut de la fonc­tion publique) ceux qui ont conquis le sta­tut de la fonc­tion publique ont conquis une arme de guerre contre le pou­voir capi­ta­liste en inven­tant une alter­na­tive à l’emploi. L’alternative à l’emploi et donc au chô­mage puisque le chô­mage c’est géné­ré par l’emploi puisque l’emploi c’est-à-dire la qua­li­fi­ca­tion du poste de tra­vail, le fait que le salaire soit attri­but du poste et non pas de la per­sonne c’est ça l’emploi. Cher­cher un emploi c’est par défi­ni­tion quelqu’un qui n’a pas de salaire et qui va cher­cher un poste de tra­vail qui est la pro­prié­té du pro­prié­taire lucra­tif — on en revient évi­dem­ment à la pre­mière croyance — pour pou­voir être payé, mais c’est son poste qui est payé, ce n’est pas lui. Nous avons inven­té, et c’est œuvre de laï­ci­té, nous avons inven­té contre la croyance reli­gieuse dans le mar­ché du tra­vail, nous avons inven­té une alter­na­tive au chô­mage et à l’emploi puisque c’est la même chose, chô­mage et emploi c’est le pile et le face de la même pièce, nous avons inven­té le salaire à vie. L’alternative au chô­mage ce n’est évi­dem­ment pas l’emploi (l’emploi, c’est la source du chô­mage), l’alternative au chô­mage c’est le salaire à vie. Le fait que le salaire soit un tri­but de la per­sonne, nous l’avons inven­té pour les fonc­tion­naires => il faut le géné­ra­li­ser à toute la popu­la­tion. Faire œuvre de laï­ci­té c’est sépa­rer l’État de la croyance dans le mar­ché du tra­vail.

    • Pre­miè­re­ment se battre pour géné­ra­li­ser la pro­prié­té d’usage de tous les outils de tra­vail contre la pro­prié­té lucrative.
    • Deuxiè­me­ment se battre pour le salaire à vie contre le mar­ché du travail

    Voi­là ce que c’est que faire œuvre de laï­ci­té, c’est-à-dire — parce que la laï­ci­té n’est pas ce que vous croyez — c’est-à-dire se battre pour l’affirmation de la sou­ve­rai­ne­té du peuple.

    Troi­sième croyance, qui passe for­cé­ment par la sépa­ra­tion de l’État et de croyance reli­gieuse parce que ce sont tou­jours des croyances reli­gieuses qui sont à l’appui du pou­voir. Pre­mière croyance reli­gieuse à l’appui du pou­voir : la croyance dans le fait de croire que le patri­moine est source de valeur éco­no­mique, et donc qu’il est légi­time de tirer un reve­nu d’un patri­moine. Deuxième croyance reli­gieuse qui est à l’origine de notre impuis­sance col­lec­tive : la croyance dans le fait que seuls ceux qui passent par le mar­ché du tra­vail pro­duisent de la valeur, que les fonc­tion­naires ne pro­duisent pas l’impôt qui les paye, que les chô­meurs ne pro­duisent pas le salaire qui les paye, que les parents ne pro­duisent pas les allo­ca­tions fami­liales, que les retrai­tés ne pro­duisent pas la pen­sion qui les paye, que les soi­gnants ne pro­duisent pas l’assurance mala­die qui les paye… chaque fois que nous croyons ça, que nous disons que tous ces gens-là ne pro­duisent pas, qu’ils dépensent ce qui est pro­duit par d’autres, nous adhé­rons à la reli­gion capi­ta­liste. Pen­ser que nous sommes un peuple laïc, c’est se trom­per tota­le­ment. Nous sommes un peuple hyper reli­gieux, engon­cé dans la reli­gion et il serait temps que nous en sor­tions.

    Troi­sième croyance qui sou­tient le pou­voir capi­ta­liste contre la sou­ve­rai­ne­té popu­laire qui empêche l’affirmation du Laïos, qui empêche la laï­ci­té. Troi­sième croyance le cré­dit.

    Le cré­dit fait l’objet d’une croyance abso­lu­ment reli­gieuse : nous pen­sons qu’on ne peut pas se pas­ser du cré­dit, qu’on peut le mora­li­ser, qu’on peut conte­nir le cré­dit pri­vé par du cré­dit public… des choses comme cela, mais tout ça, c’est de l’ordre de la croyance puisque nous conti­nuons à croire qu’on ne peut pas se pas­ser de cré­dit pour finan­cer l’outil de tra­vail et qu’il faut donc des inves­tis­seurs, il faut des inves­tis­seurs, on ne peut pas s’en passer.

    En 2007 les inves­tis­seurs, c’était le col­lapse => on pou­vait en finir, mais on n’en a pas fini ? puisque nous avons sou­te­nu, sou­te­nu ! (je n’ai vu aucune manif en 2007 pour dire finis­sons-en avec les inves­tis­seurs, c’était l’occase ils étaient morts). Nous avons lais­sé faire une créa­tion moné­taire insen­sée pour ren­flouer les action­naires en disant atten­tion si le sys­tème finan­cier s’effondre c’est tout qui s’effondre. C’était le col­lapse, on avait l’occasion d’en finir avec cette croyance, non seule­ment la croyance mais la domi­na­tion de la classe capi­ta­liste. Pas du tout nous avons lais­sé faire son ren­floue­ment à coup de créa­tion moné­taire consi­dé­rable – qu’il faut que nous assu­mions aujourd’hui — par de l’austérité parce que pour que cette créa­tion moné­taire ne soit pas de la planche à billets il faut en face qu’il y ait de la valeur, c’est-à-dire une ponc­tion sup­plé­men­taire sur notre tra­vail. La créa­tion moné­taire insen­sée au ser­vice des banques, au ser­vice des action­naires, au ser­vice des mar­chés finan­ciers, qui conti­nue depuis, il y a encore quelques semaines, la banque cen­trale qui n’a jamais de sous pour nous a encore ali­gné des liqui­di­tés invrai­sem­blables pour les action­naires des banques.

    On va faire une mani­fes­ta­tion contre l’austérité mais ça, ça n’est jamais que la consé­quence de cette créa­tion moné­taire au ser­vice des mar­chés finan­ciers. Et on ne va pas la mora­li­ser par un pôle public du cré­dit qui conti­nue à légi­ti­mer le cré­dit. Reven­di­quer un pôle public de cré­dit c’est dans la croyance reli­gieuse, je le dis en sachant où je le dis puisque je suis moi-même membre du par­ti com­mu­niste et je sais que ça fait par­tie de notre pro­gramme, hélas !

    Être laïc, c’est sépa­rer l’État de cette croyance : nous n’avons pas besoin de pré­teurs pour finan­cer l’investissement, nous n’avons pas besoin d’une créa­tion moné­taire par cré­dit pour finan­cer l’investissement.

    Réflé­chis­sons, il ne faut pas plus de cinq minutes pour com­prendre le truc, la croyance ça n’existe que parce que c’est une idée reçue c’est tout, ce n’est pas par sa force de ratio­na­li­té, c’est irra­tion­nel par défi­ni­tion. Donc un petit rai­son­ne­ment très simple, sauf que « non ! Non ! Non, t’as peut-être rai­son mais non. Puis non, t’as pas rai­son fina­le­ment, oui ce que tu dis est ration­nel mais non », c’est ça la croyance. Il faut cinq minutes pour démon­ter l’idée qu’il faut des prê­teurs pour inves­tir mais vous conti­nue­rez à croire qu’il faut des prê­teurs pour inves­tir. C’est ça la reli­gion, on conti­nue à croire contre toute rai­son parce que cette croyance, comme dit Marx, c’est le sou­pir de notre pau­vre­té, et que ça fait du bien de sou­pi­rer, c’est la conso­la­tion des vain­cus, c’est l’opium du peuple, la conso­la­tion des vain­cus. La croyance dans le cré­dit comme opium du peuple.

    Nous inves­tis­sons 400 mil­liards seule­ment, et encore, dans les 400 mil­liards, on compte la construc­tion des mai­sons qui n’est pas, sauf excep­tion, un outil de pro­duc­tion ; mais c’est consi­dé­ré comme de l’investissement. Donc, la sta­tis­tique qui éva­lue à 20 % du PIB (puisque nous pro­dui­sons 2 000 mil­liards par an), qui éva­lue l’investissement à 20 % du PIB, 400 mil­liards, est encore très sur­es­ti­mée puisqu’on a cal­cu­lé dans l’investissement la construc­tion d’immeubles. Donc, nous consa­crons encore beau­coup moins que ça à l’outil de travail.

    Ces 400 mil­liards, d’où ils viennent ? Ils nous sont prê­tés. Alors, on croit qu’il faut qu’ils soient prê­tés puisqu’ils le sont… Oui, c’est aus­si ça la reli­gion, c’est le féti­chisme, ce qui est, c’est la néces­si­té. Pour­quoi est-ce qu’ils nous sont prê­tés ? Parce qu’ils viennent de nous être piqués ! et que le prê­teur, c’est tou­jours quelqu’un qui vient de piquer, par définition.

    Nous pro­dui­sons 2 000 mil­liards par an. Sur ces 2 000 mil­liards, y en a 1 300 qui nous reviennent : 100 mil­liards comme pro­duit du tra­vail des tra­vailleurs indé­pen­dants et1 200 mil­liards comme pro­duit du tra­vail sala­rié sous forme du salaire direct (celui du bas de la feuille de paie) et 650 mil­liards, et sous forme de coti­sa­tions sociales : 550 mil­liards. Nos salaires sont pro­duits par notre tra­vail, y com­pris le salaire des fonc­tion­naires qui est pro­duit par le salaire des fonc­tion­naires, le salaire des parents est pro­duit par le tra­vail des parents, les allo­ca­tions fami­liales, la pen­sion des retrai­tés est pro­duite par les retrai­tés, moi en ce moment je suis en train de pro­duire de la valeur éco­no­mique, et ma pen­sion est l’expression de la valeur éco­no­mique que je suis en train de produire.

    Sur les 700 mil­liards qui vont au pro­fit, la valeur ajou­tée se par­tage entre ce qui va aux tra­vailleurs qui ont pro­duit cette valeur ajou­tée et ce qui va au pro­fit, c’est-à-dire à des para­sites, qui (au nom de la pro­prié­té dont ils disent qu’elle pro­duit de la valeur) piquent 700 mil­liards sur ce que nous pro­dui­sons. 35 % de ce que nous pro­dui­sons est piqué par les pro­prié­taires, pro­prié­taires directs, action­naires et prê­teurs. C’est nous qui pro­dui­sons ces 700 mil­liards, seul le tra­vail pro­duit de la valeur, et ces 700 mil­liards vont — au titre de la croyance que le patri­moine génère de la valeur — aux pro­prié­taires. On va dire « ils en récu­pèrent trop », y a un coût du capi­tal, le coût du capi­tal c’est les divi­dendes exces­sifs. C’est Pierre Laurent dans son débat avec Gat­taz, c’est Lepaon lui il est un peu plus dis­qua­li­fié. Je ne sais ce que dit Mar­ti­nez mais la cam­pagne de la CGT sur le coût du capi­tal c’est sur le coût exces­sif du capi­tal. Y a trop de divi­dendes, il y a trop de taux d’intérêt, les pro­prié­taires s’empiffrent. Mais il n’y a pas de mise en cause de la rému­né­ra­tion du capi­tal puisqu’il y a croyance dans le fait que le patri­moine génère de la valeur et cette croyance est popu­laire puisqu’elle a une pra­tique popu­laire dans nos propres vies dès lors que nous sommes loca­taires à autrui d’un ter­rain ou d’un appartement.

