« …il faut être idiot pour ne pas comprendre que les classes populaires doivent être maintenues dans la pauvreté, sans quoi elles ne seront jamais laborieuses. »
— Arthur Young (1771)
La doctrine économique de notre culture stipule que le capitalisme est synonyme de liberté individuelle et de sociétés libres, n’est-ce pas ? Eh bien, si vous vous êtes déjà dit que cette logique était une belle connerie, je vous recommande la lecture d’un livre intitulé The Invention of Capitalism (L’invention du capitalisme, non traduit), écrit par un historien de l’économie du nom de Michael Perelman, contraint de s’exiler à Chico State, une université perdue dans la Californie rurale, pour son manque de sympathie envers l’économie de marché. Perelman a utilisé son temps d’exil d’une des meilleures manières possibles, explorant et fouillant les travaux et la correspondance d’Adam Smith et de ses contemporains afin d’écrire une histoire de la création du capitalisme allant au-delà du conte de fées superficiel qu’est La Richesse des nations ; il nous propose ainsi de lire les premiers capitalistes, économistes, philosophes, prêtres et politiciens dans leurs propres mots. Et ce n’est pas beau à voir.
L’étude de l’histoire expose clairement le fait qu’Adam Smith et ses amis partisans du laisser-faire étaient en fait une bande de crypto-étatistes, qui avaient besoin de politiques gouvernementales brutales pour contraindre la paysannerie anglaise à devenir une main d’œuvre capitaliste docile prête à accepter l’esclavage salarial.
Francis Hutcheson, duquel Adam Smith apprit toute la vertu de la liberté naturelle, écrit : « c’est un des grands desseins des lois civiles que de renforcer les lois de la nature par des sanctions politiques… La populace doit être éduquée et guidée par les lois vers les meilleures méthodes dans la gestion de ses affaires et dans l’exercice de l’art mécanique. »
Eh oui, au contraire de ce qui est souvent suggéré, la transition vers une société capitaliste ne s’est pas faite naturellement ou sans douleur. Les paysans anglais, voyez-vous, n’avaient aucune envie d’abandonner leurs communautés rurales et leurs terres afin de travailler pour des salaires plus que précaires dans d’atroces et dangereuses usines, installées par une nouvelle et riche classe de propriétaires terriens capitalistes. Et pour de bonnes raisons. Selon les estimations fournies par Adam Smith lui-même, avec un salaire ouvrier dans l’Écosse d’alors, un paysan d’usine devait trimer plus de trois jours durant pour pouvoir se payer une paire de chaussures produites commercialement. Autrement, il pouvait fabriquer ses propres chaussures traditionnelles en utilisant son propre cuir, en quelques heures, et passer le reste du temps à s’enivrer à la bière. Quel cruel dilemme.
Seulement, pour faire marcher le capitalisme, les capitalistes avaient besoin d’une main d’œuvre peu chère et abondante. Que faire alors ? Appeler la Garde Nationale !
Face à une paysannerie qui ne voulait pas être réduite en esclavage, philosophes, économistes, politiciens, moralistes et hommes d’affaires commencèrent à plébisciter l’action gouvernementale. Avec le temps, ils mirent en place une série de lois et de mesures calibrées pour forcer les paysans à se soumettre en détruisant leurs moyens d’autosuffisance traditionnels.
« Les actes brutaux associés au processus de dépossession de la capacité d’une majorité de la population à être autosuffisante apparaissent bien éloignés de la réputation de laisser-faire de l’économie politique classique, écrit Perelman. En réalité, la dépossession de la majorité des petits producteurs et la construction du laisser-faire sont étroitement liés, à tel point que Marx, ou du moins ses traducteurs, donnèrent un nom à cette expropriation des masses :« l’accumulation primitive ». »
Perelman souligne les nombreuses politiques qui forcèrent les paysans hors de leurs terres — de la mise en place des Game Laws (lois sur la chasse) empêchant les paysans de chasser, à la destruction de la productivité paysanne par la division des communs en parcelles plus petites — mais les parties les plus intéressantes du livre sont incontestablement celles où le lecteur découvre les complaintes et autres gémissements des collègues proto-capitalistes d’Adam Smith se lamentant de ce que les paysans sont trop indépendants et à leurs affaires pour pouvoir être efficacement exploités, et essayant de trouver un moyen de les forcer à accepter une vie d’esclavage salarial.
Ce pamphlet de l’époque illustre bien l’attitude générale des capitalistes envers les paysans autosuffisants et prospères :
« Posséder une vache ou deux, un porc et quelques oies exalte naturellement le paysan… À flâner après son bétail, il devient indolent. Des quarts, des moitiés, voire des journées entières de travail sont imperceptiblement perdues. La journée de travail devient repoussante ; et l’aversion augmente avec la complaisance. Enfin, la vente d’un veau ou d’un porc à moitié nourri donne les moyens d’ajouter l’intempérance à l’oisiveté. »
Tandis qu’un autre pamphlétaire écrivait :
« Je ne peux pas concevoir de plus grande malédiction pour un groupe de personnes que d’être jeté sur un terrain où la production des moyens de subsistance et de la nourriture serait principalement spontanée, et où le climat ne requerrait ou n’admettrait que peu de vêtements ou de couvertures. »
John Bellers, « philanthrope » quaker et penseur économique, considérait les paysans indépendants comme une menace l’empêchant de contraindre les pauvres dans des usines-prisons où ils vivraient, travailleraient et produiraient un profit de 45% à destination des aristocrates propriétaires :
« Nos Forêts et grands Communs (poussent les Pauvres qui y habitent à devenir presque des Indiens) et sont une menace à l’Industrie, ainsi que des Berceaux d’Oisiveté et d’Insolence. »
Daniel Defoe, écrivain et commerçant, notait quant à lui que dans les Highlands écossais, « on était extrêmement bien fourni en provisions […] gibier à foison, en toute saison, jeune ou vieux, qu’ils tuent de leurs pistolets quand ils en trouvent ».
Pour Thomas Pennant, un botaniste, l’autosuffisance gâchait une population paysanne sinon parfaitement correcte :
« Les mœurs des indigènes des Highlands peuvent être résumées en quelques mots : indolence maximale, sauf lorsqu’ils sont stimulés par la guerre ou par quelque amusement. »
Si avoir un estomac bien rempli et une terre productive constituait le problème, alors la solution pour bien dresser ces faignants était évidente : virons-les de leurs terres et affamons-les !
Arthur Young, auteur populaire et penseur économique respecté par John Stuart Mill, écrivait en 1771 qu’il « faut être idiot pour ne pas comprendre que les classes populaires doivent être maintenues dans la pauvreté, sans quoi elles ne seront jamais laborieuses ». Sir William Temple, politicien et patron de Jonathan Swift, était d’accord et suggérait qu’il fallait taxer la nourriture, autant que possible, afin de sauver les classes populaires d’une vie « de paresse et de débauche ».
Temple défendait également le travail des enfants à l’usine, dès quatre ans, arguant « qu’ainsi, nous espérons que la nouvelle génération sera si bien habituée à l’emploi permanent qu’il lui sera, à terme, agréable et divertissant. » Pour d’autres, quatre ans, ce n’était pas assez. Selon Perelman, « John Locke, souvent vu comme un philosophe de la liberté, défendait le travail dès l’âge de trois ans ». Le travail des enfants excitait également Defoe, qui se réjouissait de ce que « des enfants de quatre ou cinq ans […] pouvaient chacun gagner leur propre pain ». Mais trêve de digression.
