[Le prétendu « consensus scientifique » (qui légitime toutes les mesures politiques de persécution) est FAUX, TRUQUÉ, FORCÉ : c’est bien un consensus mais un consensus de tricheurs – Exemples récents de la corruption générale de la science médicale] « Au nom de la science. La science peut-elle servir de guide à notre société ? » Par Maxime Langevin, chez Laurent Mucchielli

9/04/2021 | 19 commentaires

Chers amis,
 
Le docu­ment que je vous signale  aujourd’­hui est sans doute un des plus impor­tants depuis un an, et il est par­ti­cu­liè­re­ment révol­tant : des pres­sions innom­brables, liées à la fois à l’ap­pât du gain et à la soif de domi­na­tion, entraînent une cor­rup­tion géné­rale de la science médi­cale qui la dis­cré­dite gra­ve­ment, à toutes les étapes de sa pro­duc­tion et de sa dif­fu­sion. Ceux qui aiment vrai­ment la science, et qui comptent sur elle, ne peuvent que s’en alarmer.
 
Cette réflexion essen­tielle devrait nous aider à mieux résis­ter aux invrai­sem­blables abus de pou­voir, sup­pres­sions de liber­tés fon­da­men­tales et per­sé­cu­tions arbi­traires qui nous sont infli­gés au nom de la science depuis un an (et appa­rem­ment pour encore longtemps).
 
Plus lar­ge­ment, ce texte de Maxime Lan­ge­vin évoque pour moi un pro­blème consti­tuant cen­tral : la menace radi­ca­le­ment anti­dé­mo­cra­tique de « la gou­ver­nance par les nombres » (ne ratez pas les confé­rences bou­le­ver­santes d’A­lain Supiot sur ce point), qui est un pro­jet de dépo­li­ti­sa­tion des déci­sions com­munes, de façon à lais­ser tout déci­der par des « experts ». Or, même avec des experts intègres, ce pro­jet scien­tiste est le strict oppo­sé de la démocratie.
 
Ce qu’on va voir ici, c’est que, en plus d’être (par prin­cipe démo­cra­tique) illé­gi­times à déci­der, les experts sont loin d’être intègres et fiables, du point de vue du bien commun.
 
Et au fond, tout ceci me ren­force dans l’i­dée que, comme toutes nos orga­ni­sa­tions vitales (ali­men­ta­tion, dis­tri­bu­tion, éner­gies, trans­ports…), notre sys­tème de soins (recherche médi­cale, indus­trie médi­cale et éta­blis­se­ment médi­caux) devrait être un ser­vice public (donc sans contrainte de ren­ta­bi­li­té) et pas du tout un centre de pro­fit pri­vé.
 
Et mes amis qui me reprochent (par­fois amè­re­ment) de ne pas res­pec­ter doci­le­ment « LE consen­sus scien­ti­fique mon­dial » (avec de gros guille­mets), au point de voir en moi un « anti-science » (sic), trou­ve­ront ici (une par­tie) des rai­sons fac­tuelles qui me conduisent (logi­que­ment) à être très méfiant envers toutes les pré­ten­tions scien­ti­fiques à nous gou­ver­ner, et qui me conduisent donc à défendre plus que jamais les liber­tés publiques fon­da­men­tales (ce que je fais inlas­sa­ble­ment depuis 2005).
 
Bonne lecture.
 
Étienne.
 
PS : je vous recom­mande de consul­ter régu­liè­re­ment le blog de Laurent Muc­chiel­li ; c’est tou­jours inté­res­sant et impor­tant, vous ne per­drez pas votre temps.
 
PPS : les sous-titres (popu­listes et pas contents) dans des cadres bleus sont ajou­tés par moi : ils cor­res­pondent aux notes que j’ai prises en marge du texte, en le lisant, pour le résu­mer à ma manière.

 


 

Intro­duc­tion de Laurent Mucchielli :
« C’est au nom de l’au­to­ri­té de la science que le gou­ver­ne­ment a depuis un an déci­dé de mettre sous cloche les pro­ces­sus démo­cra­tiques et cer­taines liber­tés fon­da­men­tales. Or la science n’est ni infaillible, ni incor­rup­tible. Reve­nant sur plu­sieurs exemples mar­quants de 2020, cet article montre que, en réa­li­té, c’est bien plus sou­vent la poli­tique qui a influen­cé la science que l’inverse. »
Source : https://​blogs​.media​part​.fr/​l​a​u​r​e​n​t​-​m​u​c​c​h​i​e​l​l​i​/​b​l​o​g​/​2​9​0​3​2​1​/​a​u​-​n​o​m​-​d​e​-​l​a​-​s​c​i​e​n​c​e​-​l​a​-​s​c​i​e​n​c​e​-​p​e​u​t​-​e​l​l​e​-​s​e​r​v​i​r​-​d​e​-​g​u​i​d​e​-​n​o​t​r​e​-​s​o​c​i​ete

 

Au nom de la science. La science peut-elle servir de guide à notre société ?

Par Maxime LANGEVIN, diplô­mé de l’École Poly­tech­nique, doc­to­rant en mathé­ma­tiques appli­quées pour la chimie

La science est étouf­fée par une volon­té de gain poli­tique et finan­cier. Le covid-19 a déchaî­né une cor­rup­tion éta­tique à grande échelle, néfaste pour la san­té publique.” Cette décla­ra­tion fra­cas­sante, poin­tant du doigt une sup­pres­sion – voire une ins­tru­men­ta­li­sa­tion – de la science par un com­plexe médi­co-poli­tique, semble être tirée d’une tri­bune com­plo­tiste. C’est en réa­li­té un extrait d’un édi­to­rial de la pres­ti­gieuse revue de méde­cine géné­rale The Bri­tish Medi­cal Jour­nal écrit par Kam­ran Abba­si. Quelles sont les rai­sons qui peuvent pous­ser un scien­ti­fique recon­nu et res­pec­té, qu’on ne pour­ra pas vrai­ment qua­li­fier d’anti-système (il a notam­ment été consul­tant pour la NHS, l’OMS, Har­vard et McKin­sey and Co., et inter­vient régu­liè­re­ment sur les ondes de la BBC), à tenir des pro­pos aus­si virulents ?

La pan­dé­mie de covid-19 et les réac­tions des gou­ver­ne­ments ont pro­pul­sé la science sous le feu des pro­jec­teurs. En effet, la socié­té fran­çaise, comme de nom­breuses socié­tés occi­den­tales, est depuis bien­tôt un an régie par des obli­ga­tions, inter­dic­tions et recom­man­da­tions prises au nom de la science par nos gou­ver­ne­ments afin de lut­ter contre la pro­pa­ga­tion du Sars-CoV‑2, le virus res­pon­sable de la mala­die covid-19. Mal­gré leur empiè­te­ment sur de nom­breuses liber­tés fon­da­men­tales (liber­té de se dépla­cer, de com­mer­cer, de se ras­sem­bler, par exemple) et leur carac­tère contrai­gnant, ces mesures ont été glo­ba­le­ment bien accueillies, ne don­nant pas lieu à des mou­ve­ments de contes­ta­tion majeurs ou béné­fi­ciant d’une forte cou­ver­ture média­tique. Ce constat montre que nos socié­tés ont tem­po­rai­re­ment accep­té de subor­don­ner leurs prin­cipes fon­da­men­taux aux injonc­tions de la science, dans l’idée de garan­tir leur sécu­ri­té. La science, qui désigne à la fois la méthode scien­ti­fique (méthode per­met­tant d’accéder au savoir, basée sur la confron­ta­tion entre obser­va­tions, hypo­thèses et théo­ries, pré­dic­tions et expé­riences) et l’ensemble des connais­sances acquises par la com­mu­nau­té scien­ti­fique au tra­vers de cette méthode, est sou­vent per­çue comme un ensemble de connais­sances objec­tives, pri­vées de biais, et tour­nées vers l’amélioration de notre socié­té. De par son carac­tère objec­tif, si la science recom­mande de contre­ve­nir aux prin­cipes fon­da­teurs de nos socié­tés pour notre sécu­ri­té, il semble rai­son­nable d’accepter cette recommandation.

