[L’UE, c’est la guerre] Affaire Skripal : les Occidentaux expulsent des diplomates russes

26/03/2018 | 20 commentaires

Oli­vier Ber­ruyer : « Le 23 mars, Donald Tusk décla­rait que pour “l’Union euro­péenne […] il est hau­te­ment pro­bable que la Rus­sie soit res­pon­sable de l’attaque de Salis­bu­ry et qu’il n’existe pas d’autre expli­ca­tion plausible“.

En voi­ci les consé­quences. Tout ceci reste incroyable quand on songe au fait qu’aucune preuve sérieuse n’a pour l’heure été divul­guée – nous vous ren­voyons vers notre dos­sier dédié.

Il est déso­lant de voir qu’il n’y a appa­rem­ment pas de jour­na­listes pug­naces sur un tel dos­sier, à la fois grave et d’une grande com­plexi­té (et qui, d’ailleurs, ne concerne en rien la France). »

[…] Lire la suite, sur les​-crises​.fr :
https://​www​.les​-crises​.fr/​a​f​f​a​i​r​e​-​s​k​r​i​p​a​l​-​l​e​s​-​p​a​y​s​-​d​e​-​l​u​e​-​l​e​s​-​u​s​a​-​e​t​-​l​e​-​c​a​n​a​d​a​-​e​x​p​u​l​s​e​n​t​-​d​e​s​-​d​i​p​l​o​m​a​t​e​s​-​r​u​s​s​es/

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​6​1​4​1​9​6​0​2​1​2​317

Pour m'aider et m'encourager à continuer, il est désormais possible de faire un don.
Un grand merci aux donatrices et donateurs : par ce geste, vous permettez à de beaux projets de voir le jour, pour notre cause commune.
Étienne

Catégorie(s) de l'article :

20 Commentaires

    • majax

      Les théo­ri­ciens de ces mani­gances sont des génies abso­lus. Toute per­sonne sen­sée, qui prend avec pru­dence les infor­ma­tions que les « médias » ont bien vou­lue lais­ser fil­trer sur cette affaire, est sitôt taxé de pro-poutine.

      Essayez dans votre entou­rage, ça fonc­tionne à merveille !

      Réponse
  1. etienne

    Viktor Dedaj : « [PRESSE] « Affaire Skripal : des sanctions occidentales pour « faire passer un message au Kremlin » » (Le Monde)

    Chers Russes,

    Sachez que nous accu­sons sans preuve, que nous déli­rons chaque fois que le mot « russe » est pro­non­cé dans une phrase, que nous avons besoin de détour­ner l’at­ten­tion du public et que nous sommes très mécon­tents d’a­voir en face de nous des diri­geants et des diplo­mates qui ne sont pas des psy­cho­pathes comme nous.

    N’hé­si­tez pas à reve­nir vers nous et poser des ques­tions s’il y a quelque chose dans notre mes­sage qui vous échappe.

    Cor­dia­le­ment,

    les Etats Occi­den­taux Voyous
    (alias « la com­mu­nau­té internationale »).

    https://​www​.face​book​.com/​v​i​k​t​o​r​.​d​e​d​a​j​/​p​o​s​t​s​/​1​0​2​1​4​1​0​3​9​2​6​5​2​4​854

    Réponse
  2. etienne

    [L’UE c’est la guerre, suite] 

    « Défense » de l’UE : vers un « Schengen militaire »

    La Com­mis­sion euro­péenne va pré­sen­ter mer­cre­di un plan d’ac­tions pour créer un « Schen­gen mili­taire » afin de faci­li­ter les trans­ports de troupes et de maté­riel au sein de l’UE.

    Le plan d’ac­tions pré­voit notam­ment d’i­den­ti­fier les besoins pour les trans­ports mili­taires et de recen­ser les infra­struc­tures utilisables.

    « Ces pro­po­si­tions ont une dimen­sion pra­tique, mais leur fina­li­té est évi­dente au moment où les ten­sions s’exa­cerbent avec la Rus­sie », a expli­qué un diplo­mate euro­péen. « On ne peut plus dire qu’un conflit en Europe est impos­sible », estiment en pri­vé de nom­breux res­pon­sables européens.

    « Nous avons besoin d’un espace Schen­gen mili­taire. Les Russes ont une totale liber­té de mou­ve­ment au sein de leur ter­ri­toire. Nous devons pou­voir nous dépla­cer aus­si rapi­de­ment, sinon plus vite, pour mas­ser des forces contre un poten­tiel enne­mi afin d’être dis­sua­sifs », a sou­te­nu récem­ment le géné­ral amé­ri­cain Ben Hodges, ancien com­man­dant des forces amé­ri­caines en Europe.

    Alors que les 26 pays membres de l’Es­pace Schen­gen ont sup­pri­mé les contrôles à leurs fron­tières inté­rieures, « nous avons besoin de la même liber­té de mou­ve­ment au sein de l’UE qu’un rou­tier ache­mi­nant un char­ge­ment de pommes de Pologne en France », a‑t-il expliqué.

    Un mini-Schen­gen balte

    Les États baltes (Esto­nie, Litua­nie et Let­to­nie) ont déjà consti­tué entre eux un mini-Schen­gen mili­taire, sou­ligne Eli­sa­beth Braw, ana­lyste de l’At­lan­tic Coun­cil, un centre de réflexion spé­cia­li­sé dans les rela­tions internationales.

    Or, l’U­nion euro­péenne est loin du compte. « En cas de conflit, nous n’au­rions aujourd’­hui pas le temps de loca­li­ser les iti­né­raires pra­ti­cables ni d’ac­com­plir les pro­cé­dures bureau­cra­tiques pour dépla­cer un blin­dé des Pays-Bas jus­qu’en Esto­nie », a déplo­ré en pri­vé un haut res­pon­sable européen.

    Bureau­cra­tie tatillonne, légis­la­tions contrai­gnantes pour le tran­sit d’ex­plo­sifs et de matières dan­ge­reuses, absence d’in­fra­struc­tures rou­tières ou fer­ro­viaires adap­tées aux besoins mili­taires, les obs­tacles sont nom­breux au sein de l’U­nion pour per­mettre des mou­ve­ments de troupes rapides.

    « Il faut s’as­su­rer que les infra­struc­tures néces­saires existent, que les tun­nels sont pra­ti­cables, que les routes ont une lar­geur suf­fi­sante, que les ponts peuvent sup­por­ter le poids des maté­riels trans­por­tés », a expli­qué un diplomate.

    « L’U­nion euro­péenne peut aider en fai­sant réa­li­ser les infra­struc­tures là où elles sont néces­saires », notam­ment dans les pays d’Eu­rope de l’Est, a sou­li­gné un res­pon­sable militaire.

    L’UE a pré­vu des co-finan­ce­ments pour une dizaine de cor­ri­dors trans­na­tio­naux. Mais la déci­sion de les réa­li­ser, de même que leur uti­li­sa­tion à des fins mili­taires, relèvent de la sou­ve­rai­ne­té des Etats membres. « L’at­ti­tude de la Rus­sie impose de se concen­trer à nou­veau sur la défense du ter­ri­toire. Mais nous pou­vons avoir tous les équi­pe­ments pos­sibles, si nous ne pou­vons pas les ache­mi­ner là où il faut pour qu’ils soient effi­caces, alors c’est abso­lu­ment inutile », sou­ligne Eli­sa­beth Braw. (afp/nxp)

    https://​www​.24heures​.ch/​m​o​n​d​e​/​d​e​f​e​n​s​e​-​u​e​-​s​c​h​e​n​g​e​n​-​m​i​l​i​t​a​i​r​e​/​s​t​o​r​y​/​1​7​2​2​6​542

    Réponse
  3. ève

    Rien que le mot cor­ri­dor est sus­pect , à la manière des pas­sages secrets chez les châ­te­lains du pas­sé , en vue d’a­che­mi­ner on ne sait trop quoi ! La défense a bon dos !

    Réponse
  4. RV

    sur un cahier bien propre vous répé­te­rez 100 000 fois :
    « Quelle conne­rie la guerre »

    Réponse
  5. etienne

    [L’OTAN c’est la guerre] Nous sommes dans l’ère des nains, par George Kennan [1998]

    Affaires étran­gères : et main­te­nant, un mot de « X » (1998)

    Sa voix est main­te­nant un peu fra­gile, mais son esprit, même à l’âge de 94 ans, est tou­jours aus­si aigui­sé qu’auparavant. Alors, lorsque j’ai joint George Ken­nan au télé­phone pour avoir sa réac­tion à la rati­fi­ca­tion de l’extension de l’OTAN, ce ne fut pas une sur­prise de consta­ter que l’homme qui était l’architecte du suc­cès de la doc­trine du « contain­ment » de l’Union Sovié­tique, et l’un des plus grands hommes d’État du XXe siècle avait une réponse de prête.

    Je pense que c’est le début d’une nou­velle guerre froide, disait M. Ken­nan à par­tir de sa mai­son, à Prin­ce­ton. « Je pense que les Russes vont pro­gres­si­ve­ment réagir de façon adverse, et que cela aura un effet sur leurs poli­tiques. Je pense que c’est une erreur tra­gique. Il n’y a abso­lu­ment aucune rai­son de faire cela. Per­sonne n’était mena­cé. Cette exten­sion ferait se retour­ner dans leur tombe les pères fon­da­teurs de ce pays. Nous nous sommes enga­gés à pro­té­ger un grand nombre de pays, alors même que nous n’avons ni les res­sources ni l’intention de le faire de façon sérieuse. [L’extension de l’OTAN] était sim­ple­ment une action conduite avec insou­ciance par le Sénat qui n’a aucun inté­rêt réel pour les Affaires étrangères.

    « Ce qui m’ennuie, c’est le manque d’information et la super­fi­cia­li­té de l’ensemble du débat qui a eu lieu au Sénat » ajou­ta M. Ken­nan, qui était pré­sent lors de la créa­tion de l’OTAN, et dont l’article ano­nyme, en 1947 dans le jour­nal of Forei­gn Affairs (Jour­nal des Affaires étran­gères), signé « X », a défi­ni la poli­tique de contain­ment de l’Amérique pen­dant la guerre froide pour les 40 ans qui suivirent.

    « J’étais par­ti­cu­liè­re­ment ennuyé par les réfé­rences à la Rus­sie comme un pays mou­rant d’envie d’attaquer l’Europe de l’Ouest. Les gens ne com­prennent-ils pas ? Nos dif­fé­rends étaient avec le régime com­mu­niste sovié­tique. Et main­te­nant, nous tour­nons le dos à ces mêmes gens qui ont orga­ni­sé la plus grande révo­lu­tion de l’Histoire pour mettre fin à ce régime sovié­tique, et cela sans effu­sion de sang ! »

    « Et la démo­cra­tie russe est aus­si avan­cée, si ce n’est plus, que celle de n’importe lequel de ces pays que nous venons de nous enga­ger à défendre contre la Rus­sie. » dit M. Ken­nan, qui rejoi­gnit le Dépar­te­ment d’État en 1926, et fut ambas­sa­deur amé­ri­cain à Mos­cou en 1952. « Cela montre un manque de com­pré­hen­sion de l’histoire de la Rus­sie et de l’Union Sovié­tique. Bien sûr que cela va entraî­ner une réac­tion hos­tile de la part de la Rus­sie, et alors, ils [ceux qui auront choi­si d’étendre l’OTAN] diront qu’ils vous avaient bien dit que les Russes étaient comme cela. Mais c’est tout sim­ple­ment malhonnête. »

    On peut seule­ment se deman­der ce que les his­to­riens du futur diront.

    Si nous avons de la chance, ils diront que l’extension de l’OTAN à la Pologne, à la Répu­blique tchèque n’eurent aucune impor­tance, car le vide qu’elle était cen­sée rem­pla­cer avait déjà été com­blé, ce que l’équipe de Bill Clin­ton n’avait pas vu. Ils diront que les forces de la mon­dia­li­sa­tion inté­grant l’Europe, cou­plées aux nou­veaux accords de contrôle des arme­ments, eurent un effet si impor­tant que la Rus­sie, mal­gré l’extension de l’OTAN conti­nua son pro­ces­sus de démo­cra­ti­sa­tion et d’occidentalisation, et fût peu à peu entraî­née dans une Europe vague­ment unifiée.

    Si nous n’avons pas de chance, ce qu’ils diront, pré­dit M. Ken­nan, c’est que l’extension de l’OTAN a créé une situa­tion dans laquelle l’OTAN avait alors soit à s’étendre jusqu’aux fron­tières mêmes de la Rus­sie, déclen­chant une nou­velle guerre froide, soit à s’arrêter après l’inclusion de ces trois nou­veaux pays, et créer une nou­velle ligne de divi­sion en Europe.

    Mais il y a quelque chose que les his­to­riens du futur ne man­que­ront sûre­ment pas de remar­quer, et c’est l’absence com­plète d’imagination qui aura carac­té­ri­sé la poli­tique étran­gère des États-Unis à la fin des années 1990. Ils note­ront que les évé­ne­ments clés de ce siècle eurent lieu entre 1989 et 1992 – l’effondrement de l’Empire sovié­tique, qui avait les capa­ci­tés, les inten­tions impé­riales, et l’idéologie pour réel­le­ment mena­cer le monde libre. Que grâce à la réso­lu­tion de l’Occident, et au cou­rage des démo­crates russes, l’Empire sovié­tique s’effondra sans un coup de feu, engen­drant une Rus­sie démo­cra­tique, libé­ra les anciennes répu­bliques sovié­tiques, et mena à un accord de contrôle des arme­ments sans pré­cé­dent avec les États-Unis.

    Et quelle fut la réponse des États-Unis ? Ce fut d’étendre l’OTAN, l’alliance créée pen­dant la guerre froide contre l’URSS, et de la rap­pro­cher des fron­tières de la Russie.

    Oui, racon­tez à vos enfants et vos petits-enfants que vous viviez à l’âge de Bill Clin­ton et William Cohen, à l’âge de Made­leine Albright et San­dy Ber­ger, à l’âge de Trent Lott et Joe Lie­ber­man, et que vous aus­si étiez pré­sent lors de la créa­tion du nou­vel ordre de l’après-guerre froide, lorsque ces géants de la poli­tique étran­gère mirent leur cer­veau en com­mun pour pro­duire… une souris.

    Nous sommes dans l’ère des nains. La seule bonne nou­velle est que nous y sommes arri­vés en un seul mor­ceau car avant cela, il y eut un autre âge, l’ère des Grands Hommes d’État, qui avaient à la fois de l’imagination et du courage.

