Après la publication début août d’une vidéo où j’explique pourquoi je souhaite une création monétaire publique affranchie des banques privées, Alain Beitone, un professeur d’économie à Marseille, vient de publier un papier sur un site néocon pour expliquer que je n’y comprends rien sur la monnaie, que c’est « une vision complotiste désespérante » que d’accuser les banques de se servir et d’asservir au lieu de servir, que prétendre que les banquiers conspirent contre l’intérêt général c’est semer « la confusion », que c’est simpliste, que « la réalité est plus complexe », que l’incrimination des banquiers dans les malheurs des peuples par la captation du financement des puissances publiques et par l’endettement généralisé de toute l’humanité, c’est « un fantasme de l’extrême droite »… et que défendre le chartalisme (Théorie étatique de la monnaie de G. F. Knapp, 1905, admirée et reprise par Keynes) démontre une « incompréhension totale des questions monétaires », etc.
Je défends donc à nouveau mon point de vue et je démontre que chacune de ces critiques est infondée.
(Rappel : j’ai déjà eu à me défendre, en 2011, contre les diffamations de Monsieur Beitone.)
Voici mes réponses :
Le fichier pdf : Reponse_a_Alain_Beitone_sur_la_monnaie_et_les_banques_2‑9–2018.pdf
Vous pouvez cliquer sur l’image ci-dessus pour ouvrir le fichier pdf complet.
Vous pouvez aussi feuilleter directement le pdf ci-dessous.
C’est une controverse importante.
Signalez-moi en commentaire, s’il vous plaît, les arguments qui pourraient, selon vous, être encore avancés, dans un sens ou dans l’autre.
Bonne lecture.
Étienne.
Fil Facebook correspondant à ce billet :
Cet économiste semble vouloir se faire mousser en attaquant la renommée d’Etienne Chouard ?
La carte des médias français et de leurs propriétaires vient d’être mise à jour :
https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA
La base de données publique sur GitHub également :
https://github.com/mdiplo/Medias_francais
Le travail qui amène de nouvelles richesses (téléphones, pétrole, services …) permet certes à celui qui les vend de gagner de l’argent qui vient de l’acheteur, mais ne crée pas en soi de l’argent. Non, il faut avoir fabriqué de l’argent un jour pour pouvoir fabriquer d’une part et acheter d’autre part (échanger) ces richesses.
Beaucoup confondent ces « richesses » créées par le travail avec l’argent. Le travail crée des richesses qui permettent de gagner de l’argent, si celui-ci a été fabriqué auparavant par quelqu’un (ou alors c’est une promesse de payer), mais ce n’est pas le travail ni les richesses créées qui « fabriquent » ou qui entraîneraient de facto l’apparition de l’argent. Sans argent fabriqué, sans décision ou autorisation de quelqu’un de le fabriquer, du moins de le créer sous une forme virtuelle (cet argent a bien été fabriqué un jour !), les richesses créées ne valent rien puisque privées du moyen de les échanger (ou alors nous revenons au troc).
Créer des richesses dans un pays, au sens où certains l’entendent, n’enrichit pas ce pays directement. Ces richesses « autorisent », ou donnent la possibilité au pays de fabriquer de l’argent (selon le système qu’il a choisi) au prorata des richesses produites à vendre afin de créer des emplois (dans la production, la vente, l’achat des biens et services).
En 1983, Godley publie « Macroeconomics » et remet le chartalisme au goût du jour. Ce livre fut écrit parce que Godley devint convaincu que les keynésiens de toutes sortes perdaient leur guerre contre Milton Friedman et les monétaristes, parce que les keynésiens ne savaient apporter que des réponses très alambiquées à des questions aussi simples que : d’où vient l’argent ? Où va-t-il ? Comment le flux des revenus s’organisent avec la masse de monnaie ? Comment une nouvelle production est financée ? (Lavoie)
Voici d’importantes conséquences pratiques de la nature de ce système monétaire que nous pouvons comprendre grâce au chartalisme écrit Bersac :
a. Pour s’acquitter des taxes obligatoires, le secteur non-gouvernemental d’un État (le secteur privé, c’est-à-dire les ménages et les entreprises) doit se procurer de la monnaie de cet État avant de payer ses taxes.
b. Si ces citoyens doivent d’abord se procurer de sa monnaie pour pouvoir ensuite la dépenser, en revanche, l’État émetteur de cette monnaie doit d’abord créer et dépenser cette monnaie avant de se la procurer en taxant ou en empruntant. L’État ne peut jamais obtenir plus de monnaie qu’il n’en a créée et injectée au préalable dans le secteur non-gouvernemental. S’il y parvient, c’est un signe très inquiétant quant à son efficacité dans sa lutte contre le faux-monnayage.
c. Si le secteur non-gouvernemental désire épargner cette monnaie tout en payant ses taxes, il est indispensable que l’État dépense plus qu’il ne taxe. Le montant de dépenses de l’État excédant ses recettes est très exactement le montant épargné par le secteur non-gouvernemental. Comme le montant des dépenses excédentaires de l’État est appelé déficit public, cela signifie que le déficit public s’ajoute, à l’unité près, à l’épargne du secteur non-gouvernemental.
d. Si pour son fonctionnement, l’économie a besoin en permanence d’un certain montant d’épargne en cette monnaie, cela signifierait que le déficit public qu’il a créé ne devra jamais être « remboursé », pour assurer le bon fonctionnement du secteur non-gouvernemental.
e. Si le secteur non-gouvernemental croît continuellement, et que cette croissance de sa production de biens et de services nécessite, pour son bon fonctionnement, un accroissement tout aussi continu de l’épargne au sein de cette économie, alors, toujours pour assurer le bon fonctionnement de cette économie, l’État doit générer des déficits publics qu’il ne « remboursera » jamais, continûment encore.
f. Comme l’État crée la monnaie par de simples jeux d’écritures comptables, sur les livres de comptes des services concernés au Trésor Public et à la banque centrale, il ne peut pas être plus à court de monnaie qu’un arbitre de rencontre sportive n’est à court de point à distribuer. Seules comptent les règles du jeu (économique) que la communauté s’est choisie pour accorder ces points. C’est cela qui fait la beauté du match ou la prospérité de l’économie, et non le fait que les points ou la monnaie à gagner soient potentiellement illimités ou au contraire arbitrairement plafonnés à l’avance. L’État peut continûment financer des déficits par création monétaire si nécessaire. Ce système monétaire contemporain permet à l’État de créer de la monnaie de manière illimitée, et pourtant, nous sommes loin d’être confrontés à une hyper-inflation permanente. Comme l’avait noté Adam Smith, ce n’est pas pour autant qu’il en dépense effectivement trop, et le dollar, l’euro, le yen et d’autres sont des monnaies très stables et appréciées, malgré cette « porte ouverte à l’inflation ». En fait, comme nous le verrons plus complètement, l’État est le plus souvent très conservateur et modéré avec sa monnaie, voire trop, en particulier au regard de l’inflation.
