Une nouvelle puissante illustration de la nullité absolue du faux « suffrage universel » (élire nos maîtres au lieu de voter nos lois) — du point de vue du bien commun et de la paix.
Comme nous, les Américains n’ont pas de constitution et pas de représentants. Comme nous, ils sont gouvernés EN FAIT par les étrangers les plus riches, les plus menteurs, les plus menaçants et les plus retors.
Et comme les autres, un jour ou l’autre, faute d’avoir été vigilants à l’égard des pouvoirs, faute d’avoir su devenir nombreux constituants à temps, nous nous ferons enfermer dans les prisons et assassiner par les armes fabriquées et utilisées avec nos propres impôts.
Je soumets à votre jugement ce court article de Paul Craig Roberts, traduit par le Saker francophone, très bon site de désintoxication médiatique.
Étienne.
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Washington : seize ans de guerre. Pourquoi ?
Par Paul Craig Roberts – Le 30 juin 2017
Source CounterPunch
Depuis seize ans, les États-Unis ont été en guerre au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, dépensant des milliards de dollars, commettant des crimes de guerre incalculables et envoyant des millions de réfugiés de guerre en Europe, tout en affirmant que Washington ne pouvait pas assurer ses obligations de sécurité sociale et de Medicare [soins aux personnes de plus de 65 ans], ni financer un service national de santé comme tous les pays civilisés.
Compte tenu des énormes besoins sociaux qui ne peuvent être satisfaits en raison du coût massif de ces guerres orchestrées, on pourrait penser que le peuple américain se poserait des questions sur le but de ces guerres. Qu’est-ce-qui est accompli avec ces énormes dépenses ? Les besoins intérieurs sont négligés de sorte que le complexe militaro-sécuritaire peut s’engraisser avec les profits de la guerre.
Le manque de curiosité de la part du peuple américain, des médias et du Congrès sur le but de ces guerres, qui ont été fondées entièrement sur le mensonge, est extraordinaire. Qu’est-ce qui explique cette conspiration de silence, ce désintérêt incroyable pour le gaspillage d’argent et de vies ?
La plupart des Américains semblent accepter vaguement ces guerres orchestrées comme la réponse du gouvernement au 11 septembre. Cela s’ajoute au mystère car c’est un fait que l’Irak, la Libye, la Syrie, le Yémen, l’Afghanistan et l’Iran (l’Iran n’a pas encore été attaqué, sauf avec des menaces et des sanctions) n’ont rien à voir avec le 11 septembre. Mais ces pays ont des populations musulmanes, et le régime de Bush et les médias prostitués ont réussi à associer le 11 septembre avec les musulmans en général.
Peut-être que si les Américains et leurs « représentants » au Congrès avaient compris de quoi il s’agit avec ces guerres, ils se lèveraient d’eux-mêmes pour faire des objections. Alors, je vais vous dire de quoi il retourne avec la guerre de Washington contre la Syrie et la guerre prévue contre l’Iran. Prêt ?
Il y a trois raisons pour la guerre de Washington, et non la guerre des États-Unis – car Washington n’est pas l’Amérique – en Syrie :
La première raison tient aux profits du complexe militaro-sécuritaire. Ce dernier est une combinaison de puissants intérêts privés et gouvernementaux qui nécessitent une menace pour justifier un budget annuel qui dépasse le PIB de nombreux pays. La guerre confère à cette combinaison d’intérêts privés et gouvernementaux une justification pour son budget massif, un budget dont le fardeau incombe aux contribuables américains dont le revenu médian réel par famille n’a pas augmenté depuis quelques décennies, alors que la charge de leurs dettes pour soutenir leur niveau de vie a augmenté.
La deuxième raison a trait à l’idéologie néoconservatrice cherchant l’hégémonie mondiale américaine. Selon les néoconservateurs, qui ne sont certainement pas conservateurs en quoi que ce soit, l’effondrement du communisme et du socialisme signifie que l’Histoire a choisi le « capitalisme démocratique », qui n’est ni démocratique ni capitaliste, en tant que système socio-économico-politique mondial et c’est la responsabilité de Washington d’imposer l’américanisme au monde entier. Des pays comme la Russie, la Chine, la Syrie et l’Iran, qui rejettent l’hégémonie américaine, doivent être déstabilisés et détruits, car ils sont un obstacle à l’unilatéralisme américain.
La troisième raison se rapporte aux ressources en eau du sud du Liban dont Israël a besoin. Deux fois, Israël a envoyé l’armée israélienne, tant vantée, pour occuper le sud du Liban, et le Hezbollah, une milice soutenue par la Syrie et l’Iran, a expulsé par deux fois cette armée israélienne tant renommée.
Pour être direct, Israël utilise l’Amérique pour éliminer les gouvernements syrien et iranien qui fournissent un soutien militaire et économique au Hezbollah. Si les Américains peuvent éliminer les soutiens du Hezbollah, l’armée israélienne peut voler le sud du Liban, tout comme elle a volé la Palestine et certaines parties de la Syrie. Voici les faits : depuis seize ans, la population américaine insouciante a permis à un gouvernement corrompu à Washington de gaspiller des milliards de dollars nécessaires au pays au bénéfice du complexe militaro-sécuritaire, au service de l’idéologie néoconservatrice cherchant l’hégémonie mondiale des États-Unis, et pour finir au service d’Israël.
De toute évidence, la démocratie américaine est frauduleuse. Elle sert tout le monde, sauf les Américains.
Quelle est la conséquence probable du fait que le gouvernement américain serve des intérêts non américains ?
La meilleure conséquence effective est la pauvreté pour les 99 pour cent. La pire est l’Armageddon nucléaire.
Les services rendus par Washington au complexe militaro-sécuritaire, à l’idéologie néoconservatrice et à Israël négligent complètement des faits collatéraux surpuissants.
L’intérêt d’Israël au renversement de la Syrie et de l’Iran est totalement incompatible avec l’intérêt de la Russie qui veut empêcher l’importation du djihadisme dans la Fédération de Russie et en Asie centrale. Par conséquent, Israël a mis les États-Unis en conflit militaire direct avec la Russie.
Les intérêts financiers du complexe militaro-sécuritaire américain consistant à encercler la Russie avec des sites de missiles sont incompatibles avec la souveraineté de la Russie, tout comme l’accent mis par les néoconservateurs sur l’hégémonie mondiale des États-Unis. Le président Trump ne contrôle pas Washington. Washington est contrôlé par le complexe (regardez sur Youtube la description faite par le président Eisenhower de la menace représentée par le complexe pour la démocratie américaine), par le lobby israélien et par les néoconservateurs. Ces trois groupes d’intérêts organisés ont préempté le peuple américain, qui est impuissant et non impliqué dans les décisions concernant son avenir.
Tous les représentants et sénateurs des États-Unis qui ont tenu tête à Israël ont été battus dans leur campagne de réélection. C’est la raison pour laquelle, quand Israël veut quelque chose, cela passe dans les deux chambres du Congrès à l’unanimité. Comme l’amiral Tom Moorer, chef des opérations navales et président du Joint Chiefs of Staff, l’a déclaré publiquement : « Aucun président américain ne peut s’opposer à Israël. » Israël obtient ce qu’il veut, peu importent les conséquences pour l’Amérique. Moorer avait raison. Les États-Unis donnent à Israël chaque année suffisamment d’argent pour acheter notre gouvernement. Et Israël achète notre gouvernement. Le gouvernement américain est beaucoup plus redevable envers Israël qu’envers le peuple américain. Les votes de la Chambre et du Sénat le prouvent.
Incapable de résister au minuscule Israël, Washington pense qu’il peut intimider la Russie et la Chine. Le fait, pour Washington de continuer à provoquer la Russie et la Chine est un signe de folie. À la place de l’intelligence, nous voyons l’orgueil et l’arrogance, la marque des imbéciles.
Ce dont la planète Terre et ses créatures ont besoin plus que tout, ce sont des dirigeants en Occident qui soient intelligents, qui aient une conscience morale, qui respectent la vérité et soient capables de comprendre les limites de leur pouvoir.
Mais le monde occidental n’a pas ce genre de personne.
Paul Craig Roberts
Traduit par jj, relu par Catherine pour le Saker Francophone
Fil Facebook correspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10155465783952317
17 janvier 1961 : Eisenhower met en garde contre le lobby militaro-industriel
httpv://www.youtube.com/watch?v=bah8-Oy45mw&app=desktop
Retranscription de son discours :
Mises en garde d’Eisenhower, 1961
Discours d’adieu au peuple américain, 17 janvier 1961
http://reseaux.blog.lemonde.fr/2013/10/26/mises-en-garde-eisenhower-1961/
À la fin de son mandat présidentiel, juste avant de passer le témoin à son successeur John F. Kennedy, Dwight D. Eisenhower s’est adressé à ses concitoyens dans un message télévisé bref, mais qui reste important de nos jours. Notamment, il y mettait en garde contre les dangers de la structure militaro-industrielle mise en place lors des guerres alors récentes.
