[Passionnant et important] Interdit d’interdire – Franck Lepage : « Covid-19 : l’ami des dominants »

8/04/2020 | 13 commentaires

https://​you​tu​.be/​p​6​d​8​2​Y​w​S​F​I​I​&​f​e​a​t​u​r​e​=​e​m​b​_​t​i​tle

Et voi­ci le texte dont parlent Fré­dé­ric et Franck :

COVID-19, l’ami des domi­nants : un texte écrit par l’équipe de L’ardeur, asso­cia­tion d’éducation popu­laire politique

Pour ce gou­ver­ne­ment anti-popu­laire, enga­gé dans une poli­tique de des­truc­tion de la pro­tec­tion sociale et de répres­sion poli­cière des colères, des mobi­li­sa­tions et des insur­rec­tions qui en découlent, le COVID-19 per­met de réa­li­ser plu­sieurs tests en gran­deur nature :

– Test de contrôle de la popu­la­tion (répres­sion, pri­son, héli­co­ptères, drones, communications).

– Test d’obéissance de la police dans ce contrôle des populations.

– Test de pri­va­ti­sa­tion-dis­lo­ca­tion de l’éducation natio­nale trans­fé­rée en e‑learning.

– Test d’avancement de la vidéo-méde­cine à distance.

– Test de sou­mis­sion des médias, de la popu­la­tion et des gauches (union natio­nale oblige).

– Test de démo­li­tion avan­cée du droit du travail.

1 – Le contexte

Depuis les années 1980, l’effacement de l’hypothèse com­mu­niste (1) laisse le capi­ta­lisme en roue libre et l’humanité livrée aux inéga­li­tés mons­trueuses qui l’accompagnent. Or les pro­fits ne se réa­lisent plus sur la fabri­ca­tion et la vente de mar­chan­dises qui sont en sur­pro­duc­tion (les voi­tures de 2018 ne sont tou­jours pas écou­lées) mais sur la finan­cia­ri­sa­tion-casi­no de l’économie et les réduc­tions de dépenses publiques dans le cadre de poli­tiques d’austérité. Si le capi­ta­lisme euro­péen s’est assu­ré tout un temps de l’ordre social en échange de poli­tiques de pro­tec­tion sociale, il s’aligne (dès 1983 en France) sur le capi­ta­lisme amé­ri­cain et s’engage dans la voie d’une pri­va­ti­sa­tion-mar­chan­di­sa­tion de la socié­té et d’une des­truc­tion des ser­vices publics. Ces der­nières se réa­lisent dès Maas­tricht, puis dans l’imposition de la « Consti­tu­tion » de l’Union Euro­péenne et de sa mon­naie unique inter­di­sant aux États d’agir sur la pro­tec­tion sociale par des dépenses publiques, les­quelles sont désor­mais sou­mises à l’impératif de non-infla­tion, d’interdiction des aug­men­ta­tions de salaires pour main­te­nir le taux de pro­fit des domi­nants, pro­prié­taires d’entreprises ou tra­ders. Mais réduire la pro­tec­tion sociale, réduire et sup­pri­mer les allo­ca­tions chô­mage, déman­te­ler les soins de san­té, démo­lir la recherche, sup­pri­mer des postes à l’éducation natio­nale, vendre les bar­rages et les aéro­ports, bais­ser puis écra­ser les retraites… tout cela génère des mou­ve­ments de popu­la­tion insur­rec­tion­nels et incon­trô­lables (les gilets jaunes en sont un exemple) qui sup­posent que l’État se pré­pare à la guerre sociale en armant son dis­po­si­tif poli­cier vers le contrôle des mou­ve­ments insur­rec­tion­nels. Après les LBD, voi­ci les drones et le sui­vi des smart­phones. Dans son der­nier ouvrage « La lutte des classes au 21e siècle » (2), Emma­nuel Todd évoque la dérive fas­cis­toïde du gou­ver­ne­ment Macron. Nous y sommes !

L’union natio­nale : vous avez aimé « Je suis Char­lie » ? Vous allez ado­rer COVID-19 !

« Nous sommes en guerre », a décla­mé sept fois Macron. Invi­sible, dif­fus, insai­sis­sable l’ennemi com­bat­tu ? Qu’importe ! Car dési­gner un enne­mi, a for­tio­ri invi­sible, c’est faire taire tous les désac­cords, au nom de l’union sacrée ! Si l’éducation popu­laire consiste à com­prendre les sys­tèmes à l’œuvre dans un évé­ne­ment, et à déjouer les effets de pro­pa­gande en tra­quant les biais de pen­sée, il convient de s’alerter col­lec­ti­ve­ment sur cet appel à l’union natio­nale : « Plus de place pour la divi­sion », res­sassent les chro­ni­queurs. Mais rien n’est plus étran­ger à l’éducation popu­laire qu’une union sacrée renon­çant à toute cri­tique der­rière un chef auto­ri­taire ! Refu­ser cette injonc­tion au consen­sus et à l’enrouement du débat rend alors néces­saire d’apporter notre voix à l’analyse de la situation…

La seule guerre à laquelle nous assis­tons est celle que le capi­ta­lisme mène sur nos exis­tences. Dans cette crise sani­taire, que peut-on attendre d’un pou­voir qui a si féro­ce­ment et si conti­nû­ment atta­qué la pro­tec­tion sociale de sa popu­la­tion, démo­li l’hôpital, les retraites, le chô­mage, la for­ma­tion conti­nue, qui a riva­li­sé de sup­pres­sions de fonc­tion­naires avec les autres can­di­dats à la pré­si­den­tielle (moi 200 000 ! Non… moi 500 000 ! ) ? Rien !

Macron n’existe pas. La démo­li­tion de l’hôpital public a com­men­cé avec Mit­ter­rand et Béré­go­voy dès le départ des ministres com­mu­nistes en 1983, et s’est pour­sui­vie avec les autres pré­si­dents. Macron lui-même n’a été fabri­qué que pour prendre la suite des ser­vi­teurs du capi­tal qui l’ont pré­cé­dé à ce poste, et choi­si pour sa capa­ci­té de nui­sance… Car, pri­vé de toute marge de manœuvre éco­no­mique ou moné­taire dans le cadre de l’UE, il n’a aucun autre pou­voir que celui de nous nuire. En s’affichant sans honte dans un hôpi­tal satu­ré pour com­battre les effets d’une situa­tion dont il a fabri­qué les causes, lui qui a sup­pri­mé plus de 4 000 lits d’hôpitaux sur la seule année 2018 et a char­cu­té plu­sieurs cen­taines de mil­lions d’euros de moyens alloués aux per­son­nels médi­caux… Macron ne sau­rait nous rendre dupes : il n’est pas, et ne sera jamais, notre sau­veur. Fidèle à son pro­gramme élec­to­ral exi­gé par le Medef, il se sai­si­ra de cette crise sani­taire pour ren­for­cer la dévas­ta­trice emprise du capi­ta­lisme sur nos exis­tences. À l’heure où beau­coup se remettent à lire https://​you​tu​.be/​4​a​5​g​y​L​7​a​HW8 (3) et font l’expérience en gran­deur nature d’un capi­ta­lisme qui déploie sa nui­sance par crises suc­ces­sives, on peut s’attendre – « crise » et « union natio­nale » obligent – à une démo­li­tion accé­lé­rée du droit du tra­vail, à une poli­tique accrue d’austérité et de réduc­tion des dépenses publiques.

