Rendez-vous pour un débat à La Tour D’aigues (84) jeudi prochain, 1er juin 2017 à 19h30, avec Attac et la LDH, sur le thème « SOUVERAINETÉ ET DÉMOCRATIE »

28/05/2017 | 11 commentaires

Salut à tous 🙂 

Je vous pro­pose de débattre ensemble à nou­veau, jeu­di pro­chain (1er juin 2017) à 19 h 30, à La Tour D’aigues (84), à l’in­vi­ta­tion d’At­tac et de la LDH, et en nous concen­trant cette fois sur le mot SOUVERAINETÉ, mot aimé des démo­crates mais détes­té par les pen­seurs oli­gar­chiques — vous savez, ceux qui nous traitent de « popu­listes » et de « conspi­ra­tion­nistes » dès qu’on dénonce les intrigues des riches pour exploi­ter les pauvres et dès qu’on parle de vraie démocratie 🙂

Si l’on doit par­ler de sou­ve­rai­ne­té, on par­le­ra donc for­cé­ment de MONNAIE (pas de sou­ve­rai­ne­té poli­tique sans sou­ve­rai­ne­té moné­taire, assurément).

On par­le­ra aus­si de la sou­ve­rai­ne­té pour empê­cher la GUERRE : pas de paix durable en asser­vis­sant notre volon­té à une machine de guerre per­ma­nente comme l’O­TAN, notam­ment. La pré­ten­due « UE » nous oblige à tuer dans les guerres illé­gales de l’O­TAN, vou­lues et com­man­dées par les USA et sou­vent, au bout du compte, par l’ex­trême droite israé­lienne. Le seul moyen de ne pas être embar­qués de force dans la guerre, c’est de res­tau­rer (NOUS-MÊMES) notre sou­ve­rai­ne­té, une vraie sou­ve­rai­ne­té, popu­laire, démocratique. 

Voi­ci l’af­fiche pré­pa­rée par les organisateurs :

Le sujet est majeur, effec­ti­ve­ment, mais nous ne sau­rons que jeu­di si notre débat l’a été aussi 🙂

Pre­nez de quoi écrire : j’ai­me­rais que nous réflé­chis­sions ensemble à quelques articles de consti­tu­tion (d’o­ri­gine populaire).

Au plai­sir de vous y retrouver.

Étienne.

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11 Commentaires

  1. majax

    Infa­ti­guable Étienne ! 🙂

    Aura-t-on droit à un petit retour de ta confé­rence à la Foire Éco­Bio ? Peut-être a‑t-elle été filmée.
    Bonne soirée !

    Réponse
    • etienne

      Pas fil­mé mais enregistré.
      Des moments ori­gi­naux, je crois.
      Bien­tôt publiés, j’espère.

      Réponse
  2. barbe

    Salle comble.
    Public (jeune et moins jeune, des élèves…) très attentif.
    Une ten­ta­tive de récu­pé­ra­tion de la part d’une can­di­date régionaliste.
    C’est d’ailleurs le risque.

    Ce fut un hon­neur de te ren­con­trer à cette occasion.

    Réponse
  3. etienne

    [Sou­ve­rai­ne­tés réduites en cendres par l’Em­pire et ses médias]

    Le massacre silencieux de la guerre aérienne des Etats-Unis, 

    par Nico­las J. S. Davies

    Exclu­sif : Les médias mains­tream amé­ri­cains s’offusquent bruyam­ment quand les avions de chasse russes tuent des civils à Alep, mais deviennent sou­dai­ne­ment silen­cieux quand les avions amé­ri­cains mas­sacrent des inno­cents à Mos­soul et Raq­qa, note Nico­las J. S. Davies.

    Par Nico­las J. S. Davies

    Avril 2017 a été encore un mois de mas­sacres de masse et de ter­reur inima­gi­nable pour la popu­la­tion de Mos­soul en Irak, et des zones autour de Raq­qa et Tab­qa en Syrie, tan­dis que la cam­pagne la plus sou­te­nue et la plus vio­lente de bom­bar­de­ments amé­ri­caine depuis la guerre du Viet­nam, entrait  dans son 33e mois.

    Pho­to by Navy Pet­ty Offi­cer 2nd Class Domi­nique A. Pineiro)
    Le géné­ral du Corps des Marines Joe Dun­ford, Chef d’Etat-major des Armées, ren­contre les membres de la coa­li­tion dans une base d’opérations avan­cées près de Qayya­rah Ouest en Irak, le 4 avril 2017.

    Le groupe de sur­veillance de la guerre aérienne “Air­wars” a cumu­lé des rap­ports indi­quant 1280 à 1744 civils tués par au moins 2237 bombes et mis­siles lar­gués par des avions de chasse amé­ri­cains et alliés en avril (1609 en Irak et 628 en Syrie). Le nombre  le plus impor­tant  de vic­times est dans et autour du Vieux Mos­soul et de Mos­soul Ouest, où l’on a comp­té entre 784 et 1074 morts civiles, mais il y a eu de nom­breuses vic­times civiles dans la zone autour de Tab­qa en Syrie.

    Dans d’autres zones de com­bat, comme je l’ai expli­qué dans des articles pré­cé­dents (ici et là), cette sorte de “rap­ports pas­sifs” de morts civils cumu­lés par Air­wars n’a jamais pris en compte que 5% à 20% des morts civils réels,  comme l’a révé­lé une étude de mor­ta­li­té géné­rale. Ira­q­bo­dy­count, qui uti­lise une métho­do­lo­gie simi­laire à celle d’Airwars, a seule­ment pris en compte 8% des morts révé­lés  en 2006 par une étude de la mor­ta­li­té dans l’Irak occupé.

    Air­wars semble accu­mu­ler les rap­ports de morts civils plus sérieu­se­ment qu’Iraqbodycount il y a 11 ans, mais il classe un grand nombre d’entre eux comme  “contes­tables” ou “peu fiables”, et reste déli­bé­ré­ment pru­dent dans son décompte. Par exemple, dans cer­tains cas, il a comp­té des rap­ports des médias locaux men­tion­nant “beau­coup de morts” pour un seul mort, sans chiffre maxi­mum. Ce n’est pas pour mettre en cause les méthodes de Air­wars, mais pour sou­li­gner ses limites dans la contri­bu­tion à une esti­ma­tion réelle des morts civils.

    En s’autorisant plu­sieurs inter­pré­ta­tions des don­nées d’Airwars et en sup­po­sant que comme d’autres ten­ta­tives de quan­ti­fi­ca­tions faites pré­cé­dem­ment, elles retiennent entre 5% et 20% des morts réels, une sérieuse esti­ma­tion du nombre de civils tués par la cam­pagne de bom­bar­de­ments menée par les Amé­ri­cains depuis 2014, devrait main­te­nant  se situer entre 25 000 et 190 000 morts

    Le Penta­gone a récem­ment revu son esti­ma­tion fan­tai­siste du nombre de civils qu’il a tués en Irak et en Syrie depuis 2014, à 352. C’est moins d’un quart des 1446 vic­times que Air­wars a iden­ti­fiées par leur nom, de manière irréfutable.

