Un nouvel algorithme de Google limite l’accès aux sites Web progressistes et de gauche

28/07/2017 | 9 commentaires

[Capi­ta­lisme = fas­cisme en puis­sance, dès que les esclaves se rebiffent]

[État poli­cier en marche]

L’é­vo­lu­tion fas­ci­sante de dépo­li­ti­sa­tion des déci­sions publiques se confirme chaque jour davan­tage. Voyez cette alerte publiée sur le site Le Grand Soir.


Andre Damon et Niles Niemuth

Au cours des trois mois écou­lés depuis que le mono­pole des moteurs de recherches sur Inter­net, Google, a annon­cé qu’il fal­lait empê­cher les uti­li­sa­teurs d’accéder à de « fausses nou­velles » (fake news), le clas­se­ment mon­dial du tra­fic d’une large gamme d’organisations de gauche, pro­gres­sistes, anti-guerre et démo­cra­tiques a consi­dé­ra­ble­ment diminué.

Le 25 avril 2017, Google a annon­cé qu’il avait mis en place des modi­fi­ca­tions de son ser­vice de recherche pour rendre plus dif­fi­cile pour les usa­gers d’accéder à ce qu’il appe­lait des infor­ma­tions « de mau­vaise qua­li­té » telles que les « théo­ries du com­plot » et les « fausses nouvelles ».

La socié­té a décla­ré dans un article de blogue que l’objectif cen­tral de la modi­fi­ca­tion de son algo­rithme de recherche était de don­ner au géant des recherches un plus grand contrôle dans l’identification du conte­nu jugé répré­hen­sible par ses direc­tives. Il a décla­ré qu’il avait « amé­lio­ré nos méthodes d’évaluation et effec­tué des mises à jour algo­rith­miques » afin de « conte­nir un conte­nu plus autorisé ».

Google a pour­sui­vi : « Le mois der­nier, nous avons mis à jour nos lignes direc­trices sur la qua­li­té de la recherche (Search Qua­li­ty Rater Gui­de­lines) pour four­nir des exemples plus détaillés de pages Web de mau­vaise qua­li­té pour que les éva­lua­teurs puissent les signa­ler de manière appro­priée ». Ces modé­ra­teurs sont invi­tés à signa­ler « les expé­riences qui pour­raient per­tur­ber des usa­gers », y com­pris les pages qui pré­sentent de « théo­ries du com­plot », sauf si « la requête indique clai­re­ment que l’usager recherche un autre point de vue ».

Google n’explique pas pré­ci­sé­ment ce qu’il entend par le terme « théo­rie du com­plot ». En uti­li­sant la caté­go­rie large et amorphe des « fausses nou­velles », l’objectif du chan­ge­ment dans le sys­tème de recherche de Google est de res­treindre l’accès à des sites Web pré­sen­tant des opi­nions dif­fé­rentes, dont la cou­ver­ture et l’interprétation des évé­ne­ments s’opposent à celles des médias de l’establishment tels que le New York Times et le Washing­ton Post.

En signa­lant le conte­nu de telle sorte qu’il n’apparaît pas dans les pre­mières une ou deux pages d’un résul­tat de recherche, Google est capable de blo­quer effi­ca­ce­ment l’accès des usa­gers à celui-ci. Étant don­né qu’une grande par­tie du tra­fic sur le Web est influen­cée par les résul­tats de recherche, Google peut dis­si­mu­ler ou enter­rer effi­ca­ce­ment le conte­nu auquel il s’oppose, grâce à la mani­pu­la­tion des clas­se­ments des recherches.

Le mois der­nier, la Com­mis­sion euro­péenne a impo­sé une amende de 2,7 mil­liards de dol­lars à la socié­té pour avoir mani­pu­lé les résul­tats des recherches pour orien­ter les usa­gers de manière inap­pro­priée vers son propre ser­vice de com­pa­rai­son, Google Shop­ping. Main­te­nant, il semble que Google uti­lise ces méthodes cri­mi­nelles pour empê­cher les uti­li­sa­teurs d’accéder aux points de vue poli­tiques que l’entreprise consi­dère comme répréhensibles.