Je republie ce texte, court et intéressant en entier. De plus, pour les lecteurs pressés, mis en exergue les passages qui éclairent particulièrement notre actualité. DL
Bonsoir, chers concitoyens américains.
Tout d’abord, j’aimerais exprimer ma gratitude aux réseaux de radiodiffusion et de télévision pour m’avoir permis toutes ces années d’adresser messages et rapports à notre nation. Je les remercie tout spécialement de cette possibilité de m’adresser ce soir à vous.
Dans trois jours, après un demi siècle au service de notre pays, je quitterai mes responsabilités lorsque, lors de la cérémonie traditionnelle et solennelle, l’autorité de la Présidence investira mon successeur.
Ce soir je viens à vous avec un message de départ et d’adieu, et pour partager quelques pensées finales avec vous, mes chers compatriotes. Comme chaque citoyen, je souhaite que Dieu ait en sa garde le nouveau président, ainsi que tous ceux qui travailleront avec lui. Je prie pour que les années qui viennent soient celles de la paix et de la prospérité pour tous.
Notre peuple attend que le Président et le Congrès les accords fondamentaux en ce qui concerne les questions importantes, et que leurs sages résolutions qui amélioreront la construction du futur de la nation. Mes propres relations avec le Congrès, qui avaient débuté de façon distante et ténue, il y a bien longtemps, lorsqu’un un membre du Sénat me nomma à West Point, sont devenues plus étroites à l’époque de la guerre et l’après-guerre, pour aboutir à une interdépendance mutuelle pendant ces huit dernières années. Dans le cadre de cette dernière relation, le Congrès et l’Administration ont bien coopéré sur les questions essentielles afin de servir le bien de la nation, plutôt que seulement l’esprit partisan, et ainsi ont fait en sorte que les affaires de la nation puissent aller de l’avant. Aussi, mes rapports officiels avec le Congrès s’achèvent avec – pour ma part – un sentiment de gratitude pour tout ce que nous avons pu faire ensemble.
Nous vivons aujourd’hui dix ans après le milieu d’un siècle qui fut le témoin de quatre guerres majeures entre de grandes nations. Trois d’entre elles ont impliqué notre propre pays. En dépit de ces holocaustes l’Amérique est aujourd’hui, la nation la plus forte, la plus influente et la plus productive au monde. S’il est compréhensible que nous soyons fiers de cette prééminence, nous nous rendons pourtant compte que la première place et le prestige des USA ne dépendent pas simplement de notre progrès matériel inégalé, de notre richesse et de notre force militaire, mais aussi de la façon dont nous employons notre puissance dans l’intérêt de la paix dans le monde et de l’amélioration de la condition humaine.
Au travers de l’aventure d’un gouvernement dans la liberté pour l’Amérique, nos buts premiers ont été de préserver la paix, de stimuler les progrès de la réalisation humaine et de faire grandir la liberté, la dignité et l’intégrité parmi les peuples et les nations. Ne pas s’efforcer d’en faire autant serait indigne d’un peuple libre et religieux. Tout manquement dû à l’arrogance, au manque de compréhension ou de promptitude au sacrifice nous infligerait d’ailleurs un grave préjudice moral, ici comme à l’étranger.
La progression vers ces nobles buts est constamment menacée par le conflit qui s’empare actuellement du monde. Il commande notre attention entière et absorbe nos êtres mêmes. Nous faisons ici face à une idéologie globale hostile, athée dans son caractère, impitoyable dans ses buts et insidieuse dans ses méthodes. Malheureusement le danger qu’elle présente promet de durer longtemps. Pour y faire face avec succès, nous sont demandés, non pas tant les sacrifices passionnés et transitoires des temps de crise, que ceux qui nous rendront capables de porter sans faillir, sûrement et sans se plaindre le fardeau d’une longue et complexe lutte, dont le prix est la liberté. C’est seulement ainsi que nous resterons, en dépit des provocations, sur le chemin que nous nous sommes fixés vers une paix permanente et l’amélioration du genre humain.
Des crises, il continuera d’en survenir. En les affrontant, qu’elles soient intérieures ou à l’étranger, grandes ou petites, il y a une tentation répétée de penser que telle ou telle action spectaculaire et coûteuse pourrait devenir la solution miraculeuse à toutes les difficultés rencontrées. L’augmentation énorme des dernières nouveautés pour notre programme de défense ; le développement de programmes irréalistes pour traiter chaque maladie, dans l’agriculture ; l’expansion spectaculaire de la recherche fondamentale et appliquée – ces possibilités, et bien d’autres, chacune prometteuse en soi, pourrait être suggérée comme le seul chemin vers la voie que nous souhaitons suivre.
Or chaque proposition doit être pesée à la lumière d’une considération plus large : la nécessité de maintenir l’équilibre entre les différents programmes nationaux et à l’intérieur de chacun d’entre eux, de maintenir l’équilibre entre économie publique et économie privée, l’équilibre entre le coût et le gain espéré, le clairement nécessaire et le confortablement souhaitable, l’équilibre entre nos exigences essentielles en tant que nation et les devoirs imposés par la nation à l’individu, l’équilibre les action du présent et le bien-être national du futur. Le bon jugement recherche équilibre et progrès ; son contraire amènera déséquilibre et anéantissement. Le souvenir de nombreuses décennies est là comme preuve que notre peuple et son Gouvernement ont, dans l’ensemble, compris ces vérités et y ont bien répondu, face à l’effort et à la menace.
Mais des menaces, nouvelles de par leur nature ou leur degré, surgissent constamment. Je n’en mentionnerai que deux ici.
Un élément essentiel pour conserver la paix est notre système militaire. Nos bras doivent être puissants, prêt pour une action instantanée, de sorte qu’aucun agresseur potentiel ne puisse être tenté de risquer sa propre destruction. Notre organisation militaire est aujourd’hui sans rapport avec ce que connurent mes prédécesseurs en temps de paix, ou même les combattants de la Deuxième Guerre Mondiale ou de la Guerre de Corée.
Jusqu’au plus récent conflit mondial, les États-Unis n’avaient pas d’industrie d’armement. Les fabricants américains de socs de charrues pouvaient, avec du temps et sur commande, forger des épées. Mais désormais, nous ne pouvons plus risquer l’improvisation dans l’urgence en ce qui concerne notre défense nationale. Nous avons été obligés de créer une industrie d’armement permanente de grande échelle. De plus, trois millions et demi d’hommes et de femmes sont directement impliqués dans la défense en tant qu’institution. Nous dépensons chaque année, rien que pour la sécurité militaire, une somme supérieure au revenu net de la totalité des sociétés US.
Cette conjonction d’une immense institution militaire et d’une grande industrie de l’armement est nouvelle dans l’expérience américaine. Son influence totale, économique, politique, spirituelle même, est ressentie dans chaque ville, dans chaque Parlement d’État, dans chaque bureau du Gouvernement fédéral. Nous reconnaissons le besoin impératif de ce développement. Mais nous ne devons pas manquer de comprendre ses graves implications. Notre labeur, nos ressources, nos gagne-pain… tous sont impliqués ; ainsi en va-t-il de la structure même de notre société.
Dans les assemblées du gouvernement, nous devons donc nous garder de toute influence injustifiée, qu’elle ait ou non été sollicitée, exercée par le complexe militaro-industriel. Le risque potentiel d’une désastreuse ascension d’un pouvoir illégitime existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques. Nous ne devrions jamais rien prendre pour argent comptant. Seule une communauté de citoyens prompts à la réaction et bien informés pourra imposer un véritable entrelacement de l’énorme machinerie industrielle et militaire de la défense avec nos méthodes et nos buts pacifiques, de telle sorte que sécurité et liberté puissent prospérer ensemble.
De même la révolution technologique des décennies récentes fut en grande partie responsable des changements radicaux de notre position militaro-industrielle. Dans cette révolution, la recherche est devenue centrale, elle est également plus formalisée, plus complexe, et coûteuse. Une part toujours croissante en est conduite pour, par, ou sous la direction du Gouvernement fédéral.
Aujourd’hui, l’inventeur solitaire, bricolant au fond de sa boutique, a été dépassé par des troupes de choc formées de scientifiques dans les laboratoires et des centres d’essai. De la même manière, l’université libre, historiquement source d’idées et de découvertes scientifiques nées dans la liberté, a vécu une révolution dans la conduite de la recherche. En bonne partie à cause des coûts énormes impliqués, obtenir un contrat avec le gouvernement devient quasiment un substitut à la curiosité intellectuelle. Pour chaque vieux tableau noir il y a maintenant des centaines d’ordinateurs. La perspective d’une domination des spécialistes de notre nation par les emplois fédéraux, les budgets attribués aux projets et le pouvoir de l’argent, cette perspective est bien présente et doit être considérée avec gravité.
