Moi qui suis assez vieux tout de même, c’est la première fois de ma vie que je n’ai pas voté élu mon prochain maître.
Je me suis abstenu, pour éviter de faire des bêtises, perdu dans le choix lamentable qui m’était imposé par les ultra-riches et leurs serviteurs.
Cette élection présidentielle fut donc un épisode particulièrement odieux de prétendue « démocratie représentative » : on te met le pistolet (d’extrême droite) sur la tempe (chantage qui prend des années à mettre en place, grâce aux médias qu’il a fallu acheter pour ça) et un dimanche fatal, on te dit :
« tu dois voter :
- soit pour la prétendue « Union européenne » — c’est-à-dire la perpétuation de la schlague de l’ordolibéralisme allemand et l’asservissement par la dette, les concurrences déloyales du « libre-échange », les délocalisations et la désindustrialisation, les « travailleurs détachés », le chômage de masse et les bas salaires, l’espionnage généralisé et la colonisation du pays par les USA, et puis finalement le pillage et la dévastation bientôt comme les pauvres Grecs —,
- soit pour… « le péril fasciste » (sic)…
Allez, maintenant, vote ! »
Heu, non.
Tout compte fait, en cette occurrence calamiteuse, même le vote blanc valide l’escroquerie représentative : j’ai relu Libertad et je me suis abstenu.
66% des gens qui élisent Macron (!), leur pire ennemi (et, bien entendu, rien à foutre de l’abstention, des blancs et des nuls)… La prédiction de Tocqueville (la devise des riches) s’est encore parfaitement confirmée : « je ne crains pas le suffrage universel : les gens voteront comme on leur dira ».
Après cet épisode odieux, donc, je vous propose de revenir aux fondamentaux (quel contrat social allons-nous mettre en place nous-mêmes, précisément, dès que nous serons assez nombreux à être devenus vraiment constituants ?), avec cet article de Wolf Linder, aimablement traduit par Domaine public.
Avant de vous laisser le lire, je vous rappelle que c’est à VOUS, personnellement, quotidiennement, de réfléchir à la constitution et de vous entraîner à constituer, pour, le jour où il sera question de changer de contrat social, être prêt à refuser d’élire une assemblée constituante et prêt à exiger soit de participer vous-même à l’écriture, soit que l’AC soit tirée au sort parmi de simples mais vrais citoyens (donc constituants).
Pas de démocratie sans citoyens constituants et vigilants.
Bon courage à tous
(parce que là, on va perdre à la fois le droit du travail, la sécurité sociale, la retraite, et j’en passe… dans l’impuissance politique la plus totale).
Étienne.
Voir aussi Démocratie directe : avantages et inconvénients
La Landsgemeinde, mieux que les médias sociaux
La vraie démocratie suppose d’assumer son opinion et de la confronter à celle des autres
WOLF LINDER | |
Photo jimynu (licence CC)
Durant de longues années, je ne comptais pas parmi les fervents admirateurs de l’institution de la Landsgemeinde, partageant un scepticisme très répandu : dans de telles assemblées, le secret du vote n’existe pas.
Chacun peut voir comment et pour qui vote son fils, son voisin ou son employé. Le talent oratoire d’un Landamman peut influencer l’avis de l’assemblée. Le décompte d’une courte majorité est presque impossible lors d’un vote à main levée.
On se souvient encore de l’entêtement des Appenzellois des Rhodes-Intérieures qui ont refusé à plusieurs reprises le droit de vote à leurs femmes. Il a fallu qu’une poignée de vaillantes Appenzelloises portent la cause jusqu’au Tribunal fédéral pour obtenir en 1990 les droits politiques dont les autres Suissesses bénéficiaient depuis longtemps. A cette époque, j’aurais voté comme les Nidwaldiens et les Appenzellois des Rhodes-Extérieures qui ont aboli leur Landsgemeinde dans les années 90.
