Encouragements — et conseils importants — pour faire vos propres ateliers constituants : « LA LOI EST L’EXPRESSION DE LA VOLONTÉ GÉNÉRALE » : VRAI OU FAUX ?

2/11/2020 | 7 commentaires

.

Il est impor­tant de rédi­ger nos articles dans une langue simple et uni­voque (por­teuse d’un seul sens pos­sible), pour que tous les citoyens puissent la lire et la comprendre.

L’ex­pli­ca­tion de l’ar­naque com­mence à la minute 3.
Cet extrait de 7 minutes vient de cette vidéo : https://​you​tu​.be/​n​N​Z​2​j​X​9​H​BmY (où l’ar­naque du peuple par les par­le­men­taires est expli­quée à 16’05) :

Exemple impor­tant d’ex­pres­sion poly­sé­mique (ayant plu­sieurs sens) et donc poten­tiel­le­ment très trom­peuse : l’ex­pres­sion « La loi est l’expression de la volon­té géné­rale (DDHC 1789) » est sou­vent com­prise (même par des juristes) car­ré­ment À L’ENVERS de son sens véri­table (et sou­hai­table) qui est « la loi DOIT ÊTRE l’ex­pres­sion de la volon­té géné­rale ». En effet, en droit l’in­di­ca­tif vaut impé­ra­tif, et DONC le sens véri­table de cette for­mule est une impor­tante obli­ga­tion qui pèse sur les épaules des par­le­men­taires : selon la consti­tu­tion, les par­le­men­taires DOIVENT se confor­mer à la volon­té géné­rale, qu’ils doivent donc recher­cher et res­pec­ter abso­lu­ment (sauf à deve­nir parjures).

C’est très impor­tant, parce que nous accep­tons des choses ter­ribles au nom de ce grand principe.
En accep­tant l’i­dée que la loi est tou­jours légi­time (puis­qu’on la dit « par essence » équi­va­lente à la volon­té géné­rale), nous accep­tons tous la rigueur de la police, de la jus­tice, des impôts, de la pri­son même…

L’en­jeu de la com­pré­hen­sion popu­laire de cette for­mule est donc abso­lu­ment essen­tiel, politiquement :

• Si l’on com­prend (à tort) la for­mule dans le lan­gage cou­rant, toute loi est bonne, par défi­ni­tion, et donc il ne peut pas y avoir de loi scé­lé­rate (contre laquelle les citoyens seraient légi­times à résis­ter) : les par­le­men­taires sont nos maîtres.

• Au contraire, si on com­prend bien la for­mule dans sa vraie signi­fi­ca­tion, nous sommes les maîtres des légis­la­teurs, qui doivent enquê­ter en per­ma­nence pour connaître la volon­té géné­rale, qu’il doivent abso­lu­ment la res­pec­ter. D’où la pos­si­bi­li­té que cer­taines lois soient mau­vaises (sans aucune inter­dic­tion de prin­cipe), et DONC aus­si la pos­si­bi­li­té de résis­ter légi­ti­me­ment à des lois scé­lé­rates (contraires à la volon­té générale).

Par exemple, en février 2008, quand les par­le­men­taires ont voté en Congrès le CONTRAIRE abso­lu de ce que les citoyens avaient voté en 2005, ce fut une félo­nie, incri­mi­née pré­ci­sé­ment par l’ar­ticle 6 de la DDHC qui inter­dit cette façon de légi­fé­rer contre la volon­té géné­rale  — et cette tra­hi­son suprême aux consé­quences immenses devra un jour être punie.

D’une façon géné­rale, quand un poli­ti­cien dit « je l’ai voté, donc c’est la loi, donc c’est la volon­té géné­rale, donc tai­sez-vous c’est moi qui com­mande », il est dans une INVERSION abso­lue de l’au­to­ri­té légi­time, il inverse les rôles et IL SE PROCLAME CHEF DE SON SOUVERAIN ! C’est à la fois une impos­ture et une tra­hi­son. Et nous, par igno­rance de ce sens caché, nous le lais­sons faire (ce qui lui per­met de conti­nuer comme ça pour tou­jours, tant qu’on ne se met­tra pas en travers)


Nota : Les plus grands pen­seurs avaient déjà repé­ré au 18e siècle l’i­dée que je défends depuis 2005 : « ce n’est pas aux hommes au pou­voir d’é­crire les règles du pou­voir » ; Ain­si Sieyes lui-même disait en 1789 : « Aucune sorte de pou­voir délé­gué ne peut rien chan­ger aux condi­tions de sa délégation. »


Nota : la Décla­ra­tion des droits de la femme et de la citoyenne (1791), elle, est plus claire, plus hon­nête que la DDHC de 1789 : « La loi DOIT ÊTRE l’expression de la volon­té générale »

DONC, il peut exis­ter des lois scé­lé­rates, des lois injustes, que les citoyens sont légi­times à com­battre de toutes leurs forces.


