Les élites n’ont plus aucune crédibilité. Une interview passionnante du journaliste Chris Hedges (traduite par le Saker francophone)

19/10/2017 | 9 commentaires

Le Saker fran­co­phone vient de tra­duire un nou­vel entre­tien de David North avec Chris Hedges, que je trouve admi­rable, daté du 6 octobre 2017 sur le Word Socia­list Web Site :

Nous vivons dans une nation ou les méde­cins détruisent la vie, les avo­cats la jus­tice, les uni­ver­si­tés la connais­sance, la presse l’information, la reli­gion la morale et les banques l’économie.

David North : – Com­ment inter­pré­tez-vous cette fixa­tion sur la Rus­sie et toute  cette réin­ter­pré­ta­tion de l’élection pré­si­den­tielle comme si elle avait été mani­pu­lée par Poutine ?

Chris Hedges : – C’est aus­si ridi­cule que pour les armes de des­truc­tion mas­sive de Sad­dam Hus­sein. C’est une accu­sa­tion abso­lu­ment non fon­dée uti­li­sée pour ins­til­ler cette idée très effrayante : les cri­tiques du capi­ta­lisme d’entreprise et de l’impérialisme sont des agents étran­gers tra­vaillant pour la Russie.

Je ne doute pas que les Russes inves­tissent temps, éner­gie et argent pour ten­ter d’influer sur les évé­ne­ments ayant cours aux États-Unis de manière à ser­vir leurs inté­rêts, comme nous l’avons fait et le fai­sons encore en Rus­sie et dans bien d’autres pays du monde. Je ne dis donc pas qu’il n’y a pas eu d’influence ou ten­ta­tive d’influence sur cer­tains événements.

Mais l’idée que les Russes aient pu faire bas­cu­ler les élec­tions en faveur de Trump est absurde. Tout cela est fon­dé sur l’affirmation non prou­vée que la Rus­sie a four­ni les cour­riels pira­tés de Podes­ta à Wiki­Leaks, et que leur publi­ca­tion a pous­sé des dizaines, voir des cen­taines de mil­liers de par­ti­sans de Clin­ton à voter Trump. Cela n’a aucun sens. Soit ça, soit, selon le direc­teur du ren­sei­gne­ment natio­nal, que Rus­sia Today Ame­ri­ca, où j’anime une émis­sion, a mani­pu­lé tout le monde pour qu’ils votent pour le Green Party.

Cette obses­sion pour la Rus­sie est une tac­tique uti­li­sée par l’élite diri­geante, en par­ti­cu­lier le Par­ti démo­crate, afin d’éviter de faire face à une réa­li­té très désa­gréable : leur impo­pu­la­ri­té est le résul­tat de leur poli­tique de dés­in­dus­tria­li­sa­tion et de l’assaut contre les tra­vailleurs et les pauvres de cou­leur. C’est le résul­tat d’accords com­mer­ciaux désas­treux comme l’ALENA qui ont sup­pri­mé des emplois syn­di­qués bien rému­né­rés et les ont expé­diés dans des endroits comme le Mexique, où les tra­vailleurs sans avan­tages sociaux reçoivent 3 $ de l’heure. C’est le résul­tat de l’explosion d’un sys­tème d’incarcération de masse, enta­mé par Bill Clin­ton avec sa loi sur la cri­mi­na­li­té de 1994, qui a entrai­né le tri­ple­ment et le qua­dru­ple­ment des peines d’emprisonnement. C’est le résul­tat de la réduc­tion des ser­vices gou­ver­ne­men­taux de base, y com­pris, bien sûr, ceux du ser­vice de san­té, que Clin­ton a évis­cé­rés ; la déré­gle­men­ta­tion, une infra­struc­ture en décom­po­si­tion, qui touche même les écoles publiques, et l’évitement fis­cal de fac­to par les entre­prises. C’est le résul­tat de la trans­for­ma­tion du pays en une oli­gar­chie. La révolte nati­viste de droite et l’insurrection avor­tée au sein du Par­ti démo­crate ont du sens quand on voit ce qu’ils ont fait au pays.

Les forces de police ont été trans­for­mées en enti­tés qua­si mili­taires qui ter­ro­risent les com­mu­nau­tés mar­gi­nales, où les gens ont été pri­vés de tous leurs droits et sur qui on peut tirer en toute impu­ni­té. Plus de trois per­sonnes sont tuées par jour, c’est un fait. L’État tire sur les pauvres gens de cou­leur ou les empri­sonne comme une forme de contrôle social. Et il est tout dis­po­sé à employer la même forme de contrôle social sur n’importe quel autre seg­ment de la popu­la­tion qui devien­drait rétive.

Le Par­ti démo­crate, en par­ti­cu­lier, conduit toute cette chasse aux sor­cières russe. Il ne peut pas recon­naître sa com­pli­ci­té dans la des­truc­tion de nos liber­tés civiles, mais rap­pe­lez-vous que l’attaque de Barack Oba­ma contre les liber­tés civiles a été pire que celle de George W. Bush, et dans la des­truc­tion de notre éco­no­mie et de nos ins­ti­tu­tions démocratiques.

Des poli­ti­ciens comme les Clin­ton, Pelo­si et Schu­mer sont des créa­tions de Wall Street. C’est pour­quoi ils ont été si viru­lents pour repous­ser les par­ti­sans de San­ders dans le Par­ti démo­crate. Sans l’argent de Wall Street, ils n’auraient pas le pou­voir poli­tique. Le Par­ti démo­crate ne fonc­tionne pas comme un vrai par­ti. Il s’agit sur­tout de mobi­li­ser une masse de gens et d’en faire un outil de rela­tions publiques en agi­ta­tion per­pé­tuelle, tout cela finan­cé par des grosses entre­prises. La base du par­ti n’a pas vrai­ment son mot à dire dans sa direc­tion ou la poli­tique qu’il mène, comme l’ont décou­vert Ber­nie San­ders et ses par­ti­sans. Ils ne sont que des acces­soires dans un théâtre poli­tique stérile.

Les élites de ce par­ti, ron­gées par la cupi­di­té, la myo­pie et un pro­fond cynisme, ont une emprise mor­telle sur le pro­ces­sus poli­tique. Elles ne vont pas lâcher prise, même si tout doit imploser.

– Chris, vous avez tra­vaillé pour le New York Times. Quand était-ce, exactement ?

– De 1990 à 2005.

– Puisque vous avez l’expérience de cette ins­ti­tu­tion, quels chan­ge­ments y voyez-vous ? Nous savons qu’elle s’est faite un lec­to­rat par­mi la classe moyenne supé­rieure aisée.

– Le New York Times cible les 30 mil­lions d’Américains for­mant la classe moyenne supé­rieure et les riches. C’est un jour­nal natio­nal ; seul envi­ron 11% de son lec­to­rat réside à New York. Il est très facile de voir à qui s’adresse leTimes en consul­tant ses sec­tions spé­ciales sur l’immobilier, la mode, les affaires ou le tou­risme. Ici, des articles expliquent la dif­fi­cul­té d’entretenir, par exemple, une deuxième mai­son dans les Hamp­tons. Il lui arrive de faire de bonnes enquêtes, bien que peu sou­vent. Il couvre les affaires étran­gères. Il reflète essen­tiel­le­ment la pen­sée des élites. Je lis le Times tous les jours, peut-être pour équi­li­brer la lec­ture de votre site web.

– Eh bien, j’espère que nous lire fait plus que de l’équilibrer.