Le World Socia­list Web Site fait par­tie des cibles des nou­velles « méthodes d’évaluation » de Google. En avril 2017, 422 460 visites au WSWS venaient de recherches Google, ce chiffre a chu­té à envi­ron 120 000 ce mois-ci, soit une baisse de plus de 70 pour cent.

Même si l’on uti­lise des termes de recherche tels que « socia­liste » et « socia­lisme », les lec­teurs nous ont infor­més qu’il leur était de plus en plus dif­fi­cile de loca­li­ser le World Socia­list Web Site dans les recherches de Google.

Les réfé­rences des recherches de Google vers le WSWS ont dimi­nué d’environ 70 pour cent

Selon le ser­vice d’outils pour les web­mestres de Google, le nombre de recherches qui ont per­mis aux usa­gers de voir le conte­nu du World Socia­list Web Site (c’est-à-dire un article WSWS appa­ru dans une recherche Google) est pas­sé de 467 890 par jour à 138 275 au cours des trois der­niers mois. La posi­tion moyenne des articles dans les recherches, entre-temps, est pas­sée de 15,9 à 37,2 au cours de la même période.

David North, pré­sident du Conseil de rédac­tion inter­na­tio­nal du WSWS, a décla­ré que Google était enga­gé dans la cen­sure politique.

« Le World Socia­list Web Site existe depuis près de 20 ans », a‑t-il décla­ré, « et il a déve­lop­pé un large public inter­na­tio­nal. Au cours du prin­temps der­nier, le nombre de visites indi­vi­duelles au WSWS par mois dépas­sait 900 000 ».

« Alors qu’un pour­cen­tage signi­fi­ca­tif de nos lec­teurs se rends direc­te­ment sur le WSWS, de nom­breux inter­nautes accèdent au site via des moteurs de recherche, dont Google est le plus uti­li­sé. Il n’y a pas d’explication inno­cente pour la chute extra­or­di­nai­re­ment forte du lec­to­rat, pra­ti­que­ment du jour au len­de­main, en pro­ve­nance des recherches Google ».

« L’affirmation de Google selon laquelle il pro­tège ses lec­teurs contre les « fausses nou­velles » est un men­songe poli­tique. Google, un mono­pole mas­sif, avec les liens les plus étroits avec les agences de l’état et du ren­sei­gne­ment, bloque l’accès au WSWS et à d’autres sites Web pro­gres­sistes et de gauche grâce à un sys­tème de recherches biaisé ».

Au cours des trois mois écou­lés depuis que Google a mis en œuvre les modi­fi­ca­tions appor­tées à son moteur de recherche, moins de per­sonnes ont eu accès aux sites d’information de gauche et anti-guerre. Sur la base des infor­ma­tions dis­po­nibles sur les ana­lyses d’Alexa, d’autres sites qui ont subi des baisses dans le clas­se­ment incluent Wiki­Leaks, Alter­net, Coun­ter­punch, Glo­bal Research, Consor­tium News et Tru­thout. Même les groupes de défense des droits démo­cra­tiques tels que l’Union amé­ri­caine pour des liber­tés civiles et Amnes­ty Inter­na­tio­nal semblent avoir été touchés.

Un large éven­tail de sites de gauche, pro­gres­sistes, et anti-guerre ont vu dimi­nuer leur rang dans les pal­ma­rès du tra­fic au cours des der­niers mois

Selon Google Trends, le terme « fausses nou­velles » a qua­dru­plé en popu­la­ri­té au début de novembre, à l’époque des élec­tions amé­ri­caines, alors que les démo­crates, les médias et les agences de ren­sei­gne­ment cher­chaient leur impu­ter la res­pon­sa­bi­li­té de la vic­toire élec­to­rale de Donald Trump sur Hil­la­ry Clinton.

Le 14 novembre, le New York Times a pro­cla­mé que Google et Face­book « ont fait face à de nom­breuses cri­tiques sur les fausses nou­velles sur leurs sites qui ont influen­cé le résul­tat des élec­tions pré­si­den­tielles » et qu’ils pren­draient des mesures pour lut­ter contre les « fausses nouvelles ».

Dix jours plus tard, le Washing­ton Post a publié un article inti­tu­lé « L’effort de pro­pa­gande russe a contri­bué à dif­fu­ser de “fausses nou­velles” lors des élec­tions, disent les experts », qui ont cité un groupe ano­nyme appe­lé Pro­pOr­Not qui a com­pi­lé une liste de « fausses nou­velles » dif­fu­sant « la pro­pa­gande russe ».

