J’ai vu le dernier film de Gilles Perret, « La sociale », et, encore une fois, c’est épatant.
Gilles nous invite à ne pas oublier Ambroise Croizat, à qui nous devons la Sécurité sociale.
C’est un sujet à la fois important et émouvant : de mon côté, je me bagarre depuis longtemps pour que les électeurs se mobilisent personnellement pour devenir enfin citoyens en devenant constituants, et donc, toutes les histoires de grandes mobilisations populaires me bouleversent, au spectacle que c’est possible, de fraterniser très nombreux. L’histoire de Spartacus et des esclaves contre l’empire romain, l’histoire de la Révolution française entre 1792 et 1794 et l’histoire de la Commune de Paris en 1771 racontées par Guillemin, l’histoire populaire des États-unis que racontent Zinn et Chomsky, l’histoire de la Sécurité sociale racontée par Friot et Étievent, l’histoire des démocraties pirates inventées par des mutins racontée par Rediker, toutes ces histoires où les peuples s’émancipent en se levant contre la tyrannie me remuent en profondeur (comme tout le monde).
Et garder vivante la mémoire de ces luttes populaires est un carburant essentiel pour les luttes actuelles. C’est d’ailleurs pour ça que les patronats, partout sur terre, font tout pour effacer les traces de ces conflits gagnés et pour nous rendre complètement amnésiques. Ici, c’est le nom d’Ambroise Croizat qui est a été gommé par la bourgeoisie depuis 60 ans, au point qu’il soit oublié même par les acteurs de l’actuelle Sécurité sociale (!), et qu’il s’agit de maintenir en vie.
On y retrouve Bernard Friot, Michel Étievent, et plein d’images d’archives, « Les Jours Heureux »… Un chouette film, vraiment 🙂
Je profite de l’occasion pour vous signaler plusieurs documents intéressants à ce propos :
L’annonce du film par Franck Lepage :
https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1786244241629166&id=1525946107658982
Les funérailles d’Ambroise Croizat (Archives PCF) :
httpv://youtu.be/_LzJbgHUvY4
[Passionnant] Michel Etievent nous rappelle qui était (et qui devrait rester dans nos mémoires) Ambroise Croizat :
httpv://www.youtube.com/watch?v=MSWM6rY8fRQ
Un livre passionnant et important, de Michel Étievent :
Ambroise Croizat ou l’invention sociale
http://www.micheletievent.lautre.net/spip.php?article10
Un autre livre épatant, d’une actualité brûlante :
Marcel Paul Ambroise Croizat chemins croisés d’innovation sociale
http://www.micheletievent.lautre.net/spip.php?article1
Une autre conférence de Michel Étievent sur Marcel Paul et Ambroise Croizat :
conférence Etiévent
Gilles Perret était l’invité de « Si tu écoutes, j’annule tout » sur France Inter, avec Guillaume Meurice :
https://www.franceinter.fr/emissions/si-tu-ecoutes-j-annule-tout/si-tu-ecoutes-j-annule-tout-21-novembre-2016
La (très précieuse) conférence gesticulée de Bernard Friot :
httpv://www.youtube.com/watch?v=ZuZz9NSOh10
Le programme de (l’abominable et détestable) Fillon :
détruire la Sécurité sociale, carrément,
en douce et en vitesse pendant les vacances scolaires (!) :
Donc, allez tous voir le film La sociale, et parlez-en autour de vous,
pour que nous soyons très nombreux à ne pas oublier Ambroise Croizat, et pour défendre la Sécu.
Salut à tous, bande de virus 🙂
Étienne.
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Fil Facebook correspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10154708008992317
La privatisation programmée de la Sécurité sociale
par Laurent Mauduit (Médiapart) :
« François Fillon a pour projet une privatisation de la Sécurité sociale. Il est allé piocher dans un rapport secret du Medef et une note de l’Institut Montaigne, dont le président, Henri de Castries, est un ami proche. L’ex-PDG d’Axa pourrait devenir ministre si le candidat Les Républicains accédait à l’Élysée.