    Or le coût du capi­tal, ce n’est pas seule­ment (sur les 700 mil­liards) les 300 mil­liards qui ne sont pas inves­tis : puisque les pro­prié­taires empochent 700 mil­liards, ils en inves­tissent 400, y a donc 300 mil­liards qui ne sont pas inves­tis, la cam­pagne de la CGT elle porte là-des­sus, les divi­dendes après inves­tis­se­ment et les taux d’intérêt, tout ça, ça fait 300 mil­liards, et la CGT, le par­ti com­mu­niste, le Front de gauche se battent contre ce coût du capi­tal c’est-à-dire ces 300 mil­liards qui sont tota­le­ment para­si­taires puisqu’ils ne sont pas inves­tis, ils vont aller aux dépenses somp­tuaires et ils vont aller à la spéculation.

    Mais les 400 autres mil­liards qui après nous avoir été piqués, nous sont prê­tés… Pas de contes­ta­tion, pas de contes­ta­tion puisque nous croyons — c’est de la croyance — nous croyons qu’il est nor­mal qu’il y ait un cré­dit pour finan­cer l’investissement. Or ces 400 mil­liards nous sont piqués et s’ils nous sont prê­tés c’est parce qu’ils nous sont piqués. La classe capi­ta­liste passe son temps à piquer, à prê­ter ce qu’elle vient de piquer et à exi­ger un retour sur inves­tis­se­ment. Ces 400 mil­liards c’est nous qui les pro­dui­sons, ici et main­te­nant, c’est ni ailleurs, ni dans le passé.

    « Mais oui, c’est ailleurs puisque vous avez des inves­tis­se­ments qui viennent de l’étranger, c’est donc que ça a été pro­duit ailleurs, et heu­reu­se­ment qu’il y a des capi­taux qui viennent inves­tir en France, heu­reu­se­ment que le Qatar… » Ah NON ! Rec­ti­fi­ca­tion : ce qu’on appelle la balance des capi­taux (c’est-à-dire la com­pa­rai­son entre les capi­taux qui viennent d’ailleurs et les capi­taux qui sortent du pays), elle est nulle [équi­li­brée]. C’est-à-dire que les capi­taux qui viennent de l’étranger sont com­pen­sés par les capi­taux qui sortent du pays. Ça veut donc dire que les 400 mil­liards d’investissement en France sont pro­duits en ce moment par notre tra­vail. En ce moment, pas hier, donc ce n’est pas ailleurs que c’est pro­duit, c’est par notre tra­vail en ce moment.

    « En ce moment » ? pour­quoi ? Parce qu’on ne peut pas mettre de la valeur au congé­la­teur dans des titres finan­ciers, ça n’existe pas, ça. La valeur soit elle se coa­gule dans des outils de tra­vail et là pen­dant les cinq ans de l’amortissement cette valeur va durer, de plus en plus faible, c’est ce que Marx appelle le tra­vail mort dans les machines, soit elle s’évanouit dans le moment même où elle est créée, mais en aucun cas la mon­naie ne peut être une réserve de valeur, en aucun cas. En aucun cas un titre finan­cier ne peut être une réserve de valeur, c’est d’ailleurs parce que ça ne peut être en aucun cas que les pro­grammes d’économie qui sont du caté­chisme nous enseignent que la mon­naie c’est de la réserve de la valeur, bien sûr ! Et puis y a des profs de caté­chisme qui pensent qu’ils sont laïcs, alors que ce sont des curés, des profs d’économie qui enseignent que la mon­naie c’est de la réserve de valeur. C’est plus ques­tions / réponses que dans le caté­chisme d’avant le Concile : Qui est Dieu ? Dieu est un être…. en trois per­sonnes, etc… c’est plus tout à fait ça, nos manuels sont un peu plus inter­ac­tifs mais c’est tou­jours du caté­chisme avec des curés qui enseignent la reli­gion. Alors que ça crève les yeux que c’est ce que nous sommes en train de pro­duire ce qui finance l’investissement, bien sûr ! Ben non, la reli­gion capi­ta­liste nous fait croire que ce qui finance l’investissement, c’est de la pro­duc­tion d’hier ou d’ailleurs, qui est accu­mu­lée dans les mains de gens qui sont peut-être des salauds mais qui sont bien utiles, des salauds utiles.

    Contre dieu, on dresse un poing ven­geur (ce qui est tou­jours une façon de l’honorer : dire que dieu est un salaud c’est tou­jours pareil, c’est y croire, s’il est salaud c’est qu’il fait quelque chose, c’est qu’il sert à quelque chose).

    Évi­dem­ment, l’investissement de 2014 est pro­duit par notre tra­vail en 2014, et il n’y a aucune rai­son que le pro­duit de notre tra­vail nous soit prê­té, aucune. Il ne nous est prê­té que parce qu’il vient de nous être piqué.

    Or, nous avons déjà inven­té l’antidote, la classe ouvrière a inven­té la sub­ver­sion de la croyance dans le cré­dit par de la sub­ven­tion d’investissement grâce à l’impôt et à la coti­sa­tion sociale. Com­ment on finance (en tout cas jusqu’aux 30 der­nières années, où nous sommes dans une régres­sion consi­dé­rable), com­ment est-ce qu’on finance les équi­pe­ments col­lec­tifs ? Par de la sub­ven­tion, le tré­sor public sub­ven­tionne, il ne prête pas. Com­ment est-ce qu’on a finan­cé l’investissement hos­pi­ta­lier, les CHU — cet énorme tra­vail d’investissement des années 60 [par lequel] on a trans­for­mé un sys­tème hos­pi­ta­lier qui était un mou­roir en un lieu de soins, et dieu sait si un hôpi­tal c’est une usine en terme d’investissement — ? Par un appel aux mar­chés des capi­taux ? Pas du tout. Par la coti­sa­tion mala­die qui a sub­ven­tion­né l’investissement, mais pour une rai­son très simple (encore une fois) :

    Qu’est-ce que c’est qu’investir ? C’est attri­buer une par­tie de ce que nous pro­dui­sons, non pas de la consom­ma­tion finale qui va en salaire pour de la consom­ma­tion finale, mais à l’entretien et à l’augmentation de l’outil de tra­vail : on affecte une par­tie de ce qu’on est en train de pro­duire. Donc, il n’y a aucune rai­son que cette affec­ta­tion se fasse par du cré­dit puisque c’est ce qu’on est en train de pro­duire. Il suf­fit que nous nous appro­priions cette valeur et que nous l’affections par sub­ven­tion aux hôpi­taux et aux équi­pe­ments col­lec­tifs. Depuis quand les hôpi­taux et les col­lec­ti­vi­tés locales sont sous la coupe de Dexia ? Depuis que l’on n’augmente ni les impôts, ni les coti­sa­tions sociales. Et pour­quoi est-ce qu’on n’augmente pas les impôts et les coti­sa­tions sociales ? Parce que vous avez un numé­ro annuel de la NVO : « pas un euro de trop en impôt », c’est même le numé­ro de la NVO qui se vend le plus, hélas ! les bons numé­ros se vendent pas ou sont pas lus, et puis parce que per­sonne au Front de gauche, per­sonne à la CGT ne se bat pour une hausse mas­sive du taux des coti­sa­tions, per­sonne, personne. 

    Com­ment est-ce que vous pen­sez que le taux de coti­sa­tions qui est aujourd’hui de 66 % du brut — 22 % coti­sa­tions sala­riales, 44 % de coti­sa­tions employeur — com­ment vous pen­sez que ce taux est pas­sé de 32 % en 1945 à 66 % à la fin des années 70 ? Par une inter­ven­tion du Saint-Esprit, par l’État pro­vi­dence ? Par une bagarre constante de la classe ouvrière pour que la coti­sa­tion à la place du pro­fit finance l’investissement, pour que la coti­sa­tion et l’impôt, à la place du mar­ché, du tra­vail finance le salaire des fonc­tion­naires de la fonc­tion publique hos­pi­ta­lière, finance les allo­ca­tions fami­liales des parents. C’est parce que cette bagarre est aban­don­née, parce que nous croyons qu’il faut du cré­dit pour inves­tir, que nous sommes aujourd’hui pour les hôpi­taux et pour les col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales, dans une merde finan­cière abso­lue, que l’on ne peut pas exclu­si­ve­ment attri­buer à la mau­vaise ges­tion des maires (je fais allu­sion à Grasse).

    L’antidote, donc, de la croyance, l’affirmation laïque, ça n’est pas le cré­dit public (qui est tou­jours dans la croyance qu’il faut du cré­dit) : l’affirmation laïque qui nous fait adve­nir comme sou­ve­rain de la valeur c’est la coti­sa­tion sociale pour finan­cer l’investissement hos­pi­ta­lier. Géné­ra­li­sons ! Nous pou­vons finan­cer tout inves­tis­se­ment par une sub­ven­tion de caisse d’investissement qui col­lec­te­ra 40 % du PIB, ou 30 où du PIB pour sub­ven­tion­ner les inves­tis­se­ments, et là nous allons faire jaillir les PME qui aujourd’hui crèvent, n’ont aucun accès aux finan­ce­ments, etc., relan­cer les ser­vices publics qui aujourd’hui crèvent de sous-inves­tis­se­ments. Mais ça passe par un com­bat laïc contre la croyance dans la néces­si­té du crédit.

    Qua­trième croyance : la croyance dans la réduc­tion du temps de tra­vail comme fon­de­ment de la pro­duc­ti­vi­té, comme mesure de la pro­duc­ti­vi­té. Là encore nous sommes dans une ins­ti­tu­tion fon­da­men­ta­le­ment capi­ta­liste et dans une croyance qui nous aliène et qui nous empêche de nous poser comme peuple sou­ve­rain en matière économique.

    L’idée qu’il faut abais­ser le temps de tra­vail pour avoir des gains de pro­duc­ti­vi­té, une idée où nous souf­frons mais comme dit l’autre, j’aime l’amour qui fait mal, nous souf­frons du fait que notre pro­duc­tion soit mesu­rée par le temps de tra­vail, qu’il s’agisse en per­ma­nence de réduire le temps de tra­vail par uni­té pro­duite, nous souf­frons dans les ser­vices publics lorsque le New public Mana­ge­ment intro­duit cette ges­tion capi­ta­liste par le temps qui trans­forme l’appareil de san­té en lieu de pro­to­coles là où c’était un lieu de cli­nique. Et tous ceux qui soi­gnants sont obli­gés d’appliquer des pro­to­coles — parce que les pro­to­coles c’est gérables quant au temps, la mai­trise du temps devient pos­sible — tous ceux qui sont obli­gés d’appliquer des pro­to­coles et de ne plus faire de cli­nique, souffrent de ce mau­vais tra­vail qu’on leur fait faire, tous ceux qui passent leur temps à rem­plir des pape­rasses pour la ges­tion du temps, souffrent de tout cela mais ils conti­nuent, c’est ça le sou­pir de la reli­gion, je sou­pire, je crois… il faut réduire le temps de tra­vail pour les gains de pro­duc­ti­vi­té. Je crois que ce qui fonde de la valeur de ce verre d’eau, de ce sty­lo, de ce micro, de ce cahier… qui sont des valeurs d’usage incom­men­su­rables, ce qui per­met de les com­pa­rer c’est le temps de tra­vail qu’ils contiennent, je le crois, croyance totale qui nous est impo­sée par la reli­gion capi­ta­liste mais on le croit, ça nous fait souf­frir, c’est beau, je souffre.

    Quel est l’antidote qui a été inven­té, parce que là encore la classe ouvrière quand elle était révo­lu­tion­naire — j’en parle au pas­sé c’est clair, mais elle l’a été — la classe ouvrière quand elle a été révo­lu­tion­naire s’est bat­tue pour une autre mesure de la valeur que le temps : la qua­li­fi­ca­tion du pro­duc­teur. Elle s’est bat­tue comme un chien pour la conven­tion col­lec­tive, pour que le salaire ne soit pas mesu­ré comme prix de la force de tra­vail sur un mar­ché, c’est-à-dire le temps néces­saire à la pro­duc­tion des biens que va consom­mer le tra­vailleur, ça c’est la défi­ni­tion capi­ta­liste du salaire. Elle s’est bat­tue pour que ça ne soit pas ça qui mesure le salaire mais la qua­li­fi­ca­tion du poste qui n’a rien à voir avec le temps. Elle s’est bat­tue pour que ce qui mesure la pro­duc­tion ce soit la qua­li­fi­ca­tion du pro­duc­teur. Et là on n’est plus dans l’emploi où ça c’est la qua­li­fi­ca­tion du poste, on est à mi-che­min là, on est dans la fonc­tion publique où c’est la qua­li­fi­ca­tion du pro­duc­teur qui mesure la valeur.

