Corruption profonde (systématique) de la science médicale : une publication de 2003 dans le BMJ : « Qui paie la pizza ? Redéfinir les relations entre les médecins et les sociétés pharmaceutiques »

12/04/2021 | 3 commentaires

Chers amis,

Comme vous le savez, je conteste le fon­de­ment scien­ti­fique des mesures liber­ti­cides que nos pré­ten­dus « repré­sen­tants » nous infligent depuis un an : ce n’est pas aux scien­ti­fiques de dic­ter les déci­sions poli­tiques aux­quelles nous sommes assu­jet­tis par la force ; et c’est d’au­tant plus le cas du fait que la science en géné­ral est cor­rup­tible, et que la science médi­cale en par­ti­cu­lier est pro­fon­dé­ment corrompue.

L’illé­gi­ti­mi­té de « la science » à gou­ver­ner est double : illé­gi­time d’a­bord car la démo­cra­tie est par défi­ni­tion le strict oppo­sé du gou­ver­ne­ment par les experts ; et illé­gi­time ensuite parce que le risque de cor­rup­tion des experts les éloigne en plus du bien commun.

Nous serions fous de faire aveu­glé­ment confiance aux « Conseils scien­ti­fiques », à une « Haute Auto­ri­té de San­té » ou à d’autres « Agences » d’ex­perts soi-disant indé­pen­dants. Nous devrions exi­ger des débats démo­cra­tiques appro­fon­dis et loyaux sur toutes les mesures atten­ta­toires à nos liber­tés, et nous devrions ensuite déci­der ensemble par référendum.

Ne pas oublier cette for­mule de Keynes : « La place des experts est sur la ban­quette arrière. »

C’est dans ce contexte poli­tique, de plus en plus oppres­sant depuis un an, que j’é­taie ma méfiance envers les injonc­tions scien­ti­fiques avec les docu­ments utiles à mon sens, par­mi les­quels celui-ci, sur la cor­rup­tion géné­rale de la science médicale.

Bonne lec­ture.

Étienne.


Cor­rup­tion sys­té­ma­tique de la science médi­cale : une publi­ca­tion dans le BMJ (une des revues scien­ti­fiques médi­cales les plus pres­ti­gieuses au monde), en 2003 déjà :
Source de la pre­mière par­tie : https://​www​.ncbi​.nlm​.nih​.gov/​p​m​c​/​a​r​t​i​c​l​e​s​/​P​M​C​1​1​2​6​0​53/
(tra­duc­tion auto­ma­tique relue par moi => il peut res­ter des coquilles bien sûr)

 

Qui paie la pizza ? Redéfinir les relations entre les médecins et les sociétés pharmaceutiques.
1 : Enchevêtrement

Ray Moy­ni­han , jour­na­liste 1

Résumé court

Dans cet article en deux par­ties, un jour­na­liste basé à Washing­ton DC explore les conflits de bras­sage sur l’un des prin­ci­paux cam­pus médi­caux du monde alors qu’il rejoint le débat mon­dial plus large sur la façon de redé­fi­nir les rela­tions avec les grandes socié­tés pharmaceutiques.

Tor­dus ensemble comme le ser­pent et le per­son­nel, les méde­cins et les socié­tés phar­ma­ceu­tiques se sont empê­trés dans un réseau d’in­te­rac­tions aus­si contro­ver­sées qu’om­ni­pré­sentes (enca­dré). Alors que les fac­tures natio­nales de médi­ca­ments aug­mentent à des taux qui dépassent lar­ge­ment ceux de l’in­fla­tion (Fig. 1), cet enche­vê­tre­ment et les flux d’argent et d’in­fluence qui en découlent attirent de plus en plus l’at­ten­tion du public et des universitaires.exa­men minutieux.

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Fig. 1 Dépenses de détail en médi­ca­ments d’or­don­nance aux États-Unis, 1997–2001.

Figure 2 :
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Sue Sharples

Des études menées dans plu­sieurs pays montrent que 80 à 95% des méde­cins consultent régu­liè­re­ment des repré­sen­tants des socié­tés phar­ma­ceu­tiques mal­gré les preuves que leurs infor­ma­tions sont trop posi­tives et que les habi­tudes de pres­crip­tion sont donc moins appro­priées ,  De nom­breux méde­cins reçoivent chaque année de mul­tiples dons de socié­tés phar­ma­ceu­tiques, et la plu­part des méde­cins nient leur influence mal­gré des preuves consi­dé­rables du contraire Les inter­ac­tions de l’in­dus­trie sont en cor­ré­la­tion avec les pré­fé­rences des méde­cins pour les nou­veaux pro­duits qui n’ont aucun avan­tage démon­tré par rap­port aux pro­duits exis­tants, une dimi­nu­tion de la pres­crip­tion de géné­riques et une aug­men­ta­tion à la fois des dépenses de pres­crip­tion et des pres­crip­tions irra­tion­nelles et impru­dentes, selon une ana­lyse récente de l’é­thique des dons en cadeau. Le nombre de cadeaux que les méde­cins reçoivent est en cor­ré­la­tion avec la croyance selon laquelle les repré­sen­tants de médi­ca­ments n’ont aucun impact sur le com­por­te­ment de pres­crip­tion

Il est cou­rant d’ac­cep­ter les repas et les frais de dépla­ce­ment ou d’hé­ber­ge­ment pour des réunions édu­ca­tives spon­so­ri­sées, même si cela est asso­cié à une aug­men­ta­tion des demandes de for­mu­laire et de la pres­crip­tion du médi­ca­ment du spon­sor.  ,  La plu­part des méde­cins assistent à des évé­ne­ments par­rai­nés par l’en­tre­prise four­nis­sant une for­ma­tion médi­cale conti­nue,  pour­tant, des preuves montrent que ces évé­ne­ments font une pro­mo­tion pri­vi­lé­giée du médi­ca­ment du spon­sor. De nom­breuses socié­tés pro­fes­sion­nelles s’ap­puient for­te­ment sur le par­rai­nage (spon­sor­ship) de l’in­dus­trie,  tout comme leurs revues médi­cales s’ap­puient sur des essais finan­cés par les com­pa­gnies phar­ma­ceu­tiques, des publi­ci­tés d’en­tre­prises, des réim­pres­sions ache­tées par l’en­tre­prise et des sup­plé­ments spon­so­ri­sés par l’en­tre­prise – mal­gré les conflits d’in­té­rêts qui en résultent et la preuve que les sup­plé­ments spon­so­ri­sés sont plus pro­mo­tion­nels que les autres articles. 

Résu­mé des points

  • Les enche­vê­tre­ments entre les méde­cins et les socié­tés phar­ma­ceu­tiques sont répan­dus, et les preuves montrent que les inter­ac­tions avec l’in­dus­trie influencent le com­por­te­ment des médecins
  • Il est prou­vé que la recherche spon­so­ri­sée a ten­dance à pro­duire des résul­tats favo­rables [aux sponsors]
  • Des ins­ti­tu­tions aca­dé­miques de pre­mier plan débattent actuel­le­ment des règles régis­sant les rela­tions entre cher­cheurs et sponsors
  • Les dépenses phar­ma­ceu­tiques aug­mentent rapi­de­ment et l’en­che­vê­tre­ment peut saper les stra­té­gies de pres­crip­tion rationnelles
  • Les cri­tiques sou­tiennent qu’une culture du don de cadeaux dans l’in­dus­trie crée des droits et des obli­ga­tions pour les méde­cins qui sont en conflit avec leur obli­ga­tion prin­ci­pale envers les patients.

 

On estime que 60% de la recherche et du déve­lop­pe­ment bio­mé­di­caux aux États-Unis sont désor­mais finan­cés par le sec­teur pri­vé, et les deux tiers des éta­blis­se­ments uni­ver­si­taires ont des liens d’é­qui­té avec des spon­sors exté­rieurs.  Trou­ver des cher­cheurs en méde­cine ou des cli­ni­ciens che­vron­nés sans liens finan­ciers avec les socié­tés phar­ma­ceu­tiques est deve­nu extrê­me­ment dif­fi­cile.  Ceux qui sont consi­dé­rés comme des « lea­ders d’o­pi­nion » tra­vaillent régu­liè­re­ment comme membres rému­né­rés des conseils consul­ta­tifs des socié­tés phar­ma­ceu­tiques, même s’il est prou­vé que cette pra­tique fait par­tie du méca­nisme pro­mo­tion­nel de l’in­dus­trie.