    Et alors qu’il me disait au revoir au télé­phone, M. Ken­nan ajou­ta juste une chose : « Ce fut toute ma vie, et cela me peine de la voir fichue en l’air à la fin. »

    Source : Tho­mas Fried­man, Forei­gn Affairs, 2 mai 1998

    Tra­duc­tion : http://​www​.les​-crises​.fr


    https://www.les-crises.fr/l‑ere-des-nain-kennan/

    Source : les​-crises​.fr Oli­vier Berruyer

    Réponse
  6. etienne
  7. etienne

    [Très impor­tant]

    L’OTAN, une alliance pour la guerre, au service des États-Unis

    par Daniele Ganser :
    httpv://www.youtube.com/watch?v=uE_ZFAyWcco

    Réponse
  8. etienne

    [Contre l’hys­té­rie rus­so­phobe, qui tous tire par les che­veux vers la guerre] 

    Affaire Skripal et accusation britannique : Libre opinion du général Delawarde

    Source : http://​www​.asa​france​.fr (Asso­cia­tion de sou­tien à l’Armée française)
    20 mars 2018

    En matière cri­mi­nelle, tout enquê­teur sérieux explore toutes les pistes pos­sibles et ne se limite pas à une seule. La recherche du mobile du crime, sur­tout lorsque celui ci est pré­mé­di­té, conduit bien sou­vent à la décou­verte de l’assassin ou de son commanditaire.

    L’affaire SKRIPAL, dont les réper­cus­sions poli­tiques inter­na­tio­nales sont très impor­tantes, semble poser aux enquê­teurs, aux poli­tiques, aux médias et aux opi­nions publiques un cer­tain nombre de ques­tions aux­quelles les réponses appor­tées jusqu’à pré­sent ne sont pas tota­le­ment satisfaisantes.

    1 – Quels sont les faits et les pre­miers résul­tats divul­gués par les enquê­teurs et inter­pré­tés par les poli­tiques et les médias à l’attention du grand public ?

    2 – La Rus­sie est-elle coupable ?

    3 – Si elle ne l’était pas, qui donc pour­rait avoir un mobile puis­sant et les moyens de réa­li­ser une telle action, pro­ba­ble­ment préméditée.

    La réponse à ces trois ques­tions en appelle évi­dem­ment d’autres sur l’analyse des réac­tions inter­na­tio­nales et sur leurs consé­quences possibles.

    *

    • Les faits et les réac­tions poli­tiques et médiatiques.

    Le 4 mars 2018 Ser­gueï Skri­pal, 66 ans, un ancien colo­nel des ser­vices de ren­sei­gne­ment mili­taires russes, ain­si que sa fille, ont été retrou­vés incons­cients aux abords d’un centre com­mer­cial de Salis­bu­ry, au Royaume-Uni. Recru­té comme agent double par les ser­vices bri­tan­niques en 1995 et condam­né en Rus­sie à 13 ans de pri­son pour tra­hi­son en 2004, M. Skri­pal a obte­nu l’asile au Royaume-Uni en 2010 après un échange d’agents de ren­sei­gne­ment entre la Rus­sie et les États-Unis. Selon les enquê­teurs bri­tan­niques, il s’agirait d’un empoi­son­ne­ment au gaz Novit­chok. L’utilisation du nom pré­cis de ce pro­duit mys­té­rieux et sup­po­sé mor­tel semble pour le moins maladroit.

    L’existence d’un tel pro­duit a été ren­du publique par le témoi­gnage dans les années 1990 d’un seul dis­si­dent russe, Vil Mir­zaya­nov (83 ans aujourd’hui), chi­miste mili­taire. Ce dis­si­dent a publié aux USA un livre « State Secrets » en 2007 dans lequel il aurait don­né quelques for­mules chi­miques à l’appui de ses révé­la­tions. Si ce fait est avé­ré le Novit­chok serait donc sor­ti, dès 2007 de l’exclusivité russe et aurait pu être fabri­qué par n’importe qui. Les révé­la­tions de Mir­zaya­nov n’ont jamais été confir­mées par aucune source indé­pen­dante, ni par aucun autre dissident.

    Mieux, l’Organisation onu­sienne pour l’Interdiction des Armes Chi­miques (OIAC) conclut dans un rap­port de 2013 d’un comi­té scien­ti­fique com­pre­nant des repré­sen­tants US, UK, France, Rus­sie et Alle­magne qu’ « elle n’a pas d’information suf­fi­sante pour se pro­non­cer sur l’existence et les pro­prié­tés du Novitchok »

    En 2016, le doc­teur Robin Black, chef du seul labo­ra­toire de détec­tion bri­tan­nique d’arme chi­mique de Por­ton écrit dans une publi­ca­tion scien­ti­fique (Royal Socie­ty of Che­mis­try): « les indices de l’existence éven­tuelle d’un tel pro­duit sont qua­si-inexis­tants et sa com­po­si­tion reste incon­nue. » (Robin Black. (2016) Deve­lop­ment, His­to­ri­cal Use and Pro­per­ties of Che­mi­cal War­fare Agents.)

    Les enquê­teurs bri­tan­niques ont donc réa­li­sé l’exploit d’identifier un pro­duit dont la com­po­si­tion est incon­nue de leur propre labo­ra­toire d’analyse spé­cia­li­sée dans le domaine !

    Avec le sou­tien ins­tan­ta­né et qua­si una­nime des médias, les poli­tiques bri­tan­niques n’ont pas tar­dé à dési­gner la Rus­sie comme res­pon­sable de cette « attaque contre le Royaume Uni » et ont expul­sé 23 diplo­mates russes. Ils ont tou­te­fois rechi­gné à four­nir un échan­tillon du pro­duit iden­ti­fié à l’OIAC (Orga­ni­sa­tion pour l’Interdiction des Armes Chi­miques), orga­nisme onu­sien recon­nu indé­pen­dant, et refu­sé bien sûr, de le four­nir à la Rus­sie, qui pro­po­sait son aide aux enquê­teurs bri­tan­niques. Pour­quoi donc ces cachotteries ?

    En pre­mière impres­sion, cette affaire ne paraît pas bien nette. L’hystérie poli­ti­co-média­tique immé­diate fait étran­ge­ment pen­ser à l’ « orches­tra­tion » de l’affaire des armes de des­truc­tion mas­sive de Sad­dam Hus­sein de 2003, mais pas que….. Une hys­té­rie sem­blable avait régné pen­dant 6 semaines lors de l’affaire de Timi­soa­ra (Rou­ma­nie) en 1989, lors de l’affaire des cou­veuses dont les méchants sol­dats de Sad­dam arra­chaient les nour­ris­sons en 1990, lors de l’affaire des gaz de la Gou­tha en 2013. Toutes ces affaires ont été recon­nues, a pos­te­rio­ri, comme des men­songes des­ti­nés à four­nir des pré­textes (faux évi­dem­ment) pour s’ingérer mili­tai­re­ment dans les affaires d’un état et en faire tom­ber le gouvernement.

    • La Rus­sie est-elle coupable ?

    Le pré­sident Pou­tine est tout sauf un imbé­cile. C’est du moins ce qu’en disent tous ceux, poli­tiques ou jour­na­listes occi­den­taux, qui l’ont rencontré.

    Ce pré­sident est aujourd’hui for­te­ment occu­pé par une série de défis ou de crises à résoudre de por­tée mon­diale : la crise ukrai­nienne, la crise syrienne, la crise nord coréenne, la crise de l’accord nucléaire ira­nien, l’élection pré­si­den­tielle russe à laquelle Pou­tine s’est por­té can­di­dat, la coupe du monde de foot­ball orga­ni­sée par son pays en Juin prochain…..etc….etc…

    Est-il seule­ment envi­sa­geable que cet homme très occu­pé décide, à 16 jours de l’élection pré­si­den­tielle russe et alors qu’il est déjà sous très forte pres­sion occi­den­tale sur l’affaire de la Gou­tha (Syrie), d’éliminer un ex-espion qu’il a lui-même libé­ré en 2010 et qui ne repré­sente plus aucune menace pour la Rus­sie depuis bien long­temps ? Sur­tout en connais­sant à l’avance l’hystérie poli­ti­co-média­tique occi­den­tale qui s’exercerait à l’encontre de son pays….. et pour­quoi choi­sir ce moment ?

    Ma réponse est non : cette hypo­thèse n’a pas une once de cré­di­bi­li­té et décré­di­bi­lise même com­plè­te­ment ceux qui la pri­vi­lé­gient et qui nous prennent pour des imbé­ciles. (Poli­tiques et médias)

    Est-il envi­sa­geable qu’un ser­vice offi­ciel russe ait échap­pé au contrôle de Pou­tine pour régler le compte de cet ex-agent sans en réfé­rer à Pou­tine, à ce moment pré­cis, juste avant la pré­si­den­tielle russe et de manière aus­si voyante ?

    Ma réponse est non : Le chef de ser­vice aurait été sui­ci­daire compte tenu des consé­quences poli­ti­co-média­tiques prévisibles …..

    Est-il seule­ment envi­sa­geable que de « méchants hommes de main russes du FSB » aient lais­sé leur « proie » ago­ni­ser sur un banc, près d’un centre com­mer­cial en pleine ville de Salis­bu­ry au vu et au su des passants ?

    Ma réponse est une nou­velle fois non : s’ils avaient vou­lu éli­mi­ner Skri­pal, les ser­vices spé­ciaux russes l’auraient fait pro­pre­ment, au moment oppor­tun et l’on n’aurait jamais retrou­vé le corps. Alors que Skri­pal était libé­ré depuis 8 ans, ils n’auraient pas choi­si de le faire à 16 jours de l’élection pré­si­den­tielle russe de 2018.

    La piste russe ne tient pas la route : pas de mobile, mau­vais choix de date, très mau­vaise exé­cu­tion du « tra­vail »… sous esti­ma­tion trop fla­grante de l’intelligence de Poutine.

    En revanche, il n’est pas exclu que ce meurtre ait été com­man­di­té auprès d’une mafia quel­conque comme il en existe beau­coup dans tous les pays euro­péens. L’habileté suprême du com­man­di­taire aurait alors été de choi­sir une mafia ukrai­nienne ou russe évi­dem­ment….. (Celles ci sévissent dans tous les pays occidentaux).

    • Ten­ta­tive de manipulation

    Si la piste russe offi­cielle est éli­mi­née, et compte tenu de l’hystérie rus­so­phobe poli­ti­co-média­tique qui a sui­vi, il faut en conclure que nous avons fait l’objet d’une ten­ta­tive de mani­pu­la­tion visant à sus­ci­ter une réac­tion de l’opinion publique rus­so­phobe, visant aus­si à accroître le niveau de ten­sion entre l’Union Euro­péenne et la Rus­sie et visant, peut être même, à pré­pa­rer l’opinion à des sanc­tions plus sérieuses pou­vant pro­gres­si­ve­ment dégé­né­rer vers un affron­te­ment armé.

    *

    Quel com­man­di­taire éta­tique pour­rait, aujourd’hui, avoir des rai­sons d’en vou­loir à la Rus­sie et la capa­ci­té d’agir tant sur le ter­rain, que sur les sphères poli­tiques et média­tiques bri­tan­niques pour obte­nir les résul­tats que nous obser­vons aujourd’hui ? Trois états au monde pour­raient rem­plir ces conditions.

    • Le pre­mier est incon­tes­ta­ble­ment Israël :

    Sur le théâtre syrien, la solide alliance qui lie actuel­le­ment la Rus­sie à la Syrie de Bachar El Assad, à l’Iran et au Hez­bol­lah est de plus en plus mal per­çue en Israël. Il suf­fit de lire la presse israé­lienne pour s’en convaincre. C’est en rai­son de cette alliance dont la Rus­sie est le maillon fort que le plan israé­lo-US de démem­bre­ment de la Syrie, pré­lude au remo­de­lage du Moyen-Orient n’a pas encore pu abou­tir après 7 ans de guerre.

    Les mul­tiples visites de Neta­nya­hu à Pou­tine pour le convaincre de lâcher l’Iran et la Syrie n’ont jamais réus­si à faire flé­chir ce der­nier. Il convien­drait donc d’agir et d’accroître la pres­sion sur lui pour le contraindre à lâcher du lest.

    Israël dis­pose, par le biais d’une dia­spo­ra riche et puis­sante et de nom­breux saya­nims, d’une influence consi­dé­rable et d’une capa­ci­té d’action dans le monde entier mais plus par­ti­cu­liè­re­ment aux États-Unis, au Royaume Uni et en France, pays dans les­quels il contrôle les médias les plus influents, la poli­tique étran­gère et même, à un cer­tain degré, les chefs d’état. Israël a faci­li­té l’élection de cer­tains chefs d’état par le biais de finan­ce­ment de cam­pagnes élec­to­rales par la dia­spo­ra et/ou par l’appui des médias que celle-ci contrôle. Son ser­vice de ren­sei­gne­ment, le Mos­sad, ne recule devant rien d’autant qu’il se sait aujourd’hui sou­te­nu dans le pays où il opère, tant au niveau poli­tique que médiatique.

    Si l’on consi­dère l’ampleur du conten­tieux qui oppose aujourd’hui la Rus­sie à Israël, pays tour­né vers l’action et dis­po­sant d’une grande capa­ci­té d’exécuter ou de com­man­di­ter tout type d’opération secrète sur tout ter­ri­toire, on ne peut pas exclure une piste israélienne.

    • Les États Unis ont, eux aus­si, d’excellentes rai­sons d’en vou­loir à la Rus­sie et les capa­ci­tés d’agir.

    Il est clair que la Rus­sie de Pou­tine porte de plus en plus ombrage à la domi­na­tion US sans par­tage du monde, sou­hai­tée par les néo­con­ser­va­teurs qui ont mani­fes­te­ment repris la main sur la poli­tique étran­gère US. Sur la plu­part des points chauds du globe, la diplo­ma­tie russe très active et brillante de Lavrov met en dif­fi­cul­té, voire l’emporte sur la diplo­ma­tie US d’autant qu’elle est sou­te­nue par des forces armées de plus en plus actives et effi­caces. La réus­site des blocs BRICS-OCS sous la hou­lette de la Chine et de la Rus­sie devient si inquié­tante que ces deux pays ont été pla­cés en tête de liste des menaces dans la der­nière « Stra­té­gie de Défense US 2018 ».

    Par ailleurs, l’alliance entre la Rus­sie et l’Iran et les bonnes rela­tions entre la Rus­sie et la Tur­quie font perdre pro­gres­si­ve­ment aux USA le contrôle du Moyen Orient, ce qui met en péril la défense du 51e état de l’union : Israël. Il n’est plus un secret pour per­sonne que la poli­tique étran­gère US et la CIA sont aujourd’hui sous contrôle qua­si exclu­sif de l’AIPAC (Ame­ri­can Israel Public Affairs Com­mit­tee) ou de ses affidés.

    Les Etats-Unis veulent aus­si, et peut être sur­tout, évi­ter, voire inter­dire, tout rap­pro­che­ment entre son prin­ci­pal vas­sal, l’UE, et la Rus­sie. Ils veulent, en par­ti­cu­lier, inter­dire, avant qu’il ne soit trop tard, la réa­li­sa­tion du gazo­duc north stream 2 qui faci­li­te­rait l’acheminement d’un gaz russe moins cher pour l’UE mais qui nui­rait à leurs propres inté­rêts gaziers.

