Par Eric Zuesse – Le 10 septembre 2015 – Source Strategic Culture
La conditionnalité de l’accord de l’Union soviétique, pour permettre à l’Allemagne de l’Ouest de récupérer l’Allemagne de l’Est, et terminer ainsi la guerre froide, était que l’OTAN ne s’étendrait pas « d’un pouce vers l’est ». C’est l’accord qui a été approuvé par le président russe de l’Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, un grand homme et un héros exemplaire pour les démocrates partout dans le monde.
Il accepta alors de mettre fin à l’Union soviétique, en abandonnant le communisme, et donc de mettre fin à la guerre froide. Il a accepté cela, parce qu’on lui avait promis que l’OTAN ne s’étendrait pas « d’un pouce vers l’est » ou « d’un pouce à l’est », selon la façon dont la promesse a été traduite et comprise – mais elle a le même sens, peu importe la traduction. Il a fait confiance au président américain George Herbert Walker Bush, dont l’ami et secrétaire d’État James Baker a fait cette promesse à Gorbatchev. Avec cette promesse, Gorbatchev a accepté de mettre fin à l’Union soviétique, au pacte communiste de défense mutuelle, qui était leur équivalent de l’OTAN, le Pacte de Varsovie. Et il croyait que la nation restante, la Russie, qu’il dirigerait alors, serait acceptée comme une démocratie occidentale.
Il a même été promis par les États-Unis que « nous allions être un membre [de l’OTAN], nous serions d’abord observateurs, puis un membre ». En d’autres termes, les États-Unis ont promis que l’OTAN ne s’étendrait pas jusqu’aux frontières de la Russie en devenant une menace mortelle pour la sécurité nationale du peuple russe, isolé et séparé de ses anciens alliés militaires. Au lieu de cela, a dit Gorbatchev, la Russie serait elle-même accueillie dans l’Alliance occidentale, et finalement deviendrait un membre de l’OTAN. C’était l’accord, mettant fin à une guerre froide de quarante-six ans.
La Russie a respecté sa part de l’accord. Les États-Unis ne l’ont pas fait. Les États-Unis ont la langue fourchue [comme dans leurs accords avec les Amérindiens, NdT] et ont depuis élargi l’OTAN, pour y intégrer les anciennes nations membres du Pacte de Varsovie dans une alliance militaire anti-russe – exactement ce que les États-Unis avaient promis de ne jamais faire. Le président américain George Herbert Walker Bush a dit en privé au chancelier de l’Allemagne de l’Ouest Helmut Kohl (qui était d’accord avec ce que James Baker avait arrangé) : « Qu’ils aillent au diable ! Nous avons vaincu, pas eux. » Il ne voulait pas la paix avec la Russie. Il voulait la conquérir. Il voulait enfoncer le nez des Russes dans leur infériorité par rapport aux Américains.
Le désir constant de la Russie de rejoindre l’OTAN a été rejeté. C’est une guerre intentionnelle de l’OTAN. C’est exactement le contraire de ce que les États-Unis avaient promis à la Russie, sur la base de quoi le Pacte de Varsovie a pris fin. Comment le peuple russe peut-il alors faire confiance à un pays comme les États-Unis ? Ils seraient fous de le faire.
Mais cette tromperie, cette double peine, n’est pas seulement la honte de l’Amérique. Elle est aussi devenue la honte de l’ensemble des nations qui ont adhéré à cette promesse occidentale à l’époque. Parce que tous ont accepté le leadership de l’Amérique dans le double jeu de cette guerre contre la Russie, la guerre de l’Amérique pour conquérir la Russie. Ils l’acceptent tout simplement, en restant membres de ce gang militaire, maintenant néfaste, que l’OTAN est devenue. Pire encore, certains des pays membres de l’OTAN à l’époque étaient – comme Kohl en Allemagne occidentale, le modèle de sa protégée Angela Merkel, qui perpétue maintenant le crime – eux-mêmes des participants majeurs à l’élaboration, puis maintenant à la rupture, de cette promesse faite aux Russes.
Voici la preuve de ce crime international historique, massif et constant. Le crime qui est à l’origine de tant de misère, de destructions et de morts, non seulement en Russie, mais dans le reste de l’Europe, où des millions de réfugiés fuient la Libye, la Syrie, l’Ukraine et d’autres anciens pays alliés de la Russie – suite au chaos engendré par les États-Unis.
LE TÉMOIGNAGE
« J’étais là quand nous avons dit aux Russes que nous allions en faire un membre, un observateur d’abord, puis un membre » – Lawrence Wilkerson, le 3 octobre 2014, sur The Real News Network, à 18:54 dans l’entretien.
