Olivier Berruyer nous signale sur son précieux blog plusieurs bonnes critiques d’un excellent livre, publié début 2017 par Coralie Delaume et David Cayla et intitulé « La fin de l’Union européenne ». Je trouve la recension de Claude Rochet particulièrement pertinente :
La fin de l’Union européenne
L’Union européenne va-t-elle survivre, ou est-elle condamnée, comme l’URSS, à l’implosion par incohérence interne de ses politiques et de son fonctionnement ? Deux auteurs de la nouvelle génération, la talentueuse polémiste à la plume acérée Coralie Delaume et David Cayla, qui assure la relève d’une génération d’économistes, nous livrent un ouvrage aussi complet que pertinent.
Le livre de Coralie Delaume et de David Cayla mérite d’être lu. Non seulement parce qu’il annonce une bonne nouvelle – la fin de l’Union européenne – mais aussi et surtout parce qu’il est bien écrit, ce qui mérite d’être souligné pour un ouvrage traitant d’un sujet aussi ennuyeux et aussi soumis aux poncifs que sont les questions européennes.
On saluera le travail des deux auteurs qui sont magnifiquement parvenus à une unité de plume. Les approches de Coralie Delaume, dont on connaît la plume acérée, et de l’économiste David Cayla sont parfaitement intégrées. Tout juste reconnaît-on le talent pour les formules assassines de Coralie Delaume dans cette description de François Hollande « l’homme qui a élevé la vacuité consensuelle au rang de discipline olympique ».
L’ouvrage traite des questions politiques et économiques : il commence par la description de la palinodie des référendums européens où l’on doit revoter jusqu’à ce qu’on vote oui, et où les électeurs, selon l’injonction de Jean-Claude Juncker – l’homme qui parle avec les dirigeants d’autres planètes‑, se doivent de voter oui indépendamment de la question posée. Il se termine par l’impossibilité de la démocratie européenne et les possibilités de construire une coopération entre pays d’Europe une fois que le Leviathan aura rendu l’âme.
Mais la force et l’intérêt de cet ouvrage est qu’il n’est pas un ouvrage d’économie ni encore moins de bavarde science politique. C’est un livre d’histoire. Une histoire contemporaine, celle que nous vivons qui est racontée comme un témoignage pour l’avenir. Le mérite de ce livre c’est qu’on le lira avec profit dans quelques décennies comme on lit les ouvrages sur l’implosion de l’URSS. Pas de théories alambiquées, mais le récit de l’enchaînement des faits, de nombreuses études de cas sur la Grèce, la Finlande et l’Irlande, avec une part de lion naturellement réservée à l’Allemagne. Les manipulations statistiques et financières qui font du Luxembourg (qui n’a plus d’usines) une puissance industrielle alors qu’il n’est qu’une lessiveuse à blanchiment fiscal, ou qui font de l’Irlande une grande puissance exportatrice avec une croissance extraordinaire du PIB avec des marchandises qui ne circulent que sur le papier et un niveau de vie qui stagne désespérément, sont clairement exposées et démontées.
Un livre d’histoire qui nous renvoie à l’histoire de l’économie et du développement des pays d’Europe. Le chapitre sur la polarisation du développement créé par l’industrialisation en régime de libre-échange, qui fait référence à l’industrialisation de l’Angleterre au XVIII° siècle puis au rattrapage par l’Allemagne au XIX°, puis de la France, se réfère aux travaux de Paul Bairoch et bien sûr de Friedrich List et nous rappelle cette dynamique du développement : l’industrialisation appelle l’industrialisation. C’est ce qu’on appelle les synergies entre activités qui créent les rendements croissants – laissant les régions périphériques dans un moindre développement, voire un sous-développement quand les activités périphériques sont aspirées par le pôle central, entraînant la désertification des pays. Tout cela avait été théorisé et exposé par L. Von Thünen au début du XIX°.