Même David Hume, le grand humaniste, vantait la pauvreté et la faim comme des expériences positives pour les classes populaires, et blâmait même la « pauvreté » de la France sur son climat favorable et ses sols fertiles :
« Les années de pénurie, à condition qu’elle ne soit pas extrême, on observe toujours que les pauvres travaillent plus, et vivent réellement mieux. »
Le révérend Joseph Townsend croyait que restreindre l’accès à la nourriture était la voie à suivre :
« Contraindre [directement] et juridiquement [au travail] […] est reçu avec trop de protestations, de violences et de bruit, […] tandis que la faim est non seulement un moyen de pression paisible, silencieux et incessant, mais en tant que meilleure motivation naturelle au travail, elle appelle les plus puissants efforts […]. La faim dompterait les plus rebelles des animaux, elle inculquerait décence et civilité, obéissance et assujettissement aux plus brutaux, aux plus obstinés et aux plus pervers. »
Patrick Colquhoun, un marchand qui monta la première « police de prévention » privée d’Angleterre pour empêcher les travailleurs des docks d’arrondir leurs maigres salaires avec de la marchandise volée, fournit ce qui est peut-être l’explication la plus lucide sur la manière dont la faim et la pauvreté sont corrélés à la productivité et la création de richesse :
« La pauvreté est l’état et la condition sociale de l’individu qui n’a pas de force de travail en réserve ou, en d’autres termes, pas de biens ou de moyens de subsistance autres que ceux procurés par l’exercice constant du travail dans les différentes occupations de la vie. La pauvreté est donc l’ingrédient le plus nécessaire et indispensable de la société, sans lequel les nations et les communautés ne pourraient exister dans l’état de civilisation. C’est le destin de l’homme. C’est la source de la richesse, car sans pauvreté, il ne pourrait y avoir de travail ; et il ne pourrait donc y avoir de biens, de raffinements, de conforts, et de bénéfices pour les riches. »
La formule de Colquhoun est si juste qu’elle mérité d’être répétée. Car ce qui était vrai à l’époque l’est encore aujourd’hui :
« La pauvreté est donc l’ingrédient le plus nécessaire et indispensable de la société […], c’est la source de la richesse, car sans pauvreté, il n’y aurait pas de travail ; et il ne pourrait donc y avoir de biens, de raffinements, de conforts, et de bénéfices pour les riches. »
Yasha Levine
Traduction : Alice Tréga
Édition : Nicolas Casaux
Fil facebook correspondant à ce billet :
Le mouvement des ENCLOSURES fait référence aux changements qui, surtout à partir de la fin du XVIe siècle et au XVIIe siècle, ont transformé, dans certaines régions de l’Angleterre, une agriculture traditionnelle dans le cadre d’un système de coopération et de communauté d’administration des terres (généralement des champs de superficie importante, sans limitation physique) en système de propriété privée des terres (chaque champ étant séparé du champ voisin par une barrière, voire une haie comme dans un bocage). Les enclosures marquent la fin des droits d’usage, en particulier des communaux, dont un bon nombre de paysans dépendaient. […]
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_des_enclosures
Edward P. Thompson, La guerre des forêts. Luttes sociales dans l’Angleterre du XVIIIe siècle
https://journals.openedition.org/lectures/14352
« Dès le titre, le décor est planté, un territoire contesté : des forêts. Les acteurs de cette « guerre », de ces « luttes sociales » ? Tous ceux qui font usage et qui participent de près ou de loin au gouvernement des forêts. Un point de départ pour l’analyse : une loi. Une loi particulièrement sévère et qui instaura, en 1723, à l’unanimité de la chambre des communes, plus de cinquante crimes capitaux : Le Black Act. Black, car « la première catégorie de délinquants visés par cette loi comprenait toute personne “armée d’épée, d’arme à feu ou de toute autre arme offensive, ayant le visage noirci”, qui se trouvait dans toute forêt, chasse, parc ou terrain clos, “où l’on garde habituellement ou pourrait garder un ou plusieurs cerfs” » (p. 18). Une loi qui punit de la peine de mort le simple port de signes suggérant la possibilité d’un acte de « braconnage ».
Pourquoi une loi aussi intransigeante fut-elle votée, de surcroit à l’unanimité ? À quelle urgence répondait-elle ? Pour répondre à cette question, Thompson nous invite liminairement à procéder à deux déplacements heuristiques. Premièrement, plutôt que de considérer a priori ceux qui tombent sous le joug de cette loi comme des criminels (rejouant ainsi le jugement dont ils purent faire les frais à cette époque), il convient au contraire de faire l’effort de comprendre les ressorts sociaux et historiques de la caractérisation « en tant que crimes » des actes que cette loi englobe. Deuxièmement, plutôt que d’envisager ces actes comme la manifestation spontanée d’une criminalité ou d’une barbarie intrinsèque à la vie en société ou pire, à l’humaine condition, il faut se demander de quoi ces actes sont le fruit, à quelles circonstances particulières ils répondent, de quelles nécessités ils sont le produit ? La criminalité, ainsi relativisée et replongée dans le milieu qui la détermine, peut alors servir de focale pour l’analyse de la société qui la produit, être abordée comme un principe qui la fait fonctionner, qui y organise des découpes et y distribue du pouvoir, des rôles et des légitimités.
De ces considérations heuristiques se dégage un récit qui fait voir toute la richesse des usages dont la forêt et ses produits étaient l’objet. Car, pour une bonne part, la forêt était un « bien commun », un territoire offert à la gestion réglée par la coutume et par une multitude de droits collectifs de ceux, usagers multiples, qui en tiraient profits et subsistance. Or, en ce début de XVIIIe siècle, cette relative entente sur la gestion commune de ces territoires était mise à mal par leur appropriation exclusive et croissante par la classe dominante et gouvernante.
Ce cadre restitué, il devient possible d’envisager le Blacking (le braconnage armé, le visage noirci) comme une réponse à la tentative d’une autorité forestière de se réactiver via un arsenal juridique très répressif. Cette réactivation visait à faire taire la contestation du grignotage et de la dénégation croissants des droits coutumiers – par le phénomène des enclosures notamment. Ces Blacks, nous dit Thompson, ce sont « des habitants de la forêt, armés, qui imposaient par la force la définition des droits à laquelle le peuple des campagnes avait été habitué, et qui résistaient à la mise en place des clôtures menaçant leur libre utilisation des terres cultivées, des sources de chauffage et de pâturages » (p. 46).
Face à ces résistances, dont le Blacking était la forme la plus spectaculaire et parfois la plus populaire – Thompson nous décrit dans des pages sublimes l’épopée d’un « Prince Jean », sorte de Robin des bois ridiculisant certaines tentatives d’appropriation exclusive de territoires forestiers –, l’édiction du Black Act, série de mesures « écrites en lettres de sang » (p. 22) est à considérer comme une tentative de neutralisation de ces contestations par la terreur. Plus généralement cependant, cette loi sanglante n’est que le point d’acmé d’une lente mais certaine redéfinition de la propriété, qui gagnait l’Angleterre depuis plus d’un siècle déjà. La propriété exclusive et absolue supplantait et détruisait progressivement les anciens partages des biens et des territoires. Processus qu’enregistrait le droit par une redéfinition du crime, qui s’étendait dorénavant de l’atteinte des personnes à l’atteinte aux choses.
Le récit que propose Thompson de cette « guerre des forêts » rappelle, ou tout du moins indique, la violence qu’il fut nécessaire de déployer (qu’elle soit « effective » ou qu’elle fonctionne sous le mode de la menace et de la terreur) pour que des « biens communs » deviennent la propriété de quelques-uns. Il est toujours bon de se souvenir de cette violence initiale, progressivement distillée, effacée, atteignant la forme de l’évidence dans les énoncés juridiques : comme la signature d’un acte de propriété qui oblige les occupants d’un lieu à devoir le quitter.