    Bref, mettre un maxi­mum de pres­sion sur une Rus­sie trop forte et, selon les néo­con­ser­va­teurs US, mena­çante, est dans l’intérêt immé­diat des États-Unis. Créer une crise majeure entre l’UE et la Rus­sie est aus­si d’un inté­rêt majeur pour les USA. Un « mon­tage » anti-russe avec la com­pli­ci­té active du Royaume-Uni (poli­tiques et médias) est un jeu d’enfant d’autant que ces deux lar­rons ont quelques pré­cé­dents à leur actif….. (armes de des­truc­tion mas­sives en Irak). S’ils étaient malins, ils auraient pu rajou­ter au scé­na­rio de l’enquête cri­mi­nelle, quelques enre­gis­tre­ments de conver­sa­tions télé­pho­niques, en langue russe, entre les assas­sins pré­su­més. Leurs accu­sa­tions anti-russes en auraient été renforcées…..

    Les États-Unis peuvent donc incon­tes­ta­ble­ment être mis sur la liste des suspects

    • La « per­fide Albion », sur­nom fort bien por­té par le Royaume-Uni, compte tenu du nombre de coups tor­dus qu’elle a pu mon­ter dans l’histoire, ne manque pas, elle aus­si, de mobiles pour avoir conçu et exé­cu­té un tel mon­tage sur son territoire.

    Les ser­vices de The­re­sa May pour­raient avoir agi comme pois­son pilote des USA ou plus direc­te­ment d’Israël. L’ambassade de l’état hébreu à Londres a, en effet, des connec­tions et une influence extrê­me­ment fortes sur la poli­tique et les médias bri­tan­niques. Il faut rap­pe­ler que le Royaume Uni dis­pose de la 3e com­mu­nau­té la plus impor­tante de la dia­spo­ra après les USA et la France. Allié fidèle des États-Unis, le Royaume-Uni n’a jamais su leur refu­ser un service.

    Par ailleurs, The­re­sa May plu­tôt mal élue, sait fort bien qu’instiller la peur de la Rus­sie est tra­di­tion­nel­le­ment favo­rable aux conser­va­teurs. Elle a aujourd’hui grand besoin d’un ras­sem­ble­ment de son opi­nion publique face à « un enne­mi com­mun » fût-il ima­gi­naire. Cette affaire Skri­pal vient à point nom­mé pour ren­for­cer la cohé­sion nationale.

    La piste « Royaume Uni » agis­sant pour son compte où pour le compte d’un état tiers n’est donc pas tota­le­ment à exclure.

    *

    Quelles consé­quences faut-il attendre de cette farce politico-médiatique ?

    Pour la Rus­sie, il est pro­bable que le score de Pou­tine à l’élection pré­si­den­tielle soit meilleur qu’il ne l’aurait été sans cette affaire. Quand un pays se sent mena­cé, les élec­teurs se ras­semblent autour d’un homme fort et expé­ri­men­té, et Pou­tine est incon­tes­ta­ble­ment cet homme pour les Russes.

    Bien sûr, de nou­velles sanc­tions seront peut être pro­non­cées, creu­sant un peu plus le fos­sé qui nous sépare de la Rus­sie, à la grande satis­fac­tion des USA. La rus­so­pho­bie chro­nique d’une par­tie de notre « élite » poli­tique néo­con­ser­va­trice va pou­voir, avec l’aide des médias mains­tream, se répandre un peu plus dans la par­tie non négli­geable de l’opinion publique qui ne cherche pas à appro­fon­dir et que l’on gave, à lon­gueur de jour­née, avec des repor­tages et infor­ma­tions bidons.

    La Rus­sie, déjà sous sanc­tion, s’organisera tou­jours un peu plus, à l’écart de l’Union Euro­péenne avec les pays, tou­jours plus nom­breux, qui lui font confiance.

    L’Union Euro­péenne se tire­ra, une fois de plus, une balle dans le pied, en per­dant tout ou par­tie de ses posi­tions dans un pays aux grandes poten­tia­li­tés, à la plus grande satis­fac­tion de nos amis amé­ri­cains qui conti­nue­ront, sans ver­gogne, à nous impo­ser l’extraterritorialité de leur législation.

    En conclu­sion, je me gar­de­rai bien de dési­gner le cou­pable que nul ne connaî­tra jamais.

    Je me contente très sim­ple­ment de consta­ter que la piste d’une Rus­sie com­man­di­taire d’une ten­ta­tive de meurtre aus­si mal exé­cu­tée et à un moment aus­si mal choi­si n’est pas cré­dible et qu’une bonne par­tie de l’opinion publique euro­péenne le sait déjà.

    Si le ridi­cule tuait, nous aurions per­du Madame May, mon­sieur Boris John­son et sur­tout mon­sieur William­son, le ministre UK de la défense qui, lui, mal­gré ou à cause de sa jeu­nesse, a toutes les qua­li­tés d’un « fou-furieux ». Il reste à espé­rer que les auto­ri­tés fran­çaises ne les sui­vront pas trop long­temps et avec trop d’entrain sur la voie des « fake accusations ».

    Je constate aus­si que de bonnes rai­sons existent, pour cer­tains Etats, d’avoir réa­li­sé un tel mon­tage, d’autant qu’ils n’en seraient pas à leur coup d’essai (USA, Royaume Uni)….

    Quelques com­men­ta­teurs de ce texte crie­ront bien sûr à la « théo­rie du com­plot », mais ayant vécu, de l’intérieur du « sys­tème », des men­songes d’état relayés par des médias bien sub­ven­tion­nés, je reste tout à fait serein face à ce genre d’attaques dont je connais par­fai­te­ment les auteurs.

    À cha­cun, bien sûr, de se faire sa propre opi­nion sur l’affaire Skri­pal. La mienne est faite.

    Géné­ral Domi­nique DELAWARDE

    Dif­fu­sé par le site de l’ASAF : http://​www​.asa​france​.fr

    Source : https://​world​pea​ce​threa​te​ned​.com/​2​0​1​8​/​0​3​/​2​3​/​a​f​f​a​i​r​e​-​s​k​r​i​p​a​l​-​e​t​-​a​c​c​u​s​a​t​i​o​n​-​b​r​i​t​a​n​n​i​q​u​e​-​l​i​b​r​e​-​o​p​i​n​i​o​n​-​d​u​-​g​e​n​e​r​a​l​-​d​e​l​a​w​a​r​de/

    Réponse
  9. etienne

    Oli­vier Ber­ruyer sur RT France :

    « L’OTAN est en perdition stratégique » : Berruyer décrypte le projet de Schengen militaire de l’UE

    httpv://youtu.be/yf114pWNxs8

    Réponse
  10. etienne

    Bruno Guigue : L’affaire Skripal, nouvelle usine à gaz de la propagande occidentale

    Il faut avouer que la pas­sion de la pro­pa­gande occi­den­tale pour les gaz toxiques a quelque chose de fas­ci­nant. Des attaques chi­miques ima­gi­naires du gou­ver­ne­ment syrien au double empoi­son­ne­ment de Salis­bu­ry, la thé­ma­tique accu­sa­toire brille par sa répé­ti­tion, et la mau­vaise foi ota­nienne s’illustre par sa constance. Dans “l’affaire Skri­pal”, on veut donc nous faire croire que Mos­cou a ten­té d’assassiner un ex-espion russe et sa fille sur le sol bri­tan­nique. Des preuves ? Pas le moindre com­men­ce­ment. Rien ne prouve que le gaz “Novit­chok” ait été uti­li­sé pour com­mettre cette ten­ta­tive d’homicide. La meilleure façon de le savoir serait de trans­mettre un échan­tillon à l’Office inter­na­tio­nal des armes chi­miques (OIAC), mais Londres s’est bien gar­dé de le faire.

    De même, les Russes ont immé­dia­te­ment dit qu’ils étaient prêts à par­ti­ci­per à une enquête inter­na­tio­nale, mais les Bri­tan­niques n’en veulent pas. Pour­quoi ? Inutile de se le deman­der. Faute de preuves maté­rielles, le dos­sier de l’accusation a l’épaisseur d’un papier à ciga­rettes. Une semaine à peine après les faits, au terme d’une pseu­do-enquête, le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique a décla­ré que la Rus­sie était cou­pable. Une telle pré­ci­pi­ta­tion ferait rou­gir de honte n’importe quel ser­vice d’investigation judi­ciaire nor­ma­le­ment consti­tué. Et elle est d’autant plus sus­pecte que la charge anti-russe a été orches­trée en Occi­dent avec un achar­ne­ment qui fleure la pré­mé­di­ta­tion. Il fal­lait traî­ner la Rus­sie dans la boue. On l’a fait, avec une gros­siè­re­té sans précédent.

    Ancien colo­nel des ser­vices de ren­sei­gne­ment mili­taires russes, Ser­guei Skri­pal a été trou­vé incons­cient sur un banc, ain­si que sa fille, aux abords d’un centre com­mer­cial de Salis­bu­ry. Curieux pro­cé­dé pour des ser­vices secrets ! L’amateurisme du “modus ope­ran­di” devrait au moins faire dou­ter de leur impli­ca­tion. Et puis, qui est Skri­pal, au juste ? Recru­té comme agent double par les ser­vices bri­tan­niques en 1995, il est condam­né à 13 ans de pri­son pour tra­hi­son en 2004 par la Rus­sie. Au terme d’un échange d’agents de ren­sei­gne­ment rus­so-amé­ri­cain, il obtient l’asile au Royaume-Uni en 2010. Pour quelle rai­son Mos­cou aurait sup­pri­mé ce pai­sible retrai­té ? Exi­lé depuis huit ans, rien ne dit qu’il ait conser­vé des secrets com­pro­met­tants, ni qu’il ait repré­sen­té le moindre dan­ger pour la Russie.

    Ajou­tée à l’inexistence de preuves maté­rielles, cette absence déses­pé­rante de mobile ridi­cu­lise l’accusation occi­den­tale. Mais rien n’y fait. Pour les Occi­den­taux, hur­ler à l’assassin vaut démons­tra­tion de culpa­bi­li­té. Le pro­blème, c’est que cette arro­gance dis­si­mule dif­fi­ci­le­ment l’essentiel : The­re­sa May et ses col­lègues mentent comme des arra­cheurs de dents. Qui peut croire que le pou­voir russe a fait exé­cu­ter un de ses ex-agents sur le sol d’un pays-clé de l’OTAN, alors que règne un cli­mat de ten­sion sans pré­cé­dent avec cette orga­ni­sa­tion ? Qui peut croire que cette déci­sion, déjà invrai­sem­blable quant à ses motifs et gros­sière quant à son “modus ope­ran­di”, a été prise quinze jours avant l’élection pré­si­den­tielle russe ? Qui peut pen­ser, enfin, que Mos­cou s’est tiré une balle dans le pied sur la scène inter­na­tio­nale à la veille d’un suc­cès majeur – et pré­vi­sible – de poli­tique intérieure ?

    Véri­table châ­teau de cartes, cette accu­sa­tion ne tient pas une seconde. Pour en com­prendre les motifs, il faut appli­quer la preuve par les effets. On quitte alors le domaine des pro­cès fumeux pour rejoindre le ter­rain des réa­li­tés. Mal­gré l’encerclement mili­taire dont elle fait l’objet, la Rus­sie a conser­vé son sang-froid, et cer­tains pays euro­péens sont prêts à reprendre le dia­logue avec Mos­cou. La pro­vo­ca­tion de Salis­bu­ry vise pré­ci­sé­ment à dou­cher ces vel­léi­tés, à cou­per la Rus­sie de l’Europe en accu­sant Mos­cou de tous les maux. La Rus­sie mène le bal au Moyen-Orient au grand dam d’Israël et des USA. Elle n’a rien cédé sur la Cri­mée, défi­ni­ti­ve­ment retour­née dans le giron de la Mère-Patrie. Les néo­cons qui ont inves­ti le pou­voir à Washing­ton entendent lui faire payer ce double affront. En dia­bo­li­sant Mos­cou par Londres inter­po­sé, ils soudent leurs vas­saux face à l’ennemi mos­co­vite, clai­re­ment dési­gné dans la “Nou­velle stra­té­gie de sécu­ri­té des Etats-Unis” de Donald Trump.

    C’est pour­quoi le réqui­si­toire bri­tan­nique a été repris en chœur par des diri­geants occi­den­taux empres­sés de s’acquitter d’une soli­da­ri­té pav­lo­vienne avec le camp du Bien. Hor­mis l’Autriche et une poi­gnée de petits Etats-membres, l’Union euro­péenne s’est mise au garde-à-vous, le petit doigt sur la cou­ture du pan­ta­lon. Cette Europe vas­sa­li­sée par les USA, mais qui se pré­tend ”mena­cée” par la Rus­sie, a sur­tout mon­tré, une fois de plus, qu’elle est un nain poli­tique. Obéis­sant à l’injonction anti-russe, elle s’est ran­gée comme un seul homme der­rière le lea­der­ship anglo-saxon. A croire que rien de posi­tif ne sor­ti­ra jamais de ce grand corps mou, où une France jadis écou­tée a com­mis la faute, sous la direc­tion des “Young Lea­ders” qui la dirigent au pro­fit d’intérêts qui ne sont pas les siens, de se fondre dans la masse.

    Pour les Occi­den­taux, l’heure est donc à l’affrontement sym­bo­lique – pour l’instant – avec une Rus­sie dont Vla­di­mir Pou­tine a res­tau­ré la fier­té. L’affaire Skri­pal est la nou­velle usine à gaz occi­den­tale. Comme les cou­veuses de Koweit-City, la fiole chi­mique de Colin Powell ou les pseu­do-gazages de l’armée syrienne, le coup mon­té de Salis­bu­ry est aus­si un coup de clai­ron. Ses auteurs entendent per­pé­tuer la confron­ta­tion poli­tique et la sur­en­chère mili­taire avec Mos­cou. Ils veulent jus­ti­fier le dur­cis­se­ment de sanc­tions éco­no­miques des­ti­nées à entra­ver le redé­mar­rage de la Rus­sie et la mon­tée d’un monde mul­ti­po­laire. En fai­sant tour­ner les rota­tives de la pro­pa­gande, ils comptent divi­ser le monde en deux blocs, comme si le monde était encore celui de la guerre froide et n’avait pas enta­mé – de manière inexo­rable – son déport vers l’Est. Ce n’est pas un hasard si ce coup four­ré inter­vient au moment où Trump défie Mos­cou dans l’Est syrien, déclenche une guerre com­mer­ciale avec la Chine et nomme ce fou furieux de John R. Bol­ton comme conseiller à la sécu­ri­té nationale.