[…]
C’est bel et bien une privatisation à laquelle pense François Fillon. Et pas une privatisation partielle, comme le suggèrent la plupart des décryptages parus dans la presse, dont celui des Échos. Non ! Une privatisation totale, ouvrant l’immense marché de l’assurance maladie aux géants de l’assurance privée, qui en rêvent depuis des lustres.
« Défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »
Pour comprendre dans quelle filiation intellectuelle s’inscrit François Fillon, il faut se souvenir des nombreux plaidoyers qui ont été entendus ces dernières années, en faveur d’une privatisation de la Sécurité sociale.
Sans grande surprise, c’est l’un des géants de l’assurance privée, Axa, qui depuis très longtemps est aux avant-postes du combat contre le système solidaire de l’assurance maladie. À preuve, c’est son fondateur, Claude Bébéar, qui a été aussi longtemps l’un des parrains du capitalisme français, qui a conduit la première charge à la fin des années 1990, faisant valoir que le moment était venu d’avancer vers des « Sécurités sociales privées ». Une formule qui à l’époque avait fait grand bruit.
Puis, il y a eu un deuxième assaut, celui de Denis Kessler (ancien numéro deux du patronat, ancien président de la Fédération française des sociétés d’assurance et actuel président de la SCOR, un géant de la réassurance) qui, dans une déclaration tonitruante au magazine Challenges, le 4 octobre 2007, avait estimé que la politique économique de Nicolas Sarkozy était moins brouillonne qu’on pouvait le penser : « Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme… À y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »
Or si, à l’époque aussi, le propos fait grand bruit, c’est qu’il n’est pas difficile à décrypter. La Sécurité sociale était en effet l’un des très grands projets consignés dans le programme du Conseil national de la résistance (CNR), que l’on peut consulter ici : le CNR défendait l’idée d’un « plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ».
[…] la philosophie générale : la partition de la Sécu, entre soins indispensables et coûteux d’un côté, et de l’autre côté les autres. Y figurent aussi déjà des mesures plus concrètes sur l’optique ou les soins dentaires…
Or il faut bien comprendre que cette partition entre « gros » risques, relevant de la solidarité, et « petits » risques qui pourraient être pris en charge par les mutuelles ou les assureurs privés, ne constituerait en rien une privatisation partielle. Il s’agirait d’une privatisation totale… de tout le périmètre de soins qui intéresse les assureurs, celui sur lequel ils peuvent espérer faire des profits. Comme sur les maladies longues et coûteuses, il est difficilement concevable de faire des profits, ce secteur serait abandonné à la solidarité. Et seuls les « petits risques », ceux qui sont solvables, relèveraient des assureurs. Vieux principe libéral : il s’agirait donc de socialiser les pertes (sur les « gros » risques) et de privatiser les profits (sur les « petits » risques).
Le but de la manœuvre est tellement transparent que l’Institut Montaigne va même jusqu’à préconiser que le financement de l’assurance maladie repose directement sur l’impôt, soit sous la forme de la TVA (baptisée bien sûr « TVA sociale », même si le projet est… anti-social !), soit sous la forme d’un nouveau prélèvement, résultant de la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG. Cela conduirait donc à l’explosion de la Sécurité sociale, puisque les « petits » risques relèveraient des assureurs privés ou des mutuelles – qui pour beaucoup d’entre elles sont devenues au fil des ans des organismes financiers mutants, copiant tous les travers des établissements financiers privés ; et les « gros » risques pourraient être financés par l’impôt, c’est-à-dire par l’État lui-même, et non par la « Sécu ».
[…]
Lire la suite :
https://www.mediapart.fr/journal/economie/301116/la-privatisation-programmee-de-la-securite-sociale?onglet=full
Loïc Blondiaux : les simples citoyens ont une réelle intelligence collective :
http://placetodo.org/simples-citoyens-ont-reelle-competence-collective-loic-blondiaux/
Bonsoir ,
Comment oublier , elle fait partie intégrante de ma vie professionnelle !