    Air­wars a aus­si col­lec­té les chiffres des civils tués par les bom­bar­de­ments russes en Syrie, qui dépassent les chiffres des civils tués par les bom­bar­de­ments menés par les Etats-Unis pen­dant presque toute l’année 2016. Cepen­dant, depuis que les bom­bar­de­ments menés par  Etats-Unis ont ajou­té plus de 10 918 bombes et mis­siles lâchés durant le pre­mier tri­mestre de 2017, le plus fort bom­bar­de­ment depuis le début de la cam­pagne en 2014, les rap­ports de Air­wars sur les civils tués par les bom­bar­de­ments amé­ri­cains dépassent le décompte des morts cau­sés par les bom­bar­de­ments russes.

    A cause de la nature frag­men­taire des rap­ports de Air­wars, ce modèle peut, ou ne peut pas, indi­quer pré­ci­sé­ment si les Etats-Unis ou les Russes ont vrai­ment tué plus de civils dans cha­cune de ces périodes. De nom­breux fac­teurs peuvent affec­ter ce résultat.

    Par exemple, les gou­ver­ne­ments occi­den­taux et les ONG ont finan­cé et sou­te­nu les Casques Blancs et autres groupes qui ont rap­por­té les morts civils cau­sés par les bom­bar­de­ments russes, mais il n’y a pas de sou­tien équi­valent de la part des Occi­den­taux pour rap­por­ter les morts civils dans les zones tenues par l’Etat isla­mique que les Etats-Unis et ses alliés bom­bardent. Si, à cause de tels fac­teurs, les rap­ports de Air­wars retiennent une plus grande pro­por­tion des morts réels dans une zone plus que dans une autre, cela peut conduire à une dif­fé­rence entre les nombres des morts rap­por­tés, qui ne cor­res­pond pas à la dif­fé­rence des morts réels.

    Choc, Ter­reur …et Silence

    Pour mettre en pers­pec­tive les 79 000 bombes et mis­siles avec les­quels les États-Unis et ses alliés ont bom­bar­dé l’Irak et la Syrie depuis 2014, il convient de réflé­chir aux jours “plus inno­cents” de “Choc et  Ter­reur” (Shock and Awe) en mars 2003. Comme le jour­na­liste de NPR San­dy Tolan l’a rap­por­té en 2003, l’un des archi­tectes de cette cam­pagne pré­voyait que lan­cer 29 200 bombes et mis­siles sur l’Irak serait “l’équivalent non nucléaire de l’impact que les armes ato­miques lan­cées à Hiro­shi­ma et Naga­sa­ki ont eu sur le Japon“.

    Au début de l’invasion amé­ri­caine de l’Irak en 2003, le pré­sident George W. Bush a ordon­né aux mili­taires amé­ri­cains de mener une attaque aérienne dévas­ta­trice contre Bag­dad, connue sous le nom de “Choc et Terreur”.

    Lorsque la cam­pagne “Choc et Ter­reur” a été déclen­chée contre l’Irak en 2003, elle a domi­né les nou­velles dans le monde entier. Mais après huit ans de guerre “dis­si­mu­lée, tran­quille, sans médias“, sous le man­dat du pré­sident Oba­ma, les médias amé­ri­cains ne traitent même plus comme des nou­velles la bou­che­rie quo­ti­dienne que réa­lisent ces bom­bar­de­ments plus lourds et plus sou­te­nus contre l’Irak et la Syrie. Ils couvrent pen­dant quelques jours les mas­sacres de masse iso­lés, puis reprennent rapi­de­ment la pro­gram­ma­tion nor­male du “Trump Show”.

    Comme dans “1984” de George Orwell, le public sait que nos forces mili­taires sont en guerre contre quelqu’un quelque part, mais les détails sont rares. “Est-ce encore d’actualité ? N’est-ce pas la Corée du Nord, le gros pro­blème aujourd’hui ?”

    Il n’y a presque pas de débat poli­tique aux États-Unis sur les réus­sites et les erreurs de la cam­pagne de bom­bar­de­ment des États-Unis en Irak et en Syrie. Peu importe que le bom­bar­de­ment de la Syrie sans l’autorisation de son gou­ver­ne­ment inter­na­tio­na­le­ment recon­nu soit un crime d’agression et une vio­la­tion de la Charte de l’ONU. La liber­té des États-Unis de vio­ler à loi­sir la Charte des Nations Unies a déjà été poli­ti­que­ment (pas juri­di­que­ment !) nor­ma­li­sée par 17 ans d’agressions en série, depuis le bom­bar­de­ment de la You­go­sla­vie en 1999 jusqu’aux inva­sions de l’Afghanistan et de l’Irak, puis aux frappes de drones au Pakis­tan et au Yémen.

    Alors, qui fera main­te­nant res­pec­ter la Charte pour pro­té­ger les civils en Syrie, qui sont déjà confron­tés à la vio­lence et à la mort de tous les côtés dans une san­glante guerre civile et par pro­cu­ra­tion, dont les États-Unis étaient déjà entiè­re­ment com­plices, bien avant de com­men­cer à bom­bar­der la Syrie en 2014 ?

    Sui­vant le droit amé­ri­cain, trois gou­ver­ne­ments suc­ces­sifs des États-Unis ont affir­mé que leur vio­lence sans contrainte est léga­le­ment jus­ti­fiée par l’Autorisation pour l’Utilisation de la Force Mili­taire (AUMF) adop­tée par le Congrès amé­ri­cain en 2001. Mais en balayant le fait que la loi disait seulement :

    Que le Pré­sident est auto­ri­sé à uti­li­ser toute la force néces­saire et appro­priée contre les nations, les orga­ni­sa­tions ou les per­sonnes qu’il prouve avoir pla­ni­fié, auto­ri­sé, com­mis ou aidé les atten­tats ter­ro­ristes sur­ve­nus le 11 sep­tembre 2001, ou avoir abri­té de telles orga­ni­sa­tions ou per­sonnes, afin de  pré­ve­nir tout acte futur de ter­ro­risme inter­na­tio­nal contre les États-Unis par ces nations, orga­ni­sa­tions ou per­sonnes“.

    Com­bien par­mi les mil­liers de civils  tués par les États-Unis à Mos­soul au cours des der­niers mois ont-ils joué un tel rôle dans les atten­tats ter­ro­ristes du 11 Sep­tembre ? Toute per­sonne lisant ceci connaît la réponse à la ques­tion : pro­ba­ble­ment pas un seul. Si l’un d’entre eux était impli­qué, ce serait par pure coïncidence.

    Tout juge impar­tial rejet­te­rait l’allégation selon laquelle cette loi auto­ri­sait 16 ans de guerre dans au moins huit pays, le ren­ver­se­ment de gou­ver­ne­ments qui n’avaient rien à voir avec le 11 Sep­tembre, le meurtre d’environ 2 mil­lions de per­sonnes et la désta­bi­li­sa­tion de pays, l’un après l’autre – aus­si cer­tai­ne­ment que les juges de Nurem­berg ont reje­té les allé­ga­tions des accu­sés alle­mands selon les­quelles ils avaient enva­hi la Pologne, la Nor­vège et l’URSS pour empê­cher ou “devan­cer” des attaques immi­nentes contre l’Allemagne.