– Oui, c’est le cas. Le Times a tou­jours été une publi­ca­tion éli­tiste, mais il a com­plè­te­ment embras­sé l’idéologie du néo-conser­va­tisme et du néo­li­bé­ra­lisme dans une période de détresse finan­cière, quand Abe Rosen­thal en était le rédac­teur en chef. C’est lui qui a créé les sec­tions spé­ciales s’adressant à l’élite. Et il a impo­sé une cen­sure de fac­to pour exclure les cri­tiques du capi­ta­lisme sans entraves et de l’impérialisme, tels que Noam Chom­sky ou Howard Zinn. Il a har­ce­lé des jour­na­listes comme Syd­ney Schan­berg, qui a défié les pro­mo­teurs immo­bi­liers de New York, ou Ray­mond Bon­ner, qui a enquê­té sur le mas­sacre El Mozote au Salvador.

Il déjeu­nait chaque semaine, avec son édi­teur, William F. Buck­ley. Cette bas­cule dans les bras des forces les plus rétro­grades du capi­ta­lisme d’entreprise et des par­ti­sans de l’impérialisme amé­ri­cain a, pen­dant un cer­tain temps, per­mis au jour­nal de deve­nir très ren­table. Puis l’essor de l’internet, la perte d’annonces publi­ci­taires, qui repré­sen­taient envi­ron 40% de l’ensemble des reve­nus des jour­naux, ont tou­ché le Times comme tous les autres. L’information papier a per­du le mono­pole qui autre­fois reliait les ven­deurs aux ache­teurs. Les jour­naux sont pié­gés dans un vieux sys­tème d’information sur lequel ils collent une éti­quette d’« objec­ti­vi­té » et d’« équi­libre », des for­mules conçues pour cacher le fait qu’ils servent les puis­sants et les riches et obs­cur­cissent la véri­té. Mais, comme toutes les cours byzan­tines, le Times conti­nue­ra à s’accrocher à son Saint Graal.

Le sérieux intel­lec­tuel du jour­nal, en par­ti­cu­lier la Revue des livres et la Revue de la semaine, a été dégra­dé par Bill Kel­ler, lui-même un néo­con, qui, en tant que chro­ni­queur, fut une des pom-pom girls de la guerre en Irak. Il a ame­né des per­son­nages comme Sam Tanen­haus. À ce moment-là, le jour­nal a embras­sé, sans aucune dis­si­dence, l’idéologie uto­pique du néo­li­bé­ra­lisme et la pri­mau­té du pou­voir des grandes entre­prises comme étant la voie inévi­table du pro­grès humain. Le Times, comme les écoles de com­merce, les dépar­te­ments d’économie des uni­ver­si­tés et les experts pro­mus par le milieu des grosses entre­prises, ont pro­pa­gé l’idée absurde que nous serions tous mieux lotis si nous pros­ter­nions tous les sec­teurs de la socié­té devant les exi­gences du mar­ché. Il faut une sorte de stu­pi­di­té incroyable pour y croire. On a vu des étu­diants de la Har­vard Busi­ness School faire des études de cas sur Enron et de son brillant busi­ness model, jusqu’à ce qu’Enron s’effondre et soit expo­sé comme une gigan­tesque escro­que­rie. En réa­li­té cela n’a jamais été un débat d’idées. C’était juste de la pure cupi­di­té. Elle a été impo­sée par des per­sonnes soi-disant les mieux ins­truites par­mi nous, comme Lar­ry Sum­mers, qui pro­pa­geait le men­songe que notre déclin est dû à des niveaux d’instruction défi­cients. Il est sur­tout dû à une élite amo­rale et en faillite et aux ins­ti­tu­tions finan­cières cri­mi­nelles qui les ont ren­dus riches.

La pen­sée cri­tique, sur la page opi­nion, la Revue de la semaine ou la Revue des livres, qui n’avait jamais été très poin­tue, s’est com­plè­te­ment éva­po­rée sous Kel­ler. La glo­ba­li­sa­tion y était au-delà de toute cri­tique. Le Times, comme toutes les ins­ti­tu­tions d’élite, est deve­nu une chambre d’écho her­mé­ti­que­ment scel­lée ; ils ne se rendent pas compte à quel point ils sont deve­nu ridi­cules et à coté de la plaque. Tho­mas Fried­man et David Brooks pour­raient tout aus­si bien écrire pour The Onion.

Je tra­vaillais à l’étranger. Je n’étais pas très pré­sent dans la salle de rédac­tion, mais le jour­nal est un endroit confit d’angoisse. Les règles ne sont pas écrites sur les murs, mais tout le monde connaît, même si elle n’est pas clai­re­ment arti­cu­lée, la devise non offi­cielle du jour­nal : ne pas s’aliéner de manière signi­fi­ca­tive ceux sur qui nous dépen­dons pour l’argent et l’accès ! Vous pou­vez quel­que­fois les cri­ti­quer. Mais si vous êtes un jour­na­liste sérieux, comme Char­lie Leduff ou Syd­ney Schan­berg, qui veulent don­ner une voix à des gens qui n’en ont pas ou abor­der les ques­tions raciales, de classe, d’exploitation capi­ta­liste ou d’empire, vous pou­vez alors rapi­de­ment deve­nir un pro­blème pour la direc­tion et être expul­sé. Ceux qui pro­gressent dans ce type d’organisation et détiennent le pou­voir sont des car­rié­ristes avé­rés. Leur loyau­té est à la mesure de leur ambi­tion et de la sta­ture et la ren­ta­bi­li­té de l’institution, ce qui explique pour­quoi la hié­rar­chie du jour­nal est rem­plie de gens médiocres. Le car­rié­risme est le plus grand talon d’Achille du jour­nal. Il ne manque pas de talent. Mais il manque d’indépendance intel­lec­tuelle et de cou­rage moral. Cela me rap­pelle Harvard.

– Reve­nons à cette his­toire de pira­tage russe. Vous avez sou­le­vé la capa­ci­té de géné­rer une his­toire, qui n’a abso­lu­ment aucun fon­de­ment fac­tuel, rien que des affir­ma­tions de diverses agences de ren­sei­gne­ment, pré­sen­tées comme une infor­ma­tion ne pou­vant être remise en ques­tion. Quelle est votre avis sur ce point ?

– Les réseaux d’informations télé­vi­sées, notam­ment CNN et MSNBC, ne font pas de jour­na­lisme, ou à peine. Leurs célèbres jour­na­listes ne sont que des repré­sen­tants de l’élite. Ils ampli­fient et spé­culent sur les com­mé­rages de la cour, ce que sont toutes les accu­sa­tions à pro­pos de la Rus­sie, et ils répètent ce qu’on leur dit de répé­ter. Ils sacri­fient le jour­na­lisme et la véri­té pour l’audience et le pro­fit. Ces infor­ma­tions câblées consti­tuent l’un des nom­breux flux de reve­nus d’une struc­ture d’entreprise. Ils sont en concur­rence avec d’autres sources de reve­nus. Le direc­teur de CNN, Jeff Zucker, qui a aidé à créer la per­son­na­li­té fic­tive de Donald Trump dansCele­bri­ty Appren­tice, a trans­for­mé la poli­tique sur CNN en une émis­sion de télé-réa­li­té 24 heures sur 24. Toute nuance, ambi­guï­té, signi­fi­ca­tion et pro­fon­deur, ain­si que tout fait véri­fiable, sont sacri­fiés pour un diver­tis­se­ment salace. Le men­songe, le racisme, la bigo­te­rie et les théo­ries du com­plot sont publiés et consi­dé­rés comme de l’information sérieuse, sou­vent par des per­sonnes dont le trait de carac­tère domi­nant est leur dés­équi­libre. C’est de l’information burlesque.

