Invité par les jeunes gens de Thinkerview à 14 h cet après-midi, en direct :
https://www.facebook.com/Thinkerview/posts/1498662506889526
https://www.youtube.com/thinkerview
Ma valise de bouquins est prête 🙂
J’espère qu’on pourra garder un peu de temps pour en parler.
À tout bientôt.
Edit : le replay (2 h) est dispo 🙂
httpv://youtu.be/DROqR_7EKvs
Fil Facebook correspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10155511427737317
Edit bis : des personnes incroyablement dévouées (Sébastien et Catherine, ainsi que Bruce) ont inspiré et fabriqué la documentation correspondant à cette interview Thinkerview. Mille mercis à eux :
Belle entrevue Étienne, tu as l’air en forme ! 🙂
J’ai trouvé Etienne très tranquille et serein malgré les questions pénibles voire arrogantes (genre le peuple est débile).
J’ai été gêné par le fait que les réponses n’avaient pas l’air d’intéresser l’interviewer. Au milieu d’une explication, il pose une question qui n’a aucun rapport et qui hors du domaine de compétences d’Etienne.
C’est un peu lourd (mais ça se retrouve dans la plupart de leurs entretiens).
En tout cas, j’ai noté les bouquins nouveaux 🙂
Merci Etienne !
C’est un peu la marque de fabrique de la chaîne. Bousculer un peu les gens, prêcher le faux pour avoir le vrai etc, pour leur faire sortir ce qu’ils ont de meilleur, ou d’inédit.
Au final cela donne une belle entrevue de plus de 2h tout de même et cela a donné l’occasion à Étienne de sortir des sentiers battus.
Oui, je sais que c’est leur marque de fabrique (je le dis dans mon commentaire).
Mais justement, je n’ai pas trouvé que ce soit pertinent avec Etienne Chouard. On n’a pas appris grand-chose quand on le suit depuis quelque temps.
(Sauf toujours les titres de certains bouquins !)
J’ai trouvé leur méthode plus efficace sur le président de la Nef qui n’y connaît, ça m’a scié.
Et leur entretien avec Rayna Stamboliyaska, c’était carrément une discussion entre deux potes. Des blagues persos tout le long, des questions laissées très souvent sans réponses, des réponses elles-mêmes souvent décevantes et des « on se comprend / on sait ce qu’il faut en penser – par exemple sur le cas de Mastodont) alors que nous, non, on ne sait pas !
Je suis d’accord aussi…
je préfèrais nettement le ton de départ…super captivant, où Etienne laissait déployer tout naturellement et sans interruption, sa pensée…un peu comme un cours super concentré
Faudrait demander aux journalistes leurs questions, puis se filmer à part, pour pouvoir y répondre tranquille, puisqu’ils savent pas s’empêcher… 🙁
Il faut surtout retenir le fait que cette entrevue a eu le mérite d’exister et tout ce qui permet de donner un peu de lisibilité au projet est toujours bienvenu ! Personnellement je ne m’implique pas toujours comme il faudrait donc je préfère accueillir ce travail avec bienveillance. 🙂
Salutations.
À propos des députés GODILLOTS :
« On nous impose un devoir de silence » : un député LREM justifie son absentéisme :
« Sous le feu des critiques en raison de sa faible présence et de son activité quasi-nulle au palais Bourbon, un ex-député PS devenu élu LREM a pointé du doigt la discipline imposée à ses élus par le nouveau parti.
Jean-Michel Clément, député socialiste de la Vienne devenu député La République en marche (LREM) en 2017, est au cœur d’une polémique depuis que France Info a révélé son absentéisme chronique au palais Bourbon. Le député n’a en effet jamais effectué la moindre intervention en commission ou en séance, n’a signé aucun amendement et n’a jamais posé de question écrite.
Pour se défendre, l’intéressé soutient qu’il est avant tout actif dans sa circonscription, sur le terrain. Mais c’est surtout la discipline exigée aux parlementaires LREM qui semble dérouter cet élu de 62 ans. « De toute manière, il n’y a pas beaucoup d’intérêt à siéger dans cette majorité pléthorique, où on nous impose un devoir de silence », soupire-t-il, interrogé par France Info. « Passer son temps sur un banc à ne rien dire, ce n’est pas l’idée que je me fais de la vie parlementaire », ajoute-t-il encore.
Le député fait référence au règlement intérieur du groupe LREM à l’Assemblée, dont Le Canard Enchaîné avait publié des extraits au début du mois de juillet dernier et qui se révèle être particulièrement contraignant pour les élus de la majorité présidentielle. Ces derniers sont en effet par exemple tenus, par l’article 16, de ne jamais voter ou cosigner d’amendement émanant de l’opposition.
[…]
https://francais.rt.com/france/41702-on-nous-impose-devoir-silence
Explication ludique du dilemme du prisonnier :
http://ncase.me/trust/
La Théorie des Jeux — Science étonnante #39
httpv://www.youtube.com/watch?v=StRqGx9ri2I&feature=youtu.be
Le site qu’évoquait mon interlocuteur à propos de la monnaie libre :
https://duniter.org/fr/
Dans cet entretien avec Thinkerview, j’évoque (je ne sais plus à quelle minute) un article du Saker sur la Corée du nord que j’ai trouvé pertinent pour nous désintoxiquer de la pensée unique belliqueuse martelée tous les jours ici par « La Pravda des milliardaires » (ce monopole de l’information en France qu’on appelle fallacieusement « les médias ») ; voici l’article auquel je pensais :
La véritable raison de l’inquiétude de Washington à propos de l’essai ICBM de la RPDC
(Source : Le Saker francophone : http://lesakerfrancophone.fr/la-veritable-raison-de-linquietude-de-washington-a-propos-de-lessai-icbm-de-la-rpdc)
Par son essai ICBM signalant sa capacité de représailles contre une agression étasunienne, la Corée du Nord a clairement indiqué que l’effort de sept décennies des États-Unis pour renverser son gouvernement ne se concrétiserait jamais – un revers pour le despotisme américain et une avancée pour la paix et la démocratie à l’échelle mondiale.