On sait aujourd’hui le modéliser quand on étudie le développement urbain avec les lois de Tobler (« ce qui est plus proche se connecte plus avec ce qui est plus proche ») et de Zipf (« les grandes villes mangent les petites »). Ce qui permet aux auteurs de nous rappeler que la crise des pays périphériques de l’Europe, élégamment appelés PIGS par les eurocrates (Portugal, Italie, Grèce, Espagne) n’est pas liée à une quelconque tare anthropologique et raciale, mais à une poursuite de l’effet de polarisation qui trouve sa source dans le développement de l’Europe depuis le XVI° siècle, et que le libre-échange, comme l’avait clairement expliqué Friedrich List dans son irremplaçable « Système National d’Economie Politique » de 1841, combiné à la funeste et impérialiste Théorie de avantages comparatifs de Ricardo, ne fait qu’accroître. On renverra à l’indispensable ouvrage de Erik Reinert « Comment les pays riches sont devenus riches et pourquoi les pays pauvres restent pauvres ».
Nos anciens, pour définir les politiques de développement qui ont fait la prospérité de l’Europe, ne se référaient pas à une « théorie économique » mais à l’histoire, ce que j’ai exposé dans mon Histoire de l’Etat stratège. La funeste science économique ne naît que dans la première moitié du XIX° siècle en Angleterre et surtout en France avec sa rencontre avec le positivisme, qui va vouloir en faire une science exacte devant s’imposer à la politique, celle-ci se résumant, comme l’avait écrit Auguste Comte « il faut considérer la marche de la civilisation comme assujettie à une loi invariable fondée sur la nature des choses[1] » : la politique se résumait à l’application de supposée lois de l’économie. Cahuc et Zylberberg ne disent pas autre chose aujourd’hui en appelant à la répression en vers ceux qui refusent que l’économie soit une science exacte à laquelle le politique doit se plier.
Un livre bien écrit, qui se lit facilement, comme un livre d’histoire, bien référencé, qui gagnera à être relu au fil des évenements pour comprendre comment nous en sommes arrivés là.
Claude Rochet.
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[1] Auguste Comte, Opuscule de philosophie sociale, 1819–1826, p. 111
Ne ratez pas l’immense bouquin d’
Erik Reinert : « Comment les pays riches sont devenus riches, pourquoi les pays pauvres restent pauvres » :
http://claude-rochet.fr/comment-les-pays-riches-note-de-lecture/
Avec une longue et importante et captivante préface de l’ami Claude. Cette précieuse préface est un livre en soi.
On trouve dans le livre, par exemple, 36 pages pour analyser en détail, et de façon très intéressante, l’inutile et scandaleux (et prémonitoire pour nous) MARTYR DES GRECS, voulu explicitement par « les créanciers », créanciers dont on rêve de les pendre un jour avec les tripes des actionnaires et des banquiers. Keynes lui-même parlait de l’urgence et de l’importance d’ « euthanasier le rentier ».
Ce sera une partie importante de nos échanges demain et après-demain à Nice 🙂
Je rappelle ce FAIT ESSENTIEL : « rembourser la dette publique » conduit FORCÉMENT à détruire des quantités astronomiques de monnaie, monnaie QUI MANQUE ensuite mécaniquement à tout le corps social, et que cette politique d’austérité imbécile et criminelle se traduit donc TOUJOURS par une récession majeure et des souffrances indicibles pour les citoyens innocents.
Lisez attentivement ce récapitulatif des 7 remboursements de la dette publique américaine et des 7 crises systémiques majeures qui en ont aussitôt résulté :
« À une brève exception près, le gouvernement fédéral a été endetté chaque année depuis 1776.
• En janvier 1835, pour la première et seule fois de toute l’histoire des U.S.A., la dette publique fut éliminée, et un surplus budgétaire fut maintenu les deux années suivantes pour accumuler ce que le Secrétaire au Trésor Levi Woodbury appela « un fonds pour faire face aux futurs déficits. »
• En 1837 l’économie s’effondra en une grande dépression qui mit le budget en déficit, et le gouvernement a toujours été endetté depuis.