Selon un article sur les « trucs du métier », publié dans Phar­ma­ceu­ti­cal Mar­ke­ting , le pro­ces­sus de CONSEIL est l’un des moyens les plus puis­sants pour SE RAPPROCHER des gens ET les INFLUENCER.

Formes d’en­che­vê­tre­ment

  • Visites en face à face de repré­sen­tants de socié­tés pharmaceutiques
  • Accep­ta­tion de cadeaux directs sous forme d’é­qui­pe­ment, de voyage ou d’hébergement.
  • Accep­ta­tion de cadeaux indi­rects, par le biais du par­rai­nage de logi­ciels ou de voyages.
  • Par­ti­ci­pa­tion à des dîners spon­so­ri­sés et à des évé­ne­ments sociaux ou récréatifs
  • Par­ti­ci­pa­tion à des évé­ne­ments édu­ca­tifs spon­so­ri­sés, à des for­ma­tions médi­cales conti­nues, à des ate­liers ou à des séminaires.
  • Par­ti­ci­pa­tion à des confé­rences scien­ti­fiques parrainées
  • Déten­tion d’ac­tions ou de participations
  • Réa­li­sa­tion de recherches sponsorisées
  • Finan­ce­ment par l’en­tre­prise d’é­coles de méde­cine, de chaires uni­ver­si­taires ou de salles de conférence
  • Adhé­sion à des socié­tés et asso­cia­tions pro­fes­sion­nelles parrainées
  • Conseiller une fon­da­tion pour une mala­die ou un groupe de patients sponsorisés.
  • Par­ti­ci­pa­tion à des direc­tives cli­niques par­rai­nées ou uti­li­sa­tion de celles-ci
  • Entre­prendre des tra­vaux de conseil rému­né­rés pour des entreprises
  • Appar­te­nance à des conseils consul­ta­tifs d’en­tre­prises de « lea­ders d’o­pi­nion » ou à des « bureaux de conférenciers ».
  • Rédac­tion d’ar­ticles scien­ti­fiques « fantômes ».
  • Dépen­dance des revues médi­cales à l’é­gard de la publi­ci­té des entre­prises phar­ma­ceu­tiques, des réim­pres­sions ache­tées par les entre­prises et des sup­plé­ments sponsorisés.

Le familier devient étrange

Les rela­tions qui de l’in­té­rieur semblent fami­lières semblent main­te­nant étranges aux gens de l’ex­té­rieur. Le fait d’in­vi­ter régu­liè­re­ment à man­ger et à boire avec des pres­crip­teurs est désor­mais consi­dé­ré par cer­taines auto­ri­tés judi­ciaires comme de la cor­rup­tion, un cas majeur se dérou­lant actuel­le­ment en Ita­lie  ; le par­rai­nage mas­sif des socié­tés pro­fes­sion­nelles et de leurs comi­tés de rédac­tion de recom­man­da­tions est consi­dé­ré dans cer­tains milieux comme sus­pect, comme le montre le cas de la connexion de 11 mil­lions de dol­lars (7 mil­lions de livres ster­ling ; 10 mil­lions d’eu­ros) de Genen­tech avec l’A­me­ri­can Heart Asso­cia­tion  ; les évé­ne­ments accré­di­tés dans le cadre de la for­ma­tion médi­cale conti­nue ne semblent guère plus qu’une occa­sion pour des ora­teurs payés par des spon­sors de par­ler de leurs médi­ca­ments, sur­tout lorsque même la salle de confé­rence porte le nom du spon­sor.

Les rela­tions qui impliquent le finan­ce­ment de la recherche uni­ver­si­taire par des entre­prises sont les plus exa­mi­nées : un exa­men récent des preuves a révé­lé que les conflits d’in­té­rêts finan­ciers étaient « omni­pré­sents et pro­blé­ma­tiques » dans la recherche bio­mé­di­cale, un quart des cher­cheurs uni­ver­si­taires rece­vant des fonds de l’in­dus­trie et un tiers ayant des liens finan­ciers per­son­nels avec des spon­sors. Le pro­blème est que la base de don­nées fac­tuelles des soins de san­té est fon­da­men­ta­le­ment défor­mée. Des preuves solides et cohé­rentes montrent que les recherches finan­cées par l’in­dus­trie ont ten­dance à tirer des conclu­sions favo­rables à l’in­dus­trie et les études finan­cées par l’in­dus­trie étaient beau­coup plus sus­cep­tibles de par­ve­nir à des conclu­sions favo­rables au pro­mo­teur que les études non indus­trielles. Une autre revue, publiée dans ce numé­ro, a des conclu­sions et des pré­oc­cu­pa­tions simi­laires. L’ex­pli­ca­tion du « biais sys­té­ma­tique » dans les résul­tats n’est pas que la science spon­so­ri­sée est une mau­vaise science, mais plu­tôt que les ques­tions scien­ti­fiques posées reflètent l’in­té­rêt per­son­nel du spon­sor.

« La pro­fes­sion médi­cale est ache­tée par l’in­dus­trie phar­ma­ceu­tique, non seule­ment en termes de pra­tique de la méde­cine, mais aus­si en termes d’en­sei­gne­ment et de recherche », déclare Arnold Rel­man, pro­fes­seur à Har­vard et ancien rédac­teur en chef du New England Jour­nal of Medi­cine, dont la récente cri­tique de l’in­fluence de l’in­dus­trie des soins de san­té, publié dans la Nou­velle Répu­blique lui a valu ain­si qu’à son un co-auteur l’un des plus grands prix du jour­na­lisme de maga­zine aux États-Unis. « Les ins­ti­tu­tions uni­ver­si­taires de ce pays se per­mettent d’être les agents rému­né­rés de l’in­dus­trie phar­ma­ceu­tique. Je pense que c’est hon­teux ».

Les prin­ci­paux groupes d’in­té­rêt, dont l’A­me­ri­can Medi­cal Asso­cia­tion et la Phar­ma­ceu­ti­cal Research and Manu­fac­tu­rers of Ame­ri­ca, ont répon­du aux pré­oc­cu­pa­tions actuelles concer­nant l’en­che­vê­tre­ment avec des codes de conduite révi­sés.  ,  Bien que les com­por­te­ments fla­grants tels que les paie­ments directs en espèces aux méde­cins soient décou­ra­gés, cer­tains des nou­veaux codes n’ont géné­ra­le­ment fait guère plus qu’ap­prou­ver la myriade de formes d’in­te­rac­tions exis­tantes, a décla­ré une éthi­cienne bio­mé­di­cale de l’U­ni­ver­si­té de Stan­ford, Mil­dred Cho, une cher­cheuse qui s’in­té­resse de près à l’en­che­vê­tre­ment entre les méde­cins et les entre­prises pharmaceutiques.

Même les groupes qui sug­gèrent véri­ta­ble­ment un plus grand degré d’in­dé­pen­dance, y com­pris l’As­so­cia­tion of Ame­ri­can Medi­cal Col­leges, le font dans le contexte d’un mariage stable – les der­nières recom­man­da­tions de l’as­so­cia­tion disent : « Un par­te­na­riat de prin­cipe entre l’in­dus­trie et le milieu uni­ver­si­taire est essen­tiel si nous sont de pré­ser­ver le pro­grès médi­cal et de conti­nuer à amé­lio­rer la san­té de nos citoyens. Cho dit : « Les conflits d’in­té­rêts sont tel­le­ment omni­pré­sents qu’un grand nombre de règles exis­tantes – ou leurs révi­sions – partent du prin­cipe que ces conflits sont néces­saires, voire sou­hai­tables, parce que les inté­rêts finan­ciers pri­vés des méde­cins ou des ins­ti­tuts de recherche ren­forcent les inté­rêts des patients au lieu d’en­trer en conflit avec eux. Et je ne pense pas que cette hypo­thèse soit juste ».