Par Stephen Gowans – Le 5 juillet 2017 – Source What’s Left
Un certain nombre de pays ont testé récemment des missiles balistiques ou de croisière et une poignée d’entre eux, notamment la Russie et la Chine, possèdent des ICBM nucléaires capables de frapper les États-Unis. Et pourtant le programme de missiles et d’armes nucléaires d’un seul de ces pays, la Corée du Nord, suscite la consternation à Washington.
Qu’est-ce qui fait de la toute petite Corée du Nord, avec son minuscule budget de défense, un arsenal nucléaire et des missiles de capacité rudimentaires une menace si grave que« l’inquiétude s’est répandue à Washington et aux Nations Unies » ?1.
« La vérité, dit quelqu’un, est souvent cachée à la première page du New York Times. » 2 Ce n’est pas moins vrai de la vraie raison pour laquelle Washington se tracasse à propos des essais de missiles de la Corée du Nord.
Dans un article du 4 juillet 2017 intitulé « What can Trump do about North Korea ? His options are few and risky » [Que peut faire Trump à propos de la Corée du Nord ? Ses options sont peu nombreuses et risquées], le journaliste David E. Sanger, un membre du Conseil des relations étrangères, le cercle de réflexion non officiel du Département d’État américain, révèle pourquoi Washington s’alarme du récent essai de lancement d’un missile balistique intercontinental de la Corée du Nord.
« La crainte, écrit Sanger, n’est pas que [le dirigeant nord-coréen] M. Kim lance une attaque préventive visant la Côte Ouest ; ce serait suicidaire, et si le dirigeant du Nord de 33 ans a démontré quelque chose dans ses cinq ans à son poste, c’est qu’il ne pense qu’à sa survie. »
Si Washington s’alarme, selon Sanger, c’est que « M. Kim a [maintenant] la capacité de riposter. » En d’autres termes, Pyongyang a acquis les moyens d’une autodéfense efficace. Cela, écrit Sanger, fait de la Corée du Nord un « régime dangereux ».
En effet, pour une puissance dominante mondiale comme les États-Unis, tout gouvernement étranger qui résiste et refuse de se placer dans un rôle de vassal devient« un régime dangereux », qui doit être éliminé. Par conséquent, une Corée du Nord qui veut développer en toute indépendance les moyens de se défendre plus efficacement contre les ambitions impérialistes étasuniennes n’a pas sa place dans les scénarios de Washington. Les États-Unis ont passé les 70 dernières années à essayer d’intégrer le minuscule et courageux pays dans leur empire non déclaré. Aujourd’hui, alors que la Corée du Nord a acquis la capacité d’exercer des représailles contre l’agression militaire étasunienne d’une manière qui causerait des dommages considérables à la patrie américaine, les perspectives que ces sept décennies d’investissements portent leurs fruits semblent minces.
L’hostilité des États-Unis à l’égard de l’indépendance nord-coréenne s’est exprimée de multiples manières au cours des 70 ans d’existence de la Corée du Nord.
Une guerre d’agression de trois ans dirigée par les États-Unis, de 1950 à 1953, a exterminé 20% de la population de la Corée du Nord et détruit par le feu toutes les villes du pays 3,The Intercept, 3 mai 2017. LeMay dit : « Nous avons tué […] 20% de la population… Nous sommes allés là-bas, nous leur avons fait la guerre et finalement nous avons incendié toutes les villes de Corée du Nord. »], poussant les survivants à se réfugier dans des abris souterrains dans lesquels ils vivaient et travaillaient. Le général américain Douglas MacArthur a dit de la destruction que les États-Unis ont infligée à la Corée du Nord : « Je n’ai jamais vu une telle dévastation… Après avoir regardé les décombres et ces milliers de femmes et d’enfants, et tout, j’ai vomi. »4 ne peut s’empêcher de gonfler la menace nord coréenne), FAIR, 9 mai 2017.]
Une odieuse campagne de guerre économique de 70 ans, visant à paralyser l’économie du pays et à provoquer la misère dans sa population, a conféré à la Corée du Nord la distinction malheureuse d’être la nation la plus lourdement sanctionnée sur la terre. Nichées dans les couches de sanctions américaines, il y a celle qui ont été imposées parce que la Corée du Nord a choisi « une économie marxiste-léniniste » 5, révélant ce qui est à la racine de l’hostilité des États-Unis à l’égard du pays.
Pendant des décennies, les Coréens du Nord ont vécu sous une épée de Damoclès nucléaire, soumis de manière répétée à des menaces d’annihilation nucléaire, y compris celle d’être transformés en « briquettes de charbon » 6, Democracy Now !, 29 mai 2009.] et« détruits totalement » jusqu’à « cesser littéralement d’exister »7 – et cela avant qu’ils aient des armes nucléaires et des moyens rudimentaires pour les lancer. En d’autres termes, dans ses menaces de vaporiser les Coréens du Nord, Washington les a menacés de faire d’eux les successeurs des peuples autochtones américains, des objets des génocides perpétrés par les États-Unis.