« Quand j’ai parlé avec Baker, il a convenu qu’il disait à Gorbatchev que si l’Union soviétique autorisait la réunification allemande et l’adhésion à l’OTAN, l’Occident ne développerait pas l’OTAN d’un pouce à l’est. » – Bill Bradley, le 22 août 2009 .
« M. Kohl a choisi de faire écho à M. Baker et non à M. Bush. Le chancelier a assuré M. Gorbatchev, comme M. Baker l’avait fait, que ‘naturellement l’OTAN ne pouvait pas étendre son territoire’ en Allemagne de l’Est […] La réunion Gorbatchev-Kohl s’est terminée par un accord, contrairement à la session de Gorbatchev-Baker la veille […] M. Kohl et ses collaborateurs ont immédiatement rendue publique cette importante concession, lors d’une conférence de presse. Puis ils sont retournés chez eux pour commencer à fusionner les deux Allemagnes, sous une monnaie et un système économique unique. » – Mary Louise Sarotte, New York Times, 29 novembre 2009.
« Selon les dossiers de la chancellerie, Kohl a choisi de se référer à Baker, pas à Bush, puisque la ligne douce de Baker était plus susceptible de produire les résultats que Kohl voulait : l’autorisation de Moscou pour commencer à réunifier l’Allemagne. Kohl a ainsi assuré à Gorbatchev que ‘naturellement l’OTAN ne pourrait pas étendre son territoire au territoire actuel de l’Allemagne de l’Est’. Dans des entretiens parallèles, Genscher a transmis le même message à son homologue soviétique, Edouard Shevardnadze : L’OTAN ne s’étendra pas à l’Est. Mais l’énoncé de Kohl deviendra rapidement une hérésie parmi les principaux décideurs occidentaux.
Une fois Baker retourné à Washington, à la mi-février 1990, il est tombé d’accord avec l’avis du Conseil de sécurité nationale et a adopté sa position. Dès lors, les membres de l’équipe de politique étrangère de Bush ont imposé une stricte discipline de message, ne faisant aucune remarque sur l’OTAN figée à la ligne de 1989. Kohl, lui aussi, a aligné sa rhétorique sur celle de Bush, comme le montrent les relevés de notes des États-Unis et de l’Allemagne de l’Ouest au sommet des 24 et 25 février à Camp David. Bush a exprimé à Kohl ses sentiments, à propos du compromis avec Moscou : ‘Qu’ils aillent au diable ! Nous avons vaincu, pas eux’,a‑t-il dit. En avril, Bush a exprimé sa pensée dans un télégramme confidentiel adressé au président français François Mitterrand […] Bush à clairement fait comprendre à Mitterrand que l’organisation de sécurité dominante dans l’Europe de l’après-Guerre Froide devait rester l’OTAN – et non une sorte quelconque d’alliance paneuropéenne.
Le mois suivant, Gorbatchev a proposé un tel arrangement paneuropéen, dans lequel une Allemagne unifiée rejoindrait l’OTAN et le Pacte de Varsovie, créant ainsi une institution massive de sécurité. Gorbatchev a même soulevé l’idée de faire adhérer l’Union soviétique à l’OTAN. ‘Vous dites que l’OTAN n’est pas dirigée contre nous, qu’il s’agit simplement d’une structure de sécurité qui s’adapte aux nouvelles réalités’, a déclaré Gorbatchev à Baker en mai, selon les archives soviétiques. Baker a refusé d’envisager une telle idée, répliquant avec dédain : ‘La sécurité paneuropéenne est un rêve…’ Au moment du Sommet de Camp David, […] tous les membres de l’équipe de Bush, avec Kohl , se sont accordés sur une offre par laquelle Gorbatchev recevrait une aide financière de l’Allemagne de l’Ouest – et un peu plus à côté – en échange d’autoriser l’Allemagne de se réunifier et de permettre à une Allemagne unie de faire partie de l’OTAN. » – Mary Louise Sarotte.
