[Fake tirage au sort, fake démocratie] Sur la Convention Citoyenne pour le Climat, l’analyse de Ronald Mazzoleni

27/07/2020 | 7 commentaires

Chers amis,

Ronald Maz­zo­le­ni est un habi­tué du blog dont j’aime les ana­lyses, tou­jours mesu­rées et pertinentes.

Ronald m’a envoyé un tra­vail que je trouve remar­quable sur la récente « conven­tion citoyenne pour le cli­mat », pré­ten­du­ment « tirée au sort » ce qui jus­ti­fie qu’on y réflé­chisse ici.

Je garde de cette lecture :

1) l’i­dée qu’il ne faut jamais tri­po­ter l’é­chan­tillon que pro­duit le tirage au sort, sous peine de perdre com­plè­te­ment les ver­tus du tirage au sort,

2) que l’as­sem­blée tirée au sort doit être sou­ve­raine dans ses tra­vaux, et sur­tout pas liée par un man­dat impé­ra­tif qui fausse gra­ve­ment sa réflexion,

3) que tirer au sort une assem­blée déli­bé­ra­tive sans être tenu le moins du monde par ses conclu­sions est une évi­dente truan­de­rie poli­ti­cienne, une de plus : le tirage au sort doit être ins­ti­tué par les citoyens eux-mêmes, et jamais par des élus (qui sont par essence les pires enne­mis de cette pro­cé­dure pro­fon­dé­ment démocratique).

Mais bon, je recon­nais volon­tiers que je suis plus radi­cal que Ronald 🙂 C’est jus­te­ment ce que j’aime chez lui : il m’aide à me tem­pé­rer (un peu).

Je repro­duis ci-des­sous son analyse.
Bonne lecture.

Étienne.


Sur la Convention Citoyenne pour le Climat

Chronologie et organisation

La Conven­tion citoyenne pour le cli­mat vient de ter­mi­ner ses tra­vaux et a remis son rap­port au ministre de la Tran­si­tion Écologique.

La pra­tique de la Conven­tion citoyenne des­ti­née à faire des pro­po­si­tions légis­la­tives est déjà connue dans dif­fé­rents pays, mais il s’agit d’une pre­mière en France. Cette Conven­tion, vou­lue par le Pré­sident Macron, a été une ten­ta­tive de réponse au mou­ve­ment des Gilets Jaunes.

Ce mou­ve­ment a eu comme évé­ne­ment déclen­cheur la mise en place de la « taxe car­bone » par le gou­ver­ne­ment en 2018. Celle-ci a été per­çue comme un ins­tru­ment d’ « éco­lo­gie puni­tive » qui pré­ten­dait prendre des mesures envi­ron­ne­men­tales sans se pré­oc­cu­per des consé­quences sociales.

La genèse de la Conven­tion est double. D’une part, le Conseil éco­no­mique, social et envi­ron­ne­men­tal (CESE) a orga­ni­sé un groupe de tra­vail avec un panel de 28 citoyens pour réflé­chir sur l’articulation entre tran­si­tion éco­lo­gique, par­ti­ci­pa­tion citoyenne et jus­tice fis­cale. Il est res­sor­ti de l’avis (« Frac­tures et tran­si­tions ») notam­ment la pro­po­si­tion de jurys citoyens tirés au sort qui pré­pa­re­raient les déci­sions. D’autre part, le col­lec­tif Gilets Citoyens a publié sur le site du Grand Débat Natio­nal une lettre ouverte en jan­vier 2019 pour récla­mer la créa­tion d’une Assem­blée citoyenne tirée au sort pour par­ache­ver ce Grand Débat.

L’idée a été reprise par l’exécutif qui sou­hai­tait béné­fi­cier d’une forme de légi­ti­mi­té popu­laire pour ses mesures en matière d’environnement des repré­sen­tants du col­lec­tif Gilets Citoyens, du CESE et du gou­ver­ne­ment se sont réunis pour pla­ni­fier l’organisation d’une Conven­tion citoyenne sur le cli­mat, qui est annon­cée par Emma­nuel macron dans sa confé­rence de presse du 25 avril.

Suite aux échanges entre le gou­ver­ne­ment, le col­lec­tif Gilets Citoyens et le CESE, il a été conve­nu que :

  • La Conven­tion sera indé­pen­dante du gou­ver­ne­ment, qui n’en pilo­te­ra pas les travaux
  • Les pro­po­si­tions seront reprises « sans filtres », c’est-à-dire que le gou­ver­ne­ment ne les rema­nie­ra pas, avant d’être sou­mise au Par­le­ment ou à refe­ren­dum, ou appli­quées par voie réglementaire
  • Le CESE orga­ni­se­ra la Conven­tion. Un Comi­té de Gou­ver­nance la pilotera.

Les membres du Comi­té de Gou­ver­nance ont été volon­tai­re­ment sélec­tion­nés pour leur spé­cia­li­té tout en équi­li­brant les lob­bys : 3 spé­cia­listes du cli­mat, 3 spé­cia­listes de la démo­cra­tie déli­bé­ra­tive, 4 membres issus du monde éco­no­mique et social, et 2 fonc­tion­naires du minis­tère. On note­ra déjà qu’il n’y a pas de volon­té à ce niveau de repré­sen­ta­ti­vi­té des opi­nions de la popu­la­tion. Par exemple, l’un des membres du comi­té affirme « être prise d’une peur panique en se levant le matin en pen­sant au chan­ge­ment cli­ma­tique », ce qui est une atti­tude très éloi­gnée de celle du Fran­çais moyen.