Des ins­ti­tu­tions comme l’U­ni­ver­si­té de Cali­for­nie à San Fran­cis­co (UCSF), l’un des prin­ci­paux béné­fi­ciaires aux États-Unis du finan­ce­ment de la recherche en san­té par le gou­ver­ne­ment et un cam­pus étroi­te­ment lié à l’in­dus­trie phar­ma­ceu­tique et au sec­teur bio­tech­no­lo­gique en plein essor, sont inexo­ra­ble­ment entraî­nées dans le débat. à proxi­mi­té de la Sili­con Val­ley. Un « groupe de tra­vail sur les conflits d’in­té­rêts » mis en place par le sénat aca­dé­mique vient de pro­duire un pro­jet de rap­port sol­li­ci­tant des évo­lu­tions majeures des règles rela­tives aux rela­tions avec les spon­sors pri­vés de la recherche. Reflé­tant de pro­fonds désac­cords au sein de l’u­ni­ver­si­té et de l’es­ta­blish­ment médi­cal au sens large, une sérieuse scis­sion s’est pro­duite au sein du groupe de tra­vail, qui doit bien­tôt rendre son rap­port. En fin de compte, le sénat aca­dé­mique fera une recom­man­da­tion à l’ad­mi­nis­tra­tion de l’u­ni­ver­si­té sur le sujet et, étant don­né la taille et le pres­tige de l’UCSF, les résul­tats de ce conflit actuel réson­ne­ront bien au-delà des col­lines de San Francisco.

Rela­tions avec les chercheurs

L’UCSF a actuel­le­ment la répu­ta­tion d’a­voir l’une des poli­tiques les plus strictes des États-Unis en matière de liens finan­ciers entre les cher­cheurs et les com­man­di­taires d’é­tudes, et ce pour deux rai­sons. Tout d’a­bord, la plu­part des autres ins­ti­tu­tions ne consi­dèrent pas les rela­tions des cher­cheurs avec des entre­prises indi­vi­duelles d’une valeur infé­rieure à 10 000 dol­lars au cours d’une année don­née comme un lien notable et n’exigent donc pas leur divul­ga­tion, alors qu’à l’UCSF, les cher­cheurs ayant un lien exté­rieur d’une valeur supé­rieure à 250 dol­lars doivent le divul­guer à l’ins­ti­tu­tion. Deuxiè­me­ment, il est expres­sé­ment inter­dit à un cher­cheur prin­ci­pal menant des recherches spon­so­ri­sées à l’UCSF d’a­voir toute autre forme de lien finan­cier avec ce spon­sor pen­dant la durée de ces recherches.

Mal­gré cette res­tric­tion appa­rente, une étude por­tant sur deux décen­nies de divul­ga­tions à l’UCSF a révé­lé l’exis­tence d’un réseau com­plexe de liens qui, bien que ne tou­chant qu’une petite mino­ri­té de la popu­la­tion du cam­pus, n’a ces­sé d’aug­men­ter. Les liens com­muns entre les uni­ver­si­taires et les socié­tés phar­ma­ceu­tiques ou bio­tech­no­lo­giques pri­vées comprenaient :

  • des confé­rences rému­né­rées, allant de 250 à 20 000 dol­lars par an ;
  • des consul­ta­tions rému­né­rées, la plu­part du temps infé­rieures à 10 000 $ mais pou­vant atteindre 120 000 $ par an ;
  • des postes rému­né­rés dans des conseils consul­ta­tifs ; et
  • des par­ti­ci­pa­tions au capi­tal, pour la plu­part supé­rieures à 10 000 dol­lars et pou­vant aller jus­qu’à 1 mil­lion de dollars.

Le pro­jet de rap­port pré­pa­ré pour le sénat aca­dé­mique de l’UCSF pré­co­nise un assou­plis­se­ment fon­da­men­tal de la règle uni­ver­si­taire – la fin de l’in­ter­dic­tion des liens per­son­nels avec un spon­sor pen­dant la durée d’un pro­jet de recherche spon­so­ri­sé et un chan­ge­ment de défi­ni­tion conforme à celui d’autres ins­ti­tu­tions, de sorte que tout lien de moins de 10 000 dol­lars par an avec une entre­prise indi­vi­duelle ne serait plus consi­dé­ré comme notable. Étant don­né que de nom­breux cher­cheurs ont des rela­tions finan­cières avec plu­sieurs entre­prises, les nou­velles règles pour­raient signi­fier qu’une grande par­tie des tran­sac­tions pri­vées des uni­ver­si­taires publics ne seraient pas divul­guées.

Le pré­sident du groupe de tra­vail, Michael Wei­ner, déclare que, bien que le comi­té for­te­ment divi­sé ne soit pas encore par­ve­nu à une recom­man­da­tion consen­suelle, son opi­nion per­son­nelle est que les inter­dic­tions actuelles sont inuti­le­ment res­tric­tives – une opi­nion qui, selon lui, est par­ta­gée par nombre de ses col­lègues cher­cheurs cli­niques à l’UCSF. Pen­dant ce temps, d’autres membres du groupe de tra­vail font pres­sion pour main­te­nir l’in­ter­dic­tion des liens finan­ciers per­son­nels pen­dant les recherches spon­so­ri­sées, et un membre ano­nyme m’a par­lé des dan­gers poten­tiels si l’UCSF lève l’in­ter­dic­tion : « Actuel­le­ment, le public pense qu’il peut faire confiance aux recherches menées par cette ins­ti­tu­tion. L’as­sou­plis­se­ment des règles pour­rait ouvrir la porte à des pré­oc­cu­pa­tions selon les­quelles les cher­cheurs pour­raient être influen­cés par le finan­ce­ment des entre­prises et leurs recherches pour­raient être biai­sées en faveur de ce sponsor. »

Rela­tions avec les cliniciens

Alors que le débat sur les liens entre les cher­cheurs uni­ver­si­taires et leurs spon­sors se pour­suit à l’UCSF, comme ailleurs, les inter­ac­tions de l’in­dus­trie avec les cli­ni­ciens pres­crip­teurs sont éga­le­ment exa­mi­nées. Le doyen de la facul­té de méde­cine de l’UCSF, Haile Debas, est de plus en plus pré­oc­cu­pé par ce qu’il consi­dère comme un accès incon­trô­lé de l’in­dus­trie aux méde­cins des cam­pus et par les don­nées indi­quant que de nom­breux jeunes méde­cins se croient à l’a­bri de l’in­fluence pro­mo­tion­nelle. « Je pense qu’il s’a­git d’un pro­blème très grave, auquel nous devons nous atta­quer », a‑t-il déclaré.

Aux États-Unis, on estime que 80 000 repré­sen­tants de socié­tés phar­ma­ceu­tiques,  sou­te­nus par plus de 19 mil­liards de dol­lars de bud­gets pro­mo­tion­nels annuels com­bi­nés de l’in­dus­trie,  visitent des méde­cins chaque jour, y com­pris ceux qui tra­vaillent dans les ser­vices de l’hô­pi­tal du centre médi­cal de l’UCSF. Le maga­zine indus­triel Phar­ma­ceu­ti­cal Exe­cu­tive les décrit comme « l’ou­til de mar­ke­ting pré­fé­ré de l’in­dus­trie », car « les repré­sen­tants portent l’es­sen­tiel des attentes de vente » et les rela­tions qu’ils éta­blissent avec les méde­cins sont si essen­tielles. 

Presque chaque midi, une entre­prise spon­so­rise des piz­zas ou des pâtes gra­tuites à l’UCSF, et des dizaines de méde­cins rési­dents affa­més y par­ti­cipent. Comme Katz l’a obser­vé dans sa récente ana­lyse des cadeaux : « La nour­ri­ture, la flat­te­rie et l’a­mi­tié sont tous de puis­sants outils de per­sua­sion, en par­ti­cu­lier lors­qu’ils sont com­bi­nés. »  Mais les contacts qui com­mencent par un déjeu­ner gra­tuit ne sont pas seule­ment des argu­ments de vente à sens unique : de nom­breux cli­ni­ciens pres­crip­teurs sont éga­le­ment des uni­ver­si­taires en herbe, et le per­son­nel ami­cal de la socié­té phar­ma­ceu­tique qui accom­pagne le repas peut faci­li­ter le flux de finan­ce­ment de la recherche, les tour­nées de confé­rences et les pré­cieuses publi­ca­tions sur les­quelles se construisent des car­rières médi­cales réussies.