Cependant, tout en apportant à la recherche et scientifique le respect que nous leur devons, nous devons également être attentif à un danger à la fois aussi grave et opposé, à savoir que l’ordre public puisse devenir captif d’une élite scientifique et technologique. C’est la tâche de l’homme d’état que de mouler, équilibrer, intégrer toutes ces forces, anciennes et nouvelles, aux principes de notre système démocratique – en visant toujours à atteindre les buts suprêmes de notre société libre.
Un autre facteur de maintien de l’équilibre implique l’élément de temps. Alors que nous envisageons la société future, nous devons – vous et moi et notre gouvernement – éviter la tentation de vivre seulement pour le jour qui vient, pillant pour notre propre aisance, et à notre convenances les précieuses ressources de demain. Nous ne pouvons pas hypothéquer les actifs de nos petits-enfants sans risquer de dilapider également leur héritage politique et spirituel. Nous voulons que la démocratie survive pour les générations qui viennent, non pour devenir le fantôme insolvable de demain.
Sur ce long chemin de l’histoire qu’il reste à écrire, l’Amérique sait que notre monde, toujours plus petit, doit éviter de devenir une redoutable communauté de crainte et de haine, et, au contraire, tendre à être une confédération fière dans la confiance et le respect mutuels. Une telle confédération doit être composée d’égaux. Le plus faible doit pouvoir venir à la table de conférence avec la même confiance que nous, protégés que nous sommes par notre force morale, économique, et militaire. Cette table, même si elle porte les cicatrices de nombreuses frustrations du passé, ne peut pas être abandonnée pour l’atroce douleur qu’on rencontre à coup sûr sur le champ de bataille.
Le désarmement, dans l’honneur et la confiance mutuels, est un impératif permanent. Ensemble nous devons apprendre à composer avec nos différences, non pas avec les armes, mais avec l’intelligence et l’honnêteté des intentions.
Puisque cette nécessité est si cruciale et si évidente, je confesse que j’abandonne mes responsabilités officielles dans ce domaine avec beaucoup de déception. Pour être de ceux qui ont assisté à l’horreur et à la tristesse prolongée de la guerre, de ceux qui savent qu’une autre guerre pourrait totalement détruire une civilisation qui s’est si lentement et douloureusement construite pendant des milliers d’années, j’aurais voulu pouvoir dire ce soir qu’une paix durable est en vue.
Heureusement, je peux dire que la guerre a été évitée. Un progrès régulier vers notre but ultime a été accompli. Mais il reste tellement à faire. En tant que citoyen privé, je ne cesserai jamais de tout faire, aussi minime que cela soit, pour aider le monde à avancer le long de cette route.
Ainsi, dans ce dernier « Bonne nuit » que je vous adresse en tant que Président, je vous remercie des nombreuses chances que vous m’avez données de me consacrer au service public, dans la guerre comme dans la paix. J’espère que vous aurez trouvé quelques choses de valeur dans le service auquel je me suis consacré ; quant au reste, je sais que vous trouverez vous-même les moyens d’améliorer ces résultats dans le futur.
Vous et moi, mes chers concitoyens, avons besoin d’être forts dans notre croyance que toutes les nations, grâce à Dieu, atteignent ce but de paix avec justice. Puissions nous toujours rester fermes dans la dévotion à ces principes, confiants mais humbles dans le pouvoir, diligents dans la poursuite des grands buts de la nation.
À tous les peuples du monde, j’exprime une fois de plus le souhait et la prière de l’Amérique :
Nous prions pour que les peuples de toutes fois, de toutes races, de toutes nations, puissent voir leurs plus principaux besoins satisfaits. Pour que ceux qui actuellement n’ont pas cette occasion puissent l’apprécier un jour entièrement ; que tous ceux qui aspirent à la liberté puissent en éprouver ses bénédictions spirituelles ; que ceux qui possèdent la liberté comprennent les grandes responsabilités qu’elle engendre ; que tous ceux qui sont peu sensibles aux besoins des autres apprennent la charité ; que les fléaux de la pauvreté, de la maladie et de l’ignorance soient amenés à disparaître de la surface de la terre, et que, avec le temps, tous les peuples viennent à vivre ensemble dans une paix garantie par la force du respect et de l’amour mutuels qui les lient.
Maintenant, ce vendredi à midi, je vais devenir un simple citoyen. J’en suis fier. J’en ai hâte.
Merci et bonne nuit.
Dwight D. Eisenhower
Goldman Sachs va conseiller la Grèce pour son retour sur les marchés
https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/030456891428-goldman-sachs-va-conseiller-la-grece-pour-son-retour-sur-les-marches-2103331.php#xtor=RSS37
Non, l’antisionisme n’est pas un antisémitisme réinventé, par Sylvain Cypel
« Nous ne céderons rien aux messages de haine, à l’antisionisme parce qu’il est la forme réinventée de l’antisémitisme ». On ne sait si, par ces mots, le président Emmanuel Macron a simplement espéré gagner opportunément les faveurs de Benyamin Nétanyahou, qu’il accueillait aux cérémonies de commémoration de la déportation des juifs parisiens en juillet 1942, ou s’il a énoncé une conviction plus profonde. Mais dans les deux cas, il a eu tort. Espérer séduire Nétanyahou en cédant à son verbe n’est qu’un leurre — demandez à Barack Obama ce qu’il en pense. Quant au fond, l’assimilation de l’antisionisme à une nouvelle mouture de l’antisémitisme est une erreur funeste. Cette assertion est l’une des clefs de voûte depuis des décennies de la hasbara, la communication israélienne. Et plus Israël s’enfonce dans la domination coloniale d’un autre peuple, les Palestiniens, plus l’assertion « antisionisme égal antisémitisme » est répétée pour stigmatiser quiconque critique cette domination.
En soi, la méthode consistant à délégitimer la critique en démonisant son auteur est vieille comme la politique. Ainsi Joseph Staline et ses émules assimilaient-ils toute critique du communisme soviétique à du « fascisme ». Si les fascistes étaient viscéralement anticommunistes, cela ne faisait pas de tous les contempteurs du régime soviétique des fascistes. Mais les staliniens continuaient à vilipender leurs adversaires, sans distinction, sous ce vocable infamant. Aujourd’hui, un Robert Mugabe, au Zimbabwe, qualifie régulièrement ses adversaires de « défenseurs de l’apartheid ». Que des racistes patentés figurent parmi les dénonciateurs de l’autocrate zimbabwéen est évident. Mais que tous soient des nostalgiques de la ségrégation raciale est une accusation délirante et dérisoire. On pourrait multiplier les exemples.
Il en va de même de l’idée selon laquelle l’antisionisme serait la version moderne de l’antisémitisme. D’abord parce que l’antisionisme n’est pas une idéologie très définie. Historiquement, il a consisté à récuser l’idée d’une solution nationaliste à la question juive. Aujourd’hui, il y a en Israël des gens qui se disent antisionistes par simple hostilité à une occupation des Palestiniens menée au nom même du sionisme. D’autres se disent « post-sionistes » parce qu’à leurs yeux, l’ambition du sionisme étant la constitution d’un État juif, son existence annule d’autorité la nécessité du sionisme. Je connais enfin des Israéliens tout à fait sionistes qui sont si révulsés par la politique de Nétanyahou qu’ils se disent honorés d’être traités d’ « antisionistes » par un gouvernement d’extrême droite raciste et colonialiste. Ces derniers remplissent par exemple les rangs d’une ONG comme Breaking the Silence, qui regroupe des soldats dénonçant les crimes commis par leur armée contre des Palestiniens et dont plusieurs des dirigeants sont des officiers et aussi des juifs pieux. Ils ne sont pas antisémites. Ils sont même l’honneur d’Israël. Quant à moi, je considère le sionisme comme une question philosophiquement désuète. En revanche, si le sionisme, comme le prône Nétanyahou, consiste à exiger la reconnaissance d’Israël pour mieux empêcher le droit des Palestiniens à l’autodétermination, alors je suis antisioniste. Serais-je donc antisémite ?