    Bru­no Guigue

    Source : Le Grand Soir,
    https://www.legrandsoir.info/l‑affaire-skripal-nouvelle-usine-a-gaz-de-la-propagande-occidentale.html

    Réponse
  11. etienne
    • ève

      Aucun dédoua­ne­ment ! Pas de titre , pas de dis­serte ! Je râle si je veux

      Réponse
  12. etienne

    L’affaire Skripal vue par Nafeez Ahmed

    Nous vous pro­po­sons aujourd’hui la vision de Nafeez Ahmed sur l’affaire Skri­pal. (Les​-crises​.fr)

    Le gouvernement britannique est en train de fabriquer son affaire d’agent neurotoxique en vue d’une « action » contre la Russie. Par Nafeez Ahmed

    Source : Insurge Intel­li­gence, Nafeez Ahmed, 13/03/2018

    Des mili­taires enquêtent sur l’empoisonnement au Novi­chok à Salisbury.

     
    Lun­di, la Pre­mière ministre The­re­sa May a annon­cé que l’ancien espion russe Ser­gey Skri­pal et sa fille Yulia ont été empoi­son­nés avec « un agent neu­ro­toxique de qua­li­té mili­taire d’un type déve­lop­pé par la Rus­sie » connu sous le nom de « Novichok ».

    L’agent chi­mique a été iden­ti­fié par le Labo­ra­toire des sciences et tech­no­lo­gies de la défense à Por­ton Down. May a fait réfé­rence au fait que le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique « sait que la Rus­sie a déjà pro­duit cet agent et serait encore capable de le faire » comme une bonne rai­son de conclure que la culpa­bi­li­té de la Rus­sie dans l’attaque « est hau­te­ment probable ».

    Pour ces rai­sons, elle a affir­mé que seuls deux scé­na­rios sont possibles :

    « Soit c’était un agis­se­ment direct de l’État russe contre notre pays. Ou bien le gou­ver­ne­ment russe a per­du le contrôle de cet agent neu­ro­toxique poten­tiel­le­ment catas­tro­phique et l’a lais­sé atter­rir entre les mains d’autres personnes ».

    La ligne du gou­ver­ne­ment bri­tan­nique a été reprise sans aucune cri­tique par l’ensemble de la presse mon­diale, avec peu d’attention à sa plausibilité.

    Mais il y a un pro­blème : loin d’offrir des preuves pré­cises pour une piste menant aux labo­ra­toires d’armes chi­miques de Vla­di­mir Pou­tine, l’utilisation du Novi­chok dans l’attaque au gaz neu­ro­toxique sur le sol bri­tan­nique indique un ensemble plus large de sus­pects poten­tiels, dont la Rus­sie est en fait le moins probable.

    La Rus­sie a effec­ti­ve­ment détruit ses capa­ci­tés d’agents neu­ro­toxiques selon l’OIAC [Orga­ni­sa­tion pour l’interdiction des armes chi­miques, en anglais Orga­ni­sa­tion for the Pro­hi­bi­tion of Che­mi­cal Wea­pons (OPCW), NdT]

    Pour­tant, un effort concer­té est entre­pris pour ren­ver­ser les faits.

    Un signe évident en est la décla­ra­tion de l’Ambassadeur Peter Wil­son, Repré­sen­tant per­ma­nent du Royaume-Uni auprès de l’OIAC, dans laquelle il affirme que la Rus­sie a « omis pen­dant de nom­breuses années » de divul­guer plei­ne­ment son pro­gramme d’armes chimiques.

    Wil­son répé­tait comme un per­ro­quet une allé­ga­tion faite un an plus tôt par le Dépar­te­ment d’État amé­ri­cain selon laquelle la Rus­sie n’avait pas fait une décla­ra­tion com­plète de son stock d’armes chi­miques : « Les États-Unis ne peuvent pas cer­ti­fier que la Rus­sie a rem­pli ses obli­ga­tions confor­mé­ment à la Convention. »

    Pour­tant, ces allé­ga­tions sont contre­dites par l’OIAC elle-même, qui a décla­ré en sep­tembre 2017 que l’agence mon­diale indé­pen­dante avait rigou­reu­se­ment véri­fié la des­truc­tion com­plète du pro­gramme d’armes chi­miques de la Rus­sie, y com­pris, bien sûr, ses capa­ci­tés de pro­duc­tion d’agents neurotoxiques.

    Le direc­teur géné­ral de l’OIAC, Ahmet Üzümcü, a féli­ci­té la Rus­sie en fai­sant l’annonce suivante :

    « L’achèvement de la des­truc­tion véri­fiée du pro­gramme d’armes chi­miques de la Rus­sie est une étape impor­tante dans la réa­li­sa­tion des objec­tifs de la Conven­tion sur les armes chi­miques. Je féli­cite la Rus­sie et je féli­cite tous les experts qui y ont par­ti­ci­pé pour leur pro­fes­sion­na­lisme et leur dévoue­ment. J’exprime éga­le­ment ma gra­ti­tude aux États par­ties qui ont aidé la Fédé­ra­tion de Rus­sie dans son pro­gramme de des­truc­tion et remer­cie le per­son­nel de l’OIAC qui a véri­fié la destruction. »

    Le com­mu­ni­qué de presse de l’OIAC a confir­mé que :

    « Le reste de l’arsenal d’armes chi­miques de la Rus­sie a été détruit au centre de des­truc­tion des armes chi­miques de Kiz­ner dans la Répu­blique d’Oudmourtie. Kiz­ner était le der­nier centre actif sur sept ins­tal­la­tions de des­truc­tion d’armes chi­miques en Rus­sie. Les six autres centres (Kam­bar­ka, Gor­ny, Mara­dy­kovs­ky, Leo­ni­dov­ka, Pochep et Shchu­chye) ont ter­mi­né leurs tra­vaux et ont été fer­mées entre 2005 et 2015. »

    Les rap­ports de l’OIAC sur la Rus­sie confirment que l’agence n’a trou­vé aucune preuve de l’existence d’un pro­gramme Novi­chok actif.

    Il convient de noter que le Doc­teur Robin M. Black, ancien­ne­ment du Labo­ra­toire des sciences et tech­no­lo­gies de la défense de Por­ton Down – qui aurait confir­mé l’utilisation de Novi­chok dans l’assassinat de Salis­bu­ry – siège au Conseil consul­ta­tif scien­ti­fique de l’OIAC. Pour­tant, un exa­men scien­ti­fique par le Dr Black a éga­le­ment sou­le­vé des doutes au sujet du Novi­chok, notant que ses pro­prié­tés et ses struc­tures n’avaient pas été confir­mées de façon indépendante.

    Voi­ci ce que le Dr Black de Por­ton Down a écrit à pro­pos des agents Novi­chok dans une étude scien­ti­fique publiée en 2016 par la Royal Socie­ty of Chemistry :

    Ces der­nières années, on a beau­coup spé­cu­lé sur le fait qu’une qua­trième géné­ra­tion d’agents neu­ro­toxiques, les “Novi­chok” (nou­veaux venus), a été mise au point en Rus­sie à par­tir des années 1970 dans le cadre du pro­gramme “Foliant “, dans le but de trou­ver des agents qui com­pro­met­traient les contre-mesures défen­sives. Les infor­ma­tions sur ces com­po­sés ont été rares dans le domaine public, la plu­part pro­ve­nant d’un chi­miste mili­taire russe dis­si­dent, Vil Mir­zaya­nov. Aucune confir­ma­tion indé­pen­dante des struc­tures ou des pro­prié­tés de ces com­po­sés n’a été publiée.

    Sur la base de ce type d’analyse, le conseil scien­ti­fique de l’OIAC, qui com­pre­nait le Dr Black de Por­ton Down en tant que repré­sen­tant du Royaume-Uni, a conclu que :

    « … on ne dis­pose pas d’informations suf­fi­santes pour se pro­non­cer sur l’existence ou les pro­prié­tés des ‘Novi­chok.’ »

    Donc, en bref, l’OIAC n’est pas d’accord avec la vague affir­ma­tion des États-Unis et du Royaume-Uni selon laquelle la Rus­sie n’a pas décla­ré tous ses stocks et ins­tal­la­tions d’armes chi­miques, et n’est pas d’accord avec l’affirmation selon laquelle des stocks ou des centres de pro­duc­tion Novi­chok existent en Rus­sie. Mais il semble que Son Excel­lence Peter Wil­son non plus.

    Dans une décla­ra­tion à l’OIAC en novembre 2017, l’ambassadeur Wil­son a féli­ci­té l’OIAC pour avoir véri­fié la des­truc­tion com­plète du pro­gramme d’armes chi­miques de la Rus­sie et a féli­ci­té son direc­teur, Ahmet Üzümcü. Wil­son a énu­mé­ré les nom­breuses réa­li­sa­tions de ce der­nier, y compris :

    « … l’achèvement de la des­truc­tion véri­fiée du pro­gramme d’armes chi­miques décla­ré de la Russie. »

    Oui, Wil­son a pré­ci­sé qu’il ne par­lait que du pro­gramme « décla­ré » de la Rus­sie, mais il n’a pas dénon­cé l’OIAC pour ne pas avoir trai­té un pro­gramme Novi­chok non décla­ré. Donc, dans quelle mesure sa récente insi­nua­tion selon laquelle la posi­tion de l’OIAC est erro­née est-elle crédible ?

    Sans doute, pas très. Parce que l’affirmation, qui a pour ori­gine le dépar­te­ment d’État, selon laquelle la Rus­sie n’a pas décla­ré toutes ses armes chi­miques, repose sur l’affirmation que sa capa­ci­té Novi­chok existe tou­jours. Mais le Dr Black de Por­ton Down et le Conseil consul­ta­tif scien­ti­fique de l’OIAC ont remis fon­da­men­ta­le­ment en ques­tion « l’existence » du Novichok.

    Le manque de cré­di­bi­li­té de la remise en ques­tion anglo-amé­ri­caine de la des­truc­tion par la Rus­sie de ses armes chi­miques a été invo­qué dans un rap­port détaillé du res­pec­té Clin­gan­dael Ins­ti­tute of Inter­na­tio­nal Rela­tions. Le rap­port, cofi­nan­cé par l’Union euro­péenne, cri­ti­quait les États-Unis pour avoir adop­té une approche poli­ti­sée inutile sur la ques­tion des armes chi­miques en rela­tion avec la Rus­sie, tout en retar­dant hypo­cri­te­ment ses propres obli­ga­tions de confor­mi­té, le tout d’une manière qui contour­nait les méca­nismes de l’OIAC. Cela vaut la peine de repro­duire l’intégralité du texte :

    « … sur le plan poli­tique, il y a eu quelques incon­vé­nients. Il est par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­sant de noter que les États-Unis ont ten­dance à expri­mer leurs inquié­tudes quant au res­pect des obli­ga­tions, alors que cet État est lui-même cri­ti­qué pour ses retards dans le désar­me­ment. En 2005, les États-Unis se sont décla­rés pré­oc­cu­pés par les pro­grammes actifs de recherche et de déve­lop­pe­ment (R&D) sur les armes chi­miques offen­sives, ain­si que par les décla­ra­tions inexactes concer­nant les trans­ferts pas­sés d’armes chi­miques et les ins­tal­la­tions d’armes chi­miques non décla­rées en Rus­sie, en Chine, en Iran, en Libye et au Sou­dan. Les États-Unis ont déci­dé de répondre à ces pré­oc­cu­pa­tions par des voies bila­té­rales, plu­tôt que d’engager direc­te­ment les méca­nismes for­mels de l’OIAC. Entre-temps, les États-Unis eux-mêmes ont été cri­ti­qués pour avoir expor­té des armes clas­sées comme “agents toxi­co­lo­giques” (notam­ment des gaz lacry­mo­gènes) vers de nom­breux pays du Moyen-Orient (entre 2009 et 2013). Depuis le 11 sep­tembre 2001, les États-Unis ont éga­le­ment inten­si­fié leur R&D sur les agents chi­miques non létaux, ain­si que de nou­veaux moyens de dis­tri­bu­tion et de dis­per­sion. La CAC [Conven­tion sur les armes chi­miques, NdT] (article II, para­graphe 2) couvre les com­po­sés chi­miques ayant des effets inca­pa­ci­tants ou irri­tants…. Avec le retard pris dans la des­truc­tion des stocks amé­ri­cains d’armes chi­miques, cela a por­té atteinte à la posi­tion des États-Unis au sein de la CAC, sapant son rôle de “lea­der”. Comme ces pro­blèmes de confor­mi­té ne sont tou­jours pas réso­lus, cela a éga­le­ment, ipso fac­to, affec­té l’autorité de la CAC, et donc de l’OIAC ». [emphase ajoutée]

    En d’autres termes, les États-Unis n’ont pas fait part de leurs pré­oc­cu­pa­tions concer­nant les Novi­choks non décla­rés de la Rus­sie par le biais des méca­nismes appro­priés via l’OIAC, mais seule­ment bila­té­ra­le­ment. Pourquoi ?

    Une expli­ca­tion pos­sible est qu’en ne tra­vaillant pas sur la ques­tion avec l’OIAC, les États-Unis ont effec­ti­ve­ment contour­né le pro­ces­sus de véri­fi­ca­tion inter­na­tio­nal par lequel la ques­tion des Novi­chok, si elle était réelle, pour­rait faire l’objet d’une enquête et d’une éva­lua­tion appro­priées. Cela a oppor­tu­né­ment per­mis aux États-Unis et à la Grande-Bre­tagne de pré­tendre, sans aucune preuve, que la Rus­sie ne res­pecte pas la Conven­tion sur les armes chi­miques en insis­tant sur le fait que ses appro­vi­sion­ne­ments et capa­ci­tés Novi­chok ne sont pas décla­rés. Pour­tant, c’est pré­ci­sé­ment le refus des États-Unis de divul­guer la ques­tion et de la faire trai­ter par l’OIAC, qui signi­fie que l’affaire peut être consi­dé­rée comme non réso­lue à jamais.

    Le coeur du pro­blème est le sui­vant : à ce stade, ni les États-Unis ni la Grande-Bre­tagne n’ont four­ni de preuves concrètes sur les rai­sons pour les­quelles le pro­ces­sus de véri­fi­ca­tion de l’OIAC concer­nant le déman­tè­le­ment par la Rus­sie de sa capa­ci­té de pro­duc­tion d’armes chi­miques ne devrait pas être cru. Ils n’ont four­ni aucune preuve que la Rus­sie conserve des stocks Novi­chok.

    L’OIAC est, bien enten­du, la même agence sur laquelle l’Occident s’appuie pour déter­mi­ner la culpa­bi­li­té des attaques majeures aux armes chi­miques en Syrie. Pour­quoi, alors, les conclu­sions de l’OIAC sur la Syrie seraient-elles consi­dé­rées comme parole d’évangile, alors que ses conclu­sions sur la Rus­sie sont rejetées ?