Aux États-Unis, les entre­prises phar­ma­ceu­tiques par­rainent chaque année près de 300 000 évé­ne­ments des­ti­nés aux méde­cins dans le cadre de leurs efforts de pro­mo­tion, dont beau­coup sont bien plus géné­reux que des piz­zas gra­tuites. Selon le nou­veau code volon­taire de l’in­dus­trie cou­vrant les rela­tions avec les pro­fes­sion­nels de la san­té, si une entre­prise fait venir 300 méde­cins dans un club de golf, rem­bourse leurs frais, paie leur par­ti­ci­pa­tion et les éduque sur le der­nier médi­ca­ment de l’en­tre­prise, afin de les for­mer pour qu’ils deviennent des membres de l’é­cu­rie de confé­ren­ciers rému­né­rés de l’en­tre­prise, l’en­semble de l’ac­ti­vi­té serait conforme.

Le vice-pré­sident senior pour les affaires scien­ti­fiques et régle­men­taires de Phar­ma­ceu­ti­cal Research and Manu­fac­tu­rers Ame­ri­ca, John Kel­ly, défend le nou­veau code comme étant dans l’in­té­rêt des patients, et en ce qui concerne l’é­vé­ne­ment du centre de golf, il a décla­ré qu’il était « appro­prié de for­mer le nombre de confé­ren­ciers dont une entre­prise a besoin pour sou­te­nir ses efforts de communication. »

Le chef des ser­vices médi­caux de l’hô­pi­tal UCSF, Robert Wach­ter, pro­fes­seur de méde­cine, n’ap­prouve pas les jun­kets orga­ni­sés par les socié­tés, mais se féli­cite des piz­zas gra­tuites à l’heure du déjeu­ner, arguant qu’elles ne sont assor­ties d’au­cune condi­tion. « L’argent de l’in­dus­trie est accep­table tant que les entre­prises n’ont aucun rôle dans le choix du conte­nu ou des inter­ve­nants. » En tant que lea­der natio­nal d’une spé­cia­li­té émer­gente des méde­cins hos­pi­ta­liers appe­lés « hos­pi­ta­listes », Wach­ter voit une grande valeur dans l’é­du­ca­tion finan­cée par l’en­tre­prise, tant qu’il y a un pare-feu entre le par­rai­nage et le conte­nu édi­to­rial. Et dans son rôle de « lea­der d’o­pi­nion », il est par­fois rému­né­ré pour ren­con­trer des diri­geants de l’in­dus­trie phar­ma­ceu­tique afin de déve­lop­per une com­pré­hen­sion mutuelle autour des enjeux liés à ce nou­veau domaine – des inter­ac­tions qu’il consi­dère comme appro­priées tant qu’elles sont trans­pa­rentes. Pour Haile Debas, les déjeu­ners gra­tuits et les for­ma­tions spon­so­ri­sées font par­tie d’un pro­ces­sus beau­coup plus vaste dans lequel les entre­prises « achètent de l’in­fluence » et éta­blissent des rela­tions pro­blé­ma­tiques, « créant des conflits d’in­té­rêts pour les pres­crip­teurs, qui peuvent à leur tour affec­ter leurs juge­ments sur les soins aux patients et faire aug­men­ter par inad­ver­tance les coûts des soins de santé ».

Avec un pic d’en­vi­ron 18% en 1999, la crois­sance annuelle des dépenses phar­ma­ceu­tiques de l’UCSF dans ses hôpi­taux et centres médi­caux a été maî­tri­sée en 2000, mais en 2003, elle aug­mente déjà à nou­veau à deux chiffres – pour toutes les rai­sons fami­lières : hausse des prix des médi­ca­ments, hausse volumes d’or­don­nances et pro­por­tion crois­sante d’or­don­nances rédi­gées pour les médi­ca­ments plus récents et plus chers (figure 2).

En outre, les pénu­ries régu­lières de médi­ca­ments plus anciens, moins chers, mais effi­caces, sont éga­le­ment à l’o­ri­gine de l’aug­men­ta­tion des coûts au centre médi­cal de l’UCSF et dans les hôpi­taux à tra­vers les États-Unis.

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Les uni­ver­si­taires char­gés de par­ve­nir à une uti­li­sa­tion plus ration­nelle des médi­ca­ments sont convain­cus que l’en­che­vê­tre­ment entre les socié­tés phar­ma­ceu­tiques et les méde­cins est en par­tie la rai­son de l’ex­plo­sion des coûts et une par­tie de la rai­son pour laquelle les ten­ta­tives de contrôle des coûts sont sapées. La doyenne de la phar­ma­cie de l’UCSF, Mary Anne Koda-Kimble, com­prend bien les avan­tages mutuels qui découlent de ces rela­tions, mais estime que ces liens exercent une influence indue sur la consom­ma­tion de médi­ca­ments. Son dépar­te­ment, comme d’autres à l’UCSF et ailleurs, est en train de repen­ser sérieu­se­ment, avec une dis­cus­sion ouverte sur les plans pour réduire fon­da­men­ta­le­ment l’in­fluence de l’industrie.

Redéfinir les relations

À la fin de l’an­née der­nière, Haile Debas a nom­mé son propre comi­té spé­cial pour « redé­fi­nir les rela­tions » avec l’in­dus­trie, et il vient de rece­voir son rap­port final (voir la par­tie 2 de cet article). « Il doit y avoir des rela­tions avec l’in­dus­trie, mais dans un cadre qui res­pecte l’in­dé­pen­dance du méde­cin et n’af­fecte pas indû­ment ses juge­ments sur les soins aux patients », a‑t-il déclaré.

Un autre cher­cheur de l’UCSF pré­co­ni­sant un chan­ge­ment est Drum­mond Ren­nie, rédac­teur en chef adjoint de JAMA (le Jour­nal de l’A­me­ri­can Medi­cal Asso­cia­tion), qui sou­tient que la culture du cadeau, qui com­mence avec les étu­diants en méde­cine, engendre un sen­ti­ment de droit à long terme. « Je ne reproche pas aux spé­cia­listes du mar­ke­ting de se com­por­ter comme des spé­cia­listes du mar­ke­ting. Ce qu’ils font, c’est que les gens se sentent en droit – ce n’est donc pas un pot-de-vin ; c’est leur dû. Et vous vous retrou­vez dans une situa­tion où les méde­cins ne font pas cin­quante mètres lors d’une grande réunion médi­cale sans être trans­por­tés dans un bus de la com­pa­gnie pharmaceutique.

Le revers de ce sen­ti­ment de droit est bien sûr l’en­det­tement, qui, comme le sou­ligne Katz, doit être rem­bour­sé par le sou­tien aux médi­ca­ments du mécène  avec un sen­ti­ment d’o­bli­ga­tion en conflit direct avec l’ obli­ga­tion prin­ci­pale des méde­cins à leurs patients.

Remarques

De nom­breuses demandes d’en­tre­tien avec la socié­té phar­ma­ceu­tique Genen­tech, pour dis­cu­ter des direc­tives de l’A­me­ri­can Heart Asso­cia­tion et des ques­tions plus larges de l’en­che­vê­tre­ment, ont été refusées.

Inté­rêts concur­rents : Aucun n’a été déclaré.