J’ai eu le même soucis (à un autre niveau) pour « ouvrir » les yeux d’un ami banquier sur le fonctionnement monétaire…
C’est en cherchant à faire le point que les publications récentes relatives à la création monétaire que je découvre cette polémique entre E. Chouard et A. Beitone.
Je connais le premier pour avoir jadis (avant 2008 je pense ) attiré son attention sur l’importance de la monnaie y compris lorsque l’on traite du contenu d’une constitution. Je connais peu le second, si ce n’est par d’anciens échange ( déjà ) avec Chouard.
Permettez-moi de faire ici un bref témoignage et une esquisse de proposition.
Mon témoignage. Ma carrière fût essentiellement technique et éloignée des questions d’argent. Je croyais à l’époque que là aussi régnait une certaine rigueur et exactitude, comme en physique et mathématiques. Voulant en avoir le cœur net et intrigué par la persistance du chômage, j’ai acquis et lu dès 1997 un ouvrage sur la question monétaire : La monnaie dévoilée par Gabriel Galand et Alain Grandjean ; L’Harmattan 1996 . Depuis lors, et désormais sur vingt ans, souvent dans le cadre d’associations comme par exemple « Chômage et monnaie », je n’ai fait qu’ examiner et réexaminer cette question fondamentale mais éludée et mal connue de la monnaie.
Avec quelques autres, j’en suis arrivé à une conviction intime basée sur ce qui finit pas devenir une évidence que le système monétaire actuel, fruit d’une longue et complexe évolution historique, est fondamentalement prédateur d’une fraction notable de la richesse issue de la production par une minorité – consciente ou non – qui est constituée de ceux qui en jouent, les banquiers pour le dire brièvement.
Je constate aussi, après avoir parcouru la réponse d’E. Chouard que sa compréhension, ses positions et les miennes semblent être parfaitement identiques. Je le remercie pour tout le travail qu’il fait.
Ma proposition. Elle résulte de mon expérience personnelle : déjà mon ignorance du sujet jusqu’à la soixantaine, ensuite la constatation que ceux avec qui je me retrouve rapidement assez proche, dans nos échanges, viennent le plus souvent – pas toujours – d’une formation de type « sciences dures ». Je me demande donc s’il ne serait pas utile de faire appel à une équipe de jeunes, intéressés et volontaires, déjà sélectionnés et orientés vers des études en « sciences dures » et leur demander de traiter la question monétaire en se référant aux thèses en présence. Bien entendu le dialogue avec les économistes de tout bord ne leur serait en aucun cas interdit !
J.J.
Merci Jean 🙂
Depuis la démonétisation de l’or en 1971, la façon de voir ou de comprendre la création monétaire échappe à toute vérité car tout est virtuel. Ainsi on peut voir le même processus de création monétaire de 2 façons qui ne sont pas fausses ni vraies, ce sont deux façons différente devoir la même chose (avec des conséquences très différentes selon l’une ou l’autre façon de voir).
Aucune ne peut prouver sa supériorité « scientifique ».
Il s’agit peut être de convaincre l’autre que la chose peut aussi se voir d’une autre façon sans chercher à convaincre que sa vision est fausse.
Il n’existe pas de consensus entre les chartalistes et disons les mainstream. Les crédits bancaires sont-ils de la monnaie ou des promesses de payer en monnaie ?
Bonjour
« Les crédits bancaires sont-ils de la monnaie ou des promesses de payer en monnaie ? »
Paul Jorion, qui a dialogué longuement avec EC est partisan de la deuxième définition.
Il y a fait allusion dans ce billet du 3 septembre dernier.
https://www.pauljorion.com/blog/2018/09/03/deux-grands-classiques-du-complotisme-ou-conspirationnisme-le-31-aout-2018-retranscription/
Tu as peut être lu les 10 000 pages de ce débat (qui divisait, divise, divisera) avec quand même beaucoup plus de monde dans le cas opposé à Jorion (cf aussi la liste de livre d’Etienne…).
Moi sur ce sujet, je vois les choses comme Jorion (après avoir lu le débat il ya plusieurs années et plein d’autres choses) mais ce sont pour moi deux façons de voir la même chose (le système monétaire international d’aujourd’hui) mais dans la vision disons Jorion, les solutions sont bien plus facile à imaginer que dans le camp opposé dont les idées nous ont mené jusqu’ici (ici = crises)…
Mais pourquoi faire encore de la publicité à ce nuisible de Beitone ?
Il faut l’ignorer, tout simplement
http://ecodemystificateur.blog.free.fr/index.php?post/Les-tourments‑d%E2%80%99Alain-Beitone
L’école économique dominante modélise l’argent comme une ressource, c’est sur cet axiome erroné que la sphère politique se convainc du bien-fondé de politiques désastreuses, par exemple : on s’impose l’austérité monétaire (une pseudo ressource), alors qu’on liquide les vraies ressources (contraire de l’austérité) non renouvelables (écosystèmes, minéraux, etc..).
Un tel paradoxe (et c’est loin d’être le seul) est un indice que les axiomes de base de l’école dominante sont viciés.
La thèse Chartaliste, en résumé :
1- La monnaie est une institution.
2- Dans cette institution, un acteur (en général un État) a le rôle d’émetteur.
3- Lorsque l’émetteur dépense, disons X unités, ces X unités sont créées, puisque par cette action, il y a X unités de plus en circulation.
4- Lorsque l’émetteur taxe Y unités, il y a Y unités de moins en circulation, ces unités sont donc détruites.
5- La dépense (par l’émetteur de monnaie) crée l’argent, la taxe détruit l’argent (retire cet argent de la circulation). La taxation est donc un opération ayant pour but de réduire l’inflation, ça n’est PAS un revenu pour l’état émetteur, puisque celui ci peut créer autant qu’il veut.