    Com­ment est-ce qu’on mesure la valeur pro­duite par l’administration dans le PIB, com­ment est-ce que les sta­tis­ti­ciens de l’INSEE mesurent la contri­bu­tion à l’administration à la pro­duc­tion de valeur ? En addi­tion­nant les salaires des fonc­tion­naires. Puisque le salaire d’un fonc­tion­naire mesure sa qua­li­fi­ca­tion propre, le fonc­tion­naire c’est quelqu’un qui a un salaire à vie, on mesure la valeur non pas par le temps de tra­vail mais par la qua­li­fi­ca­tion du pro­duc­teur, mesure émi­nem­ment éman­ci­pa­trice. Et tous ceux qui, dans les ser­vices publics, sont pro­gres­si­ve­ment avec le new public mana­ge­ment sous la dic­ta­ture du temps savent la régres­sion qu’il y a à pas­ser de la qua­li­fi­ca­tion du pro­duc­teur à la mesure de la valeur par le temps de production.

    Donc nous avons inven­té l’antidote, nous ne sommes pas démunis :

    • mais notre inca­pa­ci­té à le géné­ra­li­ser, notre inca­pa­ci­té à nous battre pour le salaire à vie pour tous, de 18 ans à la mort comme les fonctionnaires,
    • notre inca­pa­ci­té à nous battre pour la copro­prié­té de tous les outils de tra­vail contre la pro­prié­té lucra­tive, le fait qu’on cherche des repre­neurs (très bien nom­més parce qu’ils prennent deux fois),
    • le fait que nous soyons dans l’incapacité de nous battre contre la mesure de la valeur par le temps et de géné­ra­li­ser la mesure de la valeur par la qua­li­fi­ca­tion du producteur,
    • le fait que nous soyons dans l’incapacité de nous battre contre le cré­dit et de géné­ra­li­ser la coti­sa­tion comme finan­ce­ment par sub­ven­tion de l’investissement,

    c’est parce que nous croyons dur comme fer que le mar­ché du tra­vail est néces­saire, que le cré­dit est néces­saire, que la mesure de la valeur par le temps est néces­saire, que la pro­prié­té lucra­tive est nécessaire.

    Cin­quième croyance : la sécu­ri­té sociale comme soli­da­ri­té. Vous voyez que, pour le capi­tal pour qu’il puisse domi­ner nos vies, pour qu’il puisse empê­cher la sou­ve­rai­ne­té popu­laire, il faut qu’il dégage en per­ma­nence des croyances reli­gieuses, c’est une condi­tion sine qua non : s’il n’y a pas de reli­gion, il n’y a pas de pou­voir, et tout pou­voir s’exprime d’abord dans la religion.

    La reli­gion du capi­tal nous dit que ne pro­duit de valeur que celui qui va sur un mar­ché du tra­vail se sou­mettre à un pro­prié­taire lucra­tif qui a finan­cé son inves­tis­se­ment par cré­dit et qui mesure la valeur de ce que l’on pro­duit par le temps. En dehors de ça y’a pas de pro­duc­tion, y’a de l’utilité sociale mais y’a pas de pro­duc­tion de valeur. Donc tous ceux qui ne sont pas dans cette situa­tion s’ils ont des res­sources c’est à cause de la soli­da­ri­té, c’est parce que ceux qui pro­duisent de la valeur sont soli­daires d’eux, ceux qui pro­duisent de la valeur ne consomment pas tout leur salaire, y a une par­tie de la valeur qu’ils ont pro­duite, les coti­sa­tions sociales, c’est eux qui les ont pro­duites — je dis la reli­gion là, nous sommes d’accord — Sur ma feuilles de paie, les coti­sa­tions sociales, c’est moi qui les ai pro­duites mais je les consomme pas parce que je suis soli­daire. Je suis soli­daire des vieux, les vieux ça pro­duit pas, ça n’a pas d’emploi, ils ne pro­duisent pas, s’ils ont des res­sources c’est parce qu’ils ont pro­duit d’accord, c’est nor­mal qu’on les récom­pense, mais aujourd’hui ils ne pro­duisent rien, ils ne se sou­mettent à aucune des ins­ti­tu­tions de la valeur du capi­tal. La classe ouvrière n’ayant jamais été révo­lu­tion­naire dans la reli­gion, on n’a pas inven­té d’alternative, on n’a pas inven­té d’alternative à la valeur capi­ta­liste, on n’a pas inven­té une valeur sala­riale anti­ca­pi­ta­liste, non on n’a rien inven­té de tout ça, on n’a pas inven­té une valeur sala­riale, on s’est juste bat­tu pour le par­tage de la valeur mais pas pour le chan­ge­ment de la valeur, alors que c’est ce qu’on a fait, la classe ouvrière révo­lu­tion­naire s’est bat­tu pour le chan­ge­ment de la valeur, non pas pour son par­tage mais pour son changement.

    Dans ce cas-là, tous ceux qui ne se sou­mettent pas aux ins­ti­tu­tions du capi­tal (ou qui en sont libé­rés), ils n’en sont libé­rés qu’au prix de la soli­da­ri­té des autres, et les retrai­tés béné­fi­cient de la soli­da­ri­té des actifs. Je reviens à la feuille de paie, à sa lec­ture reli­gieuse, la lec­ture reli­gieuse de la feuille de paye consiste à dire : C’est moi qui ai pro­duit mes coti­sa­tions sociales je ne les dépense pas toute – je suis dans la for­ma­tion syn­di­cale niveau 1 qui enseigne la reli­gion du capi­tal – c’est moi qui est pro­duit mes coti­sa­tions sociales, je ne les consomme pas toute, je les verse à la soli­da­ri­té, soli­da­ri­té avec les retrai­tés, soli­da­ri­té avec les malades, soli­da­ri­tés avec les familles, soli­da­ri­té avec les chô­meurs. Et cette soli­da­ri­té c’est en même temps de la pré­voyance. C’est pour ça que ces coti­sa­tions c’est du salaire dif­fé­ré — là, je suis plu­tôt à FO qu’à la CGT, parce qu’à la CGT, ils parlent de salaire socia­li­sé depuis que j’ai fait cam­pagne pour le salaire socia­li­sé. C’est un article de Argu­ments et Docu­ments Eco­no­miques, le conseiller fédé­ral qui bosse sur les ques­tions de finance, il est cité dans la der­nière NVO de février, qui au début des années 2000 a insis­té pour qu’à la CGT on parle plus de salaire dif­fé­ré mais de salaire socia­li­sé, sauf que la façon qu’on a de par­ler du salaire socia­li­sé c’est comme si c’était du salaire différé.

    Le salaire socia­li­sé ça veut dire que ce n’est pas mon tra­vail pas­sé qui finance ma pen­sion ou mon allo­ca­tion de chô­mage ou ma pres­ta­tion de san­té. Bien sûr que c’est le tra­vail actuel, donc on parle de salaire socia­li­sé aujourd’hui et non pas de salaire dif­fé­ré, sauf que le salaire socia­li­sé dont on parle on en parle exac­te­ment dans les termes du salaire dif­fé­ré, ce que je suis en train de vous dire : sur ma feuille de paie y a mon salaire net qui est ce que je consomme de mon salaire, puis il y a le salaire indi­rect ou socia­li­sé mais en réa­li­té dif­fé­ré puisque je vais le récu­pé­rer plus tard, je suis pré­voyant et lorsque je serai moi-même malade, en retraite, char­gé de famille ou chô­meur, je béné­fi­cie­rai de la soli­da­ri­té des autres mais qui ne sera jamais que l’expression de la soli­da­ri­té que j’ai moi envers les autres. Salaire dif­fé­ré, je ne consomme pas tout mon salaire tout de suite, j’en consom­me­rai une par­tie demain. Nous sommes dans la reli­gion qui veut qu’un chô­meur ne pro­duit pas, un parent ne pro­duit pas, un fonc­tion­naire de san­té ne pro­duit pas, un soi­gnant en géné­ral ne pro­duit pas, un retrai­té ne pro­duit pas, s’il a des res­sources c’est par la soli­da­ri­té et la pré­voyance que sont les coti­sa­tions, nous adhé­rons à la reli­gion qui veut que seul celui qui a un emploi pro­duit de la valeur, ceux qui n’ont pas d’emploi ne pro­duisent pas de valeur.

    L’antidote a déjà trou­vé lorsque nous avons impo­sé jus­te­ment comme du salaire la coti­sa­tion, ça ne vou­lait pas dire que c’était mon salaire, ça vou­lait dire que tous ceux qui pro­duisent du non-mar­chand, les fonc­tion­naires parce qu’on peut dire la même chose de l’impôt, les retrai­tés, les parents, les chô­meurs et les soi­gnants (je prends les quatre branches de la sécu­ri­té sociale, je prends aus­si la fonc­tion publique), tous ceux qui pro­duisent du non-mar­chand pro­duisent évi­dem­ment de la valeur mais cette valeur ne peut pas s’exprimer dans le prix des biens et ser­vices qu’ils rendent puisqu’ils sont sans prix précisément.

    Où se trouve la mon­naie ? Dans ce qui a du prix. Donc la mon­naie qui recon­nait de la valeur pro­duite par les fonc­tion­naires, l’impôt, la mon­naie qui recon­nait la valeur pro­duite par les soi­gnants, les retrai­tés, les parents et les chô­meurs, cette valeur se trouve dans le prix des mar­chan­dises mais ça n’est pas la valeur de la mar­chan­dise, le prix des mar­chan­dises inclut la valeur du non-mar­chand. Mais le non-mar­chand est pro­duit par ceux qui tra­vaillent dans le non-mar­chand, ma pen­sion est pro­duite par moi, pas par un autre qui tra­vaille pour moi. On ne peut pas y échap­per à cette croyance, c’était il y a quelques années, ce n’est pas récent mais on était en réunion, un télé­phone sonne tou­jours (ces salo­pe­ries de télé­phones qui sonnent quand on est en réunion et en plus les gens vont écou­ter leur truc), et le gars dit : « On m’annonce la nais­sance d’un tel, ah bien bra­vo pour nos retraites c’est une bonne nou­velle ».

    La croyance ça s’exprime tou­jours dans le quo­ti­dien, dans le tis­su de nos vies les plus quo­ti­diennes, c’est pour ça que c’est une tunique de Nes­sus dont il faut que nous nous débar­ras­sions, l’État déjà sinon nous-mêmes.

    La bataille laïque sup­pose de sépa­rer l’État de l’église capi­ta­liste. C’est une église parce qu’elle a un rituel qui est un rituel reli­gieux. J’en donne seule­ment deux exemples :

    Nous for­ma­tons pen­dant 18 ans, entre 3 ans et 21 ans, nous for­ma­tons nos enfants pour qu’ils se conforment aux exi­gences du mar­ché du tra­vail. Si ce n’est pas dieu, ça, je ne sais pas ce que c’est, dieu… Les exi­gences du mar­ché du tra­vail. Pen­sez à l’inquiétude des parents pour leurs enfants qui ne se sou­mettent pas aux exi­gences du mar­ché du tra­vail, à 18 ans ce n’est pas grave, à 25 ans on com­mence déjà à tor­tiller des fesses, à 30 ans « mais quand est-ce que tu te vends bon­soir de pipe ! ». Qu’est-ce que c’est ça sinon un rituel reli­gieux ; un dieu dont il faut satis­faire les exigences.