Réfé­rences

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22. Office de comp­ta­bi­li­té géné­rale des États-Unis. Médi­ca­ments sur ordon­nance : la sur­veillance par la FDA de la publi­ci­té directe aux consom­ma­teurs pré­sente des limites. Octobre 2002. www​.gao​.gov/ (consul­té le 28 avril 2003).
23. Ins­ti­tut natio­nal de recherche sur la ges­tion des soins de san­té et Fon­da­tion pour l’é­du­ca­tion. Rap­port sur les prix des médi­ca­ments, 2002 : 2. www​.nihcm​.org/​s​p​e​n​d​i​n​g​2​0​0​1​.​pdf (page sup­pri­mée) (consul­té le 7 mai 2003)

Les articles du BMJ sont four­nis ici avec l’ai­mable auto­ri­sa­tion de BMJ Publi­shing Group

 

Deuxième par­tie de l’article :
Source de la 2ème par­tie : https://​www​.ncbi​.nlm​.nih​.gov/​p​m​c​/​a​r​t​i​c​l​e​s​/​P​M​C​1​1​2​6​0​54/
(tra­duc­tion auto­ma­tique relue par moi => il peut donc res­ter des coquilles bien sûr)

Qui paie la pizza ? Redéfinir les relations entre les médecins et les sociétés pharmaceutiques.
2 : démêlage

Ray Moy­ni­han , jour­na­liste 1

Si l’As­so­cia­tion amé­ri­caine des étu­diants en méde­cine a quelque chose à voir avec cela, les rela­tions entre les méde­cins et l’in­dus­trie phar­ma­ceu­tique seront bien­tôt consi­dé­ra­ble­ment dif­fé­rentes. Repré­sen­tant 30 000 étu­diants, sta­giaires et rési­dents à tra­vers les États-Unis, l’as­so­cia­tion mène une cam­pagne inti­tu­lée « Pharm­Free », qui demande la fin des cadeaux, des déjeu­ners gra­tuits, des for­ma­tions spon­so­ri­sées et des confé­rences rému­né­rées. 1

Figure 1

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Sue Sharples

Les étu­diants sont invi­tés à signer un enga­ge­ment Pharm­Free à recher­cher des sources impar­tiales d’in­for­ma­tions sur les soins de san­té et à prê­ter un ser­ment d’Hip­po­crate récem­ment révi­sé, appe­lé « ser­ment modèle pour le nou­veau méde­cin », qui com­prend les enga­ge­ments : « Je pren­drai des déci­sions médi­cales. à l’a­bri de l’in­fluence de la publi­ci­té ou de la pro­mo­tion. Je n’ac­cep­te­rai pas d’argent, de cadeaux ou d’hos­pi­ta­li­té qui pour­raient créer un conflit d’in­té­rêts dans mon édu­ca­tion, ma pra­tique, mon ensei­gne­ment ou mes recherches. »

L’étrange devient familier

La cam­pagne de Ame­ri­can Medi­cal Student Asso­cia­tion est ins­pi­rée en par­tie par le tra­vail de l’as­so­cia­tion new-yor­kaise Pas de déjeu­ner libre (No Free Lunch), qui reven­dique la devise « Dites sim­ple­ment non aux repré­sen­tants de médi­ca­ments », qui orga­nise une amnis­tie de sty­los, et qui, avec un groupe aus­tra­lien appe­lé Heal­thy Skep­ti­cism exhorte les méde­cins à se détour­ner de l’é­du­ca­tion et de l’in­for­ma­tion sou­te­nues par l’in­dus­trie pour se tour­ner vers des docu­ments indé­pen­dants.  Selon No Free Lunch, « Notre que­relle n’est pas avec l’in­dus­trie phar­ma­ceu­tique mais avec la pro­mo­tion de l’in­dus­trie phar­ma­ceu­tique. Le moment est venu d’é­li­mi­ner son influence de nos pra­tiques. » Ces petites cam­pagnes sont les signes d’une redé­fi­ni­tion fon­da­men­tale des rela­tions entre les méde­cins et les socié­tés phar­ma­ceu­tiques, alors que les asso­cia­tions pro­fes­sion­nelles, les orga­nismes de nor­ma­li­sa­tion et les ins­ti­tu­tions indi­vi­duelles du monde entier com­mencent à démê­ler cer­tains des flux mal­sains d’argent et d’in­fluence (enca­dré).

Ten­dances au désenchevêtrement

  • Res­tric­tions ou inter­dic­tions concer­nant les visites de repré­sen­tants de médi­ca­ments chez les médecins.
  • Res­tric­tions ou inter­dic­tions concer­nant les évé­ne­ments édu­ca­tifs finan­cés par l’industrie.
  • Inter­dic­tion aux indi­vi­dus ou aux orga­ni­sa­tions ayant des conflits d’in­té­rêts de gérer la for­ma­tion médi­cale conti­nue agréée.
  • Évo­lu­tion vers une for­ma­tion médi­cale conti­nue finan­cée de manière indé­pen­dante et vers le recours à des sources d’in­for­ma­tion indépendantes.
  • Cam­pagnes visant à mettre fin à l’ac­cep­ta­tion de tous les cadeaux et voyages.
  • Cam­pagnes visant à mettre fin à l’ac­cep­ta­tion d’ho­no­raires pour les inter­ven­tions lors de confé­rences éducatives.
  • Les orga­nismes pro­fes­sion­nels réduisent leur dépen­dance à l’é­gard du par­rai­nage des socié­tés pharmaceutiques.
  • Inter­dic­tion par les asso­cia­tions pro­fes­sion­nelles aux cher­cheurs ayant des conflits d’in­té­rêts de mener des recherches.
  • Les revues médi­cales réduisent leur dépen­dance à l’é­gard des recettes publi­ci­taires et des sup­plé­ments sponsorisés.
  • Appels à la créa­tion de « trusts aveugles » au niveau ins­ti­tu­tion­nel pour gérer de manière indé­pen­dante les finan­ce­ments extérieurs.
  • Intro­duc­tion dans les direc­tives de la « pré­somp­tion réfu­table » selon laquelle les cher­cheurs ayant des conflits d’in­té­rêts ne peuvent pas mener de recherches sur des sujets humains.
  • Appels à la créa­tion de nou­veaux orga­nismes natio­naux pour mener des recherches moti­vées par l’in­té­rêt public
  • Demande aux membres des comi­tés de régle­men­ta­tion et des comi­tés consul­ta­tifs d’é­vi­ter les conflits d’intérêts.

Points de synthèse

Les groupes de réforme de la méde­cine et les asso­cia­tions d’é­tu­diants réclament un désen­ga­ge­ment des entre­prises phar­ma­ceu­tiques et une édu­ca­tion et des sources d’in­for­ma­tion indépendantes.

L’U­ni­ver­si­té de Cali­for­nie à San Fran­cis­co envi­sage de mettre fin aux déjeu­ners gra­tuits spon­so­ri­sés par les entre­prises phar­ma­ceu­tiques et de reti­rer les repré­sen­tants des médicaments.

Les asso­cia­tions pro­fes­sion­nelles et les orga­nismes de nor­ma­li­sa­tion s’o­rientent vers une plus grande dis­tance dans leurs rela­tions avec l’industrie.

L’in­dus­trie défend la valeur de son par­rai­nage édu­ca­tif pour les patients et rejette l’i­dée d’une ten­dance au désenchevêtrement.

L’an­cienne norme de divul­ga­tion a été com­plé­tée par une demande crois­sante de plus de dis­tance dans les rela­tions. Selon les lignes direc­trices récem­ment révi­sées de l’As­so­cia­tion of Ame­ri­can Medi­cal Col­leges sur les inté­rêts finan­ciers des cher­cheurs en méde­cine, « la trans­pa­rence, bien que néces­saire pour main­te­nir la confiance du public dans la recherche uni­ver­si­taire, n’est pas suf­fi­sante pour pro­té­ger les sujets humains. »  Ces direc­tives, conçues pour aider à remo­de­ler les règles sur plus de 100 cam­pus à tra­vers l’A­mé­rique du Nord, ont intro­duit une nou­velle pré­somp­tion : « une per­sonne qui a un inté­rêt finan­cier impor­tant dans une recherche impli­quant des sujets humains ne peut pas mener de telles recherches », sauf si les cir­cons­tances sont impé­rieuses et si pré­somp­tion peut être réfu­tée avec succès.