Cepen­dant, avons-nous rai­son de prô­ner la subor­di­na­tion de nos socié­tés à une auto­ri­té scien­ti­fique ? La science peut-elle nous ser­vir de guide pour déci­der de nos actes ? L’idée que la science puisse gui­der le pou­voir poli­tique néglige cepen­dant le fait que celle-ci, pra­ti­quée et dif­fu­sée par des êtres humains faillibles, est aisé­ment cor­rup­tible, et qu’il puisse arri­ver que l’idéologie qui pré­tend suivre la science est en réa­li­té en train de la mani­pu­ler pour jus­ti­fier ses des­seins poli­tiques : ain­si, la science fut uti­li­sée pour jus­ti­fier les poli­tiques eugé­nistes et racistes dans l’occident du XXème siècle, depuis la cam­pagne Aktion T4 jusqu’aux expé­riences de Tus­ke­gee. Cela ne signi­fie pas que la science est inhé­rem­ment mau­vaise, ou ne peut ser­vir d’aide à la déci­sion poli­tique. Cela signi­fie sim­ple­ment qu’une déci­sion n’est pas néces­sai­re­ment ni juste ni bonne parce qu’elle est appuyée par la science et ses repré­sen­tants. Ces leçons amères auraient dû nous ensei­gner que le simple appui de la science à des déci­sions ne peut pré­va­loir tota­le­ment sur le res­pect par celles-ci d’autres valeurs, notam­ment le res­pect de cer­tains droits et liber­tés fondamentaux.

La cor­rup­tion de la science peut s’immiscer à toutes les étapes de pro­duc­tion et dif­fu­sion de savoir scien­ti­fique – pro­duc­tion des don­nées, publi­ca­tion dans des jour­naux, dif­fu­sion dans les médias, et mani­pu­la­tion par le pou­voir poli­tique. L’objectif de ce texte est de pré­sen­ter cer­tains des exemples de cor­rup­tion de la science depuis le début de la pan­dé­mie de covid-19, afin de mettre en lumière les limites, pour une socié­té, de la démarche qui consiste à subor­don­ner des valeurs et prin­cipes fon­da­teurs à une direc­tion qui lui serait don­née par la science.

1. Production de données scientifiques

Le fon­de­ment de la recherche scien­ti­fique est la pro­duc­tion et l’analyse de don­nées expé­ri­men­tales. D’une part, ces don­nées peuvent être fal­si­fiées, don­nant lieu à la publi­ca­tion de tra­vaux scien­ti­fiques erro­nés. D’autre part, la pro­duc­tion de don­nées néces­site de for­mu­ler un pro­blème, ain­si qu’une volon­té scien­ti­fique d’explorer ce pro­blème : un cli­mat défa­vo­rable à l’étude d’une ques­tion scien­ti­fique peut donc empê­cher que celle-ci soit abor­dée. De quelle manière ces deux phé­no­mènes ont-ils pu jouer un rôle au cours de la pandémie ?

Production de fausses données

L’efficacité de l’hy­droxy­chlo­ro­quine reste à l’heure actuelle un sujet extrê­me­ment cli­vant en France. La ques­tion de l’efficacité de trai­te­ments basés sur l’hydroxychloroquine, néces­si­tant l’analyse de nom­breuses études cli­niques, sort lar­ge­ment du cadre de cet article et n’est pas son objet. En revanche, sa poli­ti­sa­tion à don­né lieu à l’un des plus grands scan­dales scien­ti­fiques de 2020. Au prin­temps 2020, alors qu’en France les essais cli­niques Dis­co­ve­ry et Hyco­vid sont char­gés notam­ment d’évaluer l’effet du trai­te­ment de façon objec­tive, un article publié dans le Lan­cet, l’une des plus pres­ti­gieuses revues médi­cales, fait l’effet d’une bombe : non seule­ment l’hydroxychloroquine ne serait pas effi­cace, mais sa pres­crip­tion en milieu hos­pi­ta­lier serait asso­cié d’une part à une mor­ta­li­té signi­fi­ca­ti­ve­ment plus éle­vée, ain­si qu’à un risque accru d’a­ryth­mie car­diaque. Aus­si­tôt, les essais cli­niques fran­çais sont sus­pen­dus, tan­dis que le Haut Conseil de San­té Publique recom­mande de ne plus pres­crire le trai­te­ment. Pour­tant, les don­nées uti­li­sées dans l’article du Lan­cet, sup­po­sés pro­ve­nir de 671 hôpi­taux sur 6 conti­nents (ce qui repré­sente un nombre et une diver­si­té de centres très éle­vés pour une étude cli­nique) et four­nies par une entre­prise pri­vée, Sur­gis­phere, s’avèrent en réa­li­té tota­le­ment frau­du­leuses. Mais la rétrac­ta­tion sub­sé­quente de l’article du Lan­cet n’aura pas empê­ché les consé­quences réelles de ses conclu­sions, à savoir la sus­pen­sion des essais cli­niques sur l’hy­droxy­chlo­ro­quine en France.

Cette affaire nous offre plu­sieurs ensei­gne­ments. Pre­miè­re­ment, il nous rap­pelle que les don­nées scien­ti­fiques sont sujettes à la fraude (bien qu’elles soient vrai­sem­bla­ble­ment bien plus sou­vent sujettes à l’erreur). Ensuite, la fraude du Lan­cet était faci­le­ment détec­table. D’une part, l’article aurait été capable de ras­sem­bler des don­nées de plus de 600 hôpi­taux, à tra­vers le biais d’une socié­té incon­nue refu­sant de com­mu­ni­quer les­dites don­nées. De plus, celles-ci auraient mon­tré une aug­men­ta­tion extrê­me­ment signi­fi­ca­tive de la mor­ta­li­té, un signal assez fort dont on aurait atten­du qu’il soit repé­ré par les nom­breuses études cli­niques en cours de par le monde au moment de la sou­mis­sion de l’article. Cela invite au mini­mum à un cer­tain scep­ti­cisme quant à la réa­li­té des don­nées pré­sen­tées. Natu­rel­le­ment, cela aurait pu mener à véri­fier la véra­ci­té des don­nées, et à iden­ti­fier très rapi­de­ment le carac­tère frau­du­leux de l’article.

Le fait qu’une fraude aus­si gros­sière puisse pas­ser le pro­ces­sus de peer review (les articles scien­ti­fiques sont, avant publi­ca­tion, revus par d’autres scien­ti­fiques indé­pen­dants – les pairs, ou peers en anglais – afin de s’assurer de la qua­li­té de l’article) du Lan­cet jette un sérieux doute sur la fia­bi­li­té du jour­nal sup­po­sé être par­mi les plus rigou­reux du monde scien­ti­fique. La réa­li­té est peut être que les publi­ca­tions allant dans un cer­tain sens, qui suivent un cer­tain consen­sus, sont accep­tées sans être scru­tés avec la même atten­tion que le requiert d’habitude le pro­ces­sus de peer review. Enfin, le fait que les auto­ri­tés scien­ti­fiques aient inter­rom­pu les essais cli­niques en France à la suite de l’article du Lan­cet est sur­pre­nant, au vu des enjeux : cela montre la faci­li­té avec laquelle des scien­ti­fiques peuvent s’appuyer sur d’autres publi­ca­tions sans éva­luer atten­ti­ve­ment la fia­bi­li­té des résul­tats qui y sont présentés.

La fal­si­fi­ca­tion de don­nées reste cepen­dant extrê­me­ment mal vue et ris­quée pour une car­rière et une répu­ta­tion scien­ti­fique. Mais il n’y a pas besoin de fal­si­fier des don­nées, par­ti­cu­liè­re­ment sur des sujets aus­si com­plexes que la bio­lo­gie ou l’épidémiologie. Ces domaines requièrent d’analyser énor­mé­ment de don­nées, sou­vent impar­faites, et pro­ve­nant d’expériences aux niveaux de qua­li­té extrê­me­ment variables. Au milieu de cette masse de don­nées, il suf­fit de ne regar­der que celles qui confirment nos propres opi­nions, en igno­rant volon­tai­re­ment ou pas celles qui ne concordent pas avec nos pré­con­cep­tions, un phé­no­mène bien connu en science, le biais de confir­ma­tion.

Autocensure de la part des scientifiques

Mais la prin­ci­pale rai­son pour laquelle la pro­duc­tion scien­ti­fique fut biai­sée en 2020 est pro­ba­ble­ment venue de l’autocensure, volon­taire ou incons­ciente, des scien­ti­fiques. Remettre en ques­tion cer­taines posi­tions – sur l’utilité des confi­ne­ments, le port du masque, la fia­bi­li­té des tests de diag­nos­tic – était ris­qué pro­fes­sion­nel­le­ment pour de nom­breux scientifiques.

Ain­si, John Ioan­na­dis, un épi­dé­mio­lo­giste de l’université de Stan­ford consi­dé­ré comme l’un des scien­ti­fiques les plus influents sur la pla­nète, a été accu­sé d’être res­pon­sable de la perte de “mil­liers de vies”, de pro­duire de la “science affreuse”, et d’être une “tâche noire” sur l’histoire de Stan­ford. Son tort ? La publi­ca­tion à la mi-mars d’un essai  expli­quant que les don­nées sou­te­nant les déci­sions prises pour lut­ter contre la pan­dé­mie étaient très incer­taines, et qu’il était cru­cial d’acquérir plus de don­nées afin d’ajuster rapi­de­ment notre réponse. Au vu de l’ampleur de la réac­tion contre Ioan­na­dis, pour­tant l’un des scien­ti­fiques les plus répu­tés du monde bio­mé­di­cal, il est vite appa­ru que l’expression d’une opi­nion diver­gente par un scien­ti­fique pour­rait com­pro­mettre sa répu­ta­tion, une situa­tion bien résu­mée par un épi­dé­mio­lo­giste ayant choi­si l’anonymat en refu­sant une inter­view par la jour­na­liste amé­ri­caine Lau­rie Clark par peur de com­pro­mettre sa car­rière et sa répu­ta­tion : “Mettre la tête au-des­sus du para­pet est une chose dan­ge­reuse à faire en ce moment.”