Nous devrions en premier lieu nous rappeler pourquoi la Corée du Nord s’est retirée du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Comme l’écrit Bruce Cumings, professeur d’histoire à l’université de Chicago, pour la Corée du Nord, la crise nucléaire a commencé à la fin de février 1993, lorsque :
Vingt-cinq ans plus tard, les bombardiers B1‑B et plusieurs navires transportant des missiles de croisière – cette fois des porte-avions « projecteurs de puissance » – sont de retour.
Le mois dernier, Washington a envoyé non pas un mais deux porte-avions, l’USS Carl Vinson et l’USS Ronald Reagan, dans les eaux entre le Japon et la Corée, pour mener des« exercices », une démonstration de force jamais vue depuis plus de vingt ans », a rapporté leWall Street Journal. 9.
En même temps, le Pentagone a envoyé des bombardiers stratégiques B1‑B, non pas une fois, mais deux fois le mois dernier, pour pratiquer des bombardements nucléaires simulés « à proximité de la Ligne de démarcation qui sépare les deux Corées », autrement dit le long de la frontière de la Corée du Nord. 10.
Naturellement, la Corée du Nord a dénoncé les simulacres de bombardements pour ce qu’ils étaient : des provocations graves. Si les nouvelles capacités d’autodéfense du pays communiste ont suscité la consternation à Washington, alors la démonstration manifeste de son offensive pourrait légitimement déclencher l’alarme à Pyongyang. The Wall Street Journal a résumé les provocations américaines de cette manière : « L’armée américaine a exécuté plusieurs survols à proximité de la péninsule de Corée en utilisant des bombardiers B1‑B (c’est-à-dire nucléaires) et dirigé un groupe de porte-avions de la Marine vers la région – à la grande consternation de la Corée du Nord. » 11.
Robert Litwak, directeur des études internationales pour le Wilson Center, explique la raison du désarroi de Pyongyang, si ce n’est pas déjà évident. Les jeux de guerre dirigés par les États-Unis « [pourraient ressembler à] une manœuvre défensive pour nous, [mais] du point de vue de la Corée du Nord, ils peuvent penser que nous préparons une attaque lorsque des chasseurs B2 commencent à arriver ».12.
En janvier, la Corée du Nord a offert de « s’asseoir avec les États-Unis à n’importe quel moment », pour discuter de leurs jeux de guerre et de ses programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques. Pyongyang a proposé que les États-Unis « contribuent à réduire les tensions sur la péninsule de Corée en suspendant temporairement leurs exercices militaires conjoints en Corée du Sud et leur proximité cette année, et a dit que dans ce cas la RPDC était prête, en contrepartie, à prendre des mesures en suspendant temporairement les essais nucléaires qui préoccupent les États-Unis ». 13.
La proposition nord-coréenne a été appuyée par la Chine et la Russie 14 et récemment par le nouveau président de Corée du Sud, Moon Jae-in. 15 Mais Washington a rejeté péremptoirement la proposition, refusant de reconnaître toute équivalence entre les jeux de guerre menés par les États-Unis, que leurs responsables considèrent comme« légitimes », et les essais de missiles nucléaires de la Corée du Nord, qu’ils qualifient d’« illégitimes ». 16.
Le rejet par les États-Unis de la proposition nord-coréenne soutenue par la Chine, la Russie et la Corée du Sud n’est cependant liée rhétoriquement qu’à des notions de légitimité, et cette question ne résiste même pas à l’examen le plus sommaire. Comment se fait-il que les missiles balistiques et les armes nucléaires étasuniennes soient légitimes et pas ceux de Corée du Nord ?
La vraie raison pour laquelle Washington rejette la proposition nord-coréenne est expliquée par Sanger : un tel accord « reconnaîtrait fondamentalement que le modeste arsenal nord coréen est ici pour rester », ce qui signifie que Pyongyang conserverait « la capacité de riposter », pour arrêter la main américaine et dissuader Washington de lancer une agression en vue d’un changement de régime à la manière des guerres qu’ils ont perpétrées contre Saddam et Kadhafi, des chefs de gouvernements pro-indépendance qui, comme la Corée du Nord, refusaient d’être intégrés dans l’empire américain informel, mais qui, contrairement à la Corée du Nord, avaient renoncé à leurs moyens d’autodéfense et qui, une fois sans défense, ont été renversés par des agressions fomentées par les États-Unis.
« C’est ce que son programme nucléaire empêchera, croit M. Kim », écrit le membre du Conseil des relations étrangères, se référant à l’effort américain pour mener à bien la campagne contre Pyongyang en vue d’un changement de régime, campagne vieille de sept décennies. Et il a « peut-être raison », concède Sanger.
Toute personne préoccupée par la démocratie devrait prendre conscience que la Corée du Nord, contrairement à la Libye de Kadhafi et à l’Irak de Saddam, a résisté avec succès aux prédations américaines. Les États-Unis exercent une dictature internationale, s’arrogeant le droit d’intervenir en n’importe quel endroit du globe, afin de dicter aux autres comment ils devraient organiser leurs affaires économiques et politiques, au point de mener explicitement en Corée du Nord une guerre contre le pays parce qu’il a une économie marxiste-léniniste contraire aux intérêts économiques de la couche sociale supérieure américaine dont les occasions de faire des profits par les exportations et les investissements en Corée du Nord ont été par conséquent éclipsées.