À remar­quer aus­si cet pré­ci­sion inté­res­sante, dans la Décla­ra­tion des droits de la femme et de la citoyenne (1791) : « la consti­tu­tion est nulle, si la majo­ri­té des indi­vi­dus qui com­posent la Nation, n’a pas coopé­ré à sa rédaction. »

Source : https://gallica.bnf.fr/essentiels/anthologie/declaration-droits-femme-citoyenne‑0

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :

Pour m'aider et m'encourager à continuer, il est désormais possible de faire un don.
Un grand merci aux donatrices et donateurs : par ce geste, vous permettez à de beaux projets de voir le jour, pour notre cause commune.
Étienne

Catégorie(s) de l'article :

7 Commentaires

  1. Benoit Daroussin

    « La loi est l’ex­pres­sion de la volon­té géné­rale. Tous les Citoyens ont droit de concou­rir per­son­nel­le­ment, ou par leurs Repré­sen­tants, à sa for­ma­tion. »(DDHC1789)
    ->Assem­blée légis­la­tive tirée au sort (et 1 autre élue)
    + RIC en toute matière
    « Aucune sorte de pou­voir délé­gué ne peut rien chan­ger aux condi­tions de sa délé­ga­tion. »(Sieyès, 1789)
    -> RIC en toute matière + Assem­blée consti­tuante tirée au sort (+inter­dic­tion du conflit d’in­té­rêt consti­tuant + inéli­gi­bi­li­té à vie des acteurs constituants)
    —-
    Remarque : C’est mar­qué « doit être » dans la Décla­ra­tion des droits de la femme et de la citoyenne (1791) « La loi doit être l’ex­pres­sion de la volon­té générale »
    À remar­quer aus­si cet ajout inté­res­sant : « la consti­tu­tion est nulle, si la majo­ri­té des indi­vi­dus qui com­posent la Nation, n’a pas coopé­ré à sa rédaction. »
    https://gallica.bnf.fr/essentiels/anthologie/declaration-droits-femme-citoyenne‑0

    Réponse
  2. Féréniki

    Non, la loi n’est pas l’ex­pres­sion de la volon­té générale.
    Parce que la loi c’est ça :

    https://​codes​-et​-lois​.fr/

    Donc si la loi doit être l’ex­pres­sion de la volon­té géné­rale, on a du pain sur la planche ! On com­mence par quoi ??
    For­get it !
    La loi est un mic mac de lois qui peuvent se contre­dirent les unes les autres !
    Un avo­cat « com­pé­tent » sait pui­ser dans ce mic mac la loi qui peut inno­cen­ter le pire des voyous, ou condam­ner le plus innocent !
    Par contre, la Consti­tu­tion doit être l’ex­pres­sion de la volon­té générale !
    Et la Consti­tu­tion doit pro­té­ger les citoyens de l’a­bus d’u­ti­li­sa­tions de lois scé­lé­rates qui ne sont pas l’ex­pres­sion de la volon­té générale.

    Réponse
  3. Adrien Bonnet

    Devoir en vue de l’ob­ten­tion du diplôme d’i­diot utile de l’oligarchie

    Énon­cé :
    1) iden­ti­fiez les élé­ments fon­dant le droit de vote dans le bloc consti­tu­tion­nel français ;
    2) faites de même pour le droit au travail ;
    3) expli­ci­tez ce qui empêche le droit au tra­vail d’être orga­ni­sé comme le droit de vote ;
    4) ana­ly­sez ce qui empêche le droit de vote d’être orga­ni­sé comme le droit au travail.

    Ques­tion-bonus : le chô­mage est-il constitutionnel ?

    Aide : le droit au tra­vail est en réa­li­té un devoir, ce que le droit de vote n’est pas.

    Vous avez trois heures. Les copies seront notées sur 20 et 80% des ins­crits auront leur diplôme.