    Deuxième exemple du rituel reli­gieux : régu­liè­re­ment dans la jour­née si nous n’avons pas pris l’habitude de fer­mer notre poste ou de ne pas aller regar­der sur inter­net (ce qui est encore pire, on croit s’en libé­rer en étant tout le temps vic­time du truc. Vous savez ce que c’est que d’aller écou­ter la radio sur inter­net où y a les jour­naux, c’est être encore davan­tage vic­time). On ne peut pas échap­per au moment tout à fait rituel où depuis le temple (jamais depuis le stu­dio), sur le ton du mou­lin à prières, on nous égrène le Cac 40… dont-on n’a rien à cirer et on com­prend rien, 3800 ça veut dire qu’il a été mul­ti­plié par 3,8 depuis la fin des années 80. Est-ce que nos salaires ont été aug­men­tés de 480 % depuis la fin des années 80 lorsque le seul ouvrier d’un ministre socia­liste mon­sieur Béré­go­voy crée le Cac 40 (l’ouvrier de ser­vice, c’est tou­jours à eux qu’on demande de faire des salo­pe­ries : c’est bien tout le mépris de Mit­ter­rand pour la classe ouvrière… [Béré­go­voy] qui a fini par se sui­ci­der d’ailleurs… Qu’est-ce qu’il lui res­tait comme autre chose ? C’est tra­gique, quand on voit ce des­tin). Je reviens à la reli­gion : nous avons le muez­zin qui régu­liè­re­ment nous rap­pelle à la prière et ce n’est pas pour rien qu’on nous asso­cie à cette litur­gie per­ma­nente, c’est pour que le matin on écoute le ser­mon du curé, et c’est un curé d’avant le Concile, un curé qui nous dit : « si vous n’êtes pas sage vous irez en enfer », il nous le répète tous les matins et on est là, on conti­nue à écou­ter notre radio

    Dépla­çons nos com­bats laïcs, nos socié­tés ne sont qu’à mi-che­min dans la bagarre de la laï­ci­té. Nous avons à mener un com­bat laïc qui lui ne sera jamais récu­pé­rable par le front natio­nal, puisque c’est le com­bat contre les croyances qui assurent la domi­na­tion du capital.

    Ber­nard Friot (27 février 2015).
    https://​you​tu​.be/​3​v​W​8​E​o​V​U​aEo

     

    Mer­ci Nicole ! 🙂

    Réponse
  24. lecoq

    La croyance (reli­gieuse, irra­tion­nelle) que
    « le patri­moine crée de la valeur économique »
    (croyance en la légi­ti­mi­té de la pro­prié­té lucrative ;
    croyance que « il est nor­mal de tirer un reve­nu d’un patrimoine »,
    alors que la seule source de valeur est — exclu­si­ve­ment — le tra­vail vivant).
    le patri­moine crée bien de la valeur, mais pas selon la vision des saint simo­niens capi­ta­listes le patri­moine dont il est ques­tion est la source de dieu, il s’a­git du champ elec­tro­ma­gne­tique, ces memes ondes qui crééent la matiere et l’e­ner­gie neces­saire en tout tra­vail. et jus­qu’ a preuve du contraire per­sonne n’est pro­prie­taire des ondes qui ont pour sym­bole l’infini.

    Réponse
  25. RV

    BF écrit :
    « n’ayons pas de la laï­ci­té une défi­ni­tion qui la réduit aux rap­ports entre l’État et la religion. »
    Dif­fi­cile à avaler !

    Réponse
  26. RV

    BN écrit :
    « rendre pos­sible des lois, des ins­ti­tu­tions, qui affirment contre le pou­voir la sou­ve­rai­ne­té populaire »
    Cette sen­tence défi­nie la « Démo­cra­tie » et pas le « Laïcité ».

    Réponse
  27. David

    Bon­jour,
    Autant je trouve remar­quables vos tra­vaux et vos réflexions sur la Consti­tu­tion, autant je trouve intel­lec­tuel­le­ment navrant et pro­fon­dé­ment naïf votre sup­port du communisme.
    Mon épouse a fui le régime de Cau­ces­cu lors­qu’elle avais 16 ans. Elle a vécu la souf­france de ses parents et endu­ré l’in­cer­ti­tude de revoir un jour sa mère, contrainte de res­ter au pays, et mal­me­née par des inter­ro­ga­toires cher­chant à savoir où avait fui la famille.
    26 ans plus tard, après avoir été res­ca­pée d’un régime de ter­reur com­mu­niste, lors­qu’elle croise des com­mu­nistes EN FRANCE, elle ne peut évi­dem­ment pas com­prendre… et elle rêve­rait de pou­voir les télé­por­ter ne serait-ce qu’une semaine dans un vrai régime com­mu­niste, où toutes les four­mis ouvrières ont EFFECTIVEMENT du tra­vail, mais pas grand chose d’autre. Cette expé­rience leur per­met­trait sans nul doute de com­prendre à quel point le rêve que M. Ber­nard Friot tente de leur vendre – c’est son fond de com­merce – n’a de saveur que pour l’esprit.
    Mes­sieurs les com­mu­nistes, réveillez-vous ! Rap­pe­lez-vous l’His­toire, et faites confiance à ceux qui ont VRAIMENT vécu le communisme…

    Réponse
    • etienne

      Cher David,

      Êtes-vous cer­tain qu’il soit per­ti­nent (et utile) d’ap­pe­ler « com­mu­nisme » les régimes de ter­reur dont vous parlez ?

      À mon sens, ils ne sont pas plus « com­mu­nistes » que nos régimes ne sont des « démo­cra­ties » ; sans quoi on serait fon­dé à détes­ter aus­si « la démo­cra­tie ». Ce qui ne serait pas per­ti­nent non plus puisque nous ne sommes pas en démocratie.

      Non ?

      La vio­lence extrême (dif­fé­rente, certes, mais extrême aus­si) des régimes dits « démo­cra­tiques », vio­lence faite aux esclaves à l’in­té­rieur et aux colo­nies à l’ex­té­rieur, même s’il y reste les espaces de liber­té dont nous pro­fi­tons encore ici (pour le moment), cette vio­lence dite « démo­cra­tique » me semble aus­si détes­table que les vio­lences dites « com­mu­nistes » dont vous faites bien de main­te­nir vivante la mémoire.

      Il me semble qu’il y a d’autres com­mu­nismes bien plus dési­rables (des com­mu­nismes liber­taires, plu­tôt que mar­xistes-léni­nistes) ; en tout cas bien plus inté­res­sants : je pense à toutes ces petites com­mu­nau­tés humaines (anar­chistes ou démo­cra­tiques, comme on veut) où, d’une part, LES COMMUNS sont impor­tants et gérés paci­fi­que­ment (sou­vent par les femmes, d’ailleurs) dans l’in­té­rêt géné­ral bien com­pris (Indiens d’A­mé­rique, vil­lages du moyen-âge, socié­tés de pirates, etc.) et où, d’autre part, les pou­voirs sont limi­tés et sous la sur­veillance quo­ti­dienne et effi­cace de tous les individus.

      Il me semble que c’est le com­mu­nisme impo­sé par une élite auto­pro­cla­mée qui est une horreur.
      Le com­mu­nisme déli­bé­ré (dis­cu­té), limi­té (cir­cons­crit) et sur­tout vou­lu PAR TOUS me semble inté­res­sant et accep­table, non inquié­tant par construc­tion puisque refusable.

      Je vous fais remar­quer que nous sommes déjà com­mu­nistes pour des tas d’ac­ti­vi­tés impor­tantes, sans avoir à nous en plaindre (au contraire) : par exemple (il y a mille exemples), nous sommes com­mu­nistes pour tout ce qui concerne les routes. Est-ce que ça se passe mal ? Nous sommes com­mu­nistes pour le trai­te­ments des ordures et des eaux (eau cou­rante au robi­net et collecte/traitement des eaux usées). Même ques­tion. Et quand les ser­vices publics (comme le trai­te­ment des eaux) est pri­va­ti­sé, est-ce que c’est satis­fai­sant ? (moi, je trouve la pri­va­ti­sa­tion de l’eau lit­té­ra­le­ment catastrophique). 

      Donc, ce qui semble utile à débattre, ensemble, vrai­ment, c’est « le niveau de com­mu­nisme » que nous sou­hai­tons (NOUS vrai­ment, et pas nos maîtres), les domaines où la mise en com­mun est néces­saire et per­ti­nente, et les domaines où elle ne l’est pas. Cette dis­cus­sion publique au cas par cas n’a jamais lieu dans nos pré­ten­dues démo­cra­ties où tous ces choix de socié­té majeurs sont faits à notre place et contre nos inté­rêts par nos maîtres « élus » vendus. 

      Qu’en pen­sez-vous ?

      Réponse
    • joss

      Je pense qu’il faut oppo­ser le com­mu­nisme avec le capi­ta­lisme, le bien com­mun avec la pro­prié­té pri­vée pri­vi­lé­giée par le capital.
      Un régime fas­ciste com­mu­niste (Sta­line) ou fas­ciste capi­ta­liste (Hit­ler) ne fonc­tionne pas pour l’in­té­rêt des citoyens pour l’in­té­rêt de quelques uns.
      Le com­mu­nisme ne devient inté­res­sant pour les citoyens que s’il s’ins­crit dans un régime démo­cra­tique, un vrai, où ce sont les citoyens qui décident et non sous notre démo­cra­tie de « façade » qui n’est autre qu’une aris­to­cra­tie revisitée.

      Réponse
    • Ana Sailland

      Les éti­quettes ne font pas les politiques.

      -Nous ne sommes pas en démo­cra­tie, je pense que nous ne sommes même pas en république.
      ‑Et de même les pays de l’est n’é­taient pas communistes.

      Ni notre sys­tème ni celui de l’URSS ne dis­cré­ditent les prin­cipes qui ont été tra­his ou mal implémentés.

      La ques­tion et le chal­lenge demeurent, nous avons à inven­ter un contrat social équi­table ( ain­si qu’un contrat trans­pé­ciste entre nous et la vie ) et les modèles théo­riques déjà décli­nés peuvent être utiles à la réflexion, sans leur accor­der ni aux uns ni aux autres des qua­li­tés qu’ils n’ont pas.

      Nous sommes face à la page blanche de l’His­toire, qui nous demande d’être créa­tifs, et ça urge.

      Réponse
  28. David

    Cher Etienne,

    Mer­ci pour le temps accor­dé à votre réponse structurée.
    Voi­ci ma réponse, certes un peu longue…

    1) De la violence :

    Je me per­mets de reprendre votre pro­pos en citant :
    « La vio­lence extrême (…) des régimes dits « démo­cra­tiques » (…) me semble aus­si détes­table que les vio­lences dites « com­mu­nistes » dont vous faites bien de main­te­nir vivante la mémoire. »

    Je pense tout sim­ple­ment que vous ne savez pas du tout de quoi vous par­lez lorsque vous com­pa­rez les deux.
    Il y a le poids des mots, et il y a le poids du vécu.

    S’im­pro­vi­ser dans ce type de com­pa­rai­son, c’est dire droit dans les yeux à un ex-réfu­gié poli­tique d’un pays com­mu­niste que son nou­veau pays d’ac­cueil est aus­si violent que l’an­cien parce que c’est un ter­rible pays capi­ta­liste où les riches ne pensent qu’à eux … C’est juste absurde.

    Si ce genre de dis­cours pour­ra sans mal convaincre n’im­porte quel com­mu­niste fran­çais en mal de grande cama­ra­de­rie – et mal payé par ses patrons capi­ta­listes sans scru­pule – , je puis vous assu­rer vous ne pour­rez JAMAIS convaincre un ex-réfu­gié poli­tique de retour­ner d’où il vient pour fuir « la vio­lence du capi­ta­lisme » dont vous parlez.

    Toute pirouette rétho­rique ne sau­rait retom­ber sur ses pattes lors­qu’il s’a­git de com­pa­rer la vio­lence d’un com­mu­nisme éta­tique, impo­sé, para­noïaque, et meur­trier, avec un état certes hon­teu­se­ment capi­ta­liste, mais qui n’exé­cute pas encore ses citoyens pour des diver­gences d’opinion.

