Le Point de Ruptures N°2 : que se cache-t-il derrière « le populisme » ?, avec Pierre Lévy et Pierre-Yves Rougeyron

18/06/2019 | 2 commentaires

À la suite des élec­tions euro­péennes, on parle ici « des popu­lismes », mot impor­tant et posi­tif uti­li­sé comme une insulte par les démo­phobes, enne­mis du peuple, d’abord au sin­gu­lier pour dire « extrême droite et déma­gogue », puis mis au plu­riel pour y four­rer « la gauche radicale ».

On parle aus­si un peu des gilets jaunes consti­tuants et des RICs SAUVAGES qui se mul­ti­plient un peu par­tout dans le pays :

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Étienne

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2 Commentaires

  1. etienne

    MIEUX QUE LE RIC RÉVOCATOIRE, LES CONVOCATIONS POPULISTES, par Laurent S :

    Voi­ci un extrait d’une réflexion plus glo­bale sur une forme de pou­voir légis­la­tif popu­liste, c’est-à-dire qui défend les inté­rêts du peuple. Il décrit un nou­veau droit à accor­der aux citoyens sur leurs élus.

    Le peuple étant sou­ve­rain, il doit aus­si pou­voir récla­mer des comptes à ses élus. Il aura donc l’initiative de ren­contres obli­ga­toires via les convo­ca­tions popu­listes. Elles sont déclen­chées par une cen­taine de citoyens (de quoi rem­plir une salle) qui jurent sur l’honneur de s’y rendre et dési­gnent l’un d’eux pour pré­si­der cette ren­contre. Celui-ci contacte les ser­vices du par­le­ment et com­mu­nique l’ordre du jour, le lieu, la date et le par­le­men­taire sou­hai­tés. Ceux-ci essaient de satis­faire au mieux toutes les demandes concur­rentes en fonc­tion de cri­tères pure­ment pra­tiques : proxi­mi­té géo­gra­phique du par­le­men­taire, prio­ri­té aux régions les moins visi­tées, aux par­le­men­taires les moins sol­li­ci­tés, prio­ri­té liée au carac­tère de l’ordre du jour. Ils peuvent pro­po­ser de fusion­ner des ren­contres et de pro­cé­der éven­tuel­le­ment par télé­con­fé­rence pour les ter­ri­toires ultramarins.

    Cer­taines convo­ca­tions popu­listes auront un carac­tère d’urgence car leur inté­rêt pour­rait être nul ou amoin­dri pas­sé une cer­taine date. Les ser­vices du par­le­ment devront donc avoir les moyens de faire res­pec­ter ces délais, la seule contrainte indé­pas­sable étant le nombre de par­le­men­taires dis­po­nibles. Une fois le ren­dez-vous conve­nu, les muni­ci­pa­li­tés sont tenues de mettre à dis­po­si­tion une salle, voire le ser­vice d’ordre et les médias locaux sont tenus d’en faire la publi­ci­té. Si les citoyens deman­deurs estiment que cette réunion aurait plus de force à se tenir sur le lieu même de leur tra­vail, y com­pris pen­dant leur temps de tra­vail, alors leur employeur sera tenu aux mêmes obli­ga­tions que les muni­ci­pa­li­tés. Les ser­vices du par­le­ment prennent en charge l’enregistrement vidéo de la ren­contre pour le mettre ensuite en libre accès. Les par­le­men­taires sont tenus d’accepter au moins une ren­contre par semaine pen­dant la ses­sion par­le­men­taire. Ils ne peuvent inter­ve­nir sur le choix de la convo­ca­tion qui leur a été attri­buée comme un juge ne peut choi­sir les affaires qu’il doit juger. Ils ne peuvent invo­quer leur plan­ning pour refu­ser. Le peuple étant sou­ve­rain, il est prio­ri­taire et ils doivent adap­ter leur agen­da au ren­dez-vous pris par les ser­vices du par­le­ment. En cas de man­que­ment, ils sont péna­li­sés finan­ciè­re­ment et peuvent être démis de leur mandat.