    Non seule­ment la presse a com­plè­te­ment igno­ré ces bizar­re­ries dans la posi­tion du gou­ver­ne­ment bri­tan­nique, mais elle a curieu­se­ment igno­ré que les affir­ma­tions de The­re­sa May contre­disent les décla­ra­tions publiques de Mirzayanov.

    L’Agence France Presse, par exemple, a décla­ré dans un para­graphe intro­duc­tif à une inter­view de Mir­zaya­nov, « Le chi­miste russe qui a révé­lé l’existence des agents neu­ro­toxiques ‘Novi­chok’ dit que seuls les Russes peuvent être der­rière l’utilisation de l’arme en Grande-Bre­tagne contre un ancien espion et sa fille ». Et pour­tant, l’article de l’AFP a conti­nué à rapporter :

    « La seule autre pos­si­bi­li­té », dit-il, « serait que quelqu’un ait uti­li­sé les for­mules de son livre pour fabri­quer une telle arme. »

    Le livre de Mir­zaya­nov, publié en 2008, contient les for­mules qu’il pré­tend uti­li­sables pour créer des Novi­chok. En 1995, il a expli­qué que « les com­po­sants chi­miques ou pré­cur­seurs du Novi­chok sont des orga­no-phos­phates ordi­naires qui peuvent être fabri­qués dans les entre­prises chi­miques com­mer­ciales qui fabriquent des pro­duits tels que les engrais et les pesticides ».

    Si ses affir­ma­tions sont un tant soit peu exactes, cela signi­fie que les Novi­chok peuvent être fabri­qués par qui­conque lit le livre de Mir­zaya­nov avec accès à un labo­ra­toire digne de ce nom. Ce qui signi­fie que l’affirmation de The­re­sa May selon laquelle les Novi­chok ne mènent qu’en Rus­sie n’est guère plus qu’une tromperie.

    D’autres États ont des capa­ci­tés Novi­chok, mais le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique ne veut pas enquê­ter à leur sujet.

    Le ver­dict fai­sant auto­ri­té de l’OIAC sur les capa­ci­tés de la Rus­sie en matière d’armes chi­miques aujourd’hui détruites devrait suf­fire à don­ner à qui­conque le temps de réflé­chir avant de se pré­ci­pi­ter vers le juge­ment concer­nant la res­pon­sa­bi­li­té de la Rus­sie dans l’attaque au Novichok.

    Au lieu de cela, le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique semble n’avoir aucun inté­rêt à enquê­ter sur le fait qu’il existe d’autres orga­nismes d’État ayant d’importantes capa­ci­tés en matière d’agents neu­ro­toxiques. Comme son allié, les États-Unis.

    Sous Boris Elt­sine, qui a rem­por­té les élec­tions russes grâce à l’ingérence secrète de l’Occident, le gou­ver­ne­ment russe avait décla­ré qu’il ne sto­ckait pas de Novi­chok. C’est pour­quoi Elt­sine n’a pas signa­lé l’existence du Novi­chok en ver­tu des conven­tions sur les armes chi­miques de l’époque – parce que la posi­tion offi­cielle de la Rus­sie était que les stocks n’existaient plus.

    Il s’avère que les Amé­ri­cains eux-mêmes ont été asso­ciés au déman­tè­le­ment des capa­ci­tés Novi­chok res­tantes de la Russie.

    En août 1999, comme l’a rap­por­té la BBC, des experts amé­ri­cains de la défense sont arri­vés en Ouz­bé­kis­tan pour « déman­te­ler et décon­ta­mi­ner l’une des plus grandes ins­tal­la­tions d’essais d’armes chi­miques de l’ex-Union sovié­tique ». L’installation était consi­dé­rée comme « un site de recherche majeur pour une nou­velle géné­ra­tion d’armes chi­miques secrètes et hau­te­ment létales, connues sous le nom de Novi­chok », et a don­né aux États-Unis l’occasion d’en apprendre davan­tage sur cet agent neu­ro­toxique et de le repro­duire à des fins d’essai et de défense.

    Mais il n’y a pas que les États-Unis. Selon Craig Mur­ray – ancien ambas­sa­deur des États-Unis en Ouz­bé­kis­tan et, avant cela, diplo­mate de longue date au Forei­gn Office du Royaume-Uni, qui a tra­vaillé en Afrique, en Europe de l’Est et en Asie cen­trale – le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique lui-même dis­pose de capa­ci­tés avan­cées en Novichok :

    « Le groupe ‘novo­chok’ d’agents neu­ro­toxiques – un terme très vague pour dési­gner sim­ple­ment une série de nou­veaux agents neu­ro­toxiques que l’Union sovié­tique déve­lop­pait il y a cin­quante ans – aura presque cer­tai­ne­ment été ana­ly­sé et repro­duit à Por­ton Down. C’est seule­ment pour cela que Por­ton Down existe. Il fabri­quait des pro­duits chi­miques et bio­lo­giques comme armes, et aujourd’hui encore, il les fabrique en petites quan­ti­tés afin de faire des recherches sur les défenses et les anti­dotes. Après la chute de l’Union sovié­tique, les chi­mistes russes ont mis à dis­po­si­tion un grand nombre d’informations sur ces agents neu­ro­toxiques. Et un pays qui a tou­jours fabri­qué des agents neu­ro­toxiques per­sis­tants très simi­laires est Israël. »

    Mais le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique ne veut pas enquê­ter sur Por­ton Down, pas même pour exclure la pos­si­bi­li­té qu’il ait « per­du le contrôle » de cer­tains de ses stocks de Novichok.

    Por­ton Down : fier d’expérimenter les gaz neu­ro­toxiques sur le public bri­tan­nique des années 1950 à 1989.

    Le gou­ver­ne­ment s’inquiète peut-être de ce qu’il pour­rait décou­vrir s’il pose trop de ques­tions sur Por­ton Down lui-même.

    L’installation a une his­toire quelque peu mou­ve­men­tée en ce qui concerne l’utilisation abu­sive des pro­grammes d’armes chi­miques et bio­lo­giques qui a été lar­ge­ment oubliée. Cette his­toire montre que le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique n’est pas du tout oppo­sé à l’utilisation d’armes chi­miques et bio­lo­giques sur sa propre popu­la­tion, juste pour voir ce qui se passe.

    Il y a deux ans, The Inde­pendent a ren­du compte d’une nou­velle recherche his­to­rique qui a révé­lé que pen­dant la Guerre froide, le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique « a uti­li­sé le grand public à son insu comme cobayes de guerre bio­lo­gique et chi­mique à une échelle beau­coup plus grande qu’on ne le pen­sait auparavant ».

    Plus de 750 opé­ra­tions secrètes avaient été menées sur « des cen­taines de mil­liers de Bri­tan­niques ordi­naires », impli­quant « des attaques de guerre bio­lo­gique et chi­mique lan­cées à par­tir d’avions, de navires et de véhi­cules routiers ».

    « Des avions mili­taires bri­tan­niques ont lâché des mil­liers de kilos d’un pro­duit chi­mique au poten­tiel toxique lar­ge­ment incon­nu sur les popu­la­tions civiles bri­tan­niques dans et autour de Salis­bu­ry dans le Wilt­shire, Car­ding­ton dans le Bed­ford­shire, et Nor­wich dans le Nor­folk… Des quan­ti­tés sub­stan­tielles ont éga­le­ment été dis­sé­mi­nées dans cer­taines par­ties de la Manche et de la mer du Nord. On ne sait pas dans quelle mesure les villes côtières d’Angleterre et de France ont été tou­chées…. les usa­gers du métro lon­do­nien ont éga­le­ment été uti­li­sés comme cobayes à une échelle beau­coup plus grande qu’on ne le pen­sait aupa­ra­vant. Les nou­velles recherches ont per­mis de décou­vrir qu’un essai de guerre bio­lo­gique sur le ter­rain, jusqu’alors incon­nu, a été effec­tué dans le réseau du métro de la capi­tale en mai 1964. L’opération secrète – menée par des scien­ti­fiques du centre de recherche sur la guerre chi­mique et bio­lo­gique du gou­ver­ne­ment à Por­ton Down, Wilt­shire – impli­quait la libé­ra­tion de grandes quan­ti­tés de bac­té­ries appe­lées Bacil­lus globigii… »

    La nou­velle étude montre éga­le­ment que bon nombre des scien­ti­fiques bri­tan­niques impli­qués « avaient de sérieuses appré­hen­sions au sujet des essais sur le ter­rain… cer­tains ont long­temps esti­mé qu’il n’était pas poli­ti­que­ment sou­hai­table de mener des essais à grande échelle en Grande-Bre­tagne avec des agents bac­té­riens vivants ». De telles réserves n’ont pas empê­ché le gou­ver­ne­ment d’autoriser ces expé­riences dangereuses.

    Por­ton Down a éga­le­ment effec­tué de nom­breux tests d’agents neu­ro­toxiques sur des sol­dats bri­tan­niques durant cette période.

    Moins connu, cepen­dant, est le fait que des membres des forces armées bri­tan­niques « ont été sou­mis à des expé­riences avec le Sarin, le gaz neu­ro­toxique mor­tel, aus­si tard qu’en 1983 au centre de recherche de défense du gou­ver­ne­ment à Por­ton Dow », selon des docu­ments du minis­tère de la Défense obte­nus par The Tele­graph. L’opération Ant­ler, comme on appe­lait l’enquête poli­cière sur les expé­riences, a révé­lé que les essais sur les agents neu­ro­toxiques s’étaient dérou­lés aus­si tard qu’en 1989.

    Il y a donc de bonnes rai­sons de ne pas se lais­ser entraî­ner ser­vi­le­ment dans le sillage de l’empressement du gou­ver­ne­ment bri­tan­nique à por­ter un juge­ment sur la Russie.

    Une uni­té de ren­sei­gne­ment bri­tan­nique secrète orga­nise acti­ve­ment des opé­ra­tions de pro­pa­gande sous forme de « coups mon­tés » pour incri­mi­ner les « adversaires ».

    Mais c’est par­ti­cu­liè­re­ment le cas étant don­né ce que nous savons main­te­nant de l’intention et des capa­ci­tés de dés­in­for­ma­tion des ser­vices de ren­sei­gne­ment bri­tan­niques lorsqu’ils traitent avec des « adversaires ».

    Les docu­ments de l’Agence de sécu­ri­té natio­nale divul­gués par le lan­ceur d’alerte Edward Snow­den ont révé­lé qu’une uni­té de ren­sei­gne­ments bri­tan­nique secrète, le Joint Threat Research and Intel­li­gence Group (JTRIG), uti­lise une série de « sales tours » contre des « nations, pirates, groupes ter­ro­ristes, cri­mi­nels pré­su­més et tra­fi­quants d’armes qui incluent la libé­ra­tion de virus infor­ma­tiques, l’espionnage de jour­na­listes et de diplo­mates, le brouillage de télé­phones et d’ordinateurs, et l’utilisation du sexe pour atti­rer des cibles dans des guet-apens », selon une enquête de NBC News.

    Bien qu’une grande par­tie de ces opé­ra­tions soit axée sur l’Internet, elles ont éga­le­ment pour objec­tif« d’avoir un impact dans le monde réel » et « d’utiliser des tech­niques en ligne pour déclen­cher quelque chose dans le monde réel ou en ligne ». Le modus ope­ran­di est de « détruire, dénier, dégra­der [et] per­tur­ber » les enne­mis en les « dis­cré­di­tant » et en intro­dui­sant des infor­ma­tions erro­nées des­ti­nées à don­ner l’impression que des actions ont été com­mises par eux.

    Les cam­pagnes de pro­pa­gande peuvent uti­li­ser la trom­pe­rie, la mes­sa­ge­rie de masse et la « pro­pa­ga­tion d’histoires » via Twit­ter, Fli­ckr, Face­book et You­Tube. Une sec­tion du docu­ment explique que de telles opé­ra­tions d’influence peuvent impli­quer des efforts directs pour mani­pu­ler le com­por­te­ment des gens afin de les ame­ner à des situa­tions compromettantes :

    « ‘Piège à miel’ ; une bonne option. Très réus­si quand ça marche.

    – Deman­dez à quelqu’un d’aller quelque part sur Inter­net, ou dans un lieu phy­sique où il sera accueilli par un ‘visage amical’.

    – Le JTRIG a la capa­ci­té de “façon­ner” l’environnement à l’occasion. »

    De telles capa­ci­tés et opé­ra­tions de trom­pe­rie au cœur de l’État bri­tan­nique sou­lèvent des ques­tions tout à fait rai­son­nables quant à savoir si les ser­vices de ren­sei­gne­ment bri­tan­niques cherchent déli­bé­ré­ment à accu­ser la Rus­sie pour des rai­sons géo­po­li­tiques – ou peut-être même à détour­ner l’attention d’alliés qui pour­raient être des sus­pects légitimes.

    Selon l’ancien diplo­mate bri­tan­nique Craig Mur­ray, par exemple, il est plus rai­son­nable de jeter le voile de sus­pi­cion sur Israël pour bon nombre des mêmes rai­sons que celles invo­quées par le gou­ver­ne­ment britannique.

    « Israël pos­sède les agents neu­ro­toxiques. Israël a le Mos­sad qui est extrê­me­ment doué pour les assas­si­nats à l’étranger. The­re­sa May a invo­qué la pro­pen­sion de la Rus­sie à assas­si­ner à l’étranger comme une rai­son spé­ci­fique de croire que la Rus­sie l’a fait. Le Mos­sad a une pro­pen­sion encore plus grande à assas­si­ner à l’étranger. Et alors que j’ai du mal à voir un motif russe pour nuire si gra­ve­ment à sa propre répu­ta­tion inter­na­tio­nale, Israël a une moti­va­tion claire pour nuire aus­si gra­ve­ment à la répu­ta­tion russe. L’action russe en Syrie a fon­da­men­ta­le­ment sapé la posi­tion israé­lienne en Syrie et au Liban, et Israël a toutes les rai­sons de por­ter atteinte à la posi­tion inter­na­tio­nale de la Rus­sie par une attaque visant à reje­ter la faute sur la Russie. »

    Mur­ray sou­ligne en outre qu’il est peu pro­bable que les Russes « aient atten­du huit ans pour le faire, ils auraient pu attendre après leur Coupe du Monde ». De même, il est peu logique d’assassiner sou­dai­ne­ment un « espion échan­gé » qui avait déjà pur­gé sa peine et vivait en toute liber­té depuis des années au Royaume-Uni.

    Mur­ray n’est pas un Rus­so­phile aveugle, et son ana­lyse cri­tique ne peut donc pas être reje­tée pour des rai­sons de par­ti­sa­ne­rie. Il se décrit lui-même comme « quelqu’un qui croit que des agents de l’État russe ont assas­si­né Lit­vi­nen­ko, et que les ser­vices de sécu­ri­té russes ont effec­tué au moins cer­tains des atten­tats à la bombe dans des appar­te­ments qui ont ser­vi de pré­texte à l’assaut bru­tal contre la Tchét­ché­nie. Je crois que l’occupation russe de la Cri­mée et de cer­taines par­ties de la Géor­gie est illégale ».