Inter­ro­gé sur France Inter sur le fait de savoir si cette épi­dé­mie le ferait reve­nir sur sa pro­po­si­tion de 500 000 sup­pres­sions de postes de fonc­tion­naires, Bru­no Retailleau (qui bien que dans l’opposition par­le­men­taire n’a d’opposition à la poli­tique du gou­ver­ne­ment que l’apparence) affirme sans sour­ciller qu’il ne sera pas ques­tion de ralen­tir les réformes ! Ces gens-là ne tire­ront aucune leçon. Au contraire. Cette crise sera pour eux l’opportunité d’une accé­lé­ra­tion des des­truc­tions, notam­ment celle des ser­vices publics. Noam Chom­sky nous a prévenu·e·s : « Com­ment détruire un ser­vice public ? Com­men­cez par bais­ser son finan­ce­ment. Il ne fonc­tion­ne­ra plus. Les gens s’énerveront, ils vou­dront autre chose. C’est la tech­nique de base pour pri­va­ti­ser un ser­vice public »… et seule une insur­rec­tion ou une grève géné­rale les arrêtera.

Car avec le COVID-19, c’est la guerre des classes qui va se dur­cir par un enchaî­ne­ment trop pré­vi­sible pour ne pas être annon­cé : crise sani­taire, crise éco­no­mique, crise finan­cière et, en bout de course, crise sociale ! Quand le COVID-19 aura mis sur le car­reau un ou deux mil­lions de chômeur·se·s sup­plé­men­taires, on pour­ra comp­ter sur ce gou­ver­ne­ment, qui a déjà fait la démons­tra­tion de son amour de la pro­tec­tion sociale, pour nous concoc­ter quelques exo­né­ra­tions de coti­sa­tions, dégrè­ve­ments, allè­ge­ments fis­caux sup­plé­men­taires pour les patrons, bonus records pour les tra­ders les plus malins, dont le job n’est pas de finan­cer l’économie mais de jouer à la baisse ou à la hausse les fluc­tua­tions de l’économie… Pour eux, cette crise est un cadeau, qui comme, toutes les crises finan­cières avant elle, ne sera rien d’autre qu’une banale crise cyclique de la sur­pro­duc­tion qui per­met au capi­tal de se concen­trer encore un peu plus en liqui­dant les maillons faibles des petites entre­prises et en écra­bouillant les tra­vailleurs sous l’œil docile des lan­ceurs de LBD et des médias. Le capi­ta­lisme est le seul mode de pro­duc­tion dans lequel les crises prennent la forme d’une sur­pro­duc­tion (https://​wiki​rouge​.net/​C​r​i​s​e​_​d​e​_​s​u​r​p​r​o​d​u​c​t​ion).

2 – Le test sécuritaire

16 mars (jour de l’annonce du confi­ne­ment) : dans le dépar­te­ment des Côtes d’Armor, 1 cas détec­té (sur une popu­la­tion de 600 000 habi­tants). Le pré­fet fait sur­vo­ler les plages par des héli­co­ptères de la gendarmerie.

Si des mesures de pru­dence et confi­ne­ment dans le cas d’une épi­dé­mie sont un choix com­pré­hen­sible, encore peut-on s’interroger sur les dif­fé­rentes moda­li­tés pos­sibles d’un tel confi­ne­ment : total ou régio­nal, par tranche d’âge, avec ou sans pos­si­bi­li­té de s’aérer, etc. À l’exception d’un acci­dent nucléaire majeur, ou d’un virus que l’on contrac­te­rait par simple res­pi­ra­tion dans l’air, aucune crise sani­taire ne peut jus­ti­fier l’interdiction de pro­me­nades soli­taires en forêt, sur des plages, dans les rues… Aucune crise sani­taire ne peut jus­ti­fier que l’on désigne les citoyen·ne·s comme des cou­pables en puis­sance (lorsqu’Édouard Phi­lippe annonce que le gou­ver­ne­ment prend des mesures de confi­ne­ment dras­tiques car les citoyens ne sont pas suf­fi­sam­ment dociles, il trans­forme tout un cha­cun en délin­quant). Aucune crise sani­taire ne peut jus­ti­fier une poli­tique hyper répres­sive incluant le sur­vol d’une plage par des héli­co­ptères, l’interdiction de sor­tir plus de 20 minutes de chez soi, de s’éloigner de plus de 1km. Aucune crise sani­taire ne peut jus­ti­fier que l’on ferme les parcs et les jar­dins publics. Aucune crise sani­taire ne peut jus­ti­fier que l’on punisse des citoyen·ne·s d’amendes lourdes (jusqu’à 3 500 €) et de pri­son (six mois) en cas de pro­me­nades soli­taires. N’importe quel gou­ver­ne­ment sou­cieux du bien-être de la pro­tec­tion de sa popu­la­tion en cas de crise sani­taire devrait au contraire prendre acte des dif­fi­cul­tés per­son­nelles, fami­liales, psy­cho­lo­giques, sociales consi­dé­rables qu’entraîne un confi­ne­ment, et le rendre sup­por­table en invi­tant lar­ge­ment la popu­la­tion à s’aérer et à sor­tir se pro­me­ner, à condi­tion de res­pec­ter les mêmes règles de gestes bar­rières qui sont deman­dées pour le tra­vail qui, lui, non seule­ment n’est pas soli­taire, non seule­ment est auto­ri­sé, mais est ren­du obli­ga­toire sur rap­pel du Medef.

Au risque du sen­ti­ment d’une humi­lia­tion col­lec­tive, aucune popu­la­tion ne peut com­prendre qu’elle soit obli­gée d’utiliser les trans­ports en com­mun pour aller tra­vailler, à condi­tion de res­pec­ter une dis­tance d’un mètre, mais qu’elle risque la pri­son si elle va se pro­me­ner sur une plage, en ne nui­sant à per­sonne, en ne met­tant per­sonne en dan­ger dans la mesure où elle res­pecte les mêmes règles que celles impo­sées dans l’utilisation des trans­ports en commun.

Avec Emma­nuel Todd, nous rap­pe­lons que « faute d’avoir prise sur l’Histoire, les gou­ver­nants fran­çais sont pas­sés « en mode aztèque ». Ils se vengent de leur impuis­sance au niveau inter­na­tio­nal en mar­ty­ri­sant leurs conci­toyens… ». Et ils peuvent comp­ter pour cela sur le zèle d’une police inféo­dée qui s’empressera de matra­quer les pro­me­neurs iso­lés à coups d’amendes à 135 euros pour leur apprendre à obéir. Nous savons depuis un an de gilets jaunes que nous ne pou­vons plus attendre aucune pro­tec­tion de la police. Que, comme dans toutes les périodes de crise, comme en 1940, elle choi­sit de ser­vir le gou­ver­ne­ment, et non plus le droit. Et cela risque bien de se ren­for­cer… Comme l’écrit Raphaël Kempf, avo­cat péna­liste, « il faut dénon­cer l’état d’urgence sani­taire pour ce qu’il est : une loi scé­lé­rate » ! Adop­té à marche for­cée pour une période soi-disant cir­cons­crite, cet état d’urgence vise des objec­tifs à plus long terme : celui de vio­ler les liber­tés élé­men­taires de tou·te·s, celui de don­ner à la police des pou­voirs illi­mi­tés, celui de venir enter­rer défi­ni­ti­ve­ment l’État de droit.