    Les res­pon­sables des États-Unis peuvent pré­tendre que l’AUMF ira­kien de 2002 légi­time le bom­bar­de­ment de Mos­soul. La loi fait pour le moins  réfé­rence au même pays. Mais, comme c’est aus­si tou­jours d’actualité, le monde entier a su, dans les mois qui sui­virent, qu’elle repo­sait sur de fausses pré­misses et sur des men­songes abso­lus pour jus­ti­fier le ren­ver­se­ment d’un gou­ver­ne­ment que les États-Unis ont depuis détruit.

    La guerre des États-Unis en Irak a offi­ciel­le­ment pris fin en 2011, avec le retrait des der­nières forces d’occupation amé­ri­caines. L’AUMF n’avait pas et ne pou­vait pas approu­ver l’alliance avec un nou­veau régime en Irak 14 ans plus tard, pour atta­quer l’une de ses villes et tuer des mil­liers de ses citoyens.

    Pris dans les filets de la  pro­pa­gande de guerre

    Ne savons-nous pas ce qu’est vrai­ment la guerre ? Y a‑t-il trop long­temps que les Amé­ri­cains ne l’ont pas connue sur leur propre sol ? Peut-être. Mais aus­si heu­reu­se­ment éloi­gnée que soit la guerre de la plu­part de nos vies quo­ti­diennes, nous ne pou­vons pas pré­tendre que nous ne savons pas ce qu’elle est et quelles hor­reurs elle charrie.

    Les pho­tos des vic­times du mas­sacre de My Lai au Viet­nam ont élec­tri­sé la sen­si­bi­li­té du public à la bar­ba­rie de la guerre. (Pho­to prise par un pho­to­graphe de l’armée US Ronald L. Haeberle)

    Ce mois-ci, deux amis et moi-même avons été reçus par le Bureau de notre dépu­tée en tant que repré­sen­tants de notre comi­té local d’Action pour la Paix (Paix, Jus­tice et  Déve­lop­pe­ment durable de Flo­ride), pour lui deman­der de co-par­rai­ner une loi inter­di­sant une pre­mière frappe nucléaire amé­ri­caine ; d’abroger l’AUMF de 2001 ; de voter contre le bud­get mili­taire ; de sup­pri­mer le finan­ce­ment du déploie­ment de troupes ter­restres amé­ri­caines en Syrie ; et de sou­te­nir la diplo­ma­tie, et non pas la guerre, avec la Corée du Nord.

    Quand un de mes amis a expli­qué qu’il avait com­bat­tu au Viet­nam et a com­men­cé à par­ler de ce dont il avait été témoin là-bas, il a dû s’arrêter pour ne pas pleu­rer. Mais la per­sonne de l’équipe n’avait pas besoin qu’il conti­nue. Elle savait de quoi il par­lait. Nous le savons tous.

    Mais s’il faut que nous voyions tous des enfants morts et bles­sés dans leur chair pour sai­sir l’horreur de la guerre et prendre des mesures sérieuses en vue de l’arrêter et de l’empêcher, alors nous sommes confron­tés à un ave­nir sombre et san­glant. Comme mon ami et beau­coup d’autres comme lui l’ont appris à un coût incal­cu­lable, le meilleur moment pour arrê­ter une guerre, c’est avant qu’elle ne com­mence, et la prin­ci­pale leçon à tirer de toute guerre est : “Plus jamais ça !”

    Barack Oba­ma et Donald Trump ont rem­por­té la pré­si­dence en par­tie en se pré­sen­tant comme les can­di­dats de la “paix”. Il s’agissait d’un élé­ment soi­gneu­se­ment cal­cu­lé et éta­lon­né dans leurs deux cam­pagnes, compte tenu des posi­tions pro guerre de leurs adver­saires prin­ci­paux, John McCain et Hil­la­ry Clin­ton. L’aversion pour la guerre  de la popu­la­tion amé­ri­caine est un fac­teur dont chaque pré­sident et poli­ti­cien amé­ri­cain doit tenir compte ; pro­mettre la paix avant de nous lan­cer dans la guerre est une tra­di­tion poli­tique amé­ri­caine qui remonte à Woo­drow Wil­son et Frank­lin Roosevelt.

    Comme le Reichs­mar­schall Her­mann Goe­ring l’a admis dans sa cel­lule à Nurem­berg devant le psy­cho­logue mili­taire amé­ri­cain Gus­tave Gil­bert : “Natu­rel­le­ment, les gens ordi­naires ne veulent pas de la guerre ; ni en Rus­sie, ni en Angle­terre, ni en Amé­rique, ni en Alle­magne. C’est bien com­pris. Mais, après tout, ce sont les diri­geants du pays qui déter­minent la poli­tique et il est tou­jours simple d’entraîner les gens, qu’il s’agisse d’une démo­cra­tie ou d’une dic­ta­ture fas­ciste ou d’un Par­le­ment ou d’une dic­ta­ture com­mu­niste“.

    “Il y a une dif­fé­rence”, a décla­ré Gil­bert : “Dans une démo­cra­tie, les gens ont leur mot à dire à tra­vers leurs repré­sen­tants élus, et aux États-Unis, seul le Congrès peut décla­rer la guerre”.

    Goe­ring n’a pas été impres­sion­né par les garan­ties consti­tu­tion­nelles chères à Madi­son et à Hamil­ton. “Oh, tout cela est bel et beau”, a‑t-il répon­du, “mais, voix ou pas voix, les gens peuvent tou­jours être impli­qués dans les enchères de leurs diri­geants. C’est facile. Tout ce que vous avez à faire, c’est leur dire qu’ils sont atta­qués et dénon­cer les paci­fistes pour leur manque de patrio­tisme, qui expose le pays au dan­ger. Cela fonc­tionne de la même manière dans n’importe quel pays“.

    Notre enga­ge­ment envers la paix et notre répu­gnance à la guerre sont trop faci­le­ment com­pro­mis par les tech­niques simples mais intem­po­relles décrites par Goe­ring. Aux États-Unis aujourd’hui, elles sont ren­for­cées par plu­sieurs autres fac­teurs, dont la plu­part ont éga­le­ment eu des paral­lèles dans l’Allemagne de la Seconde Guerre mondiale :

    – Les médias de masse qui répriment la sen­si­bi­li­té du public aux coûts humains de la guerre, en par­ti­cu­lier lorsque la poli­tique des États-Unis ou les forces amé­ri­caines en sont responsables.

    -Le black-out média­tique sur les voix de la rai­son qui pré­co­nisent des poli­tiques alter­na­tives fon­dées sur la paix, la diplo­ma­tie ou les règles du droit international.

