Permaculture, reforestation et souveraineté alimentaire, avec Éric Escoffier

3/12/2024 | 2 commentaires

Chers amis,

Je viens de rece­voir à la mai­son un spé­cia­liste de la per­ma­cul­ture et de la refo­res­ta­tion que j’ai trou­vé très intéressant.
Il s’ap­pelle Éric Escof­fier et il anime un site que je vous recom­mande : per­ma­cul­ture-sans-fron­tieres.org 

J’ai trou­vé cap­ti­vante la page suivante :

Au coeur de la per­ma­cul­ture et des sys­tèmes régénératifs
https://​per​ma​cul​ture​-sans​-fron​tieres​.org/​f​r​/​a​u​-​c​o​e​u​r​-​d​e​-​l​a​-​p​e​r​m​a​c​u​l​t​u​r​e​-​e​t​-​d​e​s​-​s​y​s​t​e​m​e​s​-​r​e​g​e​n​e​r​a​t​ifs

En lisant tout ça, je vois de nom­breux liens avec mon tra­vail sur nos résis­tances aux pou­voirs abu­sif : la rare­té dont nous sommes affli­gés engendre de nom­breux effets poli­tiques néga­tifs qui dis­pa­raî­traient sans doute avec l’abondance.

On dirait que l’a­gri­cul­ture a été l’une des plus mau­vaises idées de l’hu­ma­ni­té, dont les effets sont redou­tables : ren­de­ment cala­mi­teux et rare­té asso­ciée (avec son cor­tège de vio­lences éco­no­miques, poli­tiques, sociales et mili­taires), défo­res­ta­tion, dévas­ta­tion des sols, déser­ti­fi­ca­tion, inon­da­tions, séche­resses, dérè­gle­ment de la vie sur terre, etc.

On dirait aus­si que la refo­res­ta­tion et la per­ma­cul­ture pro­mettent une pros­pé­ri­té, une abon­dance, aux consé­quences poli­tiques considérables.

Pen­dant notre conver­sa­tion (plus de 3 h), ont été évo­qués la pro­tec­tion consti­tu­tion­nelle de nos terres contre le lati­fun­disme (acca­pa­re­ment des terres par de grands pro­prié­taires fon­ciers) : un article de notre consti­tu­tion limi­te­rait la pro­prié­té fon­cière pour en inter­dire la concen­tra­tion dans les mains des plus riches, qu’ils soient natio­naux ou étran­gers. Quelle serait la bonne limite ?

Je me sou­viens aus­si d’a­voir évo­qué la pos­si­bi­li­té de pré­voir dans la consti­tu­tion une sorte de Par­le­ment de la pla­nète char­gé de pro­té­ger les grands prin­cipes de la vie sur terre contre les lois et les actes les plus dérai­son­nables. Quels grands principes ?

On a par­lé aus­si de l’in­ter­dic­tion expli­cite du men­songe faite aux repré­sen­tants poli­tiques dans notre consti­tu­tion, avec son organe dédié pour faire res­pec­ter cette règle : Chambre de contrôle des repré­sen­tants, tirée au sort et dotée d’un gros bud­get, de grands pou­voirs d’in­ves­ti­ga­tion et d’une grande auto­ri­té pour juger et punir les pou­voirs menteurs.
Éric pense — et je trouve qu’il a rai­son — que les men­songes innom­brables faits à la popu­la­tion (en toutes matières) empêchent la for­ma­tion d’un large consen­sus éclai­ré en entre­te­nant une ziza­nie non néces­saire et contraire à l’in­té­rêt général.

Voi­ci com­ment Éric résume le bilan de l’a­gri­cul­ture sur terre :

Une petite his­toire de l’Hu­ma­ni­té : l’agriculture

Jus­qu’à la révo­lu­tion néo­li­thique, et même jus­qu’à récem­ment pour cer­taines régions de la pla­nète, la forêt a donc pro­duit toutes les res­sources des groupes humains, et ce de manière spon­ta­née, gra­tuite, abon­dante, diver­si­fiée, abso­lu­ment saine, sou­te­nable2 (= excé­den­taire), rési­liente2, et sans pro­duire aucun déchet.