    Réponse
  4. MCP

    « la loi est l’ex­pres­sion de la volon­té géné­rale » (Art. 6 DDHC 1789)
    Est-ce effec­ti­ve­ment le cas ?
    Quoi écrire dans la Consti­tu­tion pour que cet article devienne une réalité ?
    Voi­ci un exemple de sujet d’a­te­lier consti­tuant acces­sible à tous.
    Par­ta­gé sur le MCP :
    https://​www​.face​book​.com/​m​o​u​v​c​o​n​s​t​p​o​p​/​p​o​s​t​s​/​5​4​0​6​8​8​7​7​4​4​2​4​013

    Réponse
    • Étienne CHOUARD

      Mer­ci.

      Pro­po­si­tion ;

      Art. 1 : La loi doit être l’ex­pres­sion de la volon­té générale.
      Art. 2 : À l’i­ni­tia­tive de 100 000 citoyens, le peuple peut, par réfé­ren­dum, abro­ger une loi qui ne cor­res­pond pas à sa volonté.
      Art. 3 : L’as­sem­blée dont une loi a été abro­gée par réfé­ren­dum est aus­si­tôt révo­quée et remplacée.

      (ce qui devrait conduire les repré­sen­tants à bien cher­cher la vraie volon­té géné­rale avant de voter une loi.)

      Réponse
  5. Étienne CHOUARD

    Benoît Darous­sin a publié ce com­men­taire très inté­res­sant sur Facebook : 

    Etienne : Tho­mas Jef­fer­son pour une consti­tu­tion citoyenne ? « Je ne connais d’autre dépo­si­taire sûr des pou­voirs ultimes de la socié­té que le peuple lui-même » « C’est le vrai cor­rec­tif des abus du pou­voir constitutionnel. »

    De Tho­mas Jef­fer­son à William Charles Jar­vis, le 28 sep­tembre 1820
    Mon­ti­cel­lo (Etat de Vir­gi­nie, usa)

    Je vous remer­cie, Mon­sieur, de la copie de votre Répu­bli­cain que vous avez eu la bon­té de m’en­voyer ; et j’au­rais dû le recon­naître plus tôt, mais que je viens de ren­trer chez moi après une longue absence. Je n’ai pas encore eu le temps de le lire sérieu­se­ment : mais en le par­cou­rant briè­ve­ment, j’y vois beau­coup d’ap­pro­ba­tion, et je serais heu­reux s’il condui­sait notre jeu­nesse à l’ha­bi­tude de pen­ser sur de tels sujets et pour eux-mêmes. 

    On peut s’at­tendre à ce qu’il ait cette ten­dance, et pour cette rai­son je res­sens l’ur­gence de noter ce que je consi­dère comme une erreur en lui, d’au­tant plus exi­geant que votre opi­nion est ren­for­cée par celle de beau­coup d’autres. Vous sem­blez, aux pages 84. & 148, consi­dé­rer les juges comme les arbitres ultimes de toutes les ques­tions consti­tu­tion­nelles : doc­trine très dan­ge­reuse en effet et qui nous pla­ce­rait sous le des­po­tisme d’une Oli­gar­chie. Nos juges sont aus­si hon­nêtes que les autres hommes, et pas plus, ils ont, avec d’autres, les mêmes pas­sions pour le par­ti, pour le pou­voir et les pri­vi­lèges de leurs corps. Leur maxime est « boni judi­cis est ampliare juri­dic­tio­nim », et leur pou­voir est d’au­tant plus dan­ge­reux qu’ils sont en fonc­tion à vie, et non res­pon­sables, comme les autres fonc­tion­naires, devant le com­té électif. 

    La consti­tu­tion n’a pas éri­gé un tel tri­bu­nal unique sachant que, quelles que soient les mains confiées, avec les cor­rup­tions du temps et du par­ti, ses membres devien­draient des des­potes. Elle a plus sage­ment ren­du tous les dépar­te­ments co-égaux et co-sou­ve­rains en eux-mêmes. 

    Si la légis­la­ture ne par­vient pas à adop­ter des lois
    pour un recensement,
    pour payer les juges et autres offi­ciers du gouvernement,
    pour éta­blir une milice,
    pour la natu­ra­li­sa­tion, comme pres­crit par la constitution,
    ou s’ils ne se réunissent pas au Congrès,
    les juges ne peuvent pas émettre leur Man­da­mus pour eux. 