    Mais il aver­tit que, vu le manque de preuves cré­dibles sur cette affaire, il « s’inquiète des efforts fré­né­tiques des entre­prises de la sécu­ri­té, de l’espionnage et de l’armement pour atti­ser la rus­so­pho­bie et réchauf­fer la nou­velle guerre froide ».

    En effet, INSURGE vient de rendre compte d’une vaste étude de l’armée amé­ri­caine publiée l’année der­nière, qui non seule­ment affir­mait sans équi­voque que l’expansionnisme de l’OTAN est le prin­ci­pal moteur de la bel­li­gé­rance russe, mais que l’intérêt prin­ci­pal de l’OTAN a tou­jours été de faire recu­ler l’influence régio­nale de la Rus­sie afin que l’Occident puisse domi­ner les res­sources natu­relles et les routes des oléo­ducs d’Asie centrale.

    Le docu­ment pré­co­ni­sait qu’en 2018, les États-Unis envi­sagent de mener une cam­pagne « d’information » secrète et concer­tée pour saper Poutine.

    Est-ce que c’est ce que nous voyons à l’heure actuelle alors que The­re­sa May se pré­ci­pite pour sanc­tion­ner Poutine ?

    Cela nous ramène à ce qui suit. L’histoire réelle du Novi­chok montre que, par­mi les pays dont il est ques­tion ici, la Rus­sie est le seul État à avoir été cer­ti­fié par l’OIAC comme ayant détruit son pro­gramme d’armes chi­miques, y com­pris ses capa­ci­tés en matière d’agents neu­ro­toxiques. L’OIAC n’a trou­vé aucune preuve indi­quant que la Rus­sie conserve une capa­ci­té Novi­chok active. Il n’en va pas de même pour les États-Unis, la Grande-Bre­tagne et Israël.

    Il n’y a aucune rai­son légi­time pour les auto­ri­tés bri­tan­niques d’exclure que l’un ou l’autre de ces États puisse avoir au moins « per­du le contrôle » de ses stocks d’agents neu­ro­toxiques. Le fait que le gou­ver­ne­ment ait plu­tôt choi­si de fer­mer toutes les pistes d’enquête autres que l’affirmation fausse que la « seule pos­si­bi­li­té » est que toutes les pistes mènent à la Rus­sie, démontre que nous sommes presque cer­tai­ne­ment au milieu d’une opé­ra­tion de pro­pa­gande éta­tique concertée.

    Il se peut que la Rus­sie ait effec­ti­ve­ment mené l’attaque au Novi­chok. Mais à l’heure actuelle, l’État bri­tan­nique n’a aucune base réelle pour pré­su­mer cela. Ce qui implique que l’État a déjà déci­dé qu’il veut fabri­quer un plan pour inten­si­fier les hos­ti­li­tés avec la Rus­sie, quelles que soient les preuves. Et cela n’augure rien de bon.

    Nafeez Ahmed

    Nafeez Ahmed est le rédac­teur en chef fon­da­teur d’INSURGE Intel­li­gence. Nafeez est un jour­na­liste d’investigation depuis 16 ans, ancien­ne­ment du Guar­dian où il a fait des articles sur la géo­po­li­tique des crises sociales, éco­no­miques et envi­ron­ne­men­tales. Nafeez écrit sur le’changement de sys­tème glo­bal’ pour Mother­board de VICE, et sur la géo­po­li­tique régio­nale pour Middle East Eye. Il publie des articles dans The Inde­pendent on Sun­day, The Inde­pendent, The Scots­man, Syd­ney Mor­ning Herald, The Age, Forei­gn Poli­cy, The Atlan­tic, Quartz, New York Obser­ver, The New Sta­tes­man, Pros­pect, Le Monde diplo­ma­tique, entre autres publi­ca­tions. Il a rem­por­té à deux reprises le Pro­ject Cen­so­red Award pour ses repor­tages d’investigation ; deux fois dans la liste des 1 000 per­sonnes les plus influentes du Eve­ning Stan­dard ; et a rem­por­té le prix Naples, le prix lit­té­raire ita­lien le plus pres­ti­gieux créé par le Pré­sident de la Répu­blique. Nafeez est éga­le­ment un uni­ver­si­taire inter­dis­ci­pli­naire, lar­ge­ment publié et cité, qui applique l’analyse de sys­tèmes com­plexes à la vio­lence éco­lo­gique et politique.

    Source : Insurge Intel­li­gence, Nafeez Ahmed, 13/03/2018

    Tra­duit par les lec­teurs du site http://​www​.les​-crises​.fr. Tra­duc­tion libre­ment repro­duc­tible en inté­gra­li­té, en citant la source.

    Réponse
  13. etienne

    HYSTÉRIE COLLECTIVE
    par Éric Denécé

    https://www.facebook.com/notes/eric-den%C3%A9c%C3%A9/editorial-n-48-hyst%C3%A9rie-collective-eric-den%C3%A9c%C3%A9/10156198227934054/

    La crise diplo­ma­tique entre l’Occident et la Rus­sie ne cesse de prendre de l’ampleur,avec l’expulsion de près de 150 diplo­mates et « espions » russes de plus d’une ving­taine de pays d’Europe et d’Amérique du Nord[1]. Les rai­sons d’une telle réac­tion sont, offi­ciel­le­ment, une « riposte » à la ten­ta­tive d’attentat contre la per­sonne d’un ex-espion russe – Ser­gueï Skripal[2] – et de sa fille, à Salis­bu­ry, au Royaume-Uni, le 4 mars der­nier. Or, il convient de noter que cette incroyable cam­pagne anti­russe ne repose sur presque rien et que les réac­tions qu’elle sus­cite appa­raissent tota­le­ment disproportionnées.

    Un assassinat… sans mort et sans preuve

    Jusqu’à pré­sent, force est de consta­ter qu’aucune preuve irré­fu­table de la culpa­bi­li­té de la Rus­sie dans cette ten­ta­tive d’assassinat n’a été four­nie au public. Pour le moment, toutes les accu­sa­tions demeurent ver­bales. Consi­dé­rons rapi­de­ment les faits[3] :

    - indé­nia­ble­ment, une ten­ta­tive d’assassinat a bien eu lieu contre Skri­pal et sa fille ;

    - un poli­cier bri­tan­nique aurait été éga­le­ment contaminé[4] ;

    - mais il n’y pas eu dans cette affaire mort d’homme[5] ;

    - l’utilisation du Novi­chok n’est pas for­mel­le­ment prouvée ;

    - La manière dont la sub­stance neu­ro­toxique a été dif­fu­sée n’est pas clai­re­ment éta­blie : la police bri­tan­nique a tour à tour par­lé d’un cadeau empoi­son­né appor­té par Iou­lia Skri­pal, puis d’un gaz dif­fu­sé via le sys­tème de ven­ti­la­tion de la voi­ture de son père, pour enfin consta­ter qu’il y avait une forte concen­tra­tion de traces du pro­duit sur la porte d’entrée – à l’extérieur – du domi­cile de la victime.

    Cela fait beau­coup d’incertitudes qui ne per­mettent pas, en l’état actuel des choses, d’accuser Mos­cou de cette ten­ta­tive d’assassinat d’une manière catégorique[6], d’autant que d’autres zones d’ombre existent :

    - si le neu­ro­toxique uti­li­sé se révé­lait bien être du Novi­chok, cela ne serait pas la preuve irré­fu­table de son emploi par les ser­vices russes ou de l’implication de Mos­cou. En effet, la fin de la Guerre froide pour­rait très bien avoir per­mis à des orga­ni­sa­tions ou des puis­sances étran­gères de se pro­cu­rer ce pro­duit auprès du com­plexe mili­ta­ro-indus­triel de l’URSS, alors en pleine décom­po­si­tion. Il convient donc de res­ter pru­dent. Le pré­sident tchèque Milos Zeman a ain­si deman­dé à ses ser­vices de ren­sei­gne­ment de véri­fier si le Novi­chok pou­vait avoir été fabri­qué ou sto­cké dans son pays[7] ;

    - quand bien même Skri­pal aurait été ciblé par des Russes, encore fau­drait-il déter­mi­ner s’il s’agit de la mafia, des ser­vices, de dis­si­dents des ser­vices et si l’ordre a été don­né par Pou­tine lui même, ce que n’ont pas man­qué d’affirmer péremp­toi­re­ment les auto­ri­tés britanniques[8].

    Sur­tout, il est dif­fi­cile de voir l’intérêt qu’il y avait pour Mos­cou d’éliminer un indi­vi­du comme Skri­pal. Rap­pe­lons qu’il n’était que l’un des nom­breux ex-espions russes réfu­giés à Londres et l’un des moins dan­ge­reux. Cet ancien offi­cier du génie para­chu­tiste a pour­sui­vi sa car­rière dans les rela­tions inter­na­tio­nales à par­tir des années 1990 : il a été atta­ché mili­taire à Malte puis à Madrid avant de reve­nir à Mos­cou en 1996 pour rai­sons de san­té (dia­bète). A noter que si, dans le sys­tème russe, les atta­chés mili­taires sont admi­nis­tra­ti­ve­ment rat­ta­chés au GRU, les titu­laires de ces postes ne sont pas néces­sai­re­ment issus de ce ser­vice. Très peu d’entre eux sont au cou­rant des noms des agents clan­des­tins opé­rant dans leur pays de rési­dence. D’ailleurs la rela­tive « légè­re­té » de la condam­na­tion de Skri­pal – 13 ans de pri­son – pour avoir espion­né au pro­fit du Secret Intel­li­gence Ser­vice bri­tan­nique, montre bien qu’il n’a pu don­ner des infor­ma­tions stra­té­giques à ses offi­ciers-trai­tants, sans quoi il eut éco­pé de la per­pé­tui­té et n’aurait sans doute pas été échan­gé en 2010 contre d’autres membres du SVR arrê­tés aux États-Unis.

    De plus, Skri­pal vivait depuis sept ans en Angle­terre sous son iden­ti­té réelle, de manière trans­pa­rente et n’y menait pas d’activités antirusses[9]. Il ne repré­sen­tait donc aucun un dan­ger pour Mos­cou. On per­çoit donc mal l’intérêt pour le Krem­lin de l’éliminer même si cer­tains font le lien avec le dis­cours de Pou­tine mi-février devant les membres des ser­vices. Dans son allo­cu­tion, le pré­sident russe a en effet décla­ré qu’il ne par­don­ne­rait jamais les tra­hi­sons. Dès lors, cer­tains com­men­ta­teurs en ont tiré la conclu­sion pour le moins hasar­deuse qu’il s’agissait d’un appel au crime. Cela n’a guère de sens. En effet, il n’est pas dans la tra­di­tion des ser­vices de quelque pays que ce soit d’éliminer quelqu’un que l’on a échan­gé. Au demeu­rant, ces « obser­va­teurs » omettent de rap­por­ter que, dans ce même dis­cours, le pré­sident russe a appe­lé à réta­blir le dia­logue avec les ser­vices américains[10].

    Ain­si, pour le moment, les Bri­tan­niques n’ont four­ni ni aux médias ni à l’opinion de preuve concrète de leurs accu­sa­tions à l’égard de la Rus­sie… qu’attendent-ils donc pour le faire ! S’ils en ont la preuve irré­fu­table, que ne la pro­duisent-ils publi­que­ment ? Sans doute consi­dèrent-ils qu’une accu­sa­tion toni­truante et un bat­tage média­tique intense suf­fisent à convaincre le monde de la culpa­bi­li­té de Pou­tine. Mais pour l’instant, les Bri­tan­niques n’ont fait qu’accuser gra­tui­te­ment Mos­cou, le som­mant de prou­ver son inno­cence, ce qui sur le plan juri­dique est une scan­da­leuse inver­sion de la charge de la preuve et semble n’avoir cho­qué per­sonne ! Londres a éga­le­ment refu­sé la coopé­ra­tion des Russes pour cette enquête, ce qui ne manque pas de poser la ques­tion de leur inté­rêt à ne pas ouvrir le dos­sier à d’autres acteurs[11].

    Enfin, si les preuves étaient produites[12] et qu’il soit démon­tré que cette action ait bien été ordon­née par le Krem­lin et exé­cu­tée par ses ser­vices, rap­pe­lons que Skri­pal est un traître à son pays. Dans la mesure où il pour­rait avoir livré au SIS les noms d’officiers et d’agents russes, il n’est pas illé­gi­time que des proches de ceux qui ont été vic­times de sa tra­hi­son cherchent à se venger.

    Ce ne sont pas les Amé­ri­cains qui diront le contraire, eux qui n’ont de cesse de pour­suivre Edward Snow­den et Julian Assange pour avoir révé­lé des infor­ma­tions por­tant atteinte à leur sécu­ri­té natio­nale. Certes, les deux hommes n’ont pas fait l’objet de ten­ta­tive d’assassinat, mais les menaces pro­fé­rées à leur encontre et les pres­sions exer­cées sur ceux qui les hébergent sont sans équi­voque ; Washing­ton n’a jamais caché son inten­tion de leur faire payer leur tra­hi­son (Snow­den) et leur com­pli­ci­té (Assange[13]).

    Deux poids, deux mesures

    En l’état actuel des choses, nous sommes conduits à mettre en doute les affir­ma­tions des auto­ri­tés bri­tan­niques, reprises par les Amé­ri­cains, car nous n’oublions pas que les plus hauts repré­sen­tants de ces deux Etats ont, dans un pas­sé récent, effron­té­ment men­ti au monde.

    En 2003, les Amé­ri­cains ont enva­hi l’Irak, sur la base de ren­sei­gne­ments faux (armes de des­truc­tion mas­sive) ou en par­tie fabri­qués par Donald Rum­sfeld et son Office of Spe­cial Plans (OSP) co-diri­gé par Paul Wol­fo­witz et Dou­glas Feith. Dans le cadre de ce conflit, le Pre­mier ministre bri­tan­nique Tony Blair, assis­té de son Spin Doc­tor Alas­tair Camp­bell, faute d’arguments four­nis par ses ser­vices – car il n’en exis­tait pas –, a sans ver­gogne uti­li­sé des élé­ments sans aucune valeur scien­ti­fique issus du mémoire de mas­ter d’un étu­diant qui pré­ten­dait que Sad­dam dis­po­sait de mis­siles équi­pés d’armes de des­truc­tion mas­sive pou­vant être tirés en moins de 40 minutes. À l’époque, le direc­teur du SIS, Richard Dear­love, pour­tant par­fai­te­ment conscient du men­songe de ses diri­geants se tînt coi. Pire encore, il appuya les Amé­ri­cains dans leur stra­té­gie afin que ne se pro­duise pas de décou­plage entre les deux rives de l’Atlantique, ce que les sujets de sa majes­té redoutent par des­sus tout. Ain­si, le SIS s’est ren­du plei­ne­ment com­plice de cette supercherie[14] et sa cré­di­bi­li­té a été lar­ge­ment enta­mée. Il n’est donc plus pos­sible de prendre pour argent comp­tant ce que déclarent Londres et ses services.