La consti­tu­tion de la 5e Répu­blique avait bri­co­lé un régime pré­si­den­tiel sur mesure pour un géné­ral dans une situa­tion de guerre en Algé­rie. Elle trans­for­mait le Par­le­ment en une chambre d’enregistrement, à l’image des 308 pan­tins recru­tés à la hâte sur entre­tien au prin­temps 2017 pour ser­vir de paillas­son au Medef. Entre les mains des Hol­lande, Sar­ko­zy, Chi­rac ou Macron, cette 5e Répu­blique est entre les mains de voyous carac­té­riels et doit être aban­don­née. Macron n’hésitera pas à se réfu­gier der­rière le COVID-19 pour uti­li­ser les pleins pou­voirs de l’article 16 et faire inter­dire la presse, les réseaux sociaux, et ce qu’il appelle déjà les fake news et les inci­ta­tions à la haine. Sa posi­tion est une posi­tion de haine de classe, et son gou­ver­ne­ment suinte la haine de classe. L’intérêt des ate­liers consti­tuants qui se mul­ti­plient par­tout en France est de nous pré­pa­rer à écrire nous-mêmes la consti­tu­tion dont nous aurons besoin quand nous aurons chas­sé ce pouvoir.

Cette guerre de classes, cette guerre au peuple, cette guerre aux pauvres, est lisible au niveau spa­tial, géo­gra­phique. Dès les pre­miers jours, les médias ont évo­qué le manque de « civisme » des habitant·e·s des quar­tiers popu­laires, épinglé.e.s pour leur incons­cience face à la pro­pa­ga­tion et leur refus des contrôles : ain­si, le 19 mars, BFMTV dénonce des « vio­lences urbaines mal­gré le confi­ne­ment », des « rébel­lions et cra­chats sur des poli­ciers » et même « des regrou­pe­ments sur les toits d’immeuble » pour y faire des bar­be­cues (jusqu’à quelle extré­mi­té peuvent aller ces petits voyous de ban­lieue !). Depuis, des témoi­gnages attestent d’interpellations poli­cières vio­lentes dans ces mêmes quar­tiers. Comme celle de Sofiane, 21 ans, habi­tant des Ulis (Essonne), qui, le 24 mars, a eu le grand tort de vou­loir sor­tir de chez lui pour aller tra­vailler (il est livreur pour Ama­zon !) : il a été ros­sé par les agents de la BAC pour avoir essayé d’échapper à leur contrôle (il n’avait pas son attes­ta­tion de dépla­ce­ment déro­ga­toire sur lui). Ima­gine-t-on les mêmes scènes à Neuilly ou à Pas­sy ? Et, comme ce fut le cas pour les gilets jaunes, ces vio­lences poli­cières sont encore lar­ge­ment sous-médiatisées.

3 – Des médias au garde-à-vous

En dehors des aspects pro­pre­ment médi­caux de la situa­tion sur les­quels nous ne sommes pas compétent·e·s (nous ne sommes pas micro­bio­lo­gistes et il y a déjà suf­fi­sam­ment de vidéos sur le coro­na­vi­rus, d’interviews et d’exposés de tous bords, de tous scien­ti­fiques pour ne pas inon­der davan­tage le débat), il nous revient en revanche d’interroger les aspects poli­tiques et en sou­mettre les contra­dic­tions à notre intel­li­gence col­lec­tive. Comp­ter sur nous-mêmes en somme et sur notre intel­li­gence cri­tique que nous nie l’intégralité (ou presque) des médias, doci­le­ment regrou­pés autour du pou­voir exécutif.

Le nombre de morts égre­né chaque jour dans nos médias est pro­fon­dé­ment anxio­gène. Le trai­te­ment média­tique de la situa­tion nous rend inévi­ta­ble­ment vul­né­rables et les consé­quences sur nos citoyen­ne­tés sont dra­ma­tiques. On ne compte plus les exemples de per­sonnes se fai­sant apos­tro­pher pour être sor­ties ache­ter du pain (fran­che­ment, a‑t-on vrai­ment besoin de pain frais quo­ti­dien en cette période de catas­trophe mon­diale ?) ou pour avoir ren­du visite à un proche. Tout le monde est en train de deve­nir le flic des autres. L’ambiance est à la dénon­cia­tion et aux milices de volon­taires qui vont bien­tôt patrouiller dans les rues. Sur­tout si ces chiffres ne sont pas expli­qués et qu’ils n’ont pour seule fonc­tion que de créer un trau­ma­tisme sur fond de méfiance cir­cu­laire et nour­rie de tous bords.

Expli­quer les chiffres, cela vou­drait dire les contex­tua­li­ser, les mettre en pers­pec­tives (his­to­riques notam­ment), les com­pa­rer à d’autres… Un exemple : sans vou­loir mini­mi­ser l’épidémie, il est inté­res­sant de savoir que le nombre de morts faits par le COVID-19 en quatre mois (envi­ron 30 000) est à peu près iden­tique au nombre de per­sonnes qui meurent de faim chaque jour. Ou que le palu­disme cause encore plus de 450 000 décès chaque année. Sans qu’on ne s’alarme, dans ces deux cas, des mesures à mettre en place pour évi­ter pareilles héca­tombes. Et que dire de cette infor­ma­tion en boucle sur les Ehpad qui se confinent avec le per­son­nel ? Il y a en France 610 000 décès chaque année (une per­sonne toute les 50 secondes) dont 25 % en Ehpad. Les décès au sein des Ehpad repré­sentent donc plus de 150 000 morts par an. Nous par­ler des décès en Ehpad, c’est nous les pré­sen­ter comme un pro­blème injuste et ter­ri­fiant. On se demande alors ce qu’est la repré­sen­ta­tion d’un Ehpad pour un chro­ni­queur de TF1 : une colo­nie de vacances ? Une tha­las­so­thé­ra­pie ? Ou un de ces mou­roirs sans per­son­nel ven­du au pri­vé, qu’on intègre de façon défi­ni­tive mais dans lequel on vous garan­tit un pla­ce­ment à 11 % si vous ache­tez une chambre pour la louer aux rési­dents ? Pour rap­pel (car c’est aus­si cela mettre les chiffres en pers­pec­tives), la moyenne d’âge des morts du coro­na­vi­rus en France est de 81,2 ans ! Et si la mort du musi­cien Manu Diban­go a sus­ci­té beau­coup d’émoi, pré­ci­sons tout de même qu’il avait… 86 ans.

La télé gou­ver­ne­men­tale nous montre en boucle l’hôpital de Mul­house satu­ré, l’armée qui éva­cue des malades en avion vers Tou­lon. Les tentes de méde­cine de guerre… ter­rible ! Mais elle se garde bien de ques­tion­ner les odieux petits sol­dats des ARS (Agences régio­nales de san­té) qui ont vidé l’hôpital de tous ses moyens, de tous ses per­son­nels, qui ont mis cent direc­teurs en démis­sion admi­nis­tra­tive il y a deux mois, et qui font fonc­tion­ner le maté­riel hos­pi­ta­lier en flux ten­dus .. Tra­dui­rons-nous un jour les ARS devant les tri­bu­naux pour mise en dan­ger déli­bé­rée à grande échelle de la vie d’autrui ?

Et c’est pro­ba­ble­ment à la lec­ture des médias de gauche ou d’extrême gauche qu’on mesure la puis­sance de cette mani­pu­la­tion à grande échelle. C’est cela une union natio­nale : faire taire notre capa­ci­té cri­tique, adhé­rer à l’autorité du pou­voir. La chaîne You­tube « Osons cau­ser » qui, jusqu’à peu décryp­tait les dif­fé­rentes faces des poli­tiques macro­nistes, est désor­mais réduite à réper­cu­ter les ordres gou­ver­ne­men­taux : « Res­tez chez vous ! ». Si nous vou­lons prendre des leçons de civisme, nous n’avons pas besoin d’ « Osons cau­ser », nous avons déjà TF1 pour trai­ter quelques doux pro­me­neurs de « délin­quants des parcs ». Le phi­lo­sophe Vla­di­mir Jan­ke­le­vitch écri­vait : « Je serai tou­jours le gar­dien de tes droits et jamais le flic de tes devoirs ». Si « Osons cau­ser » renonce à sa mis­sion d’éducation popu­laire, la preuve est appor­tée que le test en gran­deur nature de sou­mis­sion des médias (y com­pris ceux cen­sés cri­ti­quer l’ordre de la domi­na­tion) fonctionne !