Les pays qui résistent au despotisme sont les véritables champions de la démocratie, et non ceux qui l’exercent (les États-Unis) ou la facilitent (leurs alliés). La Corée du Nord est calomniée pour être une dictature belliqueuse, violer les droits de l’homme et pratiquer une répression cruelle et exceptionnelle contre les dissidents politiques, une description qui convient au principal allié arabe de Washington, l’Arabie saoudite, la bénéficiaire de faveurs militaires, diplomatiques et autres quasi illimitées de la part des États-Unis, prodiguées à la tyrannie arabe malgré sa totale aversion pour la démocratie, sa réduction des femmes au statut d’objets, sa diffusion d’une idéologie wahhabite cruellement sectaire, une guerre injustifiée au Yémen et la décapitation et la crucifixion de ses dissidents politiques.
Si nous nous soucions de la démocratie, nous devrions, comme le philosophe italien Domenico Losurdo le dit, être aussi concernés par la démocratie à l’échelle mondiale. L’inquiétude qui s’est répandue à Washington et aux Nations Unies est le signe que la vraie démocratie est en essor dans le monde. Et cela ne devrait pas être un souci pour le reste d’entre nous, mais une chaude caresse.
Stephen Gowans
Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Catherine pour le Saker francophone
http://lesakerfrancophone.fr/la-veritable-raison-de-linquietude-de-washington-a-propos-de-lessai-icbm-de-la-rpdc
Notes :
Des personnes incroyablement dévouées (Sébastien et Catherine, ainsi que Bruce) ont inspiré et fabriqué la DOCUMENTATION correspondant à cette interview Thinkerview.
Mille mercis à eux 🙂
https://old.chouard.org/Europe/E.Chouard-ITV-Thinkerview-References.pdf
Les vidéos du colloque « Henri Guillemin et la Commune – le moment du peuple ? », le 19 novembre 2016 à Paris.
Avec Annie Lacroix-Riz, Florence Gauthier, Cécile Robelin, Céline Léger, Patrick Rödel, Patrick Berthier et Jean Chérasse.
http://www.henriguillemin.org/portfolio_category/video-colloque-2016/
« Cherchez la cause des causes. » Hippocrate.
Le Venezuela possède plus de pétrole que l’Arabie saoudite
par Hayat Gazzane (2011)
D’après un rapport de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), le pays dirigé par Hugo Chavez détenait l’an dernier des réserves prouvées de 296,50 milliards de barils, soit les plus grandes du monde.
Le Venezuela est plus riche en pétrole que l’Arabie saoudite. C’est le rapport annuel de l’Organisation mondiale du pétrole (Opep) qui l’affirme. Ce document indique que le pays dirigé par Hugo Chavez, actuellement à Cuba pour faire soigner son cancer,disposait en fin d’année dernière de 296,50 milliards de barils d’or noir pouvant être exploités, contre 211,2 milliards un an plus tôt. Il surpasse ainsi le royaume saoudien dont les réserves prouvées sont restées stables, à 264,5 milliards.
En janvier dernier, le président Hugo Chavez affirmait déjà être devenu le numéro un du pétrole devant l’Arabie saoudite. Mais jusqu’à présent, les chiffres de l’Opep ne le confirmaient pas car l’organisation n’intégrait pas dans ses calculs le pétrole non conventionnel, c’est-à-dire lourd et extra-lourd, qui fait la richesse du Venezuela. C’est désormais chose faite. La forte hausse des réserves prouvées qui en résulte a été le principal moteur de l’augmentation générale des réserves de l’Opep, qui s’établissent à 1193 milliards de barils (+12,1%).
Un pétrole trop lourd
Le Venezuela a toujours milité pour la reconnaissance par l’Opep du potentiel de son bassin de l’Orénoque, situé dans le nord du pays. Cette zone est considérée comme la plus grande réserve d’hydrocarbures du monde. Elle est actuellement exploitée par la compagnie nationale pétrolière Petroleos de Venezuela (PDVSA) et des partenaires étrangers, dont l’italien Eni. Le Venezuela, qui y produit en moyenne 2,3 millions de barils par jours (mbj) selon l’organisation, espère y produire 4,6 mbj en 2020. Vendredi dernier, la compagnie pétrolière italienne ENI a d’ailleurs engagé 2 milliards de dollars dans des projets communs d’exploitation et de raffinage avec PDVSA dans cette zone.
Mais le point faible du Venezuela réside dans la qualité de son pétrole. Son extraction et raffinage demandent des coûts bien plus élevés que le pétrole léger qui fait la richesse des sous-sols saoudiens. Le Venezuela a plus de difficulté à transformer et rendre commercialisable son or noir. Même s’il dispose de plus de réserve, il reste donc loin derrière l’Arabie saoudite en termes de production (8,16 mbj en 2010 contre 2,85 millions pour le Venezuela) et d’exportation (950.900 mbj contre 751.100 mbj).
L’Irak retrouve de l’élan
Parmi les autres pays à avoir augmenté leur production figurent l’Iran, avec 151 milliards de barils (+10,3%), et l’Irak. Ce dernier pays détient 143 milliards de barils de réserves, un chiffre en hausse de 24,4%. D’après le gouvernement irakien, l’industrie pétrolière, qui avait été mise à mal par le conflit de 2003, repart de l’avant. En 2009, onze contrats ont été signés avec des compagnies étrangères pour l’exploitation de ses immenses réserves pétrolières. Le pays entend porter sa capacité de production à 12 mbj en 2017, contre 2,5 mbj actuellement. « Si nous continuons sur la voie dans laquelle nous nous sommes engagés, l’Irak sera au cours des deux prochaines décennies le pays qui fixera la politique pétrolière dans le monde en matière de prix, de l’offre et de la demande », s’est même avancé le vice-Premier ministre chargé de l’énergie, Hussein Chahristani.