    Par ailleurs, les accu­sa­tions et les rétor­sions dont la Rus­sie fait l’objet pour avoir vio­lé – à tra­vers cet acte, comme via ses nom­breuses cybe­rat­taques sup­po­sées – les règles du droit inter­na­tio­nal, laissent son­geur. En effet, il convient de rap­pe­ler, qu’en la matière, les Amé­ri­cains et leurs alliés ont fait bien pire.

    - En 2003, les Etats-Unis ont enva­hi illé­ga­le­ment l’Irak, bafouant à la fois le droit inter­na­tio­nal et le vote des Nations Unies, fabri­quant les preuves dont ils avaient besoin pour jus­ti­fier leur agres­sion. Ils ont ren­ver­sé le régime de Sad­dam – ce que per­sonne ne regrette -, créant un chaos dont les consé­quences se font tou­jours sen­tir aujourd’hui et qui a per­mis l’éclosion de Daech.

    - Rap­pe­lons éga­le­ment que les Amé­ri­cains et cer­tains de leurs alliés opèrent aujourd’hui illé­ga­le­ment sur le ter­ri­toire d’un État sou­ve­rain, tou­jours recon­nu par l’ONU : la Syrie. Dans ce pays – dont le régime a été « noir­ci » à l’envi par les médias occi­den­taux -, les seules forces étran­gères pré­sentes léga­le­ment sur le ter­rain sont celles aux­quelles a fait offi­ciel­le­ment appel le gou­ver­ne­ment de Damas : Rus­sie, Iran, Hez­bol­lah. Les autres sont des intrus, que cela nous plaise ou non, car il n’y a pas deux droits internationaux.

    - Dans le cadre de son action en Syrie, Washing­ton a armé, consciem­ment et incons­ciem­ment, divers groupes dji­ha­distes qui ont per­pé­tré de nom­breux atten­tats et mas­sacres contre la popu­la­tion de ce pays, ce que les médias pro-occi­den­taux passent sous silence.

    - Rap­pe­lons aus­si que depuis le 24 août 2016 – date du déclen­che­ment de l’opération Bou­clier de l’Euphrate -, la Tur­quie est éga­le­ment entrée illé­ga­le­ment en Syrie pour y mener une guerre contre les Kurdes, qui sont pour­tant chez eux, pro­vo­quant de nom­breuses vic­times civiles, sans que l’Occident ni la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale ne s’insurge de cette vio­la­tion fla­grante du droit inter­na­tio­nal et de l’intégrité ter­ri­to­riale de ce pays.

    - De même, l’Arabie saou­dite, grand allié régio­nal des États-Unis, et les Émi­rats arabes unis, ont déclen­ché une guerre san­glante contre les Hou­this au Yémen. Certes, le gou­ver­ne­ment « légal » mais mino­ri­taire d’Aden a lan­cé un appel à l’aide inter­na­tio­nale pour vaincre ces rebelles. Tou­te­fois, cela ne jus­ti­fie en rien les mas­sacres et des­truc­tions (ciblage déli­bé­ré des popu­la­tions civiles et d’infrastructures éco­no­miques vitales) qui carac­té­risent cette opé­ra­tion, laquelle a lieu avec le sou­tien moral et logis­tique des Amé­ri­cains, des Bri­tan­niques et des Fran­çais. Elle a engen­dré une catas­trophe huma­ni­taire sans pré­cé­dent que les médias Mains­tream évoquent à peine.

    - Enfin, nous ne sau­rions oublier les nom­breuses vic­times inno­centes des frappes de drones amé­ri­cains effec­tuées dans le cadre contre la Guerre contre le ter­ro­risme (GWOT), ni les « erreurs » de ciblage dont les Amé­ri­cains semblent cou­tu­miers (ambas­sade chi­noise à Bel­grade en 1999, hôpi­tal de Méde­cins du Monde en Afgha­nis­tan en 2015, etc.)

    Aucune de ces actions n’a don­né lieu à une condam­na­tion de la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale, pour­tant ouver­te­ment mépri­sée par les auteurs de ces actes, ni à l’expulsion de diplo­mates amé­ri­cains, bri­tan­niques, turcs ou saou­diens par la Rus­sie ou les autres Etats qui se disent indé­pen­dants et res­pec­tueux du droit inter­na­tio­nal… dont la France ! Washing­ton et ses auxi­liaires ont impo­sé au monde leur ver­sion très per­son­nelle du droit inter­na­tio­nal, et leurs nom­breux affi­dés s’y sont pliés sans broncher. 

    Une autre illus­tra­tion de cette triste réa­li­té a été don­née lorsque, dans le cadre de la GWOT, les États-Unis ont mul­ti­plié les enlè­ve­ments extra-judi­ciaires à l’étranger (Ren­di­tions) et ont auto­ri­sé leurs ser­vices à employer la tor­ture, allant jusqu’à léga­li­ser et for­ma­li­ser son usage avec l’aide de nom­breux juristes. Face à une telle dérive, indigne d’une démo­cra­tie et d’une civi­li­sa­tion se disant « évo­luée », quelles sont les voix qui se sont éle­vées ? Com­bien ont rom­pu les rela­tions diplo­ma­tiques avec Washing­ton ou ren­voyé ses diplo­mates ? Nous cher­chons tou­jours. Et il en est allé de même lorsqu’il fut révé­lé que les Amé­ri­cains avaient mis la pla­nète sur écoute, espion­nant jusqu’à leurs ser­viles alliés euro­péens. Seules quelques timides pro­tes­ta­tions furent émises, mur­mures à peine audibles et bien vite oubliés.

    Ain­si, l’ampleur de la cam­pagne anti­russe semble bien rele­ver d’une stra­té­gie déli­bé­rée et non d’une réac­tion indi­gnée à d’hypothétiques vio­la­tions de règles inter­na­tio­nales de l’espionnage. Cela explique les réac­tions tota­le­ment dis­pro­por­tion­nées qu’a engen­dré cette affaire. Au pas­sage, il est pitoyable de consta­ter le com­por­te­ment de mou­tons de Panurge des pays euro­péens – dont encore une fois la France[15] -, au nom d’une soi-disant soli­da­ri­té euro­péenne, suite à des preuves que leur aurait four­nies le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique, mais dont per­sonne hors des cercles gou­ver­ne­men­taux n’a vu la cou­leur. Il est vrai qu’on ne demande pas aux médias de recou­per l’information mais de la relayer, ni aux opi­nions de réflé­chir, mais de croire ! Nous assis­tons en consé­quence à une véri­table dia­bo­li­sa­tion de la Rus­sie, cer­tains Bri­tan­niques allant jusqu’à pro­cé­der à un amal­game pitoyable entre la pré­si­dence Pou­tine et le troi­sième Reich !

    Punir la Russie… d’exister !

    Au-delà de la ten­ta­tive d’assassinat contre Skri­pal, la riposte occi­den­tale s’inscrit plus lar­ge­ment dans une volon­té de réagir aux « nom­breuses agres­sions dont la Rus­sie est res­pon­sable ». Citons pêle-mêle l’annexion de la Cri­mée, le sou­tien aux sépa­ra­tistes du Don­bass, les cybe­rat­taques contre l’OTAN, les ten­ta­tives de per­tur­ba­tion des élec­tions amé­ri­caines, le sou­tien au régime de Bachar, etc. 

    Pour les Occi­den­taux, c’est pro­pre­ment insup­por­table, car bien sûr, eux ne se sont jamais livrés à de telles actions. La CIA n’a jamais cher­ché à influer sur l’issue d’élections (cf. la suc­ces­sion d’Eltsine) ou à ins­tal­ler des régimes favo­rables à ses inté­rêts dans le monde. Les États-Unis n’ont pas sou­te­nu la pseu­do révo­lu­tion ukrai­nienne de Maï­dan qui a ren­ver­sé le régime – indé­nia­ble­ment pour­ri – du pré­sident Ianou­ko­vitch, pour­tant léga­le­ment élu en pré­sence d’observateurs de l’OSCE qui avaient jugé le scru­tin « trans­pa­rent et hon­nête » ! De plus, il est bien connu que les Amé­ri­cains ne se livrent pas à l’espionnage, pas même contre leurs alliés euro­péens et n’écoutent jamais leurs diri­geants poli­tiques. Enfin, Washing­ton n’essaie pas non plus de désta­bi­li­ser les régimes ira­nien ou véné­zué­lien. Non, les Occi­den­taux sont irréprochables !

    Certes, depuis deux décen­nies, les ser­vices russes – et sur­tout chi­nois – ont redé­ployé leurs réseaux de ren­sei­gne­ment d’autant plus faci­le­ment que les ser­vices de sécu­ri­té occi­den­taux ont, à par­tir de 2002, délais­sé le contre-espion­nage pour se foca­li­ser sur la lutte contre le ter­ro­risme isla­mique. Mais lorsque l’on accuse Mos­cou d’espionnage – ce qui est une réa­li­té –, il convient de ne pas oublier que si Skri­pal et d’autres ex-offi­ciers de ren­sei­gne­ment russes sont aujourd’hui réfu­giés au Royaume-Uni et aux États-Unis, c’est bien la preuve que les pays occi­den­taux espionnent aus­si allè­gre­ment leur rival russe… ce dont per­sonne ne semble s’offusquer[16].

    Cette ten­ta­tive d’assassinat du trans­fuge russe est une aubaine pour les États-Unis. En effet, depuis près de deux ans, les membres de l’Establishment amé­ri­cain – répu­bli­cains et démo­crates mêlés – tentent par tous les moyens de faire tom­ber le pré­sident Trump, lequel n’est pas issu de leur monde et ne par­tage pas leurs inté­rêts de classe. À cet effet, ils ne cessent de bran­dir l’argument des liens cou­pables que lui et les membres de son entou­rage entre­tien­draient avec le Krem­lin. Tout cela sans preuve. Mais ces attaques à répé­ti­tion contre l’hôte de la Mai­son-Blanche per­mettent au pas­sage de dis­si­mu­ler les mal­ver­sa­tions dont s’est ren­due cou­pable Hil­la­ry Clin­ton afin de ravir l’investiture démo­crate à Ber­nie San­ders lors des der­nières élec­tions pré­si­den­tielles, les magouilles judi­ciaires et finan­cières des Clin­ton et d’Obama sur les­quelles la jus­tice d’outre-Atlantique enquê­te­ra peut-être un jour, et les dys­fonc­tion­ne­ments graves de la « démo­cra­tie » amé­ri­caine qui vit sous la menace per­ma­nente du Shut Down en rai­son de ses que­relles poli­tiques internes[17]. Relan­cer la Guerre froide, sous une forme ou sous une autre, est donc la seule solu­tion qu’ont ima­gi­né les édiles d’outre-Atlantique pour résoudre leurs graves pro­blèmes internes et refaire l’unité d’un pays dont les classes diri­geantes s’entre-déchirent.

    Para­doxa­le­ment, ce pro­cès en sor­cel­le­rie de la Rus­sie ne semble guère du goût de Donald Trump. À l’occasion de cette crise, le pré­sident amé­ri­cain s’est mon­tré bien moins caté­go­rique que la majo­ri­té des élus amé­ri­cains. Les féli­ci­ta­tions qu’il a adres­sées à Vla­di­mir Pou­tine à l’occasion de sa réélec­tion ont ain­si été cri­ti­quées par les grands médias amé­ri­cains qui l’ont accu­sé de réti­cence à cri­ti­quer fron­ta­le­ment son homo­logue russe.

    La légitime réaction de Moscou

    Ces pro­vo­ca­tions constantes à l’égard de Moscou[18], mal­gré l’étonnante mesure dont Pou­tine a fait preuve, ont conduit les Russes à réagir, fai­sant mal­gré eux le jeu des Amé­ri­cains et les aidant dans leur stra­té­gie machiavélique.

    Rap­pe­lons qu’à l’issue de la Guerre froide, un cer­tain nombre d’accords furent signés entre les Occi­den­taux et le nou­veau régime russe (trai­té de limi­ta­tion des arme­ments, enga­ge­ment de non exten­sion de l’OTAN, etc.). Aucun n’a été res­pec­té et Washing­ton n’a ces­sé de cher­cher à affai­blir Mos­cou. Néan­moins, la Rus­sie a appor­té son sou­tien aux opé­ra­tions anti­ter­ro­ristes amé­ri­caines en Afgha­nis­tan (2002) en met­tant à leur dis­po­si­tion cer­taines de ses bases aériennes et en coopé­rant en matière de ren­sei­gne­ment. Les États-Unis ne leur en furent jamais reconnaissants. 

    Puis à l’occasion des soi-disant « révo­lu­tions arabes » (2011), les Occi­den­taux ont sys­té­ma­ti­que­ment outre­pas­sé les réso­lu­tions de l’ONU aux­quelles les Russes s’étaient asso­ciés, notam­ment en Libye (réso­lu­tion 1973), pour pro­vo­quer des chan­ge­ments de régimes… plus ou moins heu­reux et durables. 

    Devant ces trom­pe­ries et humi­lia­tions à répé­ti­tion, la Rus­sie ne pou­vait indé­fi­ni­ment res­ter sans réagir. Dans un pre­mier temps (2014), Mos­cou a déci­dé de ne pas aban­don­ner les popu­la­tions rus­so­phones du Don­bass et a tiré par­ti du chaos créé par la « révo­lu­tion » ukrai­nienne – pilo­tée par des groupes d’extrême-droite sou­te­nus par l’Occident – afin de « récu­pé­rer » la Cri­mée par des moyens tout aus­si irré­gu­liers que ceux qui ont conduit au ren­ver­se­ment de Ianou­ko­vitch. Depuis, les Russes conti­nuent d’apporter leur sou­tien aux habi­tants d’Ukraine orien­tale, que Kiev cherche à remettre au pas par les armes.

    Dans un second temps, Vla­di­mir Pou­tine a déci­dé d’intervenir en Syrie à la demande légale du gou­ver­ne­ment de Damas (2015). L’entrée en action des forces russes a signi­fi­ca­ti­ve­ment contri­bué à sau­ver le régime de Bachar El-Assad ain­si que les mino­ri­tés chré­tiennes, druzes, alaouites et les sun­nites qui le sou­tiennent et qui vivent depuis 2011 sous la menace constante d’une bar­ba­rie isla­mique infi­ni­ment pire qu’un régime autoritaire.

    Fina­le­ment, ce retour de la Rus­sie au pre­mier rang de la géo­po­li­tique mon­diale paraît davan­tage être le résul­tat des pro­vo­ca­tions répé­tées de l’Occident – en réa­li­té des États-Unis – à leur égard, que d’une volon­té pla­ni­fiée de réaf­fir­mer urbi et orbi, une puis­sance déchue. Mais aus­si­tôt que ce retour s’est pro­duit, les appren­tis sor­ciers qui ont tout fait pour le pro­vo­quer ont jubi­lé car la menace incon­sis­tante qu’ils évo­quaient pre­nait enfin forme, leur don­nant rai­son… mais selon quel stra­ta­gème machiavélique !