C’est d’ailleurs à une réflexion riche et ambivalente du droit que Thompson nous invite dans cet ouvrage. Thompson s’oppose à une vision marxiste « plus ou moins sophistiquée » qui ne considérerait le droit qu’à l’aune de sa fonction idéologique, au service de la classe dominante (ici en participant de la naturalisation progressive de la propriété). Si Thompson, loin de là, ne refuse ou récuse cette fonction, il insiste cependant sur les caractéristiques que doit immanquablement remplir le droit pour qu’elle s’exerce. Car le droit, pour fonctionner – sa fonction étant notamment de pouvoir exercer du pouvoir sans avoir à exercer une force semblant arbitraire – doit offrir des garanties : il ne doit précisément pas avoir l’air arbitraire et, pour ce faire, ne doit pas servir que les dominants. Ces caractéristiques quasi intrinsèques lui offrent alors une variabilité de prises et d’usages que sa seule fonction mystificatrice ne saurait remplir. Dans cette faille s’ouvre la possibilité pour les classes dominées de se défendre par le droit, d’en faire usage et de retourner sa fonction idéologique. Le droit doit alors aussi être envisagé moins comme un instrument de pouvoir que comme le terrain, l’enregistreur et l’outil ambivalents de conflits traversant et façonnant une société. C’est à une certaine intelligence stratégique du droit que nous engage ici l’auteur.
Ce court texte offre donc de nombreux points d’accroche qui résonnent avec notre actualité. Qu’il soit question de nous mettre à penser et à agir pour les « biens communs », à définir le droit et ses usages militants (perspective que l’on pourrait enrichir des analyses foucaldiennes, par ailleurs contemporaines de ce texte dans sa version anglaise), ou encore à nourrir nos imaginaires des résistances et des richesses des sociétés passées, ce petit livre est une source généreuse et vivante apportant, par l’histoire, des forces pour mener un combat toujours actuel. »
https://journals.openedition.org/lectures/14352
OUI , je le savais ! Je ne développe pas
Michael Perelman
Source : https://www.csuchico.edu/econ/faculty/perelman.shtml?fbclid=IwAR1aj8jLnYMoV4AOj3GDliM-gdBr_ZSiCKd3xWq-Z7-4HauoYGnoK8tEYPI
[traduction automatique]
Professeur d’économie
doctorat Économie agricole, Université de Californie à Berkeley, 1971
Maîtrise en économie, San Francisco State College, SF, CA. 1966
BA en économie, Université du Michigan, Ann Arbor, MI., 1961
Bien que j’ai obtenu un diplôme en économie agricole de l’Université de Californie à Berkeley en 1971, je ne pouvais jamais me résoudre à accepter le cadre idéologique de l’économie conventionnelle. Au début, j’ai remarqué que le système agricole consommait dix fois plus d’énergie qu’il n’en produisait sous forme d’aliments comestibles. J’ai examiné plus en profondeur les coûts environnementaux, sociaux et économiques du système agricole actuel. Ces enquêtes ont finalement abouti à mon premier livre, Farming for Profit in a Hungry World (1977) .Dans ce livre, j’ai montré comment le système agricole à but lucratif créait la faim, la pollution, de graves conséquences pour la santé publique et la perturbation de l’environnement, tout en renvoyant des millions de personnes de la terre.
Je m’intéressais également beaucoup à l’histoire de la pensée économique, ce qui m’a amené à examiner l’évolution historique du système agricole du point de vue des principaux représentants de l’économie politique classique. Ces économistes, qui ont écrit pendant une période allant de la fin du 17ème siècle au milieu du 19ème siècle, ont vanté les mérites de marchés théoriques sur des marchés libres et sans entraves. Dans leurs écrits plus axés sur les politiques – lettres, agendas et ouvrages plus axés sur les politiques – ils ont encouragé l’utilisation active de l’État pour appliquer des forces extra-marchandes dans l’intérêt des capitalistes au détriment des autres. En particulier, j’ai examiné l’appel assez universel de ces économistes politiques pour saper les petits agriculteurs relativement autosuffisants et les transformer en travailleurs salariés. Cette étude m’a amené à écrire l’économie politique classique, l’accumulation primitive et la division sociale du travail (1983) .
Un thème central de ce livre a été la création d’une division sociale du travail – la division de l’économie en unités de production de produits de base. J’ai ensuite commencé à regarder quelle lumière Karl Marx pourrait jeter sur ce sujet. La lecture de Marx dans cette optique m’a fait comprendre que la plupart de ses lecteurs ont oublié ce que je considérais comme très important pour comprendre son travail. Ces recherches ont mené à mon livre, Les théories des crises de Karl Marx : travail, pénurie et capital fictif (1987) . J’ai trouvé que Marx écrivait parfois pour influencer les conditions politiques contemporaines. Cet aspect de son travail l’a amené à écrire d’une manière qui semblait induire en erreur les lecteurs ultérieurs. À défaut de voir cet élément de l’œuvre de Marx, les lecteurs modernes sont généralement enclins à lire ses écrits comme s’il s’agissait de vérités intemporelles. Par exemple, ses articles célèbres sur l’Inde affirmaient que l’Angleterre favorisait le progrès en Inde, mais que Marx en savait très peu sur l’Inde à l’époque. Au lieu de cela, il essayait de saper l’influence d’Henry Carey au New York Tribune , où Marx écrivait également. J’ai également constaté que la pénurie était importante pour Marx, mais il a masqué cet aspect de son travail dans la catégorie de la composition organique du capital. Dans cette perspective, la théorie de la crise de Marx était bien plus sophistiquée que beaucoup de lecteurs modernes ne l’avaient imaginé. Pour Marx, des évaluations subjectives ont provoqué une violente oscillation des prix du marché. À mesure que les investisseurs devenaient plus optimistes, les prix augmenteraient de manière irrégulière, empêchant les prix de guider l’économie de manière appropriée. Des crises étaient nécessaires pour redresser l’économie, même si la violence du remède finirait par provoquer l’effondrement du système.
Mon étude du travail de Marx sur le capital constant m’a ramenée à mon travail dans les études supérieures, où je m’intéressais à l’irrationalité de l’investissement dans des biens d’équipement à longue durée de vie.Comme un bien d’équipement durable est un investissement qui ne rapporte que dans l’avenir et que l’avenir est inconnu, la rationalité de l’investissement ne peut se produire que par accident. Penser aux marchés sous cet angle m’a amené à me tourner vers John Maynard Keynes. J’ai constaté que, bien que Keynes s’intéresse à l’investissement dans les biens d’équipement, il a totalement ignoré la décision de remplacer des biens d’équipement obsolètes. Le résultat de cette recherche est Keynes, Théorie de l’investissement et Ralentissement économique : le rôle de l’investissement de remplacement et les ratios q »(1989) . Ce livre a montré que la négligence des investissements de remplacement avait entraîné une grave erreur de lecture du travail de Keynes.