Aujourd’hui, seuls les cantons de Glaris et d’Appenzell Rhodes-Intérieures connaissent encore une assemblée annuelle du corps électoral qui élit ses autorités, se prononce sur les finances et sur les questions importantes – telle l’interdiction de la burka, refusée dimanche 7 mai 2017. Seraient-ils donc les derniers à célébrer ce folklore et à tenir à cette vieille tradition n’ayant plus de place à notre époque ?
Mes premiers doutes sont apparus il y a une dizaine d’années lors d’une discussion avec Marianne Kleiner, première conseillère d’Etat d’Appenzell Rhodes-Extérieures, puis conseillère nationale (PRD). Celle-ci s’est battue sans succès pour réintroduire la Landsgemeinde à Trogen et Hundwil (AR), échouant malgré un argumentaire remarquable. Et en 2006, à Glaris, une motion de jeunes socialistes proposant la fusion des 25 communes du canton en trois nouvelles communes fut acceptée par la Landsgemeinde. Une année plus tard, la même assemblée faisait de Glaris le premier canton – et toujours le seul – à connaître le droit de vote à 16 ans.
Il s’agissait donc de bien autre chose que de folklore. Par la suite, deux travaux de recherche menés sous ma direction à l’Institut de science politique de l’Université de Berne ont parachevé mon revirement d’opinion.
Le premier, la thèse de doctorat de Hanspeter Schaub, compare la qualité de la démocratie telle que pratiquée dans la Landsgemeinde d’une part, et par le vote dans les urnes d’autre part, dans six cantons ; le second travail interroge un millier de citoyens glaronnais sur leur expérience de la Landsgemeinde, afin de savoir de quelle manière les débats à l’assemblée ont contribué à former leur propre opinion. De plus, il s’agissait de vérifier l’intensité du soutien à la démocratie d’assemblée.
Les deux travaux montrent une image nouvelle et fascinante de cette institution. Le vote dans les urnes voit l’initiative et le référendum contre les décisions du parlement se substituer à l’assemblée des citoyens. Un tel système permet une plus grande indépendance de la justice et accroît la capacité d’action du gouvernement. Par contre, la démocratie « radicale » de la Landsgemeinde élargit les possibilités de choix du peuple et permet aux citoyennes et aux citoyens de véritablement décider sur un plus grand nombre de dossiers. La Landsgemeinde permet également de mieux clarifier la responsabilité du gouvernement. Mais le plus surprenant est la qualité démocratique des débats tenus dans l’enceinte de la Landsgemeinde, révélé par les deux études.
Certes, un quart seulement du corps électoral participe à l’assemblée. Mais les Glaronnais sont fiers de leur institution et perçoivent les décisions prises comme particulièrement crédibles. Et à raison, car l’assemblée est le théâtre de réels et vifs débats sur les questions de politique cantonale. L’étude détaillée de deux objets soumis à votation a montré qu’une bonne partie des participants ont formé leur avis au cours de l’assemblée. Les nouveaux arguments lancés dans le débat ont influencé la formation de l’opinion. Les personnes interrogées accordent une forte crédibilité aux propositions formulées par les personnes directement concernées par le problème discuté et par des citoyens sans mandat électif. Si leur point de vue est bien argumenté, il peut emporter l’adhésion.
Une étude plus ancienne, portant sur la révision du plan général d’affectation des sols dans 60 communes du canton de Zurich, arrive à des conclusions similaires : les propositions véritablement nouvelles émergent lors de l’assemblée communale censée adopter le nouveau plan, soit à la fin du processus de révision, et non lors des étapes précédentes qui passent par la consultation des partis ainsi que des associations et des groupes d’intérêts concernés.
Ces avantages devraient contribuer à expliquer pourquoi certaines communes suisses alémaniques ont aboli les conseils communaux introduits dans les années 1970. Dans les villes, le vote à l’urne devrait rester, pour des raisons pratiques, la seule solution possible. Mais les communes pour qui l’assemblée fonctionne bien n’ont pas de raison de se « moderniser » en lui substituant un conseil élu. En outre, nous devrions éviter de monter les systèmes l’un contre l’autre. Selon Schaub, les deux ont leurs avantages et leurs inconvénients et s’avèrent en de nombreux points comparables en termes de qualité du système démocratique local. L’absence de secret lors du vote en assemblée générale pose encore un réel problème – que le recours au smartphone permettrait de résoudre.