Le man­dat de la Conven­tion est signi­fié dans une lettre du Pre­mier Ministre Édouard Phi­lippe : « défi­nir les mesures struc­tu­rantes pour par­ve­nir, dans un esprit de jus­tice sociale, à réduire les émis­sions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici 2030 par rap­port à 1990 ». En outre, comme il vien­dra le pré­ci­ser dans son dis­cours d’ouverture, « il n’y a pas d’argent magique », et toutes les mesures qui coûtent doivent avoir un finan­ce­ment qui est pré­ci­sé (dette, impôt ou économies).

Le tirage au sort  a été de manière assez clas­sique effec­tué par un ins­ti­tut de son­dage. 300.000 numé­ros de télé­phone ont été géné­rés auto­ma­ti­que­ment, pour obte­nir à la fin 150 membres et 40 sup­pléants. Il était signi­fié à la per­sonne appe­lée que « La Conven­tion Citoyenne Pour le Cli­mat annon­cée par le Pré­sident Emma­nuel Macron est orga­ni­sée par le Conseil éco­no­mique, social et envi­ron­ne­men­tal. L’objectif de cette conven­tion est d’aller plus loin et plus vite dans la lutte contre le chan­ge­ment cli­ma­tique et de don­ner davan­tage de place à la par­ti­ci­pa­tion citoyenne dans la déci­sion publique. » et il leur était deman­dé s’ils accep­taient de par­ti­ci­per. L’échantillon a été consti­tué pour être repré­sen­ta­tif de la popu­la­tion en ce qui concerne : le sexe, l’âge, le diplôme, la caté­go­rie socio-pro­fes­sion­nelle, le type de ter­ri­toire, la zone géographique.

Le sou­ci de repré­sen­ta­ti­vi­té de l’échantillon a été très pous­sé. On remar­que­ra la prise en compte du type de ter­ri­toire (urbain/périurbain/rural). On aurait éven­tuel­le­ment aller plus loin en sélec­tion­nant aus­si selon l’orientation politique.

C’est le Comi­té de Gou­ver­nance qui a orga­ni­sé le pro­gramme de la Conven­tion et notam­ment sélec­tion­né les experts et inter­ve­nants. Comme il est d’usage dans ce type d’exercice, les par­ti­ci­pants ont eu le droit de faire recher­cher telle ou telle infor­ma­tion, ou d’ajouter ou de sup­pri­mer des inter­ve­nants. Dans leur ensemble, ces der­niers sont, comme on s’y attend, des per­sonnes enga­gées dans la lutte contre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique. C’est aus­si le Comi­té de Gou­ver­nance qui défi­nit les thèmes à abor­der. Un point inté­res­sant : au début des tra­vaux, des citoyens membres de la conven­tion ont pu pos­tu­ler pour inté­grer le Comi­té. Un tirage au sort a eu lieu pour en sélec­tion­ner deux. Les déci­sions au sein du Comi­té se prennent par consensus.

Trois « garants » nom­més par les pré­si­dents de la chambre, du sénat et du CESE sur­veillaient l’indépendance des travaux.

Une équipe d’animation, char­gé d’organiser les échanges, était com­po­sée de pro­fes­sion­nels de l’accompagnement de débat citoyens (Euro­group Consul­ting, Mis­sions Publiques, Res publica).

Un « groupe d’appui », sélec­tion­né par le Comi­té de Gou­ver­nance ras­sem­blait des « experts ». Ceux-ci étaient char­gés notam­ment d’évaluer si la Conven­tion rem­plit bien l’objectif qui lui a été fixé, à savoir si leurs mesures pré­co­ni­sées per­met­tront bien de réduire les émis­sions de 40 %. Ce sont des « véri­fi­ca­teurs d’impact » (sic).

Des Cher­cheurs-Obser­va­teurs sont des membres de groupes de recherche (CEVIPOF, etc) qui ont pos­tu­lé pour obser­ver et étu­dier le fonc­tion­ne­ment de la conven­tion. On peut donc ima­gi­ner pro­chai­ne­ment des rap­ports inté­res­sants sur son déroulement.

Enfin, un « Comi­té légis­tique » regrou­pait de juristes, enga­gés dans les matières envi­ron­ne­men­tales, char­gés de trans­crire les pro­po­si­tions de la Conven­tion en textes juri­diques qui pour­ront être sou­mis aux ins­tances légitimes.

Les tra­vaux se sont tenus d’octobre 2019 à juin 2020, sur 7 ses­sions de 3 jours. Les membres étaient défrayés (86 euros/jour + 10 euros/heures pour les per­sonnes venant sur leur temps de tra­vail). Loge­ment, tra­jets, repas, garde d’enfants étaient assu­rés. Entre les ses­sions, les membres pou­vaient conti­nuer à être en contact et à tra­vailler via une pla­te­forme en ligne.

Le public a pu aus­si par­ti­ci­per en ligne aux pro­po­si­tions. Il y a eu plu­sieurs mil­liers d’interventions de ce type.

L’ensemble du bud­get a été de 5 mil­lions d’euros (ce type d’organisation est donc uni­que­ment acces­sibles à des pou­voirs publics, cette somme n’aurait pas pu être réunie par des particuliers).

On peut retrou­ver les videos des ses­sions sur la chaine You­tube du CESE. Bizar­re­ment, seule une par­tie de ces tra­vaux étaient fil­més. On ne dis­pose pas non plus mal­heu­reu­se­ment de comptes-ren­dus publics écrit des auditions.

