Samedi 29/04/2023 à 21h rendez-vous en direct pour répondre à la commission des lois contre le RIC constituant du 5 avril 2023, argument par argument.
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Un article inédit d’Henri Guillemin
« Le sens des mots. Que veut dire « démocratie »
On ne connaît pas encore assez les travaux de François Fonvieille-Alquier. C’est en 1971 qu’il a publié son remarquable ouvrage : Les Français dans la drôle de guerre, puis coup sur coup, en 1973, nous avons eu de lui un bref et très curieux essai : La Fin des dogmatismes et ce livre considérable : La Grande peur de l’après-guerre (1946−1973), un volume de plus de quatre cents pages qui regorge de documents en même temps que d’observations pertinentes. C’est sur cet ouvrage-là que je voudrais appeler ici l’attention ; une attention qu’il mérite, me semble-t-il, au plus haut point.
Le thème central de son étude est le suivant : on croit encore communément que l’Occident fut bien forcé de s’unir et de préparer sa défense, au lendemain de la dernière guerre, contre une URSS menaçante et qui, si elle n’en avait été dissuadée, par les moyens requis, n’eût pas manqué d’établir sa domination sur l’Europe entière. Un calme examen des faits établit cependant que, du côté de Moscou, bien des comportements interprétés comme offensifs étaient, au vrai, des « réactions de peur ». Les Russes ne pouvaient guère oublier, en effet, ce qui leur était arrivé dès après leur révolution de 1917 et l’assaut général qu’ils avaient alors subi, avec la participation des Français et des Anglais appuyant les rebelles « blancs » (les Koltchak, les Denikine et les Wrangel) qui tentaient d’écraser le nouveau pouvoir ou, du moins, de démembrer le pays. Ils gardaient un brûlant souvenir de l’agression dirigée contre eux par les Polonais.
Rappelons les choses telles qu’elles furent : les frontières orientales de la Pologne ressuscitée suivaient la « ligne Curzon » qui respectait avec soin les ethnies. Croyant pouvoir profiter de la faiblesse militaire russe, le gouvernement polonais attaque et fonce : il veut étendre à l’Est, au mépris du « droit des peuples », son territoire. Après un premier insuccès, il gagne la partie, aidé par la France de Millerand qui lui a envoyé Weygand à la tête d’une importante « mission » et la Pologne victorieuse impose à la Russie le traité – le Diktat – de Riga, 19 mars1921, qui lui arrache ce qu’on pourrait appeler sans inexactitude une énorme « Alsace-Lorraine » : la Biélorussie et une partie de l’Ukraine, annexant ainsi de force plus de trois millions de Russes désormais baptisés « Polonais ». La réparation de cette iniquité n’aura pas été étrangère à la signature, en août 1939, du pacte germano-russe qui permettait à l’URSS de récupérer, sans entrer elle-même en guerre, les territoires et les populations dont elle avait été, scandaleusement et par la violence, dépouillée dix-huit plus tôt.
Juillet 1941, Hitler vient de se jeter sur l’URSS, et les Etats-Unis n’entreront dans le conflit qu’en décembre, à la suite de Pearl Harbor. Le futur président des Etats-Unis, Truman, en juillet 1941, accorde une interview au New York Times. Et que dit-il ? Il est cynique à ravir, déclarant tout net : « si nous voyons que l’Allemagne est en train de gagner la guerre, nous devons aider la Russie. Mais si nous voyons, au contraire, que la Russie est en passe de triompher, c’est l’Allemagne que nous devons aider. Pour l’heure, il s’agit de laisser l’une et l’autre s’entre tuer le plus possible ».