« L’incapacité d’apprécier la fin de la guerre froide a eu un profond impact sur les attitudes russes et occidentales – et aide à expliquer ce que nous voyons maintenant. La supposition commune que l’Occident a forcé l’effondrement de l’Union soviétique et a ainsi gagné la guerre froide est fausse. Le fait est que la guerre froide s’est terminée par la négociation au profit des deux côtés. Au sommet de Malte en décembre 1989, Mikhaïl Gorbatchev et le président George H.W. Bush ont confirmé que la base idéologique de la guerre avait disparu, déclarant que les deux nations ne se considéraient plus comme des ennemis. Au cours des deux années suivantes, nous avons travaillé plus étroitement avec les Soviétiques qu’avec même certains de nos alliés. ‘Par la grâce de Dieu, l’Amérique a remporté la guerre froide’, a déclaré Bush lors de son discours sur l’état de l’Union en 1992. Cette rhétorique n’aurait pas été particulièrement dommageable par elle-même. Mais elle a été renforcée par les mesures prises sous les trois présidents suivants. Le président Bill Clinton a appuyé le bombardement de la Serbie par l’OTAN, sans l’approbation du Conseil de sécurité des Nations Unies et l’expansion de l’OTAN pour inclure les anciens pays du Pacte de Varsovie. Ces démarches semblaient violer l’accord disant que les États-Unis ne profiteraient pas de la retraite soviétique de l’Europe de l’Est. L’effet sur la confiance des Russes dans les États-Unis a été dévastateur. » – Jack Matlock, Washington Post, 14 mars 2014.
« Sir Rodric Braithwaite GCMG, ancien ambassadeur britannique en Union soviétique et en Russie, nous a informés que des assurances avaient été données, en 1990, par les États-Unis (James Baker, secrétaire d’État américain), l’Allemagne (Helmut Kohl, chancelier allemand), le Royaume-Uni (par le Premier ministre de l’époque, John Major, et le ministre britannique des Affaires étrangères, Douglas Hurd) et la France (par le président français François Mitterrand). Sir Rodric Braithwaite a déclaré que ce ‘dossier factuel n’a pas été contesté avec succès en Occident’.» L’UE et la Russie : avant et après la crise en Ukraine, 20 février 2015, Chambre des Lords britannique, paragraphe 107.
Conclusion
L’incapacité de Gorbatchev à exiger ces assurances par écrit a été largement critiquée, mais les accords de poignée de main dans les affaires internationales sont courants et aucun traité ne devait être signé à la fin de la guerre froide parce que cela n’avait pas été une guerre chaude, il n’y avait aucune restitution ou réparations à payer par l’une ou l’autre partie. Gorbatchev a pensé que les États-Unis étaient honnêtes et dignes de confiance, que les accords obtenus en privé devant de nombreux témoins seraient honorés par l’Occident, comme ils le seraient par la Russie.
Malheureusement, il faisait confiance à des méga-escrocs qui étaient dirigés par un super-gangster, G.H.W. Bush, et le monde entier souffre de ces escrocs aujourd’hui, tous les jours. Au lieu de s’excuser et de s’arrêter, l’Occident insulte la Russie constamment. C’est approfondir encore plus les conséquences du péché originel de G.H.W. Bush, le méga-crime de l’Occident, qui produit un chaos et une effusion de sang croissants en Libye, en Syrie, en Ukraine et ailleurs, avec une crise de réfugiés qui en résulte dans toute l’Europe.
Par exemple, Defense News, la revue commerciale des entreprises travaillant pour la défense aux États-Unis, a fait son gros titre le 4 septembre 2015 avec « La nouvelle doctrine militaire ukrainienne identifie la Russie comme un agresseur, et envisage des acquisitions navales », en précisant :
« Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk [que Victoria Nuland, du Département d’État américain, https://youtu.be/MSxaa-67yGM le 4 février 2014, 18 jours avant le https://youtu.be/8‑RyOaFwcEw] a déclaré que le nouveau projet de doctrine militaire du pays est le premier dans l’histoire de l’Ukraine, à identifier clairement la Russie comme ennemi et agresseur. L’annonce a été faite le 1erseptembre lors de la visite du Premier ministre à Odessa. […] Iatseniouk a déclaré que […] le président ukrainien ‘signera le décret correspondant’ […] Le vice-amiral James Foggo, commandant de la 6e flotte américaine, et l’ambassadeur des États-Unis en Ukraine Geoffrey R. Pyatt [qui a pris les https://youtu.be/MSxaa-67yGM de Nuland et lancé le coup d’État pour elle] ont participé à la cérémonie […] ‘Nous nous sentons comme une seule force avec nos partenaires, les pays membres de l’OTAN, avec nos partenaires américains. Par conséquent, les navires américains sont entrés et vont entrer dans les eaux territoriales ukrainiennes à l’avenir [pour vaincre les Russes en Crimée et expulser la base navale de la marine russe qui a son siège là depuis 1783]. Nous allons continuer notre exercice conjoint’, a déclaré Iatseniouk. »
Eric Zuesse
Traduit et édité par jj, relu par nadine pour le Saker Francophone
http://lesakerfrancophone.fr/homme-blanc-avoir-langue-fourchue
Fil facebook correspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10154713848577317
Le salut sur vous Etienne, hélas il a raison, ce n’était pas la fin de la guerre froide et la fin de l’histoire chère a Fukuhyama, mais le début d’une autre histoire encore plus violente, commencée dès le 11 septembre 2001 : le PNAC mis en oeuvre …Conquête guerrière des ressources essentielles au leadership Américain qui ne veux plus voir de pays émergeants. Manque de bol, la Russie revient sur le devant de la scène et la Chine s’est réveillée, l’Inde, le Brésil et bien d’autres tentent de sortir du sous développement. Voilà la source de tous nos maux, encore plus des 7 pays abattus ou a abattre.