De plus, dans le monde de la recherche aca­dé­mique, les postes per­ma­nents et stables sont l’exception plus que la règle. Com­pro­mettre sa répu­ta­tion en sor­tant du rang, qui s’est tra­duit pour Ioan­ni­dis par des attaques publiques, peut dans le cas de jeunes cher­cheurs occu­pant des postes pré­caires se tra­duire par une dimi­nu­tion très sérieuse des chances de trou­ver une posi­tion aca­dé­mique stable.

Indé­pen­dam­ment de l’impact pro­fes­sion­nel, les pres­sions et menaces exer­cées direc­te­ment sur les scien­ti­fiques peuvent éga­le­ment les conduire à l’autocensure. J. Lud­vig­sson, un pédiatre sué­dois et pro­fes­seur d’épidémiologie cli­nique à la pres­ti­gieuse uni­ver­si­té de Karo­lins­ka, s’est reti­ré début 2021 de toute acti­vi­té de recherche sur le covid-19 suite aux menaces reçues après avoir publié une étude mon­trant que le risque encou­ru par les enfants, mal­gré la non-fer­me­ture des écoles pri­maires, était très faible. “Il a décla­ré au jour­nal de l’Association Sué­doise de Méde­cine que durant une semaine il se réveillait chaque nuit à 3 heures du matin sans pou­voir se ren­dor­mir, et qu’il avait “per­du son appé­tit pour le covid-19 – que ce soit pour faire de la recherche ou prendre la parole”. Il a déci­dé d’arrêter de recher­cher et de débattre au sujet du covid-19. Il n’est pas le seul : à l’heure actuelle, plu­sieurs res­pon­sables de san­té publique sué­dois sont encore sous pro­tec­tion poli­cière à la suite de nom­breuses menaces de mort envoyées par des détrac­teurs de la poli­tique publique suédoise.

Un des pré­sup­po­sés de l’apparition d’un consen­sus scien­ti­fique fiable est la libre expres­sion des scien­ti­fiques, dans leurs opi­nions et leur tra­vail. Ceux-ci ont été sou­mis à une telle pres­sion sociale pour se confor­mer aux opi­nions domi­nantes que l’émergence d’un consen­sus fiable ne peut être qu’illusoire. Ce cli­mat délé­tère créé un cercle vicieux : cer­taines ques­tions scien­ti­fiques ne peuvent être posées sans sus­ci­ter un tol­lé, dis­sua­dant les scien­ti­fiques d’étudier ces ques­tions et de s’exprimer des­sus, jus­ti­fiant encore plus le cli­mat – l’opinion publique ima­gi­nant que si ces ques­tions n’ont jamais été posées, c’est très cer­tai­ne­ment que la réponse don­née par le point de vue domi­nant doit être évidente.

2. Publication des articles scientifiques

Pour pou­voir être recon­nus et dif­fu­sés, les tra­vaux scien­ti­fiques doivent être pré­sen­tés sous forme d’articles et publiés dans des revues scien­ti­fiques. Si les édi­teurs du jour­nal voient un inté­rêt dans l’article, ils font appel à des scien­ti­fiques indé­pen­dants pour éva­luer la qua­li­té de l’article sou­mis, et per­mettent à la revue de publier ou non l’article. Cette peer review (revue par les pairs) per­met théo­ri­que­ment d’assurer la qua­li­té des tra­vaux scien­ti­fiques pré­sen­tés dans le jour­nal. Ce qui est publié dans les jour­naux scien­ti­fiques l’est à la dis­cré­tion des édi­teurs. On y voit aisé­ment une source de biais qui nuit à l’ob­jec­ti­vi­té pré­sup­po­sée de la science.

Immunité de groupe : le bon calcul est celui qui valide l’opinion dominante

Une des ques­tions au centre des débats depuis le début de la pan­dé­mie est la sui­vante : quel pour­cen­tage de la popu­la­tion doit avoir acquis une forme d’immunité – à tra­vers un vac­cin ou l’infection par le virus – pour que la dyna­mique de la pan­dé­mie soit cas­sée et que celle-ci s’éteigne (ou en tout cas reste sous contrôle)?

L’estimation de ce seuil d’immunité col­lec­tive la plus consen­suelle, autour des 65–70% le plus sou­vent avan­cée https://www.liberation.fr/direct/element/covid-19–45-des-francais-de-metropole-avaient-des-anticorps-en-mai_120100/ (page sup­pri­mée) par les médias, poli­tiques et cer­tains scien­ti­fiques, est bien sou­vent prise pour une cer­ti­tude. Mais d’où pro­vient ce pour­cen­tage ? Celui-ci est déri­vé des modèles d’épidémiologie SIR. Ces modèles, rela­ti­ve­ment simples, divisent la popu­la­tion en per­sonnes sus­cep­tibles, infec­tées (et donc conta­gieuses), et enfin per­sonnes gué­ries et consi­dé­rées comme immu­ni­sées. Ces modèles per­mettent de mettre en équa­tion l’évolution de l’épidémie, qui per­mettent d’estimer une valeur du seuil d’immunité col­lec­tive, autour de 65–70% pour un virus avec un taux de repro­duc­tion autour de 3 comme celui res­pon­sable du covid-19. Cepen­dant, ces modèles font de nom­breuses hypo­thèses : notam­ment celle que la popu­la­tion est homo­gène, c’est-à-dire que tout le monde est éga­le­ment sus­cep­tible de contrac­ter le virus et de le trans­mettre. Cette hypo­thèse est évi­dem­ment démen­tie par l’expérience : de par l’âge, le nombre de contacts sociaux et pro­fes­sion­nels, et la sus­cep­ti­bi­li­té au virus, la capa­ci­té à contrac­ter et trans­mettre le virus est très variable dans la population.

Cer­tains cher­cheurs en épi­dé­mio­lo­gie incluent donc cette hété­ro­gé­néi­té de la popu­la­tion dans leurs modèles. L’équipe de Gabrie­la Gomes, une cher­cheuse à l’Université Stra­th­clyde de Glas­gow tota­li­sant près de 3000 cita­tions et 40 ans de recherche, a ain­si publié sur le ser­veur de pré­pu­bli­ca­tions Medrxiv un article inti­tu­lé “Seuils d’immunité col­lec­tive esti­més pour d’épidémie en train de se dérou­ler”. Dans celui-ci, ils montrent que la prise en compte de l’hétérogénéité de la popu­la­tion dans les cal­culs peut mener à des esti­ma­tions du seuil d’immunité col­lec­tive autour de 10% à 20% pour les scé­na­rios les plus opti­mistes, bien loin des 65–70% avan­cés habi­tuel­le­ment. Cela ne signi­fie pas for­cé­ment que l’équipe de Gabrie­la Gomes ait néces­sai­re­ment rai­son grâce à leur modé­li­sa­tion plus pous­sée (repo­sant elle aus­si sur de nom­breuses hypo­thèses sim­pli­fiant la situa­tion réelle). Cepen­dant, cela nous apprend que le fait d’inclure l’hétérogénéité des popu­la­tions dans les modèles SIR peut faire varier le seuil d’immunité col­lec­tive de 70% à 10%, et donc que nous sommes encore dans une grande incer­ti­tude face au véri­table seuil d’immunité col­lec­tive. L’utilisation de la valeur de 65% pour prendre des déci­sions poli­tiques paraît alors discutable.

Les conclu­sions de l’article de Gabrie­la Gomes et son équipe sont donc d’une impor­tance cru­ciale. Mais celles-ci n’ont jamais été publiées, à cause du refus du jour­nal scien­ti­fique à qui l’article fut sou­mis. La réponse du jour­nal scien­ti­fique à l’équipe de Gabrie­la Gomes pour expli­quer leur refus de publier son article est édi­fiante. Il n’est pas ques­tion d’un refus à cause de la qua­li­té de l’article, mais d’un refus de le sou­mettre au pro­ces­sus de peer review à cause des conclu­sions même de l’article : “Étant don­né les impli­ca­tions en termes de san­té publique, il convient d’exiger un très haut niveau de preuve pour les affir­ma­tions autour du seuil d’immunité col­lec­tive, car elles pour­raient être inter­pré­tées comme jus­ti­fiant une relaxa­tion des inter­ven­tions, met­tant poten­tiel­le­ment en dan­ger des per­sonnes”.