Mais quelles sont, alors, les raisons de la grande qualité des débats dans une démocratie d’assemblée, non seulement dans les Landsgemeinde mais également dans les centaines d’assemblées communales à travers le pays ? Tout d’abord, se lever pour soumettre une proposition à une assemblée requiert du courage : son auteur sait qu’elle ne va pas plaire à tout le monde. Ce courage ne va pas de soi ; j’ai participé à des assemblées où j’en ai moi-même manqué, ce que j’ai regretté ultérieurement. Ce courage se retrouve dans la plupart des assemblées où les propositions de ces valeureux intervenants sont probablement appréciées tout comme dans le « ring » glaronnais.
En outre, la liberté d’expression dans le cadre d’une assemblée publique ne constitue pas seulement un droit mais impose un devoir envers soi-même. On doit répondre de ce qu’on dit. Voilà la grande différence avec l’anonymat de ces médias sociaux où règnent scandales et fausses informations et où se mobilise une communauté virtuelle d’individus partageant des opinions analogues – mais dont personne ne répond ni de ses propres affirmations ni des « informations » qu’il partage généreusement. Enfin les propositions présentées en assemblée se doivent d’être justifiées dans les faits. Elles aboutissent à une discussion du pour et du contre, indispensable pour une décision démocratique où ne s’impose aucune certitude, ni du bien, ni du juste.
Wolf Linder
Une première version de cet article a paru en allemand dans l’hebdomadaire Die Weltwoche.
Source : Domaine public, https://www.domainepublic.ch/articles/31490
Fil Facebook correspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10155219330557317
Quelques clés ici :
httpv://www.youtube.com/watch?v=MSjbxYEe-yU
EXTRAIT :
« Et si le vrai problème de nos démocraties était les électeurs ? Après tout, selon Bryan Caplan, les citoyens sont pires qu’ignorants. Ils sont irrationnels. Et loin d’être surprenant, ceci pourrait être une conséquence du système démocratie. Selon Caplan, les citoyens sont rationnellement irrationnels. »
Car les institutions les rendent ignorants.
Mais avec des institutions qui pousseraient à la vertu et à faire de la politique tous les jours.. ce genre de citation ne serait plus valable.
Télévision : oeil de demain (1er janvier 1947)
Le révélateur grec : L’ordolibéralisme allemand, cage de fer pour le Vieux Continent
« Je me sens proche de l’ordolibéralisme allemand d’après-guerre », a déclaré le président du Conseil européen, M. Donald Tusk, à propos du dossier grec.
Née outre-Rhin il y a huit décennies, cette forme continentale de néolibéralisme étend son influence.
Si quelqu’un voulait encore une preuve du danger que font peser les référendums sur le fonctionnement des démocraties modernes, la voilà », fulminait le site de l’hebdomadaire Der Spiegel le 6 juillet 2015, après l’annonce des résultats de la consultation grecque. La sidération provoquée en Allemagne par ce « non » retentissant s’explique par la collision frontale entre deux conceptions de l’économie et, plus largement, des affaires publiques.
La première approche, qu’incarnaient début juillet les dirigeants grecs, reflète un mode de gouvernement proprement politique. Le suffrage populaire prime sur la règle comptable, et un pouvoir élu peut choisir de changer les règles. La seconde, à l’inverse, subordonne l’action gouvernementale à la stricte observance d’un ordre. Les politiques peuvent agir comme ils l’entendent pourvu qu’ils ne sortent pas du cadre, lequel se trouve de facto soustrait à la délibération démocratique. Le ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble personnifie cet état d’esprit. « Pour lui, les règles ont un caractère divin », a observé son ancien homologue grec Yanis Varoufakis (lire « “Leur seul objectif était de nous humilier” »).