Le tra­vail était consti­tué d’activités plé­nière (à 150), ain­si que d’ateliers en petit groupes tirés au sort pour tra­vailler sur les dif­fé­rents thèmes. Le tra­vail en petit groupe per­met la prise de parole de tous. Mais bien enten­du, tout le tra­vail d’échantillonnage pour repré­sen­ter la popu­la­tion fran­çaise est entiè­re­ment per­du dès lors que l’on tra­vaille en sous-groupes. Ceux-ci ne reflètent plus sta­tis­ti­que­ment la popu­la­tion. C’est un biais connu des pra­ti­ciens de la démo­cra­tie déli­bé­ra­tive pour qui il suf­fit que le panel soit « diver­si­fié » plu­tôt que stric­te­ment repré­sen­ta­tif. On bute ici sur la limite entre la repré­sen­ta­ti­vi­té et les pos­si­bi­li­tés concrètes de délibérer.

Les tra­vaux semblent s’être dérou­lés sans accroc majeur. La par­ti­ci­pa­tion ne s’est pas étio­lée et il y avait à la fin encore plus de 140 per­sonnes pour voter les pro­po­si­tions finales (c’était le quo­rum néces­saire pour que le suf­frage final soit consi­dé­ré comme valide). Le vote se fai­sait par pro­po­si­tion, puis sur l’ensemble.

Le rap­port de 460 pages com­porte 149 pro­po­si­tions. Elles ont recueilli en géné­ral plus de 95 % de suf­frages posi­tifs. L’objectif de réduc­tion des gaz à effet de serre est com­bi­né avec une volon­té d’acceptabilité sociale. Une par­tie d’entre elles, mais pas toutes, ont bien reçu une trans­crip­tion juri­dique en pro­po­si­tion de loi ou autre. La bonne volon­té de l’équipe juri­dique pour appuyer les membres de la conven­tion est mani­feste. Ceci s’explique sans doute par le fait que ces juristes sont eux-mêmes enga­gés dans le domaine de l’écologie.

L’un des prin­ci­paux pro­blèmes de la réduc­tion des émis­sions de gaz a effet de serre a bien été per­çu : « Nous avons conscience que les pro­po­si­tions déve­lop­pées dans le cadre de la Conven­tion citoyenne pour le cli­mat et plus lar­ge­ment de la tran­si­tion éco­lo­gique ren­dront cer­taines acti­vi­tés en France et en Europe moins com­pé­ti­tives sur le mar­ché. Il faut donc s’assurer que les pro­duits faits en France et en Europe ne soient pas désa­van­ta­gés, ou encore, que des entre­prises soient ten­tées de délo­ca­li­ser leur acti­vi­té plu­tôt que de la ver­dir. » Si les acti­vi­tés indus­trielles pro­dui­sant des gaz à effet de serre sont détruites en France pour être recons­truite en Chine, et que les mêmes pro­duits sont ensuite réim­por­tés en France, l’intérêt est nul. La réforme serait même nui­sible à la France. Pour résoudre ce dilemme, il est pro­po­sé d’instaurer une bar­rière euro­péenne à l’entrée de ces pro­duits. Mais cette idée n’a pas été sou­mise à l’équipe juri­dique pour envi­sa­ger de la trans­crire en pro­po­si­tion de loi. 

Le rap­port intègre aus­si l’expression des avis dis­cor­dants sur les pro­po­si­tions votées, ain­si que les pro­po­si­tions qui ont été rejetées.

Après la remise du rap­port, le Pré­sident a bien accep­té toutes les pro­po­si­tions, sauf trois :

  • La taxe sur les dividendes
  • La limi­ta­tion à 110 km/h sur autoroute
  • La modi­fi­ca­tion du pré­am­bule de la constitution

Cette der­nière pro­po­si­tion pré­voyait l’ajout d’un para­graphe : « La conci­lia­tion des droits, liber­tés et prin­cipes qui en résultent ne sau­rait com­pro­mettre la pré­ser­va­tion de l’environnement, patri­moine com­mun de l’humanité. ». Même si celle-ci ne fai­sait pas l’unanimité au sein de la conven­tion (76 % de suf­frages favo­rables), elle témoigne tout de même de la radi­ca­li­té qui res­sort de cer­taines propositions.

La limi­ta­tion de la vitesse sur auto­route a aus­si été jugée trop cli­vante par Emma­nuel Macron qui avait déjà une mau­vaise expé­rience de la limi­ta­tion de la vitesse sur les routes nationales.

Il est inter­pel­lant que dans ces deux cas l’assemblée tirée au sort appa­raît plus radi­cale et le repré­sen­tant élu plus consensuel.

Quelques jours plus tard, c’est le ministre de l’économie Bru­no Lemaire qui s’oppose à son tour à cer­taines propositions.

Analyse

Qu’en rete­nir ?

Tout d’abord l’avancée que repré­sente la pre­mière orga­ni­sa­tion d’une conven­tion de citoyens tirés au sort ayant pour but de pré­sen­ter des pro­po­si­tions légis­la­tives. La France comble donc en par­tie son retard démo­cra­tique. [Ronald est vrai­ment trop gen­til 🙂 ÉC]

La réa­li­sa­tion pra­tique est un suc­cès. L’organisation logis­tique s’est faite selon les usages pra­ti­qués ailleurs dans ce genre de panel citoyens. Les par­ti­ci­pants se sont enga­gés, ont été pré­sents tout au long du man­dat, et ont remis leurs pro­po­si­tions confor­mé­ment au cahier des charges. La sur­ve­nue de la pan­dé­mie à coro­na­vi­rus au cours de l’exercice n’avait en outre pas faci­li­té les choses.