D’autres pays membres de l’Opep se sont en revanche illustrés par leur immobilisme. Les réserves de l’Algérie, du Koweït, ou encore des Émirats arabes unis n’ont ainsi pas bougé depuis 2006. Au total, les douze membres de l’organisation contrôlaient à eux seuls 81,3% des réserves prouvées mondiales en 2010 contre 76,9% un an plus tôt.
Source : Le Figaro 2011, http://www.lefigaro.fr/matieres-premieres/2011/07/20/04012–20110720ARTFIG00559-le-venezuela-possede-plus-de-petrole-que-l-arabie-saoudite.php
[Témoignage remarquable]
L’armée syrienne affrontait l’EI longtemps avant que les Américains ne tirent leur premier missile
Les survivants de cette armée et leurs familles vont vouloir que leur sacrifice soit reconnu et même récompensé
Un an jour pour jour avant sa mort, le général Fouad Khadour est assis dans son quartier général à l’ouest de Palmyre, Photo Nelofer Pazira
Par Robert Fisk – Le 27 juillet 2017 – Source The Independent
Je n’aime pas les armées. Ce sont des institutions dangereuses. Les soldats ne sont pas des héros juste parce qu’ils se battent. Et je suis fatigué de répéter que ceux qui vivent par l’épée pourraient bien aussi mourir par l’épée. Mais si on compare les 40 000 civils tués à Mossoul par les Américains, les Irakiens et l’EI au cours des douze derniers mois, aux 50 000 civils abattus par les Mongols au XIIIe siècle à Alep – et que l’on se rend compte que l’influence des droits humains sur les aviateurs américains, la brutalité irakienne, et le sadisme de l’EI, n’a permis d’obtenir qu’une diminution de 10 000 morts par rapport aux hordes mongoles – la mort semble parfois avoir perdu son sens.
Sauf quand on connait les victimes ou leurs familles. J’ai un ami dont la mère a été assassinée à Damas, dans le faubourg de Harasta, au début de la guerre syrienne, un autre dont le beau-frère a été enlevé à l’est de la ville et n’a jamais été retrouvé. J’ai rencontré une petite fille dont la mère et le petit frère ont été abattus par des tueurs d’al-Nosra dans la ville de Jisr al-Shughour, et un Libanais qui croit que son neveu a été pendu dans une prison syrienne. Et puis, ce mois-ci, dans le désert syrien oriental, près du village d’al-Arak, aux cabanes balayées par la poussière, un soldat syrien que je connaissais a été tué par l’EI.
C’était, bien sûr, un soldat de l’armée du régime syrien. Il était général d’une armée constamment accusée de crimes de guerre par la même nation, les États-Unis, dont les frappes aériennes ont si généreusement contribué au massacre épouvantable de Mossoul. Mais le général Fouad Khadour était un soldat professionnel et il défendait les champs de pétrole de l’est de la Syrie : les joyaux de la couronne de l’économie syrienne. L’EI voulait s’en emparer et c’est pour ça qu’ils ont tué Khadour. La guerre dans le désert n’est pas une guerre sale comme tant des attaques perpétrées en Syrie. Quand j’ai rencontré le général à l’ouest de Palmyre, l’EI venait de conquérir l’ancienne ville romaine et de trancher, en public, la tête des civils, des soldats et des fonctionnaires qui n’avaient pas réussi à fuir.
Un an auparavant, le fils du général, également soldat, avait été tué en se battant à Homs. Fouad Khadour a simplement fait oui de la tête quand je l’ai mentionné. Il voulait parler de la guerre dans les montagnes brûlées par le soleil du sud de Palmyre, où il enseignait à ses soldats à se battre contre les attaques suicides de l’EI, à défendre leurs positions isolées autour de la station de pompage et de transmission électrique où il était basé, et à sauver les pipelines T4 sur la route de Homs. Les Américains, qui proclamaient que l’EI était une force « apocalyptique », se sont moqués de l’armée syrienne qui, selon eux, ne se battait pas contre l’EI. Mais Khadour et ses hommes combattaient l’EI bien avant que les Américains ne tirent de missile, et ils ont appris la seule leçon que les soldats peuvent apprendre lorsqu’ils sont confrontés à un ennemi aussi horrible : ne pas avoir peur.
Khadour a reconnu avoir eu de grosses pertes. Puis il m’a raconté avec un calme horrifié comment, lors d’une attaque sur un groupe de grottes dans les montagnes, ses soldats avaient trouvé des vêtements de femmes laissés derrière par l’EI. Je ne comprends pas, ai-je dit. « Moi non plus je ne comprenais pas, a répondu le général, puis nous avons réalisé qu’ils appartenaient probablement aux esclaves sexuelles Yezidis que Daech avaient enlevées en Irak. »
Par la suite, les Syriens, soutenus par de massives attaques aériennes russes contre l’EI, sont revenus à Palmyre et ont repris la ville, et j’ai à nouveau rencontré le général Khadour dans la bicoque en béton, située entre un château mamelouk du XIIIe siècle et une chaîne de montagnes, qui lui servait de quartier général. Il avait conduit ses soldats dans Palmyre sous de constants tirs de mortier. Beaucoup d’entre eux étaient morts en marchant sur les mines que l’EI avait habilement placées sous des chemins de terre apparemment fréquentés. Khadour avait lui-même été blessé par des éclats de mines, même s’il faisait plus de cas des scorpions qui venaient le piquer la nuit dans sa cabane de béton.