S’il est si dur pour des médias, quels qu’ils soient, d’échapper à ces logiques mani­pu­la­trices, s’ils épousent si faci­le­ment la logique du pou­voir, c’est que les condi­tions de fabri­ca­tion de l’information les ont déjà ren­dus struc­tu­rel­le­ment per­méables à cette logique.

Et déjà, la place prise par les chaînes d’info en conti­nu, avec sa consé­quence : la course à l’information en « temps réel ». Temps réel ? Allons bon… Cela sup­po­se­rait qu’existe un temps « irréel » ? Ne serait-ce pas jus­te­ment ce temps qu’on nous vend pour du « réel » qui, en éva­cuant l’histoire et les pro­ces­sus d’émergence des phé­no­mènes, consti­tue l’« irréel », un temps qui n’a pas de sens ? Dans ce monde-là, il faut occu­per l’antenne et meu­bler les flux en per­ma­nence. Donc trou­ver du nou­veau au fil des jours, au fil des heures… Heu­reu­se­ment, ce qu’il y a de nou­veau, presque en per­ma­nence, ce sont les chiffres. Alors… bin­go sur ces chiffres qui montent, qui viennent s’aligner de manière ver­ti­gi­neuse sur les écrans ! Chaque jour apporte son lot de « nou­veau record », de « chiffre jamais atteint »… Puisqu’il s’agit d’une « pan­dé­mie » en plein essor, la pro­ba­bi­li­té que le nombre de nou­veaux cas détec­tés ou de nou­veaux décès à l’hôpital en 24 heures soit infé­rieur à celui de la veille est sans doute infé­rieure à 1 %, non ? Donc balan­cer cette info, ce n’est pas vrai­ment un scoop, on est d’accord ? Il y a d’ailleurs fort à parier que le jour­na­liste qui l’a annon­cée en mar­te­lant chaque mot sur un ton affo­lé, quand il rentre chez lui et retrouve son conjoint, il ne lui dit pas : « Tu sais, c’est incroyable : le chiffre a encore pro­gres­sé ! ». Oui : il est pro­bable que, dans sa vie pri­vée, il reste quelqu’un d’à peu près cen­sé. Mais quand il passe à l’antenne, il devient cet imbé­cile qui nous fait prendre des ves­sies pour des lanternes.

C’est que, sur les ondes, il faut sacri­fier aux rites de la dra­ma­ti­sa­tion. Pour « vendre » et faire du « buzz », il faut main­te­nir le « sus­pense », « feuille­ton­ner » l’information, avec, si pos­sible, un bon « cas­ting » et de « bons clients ». Autant de termes venus des mondes de la fic­tion et du com­merce et qui se sont pro­gres­si­ve­ment impo­sés dans les rédac­tions. C’est ain­si que se construit et se recons­truit le thème de la « vague » épi­dé­mique qui va défer­ler (sans qu’on ne sache jamais pour­quoi le « pic » est atten­du à tel moment). Avec sa consé­quence iné­luc­table, en gros titre à la « une » de l’Est Répu­bli­cain du 23 mars : « Vers un inévi­table dur­cis­se­ment du confi­ne­ment » (quatre semaines plus tôt, de nom­breux médias titraient sur le « recours inévi­table au 49.3 » à pro­pos de la réforme des retraites !). Pro­phé­tie auto-réa­li­sa­trice dans laquelle les médias oublient – ou feignent d’oublier – le rôle qu’ils jouent eux-mêmes.

Autre fac­teur struc­tu­rant : la place prise dans les médias par un bal­let d’experts où se suc­cèdent hypo­thèses hâtives et contra­dic­toires (sur les tests, le port de masques, l’efficacité du trai­te­ment par la chlo­ro­quine…), sans que les faux pro­nos­tics ne soient ensuite rec­ti­fiés et sans que l’on pré­cise que « méde­cin » n’est pas un titre suf­fi­sant pour se qua­li­fier d’expert en matière de COVID-19. Mais avec cette cer­ti­tude auto-pro­cla­mée : les fake news, c’est l’affaire des réseaux sociaux ; l’information sérieuse et véri­fiée, celle des médias main stream.

4 – La gou­ver­nance « scientifique »

Dans un monde où les demandes de finan­ce­ment de la recherche publique sur les coro­na­vi­rus sont res­tées lettre morte, où les mul­ti­na­tio­nales de la phar­ma­cie ont plus de pou­voirs que les États et où le vac­cin de ce coro­na­vi­rus engran­ge­ra des mil­liards de pro­fits, qu’est-ce qu’un expert ? Qui sont les « scien­ti­fiques » qui « conseillent » un gou­ver­ne­ment entiè­re­ment dévoué aux mul­ti­na­tio­nales ? (voir Mon­san­to-Macron, et les mil­liers de can­cers liés au Roun­dup). Y aura-t-il des conflits d’intérêts ? Jupi­ter met ses pas dans ceux d’un « conseil scien­ti­fique », créé le 10 mars et invi­té à inflé­chir voire à dic­ter les déci­sions. Cette délé­ga­tion de pou­voir à l’expertise « scien­ti­fique » pré­sente de mul­tiples dan­gers. Elle éteint toute contes­ta­tion au nom de l’intérêt supé­rieur : elle gomme ce que nous, gesticulant·e·s et formateur·trice·s, militant·e·s de l’éducation popu­laire, avons appris et ne ces­sons de mar­te­ler : tout point de vue est néces­sai­re­ment « situé », on ne parle tou­jours que de « quelque part », et avec une inten­tion. Mais non : les experts, eux, échappent à cette condi­tion humaine puisqu’ils parlent de nulle part et sans jamais aucune inten­tion autre que de nous trans­mettre la vérité.

C’est dire à quel point cette délé­ga­tion va faci­li­ter le pas­sage à une socié­té de contrainte…

5 – Le COVID19, révé­la­teur mais aus­si accé­lé­ra­teur des inéga­li­tés

Iso­le­ment des plus vul­né­rables, exploi­ta­tion des plus pré­caires, conta­mi­na­tion des plus exposé.e.s, stig­ma­ti­sa­tion des classes popu­laires (car ce peuple que l’on doit confi­ner, c’est bien celui des classes popu­laires, celles qui pour­raient déso­béir, ces classes dan­ge­reuses…), entas­se­ment des plus pauvres dans des loge­ments insa­lubres pen­dant que les bour­geois aisés des arron­dis­se­ments pari­siens fuient leur 200 m² pour aller (exode sani­taire oblige !) se mettre au vert dans leur mai­son secon­daire ou dans une vil­la louée pour l’occasion… cette crise sani­taire ampli­fie le déve­lop­pe­ment des rap­ports de domination.

Regar­dons du côté de la condi­tion des femmes. Par leur posi­tion dans la socié­té, les femmes repré­sentent indé­nia­ble­ment une classe fra­gi­li­sée par cette crise sani­taire et le confi­ne­ment que celle-ci impose. La situa­tion des femmes vic­times de vio­lences conju­gales est alar­mante. Les chiffres actuels montrent une aug­men­ta­tion de 32 % des cas depuis le début du confi­ne­ment. Des situa­tions où la pré­sence per­ma­nente du mari violent rend les demandes d’aide et les moyens de pro­tec­tion extrê­me­ment dif­fi­ciles. 210 000 femmes sont vio­len­tées par leur mari chaque année en France. Le confi­ne­ment porte donc ce chiffre à (au moins) 300 000. Belle réus­site du confi­ne­ment ! Tou­jours dans la sphère de l’intime, l’accès à l’avortement est fra­gi­li­sé, notam­ment pour les ado­les­centes qui n’ont plus de pré­texte pour sor­tir de chez elles.