Depuis 1776 il y eut exactement sept périodes de surplus budgétaires substantiels avec une réduction significative de la dette :
1. De 1817 à 1821 la dette nationale baissa de 29 % ;
2. de 1823 à 1836 elle fut éliminée (les efforts de Jackson) ;
3. de 1852 à 1857 elle chuta de 59 %,
4. de 1867 à 1873 de 27 %,
5. de 1880 à 1893 de plus de 50 %,
6. et de 1920 à 1930 d’environ un tiers.
7. Bien sûr, la dernière fois que nous avions un surplus budgétaire était durant les années Clinton.
Je ne connais pas de ménage qui fut capable d’avoir un budget en déficit pendant approximativement 190 des 230 et quelques dernières années, et d’accumuler des dettes virtuellement sans limite depuis 1837.
Les États-Unis ont également connu six périodes de dépression. Les dépressions commencèrent
1. en 1819,
2. en 1837,
3. en 1857,
4. en 1873,
5. en 1893,
6. et en 1929.
(Ne remarquez-vous rien ? Jetez un œil aux dates listées au-dessus.)
À l’exception des surplus de Clinton, chaque réduction significative de la dette en cours fut suivie d’une dépression, et chaque dépression fut précédée par une réduction de dette significative.
Le surplus de Clinton fut suivi par la récession de Bush, une euphorie spéculative, et maintenant l’effondrement dans lequel nous nous trouvons. Le jury délibère encore pour savoir si nous pourrions réussir à en faire une nouvelle grande dépression.
Bien qu’on ne puisse jamais éluder la possibilité d’une coïncidence, sept surplus suivis par six dépressions et demi (avec encore quelque possibilité pour en faire la parfaite septième) devrait faire hausser quelques sourcils.
Et, au passage, nos moins graves récessions ont presque toujours été précédées par des réductions du budget fédéral.
Je ne connais aucun cas de dépression engendrée par un surplus du budget des ménages. »
— L. Randall Wray
Ne ratez pas ça : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chartalisme
Vous connaissez la différence entre les banquiers et les oiseaux ? Les oiseaux, de temps en temps, s’arrêtent de voler.
Frais bancaires : “des milliards” sur le dos des clients en difficulté
par Delphine Cuny
L’enquête du magazine “60 Millions de consommateurs” et de l’Unaf parle d’un “matraquage” des clients en difficulté par une “cascade de frais” pour incidents de compte. Toutes les banques facturent le plafond légal, à l’exception de La Banque Postale. (Crédits : 60 MC et Unaf)
Selon une enquête de “60 Millions de consommateurs” et de l’Union nationale des associations familiales (Unaf), les commissions pour incidents de paiement se multiplient et rapportent 6,5 milliards d’euros par an aux banques françaises. Un meilleur encadrement des frais est nécessaire car le plafonnement légal n’empêche pas les abus.
À l’heure où les banques multiplient les discours sur l’inclusion, la finance durable et solidaire et leur engagement citoyen, les conclusions de l’enquête réalisée par le magazine “60 Millions de consommateurs” (dans l’édition de ce jeudi) et l’Union nationale des associations familiales (Unaf) risquent de porter un coup sévère à leur image. Le magazine édité par l’Institut national de la consommation (INC) et l’Unaf ont épluché « plusieurs centaines de relevés de compte de clients “lambda” et de clients en difficultés financières ponctuelles ou persistantes » et comparé les frais facturés par les établissements bancaires en cas d’incident de paiement : chèque sans provision, rejet de prélèvement, agios, dépassement de découvert, etc.