Cette idéologie allemande mal connue porte un nom : l’ordolibéralisme. Comme les adeptes anglo-saxons du « laisser-faire », les ordolibéraux refusent que l’Etat fausse le jeu du marché. Mais, contrairement à eux, ils estiment que la libre concurrence ne se développe pas spontanément. L’Etat doit l’organiser ; il doit édifier le cadre juridique, technique, social, moral, culturel du marché. Et faire respecter les règles. Telle est l’« ordopolitique » (Ordnungspolitik). L’histoire de cet interventionnisme libéral prend sa source dans le bouillonnement de l’entre-deux-guerres, il y a huit décennies. « Je suis né à Fribourg, confiait M. Schäuble en septembre 2012. Là-bas, il y a quelque chose qui s’appelle l’école de Fribourg. Cela a un rapport avec l’ordolibéralisme. Et aussi avec Walter Eucken (1). »
Fribourg-en-Brisgau, une cité prospère, non loin de la cathédrale de Strasbourg et des coffres-forts suisses, au pied du massif de la Forêt-Noire. Dans ce fief catholique et conservateur, la crise économique ouverte en 1929 produit ses effets comme ailleurs : aux élections de mars 1933, le parti nazi arrive en tête avec près de 36 % des voix. Alors que la république de Weimar agonise, trois universitaires réfléchissent à l’avenir. Economiste, Walter Eucken (1891−1950) aspire à refonder philosophiquement sa discipline. Franz Böhm (1895−1977) et Hans Grossmann-Doerth (1894−1944) se frottent en juristes à l’épineux problème des monopoles et des ententes (2). Leur rencontre produit une étrange alchimie.
Ensemble, ils élaborent un programme de recherche articulé autour de la notion d’ordre (Ordnung), comprise à la fois comme constitution économique et comme règle du jeu. Pour neutraliser les cartels et éviter que la guerre économique ne dégénère, il faut, disent-ils, un Etat fort. « L’Etat doit consciemment construire les structures, le cadre institutionnel, l’ordre dans lesquels l’économie fonctionne, écrit Eucken. Mais il ne doit pas diriger le processus économique lui-même (3). »
Contrairement aux libéraux classiques, les ordolibéraux ne considèrent pas le marché ou la propriété privée comme des produits de la nature, mais comme des constructions humaines, et donc fragiles. L’Etat doit rétablir la concurrence si elle ne fonctionne pas. Il doit aussi créer un environnement favorable : formation des travailleurs, infrastructures, incitation à l’épargne, lois sur la propriété, les contrats, les brevets, etc. Entre le cadre et les processus s’intercale la monnaie. Dans son testament intellectuel (Fondements de la politique économique, 1952), Eucken insiste sur le « primat de la politique monétaire » et sur la nécessité de la soustraire aux pressions politiques et populaires. Non seulement une bonne « constitution monétaire » doit éviter l’inflation, mais, « comme l’ordre concurrentiel, elle doit fonctionner de manière aussi automatique que possible ». Faute de quoi « l’ignorance, la faiblesse envers les groupes d’intérêt et l’opinion publique » (4) feraient dévier les responsables monétaires de leur objectif sacré : la stabilité.
A Fribourg, le petit cercle des ordolibéraux s’élargit. Leur notoriété dépasse bientôt l’enceinte de la cité. Leurs travaux inspirent notamment deux économistes, Wilhelm Röpke (1899−1966) et Alexander Rüstow (1885−1963), qui y injectent des références historiques et sociologiques, ainsi qu’une forte dose de conservatisme. Ces opposants au régime nazi situent l’épicentre de la crise non pas dans la sphère économique elle-même, mais dans la désintégration de l’ordre social provoquée par le laisser-faire. La modernité aurait engendré un prolétariat déshumanisé, un Etat social obèse, une ferveur collectiviste. Face à la « révolte des masses », Röpke appelle de ses vœux une « révolte des élites » (5). Pour rendre aux travailleurs leur dignité perdue, il faudrait les réintégrer dans diverses communautés prédémocratiques pensées comme naturelles — famille, commune, Eglise, etc. — et éradiquer l’égalitarisme.