L’une des conséquences de cette étude a été de réaliser que les crises constituaient une composante nécessaire des économies capitalistes dans le contexte de l’analyse de Keynes, tout comme dans le cas de Marx. En particulier, une économie forte ne favorise pas les investissements de remplacement. En conséquence, sans crise, une économie aurait tendance à se détériorer à mesure que son stock de capital vieillit. En outre, une économie en expansion libérée des crises ne créerait pas d’incitations suffisantes pour que les entreprises deviennent plus efficaces. En bref, les efforts visant à maintenir la santé économique causent effectivement l’affaiblissement de l’économie. Le capitalisme a besoin de crises. Ces crises peuvent toutefois détruire le capitalisme, car les crises qui provoquent une vague d’investissements de remplacement détruisent également la valeur du capital existant. Cette conclusion est similaire à la théorie de la crise de Marx dont j’ai parlé dans mon livre sur Marx.
Mon prochain livre, Information, relations sociales et économie de la haute technologie (1991) , était un projet de transition. Comme le titre l’indique, contrairement à mes études précédentes, qui avaient tendance à s’intéresser aux secteurs traditionnels de l’économie – l’agriculture et la fabrication -, je m’intéressais de plus près aux implications de la haute technologie. La principale conclusion de ce livre est que les marchés sont absolument inappropriés pour le traitement de l’information. Étant donné que les marchés sont censés fixer le prix près du coût de production de la prochaine unité supplémentaire et que l’information est quasiment sans coût pour être reproduite, les prix concurrentiels des biens d’information tendent à être pratiquement nuls.
Je suis ensuite revenu aux travaux du livre Keynes, en essayant de les appliquer à l’économie américaine d’après-guerre dans La pathologie de l’économie américaine : le coût d’un système de bas salaires (1993) . La principale innovation du livre était de montrer comment des salaires élevés, tels que les crises, pourraient obliger les entreprises à devenir plus efficaces. Le thème principal du livre était que le capitalisme était un système conflictuel et contradictoire. Tout effort visant à assurer le bon fonctionnement d’une économie de marché ne créera finalement que de nouveaux problèmes.
J’ai ensuite décidé d’examiner de plus près l’économie américaine dans ce qui est devenu The End of Economics (1996) . J’ai réalisé que j’avais manqué une considération majeure dans certains de mes travaux précédents. La même structure de coûts qui a rendu les marchés inapplicables à l’information a été approximée dans les secteurs de la fabrication et des chemins de fer. En d’autres termes, le coût de production ou de transport d’une autre livre d’acier est relativement faible.Les dépenses majeures dans de telles industries sont les lourds investissements en capital fixe. Dans cette enquête, j’ai réalisé que les sociétés géantes étaient incitées à réaliser des économies de coûts grâce à l’introduction de nouvelles technologies. Cette stratégie menacerait de détruire les valeurs du capital fixe et de susciter une réaction de la part des concurrents. Généralement, ces investissements augmentent l’échelle de la production. Au fur et à mesure que la production augmente, les prix s’effondrent vers le coût de production d’une autre unité. La conséquence est la faillite de la majorité des participants.
Tout comme dans le cas des économistes politiques classiques discutant du secteur rural, les grands économistes du XIXe siècle ont rédigé des traités élaborés sur la perfection des marchés libres tout en recommandant vivement que les sociétés soient autorisées à créer des trusts, des cartels ou des monopoles. En effet, à partir de la fin du XIXe siècle, une grande vague de fusion a consolidé industrie après industrie.Au cours des prochaines décennies, les forces concurrentielles se sont affaiblies jusqu’à ce que la Grande Dépression éclate.
Je me suis rendu compte que dans l’économie américaine, la confiance dans le marché battait son plein. Pendant un certain temps, les forces économiques auraient eu la main libre jusqu’à ce que l’inévitable crise se produise, puis la pression populaire exigerait l’exercice d’un contrôle sur le marché.
Ensuite, je suis revenu au sujet de l’information et de la haute technologie dans La guerre des classes à l’ère de l’information (1998). Ce livre détaille plus en détail la manière dont les marchés sont inappropriés pour traiter les informations. Un thème plus fondamental était que l’économie de l’information serait utilisée pour la surveillance et le contrôle plutôt que pour fournir des biens et des services susceptibles d’améliorer la vie des personnes.
Un grand nombre des idées des livres précédents ont été réunies dansL’instabilité naturelle des marchés : attentes, rendements croissants et effondrement des marchés (1999) . Sur un plan plus théorique, j’ai essayé de montrer pourquoi les marchés sont fondamentalement instables parce que les prix ont tendance à évoluer vers le coût de production d’une unité supplémentaire de production. Comme je l’ai déjà mentionné, la concurrence dans les secteurs de l’information et de la fabrication provoque des pressions déflationnistes qui tendent à la crise. J’ai montré que les coûts de main-d’œuvre élevés ainsi que les coûts de ressources élevés résultant de la réglementation ont tendance à produire des pressions compensatoires qui réduisent la tendance à la crise.
Plus profondément, ce livre remet en question la conception de la concurrence. Je montre qu’une concurrence intense équivaut à une dépression, mais la plupart des économistes estiment que la concurrence est bonne et que les dépressions sont mauvaises. Afin de mieux cerner la concurrence, j’ai fait appel à la vision de Stephen Gould de la concurrence biologique. Cet argument de livre est plus complexe et il m’est presque impossible de le résumer en quelques paragraphes. En bref, c’était probablement le livre préféré jusqu’à cette date.
Mon prochain projet était Transcender l’économie : sur le potentiel du travail passionné et les déchets du marché (2000) . Ce livre est très différent de tout ce que j’ai essayé. La proposition sous-jacente est que le système économique actuel contient tellement de déchets que le passage à un autre type d’économie ne présente pas beaucoup de risque. La première partie de l’ouvrage explore les nombreux et énormes déchets de l’économie actuelle. La deuxième partie explore le potentiel du travail passionné, c’est-à-dire le genre de prouesses que les gens peuvent accomplir lorsqu’ils ont la possibilité de travailler sur quelque chose qu’ils aiment.
Au même moment, je travaillais depuis presque 15 ans sur L’invention du capitalisme : l’histoire secrète de l’accumulation primitive . Ce livre a commencé comme une simple réécriture de mon livre précédent sur l’économie politique classique, mais avec le temps, le livre a pris une vie propre. Bien que l’idée de base soit restée la même, cette version constituait une amélioration considérable par rapport à la précédente.
Ensuite, je me suis tourné vers La pathologie de l’économie américaine revisitée : Les contradictions insoutenables de la politique économique »(2001) , qui a commencé comme une mise à jour d’un livre précédent portant un titre similaire. Je n’avais pas réalisé à quel point je devais réviser ce manuscrit à cause des bouleversements économiques survenus au cours des années 90.
Je suis ensuite revenu à la question de la propriété intellectuelle dansSteal This Idea : Propriété intellectuelle et The Confiscation of Creativity (2002) , qui analyse le caractère destructeur de la propriété intellectuelle.Dans ce livre, je décris comment les entreprises ont mis en place un système de droits de propriété intellectuelle qui permet de confisquer les avantages de la créativité dans le domaine de la science et de la culture.Ce système menace de faire dérailler les progrès économiques et scientifiques, tout en bouleversant la société et en menaçant la liberté individuelle. Le résultat naturel de ce système est un monde de litiges excessifs, de violations intrusives de la vie privée, le système de destruction de l’enseignement supérieur, une ingérence dans la recherche scientifique et une répartition inégale des revenus.
Dans L’économie perverse : l’impact des marchés sur les hommes et lanature (2003) , je me suis tourné vers ce que j’appelle le travailleur ouvrier agricole, à savoir que le capitalisme traite les gens et les conditions qui sont les plus essentielles à la vie humaine avec un mépris total. J’ai intégré cette idée à mes travaux précédents sur l’inefficacité des marchés pour montrer quels marchés étaient particulièrement incapables de gérer les ressources de manière rationnelle.