Le chartalisme permet d’évaluer des politiques selon le critère de rentabilité sociale, et en terme de ressources réelles, et non en terme monétaire : si pour une société un projet est jugé souhaitable socialement, l’argent peut simplement être créé. La seule conséquence possible est une hausse d’inflation qui pourra être réduite par la taxation (destruction) ultérieure de l’argent créé. De plus, lorsque des actifs ou ressources réelles sont créés (ex. production d’énergie renouvelables), la création monétaire peut avoir un effet négatif sur l’inflation : faire baisser les coûts de l’énergie, il est donc faux d’affirmer que toute création monétaire publique est obligatoirement inflationiste.
Ce groupe de discussion fait la promotion du chartalisme :
Théorie Chartaliste de la Monnaie (Modern Monetary Theory) :
https://www.facebook.com/groups/chartalisme/
Quoi de mieux comme preuve qu’un bouquin édité par les faux-monnayeurs eux-mêmes 😉
Modern Money Mechanics, ce document publié par la FED de Chicago, explique le fonctionnement de l’expansion du crédit via le système des réserves fractionnaires !!! …avec 100$ déposés à la banque, ils peuvent prêter jusqu’à 900$ (quand ils respectent la règle)… et là-dessus ils prennent des intérêts 😉
Modern Money Mechanics
A Workbook on Bank Reserves and Deposit Expansion
http://liberty-tree.ca/links.nsf/aa4f9df889e46a910625714d0020f26e/e7ba51d011da5b7006257563005ad00b/$FILE/Modern%20Money%20Mechanics.pdf
Il y a toute une partie de non-dit. C’est que au départ, Alain Beitone, ne doit pas être particulièrement favorable ni au pouvoir bancaire ni au pouvoir américain. Mais il finit maintenant presque par les soutenir, tellement (comme chez beaucoup d’élites sociale-démocrates) est grande sa détestation de tout ce que représente Vincent Lapierre (à savoir qu’on puisse être nationaliste et de gauche). Mais bon, comme il ne le dira jamais explicitement, on ne peut pas non plus l’accuser gratuitement.
Sinon, le sujet de son livre semble intéressant, je l’achèterais bien pour savoir ce qu’il raconte :
https://journals.openedition.org/lectures/24158
« Les crédits bancaires sont-ils de la monnaie ou des promesses de payer en monnaie ? »
C’est bien là toute l’ambiguïté du système à réserves fractionnaires. Si on appelle monnaie uniquement la monnaie émise par une banque centrale, alors le crédit bancaire ne débouche que sur la promesse de payer en monnaie ( centrale ! ). Si au contraire, mais ce n’est là qu’un question de vocabulaire, si on appelle monnaie tout ce qui permet les échanges économiques permanents, alors le crédit bancaire produit bien cet effet. La monnaie bancaire est de fait la monnaie de toutes les économies modernes. Point de mystère, ou de vérité double. Il suffit de s’entendre sur le sens des mots, lequel est trop souvent mal défini entre interlocuteurs.
Votre commentaire, lemant, avec la citation de Bersac, résume bien le sens du chartalisme. Ecrire : « Il n’existe pas de consensus entre chartalistes et disons les mainstream » est en effet une évidence. Il me semble que le chartalisme décrit la situation telle qu’elle devrait être. Le mainstream décrit, et pas toujours très exactement, ce qui est. Et ce qui est fait que les banques bénéficient d’un intérêt sur tout euro-monnaie de monnaie bancaire créé ex nihilo par elles-mêmes. En outre elles disposent du privilège caché et largement ignoré de pouvoir monétiser leurs dépenses, c’est-à-dire de payer tout bien ou service (les salaires du personnel par exemple) simplement en approvisionnant le compte de leur créancier ! Elles monétisent leurs dépenses et démonétisent leurs recettes !
Bref, rien n’est à inventer dans le chartalisme ; l’histoire s’en est chargée. Il suffirait de donner aux Etats le droit d’utiliser les mécanismes utilisés quotidiennement par les banques et d’interdire à celles-ci de le faire. Cela les reléguerait de fait au rang fort utile d’ établissements financiers lesquels ne jouissent pas du privilège bancaire.
Même en matière de théorie monétaire, je ne vois pas comment deux positions différentes, voire opposées, pourraient être vraies en même temps. C’est ce problème, théoriquement soluble mais que nous — empêtrés chacun dans ses certitudes — nous n’arrivons pas à traiter, que j’ai suggéré de soumettre à un panel de jeunes cerveaux, connus pour rationnels et volontaires . Peut-être pourrait-on en retirer un jugement qui ferait avancer le consensus . Car j’ai la faiblesse de penser que ce consensus viendra et que le plus tôt serait le mieux.
J.J.
J. Jégu lorsqu’une banque privé prete de l’argent, elle augmente un solde bancaire de X unités (une marge de crédit par exemple), elle ne peut pas faire cette opération sans éalement créer un comte deuxième compte négatif de X unités, le compte que l’emprunteur devra renflouer.
Un preteur privé qu’il soit un individu ou une banque ne peut pas créer d’actif monétaire net : pour s’en convaincre, observons simplement qu’avec un pret bancaire, un actif est créé ET une dette du même montant est aussi créée. Cette opération n’augmente pas la quantité nette d’argent en circulation.
Un solde bancaire n’est rien d’autre qu’une dette du banquier envers le détenteur du compte.
Le seul acteur pouvant augmenter la quantité nette d’argent en circulation est l’émetteur de monnaie. Le chartalisme n’est pas une théorie de ce que devrait être la monnaie, il décrit le fonctionnement actuel des monnaies.
Ceci étant dit la plupart des pays s’imposent des contraintes sur la dépense publique, donc limite la création monétaire, et s’impose la contrainte de devoir vendre des bons du trésors pour soi disant renflouer les déficits. Cette opération ne sert à rien d’autre que d’offrir des placements sans risque au détenteurs de capitaux.
Je suis d’accord avec vous, le chartisme décrit déjà ce qui se fait mais l’autre façon de voir (les banques créent la monnaie) peut aussi s’entendre car comme dit JJégu, c’est une question de vocabulaire et des années de discussion et des milliers de lignes écrites font voir que nous n’avons pas tous la même signification du mot monnaie (pour les mainstream, les crédits sont de la monnaie). Même quand chacun défend sa façon de voir, on ne se met que rarement d’accord.
Je pense qu’il ne faut pas dire aux autres, vous avez faux (à la Jégu peut être…), mais vous n’avez pas tord mais on peut aussi comprendre que le chartisme est déjà ce qu’il se passe depuis 1971, c’est l’oeuf et la poule…
Je pense que les gens peuvent être plus facilement convaincu qu’il existe plusieurs façon de voir la même chose que de leur dire que leur façon n’est pas la bonne…?
chartalisme…(salaud de correcteur automatique mais qui montre bien que le mot français est mal choisi, tout le monde au départ lit charlatan.…)
Cela fait plus de 200 ans que les faux-monnayeurs exercent et qu’ils ont acquis ce privilège par la trahison de nos gouvernants.