Invo­quant un niveau de preuve requis plus éle­vé pour cer­taines affir­ma­tions, tout en refu­sant à l’article la pos­si­bi­li­té d’être sou­mis au peer review (pro­ces­sus dont le but est pré­ci­sé­ment d’évaluer la fia­bi­li­té et la qua­li­té des résul­tats pré­sen­tés), le jour­nal refuse de publier des conclu­sions qui remettent en ques­tion le fait que le seuil d’immunité col­lec­tive se situe autour de 65%. Cela afin d’éviter de mettre des per­sonnes en dan­ger en jus­ti­fiant des relaxa­tions des inter­ven­tions éta­tiques. Inter­ven­tions éta­tiques jus­ti­fiées notam­ment par le fait que le seuil d’immunité col­lec­tive soit aus­si éle­vé… On constate que les édi­teurs du jour­nal scien­ti­fique en ques­tion sont enfer­més [ou nous enferment (ÉC)] dans un rai­son­ne­ment cir­cu­laire.

Ce qui est encore plus trou­blant est le fait que les édi­teurs, par­tant d’une bonne inten­tion, outre­passent tota­le­ment leur rôle scien­ti­fique et endossent un rôle poli­tique. En effet, le rôle de la science est d’informer et d’éclairer notre com­pré­hen­sion des phé­no­mènes natu­rels. C’est le rôle de la poli­tique de déter­mi­ner quelles actions sont à entre­prendre face à cette incer­ti­tude. Ici, les édi­teurs pré­fèrent occul­ter une par­tie du savoir sur le seuil d’immunité col­lec­tive afin de favo­ri­ser une action (des inter­ven­tions éta­tiques pour lut­ter contre la pro­pa­ga­tion du covid-19) qu’ils estiment pré­fé­rable et se placent donc dans un rôle émi­nem­ment poli­tique. Cette volon­té de cen­su­rer une pro­po­si­tion si elle vient en tra­vers de ce qui est “bien” est très déran­geante, d’autant plus venant d’une com­mu­nau­té scien­ti­fique consi­dé­rée comme fac­tuelle et objec­tive par l’opinion publique.

Délai de publication pour les études à contre-courant

Début juin 2020, un article par Flax­man et al. mon­trant à l’aide de modèles l’efficacité des confi­ne­ments dans les pays euro­péens est publié dans le jour­nal Nature, une des revues scien­ti­fiques les plus sélec­tives. Cet article, co-écrit par cer­tains des scien­ti­fiques ayant recom­man­dé la mise en place des mesures en ques­tion dans leurs pays res­pec­tifs (ce qui crée un conflit d’intérêt, les per­sonnes ayant recom­man­dés des mesures n’étant pas neutres dans l’évaluation de ces mesures) a rapi­de­ment été repris comme une jus­ti­fi­ca­tion des confi­ne­ments, et tota­lise aujourd’hui plus de 700 citations.

Suite à cette publi­ca­tion, une équipe de scien­ti­fiques a écrit une réponse à l’article, poin­tant un pro­blème majeur avec les modèles uti­li­sés. Le modèle décrit dans l’article de Flax­man et al. per­met d’attribuer aux dif­fé­rentes mesures un effet dif­fé­rent selon le pays où elles sont mises en œuvre. Cela per­met à leur modèle de récon­ci­lier le fait que la tra­jec­toire épi­dé­mique de la Suède ait sui­vi une dyna­mique simi­laire à celle consta­tée dans les autres pays sans avoir appli­qué de confi­ne­ment. En effet, leur modèle attri­bue à la mesure “inter­dic­tions des grands ras­sem­ble­ments publics” (la mesure la plus res­tric­tive adop­tée par la Suède au prin­temps) un effet plus de 35 fois plus fort en Suède que dans le reste des pays étu­diés. Sans cela, l’inflexion de la tra­jec­toire épi­dé­mique consta­tée dans les autres pays auraient été attri­buée par leur modèle à l’interdiction des ras­sem­ble­ments publics, et pas aux confi­ne­ments stricts.

doc-1
La réponse à l’ar­ticle a pris plus de 6 mois à être publiée, contre seule­ment 2 mois pour l’article ori­gi­nal.

L’at­tri­bu­tion sans jus­ti­fi­ca­tion d’une effi­ca­ci­té à l’interdiction des grands ras­sem­ble­ments publics 35 fois plus grande en Suède qu’autre part remet en ques­tion la cohé­rence et la per­ti­nence du modèle, et par consé­quent les conclu­sions qui en sont tirées. C’est bel et bien l’ob­jet de la réponse publiée par les chercheurs.

Il aura fal­lu à peine plus de 2 mois, depuis sa récep­tion le 30 mars à sa publi­ca­tion le 8 juin, pour que le pre­mier article concluant au mérite des inter­ven­tions mises en place par la plu­part des gou­ver­ne­ments (et recom­man­dés par des auteurs de l’article) soit publié. Cepen­dant, il fau­dra plus de 6 mois, du 15 juin au 23 décembre, pour que la réponse soit publiée — une fois que l’article ini­tial avait déjà été cité plus de 500 fois et repris comme une jus­ti­fi­ca­tion du confi­ne­ment par le monde entier. Les diri­geants peuvent faci­le­ment se repo­ser sur l’illu­sion d’un « consen­sus scien­ti­fique » qui valide leurs actions lorsque les scien­ti­fiques ques­tion­nant ce sta­tu quo impo­sé de fait ne sont publiés que de nom­breux mois plus tard.

Essai clinique sur le port du masque au Danemark

Un autre sujet cli­vant est celui de l’obligation de port du masque mis en place dans de nom­breux pays. Une des rai­sons der­rière la force du débat sur le masque naît peut être d’une part du fait que celui-ci touche au visage et donc à l’intime, d’autre part du revi­re­ment sur ce sujet fait par la plu­part des experts en san­té publique et diri­geants poli­tiques depuis le début de la pan­dé­mie. Au début de la pan­dé­mie de covid-19, les mes­sages des gou­ver­ne­ments occi­den­taux et des experts en san­té publique étaient très clairs : le port du masque est inutile pour le grand public. Ce mes­sage reflète l’état de l’art de la science sur le port du masque pour la pré­ven­tion des infec­tions res­pi­ra­toires jusqu’à mars 2019. Ain­si, une ana­lyse de la lit­té­ra­ture scien­ti­fique sur la trans­mis­sion de la grippe, effec­tuée par le CDC (Cen­ter for Disease Control, enti­té fédé­rale char­gée de la pré­ven­tion des mala­dies aux USA) et datant de février 2020, explique que “mal­gré des études méca­nis­tiques sup­por­tant un effet poten­tiel de l’hygiène des mains et du port du masque, les preuves appor­tés par 14 essais cli­niques ran­do­mi­sés contrô­lés ne sup­portent pas d’effet sub­stan­tiel de ces mesures”.

doc-2
“L’étude de 14 essais cli­niques ran­do­mi­sés de ces mesures ne sup­portent pas un effet sub­stan­tiel sur la trans­mis­sion de la grippe”
Rap­port du CDC sur les mesures non-phar­ma­ceu­tiques pour lut­ter contre les pan­dé­mies de grippe, mai 2020.

Effec­ti­ve­ment, même s’il peut paraître intui­tif que por­ter un masque, en blo­quant une par­tie des gout­te­lettes émises et reçues par le por­teur, peut réduire le risque de trans­mis­sion, la réa­li­té est sou­vent plus com­plexe : peut-être que les gout­te­lettes trans­met­tant le virus sont trop petites pour être stop­pés par cer­tains masques ; peut-être que les gens por­tant un masque se sentent plus en sécu­ri­té et font moins atten­tion à leur hygiène géné­rale et à prendre leur dis­tances avec des per­sonnes malades ; peut-être que que les gens por­tant un masque touchent plus leur visage et aug­mentent ain­si la pro­ba­bi­li­té de contrac­ter l’infection… Autant de ques­tion­ne­ments qui néces­sitent une éva­lua­tion de la mesure en obser­vant son influence dans un contexte réa­liste, si pos­sible avec un groupe témoin équi­valent, au cours d’un essai cli­nique ran­do­mi­sé contrô­lé, tel que ceux pris en compte dans l’article du CDC cité plus haut.

