AFP, Guillaume Daudin, Sami Acef, Rémi Banet, François D’Astier, Fred Bourgeais, Jacky Fong, Clara Morineau le Jeudi 4 avril 2019
https://factuel.afp.com/gjeborgnes
Des vies « gâchées », de l’incompréhension ou de la colère : pendant deux mois, l’AFP a recueilli le témoignage de 14 « gilets jaunes » mais aussi de « passants » ou « lycéens » grièvement blessés à l’oeil au cours des manifestations des derniers mois, au coeur des accusations de violences contre les forces de l’ordre.
A l’instar de Jérôme Rodrigues, l’une des têtes d’affiche des « gilets jaunes », les regards mutilés de Vanessa, Patrick ou Alexandre ont été érigés en symbole des « violences policières ». 23 personnes ont affirmé avoir perdu leur oeil depuis novembre, selon les recensements faits par le journaliste indépendant David Dufresne et son projet « Allô place Beauvau ? » ou par le collectif militant « Désarmons-les ».
L’AFP a pu obtenir le témoignage de 14 de ces éborgnés, tandis que 9 ont décliné ‑leurs noms sont grisés dans notre tableau récapitulatif, au bas de cette infographie- (cliquez sur les noms en bleu pour en savoir plus).
Ils sont 21 hommes et 2 femmes, âgés de 14 à 59 ans, blessés à Paris, Bordeaux, Toulouse, La Réunion… Souvent, ce sont des « gilets jaunes » revendiqués, parfois des « lycéens » ou de simple « passants », contestant tout lien avec le mouvement.
Beaucoup rendent le lanceur de balles de défense (LBD) responsable de leur blessure, mais certains pointent aussi du doigt les grenades GLI-F4, celles de désencerclement, les « DMP », voire des grenades lacrymogènes.
Jeudi 4 avril, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a indiqué sur France 2 que « s’il y a eu des fautes, il y aura des sanctions », ne concédant que des « fautes marginales » des forces de l’ordre, dont il a défendu l’action.
La plupart ont un diagnostic net concernant l’un de leurs yeux : pour 14 d’entre eux, selon les certificats médicaux consultés par l’AFP, la vue est perdue et/ou l’oeil n’est plus. Deux pronostics sont en évolution péjorative, vers la cécité. Dans au moins un cas, enfin, la blessure est moins visible, l’oeil toujours présent, mais seules quelques formes apparaissent.
Si certains essaient de donner un sens à cet événement, comme Patrice, 49 ans, qui y voit un « passeport pour un combat contre les armes dites non létales », ils sont nombreux à broyer du noir, pour certains prostrés chez eux ou vivant comme des « taupes », dans le noir. « J’aurais préféré prendre dix ans de prison », se désole Alexandre. L’un a même affirmé à l’AFP avoir fait une tentative de suicide.
Deux options pour découvrir ces témoignages :
– En vidéos, sur notre chaîne YouTube.
– En infographie interactive, ci-dessous.
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David BREIDENSTEIN :
40 ans, blessé à Paris le 16 mars
Je suis parti de Troyes en train, avec une quarantaine de Troyens. On est descendu à la gare de l’Est, on est monté jusqu’à place de l’Etoile. C’était au moins la septième fois que je venais à Paris [depuis le début du mouvement, ndlr]. Je suis « gilet jaune » depuis le début.
On est remonté vers l’Etoile, ça a commencé à charger, du coup on est redescendu avec une paire de gilets jaunes. Là ça commençait à gazer un peu, ils ont tiré des grenades pour disperser un peu tout le monde, du coup on s’est écarté. J’étais en train de marcher, j’ai tourné la tête et j’ai pris le tir. On a l’impression de recevoir un gros parpaing dans la tête, tellement la force elle est monumentale. C’est énorme, ça m’a couché, ça m’a foutu par terre. J’avais juste mon gilet jaune, mon sac à dos, ma clope et c’est tout. J’étais une cible, je marchais tranquillement, je courais pas, j’étais fatigué.
Je bosse dans une usine de forge, je fais tout ce qui est pièces d’Airbus, et tout. Je suis scieur, au débitage acier. On fait des pièces, il y a des réglages à faire sur les machines, il y a plein de contrôles à faire. Donc sans mon œil je ne sais pas comment ça va se passer. Là je suis chez moi, je suis enfermé avec les volets fermés tellement ça fatigue l’autre œil. Dès qu’il y a un peu de soleil, ou le reflet de la télé, ça me fait mal aux yeux, ça me fatigue. Du coup je redors parfois une petite heure pour reposer un peu les yeux mais c’est très très fatigant ●
David Breidenstein a déposé plainte
“On a l’impression de recevoir un gros parpaing dans la tête“
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Franck DIDRON :
20 ans, blessé à Paris le 1er décembre
Aujourd’hui on revendique beaucoup de choses différentes, et c’est une bonne chose, parce que des gens rejoignent le mouvement pour différents motifs, mais quand j’ai commencé à manifester c’était pour des raisons de pouvoir d’achat. Les fins de mois pour moi c’était la merde (sic), j’avais beaucoup trop de mal à les finir.