    Il demeure pour­tant ahu­ris­sant de consi­dé­rer que Mos­cou menace les Occi­den­taux. Rap­pe­lons que le bud­get de défense russe est neuf fois infé­rieur à celui des États-Unis et qu’il est éga­le­ment deux fois infé­rieur à ceux de la France, du Royaume Uni et de l’Allemagne cumu­lés. Il ne repré­sente qu’1/13e de celui de l’OTAN… On aime­rait com­prendre qui menace qui ? D’autant que suite à sa réélec­tion, le 18 mars der­nier, Vla­di­mir Pou­tine a confir­mé son inten­tion de réduire les cré­dits mili­taires en 2018 et 2019 afin d’empêcher toute nou­velle course aux armements.[19]

    Tout semble donc orches­tré afin de faire resur­gir une menace russe, tant pour des rai­sons de poli­tique inté­rieure que pour pous­ser les Occi­den­taux à faire bloc avec Washing­ton. Ain­si, l’affaire Skri­pal tombe à point nom­mé pour lan­cer une nou­velle manœuvre de dia­bo­li­sa­tion de la Russie.

    Mos­cou a ini­tia­le­ment pro­tes­té, consi­dé­rant que la déci­sion des pays euro­péens d’ex­pul­ser des diplo­mates russes était un geste pro­vo­ca­teur au nom d’une pré­ten­due soli­da­ri­té avec Londres et que cela témoi­gnait d’une volon­té claire de confron­ta­tion. Puis le 29 mars, la Rus­sie a ripos­té en expul­sant soixante diplo­mates amé­ri­cains et en annon­çant la fer­me­ture du consu­lat des États-Unis à Saint-Peters­bourg. Des sanc­tions ont éga­le­ment été prises contre les pays européens[20], à titre de réciprocité.

    *

    Même si l’histoire ne se repro­duit jamais à l’identique, la situa­tion actuelle n’est pas sans faire pen­ser à celle de 1918 et aux très lourdes sanc­tions impo­sées à l’Allemagne, les­quelles furent en par­tie à l’origine du sen­ti­ment de revanche ger­ma­nique à l’origine de l’accession d’Hitler au pou­voir et de la Seconde Guerre mondiale.

    Va-t-on pour autant vers une Seconde Guerre froide ? Il est encore trop tôt pour le dire. Car, aus­si para­doxal que cela puisse paraître, pour le moment, les deux « camps » paraissent tirer béné­fice de la situa­tion. Sou­hai­tons seule­ment que cette « stra­té­gie de la ten­sion » ne monte pas aux extrêmes. Car le pro­blème avec les appren­tis sor­ciers que pro­duit régu­liè­re­ment l’Amérique, c’est que l’on ne sait jamais com­ment cela va finir. L’histoire a mon­tré que leurs stra­té­gies hasar­deuses pro­dui­saient rare­ment des effets heu­reux. Les Ira­kiens peuvent en témoigner.

    Le plus grave dans cette affaire est que l’Europe s’est déli­bé­ré­ment pla­cée encore un peu plus dans l’orbite des États-Unis. Ce fai­sant, elle ne mesure pas à quel point elle est en train de perdre tout res­pect et cré­di­bi­li­té à l’international. En effet, l’Occident, sous domi­na­tion amé­ri­caine, se veut tou­jours don­neur de leçons de morale et de droit… qu’il ne res­pecte pas. Tant de men­songes, de mau­vaise foi, de vio­la­tions des lois inter­na­tio­nales et des enga­ge­ments pris ont qua­si­ment réduit à néant le magis­tère moral qu’il exer­çait jadis. Pour bien des pays des quatre autres conti­nents, l’Europe n’est plus auto­nome et l’Occident n’incarne plus l’exemple à suivre. Ce der­nier est deve­nu un per­tur­ba­teur comme les autres, voire pire peut être. Et beau­coup s’en défient désor­mais, à juste titre. 

    Éric Dené­cé

    Notes
    ________________

    [1] Les États-Unis, le Cana­da, l’Australie, la Nor­vège, l’U­kraine et seize pays euro­péens – dont la France – ain­si que l’OTAN , ont annon­cé qu’ils allaient ren­voyer des diplo­mates russes. Même au plus fort de la Guerre froide, une telle vague d’ex­pul­sions n’a jamais eu lieu. 

    [2] Il a été recru­té comme agent double par les ser­vices bri­tan­niques en 1995. 

    [3] Pour de plus amples pré­ci­sions, nous ren­voyons à l’excellente ana­lyse d’Alain Rodier, « Royaume Uni : l’enquête sur la mort du trans­fuge russe se com­plique », Note d’Actualité n°509, mars 2018 (https://​www​.cf2r​.org/​a​c​t​u​a​l​i​t​e​/​r​o​y​a​u​m​e​-​u​n​i​-​l​e​n​q​u​e​t​e​-​m​o​r​t​-​t​r​a​n​s​f​u​g​e​-​r​u​s​s​e​-​s​e​-​c​o​m​p​l​i​q​ue/)

    [4] Notons tou­te­fois qu’il est rapi­de­ment sor­ti de l’hôpital, ce dont la presse n’a qua­si­ment pas fait état.

    [5] L’é­tat de Iou­lia Skri­pal, « s’a­mé­liore rapi­de­ment », a indi­qué l’hô­pi­tal où elle est soi­gnée avec son père.

    [6] Nous n’écartons évi­dem­ment pas la pos­si­bi­li­té que le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique puisse dis­po­ser d’informations obte­nues via des inter­cep­tions ou une source humaine implan­tée au cœur du sys­tème russe qu’il cherche à pro­té­ger. Tou­te­fois, cette absence de pro­duc­tion des preuves affai­blit consi­dé­ra­ble­ment l’acte d’accusation public.

    [7] Reu­ters, 26 mars 201 (https://​www​.reu​ters​.com/​a​r​t​i​c​l​e​/​u​s​-​b​r​i​t​a​i​n​-​r​u​s​s​i​a​-​c​z​e​c​h​-​p​r​e​s​i​d​e​n​t​/​c​z​e​c​h​-​p​r​e​s​i​d​e​n​t​-​a​s​k​s​-​s​p​y​-​s​e​r​v​i​c​e​-​t​o​-​s​e​e​-​i​f​-​n​o​v​i​c​h​o​k​-​w​a​s​-​p​r​o​d​u​c​e​d​-​l​o​c​a​l​l​y​-​i​d​U​S​K​B​N​1​H​2​2FN).

    [8] Cer­tains spé­cia­listes de la Rus­sie y voient une opé­ra­tion orches­trée par une frange conser­va­trice et pan­sla­viste de l’appareil de sécu­ri­té russe. 

    [9] Si Skri­pal n’a pas conti­nué à tra­vailler pour le SIS, cer­tains estiment qu’il aurait en revanche coopé­ré avec plu­sieurs socié­tés de ren­sei­gne­ment pri­vées d’outre-Manche, dans le col­li­ma­teur du Krem­lin pour avoir tra­vaillé sur le dos­sier des soi-disant liens russes de Donald Trump. 

    [10] http://www.lepoint.fr/monde/poutine-retablir-le-dialogue-entre-services-secrets-russes-et-americains-16–02-2017–2105320_24.php

    [11] Le Royaume-Uni avait éga­le­ment refu­sé la coopé­ra­tion des auto­ri­tés russes lors de l’enquête sur le meurtre de Lit­vi­nen­ko (2006), affaire simi­laire dans laquelle la soi-disant culpa­bi­li­té des ser­vices russes n’a jamais été prouvée.

    [12] Et l’on ne peut écar­ter l’hypothèse qu’elles soient « fabriquées »

    [13] Julian Assange, le fon­da­teur de Wiki­Leaks, est réfu­gié depuis 2012 dans l’ambassade d’Equateur à Londres. Le 27 mars der­nier, il a été trai­té de “misé­rable petit ver” par Boris John­son, le ministre bri­tan­nique des Affaires étran­gères, qui lui a deman­dé de se livrer à la jus­tice (https://​www​.reu​ters​.com/​a​r​t​i​c​l​e​/​u​s​-​b​r​i​t​a​i​n​-​a​s​s​a​n​g​e​/​u​k​-​m​i​n​i​s​t​e​r​-​m​i​s​e​r​a​b​l​e​-​l​i​t​t​l​e​-​w​o​r​m​-​a​s​s​a​n​g​e​-​s​h​o​u​l​d​-​t​u​r​n​-​h​i​m​s​e​l​f​-​i​n​-​i​d​U​S​K​B​N​1​H​3​1PF)

    [14] Voir à ce sujet Gor­don Core­ra, MI 6 : Life and Death in the Bri­tish Secret Ser­vice, Wei­den­feld & Nichol­son, Londres, 2012, pp. 357 à 397.

    [15] Rap­pe­lons que notre pays est de plus en plus dépen­dant pour ses opé­ra­tions exté­rieures (Bar­khane notam­ment) du sou­tien logis­tique amé­ri­cain et qu’une par­tie de nos troupes et de nos équi­pe­ments est ache­mi­née au Sahel par des com­pa­gnies aériennes ukrai­niennes. On connaît la détes­ta­tion de la Rus­sie qui carac­té­rise ce pays. Il y a fort à parier que les termes de la « négo­cia­tion » ont dû être très clairs.

    [16] 53 offi­ciers trai­tants et 386 agents de ser­vices étran­gers ont été démas­qués en Rus­sie en 2016.

    [17] Outre-Atlan­tique, les dis­cus­sions autour du bud­get sont le prin­ci­pal champ d’affrontement entre les par­tis. Ain­si, faute d’un accord durable, depuis quelques années, le bud­get de l’Etat fédé­ral est déter­mi­né de trois mois en trois mois et donne lieu à des débats constants et à des menaces de blo­cage (Shut Down).

    [18] Ima­gi­nons quelle aurait été la réac­tion de Washing­ton si le Mexique ou la Jamaïque avaient rejoint le Pacte de Var­so­vie ou si Mos­cou avait sou­te­nu une « révo­lu­tion démo­cra­tique » au Canada…

    [19] Cette baisse des dépenses mili­taires russes avait déjà été annon­cée par le pré­sident russe en août 2017. Et en 2016, sous le coup des sanc­tions éco­no­miques et de la baisse du prix du pétrole, Mos­cou avait déjà taillé dans ses dépenses mili­taires à hau­teur de 2,7 mil­liards de dollars.

    [20] Mos­cou a éga­le­ment annon­cé l’expulsion de 23 diplo­mates bri­tan­niques et ordon­né la fer­me­ture du Bri­tish Coun­cil et du consu­lat bri­tan­nique de Saint-Pétersbourg

    Réponse
  14. etienne

    Questions de la Russie adressées au Royaume-Uni concernant l’affaire Skripal montée de toutes pièces par le Royaume-Uni contre la Russie

    Source : Minis­tère des affaires étran­gères de la Fédé­ra­tion de Rus­sie, 31-03-2018

    Same­di 31 mars, l’Ambassade russe à Londres a envoyé au Minis­tère bri­tan­nique des Affaires étran­gères une note conte­nant une liste des ques­tions adres­sées au Royaume-Uni concer­nant l’affaire Skri­pal mon­tée de toutes pièces contre la Russie :

    1. Pour­quoi a‑t-on pri­vé la Rus­sie du droit à l’accès consu­laire aux deux citoyens russes, vic­times d’une attaque sur le ter­ri­toire britannique ?

    2. Quels anti­dotes et sous quelle forme concrète ont été admi­nis­trés aux vic­times ? Pour­quoi les méde­cins bri­tan­niques pos­sé­daient-ils ces anti­dotes sur les lieux de l’incident ?

    3. Pour quelle rai­son la France a été impli­quée dans la coopé­ra­tion tech­nique dans le cadre de l’enquête sur l’incident tou­chant aux citoyens russes ?

    4. Est-ce que le Royaume-Uni a infor­mé l’Organisation pour l’interdiction des armes chi­miques de l’implication de la France dans l’enquête sur l’incident de Salisbury ?

    5. Qu’est-ce que la France a à voir avec l’incident tou­chant à deux citoyens russes sur le ter­ri­toire britannique ?

    6. Quelles normes du code de pro­cé­dure bri­tan­nique per­mettent d’impliquer un État étran­ger dans une enquête intérieure ?

    7. Quelles preuves ont été trans­mises à la France pour l’analyse et l’organisation de sa propre enquête ?

    8. Les experts fran­çais ont-ils assis­té au pré­lè­ve­ment des échan­tillons bio­lo­giques de Ser­gueï et Iou­lia Skripal ?

    9. Les experts fran­çais ont-ils ana­ly­sé les échan­tillons bio­lo­giques de Ser­gueï et Iou­lia Skri­pal et dans quels laboratoires ?

    10. Est-ce que le Royaume-Uni pos­sède déjà des docu­ments rela­tifs à l’enquête menée par la France ?

    11. A‑t-on trans­mis les résul­tats de l’enquête fran­çaise au Secré­ta­riat tech­nique de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques ?

    12. Sur la base de quels indices (mar­queurs) a été éta­blie “l’origine russe” de la sub­stance uti­li­sée à Salisbury ?

    13. Le Royaume-Uni a‑t-il des échan­tillons de contrôle de la sub­stance toxique de com­bat que les res­pon­sables bri­tan­niques appellent “Novit­chok” ?

    14. A‑t-on éla­bo­ré au Royaume-Uni des échan­tillons de la sub­stance toxique de com­bat du type “Novit­chok” (selon les termes bri­tan­niques) ou ses équivalents ?

    Source : Minis­tère des affaires étran­gères de la Fédé­ra­tion de Rus­sie, 31-03-2018

    https://​www​.les​-crises​.fr/​q​u​e​s​t​i​o​n​s​-​d​e​-​l​a​-​r​u​s​s​i​e​-​a​d​r​e​s​s​e​e​s​-​a​u​-​r​o​y​a​u​m​e​-​u​n​i​-​e​t​-​a​-​l​a​-​f​r​a​n​c​e​-​c​o​n​c​e​r​n​a​n​t​-​l​-​a​f​f​a​i​r​e​-​s​k​r​i​p​al/

    Réponse

Laisser un commentaire

Derniers articles

[Dérive du pouvoir scolaire] Le préparateur – Alain, 25 août 1906

[Dérive du pouvoir scolaire] Le préparateur – Alain, 25 août 1906

[LE PRÉPARATEUR] Un nouvel examen vient d'être institué, à la suite duquel on pourra recevoir un certificat d'aptitude aux fonctions de magistrat. Il en sera de cet examen comme de tous les autres, il donnera de bons résultats au commencement, et de mauvais ensuite....