    Il n’y a tout sim­ple­ment aucune com­pa­rai­son pos­sible, et je regrette que ces com­pa­rai­sons puissent être faites par gens qui n’ont aucune expé­rience de ces régimes, et qui n’ont, selon moi, aucun droit d’en faire l’a­po­lo­gie, ne serait-ce que par res­pect pour tous les gens qui ont souf­fert dans ces régimes poli­tiques extrê­me­ment vio­lents – et pas « légè­re­ment violents ».

    En disant cela, je pointe spé­cia­le­ment du doigt l’o­ra­teur Ber­nard Friot, dont le public com­mu­niste fran­çais se délecte de ses puis­santes paroles dont la gra­vi­té me semble, hélas, bien sous-estimée.

    L’i­déal de laï­ci­té qu’il vend dans le déman­te­le­ment des cinq croyances, c’est exac­te­ment ce qui était appli­qué dans les vieux modèles com­mu­nistes de l’Est.
    Je ne vois pas où se situe l’innovation.

    Je revien­drai d’ailleurs un peu plus tard sur le sujet, en mon­trant com­ment il cherche à démon­ter un sys­tème de croyances (la reli­gion capi­ta­liste) tout en le rem­pla­çant par son propre sys­tème de croyances, encore plus sub­ver­sif (voir point 4).
    Par­don­nez-moi, j’ai peu de com­pas­sion pour les gou­rous, fussent-ils bouddhistes.

    2) De la liberté :

    Pour reprendre votre expres­sion, les « espaces de liber­té dont nous pro­fi­tons ici  » sont très loin d’être aus­si négli­geables que votre pro­pos semble le souligner.
    Beau­coup de per­sonnes sont mortes dans l’en­semble des états com­mu­nistes (et pas seule­ment en Rou­ma­nie) pour avoir ne serait-ce qu’en­vi­sa­gé ce petit espace de liber­té qui nous semble si évident chez nous.

    Je suis né dans une dic­ta­ture capi­ta­liste – la France – où j’ai pu rece­voir for­ma­tion, esprit cri­tique, et même, droit à la cri­tique. Je suis né dans le pays de Charlie.
    Que je ne sois pas enten­du en tant que citoyen est un fait navrant et pour lequel je sou­tiens tota­le­ment votre démarche intel­li­gente de reprendre notre Consti­tu­tion en main, mais aujourd’­hui, ma pen­sée diver­gente ne me menace ni de camp de tra­vail, ni d’in­ter­ro­ga­toire, ni d’exé­cu­tion silencieuse.

    C’est pré­ci­sé­ment pour cela que le père de mon épouse, lors­qu’il a pu fuir le régime avec ses enfants, a pré­fé­ré la dic­ta­ture capi­ta­liste à la dic­ta­ture communiste.
    Pour cela, ne confon­dons pas les dic­ta­tures, s’il vous plait, car l’une est presque vivable, alors que l’autre pas du tout.

    3) De la dédia­bo­li­sa­tion du communisme :

    L’his­toire nous a mon­tré de nom­breux essais de com­mu­nisme, sous plu­sieurs formes pos­sibles, avec à chaque fois une vio­lente dic­ta­ture comme épilogue.
    Vou­lez-vous vrai­ment rées­sayer encore une fois, pour être tout à fait sûr de la fin de l’his­toire ? Vou­lez-vous rejouer le film ?

    J’ai bien ana­ly­sé le dis­cours de M.Friot, et je ne vois pas d’in­no­va­tion par rap­port à l’an­cien modèle communiste.
    Patri­moine natio­na­li­sé, mise en com­mun de l’ou­til de tra­vail, par­tage des res­sources, salaire et sécu­ri­té pour tous, etc…
    Pou­vez-vous pré­ci­ser quelle est la nou­veau­té dans son dis­cours qui va nous garan­tir que nous n’a­bou­ti­rons pas aux mêmes effets à par­tir des mêmes causes ?

    L’en­tre­prise de dédia­bo­li­sa­tion du com­mu­nisme me semble aus­si dan­ge­reuse que l’en­tre­prise de dédia­bo­li­sa­tion d’un cer­tain par­ti d’ex­trême droite et menée par une cer­taine per­sonne dont je ne ferai pas la publi­ci­té ici.
    Atten­tion, loin de moi l’i­dée de vous com­pa­rer : vous n’a­vez clai­re­ment pas les mêmes valeurs, et je suis convain­cu que votre démarche est tout à fait saine et honnête.

    En revanche, je sou­haite vous aler­ter contre ce pro­cé­dé très insi­dieux de réha­bi­li­ta­tion du com­mu­nisme, que vous sou­te­nez lorsque vous citez M.Friot en exemple.

    Si « votre » com­mu­nisme à vous se limite au sens éthy­mo­lo­gique du mot et donc à la mise en com­mun de moyens – comme le ramas­sage des ordures – alors, je sup­pose que per­sonne n’y voit d’objection.

    Le pro­blème, c’est que beau­coup de gens aujourd’­hui ont l’es­prit moins struc­tu­ré que le vôtre et ne connaissent abso­lu­ment pas la dif­fé­rence entre le com­mu­nisme que vous sou­te­nez et celui des ex-pays de l’Est.
    Je vous rap­pelle sur­tout qu’il y a encore aujourd’­hui en France un très grand nombre de per­sonnes tout à fait convain­cues que le com­mu­nisme pra­ti­qué autre­fois dans les pays de l’Est fut un modèle d’or­ga­ni­sa­tion de la socié­té et un idéal de cama­ra­de­rie, et que tout ce que l’on raconte de néga­tif à pro­pos des régimes tota­li­taires n’est que de la pro­pa­gande capitaliste.

    Ce ren­ver­se­ment de la véri­té est si cho­quant – sur­tout pour des ex-réfu­giés poli­tiques qui savent très bien ce qu’ils ont vévu – qu’il est impor­tant de tou­jours gar­der à l’es­prit que le mot « com­mu­nisme » est char­gé d’un sens beau­coup plus lourd que celui de son éthymologie.

    Lorsque vous sou­te­nez le « com­mu­nisme », vous ne sou­te­nez pas for­cé­ment le com­mu­nisme que vous avez en tête.
    Peut-être fau­drait-il tout sim­ple­ment chan­ger de mot pour évi­ter l’amalgame ?

    4) De l’idéologie :

    Je suis le pre­mier à recon­naître que l’i­dée du com­mu­nisme est une très belle idée, fon­dée prin­ci­pa­le­ment sur une col­la­bo­ra­tion bien­veillante entre les êtres de la communauté.
    Etre com­mu­niste, c’est être tour­né vers le partage.
    Etre com­mu­niste, c’est faire pas­ser l’in­té­rêt géné­ral avant l’in­té­rêt particulier.

    L’être com­mu­niste est un être doué de com­pas­sion envers ses proches, et sacri­fie sans aucun état d’âme la pos­si­bi­li­té pour lui de faire for­tune, au pro­fit d’une répar­ti­tion de la richesse entre tous.
    L’être com­mu­niste admet aus­si que chaque être humain est dif­fé­rent, et a des apti­tudes dif­fé­rentes au tra­vail, dans dif­fé­rents domaines.
    L’or­ga­ni­sa­tion géné­rale de la socié­té doit donc pla­cer chaque indi­vi­du là où ses talents par­ti­cu­liers s’ex­pri­me­ront le mieux (talents artis­tiques inclus, puis­qu’une socié­té humaine s’ex­prime aus­si par la créa­tion artistique).

    Ain­si, chaque per­sonne, capable et moins capable, béné­fi­cie d’un salaire à vie (pro­po­si­tion faite par M.Friot) au titre de son uti­li­té envers la com­mu­nau­té, et non au titre de son EMPLOI.
    Je reprends les mer­veilleux exemples de M.Friot, où d’ailleurs le salaire ne serait plus atta­ché à un poste de tra­vail, mais à une personne.

    C’est un très bon exemple, car il illustre par­fai­te­ment l’ab­sur­di­té uto­piste du modèle communiste.

    En octroyant un salaire à vie à la per­sonne et non au poste de tra­vail, com­ment M.Friot va-t-il gérer l’être humain qui sou­haite, non pas tra­vailler à l’u­sine, mais plu­tôt faire le tour du monde avec son sac à dos pour faire un magni­fique repor­tage pho­to dont toute la com­mu­nau­té béné­fi­cie­ra afin de s’en­ri­chir culturellement ?

    Com­ment mon­sieur Friot va-t-il gérer l’ar­tiste peintre qui sou­haite s’en­fer­mer deux ans dans son gre­nier en recherche d’ins­pi­ra­tion, afin de (peut-être) créer une oeuvre majeure ?
    (je connais quel­qu’un comme ça, cela existe vraiment !)

    Et com­ment M.Friot va-t-il gérer le mon­sieur qui va tous les jours à l’u­sine, et qui, lui aus­si, aime­rait bien pou­voir faire le tour du monde ou peindre pour obte­nir un salaire ?

    J’i­rai même plus loin : M.Friot pro­pose aus­si que le salaire ne soit plus lié au poste ou au temps de tra­vail, mais à la compétence.
    Sur quelle échelle de valeur M.Friot va-t-il éva­luer la com­pé­tence du peintre génial et du pho­to repor­ter, tout aus­si utiles à une socié­té humaine qu’un élec­tro-méca­ni­cien ? Quel salaire aura le peintre qui a recher­ché son ins­pi­ra­tion pen­dant 2 ans, puis­qu’il n’est pas éva­lué à son temps de travail ?

    Sur deux exemples pris à la volée et qu’on pour­rait mul­ti­plier à l’in­fi­ni, on voit bien l’i­nep­tie du sys­tème : bien que le globe-trot­ter et le peintre aient une uti­li­té vitale pour une com­mu­nau­té d’être humains épa­nouis, je fais le pari que PERSONNE, fut-il un com­mu­niste convain­cu, ne sou­hai­te­ra par­tir tra­vailler à l’u­sine pour finan­cer le choix de vie de ces deux individus.

    Dans une socié­té d’être humains, per­sonne ne veut être celui qui tra­vaille à l’u­sine pour finan­cer le voyage du globe trotter.
    Dans une socié­té d’être humains, per­sonne ne veut être celui qui tra­vaille à l’u­sine pour finan­cer le peintre.
    Dans une socié­té d’être humains, TOUT LE MONDE veut être celui qui fait le bou­lot le moins pénible, pour le meilleur salaire.

    Com­ment les fameux « anti­dotes » de M.Friot vont-ils bien pou­voir gérer cela ?

    Ce que je veux dire par là, c’est que le modèle dont parle M.Friot où tout le monde est rému­né­ré à vie au titre de son uti­li­té dans la socié­té, ce n’est pas une socié­té d’êtres humains.
    Le modèle dont parle M.Friot, et que j’ap­pel­le­rai « son autre reli­gion », sa croyance per­son­nelle, c’est une socié­té de four­mis où il n’y a ni peintre, ni globe trotter.

    5) De la source du problème :

    Pour conclure, les formes de com­mu­nisme « bien plus dési­rables » dont vous par­lez n’existent que dans les livres, et cela pour une rai­son très évi­dente : l’EGO.
    L’e­go humain est un pivot incon­tour­nable qui doit être inté­gré tota­le­ment dans votre réflexion, sinon, vous ne res­te­rez, comme M.Friot, qu’un uto­piste par­mi d’autres.

    J’i­ma­gine que vous connais­sez par coeur le film « Ani­mal Farm », qui illustre brillam­ment com­ment un groupe d’a­ni­maux évicte du pou­voir l’être humain (le tyran capi­ta­liste exploi­tant) pour recons­truire sa socié­té par­faite où tous les ani­maux seront égaux entre eux. Egaux… au début de l’his­toire, tout du moins ! La fin de l’his­toire, je la donne à ceux qui n’ont pas vu le film (ou lu le livre), puisque les règles évo­luent pro­gres­si­ve­ment en faveur des cochons, qui finissent par s’au­to-pro­cla­mer « plus égaux que les autres ».