À l’U­ni­ver­si­té de Cali­for­nie à San Fran­cis­co (UCSF), un comi­té spé­cial convo­qué par le doyen de la facul­té de méde­cine vient de recom­man­der la fin des déjeu­ners gra­tuits pour les méde­cins et l’a­ban­don du par­rai­nage direct par l’en­tre­prise des évé­ne­ments édu­ca­tifs par les entre­prises. Dans le même temps, le direc­teur géné­ral du centre médi­cal de l’u­ni­ver­si­té — un com­plexe avec un chiffre d’af­faires de 800 mil­lions de dol­lars (500 mil­lions de livres ster­ling ; 700 mil­lions d’eu­ros) par an et qui accueille un mil­lion de patients — sou­haite res­treindre sévè­re­ment l’ac­cès des repré­sen­tants des socié­tés phar­ma­ceu­tiques aux méde­cins pres­crip­teurs et pour­raient même sup­pri­mer entiè­re­ment les repré­sen­tants du sys­tème hos­pi­ta­lier. L’u­ni­ver­si­té n’est pas à l’a­vant-garde d’une telle réforme, mais sa taille et son pres­tige garan­tissent que son chan­ge­ment radi­cal dans les rela­tions entre méde­cins et entre­prises phar­ma­ceu­tiques a une audience mondiale.

Relations avec les cliniciens

« C’est une prise de conscience dans le monde aca­dé­mique que nous devons nous assu­rer que nos rela­tions sont plus appro­priées », déclare le doyen de la facul­té de méde­cine de l’UCSF et ancien chan­ce­lier d’u­ni­ver­si­té, Haile Debas. « Les rela­tions avec l’in­dus­trie sont essen­tielles, mais elles doivent être redé­fi­nies. » Le rap­port que Debas a com­man­dé en 2002 vient de recom­man­der la fin des déjeu­ners gra­tuits par­rai­nés par les entre­prises et la fin du par­rai­nage direct de tous les évé­ne­ments édu­ca­tifs sur le cam­pus. On ne sait pas encore exac­te­ment com­ment ces nou­velles règles pour­raient fonc­tion­ner dans la pra­tique, ni si le par­rai­nage indi­rect rem­pla­ce­ra les flux moné­taires exis­tants. Debas est cepen­dant convain­cu qu’un chan­ge­ment est en train de s’o­pé­rer dans ces rela­tions : « Je pense qu’il y aura plus de distance. »

Le pré­sident du comi­té de rap­port, vice-doyen pour les affaires aca­dé­miques, Neal Cohen, affirme que le mou­ve­ment de chan­ge­ment est comme un « rou­leau com­pres­seur » mû par de nom­breuses forces dans l’u­ni­ver­si­té, du corps médi­cal et de la com­mu­nau­té au sens large. Spé­cia­liste des soins inten­sifs, Cohen, comme de nom­breux méde­cins éta­blis, a béné­fi­cié de l’en­che­vê­tre­ment avec l’in­dus­trie ; il garde un sou­ve­nir ému d’une visite payée aux anti­podes. « Une fois, j’ai fait un voyage en Aus­tra­lie finan­cé par une socié­té phar­ma­ceu­tique, pour par­ler d’un anes­thé­sique. » Le refe­rait-il main­te­nant ? « Non. J’ai­me­rais retour­ner en Aus­tra­lie, mais je paie­rai moi-même. Je crois que j’ai don­né des conseils objec­tifs, mais il serait dif­fi­cile de convaincre quel­qu’un d’autre que ma route vers l’Aus­tra­lie n’é­tait pas enta­chée. Aujourd’­hui, je réflé­chi­rais beau­coup plus atten­ti­ve­ment à ma rela­tion avec l’in­dus­trie. Les pré­oc­cu­pa­tions rela­tives aux conflits d’in­té­rêts sont beau­coup plus pré­sentes dans mon esprit qu’elles ne l’é­taient il y a 10 ou 15 ans. »

En face de l’é­cole de méde­cine se trouve l’ad­mi­nis­tra­tion du centre médi­cal de l’u­ni­ver­si­té, où le direc­teur géné­ral Mark Laret tra­vaille depuis son bureau du cin­quième étage avec vue sur le parc du Gol­den Gate et le pont au-delà. « À cer­tains égards, nous sommes tous dépen­dants de l’argent des grandes socié­tés phar­ma­ceu­tiques », dit-il, fai­sant réfé­rence au géné­reux finan­ce­ment de déjeu­ners gra­tuits et d’é­vé­ne­ments édu­ca­tifs impor­tants à l’u­ni­ver­si­té, « mais nous allons devoir nous sevrer d’une dépen­dance géné­ra­le­ment inap­pro­priée. Cette rela­tion est l’une de ces choses que nous devons net­toyer. Le plus tôt sera le mieux. »

Comme Haile Debas, Laret est deve­nu par­ti­cu­liè­re­ment pré­oc­cu­pé par l’ac­cès incon­trô­lé des repré­sen­tants des socié­tés phar­ma­ceu­tiques aux méde­cins et, dans cer­tains cas, aux patients. Au début de l’an­née, M. Laret a dis­cu­té avec le doyen de l’é­cole de phar­ma­cie de la pos­si­bi­li­té de déve­lop­per du maté­riel édu­ca­tif pour les méde­cins hos­pi­ta­liers qui pour­rait effec­ti­ve­ment « com­plé­ter ou même sup­plan­ter » celui dis­tri­bué par les repré­sen­tants des socié­tés phar­ma­ceu­tiques. Il avait été cho­qué, lors de dis­cus­sions avec des méde­cins rési­dents, encore en for­ma­tion, de consta­ter à quel point nombre d’entre eux s’en remet­taient aux repré­sen­tants des entre­prises phar­ma­ceu­tiques pour s’in­for­mer sur les médi­ca­ments. « Je pense que cela doit chan­ger. Les patients veulent être sûrs que les déci­sions que prennent leurs méde­cins ne sont pas indû­ment influen­cées par le mar­ke­ting des socié­tés pharmaceutiques. »

Il res­sort clai­re­ment des conver­sa­tions avec de nom­breux res­pon­sables de l’UCSF qu’un plan se des­sine pour, à terme, « virer les repré­sen­tants », mais M. Laret dit qu’il ne pré­juge pas de l’o­rien­ta­tion du pro­ces­sus actuel. Étant don­né que les repré­sen­tants et leurs visites indi­vi­duelles repré­sentent une grande par­tie du bud­get pro­mo­tion­nel annuel de 19 mil­liards de dol­lars de l’in­dus­trie phar­ma­ceu­tique aux États-Unis, il est peu pro­bable que les socié­tés phar­ma­ceu­tiques cèdent un cam­pus influent comme l’UCSF sans se battre. Lors­qu’on lui demande si ses pro­jets ne risquent pas d’é­chouer, M. Laret répond : « Nous par­lons d’un chan­ge­ment de culture dans l’or­ga­ni­sa­tion. Il s’a­git de savoir quand, pas si ».