Bref, que l’on trouve parmi les antisionistes d’aujourd’hui des gens projetant sur Israël leur antisémitisme atavique ou récent ne fait aucun doute. Mais que l’antisionisme soit en tant que tel une idéologie antisémite est une idée infamante et erronée. Et puis, il y a plus grave. Il y a chez Nétanyahou non seulement cette utilisation abusive de l’accusation d’antisémitisme, mais aussi cette sidérante propension à s’entendre avec de vrais antisémites lorsque ça l’arrange. Au moment où vous-même, M. le Président, cautionniez sa thèse, le New York Times publiait un article d’opinion d’une journaliste et traductrice israélienne, Mairav Zonszein, accusant ouvertement son premier ministre de collusion avec celui de la Hongrie, Viktor Orban, un homme qui laisse proliférer l’antisémitisme parmi ses partisans.
Et de fait, de Paris, Nétanyahou a rejoint Budapest. Depuis des années, le gouvernement israélien raffermit ses relations avec les gouvernements les plus réactionnaires d’Europe centrale. Il a soutenu avec une grande compréhension l’attitude du régime hongrois dans la récente crise des réfugiés syriens. Nétanyahou soutient aussi la campagne lancée par Orban contre le financier américain George Soros, dont la fondation favorise les initiatives démocratiques. Cette campagne est menée à l’aide d’arguments fleurant l’antisémitisme : Orban accuse Soros d’user de « l’argent étranger » pour nuire à son pays. Quant aux graffitis hostiles qui prolifèrent en Hongrie contre le magnat américain, beaucoup sont sans équivoque antisémites.
Ce lien entre la droite coloniale israélienne que Nétanyahou incarne — même si désormais on trouve plus radical que lui en Israël — et des organisations exsudant un antisémitisme plus ou moins manifeste n’est pas neuf. Aux États-Unis, un polémiste d’extrême droite comme Glenn Beck, qui avait lui aussi insulté George Soros avec des relents antisémites, était venu se refaire une virginité en 2011 en visitant des colonies religieuses israéliennes extrémistes. Il y fut accueilli en héros (Beck est avant tout islamophobe). Quant à l’invité d’honneur du dernier diner de la Zionist Organisation of America (ZOA), une formation américaine qui regroupe les soutiens à la droite israélienne radicale, il se nommait Steve Bannon, proche conseiller de Donald Trump accusé entre autres par son ex-femme de propos antisémites. Le tollé fut tel dans la communauté juive américaine qu’il renonça à venir. Mais la ZOA afficha sa solidarité avec lui.
On assiste aujourd’hui à un phénomène ahurissant dans cette dérive israélienne. À double détente, l’accusation d’antisémitisme y est désormais soumise aux intérêts contingents. Un : les antisionistes sont tous des antisémites. Deux : les prosionistes sont tous bienvenus, y compris quand ils sont antisémites. Si vous défendez les droits humains en Palestine, vous êtes antisémite. Si vous êtes islamophobe, que vous soyez aussi antisémite revêt peu d’importance. Le prix à payer à l’avenir pour cette folie risque d’être très élevé. Et l’avaliser aura été, selon l’adage, plus qu’une erreur : une faute.
SYLVAIN CYPEL
Source : Orient XXI, Sylvain Cypel, 19-07-2017
Les commentaires sont fermés.
http://www.les-crises.fr/non-lantisionisme-nest-pas-un-antisemitisme-reinvente-par-sylvain-cypel/
Source : les-crises.fr, Olivier Berruyer
Les sentinelles de la démocratie
Raison d’Etat contre Etat de droit : où commence et où s’arrête la liberté en démocratie ? Comment résoudre la contradiction entre logique d’Etat et exigence démocratique ?
Ils sont traqués comme des grands criminels. Réfugié dans un sous-sol d’ambassade pour Julian Assange, fondateur de Wikileaks ; ou en exil à Moscou pour Edward Snowden, révélateur de la surveillance de masse opérée par les Etats-Unis sur le monde entier.
Le premier, a monté une plateforme permettant aux lanceurs d’alerte de divulguer des informations confidentielles de façon anonyme. Il plaide pour une transparence radicale et fournit la technologie pour publier des informations sensibles. Ce que les journalistes font de manière courante. Le second a révélé l’étendue tentaculaire de l’interception des communications personnelles par les services de sécurité américains. Les révélations de Snowden ébranlent l’opinion publique mondiale.
Au nom de la lutte antiterroriste
Depuis, les révélations sur la surveillance de masse par les grandes puissances se multiplient. L’ex président François Hollande et l’ancien ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, sont eux-mêmes obligés de reconnaître en 2015 l’existence en France d’une plateforme secrète d’interception massive des communications privées, le « Pôle national de cryptanalyse et de décryptement ». Ces interceptions sont illégales puisqu’elles dépassent de très loin le seul objectif de lutter contre le terrorisme.
Alors pourquoi tant de haine envers ceux qui ne font, après tout, que rappeler les Etats à leur mission et agissent comme les nécessaires vigies de la démocratie ?
Entretien avec Geoffroy de Lagasnerie, très intéressant :
https://www.franceinter.fr/emissions/lanceurs-d-alerte/lanceurs-d-alerte-22-juillet-2017
Source : France Inter
Je trouve Geoffroy de Lagasnerie passionnant. Il faudrait RETRANSCRIRE ici les quelques grandes idées soulignées par Geoffroy de Lagasnerie dans cet entretien avec Claire Nouvian.
Étienne
« Jour J » pour le changement de régime par la force au Venezuela
http://www.mondialisation.ca/jour-j-pour-le-changement-de-regime-par-la-force-au-venezuela/5600495
Jordanix souligne un rouage terrible de la tyrannie qui jouera sans doute à plein le moment venu, faute de citoyens assez vigilants pour s’être mobilisés à temps pour l’empêcher durablement (par des institutions adéquates) :
L’EXPÉRIENCE DE ROSENHAN, les enfermements arbitraires « pour raisons psychiatriques »
httpv://www.youtube.com/watch?v=qfAVsVNPieg
Comment “le système” impose la “vérité”
[…] « Pendant ce temps, les médias occidentaux mainstream continuent de marteler à domicile leurs récits de propagande, notamment concernant la Russie. Une autre étude de cas s’est déroulée la semaine dernière avec la nouvelle journaliste vedette de NBC, Megyn Kelly, qui a interviewé le président russe Vladimir Poutine le 2 juin en marge du Forum économique international de Saint-Pétersbourg.
Megyn Kelly, de NBC, s’entretient avec le président russe Vladimir Poutine le 2 juin 2017. (Photo NBC)
Ce dernier crime de NBC contre le journalisme professionnel devient évident lorsqu’on compare la version complète de l’interview telle qu’elle a été diffusée sur le réseau RT en Russie et la version éditée que NBC a diffusée pour son public américain. L’écart le plus choquant se trouve dans une séquence où Kelly interrogeait agressivement Poutine sur ce qui, selon elle, était la compréhension par les Américains de son gouvernement, à savoir tuer des journalistes, supprimer l’opposition politique, être rongé par la corruption, etc.
Dans la version de NBC, la réponse de Poutine a été réduite à une déclaration liminaire creuse selon laquelle « la Russie est sur le point de devenir une démocratie », flanquée d’une phrase de clôture également creuse. Dans la version complète et non coupée, Poutine répond aux allégations de Kelly point par point, puis retourne la question en demandant de quel droit les États-Unis et l’Occident mettent en cause le bilan de la Russie, alors qu’ils ont activement fait bien pire que ce que Kelly reproche. Il a demandé où est Occupy Wall Street aujourd’hui, pourquoi les États-Unis et la police européenne utilisent des matraques et des gaz lacrymogènes pour briser les manifestations, alors que la police russe ne fait rien de tel, et ainsi de suite.
Autrement dit, NBC a intentionnellement fait en sorte que Poutine ressemble à un despote creux, alors qu’il est en fait un débatteur très sophistiqué ; il l’avait démontré plus tôt dans la journée lors d’une table ronde ouverte avec Kelly, où elle était devenue la risée de tous. En ce qui concerne l’interview caviardée, le management de NBC porte la première responsabilité pour avoir déformé le document et trompé ses téléspectateurs. » […]
http://www.les-crises.fr/comment-le-systeme-impose-la-verite-par-gilbert-doctorow/
Source : les-crises.fr, Olivier Berruyer
La main des États-Unis dans les tragédies libyenne et syrienne
« Les désastres liés à la politique de « changement de régime » de l’administration Obama propagent la violence terroriste en Europe, mais ils sont à l’origine de bien plus de carnages dans ces deux pays touchés par cette tragédie, écrit Jonathan Marshall.
Les enquêtes policières et la presse ont confirmé que deux des attaques terroristes les plus meurtrières à s’être déroulées en Europe de l’Ouest – les attentats à la bombe et les fusillades coordonnés à Paris de novembre 2015 qui ont fait 130 victimes et l’attentat à la bombe de mai 2017 dans la salle Arena de Manchester en Angleterre, qui en a fait 23 – ont été provoquées par une unité de l’EI basée en Libye, unité du nom de Katibat al-Battar.