    – Dans le silence qui en résulte sur les alter­na­tives ration­nelles, les poli­ti­ciens et les médias pré­sentent “faire quelque chose”, c’est-à-dire la guerre, comme la seule alter­na­tive à l’éternel épou­van­tail : “ne rien faire”.

    – La nor­ma­li­sa­tion de la guerre par la dis­cré­tion et la trom­pe­rie, en par­ti­cu­lier par des per­son­na­li­tés publiques consi­dé­rées par ailleurs comme dignes de confiance, tel le pré­sident Obama.

    -La dépen­dance des poli­ti­ciens et des orga­ni­sa­tions pro­gres­sistes au finan­ce­ment par les syn­di­cats, qui sont deve­nus des par­te­naires juniors dans le com­plexe militaro-industriel.

    – Le cadrage poli­tique des dif­fé­rends entre l’Amérique et d’autres pays comme résul­tant entiè­re­ment des actions de l’autre bord, et la dia­bo­li­sa­tion des diri­geants étran­gers pour dra­ma­ti­ser et popu­la­ri­ser ces faux récits.

    – Le pré­texte que le rôle des États-Unis dans les guerres d’outremer et l’occupation mili­taire mon­diale découle d’un désir bien inten­tion­né d’aider les gens, et non des ambi­tions stra­té­giques et des inté­rêts com­mer­ciaux américains.

    Au total, cela équi­vaut à un sys­tème de pro­pa­gande de guerre, dans lequel les chefs des réseaux de télé­vi­sion sont res­pon­sables des atro­ci­tés qui en résultent autant que les diri­geants poli­tiques et mili­taires. Faire rabâ­cher par des géné­raux retrai­tés un jar­gon plein d’euphémismes  pour bom­bar­der le front inté­rieur, sans divul­guer les forts hono­raires que les admi­nis­tra­teurs et les consul­tants reçoivent des fabri­cants d’armes, n’est qu’une des faces de la pièce.

    Le revers tout aus­si impor­tant est l’échec des médias à seule­ment cou­vrir les guerres ou le rôle qu’y jouent les États-Unis, et la mar­gi­na­li­sa­tion sys­té­ma­tique de qui­conque sug­gère qu’il y a quelque chose de mora­le­ment ou léga­le­ment erro­né dans les guerres américaines.

    Le pape et Gorbatchev

    Le pape Fran­çois a récem­ment sug­gé­ré qu’un tiers pour­rait ser­vir de média­teur pour aider à résoudre le conflit de près de 70 ans entre notre pays et la Corée du Nord. Le pape a sug­gé­ré la Nor­vège. Plus impor­tant encore, le Pape a pré­sen­té le pro­blème comme un dif­fé­rend entre les États-Unis et la Corée du Nord, et non pas, ain­si que le font les États-Unis, comme un pro­blème ou une menace pour le reste du monde que pose­rait la Corée du Nord.

    Le pape François

    Voi­là com­ment la diplo­ma­tie fonc­tionne le mieux, en iden­ti­fiant de manière cor­recte et hon­nête les rôles que les dif­fé­rentes par­ties jouent dans une dis­pute ou un conflit, puis en tra­vaillant à résoudre les désac­cords et les inté­rêts en conflit de manière à ce que les deux par­ties puissent s’en satis­faire et même en béné­fi­cier. Le JCPOA qui a réso­lu le dif­fé­rend amé­ri­cain avec l’Iran sur son pro­gramme nucléaire civil est un bon exemple de la façon dont cela peut fonctionner.

    Cette forme  réa­liste de diplo­ma­tie est loin des sur­en­chères, des menaces et des alliances agres­sives qui ont été maquillées en diplo­ma­tie sous une série de pré­si­dents et de secré­taires d’État amé­ri­cains depuis Tru­man et Ache­son, à quelques excep­tions près. Le désir per­sis­tant d’une grande par­tie de la classe poli­tique des États-Unis de com­pro­mettre le JCPOA avec l’Iran témoigne bien de la façon dont les res­pon­sables amé­ri­cains s’accrochent à l’utilisation des menaces et des sur­en­chères, et s’offensent de ce que les États-Unis, Etat  “excep­tion­nel”, doivent des­cendre de leur che­val blanc et négo­cier de bonne foi avec les autres pays.

    À l’origine de ces poli­tiques dan­ge­reuses, comme l’historien William Apple­man Williams l’a écrit en 1959 dans “The Tra­ge­dy of Ame­ri­can Diplo­ma­cy” (La tra­gé­die de la diplo­ma­tie amé­ri­caine), le mirage du pou­voir mili­taire suprême a séduit les diri­geants amé­ri­cains après la vic­toire alliée dans la Seconde Guerre mon­diale et l’invention des armes nucléaires. Après avoir sur­vé­cu à la réa­li­té viet­na­mienne d’un monde post-colo­nial invain­cu, ce rêve amé­ri­cain du pou­voir ultime s’est éva­noui rapi­de­ment, pour renaître vin­di­ca­ti­ve­ment après la fin de la guerre froide.

    Tout comme la défaite de l’Allemagne durant la Pre­mière Guerre mon­diale n’était pas assez déci­sive pour la convaincre que ses ambi­tions mili­taires étaient condam­nées, une nou­velle géné­ra­tion de diri­geants amé­ri­cains a vu la fin de la Guerre froide comme une chance de “virer le syn­drome du Viet­nam” et de relan­cer l’offre tra­gique par l’Amérique d’une “domi­na­tion à spectre large” (full spec­trum dominance).

    Lors d’un dis­cours à Ber­lin en 2014 pour le 25e anni­ver­saire de la chute du mur de Ber­lin, Mikhail Gor­bat­chev se déso­lait ain­si : “L’Occident et sur­tout les États-Unis ont pro­cla­mé leur vic­toire dans la Guerre froide. L’euphorie et le triom­pha­lisme sont mon­tés à la tête des diri­geants occi­den­taux. En pro­fi­tant de l’affaiblissement de la Rus­sie et du manque de contre-pou­voirs, ils ont reven­di­qué le mono­pole du lea­der­ship et la domi­na­tion sur le monde, refu­sant d’entendre les pro­pos de pru­dence de nombre de ceux qui sont pré­sents ici”.

    Ce triom­pha­lisme post-Guerre froide nous a pré­ci­sé­ment conduits à un laby­rinthe encore plus tor­tueux de délires, de catas­trophes et de dan­gers que la Guerre froide elle-même. La folie des ambi­tions insa­tiables de nos diri­geants et de leur flirt répé­té avec l’extinction de masse ne peut être mieux sym­bo­li­sée que par le Bul­le­tin de l’horloge Doom­sday des scien­ti­fiques ato­miques, dont les aiguilles sont de nou­veau à deux minutes et demie de minuit.