Je fai­sais par­tie de l’équipe d’enquête du New York Times pen­dant la période pré­cé­dant la guerre en Irak. J’étais basé à Paris et cou­vrait al-Qaï­da en Europe et au Moyen-Orient. Lewis Scoo­ter Lib­by, Dick Che­ney, Richard Perle et peut-être quelqu’un tra­vaillant pour une agence de ren­sei­gne­ment, allaient confir­mer toute l’histoire que l’administration ten­tait de lan­cer. Les règles jour­na­lis­tiques du Times disent que vous ne pou­vez pas publier un article basé sur une unique source. Mais si vous avez trois ou quatre sources pré­ten­du­ment indé­pen­dantes confir­mant le même récit, alors vous pou­vez y aller, c’est ce qu’ils ont fait. L’article n’a pas enfreint les règles ensei­gnées à l’école de jour­na­lisme de Colum­bia, et mal­gré tout, ce qu’ils ont écrit était pur mensonge.

Tout l’exercice rele­vait du bur­lesque. La Mai­son Blanche allait racon­ter une his­toire bidon à Judy Mil­ler ou à Michael Gor­don, puis ensuite décla­re­rait :« comme le Times le montre… ». Cela a per­mis de don­ner à ces men­songes le ver­nis de l’indépendance et du jour­na­lisme de renom. Ce fut un échec ins­ti­tu­tion­nel mas­sif, que le jour­nal n’a jamais reconnu.

– La CIA invente l’histoire, puis le Times la véri­fie auprès de ceux qui l’ont inventée.

– Ce n’est pas tou­jours inven­té. Et cela n’est pas venu de la CIA. La CIA ne sou­te­nait pas l’hystérie sur les « armes de des­truc­tion mas­sive ».

– Ça marche aus­si dans l’autre sens ?

– Bien sûr. Parce que si vous essayez d’avoir accès à un haut fonc­tion­naire, vous allez constam­ment faire des demandes, et ce sera ces fonc­tion­naires qui déci­de­ront quand ils veulent vous voir. Et quand ils veulent vous voir, c’est géné­ra­le­ment parce qu’ils ont quelque chose à vous vendre.

– Le dis­cours anti-russe des médias a été adop­té par de larges por­tions de ce qui se pré­sente comme la «  gauche ».

– Eh bien, ne me lan­cez pas sur la gauche amé­ri­caine. Tout d’abord, il n’y a pas de gauche amé­ri­caine, pas de gauche digne de ce nom, qui com­prenne les théo­ries poli­tiques ou révo­lu­tion­naires, qui soit impré­gnée d’étude éco­no­mique, qui com­prend com­ment fonc­tionnent les sys­tèmes de pou­voir, en par­ti­cu­lier le pou­voir cor­po­ra­tif et impé­rial. La gauche est prise dans le même genre de culte de la per­son­na­li­té qui afflige le reste de la socié­té. Elle se concentre sur Trump, comme si Trump était le pro­blème cen­tral. Trump est le résul­tat, le symp­tôme d’un sys­tème défaillant et d’une démo­cra­tie dys­fonc­tion­nelle, il n’est pas la maladie.

Si vous ten­tez de débattre de cela avec la plu­part de ceux qui sont sup­po­sé­ment de gauche, ils réduisent la dis­cus­sion à cette vision cari­ca­tu­rale de la politique.

La gauche sérieuse dans ce pays a été déci­mée. Cela a com­men­cé avec la sup­pres­sion des mou­ve­ments radi­caux sous Woo­drow Wil­son, puis les « Red Scares » dans les années 1920, quand ils ont pra­ti­que­ment détruit notre mou­ve­ment syn­di­cal et notre presse radi­cale, puis toutes les purges des années 1950. Pour faire bonne mesure, ils ont pur­gé la classe libé­rale – regar­dez ce qu’ils ont fait à Hen­ry Wal­lace – de sorte que les « libé­raux » de la guerre froide assi­mi­laient le capi­ta­lisme à la démo­cra­tie et l’impérialisme à la liber­té. J’ai vécu en Suisse et en France. Il y a encore quelques restes d’une gauche mili­tante en Europe, ce qui donne aux Euro­péens une base sur laquelle s’appuyer. Mais ici, nous avons presque à recom­men­cer de zéro.

Je me bats en per­ma­nence contre les Anti­fas et le Black Bloc. Je pense qu’ils sont une sorte de pos­ter pour enfants pour ce que je consi­dé­re­rais comme une phé­no­mé­nale imma­tu­ri­té poli­tique. La résis­tance n’est pas une forme de cathar­sis per­son­nelle. Nous ne com­bat­tons pas la mon­tée du fas­cisme dans les années 1930. Les élites que nous devons ren­ver­ser ont déjà le pou­voir. Et à moins que nous ne construi­sions un vaste mou­ve­ment de résis­tance popu­laire, qui exi­ge­ra beau­coup de patience et d’organisation par­mi les tra­vailleurs et les tra­vailleuses, nous allons être pro­gres­si­ve­ment terrassés.

Trump n’est donc pas le pro­blème. Mais cette phrase seule va tuer la plu­part des dis­cus­sions avec des gens qui se consi­dèrent comme fai­sant par­tie de la gauche.

Le pou­voir des grandes entre­prises rend très dif­fi­cile de gagner sa vie si vous vous accro­chez à cette cri­tique radi­cale. Vous ne serez jamais titu­la­ri­sé. Vous n’obtiendrez pro­ba­ble­ment pas de ren­dez-vous aca­dé­miques. Vous ne gagne­rez pas de prix. Vous ne rece­vrez pas de sub­ven­tions. Le New York Times, si même il déci­dait d’examiner votre livre, le remet­trait à un man­da­rin dévoué comme George Packer pour qu’il le détruise, comme il l’a fait avec mon der­nier livre. Les écoles d’élite, et j’ai ensei­gné en tant que pro­fes­seur invi­té dans quelques-unes d’entre elles, Prin­ce­ton et Colum­bia par exemple, repro­duisent la struc­ture et les objec­tifs des entre­prises. Si vous vou­lez pas­ser par un comi­té de doc­to­rat, vous devez le jouer vrai­ment, vrai­ment, en toute sécu­ri­té. Vous ne devez pas contes­ter la posi­tion favo­rable aux grandes entre­prises qui imprègne l’institution et est impo­sée par des dons de celles ci et les dik­tats des riches anciens étu­diants. La moi­tié des membres de la plu­part de ces conseils d’administration devraient être en prison !

Au XVIIe siècle en Grande-Bre­tagne, la spé­cu­la­tion était un crime. Les spé­cu­la­teurs étaient pen­dus. Aujourd’hui, ils dirigent l’économie et le pays. Ils ont acca­pa­ré les richesses pour détruire la vie intel­lec­tuelle, cultu­relle et artis­tique du pays et étouf­fer notre démo­cra­tie. Il y a un mot pour ces gens : des traîtres.

– Quel est, selon vous, l’impact de la poli­tique iden­ti­taire aux États-Unis ?

– Eh bien, la poli­tique iden­ti­taire montre bien l’immaturité de la gauche. Le pou­voir des grandes entre­prises a adop­té la poli­tique iden­ti­taire. Nous avons vu où la poli­tique iden­ti­taire nous a ame­nés avec Barack Oba­ma, pire que nulle part. Il n’était, comme l’a dit Cor­nel West, qu’une mas­cotte noire pour Wall Street, et main­te­nant il donne des confé­rences très bien payées en récom­pense pour nous avoir vendus.