La secrétaire d’État des États-Unis Hillary Clinton évoque, lors d’une session du Conseil de sécurité des Nations Unies, la situation en Syrie (Nations Unies, New York, le 31 janvier 2012)
Depuis ces attaques, de nombreux analystes, moi y compris, les ont considérées comme une forme de « réaction » à la campagne désastreuse menée pour déposer le dictateur libyen Mouammar Kadhafi en 2011. En transformant la Libye en base-arrière des militants extrémistes radicaux, cette intervention a provoqué en boomerang l’exportation de la terreur vers Europe de l’Ouest.
Cependant, une critique aussi eurocentrique de l’intervention de l’OTAN laisse dans l’ombre les dommages bien plus graves qu’elle a provoqués en Syrie, où près d’un demi-million de personnes ont trouvé la mort et dont au moins 5 millions des citoyens ont dû s’enfuir depuis 2011. Les dirigeants états-uniens, britanniques et français ont contribué à déclencher, par leur hubris, l’une des plus grandes catastrophes modernes.
Il y a dix ans, la Libye, loin d’être un sanctuaire pour les opérations des djihadistes extrémistes, était l’un des principaux ennemis de ceux-ci. Un rapport de 2008 du département d’État faisait remarquer que « la Libye était un solide partenaire dans la lutte contre le terrorisme ». Il était aussi reconnaissant au régime de Kadhafi « de s’engager avec force dans des actions contre les flux de combattants étrangers », surtout des vétérans des guerres djihadistes en Afghanistan et en Syrie.
Tous ces efforts ont pris fin en 2011, quand des rebelles armés, qui comptaient, parmi eux, des membres disciplinés d’al-Qaïda et de l’EI, ont demandé l’aide de l’OTAN pour renverser le régime de Kadhafi. Les leaders occidentaux n’ont pas prêté attention aux avertissements prémonitoires du fils de Kadhafi, Seif, selon lequel « la Libye peut fort bien devenir la Somalie de l’Afrique du Nord, de la Méditerranée… Vous verrez des millions d’immigrants illégaux. La terreur sera à vos portes ». Kadhafi lui-même a prédit « qu’ une fois que les djihadistes auront le contrôle de la Méditerranée … alors il attaqueront l’Europe ».
Les attaques terroristes qui ont suivi en Europe ont, sans conteste, prouvé la validité de ces avertissements tout en discréditant le prétexte prétendument humanitaire de la guerre illégale en Syrie. Cependant les efforts des djihadistes pour contrôler la Méditerranée ont eu de bien plus graves répercussions, au moins dans le cas de la Syrie.
Un récent article du New York Times au sujet de la genèse des récentes attaques terroristes en France et en Grande-Bretagne a fait remarquer, en passant, que l’EI de Libye, constitué de « vétérans chevronnés des guerres d’Afghanistan et d”Irak », faisait partie « du premier contingent djihadiste étranger à arriver en Syrie en 2012, au moment où la révolte populaire du pays se changeait en guerre civile de grande envergure et en insurrection islamiste ».
Un ancien analyste britannique du contre-terrorisme a déclaré au journal : « Certains des mecs les plus dégueulasses d’al-Qaïda étaient des Libyens. Quand je me suis intéressé à l’EI, je me suis rendu compte que c’était la même chose. C’étaient les plus durs, les plus violents, ceux qui étaient toujours les plus extrémistes, contrairement aux autres. Les Libyens étaient l’élite des troupes et l’EI savait exploiter leurs caractéristiques ».
La violence extrémiste en Syrie.
Ces djihadistes libyens ont tiré parti de leur nombre, de leurs ressources et de leur fanatisme pour contribuer à l’escalade du conflit syrien jusqu’à la tragédie que nous voyons maintenant. Le carnage, que nous considérons maintenant comme allant de soi, n’était pas inévitable.
Le secrétaire d’État, John Kerry, prétend, le 30 août 2013, avoir les preuves de la responsabilité du gouvernement syrien dans l’attaque aux armes chimiques du 21 août 2013, mais ces preuves ou ne se sont pas concrétisées ou ont été, plus tard, discréditées.
Bien que les manifestations anti-gouvernementales en Syrie du printemps 2011 soient, très vite, presque depuis le début, devenues très violentes, beaucoup de réformateurs et de responsables gouvernementaux se sont efforcés d’empêcher une guerre civile totale. En août 2011, les dirigeants de l’opposition syrienne ont déclaré très raisonnablement que les appels aux armes étaient « inacceptables, d’un point de vue politique, national et éthique. Militariser la révolution conduirait à sous-évaluer la gravité de la catastrophe humanitaire qu’impliquerait une confrontation avec le régime. La militarisation amènerait la révolution sur un plan où le régime avait un avantage notable et elle saperait la supériorité morale qui avait caractérisé la révolution depuis le début ».
On l’a oublié aujourd’hui, en général, mais le gouvernement d’Assad a aussi pris des mesures sérieuses pour encourager une désescalade de la violence, comme lever l’état d’urgence, dissoudre l’impopulaire Cour nationale de sécurité, nommer un nouveau gouvernement et organiser un dialogue national avec les leaders de l’opposition.
Mais le 18 août 2011, les mêmes dirigeants occidentaux qui bombardaient Kadhafi annonçaient au monde : « le temps est venu pour le président Assad de démissionner ». Comme pour fortifier la résolution des militants syriens, les rebelles libyens étaient alors juste en train de conquérir Tripoli avec l’aide de l’OTAN.
« C’est un signe de mauvais augure pour le président syrien Bachar al-Assad, écrivait le Wall Street Journal. Il y a déjà des signes qui montrent que la Libye inspire les rebelles qui essaient de renverser Assad… Les manifestants syriens sont descendus dans la rue pour scander : « Kadhafi ce soir, Assad demain… » Il est fort possible que l’épisode libyen ne serve qu’à intensifier le conflit en Syrie, à la fois en motivant les dissidents et en renforçant la détermination de M. Assad à tenir bon ».
Le développement du conflit en Syrie n’a pas été une conséquence involontaire de la campagne libyenne, mais une démarche volontaire de l’ambition ancienne des néoconservateurs de « remodeler le Moyen-Orient » en renversant des régimes extrémistes et antiaméricains. Le même article du Wall Street Journal évoquait les buts grandioses de certains interventionnistes de Washington :
« La nouvelle énergie apportée par le soulèvement libyen pourrait aussi se propager aux autres pays de la région, pas seulement à la Syrie. Les responsables états-uniens espèrent en particulier que cela va donner une nouvelle vigueur à un mouvement de protestation né en 2009 en Iran pour mettre en cause la réélection du président Mahmoud Ahmadimejad… La Syrie est depuis 30 ans le plus proche allié stratégique de l’Iran dans la région. Selon des responsables états-uniens, les menaces qui pèsent de plus en plus sur le régime d’Assad pourraient motiver les forces démocratiques iraniennes ».
Bien sûr, au lieu de motiver les démocrates iraniens, le conflit syrien a encouragé les tenants de la ligne dure de l’Iran à envoyer la Garde révolutionnaire et par procuration des forces du Hezbollah chez leur voisin, déstabilisant ainsi davantage la région.
À la suite de l’horrible meurtre de Kadhafi à l’automne 2011, les extrémistes libyens se sont vite mis à attiser d’autres conflits terroristes, du Mali jusqu’au Moyen-Orient, en utilisant des armes pillées dans les énormes stocks de Kadhafi.
« La prolifération des armes, provoquée par la fin du conflit libyen, était d’une échelle plus grande que lors de tout autre conflit, probablement dix fois plus d’armes que ce que nous avions vu en Irak, en Somalie et en Afghanistan », a constaté un expert de Human Rights Watch.
D’après une enquête des Nations Unies, « les transferts d’armes et de munitions venant de Libye ont été parmi les premiers lots d’armes et de munitions à atteindre l’opposition syrienne ». Elle souligne aussi que les armes libyennes étaient d’abord destinées à des « éléments extrémistes », pour leur permettre de gagner du terrain et de l’influence aux dépens de groupes rebelles plus modérés. »
La propagation de la guerre
[…]
Lire la suite :
http://www.les-crises.fr/la-main-des-etats-unis-dans-les-tragedies-libyenne-et-syrienne/
Source : les-crises.fr, Olivier Berruyer
McMaster exhorte à un nouveau déploiement de troupes en Afghanistan,
par James W. Carden
L’échec à faire rendre des comptes aux responsables de la guerre en Irak a conduit à des récits erronés sur des « déploiements de troupes couronnés de succès » qui n’ont en fait jamais réussi ; il pourrait s’ensuivre une escalade dans les massacres en Afghanistan, selon James W. Carden.