Les délais ont été tenus et ont été suf­fi­sants pour que les membres s’imprègnent du sujet et déve­loppent une série de pro­po­si­tions cohérentes.

Ceci ne doit pas nous aveu­gler sur ce dont il s’est agi. Nous ne sommes pas en face d’une assem­blée de citoyens qui fait sa propre loi. Elle a agi expli­ci­te­ment selon un man­dat. Man­dat qui lui a été don­né par le gou­ver­ne­ment : « réduire les émis­sions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici 2030 ». Les membres de la conven­tion n’ont pas eu l’initiative d’évaluer si ce but était per­ti­nent. C’est le gou­ver­ne­ment qui le défi­nit, et la conven­tion a la charge de le trans­crire en pro­po­si­tion de loi. On est en en face de l’équivalent poli­tique de ce qu’on appelle dans l’entreprise le « mana­ge­ment par objec­tif », méthode jugée plus moti­vante pour les exé­cu­tants : la direc­tion fixe des objec­tifs à atteindre, et les tra­vailleurs ont la liber­té d’employer les moyens qu’ils dési­rent pour le faire.

Le Comi­té de Gou­ver­nance a été consti­tuée de manière impro­vi­sée et sans légi­ti­mi­té. Il a été com­po­sé de membres dési­gnés pour moi­tié par le CESE, pour moi­tié par le col­lec­tif Gilets citoyens. La com­pé­tence a été pri­vi­lé­giée sur la repré­sen­ta­ti­vi­té, et l’on se retrouve avec un Comi­té homo­gène idéo­lo­gi­que­ment (pour faire bref : « de gauche et éco­lo­giste »). Cette homo­gé­néi­té se réper­cute dans l’ensemble de la struc­ture. On com­prend aisé­ment que pour une pre­mière ten­ta­tive de ce genre de conven­tion, ini­tiée en plein mou­ve­ments des Gilets Jaunes, on ne se soit pas encom­bré de for­ma­lisme. Et qu’il était néces­saire que cet essai réus­sisse pour pou­voir asseoir la légi­ti­mi­té de la méthode. Une homo­gé­néi­té dans l’organisation était une garan­tie pour un bon fonc­tion­ne­ment sur la durée. Mais cela ne peut deve­nir une règle. Il suf­fit d’imaginer une Conven­tion sur l’Immigration où un membre de Comi­té orga­ni­sa­teur explique « être pris d’une peur panique en se levant le matin en pen­sant aux arri­vées d’immigrés » pour com­prendre qu’un mini­mum de neu­tra­li­té de ce Comi­té est néces­saire. À noter que même le peu de diver­gence qu’il y avait en son sein a été cri­ti­qué : cer­tains ont repro­ché à l’un de ses membres, d’avoir été diri­geante d’une com­pa­gnie minière et donc de ne pou­voir y sié­ger (en fin de compte, elle a néan­moins été maintenue).

On peut tou­jours se satis­faire de l’absence de repré­sen­ta­ti­vi­té du Comi­té de Gou­ver­nance si celui-ci ne se mêle pas des tra­vaux. Mais dans cette expé­rience, c’est lui qui a sélec­tion­né les experts qui s’adressent à l’assemblée. Sélec­tion­ner les inter­ve­nants, c’est sélec­tion­ner l’information qui sera four­nie, et donc les solu­tions qui sor­ti­ront des débats. Encore une fois, s’agissant d’un pre­mier essai, cela est excu­sable pour s’assurer que les tra­vaux « roulent » bien, mais il est à l’avenir néces­saire que ce soient les citoyens eux-mêmes qui fixent leur pro­gramme et leurs interlocuteurs.

Plus grave et plus dif­fi­cile à cor­ri­ger est le pro­ces­sus de sélec­tion des membres. Tous les modes de sélec­tions ont leur biais. Mais il s’agit de plus que cela. Le man­da­taire (le gou­ver­ne­ment) fixe ici l’objectif : réduire de 40 % les émis­sions de gaz à effet de serre. Il ne s’agit pas pour l’assemblée de se ques­tion­ner sur les pro­blèmes éco­lo­giques ; le pro­blème est déjà posé et la solu­tion avan­cée. Il faut seule­ment des volon­taires pour mettre en œuvre le man­dat fixé. Aus­si, toutes les per­sonnes pour qui le pro­blème du cli­mat n’est pas une prio­ri­té ou pour qui la solu­tion n’est pas adé­quate ne sont pas invi­tées à se pro­non­cer. Cela est bien expli­cite dans l’accroche télé­pho­nique rédi­gée par l’institut de son­dage qui recrute les citoyens. Cette sélec­tion par l’objectif se réper­cute immé­dia­te­ment dans la com­po­si­tion de l’assemblée. Lorsque le pre­mier jour des tra­vaux, un ani­ma­teur demande à la conven­tion « qui est venu pour l’urgence d’agir au niveau cli­ma­tique ? », 100 % de l’assemblée se lève, et quand il est deman­dé « qui pense tous les jours au chan­ge­ment cli­ma­tique », envi­ron 40 % se lève. Il faut être clair : une conven­tion ain­si consti­tuée n’est pas un échan­tillon repré­sen­ta­tif de la popu­la­tion fran­çaise, mais une assem­blée de volon­taires pour appli­quer les direc­tives du commanditaire.