    L’incapacité de la machine de guerre la plus coû­teuse jamais assem­blée à vaincre des forces de résis­tance légè­re­ment armées, pays après pays, ou à réta­blir la sta­bi­li­té dans l’un des pays qu’elle a détruits, n’a guère enta­mé, à inté­rieur, le pou­voir du com­plexe mili­ta­ro-indus­triel amé­ri­cain sur nos ins­ti­tu­tions poli­tiques et nos res­sources natio­nales. Ni des mil­lions de morts, ni des mil­liards de dol­lars gas­pillés, ni l’aveu d’un échec abject n’ont ralen­ti l’extension et l’escalade stu­pide de la “guerre mon­diale contre le terrorisme”.

    Les futu­ro­logues se demandent si la tech­no­lo­gie robo­tique et l’intelligence arti­fi­cielle mène­ront un jour à un monde dans lequel des robots auto­nomes pour­raient lan­cer une guerre pour asser­vir et détruire la race humaine, peut-être même en incor­po­rant des humains comme com­po­sants des machines qui entraî­ne­ront notre extinc­tion. Avec les forces armées amé­ri­caines et le com­plexe mili­ta­ro-indus­triel, n’avons-nous pas déjà créé exac­te­ment cet orga­nisme, semi humain et semi tech­no­lo­gique, qui ne s’arrêtera pas de bom­bar­der, de tuer et de détruire à moins et jusqu’à ce que nous l’arrêtions pour le démanteler ?

    Nico­las J. S. Davies

    Nico­las J. S. Davies est l’auteur de “Du sang sur nos mains : l’invasion amé­ri­caine et la des­truc­tion de l’Irak” (Blood On Our Hands : the Ame­ri­can Inva­sion and Des­truc­tion of Iraq). Il a éga­le­ment écrit les cha­pitres sur “Oba­ma en guerre” dans “Eva­luer le 44e pré­sident : un bul­le­tin sur le pre­mier man­dat de Barack Oba­ma en tant que chef pro­gres­siste” (Gra­ding the 44th Pre­sident : a Report Card on Barack Obama’s First Term as a Pro­gres­sive Leader).

    Source : Consor­tium News, 07-05-2017

    http://​www​.les​-crises​.fr/​l​e​-​m​a​s​s​a​c​r​e​-​s​i​l​e​n​c​i​e​u​x​-​d​e​-​l​a​-​g​u​e​r​r​e​-​a​e​r​i​e​n​n​e​-​d​e​s​-​e​t​a​t​s​-​u​n​i​s​-​p​a​r​-​n​i​c​o​l​a​s​-​j​-​s​-​d​a​v​ies

    Source : Oli­vier Ber­ruyer, les​-crises​.fr

    Réponse
  4. etienne

    [Les médias cri­mi­nels, ven­dus aux riches, nous poussent à admettre — et même à vou­loir ! — la guerre générale]

    Le Russie gate, une nouvelle forme de Maccarthysme, par Robert Parry

    Exclu­sif : les cau­che­mars des défen­seurs des liber­tés indi­vi­duelles au sujet de l’État espion deviennent réa­li­té, mais puisque les vic­times sont d’anciens conseillers de Trump, beau­coup  des mili­tants de ces mou­ve­ments sont ici éton­nam­ment silen­cieux, écrit Robert Parry.

    Par Robert Parry

    Le Congrès exige de plu­sieurs conseillers de la cam­pagne Trump des infor­ma­tions sur leur vie pri­vée et leurs affaires, voi­là qui prouve à quel point l’enquête sur le Rus­sia-gate ne cesse de prendre de l’importance jusqu’à se trans­for­mer en un nou­veau type de mac­car­thysme por­tant atteinte aux liber­tés du citoyen, comme la liber­té de parole et la liber­té d’association.

    Car­ter Page, ex-conseiller en poli­tique étran­gère de Trump

    On avait d’abord pen­sé que les enquêtes du Congrès et autres allaient se concen­trer sur des pro­blèmes spé­ci­fiques autour de la pré­su­mée ingé­rence russe dans l’élection de 2016. Ain­si on aurait pu cher­cher à savoir si un inter­mé­diaire de Trump avait, d’une façon ou d’une autre, fait pas­ser à Wiki­Leaks des mails déro­bés aux Démo­crates pour que cette orga­ni­sa­tion les publie sur le net.

    Wiki­Leaks nie avoir reçu des Russes les mails qui ont fui­té et la cam­pagne et Trump nie avoir conspi­ré avec les Russes, ce qui n’a pas empê­ché les chefs du ren­sei­gne­ment du pré­sident Oba­ma de pré­tendre que les agents russes avaient pira­té les mails avant de les faire pas­ser par des inter­mé­diaires à Wiki­Leaks, même si aucune preuve de ces agis­se­ments n’a, jusqu’à pré­sent, été ren­due publique.

    Cepen­dant, au lieu de se concen­trer sur cette ques­tion cen­trale, le Sénat, semble-t-il, va à la pêche aux infor­ma­tions en enquê­tant  sur qua­si­ment tous les contacts entre les conseillers de Trump et des Russes, sus­cep­tibles d’avoir ou non des liens avec le gou­ver­ne­ment.  Le nombre des ren­sei­gne­ments exi­gés est tel que les enquê­teurs pour­raient pié­ger leurs cibles, en inter­pré­tant comme obs­truc­tion à une enquête offi­cielle l’omission, inten­tion­nelle ou non, d’un nom ou d’un contact.

    Par exemple, le comi­té séna­to­rial du ren­sei­gne­ment a exi­gé de Car­ter Page, l’ancien conseiller en poli­tique étran­gère de Trump, qui fait de nom­breuses affaires avec la Rus­sie et a de nom­breux contacts per­son­nels dans le pays, qu’il four­nisse le nom et des infor­ma­tions à pro­pos de qua­si­ment toutes les per­sonnes contac­tées au cours de cette période de dix huit mois et sus­cep­tibles d’être des res­pon­sables russes ou liées, d’une façon ou d’une autre, avec des entre­prises russes.

    Dans une lettre datée du 28 avril, le res­pon­sable Répu­bli­cain du comi­té, Richard Burr de la Caro­line du Nord et le res­pon­sable Démo­crate Mark War­ner de Vir­gi­nie, ont don­né à Page jusqu’au 9 mai pour four­nir : “une liste de toutes vos ren­contres avec un offi­ciel russe ou un repré­sen­tant d’intérêts de firmes russes entre le 16 juin 2015 et le 20 jan­vier 2017. Pour cha­cune de ces ren­contres, vous devrez indi­quer la date, l’heure, le lieu, le nom de toutes les per­sonnes pré­sentes et inclure des copies des notes prises par vous ou pour vous.”

    Ren­contres avec les membres de la campagne

    En outre, le Comi­té a fixé la date limite du 19 mai pour que lui soit éga­le­ment four­nie : “Une liste de toutes les ren­contres dont vous avez eu connais­sance entre un membre de la cam­pagne Trump et tout res­pon­sable russe ou repré­sen­tant d’intérêts de firmes russes, qui se sont dérou­lées entre le 16 juin 2015 et le 20 jan­vier 2017. Pour chaque ren­contre de la liste, vous devrez indi­quer la date, l’heure, le lieu et le nom de toutes les per­sonnes présentes.”