La CGT-FSM avait un château dans le Cher nommé « Ambroise Croizat « , un beau château sans doute repris aux oligarques et réservé aux adultes ouvriers dans la métallurgie de la Seine ! Ils passaient des séjours longs pris en charge par » la Sociale » pour une » remise en état physique et morale » ! Plus bas , à 300 mètres , un aérium » J.P.Timbaud » accueillait des enfants (cas sociaux) déficients en santé générale avec un retard staturo-pondéral important ! Ajouter à cela , les problèmes divers et nombreux que peuvent avoir les mômes liés à la vie précaire de leur famille , dont l’absentéisme scolaire !
Tout est remonté de ma mémoire . Les visages des collègues un à un ont repris leur place , pas un nom ne manque ! Pour les enfants c’est plus difficile , leur passage était de trois mois minimum !
L’ensemble était sous couvert de la sécu ! Restée quatre ans , j’en suis partie lorsqu’ils ont parlé de fermer tous les aériums de France !
Le château a été vendu à des étrangers il y a peu de temps !
Bonne soirée
[Mémoire des luttes] La « République » face à ses crimes : La longue quête des mineurs grévistes de l’automne 1948
12 déc 2016, JACQUES KMIECIAK :
À l’automne 1948, la social-démocratie au pouvoir réprime dans le sang la grève des mineurs de France. Ce dimanche 4 décembre 2016, à Lens au cœur de l’ex-Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, un hommage a été rendu à ces grévistes « victimes du terrorisme d’Etat », selon l’expression de Norbert Gilmez, l’un d’entre eux. Les survivants ou leurs ayants droit sont toujours en quête d’une réparation « pleine et entière » qui tarde à se concrétiser en dépit de la reconnaissance par l’Etat français des crimes commis.
En mai-juin 1941, ils défient l’occupant allemand au cours d’une grève patriotique durement réprimée par les nazis avec le soutien de la police française et du patronat des Mines. A la Libération, ils se lancent dans la Bataille de la production pour assurer l’indépendance du pays. La République bourgeoise encense alors une corporation louée pour sa combativité, sa loyauté et son sens du sacrifice (sic !). En 1947, les temps changent Les communistes sont évincés du gouvernement et la Guerre froide ravive les tensions de classes à l’échelle tant internationale que nationale. A l’été 1947, une circulaire Lacoste du nom du ministre socialiste (SFIO) de le Production industrielle remet en cause le salaire garanti. Un an plus tard, des décrets éponymes portent de nouveau atteinte au Statut des Mineursi et au régime de la Sécurité sociale minière instituée en novembre 1946. Le « transfert de la gestion des accidents du travail et maladies des mains des Sociétés de secours minières (gérés par les élus des salariés NDLR) à la direction des houillères »ii alarment les mineurs. Tout comme la perspective de la diminution de 10 % des effectifs au jour. Des facilités de licenciement sont accordées à l’exploitant sous prétexte de lutte contre l’absentéisme. Sur des positions désormais résolument atlantistes, le gouvernement opère un virage à droite sur le plan social. L’employeur, de fait l’Etat-patroniii, est conforté dans son ambition de démolir plus d’une décennie de conquêtes sociales amorcées en 1936 sous le Front populaire. C’est la provocation de trop pour une corporation qui s’estime mal récompensée des efforts consentis, dans un contexte de pénurie persistante. Les « gueules noires » craignent un retour à la période d’avant 1936…
Occupation des cités minières par les tanks
En riposte, la puissante Fédération nationale du Sous-Sol CGT impulse un mouvement social d’ampleur qui paralyse l’activitéiv. La grève a été décidée à une large majorité des 250 000 mineurs consultés par un vote à bulletins secrets. Dans le Nord-Pas-de-Calais, 85 % d’entre eux se prononcent pour l’arrêt du travail. Cédant à la pression de leur base, la CFTC et Force ouvrière (dont la création récente a été financée par la CIA pour affaiblir la CGT) entrent timidement dans la danse. La grève débute le 4 octobre 1948. Le gouvernement d’Henri Queuille, principalement composé de socialistes et de radicaux fait occuper les bassins miniers par l’armée et les CRS. Dans les cités, règne désormais une atmosphère de guerre. C’est l’état de siège. Prétextant une remise en cause de la sécurisation des puits par la CGT, la répression s’intensifie sous l’impulsion de Jules Moch, le ministre socialiste de l’Intérieur.