Mais très rapi­de­ment, le dis­cours de cer­tains scien­ti­fiques et des gou­ver­ne­ments occi­den­taux sur le port du masque a évo­lué. D’inutile, il est deve­nu recom­man­dé voire, désor­mais, obli­ga­toire pour le grand public. Ce chan­ge­ment s’ap­puie sur de nom­breuses études de modé­li­sa­tion, d’études de labo­ra­toires sur des per­sonnes atteintes du covid-19, ou sur des études obser­va­tion­nelles, qui montrent un béné­fice du port du masque pour empê­cher la pro­pa­ga­tion du covid-19. Cepen­dant, ce revi­re­ment n’a jamais été moti­vé par les résul­tats d’un véri­table essai cli­nique ran­do­mi­sé contrô­lé. Cela est com­pré­hen­sible : mettre en place un essai cli­nique sur ce sujet est dif­fi­cile, long et coû­teux, et les auto­ri­tés ont pré­fé­ré impo­ser le port du masque sans consi­dé­rer avoir besoin des résul­tats d’un essai cli­nique. Cepen­dant, au vu du coût impor­tant du port du masque en termes psy­cho­lo­giques, éco­lo­giques et de qua­li­té de vie, réa­li­ser un essai cli­nique sur l’utilité de celui-ci pour empê­cher la trans­mis­sion du covid-19 et quan­ti­fier l’utilité des mesures d’obligation du port du masque est une ques­tion scien­ti­fique qui paraît impor­tante. C’est pré­ci­sé­ment ce qu’a sou­hai­té réa­li­ser au début de l’été une équipe de cher­cheurs danois.

Ceux-ci ont recru­té 6000 danois pour l’étude, et les ont répar­tis au hasard en deux groupes d’environ 3000 per­sonnes. Dans le pre­mier groupe, les par­ti­ci­pants ont reçu un stock de masques chi­rur­gi­caux, une ins­truc­tion sur la bonne façon de le por­ter, et la consigne de le por­ter dès qu’ils sor­taient de chez eux. L’autre groupe, lui, n’a pas modi­fié son com­por­te­ment (à une période où le port du masque était très rare dans la vie cou­rante au Dane­mark). Les cher­cheurs ont ensuite sui­vi le nombre d’infections au covid-19 dans les deux groupes, afin de savoir s’ il y avait moins d’infections dans le groupe por­tant le masque, l’hypothèse ini­tiale des cher­cheurs étant que le port du masque rédui­rait de 50% le risque d’infections. L’étude, dont le recru­te­ment fut ini­tié début avril 2020, fut ter­mi­née début juin 2020. Beau­coup de per­sonnes atten­daient les résul­tats de cette étude avec impa­tience, car elle était la pre­mière à four­nir des don­nées sur le port du masque par le grand public dans le cadre d’un essai cli­nique ran­do­mi­sé contrô­lé. Mal­heu­reu­se­ment, les résul­tats de l’essai cli­nique sont res­tés non publiés pen­dant de long mois.

Des cher­cheurs, sou­hai­tant que les résul­tats de l’essai cli­nique soient dis­po­nibles, ont contac­té les auteurs de l’étude afin de com­prendre pour­quoi ils n’étaient tou­jours pas dis­po­nibles. La réponse de Tho­mas Lars Ben­field, un des inves­ti­ga­teurs prin­ci­paux de l’essai, à la ques­tion de quand les résul­tats seraient dis­po­nibles, est sans équi­voque : “Lorsqu’un jour­nal sera assez cou­ra­geux pour que les résul­tats soient publiés.”

L’article décri­vant les résul­tats de l’étude ne sera publié que cinq mois plus tard, mi-novembre, après avoir été refu­sé suc­ces­si­ve­ment par les trois plus pres­ti­gieux jour­naux de méde­cine (The Lan­cet, The New England Jour­nal of Medi­cine, et The Jour­nal of the Ame­ri­can Medi­cal Asso­cia­tion). Les résul­tats furent fina­le­ment publiés dans les Annals of Inter­nal Medi­cine, un jour­nal médi­cal très répu­té. Les édi­teurs ont réaf­fir­mé dans un édi­to­rial la qua­li­té de l’essai cli­nique : il serait donc sur­pre­nant que les trois refus pré­cé­dents aient été cau­sés par la qua­li­té de l’étude. Les résul­tats fina­le­ment dis­po­nibles éclairent la réponse de Ben­field : contrai­re­ment à l’hypothèse émise par les cher­cheurs, l’étude ne par­vient pas à mon­trer un effet posi­tif du port du masque pour pro­té­ger le por­teur de l’infection par le covid-19. Cet essai cli­nique ne tranche pas défi­ni­ti­ve­ment la ques­tion de l’intérêt du port du masque – il n’évalue pas la pro­tec­tion pour les per­sonnes inter­agis­sant avec le por­teur (seule­ment la pro­tec­tion du por­teur lui-même), et si les résul­tats excluent avec une forte pro­ba­bi­li­té qu’il puisse y avoir un effet majeur du port du masque (l’hypothèse ini­tiale des cher­cheurs), l’étude n’est pas conçue pour pou­voir exclure un effet mineur béné­fique du port du masque — mais il inter­roge sur l’impartialité de la science en 2020, en démon­trant encore une fois que les résul­tats qui ne se conforment pas à l’avis géné­ral ren­contrent de grandes dif­fi­cul­tés à être publiés, et sont refu­sés de façon par­tiale par les prin­ci­paux jour­naux médi­caux. Cela alors même que la ques­tion de la pro­tec­tion du por­teur, bien que moins pré­sente dans les com­mu­ni­ca­tions gou­ver­ne­men­tales que celle de la pro­tec­tion des per­sonnes inter­agis­sant avec le por­teur d’un masque, reste d’une impor­tance capi­tale, notam­ment car l’un des risques iden­ti­fié avec le port géné­ra­li­sé du masque est un sen­ti­ment de fausse sécu­ri­té. Encore une fois, com­ment faire confiance à des recom­man­da­tions basées sur “la science”, si le pro­ces­sus de pro­duc­tion de connais­sances scien­ti­fiques rejette les résul­tats non conformes aux recom­man­da­tions en question ?

3. Diffusion des articles scientifiques et corruption politique de la science

L’opinion publique n’a de la science qu’une vision par­tielle, qui est celle offerte par les médias, les poli­tiques et cer­tains experts ayant une expo­si­tion média­tique et poli­tique. Or, ces dif­fé­rents acteurs peuvent choi­sir de mani­pu­ler les résul­tats scien­ti­fiques, afin de pré­sen­ter à la popu­la­tion une image de la science conforme à leurs volon­tés poli­tiques et divers intérêts.

Censure de contenu scientifique par les réseaux sociaux

Mal­gré sa publi­ca­tion récente dans un jour­nal pres­ti­gieux, les résul­tats de l’essai cli­nique danois sur le port du masque sont encore cen­su­rés : Carl Hene­ghan, un pro­fes­seur de Méde­cine Fon­dée sur les Faits (une branche de la méde­cine visant à exploi­ter au mieux les don­nées dis­po­nibles pour pro­di­guer les meilleurs soins pos­sibles) à la pres­ti­gieuse uni­ver­si­té d’Oxford, a vu un de ses articles, relayant les résul­tats de l’étude danoise, signa­lé comme pro­pa­geant de fausses infor­ma­tions par les modé­ra­teurs du réseau social Face­book – dont les modé­ra­teurs peuvent déci­der de nier les résul­tats d’un article scien­ti­fique publié.

doc-3
Ce type de rai­son­ne­ment cir­cu­laire – les poli­tiques de san­té publique sont bonnes, donc elles ne doivent pas être ques­tion­nées, donc le fait qu’elles soient bonnes ou mau­vaises ne peut être dis­cu­té – se retrouve par exemple dans les règles d’utilisation de la pla­te­forme You­Tube, par exemple.

doc-4
Conte­nu cen­su­ré par You­Tube, règles d’utilisation de la pla­te­forme : Le conte­nu qui contre­dit l’ef­fi­ca­ci­té des mesures de san­té publique locales ou celles de l’OMS sur la dis­tan­cia­tion phy­sique et l’isolation pour réduire la trans­mis­sion du covid-19”

Cette cen­sure part d’une bonne inten­tion : évi­ter la pro­pa­ga­tion d’informations qui nui­raient à l’adoption de mesures dont les per­sonnes à l’origine de ces règles de cen­sure sup­posent qu’elles sauvent des vies. Mais com­ment peut-on savoir si elles sauvent effec­ti­ve­ment plus de vies qu’elles n’en impactent néga­ti­ve­ment, si l’on ne peut pas dis­cu­ter ouver­te­ment de l’efficacité de ces mesures ?

Qui a peur des données scientifiques ?

Com­ment faire accep­ter à la popu­la­tion géné­rale des mesures extrê­me­ment res­tric­tives ? Cette ques­tion épi­neuse s’est posée au prin­temps der­nier pour de nom­breux gou­ver­ne­ments occi­den­taux. Une façon effi­cace de convaincre la popu­la­tion de suivre des mesures res­tric­tives est de la convaincre qu’elle est mena­cée. Dans un échange d’emails révé­lés par le jour­nal Die Welt, il appa­raît que le secré­taire d’état alle­mand Mar­kus Ker­ber ait, avec le concours de scien­ti­fiques, envi­sa­gé de créer des pro­jec­tions per­met­tant : [de géné­rer] peur et obéis­sance dans la population.”