Il semble même que ce risque n’ait pas été per­çu par l’exécutif. Cer­tains de ses membres, une fois le rap­port remis, appa­raissent sur­pris par la radi­ca­li­té de cer­taines pro­po­si­tions. Ain­si, si la pro­po­si­tion de réduire la vitesse sur auto­route a été votée par 60 % des membres de la conven­tion, elle est reje­tée dans un son­dage par 75 % des Fran­çais. L’idée est fina­le­ment repous­sée par Emma­nuel Macron. Certes, le prin­cipe d’une conven­tion est par la déli­bé­ra­tion de faire évo­luer les posi­tions, et des per­sonnes qui se sont for­mées au sujet vote­ront dif­fé­rem­ment d’un échan­tillon son­dé dans la popu­la­tion géné­rale. Mais on ne peut nier ici l’impact du mode de recru­te­ment. On abou­tit au résul­tat para­doxal que les élus ont une opi­nion plus en phase avec le peuple que le panel sélec­tion­né par tirage au sort. [Moi, j’au­rais mis des guille­mets à « tirage au sort » 🙂 ce qui aurait fait dis­pa­raître et le para­doxe et la sur­prise… ÉC]

En ima­gi­nant l’hypothèse où la Conven­tion n’aurait pas reçu un man­dat gou­ver­ne­men­tal avec un objec­tif fixé en matière de réduc­tion de gaz a effet de serre, mais aurait sim­ple­ment eu la mis­sion de « pro­po­ser un pro­gramme de mesures envi­ron­ne­men­tales », le biais de sélec­tion aurait été moindre mais n’aurait pas dis­pa­ru. Il est connu qu’il y a dans la sélec­tion des jurys citoyens un biais lié aux sujets pro­po­sés. Ce sont les citoyens les plus inté­res­sés par le sujet qui acceptent le plus volon­tiers la convo­ca­tion. Si l’accroche télé­pho­nique avait consis­té en « Une conven­tion est orga­ni­sée pour pro­po­ser un pro­gramme envi­ron­ne­men­tal pour la France, vou­lez-vous y par­ti­ci­per ? », il y aurait quand même eu une sur­re­pré­sen­ta­tion de per­sonnes se sen­tant concer­née par l’écologie dans le panel. Et on peut parier que les per­sonnes « inté­res­sée par l’environnement » sont aus­si celles qui sont les plus ten­tée de prendre des mesures visant à pro­té­ger l’environnement. De même que par exemple des per­sonnes « inté­res­sées par le sujet de la fin de vie » seraient cer­tai­ne­ment en fait plus pro-eutha­na­sie que la popu­la­tion géné­rale. Il y a de ces sujets où le fait de s’y inté­res­ser implique en pra­tique de pen­cher vers une cer­taine opi­nion sur la question.

Com­ment sup­pri­mer ce biais ? On peut ima­gi­ner plu­sieurs solutions.

Cer­tains orga­ni­sa­teurs de jurys citoyens sélec­tionnent les can­di­dats par des ques­tion­naires de manière à éli­mi­ner ceux qui ont déjà une opi­nion bien ancrée sur le domaine. Cela à l’avantage aus­si d’éviter de pola­ri­ser la déli­bé­ra­tion, mais ce genre de sélec­tion est assez dif­fi­cile à jus­ti­fier démocratiquement.

On pour­rait créer une assem­blée per­ma­nente de citoyens tirés au sort (en chan­geant par exemple le mode de recru­te­ment du CESE). Ils auraient alors pen­dant tout leur man­dat à déli­bé­rer sur toutes sortes de sujets qu’ils n’ont pas volon­tai­re­ment choi­si. Mais on retombe alors dans une forme de pro­fes­sion­na­li­sa­tion de la déli­bé­ra­tion que l’on vou­lait jus­te­ment éviter.

On pour­rait recru­ter les membres de la conven­tion tirés au sort sans les aver­tir du sujet, ils ne le décou­vri­raient qu’une fois le pro­ces­sus accep­té. Mais il y aurait alors un grand risque d’abandons en cours de tra­vaux, si les per­sonnes ne sont pas du tout inté­res­sées par le sujet.

Le mieux serait peut-être, dès lors, que les Ins­ti­tuts char­gés de recru­ter les membres des conven­tions consti­tuent à l’avance une réserve de can­di­dats citoyens qui s’engagent à par­ti­ci­per à une pro­chaine assem­blée quel que soit le sujet. Lorsqu’une nou­velle conven­tion est orga­ni­sée, il suf­fi­rait alors de tirer au sort dans cette réserve. On aurait alors un panel à la fois repré­sen­ta­tif et moti­vé. La seule réserve est qu’ils ne pour­ront par par­ti­ci­per à des jurys dont le thème est la par­ti­ci­pa­tion citoyenne à la vie démo­cra­tique, leurs opi­nions sur ce point étant alors jus­te­ment trop biai­sé par rap­port à la popu­la­tion générale.

Il est impor­tant de réduire ce déca­lage entre l’opinion des panels tirées au sort et la popu­la­tion géné­rale. À défaut, les déci­sions prises par ces assem­blées seront reje­tées par l’opinion publique, ce qui mena­ce­rait rapi­de­ment la légi­ti­mi­té de la méthode. Cepen­dant, si les per­sonnes recru­tées ne sont pas par­ti­cu­liè­re­ment au fait des ques­tions abor­dées dans la conven­tion à laquelle ils par­ti­cipent, il fau­dra sans doute tenir compte d’un plus long délai pour qu’ils se docu­mentent et com­prennent bien les enjeux.