Les bassins miniers occupés
Une répression d’une violence inouïe
Le bilan est lourd. Très lourd. Six grévistes perdent la vie consécutivement aux violences policières, dont Jersej Jamsek, un mineur slovène de Merlebach (Moselle) massacré à coup de crosse par deux CRSv. Des dizaines de militants de la CGT, du PCF, anciens résistants parfois, sont placés sous mandat de dépôt, condamnés à des peines d’emprisonnement de plusieurs mois. 117 délégués-mineurs sont révoqués et d’anciens militaires dégradésvi. Les activistes étrangers, des Polonais notamment particulièrement nombreux à travailler à l’abattage depuis l’entre-deux-guerres, sont expulsés. 3 000 salariés sont de surcroît licenciés pour avoir simplement fait grève, un droit pourtant reconnu par la Constitution. Des licenciés qui sont chassés de leur domicile et perdent leurs droits aux indemnités de logement ou de chauffage… La répression se poursuit tout au long de l’année 1949. Le 1er juillet, quinze mineurs sont encore condamnés par le tribunal correctionnel de Béthune (Pas-de-Calais) ! Beaucoup sont contraints à une vie de misère ou de quitter la région ; les Houillères omnipotentes les empêchant de retrouver du travail auprès d’autres entreprises du secteur. Combien de familles éplorées ? De destins brisés ? D’honneurs bafoués ?
Préparatifs de guerre ?
Jules Moch voit dans ces troubles la main de Moscou. Pour justifier cette répression sans précédent, le pouvoir qualifie ce mouvement d’« insurrectionnel ». Une allégation sans fondement prétexte à priver le mouvement ouvrier de son avant-garde ? Et de nature à anticiper tout blocage de ce secteur stratégique du charbon dans la perspective d’une guerre contre l’URSS, désormais ouvertement envisagée par les Etats-Unis ? Le 29 novembre, l’ordre de reprise du travail est donné. En dépit de la solidarité manifestée tant en France qu’à l’étranger et l’élan de sympathie qu’il suscite, le mouvement se solde par un échec… Il faudra attendre 1963 pour vivre à nouveau une grève d’une telle ampleur.
Le traumatisme de Daniel Amigo
Daniel Amigo de Méricourt, près de Lens (Pas-de-Calais), vit cette répression dans sa chair. « A chaque fois qu’il en parle, il a des nuits agitées ! » lâche Léone, son épousevii. A l’automne 1948, Daniel Amigo a 21 ans. Il est mobilisé sur les piquets de grève à la fosse 6 bis d’Hénin-Liétard (Pas-de-Calais). Lorsque la gendarmerie le convoque à la mi-novembre, il s’y rend « franco » sans se douter du sort que les pandores lui réservent. Aussitôt placé en garde à vue, l’aide-ouvrier est envoyé à la maison d’arrêt de Béthune, puis sommairement jugé. « Ça allait vite, les mineurs étaient condamnés à la chaîne », se souvient-il. La sentence tombe : deux mois de prison. Son avocat commis d’office lui conseille de faire appel. Daniel s’exécute. Au même motif d’« entrave à la liberté du travail », il écope alors d’une forte amende et d’un mois de détention supplémentaire. Bien que syndiqué à la CGT, Daniel n’a pourtant rien d’un dur, d’un meneur… De son court passage à Béthune, il conserve un souvenir amusé : « Aux contacts d’anciens des Brigades internationales, des caïds, j’y ai appris des chants révolutionnaires… C’était la Révolution là-dedans. » A la prison de Cuincy, près de Douai (Nord), où il purge sa peine, « l’ambiance était différente. On était à dix par cellule et il n’y avait qu’un lit. On dormait par terre. Il fallait le voir pour le croire. La journée, privés de contacts