[Langues fourchues] À propos de l’effroyable génocide des Indiens (qui dure et dure toujours, depuis l’arrivée de Christophe Colomb en 1492), je vous conseille de lire :
« QUE SONT LES INDIENS DEVENUS ?
Culture et génocide chez les Indiens d’Amérique du Nord »,
de Ward Churchill :
https://www.chouard.org/blog/2016/06/21/on-ne-peut-pas-penser-a-lendroit-avec-des-mots-a-lenvers-besoin-planetaire-deducation-populaire/#comment-15905
C’est littéralement bouleversant.
Je viens de scanner et OCRiser pour vous un extrait bouleversant :
CHRISTOPHE COLOMB ET LE DÉBUT DU GÉNOCIDE DANS LE « NOUVEAU MONDE »
https://old.chouard.org/Europe/Ward_Churchill_CHRISTOPHE_COLOMB_ET_LE_DEBUT_DU_GENOCIDE_DANS_LE_NOUVEAU_MONDE.pdf
Bonne lecture.
Le livre d’histoire américaine le plus important de votre vie
Par Richard Oxman – Le 23 mars 2017 – Source Countercurrents
Selon Harper’s Magazine (avril 2017), il y a au moins vingt-huit universités américaines qui ont des programmes d’études sur l’esclavage aux États-Unis. Mais, en revanche et cela me paraît très instructif, aucun établissement d’enseignement supérieur aux États-Unis ne s’intéresse, sous quelque forme que ce soit, au fait que les peuples autochtones – hommes, femmes et enfants de tous âges – aient été éliminés (avec un objectif génocidaire) pour leur voler les terres sur lesquelles les institutions prestigieuses qui existent maintenant ont été construites.
Il est facile de créer un programme, mais il est pratiquement interdit de mentionner l’éventualité de rendre des terres sur lesquelles les Amérindiens ont un droit légal. Il y a quelques campus où l’on discute formellement des réparations à consentir aux Afro-Américains, mais vous aurez du mal à trouver quelqu’un – même dans les cafés des campus – qui plaide pour la restitution aux Amérindiens de ce qui leur a été volé par les ancêtres de ces présidents d’université grassement rémunérés.
Les Américains de souche sont tout en bas de l’échelle sociale. C’est-à-dire qu’ils sont les moins susceptibles d’être pris en considération dans l’ordre des priorités quand il s’agit de nos problèmes collectifs. En fait, des entreprises comme Peabody Energy (et beaucoup d’autres) – si elles pensaient pouvoir s’en tirer sans dommage – distribueraient des vêtements infestés de germes de maladies mortelles dans les réserves (dans l’intention de parachever la mission génocidaire de nos pères fondateurs). Beaucoup d’intérêts financiers puissants sont fort contrariés par les protestations des Indiens contre la destruction environnementale de leurs terres sacrées.
Et le grand public, y compris les lecteurs de médias alternatifs, regarde ailleurs quand les entreprises se comportent de manière criminelle. Regarder ailleurs, comporte souvent aussi la publication d’articles pro-indiens et la tenue de conférences sur des questions liées aux Indiens. En effet, se joindre au concert des récriminations politiquement correctes (sans aucune intention de faire quoi que ce soit de plus à propos de quoi que ce soit) équivaut à se rendre à un carrefour abandonné pour crier dans le désert qu’il est injuste de ne pas accorder de pardon à Leonard Peltier. Est-ce que cela ne s’appelle pasregarder ailleurs quand c’est là tout ce qu’on fait pour libérer LP ? Marcher en cercles avec des pancartes et participer à des veillées aux chandelles n’a pas plus d’impact, si ce n’est de procurer aux participants un sentiment d’auto-satisfaction et / ou le plaisir de la socialisation. C’est ce que j’appelle du militantisme pour le moins équivoque. Et en tout cas… sans consistance.