Mon anec­dote pré­fé­rée à pro­pos de la poli­tique iden­ti­taire : Cor­nel West et moi-même, ain­si que d’autres, avons diri­gé une marche des sans-abris à la ses­sion de la Conven­tion natio­nale démo­crate, à Phi­la­del­phie. Il y avait un ras­sem­ble­ment cette nuit-là, des cen­taines de per­sonnes, sur­tout des par­ti­sans de Ber­nie San­ders en colère. On m’avait deman­dé de venir y par­ler. Et dans l’arrière-salle, il y avait un groupe de jeunes mili­tants qui disait : « Nous ne lais­se­rons pas le Blanc par­ler en pre­mier ». Puis l’un d’eux se leva et pro­non­ça un dis­cours enjoi­gnant tout le monde à voter pour Hil­la­ry Clin­ton. C’est en quelque sorte là où la poli­tique d’identité vous mène. Il y a une grande dif­fé­rence entre les leurres qu’utilisent le capi­ta­lisme d’entreprise et l’impérialisme, comme Corey Boo­ker et Van Jones, et de véri­tables mili­tants comme Glen Ford et Aja­mu Bara­ka. Le pou­voir des grandes entre­prises sélec­tionne et encou­rage soi­gneu­se­ment les femmes ou les per­sonnes de cou­leur qui vont ser­vir de leurres, de masques, pour mieux cacher leur cruau­té et leur exploi­ta­tion des gens.

De toute évi­dence, il est extrê­me­ment impor­tant que ces voix soient enten­dues, mais pas celles qui sont ven­dues à l’élite au pou­voir. Le mou­ve­ment fémi­niste en est un par­fait exemple. Le vieux fémi­nisme, que j’admire, le genre de fémi­nisme d’Andrea Dwor­kin, était d’autonomiser les femmes oppri­mées. Cette forme de fémi­nisme n’a pas ten­té de jus­ti­fier la pros­ti­tu­tion en tant que tra­vail sexuel. Il savait qu’il est tout aus­si injuste d’abuser d’une femme dans un ate­lier de misère que dans le com­merce du sexe. La nou­velle forme de fémi­nisme est un exemple du poi­son du néo­li­bé­ra­lisme. Il s’agit d’avoir une femme PDG ou une femme pré­si­dente, qui, comme Hil­la­ry Clin­ton, ser­vi­ra les sys­tèmes d’oppression. Cette forme de fémi­nisme pré­tend que la pros­ti­tu­tion n’est qu’une ques­tion de choix. Quelle femme, ayant un reve­nu stable et la sécu­ri­té, choi­si­rait d’être vio­lée pour gagner sa vie ? La poli­tique iden­ti­taire est une non-politique.

– Je crois que vous avez par­lé lors d’une confé­rence sur la Conver­gence socia­liste où vous avez cri­ti­qué Oba­ma et San­ders, et vous avez été hué.

– Ah oui ? Je ne m’en sou­viens même pas. J’ai été hué pour avoir cri­ti­qué Oba­ma dans beau­coup d’endroits, y com­pris à Ber­ke­ley. J’ai dû sup­por­ter cela pen­dant long­temps en tant que sup­por­ter et auteur des dis­cours de Ralph Nader. Les gens n’aiment pas que l’illusion qu’ils entre­tiennent pour leurs per­son­na­li­tés, leurs acteurs, leurs sau­veurs poli­tiques, soit bri­sée ; toutes des per­son­na­li­tés créées par les indus­tries de rela­tions publiques. Ils ne veulent pas faire le dur tra­vail de com­prendre vrai­ment com­ment le pou­voir fonc­tionne et de s’organiser pour le faire changer.

– Vous avez men­tion­né que vous lisiez le World Socia­list Web Site depuis un cer­tain temps. Vous savez que nous sommes tout à fait en dehors de ce cadre.

– Je ne suis pas mar­xiste. Je ne suis pas trots­kiste. Mais j’aime le site. Vous faites des ana­lyses sérieuses sur des ques­tions impor­tantes et d’une manière dif­fé­rente des autres sites. Vous vous sou­ciez de choses qui sont impor­tantes pour moi : l’incarcération de masse, les droits et les luttes de la classe ouvrière et les crimes de l’empire. Je suis depuis long­temps un lec­teur du site.

– Une grande par­tie de ceux qui pré­tendent être de gauche, c’est-à-dire la pseu­do-gauche, reflète les inté­rêts de la classe moyenne aisée.

– Pré­ci­sé­ment. Pen­dant que tout le monde est en train de plai­der pour le mul­ti­cul­tu­ra­lisme dans les ins­ti­tu­tions diri­geantes, cela signi­fie en réa­li­té fil­trer quelques per­sonnes de cou­leur ou des femmes dans les dépar­te­ments uni­ver­si­taires ou les salles de rédac­tion, tout en lan­çant cet assaut éco­no­mique contre les tra­vailleurs pauvres et en par­ti­cu­lier les pauvres de cou­leur vivant dans les poches dés­in­dus­tria­li­sées des États-Unis. Très peu de ces mul­ti­cul­tu­ra­listes arrivent à en prendre conscience. Je suis tout à fait pour la diver­si­té, mais pas quand celle-ci est aux dépens de la jus­tice éco­no­mique. Cor­nel West a été l’un des grands cham­pions, non seule­ment de la tra­di­tion pro­phé­tique noire, la plus impor­tante tra­di­tion intel­lec­tuelle de notre his­toire, mais aus­si un appel au clai­ron pour la jus­tice, sous toutes ses formes. Il ne peut y avoir de jus­tice raciale sans jus­tice éco­no­mique. Et tan­dis que ces ins­ti­tu­tions éli­tistes incor­porent quelques marion­nettes sym­bo­liques dans leur hié­rar­chie, elles conti­nuent à bru­ta­li­ser la classe ouvrière et les pauvres, en par­ti­cu­lier les pauvres de couleur.

Une grande par­tie de la gauche est trom­pée par le stra­ta­gème de la poli­tique iden­ti­taire. C’est un acti­visme de bou­ti­quier. Il per­met au sys­tème des grosses entre­prises, celui que nous devons détruire, de res­ter intact. Il lui donne même un visage amical.

– Reve­nons à la ques­tion de la Rus­sie : où cela nous mène-t-il ? Cette atteinte aux droits démo­cra­tiques est-elle si sérieuse ? Nous appe­lons cela le nou­veau mac­car­thysme. Est-ce, à votre avis, une ana­lo­gie légitime ?

– Oui, bien sûr, c’est du mac­car­thysme nou­veau. Mais recon­nais­sons à quel point nos voix sont presque inaudibles.

– Je ne suis pas d’accord avec vous là-dessus.

– Eh bien, non audible dans le sens où nous ne sommes pas enten­dus par la masse popu­laire. Quand je vais au Cana­da, je suis sur CBC aux heures de grande écoute. C’est la même chose en France. Cela n’arrive jamais ici. PBS etNPR ne vont jamais le faire. Ils ne vont pas non plus le faire pour tout autre cri­tique sérieux du capi­ta­lisme ou de l’impérialisme.

S’il y a un débat sur l’attaque contre la Syrie, par exemple, le débat por­te­ra sur bom­bar­der la Syrie ou bom­bar­der la Syrie et envoyer des troupes, comme si c’était les deux seules options. De même avec les soins de san­té. Allons-nous adop­ter Oba­ma­care, une créa­tion de la Heri­tage Foun­da­tion, en ligue avec les indus­tries phar­ma­ceu­tique et les assu­rances, ou pas d’assurance san­té ? Les soins de san­té uni­ver­sels pour tous ne sont pas dis­cu­tés. Nous sommes donc en marge. Mais cela ne signi­fie pas que nous ne sommes pas dan­ge­reux. Le néo­li­bé­ra­lisme et la mon­dia­li­sa­tion sont des idéo­lo­gies zom­bies. Elles n’ont plus de cré­di­bi­li­té. L’escroquerie a été décou­verte. Les oli­garques mon­diaux sont haïs et vili­pen­dés. L’élite n’a aucun contre-argu­ment face à notre cri­tique. Ils ne peuvent donc pas se per­mettre de nous avoir dans leurs pattes. À mesure que l’élite du pou­voir devien­dra plus effrayée, ils uti­li­se­ront des formes de contrôle plus sévères, y com­pris l’instrument conton­dant de la cen­sure et de la violence.

