Pendant que « les élus » détruisent sous nos yeux impuissants le droit du travail, les services publics et la Sécurité sociale (et nous imposent donc progressivement une scandaleuse insécurité sociale), je me rappelle cette réflexion sur nos très nécessaires protections, nos très nécessaires frontières :
httpv://www.youtube.com/watch?v=edQz11XhhYY
Absolument tout ce qui est vivant a besoin vitalement d’une limite : la membrane de la cellule, l’écorce du végétal, la peau de l’animal (y compris de l’animal humain), la frontière du corps social… PERMETTENT LA VIE.
Rien ne vit sans frontière.
Si on retire sa limite à un être, on lui retire sa vie, mécaniquement, forcément.
Si tu supprimes la frontière d’un être, tu le tues.
Et c’est d’ailleurs le but des prédateurs (caché en l’occurrence).
Lisez « Éloge des frontières » de Régis Debray ; c’est passionnant.
Extraits :
« Ce qu’il y a de profond chez l’homme, disait Valéry, c’est la peau. » La vie collective, comme celle de tout un chacun, exige une surface de séparation. Emballage d’abord. La profondeur suit, comme l’intendance.
La matière n’a ni sac ni peau. Seule la cellule a une membrane. Les eucaryotes en ont même deux, autour du noyau et de la cellule. La peau serait l’organe primordial des épigenèses, le premier reconnaissable chez l’embryon. C’est en se dotant d’une couche isolante, dont le rôle n’est pas d’interdire, mais de réguler l’échange entre un dedans et un dehors, qu’un être vivant peut se former et croître.
Pas d’insecte sans kératine, pas d’arbre sans écorce, pas de graine sans endocarpe, pas d’ovule sans tégument, pas de tige sans cuticule, etc.
Un système vivant est une surface repliée sur elle-même, dont l’idéaltype est la sphère, bulle ou boule, et notre village ou maison natale un ersatz en 3D, gaine, gousse ou coquille. C’est à cette cavité amniotique que nous revenons chaque soir en nous glissant sous l’édredon, en fermant les écoutilles. Survivre, c’est sauvegarder les plis et les replis.
Régis Debray, « Éloge des frontières » (2010), p. 37.
Ce sont toujours les prêtres qui fixent les frontières. On les juge, nos prêtres laïcs. […] Quand ce n’est pas évident, il faut du transcendant. […] le suprême arbitrage fait passer l’arbitraire. Silence dans les rangs.
Régis Debray, « Éloge des frontières » (2010), p 27.
La frontière est un lieu de passage, d’échanges. La bonne frontière est poreuse, dans les deux sens. Tout organisme vivant a une frontière. La peau est la première de toutes… Elle assure la condition sine qua non du vivant : la séparation régulée entre un dehors et un dedans.
Régis Debray, « Éloge des frontières » (2010).
Une idée bête enchante l’Occident :
l’humanité, qui va mal, ira mieux sans frontières.
Régis Debray, « Éloge des frontières », 2010.
La mondialisation des objets produit une tribalisation des sujets.
Régis Debray.
À quoi sert la frontière, en définitive ?
À faire corps.
Et pour ce faire, à lever le museau. L’enceinte exalte le rampant et nous coiffe d’invisible. Tout site enclos est « un appareil à faire monter ».
Régis Debray, « Éloge des frontières » (2010), p. 61.
La frontière a mauvaise presse : elle défend les contre-pouvoirs. N’attendons pas des pouvoirs établis, et en position de force, qu’ils fassent sa promo. Ni que ces passe-murailles que sont évadés fiscaux, membres de la jet-set, stars du ballon rond, trafiquants de main-d’œuvre, conférenciers à 50 000 dollars, multinationales adeptes des prix de transfert déclarent leur amour à ce qui leur fait barrage.
Dans la monotonie du monnayable (l’argent, c’est le plus ou le moins du même), grandit l’aspiration à de l’incommensurable. À de l’incomparable. Du réfractaire. Pour qu’on puisse à nouveau distinguer entre le vrai et le toc.
Là est d’ailleurs le bouclier des humbles, contre l’ultra-rapide, l’insaisissable et l’omniprésent. Ce sont les dépossédés qui ont intérêt la démarcation franche et nette. Leur seul actif est leur territoire, et la frontière, leur principale source de revenu (plus pauvre un pays, plus dépendant est-il de ses taxes douanières). La frontière rend égales (tant soit peu) les puissances inégales.
Les riches vont où ils veulent, à tire-d’aile ; les pauvres vont où ils peuvent, en ramant. Ceux qui ont la maîtrise des stocks (de têtes nucléaires, d’or et de devises, de savoirs et de brevets) peuvent jouer avec les flux, en devenant encore plus riches. Ceux qui n’ont rien en stock sont les jouets des flux. Le fort est fluide. Le faible n’a pour lui que son bercail, une religion imprenable, un dédale inoccupable, rizières, montagnes, delta. Guerre asymétrique.