Quand j’ai appris que ce mouvement existait j’ai foncé pour aller manifester. C’était la toute première fois que j’allais manifester pour ce mouvement [le 1er décembre, ndlr].
J’étais dans un groupe de manifestants pacifiques. On était encerclé de CRS. Mon téléphone a sonné, c’était ma mère qui m’appelait pour me demander des nouvelles parce qu’elle voyait à la télé que le climat était anormal. Je rassurais ma mère. Des gilets jaunes m’ont dit « attention les CRS chargent », je regarde à droite, à gauche, et au moment où je tourne ma tête pour regarder derrière je reçois une balle de LBD 40.
Depuis que j’ai été blessé je me demande pourquoi il m’a tiré dessus ce CRS. Où était l’acte de violence ? J’aimerais bien que ce CRS se manifeste, qu’il vienne devant moi, et que droit dans les yeux il me dise pourquoi il m’a tiré dessus. Parce que là il a gâché ma vie.
Le plus compliqué, c’est d’apprécier les distances, quand tu te sers un verre d’eau. Il faut tout réapprendre. Moi j’étais paysagiste, depuis trois ans dans une entreprise. J’intervenais principalement chez des personnes âgées, mais depuis j’ai beaucoup de mal à retrouver du boulot…. Je ne pense pas qu’un patron va reprendre un ouvrier comme moi avec un œil en moins. Il ne va pas pas prendre le risque de mettre un autre ouvrier en danger. Pour retrouver du travail ça va être super compliqué ●
Franck Didron a déposé plainte, et a été auditionné par l’IGPN selon son avocat.
“Il a gâché ma vie“
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Alexandre FREY :
37 ans, blessé à Paris le 8 décembre
J’ai un enfant et je me demande ce que va devenir la France. Elle part mal, les gens crèvent de faim. La misère, je la vois tous les jours quand je viens travailler à Paris, c’est effroyable. Je voulais crier ma colère, me battre pour que mon fils et ceux de mes proches aient un avenir. C’était ma deuxième manifestation à Paris. Paris c’est la capitale, c’est symbolique, c’était important d’y manifester. Je ne suis pas leader, mais je n’ai pas peur de manifester, donc j’étais souvent en première ligne, ils ont dû me prendre pour un leader.
On est partis pour les Champs vers 10 heures. Dès qu’on a franchi la Seine, j’ai compris que ce n’était pas une manifestation comme les autres. C’était bloqué de tous les côtés, comme une souricière. Ca tirait de partout, ça cramait, c’était la guerre. (…) A un moment donné, mon ami est touché à la jambe. Je le réconforte, je le mets sur le côté. On nous met encore en joue. Là je la prends dans l’œil, elle m’explose l’œil, l’orbite, la rétine, tout. Je ne tombe pas, mais mes amis me disent ‘t’as plus d’œil, t’as plus d’œil !’.
Ce jour-là ils ont tout confondu, ils ont eu plus peur que nous j’ai l’impression. J’ai pas cassé de vitrine, pas tapé un flic, mais même si j’avais cassé une vitrine j’aurais pas mérité ça.
J’ai 37 ans, ma vie est gâchée. J’aurais préféré prendre dix ans de prison. On peut me donner toutes les indemnités du monde, on m’a pris une partie de moi, ce qui m’est arrivé est marqué sur mon visage.
J’espère que je pourrai retravailler. Je fais de la régie, dans le milieu il faut bien présenter. Il faut que je m’adapte à ma nouvelle vie : marcher c’est plus la même chose, conduire ou aller à la piscine j’y pense même plus.
J’en veux même pas aux flics (…) J’en veux juste à ces politiciens, qui donnent des ordres effroyables.
Je suis toujours gilet jaune. Ces gens sur les ronds-points sont incroyables. J’ai des petites vieilles qui me donnent 10 euros en me disant « tiens, pour t’aider » alors qu’elles gagnent 600 € par mois ●
Alexandre Frey a déposé plainte, l’IGPN a été saisie
“J’aurais préféré prendre dix ans de prison“
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Patrick GALLIAND :
59 ans, blessé à Paris le 24 novembre
On s’était rendu avec quelques amis à cette manifestation parce qu’on avait estimé que c’était important d’exprimer notre mécontentement.
La manifestation était bon enfant, ça chantait ça braillait… rien de spécial et puis d’un seul coup, des gaz lacrymogènes nous sont arrivés dessus… Puis des charges de police. N’ayant pas l’intention de rentrer dans ce genre d’événements avec bagarres, on s’est mis avec notre groupe d’amis dans une rue parallèle pour être plus au calme. On s’est mis en retrait et puis à un moment on a entendu ‘Ils chargent ! Ils chargent !’. Et là j’ai entendu une très forte détonation et j’ai eu un choc à la tête, à l’œil. J’avais l’œil en sang.