– Je pense que cela peut être une grosse erreur de se concen­trer sur le sen­ti­ment d’isolement ou de mar­gi­na­li­sa­tion. Je vais faire une pré­dic­tion. Vous aurez, pro­ba­ble­ment plus tôt que vous ne le pen­sez, plus de demandes d’interviews et de temps de télé­vi­sion. Nous sommes dans une période de crise poli­tique colos­sale. Nous allons voir de plus en plus l’émergence de la classe ouvrière comme force poli­tique puissante.

– C’est pour­quoi nous sommes une cible. Avec la ban­que­route de l’idéologie domi­nante, la faillite de la classe libé­rale amé­ri­caine et de la gauche amé­ri­caine, ceux qui tiennent à la pro­fon­deur intel­lec­tuelle et à l’examen des sys­tèmes de pou­voir, y com­pris dans l’économie, la culture et la poli­tique, doivent être réduits au silence.

Chris Hedges

Tra­duit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone

Source : Le Saker fran­co­phone, http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​l​e​s​-​e​l​i​t​e​s​-​n​o​n​t​-​p​l​u​s​-​a​u​c​u​n​e​-​c​r​e​d​i​b​i​l​i​t​e​-​u​n​e​-​i​n​t​e​r​v​i​e​w​-​d​u​-​j​o​u​r​n​a​l​i​s​t​e​-​c​h​r​i​s​-​h​e​d​ges

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9 Commentaires

  1. Manapany

    « Le vieux fémi­nisme, que j’admire, le genre de fémi­nisme d’Andrea Dworkin… »
    Ah bon ? Elle repré­sente exac­te­ment pour­tant le nou­veau fémi­nisme radi­cal qui a pour seul moteur la misan­drie, oui.
    Sinon le mon­sieur, eh bien il est très intéressant !

    Réponse
  2. ève

    “Les élites n’ont plus aucune crédibilité. »
    Et pour­tant , ils sont tou­jours « élus » .…… 

    Chan­ger l’argent et le pou­voir de le créer !

    Réponse
  3. BA

    Répu­blique tchèque : résul­tats des élec­tions législatives :

    Le mou­ve­ment popu­liste du « Trump tchèque » rem­porte les législatives.

    1- Le mou­ve­ment popu­liste ANO du mil­liar­daire Andrej Babis a rem­por­té haut la main les élec­tions légis­la­tives de ven­dre­di et same­di en Répu­blique tchèque en raflant 29,6% des suf­frages exprimés,

    2- les libé­raux du Par­ti démo­cra­tique civique (ODS) sont cré­di­tés de 11,3%,

    3- la ver­sion tchèque du Par­ti pirate obtient 10,8 %,

    4- la for­ma­tion d’ex­trême droite Liber­té et démo­cra­tie directe (SPD) obtient 10,6%,

    5- le Par­ti social démo­crate (ČSSD) du Pre­mier ministre sor­tant, Bohu­slav Sobot­ka, tombe à 7,3%, son score le plus bas depuis 1993 et la dis­so­lu­tion de la Tchécoslovaquie,

    6- les chré­tiens démo­crates (KDU-ČSL), par­te­naire de Sobot­ka dans la coa­li­tion sor­tante, ne sont cré­di­tés que de 5,8% des voix.

    http://​www​.rts​.ch/​i​n​f​o​/​m​o​n​d​e​/​9​0​1​8​3​7​9​-​l​e​-​m​o​u​v​e​m​e​n​t​-​p​o​p​u​l​i​s​t​e​-​d​u​-​t​r​u​m​p​-​t​c​h​e​q​u​e​-​r​e​m​p​o​r​t​e​-​l​e​s​-​l​e​g​i​s​l​a​t​i​v​e​s​.​h​tml

    Réponse
  4. Ronald

    Pour l’indépendance finan­cière et idéo­lo­gique des médias, je pense qu’il faut signa­ler l’initiative récente de créer un média indé­pen­dant avec Le Média. Cela se veut un genre de webTV appar­te­nant et faite par et pour son public, avec une ligne édi­to­riale dis­tincte des médias mainstream.

    La soi­rée de lan­ce­ment a été faite récemment :
    httpv://www.youtube.com/watch?v=OStP2B7xxR0

    Je pense que c’est le genre d’initiative qui va dans le bon sens. 

    Alors il y a deux cri­tiques qui ont été immé­dia­te­ment soulevée :

    - Les ini­tia­teurs sont sur une ligne très mar­quée. En gros, il s’agit d’un mélange de bobos FI et d’affiliés PS qui ont com­pris que leur carte ne leur ouvri­rait plus beau­coup de portes. (On note dans la vidéo que Fran­çois Ruf­fin y tire la même tête que quand il est invi­té sur BFM 🙂 )

    - La ges­tion du média res­te­ra sans toute très « Top-Down » (voir par exemple https://​www​.ago​ra​vox​.fr/​t​r​i​b​u​n​e​-​l​i​b​r​e​/​a​r​t​i​c​l​e​/​l​e​-​m​e​d​i​a​-​r​e​v​o​l​u​t​i​o​n​-​o​u​-​m​i​r​o​i​r​-​a​u​x​-​1​9​7​936 )

    Mais le but de la démarche n’est pas là. C’est une réflexion sur la pos­si­bi­li­té de bâtir un média viable pou­vant faire la même chose que la télé­vi­sion mais en étant indé­pen­dant financièrement.

    Cela me semble s’inscrire dans le che­mi­ne­ment pour la construc­tion démo­cra­tique. Si on consi­dère que dans une socié­té démocratique :
    - les médias sont finan­cés par les usa­gers. En pre­nant le pro­blème par tout les bouts, je n’ai pas trou­vé d’autre solu­tion ; le modèle opti­mal est encore à pré­ci­ser (par dons comme ici, ou par abon­ne­ment comme pour Arrêt sur Image).
    - on finance aus­si l’expression de ceux dont on ne par­tage pas les idées.

    Je me suis donc ins­crit comme membre de l’association de dona­teurs du pro­jet, et ne ne peux qu’encourager tout le monde à le faire.

    Réponse
  5. BA

    Toute l’é­co­no­mie mon­diale repose sur des bulles de dettes.

    Toute l’é­co­no­mie mon­diale est bâtie sur des bulles de dettes publiques, et aus­si sur des bulles de dettes privées.

    Mal­heu­reu­se­ment, une bulle de dette ne peut pas gon­fler jus­qu’au ciel.

    Mal­heu­reu­se­ment, il arrive tou­jours un moment où la bulle éclate.

    Pré­pa­rez-vous au grand « Plop ! »

    Jeu­di 26 octobre 2017 :

    La dette mon­diale atteint des sommets.

    L’en­semble des dettes repré­sentent 324 % du PIB mon­dial, soit 192.000 mil­liards d’eu­ros, selon l’Ins­ti­tute of Inter­na­tio­nal Finance (IIF). Un niveau inédit.