En sacrifiant au culte du Moloch libéral, écrit Rüstow, « on a nié le principe de l’échelonnement en général et l’on a mis à sa place l’idéal, faux et erroné, de l’égalité et l’idéal, partiel et insuffisant, de la fraternité ; car, dans la petite comme dans la grande famille, plus important que le rapport de frère à frère est le rapport de parents à enfants, assurant la suite des générations qui maintient le courant de la tradition culturelle (6) ». De culture chrétienne comme leurs amis de Fribourg, Röpke et Rüstow chargent la notion d’ordre du sens que lui donnait saint Augustin : une règle disciplinaire ordonnatrice de la vie commune.
L’essor de l’ordolibéralisme s’inscrit dans un vaste mouvement international de renouveau de la pensée libérale, qui se déploie dans les années 1930 sous l’appellation de « néolibéralisme ». Dans cette mouvance, les « ordos » s’opposent aux nostalgiques du laisser-faire — Ludwig von Mises et son élève Friedrich Hayek —, lesquels, peste Rüstow, « ne trouvent rien d’essentiel à critiquer ou à changer au libéralisme traditionnel ».
A la fin des années 1930, les éclaireurs de l’ordopolitique restent marginaux. Ils ne disposent guère de relais dans l’Allemagne nazie, même si plusieurs d’entre eux participent à des cercles de réflexion économique du régime — c’est notamment le cas de Ludwig Erhard (1897−1977) et d’Alfred Müller-Armack (1901−1978), deux permanents d’organismes patronaux promis à un brillant avenir, qui se rencontrent pour la première fois en 1941 « dans le cadre d’une collaboration engagée au nom de l’industrie légère avec l’Etat nazi (7) ». A peine né, note l’économiste François Bilger, l’ordolibéralisme « fut en quelque sorte “exilé” ou réduit à une vie de “catacombes”. Deux des principaux libéraux allemands, Röpke et Rüstow, durent s’exiler à l’avènement du régime national-socialiste ; quant aux autres, ils ne purent continuer à enseigner ou poursuivre quelque autre activité qu’en renonçant à dire toute leur pensée (8) ».
La chute du nazisme sonne pour eux l’heure de la conquête. En Allemagne de l’Ouest, à la différence de ce qui se produit en France, en Italie ou au Royaume-Uni, la reconstruction s’effectue sur des bases libérales plutôt que sociales-démocrates. Puissance occupante la plus influente, les Etats-Unis empêchent les nationalisations auxquelles aspirait la majorité (9). Ils facilitent en revanche la transition vers une économie ouverte, réceptacle idéal pour leurs exportations, et accorderont à leur nouvel allié une division par deux de sa dette extérieure (10).
Ces conditions favorisent l’édification, à partir de 1948–1949, d’un système qui opère la fusion de l’ordolibéralisme et de la doctrine chrétienne en une « économie sociale de marché ». L’expression est heureuse, mais l’adjectif trompeur : « Son caractère social, précise en 1948 Müller-Armack, inventeur de la formule, réside dans le fait qu’elle est en situation de proposer une masse diversifiée de biens de consommation à des prix que le consommateur peut contribuer à déterminer par la demande (11). » Une série de mesures compensent les inégalités qu’engendre le modèle concurrentiel : maintien du système d’assurances sociales hérité de Bismarck, impôt sur le revenu, logements sociaux, aide aux petites entreprises… Bref, le « social » dont il est ici question rappelle qu’une économie de marché ne fonctionne que si l’Etat produit la société qui lui correspond. L’Allemagne d’après-guerre sera un laboratoire néolibéral à ciel ouvert.