Une liste « impressionnante » de commissions en tout genre et « régulièrement, l’industrie bancaire en invente de nouvelles », telle que la « lettre d’avertissement pour compte débiteur non autorisé » d’un montant de 12 à 20 euros qui s’est généralisée. Si ces frais sont plafonnés depuis 2014, l’étude comparative montre que les banques facturent toutes le maximum autorisé par opération, « à l’exception notable de La Banque Postale. »
En moyenne, ces frais, qui touchent plusieurs millions de clients, coûtent au client “lambda” 34 euros par an.
« Pour les clients en difficulté, la note flambe pour atteindre 296 euros », soit huit à neuf fois plus, relève l’enquête. « La victime type n’appartient pas forcément aux populations les plus pauvres. Elle n’est pas surendettée ni forcément bénéficiaire des minima sociaux », ce sont « le plus souvent des salariés du secteur privé, fonctionnaires ou retraités. »
Un foyer en difficulté sur cinq s’est même vu prélever plus de 500 euros de frais par an. L’enquête, qui s’appuie aussi sur les cas concrets rencontrés par le réseau de l’Unaf, évoque celui d’un client de la BNP, un fonctionnaire quadragénaire tombé dans le rouge après une séparation, qui s’est fait ponctionner de plus de 3.000 euros en 2016 ! D’où l’impression d’un « matraquage » et d’un « profit facile réalisé sur le dos d’une personne fragilisée. »
https://www.les-crises.fr/frais-bancaires-des-milliards-sur-le-dos-des-clients-en-difficulte-par-delphine-cuny/
Source : les-crises.fr, Olivier Berruyer
Hilarant !
38 ans de promesses d’Europe sociale.
La vidéo dure 4 minutes 49 secondes.
httpv://www.youtube.com/watch?v=pMRgQQ7TNrs
Sur la fin de l’Union européenne, une » bonne chose » : je me rends compte d’une immense contradiction car Yanis Varoufakis veut à tout prix la maintenir , sinon ce serait une catastrophe. Je comprend mal ou quoi?!!
https://youtu.be/-L5Xlgc8S2Q&t=4260s
Un scoop du journal allemand SPIEGEL : l’armée allemande envisage la désintégration de l’Union Européenne.
Etude secrète de l’armée allemande :
Les planificateurs militaires pensent que l’effondrement de l’Union Européenne est concevable.
Selon une information de SPIEGEL, pour la première fois la Bundeswehr a étudié les tendances sociales et politiques jusqu’en 2040. Les stratèges militaires prévoient un scénario catastrophe.
L’armée allemande estime que la fin actuelle de l’Occident dans les prochaines décennies est possible. Ce sont des informations obtenues par SPIEGEL au sujet de la « Perspective Stratégique 2040 », qui a été adoptée fin février par le ministère de la Défense et qui a depuis été tenue secrète.
Pour la première fois de son histoire, un document de 102 pages de l’armée allemande montre comment les tendances sociales et les conflits internationaux pourraient influencer la politique de sécurité allemande dans les décennies à venir.
Cette étude définit le cadre dans lequel l’armée allemande du futur est susceptible d’évoluer. Le document ne fournit pas encore de conclusions concrètes sur l’équipement et sur le matériel.
Dans l’un des six scénarios (« L’UE en désintégration et l’Allemagne en mode réactif »), les auteurs prévoient une « confrontation multiple ». Cette projection décrit un monde dans lequel l’ordre international s’érode après des « décennies d’instabilité », dans lequel les systèmes de valeur divergent dans le monde entier, et dans lequel la mondialisation prend fin.
« A cause de l’élargissement de l’Union Européenne et de la sortie d’autres États qui quitteront l’Union, l’Europe perdra sa compétitivité mondiale », écrivent les stratèges de l’armée allemande :
« Un monde de plus en plus désordonné, une évolution chaotique et conflictuelle changera l’environnement de sécurité de l’Allemagne et de l’Europe de façon spectaculaire. »
Dans le cinquième scénario (« D’ouest en est »), certains États de l’Est de l’Union Européenne paralysent l’intégration européenne, tandis que d’autres « rejoignent le bloc de l’Est ».