    Il y a des records qu’on pré­fé­re­rait évi­ter. Et celui atteint par la dette mon­diale en 2017 en fait sans doute par­tie. Selon une étude de l’Ins­ti­tute of Inter­na­tio­nal Finance (IIF), publiée ce mer­cre­di, l’en­semble des dettes accu­mu­lées à tra­vers la pla­nète repré­sente désor­mais 226.000 mil­liards de dol­lars (192.000 mil­liards d’euros).

    Ce niveau record inter­vient alors que plu­sieurs des prin­ci­pales banques cen­trales de la pla­nète se pré­parent à mettre fin à leur poli­tique de cré­dit facile. La Banque cen­trale euro­péenne (BCE) devrait, entre autres, annon­cer jeu­di un  res­ser­re­ment de sa poli­tique monétaire. 

    En atten­dant des annonces des ban­quiers cen­traux, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon l’IIF, la dette mon­diale repré­sente 324 % de la pro­duc­tion éco­no­mique annuelle. 

    Un niveau jugé inquié­tant, d’au­tant plus que 1.700 mil­liards de dol­lars (1.440 mil­liards d’eu­ros) de dettes devront être rem­bour­sées ou refi­nan­cées dans les pays en déve­lop­pe­ment d’i­ci la fin 2018, sans que ceux-ci soient assu­rés de béné­fi­cier de condi­tions de cré­dit bon marché.

    https://​www​.lese​chos​.fr/​m​o​n​d​e​/​e​n​j​e​u​x​-​i​n​t​e​r​n​a​t​i​o​n​a​u​x​/​0​3​0​7​8​8​7​1​7​7​1​5​-​l​a​-​d​e​t​t​e​-​m​o​n​d​i​a​l​e​-​a​t​t​e​i​n​t​-​d​e​s​-​s​o​m​m​e​t​s​-​2​1​2​5​2​0​8​.​php

    Réponse
  6. BA

    Ven­dre­di 27 octobre 2017 : c’est un jour historique !

    Nais­sance d’une nou­velle nation !

    Vive la Répu­blique de Catalogne !

    C’est la phrase de l’an­née 2017 !

    Vive la Répu­blique de Catalogne !

    Bien­ve­nue à cette nou­velle nation, qui sera la 194ème nation repré­sen­tée à l’Or­ga­ni­sa­tion des Nations Unies :

    https://​sta​tic​.actu​.fr/​u​p​l​o​a​d​s​/​2​0​1​7​/​0​9​/​D​r​a​p​e​a​u​-​c​a​t​a​l​o​g​n​e​-​i​n​d​e​p​e​n​d​a​n​t​i​s​t​e​s​-​.​jpg

    Réponse
  7. barbe

    Je ne trouve pas cette nou­velle réjouissante.
    L’empire, l’im­pé­ria­lisme, va s’en acco­mo­der aisé­ment : il demande même cela.
    Frag­men­ter les ins­tances, jus­qu’aux sou­ve­rai­ne­tés, afin de liqui­der les ten­sions, et ne sur­tout pas chan­ger le sys­tème qui est géné­ra­teur de ces ten­sions. Trai­ter les consé­quences, et pas les causes, et là c’est plus grave parce que cela touche la sou­ve­rai­ne­té : l’Es­pagne ne devrait-elle pas choi­sir, par la voie réfé­ren­daire, entre abo­li­tion de la royau­té (et mise en place d’une vraie répu­blique) ou dis­lo­ca­tion régionaliste ?

    Réponse
  8. joss
  9. etienne

    « Le peuple afghan en a vraiment assez de la barbarie impérialiste occidentale »

    par Andre VLTCHEK

    En avril der­nier, des pour­par­lers entre l’Afghanistan, l’Inde, le Pakis­tan, la Rus­sie et la Chine lais­saient entre­voir une sor­tie de crise pour ce pays rava­gé par 16 années d’occupation occi­den­tale. Mais quelques mois plus tard, Donald Trump annon­çait l’envoi de nou­velles troupes. Andre Vlt­chek a effec­tué de nom­breux voyage en Afgha­nis­tan. Le jour­na­liste nous livre ses impres­sions sur le conflit et ses pos­sibles issues. Entre­tien réa­li­sé par Ales­san­dro Bian­chi, rédac­teur en chef de Anti Diplomatico.

    Ales­san­dro Bian­chi : La posi­tion géo­gra­phique de l’Afghanistan a tou­jours occu­pé un rôle cen­tral. Les pour­par­lers de paix d’avril entre l’Afghanistan, l’Inde, le Pakis­tan, la Rus­sie et la Chine semblent avoir mis fin à la domi­nante et per­sis­tante pré­sence amé­ri­caine dans le pays. Quelle est votre opinion ?

    AV : Ce que vous venez de men­tion­ner est extrê­me­ment impor­tant, mais je ne suis pas prêt à m’en réjouir encore. Cela pour­rait être en tout cas en théo­rie, la pre­mière étape vers la fin de l’une des occu­pa­tions les plus bru­tales et des­truc­trices de l’histoire de l’OTAN, ou ce que les médias natio­naux US aiment décrire comme « la plus longue guerre américaine ».

    Mais ne l’appelons pas seule­ment « pré­sence amé­ri­caine ». Je sais que quelques Euro­péens aiment se décrire en quelque sorte comme des vic­times, mais ils ne le sont abso­lu­ment pas. L’Europe est au cœur de tout ce cau­che­mar et les Etats-Unis ne sont rien d’autre que leur créa­tion : ils sont la pro­gé­ni­ture de l’Europe. À de nom­breux égards, les Etats-Unis sont l’Europe.

    Le Royaume-Uni est bien der­rière cette hor­reur que l’Afghanistan est contraint de tra­ver­ser, du moins en théo­rie ; c’est une ven­geance sadique pour toutes les anciennes défaites bri­tan­niques dans le pays. Je rap­pelle qu’historiquement, la Grande-Bre­tagne est res­pon­sable de plus de mas­sacres à tra­vers le monde que tout autre pays sur terre. À pré­sent, elle façonne idéo­lo­gi­que­ment les Etats-Unis et en réa­li­té l’impérialisme occi­den­tal tout entier. Son machia­vé­lisme, sa machine de pro­pa­gande sont sans pareil.

    Ce que je peux confir­mer de mon expé­rience directe, c’est qu’actuellement le peuple afghan en a vrai­ment assez de cette bar­ba­rie impé­ria­liste occi­den­tale. Ils sont épui­sés après 16 ans d’invasion hor­rible. Les Afghans n’aiment pas l’Occident, ils se méfient de l’Occident… Mais la plu­part d’entre eux res­tent silen­cieux, car ils sont constam­ment effrayés par la pres­sion. Et n’oublions pas aus­si que la col­la­bo­ra­tion avec les forces de l’occupation occi­den­tale est aujourd’hui le « busi­ness » le plus juteux en Afgha­nis­tan. Des diplo­mates afghans, de nom­breux poli­ti­ciens, d’innombrables com­man­dants mili­taires, des ONG finan­cées par l’Occident et même des mil­liers d’éducateurs sont tous au ser­vice des occu­pants. Des mil­liards de dol­lars sont géné­rés à par­tir d’une col­la­bo­ra­tion par­ti­cu­liè­re­ment hon­teuse. C’est tout un énorme busi­ness. Et la mafia des Afghans ser­viles, tous ces « jour­na­listes, diplo­mates, gou­ver­neurs et édu­ca­teurs », ne quit­te­ra jamais volon­tai­re­ment ses posi­tions lucratives.

    Le colo­nia­lisme occi­den­tal cor­rompt ! Il cor­rompt une géné­ra­tion après l’autre dans tous les pays conquis et occupés.