Puis, depuis 12 000 ans, les groupes humains ont presque par­tout pro­gres­si­ve­ment ces­sé de récol­ter ces res­sources gra­tuites et de haute qua­li­té, pour baser leurs socié­tés sur la pro­duc­tion des res­sources vitales au moyen de l’a­gri­cul­ture et de l’é­le­vage.

Or, l’a­gri­cul­ture et l’é­le­vage enfreignent les lois des sys­tèmes natu­rels (dont la phy­sio­lo­gie végé­tale) et s’a­vèrent ain­si hau­te­ment défi­ci­taires (non sou­te­nables) : 15 à 20 calo­ries inves­ties pour 1 calo­rie produite.

L’a­gri­cul­ture et l’é­le­vage ont consis­té à :

  • raser mas­si­ve­ment les forêts de la planète ;
  • créer les déserts, l’éro­sion géné­ra­li­sée, les inon­da­tions, les sèche­resses, et plus glo­ba­le­ment le chaos climatique ;
  • sté­ri­li­ser, sali­ni­ser et éro­der ses propres sur­faces de culture et d’é­le­vage, jus­qu’à inca­pa­ci­té de les culti­ver (50 mil­lions de km2 de terres agri­coles ren­dues incul­ti­vables ou très dégra­dées) ;
  • culti­ver des sur­faces et non pas des volumes : champs (agermono-éta­gés ;
  • les culti­ver en pleine lumière du soleil (donc mau­vais fonc­tion­ne­ment de la pho­to­syn­thèse) ;
  • les culti­ver sans cou­ver­ture du sol (donc pas de micro-orga­nismes, donc pas de nutri­tion des racines, et donc créa­tion arti­fi­cielle de la non gra­tui­té en azote, phos­phore et potas­sium notam­ment ; et aus­si : terre du champ imper­méablejamais humide, tou­jours mouillée et anaé­ro­bique quand il pleut ou qu’on irrigue (boues), tou­jours des­sé­chée, fis­su­rée et hyper-oxy­da­tive dès qu’il fait sec (pous­sières et mottes), sys­tème intrin­sè­que­ment toxique, caren­cé et éro­sif (argiles non liées à la matière organique)).
  • L’a­gri­cul­ture a aus­si consis­té à culti­ver essen­tiel­le­ment des plantes non pérennes (herbacées),de sur­croît à petites graines (néces­si­tant donc le labour pour éta­blir le lit de semences, et ce chaque année) ;
  • abou­tis­sant à un sys­tème arti­fi­ciel­le­ment sim­pli­fié à l’ex­trême, qui, notam­ment par manque de diversité/densité et de micro-orga­nismes, met les plantes en condi­tions intrin­sè­que­ment concur­ren­tielles, les ren­dant caren­cées, malades et dépen­dantes de l’ir­ri­ga­tion, des fer­ti­li­sants et des pesticides.
  • C’est un sys­tème dépen­dant de quan­ti­tés fara­mi­neuses d’eau, de maté­riaux, de chi­mie et d’éner­gies non renou­ve­lables et à très haut niveau tech­no­lo­gique, non seule­ment extrê­me­ment toxiques, mais en plus non maî­tri­sables au niveau des per­sonnes et du groupe ;
  • sys­tème qui crée mal­nu­tri­tion, famines et mala­dies pour les per­sonnes, par manque de diver­si­té, qua­li­té et/ou quan­ti­té de res­sources ali­men­taires et/ou nutri­ments, et d’eau potable ;
  • et qui fina­le­ment pro­duit très peu (sys­tème hau­te­ment inefficace/déficitaire)
  • sur d’im­menses surfaces
  • en englou­tis­sant énor­mé­ment d’énergie
  • et en détrui­sant les éco­sys­tèmes et les espèces qui y vivent à une vitesse inouïe ;
  • tout en pri­vant tou­jours plus les per­sonnes de leur res­pon­sa­bi­li­té et de leur sou­ve­rai­ne­té sur leurs res­sources vitales.