Mémoires d’un ministre du trésor public, 1780–1815 – Nicolas François Mollien
À la page 292, sa note d’avertissement sur la Banque de France !!!
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k39650z/f71.double.r=m%C3%A9moires%20mollien
NB. le document est téléchargeable
Napoléon feint de ne pas comprendre la note.
Expliqué ici par notre cher Henri Guillemin 😉 …à la min 5:00
httpv://www.youtube.com/watch?v=6jIrpNCzA‑s
Bonjour,
C’est une constante.
Quand on dérange, les laquais et autres larbins sortent la potion magique : complotiste, extrémiste, extrême droite et si cela ne suffit pas il faut rajouter la chantilly anti quelque chose.…
Finalement ils confirment que vous avez raison et qu’ils sont inquiets.
Vivement la révolution.
@ Maxime Léveque
« Un preteur privé qu’il soit un individu ou une banque ne peut pas créer d’actif monétaire net : pour s’en convaincre, observons simplement qu’avec un pret bancaire, un actif est créé ET une dette du même montant est aussi créée. Cette opération n’augmente pas la quantité nette d’argent en circulation. »
Ah, bon. Voilà de quoi clarifier le débat ! Expliquez-nous donc qui émet la monnaie que chacun utilise quotidiennement … On remet le compteur à zéro, et on repart … pour une vingtaine d’années ! Bon courage.
@J.Jégu (bravo pour le travail effectué)
« elles (les banques secondaires) disposent du privilège caché et largement ignoré de pouvoir monétiser leurs dépenses, c’est-à-dire de payer tout bien ou service (les salaires du personnel par exemple) simplement en approvisionnant le compte de leur créancier ! Elles monétisent leurs dépenses et démonétisent leurs recettes ! »
Je ne suis pas trop d’accord avec cette idée parfois écrite il est vrai.… Expliquez moi. Si une banque construit un nouvel établissement bancaire et/ou paye ses salariés, elle va bien devoir donner de l’argent à l’architecte et aux ouvriers du bâtiment (et le personnel des banques) si ces derniers n’ont pas leur compte bancaire à la banque dont on parle. OK quand tout va bien, elle ne propose à la banque de l’architecte qu’une promesse de payer (qui s’effacera même probablement si la deuxième banque doit de l’argent à la première…). Quand tout va mal, la deuxième banque préfèrera de l’argent plutôt qu’une promesse d’argent. La première banque est bien obligée de payer avec de l’argent déjà existant (soit qu’elle a sur son compte, soit qu’elle l’emprunte à une autre banque ou à la banque centrale). A la limite (je ne sais pas trop), elle se fait une un prêt c’est à dire une dette à elle même, mais faut quand même trouver l’argent le jour où cet argent change de banque (d’où l’intérêt pour les banques d’avoir de grosses part de marché, ce qui donne plus de chance que la banque de l’architecte lui appartienne…et donc pas besoin de trouver l’argent…)
Non ?
Non ?
@ lemant
Attention à ne pas conclure que si 100 €-bancaires passent d’une banque vers une autre, il y a 100 €-bancaires à transiter de cette banque vers l’autre. Non ; il suffit statistiquement de ( environ ) 10 €-centraux. C’est cette réalité statistique qui permet depuis toujours aux banquiers de gérer des « promesses de payer » bien plus importantes que ce qu’ils sont effectivement en capacité de payer. Si on ne comprend pas cela on ne comprend rien à l’activité bancaire … Voyez peut-être, si vous êtes courageux, « comprendre la circulation monétaire » sur mes pages perso .
non non J.Jégu, si quelqu’un retire les 100 en liquide ou si les banques (en temps de crise) ne veulent pas de promesses de monnaie de la part des autres banques, il va bien falloir les trouver ces 100.
Dans votre travail, vous partez encore une fois d’un dépot à une banque sans vous soucier d’où il vient…(« soit un dépot d… » mais il vient d’où au départ ce d??????)
Bien sur 2 banques qui se doivent 100 millions pour l’une et 90 millions pour l’autre peuvent faire affaire avec seulement 10 M de réserves, sauf quand cela fuit (billets retirés au distributeur ou banques qui ne se font plus confiance…)
Vous expliquez bien une façon de voir les choses, bien que vous ne parliez pas des « fuites » mais restez dans la circulation inter banques qui explique bien comment les banques gèrent les promesses de payer quant tout va bien…
Je travaille aussi sur le sujet depuis longtemps donc je connais « forcément » vos travaux (et le débat interminable entre ceux qui décrivent la ponte des oeufs de la poule sans se soucier d’où vient la poule et les autres) et je vous félicite même si cela me chiffonne que vous ne parliez pas de la poule (aux oeufs d’or…)
Bien à vous
@J. Jégu pour répondre à ta question : « qui émet la monnaie que chacun utilise quotidiennement », il y a deux sortes d’argent : les billets (l’argent sonnant) et les dépôts bancaires. Les billets sont émis par l’état émetteur (dans le cas de l’euro c’est une fédération d’état), alors que les dépôts bancaire sont de simples écritures comptables.
Imaginez un banquier qui se cré un compte avec un solde de $100, il engage un jardinier pour $100, le paiement se fait par virement bancaire. Si ce jardinier a un compte chez le banquier, ce dernier n’aura rien déboursé. Si le jardinier vire ce solde de $100 vers une autre banque, le premier banquier aura une dette de $100 envers le second banquier. Un banquier créant X unité d’argent de solde ne peut donc pas le faire sans se créer une dette de X unités, soit enver le détenteur du compte, ou evers un autre banquier.
Moins d’accord sur les 2 types d’argent. C’est la même chose : la « devise » chère à Bersac (= l’argent, la monnaie) à 10 % sous forme de billets et le reste sous forme de bits.
Soit on voit le système : l’état émet (fabrique) la monnaie quand il dépense (1220 milliards en France par an (en 2014 par exemple), L’État va récupérer sous formes de taxes diverses, surtout la TVA, au total environ 960 milliards dans l’année (soit 44,7 % du PIB). Avec les autres recettes de l’État (vente ou locations de biens et services…), ses recettes sont au total de 1140 M et le déficit public annuel est donc finalement de 80 milliards d’euros. Il reste donc 80 milliards sur les 1220 initiaux fabriqués et dépensés par l’État, qui sont dans les poches du privé.