Le prédateur déteste le rempart. La proie aime bien.
Le fort domine les airs, ce qui le conduit d’ailleurs à surestimer ses forces.
Régis Debray, « Éloge des frontières » (2010), p. 75.
« Pour le dire naïvement : là où il y a du sacré, il y a une enceinte, il y a de la vie […] il s’agit de conjurer les puissances de mort. Le pourtour ampute, certes, mais c’est pour mieux incruster, et ce qu’un moi (ou un nous) perd en superficie, il le gagne en durée.
Aussi est-il normal de protéger le circonscrit qui nous protège — et nous prolonge. La perpétuation d’une personne, collective ou individuelle, se paie d’une sage humiliation : celle de ne pas être partout chez elle.
L’Hexagone ampute l’être français […] mais cet enserrement vaut résilience. »
Régis Debray, « Éloge des frontières » (2010), p. 36.
Interface polémique entre l’organisme et le monde extérieur, la peau est aussi loin du rideau étanche qu’une frontière digne de ce nom l’est d’un mur. Le mur interdit le passage ; la frontière le régule. Dire d’une frontière qu’elle est une passoire, c’est lui rendre son dû : elle est là pour filtrer.
Régis Debray, « Éloge des frontières » (2010), p. 39.
Cristaux et minéraux ne meurent pas, privilège réservé aux végétaux et aux animaux. L’avantage de l’enveloppe se paye d’un léger inconvénient, la mort.
Régis Debray, « Éloge des frontières » (2010), p. 41.
On n’en finira jamais avec la frontière parce qu’elle est inhérente à la règle de droit, et […] elle est bonne à vivre.
Le dur désir de durer l’inscrit au programme de tout ce qui bouge et respire.
Nos « sans frontières » veulent-ils effacer l’inconvénient d’être né ? […]
L’être et la limite adviennent ensemble, et l’un par l’autre. »
Régis Debray, « Éloge des frontières » (2010), p. 45.
Qu’il soit utile de mettre le monde en réseau ne signifie pas que l’on puisse habiter ce réseau comme un monde. Impossible de faire d’un lieu de passage un lieu de séjour, faute de vis-à-vis. Pas d’anti-en face. Comment se poser sans s’opposer ? Une communauté sans extérieur pour la reconnaître ou l’investir n’aurait plus lieu d’être, telle une nation seule au monde verrait s’évanouir son hymne national, son équipe de foot ou de cricket, et jusqu’à sa langue.
Une personne morale a un périmètre ou n’est pas.
D’où vient que « la communauté internationale » n’en est pas une. Ce flasque zombie reste une formule creuse, un alibi rhétorique aux mains du directoire occidental qui s’en est jusqu’ici arrogé le mandat. Il en ira tout autrement le jour où un petit bonhomme vert à mille pattes et longue trompe atterrira […] place de la Concorde. Face à l’alien d’une autre galaxie, l’impersonnalité morale qu’est l’Humanité avec un grand H pourra alors nous tenir chaud, parce qu’elle prendra forme et corps, par contraste avec un fond. C’est quand le mammifère humain verra de ses yeux l’étrangeté venue d’ailleurs qu’il saura à quoi résister, au coude à coude avec tous ses congénères sans exception, pour sauver la sienne propre.
Régis Debray, « Éloge des frontières » (2010), p. 50.
Le prétendu combat du clos contre l’ouvert, tandem en réalité aussi inséparable que le chaud et le froid, l’ombre et la lumière, le masculin et le féminin, la terre et le ciel, continue d’amuser notre galerie. Ce lieu commun fait le bonheur des esprits courts […] C’est simple, donc utilisable, mais ce qui est d’un seul tenant est faux.
Aussi néglige-t-on ce qu’il faut d’ouverture à la verticale pour boucler un territoire à l’horizontale, ce qu’il faut d’ailleurs pour qu’un ici prenne et tienne. […]
Le fait (sans doute indémontrable, mais observable à tous les échelons) qu’aucun ensemble organisé ne puisse se clore à l’aide des seuls éléments de cet ensemble conduit à combiner l’eau et le feu. Il accroche le transcendant à l’immanent et l’envol à l’enclos. Un groupe d’appartenance se forme pour de bon du jour où il se ferme, et il se ferme par suspension à un « clou de lumière » […] À chaque rassemblement, sa clé de voûte et son fil à plomb.