C’est à ce moment que j’ai commencé à travailler sur Manufacturing Discontent : Le piège de l’individualisme dans une société d’entreprise (2005) . Ce livre est plus détaillé sur la manière dont la version américaine du capitalisme opprime mal les gens en tant que travailleurs, consommateurs et citoyens. J’ai comparé le fonctionnement réel de l’économie avec ses fondements idéologiques.
Mon projet suivant était Railroading Economics : La création de la mythologie du marché libre (2006) , une version bien améliorée et mise à jour de The End of Economics, que Routledge a gracieusement autorisé.Monthly Review Press a publié le livre à un prix abordable.
De là, je me suis tourné vers La confiscation de la prospérité américaine : de l’extrémisme de droite et de l’idéologie économique à la prochaine grande dépression , où j’ai présenté en détail comment les forces conservatrices ont réussi à remettre en cause les modestes gains réalisés par les populations depuis la Grande Dépression . Dépression. Bien que cette victoire politique ait sans aucun doute procuré des gains à court terme aux entreprises, j’ai consacré une bonne partie de mon ouvrage à l’analyse des raisons pour lesquelles ce virage à droite se révélerait tout à fait destructeur, à tel point qu’il nuirait même aux bénéficiaires immédiats. Enfin, je discute des raisons pour lesquelles la profession d’économiste n’a pas été en mesure de faire face aux conséquences désastreuses de la révolution de droite.
Mon dernier projet s’intitule Les menottes invisibles du capitalisme : comment le contrôle du marché sape l’économie par des travailleurs en retard de croissance, en vertu d’un contrat avec la Stanford University Press. Le thème de base est la façon dont le capitalisme est structuré de manière à être incapable de gérer efficacement le processus de travail et que les efforts du capitalisme pour contrôler le processus de travail créent de graves dommages sociaux et économiques.
Michael Perelman
https://www.csuchico.edu/econ/faculty/perelman.shtml?fbclid=IwAR1aj8jLnYMoV4AOj3GDliM-gdBr_ZSiCKd3xWq-Z7-4HauoYGnoK8tEYPI
Un article majeur pour bien comprend certaines racines, volontairement occultées par le système, du capitalisme.
Les libéraux se justifient toujours par liberté, et nous enivrent même avec elle, mais la réalité est toute autre : c’est la mise en esclavage salarié de gens libres et autosuffisants dans le but de les exploiter, afin de pouvoir en extraire de la valeur ajoutée, une plus-value créée par leur travail.
Notez bien que le dumping social, par la mise au travail des femmes, puis de la politique délibérée de l’immigration de masse par les capitalistes (relayée par les idiots utiles que sont les bobos, les gauchistes, et les bien-pensants), va exactement dans le même sens : faire en sorte que les gens ne soient plus autosuffisants, et donc exploitables à merci, en les contraignants à avoir des salaires le plus bas possible en augmentant n par tous les moyens dans la relation :
1 emploi proposé – n demandeurs
De nos jours, tout dépend de cette relation et des valeurs de n :
- Plus n est grand, plus les salaires sont bas. On a pu l’observer crûment durant de la crise de 1929 où, lorsqu’un emploi était proposé, il arrivait que des milliers de gens postulent pour cet emploi unique. Vous imaginez bien que, dans ces conditions, le salaire était bien plus bas que d’habitude, et que l’employeur était encore plus exigeants sur les qualités et compétences demandées. « Vous n’êtes pas d’accord avec mes conditions ? Au suivant ! »
– Plus n se rapproche de 1, plus les salaires augmentent, et les conditions de travail deviennent normales.
– Enfin, dès que n passe sous la barre de 1 (par exemple 0,5, c’est-à-dire ici 1 travailleur pour deux emplois offerts), les salaires deviennent vraiment intéressants, et les employeurs se battent pour offrir des conditions de travail et des avantages divers afin d’attirer les compétences dont ils ont besoin chez eux, et aussi et surtout de les garder !
Le capitalisme n’est donc pas, comme ses propagandistes nous le rabâchent à loisir, un progrès par la liberté économique, mais un asservissement par la contrainte économique, la ruse, et la Loi.
À lire absolument pour comprendre le monde d’aujourd’hui par une meilleure connaissance du monde d’hier.
Six points sur les origines de la révolution industrielle
Source : https://gybn-histoire.blogspot.com/2010/02/six-points-sur-les-origines-de-la-ri.html
Sur cette page :
Six points sur les origines de la révolution industrielle
Hypothèse de l’esclavage industriel
Sources sur la condition ouvrière au XIXe siècle
Causes de la révolution industrielle selon l’historiographie
LIVRES
AUDIO
DVD
LIENS
Six points sur les origines de la Révolution industrielle
Comment le capitalisme industriel s’est-il constitué ?
Quelles sont les origines de la Révolution industrielle ?
Photo de W. Eugene Smith, Trois mineurs gallois, 1950.
Pourquoi l’Europe a‑t-elle eu le privilège d’inventer la Révolution industrielle puis de dominer le monde jusqu’en 1945 ? Est-ce parce que les Européens (de l’Ouest) sont plus malins ? plus économes ? plus chanceux ?
Pourquoi la Révolution industrielle a‑t-elle débuté en Europe occidentale ?
Pourquoi la Chine, si puissante et dominante durant l’Antiquité, au Moyen Age et encore entre 1500 et 1800 n’a‑t-elle pas développé de système capitaliste ni inventé la Révolution industrielle ?
En lisant Histoire de l’Humanité 1492–1789, Paris :UNESCO, 2008 (1999), vol. V, les chapitres de Ifran Habib, pp. 40–93, « L’essor de la technique » et « Le changement économique et social », on pourrait ranger les événements dans un ordre susceptible de répondre à ces questions. La démonstration se fait en 6 points.
Premier point
L’argent du Pérou. Les Amériques ont produit beaucoup d’or et d’argent. Cet argent des territoires capturés était en plus presque gratuit à l’extraction puisque les Espagnols utilisaient sans ménagement la population locale (décimée à 90% durant la période).
« L’Empire inca, l’Empire aztèque ruisselaient d’or. On estima à 200 tonnes l’or américain rapporté en Espagne de 1500 à 1600, alors qu’en 500 ans l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la France et l’Angleterre n’avaient produit à eux tous que 20 tonnes. … Quel que soit le minerai, la teneur en or est toujours faible : 4 à 5 g par tonne en moyenne. … Des générations d’Indiens férocement traités s’épuisèrent à leur extraction, et y périrent. C’est pour les remplacer que les colons du Nouveau Monde firent appel aux trafiquants d’esclaves d’Afrique noire. » (Mourre, Dictionnaire d’histoire)
Deuxième point
Ce métal précieux « gratuit » fut vital à l’enrichissement de l’Europe. Dirigé vers la Chine, où l’argent valait autant que l’or, il prenait une valeur considérable et permettait l’achat des matières de luxe chinoises comme la soie et la porcelaine. Ces précieuses marchandises chinoises payées avec le minerai du Pérou arrivaient en Europe « gratuitement » si ce n’est au coût du transport.
Troisième point
Les routes maritimes d’Asie ont d’abord été conquises par les Portugais puis par les Anglais et les Néerlandais. Ces derniers capturèrent Java et l’Inde. Dans ces territoires densément peuplés et à l’agriculture développée, ils imposèrent de lourds impôts qui servaient à financer leurs opérations commerciales sur place. Ainsi les marchands et les colons anglais et hollandais pouvaient envoyer des matières premières et des textiles imprimés en Europe uniquement en recourant à leurs extorsions en Asie. Du point de vue global de l’Angleterre et de la Hollande, ces marchandises en provenance d’Inde et de Java arrivaient « gratuitement ».