avec les droits communs et mal vus des matons, on jouait au ballon ou aux cartes », poursuit Daniel Amigo libéré le 18 février 1949. C’est le journal Liberté, l’organe du PCF dans la région, « qui paiera mon amende ». Licencié des Houillères, Daniel trouve « grâce à un copain de mon père, un emploi à la coopérative ouvrière (CCPM) du village voisin de Beaumont ». Il y finira sa carrière. D’autres n’ont pas cette chance. « Il n’y en a eu des malheureux, avec des gamins à charge, privés de maison et de couverture sociale », lâche Léone. De ces tristes évènements, Daniel ne parle pas à ses enfants. Longtemps, il tente de les évacuer de sa mémoire…
Vers la reconnaissance…
Dès juin 1949, la Fédération régionale CGT des mineurs similaires et retraités (Nord, Pas-de-Calais, Anzin) demande une entrevue au préfet du Pas-de-Calais pour l’entretenir du « problème de l’amnistie pleine et entière à ceux de nos corporants frappés pour faits de grève »viii. Il faut cependant attendre la loi d’amnistie de 1981, votée dans la foulée de l’élection à la présidence de la République de François Mitterrand, pour entrevoir une éclaircie. Sans effets sur le plan des réparations, cette disposition offre pourtant un point d’appui à un ancien gréviste de la région lensoise le communiste Georges Carbonnier qui reprend contact avec d’anciens collègues. En octobre 1998, à son congrès de Gardanne, la Fédération du sous-sol CGT en fait de nouveau un axe revendicatif majeur. La Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) et les Prud’hommes sont saisis. « Ce n’est pas pour l’argent qu’on se bat, mais pour le symbole », insistent Léone et Daniel Amigo. Bien plus tard, en 2011, au terme d’un long épisode judiciaire, la poignée d’irréductibles encore vivants obtiennent une réparation partielle. La cour d’appel de Versailles reconnaît en effet le caractère « illicite » des licenciements et condamne Charbonnages de France à payer des indemnités à dix-sept plaignants, anciens mineurs ou ayants droits. L’arrêt est invalidé en cassation pour cause de prescription, mais après plusieurs mois d’atermoiements encore, le gouvernement (PS) finit par octroyer ces indemnités. Puis, en décembre 2014, sous l’impulsion de la radicale Christiane Taubira, ministre de la Justice, c’est cette fois une loi qui admet le « caractère discriminatoire et abusif » des licenciements.
Des réparations insuffisantes
Depuis, en vertu d’un amendement à la loi de finances de 2015, trente-six familles ont bénéficié d’une allocation forfaitaire (30 000 euros par mineur ou conjoint et 5 000 euros par enfant). Alertés de cette opportunité, des descendants de grévistes se manifestent alors auprès de la CGT ou de l’Agence nationale pour la garantie des droits des mineurs en charge du règlement des dossiers. Il resterait à ce jour 200 dossiers en suspens ! La CGT s’en indigne d’autant plus que la réparation « pleine et entière » du préjudice subi, avec reconstitution de carrière, est loin d’être acquise. « En 1982, le ministre du Travail Jean Auroux lors d’une rencontre avec les syndicats s’était engagé à satisfaire le droit à la reconstitution de carrière comme dans toutes les autres branches nationalisées concernées par cette loi d’amnistie. Employé des Houillères aux Usines de Mazingarbe, j’estime que mon licenciement m’a fait perdre un minimum de 600 000 euros ! » laisse entendre Norbert Gilmez, le porte-parole de ces grévistes de 1948, aujourd’hui âgé de 95 ans.