Ce texte public, l’URSS peut en méditer tout le sens. Roosevelt n’est pas Truman et, sans arrière-pensée, je le crois, il a engagé son pays contre le nazisme aux côtés de la Grande-Bretagne et de l’URSS, et Churchill a été d’accord avec lui, aussi bien à Téhéran (1943), qu’à Yalta (1945), pour reconnaître à l’URSS, un glacis tant à l’ouest (Pologne et Prusse) qu’au sud-ouest (les Balkans moins la Grèce). Churchill lui-même comprend que Staline ait peu d’amitié à l’égard du « gouvernement polonais » en exil, réfugié à Londres depuis 1939, et dont chacun sait – Churchill le premier – qu’il est encore plus anti russe qu’anti allemand, âprement résolu à conserver les biens mal acquis de 1921. Là est l’explication de la lugubre affaire du soulèvement de Varsovie, que Staline laissera sans secours, permettant à l’occupant nazi une répression atroce.
François Fonvieille-Alquier invite ses lecteurs à se pencher sur une question de vocabulaire. L’Occident s’affirme « démocratique », et l’Est se targue de ne l’être pas moins. Démocratie libérale, dit l’une ; démocratie populaire, répond l’autre. Et le fait est que la liberté individuelle demeure, en principe, assez large en Occident (d’où les « brillantes variations » comme dit Fonvieille-Alquier, de Raymond Aron sur la « liberté de l’esprit »), alors qu’elle connaît, à l’Est, les restrictions les plus dures, rien n’étant moins contestable que la rigueur du régime policier dans les démocraties populaires.
Mais le dictionnaire soviétique n’est pas celui des Occidentaux. Pour Lénine, comme pour Marx, comme pour Blanqui, la démocratie à l’occidentale n’est qu’un leurre. Et il est certain qu’on a pu s’en apercevoir en France par exemple où, grâce à M. Thiers et ses fidèles successeurs, le suffrage universel, adroitement manié, donnait aux électeurs l’illusion de choisir eux-mêmes leur destin, tandis qu’en vérité le « petit nombre » – l’affairisme – continuait à gérer à son profit les richesses, accaparées, de la nation.
Si la démocratie se définit par l’adhésion majoritaire à telle forme de gouvernement, on ne saurait nier que l’hitlérisme, porté au pouvoir en Allemagne par une formidable majorité d’électeurs, constituerait, dans cette optique, la plus parfaite des « démocraties ». Pour Marx et Lénine, la démocratie n’a d’existence réelle qu’au moment où les oligarchies financières sont détruites et quand les ressources du sol et du sous-sol, ainsi que les grands moyens de production, sont restitués à la collectivité.
La Grande peur de l’après-guerre nous fait prendre conscience, d’une manière saisissante, de ce qu’eut d’extraordinaire l’entreprise dont l’usuelle léthargie des foules ne parut pas autrement secouée ; je veux parler du prodigieux renversement d’alliance qui s’opéra avec une telle rapidité, sous la poussée américaine – la poussée Truman – muant cette Allemagne, haïe la veille pour avoir mis le feu à l’Europe, en un allié courtisé, choyé, privilégié.
Le réarmement allemand – dont l’URSS pouvait à juste titre s’inquiéter – devint l’ambition majeure des Anglo-Saxons, et c’est particulièrement et très littéralement dans ce dessein que nous entendîmes à Zurich, le 19 septembre 1946, Churchill évoquer, réclamer « les Etats-Unis d’Europe », organisation dont, pour lui, la principale composante devait être une Allemagne puissamment remilitarisée. Le discours de Zurich ne peut s’interpréter dans son intention précise que par référence au discours prononcé quelques mois plus tôt par le vieux « lion » anglais, à Fulton, en présence de Truman, véhément appel à un anti soviétisme militant.
Et c’était à l’heure même, je m’en souviens, où l’un des plus ardents apôtres du « Réarmement moral » m’expliquait sans ambages que ce noble et généreux effort comportait en corollaire obligatoire, un réarmement de l’Allemagne non plus « moral » seulement, mais matériel avec ampleur.
A lire, à lire, le gros et lucide travail de François Fonvieille-Alquier, lequel n’est pas communiste, et qu’un seul souci anime, celui de voir clair et de ne pas s’en laisser conter. »
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