Quatrième point
Ainsi des marchandises de grande valeur comme la porcelaine, la soie, les indiennes, les épices, le thé
en provenance de Chine, d’Inde et d’Indonésie s’amoncelaient en Angleterre sans avoir coûté beaucoup (hormis les frais militaires et de transport). Ces marchandises obtenues « gratuitement » ont servi en partie de monnaie d’échange pour l’achat des 13 millions d’esclaves africains envoyés aux Amériques.
Cinquième point
Ces esclaves font marcher les plantations du Nouveau monde qui produisent 80% du tabac, du coton, du café, du sucre mondial. Cette immense production, bien sûr enrichit considérablement l’Europe.
Sixième point
Pour que l’industrialisation décolle, il faut, tout d’abord une accumulation de capital. L’exploitation à mort par l’Europe nord occidentale des Amériques, de l’Afrique, de l’Inde et de l’Indonésie, pendant 300 ans, de 1500 à 1800, a permis une accumulation de capital comme jamais auparavant, même pas par le plus grand, le plus avancé et le plus ancien empire du monde, la Chine. C’est cette accumulation de capital unique dans l’histoire mondiale, combinée en Angleterre par toutes sortes d’avancées techniques qui permirent l’éclosion de la révolution industrielle.
Depuis, le monde est divisé en deux : les pays riches (on dit industrialisés) et les pays pauvres.
Hypothèse de l’esclavage industriel
Autre hypothèse sur les origines de la Révolution industrielle. La révolution industrielle correspond à l’application d’une nouvelle forme d’exploitation humaine, l’esclavage industriel. Les industriels anglais ont été les premiers à trouver, à appliquer et à profiter de cette nouvelle force extraite de l’esclavage industriel.
Au XIXe siècle déjà, il existe toute une littérature d’enquête et de dénonciation sur la situation des esclaves industriels en Grande-Bretagne et en France. Cela commence en Angleterre avec le phénomène du paupérisme. L’Angleterre est alors le laboratoire monstrueux de la modernité. Manchester est considéré comme synonyme d’enfer, de calamité. Dénonciation d’une nouvelle féodalité entre 1830 et 1840. La dépendance des ouvriers aux manufactures est vécue comme un esclavage. Conditions comparables à celle de l’esclavage de plantation. Notion d’esclaves blancs. Déshumanisation du prolétaire, dépendance radicale. Similitude entre l’esclavage industriel et l’esclavage de plantation. Version aggravée de l’esclavage.
Comment était-il possible d’exploiter à ce point femmes et enfants, ouvriers ? C’était possible car on attribuait leur situation de misère, non pas à l’exploitation qu’ils subissaient mais à leur propre immoralité, à leur manque de vertu. A contrario, ce jugement fondait la morale bourgeoise, l’étiquette bourgeoise, l’idéologie chargée d’innocenter le mépris utilisé contre les prolétaires.
La répression contre les ouvriers récalcitrants était impitoyable, la forme la plus simple étant la privation d’emploi. Mais les révoltes étaient tout aussi impitoyablement traitées (par l’armée) : Lyon, révolte des Canuts, 1834, 600 morts du côté ouvrier (et 10’000 arrestations suivies de déportation). La répression s’exerçait également contre ceux qui osaient prendre la défense des insurgés, comme certains journalistes qui étaient eux aussi arrêtés et condamnés.
Une fois « inventé », quelque part, cet esclavage est susceptible d’être imité. Par exemple au Japon. Si d’autres pays recourent à cet esclavage, c’est donc que cet esclavage est possible, qu’il est supportable. Si cette exploitation inhumaine permet d’accéder à un pouvoir dominant, nous devons nous aussi prendre le chemin de cette manière d’enrichir notre pays. Voyons cette citation :
« Les patrons préfèrent employer des jeunes filles, plus stables et régulières. Les conditions de travail des ouvrières ont été abondamment décrites comme l’un des scandales des débuts de l’ère industrielle au Japon. Le recrutement en usine se fait sur une base régionale, les salaires sont directement versés aux pères des jeunes filles. Celles-ci vivent en dortoirs, dans des conditions proches de celles de maisons de détention. Contrats d’embauche aux clauses inégalitaires et salaires très bas, travail douze heures par jour et souvent plus, manque de sommeil, accidents du travail, conditions insalubres des logements et promiscuités, interdiction de sortir pendant la semaine, retenues de salaire pour une nourriture souvent infecte, pratique brutales de l’encadrement masculin (parfois accompagnées de châtiments corporels et de viols), maladies (notamment la tuberculose)… » p. 493, Pierre-François Souyri, Nouvelle histoire du Japon, Paris : Perrin, 2010.
Ce nouvel esclavage a été, en son temps, abondamment décrit et dénoncé. Les conditions d’existences des travailleurs en Angleterre puis en France étaient effroyables.
Sources sur la condition ouvrière au XIXe siècle
1803
Sismondi, Jean-Charles-Léonard Simonde de, De la richesse commerciale ou principes d’économie politique, appliqués à la législation du commerce / J.C.L. Simonde, Genève : J.J. Paschoud, 1803.
1819
Rubichon Maurice, De l’Angleterre / par M. Rubichon, Paris : Impr. de Lefebvre, 1816–1819, Nouv. éd., 2 vol. (583, 437 p.).
1827
Comte Charles, Traité de législation ou exposition des lois générales suivant lesquelles les peuples prospèrent, dépérissent ou restent stationnaires / par Charles Comte, Paris : A. Sautelet, 1826–1827, 4 vol.
Texte en ligne :
http://books.google.com/books?vid=BCUL1094382338 — [VOL. 1]
http://books.google.com/books?vid=BCUL1094382339 — [VOL. 2]
http://books.google.com/books?vid=BCUL1094382340 — [VOL. 3]
http://books.google.com/books?vid=BCUL1094382341 — [VOL. 4]
Nota : voir surtout le vol. 4, discussion de l’esclavage industriel en France et en Angleterre (pas en Amérique où il n’existe pas vers 1830 – 1840).
1833
La Grande-Bretagne en 1833 / par M. le Baron d’Haussez, Paris : A. Pinard, 1834, deuxième édition, revue, corrigée et augmentée de plusieurs chapitres.
Texte en ligne :
http://books.google.com/books?vid=BCUL1092436723 — [VOL. 1]
http://books.google.com/books?vid=BCUL1092436724 — [VOL. 2]
Nota : « Le sort des ouvriers est pire que celui des nègres, tous sont également esclaves ».
1833
Grignon, Ouvrier tailleur, Réflexions d’un ouvrier tailleur sur la misère des ouvriers en général, le taux des salaires, les rapports actuellement établis entre les ouvriers et les maîtres d’ateliers, sur la nécessité des associations d’ouvriers, comme moyen d’améliorer leur condition / [Grignon], [Paris] : [s.n.], [1833], 4p.
1834
Chambre des Communes, Blue Books, Enquête parlementaire sur le paupérisme en Grande-Bretagne 1834, 7 vols. Royal Commission, 1834, Report from his Majesty’s Commissioners for Inquiring into the Administration and Practical Operation of the Poor Laws, London, B. Fellowes.
Nota : Les Livres bleus (Blue Books), dénomination générale due à la couleur bleue de la couverture des publications du Parlement britannique et des documents diplomatiques du Foreign Office. Ils sont édités en Angleterre depuis le XVIIe siècle et sont la principale source officielle de l’histoire économique et diplomatique du pays.