À cette fin, les scien­ti­fiques ont dis­cu­té entre eux de quel taux de mor­ta­li­té inclure dans leur modèle ; cer­tains rap­pe­lant qu’étant don­né le but du modèle (de géné­rer de la peur), mieux valait pré­sen­ter des chiffres : “[…] plu­tôt mau­vais que bon.”

Plu­tôt que de suivre une démarche scien­ti­fique et d’essayer d’identifier les valeurs les plus pro­bables du taux de mor­ta­li­té, le groupe de scien­ti­fiques alle­mands ont donc pré­fé­ré choi­sir une valeur du taux de mor­ta­li­té qui per­met­tait à leur modèle de pré­sen­ter des pro­jec­tions assez effrayantes pour sus­ci­ter l’obéissance et le consen­te­ment de la popu­la­tion envers les mesures.

Cette repré­sen­ta­tion erro­née de don­nées scien­ti­fiques (ici le taux de mor­ta­li­té) a éga­le­ment été docu­men­tée au Royaume-Uni. La léta­li­té du covid-19 étant extrê­me­ment variable selon l’âge des per­sonnes, la peur géné­rée par la mala­die peut ne pas suf­fire à garan­tir l’adhérence aux mesures dans l’ensemble des groupes d’âge de la population.

Le SAGE (Scien­ti­fic Advi­so­ry Group for Emer­gen­cies, équi­valent bri­tan­nique du conseil scien­ti­fique fran­çais), s’est rapi­de­ment ren­du compte de cette limitation.

doc-5
Un nombre sub­stan­tiel de per­sonnes ne se sentent pas encore suf­fi­sam­ment per­son­nel­le­ment mena­cées ; elles pour­raient être ras­su­rées par le faible taux de léta­li­té dans leur groupe démo­gra­phique. Le niveau de menace per­son­nelle per­çue doit être aug­men­tée, à l’aide de mes­sages émo­tion­nels per­cu­tants”. SAGE, Options for increa­sing adhe­rence to social dis­tan­cing mea­sures, 22 mars 2020 

Les don­nées scien­ti­fiques ne pou­vant pas néces­sai­re­ment géné­rer assez de “menace per­son­nelle” pour cer­tains groupes d’âge, leur choix est donc d’aller contre ce que disent les don­nées, en uti­li­sant des mes­sages jouant sur les émo­tions afin de géné­rer un sen­ti­ment de peur dis­pro­por­tion­née dans une par­tie de la population.

Détournement politique des conseils scientifiques

Au-delà du fait que la pro­duc­tion de connais­sances scien­ti­fiques est biai­sée et influen­cée par des forces poli­tiques, ses résul­tats peuvent aus­si être par­fai­te­ment détour­nés direc­te­ment par la poli­tique. Un exemple nous par­vient d’un pays pour­tant répu­té pour la trans­pa­rence de sa poli­tique, et admi­ré pour sa ges­tion de la pan­dé­mie : le Dane­mark.

Alors que la pan­dé­mie de covid-19 débu­tait en Europe, l’Agence de San­té Danoise a esti­mé que le covid-19 n’était pas assez dan­ge­reux pour jus­ti­fier cer­taines des mesures de res­tric­tions por­tant atteinte aux liber­tés indi­vi­duelles, dont les mesures de confi­ne­ment strict de la popu­la­tion. L’agence de san­té a clas­sé le covid-19 dans sa caté­go­rie B de mala­dies, la caté­go­rie A com­pre­nant des mala­dies comme la peste ou Ebo­la, ce qui, d’après la loi danoise, ne per­met­tait pas la mise en place de mesures coer­ci­tives sans une recom­man­da­tion préa­lable de l’agence de santé.

Le 12 mars, la pre­mière ministre danoise Mette Fre­de­rik­sen a déci­dé de ne pas suivre les recom­man­da­tions de son agence de san­té en pas­sant une loi d’urgence relé­guant le rôle de l’agence de régu­la­trice à simple conseillère et lui per­met­tant de mettre en place des mesures coer­ci­tives sans l’accord de l’agence. L’agence avait en effet confir­mé le 15 mars son désac­cord devant l’emploi de mesures coer­ci­tives. Cela n’a pas empê­ché Mette Fre­de­rik­sen d’af­fir­mer, à plu­sieurs reprises, dans une allo­cu­tion télé­vi­sée, que ces mesures étaient recom­man­dées par la même agence, qui s’y était pour­tant oppo­sée à plu­sieurs reprises.

Une dizaine de jours après, la pre­mière ministre a une nou­velle fois déci­dé de détour­ner les avis des scien­ti­fiques de l’agence de san­té. Ceux-ci lui avaient com­mu­ni­qué les nou­veaux chiffres sur la pro­gres­sion de l’épidémie, où le taux de repro­duc­tion du virus avait bais­sé de 2.6 à 2.1, une amé­lio­ra­tion posi­tive signi­fi­ca­tive. Mais celle-ci a pré­fé­ré conser­ver le pre­mier chiffre, plus inquié­tant, afin de pou­voir l’utiliser dans une allo­cu­tion télé­vi­sée annon­çant une pro­lon­ga­tion du confi­ne­ment danois, l’agence de san­té étant signi­fiée que le vrai chiffre : “[n’était] pas dési­ré politiquement”.

Ce n’est pas la pre­mière ni la der­nière fois que des diri­geants poli­tiques mentent sciem­ment et mani­pulent la popu­la­tion. Cepen­dant, cet exemple, tiré d’une des démo­cra­ties géné­ra­le­ment consi­dé­rée comme un exemple de trans­pa­rence et de confiance envers ses auto­ri­tés publiques, illustre une des limi­ta­tions de l’emploi de la science comme prin­cipe poli­tique. Quand bien même celle-ci serait objec­tive, ses ensei­gne­ments sont eux-mêmes sujets à la dis­si­mu­la­tion et à la mani­pu­la­tion notam­ment à des fins politiques.

Conclusion

En s’abandonnant à la science comme seule guide, nous avons fait un pari très ris­qué. D’une part parce que la science, comme le montre les exemples de cet article, est cor­rup­tible. De plus, la for­ma­tion d’un consen­sus scien­ti­fique fiable est un phé­no­mène à long terme, pas néces­sai­re­ment com­pa­tible avec le besoin d’action à court terme de la poli­tique, ren­dant ris­qué l’utilisation de tra­vaux de recherche très récents pour gui­der ses prises de déci­sions. D’autre part, car nous ne sui­vons pas “la science”, mais plu­tôt une com­mu­nau­té d’ex­perts, qui, comme tout être humain, sont faillibles, influen­cés par leurs propres conflits d’intérêts et leurs propres biais. C’est évi­dem­ment le cas des poli­tiques qui nous gou­vernent en temps nor­mal. Cepen­dant, la dif­fé­rence fon­da­men­tale réside dans le fait que le nou­veau pou­voir scien­ti­fique n’est pas sou­mis à la sépa­ra­tion des pou­voirs usuelle : les experts qui dictent les mesures de lutte contre la pan­dé­mie, sont ceux qui sont aus­si char­gés d’évaluer l’efficacité de ces mesures. À la fois juge et par­tie, ils ne peuvent être objec­tifs dans le juge­ment des mesures qu’eux-mêmes ont recom­man­dées, et pour­tant leur parole sur le sujet est pla­cée en dehors de tout ques­tion­ne­ment par les poli­tiques et jour­na­listes qui les écoutent.

Enfin, la science n’est pas propre à gui­der une socié­té. En effet, la science n’est en soi qu’une manière de pro­duire des connais­sances. Les prises de déci­sions publiques peuvent (et doivent) s’appuyer sur ces connais­sances, mais res­tent fon­da­men­ta­le­ment des ques­tions poli­tiques, notam­ment dans leurs prises en compte des arbi­trages entre liber­tés, sécu­ri­té, san­té et éco­no­mie. Pré­tendre que des déci­sions sont prises en “sui­vant la science” alors qu’elles ne relèvent pas du champ scien­ti­fique mais du champ poli­tique revient mal­heu­reu­se­ment à jus­ti­fier des déci­sions poli­tiques par un argu­ment d’autorité qui ne tolère pas de débat. Il est urgent que le res­pect de nos valeurs fon­da­men­tales et de notre huma­ni­té revienne au pre­mier plan de nos déci­sions, et que les résul­tats scien­ti­fiques qui les appuient ne soient pas trai­tés comme les écri­tures d’une nou­velle reli­gion, mais repris dans leur contexte, débat­tus et critiqués.