Dans le quatrième scénario (« Concurrence multipolaire »), l’extrémisme est en hausse lors des élections et certains membres de l’Union Européenne « semblent même rechercher une politique selon le « modèle capitaliste d’Etat » de la Russie.
Le document ne fait expressément aucun pronostic, mais tous les scénarios sont « plausibles à l’horizon 2040 », écrivent les auteurs. Les simulations ont été développées par des scientifiques du Bureau de planification des forces armées fédérales.
Cet article vient du nouveau SPIEGEL – disponible samedi matin.
Grâce au nouveau SPIEGEL, vous recevrez tous les samedis notre newsletter gratuite DIE LAGE, qui paraît six fois par semaine – compacte, analytique, opiniâtre, écrite par le rédacteur en chef ou par les responsables de notre bureau de Berlin.
http://www.spiegel.de/politik/deutschland/bundeswehr-studie-haelt-zerfall-der-europaeischen-union-fuer-denkbar-a-1176367.html
Bruno Guigue : Un peu d’humilité à l’égard de la Chine, bon sang !
L’affligeante nullité des commentaires de la presse française sur le 19ème congrès du parti communiste chinois (18−24 octobre) est éloquente. Qu’avons-nous appris ?
Quasiment rien à vrai dire, sinon que la dictature communiste est abominable, que Xi Jin Ping a été déifié, que la Chine croule sous la corruption, que son économie est chancelante, son endettement abyssal et son taux de croissance en berne. Enfilade de lieux communs et fausses évidences à l’appui, la vision française de la Chine a brillé une fois encore par un simplisme narquois qui masque à peine une ignorance crasse. Il suffit d’avoir entendu une seule émission de Vincent Hervouët sur Europe 1 pour prendre la mesure de ce vide sidéral.
Il faut dire que la Chine ne fait rien pour faciliter les distinctions tranchées – dignes du lit de Procuste – et les catégories préétablies auxquelles ce petit monde médiatique voudrait la plier à tout prix. Communiste, capitaliste, un peu des deux, ou autre chose encore ? Dans les sphères médiatiques, on y perd son chinois. Inconsciemment, on le sent bien, nos commentateurs aimeraient pouvoir dire que la Chine n’est plus communiste, ce serait tellement plus simple. Convertie au libéralisme, cette nation rebelle réintégrerait le droit commun. Retour à l’ordre des choses, cette capitulation idéologique validerait la téléologie de l’homo occidentalis. Absorbant la Chine, le capitalisme mondialisé pourrait enfin déboucher le Champagne.
Le secteur public demeure la colonne vertébrale de l’économie chinoise
Mais voilà, c’est une romance libérale, une de plus. Le PCC n’a nullement renoncé à son rôle dirigeant dans la société, et il fournit son ossature à un Etat qui tire sa force de sa souveraineté. Hérité du maoïsme, l’Etat central conserve la maîtrise de la politique monétaire et contrôle le secteur bancaire. Doté depuis les lois de 2008 d’une fiscalité moderne, d’un code du travail et d’un système social – certes imparfaits -, il s’est fixé pour objectif numéro un l’élévation du niveau de vie de la population. Restructuré dans les années 1990, le secteur public demeure la colonne vertébrale de l’économie chinoise : avec 40% des actifs et 50% des profits générés par l’activité industrielle, il est prédominant dans la sidérurgie, l’énergie et l’électricité.