Concer­nant la trans­crip­tion juri­dique des pro­po­si­tions, cela ne semble pas un obs­tacle. L’aide d’une équipe de juristes est tout à fait effi­cace. Sur ce point, le fait que ceux-ci aient un a prio­ri favo­rable par rap­port aux tra­vaux de l’assemblée semble un avantage.

Enfin, il faut se rap­pe­ler que cette conven­tion citoyenne n’a pas de rôle offi­ciel dans l’élaboration de la loi. Ce que l’exécutif a ici accep­té a été ce qu’il pou­vait faire de mieux en l’état actuel des ins­ti­tu­tions. Il a été pro­mis que les pro­po­si­tions seraient trans­mises pour appli­ca­tion régle­men­taire, ou pour être sou­mise au par­le­ment ou à réfé­ren­dum. La voie légis­la­tive n’a pas chan­gé, et actuel­le­ment la mise en œuvre des pro­po­si­tions de ce genre de conven­tion reste sou­mise au bon vou­loir du per­son­nel poli­tique en place. Si l’on veut ancrer les méthodes de démo­cra­tie déli­bé­ra­tive dans la vie poli­tique du pays, il est néces­saire de consa­crer une place ins­ti­tu­tion­nelle à ces assem­blées citoyennes.

 

Préconisations

Il était envi­sa­gé, si l’expérience de la conven­tion citoyenne était un suc­cès, de la réité­rer. Afin d’en amé­lio­rer l’organisation à l’avenir, les mesures sui­vantes semblent nécessaires :

  • Défi­nir dans les textes la place de ces conven­tions dans le pro­ces­sus légis­la­tif, pré­ci­ser leur mode de fonc­tion­ne­ment, leur sélec­tion ain­si que la dési­gna­tion des dif­fé­rentes instances.
  • Assu­rer la diver­si­té du Comi­té de Gou­ver­nance, avec une repré­sen­ta­tion des opi­nions oppo­sées sur le thème traité.
  • Réduire l’emprise du Comi­té sur le pro­gramme et la sélec­tion des inter­ve­nant, et accroître l’autonomie de l’assemblée dans ce domaine.
  • Bien dis­tin­guer si l’objet de la conven­tion est la mise en œuvre d’objectifs fixés par le com­man­di­taire ou si les citoyens tirés au sort ont toute lati­tude pour s’emparer d’un thème donné.
  • S’assurer lors de la sélec­tion d’une réelle repré­sen­ta­ti­vi­té du panel par rap­port aux dif­fé­rentes opi­nions dans la popu­la­tion fran­çaise vis-à-vis du thème.

Ronald Maz­zo­le­ni.


Réfé­rences

- Le site de la Conven­tion Citoyenne pour le Cli­mat (avec notam­ment les videos de la pre­mière jour­née) : https://​www​.conven​tion​ci​toyen​ne​pour​le​cli​mat​.fr/

- Le rap­port final : https://​pro​po​si​tions​.conven​tion​ci​toyen​ne​pour​le​cli​mat​.fr/​p​d​f​/​c​c​c​-​r​a​p​p​o​r​t​-​f​i​n​a​l​.​pdf

- Le site du col­lec­tif Gilets Citoyens : https://​gilets​ci​toyens​.org/

- L’avis du CESE « Frac­tures et Tran­si­tions » : https://​www​.lecese​.fr/​t​r​a​v​a​u​x​-​p​u​b​l​i​e​s​/​f​r​a​c​t​u​r​e​s​-​e​t​-​t​r​a​n​s​i​t​i​o​n​s​-​r​e​c​o​n​c​i​l​i​e​r​-​l​a​-​f​r​a​nce

- Four­niau JM., 2019, La sélec­tion des mini-publics. Entre tirage au sort, moti­va­tion et dis­po­ni­bi­li­té, Par­ti­ci­pa­tions, 373–400 : https://​www​.cairn​.info/​r​e​v​u​e​-​p​a​r​t​i​c​i​p​a​t​i​o​n​s​-​2​0​1​9​-​H​S​-​p​a​g​e​-​3​7​3​.​h​tml#

Pour m'aider et m'encourager à continuer, il est désormais possible de faire un don.
Un grand merci aux donatrices et donateurs : par ce geste, vous permettez à de beaux projets de voir le jour, pour notre cause commune.
Étienne

Catégorie(s) de l'article :

7 Commentaires

  1. joss
  2. COIN Sandy

    Un aspect pas cor­rec­te­ment abor­dé est la mise à l’é­cart de l’en­semble de la popu­la­tion dans le pro­ces­sus. La pos­si­bi­li­té de pou­voir faire des « pro­po­si­tions » en ligne ou de lais­ser des com­men­taires n’é­qui­vaut pas au vote. Le tirage au sort dépos­sède le reste de la popu­la­tion de sa pos­si­bi­li­té même indi­recte de par­ti­ci­per aux déci­sions. Et c’est ce qui res­sort le plus selon moi de cette conven­tion citoyenne. Tirage au sort => Absence de légi­ti­mi­té. Et une grosse confu­sion entre les concepts de repré­sen­ta­tion poli­tique et de « repré­sen­ta­ti­vi­té » sondagière.