L’impossibilité qu’a un agrégat quelconque de s’ériger en une communauté définie sans recourir à un extra convoque à son bord la sainte et le héros : opération par laquelle une population se mue en peuple. L’économiste, le sociologue le démographe traitent de la première, scientifiquement, et c’est heureux. Un peuple, en revanche, c’est une affaire à la fois plus sulfureuse et plus fantasque : une question de mythes et de formes. Sont demandées une légende et une carte. Des ancêtres et des ennemis. Un peuple, c’est une population, plus des contours et des conteurs. […]
La misère mythologique de l’éphémère Union européenne, qui la prive de toute affectio societatis, tient en dernier ressort à ceci qu’elle n’ose savoir et encore moins déclarer où elle commence et où elle finit.
Quidam ou nation ou fédération d’États-nations, quiconque manque de se reconnaître un dessus n’assume pas son dehors. Ne tolère pas jusqu’à l’idée d’avoir un dehors. Et ignore donc son dedans.
Qui entend se surpasser commence par se délimiter.
Régis Debray, « Éloge des frontières » (2010), p. 62–64.
La frontière est le bouclier des humbles ; ce sont les dépossédés qui ont intérêt à une démarcation franche et nette ; leur seul actif est leur territoire, et la frontière leur principale source de revenus.
La classe dominante est mobile, elle est du côté des flux. L’élite des capteurs de flux ne tient pas en place, elle est partout chez elle, elle prend l’avion…
Mais on ne vit pas dans un avion.
Je constate que, là où il y a un faible et un fort, le faible demande toujours une frontière. Le fort ne doit pas être partout chez lui.
Oui, aujourd’hui, l’idéologie du « sans-frontières », c’est l’idéologie du riche et du fort.
Régis Debray, « Éloge des frontières » (2010).
Pour faire de la liaison, il faut accepter, il faut spécifier la différence. Vouloir la liaison sans la culture, ça ne marche pas.
La peau est faite pour recevoir, et pour exsuder. La frontière est un crible, un tamis, il est bon qu’elle soit une passoire, mais une passoire qui contrôle, une passoire qui régule.
Sinon c’est la loi du plus fort : dans la jungle, il n’y a pas de frontière, c’est pour ça qu’il n’y a pas de droit.
Il n’y a de vie que circonscrite.
Régis Debray, « Éloge des frontières » (2010).
Le prédateur déteste le rempart,
la proie aime bien.
Régis Debray, Éloge des frontières.
Entre une ineptie qui aère et une vérité qui étiole, il n’y a pas à balancer. Depuis cent mille ans que nous enfouissons nos morts chéris dans l’idée qu’ils pourront se retrouver bientôt au paradis, la preuve est faite qu’un trompe‑l’œil encourageant ne se refuse pas. Pour contrer le néant, l’espèce a toujours pris le bon parti, celui de l’illusion.
Régis Debray, Éloge des frontières (2010)
Les rives sont la chance du fleuve.
En l’enserrant, elles l’empêchent de devenir marécage.
Jacques Bourbon-Busset, cité par Régis Debray, Éloge des frontières (2010).
On ne peut pas penser l’hospitalité, donc l’accueil, si on ne pense pas le seuil.
Car l’homme est un être maisonnable. Il naît dans une poche, franchit une frontière pour en sortir.
Pour s’ouvrir à l’autre, il faut avoir un lieu à soi.
Le dieu Terminus, ce dieu romain gardien des bornes et des limites.
Régis Debray, Éloge des frontières (2010).
…
Citations retrouvées dans ma page Précieuses pépites.
Merci à Thierry Kruger et Pablo Girault Lazare, pour leur travail, et notamment leur film « Demokratia ».
Fil facebook correspondant à ce billet :
Super ta vidéo où tu dénonce et réfute le nomadisme Attalien.
Je relaie, merci.
Amitiés.
Excellent Mélenchon : « FAKE NEWS : LE SUJET N’EXISTE PAS ! »
httpv://www.youtube.com/watch?v=GiYNPKLf0pU
À l’Assemblée, Excellent Adrien Quatennens (FI) face aux macronistes pour défendre les salariés !
httpv://www.youtube.com/watch?v=PIvZJt6uGX4
Une belle intervention d’Adrien Quatennens !
Ces ministres sont trop payés ! Ils ne comprennent pas les vrais besoins des salariés ! La fiche de paie est une différence de classe sociale ! Ce qui est écrit dessus n’a pas la même signification , valorisation de l’humain et pas les mêmes dommages sur la santé ! Les sales boulots ( ports de charges lourdes , conduites de longues durées par tous les temps , respirations de produits nocifs et toxiques , travaux sous tensions élevées souvent non sécurisées , relève des ordures .…..tous ces métiers ou toutes ces missions sont sous-payés , il est temps de renverser le processus !
Je ne vois pas pourquoi les personnes concernées ne toucheraient pas le même salaire qu’un député ou un ministre !
L’égalité devant le travail accompli ne devrait même pas être une source de discussion , mais un fait approuvé par tous !