D’abord c’est la stupéfaction. On ne comprend pas. Puis très vite c’est de la colère. Contre les politiques, les policiers. J’ai la chance d’avoir été très soutenu par mon employeur, mes amis et ma famille. Tout le monde ne l’a pas (…). (Dans mon travail), je suis amené à monter sur des toitures, sur des machines : il y a un risque que je ne voie pas un endroit où je pose le pied (…). Si je bricole maintenant, je mets systématiquement mes lunettes de sécurité parce que s’il arrive quoi que ce soit à mon autre œil, c’est fini, je suis aveugle.
Aller à la manifestation des blessés était important pour témoigner mais y aller m’a demandé un effort énorme. Des gens faisaient péter des pétards. Chaque détonation, pour moi, c’était un vent de panique ●
Patrick Galliand a déposé plainte, l’IGPN a été saisie
“Une partie de mes plaisirs s’en va “
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Vanessa LANGARD :
34 ans, blessée à Paris le 15 décembre
Je m’occupe de ma grand-mère, je suis son auxiliaire de vie, elle vit ici, avec moi, dans cet appartement. Il n’y a rien pour elle. Quand on vit seule, on peut pas vivre. Les retraites, c’est le 1er motif pour lequel je manifestais. L’Etat me paie 380€, c’est ma famille qui me paie un complément de salaire. Macron a parlé des fainéants, mais le 19 décembre, moi, j’avais un 2e travail qui allait commencer dans les écoles, en plus de celui de décoratrice sur verre. Je ne pense pas que j’étais une fainéante. Maintenant, ce n’est plus possible. Je ne manifestais quasiment jamais : quand j’avais 16 ans, oui, j’avais manifesté contre Le Pen…
Après les images des week-ends précédents, la priorité était de faire attention. Contrairement aux autres manifs c’était très calme, j’étais étonnée (…). On tombe sur une barre de CRS. On fait demi-tour, on marche. Des policiers en civil arrivent, ils tirent. Je me fais impacter. Ma meilleure amie entend « pouh ! pouh ! ». Elle tourne la tête, un truc noir tombe par terre. « C’est pas de la lacrymo », se dit-elle…Pour moi, plein de choses se sont effacées.
Mais des images que j’ai vues, je suis à terre, le crâne éclaté, on voit l’os. Mon amie est traumatisée, elle m’a cru morte. Quatre personnes qui font demi-tour en se prenant la main pour pas se perdre, je ne pense pas qu’on était dangereux. A ce moment-là, il n’y avait ni menaces, ni cris, ni personnes qui jetaient de choses.
J’ai eu deux interventions à l’hôpital : pour l’hémorragie cranienne, puis pour me poser trois plaques de métal. C’est en sortant que ça a été beaucoup plus compliqué. Mon œil ne peut pas être opéré, il ne se réparera jamais. C’est touché à l’intérieur : j’ai des trous au niveau du nerf optique.
L’handicap de mon handicap c’est qu’il ne se voit pas. J’ai des maux de tête, de la fatigue, les gens ne vont pas comprendre que je sois KO parce que j’ai une apparence normale. J’ai l’impression de ne plus être moi-même.
Je prenais soin de moi-même, j’adorais me maquiller, m’apprêter, maintenant je ne peux plus. Ma vie désormais c’est un combat au quotidien. J’ai un an de rééducation devant moi : mon visage et surtout le cerveau. Je ne retiens plus du tout. Les connexions ne se font plus ●
Vanessa Langard a déposé plainte, l’IGPN a été saisie
“J’ai l’impression de ne plus être moi-même“
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Gwendal LEROY :
27 ans, blessé à Rennes le 19 janvier
Le mouvement des gilets jaunes c’est quelque chose d’historique : dans la rue, dans un cortège de manifestation un samedi on voit de tout. Des chômeurs, des salariés, des retraités, des gens de tous corps, de tous métiers. Tout le monde est dans la rue, il n’y a pas d’histoire de syndicats, c’est vraiment citoyen. Oui, c’est vraiment quelque chose d’historique. (Quand) il y a une loi qui passe ou autre qui attaque un certain métier, (comme) les routiers, personne ne vient en aide à chaque fois à telle ou telle classe de métier qui se fait attaquer. Du coup, à chaque fois les lois passent. Si par exemple une loi mauvaise passe vis-à-vis des infirmières, il faudrait que tout le monde aille dans la rue, et là je peux vous dire les lois ne passeraient pas. Mais les gens ne sentent plus concernés.