1834
Villeneuve-Bargemont, Alban de, Économie politique chrétienne ou recherches sur la nature et les causes du paupérisme en France et en Europe et sur les moyens de le soulager et de le prévenir / par Alban de Villeneuve-Bargemont, Paris, 1834, 3 vol.
Texte en ligne :
http://books.google.com/books?vid=BCUL1092928979 — [VOL. 1]
http://books.google.com/books?vid=BCUL1092928980 — [VOL. 2]
http://books.google.com/books?vid=BCUL1092928981 — [VOL. 3]
Nota : « Il dénonça « l’état de dépendance et d’abandon dans lequel la société livre les ouvriers aux chefs et entrepreneurs de manufactures… la facilité illimitée laissée à des capitalistes spéculateurs de réunir autour d’eux des populations entières pour en employer les bras suivant leur intérêt, pour en disposer, en quelque sorte, à discrétion, sans qu’aucune garantie d’existence, d’avenir, d’amélioration morale ou physique soit donnée de leur part, ni à la population, ni à la société qui doit les protéger. » (wiki).
1837
Rubichon Maurice, Du mécanisme de la société en France et en Angleterre / M. Rubichon, Paris : Chatet, 1837, 492 p.
Texte en ligne : http://books.google.com/books?vid=BCUL1092751859
1838
Félicité-Robert de Lamennais, Le livre du peuple / par F. Lamennais, Paris : Pagnerre, 1838, 211 p.
Texte en ligne :
http://books.google.com/books?vid=BCUL1092541619
Nota : Lamennais, Félicité-Robert de, Paroles d’un croyant ; Le livre du peuple ; Une voix de prison ; Du passé et de l’avenir du peuple ; De l’esclavage moderne / par F. Lamennais, Paris : Garnier, [ca 1860], 355 p.
1839
Orestes A. Brownson parle de la situation américaine : le salariat comme en France et en Angleterre ne peut être qu’un « slave labour » opposé au « free labour » de type américain.
1840
Villermé, Louis-René, Tableau de l’état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie / par L. R. Villermé ; textes choisis et prés. par Yves Tyl L, [Paris] : Union générale d’Ed., 1971, collection 10⁄18.
Nota : Concerne les conditions à Lille, Rouen, Mulhouse.
1840
Buret Eugène, De la misère des classes laborieuses en Angleterre et en France : de la nature de la misère, de son existence, de ses effets, de ses causes […] / par Eugène Buret, Paris : Edhis, 1979, original : Paris : Paulin, 1840, 2 vol.
Texte en ligne :
http://books.google.com/books?vid=BCUL1094799889 — [VOL. 1]
http://books.google.com/books?vid=BCUL1094799890 — [VOL. 2]
Nota : Compare la situation française et la situation anglaise. Les quartiers maudits.
1843
Chadwick, Edwin, Report on the sanitary condition of the labouring population of Gt. Britain / by Edwin Chadwick ; ed. with an introd. by M.W. Flinn, Edinburgh : Edinburgh University Press, cop. 1965 (1843), 443 p.
1845
Engels Friedrich, La situation de la classe laborieuse en Angleterre : d’après les observations de l’auteur et des sources authentiques / Friedrich Engels ; trad. et notes par Gilbert Badia et Jean Frédéric, Paris : Ed. sociales, 1975 (1845).
Texte en ligne :
http://classiques.uqac.ca/classiques/Engels_friedrich/situation/situation.html
Ces ouvrages sont évoquées par Pierre Rosanvallon, dans son cours 2010 au Collège de France « Qu’est-ce qu’une société démocratique ? », cours 4 (23 dernières minutes du podcast) et cours 5.
En ligne : Collège de France (Histoire), podcast.college-de-france.fr/histoirecdf.xml
Pierre Rosanvallon Collège de France Histoire moderne et contemporaine.
Causes de la RI selon l’historiographie
Accumulation du capital
Exploitation
Matières premières
Inventions
Esprit d’entreprise
Marché
Impérialisme
Accumulation du capital
Vers 1750, Londres est devenu le grand centre financier, commercial du monde.
L’acquisition d’or et surtout d’argent venant des colonies permet le commerce avec l’Asie où l’on désire acheter du coton, de la porcelaine, etc.
L’Angleterre avait d’énormes quantités de capitaux à disposition. Mais les besoins en capitaux de la grande industrie naissante n’étaient pas très élevés.
La grande soif de capitaux viendra au moment de la construction des chemins de fer, à partir de 1840.
En revanche, les capitaux cherchaient volontiers les secteurs aux meilleurs rendements. Ces rendements étaient probablement meilleurs dans les secteurs de pointe, durant la période où il y a peu de concurrence.
Voir ci-dessus, hypothèse de l’accumulation du capital.
Exploitation
1700–1850 env., les impôts en Grande-Bretagne sont les plus élevés du monde.
La révolution industrielle vit à travers des crises cycliques, inévitablement produites par les réajustements de production (surproduction) et les réajustements financiers. La population est vouée à ce nouveau temps où « le changement révolutionnaire devient la norme ». Mais certains historiens disent que les crises de l’ère industrielle sont moins terribles que celles de l’ère préindustrielle.
Voir ci-dessus, hypothèse de l’esclavage industriel.
Matières premières
L’Angleterre est riche en charbon bon marché (d’extraction facile). Seul autre pays similaire, la Belgique. En 1700, 80% de tout le charbon extrait dans le monde l’est en Angleterre. On va utiliser cette manne pour développer les industries qui consomment beaucoup de chaleur (sucre, savon, céramique, etc.).
Inventions
Les inventions, comme la machine à vapeur de Newcomen (1712), sont naturellement mises au service du secteur du charbon.
Inventions qui augmentent la productivité (navette volante 1733, spinning jenny 1764, puddlage 1783, métier à tisser mécanique 1784, etc.).
Le déclenchement de la révolution industrielle n’a rien à voir avec le niveau général d’éducation de la population. Les systèmes éducatifs anglais et françaises étaient plutôt mauvais aux XVIIIe et XIXe siècles.
« En ce qui concerne les inventions technologiques, l’Angleterre n’était pas en avance sur la France. Les inventions les plus originales étaient assez souvent des inventions françaises ». Eric Hobsbawm (cf. AUDIO ci-dessous).
Esprit d’entreprise
Avant la RI, il y a déjà, en Angleterre, une production de masse de textile à base de laine.
La production se spécialise par région. Des canaux, et plus tard des voies ferrées (financement privé) sont construits entre ces régions. Démarrage de l’infrastructure de l’économie industrielle.
Placement des capitaux, voir ci-dessus.
Marché
Au cours du XVIIIe s., de plus en plus de gens gagent des salaires grâce à l’industrie textile. Avec ces salaires, ils peuvent acheter des choses. Développement du marché. Augmentation de la population. Population urbaine. On passe d’une robe par vie à une robe par an.
Impérialisme
La recherche d’or et d’argent outre-mer n’aboutit pas, mais à l’occasion de ces recherches, l’Angleterre acquiert un empire.
De 1700 à 1800, l’Angleterre entreprend 11 guerres afin d’assurer sa domination en tant que nation maritime, en tant que première nation marchande du monde.
Protectionnisme agressif de son marché métropolitain et de ses colonies.
Un processus lent
On utilise le terme « révolution industrielle » car elle marque un grand changement universel et irréversible entre avant et après ; en réalité, ce fut en Angleterre et c’est encore dans le monde un processus très lent et très long. En Angleterre, la révolution industrielle – l’industrialisation – a réussi car les racines du développement étaient très profondes, très anciennes et très variées.