Mais au niveau global, celles et ceux que je critique ici sont de peu d’importance. Au plan macroscopique, nous devons tout d’abord reconnaître que les États-Unis sont pourris jusqu’à l’os quand il s’agit des Indiens (et de désigner des « indésirables »). Et cela n’est pas le cas lorsqu’un établissement d’enseignement met en place un programme (similaire aux programmes pour les Afro-Américains cités ci-dessus), mais qu’il ne modifie en rien ses politiques d’aide financière ou d’admission en signe de réparation. Une seule des vingt-huit universités mentionnées ci-dessus l’a fait.
En réponse aux Haudenosaunee (les six Nations iroquoises) qui hésitaient entre soutenir les Anglais ou les séparatistes au milieu des années 1770, le Général George Washington a envoyé des instructions écrites au Général de division John Sullivan pour qu’il prenne des mesures contre elles. Voilà ses ordres :
Cela vous rappelle quelque chose ?
Les ordres de Washington sont clairement l’écho de ce que les États-Unis font dans le monde entier depuis leur création. Et ce que les Écossais-Irlandais – employés par Washington pendant la Révolution – avaient fait à la demande de ses précurseurs contre d’autres âmes de seconde classe en Europe… avant de migrer vers le soi-disant Nouveau Monde (qui n’était pas nouveau du tout, sauf pour les Blancs voleurs et génocidaires).
Rien de tout cela n’est réellement enseigné dans nos écoles. Mais je soutiens que si un professeur lisait seulement les 77 premières pages de l’Histoire des peuples indigènes des États-Unis de Roxanne Dunbar-Ortiz, cela l’inciterait à proposer un programme pour l’enseigner. Cela permettrait de voir que pratiquement tous les problèmes actuels – de la violence domestique due aux armes jusqu’aux abominations que nous perpétrons à l’étranger (et plus) – ont leurs racines solidement ancrées dans le traitement des Amérindiens par les Européens (de leurs premiers contacts à nos jours).
Mais, bien sûr, cela pourrait détourner un enseignant ou un militant de participer aux veillées aux chandelles… Ou de marcher en cercle.
Richard Martin Oxman est enseignant et activiste depuis plus de 50 ans. Il serait heureux de donner des conférences gratuites dans tous les établissements éducatifs qui le souhaitent. On peut le joindre à invisibleparadecall@gmail.com.
Traduction : Aliocha Kazoff
Source : Le Saker francophone, http://lesakerfrancophone.fr/le-livre-dhistoire-americaine-le-plus-important-de-votre-vie
»Actuellement, je suis des cours de langue Abénakise, à Montréal. J’ai été sidéré d’apprendre… que personne ne parle cette langue.
[livre et vidéo] La grande guerre de classe, par Jacques Pauwels
http://www.les-crises.fr/la-grande-guerre-de-classe-par-jacques-pauwels/
httpv://www.youtube.com/watch?v=ZFxvRTyeZMg
Signalée par les-crises.fr Olivier Berruyer
Turquie : changement majeur de politique étrangère
La Turquie abandonne l’UE pour l’Organisation de coopération de Shanghai
Par Peter Korzun – Le 22 novembre 2016 – Source Strategic Culture
« Le président turc Tayyip Erdogan a déclaré le 20 novembre, que la Turquie n’avait pas besoin de rejoindre l’Union européenne « à tout prix ». Au lieu de cela, elle pourrait faire partie de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), ou Pacte de Shanghai. Le leader turc a déclaré qu’il avait déjà discuté de l’idée avec le président russe Vladimir Poutine et son homologue kazakh Nursultan Nazarbayev.
L’OCS est une organisation politique, économique et militaire eurasienne, fondée en 2001 à Shanghai. Ses membres sont la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Le Kazakhstan, le Kirghizistan et l’Ouzbékistan parlent le turc.
L’Inde et le Pakistan deviendront des membres à part entière lors de la prochaine réunion à Astana, en 2017. La Mongolie, l’Inde, l’Iran, le Pakistan et l’Afghanistan sont des observateurs de l’OCS. En 2013, la Turquie a obtenu le statut de « partenaire de dialogue » de l’OCS. L’autre pays ayant le même statut est le Bélarus. Les partenaires de dialogue ont le droit de participer à des réunions au niveau ministériel et à d’autres réunions de l’OCS, mais n’ont pas le droit de vote.