Et puisque, dans cette crise, c’est bien le monde du tra­vail qui impose la marche à suivre, dans la sphère pro­duc­tive, l’exploitation des femmes se pour­suit. Il y a les plus pré­caires, celles qui vivent sous le seuil de pau­vre­té, celles qui n’auront pas le choix d’accepter de tra­vailler – quelles que soient les condi­tions sani­taires – pour pou­voir bou­cler la fin de mois. Il y a les femmes éle­vant seules leurs enfants, qui, faute d’école ou de nou­nou, subi­ront un chô­mage par­tiel qui les met­tra à terre. À la fin de la crise, quelle sera la pos­ture des banques envers ces femmes ?

On le sait : par­mi le tra­vail dédié aux femmes, celui du soin. Le 12 mars der­nier, Macron deman­dait au per­son­nel hos­pi­ta­lier de « conti­nuer à faire des sacri­fices ». La divi­sion sexuelle du tra­vail à l’œuvre dans notre socié­té fait repo­ser ce « sacri­fice » sur une large majo­ri­té de femmes : 90 % de femmes chez les aides-soi­gnantes, 87 % de femmes chez les infir­mières… Les postes pres­ti­gieux, eux, sont occu­pés par des hommes. Avec la pénu­rie de maté­riel de pro­tec­tion, entre l’aide-soignante et le chi­rur­gien, qui aura le masque ?

Le sacri­fice se joue entre les classes sociales qui se côtoient à l’hôpital. Le sacri­fice se joue entre les classes sociales tout court. Les femmes font par­tie des dominé·e·s, des exploité·e·s du sys­tème capi­ta­liste, à qui l’on demande de conti­nuer à faire mar­cher la machine éco­no­mique à n’importe quel prix, et qui n’en obtien­dront que du mépris (une prime de 1000 € ?) lorsque les puis­sants n’auront plus peur d’attraper la grippe.

6 – Le COVID19, arme de guerre… contre l’école

La mise en place de l’école à dis­tance est une aubaine pour qui s’acharne à détruire le ser­vice public. C’est une véri­table expé­ri­men­ta­tion gran­deur nature pour ter­mi­ner la pri­va­ti­sa­tion de l’école rêvée par l’OCDE (Orga­ni­sa­tion de coopé­ra­tion et de déve­lop­pe­ment éco­no­miques) et mise en œuvre par les ministres suc­ces­sifs depuis Luc Ferry.

Quoi de mieux que d’amener les ensei­gnants à se pen­ser comme des « faci­li­ta­teurs péda­go­giques » pour assu­rer la « conti­nui­té péda­go­gique » ? Le rêve ultime de l’idéologie libé­rale : l’enseignant·e est déchargé·e de toutes res­pon­sa­bi­li­tés édu­ca­tives, de tout désir de pen­ser l’élève comme un être humain com­plet et com­plexe. L’enfant n’existe plus. Le sacro-saint pro­gramme construit autour des com­pé­tences n’a plus qu’à être digi­ta­li­sé. Les enseignant·e·s deviennent des « inter­ve­nants à dis­tance », pra­ti­quant le « e‑learning », sur­fant sur des plate-formes pri­vées dont les conte­nus deviennent contrô­lables et éva­luables. Le contrôle : outil indis­pen­sable à la légi­ti­mi­té de la domi­na­tion. Pour preuve ce mail envoyé ce jour, par une ensei­gnante de mater­nelle, qui demande aux parents d’envoyer une pho­to de leur enfant en train de tra­vailler : « Nous devons assu­rer la conti­nui­té péda­go­gique et l’inspection nous demande de véri­fier qu’elle est bien mise en œuvre par les parents, sinon cela peut être consi­dé­ré comme de l’absentéisme ». Pres­sions, contrôles et menaces… on y retrouve alors tous les ingré­dients de la loi « pour la liber­té de choi­sir son ave­nir pro­fes­sion­nel », adop­tée en 2018, qui per­met d’imposer une « démarche qua­li­té » à tous les orga­nismes de for­ma­tion. Cal­quée sur des pro­cé­dures de ren­ta­bi­li­té indus­trielle, la démarche qua­li­té a réus­si le tour de force de mettre tous les orga­nismes de for­ma­tion en concur­rence, d’imposer un voca­bu­laire unique (celui de la langue de bois bien sûr), de récu­pé­rer tous les conte­nus péda­go­giques, de déma­té­ria­li­ser au maxi­mum en rédui­sant les liens humains au mini­mum. Une expé­ri­men­ta­tion gran­deur nature de ce qui est déjà à l’œuvre dans l’éducation nationale !

Alors on peut tou­jours pen­ser que l’école par inter­net, c’est juste pro­vi­soire, que non cette loi n’est pas une étape inter­mé­diaire pour finir de faire de l’école le réser­voir de main d’œuvre du capi­tal au détri­ment d’un lieu où pen­ser la socié­té de demain… si seule­ment cette expé­ri­men­ta­tion n’était pas déjà dans les tuyaux depuis plus de trente ans : baisse du nombre de fonc­tion­naires, pri­va­ti­sa­tion de l’enseignement supé­rieur, décen­tra­li­sa­tion favo­ri­sant le lien avec le mar­ché du tra­vail local, emploi de direc­teurs deve­nus des mana­gers, sup­pres­sions mas­sives des postes édu­ca­tifs et de soins dans les éta­blis­se­ments (psy­cho­logues sco­laires, assis­tants sociaux, édu­ca­teurs, infir­miers…), mise en concur­rence des éta­blis­se­ments par l’attaque du sta­tut d’enseignant (pré­ca­ri­sa­tion du métier, CDD, contractuel·le·s) et les ensei­gne­ments de spé­cia­li­tés avec la loi Blan­quer… Les bases sont posées, affir­mées, assu­mées… Com­ment être naïfs au point de pen­ser que cette période ne sera qu’une parenthèse ?

Et le place des enf… des élèves par­don ! C’est simple : on rem­place une heure de cours par une heure de tra­vail per­son­nel… La durée d’attention d’un élève en classe varie de 4 minutes en mater­nelle à 35 minutes par heure pour un adulte. Trans­for­mer alors une heure de cours en une heure de tra­vail per­son­nel, c’est mul­ti­plier l’exigence de pro­duc­ti­vi­té sco­laire par deux au mini­mum pour les lycéens. De plus, cela ne tient pas compte de chaque élève. Là où l’enseignant·e va éva­luer que, sur la classe d’âge concer­née, le tra­vail don­né est fai­sable en une heure, la réa­li­té sera que ce tra­vail sera réa­li­sé en 30 minutes par cer­tains et en 1h30 par d’autres. Ajou­tons à cela les condi­tions maté­rielles de chaque élève : chambre seule ou non, tra­vail sur ordi­na­teur ou sur smart­phone, accès à une impri­mante scan­ner ou pas, nombre de per­sonnes dans la mai­son et en capa­ci­té d’aider sco­lai­re­ment ou pas… Sans oublier qu’actuellement, celles et ceux qui sont tou­jours au tra­vail – et donc pas dis­po­nibles pour leurs enfants – sont les salarié·e·s les plus pré­caires : ouvrier·e·s, cais­sières, aides à domi­ciles …On voit bien à nou­veau les réa­li­tés maté­rielles niées, on voit bien com­ment, au pro­fit de la « conti­nui­té péda­go­gique », on enterre les enfants des classes popu­laires pour pou­voir applau­dir les quelques autres à la fin du confi­ne­ment… Bra­vo les enfants, vous voyez bien que c’était pos­sible : quand on veut, on peut !