Laret, admi­nis­tra­teur pro­fes­sion­nel d’hô­pi­taux, a beau­coup réflé­chi à l’im­por­tance des rela­tions entre les méde­cins et les entre­prises phar­ma­ceu­tiques, ayant sié­gé au groupe de tra­vail spé­cial de l’As­so­cia­tion of Ame­ri­can Medi­cal Col­leges qui a pro­duit les nou­velles direc­tives natio­nales. « La der­nière chose que nous vou­lons faire est d’é­touf­fer la créa­ti­vi­té. La com­mer­cia­li­sa­tion de la science est une bonne chose pour les êtres humains », affirme-t-il. « Nous ne devons pas consi­dé­rer les grandes entre­prises phar­ma­ceu­tiques comme des enne­mis ; elles sont des par­te­naires pré­cieux. Mais trou­ver les bons termes de cette rela­tion est le véri­table défi. »

Ce thème est repris par M. Cohen : « Le véri­table dilemme éthique n’est pas celui du repas gra­tuit, mais celui de la pré­ser­va­tion des pos­si­bi­li­tés de nou­veaux déve­lop­pe­ments, qui néces­sitent des rela­tions étroites pour que les nou­veaux pro­duits cor­res­pondent aux besoins cli­niques. La ques­tion est de savoir com­ment entre­te­nir ces rela­tions sans com­pro­mettre la cré­di­bi­li­té des chercheurs. »

Rela­tions avec les chercheurs

Les der­nières direc­tives de l’As­so­cia­tion of Ame­ri­can Medi­cal Col­leges — qui pré­voient la nou­velle pré­somp­tion selon laquelle un conflit d’in­té­rêts impor­tant peut empê­cher un cher­cheur de mener des recherches — offrent cer­taines orien­ta­tions aux ins­ti­tu­tions uni­ver­si­taires qui cherchent à redé­fi­nir leurs rela­tions avec les spon­sors, mais il est trop tôt pour voir com­ment elles sont mises en pra­tique. D’autres conseils ont été don­nés par le groupe indus­triel Phar­ma­ceu­ti­cal Research and Manu­fac­tu­rers of Ame­ri­ca, qui pro­mulgue actuel­le­ment une nou­velle série de prin­cipes pour les rela­tions. Adop­tés l’an­née der­nière, ces prin­cipes sti­pulent que  » les pro­mo­teurs n’en­ga­ge­ront pas, pour mener des essais cli­niques, des cher­cheurs qui ont des inté­rêts exclu­sifs dans le com­po­sé étu­dié « , bien qu’ils n’in­ter­disent pas la myriade d’autres formes de liens finan­ciers entre les pro­mo­teurs et les cher­cheurs. En réponse à l’a­larme crois­sante du public concer­nant les cas dans les­quels des résul­tats peu flat­teurs ont été sup­pri­més — y com­pris un exemple notoire à l’UCSF dans lequel des don­nées sur un médi­ca­ment thy­roï­dien pro­ve­nant d’un essai spon­so­ri­sé ont été enter­rées pen­dant sept ans — les nou­veaux prin­cipes de l’in­dus­trie exhortent les entre­prises à rap­por­ter toutes les essais spon­so­ri­sés, même s’ils sont défa­vo­rables. 

En tant que membre du comi­té char­gé d’exa­mi­ner et de gérer les liens finan­ciers entre les uni­ver­si­taires de l’UCSF et leurs spon­sors indus­triels, le pro­fes­seur asso­cié Mary-Mar­ga­ret Chren se féli­cite de la ten­dance actuelle à mettre plus de dis­tance dans ces rela­tions. « La divul­ga­tion est un outil très limi­té pour gérer les conflits d’in­té­rêts », dit-elle, en fai­sant valoir que la méde­cine devrait s’a­li­gner sur les autres pro­fes­sions. « Notre sys­tème ne tolé­re­rait jamais que des juges prennent de l’argent de ceux qu’ils jugent, pour­tant, pour une rai­son quel­conque, cela ne s’ap­plique pas à la méde­cine, et les méde­cins estiment qu’ils devraient avoir une liber­té totale sans aucune pro­tec­tion contre des rela­tions poten­tiel­le­ment com­pro­met­tantes. »

Il y a près de dix ans, Chren, un der­ma­to­logue rat­ta­ché au San Fran­cis­co Vete­rans Affairs Medi­cal Cen­ter, a publié un article sug­gé­rant qu’un « inter­mé­diaire ins­ti­tu­tion­nel indé­pen­dant à but non lucra­tif soit res­pon­sable de toutes les inter­ac­tions entre les méde­cins scien­ti­fiques et les entre­prises ». Bien qu’elle ait été igno­rée en 1994, l’i­dée de Chren pour­rait deve­nir plus per­ti­nente aujourd’­hui si les ten­ta­tives actuelles de désen­che­vê­tre­ment se poursuivent.

L’Ac­cre­di­ta­tion Coun­cil for Conti­nuing Medi­cal Edu­ca­tion, l’or­ga­nisme qui fixe les normes de la for­ma­tion médi­cale conti­nue aux États-Unis, vient de publier un nou­veau pro­jet de direc­tives indi­quant que les cher­cheurs ou les ensei­gnants ayant des liens finan­ciers avec des socié­tés phar­ma­ceu­tiques ou d’autres spon­sors peuvent avoir des conflits d’in­té­rêts et seraient donc « exclus des rôles de membre du comi­té de pla­ni­fi­ca­tion, de ges­tion­naire, d’en­sei­gnant et d’au­teur » dans le cadre de la for­ma­tion médi­cale conti­nue. Le pré­am­bule du pro­jet indique clai­re­ment qu’il pro­pose une grande rup­ture avec le pas­sé : « Désor­mais, un conflit d’in­té­rêts exclu­ra une per­sonne ou une entre­prise du contrôle du conte­nu de la FMC. Nous recon­nais­sons qu’il s’a­git d’un chan­ge­ment majeur ». Le pro­jet a sus­ci­té de vives réac­tions de la part des asso­cia­tions pro­fes­sion­nelles, qui affirment que d’im­por­tantes acti­vi­tés édu­ca­tives n’au­raient pas lieu sans le sou­tien des entre­prises pharmaceutiques.

« C’est absurde », déclare Drum­mond Ren­nie, rédac­teur adjoint au JAMA et pro­fes­seur de méde­cine à l’UCSF. « Cet argu­ment pré­sup­pose que cer­tains des plus aisés de notre socié­té n’ont pas les moyens de payer leur déjeu­ner, leur for­ma­tion ou leur confé­rence. Mais devi­nez quoi, toutes sortes de per­sonnes plus pauvres paient chaque étape du pro­ces­sus. Per­sonne ne leur donne de l’argent. Lorsque j’en­tends des méde­cins crier à la pau­vre­té… et à l’in­ca­pa­ci­té de payer leurs études, j’ai honte de ma pro­fes­sion car ce sont des men­songes évi­dents. »

John Kel­ly, vice-pré­sident senior des affaires scien­ti­fiques et régle­men­taires chez Phar­ma­ceu­ti­cal Research and Manu­fac­tu­rers of Ame­ri­ca, affirme que son sec­teur ne sou­tient pas le pro­jet de règles rela­tives à la for­ma­tion médi­cale conti­nue et, lors d’une récente inter­view, il s’est dit convain­cu qu’elles ne seraient pas mises en œuvre. M. Kel­ly sou­tient fer­me­ment que la for­ma­tion médi­cale conti­nue spon­so­ri­sée est dans l’in­té­rêt des patients car elle faci­lite l’ac­cès des méde­cins aux « meilleures infor­ma­tions dis­po­nibles », mais il n’a pas vou­lu répondre à la ques­tion de savoir pour­quoi la for­ma­tion médi­cale conti­nue spon­so­ri­sée était dans l’in­té­rêt de ses spon­sors. Sur la ques­tion plus large des mou­ve­ments nais­sants vers le désen­che­vê­tre­ment, Kel­ly a fait ce com­men­taire : « Il faut faire atten­tion à ne pas sur­in­ter­pré­ter ce qui se passe dans une seule ins­ti­tu­tion ou un seul pro­jet de direc­tives, ou à ne pas y voir une ten­dance. Ce n’est pas une ten­dance ». Le pro­jet de rap­port du groupe de tra­vail sur les conflits d’in­té­rêts du sénat aca­dé­mique de l’UCSF, qui pré­co­nise un assou­plis­se­ment des règles et une impli­ca­tion poten­tiel­le­ment plus étroite, cor­ro­bore cer­tai­ne­ment l’af­fir­ma­tion de Kel­ly (voir la pre­mière par­tie de cet article).