L’état détruit les 1140 M et choisit (il pourrait les taxer) d’emprunter à ceux qui ont les 80 M manquant sous formes d’obligations. Il était pas forcé mais il pense que c’est bien d’équilibrer sa feuille comptable, cela sert aussi à limiter l’inflation parfois comme vous le dites plus bas, cela sert parfois aussi selon la situation à établir un taux d’intérêt de référence (pour tout le monde), celui que l’état souverain choisit d’accorder à ceux à qui il emprunte (mais c’est surtout pour s’assurer que ce taux ne tombe pas trop bas = argent trop facile à emprunter, crédits qui s’affolent…
Alors on est chartiste…(sans forcément le savoir)
Soit c’est le classique : l’état ne peut dépenser que ce qu’il reçoit en impôts, le reste il doit l’emprunter sur les marchés au prix d’une dette.…
@leman : je reprend votre exemple, au monent où l’état décide « d’emprunter » (j’expliquerai plus tard pourquoi je met emprunter entre double guillemets).
Donc, reprenons votre exemple à partir d’ici :
> l’état choisit (il pourrait les taxer) d’emprunter à ceux qui ont les 80 M manquant sous formes d’obligations
Que se passe t‑il réellement : l’état reçoit 80M du secteur privé, et les retire de la circulation, et il cré 80M d’obligation. Il y a alors 80M de dollars en monnaie de moins en circulation, mais il y a également 80M en bons du trésors de PLUS en circulation. Un bon du trésor est aussi liquide que de l’argent sonnant (avec un bémol dans la zone Euro), il s’est donc détruit 80 d’une type d’argent, et créé une autre type d’argent.
L’emprunt n’est en fait qu’une conversion de devise, des dollars (ou Euro) ne rapportant aucun intéret sont échangés contre des bons, qui eux rapportent de l’intéret. L’opération est la même que lorsqu’on déplace un montant X d’un compte bancaire sans intérets vers un comte avec intérets.
Dans la zone Euro, les bons ne sont pas toujours aussi liquides que des euros, si il est émis par la Grèce par exemple, mais appliquez cet exemple au Canada, au USA, UK, ou autre pays monaitairement souverain, et vous verrez que la seul création monétaire NETTE se produit lors de la dépense par l’état émetteur. Que cet état émetteur choisisse de convertir de sa monnaie (sans intéret), en monnaie avec intéret ne chanre pas la quantité de base en circulation.
Les bons sont liquides ?
Si vous voulez liquéfier votre bon et le vendre 1000, et disons que je vous l’achète et vous donne 1000.
Moi j’ai 1000 en moins et un bon en plus
Vous avez 1000 en plus et le bon en moins
Rien ne se crée…
Mais c’est vrai qu’il vaut mieux avoir le bon qui rapporte les intérêts que 1000 qui s’effritent par l’inflation…
Les premières « obligations », celles de la ville de Paris (les rentes de l’Hôtel de ville) apparaissent en 1522. Ce sont les premières rentes perpétuelles. Cet instrument avait été choisi pour contourner l’interdiction de l’usure faite aux catholiques par la papauté. Le renoncement au capital du créancier permettait de rendre religieusement acceptable cette mesure. Le XIXe siècle sera plus tard l’âge d’or de la « rente ».
C’est alors le placement le plus recherchée par la bourgeoisie triomphante. Quiconque à un capital le place en rente et l’on ne mesure plus sa fortune qu’en regardant les sommes que l’on détient en rentes à 5 %, autrement dit non pas le capital placé, mais les intérêts versés par l’État et à vie.
Balzac introduit souvent ses personnages en indiquant qu’ils ont cent ou deux cent mille francs « de rentes », autrement dit qu’ils reçoivent cette somme en intérêt de l’État chaque année (Romaric Godin, La Tribune).
Le rôle de l’État est alors d’assurer pour la bourgeoisie et les rentiers, la liquidité de la dette publique, c’est à dire un déficit public pas trop important pour éviter la banqueroute, pas trop faible pour maintenir la dette publique comme une rente… Le déficit est donc demandé par le marché !!!
Avec un dépôt de 100, le banquier met en réserve 10%, cad 10 et prête 90.
Les 90 deviennent un dépôt, 9 est alors mis en réserve et 81 est prêté.
Les 81 deviennent un dépôt,…et ainsi de suite jusqu’à trouver une limite.
C’est mathématique.
Au total, 900 sera prêté pour 100 déposé initialement.
Suivant le langage du banquier, il dira qu’avec 100 déposés en banque il peut prêter 90. Il ne parle que de la 1ère étape de prêt et fait abstraction de toutes les autres.
N’oublions pas que sur les 900, il demandera un intérêt.
Lu sur le fil Facebook :
James K Galbraith Reviews Modern Monetary Theory Kansas City Sept 2017
httpv://www.youtube.com/watch?v=Zhdygj-KWYY
C’est le fils de John.
Pas évident son accent, mieux vaut mettre le sous-titrage.
« Dans une économie monétaire, les différentes grandeurs
économiques (production, revenu, consommation, épargne, etc.) prennent une forme monétaire.
Un salarié reçoit en contrepartie de sa participation à la production
un salaire monétaire. »
Mr Beitone dit que le salarié reçoit à sa participation à la production un salaire monétaire ‚.….… je comprends alors qu’un salaire doit correspondre à la possibilité de pouvoir assumer sa vie et celle de ses enfants dans de dignes conditions . Cela veut dire qu’il doit passer à un niveau supérieur à celui d’un S.M.I.C. , ce qui n’est pas le cas ! Nous sommes rémunérés actuellement par une misère monétaire !
Il faut que j’approfondisse le Chartalisme…quelques soirées en perspective 😉
Alors il vous faut lire le livre de jean Baptiste Bersac : devises l’irresi Émergence de la monnaie téléchargez le gratuitement sur la toile
N’hesites pas
merci 😉
La richesse d’un pays, ce sont les « bras », les « cerveaux » (connaissance accumulée et disponible) et les ressources (matières premières, énergie, outils).
La monnaie, c’est l’unité de compte.
M. Beitone dit qu’en créant la monnaie on ne crée pas de la richesse. Il a raison, mais il omet de dire qu’en créant la monnaie (et en l’utilisant là où il faut) on se donne les moyens d’utiliser la richesse du pays.
C’est comme l’arrosage d’un champ : ce n’est pas en augmentant les stocks d’eau que la récolte va augmenter, il faut arroser les plantations au bon endroit. Si on n’arrose pas, si on arrose à côté ou si on arrose toujours la même plante, on comprend bien ce qu’il se passera.