Il était également indigné par les médias. « Une équipe de télévision est venue à Palmyre après la bataille, m’a‑t-il dit, et le journaliste nous a demandé de reconstituer les combats pour pouvoir dire qu’il était là pendant qu’ils avaient lieu ! » Et il a secoué la tête tristement. Ce n’était pas une équipe de télévision occidentale, a‑t-il ajouté. Il m’a dit que la guerre allait continuer, qu’il y avait encore beaucoup de combats à mener dans le désert. Nous avons pris une photo de lui assis en treillis dans la chaleur du désert près d’un écran de camouflage déchiré. Il avait l’air de bonne humeur, fatigué peut-être, un homme qui avait beaucoup appris sur le désert. Il lui restait exactement un an à vivre.
L’EI est revenu à Palmyre et a été repoussé une fois de plus et quelques mois plus tard, a commencé la grande bataille pour repousser Isis vers l’Euphrate. Je voulais parler à Khadour à nouveau. Il se battait maintenant à l’est de Palmyre dans les collines autour d’al-Arak. Un ami l’a appelé, alors qu’il prenait un bref congé, chez lui, près de Lattaquié – oui, c’était un alaouite tandis que la plupart de ses hommes étaient des musulmans sunnites –, pour lui dire que je voulais le voir. Il ne lui restait plus que deux jours à vivre.
Je n’aime pas les armées. Ce sont des institutions dangereuses. Les soldats ne sont pas des héros juste parce qu’ils se battent. Et je suis fatigué de répéter que ceux qui vivent par l’épée pourraient bien aussi mourir par l’épée. Mais si on compare les 40 000 civils tués à Mossoul par les Américains, les Irakiens et l’EI au cours des douze derniers mois, aux 50 000 civils abattus par les Mongols au XIIIe siècle à Alep – et que l’on se rend compte que l’influence des droits humains sur les aviateurs américains, la brutalité irakienne, et le sadisme de l’EI, n’a permis d’obtenir qu’une diminution de 10 000 morts par rapport aux hordes mongoles – la mort semble parfois avoir perdu son sens.
Sauf quand on connait les victimes ou leurs familles. J’ai un ami dont la mère a été assassinée à Damas, dans le faubourg de Harasta, au début de la guerre syrienne, un autre dont le beau-frère a été enlevé à l’est de la ville et n’a jamais été retrouvé. J’ai rencontré une petite fille dont la mère et le petit frère ont été abattus par des tueurs d’al-Nosra dans la ville de Jisr al-Shughour, et un Libanais qui croit que son neveu a été pendu dans une prison syrienne. Et puis, ce mois-ci, dans le désert syrien oriental, près du village d’al-Arak, aux cabanes balayées par la poussière, un soldat syrien que je connaissais a été tué par l’EI.
C’était, bien sûr, un soldat de l’armée du régime syrien. Il était général d’une armée constamment accusée de crimes de guerre par la même nation, les États-Unis, dont les frappes aériennes ont si généreusement contribué au massacre épouvantable de Mossoul. Mais le général Fouad Khadour était un soldat professionnel et il défendait les champs de pétrole de l’est de la Syrie : les joyaux de la couronne de l’économie syrienne. L’EI voulait s’en emparer et c’est pour ça qu’ils ont tué Khadour. La guerre dans le désert n’est pas une guerre sale comme tant des attaques perpétrées en Syrie. Quand j’ai rencontré le général à l’ouest de Palmyre, l’EI venait de conquérir l’ancienne ville romaine et de trancher, en public, la tête des civils, des soldats et des fonctionnaires qui n’avaient pas réussi à fuir.
Un an auparavant, le fils du général, également soldat, avait été tué en se battant à Homs. Fouad Khadour a simplement fait oui de la tête quand je l’ai mentionné. Il voulait parler de la guerre dans les montagnes brûlées par le soleil du sud de Palmyre, où il enseignait à ses soldats à se battre contre les attaques suicides de l’EI, à défendre leurs positions isolées autour de la station de pompage et de transmission électrique où il était basé, et à sauver les pipelines T4 sur la route de Homs. Les Américains, qui proclamaient que l’EI était une force « apocalyptique », se sont moqués de l’armée syrienne qui, selon eux, ne se battait pas contre l’EI. Mais Khadour et ses hommes combattaient l’EI bien avant que les Américains ne tirent de missile, et ils ont appris la seule leçon que les soldats peuvent apprendre lorsqu’ils sont confrontés à un ennemi aussi horrible : ne pas avoir peur.