Les ultra-libé­raux de l’Union euro­péenne et de l’OCDE l’ont rêvé, le COVID-19 l’a fait : la déma­té­ria­li­sa­tion com­plète et totale de l’éducation natio­nale. Les requins de l’ordre capi­ta­liste lorgnent sur ce ce mar­ché édu­ca­tif mon­dial à conqué­rir (esti­mé à 20 000 mil­liards de dol­lars, dont 7 000 mil­liards d’euros pour l’Europe). Le fruit est mûr pour pri­va­ti­ser le sys­tème édu­ca­tif… Il ne res­te­ra plus qu’à Hachette édi­tion (pro­prié­té du groupe Lagar­dère) à nous vendre par mil­lions les logi­ciels que cet ensei­gne­ment à dis­tance, assu­ré par des « uber-profs », néces­si­te­ra. Et que feront les parents ? Dans le marasme de l’offre pro­po­sée, dans ce cli­mat de com­pé­ti­tion achar­née, les familles paie­ront bien sûr, enfin celles qui le pour­ront ! Pour le plus grand bon­heur de la Bourse. L’OCDE l’a dit : les pers­pec­tives de pro­fit pour les inves­tis­seurs ins­ti­tu­tion­nels sur le mar­ché édu­ca­tif mon­dial sont de 1 à 7 quand elles ne sont que de 1 à 2 sur le mar­ché de la construc­tion automobile.

Et lorsqu’il fau­dra, une fois la mis­sion édu­ca­tive de l’éducation natio­nale pié­ti­née, se char­ger de trans­mettre quelques « savoir-être » et « com­pé­tences rela­tion­nelles » aux enfants et ado­les­cents, le mar­ché du déve­lop­pe­ment per­son­nel vien­dra nous vendre sa came à grands coups de confé­rences, de cours de coa­ching et de slo­gans plus creux les uns que les autres : « Sois le monde que tu veux voir », « La confiance en soi est le pre­mier secret du suc­cès », etc. Comme l’a si bien mon­tré Eva Illouz dans son livre Hap­py­cra­tie, le déve­lop­pe­ment per­son­nel est non seule­ment un mar­ché juteux, mais sur­tout l’ami pro­tec­teur des domi­nants puisqu’il contri­bue à invi­si­bi­li­ser les rap­ports sociaux de domi­na­tion (classe, race, genre) au pro­fit d’un seul dis­cours : « Tu as les res­sources en toi pour t’en sor­tir », et autres outils de culpa­bi­li­sa­tion indi­vi­duelle. Théo­ri­sée aux Etats-Unis, la « psy­cho­lo­gie posi­tive » est la condi­tion de la domi­na­tion capi­ta­liste dans les entre­prises et sur nos vies.

7 – COVID19 et droit du travail

Pen­dant qu’on nous invite à nous laver inlas­sa­ble­ment les mains, le patro­nat, lui, se les frotte ! Emma­nuel Macron est défi­ni­ti­ve­ment l’ami des grands patrons. Et voi­là la loi d’urgence face à l’épidémie qui auto­rise le gou­ver­ne­ment à agir par ordon­nances. Le texte 52 de ces der­nières per­met à l’employeur d’imposer une durée de tra­vail heb­do­ma­daire por­tée à 60 heures, le tra­vail le dimanche, des dates impo­sées de congés payés…

Il est inté­res­sant de com­pa­rer les inti­tu­lés de ces ordon­nances. Ici : « Ordon­nance por­tant mesures d’urgence en matière de congés payés, de durée du tra­vail et de jours de repos » ; et là : « Ordon­nance adap­tant tem­po­rai­re­ment les condi­tions et moda­li­tés d’attribution de l’indemnité com­plé­men­taire » . Il n’est sans doute pas ano­din de voir que, dans la seconde, appa­raît le terme « tem­po­rai­re­ment », indi­ca­tion à laquelle Muriel Péni­caud s’est for­mel­le­ment oppo­sée lorsqu’un amen­de­ment pro­po­sa de le faire figu­rer dans l’ordonnance « congés payés et autres… ». De là à pen­ser que ces déro­ga­tions au code du tra­vail soient des­ti­nées à per­du­rer…. Relance de l’économie oblige : 60 heures par semaine, réduc­tion du repos quo­ti­dien de onze à neuf heures, soit quinze heures de tra­vail-trans­port chaque jour ne font que nous ren­voyer aux condi­tions de 1841, date de la pre­mière loi sur le tra­vail. Cet « effort » qui va être impo­sé au monde du tra­vail ne sera pas impo­sé à toutes les caté­go­ries sociales. Un amen­de­ment visant à rele­ver le mon­tant de la contri­bu­tion excep­tion­nelle sur les hauts reve­nus, fai­sant pas­ser son taux de 3 % à 5 % des reve­nus supé­rieurs à 250 000 euros par an, a été sèche­ment rejeté.

Dans un tweet du 24 mars, Bru­no Le Maire demande aux entre­prises, notam­ment les plus grandes, « de faire preuve de la plus grande modé­ra­tion sur le ver­se­ment de divi­dendes. C’est un moment où tout l’argent doit être employé pour faire tour­ner les entre­prises ». Une simple demande donc, pas d’ordonnance ici pour contraindre le capi­tal à par­ti­ci­per à l’effort col­lec­tif alors même que les entre­prises euro­péennes s’apprêtent à ver­ser 359 mil­liards d’euros à leurs action­naires au titre des divi­dendes de l’année 2019. Pour­tant, mal­gré ces chiffres exor­bi­tants, l’État, pour pal­lier à la sus­pen­sion par­tielle de l’économie, va sou­te­nir ces mêmes entre­prises en pre­nant en charge une par­tie des salaires, à tra­vers les mesures de chô­mage par­tiel, ain­si qu’en sus­pen­dant les obli­ga­tions fis­cales et sociales de ces mêmes entreprises.

Au final, c’est bien aux travailleur·se·s que Macron s’en prend à nou­veau pour « sou­te­nir l’économie » en s’attaquant, non pas aux dettes sous les­quelles croulent les entre­prises et dont il pour­rait décla­rer un mora­toire, mais… aux coti­sa­tions sociales et aux impôts qu’elles versent, et au droit du travail.

Vou­lons-nous que la « guerre » menée par une classe diri­geante qui a mon­tré son impré­pa­ra­tion abso­lue à faire face à la pan­dé­mie – parce qu’elle a orga­ni­sé le démem­bre­ment des ser­vices publics et de la pro­duc­tion en France de biens de pre­mière néces­si­té – soit à nou­veau l’occasion d’une union sacrée pour « sau­ver l’économie » en s’attaquant aux travailleur·se·s et en sou­te­nant les prê­teurs capi­ta­listes, comme cela s’est fait en 2007 avec les beaux résul­tats que l’on sait ? Nous fai­sons depuis plus de dix ans l’expérience amère de la potion capi­ta­liste que Macron veut à nou­veau nous faire ava­ler alors que c’est elle qui nous a conduits à une impasse dont il pré­tend nous faire sor­tir en en rajou­tant une louche. C’est assez !

Nous n’allons pas nous faire avoir à nou­veau. Nous savons que nous ne pou­vons attendre que le pire des « mobi­li­sa­tions géné­rales » et de « l’union natio­nale » dans les­quelles nous enrôle la classe diri­geante sans nous deman­der notre avis, pour nous faire taire. Seule une mobi­li­sa­tion venue d’en-bas sera effi­cace contre le retour régu­lier de pan­dé­mies liées à une exces­sive divi­sion inter­na­tio­nale du tra­vail et à un rap­port de plus en plus mor­ti­fère au vivant et à la nature dans la folle orga­ni­sa­tion capi­ta­liste de la production.