Alors dire que la pauvreté s’installe en France parce qu’on manque d’unité de compte (alors qu’il suffit de la créer en appuyant sur quelques touches d’un clavier) est une absurdité.
En lisant certains commentaires, je me trouve embarrassé. Certains savent sans doute – en tout cas E. Chouard le sait – qu’une discussion de plus d’un semestre et de plusieurs centaines de pages a eu lieu il y a une dizaine d’années sur le blog de Paul Jorion.
Malgré sa vaste culture et son passé de banquier, celui-ci n’a pas, à l’époque, admis que ce soit les banques commerciales qui, de fait, créent la monnaie nécessaire à l’économie.
Il est toujours risqué et prétentieux de prétendre avoir raison ; il ne faut jamais exclure totalement la possibilité de se tromper soi-même. Malgré tout, la thèse selon laquelle ce sont les banques qui créent la monnaie pour l’économie, la créent et la lui vendent, avec l’accord de tout notre corpus juridique et monétaire, cette thèse ne semble plus très contestée. Le commentaire de joss à propos de la FED de Chicago en est un exemple. On a depuis vécu le « quantitative easing » pour les banques et d’aucuns ont réclamé un « quantitative easing for the people ».
Je veux bien changer d’avis, mais pour cela il faudrait me convaincre. Quand je vois les exemples donnés, je reste sur ma faim. Quand il y a transfert entre deux banques, il s’agit pratiquement toujours de transferts multiples qui ne donnent lieu en réalité qu’à des transferts d’écarts de solde. Il suffit statistiquement d’une petite fraction des sommes manipulées pour gérer correctement ces sommes. C’est ainsi qu’on peut comprendre que lorsqu’une banque reçoit 100 € d’une autre banque, elle peut encaisser 100 € en monnaie centrale et porter 100 € en monnaie bancaire sur le compte d’un client. Mais ensuite, elle peut considérer que 100 € en monnaie centrale, c’est beaucoup trop pour gérer 100 € de monnaie bancaire. Elle dispose donc disons de 80 à 90 € en monnaie centrale capables de gérer 400 à 1000 € supplémentaires en monnaie bancaire. Elle peut donc sans risque grave procéder à des prêts de ce niveau qui sont créateurs de nouvelle monnaie pour l’économie.
Je sais que tout cela n’est guère intuitif. Il m’est jadis arrivé d’y réfléchir de façon détaillée (Comprendre la circulation monétaire ). Sans doute est-il possible de faire beaucoup plus simple ; avis aux amateurs !
Un autre point fondamental me chiffonne : dire que le chartalisme est la description de ce qui se fait aujourd’hui. Que les États aujourd’hui soient garants de leur monnaie, je pense tout à fait que oui ; comment pourrait-on faire autrement ? Mais dire dans la foulée que ce sont les États qui émettent leur monnaie (sélection des actions à financer, création des moyens de paiements), alors là, non. Ce sont les banques commerciales qui émettent la monnaie bancaire et, pour nous, la BCE indépendante, qui émet la monnaie centrale. Les États sont traités comme des agents économiques non-bancaires, me semble-t-il : ils empruntent. Ce que nous souhaiterions justement , c’est que le chartalisme, dont la logique est peu discutable, soit enfin mis en place – et cela au niveau mondial. Bien sûr, je peux me tromper … et rester à jamais dans l’erreur.
En effet, et je tiens à vous demander de m’en excuser, je n’ai plus le temps disponible pour participer aux débats éventuels qui seraient utiles et que, peut-être, certains souhaiteraient.
Cordialement.
J.J.
@Jégu et Joss
Le modèle du diviseur de crédit s’oppose dans la théorie à celui du multiplicateur de crédit. Dans le cadre du modèle du multiplicateur de crédit, on suppose que les banques ont besoin de détenir au préalable une certaine quantité de réserves pour prêter. Au contraire dans le modèle du diviseur de crédit, les banques prêtent d’abord, puis se refinancent ensuite. Ainsi elles créent la quantité de monnaie correspondante à la demande de crédit qui leur est adressée, et la quantité de réserves (et donc la base monétaire) s’ajuste en conséquent. Ce modèle s’inscrit dans un schéma où la monnaie est endogène, c’est-à-dire que ce sont les agents économiques eux-mêmes qui déterminent la quantité de monnaie en circulation et non la banque centrale comme le modèle du multiplicateur le suppose implicitement (BSI economics)
Oui bien sur, les long débats entre Jorion et les autres font juste comprendre qu’il ya 2 façons de voir la même chose (avec des conséquences différentes certes)…
Car tous les 2 vous partez d’une banque qui reçoit 100 (et après il se passe plein de chose…) mais ils viennent d’où ces 100 ?? d’une autre banque etc… mais il ya bien un début non ? quelqu’un les fabrique (en billets rarements, en bits souvent) non ?
Au cœur du problème se situe la difficulté que les gens ont à se rendre compte qu’il y a eu un changement essentiel dans le fonctionnement de nos systèmes monétaires depuis les années 1970.
Les accords de Bretton Woods à la sortie de la guerre avaient établi un prix de l’once d’or à 35 dollars et chaque monnaie nationale était adossée elle-même au dollar. Quand un pays décidait d’augmenter sa masse monétaire, l’État était autorisé à utiliser, ou plutôt à mettre en réserve dans sa banque centrale une quantité d’or correspondante à la quantité d’argent que l’État souhaitait fabriquer.
Depuis 1971, le gouvernement peut dépenser autant qu’il le souhaite dans la mesure où il y a suffisamment de biens et services à vendre, même s’il n’a aucun or en réserve. C’est un changement énorme. Indépendamment du fait que le gouvernement ait dépensé plus ou moins que ses revenus, quel que soit le jour particulier, le gouvernement a toujours la même capacité à dépenser.
Il n’y a pas de concept tel que le gouvernement « n’a plus d’argent » ou qu’il ne soit pas capable de financer un programme. Combien le gouvernement peut dépenser dépend entièrement de son choix. Il n’y a aucune restriction sur sa capacité financière. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de restriction à ses dépenses. Clairement, il y en a, la quantité de biens et services qui sont à vendre, le travail des gens au chômage inclut (c’est à dire en comptant les biens et services que les chômeurs pourraient échanger s’ils avaient un travail).