Khadour a reconnu avoir eu de grosses pertes. Puis il m’a raconté avec un calme horrifié comment, lors d’une attaque sur un groupe de grottes dans les montagnes, ses soldats avaient trouvé des vêtements de femmes laissés derrière par l’EI. Je ne comprends pas, ai-je dit. « Moi non plus je ne comprenais pas, a répondu le général, puis nous avons réalisé qu’ils appartenaient probablement aux esclaves sexuelles Yezidis que Daech avaient enlevées en Irak. »
Par la suite, les Syriens, soutenus par de massives attaques aériennes russes contre l’EI, sont revenus à Palmyre et ont repris la ville, et j’ai à nouveau rencontré le général Khadour dans la bicoque en béton, située entre un château mamelouk du XIIIe siècle et une chaîne de montagnes, qui lui servait de quartier général. Il avait conduit ses soldats dans Palmyre sous de constants tirs de mortier. Beaucoup d’entre eux étaient morts en marchant sur les mines que l’EI avait habilement placées sous des chemins de terre apparemment fréquentés. Khadour avait lui-même été blessé par des éclats de mines, même s’il faisait plus de cas des scorpions qui venaient le piquer la nuit dans sa cabane de béton.
Il était également indigné par les médias. « Une équipe de télévision est venue à Palmyre après la bataille, m’a‑t-il dit, et le journaliste nous a demandé de reconstituer les combats pour pouvoir dire qu’il était là pendant qu’ils avaient lieu ! » Et il a secoué la tête tristement. Ce n’était pas une équipe de télévision occidentale, a‑t-il ajouté. Il m’a dit que la guerre allait continuer, qu’il y avait encore beaucoup de combats à mener dans le désert. Nous avons pris une photo de lui assis en treillis dans la chaleur du désert près d’un écran de camouflage déchiré. Il avait l’air de bonne humeur, fatigué peut-être, un homme qui avait beaucoup appris sur le désert. Il lui restait exactement un an à vivre.
L’EI est revenu à Palmyre et a été repoussé une fois de plus et quelques mois plus tard, a commencé la grande bataille pour repousser Isis vers l’Euphrate. Je voulais parler à Khadour à nouveau. Il se battait maintenant à l’est de Palmyre dans les collines autour d’al-Arak. Un ami l’a appelé, alors qu’il prenait un bref congé, chez lui, près de Lattaquié – oui, c’était un alaouite tandis que la plupart de ses hommes étaient des musulmans sunnites –, pour lui dire que je voulais le voir. Il ne lui restait plus que deux jours à vivre.
L’officier supérieur de Khadour portait le même nom de famille – c’était le général Mohamed Khadour, qui commande toute la région militaire de l’est – bien qu’ils ne soient pas de la même famille. Il m’a emmené dans les collines où Khadour a été tué. Voici ce qu’il m’a dit : « Un collègue et moi-même parlions au téléphone à Fouad là où il était attaqué près du champ [de pétrole] Ramamin et nous sommes allés le voir pour parler de l’opération. Nous l’avons vu sur une colline en train d’organiser ses troupes à al-Arak. Il s’est dirigé vers la route où nous nous étions arrêtés et l’EI tirait des mortiers qui ont atterri près de nous. Ils savaient sur qui ils tiraient. Nous avons donné nos plans à Fouad. J’ai dit que nous devrions évacuer temporairement cette zone. Quand nous sommes remontés dans notre véhicule, Fouad est venu pour nous dire au revoir. Mais juste après notre départ, un réservoir de pétrole a explosé à côté de lui. Nous avons appris qu’il avait été touché à la main. J’ai essayé de l’appeler sur son téléphone et il a essayé de me répondre mais il n’arrivait pas à parler. Je voyais qu’il était en ligne parce que son nom était inscrit sur l’écran de mon téléphone. Ils l’ont amené à l’hôpital, il continuait à dire : « C’est juste ma main » et il était tout à fait conscient. Mais ils ont découvert qu’un éclat d’obus était entré dans son corps et avait transpercé ses poumons. Et puis son état s’est détérioré, sa respiration a commencé à faiblir et, une heure plus tard, il était mort. C’était un héros et un homme très courageux. »
Les ennemis du régime le nieront – car ils maudissent toute l’armée d’Assad – mais le fait est que le général Fouad Khadour soit mort en combattant la même idéologie meurtrière que la Russie, l’Amérique et la France et d’innombrables pays occidentaux considèrent comme leur pire ennemi. Le fait que tant d’armes de l’EI proviennent de l’Occident – comme me l’ont répété aussi bien le général Khadour vivant que le général Khadour mort – donne un tour cruellement ironique à cette histoire. Le tank qui a tiré sur Fouad Khadour était peut-être un tank syrien capturé au début de la guerre – ou un Abrams américain pris par l’EI à Mossoul en 2014 et amené en Syrie comme beaucoup d’autres tanks américains.
Mais la mort de Fouad Khadour signifie autre chose. C’est la perte d’un officier supérieur expérimenté de plus dans une armée qui a perdu environ 74 000 soldats. Il y a en effet beaucoup d’officiers parmi les soldats morts, parce que les commandants de terrain en Syrie sont en première ligne. Un autre officier supérieur a été tué lors d’un cessez-le-feu qui a échoué à Alep il y a deux semaines. J’ai rencontré un colonel syrien à Alep ce mois-ci qui, après mûre réflexion, m’a dit que 200 personnes qu’il connaissait personnellement avaient été tuées dans la guerre, la plupart des soldats, et parmi eux son oncle. Les survivants de cette armée et leurs familles – s’ils « gagnent » cette guerre et si une victoire claire est possible quand autant de puissances étrangères sont impliquées, voudront que leur sacrifice soit reconnu et même récompensé.
L’importance de l’armée syrienne augmente chaque jour. Ce n’est plus la force armée corrompue et corruptrice qui a pourri au Liban pendant 29 ans, ni la force armée mal entraînée qui s’est confrontée à l’insurrection, au début, quand ses propres soldats faisaient défection. C’est maintenant l’armée arabe la plus aguerrie du Moyen-Orient, plus que l’armée irakienne qui a beaucoup moins de soldats professionnels.