La forêt pré­cède les peuples, le désert les suit. (Ano­nyme)

En 12 000 ans à peine, les socié­tés basées sur l’a­gri­cul­ture et l’é­le­vage ont ain­si abou­ti à la limite de la via­bi­li­té des sys­tèmes natu­rels et de la Terre elle-même, ain­si qu’à la limite de la via­bi­li­té du corps social.

Source : Per­ma­cul­ture sans frontières

Ce bilan cala­mi­teux de l’a­gri­cul­ture par­tout sur terre m’a fait pen­ser, bien sûr, au livre for­mi­dable de James C Scott : Homo Domes­ti­cus (que je vous recom­mande chaleureusement) :

James C Scott, Homo Domesticus

Voi­ci quelques vidéos de notre entretien :

Voi­ci aus­si l’an­nonce de cette pro­chaine formation :

FORMATION

« Sol, fer­ti­li­té, matière orga­nique, eau, climat

dans le cadre de la per­ma­cul­ture et des sys­tèmes régé­né­ra­tifs »

par  Éric Escof­fier

For­ma­tion 2 jours le wee­kend des 7–8 décembre à Saint-Zacha­rie (83640)

N’hé­si­tez pas à relayer dans vos réseaux, par e‑mail ou en par­ta­geant nos évé­ne­ments sur Tele­gramFace­book, Twit­ter ou via des associations…
Grand mer­ci pour ce que vous pour­rez faire.
Éric Escof­fier – Per­ma­cul­ture sans frontières
Affiche Formation Sol Eric Escoffier St Zacharie 7 8 décembre 2024

Au plai­sir de lire vos com­men­taires sur les enjeux poli­tiques de notre auto­no­mie ali­men­taire, notam­ment dans la rési­lience de chaque commune.

Ami­ca­le­ment 🙂

Étienne.


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Étienne

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2 Commentaires

  1. Benoît

    Les jeunes feuilles du tilleul se mangent en salade par exemple.
    Les fruits du mûrier pla­tanes sont très bon.
    L’a­si­mi­nier donne des sortes de « mangues », c’est bien agréable d’a­voir ça dans notre jar­din (même si c’est moins bon et un peu écoeu­rant à force, en tout cas la varié­té que j’ai).
    La chaîne You­tube « accli­ma­ta­tons » est très inté­res­sante pour les frui­tiers notam­ment dans le sud-est.

    (Réac­tion à la vidéo 67)

    Réponse
    • Philippe C.

      Les feuilles du tilleul sont en effet comes­tibles, celles du mûrier aus­si, par­mi d’autres… (NB : les jeunes feuilles sont plus tendres et agréables.)
      Les fruits du mûrier blanc (Morus alba) sont encore meilleurs que ceux du mûrier à feuilles de pla­tane (Morus australis).
      L’a­si­mi­nier donne des asi­mines, qui, certes, res­semblent exté­rieu­re­ment à des mangues vertes, mais n’ont pas le même goût, car elles sont du genre des annones (Anno­na spp.), dont les ché­ri­moles (en espa­gnol : chi­ri­moyas) sont les plus connues en Europe de l’Ouest.
      Quant à la chaîne YT, il s’a­git d’« Accli­ma­tons » (https://​www​.you​tube​.com/​@​a​c​c​l​i​m​a​t​ons) avec le site web asso­cié (https://​accli​ma​tons​.com/).

      Cela dit, je crois qu’É­tienne vou­lait sou­li­gner l’im­pact poli­tique poten­tiel de la per­ma­cul­ture, plu­tôt que d’en dis­cu­ter direc­te­ment, vu que ce n’est pas son domaine. 😉

      Réponse

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