L’expérimentateur en chef se nomme Ludwig Erhard, directeur de l’administration économique de la zone occupée par les Etats-Unis et le Royaume-Uni (Bizone), puis ministre de l’économie de Konrad Adenauer de 1949 à 1963, et finalement chancelier de 1963 à 1966. Sous la houlette de cet économiste converti aux thèses ordolibérales pendant la guerre sont introduites la plupart des réformes de structure associées au « miracle économique », en particulier la libération des prix et la création du deutsche Mark, le 20 juin 1948, qui restent gravées dans la mémoire collective comme une refondation.
Initiateur de l’ouverture au libre-échange international et des privatisations, Erhard aimait résumer son action par une métaphore : « De même que l’arbitre ne prend pas part au jeu, l’Etat se trouve exclu de l’arène. Dans tout bon match de football, il y a une constante : ce sont les règles précises qui ont présidé à ce jeu. Ce que vise ma politique libérale, c’est justement de créer les règles du jeu (12). » L’introduction de la cogestion dans l’industrie en 1951–1952 lui sera imposée par le chancelier Adenauer et par des syndicats qui y voyaient une compensation à la stagnation salariale.
Conformément aux préceptes d’Eucken, Ehrard répugnait à intervenir pour pallier les effets des trous d’air économiques. « Il redoutait qu’une politique de conjoncture, qui se focalise sur l’objectif de plein-emploi au détriment de tout autre, ne s’effectue aux dépens de la stabilité monétaire et au prix d’une moindre responsabilité individuelle », expliquera l’un de ses disciples, M. Hans Tietmeyer, président de la Bundesbank (banque centrale allemande) entre 1993 et 1999 (13).
L’ordopolitique connaît son apothéose en 1957, quand Erhard fait voter deux lois décisives : l’une sur l’indépendance de la Bundesbank, l’autre contre les limitations de la concurrence. Stabilité monétaire et concurrence non faussée : « Dans le modèle d’économie sociale de marché, analyse le haut fonctionnaire français Christophe Strassel, ces deux politiques échappent au débat démocratique ordinaire (14). »
Le ministre de l’économie n’agit évidemment pas seul. Dès 1948, Erhard s’entoure d’experts ordolibéraux, qui investissent en force le Conseil scientifique de la Bizone, comme Böhm, Eucken ou Müller-Armack. Le ministère de l’économie devient leur chasse gardée. L’ordopolitique dispose également d’une multitude de relais : une revue théorique, Ordo, dont le premier numéro paraît en août 1948 ; un lobby chargé d’assurer sa promotion, la Communauté d’action pour l’économie sociale de marché, fondée en 1953, et dont les travaux irriguent sans retenue la presse, notamment la Frankfurter Allgemeine Zeitung ; un mouvement d’industriels catholiques, Die Waage (« la Balance »), « communauté pour la promotion de l’égalité sociale », qui financera pendant une décennie des campagnes d’opinion en amont des élections législatives (15).
Mais c’est au Parlement que l’ordolibéralisme réussit sa percée la plus inattendue. Avec la notion d’économie sociale de marché et son slogan « La prospérité pour tous », il offre à la jeune Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (CDU) l’occasion de répliquer sur le terrain des sociaux-démocrates. Conquis, le parti revendique à partir de 1949 une société dont « l’ordre se réalise grâce à la liberté et au respect des engagements qui s’expriment dans l’“économie sociale” de marché par la concurrence authentique et le contrôle des monopoles (16) ».
Certains intellectuels du Parti social-démocrate (SPD) succombent à ce chant des sirènes. En 1955, Karl Schiller publie Socialisme et concurrence, où figure la célèbre devise « Concurrence autant que possible, planification autant que nécessaire ». Formule reprise par le SPD lui-même lors de son grand tournant doctrinal de novembre 1959, quand, à Bad Godesberg, une majorité de délégués reconnaît la propriété privée des moyens de production et l’économie de marché comme des bienfaits incontestables.