La liste com­pre­nait plu­sieurs sites clas­sés par le groupe comme « de gauche ». De manière signi­fi­ca­tive, il a ciblé glo​bal​re​search​.ca, qui repro­duit sou­vent des articles du World Socia­list Web Site.

Après des cri­tiques très répan­dues sur ce qui n’était pra­ti­que­ment rien d’autre qu’une liste noire de sites anti-guerre et anti-éta­blis­se­ment, le Washing­ton Post a été obli­gé de publier une rétrac­ta­tion, en décla­rant : « Le Post, qui n’a nom­mé aucun de ces sites, n’apporte aucune garan­tie quant à la vali­di­té des résul­tats de PropOrNot. »

Le 7 avril, Bloom­berg News a rap­por­té que Google tra­vaillait direc­te­ment avec le Washing­ton Post et le New York Times pour « véri­fier les articles » et éli­mi­ner les « fausses nou­velles ». Ceci a été sui­vi par la nou­velle métho­do­lo­gie de recherche de Google.

Trois mois plus tard, sur les 17 sites décla­rés « fausses nou­velles » par la liste noire dis­cu­tée du Washing­ton Post, 14 avaient leur clas­se­ment mon­dial en baisse. Le déclin moyen de la por­tée mon­diale de tous ces sites est de 25 pour cent, et cer­tains sites ont vu leur por­tée mon­diale des­cendre de près de 60 pour cent.

« Les actions de Google consti­tuent de la cen­sure poli­tique et sont une attaque fla­grante contre la liber­té d’expression », a décla­ré North. « À un moment où la méfiance du public envers les médias de l’establishment est répan­due, cette entre­prise géante exploite sa posi­tion de mono­pole pour res­treindre l’accès du public à un large éven­tail de nou­velles et d’analyses critiques ».

Andre Damon et Niles Niemuth

»» https://​www​.wsws​.org/​f​r​/​a​r​t​i​c​l​e​s​/​2​0​1​7​/​j​u​l​2​0​1​7​/​g​o​o​g​-​j​2​8​.​s​h​tml

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9 Commentaires

  1. etienne

    Très bon article du Monde diplo­ma­tique sur 

    « L’INTERNET RUSSE, l’exception qui vient de loin »

    « Inter­ro­gé par le réa­li­sa­teur Oli­ver Stone sur les tech­no­lo­gies de sur­veillance amé­ri­caines, le pré­sident russe Vla­di­mir Pou­tine a expli­qué : « Il a fal­lu com­bler notre retard sur le reste du monde, mais nous avions des bases solides. » L’Union sovié­tique a en effet déve­lop­pé après la seconde guerre mon­diale ses propres sys­tèmes infor­ma­tiques. La Rus­sie cultive depuis une forme ori­gi­nale de sou­ve­rai­ne­té numérique.

    En mai 2017, le gou­ver­ne­ment ukrai­nien a inter­dit l’accès à plu­sieurs ser­vices numé­riques russes, par­mi les­quels le moteur de recherche Yan­dex et le réseau social VKon­takte. Kiev reproche à ces outils, lar­ge­ment uti­li­sés dans le pays, de par­ta­ger leurs don­nées avec les ser­vices de ren­sei­gne­ment du Krem­lin — en par­ti­cu­lier celles des sol­dats qui com­battent les sépa­ra­tistes du Don­bass. Cette mesure, qui prive plu­sieurs mil­lions de per­sonnes d’accès à leurs sites habi­tuels, illustre la volon­té des auto­ri­tés ukrai­niennes d’échapper à la sphère d’influence numé­rique que Mos­cou entre­tient dans la qua­si-tota­li­té de l’espace postsoviétique.