Inter­ro­gé sur la cam­pagne Pharm­Free menée par l’As­so­cia­tion amé­ri­caine des étu­diants en méde­cine, M. Kel­ly a décla­ré que, contrai­re­ment aux étu­diants, les orga­ni­sa­tions repré­sen­tant les méde­cins en exer­cice conti­nuent de recon­naître le rôle impor­tant des entre­prises dans le finan­ce­ment des acti­vi­tés édu­ca­tives. Pour­tant, cer­tains groupes pro­fes­sion­nels ont déjà com­men­cé à se défaire de leur dépen­dance finan­cière vis-à-vis des entre­prises phar­ma­ceu­tiques. La Socie­ty of Gene­ral Inter­nal Medi­cine a intro­duit l’an­née der­nière une poli­tique limi­tant le finan­ce­ment des socié­tés phar­ma­ceu­tiques à 10 % du bud­get annuel total de l’or­ga­ni­sa­tion, aucune socié­té ne pou­vant finan­cer plus de 5 %. Après la mise en œuvre de ces nou­velles règles, le par­rai­nage de la confé­rence annuelle de la socié­té par les entre­prises phar­ma­ceu­tiques a chu­té de plus de 100 000 dol­lars (près de 70 %).

Le pré­sident de la socié­té et pro­fes­seur à l’u­ni­ver­si­té de Cali­for­nie à Los Angeles, Mar­tin Sha­pi­ro, explique que les chan­ge­ments ont été pré­ci­pi­tés par un cas par­ti­cu­lier de recherche spon­so­ri­sée, dans un contexte d’in­quié­tude crois­sante quant à la proxi­mi­té entre les asso­cia­tions pro­fes­sion­nelles et leurs spon­sors. « Il suf­fit de se pro­me­ner dans les salles de cer­taines autres réunions pro­fes­sion­nelles et confé­rences médi­cales pour consta­ter que ça pue la pro­pa­gande et l’at­ti­rail phar­ma­ceu­tiques. Et il ne suf­fit pas de tra­ver­ser ces salles en se bou­chant le nez — l’argent de la socié­té est déjà dans votre poche par le biais de la sub­ven­tion de vos frais de confé­rence ou de votre adhé­sion à une asso­cia­tion. »

Vers un désenchevêtrement

Der­rière les récep­tion­nistes, dans le hall très fré­quen­té du centre médi­cal de l’UCSF, un pan­neau indique : « Notre mis­sion est de soi­gner, gué­rir, ensei­gner et décou­vrir. » Une grande par­tie de cette décou­verte est main­te­nant gérée par les entre­prises phar­ma­ceu­tiques, qui tra­vaillent en rela­tion avec les méde­cins, déve­lop­pant de nou­velles thé­ra­pies pro­met­teuses et ren­tables. Le défi pour ceux qui dirigent les hôpi­taux, les ins­ti­tu­tions uni­ver­si­taires et les sys­tèmes de san­té dans leur ensemble est de faci­li­ter le meilleur de ces rela­tions de décou­verte, sans lais­ser les flux de bonne volon­té, d’argent et d’in­fluence qui en résultent déna­tu­rer fon­da­men­ta­le­ment les dimen­sions de soin, de gué­ri­son et d’en­sei­gne­ment de la mis­sion médicale.

Le déve­lop­pe­ment de nou­veaux pro­duits phar­ma­ceu­tiques et leur pro­mo­tion sont deux acti­vi­tés très dif­fé­rentes, et l’exa­men minu­tieux de l’in­dus­trie, moti­vé en grande par­tie par l’ac­cé­lé­ra­tion des dépenses en médi­ca­ments, ne fera que cla­ri­fier les limites entre ces dif­fé­rentes acti­vi­tés. De nom­breux méde­cins, ain­si que leurs asso­cia­tions pro­fes­sion­nelles, sont confron­tés à des choix dif­fi­ciles : doivent-ils conti­nuer à faire par­tie de la machi­ne­rie pro­mo­tion­nelle éten­due de l’in­dus­trie ou doivent-ils cher­cher à prendre une réelle dis­tance dans leurs rela­tions, afin de pres­crire, d’en­sei­gner et de don­ner des conseils de manière réel­le­ment indé­pen­dante ? L’é­vo­lu­tion crois­sante vers une véri­table sépa­ra­tion pour­rait bien rendre inte­nables des conflits d’in­té­rêts aupa­ra­vant acceptables.

En mars 2003, dans une salle située à deux pas du bureau du doyen de l’UCSF, un groupe impor­tant d’é­tu­diants en pre­mière et deuxième année de méde­cine se réga­lait de piz­zas, de hot dogs et des omni­pré­sents ham­bur­gers. Bien qu’il s’a­gisse d’un endroit idéal pour éta­blir un réseau d’en­tre­prises avec la pro­chaine géné­ra­tion de pres­crip­teurs, il n’y avait pas un seul repré­sen­tant ou logo de médi­ca­ment en vue. Confus, j’ai trou­vé les orga­ni­sa­teurs qui m’ont dit que ce déjeu­ner gra­tuit était payé par l’u­ni­ver­si­té et, comme la ligne du T‑shirt, n’é­tait cer­tai­ne­ment « pas sponsorisé ».

Remarques

Je remer­cie Alan Cas­sels, cher­cheur en poli­tique phar­ma­ceu­tique à l’U­ni­ver­si­té de Vic­to­ria, au Cana­da, pour ses com­men­taires réfléchis.

Inté­rêts concur­rents : Aucun déclaré.

Réfé­rences

2. Pas de déjeu­ner gra­tuit. http://​nofree​lunch​.org/ (consul­té le 8 mai 2003).
3. Scep­ti­cisme sain. www​.heal​thys​kep​ti​cism​.org (consul­té le 8 mai 2003).
4. Groupe de tra­vail sur les conflits d’in­té­rêts finan­ciers dans la recherche cli­nique. Pro­té­ger les sujets, pré­ser­ver la confiance, pro­mou­voir le pro­grès. Asso­cia­tion of Ame­ri­can Medi­cal Col­leges, 2001 : 9. www​.aamc​.org/​m​e​m​b​e​r​s​/​c​o​i​t​f​/​s​t​a​r​t​.​htm (page sup­pri­mée) (consul­té le 28 avril 2003).
5. Recherche phar­ma­ceu­tique et fabri­cants d’A­mé­rique. Prin­cipes sur la conduite des essais cli­niques et la com­mu­ni­ca­tion des résul­tats des essais cli­niques. Washing­ton, DC : PhR­MA, 2002 www​.phr​ma​.org/​p​u​b​l​i​c​a​t​i​o​n​s​/​q​u​i​c​k​f​a​c​t​s​/​2​0​.​0​6​.​2​0​0​2​.​4​2​8​.​cfm (consul­té le 8 mai 2003).
6. Ren­nie D. Tem­pête thy­roï­dienne. JAMA 1997 ; 277 : 1238–43. [ Pub­Med ]  ]
7. Chren M. Enquê­teurs indé­pen­dants et socié­tés à but lucra­tif. Arch Der­ma­tol 1994 ; 130 : 432–7. [ Pub­Med ]  ]
8. Le Conseil d’ac­cré­di­ta­tion pour les normes de for­ma­tion médi­cale conti­nue pour assu­rer la sépa­ra­tion de la pro­mo­tion de l’é­du­ca­tion dans le cadre des acti­vi­tés de FMC des four­nis­seurs accré­di­tés de l’ACCME . Chi­ca­go : ACCME, 2003. www​.accme​.org/​i​n​c​o​m​i​n​g​/​S​C​S​_​D​r​a​f​t​_​J​a​n​_​2​0​0​3​.​pdf (page sup­pri­mée) (consul­té le 8 mai 2003).

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3 Commentaires

  1. Sebastien Jacqueline adaoust

    Le mot « médi­ca­ment » est, à mon sens, un mot volé.
    Si dans une conver­sa­tion vous essayez de le rem­pla­cer par : « trai­te­ment chi­mique avec des effets secon­daires », vous allez acti­ver un engre­nage dans votre esprit qui vous inci­te­ra à vous docu­men­ter sur les effets secon­daires et à moins avoir une confiance aveugle envers un méde­cin dont le juge­ment est biai­sé par des com­mer­ciaux médi­caux qui l’in­citent à faire avec ses patients (clients) des pres­crip­tions par­fois sans effet posi­tif sur les pathologies.

    Réponse
  2. Joh

    On a vu lors de ce coup d’é­tat mili­taire qu’au­cun méde­cin n’é­tait gêné de tuer ses patients.

    Réponse

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