    Pour­quoi les cochons ? Tout sim­ple­ment parce qu’ils sont les plus intelligents.
    La nature est ain­si faite.

    Ces cochons, ce sont nos être humains les « plus malins », dirons-nous pour être courtois.
    De manière géné­rale, la plu­part des hommes ayant un talent par­ti­cu­lier ne voient pas de rai­son objec­tive pour que cet avan­tage offert par la nature ne soit pas mis à leur profit.

    Pour­quoi ? Tou­jours à cause de l’e­go, cet ingré­dient inhé­rent dans la for­mule de l’être humain.
    L’e­go est un fait : ce n’est même pas une fata­li­té ni une rési­gna­tion que de l’admettre.
    C’est juste du réalisme.

    Toute ten­ta­tive d’in­ven­ter un nou­veau modèle de socié­té – comme celui de M.Friot – dans lequel on ne pren­drait pas en compte l’exis­tence de l’e­go est voué à l’échec.

    Depuis plus de deux milles ans, les sages tentent de sor­tir les hommes de leur ego sans avoir trou­vé de recette universelle.
    Tant que l’e­go vivra, vous ne pour­rez jamais endi­guer l’ex­trême ten­ta­tion de pos­sé­der – ou tout sim­ple­ment « être » – plus que le voisin.

    Si votre pro­jet de construc­tion d’une nou­velle Consti­tu­tion doit réus­sir, je vous sug­gère vive­ment de ne pas igno­rer la puis­sance de l’e­go dans votre équation.

    Le centre du modèle capi­ta­liste, c’est l’ego !
    Bon cou­rage à vous.

    Bien ami­ca­le­ment,
    David

    Réponse
    • joss

      Vous oppo­sez démo­cra­tie et com­mu­nisme, mais l’un ne va pas sans l’autre. Vous devez oppo­ser com­mu­nisme et capitalisme.
      Un sys­tème com­mu­niste dans un régime non démo­cra­tique, vous l’a­vez connu, ça peut être l’hor­reur, mais atten­tion, comme tout régime non démo­cra­tique. Pen­sez à l’Al­le­magne Nazie qui était une dic­ta­ture capi­ta­liste ou au Chi­li de Pino­chet. Toute dic­ta­ture dépend de la bonne volon­té du dic­ta­teur (ou de ces maîtres qui le financent). Peu importe le type de dic­ta­ture : qu’elle soit com­mu­niste ou capi­ta­liste, nous fini­rons tous égaux dans la misère aux ser­vices de nos maîtres.
      Si nous vou­lons chan­ger les choses, c’est main­te­nant. Main­te­nant que nous avons ce petit espace de liber­té. Hélas plus pour long­temps, pen­sez aux lois liber­ti­cides. Ce n’est cer­tai­ne­ment pas le moment de bais­ser les bras ou de faire la fête comme sur le Tita­nic tant que le cham­pagne coule à flot.
      Si nous vou­lons appor­ter la Démo­cra­tie, nous savons ce qu’il faut modi­fier, tout est ins­crit dans la Consti­tu­tion. C’est le coeur de notre socié­té malade.

      Réponse
  29. David

    Oui Joss,

    Vous avez rai­son, j’op­pose démo­cra­tie et com­mu­nisme car il se trouve que les deux ne se sont encore jamais ren­con­tré : hasard ?

    Pas si sûr. Je veux pré­ci­sé­ment faire pas­ser le mes­sage que le com­mu­nisme n’est struc­tu­rel­le­ment pas la bonne solu­tion parce qu’il repose entiè­re­ment sur l’u­to­pie d’une socié­té où les être humains sont tous iden­tiques et sans ego, à la manière des fourmis.

    Pour pou­voir fonc­tion­ner indé­pen­dam­ment du « mar­ché du tra­vail » (seconde croyance capi­ta­liste, selon M.Friot), ce sys­tème doit néces­sai­re­ment être contrai­gnant, sinon, pour le même salaire, tout le monde veut être « pho­to repor­ter / globe trot­ter » plu­tôt que « tra­vailleur dans la mine ».

    Etienne Chouard pour­rait être sui­vi plus mas­si­ve­ment s’il n’é­tait pas asso­cié à l’i­dée d’un renou­veau com­mu­niste « qui, cette fois-ci, va fonc­tion­ner, on vous le promet ».

    Reprendre la Consti­tu­tion en main, c’est extrê­me­ment sensé.

    « Dis­tri­buer un salaire à vie, pour tous, indé­pen­dam­ment du temps de tra­vail, et au titre de son uti­li­té dans la socié­té » (idée pro­po­sée par M.Friot et cou­verte d’é­loges par M.Chouard), c’est tel­le­ment déma­go­gique (du grec demos « le peuple » et ago : « conduire ») que cela fait som­brer de fac­to tout le reste du blog pour toutes les per­sonnes sou­hai­tant vrai­ment réflé­chir sans pour autant suivre une mou­vance idéo­lo­gique (dans ce cas, le communisme).

    Je suis le pre­mier à le déplo­rer, car le blog est une mine d’or pour plein de choses.
    Sabo­ter toute cette intel­li­gence en sou­te­nant des idées irréa­li­sables, c’est vrai­ment du gâchis.
    On dirait que M.Chouard ne veut PAS réussir.

    Ou alors, il faut aller au bout des idées, et nous expli­quer clai­re­ment com­ment seront rému­né­rés nos artistes peintres et nos pho­tos reporters…

    J’ai comme dans l’i­dée que la seule solu­tion pour répondre à cette ques­tion sera d’i­ma­gi­ner un cer­tain modèle de vie afin de répar­tir équi­ta­ble­ment l’ef­fort col­lec­tif. Et pour fonc­tion­ner, ce cadre d’é­qui­té devra être impo­sé à tous, pour le bien de tous… Et là, j’ai déjà peur de la suite, car on la connait.

    Oui pour une mobi­li­sa­tion afin de récu­pé­rer le contrôle de notre Constitution.
    Non aux uto­pies et aux dis­cours démagogiques.

    Ami­ca­le­ment.

    Réponse
  30. Jacques
  31. David

    Je suis très per­sé­vé­rant lorsque je vois que la seule réponse est le silence, et j’at­tends tou­jours une pro­po­si­tion pour four­nir un salaire à vie à mon artiste peintre, en rap­pe­lant les règles du jeu de M.Friot :

    – salaire à vie pour mon artiste peintre,

    – finan­ce­ment de l’investissement sans cré­dit pour son ate­lier de pein­ture (contre le chan­tage des prêteurs)

    – mesure de la valeur par la qua­li­fi­ca­tion du pro­duc­teur (= mesure de son talent ?) contre sa mesure par le temps de travail

    Que pro­po­sez-vous pour éva­luer la valeur du salaire à vie du peintre (et pour ce cas d’é­cole en générale) ?
    A moins que l’on doive sor­tir le peintre (et tous les artistes) de votre système ?

    Réponse
  32. Mic El

    David, le fait que cer­tains cochons se ‘retrouvent’ plus égaux que les autres, n’est pas sim­ple­ment du fait de leur ego mais par­ti­cu­liè­re­ment du fait de leur pou­voir propre, pas de leur enten­de­ment, ni de leur intel­li­gence. Du fait du pou­voir per­son­nel de cer­tains cochon qui en dis­posent ‘natu­rel­le­ment’ plus que d’autre. Cer­tai­ne­ment le pou­voir per­son­nel est une com­po­sante de l’é­go mais pas sa totalité.

    De ce fait la limi­ta­tion consti­tu­tion­nelle des pou­voirs est pro­ba­ble­ment la façon d’empêcher les excès de pou­voirs. À condi­tion que son bras soit armé. L’é­qua­tion est rela­ti­ve­ment simple, on ne peut échap­per au pou­voir des plus puis­sants qu’en y sub­sti­tuant un pou­voir équi­valent dont la qua­li­té ne dépend que de notre matu­ri­té col­lec­tive. Même une socié­té anar­chiste doit res­pec­ter l’ordre, d’une façon ou d’un autre.

    Si on parle de reve­nu de base, ou d’un reve­nu uni­ver­sel attri­bué sans contre­par­tie, sauf légale, il n’empêche ni les autres acti­vi­tés lucra­tives, dans les limites légales, ni de ne rien faire pour celui dont c’est le désir, à sup­po­ser bien sur que la loi auto­rise à ne rien faire… d’apparent.

    Et si per­sonne ne veut aller à l’u­sine, c’est parce que ce n’est plus un pro­jet pour per­sonne. Après ceux qui veulent avoir des esclaves peuvent tou­jours faire œuvre de séduc­tion, dans les limites légales…
    Si tu a remar­qué la ten­dance de fond est à l’au­to­suf­fi­sance ali­men­taire, y com­pris l’au­to­suf­fi­sance ali­men­taire urbaine, sinon il fau­dra bien mou­rir de faim, mais c’est assez long.

    Réponse
  33. David

    Mer­ci pour vos réponses inté­res­santes, et votre temps accordé.

    Hélas, je ne vois rien de concret pour jus­ti­fier qu’on va payer indif­fé­rem­ment l’ar­tiste peintre – en train de médi­ter dans son ate­lier – et le tra­vailleur à l’u­sine, qui va se lever tôt chaque jour pour accom­plir son labeur.

    Si EN PLUS l’ar­tiste peintre peut vendre ses toiles (sug­ges­tion d’A­na), c’est une double paye ! Paye du salaire « auto­ma­tique » ajou­tée à la paye de la vente de ses oeuvres. Le sys­tème devient encore plus inéga­li­taire, car le tra­vailleur à l’u­sine n’au­ra pas eu le luxe de monayer une acti­vi­té parallèle.

    Et si EN PLUS l’ar­tiste peintre peut spé­cu­ler sur le mar­ché de l’art (remarque de Jacques), alors l’i­né­ga­li­té entre le tra­vailleur à l’u­sine et l’ar­tiste peintre devient abyssale.

    Com­ment, dans ces condi­tions, accor­der un salaire pour tous et à vie pour des acti­vi­tés qui n’ont rien à voir entre elles ?

    Je ne vois tou­jours pas de réponse claire venir.

    Pire encore : puisque mon salaire tombe auto­ma­ti­que­ment tous les mois, je ne com­prends pas exac­te­ment par quelle sorte de miracle j’au­rais envie d’al­ler tra­vailler à l’usine ?

    Plus drôle encore : puisque l’on peut tra­vailler et gagner de l’argent EN PLUS du salaire auto­ma­tique, il y a néces­sai­re­ment un moment où les cochons (les plus malins) auront plus de richesses et de confort que d’autres, et je vois déjà arri­ver les reven­di­ca­tions des moins riches : pour­quoi accor­der un salaire auto­ma­tique aux plus riches puis­qu’ils n’en ont pas besoin ?

    Je pour­rais conti­nuer de mul­ti­plier les exemples de dys­fonc­tion­ne­ments, mais je m’ar­rête ici.
    Ces cochons, nous les connais­sons tous, ils existent. Pour­quoi vou­loir nier leur existence ?
    Pro­po­ser à des gens un salaire à vie « en tant que per­sonne » et non pour un tra­vail four­ni, c’est au mieux une uto­pie, et au pire de la déma­go­gie pour atti­rer les votants.

    Réponse
  34. joss

    @David
    En dis­cu­ter fait déjà avan­cer le pro­blème vers la solution.
    Si on reprend les idées de Friot (enfin ce que j’en ai retenu),
    ‑les salaires pour­raient varier de 1500 à 6000eur
    ‑ils dépen­draient de la qua­li­fi­ca­tion (plus de l’emploi)
    ‑la pro­prié­té lucra­tive serait rem­pla­cée par la co-pro­prié­té d’usage
    ‑les salaires seraient payés par une caisse des cotisations
    ‑il parle aus­si de sup­pri­mer l’im­pôt et l’u­sure et de récu­pé­rer la créa­tion monétaire
    ‑gérer les entre­prises de manière démo­cra­tique (et l’é­tat aussi)
    ‑il faut en finir avec :
    « tu tra­vaille, je te pique, je te prête et tu me rembourse ».