Maxime LANGEVIN

Source : l’ex­cellent blog de Laurent Muc­chiel­li, https://​blogs​.media​part​.fr/​l​a​u​r​e​n​t​-​m​u​c​c​h​i​e​l​l​i​/​b​l​o​g​/​2​9​0​3​2​1​/​a​u​-​n​o​m​-​d​e​-​l​a​-​s​c​i​e​n​c​e​-​l​a​-​s​c​i​e​n​c​e​-​p​e​u​t​-​e​l​l​e​-​s​e​r​v​i​r​-​d​e​-​g​u​i​d​e​-​n​o​t​r​e​-​s​o​c​i​ete



 
Der­niers com­men­taires (d’É­tienne) :

J’ob­serve qu’une des prin­ci­pales sources de cor­rup­tion n’a pas été étu­diée ici par Maxime Lan­ge­vin : l’in­croyable accu­mu­la­tion des CONFLITS D’INTÉRÊTS les plus criants dans les soi-disant « Hautes auto­ri­tés de san­té », « Comi­tés scien­ti­fiques » et autres « Agences » d’ « experts indé­pen­dants » : ces centres de DÉCISION sont sou­vent à la fois OPAQUES (hors contrôle) et CORROMPUS (noyau­tés par le tra­fic d’in­fluence).

Par exemple, le chef du SAGE (le Conseil scien­ti­fique (sic) anglais), Sir Patrick Val­lance, qui pro­meut et anime l’é­norme cam­pagne de vac­ci­na­tion au Royaume-Uni, a par ailleurs reçu DES MILLIONS (!) de livres ster­ling de la part des ven­deurs de VACCINS).

Voir aus­si le cas incroyable du Doc­teur Sir John Bell, pro­mo­teur ardent des TESTS Covid inutiles et rui­neux en Angle­terre.

 

Je rap­pelle ensuite ci-des­sous les alarmes à la cor­rup­tion géné­rale lan­cées (non pas par moi mais) par les Rédac­teurs en chef des plus grandes revues médi­cales du monde :

Dr Arnold Sey­mour Rel­man, ancien pro­fes­seur de méde­cine à Har­vard, ancien Rédac­teur en chef du New England Jour­nal of Medicine :

« La pro­fes­sion médi­cale est ache­tée par l’industrie du médi­ca­ment et des vac­cins, non seule­ment au niveau de la pra­tique médi­cale mais éga­le­ment au niveau de l’enseignement et de la recherche. »

Source : https://​www​.ncbi​.nlm​.nih​.gov/​p​m​c​/​a​r​t​i​c​l​e​s​/​P​M​C​1​1​2​6​053


Dr Mar­cia Angell, pro­fes­seur de méde­cine à l’Université de Har­vard, et Rédac­trice en chef pen­dant 20 ans du New England Jour­nal of Medicine :

« Il n’est sim­ple­ment plus pos­sible de croire à l’essentiel de la recherche cli­nique qui est publiée, ou de se fier au juge­ment de méde­cins de réfé­rence ou à des direc­tives médi­cales fai­sant auto­ri­té. Je n’ai aucun plai­sir à faire ce constat, auquel je suis par­ve­nue len­te­ment et avec réti­cence au cours de deux décen­nies pas­sées comme rédac­trice en chef du New England Jour­nal of Medicine. »

Source : http://​www​.nybooks​.com/​a​r​t​i​c​l​e​s​/​2​0​0​9​/​0​1​/​1​5​/​d​r​u​g​-​c​o​m​p​a​n​i​e​s​-​d​o​c​t​o​r​s​a​-​s​t​o​r​y​-​o​f​-​c​o​r​r​u​p​t​i​on/


Richard Hor­ton, Rédac­teur en Chef du Lancet : 

« Une grande par­tie de la lit­té­ra­ture scien­ti­fique, sans doute la moi­tié, pour­rait être tout sim­ple­ment fausse. Affli­gée d’études avec des échan­tillons réduits, d’effets infimes, d’analyses pré­li­mi­naires inva­lides, et de conflits d’intérêts fla­grants, avec l’obsession de suivre les ten­dances d’importance dou­teuse à la mode, la science a pris le mau­vais tour­nant vers les ténèbres. »

Source : https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(15)60696–1/fulltext


Kam­ran Abba­si , rédac­teur en chef du BMJ (Bri­tish Jour­nal of Medi­cine), 13 novembre 2020, édi­to­rial du BMJ :

« Covid-19 : poli­ti­sa­tion, « cor­rup­tion » et sup­pres­sion de la science

Quand la bonne science est sup­pri­mée par le com­plexe médi­co-poli­tique, les gens meurent.

Les poli­ti­ciens et les gou­ver­ne­ments sup­priment la science. Ils le font dans l’in­té­rêt public, disent-ils, pour accé­lé­rer la dis­po­ni­bi­li­té des diag­nos­tics et des trai­te­ments. Ils le font pour sou­te­nir l’in­no­va­tion, pour mettre des pro­duits sur le mar­ché à une vitesse sans pré­cé­dent. […] Mais le com­por­te­ment sous-jacent est troublant.

La science est sup­pri­mée à des fins poli­tiques et finan­cières. Covid-19 a déclen­ché la cor­rup­tion de l’É­tat à grande échelle et c’est néfaste pour la san­té publique. Les poli­ti­ciens et l’in­dus­trie sont res­pon­sables de ce détour­ne­ment de fonds oppor­tu­niste. Il en va de même pour les scien­ti­fiques et les experts en san­té. La pan­dé­mie a révé­lé com­ment le com­plexe médi­co-poli­tique peut être mani­pu­lé en cas d’ur­gence – un moment où il est encore plus impor­tant de sau­ve­gar­der la science.

La réponse pan­dé­mique du Royaume-Uni four­nit au moins quatre exemples de sup­pres­sion de la science ou des scien­ti­fiques. » […]

Source : BMJ, https://​www​.bmj​.com/​c​o​n​t​e​n​t​/​3​7​1​/​b​m​j​.​m​4​425


Je vous recom­mande enfin la lec­ture de ce petit livre, tout à fait consternant : 

LA SOURIS TRUQUÉE. Enquête sur la fraude scien­ti­fique – Poche
Nicho­las Wade, William Broad

https://​www​.decitre​.fr/​l​i​v​r​e​s​/​l​a​-​s​o​u​r​i​s​-​t​r​u​q​u​e​e​-​9​7​8​2​0​2​0​2​1​7​6​8​2​.​h​tml

Livre très impor­tant, bien évo­qué ci-des­sous, en 4 minutes denses :


Je résume :

 

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
« Ban­ni » de FB pour 30 jours (pour avoir seule­ment signa­lé un trai­te­ment alter­na­tif, l’i­ver­mec­tine, pri­vant de légi­ti­mi­té l’a­par­theid vac­ci­nal qui vient) => pas de post.

Tweet cor­res­pon­dant à ce billet : 

Pour m'aider et m'encourager à continuer, il est désormais possible de faire un don.
Un grand merci aux donatrices et donateurs : par ce geste, vous permettez à de beaux projets de voir le jour, pour notre cause commune.
Étienne

Catégorie(s) de l'article :

19 Commentaires

  1. ève

    La véri­té ne sert plus la véri­té depuis bien long­temps . C’est un joyau ines­ti­mable et pur , accor­dé seule­ment à peu de personnes !
    L’au­to­ri­té a déci­dé de se posi­tion­ner en dic­tat dans les pays où tous les inté­rêts plus ou moins frau­du­leux gouvernent !
    Mer­ci pour cet article à confir­mer les doutes qui subsistaient .
    Ce pen­dant , je suis assez favo­rable au conseil d’hy­giène appor­té en ce qui concerne le lavage des mains . Bien des gens au tra­vail ne passent pas par les points d’eau pour assai­nir leur tou­cher .….…pra­tique essen­tielle quand on vit en collectivité !
    Plus que quinze jours de puni­tion .…! Courage

    Réponse
  2. Bertrand Hugon

    Eh oui c’est grave. Mais il serait peut-être temps de vous rendre compte que la prio­ri­té n’est pas à attendre de pou­voir chan­ger la Consti­tu­tion. Il faut déjà mieux voter aux élec­tions qu’on a.

    Réponse
    • ève

      Bon­jour ! « Mieux voter aux élec­tions qu’on a » ne règle­rait aucun des pro­blèmes que nous avons ! L’en­jeu , c’est : qui fixe les règles , et là , les dés sont déjà visibles ! À quoi bon voter pour des gens , puisque qu’il faut que l’on vote pour nos lois ! Les lois appar­tiennent au peuple , pas aux pré­si­dents , ni à ses ministres , .….. ! Bonne journée !

      Réponse
      • Bertrand Hugon

        Les « pro­blèmes que nous avons ». De quoi par­lez vous ?