    La Rus­sie est en effet l’un des seuls pays à dis­po­ser d’un éco­sys­tème presque com­plet de plates-formes et de ser­vices indé­pen­dants de ceux de la Sili­con Val­ley, fon­dés par des Russes et régis par le droit russe. Tan­dis qu’une part signi­fi­ca­tive de la popu­la­tion mon­diale uti­lise quo­ti­dien­ne­ment Google, Ama­zon, Face­book et Apple (GAFA), sans recours pos­sible à des équi­va­lents locaux cré­dibles, les Russes et leurs voi­sins ont le choix entre les géants cali­for­niens et ce qu’il est conve­nu d’appeler le Runet : le seg­ment rus­so­phone du Net et les ser­vices qui le com­posent. Yan­dex jouit d’une popu­la­ri­té deux fois supé­rieure à celle de son concur­rent Google, tan­dis que VKon­takte, équi­valent de Face­book, est, de très loin, le pre­mier site consul­té dans le pays (1).

    Cette situa­tion unique dans le monde — même en incluant le cas de la Chine — consti­tue un sérieux atout pour Mos­cou, dont la posi­tion en matière de gou­ver­nance du Web s’est consi­dé­ra­ble­ment ren­for­cée depuis les révé­la­tions de M. Edward Snow­den sur les écoutes pra­ti­quées par l’Agence natio­nale de sécu­ri­té (NSA) amé­ri­caine. Dans le cybe­res­pace comme ailleurs, la diplo­ma­tie russe consi­dère la sou­ve­rai­ne­té comme la valeur ultime des rela­tions inter­na­tio­nales ; elle s’affiche comme une puis­sance prête à tout mettre en œuvre pour limi­ter les ten­ta­tives d’ingérence et d’espionnage, en par­ti­cu­lier amé­ri­caines. Disposer (…)

    Lire le suite dans le Diplo actuel­le­ment en kiosque :
    http://​www​.monde​-diplo​ma​tique​.fr/​2​0​1​7​/​0​8​/​L​I​M​O​N​I​E​R​/​5​7​798

    Réponse
  2. etienne

    Lu sur Facebook : 

    Sté­phane Laborde : « Évi­dem­ment seuls les hommes qui ché­rissent les causes des effets néfastes publient sur un réseau social cen­tra­li­sé, pri­va­teur, à l’op­po­sé que ce qu’ils professent. 

    Les hommes éveillés publient sur les réseaux libres et décen­tra­li­sés comme Dia­spo­ra* et savent par­fai­te­ment bien sur ces réseaux là qu’il convient d’u­ti­li­ser le moteur de recherche YacY lui même libre et décen­tra­li­sé et contri­buer à son déve­lop­pe­ment open source. 

    https://​dia​spo​ra​-fr​.org/​p​o​s​t​s​/​2​8​8​8​762

    J’ai trop par­lé dans la nasse privatrice. »

    Réponse
    • Aquablue03

      Je pense que ces pra­tiques ont un rap­port direct avec les acteurs mul­ti­na­tio­naux et se jouent en bourse selon si le mar­ché dégrin­gole ou grimpe ! Cou­per les actions à la nano seconde favo­rise et ras­sa­sie l’ap­pé­tit du requin !
      N’empêche qu’a­vec la sus­pi­cion qui règne sur les auteurs , ils pour­raient bien nous déclen­cher une guerre ces …ces .… j’trouve pas de mots !

      Réponse
  3. Norman

    @etienne Je ne suis pas un exal­té, donc je me méfie des embal­le­ments et du carac­tère séduc­teur des soi-disant « nou­veau­tés ». Ni le muse­lage d’In­ter­net ni les réseaux alter­na­tifs ne sont nou­veaux. Les anars de tout poil ont inven­té au fil des ans des cen­taines de dis­po­si­tifs suc­ces­sifs pour pra­ti­quer leur hack­ti­visme ou seule­ment expri­mer leur pen­sée. Tous ces dis­po­si­tifs ont été déjoués. Aujourd’­hui, l’é­tran­gle­ment est deve­nu tel qu’il n’est plus pos­sible, pour toutes sortes de rai­sons, d’é­la­bo­rer de nou­velles solu­tions dura­ble­ment. Et l’on peut légi­ti­me­ment sou­te­nir qu’un site soi-disant « dis­si­dent » qui casse la baraque en termes de seo gg est un piège à cons. Per­son­nel­le­ment, je ne suis pas un par­ti­san, encore moins un hacker. Mais je sais qu’In­ter­net, pour l’homme libre, c’est fini.

    Réponse
  4. Laurenzerl

    je viens de taper World Socia­list Web Site et j’ai été diri­gée immé­dia­te­ment sur le site…

    Réponse

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