(Ça) m’est arrivé, je crois rue du Maréchal Joffre. On avait vraiment décidé de partir, il était 18 heures et quelque, on avait deux heures de route. Et en remontant la rue, arrivés au niveau des arrêts de bus, j’ai entendu une grenade atterrir à mes pieds. On entend le bruit, donc forcément (on se dit) : ‘qu’est-ce que c’est ?’, on se retourne et donc là j’ai vu un flash, une explosion, violente. Tout de suite j’ai senti quelque chose qui m’a percuté le visage. Je n’estimais pas encore avoir perdu l’usage de (mon) oeil.
A l’hôpital, quelqu’un s’est approché de moi. Il a soulevé la paupière de l’oeil gauche et, c’est là que j’ai compris que c’était grave, parce qu’il a appelé, enfin il a hurlé « on le prend en charge tout de suite ! ».
Je ne sais même pas si j’ai encore accepté en fait, c’est ça le truc. Je ne sais pas si j’ai pris pleinement conscience, que cela va être définitif et à vie.
Il y a des prises de conscience temporaires. Il y a des moment où on est assis sur une chaise et là pendant 10–15 secondes on va être plus lucide, on va se dire « ah ouais, j’ai perdu un oeil. Et c’est à ces moments-là précisément que soit ça passe moralement, soit psychologiquement, (sinon) la journée elle est dans les chaussettes.
J’étais cariste. Je ne sais pas si c’est possible encore de conduire un chariot élévateur. Et puis, il y a la partie « comment trouver un travail » : quel employeur voudrait d’une entre guillemets « personne qui n’aurait qu’un oeil » alors qu’il y a énormément de personnes sur le marché (qui ont) deux yeux ●
Gwendal Leroy a déposé plainte
“Je ne sais pas si j’ai pris pleinement conscience, que cela va être définitif et à vie“
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Fiorina LIGNIER :
20 ans, blessée à Paris le 8 décembre
Je n’avais jamais manifesté de ma vie, je ne suis pas investie en politique. Au départ, je pensais que le président Macron allait réagir mais pas du tout, il a fait le sourd. Ce sont des problèmes qui touchent tout le monde et si personne ne bouge, ça ne changera pas. Donc j’ai voulu y aller moi-même pour porter la parole des « gilets jaunes ». Certes ça ne touche pas les jeunes mais ça nous touchera dans cinq ans. On est la 6e puissance économique mondiale et nos retraités sont obligés de retravailler, c’est aberrant ! La veille de l’Acte 4, on a donc décidé d’aller à Paris avec Jacob (son petit-ami depuis deux ans, NDLR)
Vers 14H00, des casseurs commencent à s’attaquer aux boutiques. Nous sommes tout en haut des Champs au milieu d’une bonne centaine de « gilets jaunes » très calmes. Il n’y a pas de casseurs parmi nous, personne n’a le visage masqué ni l’air violent. Avec Jacob, nous ne portons pas de gilet jaune : les magasins étaient en rupture de stock. Des gendarmes mobiles nous empêchent de reculer. Les policiers chargent et à ce moment-là je reçois une grenade. Je ressens une décharge dans tout le corps. J’ai un trou noir de quelques secondes. Je subis une première opération d’urgence pour resuturer l’oeil. Je suis ensuite hospitalisée pendant 16 jours à La Salpêtrière où j’ai subi une deuxième opération pour restructurer la face. On me dit tout de suite que j’ai perdu l’usage de mon œil.
On va m’enlever l’œil car j’ai des douleurs quand il bouge. Je dors énormément. Je ne peux pas rester trop debout, ma tête tourne encore beaucoup. Les douches, c’est compliqué. Mon muscle pour ouvrir la paupière ne fonctionne plus, il a été sectionné, mais à des moments l’œil s’ouvre et je n’arrive pas à le refermer (…) Je n’arrive plus à lire. C’est plus du tout la même vie, c’est tout au ralenti. Même le ménage j’ai du mal : je range 10 minutes et je suis essoufflée. C’est très rare que les volets soient ouverts, je vis comme une taupe. J’ai des sensations fantômes.
La cagnotte (de 50.000 euros, ndlr), je trouve ça énorme. Autant de solidarité ! J’ai du mal à réaliser parce que je suis étudiante donc 50.000 euros … c’est un pactole ●
Fiorina Lignier a déposé plainte, l’IGPN a été saisie
“Je vis comme une taupe“
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Jean-Marc MICHAUD :
41 ans, blessé à Bordeaux le 8 décembre
On était là pacifiquement, pas en agresseurs. Si j’avais voulu aller « taper » du CRS, j’y serais allé avec 50 potes, pas avec ma petite femme (…). Merde ! On a quand même a le droit de gueuler, on n’en veut plus de cette France politicarde qui s’en met plein les poches, qui ne pense qu’aux riches.
Mes premières manifestations ça ne craignait pas, c’était à Rochefort, il y a 75% de retraités. Comme cela faisait un mois que je n’avais pas vu ma femme, (aller manifester) c’était l’occasion de passer un petit moment ensemble et de s’amuser car c’était très festif.