Lire l’article :
http://www.les-crises.fr/mcmaster-exhorte-a-un-nouveau-deploiement-de-troupes-en-afghanistan-par-james-w-carden/
Source : les-crises.fr, Olivier Berruyer
Très intéressante vidéo du « Vaillant petit économiste » (sur l’UE pilotée par l’étranger évoquée par de Gaulle, sur le putch d’Alger contre de Gaulle, putch organisé par la CIA, sur le réseau Gladio, Stay behind, Alan Dulles patron de la CIA corrupteur des dirigeants européens, des usuriers maîtres de l’Argent qui ont pris les contrôle de tous les pouvoirs, etc.) (mais qui, malheureusement, se transforme en publicité vers la fin 🙁 ) :
https://pro.vbn-edi.com/p/LDM02/ELDMGK04
Trump se soumet aux souhaits des Faucons de la guerre, par Ann Wright
Source : http://www.les-crises.fr/trump-se-soumet-aux-souhaits-des-faucons-de-la-guerre-par-ann-wright/
Le président Trump se jette dans les guerres étendues au Moyen-Orient, dans les nouvelles escalades en Syrie, en Afghanistan et ailleurs, s’appuyant sur les politiques sanglantes de ses prédécesseurs, comme l’explique la colonelle à la retraite Ann Wright.
La militarisation de la politique étrangère des États-Unis n’a certes pas débuté avec le président Donald J. Trump. En fait, elle remonte à plusieurs décennies. Cependant, si les 100 premiers jours de Trump à la Maison-Blanche peuvent donner une indication, il n’a nullement l’intention de modifier la tendance.
Un drone Predator tirant un missile
En une seule semaine en avril, l’administration Trump a tiré 59 missiles Tomahawk sur une base aérienne syrienne, et a largué la plus importante bombe de l’arsenal américain sur de supposés tunnels de l’EI en Afghanistan. Cette charge incendiaire de 10 tonnes n’avait jamais été utilisée au combat – la MOAB pour Massive Ordinance Air Blast, familièrement connue comme la « Mère de toutes les bombes » – a été utilisée dans le district d’Achin, en Afghanistan, où le sergent De Alencar des Forces spéciales avait été tué une semaine auparavant. (La bombe n’avait été testée que par deux fois en 2003, sur la base aérienne d’Elgin, en Floride).
Pour souligner la préférence de la nouvelle administration pour la force plutôt que la diplomatie, la décision d’expérimenter la puissance explosive de cette méga-bombe a été prise unilatéralement par le général John Nicholson, le général commandant les forces américaines en Afghanistan. En saluant la décision, le président Trump a déclaré qu’il avait donné son « total accord » à l’armée américaine pour mener toutes les missions qu’elle souhaiterait, partout dans le monde – ce qui signifie probablement sans consulter auparavant le comité inter-agences de la Sécurité nationale.
Il est aussi très révélateur que le Président Trump ait choisi des généraux pour deux postes majeurs en matière de sécurité, traditionnellement occupés par des civils : le secrétaire à la Défense et le conseiller à la Sécurité nationale. Pourtant après trois mois de son administration, il a laissé vacants des centaines de postes gouvernementaux civils importants de l’État, de la Défense et d’ailleurs.
Tandis que le président Trump n’a toujours pas énoncé de stratégie au sujet des assassinats politiques, il n’y a pas eu, jusqu’à présent, de signe qu’il compte modifier la pratique établie par ses récents prédécesseurs de recourir aux attaques de drones.
En 1976, cependant, le président Gérald Ford avait montré un exemple très différent quand il signa ledécret présidentiel 11095. Ce dernier indiquait « qu’aucun employé du gouvernement américain ne devait participer, ou conspirer pour participer, à un assassinat politique. »
Le président Ford officialisa cette interdiction après que les enquêtes de la commission Church (la commission sénatoriale spéciale pour l’étude des opérations gouvernementales en rapport aux activités de renseignement, présidée par le sénateur Franch Church, de l’Idaho) et de la commission Pike (son équivalent à la Chambre, présidée par le représentant Otis G. Pike, de New York) eurent révélé l’étendue des opérations d’assassinats de l’Agence centrale de renseignement américaine (CIA) contre des dirigeants étrangers dans les années 60 et 70.
Autoriser les assassinats
À quelques exceptions près, les présidents suivants on maintenu l’interdiction. Mais en 1986, le président Ronald Reagan ordonna une attaque contre la maison du libyen Mouammar Kadhafi à Tripoli, en représailles du bombardement d’une discothèque à Berlin qui avait tué un militaire américain, deux citoyens allemands, et fait 229 blessés. En 12 minutes seulement, les avions américains larguèrent 60 tonnes de bombes sur la maison, mais sans réussir à tuer Kadhafi.
Le président Ronald Reagan menant une réunion sur le terrorisme le 26 janvier 1981, avec le secrétaire d’État Alexander Haig, le secrétaire à la Défense Caspar Weinberger et le conseiller à la Maison-Blanche, Edwin Meese. (Crédit photo : bibliothèque Reagan)
Douze ans plus tard, en 1998, le président Bill Clinton ordonna le lancement de 80 missiles de croisière sur les installations d’al-Qaïda en Afghanistan et au Soudan, en représailles aux bombardements des ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie. L’administration Clinton justifia l’action en affirmant que l’interdiction d’assassinat ne couvrait pas les individus que le gouvernement américain avait déterminés comme étant liés au terrorisme.
Dans les jours qui suivirent les attaques perpétrées par al-Qaïda à l’encontre des États-Unis le 11 septembre 2001, le président George W. Bush signa un « constat » des services de renseignement, permettant à la CIA de lancer des « opérations secrètes mortelles » visant à tuer Osama bin Laden et à anéantir son réseau terroriste. Les juristes de la Maison-Blanche et de la CIA défendirent la constitutionnalité de cette mesure, se fondant sur deux moyens. Premièrement, ils se rallièrent à l’avis de l’administration Clinton selon lequel le décret présidentiel11905 n’empêchait aucunement les États-Unis de s’attaquer aux terroristes. Plus largement, ils déclarèrent que l’interdiction des assassinats politiques ne s’appliquait pas en temps de guerre.
Le rejet en bloc par l’administration Bush de l’interdiction des éliminations ciblées ou des assassinats politiques a totalement inversé la tendance qui a prévalu pendant un quart de siècle en matière de politique étrangère bipartisane aux États-Unis. Cela a également ouvert la voie à l’utilisation de véhicules aériens téléguidés pour perpétrer des éliminations ciblées (un euphémisme pour assassinats).
Les forces aériennes américaines se servaient déjà de véhicules aériens téléguidés (VAT) depuis les années 60, mais uniquement comme plateformes de surveillance sans personnel. Néanmoins, suite aux attentats du 11 septembre, le Département de la Défense et l’Agence centrale de renseignement américains ont armé des « drones » (comme ils furent rapidement baptisés) pour tuer à la fois les dirigeants et les soldats d’al-Qaïda tout comme des Talibans.
Les États-Unis établirent des bases militaires en Afghanistan et au Pakistan pour servir cet objectif. Cependant, la mort de civils, dont un large groupe rassemblé pour célébrer un mariage, causée par d’une série d’attaques de drones, poussa le gouvernement pakistanais à ordonner en 2011 le retrait des drones et du personnel militaire américains de la base aérienne de Shamsi. Toutefois, les assassinats ciblés se poursuivirent au Pakistan au moyen de drones basés hors des frontières du pays.
L’approche Obama
En 2009, le Président Barack Obama reprit là où son prédécesseur s’était arrêté. Avec les inquiétudes grandissantes du public et du Congrès à propos de l’utilisation d’avions contrôlés par la CIA et des opérateurs militaires situés à 16 000 kilomètres des personnes qu’ils avaient pour ordre de tuer, la Maison-Blanche fut forcée de reconnaître officiellement le programme d’élimination ciblée et de décrire comment certaines personnes devinrent des cibles du programme.
Le Président Barack Obama serre la main aux troupes américaines à l’aérodrome de Bagram, à Bagram, Afghanistan, le Dimanche 25 mai 2014 (Photo officielle de la Maison-Blanche, par Pete Souza)
Cependant, au lieu de réduire le programme, l’administration Obama doubla la mise. Essentiellement, elle désigna comme combattants tous les hommes d’âge militaire en zone de frappe étrangère, et de ce fait comme cibles potentielles de ce qu’elle appela ses « frappes signées ». Encore plus dérangeant, elle déclara que les attaques visant précisément d’importants terroristes, connues sous le nom de « frappes de personnalités », pourraient inclure des citoyens américains.