En fait, les débats historiographiques sur ce vaste sujet, sont considérables. Un excellent premier aperçu dans les émissions suivantes :
Industrie versus culture (2÷5) – Causes et conséquences
Audio diffusé sur RSR le mardi 15 mars 2011
« L’intérêt que les historiens portent aux phénomènes du développement économique n’est pas une nouveauté. En Angleterre, en Allemagne de nombreux écrits vont dans le même sens. L’entre-deux-guerres s’est passagèrement détourné de ces travaux en se tournant vers le sujet majeur du moment : la crise. À partir des années 50 un grand nombre de travaux tentent de reprendre le fil de l’histoire. Autant d’études consacrées à la naissance, au développement, et aux modalités de la Révolution industrielle ».
HISTOIRE VIVANTE, RSR, 14–20 mars 2011
Industrie versus culture, 5 épisodes audio :
De l’usine à la grève, une histoire à sens unique.
BBC, In Our Time,The Industrial Revolution, consulté le 28 octobre 2011.
BBC, In Our Time, Consequences of the Industrial Revolution, consulté le 28 octobre 2011.
LIVRES
Frank Andre Gunder, ReORIENT : Global Economy In The Asian Age, Berkeley ; Los Angeles [etc.] : University of California Press, cop. 1998.
Une grande divergence : la Chine, l’Europe et la construction de l’économie mondiale de Kenneth Pomeranz, Paris : Albin Michel, 2010 (original en anglais, 2000).
Bref compte rendu par Jean-Pascal Baechler dans Le Temps.ch, 17 mai 210, p. 14.
Adam Smith à Pékin : les promesses de la voie chinoise de Giovanni Arrighi, Paris : Max Milo, 2009.
La force de l’empire : révolution industrielle et écologie, ou pourquoi l’Angleterre a fait mieux que la Chine / Kenneth Pomeranz, Allfortville (Val-de-Marne) : Ere, 2009.
Fohlen Claude, Qu’est-ce que la révolution industrielle ? / Claude Fohlen, Paris : R. Laffont, 1971.
Mantoux Paul, La révolution industrielle au XVIIIe siècle : essai sur les commencements de la grande industrie moderne en Angleterre / Paul Mantoux ; préf. de T. S. Ashton, Paris : Génin, 1973 (1905).
Polanyi Karl, La grande transformation : aux origines politiques et économiques de notre temps / Karl Polanyi ; trad. de l’anglais par Catherine Malamoud et Maurice Angeno ; préf. de Louis Dumont, [Paris] : Gallimard, 2005 (1944).
AUDIO du 12 novembre 2011, France culture, Les Nouveaux chemins de la connaissance
Avez-vous lu Polanyi ?
Rioux Jean-Pierre, La révolution industrielle : 1780–1880 / Jean-Pierre Rioux, Paris : Ed. du Seuil, 1989, Points. Histoire H6.
Rostow W.W., Les étapes de la croissance économique : un manifeste non communiste / W.W. Rostow, Paris : Economica, 1997, (1962, 1960).
Verena Winiwarter, Hans-Rudolf Bork : Geschichte unserer Umwelt – Sechzig Reisen durch die Zeit, Primus Verlag
AUDIO
Histoire de l’environnement
Verena Winiwarter, Hans-Rudolf Bork : Geschichte unserer Umwelt – Sechzig Reisen durch die Zeit, Primus Verlag
discuté dans Audio Mensch und Natur – die Geschichte einer schwierigen Beziehung
http://www.srf.ch/player/radio/popupaudioplayer?id=4617d7d7-442b-4e0d-b492-e5954d531f38&starttime=4.483
La « révolution industrielle » dès le XVIIe siècle.
La Fabrique de l’Histoire – France culture
53 minutes, Usine 4/4 4, 21.02.2013 – 09:06
L’industrie en France au XVIIe siècle
Les manufactures, les usines dès 1650 en France.
Premières productions industrielles d’Europe
Métiterait d’être comparé avec les industries en Chine, par ex. Jin de zhen (porcelaine).
Chine, Italie, France, Hollande, Suède, Angleterre. Ajoutons Suisse.
RSR, HISTOIRE VIVANTE, émission du mardi 15 mars 2011, en ligne (consulté 28 octobre 2011).
Industrie versus culture (2÷5) – Causes et conséquences.
RSR, HISTOIRE VIVANTE, 31 octobre au 6 novembre 2011
L’Angleterre victorienne : en ligne (consulté 4 novembre 2011). 4×50 min. en grande partie constitué d’interviews avec Eric Hobsbawm.
L’Angleterre victorienne (2÷5) – So typical
L’Angleterre victorienne (3÷5) – Une révolte ! Pas une révolution
L’Angleterre victorienne (4÷5) – Ordre apparent désordre caché
L’Angleterre victorienne (5÷5) – Entretien avec Mathieu Verboud.
BBC, In Our Time,The Industrial Revolution, consulté le 28 octobre 2011.
BBC, In Our Time, Consequences of the Industrial Revolution, consulté le 28 octobre 2011.
BBC, Niall Ferguson : The Human Hive.
Voir la série en 4 épisodes de Histoire vivante, RTS, mars 2014
http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/5658557-sciences-eco-versus-sciences-po‑1–5.html
Sciences éco versus sciences po (1÷5) à
http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/5658563-sciences-eco-versus-sciences-po‑4–5.html
sur le fonctionnement du capitalisme.
DVD
Les conditions de travail des mineurs de Virginie aux États-Unis, telles que décrites dans le film américain de John Sayles, MATEWAN (1987).
A toute vapeur ! [Enregistrement vidéo] : aux sources de la révolution industrielle en Angleterre / un film de Pascal Le Berre ; réal. par Jean-Paul Cayeux, [Chartres] : CDDP de l’Eure, 1995, (28 min).
A History Of Britain – Part 13, Victoria And Her Sisters
Règne de la reine Victoria, 1837–1901. En 1848, le Chartisme (1838−1858). Mouvements ouvrier, social, féministe britanniques. « Esclavage des blancs à Londres ». John Stuart Mill. Dès 1867, presque tous les hommes solvables en ville peuvent voter. Annie Besant. Mary Barton (Elizabeth Gaskell).
https://youtu.be/9mau2PIKIbQ&list=PLA87133EB8DB9CAA8
Les Bâtisseurs de l’Amérique : 1910 – 1940 (America and Lewis Hine), documentaire de Nina Rosenblum et Daniel V. Allentuck, 1985 (se trouve au Bugnon).
Présente la situation des travailleurs dans une grande ville (New York). Image sur le travail des enfants.
LIENS
Billet sur 3 théories, 2012
Pourquoi l’Occident est-il plus riche que la Chine ?
HISTOIRE
GYMNASE CANTONAL DU BUGNON – Sz
gmslausanne
Source : https://gybn-histoire.blogspot.com/2010/02/six-points-sur-les-origines-de-la-ri.html
Mécaniquement et progressivement, l’élection donne le pouvoir aux pires d’entre nous, et produit le cauchemar antisocial nommé « capitalisme »…
Aujourd’hui, après 200 ans d’évolution, les « représentants » politiques n’ont rigoureusement plus aucun rapport avec le bien commun.
Envoyé spécial – Ivanka : l’atout Trump
12 janvier 2017 (France 2)
httpv://youtu.be/xdwsh-g3V‑U
Qui sont les maîtres de la Matrice ?
https://d.tube/#!/v/leschroniques/igid67xp