Vers 16h30/17H00 ça a commencé à dénégérer, les premières lacrymo et grenades. (…) Il y a une charge de « baqueux » qui nous allument. On part, on se cache derrière un mur, je pousse ma femme et moi je me mets (les mains) en l’air (il mime le geste, ndlr) et là ils m’ont abattu comme un chien, à 5⁄6 mètres, 7 mètres maximum (…). Je me suis réveillé le dimanche soir à l’hopîtal, en chambre stérile, branché de partout. (…) Puis j’ai vu ma femme entrer, en combinaison (…). J’en ai pleuré.
Pour l’instant il n’y a pas de futur, il n’y a que le présent. Et je pense que toutes les victimes sont comme ça.
Physiquement je me sens bien, je suis combatif. Par contre, moralement j’ai des faiblesses. La perte d’un oeil, c’est quelque chose de très dur.
J’étais très sportif, je faisais du kayak en mer, j’allais pêcher… Il y a beaucoup de choses que je ne peux plus faire. J’étais horticulteur. Dernièrement, je taillais les vignes chez un viticulteur mais je ne peux plus car je n’ai plus la 3D.
Je n’arrive plus à prendre ma femme dans mes bras. Je n’arrive même pas à me regarder dans une glace, je ne me suis pas rasé depuis. Je ne me reconnais pas. Quand j’arriverai à m’accepter, alors j’accepterai les câlins de ma femme ●
L’IGPN a été saisie
“Quand j’arriverai à m’accepter, alors j’accepterai les câlins de ma femme“
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Patrice PHILIPPE :
49 ans, blessé à Paris le 8 décembre
J’étais à Paris le 8 décembre 2018. Paris c’est symbolique, c’est la capitale, je me suis dit que j’allais apporter un peu plus de jaune sur les Champs-Elysées. C’était ma première manifestation. Je suis parti la fleur au fusil. Une chose importante : mon père est un ancien gendarme mobile. Je ne montais à Paris pas pour péter du flic.Le matin, c’était bon enfant.
A 11h00, je prends un premier tir de LBD dans le poignet (…). Cela montait crescendo dans la violence, des gilets jaunes commençaient à desceller des pavés sur les Champs-Elysées (…).
A un moment, je veux sortir. Je me rends compte que c’est impossible (…). Ce phénomène de nasse, de tout fermer, moi j’appelle ça du tir au pigeon (…). Sur un mouvement de recul des gilets jaunes, je m’avance sans signe d’agression. Je voulais aller discuter avec un gendarme pour qu’il me laisse sortir (…) et là une déflagration, une grenade qui m’assourdit, qui me désoriente, et quelques secondes plus tard le tir de LBD dans l’œil. Je titube (…). Le premier gilet jaune qui me voit, quand je vois son visage horrifié, je me dis que je ne suis pas bien, je fais quelques pas et je tombe.
J’ai la « chance » de garder mon œil intact (dans sa forme) mais il y a eu destruction de la rétine (…) et derrière du nerf optique. Je ne verrai plus de cet œil (…).
Mon métier de chauffeur routier c’était une passion, ça faisait 25 ans, j’étais arrivé au summum de la profession : je faisais du convoi exceptionnel (…). J’ai une fille de 14 ans, je ne veux pas me laisser glisser sur un terrain dépressif, je me dois d’être debout (…). Je n’ai pas envie de finir dans (une structure spécialisée) en train d’enfiler des pieds de chaises.
Que peut faire un borgne ? (…) Même si le mouvement s’épuise je serai encore là (..). Ils m’ont donné le passeport pour un combat bien plus important à mes yeux (sourire), contre les armes dites non létales ●
Patrice Philippe a déposé plainte, l’IGGN a été saisie
“Que peut faire un borgne ?“
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Cédric POSE :
34 ans, blessé à La Possession le 27 novembre
J’étais pas manifestant, j’étais pour les gilets jaunes, je les soutenais. Ce jour-là j’étais à la maison en train de faire la cuisine pour des amis gilets jaunes.
Je suis sorti de la maison pour appeler pour venir manger, j’ai eu un coup dans l’oeil par les forces de l’ordre. J’étais pas trop loin d’eux, on m’a visé, et des amis ont confirmé que c’était des forces de l’ordre qui ont tiré sur moi.
L’oeil gauche, j’ai perdu la vue complètement, j’ai plus de vision et à partir de maintenant, je peux plus faire grand-chose. L’oeil droit, la vision baisse.