    Les citoyens peuvent donc uti­li­ser ces convo­ca­tions pour mani­fes­ter leurs inquié­tudes face à tel scan­dale envi­ron­ne­men­tal, à tel plan de licen­cie­ment en masse, à tel pro­jet de loi, à telle pro­vo­ca­tion ver­bale d’un élu. Les dépu­tés de la majo­ri­té devraient logi­que­ment être les plus sol­li­ci­tés car ils exercent le pou­voir, mais ceux qui tiennent des pro­pos déma­go­giques contre les immi­grés, les chô­meurs, seront aus­si les « vic­times » toutes dési­gnées des asso­cia­tions qui les défendent, ceux qui sont ven­dus aux lob­bies seront les bouc-émis­saires favo­ris des jour­na­listes, des uni­ver­si­taires, qui enquêtent sur les scan­dales publics. Les par­le­men­taires devront donc répondre de leurs actes per­son­nels ou de ceux de leur groupe. Et on attend d’eux qu’ils les assument, qu’ils exposent leurs convic­tions, leurs argu­ments sans faux-fuyants. Ces ren­contres seront la seule forme de lob­bying auto­ri­sée envers ceux-ci. Aux lob­bies donc de trou­ver une cen­taine d’agents pour sus­ci­ter les ren­contres qui défen­dront leurs inté­rêts, qui pour­ront être vues de tous et aux­quelles tout le monde pour­ra aus­si participer.

    Ce simple pou­voir de convo­ca­tion pour les citoyens, cette for­melle obli­ga­tion de pré­sence pour le par­le­men­taire ne sont pas un énième ava­tar dila­toire de la démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive mais bien une tri­bune révo­lu­tion­naire qui est offerte au peuple, un tri­bu­nal révo­lu­tion­naire même, où les faibles sont assis en haut et les puis­sants debout en bas. On le prou­ve­ra tout sim­ple­ment en éten­dant ce pou­voir de sai­sie des citoyens à tout direc­teur d’administration dans le public, à tout pré­sident direc­teur géné­ral ou direc­teur des res­sources humaines dans le pri­vé. Ce n’est pas l’élu ou l’administration qui invite pour faire sem­blant d’écouter, c’est la rue qui réclame des comptes et à qui l’on est obli­gé d’en rendre. On rompt ain­si avec un des prin­cipes fon­da­men­taux des ins­ti­tu­tions oli­gar­chiques : pro­té­ger les déci­deurs des consé­quences délé­tères de leurs actes. Ici ils ne pour­ront plus fuir, faire sem­blant de ne pas entendre, de ne pas être au cou­rant. Ils devront assumer.

    Les convo­ca­tions popu­listes sont un entraî­ne­ment per­ma­nent de la popu­la­tion à l’action poli­tique. Face à l’inanité d’un par­le­men­taire, elle s’enhardira de mener l’un des siens à l’Assemblée Natio­nale pour les pro­chaines élec­tions. L’obligation de la ren­contre phy­sique pose le rap­port de force. L’ambiance ne sera pas celle sté­ri­li­sée de l’entre-soi des pla­teaux télé : les oppri­més joue­ront à domi­cile avec leur public, leurs codes, et le choix des armes, unis contre un seul. Pour une fois les par­le­men­taires issus du même milieu social que l’assistance ou qui le fré­quentent seront bien plus à l’aise que ceux des métiers de la parole for­ma­tés dans les grandes écoles.

    Ces ren­contres fil­mées sont des témoi­gnages de la vie des gens, de leurs dif­fi­cul­tés, de leurs inquié­tudes. Alors que le sys­tème média­tique les ignore tota­le­ment, ils seront ici les héros per­ma­nents et uniques. Ils se ren­dront compte que leur sort est par­ta­gé par des mil­lions d’autres per­sonnes. Ils ver­ront s’exprimer toutes les injus­tices d’un ordre du monde inique. Ces ren­contres for­me­ront une conscience publique affû­tée de la situa­tion pro­fonde du pays. Et face à la colère cres­cen­do du public, il n’y aura plus d’autres moyens pour le pou­voir que de s’atteler enfin à la lutte contre toutes les inégalités.