Colère de Ruffin : les macronistes rejettent un texte sur les élèves en situation de handicap !
httpv://www.youtube.com/watch?v=qsM7UvdcF9w&feature=youtu.be
Albert Jacquard : avec l’éducation à la compétition, on est en train de sélectionner les gens les plus dangereux !
httpv://www.youtube.com/watch?v=9v9updAv018
« Le prédateur déteste le rempart,
la proie aime bien. »
Régis Debray, Éloge des frontières.
Les frontières nous obligent à dresser des barricades pour les défendre contre les prédateurs de tout poil !
Jusqu’à se fâcher entre propriétaires parce que le cerisier a traversé le mur frontière de la propriété d’un des deux et que l’autre pourra cueillir les fruits sur les branches qui sont chez lui !
Mon pied de raisin a banni la frontière murale de mon jardin et s’en est allé
migrer dans le lilas du voisin . Je lui ai donc offert cette » branche » garnie de grappes , en sachant que le reste du cep n’avait rien donné chez moi !
Je ne couperais pas son extension , mais accepterais volontiers un bouquet de lilas au printemps prochain !
Voici ce que j’écrivais le 7 février 2009 dans un commentaire dans le site de Philippe Barbrel hélas site Contreinfo aujourd’hui disparu depuis 7 ou 8 ans (sauf erreur pour raison de santé) nous avons été nombreux à le regretter.
paru dans Contreinfo le 7 février 2009
La violence de la crise fait resurgir la « tentation protectionniste » dans de nombreux pays, à commencer par les USA. Les économistes y sont tous opposés et mettent en garde contre cette solution qui, disent-ils, avait aggravé la crise dans les années 1930. Mais n’y a‑t-il pas un abus de langage dans le fait de stigmatiser de ce terme à connotation fortement négative tout effort visant à protéger la cohérence des sociétés en définissant des règles gouvernant l’interaction avec le monde extérieur ? Renaud Laillier suggère de s’ inspirer du modèle du vivant pour penser cette contradiction.
Par Renaud Laillier, 7 février 2009
Lorsque le terme apparaît sous leur plume, on ne sait jamais exactement ce à quoi « pensent » les libéraux quand ils revendiquent d’agir « mondialement ». Mais avec la crise, on a vu de quoi il retournait…
Cela devrait servir de leçon. Pour autant, il ne s’agit pas d’ériger le protectionnisme en un nouveau principe d’autorité. Les pays peuvent parfaitement pratiquer un protectionnisme implicite sans que cela ne se traduise par des entraves.
Le paradigme de la cellule biologique et de son fonctionnement fournit le modèle du vivant qui devrait le mieux convenir à tous les pays et espaces économiques. Il faut une paroi (alias une frontière) pour que la cellule puisse vivre et se développer avec tous les moyens nécessaires. Ce sont les parois qui aident le mieux à respirer et échanger et non leur absence comme on tente de nous le fait croire faussement.
La globalisation telle qu’elle est pratiquée nous entraîne partout à la ruine en faisant en sorte d’abolir ces « parois », que certains milieux dirigeants mondialistes qualifient d’obsolètes et d’obstacles désormais inutiles. Ce qu’elles ne sont sûrement pas.
Le modèle biologique naturel indique l’inverse. Cette absence de « peau » détruit de l’intérieur les défenses immunitaires saines des sociétés ainsi exposées à tous les flux, sans proportion ni contrôles aucun ou presque. Avec pour résultat un nivellement par le bas des énergies créatrices et l’accélération de l’entropie sur les plans économiques, sociaux, financiers, culturels et de civilisation et, bien sûr, environnementaux et de l’écosystème.
D’ailleurs, la préservation de l’environnement implique, de toutes façons, un protectionnisme minimum. Il faut préserver les structures, comme on préserve les maîtres-murs, les serrures et les huis en architecture. Ceci est valable pour les États-Unis, dont l’emprise sur le monde doit cesser, tout comme pour chaque nation du monde.
C’est ainsi que le vrai progrès avancera. C’est aussi et surtout de cette façon que sera assuré le progrès que chacun peut espérer à son échelle : en renforçant toutes les sociétés, en retenant et développant localement le maximum de créativité et donc de richesses.
Le mondialisme, c’est l’entropie accélérée.
Pacte de Marrakech : le Premier ministre belge démissionne à la suite des nationalistes flamands
https://francais.rt.com/international/57016-premier-ministre-belge-demissionne-apres-depart-nationalistes-flamands
Crise au gouvernement : Michel et Macron soutiennent le pacte de migration de l’ONU mais la N‑VA ne lâche rien
http://fr.newsmonkey.be/article/26597
« Pacte sur les Migrations – vive la démocrature »
par Philippe Huysmans – sur Agoravox
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/pacte-sur-les-migrations-vive-la-210876