J’essaie de surmonter petit à petit car comme vous voyez là, j’ai ma petite maison, je suis seul. Pour le moment je ne peux plus travailler. Vu que je ne peux plus faire grand-chose, pour moi c’est pas facile, dans la vie en ce moment. De temps en temps, mes amis passent me voir pour prendre des nouvelles. Vu que je suis blessé, j’ai plus vraiment le temps d’être avec eux ●
Cédric Pose a déposé plainte, aucune enquête n’a été ouverte
“J’ai ma petite maison, je suis seul, je cherche à surmonter ça“
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Ninef RADJAH :
36 ans, blessé à Toulon le 12 janvier
Ninef Radjah était à Toulon pour un rendez-vous qui a été annulé. Il a donc passé l’après-midi « à traîner, discuter avec des amis », explique-t-il, mais assure ne pas être « gilet jaune » et ne pas avoir participé à la manifestation. Vers 18H00, il était sur l’avenue de la République, une rue qui longe la rade de Toulon fermée à la circulation en raison de la manifestation, « une bouteille à la main en train de boire, de profiter de la vie ».
La manifestation s’achève, quelques « gilets jaunes » restent sur l’avenue alors que la nuit commence à tomber. Ninef « regarde ce qui se passe et ne se sent pas concerné par les forces de l’ordre qui sont sur place », poursuit son avocat. « Les forces de l’ordre, sans raison, se mettent à charger », selon le récit qu’a fait Ninef Radjah à son avocat, Me Caporossi. « Il a un moment d’hésitation, ne comprend pas trop ce qui se passe », quand il se retrouve blessé, rapporte encore Me Caporossi. « J’ai vu des hommes en noir charger, j’ai lâché ma bouteille, j’ai couru après avoir senti quelque chose à la tête », décrit pour sa part Ninef Radjah quand il est interrogé sur le moment précis de sa blessure.
Aujourd’hui, il se bat « pour ne pas tomber dans la dépression ». « Il a mal à la tête, dort 17 heures par jour », assurent Cynthia Cazorla, un témoin, et son avocat ●
Ninef Radjah a déposé plainte, l’IGPN a été saisie
“J’étais une bouteille à la main en train de boire, de profiter de la vie“
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Jérôme RODRIGUES :
39 ans, blessé à Paris le 26 janvier
Moi, j’étais sorti dans la rue pour essayer de faire comprendre à ce gouvernement qu’il est important qu’aujourd’hui, le peuple français puisse vivre dignement du salaire qu’il gagne, du travail qu’il accomplit – moi j’ai des valeurs de travail, j’ai été élevé de cette manière-là -, et qu’il est regrettable qu’il ne l’entende pas. Un mouvement comme celui des « gilets jaunes », je l’attendais depuis des années. On aurait dû faire ça en 2008 pendant la crise des banques qu’on nous a demandé de renflouer (…). J’ai pas attendu que Macron dise de traverser la rue, j’ai traversé la France pour trouver du boulot et ça marche pas.
Je vois une équipe de jaunes qui sont amis avec moi qui venaient justement de se faire gazer. Je leur disais « partez d’ici les gars, allez pas vous blesser, allez pas perdre un œil ». Je vois une escouade de policiers qui commence à se mettre un petit peu en action. Je sais que je ne les gêne pas à l’instant T, mais j’ai ce mouvement de recul. Je me dis « recule-toi, les mecs ils vont se mettre au boulot on va pas les déranger ». Et là, patatras, je me prends une grenade au niveau des pieds qui m’abrutit l’espace d’une seconde, et une à deux secondes après un énorme impact au niveau de l’œil suite au tir de LBD que j’ai subi.
Aujourd’hui, qu’est-ce qui se passe ? Deux vies déglinguées. La mienne. Et le policier qui m’a tiré dessus, il va lui arriver quoi à lui ? Il a peut-être une femme et des enfants. Alors il a respecté un ordre, il est dans son bon droit, certes, mais peut-être qu’il a aussi une vie détruite derrière.
Ça me dérange d’être un symbole. Je me battais pour remplir le frigo, le RIC (référendum d’initiative citoyenne, ndlr) et la fin des privilèges et je m’aperçois qu’aujourd’hui je vais devoir mener un nouveau combat. J’ai pris conscience que ma voix a l’air d’avoir de l’importance. Lorsque ça a commencé, je m’étais senti investi d’une mission en tant que témoin-acteur. Aujourd’hui, j’ai une nouvelle responsabilité qui m’incombe, c’est d’essayer d’emmener le mouvement plus loin ●
Jérôme Rodrigues a déposé plainte, l’IGPN a été saisie
“Ça me dérange d’être un symbole“
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Ritchie ALEXIS :
34 ans, blessé à Saint-Paul le 19 novembre
Habitant de Saint-Paul, Ritchie Alexis a été sollicité par un ami pour venir rencontrer des manifestants et « leur dire de se calmer pour que l’image du quartier ne soit pas ternie », affirme son avocat Me Rémy Boniface, du barreau de Saint-Denis à La Réunion. Cet homme de 34 ans, « respecté par tous » et « connu pour son tempérament calme » a tenté d’apaiser la situation lors de tensions entre les forces de l’ordre et des jeunes dans le quartier de La Grande Fontaine, détaille l’avocat.