La Turquie a formellement demandé à devenir membre de l’Union européenne en 1987 et les négociations d’adhésion ont débuté en 2005. Son ambition de faire partie du bloc remonte aux années 1960. Ses perspectives d’adhésion semblent sombres, après onze ans de négociations. Les droits de l’homme sont une pierre d’achoppement.
L’UE a intensifié ses critiques à l’encontre d’Ankara depuis le coup d’État du 15 juillet dernier, affirmant que les lois antiterroristes du pays étaient appliquées trop largement. Le Luxembourg et l’Autriche, ainsi que certains législateurs du Parlement européen, ont appelé le bloc à arrêter les pourparlers d’adhésion avec la Turquie ou à la punir d’autres sanctions.
Pour sa part, la Turquie est frustrée par la longue impasse de l’adhésion à l’UE. Ankara a accusé l’UE de traiter le pays différemment dans le processus d’accession et de ne pas débloquer tout l’argent qui avait été promis à la Turquie après l’accord sur les réfugiés. Elle envisage de rétablir la peine de mort. Cette décision rendra l’adhésion à l’UE impossible. Le président Erdogan envisage d’organiser un référendum sur l’avenir de l’adhésion de la Turquie à l’UE.
L’adhésion de la Turquie à l’OCS constituerait une étape importante, en réunissant le Conseil de coopération des pays turcophones (CCTS) – une organisation internationale de pays turcs comprenant l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Kirghizistan et la Turquie. Le Secrétariat général se trouve à Istanbul, en Turquie. Le Turkménistan et l’Ouzbékistan sont de futurs membres potentiels du Conseil.
Cette organisation internationale fonctionne également comme un organe de coordination pour tous les autres mécanismes de collaboration autonomes, tels que l’Assemblée parlementaire des pays turcophones (TURKPA), l’Organisation internationale de la culture turque (TURKSOY) et l’Académie turque.
Depuis sa création en 2009, le CCTS a fait des progrès significatifs en matière d’institutionnalisation des échanges. Le 6e Sommet des chefs d’État du Conseil turc devrait avoir lieu avant la fin de l’année à Cholpon-Ata (Kirghizistan).
La déclaration du président Erdogan est un autre signe de l’abandon de l’Ouest par Ankara, au profit d’autres partenaires. Par exemple, la Turquie vient d’annoncer qu’elle est en pourparlers avec la Russie pour l’achat des systèmes avancés de défense aérienne à longue portée S‑400, afin de protéger son espace aérien. Elle cherche également à obtenir des contrats dans les systèmes électroniques, les munitions et la technologie des missiles. Le général Hulusi Akar, chef d’état-major des forces armées turques, s’est rendu en Russie ce mois-ci, pour discuter de la coopération militaire.
Lors de la visite de deux jours d’Erdogan au Pakistan le 16 novembre, le rédacteur en chef d’un journal pro-gouvernemental en Turquie a déclaré que le pays devait développer sa propre force de dissuasion nucléaire. Il a peut-être exprimé son opinion personnelle, mais il confirme la tendance générale à la remise en cause, par la Turquie, du concept de sécurité coopérative de l’OTAN sous l’égide des États-Unis. » […]
Lire la suite :
http://lesakerfrancophone.fr/turquie-changement-majeur-de-politique-etrangere
Source : le Saker Francophone
Viktor Dedaj : un ami est mort à Cuba.
« Il y a parfois des coups de fil qui ne trichent pas. A la première sonnerie, on sait déjà. Qui appelle, et à quelle heure. Sans amabilités inutiles, trois mots sont lâchés. Entre camarades, on se comprend.
Les autres, tous les autres, ils diront ce qu’ils voudront. Ils sortiront des placards leurs commentateurs attitrés avec leurs papiers préparés à l’avance. Ils réécriront l’Histoire à leur guise, comme ils le font toujours. Peut-être même feront-ils semblant de découvrir aujourd’hui ce qu’ils s’obstinaient à ignorer hier. Lorsque des nains dressent le portrait d’un géant, c’est généralement de ses chevilles qu’ils parlent.
Mais un ami est mort, à Cuba. Et je crois que si vous l’aviez connu, vous aussi vous l’auriez aimé.
J’avoue qu’en ce qui me concerne, cela n’a pas toujours été le cas. Il y avait encore chez moi quelques traces de respect pour les faiseurs d’opinion. Je n’avais pas encore réalisé à quel point ils pouvaient haïr quelqu’un de bien. Mais au final, c’est bien un ami qui est mort, à Cuba.