Norbert Gilmez : porte-parole des mineurs de 1948
Frilosité socialiste
Ce dimanche 4 décembre 2016, sur l’insistance de la « Mission Gilmez »ix animée par le maire communiste de Grenay, Christian Champiré, une plaque a été dévoilée en hommage aux grévistes de 1948, à la Maison syndicale de Lens désormais propriété de la Communauté d’agglomération de Lens-Liévin (CALL). Dans ce haut lieu des luttes des mineurs du siècle dernier, elle rappelle la « répression impitoyable » dont ils furent victimes. Elle est ornée du logo « bleu, blanc, rouge » de la République française qui reconnaît donc les crimes commis à leur endroit. Une reconnaissance qui demeure honteuse comme le confirmait l’absence de représentant de l’Etat français à cette cérémonie. Ou le caractère évasif des propos du maître de cérémonie Sylvain Robert ; le maire (PS) de Lens et président de la CALL refusant de s’exprimer sur les responsabilités de sa famille politique dans ce drame. « L’heure n’est pas à la polémique », se justifie-t-il. Comment s’étonner d’une telle frilosité de la part d’un dignitaire local du Parti socialiste à l’heure où « son » gouvernement use encore et toujours de l’arme de la répression policière et judiciaire contre ceux (Goodyear, Air France, manifestants contre la loi dite « El Khomri » de liquidation du Code du travail) qui ont l’outrecuidance de s’opposer à sa politique antisociale ? Cette cérémonie a néanmoins offert l’occasion à Norbert Gilmez et Raymond Frackowiak (CGT Mineurs) de pousser un nouveau « coup de gueule » à l’endroit d’un gouvernement qui ne répond plus à leurs sollicitations depuis le départ de Christiane Taubira et son remplacement par Philippe Urvoas en janvier 2016. La République prétend-elle « jouer la montre » et attendre la disparition des derniers témoins pour clore le dossier ? Ou le mépris et la haine de classe toujours d’actualité six décennies après les faits…
JACQUES KMIECIAK
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Notes :
i Il a été décrété le 14 juin 1946. Cette convention collective acte d’importantes avancées sociales. Des commissions paritaires de discipline et de conciliation protègent les mineurs de l’arbitraire patronal. Une entrée précoce dans la profession leur assure quatre semaines de congés payés par an. Ils bénéficient désormais de la gratuité du logement à vie et du charbon…
ii Révolution, 31 octobre 2011.
iii La nationalisation des compagnies minières privées a commencé en décembre 1944 pour s’achever en 1946, année de la création de Charbonnages de France.
iv Sur le contexte et les enjeux de cette grève, voir Marion Fontaine et Xavier Vigna : « La grève des mineurs de l’automne 1948 en France », Vingtième siècle. Revue d’histoire, n° 121, janvier-mars 2014, p. 21–34.
v L’Humanité, 12 octobre 1948.
vi Le 28 septembre 2016, François Hollande, président de la République, a restitué à titre posthume les titres et grades militaires à quatre grévistes.
vii Interview de Daniel et Léone Amigo réalisée à Méricourt en 2013 par Jacques Kmieciak.
viii Archives départementales du Pas-de-Calais, 1 W 5167.
ix Institué en septembre 2015 par Christiane Taubira, ce groupe de travail composé d’experts (syndicaliste, historien, avocat, inspectrice de l’Education nationale…) est « chargée de proposer au Gouvernement des actions adaptées pour commémorer comme il se doit ces moments importants de l’histoire politique et sociale de notre pays ». L’un des objectifs affichés par Christian Champiré est d’inscrire cette page de l’histoire sociale de l’Hexagone dans les manuels scolaires. Voir le site du ministère de la Justice : http://www.justice.gouv.fr/le-garde-des-sceaux-10016/une-mission-pour-la-memoire-des-mineurs-grevistes-28354.html
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Source : Investig’Action, http://www.investigaction.net/la-republique-face-a-ses-crimes-la-longue-quete-des-mineurs-grevistes-de-lautomne-1948
[Vivre de nouveaux paradigmes ici et maintenant] Un point sur les SCOP :
httpv://youtu.be/4QhR_wM0MXk
Bonjour ! Toujours avec deux guerres de retard , mais mieux vaut tard que jamais , banalement !
Moyen rénovateur contournant bien des attrapes – siphons !
http://www.info-entrepriseslr.fr/themes/creer-reprendre/cadre-juridique/consequences-fiscales#FD ! À étudier de près .…
Pensées vers vous et votre entourage de conférences
ève
Un oubli majeur cependant , personne ne parle des charges sociales des salariés , ni des versements Assedic ! Pour créer , c’est pas difficile d’après ceci , tout parait enfantin , simple , mais sans fonds ! Sachant qu’ Assedic ponctionne 50% des bénéfices de l’année écoulée , celle à venir risque fortement de se trouver en manque de fonds de roulement ! La suite est qu’il faudrait chercher et surtout trouver le moyen de répartir équitablement et les prélèvements et les bénéfices des salariés .
À creuser … Je vais guider mes chérubins vers cette vidéo .… là , je dis MERCI
J’ai bien aimé l’arrivée du tableau ! Rires
Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année
Bon week-end
ève