    Alors, reve­nons au peintre :
    ‑en fonc­tion de sa qua­li­fi­ca­tion il tou­che­ra un salaire,
    ‑si ce n’est pas un tra­vail enre­gis­tré, le salaire sera le mini­mum (1500eur), il peut vendre des toiles mais au prix de la matière pre­mière x l’inflation,
    ‑si c’est un tra­vail enre­gis­tré, le salaire sera fonc­tion de sa qua­li­fi­ca­tion (plus que 1500eur par ex.), il ven­dra des toiles au prix esti­mé (matière pre­mière + heures de tra­vail) mais l’en­tiè­re­té de la vente ira à la caisse des cotisations.

    Vous aviez par­ler aus­si de mineurs (tra­vailleurs des mines), qui vou­dra des­cendre dans les mines si tout le monde reçoit un salaire sans travailler ?
    ‑actuel­le­ment, pour­quoi des gens choi­sissent le tra­vail de mineur alors qu’ils pour­raient très bien faire autre chose (de moins contraignant) ?
    ‑et si à la fin on ne trouve per­sonne pour des­cendre dans la mine, com­ment on fait ?
    …les tra­vaux contrai­gnant sont réa­li­sés par les machines ou les robots !
    la tech­no­lo­gie au ser­vice de l’hu­ma­ni­té et pas l’in­verse (comme pour le moment).
    et si vrai­ment, on ne peut faire autre­ment que d’en­voyer un être humain dans la mine ? on tire­ra au sort par­mi des per­sonnes com­pé­tentes et capables pour ce genre de tra­vail (sous forme de tour­nante pour­quoi pas).
    Quand on doit faire la vais­selle et que per­sonne n’en a envie et bien on tire au sort et cha­cun son tour 😉 cela s’ap­pelle l’entraide.
    Le tirage au sort peut ser­vir aus­si à cela, Etienne sera content 😉
    Main­te­nant si on vit en démo­cra­tie, toute notre vie sociale et éco­no­mique se déci­de­rait ensemble. D’autres pour­raient avoir des idées plus adap­tées ou plus res­pec­tueuses de chacun.

    Réponse
  35. Ana Sailland

    « Com­ment, dans ces condi­tions, accor­der un salaire pour tous et à vie pour des acti­vi­tés qui n’ont rien à voir entre elles ?

    Je ne vois tou­jours pas de réponse claire venir. »

    »»

    Il ne s’a­git pas d’ac­cor­der un salaire pour telle ou telle acti­vi­té mais d’ac­cor­der un droit, en gros celui que décrit l’ar­ticle 25 de la DUDH, un droit INCONDITIONNEL.

    Si ensuite les gens font plus, tant mieux. 🙂

    Il est pour moi assez clair qu’ac­cor­der ce droit incon­di­tio­nel­le­ment et inté­gra­le­ment est impos­sible dans le sys­tème moné­taire actuel.

    Par contre, la chose devient natu­relle si la créa­tion moné­taire ne cor­res­pond plus à un cré­dit mais à un DON, dont une des cibles prio­ri­taires est/sera(it) le citoyen. ( gros­so modo le prin­cipe de l’i­ni­tia­tive mon­naie pleine en Suisse )

    Il s’a­git de rien moins que d’une révo­lu­tion psy­cha­na­ly­tique amor­cée, tran­si­tion de la civi­li­sa­tion du contrac­tuel tru­qué à la civi­li­sa­tion du don et du contributisme.

    On ne peut entre­voir le pro­jet que si per­son­nel­le­ment on change de logi­ciel le temps de l’examen.

    Réponse
  36. David

    @Joss

    « Alors, reve­nons au peintre :
    ‑en fonc­tion de sa qua­li­fi­ca­tion il tou­che­ra un salaire »

    Qui éva­lue la qua­li­fi­ca­tion du peintre abstrait ?

    « ‑si ce n’est pas un tra­vail enre­gis­tré, le salaire sera le mini­mum (1500eur), il peut vendre des toiles mais au prix de la matière pre­mière x l’inflation, »

    Quels sont les cri­tères pour qu’un tra­vail soit enregistré ?
    Si c’est la masse qui décide et qu’on juge un tra­vail à son uti­li­té, les artistes seront tou­jours en queue de pelo­ton de votre socié­té idéale.

    « ‑si c’est un tra­vail enre­gis­tré, le salaire sera fonc­tion de sa qua­li­fi­ca­tion (plus que 1500eur par ex.), il ven­dra des toiles au prix esti­mé (matière pre­mière + heures de tra­vail) mais l’entièreté de la vente ira à la caisse des cotisations. »

    Pour quelle mys­té­rieuse rai­son pren­drai-je du temps pour vendre mes toiles si tout va dans la caisse commune ?
    La par­tie « vente » n’in­té­resse qua­si­ment aucun artiste qui ne le font que par néces­si­té. C’est un sup­plice pour eux.
    J’en connais même qui ont le sen­ti­ment de « vendre leur corps » lors­qu’ils vendent leurs oeuvres, mais ils le font par nécessité.
    Si demain les artistes sont payés par défaut et que tout le temps consa­cré à la vente (et c’est consi­dé­rable !) ne leur rap­porte rien, alors ils repor­te­ront ce temps à leur pas­sion, plu­tôt qu’en viles tâches commerciales.

    « ‑actuel­le­ment, pour­quoi des gens choi­sissent le tra­vail de mineur alors qu’ils pour­raient très bien faire autre chose (de moins contraignant) ? »

    Les rai­sons sont mul­tiples : contexte éco­no­mique dif­fi­cile, peu de for­ma­tion pour pré­tendre à un bou­lot moins pénible, etc… En fait, la plu­part qui le font n’ont jus­te­ment pas choi­si, c’est bien là votre erreur.

    Pour ce qui est d’en­voyer les gens dans la mine par tirage au sort… c’est vrai­ment amu­sant ! Et si celui qui est tiré au sort ne veut vrai­ment pas y aller, on fait quoi ? Prison ?

    « Quand on doit faire la vais­selle et que per­sonne n’en a envie et bien on tire au sort et cha­cun son tour, cela s’appelle l’entraide. »
    Oui, je vois très bien le concept de ce monde magique où tout le monde est prêt à aider tout le monde. Ca doit être formidable.
    Mais ne parle-t-on pas là d’utopie ?

    Comme je le fai­sais remar­quer pré­cé­dem­ment, ces sys­tèmes naïfs oublient tous le moteur de prin­ci­pal de 99% des êtres humains (et je suis opti­miste avec ce chiffre): l’E­GO. C’est lui qui veut plus, c’est lui qui veut s’emparer des situa­tions à son avan­tage, c’est lui qui veut se pro­té­ger en prio­ri­té avant de pen­ser aux autres.

    @Ana Sailland
    « Il ne s’agit pas d’accorder un salaire pour telle ou telle acti­vi­té mais d’accorder un droit, en gros celui que décrit l’article 25 de la DUDH, un droit INCONDITIONNEL. »

    On pour­rait résu­mer ce nou­veau droit Sha­kes­pea­rien par : « Je pense donc j’ai un salaire ».
    Pratique.

    Une petite anec­dote de l’en­droit où j’ha­bite actuel­le­ment, La Réunion. Une très belle île, avec envi­ron 40% de chô­mage, mais pour­tant qua­si­ment aucune misère (je parle de la misère qu’on pour­rait trou­ver dans des pays du Tiers Monde et que j’ai lar­ge­ment visi­tés pour pou­voir en témoigner).

    Pour­quoi ? Parce que votre droit incon­di­tion­nel au salaire existe déjà qua­si­ment, sous une forme détour­née (RSA, allo­ca­tions diverses, …). Et ce sys­tème fabu­leux où l’on a un salaire sans tra­vailler nous pro­duit à La Réunion le meilleur de l’exem­pla­ri­té : des tonnes gens, et de plus en plus de jeunes, ados­sés sur des bancs avec une bière à la main.

    Manque de tra­vail ? Pas vrai­ment : ici à la Réunion, il est qua­si­ment impos­sible de trou­ver un plom­bier, un élec­tri­cien, un maçon com­pé­tent, un car­re­leur encore moins, etc… Il y a des tonnes de sec­teurs qui cherchent et qui ne trouvent pas.

    J’ai un ami dont la socié­té de construc­tion déses­père de ne pou­voir consti­tuer une équipe tech­nique fiable, et le son de cloche est le même à peu près par­tout… Pour­tant : 40% de chômage ?

    Alors, bug ???

    Non, pas bug , mais plu­tôt « nature humaine ».
    Si vous don­nez à quel­qu’un assez pour qu’il vive sans effort, alors l’ef­fort n’est plus d’au­cune utilité.

    Evi­dem­ment, dire cela, c’est être très poli­ti­que­ment incorrect !

    Paral­lè­le­ment, dans tous les pays que j’ai pu visi­ter et qui n’ont pas tous ces avan­tages bien Fran­çais (Zim­babwe, Zam­bie, Mozam­bique, Laos, Népal, Sri Lan­ka…), je n’ai pas croi­sé de jeu­nesse désoeu­vrée, à attendre sur des bancs une bière à la main.

    Le manque mobi­lise. L’ef­fort n’est même pas comp­té, pour­vu qu’il y ait un petit quelque chose à la clé.

    Je crois que votre droit inalié­nable au salaire ne pro­dui­ra que des gens « avec des droits », et peu enclins à réa­li­ser qu’il y a des devoirs en face. J’aime pro­fon­dé­ment votre idée de socié­té, mais c’est hélas une Utopie.

    Et pour en reve­nir au pro­blème, je repren­drai une thé­ma­tique chère à Etienne Chouard : s’at­ta­quer à la Cause des Causes.
    La Cause des Causes, ce n’est même pas notre Consti­tu­tion, c’est l’Ego.

    Résol­vez les pro­blèmes d’E­go des êtres humains, et tous les autres pro­blèmes dis­pa­raî­tront sim­ple­ment, natu­rel­le­ment, automatiquement.
    Met­tez un seul être humain avec un peu de pou­voir et un Ego fort, et il cor­rom­pra tout le système.

    Réponse
    • joss

      « Qui éva­lue la qua­li­fi­ca­tion du peintre abstrait ? »
      ‑les citoyens

      « Quels sont les cri­tères pour qu’un tra­vail soit enregistré ? »
      ‑aucun cri­tère, il suf­fi­rait de s’en­re­gis­trer simplement.

      « Pour quelle mys­té­rieuse rai­son pren­drai-je du temps pour vendre mes toiles si tout va dans la caisse commune ? »
      ‑Vous ne pren­driez pas du temps pour vendre vos toiles, vous pren­driez le temps néces­saire pour les réa­li­ser. Rien ne vous oblige de les vendre, c’est vous qui par­liez de les vendre, rien ne vous en oblige, sur­tout si ce que vous cher­chez c’est la recon­nais­sance des autres.

      « Pour ce qui est d’envoyer les gens dans la mine par tirage au sort… c’est vrai­ment amu­sant ! Et si celui qui est tiré au sort ne veut vrai­ment pas y aller, on fait quoi ? Prison ? »
      ‑Qui décide de faire la vais­selle chez vous (je sup­pose que vous êtes en couple) ? ou le ménage ? si aucun des 2 ne se pro­pose, que faites vous ? Ce choix n’est pas une uto­pie, c’est très pra­tique, c’est un exemple réel. C’est un fonc­tion­ne­ment en com­mu­nau­té. Si vous ne vou­lez pas vivre avec les autres (ou en com­mu­nau­té), c’est votre choix et rien ne vous y oblige.