    Réponse
  3. Wikicrate

    Je sou­mets à votre ana­lyse cri­tique la pro­po­si­tion de tirage au sort non tra­fi­co­té pré­vue dans la CPT : Consti­tu­tion Pro­vi­soire de Transition
    Ceci est le lien abou­tis­sant au texte qui peut être com­men­té en ligne.
    N’hé­si­tez pas à faire des com­men­taires et des pro­po­si­tions en bas de ce texte :
    http://​lc​.cx/​a​n​4​_​CPT

    Réponse
  4. Wikicrate

    Annexe 4 : Pro­po­si­tions pour le tirage au sort d’assemblées de citoyens
    Moda­li­té de tirage au sort d’as­sem­blées de citoyens et des chambres de contrôle :

    Assiette à prendre en compte pour le tirage au sort pen­dant la phase de transition
    Consi­dé­rant que :
    – si cer­tains veulent remettre en cause l’âge à par­tir duquel des citoyens peuvent être tirés au sort pour par­ti­ci­per aux déci­sions démo­cra­tiques, en vou­lant l’é­tendre à la mino­ri­té, mais que d’autres veulent le res­treindre aux adultes ayant acquis, de par leur âge, une cer­taine matu­ri­té après 25 ou 30 ans,
    – que si l’on dis­pose des listes de citoyens ins­crits sur les listes élec­to­rales avec leur adresse, on n’a pas de liste des majeurs avec leur adresse,
    il ne semble pas dérai­son­nable pour le ou les pre­miers tirages au sort de citoyens d’u­ti­li­ser les ins­crits sur les listes élec­to­rales puis de pro­po­ser rapi­de­ment aux assem­blées de citoyens majeurs ain­si sélec­tion­nées d’é­tendre ou de res­treindre l’as­siette des tirages au sort suivants.
    Consi­dé­rant aus­si que :
    – si cer­tains veulent remettre en cause l’âge à par­tir duquel des citoyens peuvent être tirés au sort pour par­ti­ci­per aux déci­sions démo­cra­tiques, en vou­lant l’é­tendre à la mino­ri­té, mais que d’autres veulent le res­treindre aux adultes ayant acquis, de par leur âge, une cer­taine matu­ri­té après 25 ou 30 ans,
    – que si l’on dis­pose des listes de citoyens ins­crits sur les listes élec­to­rales avec leur adresse, on n’a pas de liste des majeurs avec leur adresse,
    il ne semble pas dérai­son­nable pour le ou les pre­miers tirages au sort de citoyens d’u­ti­li­ser les ins­crits sur les listes élec­to­rales sachant que par le RIC, ou le par­le­ment il pour­ra être déci­dé d’é­tendre ou de res­treindre l’as­siette des tirages au sort sui­vants les cri­tères qu’ils choisiront.

    Méthode pro­po­sée
    L’in­ten­tion de la méthode pro­po­sée pour le tirage au sort est de ne pas uti­li­ser de sys­tème infor­ma­tique qui pour être infal­si­fiable néces­si­te­rait des pré­cau­tions empê­chant d’of­frir les garan­ties de trans­pa­rence et de clar­té pour le grand public alors que sa confiance abso­lue dans la loyau­té d’un sys­tème infal­si­fiable est indispensable.

    Dans un pre­mier temps, les citoyens majeurs exer­çant leurs droits civiques seront invi­tés à se rendre à l’é­tat civil pour tirer au sort un nombre de 20 chiffres en pio­chant 20 fois de suite une boule numé­ro­tée de 0 à 9.
    Une base de don­nées infor­ma­tique sera créée avec les infor­ma­tions suivantes :
    Pré­nom, Nom, Date de nais­sance, adresse, numé­ro de 20 chiffres.
    Une fois le tirage de ce nombre effec­tué, l’of­fi­cier d’é­tat civile inter­ro­ge­ra la base de don­née pour s’as­su­rer que ce nombre n’existe pas dans la base (une chance sur 100 mil­liards de mil­liards) et ce nombre sera ins­crit sur la carte d’é­lec­teur renom­mée carte de citoyen d’une façon infal­si­fiable ain­si que la somme arith­mé­tique des 20 chiffres entre 0 et 180.
    En cas de contes­ta­tion c’est le nombre indi­qué sur la carte qui fera foi.
    Selon le para­mé­trage, la méthode sui­vante peut être adap­tée pour tirer au sort une seule per­sonne ou un mil­lion de per­sonnes mais elle ne peut déter­mi­ner à l’avance le nombre exact de citoyens tirés en fonc­tion des paramètres.
    Pour un nombre X de tirés au sort vou­lu, on peut soit choi­sir des para­mètres per­met­tant d’en tirer deux fois plus puis on tirer au sort des chiffres qui, dans le nombre de 20, ser­vi­ront de cri­tère de tri pour, ensuite, sélec­tion­ner les X pre­miers selon ce clas­se­ment. Cette méthode per­met de dis­po­ser de citoyens sup­plé­men­taires pour pal­lier aux réformes (déro­ga­tions, exclu­sions ou aux récu­sa­tions) éventuelles.