    Si le pré­sident ne par­vient pas à rem­pla­cer un juge,
    à nom­mer d’autres offi­ciers civils ou militaires,
    à déli­vrer les com­mis­sions nécessaires,
    les juges ne peuvent le contraindre, ils ne peuvent déli­vrer leur Man­da­mus ou diss­trin­gas à aucun offi­cier exé­cu­tif ou légis­la­tif pour impo­ser l’ac­com­plis­se­ment de leurs devoirs offi­ciels, pas plus que le pré­sident ou la légis­la­ture ne peut émettre d’ordres aux juges ou à leurs officiers. 

    Tra­his par l’exemple anglais, & incons­cients, à ce qu’il semble, du contrôle de notre consti­tu­tion sur ce point par­ti­cu­lier, ils ont par­fois outre­pas­sé leur limite en s’en­ga­geant à com­man­der aux offi­ciers exé­cu­tifs l’exer­cice de leurs fonc­tions exécutives. 

    Mais la consti­tu­tion, en gar­dant les trois dépar­te­ments dis­tincts et indé­pen­dants, res­treint l’au­to­ri­té des juges aux organes judi­ciaires, comme elle le fait pour l’exé­cu­tif et le légis­la­tif, aux organes exé­cu­tifs et légis­la­tifs. les juges ont cer­tai­ne­ment plus sou­vent l’oc­ca­sion d’a­gir sur les ques­tions consti­tu­tion­nelles, parce que les lois de meum & teum et d’ac­tion cri­mi­nelle, for­mant la grande masse du sys­tème de droit, consti­tuent leur dépar­te­ment particulier. 

    Lorsque les fonc­tion­naires légis­la­tifs ou exé­cu­tifs agissent incons­ti­tu­tion­nel­le­ment, ils sont res­pon­sables devant le peuple en leur qua­li­té élec­tive. L’exemp­tion des juges de cela est bien assez dan­ge­reuse. Je ne connais d’autre dépo­si­taire sûr des pou­voirs ultimes de la socié­té que le peuple lui-même : et si nous ne le croyons pas assez éclai­ré pour exer­cer son contrôle avec une entière dis­cré­tion, le remède est, non de le lui reti­rer, mais d’é­clai­rer son pou­voir dis­cré­tion­naire par l’é­du­ca­tion. C’est le vrai cor­rec­tif des abus du pou­voir consti­tu­tion­nel.

    Par­don­nez-moi, Mon­sieur, pour cette dif­fé­rence d’o­pi­nion. Mon inté­rêt per­son­nel pour de telles ques­tions est entiè­re­ment éteint ; mais pas mes sou­haits pour la conti­nua­tion la plus longue pos­sible de notre gou­ver­ne­ment sur ses prin­cipes purs. Si les trois pou­voirs main­tiennent leur indé­pen­dance mutuelle l’un par rap­port à l’autre, cela peut durer long­temps ; mais pas si l’un peut assu­mer l’au­to­ri­té de l’autre. Je vous demande de recon­si­dé­rer fran­che­ment ce sujet, et je suis suf­fi­sam­ment sûr que vous tire­rez une conclu­sion franche. Agréez l’as­su­rance de mon grand respect.

    Jef­fer­son

    Sour­cei : https://founders.archives.gov/documents/Jefferson/98–01-02–1540?fbclid=IwAR04jRMEuLIFOEy9Xrefc3YEeQaSv40nwlQDHouUOePOmFXIRuQftP0L3xI

    Réponse
    • Maryse darget

      Mer­ci pour ces infos – articles – com­men­taires. Dès que la tem­pé­ra­ture exté­rieure se calme un peu, je remets mon sys­tème neu­ro­nal en activité.
      Seule à réflé­chir dans ce Gers accueillant !!! Et chaud ++ ces 4 ou 5 jours !!!
      Pour ce soir, je prends ++++ les encou­ra­ge­ments et… ne lâche rien .
      Mer­ci infi­ni­ment à vous, à tous ! !
      Maryse

      Réponse

Laisser un commentaire

Derniers articles

[Dérive du pouvoir scolaire] Le préparateur – Alain, 25 août 1906

[Dérive du pouvoir scolaire] Le préparateur – Alain, 25 août 1906

[LE PRÉPARATEUR] Un nouvel examen vient d'être institué, à la suite duquel on pourra recevoir un certificat d'aptitude aux fonctions de magistrat. Il en sera de cet examen comme de tous les autres, il donnera de bons résultats au commencement, et de mauvais ensuite....