    Donald Trump s’adresse à des sym­pa­thi­sants lors d’un mee­ting à Foun­tain Park, Foun­tain Hil­ls, Ari­zo­na, le 19 mars 2016.

    Pour le 19 mai aus­si, le Comi­té a exi­gé que soient four­nis : ” tous les enre­gis­tre­ments de com­mu­ni­ca­tions  élec­tro­niques telles que mails ou tex­tos, toute la cor­res­pon­dance manus­crite et les enre­gis­tre­ments des appels télé­pho­niques, qui ont eu lieu entre le 16 juin 2015 et le 20 jan­vier 2017, entre vous-même et tout res­pon­sable russe ou repré­sen­tant d’intérêts de firmes russes.

    “Tous les enre­gis­tre­ments de com­mu­ni­ca­tions  élec­tro­niques telles que mails ou tex­tos, toute la cor­res­pon­dance manus­crite, et les enre­gis­tre­ments d’appels télé­pho­niques ayant un rap­port quel­conque avec la Rus­sie, qui ont eu lieu entre vous et des membres et conseillers de la cam­pagne Trump.”

    “Toutes les infor­ma­tions rela­tives à vos avoirs finan­ciers et immo­bi­liers en lien avec la Rus­sie entre le 16 juin 2015 et le 20 juillet 2017, dont les valeurs mobi­lières ou les biens immo­bi­liers que vous avez ven­dus ou dont vous vous êtes sépa­rés durant cette période.”

    Des demandes d’information simi­laires auraient été adres­sées à d’autres conseillers de la cam­pagne Trump comme Roger Stone, Paul Mana­fort et Michael Flynn.

    Page a énor­mé­ment de rela­tions com­mer­ciales avec la Rus­sie où il a d’ailleurs vécu plu­sieurs années, ce qui assi­mile ces consi­dé­rables demandes d’information à une façon de pié­ger, pour faux témoi­gnage, la per­sonne concer­née. En effet, même si Page fai­sait de son mieux pour four­nir la liste de tous ses contacts réels, télé­pho­niques et mails, il oublie­rait for­cé­ment quelque chose ou quelqu’un, ce qui l’amènerait à être pour­sui­vi pour avoir fait obs­truc­tion à l’enquête ou pour avoir men­ti aux enquêteurs.

    Un man­dat FISA [Forei­gn Intel­li­gence Sur­veillance Act]

    En outre, puisque l’administration Oba­ma est cen­sée avoir obte­nu, l’été der­nier, un man­dat FISA contre Page grâce à la  loi sur la sur­veillance et le ren­sei­gne­ment étran­ger, le gou­ver­ne­ment états-unien a pro­ba­ble­ment plus d’informations sur les contacts de Page et ses com­mu­ni­ca­tions que l’intéressé lui-même, ce qui fait cou­rir à ce der­nier, d’un point de vue juri­dique, un risque bien plus éle­vé d’omission.

    Le direc­teur du Ren­sei­gne­ment Natio­nal James Bat­tant (à droite) s’entretient avec le Pré­sident Barack Oba­ma dans le Bureau Ovale, avec John Bren­nan et d’autres assis­tants à la sécu­ri­té natio­nale. (Cré­dit Pho­to : Bureau du Direc­teur du Ren­sei­gne­ment National)

    Le man­dat FISA aurait été obte­nu, en par­tie, en rai­son d’un dis­cours pro­non­cé par Page, en Rus­sie, le 7 juillet 2016, dis­cours qui expri­mait une cri­tique modé­rée de la poli­tique étran­gère des États-Unis envers les pays de l’ex-Union sovié­tique. Cette enquête du FBI, qui a com­men­cé fin juillet, s’est éten­due depuis, de manière bien plus vaste, aux membres de la cam­pagne pré­si­den­tielle de Trump qui peuvent avoir des liens avec la Russie.

    Dans un article sur les ori­gines de l’enquête visant Page et d’autres conseillers de Trump, le New York Times a pré­sen­té le dis­cours pro­non­cé par Page à la Nou­velle école éco­no­mique de Mos­cou en juillet comme une cri­tique de “la poli­tique amé­ri­caine vis-à-vis de la Rus­sie en des termes qui fai­saient écho à ceux du pré­sident Poutine”.

    Le Times a alors cité une ligne du dis­cours de Page : “Washing­ton et les autres capi­tales occi­den­tales ont fait obs­tacle à des pro­grès pos­sibles en se concen­trant, sou­vent de façon hypo­crite, sur des idées comme la démo­cra­ti­sa­tion, l’inégalité, la cor­rup­tion et le chan­ge­ment de régime.”

    Les auteurs de l’article, Scott Shane, Mark Maz­zet­ti et Adam Gold­man ajoutent : “Ses remarques [celles de Page]  coïn­ci­daient avec l’opinion posi­tive qu’a M. Trump du pré­sident russe, ce qui a conduit à spé­cu­ler sur ce que M. Trump pou­vait bien voir en M. Pou­tine, accu­sé en géné­ral aux États-Unis d’être un  impla­cable auto­crate anti-occidental.”

    En réa­li­té, le dis­cours de Page était beau­coup plus nuan­cé que ce que le Times a bien vou­lu en rap­por­ter. Il sou­li­gnait sur­tout que le pas­sage pré­ci­pi­té, dans l’ex-Union sovié­tique, d’une éco­no­mie contrô­lée par l’État à une éco­no­mie de mar­ché, avait eu des effets per­vers, notam­ment l’augmentation de la corruption.

    “Comme l’État conti­nuait à domi­ner et qu’en même temps, s’ouvraient de nou­veaux mar­chés, à la suite du déman­tè­le­ment de l’Union sovié­tique, les membres de ces socié­tés ont mis au point des méthodes et des moyens qui leur ont per­mis de sur­vivre grâce à la cor­rup­tion”, a décla­ré Page, en ajou­tant que l’Occident n’était pas sans ren­con­trer, lui aus­si, ce genre de problèmes.

    “Ces approches rap­pellent plu­sieurs formes de cor­rup­tion que l’on trouve par­fois dans les socié­tés occi­den­tales. Cer­taines peuvent être expli­cites comme le scan­dale Madoff dans le monde de la finance et l’affaire Enron dans celui de l’énergie, tan­dis que d’autres sont plus sub­tiles comme les injus­tices sociales mises en lumière par le mou­ve­ment Occu­py Wall Street.”

    En d’autres termes, les com­men­taires de Page s’inscrivent dans une éva­lua­tion rai­son­nable des pro­blèmes aux­quels ont été confron­tés les pays de l’ex-Union sovié­tique. Page a aus­si admis que l’Occident, mal­gré son atti­tude mora­li­sa­trice envers les pays moins déve­lop­pés, avait des sou­cis, lui aus­si, avec la cor­rup­tion aus­si bien dans sa forme expli­cite, pas­sible de pour­suites, que dans une forme plus sub­tile qu’on retrouve dans les machi­na­tions de Wall Street. Après tout, la crise finan­cière de 2008 n’a‑t-elle pas dépouillé de mil­liers de mil­liards de dol­lars les citoyens de base tant amé­ri­cains qu’européens, en les déles­tant de leurs actifs et en leur fai­sant payer le coût des ren­floue­ments gouvernementaux ?