    Une fois le tirage de ce nombre effec­tué, l’of­fi­cier d’é­tat civil inter­ro­ge­ra la base de don­née pour s’as­su­rer que ce nombre n’existe pas dans la base (une chance sur 100 mil­liards de mil­liards mais tou­jours pos­sible) et ce nombre sera ins­crit sur la carte d’é­lec­teur renom­mée carte de citoyen d’une façon infal­si­fiable ain­si que la somme arith­mé­tique des 20 chiffres entre 0 et 180.
    En cas de contes­ta­tion c’est le nombre indi­qué sur la carte qui fera foi.
    Selon le para­mé­trage, la méthode sui­vante peut être adap­tée pour tirer au sort une seule per­sonne ou un mil­lion de per­sonnes mais elle ne peut déter­mi­ner à l’avance le nombre exact de citoyens tirés en fonc­tion des paramètres.
    Le tirage au sort d’une assem­blée de 1 000 per­sonnes pour­rait alors se faire de la façon suivante :
    En esti­mant qu’il fau­dra tirer au sort plus de citoyens que néces­saire afin de pal­lier aux diverses déro­ga­tions accordées.
    L’exemple sui­vant per­met­trait d’en tirer au sort 1 125 envi­ron (ce nombre est aléa­toire) dans la popu­la­tion par­mi 45 mil­lions de fran­çais majeurs ins­crits dans la base.
    On pro­cè­de­ra en direct sur les chaînes de télé­vi­sion publique au tirage au sort de 4 boules dans deux sphères trans­pa­rentes dif­fé­rentes, l’une conte­nant 20 boules dites “de rang” numé­ro­tées de 1 à 20 et l’autre 10 boules dites “de valeur” numé­ro­tées de 0 à 9 par un pro­cé­dé trans­pa­rent et public comme pour les tirages du loto de la Socié­té Fran­çaise des Jeux en pré­sence d’huis­siers et de citoyens.
    Entre chaque tirage asso­ciant une valeur à chaque rang tiré, seule la boule de valeur est remise dans sa sphère trans­pa­rente afin qu’une même valeur puisse être attri­buée à plu­sieurs rangs.

    Exemple :
    Sup­po­sons les tirages “rang/valeur” sui­vants : 129, 80, 206 et 11. On garde l’ordre de tirage.

    Ain­si sont pré­sé­lec­tion­nés les citoyens dont les matri­cules satis­font aux critères
    Chiffre n°12=9 + chiffre n°8=0 + chiffre n°20=6 + chiffre n°1=1
    (soit envi­ron 1 citoyen sur 10 000 donc 4 500 sur 45 millions)
    Voir le tableau dans le fichier pdf ou sur http://​lc​.cx/​a​n​4​_​CPT
    Pour trier les tirés au sort et leur attri­buer un numé­ro d’ordre on se sert des boules de valeur du tirage pré­cé­dent “9−0−6−1” en clas­sant les tirés au sort selon l’ordre crois­sant du nombre com­po­sé à par­tir des valeurs des chiffres de ces rangs là sur leur matricule.

    Ain­si les pré­sé­lec­tion­nés sont triés selon les valeurs ABCD
    Quand une valeur X est égale à son rang, comme la valeur 1 en posi­tion 1, elle n’est plus dis­cri­mi­nante puisque tous les pré­sé­lec­tion­nés ont la même. On la rem­place alors par la valeur du rang 10+X, ici on pren­dra le rang 11.
    Comme il n’y a pas de boule de rang 0, elle est rem­pla­cée, comme ici, par la boule de rang 10.
    Dans cet exemple, à par­tir des valeur 9−0−6−1, le nombre ABCD cor­res­pond aux valeurs des rangs 9−10−6−11

    On peut alors choi­sir le nombre de citoyens tirés au sort dési­ré à l’unité près et même avoir une “liste de rem­pla­çants avec les suivants.

    3. 1
    Rang
    1
    2
    3
    4
    5
    6
    7
    8
    9
    10
    11
    12
    13
    14
    15
    16
    17
    18
    19
    20
    4.
    Valeur
    1
     ?
    ?
    ?
    ?
    C
     ?
    0
    A
    B
    D
    9
     ?
    ?
    ?
    ?
    ?
    ?
    x
    6

    La même carte com­por­tant le numé­ro per­son­nel aléa­toire de 20 chiffres pour­ra ser­vir à tous les tirages au sort ulté­rieurs qu’ils soient locaux ou nationaux.
    Il fau­dra seule­ment adap­ter le nombre de boules à tirer selon le ratio entre la taille de la popu­la­tion et le nombre de citoyens à nommer.

    Réponse
  5. BACHAUD YVAN

    Il est bien expli­qué que l’ac­croche télé­pho­nique fait recru­ter pra­ti­que­ment que des éco­los ! la preuve est appor­tée quand ;
    Lorsque le pre­mier jour des tra­vaux, un ani­ma­teur demande à la conven­tion « qui est venu pour l’urgence d’agir au niveau cli­ma­tique ? », 100 % de l’assemblée se lève, et quand il est deman­dé « qui pense tous les jours au chan­ge­ment cli­ma­tique », envi­ron 40 % se lève. Il faut être clair : une conven­tion ain­si consti­tuée n’est pas un échan­tillon repré­sen­ta­tif de la popu­la­tion fran­çaise, mais une assem­blée de volon­taires pour appli­quer les direc­tives du commanditaire.
    et encore quand on constate ;
    Ain­si, si la pro­po­si­tion de réduire la vitesse sur auto­route a été votée par 60 % des membres de la conven­tion, elle est reje­tée dans un son­dage par 75 % des Français.
    La CCC n’est donc pas représentative !

    Réponse
  6. Yvan

    y sont où les commentaires ?!

    Réponse

Laisser un commentaire

Derniers articles

[Dérive du pouvoir scolaire] Le préparateur – Alain, 25 août 1906

[Dérive du pouvoir scolaire] Le préparateur – Alain, 25 août 1906

[LE PRÉPARATEUR] Un nouvel examen vient d'être institué, à la suite duquel on pourra recevoir un certificat d'aptitude aux fonctions de magistrat. Il en sera de cet examen comme de tous les autres, il donnera de bons résultats au commencement, et de mauvais ensuite....