Nous pouvons interpréter les choses ainsi, le gouvernement dépense, introduit des actifs financiers nets dans l’économie diraient les économistes, c’est à dire fabrique de l’argent sous forme de lignes informatiques en créditant les comptes bancaires privés. Cette dépense n’est pas contrainte par le revenu du gouvernement. Un gouvernement émetteur de sa propre monnaie n’a pas de contrainte financière sur sa dépense, ce qui n’est pas la même chose que de reconnaître les contraintes budgétaires imposées par les politiques.
L’État n’a pas de souci de trésorerie. Il peut partir en guerre au Mali (avec les dépenses qui vont avec), il peut dépenser où il veut quand il veut.
Son problème vient plus tard, comment faire en sorte que l’argent investi ne crée pas d’inflation. Ce qui peut arriver quand la quantité d’argent dépasse la quantité de produits à vendre ou à acheter.
Monsieur Jégu, que faites vous de votre temps??
« Un gouvernement émetteur de sa propre monnaie n’a pas de contrainte financière sur sa dépense, ». Certes mais nous ne sommes absolument pas dans ce cas. Ce sont les banques et non pas l’état qui pratiquent le « diviseur de crédits » en sélectionnant les emprunteurs qui leur conviennent et en encaissent les intérêts sur toute monnaie créée, c’est à dire sur la totalité de la monnaie utilisée ( j’ai en tête le chiffre de 40 à 50 milliards d’ euros par an … ). Voilà notre problème à nous.
« Son problème vient plus tard, comment faire en sorte que l’argent investi ne crée pas d’inflation. » L’inflation est un paramètre économique parmi beaucoup d’autres. Elle m’a personnellement rendu service.
Je consacre l’essentiel de mon temps à accompagner de mon mieux mon épouse âgée de 85 ans et atteinte de la maladie d’Alzheimer. Vous ne pouviez le deviner. Sachez que là aussi les familles doivent penser monnaie.
Nous ne sommes pas dans ce cas là (et surtout pas en Europe sans états nations souverains) c’est vrai, mais si on voulait l’être, il n’y aurait pas grand chose à changer, l’état fabriquerait la monnaie au moment même où il dépenserait, ex nihilo et la détruirait en recevant les taxes(comme font les banques secondaires dans votre version).
Mais comme il faut que l’argent circule plus vite (en fait dans ces bits « virtuels », tout est circulation plus que création, c’est un peu la même chose), nous avons besoin du crédit bancaire (ou une autre solution que nous n’avons pas encore trouvée). Le crédit est bien pratique pour faire circuler la monnaie (ou la fabriquer si vous voulez) mais vous savez comme moi (vu vos années passées sur le sujet) que Minsky a mieux que d’autre expliquer les inconvénients des crédits qui s’emballent toujours entrainant les crises.
On le sait (vous aussi bien sur), depuis les orfèvres, qu’on peut prêter plus que ce qu’on a et les banques au final prêtent 2 fois plus en gros que ce qu’elles ont, (que ce soit des promesses ou de la monnaie n’est au final peu important sauf que bien sur la monnaie est plus fiable que les promesses…)
Bersac encore que nous aimons bien :
Le crédit ne fait que promettre de payer plutôt que de payer effectivement. Donc, il demeure toujours la possibilité que ce crédit ne soit pas honoré et qu’il ne vaille donc rien. Plus les crédits s’accumulent, plus il devient donc nécessaire de disposer du montant suffisant de monnaie pour faire face à une conversion massive de ces crédits en monnaie tel que promis. C’est la fameuse ruée ou panique bancaire. Elle peut prendre le très théâtrale aspect des files de déposants venant retirer tous les crédits de leurs comptes, mais aussi, beaucoup plus massif et rapide, cela peut prendre l’aspect de l’interruption des crédits accordés par les autres banques dont dépendait la banque maintenant en faillite.
Les faillites bien réelles de Lehman Brothers, Bear Stearns ou Northern Rock prouvent que le danger n’est pas nul et que la vulgate libérale est trop rapide : si ces banques avaient pu créer de la monnaie, alors elles se seraient simplement créées de quoi faire face à leurs échéances plutôt que de faire faillite. Une fois au bord de la banqueroute, qui prend le risque de leur faire crédit, c’est à dire de leur remettre une somme dont il devient de plus en plus douteux qu’elle sera remboursée ? Lehman, Bear Stearns et Northern Rock nous répondent : « personne » (Bersac).
Avec tout mon respect pour le travail que vous avez fait et que vous faites encore
« si ces banques avaient pu créer de la monnaie, alors elles se seraient simplement créées de quoi faire face à leurs échéances plutôt que de faire faillite. »
Merci !
Merci beaucoup, cher Jean 🙂
Deux liens qui compilent nos longs débats (essentiels) chez Paul :
• Sur le forum : compilation du fil « Reprendre le pouvoir sur notre monnaie » (1 200 pages, pdf, 10 Mo)
• Compilation du BLOG de Paul JORION « Tout notre débat sur la monnaie » (de février 2008 à mars 2010, 8 500 pages, pdf, 43 Mo)
Autres ressources sur la monnaie : https://old.chouard.org/Europe/monnaie.php
Joseph Stiglitz : « L’Europe est au bord de l’abîme »
5 sept 2018 par Mathieu MAGNAUDEIX, Mediapart :
Dans un entretien à Mediapart, le célèbre prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz s’inquiète de la poursuite de l’austérité dans la zone euro. Il s’alarme aussi des politiques de Donald Trump et de l’explosion des inégalités, dix ans après la crise financière de 2008. Plus que jamais, il plaide pour « augmenter les salaires », réguler la finance et lutter contre les « monopoles ».
New York (États-Unis), de notre correspondant.– Dix ans après la crise de 2008, où en est la régulation financière ? Membres de l’ICRICT, une commission indépendante créée il y a trois ans qui propose notamment de réformer la taxation des multinationales, d’éminents économistes et défenseurs d’une régulation de la finance se sont réunis mardi 4 septembre à New York. Parmi eux, le spécialiste des paradis fiscaux Gabriel Zucman, professeur à l’université californienne de Berkeley, la députée européenne écologiste Eva Joly, ou l’économiste indienne Jayati Ghosh, venue dire ses craintes de voir la bulle d’endettement des pays émergents « éclater bientôt, peut-être dès cette année ».
Lui aussi membre de l’ICRICT, le célèbre prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, professeur à l’université Columbia et ancien chef économiste de la Banque mondiale, a répondu aux questions de Mediapart.
Joseph Stiglitz, en juin 2017, à Mexico. © Reuters
Panama Papers, Paradise Papers, Swiss Leaks, LuxLeaks, Malta Files, etc. Depuis la crise de 2008, de grandes enquêtes internationales ont prouvé l’ampleur de l’évasion fiscale dans le monde. Mais la situation a‑t-elle vraiment changé ?