Et c’est l’armée syrienne qui devra reconstruire la Syrie. Le général Fouad Khadour – et sa mort – font donc partie du futur autant que du passé de la Syrie.
Robert Fisk
Source : le SakerFrancophone, http://lesakerfrancophone.fr/larmee-syrienne-affrontait-lei-longtemps-avant-que-les-americains-ne-tirent-leur-premier-missile
[passionnant] Voilà pourquoi la Corée du Nord déteste autant les États-Unis…
Quand les Etats-Unis détruisaient un pays pour le sauver
Le 25 juin 2010 marque le soixantième anniversaire du début de la Guerre de Corée, appelée « Guerre de Libération de la patrie » en République populaire démocratique de Corée. Entre 1950 et 1953, les hostilités ont fait près de quatre millions de victimes, mais l’ « héritage » de cette guerre va bien au-delà de ce bilan humain déjà terrifiant : l‘accord d’armistice signé à Panmunjom le 27 juillet 1953 a scellé la division de la péninsule coréenne en établissant une ligne de démarcation militaire entre le nord et le sud, et, faute de véritable traité de paix, la Corée reste « techniquement » en état de belligérance.
Au lendemain de la libération de la Corée (15 août 1945), après 35 ans de colonisation japonaise, le peuple coréen pouvait pourtant légitimement prétendre à recouvrer son indépendance et sa souveraineté, comme s’y étaient engagés les pays alliés lors de la Conférence du Caire (novembre 1943). Cette légitime aspiration de la nation coréenne ne fut malheureusement pas réalisée dans le contexte d’affrontement des grandes puissances : dès le mois de septembre 1945, deux zones d’occupation, soviétique et américaine, se mirent en place de part et d’autre du 38emeparallèle. En 1948, l’organisation d’élections séparées au sud, sous l’égide de l’ONU où les Etats-Unis disposaient de la majorité, aboutit à la création de deux Etats coréens : la République de Corée au sud, la République populaire démocratique de Corée au nord. La partition de fait de la Corée était réalisée. La nation coréenne se trouvait dramatiquement divisée contre son gré par la « frontière » artificielle du 38eme parallèle, autour de laquelle divers accrochages firent des milliers de morts de 1945 à 1950.
La thèse de l’offensive nord-coréenne du 25 juin 1950 servit de prétexte à une intervention militaire des Etats-Unis, dans le cadre d’une stratégie américaine globale de « refoulement du communisme ». L’intervention américaine en Corée fut légitimée par le Conseil de sécurité de l’ONU – où l’URSS ne siégeait pas en raison du refus d’y admettre la jeune République populaire de Chine -, le président américain Harry Truman présentant alors l’envoi de troupes en Corée comme une « opération de police » dont le but était de repousser un « raid de bandits contre la République de Corée ». Le président américain l’a fait sans déclaration de guerre, jusqu’alors une condition préalable à la participation militaire des Etats-Unis à l’étranger. Il a ainsi établi un précédent pour le président Lyndon Johnson qui a engagé des troupes dans la Guerre du Vietnam sans jamais solliciter un mandat du Congrès pour son action. Les interventions en Irak et en Afghanistan ont été menées selon les mêmes principes.
Pour cette « opération de police », les Etats-Unis eurent recours à des armes de destruction massive, ou menacèrent d’en utiliser, ce qui contribue encore à éclairer la situation actuelle. Comme l’écrit l’historien américain Bruce Cumings en conclusion de l’article que nous reproduisons ci-après, « la Corée du Nord tenterait, sans raison, de s’équiper en armes de destruction massive, tandis que l’opposition de Washington à cette stratégie relèverait de l’innocence originelle. Pourtant, depuis les années 1940, les Etats-Unis ont eux-mêmes utilisé ou menacé d’utiliser ces armes en Asie du Nord-Est. Ils sont la seule puissance à avoir eu recours à la bombe atomique, et leur dissuasion repose sur la menace de les employer de nouveau en Corée ». Cumings écrivait ces lignes en 2004, sous l’administration Bush. Elles restent d’une troublante actualité, surtout après l’annonce, le 6 avril 2010, de la nouvelle posture nucléaire de l’administration Obama, selon laquelle les Etats-Unis s’autorisent à frapper la Corée du Nord avec des armes nucléaires même si celle-ci n’utilise que des armes conventionnelles.
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Mémoires de feu en Corée du Nord
Quand les USA détruisaient un pays pour le sauver
La Corée du Nord tenterait, sans raison, de s’équiper en armes de destruction massive, tandis que l’opposition de Washington à cette stratégie relèverait de l’innocence originelle. Pourtant, depuis les années 1940, les USA ont eux-mêmes utilisé ou menacé d’utiliser ces armes en Asie du Nord-Est. Ils sont la seule puissance à avoir eu recours à la bombe atomique, et leur dissuasion repose sur la menace de les employer de nouveau en Corée.
Bruce Cumings est Professeur d’histoire à l’université de Chicago et auteur de Parallax Visions : Making Sense of American-East Asian Relations, Duke University Press, Londres, 1999 et de North Korea, Another Country, The New Press, New York, 2004.
Lire la suite, passionnante :
http://www.les-crises.fr/voila-pourquoi-la-coree-du-nord-deteste-autant-les-etats-unis/
Source : les-crises.fr, Olivier Berruyer