    Un écho à Poutine ?

    Pour le New York Times, notons-le, les remarques de Page font “écho à la posi­tion de Vla­di­mir V. Pou­tine”, ce qui laisse entendre que Page, un ancien offi­cier de marine états-unien, fai­sait preuve, quelque part, de déloyauté.

    Le pré­sident russe Vla­di­mir Pou­tine, après son dis­cours à l’assemblée géné­rale de l’ONU le 28 sep­tembre 2015.

    Les opi­nions de Page expri­mées dans ce dis­cours ont, à ce que sug­gère le New York Times, contri­bué à la déci­sion de l’administration Oba­ma d’obtenir un man­dat FISA qui a per­mis au gou­ver­ne­ment amé­ri­cain de sur­veiller ses com­mu­ni­ca­tions comme agent poten­tiel d’une puis­sance étrangère.

    Nor­ma­le­ment, les défen­seurs des liber­tés indi­vi­duelles devraient s’émouvoir d’une démarche gou­ver­ne­men­tale aus­si intru­sive contre un citoyen au pré­texte qu’il exprime ses opi­nions, que celles-ci fassent écho ou non aux vues du pré­sident Pou­tine. Cepen­dant, comme Page a été briè­ve­ment conseiller de poli­tique étran­gère de Trump, et que beau­coup des défen­seurs des liber­tés du citoyen font par­tie de #Resis­tance à Trump en rai­son des  menaces que ce der­nier ferait peser sur les liber­tés, ils sont tous res­tés extra­or­di­nai­re­ment silen­cieux sur le trai­te­ment mac­car­thyste auquel étaient sou­mis Page et d’autres conseillers de Trump.

    Le géné­ral de corps d’armée à la retraite, Michael Flynn, qui a été briè­ve­ment conseiller à la sécu­ri­té natio­nale du pré­sident Trump, a déjà eu un aper­çu de la façon dont les auto­ri­tés de sur­veillance du gou­ver­ne­ment des États-Unis peuvent pié­ger un citoyen et lui faire com­mettre un délit pas­sible de pour­suites, comme men­tir à des enquê­teurs ou faire obs­truc­tion à la justice.

    Le 29 décembre 2016, plu­sieurs semaines avant l’investiture de Trump, Flynn, alors en vacances en Répu­blique domi­ni­caine, a répon­du à un appel télé­pho­nique de l’ambassadeur russe Ser­gueï Kis­lyak lors duquel ils ont, semble-t-il, dis­cu­té de la mon­tée des ten­sions entre Washing­ton et Mos­cou, alors que les écou­taient, à leur insu, des res­pon­sables du ren­sei­gne­ment des États-Unis.

    Comme Flynn ne fai­sait pas offi­ciel­le­ment par­tie du gou­ver­ne­ment au moment de cet appel, les fonc­tion­naires du minis­tère de la Jus­tice de l’administration Oba­ma ont concoc­té un pré­texte pour ouvrir une enquête cri­mi­nelle en invo­quant la loi Logan, adop­tée en 1799 pour défendre aux citoyens non auto­ri­sés de négo­cier avec des gou­ver­ne­ments étran­gers mais qui n’a jamais été uti­li­sée pour condam­ner qui que ce soit. Cette loi est, en outre, d’une consti­tu­tio­na­li­té dou­teuse et n’à sûre­ment jamais été des­ti­née à s’appliquer aux conseillers d’un pré­sident élu.

    Cepen­dant, sur la base de ce pré­texte peu convain­cant, les agents du FBI – avec une trans­crip­tion de l’interception élec­tro­nique de l’appel télé­pho­nique entre Kis­lyak et Flynn ont mis à l’épreuve la mémoire de Flynn sur la conver­sa­tion et ont trou­vé ses sou­ve­nirs incom­plets. Flynn a éga­le­ment été cri­ti­qué pour avoir don­né une confé­rence payée en 2015, lors d’un dîner à Mos­cou ren­dant hom­mage au dixième anni­ver­saire de la sta­tion de télé­vi­sion russe RT. Sous la pres­sion poli­tique et média­tique, le pré­sident Trump a ren­voyé Flynn.

    Le Nou­veau Maccarthysme

    Ain­si, alors que l’on peut légi­ti­me­ment cri­ti­quer le juge­ment de Flynn, la grande ques­tion de liber­té civile que pose l’enquête sur le Rus­sia-gate est la pers­pec­tive de cri­mi­na­li­ser des contacts dans un autre contexte inof­fen­sifs avec la Rus­sie et de punir les citoyens amé­ri­cains de leur résis­tance à la Nou­velle Guerre froide.

    La lea­der du Par­ti Vert, Jill Stein et le géné­ral de corps d’armée à la retraite Michael Flynn assistent à un dîner mar­quant les 10 ans d’existence de la chaîne RT à Mos­cou, en décembre 2015, assis à la même table que le pré­sident russe Vla­di­mir Poutine.

    De nom­breux démo­crates, des libé­raux et même des pro­gres­sistes semblent enthou­sias­més par la pers­pec­tive de bran­dir ce nou­veau mac­car­thysme contre les conseillers de Trump dans l’espoir que le Rus­sia-gate puisse deve­nir une affaire menant à la des­ti­tu­tion de Trump.

    Mais le pré­cé­dent ain­si mis en place pour­rait se révé­ler très dan­ge­reux à long terme. Si les Amé­ri­cains peuvent être sou­mis à des man­dats intru­sifs de la part du FISA pour s’être ren­dus à l’étranger et avoir cri­ti­qué des poli­tiques amé­ri­caines ou si des appels télé­pho­niques inter­cep­tés peuvent être uti­li­sés pour tes­ter les sou­ve­nirs des citoyens lors d’interrogatoires par le FBI, nombre d’avertissements des défen­seurs des liber­tés civiles sur les dan­gers d’une appli­ca­tion large du droit de sur­veillance dans la “guerre contre le ter­ro­risme”, pour­raient deve­nir réels.

    Après avoir pris connais­sance des requêtes radi­cales du Congrès au sujet des docu­ments et autres don­nées, Car­ter Page, consul­tant de l’industrie pétro­lière, qui a  de nom­breux contacts étran­gers, y com­pris en Rus­sie, a répon­du en pre­nant note de la sur­veillance décla­rée à laquelle la FISA l’avait sou­mis, en écri­vant aux séna­teurs Burr et Warner :

    “Je reste déter­mi­né à aider le Comi­té séna­to­rial sur le ren­sei­gne­ment dans toute la mesure de mes moyens. Mais, je vous prie de noter que tous les enre­gis­tre­ments que je pour­rais avoir effec­tués en tant que simple citoyen dis­po­sant de res­sources tech­no­lo­giques limi­tées seront peu de chose com­pa­rés à la base de don­nées com­plète qui a déjà été recueillie sous la direc­tion de l’administration Oba­ma au cours du man­dat FISA com­plè­te­ment injus­ti­fié de l’année der­nière, qui m’a pris pour cible pour avoir exer­cé mes droits du pre­mier amen­de­ment, tant en 2016 que lors des années précédentes.”