Et comme pour la mort d’un autre ami, au Venezuela, les larmes me montent aux yeux. Et aujourd’hui aussi, ce n’est pas sa mort que je pleure, mais l’incommensurable injustice qui lui a été faite – avant, pendant et probablement après. Je pleure l’insondable médiocrité et bêtise de tous ces gens de très peu qui ne m’ont jamais inspiré autre chose qu’une vague indifférence ou mépris.
Lorsqu’un tel ami disparaît, à Cuba ou ailleurs, l’envie de chanter ses louanges te submerge. Tu cherches des anecdotes qui perceront le mur d’hostilité ou d’indifférence dressé par des plus forts que toi. A ton tout petit niveau, tu aimerais lui rendre un peu justice. Mais le plus souvent, tu passes au mieux pour un aficionado qui tenterait de convertir son entourage à sa toute dernière découverte musicale – comme si l’éthique, la fidélité envers ses convictions, la détermination, le courage, l’abnégation, l’honnêteté, la persévérance, l’amour de son peuple, et même le devenir de l’humanité, n’étaient qu’une affaire de goûts et de couleurs.
Et tu te poses évidemment la sempiternelle question du « pourquoi ». Mais cette question, qui est la question de toutes les questions, posée si souvent et depuis tant d’années, finit par s’émousser. Alors tu la reposes encore une fois, comme une lame sur une pierre à aiguiser les consciences, en vérifiant de temps en temps le fil avec ton pouce.
Quelque part, tapie au fond de toi, tu sens poindre la jalousie. La jalousie envers ceux qui l’ont côtoyé, qui l’ont connu mieux que toi. La jalousie envers un peuple qui a eu la suprême intelligence – pour ne pas dire l’audace – de l’entendre, de le comprendre, quand il a parlé avec ces mots qui n’appartiennent qu’à lui mais qui ne demandent qu’à être partagés. Des mots qui avaient, qui ont encore et qui auront pour toujours, la beauté de l’évidence.
Des mots lancés à la face de ses juges qui prétendaient rendre une justice qui leur était pourtant si étrangère. Des mots « tempétés » sur des places publiques, devant des millions comme lui, assoiffés de justice et d’un monde meilleur. Des mots posés aux micros des Nations-Unies, pour asséner leurs quatre vérités à un parterre composé essentiellement de nuisibles dont l’histoire ne retiendra pas le nom, encore moins le prénom. Et derrière les paroles, ces indispensables corollaires qui sont les actes.
Alors d’aucuns diront qu’il était exceptionnel, et ils auront raison. Mais j’aime à penser aussi qu’il n’aurait jamais été ce qu’il est sans tous ces autres qui l’ont reconnu, porté et suivi dans une des plus belles aventures humaines du 20ème siècle, et peut-être même du 21ème.
Merci donc à lui, et à tous les autres.
Merci encore une fois pour votre solidarité, votre courage, votre bonté et votre persévérance.
Merci au peuple cubain, pour nous avoir donné Fidel. »
Viktor Dedaj
« il y a des cadeaux que l’on range jalousement au fond du coeur »
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« Que ce soit bien clair : nous avons commis des erreurs, évidemment. Et nous en commettrons d’autres. Mais je peux te dire une chose : jamais nous n’abandonnerons le combat pour un monde meilleur, jamais nous ne baisserons la garde devant l’Empire, jamais nous ne sacrifierons le peuple au profit d’une minorité. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait non seulement pour nous, mais aussi pour l’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie, les générations futures. Nous avons fait tout ce que nous avons pu, et parfois plus, sans rien demander en échange. Rien. Jamais. Alors tu peux dire à tes amis « de gauche » en Europe que leurs critiques ne nous concernent pas, ne nous touchent pas, ne nous impressionnent pas. Nous, nous avons fait une révolution. C’est quoi leur légitimité à ces gens-là, tu peux me le dire ? Qu’ils fassent une révolution chez eux pour commencer. Oh, pas forcément une grande, tout le monde n’a pas les mêmes capacités. Disons une petite, juste assez pour pouvoir prétendre qu’ils savent de quoi ils parlent. Et là, lorsque l’ennemi se déchaînera, lorsque le toit leur tombera sur la tête, ils viendront me voir. Je les attendrai avec une bouteille de rhum. »
Ibrahim
à Cuba, un soir lors d’une conversation inoubliable.