Cette possibilité théorique devint rapidement une sinistre réalité. En avril 2010, le Président Obama autorisa la CIA à « cibler » Anwar al-Awlaki, un citoyen américain et ancien imam d’une mosquée de Virginie, pour assassinat. Moins d’une décennie auparavant, le Bureau du secrétaire aux Armées avait invité l’imam à participer à un service interconfessionnel à la suite du 11 septembre. Mais al-Awlaki devint plus tard un fervent opposant à la « guerre contre la terreur », partit au Yémen, la patrie de son père, et aida al-Qaïda à recruter des membres.
Le 30 septembre 2011, une frappe de drone tua Al-Awlaki et un autre Américain, Samir Khan, qui voyageait avec lui au Yémen. Dix jours plus tard, des drones américains tuèrent le fils âgé de 16 ans d’al-Awlaki, Abdulrahman al-Awlaki, citoyen américain, lors d’une attaque contre un groupe de jeunes hommes autour d’un feu de camp. L’administration Obama n’a jamais précisé si le fils âgé de 16 ans avait été ciblé individuellement parce qu’il était le fils d’al-Awlaki ou s’il avait été victime d’une frappe « signée », correspondant à la description d’un jeune homme d’âge militaire. Cependant, lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche, un journaliste demanda au porte-parole d’Obama, Robert Gibbs, comment il pouvait défendre les meurtres et plus spécialement le décès d’un citoyen américain mineur qui fut « ciblé sans procédure régulière, et sans procès ».
La réponse de Gibbs ne fit rien pour améliorer l’image américaine dans le monde musulman : « Je dirais que vous auriez du avoir un père plus responsable s’il était vraiment soucieux du bien-être de ses enfants. Je ne pense pas que devenir un terroriste djihadiste d’al-Qaïda soit le meilleur moyen d’y arriver ».
Le 29 janvier 2017, la fille âgée de 8 ans d’al-Awlaki, Nawar al-Awlaki, a été tuée lors d’un assaut commando américain au Yémen ordonné par le successeur d’Obama, Donald Trump.
Mariages et funérailles
Pendant ce temps, les médias ont continué de signaler des incidents de civils tués par des frappes de drones à travers la région, qui visent souvent les noces et les funérailles. Beaucoup d’habitants de la région le long de la frontière afghano-pakistanaise pouvaient entendre le bourdonnement des drones volant dans leur région 24 heures sur 24, provoquant des traumatismes psychologiques pour tous ceux qui y vivent, en particulier les enfants.
Suite de la destruction par les États-Unis de l’hôpital de Médecins sans frontières à Kunduz, en Afghanistan. (Crédit graphique : RT)
L’administration Obama a été fortement critiquée pour la tactique de la « double-frappe » : frapper une maison ou un véhicule cible avec un missile Hellfire, puis tirer un deuxième missile sur ceux qui venaient en aide aux blessés de la première attaque. Souvent ceux qui se portaient secours aux gens piégés dans les bâtiments effondrés ou les voitures en flammes étaient des civils locaux, et non des militants.
La logique traditionnellement invoquée pour l’utilisation de drones est qu’ils éliminent la nécessité de « mettre les pieds sur le terrain » — qu’il s’agisse de membres des forces armées ou du personnel paramilitaire de la CIA — dans des environnements dangereux, évitant ainsi de risquer la vie d’Américains. Les responsables états-uniens prétendent également que les renseignements recueillis par les VAT, grâce à leur surveillance prolongée, rendent leurs frappes plus précises, réduisant ainsi le nombre de victimes civiles. (Non-dit, mais probablement un autre facteur de motivation puissant, est le fait que l’utilisation de drones signifie qu’aucun militant soupçonné ne sera capturé vivant, évitant ainsi les complications politiques et autres de la détention.)
Même si ces prétentions sont vraies, elles ne résolvent pas pour autant l’impact de cette tactique sur la politique étrangère américaine. Davantage préoccupant est le fait que les drones permettent aux présidents de botter en touche sur les questions de guerre et de paix en choisissant une option qui paraît offrir un juste milieu, mais qui en réalité a de nombreuses conséquences à long terme pour la politique américaine, ainsi que pour les communautés qui les subissent.
En supprimant le risque de perte de personnel américain, les responsables politiques de Washington peuvent être tentés d’utiliser la force pour résoudre les dilemmes sécuritaires plutôt que de négocier avec les parties impliquées. En outre, par leur nature même, les VAT sont plus susceptibles de provoquer des représailles contre l’Amérique que les systèmes d’armes classiques. Pour beaucoup au Moyen-Orient et en Asie du Sud, les drones représentent une faiblesse du gouvernement américain et de son armée, et non une force. Les guerriers valeureux ne devraient-ils pas se battre sur le terrain, se demandent-t-ils, au lieu de se cacher derrière un drone sans visage dans le ciel, piloté par un jeune dans son fauteuil à plusieurs milliers de kilomètres ?
Des attaques internes
Depuis 2007, au moins 150 membres du personnel de l’OTAN ont été victimes d’« attaques internes » par des membres des forces armées et policières nationales afghanes formés par la coalition. Beaucoup d’Afghans qui commettent de tels meurtres « vert sur bleu » sur le personnel américain, en uniforme autant qu’en civil, proviennent des régions tribales situées à la frontière afghane et pakistanaise où les frappes de drones américaines se sont concentrées. Ils se vengent de la mort de leurs familles et de leurs amis en tuant leurs entraîneurs militaires américains.
« Pilotes » manœuvrant un véhicule aérien téléguidé MQ‑1 Predator lors d’un raid au Moyen-Orient. (Photo de l’armée américaine)
La colère contre les drones est apparue aussi aux États-Unis. Le 1er mai 2010, le Pakistano-Américain Faisal Shahzad tenta de faire exploser une voiture piégée à Times Square. Dans son plaidoyer de culpabilité, Shahzad justifia son attaque de civils en disant au juge : « Quand le drone frappe en Afghanistan et en Irak, ils ne voient pas les enfants, ils ne voient personne. Ils tuent des femmes, des enfants ; ils tuent tout le monde. Ils tuent tous les musulmans. »
Dès 2012, l’armée de l’air américaine recrutait plus de pilotes de drones que de pilotes d’avions traditionnels. Entre 2012 et 2014, ils avaient prévu de recruter 2 500 pilotes et assistants pour le programme de drones. C’est près du double du nombre de diplomates engagés par le Département d’État sur une période de deux ans.
Les préoccupations du Congrès et des médias au sujet du programme ont conduit l’administration Obama à reconnaître la tenue de réunions régulières chaque mardi menées par le Président pour identifier les cibles de la liste d’assassinats. Dans les médias internationaux, « Terror Tuesdays » [les mardis de la terreur, NdT] est devenu une formule de la politique étrangère américaine.
Pour beaucoup de gens dans le monde, la politique étrangère américaine a été dominée durant les 16 années passées par des actions militaires au Moyen-Orient et en Asie du Sud et de grands exercices militaires terrestres et maritimes en Asie du Nord-Est. Sur la scène mondiale, les efforts américains dans les domaines de l’économie, du commerce, des questions culturelles et des droits de l’homme semblent avoir été relégués au second rang en faveur des guerres en continu.
Poursuivre l’utilisation de la guerre par drones pour mener des assassinats ne fera qu’exacerber la méfiance étrangère envers les intentions américaines et leur fiabilité. Ce qui fait le jeu des adversaires mêmes que nous essayons de vaincre.
Au cours de sa campagne, Donald Trump a promis qu’il mettrait toujours « l’Amérique en premier », et a déclaré qu’il voulait sortir des affaires de changements de régimes. Il n’est pas trop tard pour lui de tenir cette promesse en apprenant des erreurs de ses prédécesseurs et en renversant la militarisation continue de la politique étrangère américaine.
Ann Wright
Ann Wright a passé 29 ans dans l’armée américaine et comme réserviste, en prenant sa retraite au rang de colonelle. Elle a servi 16 ans dans le Service extérieur au Nicaragua, à Grenade, en Somalie, en Ouzbékistan, au Kirghizstan, en Sierra Leone, en Micronésie et en Mongolie. Elle a dirigé la petite équipe qui a rouvert l’ambassade américaine à Kaboul en décembre 2001. Elle a démissionné en mars 2003, en opposition contre la guerre en Irak. Elle est coauteur du livre Dissident : Voices of Conscience(Dissident : Voix de Conscience) (Koa, 2008). Elle donne des conférences dans le monde entier sur la militarisation de la politique étrangère américaine et participe activement au mouvement anti-guerre des États-Unis.
Source : Ann Wright, Consortium News, 19-06-2017
Traduit par les lecteurs du site http://www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source ; http://www.les-crises.fr/trump-se-soumet-aux-souhaits-des-faucons-de-la-guerre-par-ann-wright/
Tous bolivariens !