    Le pacte impli­cite qui sera signé entre l’assistance et le par­le­men­taire à l’issue de cette convo­ca­tion n’aura certes nulle force légale, mais le par­le­men­taire qui le rom­pra déchi­re­ra aus­si le contrat poli­tique qui l’a fait légis­la­teur et il entraî­ne­ra dans sa chute d’autres domi­nos. Dans de telles cir­cons­tances, il aurait mieux fal­lu pour l’élu capi­tu­ler sans hon­neur car il aurait cir­cons­crit l’incident à sa simple per­sonne. Enfin il ne res­te­ra au repré­sen­tant qui main­tient son désac­cord contre l’assistance qu’à gagner son res­pect par son cou­rage et son inté­gri­té. Il pour­ra essayer de faire venir une claque mais le citoyen qui pré­side la ren­contre est seul res­pon­sable de son dérou­le­ment et conduit les débats selon son bon vou­loir, comme un juge dans son tri­bu­nal. Comme les convo­ca­tions sont fil­mées, aucune des par­ties n’aura inté­rêt à ce qu’elles dégé­nèrent. Elles devraient plu­tôt cher­cher à maî­tri­ser les pra­tiques d’agitprop, les recettes de Saul Alins­ky, pour empor­ter la joute sans rendre la dis­cus­sion confuse. Les convo­ca­tions popu­listes auront d’autant plus d’impact qu’elles sont révé­la­trices d’inquiétudes par­ta­gées par­mi la popu­la­tion qui les sui­vra alors de près. Si elles visent sim­ple­ment à har­ce­ler ou louan­ger des par­le­men­taires, elles ne sus­ci­te­ront aucun inté­rêt et décré­di­bi­li­se­ront leurs inves­ti­ga­teurs aux yeux de tous et notam­ment aux yeux des ser­vices du par­le­ment qui déclas­se­ront les futures requêtes du pré­sident qui les aura organisées.

    Les convo­ca­tions popu­listes sont des pro­cé­dures plus simples et plus rapides et de ce fait tout aus­si régu­la­trices que les réfé­ren­dums révo­ca­toires. Ceux-ci sont d’ailleurs inopé­rants pour un scru­tin natio­nal pro­por­tion­nel : jamais les élec­teurs ne se pas­sion­ne­ront pour le sort d’un par­le­men­taire par­mi plus de mille. Seules les per­son­na­li­tés les plus connues pour­raient faire l’objet d’un tel enjeu, mais se serait au prix d’un détour­ne­ment de l’objet de ce réfé­ren­dum, car cette nota­bi­li­té aura été choi­sie non pour ses actes ou ses paroles mais pour le sym­bole qu’elle repré­sente en tant que chef de par­ti par exemple.

    Ain­si on peut faire le pari que même sans géné­rer aucune obli­ga­tion, autre que celle de la pré­sence de l’élu, ou du res­pon­sable public ou pri­vé, ces convo­ca­tions popu­listes, peuvent don­ner au peuple un pou­voir bien plus grand que le man­dat impé­ra­tif ou le RIC révo­ca­toire, car elles sont rapides à mettre en place et lar­ge­ment dif­fu­sées. Elles peuvent en cas de crise trans­for­mer le pays en assem­blée géné­rale per­ma­nente sans empê­cher le gou­ver­ne­ment de tra­vailler… pour peu qu’il réponde aux attentes expri­mées. Sinon elles seront les foyers par­faits pour une révo­lu­tion générale.

    Source : Le Grand Soir :
    https://​www​.legrand​soir​.info/​m​i​e​u​x​-​q​u​e​-​l​e​-​r​i​c​-​r​e​v​o​c​a​t​o​i​r​e​-​l​e​s​-​c​o​n​v​o​c​a​t​i​o​n​s​-​p​o​p​u​l​i​s​t​e​s​.​h​tml

    Réponse
  2. F68.10

    L’i­dée des convo­ca­tions popu­laires est bonne. Je trouve les condi­tions pro­po­sées dans l’ar­ticle un peu irréa­listes, mais les choses sont tou­jours à affiner.

    Sur­tout, je pense que cela peut être une bonne tri­bune pour faire émer­ger des hommes poli­tiques. N’im­porte quel qui­dam pour­rait, avec un peu d’huile de coude, se retrou­ver en posi­tion de se faire un nom en tant que « pro­cu­reur » de la convo­ca­tion populaire.

    Si on pou­vait se don­ner l’oc­ca­sion d’a­voir des petits moments comme cela dans le cadre de convo­ca­tions popu­laires, cela don­ne­rait un peu de fraîcheur :

    https://​you​tu​.be/​K​D​2​h​D​_​P​Z​lZ8

    Ca serait un peu plus sérieux que les ronds dans l’eau de nos poli­tiques devant nos chers jour­na­listes indépendants.

    Réponse

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