    Les Afghans qui sont purs, les Afghans qui sont fiers, les patriotes au cœur magni­fique (et il y a encore beau­coup de ce genre de per­sonnes dans ce pays qui est deve­nu l’un de mes endroits pré­fé­rés sur Terre) ces Afghans-là n’ont actuel­le­ment aucun pou­voir, aucun mot à dire.

    Heu­reu­se­ment, même les élites se rendent compte à pré­sent qu’il n’y a aucun moyen d’aller de l’avant sous le régime actuel et sous l’occupation.

    À Kaboul et dans les pro­vinces, le peuple com­mence à se tour­ner vers la Rus­sie, la Chine, mais éga­le­ment l’Iran, et même l’Inde. En dépit de son ter­rible pas­sé dans cette par­tie du monde, même le Pakis­tan ne peut plus être mis de côté. Tout est mieux que l’OTAN.

    AB : Comme dans d’autres par­ties du monde, la pré­sence de troupes amé­ri­caines n’explique pas plei­ne­ment l’objectif à long terme des stra­tèges mili­taires. À cer­tains égards, l’Afghanistan res­semble à une situa­tion simi­laire en Asie du Sud-Est. En Corée du Sud, la pré­sence amé­ri­caine per­dure depuis 1950, tout comme la désta­bi­li­sa­tion de la pénin­sule coréenne. L’invasion amé­ri­caine ne chan­ge­ra pas le fra­gile équi­libre négo­cié entre les par­ties en avril der­nier et n’affectera pas les efforts de Mos­cou et Pékin pour sta­bi­li­ser le pays. Com­ment défi­nis­sez-vous aujourd’hui la pré­sence amé­ri­caine en Afghanistan ?

    AV : Je la défi­nis comme inhu­maine, bar­bare et com­plè­te­ment raciste. Et je ne parle pas seule­ment de la pré­sence amé­ri­caine, mais éga­le­ment de la pré­sence euro­péenne, en par­ti­cu­lier celle du Royaume-Uni.

    Il n’y a aucun doute sur le niveau auquel l’ancien régime socia­liste d’Afghanistan a som­bré sous le poids de la cruau­té de l’Otan. Il suf­fit d’aller sur les sites du PNUD* ou alors le site WHO** et tout est là, en détail : l’Afghanistan est aujourd’hui le pays le moins déve­lop­pé d’Asie (selon l’index HDI – Human Deve­lop­ment Index). Les Afghans ont la plus faible espé­rance de vie sur leur continent.

    Les Etats-Unis affirment avoir réus­si à dépen­ser, depuis l’invasion de 2011, entre 750 mil­liards et 1,2 tril­lion de dol­lars. C’est énorme, c’est une somme astro­no­mique, encore plus grande que tout le plan Mar­shall après la Seconde Guerre mon­diale (ajus­té au dol­lar actuel) ! Mais cet argent a‑t-il été dépen­sé pour aider le peuple afghan ? Bien sûr que non ! C’est par­ti prin­ci­pa­le­ment dans la cor­rup­tion des « élites » et leurs des­cen­dants, dans l’armée, dans les salaires des entre­pre­neurs étran­gers. D’énormes bases mili­taires ont été construites ; cer­taines ont été à un moment don­né déman­te­lées, d’autres ont été amé­na­gées ailleurs. Des aéro­ports ont été construits – tous mili­taires. Les entre­prises de sécu­ri­té pri­vées occi­den­tales s’en donnent à cœur joie. J’ai un jour cal­cu­lé que si tout l’argent avait été équi­ta­ble­ment répar­ti entre tous les Afghans, le pays aurait eu un reve­nu bien plus impor­tant par habi­tant que la pros­père Malai­sie. Et pen­dant 16 années consécutives !

    Ce que l’occident a fait subir à l’Afghanistan est mal­sain ! C’est Orwell qui ren­contre Hux­ley, et le tout mélan­gé aux pires cau­che­mars de peintres comme George Grosz et Otto Dix.

    Les anciennes lignes d’autobus construites par l’ex-Tchécoslovaquie n’existent plus ; il ne reste que des débris. Mais beau­coup résistent encore. Les immeubles d’habitation sovié­tiques, appe­lés Makroyans, sont tou­jours là même si les appar­te­ments ont grand besoin de réno­va­tion. Les cana­li­sa­tions d’eau à la cam­pagne ont été construites par l’Union Sovié­tique, de même que les canaux d’irrigation autour de Jala­la­bad et ailleurs. L’Inde a construit des bar­rages. La Chine a construit des éta­blis­se­ments de san­té publique. Qu’a construit l’Occident ? Rien d’autre que la misère totale, des conflits armés et sur­tout – d’innombrables baraques mili­taires, de grands murs de béton et des clô­tures, le tra­fic de drogue, la pros­ti­tu­tion intel­lec­tuelle et comme tou­jours, un sombre et total nihilisme !

    En 2007, envi­ron 700 civils afghans ont été tués seule­ment par les raids aériens occi­den­taux, une grande aug­men­ta­tion même en com­pa­rai­son avec 2006.

    Les sous-trai­tants mili­taires géor­giens tra­vaillant pour l’armée d’occupation amé­ri­caine m’ont récem­ment dit : les Etats-Unis ont une cruau­té totale envers le peuple afghan. Ils détruisent même les ali­ments non uti­li­sés dans leurs bases mili­taires au lieu de les don­ner aux enfants affamés.

    Le peuple afghan sait par­fai­te­ment bien qui sont ses amis et qui sont ses ennemis.

    AB : Le monde change, et on peut consta­ter de plus en plus d’efforts fruc­tueux pour rem­pla­cer le chaos tra­cé par les poli­tiques amé­ri­caines. La route vers une pros­pé­ri­té éco­no­mique et une uni­té réins­tau­rée par­mi le peuple afghan est tou­jours en pro­grès. Mais une fois que le pays par­vien­dra à éta­blir son indé­pen­dance, Washing­ton aura du mal à dic­ter ses condi­tions. Est-ce que des pays comme la Rus­sie, la Chine et l’Inde seront capables d’éviter une dan­ge­reuse recru­des­cence des vio­lences en Afghanistan ?

    AV : Beau­coup de per­sonnes en Afgha­nis­tan rêvent en réa­li­té d’une véri­table indé­pen­dance, et la plu­part se sou­viennent avec une grande affec­tion, toute la bien­veillance et l’internationalisme offert par le peuple sovié­tique. Il y a bien sûr eu la guerre, d’une grande vio­lence. Mais à la dif­fé­rence des Occi­den­taux, les Sovié­tiques sont venus ici dans un pre­mier lieu en tant que pro­fes­seurs, méde­cins, infir­miers et ingé­nieurs. Ils par­ta­geaient tout ce qu’ils avaient avec les habi­tants. Ils vivaient par­mi eux. Ils ne se sont jamais cachés der­rière des clô­tures. Aujourd’hui en Afgha­nis­tan, si vous dites que vous êtes russe, des dizaines de per­sonnes vous embras­se­ront, vous invi­te­ront dans leur mai­son. Tout est en contra­dic­tion avec la pro­pa­gande occi­den­tale, qui pré­tend que les Afghans n’aiment pas les Russes !

    Concer­nant la Rus­sie et la Chine, oui, les deux pays tra­vaillant en par­te­na­riat pour­raient appor­ter la pros­pé­ri­té éco­no­mique et la jus­tice sociale en Afgha­nis­tan. Je n’en suis pas si sûr concer­nant l’Inde, qui jusqu’à pré­sent a joué sur deux tableaux. Mais la Chine et la Rus­sie sont prêtes et sont capables d’aider.