Dans quelques heures le Venezuela peut être plongé dans un bain de sang par ceux qui, nationalement et internationalement, ne supportent pas que les pauvres refusent de le rester, et qui voudraient faire main basse sur les énormes réserves en hydrocarbures du pays. L’enjeu géopolitique dépasse Caracas.
Les secteurs majoritaires et d’extrême droite de l’opposition connue comme « Table d’union démocratique » (MUD en espagnol) tentent de bloquer le pays pour empêcher les élections à l’Assemblée constituante et en appeler à l’intervention de Washington. Le président TRUMP et la CIA ont prévenu : s’il y a vote, « l’empire » prendra des sanctions immédiates contre le droit à l’auto-détermination d’un peuple.
Ce qui se joue au Venezuela aujourd’hui, quelles que soient les erreurs qu’ait pu commettre le président Maduro, a et aura des répercussions continentales et internationales lourdes. Washington (soutenu en sous-main par l’Union européenne) s’apprête à violer la souveraineté du Venezuela. Ils tentent de provoquer une rupture dans l’armée. Pour les États-Unis, le Venezuela bolivarien constitue « une menace pour la (sa) sécurité ». La formule est de ce « bon » président Obama.
Le Venezuela redevient le cœur de la stratégie impérialiste. Il doit plus que jamais faire battre le cœur de tous les démocrates. Le Haut commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’homme vient d’appeler à « garantir la paix » afin que le vote de l’Assemblée constituante, le 30 juillet, se déroule en toute normalité. Les médias vénézuéliens, qui appartiennent très majoritairement à l’oligarchie, et leurs clones français, soufflent sur le feu au lieu de calmer le jeu, hurlent à « la dictature » parce que le gouvernement Maduro a interdit les manifestations pour que le vote ait lieu en toute tranquillité, et éviter que le sang coule davantage.
L’opposition, nous serions tenté d’écrire la « subversion », refuse de participer à la consultation. Elle a préalablement et illégalement organisé, un vote parallèle et bidon où elle aurait obtenu plus de 7 millions de suffrages. Aucune vérification, aucun comptage sérieux n’ont pu avoir lieu. Listes électorales « maison » et bulletins de vote ont été monopolisés, puis brûlés.
Les principaux chefs de l’opposition veulent aujourd’hui, après trois mois et demi d’insurrections localisées, surtout dans les quartiers riches, en découdre, quel qu’en soit le prix. Les opposants sont devenus des émeutiers. Depuis l’élection, avec une courte majorité, du président Maduro, en 2013, l’opposition se refuse à reconnaître la légitimité du président. Cette attitude putschiste rappelle et dépasse le « golpe » contre Chavez de 2002. Et pourtant …
L’élection d’une Constituante, l’élargissement de la démocratie, la consultation de l’ensemble de la population, dans un processus de fond, constituent bien l’un des derniers atouts, sans doute, pour le vivre ensemble, dans un pays aujourd’hui déchiré, au bord du gouffre. La révolution veut modifier la Constitution de 1999, y ajouter les acquis sociaux reconnus par les institutions internationales. Malgré l’effondrement économique, la révolution est parvenue à maintenir les grandes « Missions » sociales. Peu en parlent. La pénurie sur des produits ciblés, sur des médicaments, certes cruelle, organisée essentiellement par le patronat, est sur-médiatisée. Et pourtant les chiffres, eux, parlent… L’indice de développement humain du Venezuela était en 2015 de 0.767, 71e rang sur un ensemble de 188 pays. De 1990 à 2015, l’espérance de vie à la naissance a augmenté de 4,6 années. La santé et l’éducation (gratuites) restent des priorités, malgré la profonde crise économique et politique.
Le Venezuela ne doit pas être le Chili. L’expérience a prouvé que tout blocus affecte surtout les populations civiles et se retourne finalement contre ses promoteurs. Cuba a plus que prouvé et éprouvé les voies de la résistance pratique, concrète, au quotidien.
Les niveaux atteints par la désinformation ne sauraient nous détourner de notre devoir d’internationalisme. L’internationalisme, disait le Che, c’est la solidarité de classe des exploités.
Jean Ortiz
Dource : Le Grand Soir, https://www.legrandsoir.info/tous-bolivariens.html
Air France suspend ses vols au Venezuela
https://fr.sputniknews.com/international/201707291032437255-avion-airfrance-venezuela/
Venezuela : le département d’État ordonne le rapatriement des familles des diplomates US
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L’indifférence internationale pour des dizaines de milliers de victimes civiles de Mossoul est une honte (The Independent)
par Patrick COCKBURN
Les forces du gouvernement irakien, qui avaient subi de lourdes pertes dans le secteur oriental, ont utilisé une plus grande puissance de feu dans la bataille pour l’ouest de Mossoul, Reuters
Les civils de la ville ont fait face à un Catch-22* : les forces de la coalition dirigées par les États-Unis leur disaient de fuir les positions de l’EI avant leur bombardement ; mais l’EI menaçait de les exécuter s’ils essayaient de fuir.
Le nombre catastrophique des victimes civiles à Mossoul n’intéresse pas beaucoup de politiciens ni de journalistes dans le monde. Cela contraste terriblement avec l’indignation exprimée dans le monde entier pendant le bombardement de l’est d’Alep par le gouvernement syrien et les forces russes, fin 2016.
Hoshyar Zebari, le chef kurde l’ancien ministre irakien des Finances et des Affaires étrangères, m’a déclaré lors d’une interview, la semaine dernière : « Les Services du renseignement kurde estiment que plus de 40 000 civils ont été tués par l’énorme puissance de feu de la Police fédérale, des frappes aériennes et de l’EI lui-même. »
Le nombre réel des morts qui sont enterrés sous les tas de décombres de l’ouest de Mossoul est inconnu, mais il s’élève probablement à des dizaines de milliers, au contraire des estimations beaucoup plus basses données précédemment.
Les gens ont du mal à comprendre pourquoi le nombre de morts à Mossoul a été aussi important. Un rapport méticuleux mais horrifiant d’Amnesty International (AI) intitulé « A tout prix : la catastrophe civile dans l’ouest de Mossoul » en donne une explication à la fois correcte et neutre.
Il ne donne pas le chiffre exact du nombre de morts, mais, à part ça, il confirme beaucoup des choses qu’a mentionnées M. Zebari, notamment les dommages épouvantables causés par les tirs qui ont duré cinq mois sans interruption, de l’artillerie et de roquettes sur une zone encerclée et remplie de civils qui ne pouvaient pas s’échapper.
Cependant, même cela ne suffit vraiment pas à expliquer le carnage incroyable qui a eu lieu. Beaucoup de sièges au cours des siècles ont occasionné de terribles pertes civiles, mais dans un domaine précis, le siège de Mossoul était différent des autres : il n’était pas question pour l’EI, le mouvement le plus cruel et le plus violent du monde, de renoncer à ses boucliers humains.
Même avant l’attaque des forces gouvernementales irakiennes aidées par la coalition dirigée par les États-Unis, qui a débuté le 17 octobre de l’année dernière, l’EI rassemblait des civils dans la ville et ne leur permettait pas d’en sortir pour se mettre à l’abri. Ceux qui ont réussi à atteindre les camps de réfugiés à l’extérieur de Mossoul ont dit que l’EI avait posté des tireurs d’élite et posé des pièges et des mines pour empêcher les habitants de partir.
Déterminé à garder coûte que coûte ses centaines de milliers de boucliers humains, l’EI les a entassés dans un espace de plus en plus restreint à mesure que les forces pro-gouvernementales avançaient. Les patrouilles de l’EI ont dit qu’elles tueraient tous ceux qui quittaient ses maisons. Elles ont soudé des portes métalliques aux maisons pour maintenir les gens à l’intérieur, et ont pendu à des pylônes électriques, ceux qui essayaient de s’échapper et ont laissé leurs corps pourrir là.
« A mesure que l’EI perdait du terrain pendant la bataille, les zones contrôlées par l’EI se remplissaient de plus en plus de civils », explique le rapport d’Amnesty International. « Les résidents de Mossoul ont expliqué à Amnesty International qu’ils étaient obligés de s’entasser dans les maisons par groupes de 15 à 100, avec leurs parents ou leurs voisins ».
Ce sont ces groupes qui sont devenus les victimes de la massive puissance de feu des forces pro-gouvernementales. Dans de nombreuses rues, toutes les maisons sont détruites et il m’a même été impossible d’entrer dans des quartiers gravement endommagés parce que leur accès était bloqué par des ruines, des cratères de bombes et des voitures brûlées. » […]
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Source : Le Grand Soir