Aucun commentateur ne l’a fait, mais il suffit de lire la résolution finale du 19ème congrès pour mesurer l’ampleur des défis de la Chine contemporaine. Lorsque cette résolution affirme que « le Parti doit s’unir pour remporter la victoire décisive de l’édification intégrale de la société de moyenne aisance, faire triompher le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère, et lutter sans relâche pour réaliser le rêve chinois du grand renouveau de la nation », il faut peut-être prendre ces déclarations au sérieux. Avec 89 millions de membres, le PCC n’est pas en perte de vitesse. Mais il lui faudra stimuler la consommation intérieure, réduire les inégalités sociales et juguler la pollution – un véritable fléau -, s’il veut conserver l’appui d’une population en voie d’urbanisation accélérée.
En Occident, la vision de la Chine est obscurcie par les idées reçues. On s’imagine que l’ouverture aux échanges internationaux et la privatisation de nombreuses entreprises ont sonné le glas du « socialisme à la chinoise ». Mais c’est faux. Pour les Chinois, cette ouverture est la condition du développement des forces productives, et non le prélude à un changement systémique. Les « zones d’exportation spéciale » ont dopé la croissance, mais cette insertion dans la mondialisation s’est effectuée aux conditions fixées par l’Etat. Pour Pékin, il fallait accumuler les capitaux afin de poursuivre les réformes. Elles ont permis de sortir 700 millions de personnes de la pauvreté, soit 10% de la population mondiale. Il n’est pas étonnant que le 19ème congrès ait réitéré le choix d’une économie mixte en insistant sur les défis de l’urbanisation et la nécessaire réduction des inégalités.
Depuis 40 ans, la Chine change à un rythme déconcertant et brouille les repères habituels. Un pays qui assure 30% de la croissance mondiale et dont on juge que sa croissance « fléchit » lorsqu’elle est à 6,5% mérite quand même le détour. On peut ironiser sur ce communisme qui fait la part belle au capitalisme, ou encore évoquer le spectre d’un capitalisme d’Etat, mais à quoi bon ? Les communistes chinois se moquent bien des catégories dans lesquelles nos appareils idéologiques désignent la réalité chinoise. Ils la connaissent mieux que nous, et ils savent que nous n’avons aucune prise sur notre propre réalité. La puissance qui est la leur et l’impuissance qui est la nôtre suffisent à nous disqualifier. Si seulement la France était un Etat souverain, peut-être aurions-nous quelque chose à dire. Mais franchement, mettez-vous à la place des Chinois. Allons, un peu d’humilité !
Le régime d’assurance maladie chinois remporte le Prix AISS des bonnes pratiques
Publié(e) par thierry bourdin le 31 octobre 2012
Le ministère chinois des Ressources humaines et de la Sécurité sociale a reçu le Prix AISS 2012 des bonnes pratiques pour la région Asie et Pacifique pour l’instauration particulièrement réussie et sans précédent d’une couverture maladie universelle.
Le Prix 2012 des bonnes pratiques pour la région Asie et Pacifique a été décerné au ministère chinois des Ressources humaines et de la Sécurité sociale en reconnaissance de la rapidité et du succès avec lesquels il a permis à la population chinoise d’avoir accès à une assurance maladie de base universelle, a annoncé aujourd’hui l’Association internationale de la sécurité sociale (AISS) à Séoul, en République de Corée.
Le Prix récompense le projet intitulé « Extension rapide de la couverture d’assurance maladie en Chine », et a été remis le 30 octobre à Séoul durant le Forum régional de la sécurité sociale pour la région Asie et Pacifique qui se tient sur une période de trois jours.
« Le ministère des Ressources humaines et de la Sécurité sociale a déployé des efforts remarquables pour étendre la couverture de l’assurance maladie publique à l’ensemble de la population chinoise », a déclaré le Secrétaire général de l’AISS, Hans-Horst Konkolewsky, à l’occasion de la remise du Prix.
« Cette extension sans précédent de la sécurité sociale dans le pays le plus peuplé du monde mérite une reconnaissance internationale, en raison, à la fois de l’ampleur exceptionnelle des changements apportés au système de santé et de la détermination dont ont fait preuve les autorités et l’institution qui ont mené ce projet à bien », a‑t-il ajouté.