Selon son avocat, Ritchie Alexis, après avoir « calmé les esprits » une première fois dans la matinée, est rentré chez lui pour déjeuner, puis a rejoint une nouvelle fois les manifestants « vers 16 heures ». La situation est tendue : « des jeunes ont dressé un barrage sur une route et font face aux forces de l’ordre ». Me Rémy Boniface raconte que Ritchie s’est alors dirigé vers les manifestants « pour leur demander de se calmer ». « Alors qu’il n’y a eu aucune sommation de la part des forces de l’ordre, mon client entend une première détonation, puis une seconde, c’est à ce moment qu’il reçoit un projectile dans l’oeil », assure le conseil.
« Il y a beaucoup de chagrin et d’incompréhension. Il veut connaître la vérité. Il n’est pas en colère, il admet que même des membres des forces de l’ordre peuvent se tromper et avoir tiré sur lui par erreur, mais il veut que les auteurs reconnaissent leur erreur », explique son avocat ●
Ritchie Alexis n’a pas encore déposé plainte, aucune enquête n’a été ouverte
“Il veut que les auteurs reconnaissent leur erreur“
Son avocat
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J‑L :
17 ans, blessé à Béziers le 6 décembre
J., sortait de son établissement scolaire, où se déroulaient des heurts entre lycéens, « gilets jaunes » et policiers, selon son père. « Mon fils n’était ni manifestant, ni gilet jaune », insiste-t-il auprès de l’AFP.
Lors de cette manifestation, le jeune homme a été touché à l’oeil gauche « sans aucun doute possible » par un tir de LBD40, affirme son père. « Il sortait tout simplement de son lycée », déplore-t-il.
Opéré le 14 décembre, le jeune homme a subi une reconstruction faciale mais a perdu l’usage de son oeil gauche.
Son père, qui attend désormais que « justice soit faite », avait lancé à la télévision un appel à témoins. Il souhaite que l’origine de la blessure de son fils soit reconnue et qu’il y ait une indemnisation ●
J. a déposé plainte, l’IGPN a été saisie
“Il sortait tout simplement de son lycée“
Son père
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Jacky SINEDIA :
58 ans, blessé à Saint-Louis le 27 novembre
Agent d’entretien à Saint-Louis, Jacky Sinédia était en chemin pour la maison de sa grand-mère, assure-t-il à l’AFP. Il affirme également qu’il ne soutient pas les « gilets jaunes », « ne participait pas du tout à la manifestation » et « n’a rien à voir » avec le mouvement.
« Il y avait des affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants. Il y avait beaucoup de bruit, on entendait les explosions des grenades lacrymogènes et des grenades assourdissantes, les gens criaient et couraient partout », raconte Jacky Sinédia.
Le père de famille de 58 ans prend « peur pour sa fille et son petit-fils », réfugiés chez sa grand-mère, et sort de chez sa belle-mère pour tenter de les rejoindre. « J’étais à peine dans la rue que j’ai reçu un projectile en plein dans mon oeil gauche, j’ai cru que j’allais mourir et puis il y a eu un trou noir », dit-il.
Depuis les événements, Jacky Sinédia est en congé maladie. Il explique être très atteint psychologiquement. « Tous les soirs, j’entends encore les cris des gens et les bruits des explosions ». Il ajoute : « je veux que cette affaire aille jusqu’au bout, je ne suis pas un animal sur qui on tire et qu’on enterre dans un coin. Je n’ai rien fait de mal, je n’ai agressé personne, je veux réparation pour avoir l’esprit en paix, être clair dans ma tête » ●
Jacky Sinédia a déposé plainte, aucune enquête n’a été ouverte
“J’ai cru que j’allais mourir et puis il y a eu un trou noir“
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Olivier FOSTIER :
49 ans, blessé à Charleville-Mézières le 23 mars
Je vais régulièrement dans les manifestations des gilets jaunes, surtout par refus de la politique actuelle. On est régulièrement en fin de cortège. C’est même la première fois de ma vie que je vais manifester. Macron n’est peut-être pas responsable de tout, on ne lui demande même pas de donner tout, mais les gens veulent du travail et vivre dignement de ce travail.
Je marchais tranquillement, sans gilet jaune en plus. Une grenade arrive devant moi. Je me retourne pour me protéger des gaz, et là je reçois quelque chose. Une grenade ou un tir de LBD. C’est comme si on enfonçait un burin dans l’oeil. Je me suis mis à genoux, je ne tenais plus debout. Les pompiers sont arrivés immédiatement d’autant qu’il y avait eu un accident de voiture tout près.
L’oeil est perdu. L’os en dessous est fracturé. À terme, il y aura sans doute la pose d’une prothèse. Le moral ça va mais je commence à m’inquiéter parce que je me réveille plusieurs fois dans la nuit. J’ai vu un psychologue qui m’a dit que le contrecoup allait arriver plus tard.