        Réponse
        • éve

          Les dépu­tés de par­tis oppo­sants à Macron se plaignent tous les jours d’être pris pour la cin­quième roue du car­rosse dans le fait de n’être pas , ou mal consul­tés dans les débats des lois émises par les cou­reurs à pied ! Cela fait 4 ans , mais aus­si des siècles avant que ces majo­ri­tés n’ac­ceptent pas les amen­de­ments de leurs dépu­tés rivaux et ne votent des­sus que lors­qu’ils se sont gou­rés de boutons !
          Dans une consti­tuante , nous aurions davan­tage de débats orga­ni­sés sur les idées issues de plu­sieurs couches de la popu­la­tion ! C’est facile d’ac­cès çà pourtant !
          Et en fait nous n’at­ten­dons pas , beau­coup de citoyens sont prêts à chan­ger de modèle , le pro­blème est dans les bâtons que l’on ins­talle dans les rouages chaque fois qu’on en parle !
          La cen­sure vous accom­pagne t‑elle dans vos actions ?
          Et vous ? quels sont les pro­blèmes qu’on a dans nos élections ?

          Réponse
        • ève

          Si vous êtes de droite , alors vous n’êtes pas Chouardiste !

          Réponse
          • Bertrand Hugon

            Peut-être, car effec­ti­ve­ment Étienne est plu­tôt à gauche. Cepen­dant il n’y a que lui qui a dit quelque ces der­nières années. Ou peut-être y en a‑t-il eu d’autres, mais je ne les ai pas entendu.

            D’autre part il a beau­coup tra­vaillé sur les outils de la sou­ve­rai­ne­té popu­laire. Qui n’est ni de droite ni de gauche, puisque attri­but du peuple fran­çais, dans son ensemble.

          • Joh

            La gôche ou droite du capi­tal c’est pareil et le veaute est tru­qué ici depuis au moins 2002, on l’a encore vu aux EU l’an der­nier (mais aus­si avant en 1961÷2000÷2004) !

    • ève

      Ben non , ce n’est pas peut-être , c’est sûr !
      Je ne le situe ni à gauche , ni à droite , ni au centre !
      Il est unique pour ça , et offre aux gens la pos­si­bi­li­té d’en finir avec ces par­tis d’entre-soi !
      Une aubaine que les citoyens , enfin une GRANDE par­tie , a bien du mal à com­prendre que le chan­ge­ment serait total , quant à leurs petits arran­ge­ments entre copains et com­mer­çants aux grands marchandages ! …

      Réponse
      • Berberis

        Bon­soir Eve,

        Etienne est de gauche, dans l’es­sence de ce qu’est la vraie gauche, défendre les droits de ceux d’en-bas, réta­blir la jus­tice pour tous et pas uni­que­ment pour les bourgeois…
        En dehors de ça, nous sommes d’ac­cord pour dire que les par­ti d’au­jourd’­hui sont un peu dis­so­lu, tou­te­fois, ça n’est pas parce que la confu­sion règne, dans le sens des mots, que ce qu’ils repré­sentent a com­plè­te­ment disparu…en tous cas, c’est à cha­cun de leur redon­ner sens dans la réa­li­té, dans le vécu, le concret (ex les ronds-points des gilets jaunes, les livres au par­ler vrai, dans la recherche même de pré­ci­sion, de clar­té sur la réa­li­té et non des fan­tasmes ou élu­cu­bra­tions de cer­tains « pen­seurs » de pla­teaux télé, qui eux, glissent sou­vent vers la droite, par crainte de perdre leur pri­vi­lèges de nantis.

        Réponse
        • ève

          Bon­soir , Berberis ,
          Mer­ci d’a­voir bien vou­lu don­ner les pré­ci­sions néces­saires à mon commentaire !
          Bonne soirée

          Réponse
      • Bertrand Hugon

        Ève, je vous trouve bien affir­ma­tive. Je me donne la peine d’é­crire un texte trai­tant d’é­lec­tion sans can­di­dat, de recon­nais­sance du vote blanc, de tirage au sort, de moyen pour les citoyens d’u­ti­li­ser l’exis­tant pour faire valoir la sou­ve­rai­ne­té popu­laire. Et vous, tout ce que vous en rete­nez, c’est que l’au­teur se dit de droite. En fait, droite, gauche, centre, c’est tout ce qui vous inté­resse, c’est votre fixette. À rajou­ter à cela que, de ce que j’ai com­pris, vous pen­sez qu’il ne faut rien faire tant qu’on est pas en mesure de chan­ger la Consti­tu­tion. Ceux qui souffrent apprécieront.

        Réponse
        • ève

          Oui , je suis d’ac­cord ! Ne vous don­nez plus la peine d’é­crire pour une élec­tion sans can­di­dat , les gens ne veulent plus voter avec ou sans ! Trop de men­songes , trop de res­tric­tions , trop d’ injus­tices .…! Il faut chan­ger tout çà !
          J’ai plu­sieurs fixettes , mais pas d’ad­dic­tions pour les habi­tuelles , mais pas non plus pour la gauche droite cen­triste presque extrême droite par­fois presque gauche.….! lol
          Conti­nuer sur le vote blanc , le tirage au sort et la sou­ve­rai­ne­té du peuple perdue !
          Écri­vez un livre sur la souf­france des humains ! Le sujet est si vaste que tout un cha­cun n’en ver­ra jamais la fin ! Mais rien que cette pen­sée pour eux me prouve qu’on peut soit s’en sou­cier , soit s’en ser­vir ! J’es­père que votre choix est le bon !

          Réponse
          • Bertrand Hugon

            Le sou­ve­rain il tranche. Com­ment vou­lez-vous que le peuple tranche sans voter ?

        • ève

          Mais si ! Le peuple doit voter SES LOIS pro­po­sées dans leur éla­bo­ra­tion (débats en assem­blée) , accom­plie par les citoyens consti­tuants en charge de ce tra­vail , comme en Suisse !

          Réponse
          • Bertrand Hugon

            Une pre­mière étape serait déjà que le peuple s’ap­pro­prie le vote quan­tique pour détour­ner les élec­tions. Par exemple si je suis favo­rable à une posi­tion P je vote quan­ti­que­ment pour les par­tis qui la proposent.

  3. Joh

    Il n’y a abso­lu­ment aucun « consen­sus scien­ti­fique » dans quelque domaine que ce soit, juste un accord sur les outils uti­li­sés, géné­ra­le­ment mathé­ma­tiques. Dans la guerre totale qui a com­men­cé il y a 2 ans, même les outils les plus banals sont contes­tables : trai­te­ments ou leur absence, faux vac­cins mor­tels, « tests » inva­sifs et dou­lou­reux, piqures mor­telles, sta­tis­tiques truquées.

    Réponse
  4. DUIKER Marc

    Un consen­sus par défi­ni­tion ne peut-être scien­ti­fique et même chez les cher­cheurs, par prin­cipe, les paix (je parle de com­bats d’i­dées néces­saires) sont des armis­tices. Dans « Les Sen­ti­nelles des pan­dé­mies », si et seule­ment si j’ai bien lu, Fré­dé­ric Keck décrit minu­tieu­se­ment les débats de col­loques mon­diaux de viro­logues avant 2019 où cer­tains traitent d’autres d’  »appren­tis sor­ciers ». Ils ne parlent pas de com­plot (quoi que le « hareng rouge ») mais des pra­tiques de recherche et de pro­duc­tion conti­nuelles de vac­cins pour les éle­vages indus­triels d’a­ni­maux (et d’hu­mains?) du monde entier et pas seule­ment chi­nois et ce depuis des décennies…(je résume, lisez-le)Roseline Bache­lot avait rai­son d’a­voir la trouille panique d’une pan­dé­mie exter­mi­na­trice avec le H1N1 …parce qu’elle savait ce que dis­cu­taient les viro­logues. Nous non…
    La science de la domi­na­tion c’est au moins l’in­sur­rec­tion qui seule réfute les véri­tés pseu­do-scien­ti­fiques des domi­nants et peut peut-être nous per­mettre de pro­duire aus­si nos savoirs nous-mêmes mais pas avant. La Science c’est avec l’E­tat Nation ce par quoi les domi­nants ont rem­pla­cé Dieu tout puis­sant et omni­scient. Ca a mar­ché mais il semble que le roi soit nu.

    Réponse

Laisser un commentaire

Derniers articles

[Dérive du pouvoir scolaire] Le préparateur – Alain, 25 août 1906

[Dérive du pouvoir scolaire] Le préparateur – Alain, 25 août 1906

[LE PRÉPARATEUR] Un nouvel examen vient d'être institué, à la suite duquel on pourra recevoir un certificat d'aptitude aux fonctions de magistrat. Il en sera de cet examen comme de tous les autres, il donnera de bons résultats au commencement, et de mauvais ensuite....