L’extension et l’amélioration du régime chinois d’assurance maladie, qui, fin 2011, couvrait 95 pour cent des salariés résidant en milieu urbain, des citadins sans activité salariée et des résidents ruraux, ont été mises en œuvre grâce au renforcement du réseau d’établissements de soins locaux, à l’introduction d’un système d’information harmonisé et d’une carte de sécurité sociale, à une meilleure intégration des régimes d’assurance maladie existants et à l’amélioration de l’adéquation des prestations et de la qualité des services.
Mentions spéciales du jury
Le jury indépendant, composé de spécialistes internationaux de la sécurité sociale, a également attribué six Certificats de mérite avec mention spéciale aux bonnes pratiques suivantes :
- Institution de sécurité sociale, Jordanie, pour la bonne pratique Efficacité administrative et opérationnelle du système de contrôle ;
– Office coréen de protection et d’indemnisation des travailleurs, République de Corée, pour la bonne pratique Services intégrés personnalisés pour les travailleurs victimes d’accidents du travail ou de maladies professionnelles ;
– Office national des pensions, République de Corée, pour la bonne pratique Conclusion de protocoles d’accord en vue de faciliter les procédures de demande de prestations pour les travailleurs migrants ;
– Autorité publique d’assurance sociale, Oman, pour la bonne pratique Projet de modélisation actif-passif ;
– Conseil d’administration du Fonds central de prévoyance (ministère de la Main‑d’œuvre), Singapour, pour la bonne pratique Mise en pratique des lignes directrices de l’AISS pour une bonne gouvernance : l’instauration de normes de service pour les membres et les bénéficiaires – L’expérience de Singapour;- Office de sécurité sociale, Thaïlande, pour la bonne pratique L’extension de la couverture de la sécurité sociale aux travailleurs du secteur informel : l’expérience de la Thaïlande.
Des Certificats de mérite ont également été attribués à des bonnes pratiques présentées par l’Australie, la Chine, Fidji, l’Inde, l’Indonésie, la République islamique d’Iran, la Jordanie, la Malaisie, la Nouvelle-Zélande, Oman, la République de Corée, l’Arabie saoudite et Singapour. Au total, 41 bonnes pratiques, présentées par 14 pays et 16 institutions, étaient en lice pour l’édition 2012 du Prix pour la région Asie et Pacifique.
Lancé en 2008, le Prix des bonnes pratiques de l’AISS est organisé sur une base régionale, dans le cadre d’un cycle de trois ans, et suscite désormais l’intérêt des institutions de sécurité sociale du monde entier.
L’extension de la couverture de la sécurité sociale est au cœur des priorités de l’AISS. Depuis sa création, en 1927, le Secrétariat de l’AISS est installé dans les locaux de l’Organisation internationale du Travail (OIT), à Genève. Les deux organisations ont récemment signé un protocole d’accord visant à coordonner leurs efforts en matière d’extension de la couverture de la sécurité sociale à l’échelle mondiale.
Pour en savoir plus :
Lauréat du Prix 2012 des bonnes pratiques pour la région Asie et Pacifique :
Ministère des Ressources humaines et de la Sécurité sociale, ChineExtension rapide de la couverture d’assurance maladie en Chine
Base de données sur les bonnes pratiques de la sécurité sociale http://www.issa.int/goodpractices
L’Association internationale de la sécurité sociale (AISS) est l’organisation internationale mondiale principale qui rassemble les administrations et les caisses nationales de sécurité sociale. L’AISS fournit des informations, des plates-formes de recherche, de l’expertise pour ses membres afin de construire et de promouvoir des systèmes et des politiques de sécurité sociale dynamique à travers le monde. Fondée en 1927, l’AISS regroupe autour de 340 organisations membres dans plus de 150 pay
Source :
http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/le-r-gime-d-assurance-maladie-chinois-remporte-le-prix-aiss-des