Pour le travail je ne sais pas, je suis attaché d’exploitation dans le milieu de la propreté (dans 4 départements du Grand Est, ndlr). Je me déplace énormément, est-ce que cela va aller avec la conduite d’un véhicule ? Je suis aussi très souvent devant un ordinateur, je ne pense pas que cela soit sans conséquences ●
Olivier Fostier a déposé plainte
Source : AFP,
https://factuel.afp.com/gjeborgnes
Fil Facebook correspondant à ce billet :
Didier Maïsto cite
Mikhaïl Bakounine : « La liberté des autres étend la mienne à l’infini. »
Mon commentaire :
AVANT de juger les anarchistes, il faut LES LIRE (eux plutôt que les mensonges sur eux) : les anarchistes, le plus souvent, sont des démocrates, humanistes, généreux et réfléchis.
Lisez Kropotkine, lisez Tolstoï, lisez Proudhon, lisez Bellegarrigue… C’est merveilleux, c’est lumineux !
Étienne.
Un adolescent de 14 ans perd un œil à la suite d’un tir de LBD
https://planetes360.fr/un-adolescent-de-14-ans-perd-un-oeil-a-la-suite-dun-tir-de-lbd/
Incroyable photo, incroyable preuve…
C’est en France, en 2019, sous le régime Macron…
. Nous n’avons pas de constitution
. parce que nous démissionnons du processus constituant.
DONC, nous pouvons tout changer, en apprenant nous-mêmes à constituer, personnellement, pragmatiquement, dès maintenant.
Suggestion d’atelier constituant populaire : instituer le contrôle populaire des forces armées.
« La révolution arrive (pacifiquement) quand la police et l’armée passent du côté du peuple ! » – Mars 2019
https://youtu.be/2sVqhuk-qkc
Sans mots
« Gilets jaunes » : Geneviève Legay, militante blessée à Nice, affirme avoir reçu un « coup de matraque dans la tête »
« Ce n’est pas la bousculade qui m’a fait tomber », assure lundi à France Bleu Azur Geneviève Legay, la militante blessée à Nice en marge des « gilets jaunes ».
[Photo] Geneviève Legay, dans la manifestation des \« gilets jaunes\ » à Nice, le 23 mars 2019. Geneviève (VALERY HACHE / AFP)
« Ils m’ont donné un coup de matraque dans la tête », a déclaré le 8 avril à France Bleu Azur Geneviève Legay, la militante blessée à Nice en marge des « gilets jaunes ». Cette dernière a déposé plainte par le biais de ses avocats Me Mireille Damiano et Me Arié Alimi à Paris, contre le préfet des Alpes-Maritimes et contre les forces de l’ordre.
« D’un coup, je me suis réveillée à l’hôpital Pasteur »
La militante de 72 ans est revenue sur cette manifestation du 23 mars, à Nice, durant laquelle elle a été grièvement blessée à la tête : « J’étais descendue pour la liberté de manifester, je n’avais pas vu que la place Garibaldi était dans l’arrêté d’interdiction, je n’ai pas bravé l’interdiction […] On leur a dit qu’on pourrait être leur mère, leur grand-mère, qu’on se battait aussi pour eux, les petits gendarmes. Tout allait bien c’était joyeux on chantait, j’avais un drapeau de la paix dans les mains », poursuit-elle.
« Il nous ont demandé de rejoindre le groupe du café Turin, continue Geneviève Legay. Nous, on a dit oui et puis d’un coup je me suis réveillée à l’hôpital Pasteur aux urgences. Ils m’ont donné un coup de matraque dans la tête. Et ça, il faut qu’on arrive à le prouver parce que j’ai un trou derrière la tête. »
Je pense que c’est ce coup de matraque qui m’a fait tomber. Si je m’étais pris les pieds dans les plots, comme ils disent, je me serais dit : merde ! Et j’aurais fait un vol plané. On est conscient quand on fait un vol plané. Là, je ne me souviens de rien.
La militante d’Attac n’apprécie pas la déclaration d’Emmanuel Macron, qui lui avait souhaité le 25 mars « un prompt rétablissement et peut-être une forme de sagesse ». « Avant de donner des leçons aux autres, il ferait bien de regarder ce qu’il fait, lui qui laisse perdurer un mouvement et des violences depuis 20 semaines. De toute façon, il est contre le peuple, il ne comprend rien au peuple. Il n’a pas de leçons à donner aux autres. »
Fatiguée et encore fragilisée, elle ne devrait pas sortir de l’hôpital de Cimiez, où elle est soignée, avant encore plusieurs semaines.
https://www.francetvinfo.fr/economie/transports/gilets-jaunes/gilets-jaunes-genevieve-legay-militante-blessee-a-nice-affirme-avoir-recu-un-coup-de-matraque-dans-la-tete_3271345.html