La médio­cri­té de la réponse à la pan­dé­mie fait prendre conscience de l’absurdité de faire dépendre notre pro­duc­tion de groupes capi­ta­listes indif­fé­rents au main­tien d’un tis­su pro­duc­tif équi­li­bré sur un ter­ri­toire, qu’il soit régio­nal ou natio­nal : les exemples d’entreprises neuves fer­mées alors qu’elles pro­duisent des masques ou des bou­teilles d’oxygène ont fait le tour des réseaux sociaux. Les travailleur·se·s (pas l’État !) doivent deve­nir pro­prié­taires de tout outil de pro­duc­tion de biens com­muns, les action­naires doivent être évin­cés sans indem­ni­sa­tion, et les prê­teurs non remboursés.

Autre prise de conscience : les res­sources des per­sonnes ne doivent pas dépendre de l’aléa de leur acti­vi­té. Le confi­ne­ment laisse nus tous les indé­pen­dants et génère un chô­mage par­tiel plein de trous qui vont nota­ble­ment réduire les res­sources d’employés du pri­vé ou de contrac­tuels de l’État. Alors que les fonc­tion­naires, eux, conservent leur salaire, qui est lié à leur grade et non à leur emploi. Seul le salaire lié à la per­sonne (celui des fonc­tion­naires, celui des sala­riés à sta­tut, celui des retrai­tés… bref celui qu’attaquent avec déter­mi­na­tion tous les gou­ver­ne­ments de l’Union euro­péenne) nous per­met de sor­tir de la forme capi­ta­liste de la rému­né­ra­tion, qui la lie à la mesure d’activités aléa­toires avec le filet de sécu­ri­té d’un reve­nu de base. Nos per­sonnes doivent être libé­rées de cet aléa et recon­nues, de 18 ans à la mort, par un salaire posé comme un droit poli­tique et qu’il serait rai­son­nable d’inscrire dans une four­chette de 1 à 3. Chacun·e, à sa majo­ri­té, quels que soient son pas­sé sco­laire et son han­di­cap, est doté·e du pre­mier niveau de qua­li­fi­ca­tion, et donc des 1700 euros nets du Smic reven­di­qué, et peut, par des épreuves de qua­li­fi­ca­tion, pro­gres­ser jusqu’à un salaire pla­fond de 5000 euros nets : au-delà, les rému­né­ra­tions n’ont aucun sens. Droit poli­tique de tout adulte vivant sur le ter­ri­toire natio­nal, le salaire peut stag­ner, mais jamais dimi­nuer ou être supprimé.

La pro­prié­té de tout l’outil par les travailleur·se·s et le salaire lié à la per­sonne sup­posent une forte socia­li­sa­tion du PIB. Déjà, plus de la moi­tié est socia­li­sée dans les impôts et coti­sa­tions sociales. Il faut aller encore plus loin. La valeur ajou­tée des entre­prises doit être affec­tée non plus à des rému­né­ra­tions directes et à du pro­fit, mais à des caisses gérées par les travailleur·se·s comme l’a été le régime géné­ral de 1947 à 1967. Elles ver­se­ront les salaires et sub­ven­tion­ne­ront l’investissement, y com­pris par créa­tion moné­taire. Alors nous pour­rons libé­rer du capi­tal nos vies et notre pays.

La sur­ve­nue de l’épidémie de coro­na­vi­rus a mis en évi­dence l’état de déla­bre­ment de l’hôpital public après qua­rante années de poli­tiques libé­rales qui lui ont été impo­sées. Hasard du calen­drier, cette épi­dé­mie a conduit le gou­ver­ne­ment à sus­pendre son pro­jet de réforme des retraites. Mala­die, vieillesse : deux branches de la sécu­ri­té sociale réunies par les événements.

Comme Ambroise Croi­zat et ses co-déte­nus au bagne de « Mai­son car­rée » à Alger pré­pa­rèrent un plan com­plet de sécu­ri­té sociale, met­trons-nous à pro­fit cette période pour réflé­chir aux reven­di­ca­tions à por­ter dès la fin de la période de confi­ne­ment ? Par­mi celles-ci, une recons­truc­tion de la sécu­ri­té sociale dans ses struc­tures révo­lu­tion­naires de 1946, en reve­nant non seule­ment sur les exo­né­ra­tions de coti­sa­tions patro­nales, mais en reven­di­quant leur aug­men­ta­tion. Car c’est bien l’augmentation de ces coti­sa­tions qui per­mit à la sécu­ri­té sociale de sub­ven­tion­ner la mise en place des Centres hos­pi­ta­liers uni­ver­si­taires (CHU) au début de années 1960, trans­for­mant des mou­roirs en usines de san­té. Des plans de natio­na­li­sa­tion de l’industrie phar­ma­ceu­tique et de la recherche scien­ti­fique seraient éga­le­ment des reven­di­ca­tions incon­tour­nables. Pro­fi­ter de cette épi­dé­mie pour obte­nir la recon­quête de droits pré­cé­dem­ment conquis repré­sen­te­rait en quelque sorte un ren­ver­se­ment de la « stra­té­gie du choc ».

L’Ar­deur Confé­rences Gesticulées

Notes :
1 Alain Badiou : L’hypothèse com­mu­niste, Ed Lignes
2 Emma­nuel Todd : La lutte des classes en France au 21e siècle. Ed Seuil
3 Nao­mi Klein : La stra­té­gie du choc. Ed Babel

Source : http://​www​.ardeur​.net/​2​0​2​0​/​0​4​/​c​o​v​i​d​-​1​9​-​l​a​m​i​-​d​e​s​-​d​o​m​i​n​a​nts

http://​www​.ardeur​.net/​2​0​2​0​/​0​4​/​c​o​v​i​d​-​1​9​-​l​a​m​i​-​d​e​s​-​d​o​m​i​n​a​nts

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13 Commentaires

  1. ève

    Un bon moment avec plein de choses à réflé­chir , à engran­ger à la place des noci­vi­tés déjà exploi­tées à contre-coeur ! Merci

    Réponse
  2. Jacques

    Ce texte d’An­tho­ny Pou­li­quen, inti­tu­lé « Covid-19 : l’a­mi des domi­nants » est (à mon humble avis) une ten­ta­tive tout à fait réus­sie de luci­di­té. Tout domi­nant doté d’un mini­mum de finesse poli­tique (y com­pris en Rus­sie, si j’en crois le conte­nu d’un très récent article publié par le Saker fran­co­phone) ne pou­vait lais­ser pas­ser pareille « aubaine » sans essayer d’en tirer le meilleur par­ti en matière de Pou­voir. Voi­ci des jours que cette « évi­dence » de tests me trotte dans la tête. Bra­vo et mer­ci … à Antho­ny, à Franck, à Etienne.

    Réponse
  3. joss

    Anselm Lenz : Au nom du virus, la constitution allemande est mise hors jeu

    https://​www​.alte​rin​fo​.net/​A​n​s​e​l​m​-​L​e​n​z​-​A​u​-​n​o​m​-​d​u​-​v​i​r​u​s​-​l​a​-​c​o​n​s​t​i​t​u​t​i​o​n​-​a​l​l​e​m​a​n​d​e​-​e​s​t​-​m​i​s​e​-​h​o​r​s​-​j​e​u​_​a​1​5​4​2​8​8​.​h​tml
    Extrait :
    « Jusqu’à quel point cer­taines mesures d’urgence sont fas­cistes et com­ment recon­naît-on cet aspect fasciste ?