https://www.legrandsoir.info/un-ami-est-mort-a-cuba.html
Source : Le Grand Soir
[Vidéo] Syrie Irak Russie – Des langues se délient sur nos TV (E. Guigou panique)
httpv://www.youtube.com/watch?v=Df7pG8amSsM
http://www.les-crises.fr/video-syrie-irak-russie-des-langues-se-delient-sur-nos-tv-e-guigou-panique/
Source : les-crises.fr Olivier Berruyer
[« élus » de merde, médias de merde… (pardon)]
Quand l’Assemblée nationale remballe Noam Chomsky
http://www.les-crises.fr/quand-lassemblee-nationale-remballe-noam-chomsky/
Trump montre les signes d’une détente historique avec la Russie
Alors qu’entretemps Obama s’exprime de plus en plus comme John McCain
Par M K Bhadrakumar
« Les premiers signaux définitifs semblent indiquer que les politiques étrangères américaines sont destinées à subir un changement historique sous la présidence de Donald Trump. Russia Today l’a confirmé vendredi en citant une « source proche » (sans mentionner la nationalité). Le média spécule que Trump a nommé le Lt. gen. à la retraite Michael Flynn comme conseiller de sécurité nationale dans l’administration entrante. Fait intéressant, le premier rapport faisant autorité est originaire de Moscou.
Le rapport de Russia Today a rendu compte de Flynn d’une façon plutôt amicale, notant sa forte défense d’une détente avec la Russie. Fait intéressant, parmi ceux qui ont appelé Trump hier à son Quartier général de transition, il y a Henry Kissinger.
Pourquoi la nomination de Flynn est-elle si importante ? Tout d’abord, Trump a confiance en lui et Flynn dans son nouveau poste supervisera l’ensemble des services de renseignement américains, le Pentagone et assurera la coordination de la sécurité nationale et des politiques étrangères. C’est une position extrêmement influente, en plus et au-delà du contrôle parlementaire.
Il est donc important de noter que les contacts passés de Flynn avec les responsables du Kremlin – il existe une photo de lui à table lors d’un dîner, assis à côté du président Vladimir Poutine –, ses liens avec Gazprom, le Léviathan du gaz russe, et sa conviction que les États-Unis et la Russie devraient collaborer au lieu de rivaliser, etc., prennent une grande importance.
Trump déstabilise l’establishment de politique étrangère et de sécurité des États-Unis. Il est concevable qu’il utilisera le général dur du Pentagone pour amener les gens de l’establishment à se soumettre à la nouvelle trajectoire de la politique étrangère. Si quelqu’un peut le faire, c’est Flynn.
L’inquiétude croissante est évidente, même au niveau du président Barack Obama. Jeudi, dans un acte audacieux, Obama a donné quelques conseils publics à Trump, à partir d’un podium à l’étranger, en Allemagne, Angela Merkel l’écoutant avec des signes d’approbation, sur l’opportunité du président élu suite à ses rodomontades. Certains extraits sont présentés ici, ne serait-ce que pour mettre en évidence la bataille épique qui se profile sur les politiques étrangères américaines. Obama a déclaré :
Obama s’est ensuite lancé dans une tirade contre Poutine, disant qu’il y avait une preuve très claire de son engagement dans une cyberattaque contre les États-Unis et qu’il avait personnellement « livré un message très clair et puissant » au dirigeant russe l’informant que « nous le surveillons attentivement et nous répondrons de façon appropriée si et quand nous verrons cela se produire ».
De retour à Washington, ironiquement, le plus fort allié d’Obama, en s’opposant à la détente avec la Russie, n’est autre que le sénateur républicain John McCain. L’aversion viscérale vis-à-vis de la Russie – et de Poutine en particulier – au sein de l’establishment de Washington se dégage de la propre déclaration de McCain au début de la semaine.
Pourquoi une telle crainte morbide ? McCain, bien sûr, est le principal porte-parole du complexe militaro-industriel en Amérique. Beaucoup d’entreprises de fabrication d’armes haut de gamme sont basées en Arizona, l’état que McCain représente au sénat. Le Saker, l’analyste militaire basé aux États-Unis, donne une explication satisfaisante de pourquoi il y a une telle panique à Washington : » […]
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http://lesakerfrancophone.fr/trump-montre-les-signes-dune-detente-historique-avec-la-russie
Source : le Saker Francophone
Bruno Guigue, Lettre ouverte aux charlatans de la révolution syrienne
http://arretsurinfo.ch/lettre-ouverte-aux-charlatans-de-la-revolution-syrienne-par-bruno-guigue/
[très intéressant] La Syrie et les statistiques de la guerre, par Nassim Nicholas Taleb
http://www.les-crises.fr/la-syrie-et-les-statistiques-de-la-guerre-par-nassim-nicholas-taleb/