    Le pro­blème est que l’Afghanistan reste très loin d’une quel­conque indé­pen­dance. L’Occident l’a occu­pé pen­dant 16 ans, c’est assez ter­rible. Mais le pays a éga­le­ment été sacri­fié pour des pro­jets encore plus sinistres des Etats-Unis et de l’OTAN, pour bien plus long­temps que ça : l’Afghanistan a été, durant des décen­nies, un ter­rain d’entrainement pour les chefs dji­ha­distes pro-occi­den­taux, en com­men­çant par Al-Qae­da et les Muja­he­deens (durant la « guerre sovié­tique » et la guerre contre le socia­lisme afghan). Aujourd’hui, les tali­bans ruinent le pays. Et de plus en plus, Daesh assas­sine aveu­gle­ment ici aus­si. Récem­ment, les sol­dats de Daesh sont arri­vés de Syrie et du Liban, où ils sont en train d’être vain­cus par l’armée syrienne, les Russes, mais aus­si par l’armée liba­naise et le Hez­bol­lah. Nous savons que Daesh a été créé par l’Occident et ses alliés du Golfe.

    Ce qui est essen­tiel à com­prendre : la Rus­sie et la Chine sont deux pays que l’Occident veut tota­le­ment désta­bi­li­ser. Dans ces deux pays, des fon­da­men­ta­listes isla­mistes ont com­bat­tu et ont appor­té des dom­mages consi­dé­rables. L’Occident est der­rière tout cela. Il uti­lise et sacri­fie l’Afghanistan qui est abso­lu­ment idéal pour les pro­jets impé­ria­listes occi­den­taux en rai­son de sa situa­tion géo­gra­phique, mais aus­si parce qu’il est main­te­nant tota­le­ment désta­bi­li­sé et dans un état de chaos. En Afgha­nis­tan, l’OTAN main­tient un « conflit per­pé­tuel ». Les chefs dji­ha­distes peuvent faci­le­ment se posi­tion­ner là-bas, et ils peuvent ensuite être « expor­tés », pour com­battre quelque part au Nord-Ouest de la Chine ou bien dans les régions de l’Asie-Centrale en Russie.

    La des­truc­tion de l’Afghanistan est en fait une guerre géno­ci­daire bien pla­ni­fiée de l’Occident contre le peuple afghan. Mais le pays est éga­le­ment un ter­rain d’entrainement pour les dji­ha­distes qui seront éven­tuel­le­ment envoyés pour com­battre la Rus­sie et la Chine.

    AB : Tan­dis que les Etats-Unis exhalent leurs der­niers sou­pirs en tant que puis­sance mon­diale en déclin, inca­pables d’imposer encore leur volon­té, ils lancent des agres­sions inutiles comme ces 60 mis­siles de croi­sière en Syrie ou ces 4000 troupes en Afgha­nis­tan. De telles actions ne changent rien sur le ter­rain et ne modi­fient pas l’équilibre des forces en faveur de Washing­ton. Cepen­dant, ça a un fort impact sur ce qu’il reste de confiance aux Etats-Unis, fer­mant ain­si les portes aux oppor­tu­ni­tés de dia­logue et aux pos­sibles coopérations.

    AV : Là, je ne suis pas du tout d’accord. Je suis presque cer­tain que l’Occident en géné­ral, et les Etats-Unis en par­ti­cu­lier, sont clai­re­ment conscients de ce qu’ils font. Les Etats-Unis font par­tie des sombres puis­sances colo­niales tout comme ses conseillers, par­ti­cu­liè­re­ment le Royaume-Uni.

    Les États-Unis ne vont pas sim­ple­ment dis­pa­raitre sans mener un grand com­bat. Et ne pen­sez jamais que l’Europe y renon­ce­ra éga­le­ment. Ces deux par­ties du monde ont été construites sur le grand pillage de la pla­nète. Un pillage tou­jours en cours. Ils ne peuvent se main­te­nir juste par le fruit de leur cer­veau et de leur tra­vail. Ce sont des voleurs per­pé­tuels. Les États-Unis ne peuvent jamais être sépa­rés de l’Europe. Les États-Unis ne sont qu’une énorme branche crois­sante à par­tir d’un effroyable tronc, de l’arbre du colo­nia­lisme euro­péen, de l’impérialisme et du racisme.

    Tout ce que font les Etats-Unis, l’Europe et l’OTAN actuel­le­ment est brillam­ment pla­ni­fié. Ne les sous-esti­mez jamais ! C’est un plan bru­tal, sinistre et meur­trier, mais d’un point de vue stric­te­ment stra­té­gique, c’est vrai­ment brillant !

    Et ils ne dis­pa­rai­tront jamais d’eux-mêmes ! Ils devront être com­bat­tus et vain­cus. Sinon, ils sont là pour res­ter : en Afgha­nis­tan, en Syrie, ou ailleurs.

    Andre VLTCHEK

    Andre Vlt­chek est un phi­lo­sophe, roman­cier, réa­li­sa­teur et jour­na­liste d’investigation. Il a cou­vert des guerres et des conflits dans des dou­zaines de pays. Trois de ces der­niers livres sont son hom­mage à « La Grand Révo­lu­tion Socia­liste d’Octobre », un roman révo­lu­tion­naire « Auro­ra » et le best-sel­ler docu­men­taire poli­tique : « Expo­ser les men­songes de l’Empire ». Regar­dez ses autres livres ici. Regar­dez Rwan­da Gam­bit, son docu­men­taire révo­lu­tion­naire sur le Rwan­da et la DRCon­go. Après avoir vécu en Amé­rique latine, en Afrique et en Océa­nie, Vlt­chek réside actuel­le­ment en Asie de l’Est et au Moyen-Orient et conti­nue de tra­vailler autour du monde. Il peut être contac­té via son site Web et son compte Twitter.

    Source ori­gi­nale : Ante Diplo­ma­ti­co http://​www​.lan​ti​di​plo​ma​ti​co​.it/​d​e​t​t​n​e​w​s​-​a​n​d​r​e​_​v​l​t​c​h​e​k​_​t​h​e​_​p​e​o​p​l​e​_​o​f​_​a​f​g​h​a​n​i​s​t​a​n​_​h​a​v​e​_​h​a​d​_​t​r​u​l​y​_​e​n​o​u​g​h​_​o​f​_​t​h​i​s​_​w​e​s​t​e​r​n​_​i​m​p​e​r​i​a​l​i​s​t​_​b​a​r​b​a​r​i​s​m​/​5​4​9​6​_​2​1​4​29/

    Tra­duit de l’anglais par Investig’Action

    Source : Investig’Action https://​www​.inves​ti​gac​tion​.net/​f​r​/​a​n​d​r​e​-​v​l​t​c​h​e​k​-​l​e​-​p​e​u​p​l​e​-​a​f​g​h​a​n​-​e​n​-​a​-​v​r​a​i​m​e​n​t​-​a​s​s​e​z​-​d​e​-​l​a​-​b​a​r​b​a​r​i​e​-​i​m​p​e​r​i​a​l​i​s​t​e​-​o​c​c​i​d​e​n​t​a​le/

    * PNUD : Pro­gramme des Nations Unies pour le Développement

    ** WHO : World Health Organization

    Source : Inves­tig’Ac­tion, relayé par Le Grand Soir
    https://​www​.legrand​soir​.info/​l​e​-​p​e​u​p​l​e​-​a​f​g​h​a​n​-​e​n​-​a​-​v​r​a​i​m​e​n​t​-​a​s​s​e​z​-​d​e​-​l​a​-​b​a​r​b​a​r​i​e​-​i​m​p​e​r​i​a​l​i​s​t​e​-​o​c​c​i​d​e​n​t​a​l​e​-​a​n​t​i​-​d​i​p​l​o​m​a​t​i​c​o​.​h​tml

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