    Si les par­le­ments sont nive­lés, si la presse d’opposition est contrainte au silence, si les débats répu­bli­cains n’existent pas ou se voient niés, lorsque la police règne, empê­chant les mee­tings, et que la pré­somp­tion de non-culpa­bi­li­té et l’État de droit sont balayés, lorsque tous les droits de la liber­té se voient abo­lis : lorsque tout cela arrive, nous nous trou­vons dans des condi­tions fascisantes. 

    Et dans ce cas, peu importe si tout cela est dû à un virus mor­tel ou non. Nos gou­ver­ne­ments doivent nous consul­ter avant de se per­mettre de faire ce qu’ils sont en train de faire. »

    Réponse
    • Lespai

      Bien écrit ! d ‘ailleurs sou­vent dans mes com­men­taires sur you tube je les appelles LES CAPITALOFACISTES PRO MONDIALISTE ! Une véri­table TYRANNIE s’installe en occi­dent voir dans le monde on peu appe­ler ça aus­si ‚LA GUERRE CONTRE LES PEUPLES !

      Réponse
  4. joss

    Sur l’u­ti­li­sa­tion de la chlo­ro­quine par exemple…
    Code de la san­té publique – Article L3131‑3 (Menaces et crises sani­taires graves)
    « Non­obs­tant les dis­po­si­tions de l’ar­ticle L. 1142–1, les pro­fes­sion­nels de san­té ne peuvent être tenus pour res­pon­sables des dom­mages résul­tant de la pres­crip­tion ou de l’ad­mi­nis­tra­tion d’un médi­ca­ment en dehors des indi­ca­tions thé­ra­peu­tiques ou des condi­tions nor­males d’u­ti­li­sa­tion pré­vues par son auto­ri­sa­tion de mise sur le mar­ché ou son auto­ri­sa­tion tem­po­raire d’u­ti­li­sa­tion, ou bien d’un médi­ca­ment ne fai­sant l’ob­jet d’au­cune de ces auto­ri­sa­tions, lorsque leur inter­ven­tion était ren­due néces­saire par l’exis­tence d’une menace sani­taire grave et que la pres­crip­tion ou l’ad­mi­nis­tra­tion du médi­ca­ment a été recom­man­dée ou exi­gée par le ministre char­gé de la san­té en appli­ca­tion des dis­po­si­tions de l’ar­ticle L. 3131–1. »
    …décharge des pro­fes­sion­nels de la santé

    Réponse
  5. joss

    …et l’ar­ticle qui limite nos libertés :
    Article L3131‑1
    « En cas de menace sani­taire grave appe­lant des mesures d’ur­gence, notam­ment en cas de menace d’é­pi­dé­mie, le ministre char­gé de la san­té peut, par arrê­té moti­vé, pres­crire dans l’in­té­rêt de la san­té publique toute mesure pro­por­tion­née aux risques cou­rus et appro­priée aux cir­cons­tances de temps et de lieu afin de pré­ve­nir et de limi­ter les consé­quences des menaces pos­sibles sur la san­té de la popu­la­tion. Le ministre peut éga­le­ment prendre de telles mesures après la fin de l’é­tat d’ur­gence sani­taire pré­vu au cha­pitre Ier bis du pré­sent titre, afin d’as­su­rer la dis­pa­ri­tion durable de la situa­tion de crise sanitaire.
    Le ministre peut habi­li­ter le repré­sen­tant de l’E­tat ter­ri­to­ria­le­ment com­pé­tent à prendre toutes les mesures d’ap­pli­ca­tion de ces dis­po­si­tions, y com­pris des mesures indi­vi­duelles. Ces der­nières mesures font immé­dia­te­ment l’ob­jet d’une infor­ma­tion du pro­cu­reur de la République.
    Le repré­sen­tant de l’E­tat dans le dépar­te­ment et les per­sonnes pla­cées sous son auto­ri­té sont tenus de pré­ser­ver la confi­den­tia­li­té des don­nées recueillies à l’é­gard des tiers.
    Le repré­sen­tant de l’E­tat rend compte au ministre char­gé de la san­té des actions entre­prises et des résul­tats obte­nus en appli­ca­tion du pré­sent article. »

    Réponse
  6. JPM

    Didier Raoult « Je par­tage avec lui un inté­rêt pro­fond pour la pen­sée de Paul Feye­ra­bend, dont le livre Contre la Méthode reste pour moi une réfé­rence ins­pi­rante dans mes recherches. »

    Qui est Paul Feyerabend ?
    Extrait wikipedia :

    Sépa­ra­tion de la science et de l’État

    En se basant sur cette argu­men­ta­tion, Feye­ra­bend prône alors la sépa­ra­tion de la science et de l’É­tat, de la même façon que la reli­gion et la socié­té sont sépa­rées dans les socié­tés modernes sécu­lières. Il envi­sage « une socié­té libre » dans laquelle « toutes les tra­di­tions auraient les mêmes droits et le même accès au pou­voir ». Par exemple, les parents devraient avoir le droit de déter­mi­ner le contexte idéo­lo­gique de l’é­du­ca­tion de leurs enfants, au lieu de n’a­voir que des options limi­tées par la science.

    Feye­ra­bend va jus­qu’à sug­gé­rer que la science devrait éga­le­ment être sou­mise à un contrôle démo­cra­tique : non seule­ment les domaines de recherche devraient être déter­mi­nés par des élec­tions popu­laires, mais les sup­po­si­tions et les conclu­sions de la science devraient éga­le­ment être super­vi­sées par des comi­tés popu­laires. Il pen­sait que les citoyens devraient se ser­vir de leurs propres prin­cipes lors­qu’ils seraient ame­nés à prendre des déci­sions sur ces pro­blèmes ; l’i­dée qu’une déci­sion doit être ration­nelle est selon lui éli­tiste, car elle sup­pose que les phi­lo­sophes ou les scien­ti­fiques sont en mesure de déter­mi­ner les cri­tères en ver­tu des­quels les hommes devraient prendre leurs déci­sions. Or eux aus­si sont faillibles, et ont leurs pré­ju­gés, qui ne doivent par­fois jus­te­ment rien à la science (thème de son ouvrage Adieu, la Raison).

    https://​fr​.wiki​pe​dia​.org/​w​i​k​i​/​P​a​u​l​_​F​e​y​e​r​a​b​end

    Réponse
  7. ève

    Der­nière inter­ven­tion sur les polé­miques de trai­te­ment à ordon­ner sur les malades du virus en cours !
    https://​you​tu​.be/​a​2​H​g​V​J​p​V​W​I​c​&​f​e​a​t​u​r​e​=​y​o​u​t​u​.be
    Il est vrai qu’une consul­ta­tion chez notre méde­cin trai­tant se limite aux remèdes pré­vus quand on a le malade en face de soi ! Il sait ce qu’il doit pres­crire .…., pour ces cas incon­nus à trai­ter dans l’ur­gence , je trouve son com­por­te­ment tout à fait res­pon­sable et pour­quoi ne pas sou­la­ger dans un pre­mier temps avec la choroquine .…. !

    Réponse
  8. joss

    « QUI DORT EN DÉMOCRATIE SE RÉVEILLE EN DICTATURE »

    Réponse
    • joss

      Je pense que c’est une adap­ta­tion d’une cita­tion d’Alain :
      « Tout peuple qui s’en­dort en liber­té se réveille­ra en servitude ».

      Réponse
  9. John

    Dans votre article vous par­ler de 100 direc­teurs qui demis­sionnent administrativement .
    Plus d’un mil­lier de méde­cins ont uti­li­sés cette pro­cé­dure . Êtes vous cer­tains qu’il en soit de même pour ces direc­teurs que vous évoquez ?

    Réponse

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