Joseph Stiglitz. La crise financière de 2008 n’a pas été provoquée par les paradis fiscaux, mais il est assez remarquable de constater la lumière crue qu’elle a projetée sur eux. Et c’est une bonne chose ! Grâce au travail d’investigation de journalistes du monde entier, on s’est rendu compte de la magnitude de l’évasion fiscale, mais aussi de l’évitement fiscal, qui privent les États de ressources cruciales. Les restrictions budgétaires qui ont suivi la crise ont d’ailleurs accru cette prise de conscience et rendu l’opinion très sensible à ces questions.
Plus récemment, je pense que l’élection de Donald Trump a aussi aidé à cette prise de conscience. Le président américain est un expert incontesté du blanchiment d’argent. Avec lui, l’opinion a découvert ce marché obscur où toutes sortes de gens miteux blanchissent de l’argent sale en achetant et revendant des appartements de luxe. C’est exactement le modèle de Trump ! (Il regarde par la fenêtre, au 34e étage d’une tour de Manhattan, qui donne sur des gratte-ciel sur la 3e Avenue).
Tout cela a fini par renforcer le sentiment que dans une ville comme celle-ci, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Les gens ordinaires ne peuvent plus acheter de biens immobiliers. Les plus pauvres habitent à l’extérieur et doivent chaque jour faire de longs trajets. Mais au cœur de la ville, il y a des milliers et des milliers de mètres carrés vides, propriété de riches spéculateurs, qui s’en servent souvent à des fins de blanchiment. Ce genre de choses renforce la colère des citoyens.
Y a‑t-il eu des progrès depuis dix ans pour réduire les paradis fiscaux et réguler les marchés financiers ?
Sur la transparence du système financier international et l’évasion fiscale, il y a eu certains progrès. Mais c’est loin d’être suffisant. Le verre reste aux trois quarts vide. Quant au système financier, est-il plus stable qu’il y a dix ans ? Je dirais probablement. Les seuils de capitaux minimums exigés [des banques – ndlr] ont été augmentés, il y a davantage de supervision. Mais ce n’est clairement pas suffisant. Au cours des trois ou quatre dernières années, il y a même eu d’importantes rechutes, avec la remise en cause de régulations financières adoptées après la crise. La pression des grandes banques américaines a été couronnée de succès. À l’instar de Citigroup, elles ne se cachent pas de faire pression au travers d’amendements législatifs écrits par leurs lobbyistes.
Lire la suite, sur Mediapart :
https://www.mediapart.fr/journal/international/050918/joseph-stiglitz-l-europe-est-au-bord-de-l-abime
« Joseph Stiglitz s’inquiète de la poursuite de l’austérité dans la zone euro »
le Portugal aussi !
https://mrmondialisation.org/portugal-le-seul-pays-a-avoir-rejete-lausterite-se-porte-mieux-que-jamais/
Les monnaies locales étantes désormais interdites en france, il faudrait rapidement quitter cet état et surtout ne plus participer à une économie biaisée.
Ps/ la monnaie centrale jm’ y opposerai aussi car c’ est ce qui vient à l’ encontre du développement par le bas comme pour ce cas de démocratie réelle sur ytube qui reste incontrôlable ; si demain les commentaires devenaient intedits, ça ne serait plus rien du tout au niveau politique.
Un pas de coté dans l’actualité.
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En février 2018, le Venezuela est devenu le premier pays au monde à émettre une crypto-monnaie souveraine. Le fait qu’un État charge sa Banque centrale de la créer est non seulement inédit mais contraire à son caractère « anti-système ». C’est là sans doute le coup de génie des économistes du gouvernement.
https://www.legrandsoir.info/le-petro-une-arme-revolutionnaire-pour-une-contre-offensive-economique-en-milieu-capitaliste.html
L’avis d’un citoyen pas doué en comptabilité, pour que le plus grand nombre puisse comprendre.
Les dépôts augmentent lors d’un déficit public, et lorsqu’ une banque commerciale accorde un prêt.
« fundamentally, (8) deposits come from only two places : new bank lending and government deficits (9) » (page8)
https://www.kreditopferhilfe.net/docs/S_and_P__Repeat_After_Me_8_14_13.pdf
Mais le dépôt est détruit lors du remboursement du prêt. Tout comme le titre de dette à l’actif de la banque. Et si une banque n’est pas remboursée, elle subit une perte qui peut la mener à la faillite.
Le déficit public peut, lui, être laissé dans l’économie. Car les banques commerciales se retrouvent avec des bons du trésor à leur actif, lors d’un déficit. Bons du trésor qu’elles peuvent facilement échanger auprès de la banque centrale contre des réserves. Voir le document de marc lavoie sur le chartalisme :
http://ecodemystificateur.blog.free.fr/public/blowup-images/Documents/Neo-chartalism_Traduction_201.finale_avec_bibliographie.pdf
Lors d’un excédent budgétaire, on aurait une destruction de dépôts et de bons du trésor.
Après, les règles du jeu changent suivant les pays et les époques. Mais c’est un peu pareil partout. Les QE en zone euro, c’est un échange de bons du trésor contre des réserves. Le but étant de maintenir en vie la zone euro, en évitant une hausse des taux d’intérêts pour les pays faibles.
La vraie monnaie ce sont les pièces et billets, et les réserves. On peut ajouter les bons du trésor qui sont un substitut aux réserves (et qui rapportent des intérêts). Tout ça, les banques commerciales ne peuvent pas le créer, et heureusement. C’est tiré du livre de JB Bersac, ça.
Donc pour clore un débat qui n’a que trop duré : les banques commerciales peuvent créer de la monnaie, mais elles ne peuvent pas créer la monnaie. Je crois que c’est clair.
Cordialement.
Cher Etienne,
Comment dire… MERCI ! pour votre sagesse, votre pugnacité, votre invraisemblable énergie.
Une aube nouvelle se lève toute revêtue de jaune, d’or, comme votre parole. Nous l’entendons, elle résonne et nous la reprenons.
Notre résolution se manifeste dans nos pas – ça y est nous ne sommes plus à genoux, nous sommes debout.
Poursuivons notre route ensemble, maintenant que nous nous sommes levés de bonheur… avec cette musique en tête : « Una mattina » de Ludovico Einaudi :
https://youtu.be/0Bvm9yG4cvs
Et à vous, Etienne, je vous souhaite le meilleur, du plus profond du cœur.