     “En tant que pre­mier de la liste dans cette résur­gence de la chasse aux sor­cières que sug­gèrent les tâches fas­ti­dieuses défi­nies dans votre… lettre, je vous prie de com­men­cer par par­ta­ger [avec moi] les infor­ma­tions que vous avez actuel­le­ment… En se fon­dant  sur la base de don­nées d’informations per­son­nelles déjà recueillies au cours de l’opération inté­rieure de ren­sei­gne­ment poli­tique de l’administration Oba­ma qui aurait débu­té l’année der­nière, il semble clair que beau­coup des lourdes tâches que vous m’avez assi­gnées ont pro­ba­ble­ment déjà été lar­ge­ment menées à leur terme.” 

    “En tant que simple indi­vi­du, je peux vous assu­rer que mes capa­ci­tés admi­nis­tra­tives per­son­nelles sont déri­soires à côté de la force de frappe bureau­cra­tique que repré­sente le per­son­nel nom­breux des branches exé­cu­tives, légis­la­tives et judi­ciaires du gou­ver­ne­ment des États-Unis qui est  appa­rem­ment impli­qué dans cette sur­veillance abu­sive depuis de longs mois.”

    Jus­ti­fiée ou pas, la sur­veillance de la FISA de Page – et donc d’autres per­sonnes qu’il a contac­tées – peut ser­vir de base à cer­taines  accu­sa­tions cri­mi­nelles contre lui. On peut coin­cer d’autres conseillers de Trump pour divers délits pro­cé­du­raux, comme des rap­ports non cor­rec­te­ment réa­li­sés, avec le Forei­gn Agents Regis­tra­tion Act [Loi sur l’enregistrement des agents étran­gers], une autre loi qui s’applique de façon sélec­tive prin­ci­pa­le­ment contre les per­sonnes sans sou­tien politique.

    Dans une inter­view ven­dre­di, Page m’a dit qu’il était un petit joueur qui n’avait vio­lé aucune loi, mais qui était deve­nu une cible  “évi­dente” dans les ten­ta­tives de l’administration Oba­ma pour saper la cam­pagne de Trump.

    “Je n’ai pas de pro­tec­tion [poli­tique] et j’ai de vrais liens, pro­fonds, avec les Russes”, a‑t-il affir­mé avant d’ajouter que s’il vou­lait obéir aux injonc­tions du Sénat, il devrait pas­ser en revue “des mil­liers de mails et des cen­taines d’appels télé­pho­niques… Cette affaire est un défi à toute logique, à tout bon sens”.

    Mais, en réa­li­té, dans le micro­cosme de Washing­ton, une fois que la pres­sion monte autour d’un “scan­dale”, quelqu’un doit être condam­né pour quelque chose, sinon tous les gros bon­nets qui sont inter­ve­nus dans “l’affaire” auraient l’air stu­pide. Dans le Rus­sia-gate, cepen­dant, d’importants prin­cipes tou­chant le droit à une opi­nion dis­si­dente, le droit au res­pect de la vie pri­vée et le droit d’association sont, en ce moment, fou­lés aux pieds.”

    Pour plus d’informations sur ce sujet, voir Consor​tium​news​.com et notam­ment “La chasse aux sor­cières : avez-vous par­lé aux Russes ?”.

    Robert Par­ry

    Jour­na­liste d’investigation, Robert Par­ry a publié de nom­breuses révé­la­tions sur le dos­sier Iran-Contra pour l’Associated Press et News­week dans les années 1980.

    Source : Consor­tium News, Robert Par­ry, 07-05-2017

    Source : les​-crises​.fr, http://​www​.les​-crises​.fr/​l​e​-​r​u​s​s​i​e​-​g​a​t​e​-​u​n​e​-​n​o​u​v​e​l​l​e​-​f​o​r​m​e​-​d​e​-​m​a​c​c​a​r​t​h​y​s​m​e​-​p​a​r​-​r​o​b​e​r​t​-​p​a​r​ry/

    Réponse
  5. etienne

    Le capitalisme de connivence vu de l’intérieur

    Laurent Mau­duit pré­sente son entre­tien avec Jean Pey­re­le­vade, ban­quier et ancien PDG du Cré­dit lyon­nais, autour de son livre « Jour­nal d’un sau­ve­tage » (Albin Michel, avril 2016) :

    httpv://www.youtube.com/watch?v=hbGG5Rv6MRQ

    (signa­lé par Ronald l’an passé.)

    Réponse
  6. etienne

    « Aujourd’­hui, [l’O­tan] est un ins­tru­ment de la poli­tique étran­gère des USA, il n’y a pas d’al­liés dans ses rangs, il n’y a que des vas­saux. Lors­qu’un pays devient membre de l’O­tan, il a bien de la peine à résis­ter aux pres­sions d’une puis­sance telle que les États-Unis », a décla­ré M. Pou­tine.

    https://​fr​.sput​nik​news​.com/​i​n​t​e​r​n​a​t​i​o​n​a​l​/​2​0​1​7​0​6​0​3​1​0​3​1​6​7​6​6​4​7​-​p​o​u​t​i​n​e​-​s​t​o​n​e​-​f​i​l​m​-​o​t​an/

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  7. etienne

    Lettre ouverte de RT à Emmanuel Macron :

    Lors de sa confé­rence de presse avec Vla­di­mir Pou­tine à Ver­sailles, Emma­nuel Macron a qua­li­fié RT d’ « organe d’influence et de pro­pa­gande ». La rédac­tion de RT France a sou­hai­té répondre à ces pro­pos, point culmi­nant d’une cam­pagne de diffamation.

    À lire ici :
    https://​fran​cais​.rt​.com/​r​t​-​v​o​u​s​-​p​a​r​l​e​/​3​9​1​5​6​-​l​e​t​t​r​e​-​o​u​v​e​r​t​e​-​e​m​m​a​n​u​e​l​-​m​a​c​r​o​n​-​r​t​-​f​r​a​nce

    Réponse
  8. etienne

    Jean-Luc Mélen­chon : « Beau­coup mesurent le carac­tère dra­ma­tique de l’enjeu. Si Macron reçoit une majo­ri­té abso­lue, il fon­ce­ra. Il aura les pleins pou­voirs. Et ça va faire très mal. Code du tra­vail, école, et ain­si de suite, tout va y passer. »


    https://​www​.legrand​soir​.info/​e​n​-​c​a​m​p​a​g​n​e​-​s​a​n​s​-​t​r​e​v​e​.​h​tml

    Page ori­gi­nale, chez JLM : http://​melen​chon​.fr/​2​0​1​7​/​0​5​/​2​8​/​e​n​-​c​a​m​p​a​g​n​e​-​s​a​n​s​-​t​r​e​ve/

    Réponse
  9. Berbère

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