      « Comme je le fai­sais remar­quer pré­cé­dem­ment, ces sys­tèmes naïfs oublient tous le moteur de prin­ci­pal de 99% des êtres humains (et je suis opti­miste avec ce chiffre): l’EGO. »
      ‑Vous dites « sys­tème naîf ». Qu’est-ce que l’en­traide ? Pen­sez aux man­chots qui ne peuvent pas­ser l’hi­ver qu’en comp­tant sur l’en­traide (ils s’ag­glu­tinent les uns aux autres) et non sur l’é­go. Leur sys­tème naïf leur a per­mis tout sim­ple­ment de sur­vivre à un envi­ron­ne­ment agressif.

      Cela n’a rien d’une uto­pie, tout est déjà dans la nature, il suf­fit d’ou­vrir les yeux, on ne doit pas réin­ven­ter l’eau chaude.

      Réponse
    • Ana Sailland

      David

      Je m’abs­tien­drai de répondre à votre évo­ca­tion lit­té­raire par celle de Charlot 🙂

      Le théâtre de Sha­kes­peare est en effet très éloi­gné de l’i­dée de sub­sti­tuer la créa­tion moné­taire par injec­tion à l’ac­tuelle créa­tion par le crédit.

      Sui­vant le méca­nisme d’é­mis­sion choi­si, le reve­nu incon­di­tion­nel n’est ni une uto­pie ni une reven­di­ca­tion mais une conséquence.

      ;;;;;;;;

      Evo­quer l’e­go ou la nature humaine est très inté­res­sant, mer­ci de l’a­voir fait.

      Pour­rait s’ou­vrir ici la ques­tion de la per­ti­nence du concept de nature humaine. Est elle. Est elle cause ou effet, est elle défi­ni­tive. Dis­po­sons nous du moyen de la modeler.

      Soyons atten­tifs à cela que si la nature humaine, telle qu’elle fut peut être, a engen­dré une socié­té, réfor­mer cette socié­té est de nature à réfor­mer l’hu­main. Il serait dom­mage de consi­dé­rer comme défi­ni­tif ce qui fut choi­si et de prendre l’His­toire comme pré­texte à ne pas pen­ser le futur.

      Réponse
  37. David

    Ah !

    Les man­chots n’ont jus­te­ment pas d’e­go, c’est pré­ci­sé­ment ce que j’es­saie de vous dire. Le jour où les êtres humains agi­ront comme les man­chots, il y aura pro­ba­ble­ment moins de problèmes.
    Mais pour l’ins­tant, dans la REALITE, nous avons affaire à des êtres humains, et leur ego.
    Dans l’U­TO­PIE, nous pou­vons effec­ti­ve­ment nous faire croire que nous sommes comme les gen­tils manchots.

    J’aime bien la com­pa­rai­son de la vais­selle et du tra­vail à la mine, mais… com­ment dire… je pré­fère faire la vais­selle. Vous par­tez sys­té­ma­ti­que­ment du prin­cipe que tous les êtres sont voués d’une empa­thie innée les uns envers les autres, et que le par­tage du tra­vail est une évidence.
    Ce n’est pas comme cela que cela fonc­tionne chez les êtres humains.

    Je ne remets pas en cause votre sys­tème, qui est sûre­ment très bien pen­sé, et qui abou­ti­rait sûre­ment à quelque chose de for­miable. Ce que je remets en cause, c’est que ceux pensent ce sys­tème oublient sys­té­ma­ti­que­ment la don­née plus impor­tante : on ne s’a­dresse pas à des man­chots, mais à des êtres humains.

    Les êtres humains, c’est le meilleur, et c’est AUSSI le pire (Daesh, etc…)

    Si tout le sys­tème est uni­que­ment fon­dé sur l’hy­po­thèse du meilleur, alors c’est en même temps se ban­der les yeux en élu­dant le pire. Ca me semble une stra­té­gie hasar­deuse : dans la vraie vie, il y a tou­jours un gars qui se débrouille pour ne jamais faire la vais­selle (et je vous don­nais mon exemple très par­lant des jeunes pas­sant la jour­née sur un banc avec une bière à la main).

    Ma ques­tion est, entre autres, de savoir si on donne un salaire à ce celui qui ne fait jamais la vais­selle, puis­qu’il se contente tout à fait de son salaire sans jamais contri­buer la société.

    Réponse
    • joss

      Ce que j’ai vou­lu expli­qué avec les man­chots, c’est que l’in­di­vi­dua­lisme n’est pas tou­jours la solution.
      Dans la théo­rie des besoins et de la moti­va­tion de Mas­low, l’é­go n’est qu’un besoin par­mi d’autres, et n’est cer­tai­ne­ment pas dans les besoins de base. Le sys­tème de Friot n’an­nule pas l’é­go de cha­cun. Cha­cun garde son égo. Dans le sys­tème actuel, la pyra­mide de Mas­low, c’est du « gruyère ». Toute la base de la pyra­mide est rognée : besoins de sur­vie, sécu­ri­té, appar­te­nance. Avant de pour­voir satis­faire son égo, il faut d’a­bord com­bler ces 3 besoins.
      C’est le sys­tème capi­ta­liste qui nous pousse vers des solu­tions indi­vi­dua­listes, de concur­rence entre indi­vi­dus, de mettre en évi­dence nos moindres dif­fé­rences, tout ce qui nous sépare et nous affaiblit.

      Réponse
    • joss

      Le sys­tème pen­sé par Friot ne remet pas en cause le fait qu’il y ait des gen­tils et des méchants humains.
      L’UTOPIE, c’est de vou­loir à tout prix faire tour­ner un sys­tème capi­ta­liste qui fait mar­cher le monde sur sa tête. Ça c’est de l’U­TO­PIE qui nous mène­ra à la catastrophe.
      Faites la vais­selle pour com­bler votre ego si vous vou­lez, mais vous rece­vrez un salaire quoi qu’il en soit.

      Réponse
  38. Ana Sailland

    « Ma ques­tion est, entre autres, de savoir si on donne un salaire à ce celui qui ne fait jamais la vaisselle »

    OUI

    Ce ne sera pas long : Il va mou­rir d’ennui 😉

    Réponse
  39. Jacques

    On ne peut qu’être d’accord avec Paul Jorion lorsqu’il dit « Quand on me parle de l’allocation uni­ver­selle parce qu’il n’y aura pas de tra­vail pour tout le monde, je dis non : nous consom­mons aujourd’hui en huit mois toutes les res­sources renou­ve­lables que la pla­nète peut pro­duire en un an. Nous consom­mons 1,6 pla­nète par an. Si l’on veut retour­ner à une uti­li­sa­tion plus rai­son­nable, il y a un énorme tra­vail à réa­li­ser, qui occu­pe­ra beau­coup de monde. » https://www.pauljorion.com/blog/wp-content/uploads/Paul-Jorion‑1.pdf
    Il est évident que la droite s’y inté­resse : ils vont sucrer toutes les allocs et ins­tau­rer un salaire mini­mum de sur­vie, tout en gar­dant le sys­tème tel qu’il est.
    Dans la pers­pec­tive de Ber­nard Friot, à moins que je ne me trompe, il s’agit avant tout de revoir le système.
    Exemples :
    Tomates sans eau (4min) : https://​you​tu​.be/​C​C​S​C​C​p​2​k​LVE
    Agro­fo­res­te­rie (moyen terme) (1h16 en tout ; de 41’52 à 48’48 il est au top ! (Mer­ci Eve !)) : https://​you​tu​.be/​V​3​3​p​y​K​q​v​M​D​U​&​f​e​a​t​u​r​e​=​y​o​u​t​u​.​b​e​&​t​=​4​1​m​52s
    Per­ma­cul­ture (long terme) (33 min) : https://​you​tu​.be/​V​j​Q​U​h​5​-​C​nZk

    Réponse
  40. Jacques

    Un article bien inté­res­sant chez les militaires :
    http://​www​.pen​see​mi​li​terre​.fr/​l​a​-​s​t​r​a​t​e​g​i​e​-​d​e​-​l​-​a​b​s​t​e​n​t​i​o​n​-​_​2​0​1​4​2​5​6​.​h​tml
    et quelques autres :
    http://​www​.pen​see​mi​li​terre​.fr/​q​u​a​n​d​-​l​-​a​r​g​e​n​t​-​e​s​t​-​s​t​r​a​t​e​g​i​q​u​e​_​2​0​1​4​2​5​2​.​h​tml
    http://​www​.pen​see​mi​li​terre​.fr/​m​a​f​i​a​s​-​e​t​-​e​t​a​t​-​e​n​t​r​e​-​a​m​b​i​v​a​l​e​n​c​e​-​e​t​-​a​m​b​i​g​u​i​t​e​s​-​u​n​e​-​g​e​o​p​o​l​i​t​i​q​u​e​-​d​e​-​l​a​-​c​o​m​p​l​e​x​i​t​e​_​2​0​1​3​8​4​0​.​h​tml
    http://​www​.pen​see​mi​li​terre​.fr/​l​a​-​v​i​l​l​e​-​o​u​-​l​a​-​f​o​r​c​e​-​i​n​c​a​r​c​e​r​e​e​-​_​2​0​1​4​9​2​6​.​h​tml
    Last but not least : (qui me fait pen­ser au 9e – et der­nier – retour­ne­ment (cha­pitre 8) de Sun Zi « il y a des ordres royaux aux­quels ne pas obéir »)
    http://​www​.pen​see​mi​li​terre​.fr/​e​t​-​s​-​i​l​-​f​a​l​l​a​i​t​-​a​p​p​r​e​n​d​r​e​-​a​-​m​i​e​u​x​-​s​a​v​o​i​r​-​d​i​r​e​-​n​o​n​-​_​2​0​1​5​2​5​2​.​h​tml

    Réponse
    • Jacques

      Le monde à l’envers :
      « Aujourd’hui comme hier, la pro­pa­gande existe. Galu­la le rap­pe­lait : « L’insurgé, déta­ché de toute res­pon­sa­bi­li­té, peut faire jouer tous les rouages de la pro­pa­gande ; il peut, en tant que de besoin, men­tir, tri­cher ou embel­lir la réa­li­té. Il n’a pas l’obligation de prou­ver les infor­ma­tions qu’il avance ; il est jugé sur ses pro­messes et non sur ses actes. (…) Le loya­liste est pri­son­nier de ses res­pon­sa­bi­li­tés et de son pas­sif, et pour lui les actes en disent plus long que les mots. S’il ment, triche ou embel­lit la véri­té, s’il ne prouve pas les infor­ma­tions qu’il avance, il n’obtient que des vic­toires tem­po­raires et est défi­ni­ti­ve­ment dis­cré­di­té. Dans son propre camp, l’opposition sera prompte à démas­quer cha­cune de ses manœuvres psy­cho­lo­giques. (…) Le loya­liste peut donc rare­ment mas­quer l’inefficacité ou l’absence de poli­tique par la pro­pa­gande ». » (P.665 ici : http://​www​.ins​ti​tut​-stra​te​gie​.fr/​9​3​9​4​9​5​9​6​.​pdf)

      Réponse
  41. Visiteur

    L’au­teur San­drine Desse, dans son roman Char­lie pro­fa­né, livre une réflexion assez inté­res­sante à ce sujet :

    « Les reli­gions m’indiffèrent pro­fon­dé­ment. Il n’existe pour moi que des humains dont le droit essen­tiel est de vivre en pen­sant ce qu’ils veulent sans avoir à ris­quer leur vie pour ça. Et c’est ce que la laï­ci­té avait presque réus­si à accom­plir. Aidé de la science, l’homme avait tué le mer­veilleux, et la sagesse qui seule peut per­mettre le véri­table vivre ensemble était enfin à por­tée de main.

    Et aujourd’hui, ce sur­saut de délire mys­tique remet en cause des siècles de com­bat silen­cieux et sans vio­lence. Tous les dis­cours que nous pour­rions faire pour inci­ter l’homme à la rai­son seraient inutiles. L’être humain a besoin de mer­veilleux autant que de nour­ri­ture. C’est la seule chose que la laï­ci­té n’a pas pu lui four­nir. C’est notre seule faiblesse. »

    Réponse

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