Un tel aggiornamento n’aurait pas été possible si l’ordolibéralisme s’était imposé à l’état brut dans la société allemande. Dans la pratique, l’économie sociale de marché hybride Eucken et Bismarck, la règle comptable théorisée à Fribourg et le système de protection sociale instauré par le chancelier moustachu à la fin du XIXe siècle. La chute d’Erhard, en 1966, marque une inflexion « sociale » qu’accentue l’arrivée au pouvoir en 1969 du social-démocrate Willy Brandt. Aux influences « ordo » et bismarckienne s’ajoute une perspective keynésienne : planification à moyen terme, hausse des salaires, renforcement de la cogestion, investissements dans l’éducation et la santé. La République fédérale des années 1970–1980 se bricole ainsi un « modèle allemand » qui proclame sa fidélité à l’économie sociale de marché mais incorpore une bonne dose d’interventionnisme classique.
L’alternance de 1982 offre au chrétien-démocrate Helmut Kohl l’occasion de fermer la parenthèse. Le balancier idéologique a basculé ; l’heure est au rétablissement de l’équilibre budgétaire. Mais les coûts de l’unification allemande entraveront durant les années 1990 le retour aux fondamentaux ordolibéraux. Et il échoit au social-démocrate Gerhard Schröder, intronisé en 1998, de restaurer l’ordre des années 1950 par la dérégulation massive du droit du travail et l’affaiblissement de la protection sociale. Des mesures confirmées par l’actuelle chancelière, Mme Angela Merkel, qui rappelait en janvier 2014 que « l’économie sociale de marché est bien plus qu’un ordre économique et social. Ses principes sont intemporels ».
Quatre-vingts ans après sa fondation, l’ordolibéralisme se perpétue en Allemagne dans des institutions comme l’Office fédéral de lutte contre les cartels — créé en 1957 —, la Commission des monopoles, qui conseille le pouvoir politique sur les questions de concurrence, ou encore le Conseil de stabilité, créé en 2010 pour veiller au respect de la « règle d’or » du déficit zéro, au niveau fédéral comme dans les Länder. Mais il imprègne aussi les débats politico-économiques allemands à la manière d’un fonds culturel commun que chacun interprète à sa guise.
Des conservateurs et libéraux jusqu’au SPD et aux Verts, en passant par l’Alternative für Deutschland (AfD, dont un cofondateur, l’économiste Joachim Starbatty, fut assistant de Müller-Armack à Cologne), les partis allemands comptent dans leurs rangs moult héritiers d’Eucken. Tous dénoncent de mauvais usages de la tradition par leurs adversaires. « Je suis un ordolibéral, mais de gauche », nous assure M. Gerhard Schick, député vert au Bundestag depuis 2005. Docteur en économie, cet ancien chercheur à l’institut Walter-Eucken ne se qualifierait pourtant « en aucun cas de néolibéral. Chez les Verts, le terme d’ “économie sociale de marché” fait consensus, même si nous y ajouterions le terme “écologique”. Je partage les analyses ordolibérales sur le contrôle du marché. Et je trouve important que l’Etat pose des règles pour que la concurrence fonctionne ».
Au fil des ans, des courants plus ou moins interventionnistes ont émergé. « Il ne s’agit pas d’une doctrine fermée », analyse M. Ralf Fücks, directeur de l’influente fondation Heinrich-Böll des Verts. Le principe ordolibéral de la « responsabilité » peut justifier la régulation des marchés financiers et des taxes écologiques, mais aussi le refus d’une mutualisation européenne de la dette. « L’ordolibéralisme est une troisième voie entre le laisser-faire et l’étatisme, estime cet ex-dirigeant des Grünen. Pour les Verts, c’est une position particulièrement intéressante, qui permet de se démarquer à la fois des idées de la gauche traditionnelle et du néolibéralisme. »
Député Die Linke (gauche radicale) de 2005 à 2010 et ancien professeur d’économie, M. Herbert Schui souligne que « l’économie sociale de marché est un concept de suggestion. Il a été créé après guerre pour éloigner la population des idées socialistes. La formule fonctionne si bien que même certains à gauche s’y laissent prendre ». Elle procure une référence ductile, mais très légitime, car associée à l’idée de refondation — un peu comme le gaullisme en France. La Confédération allemande des syndicats (DGB) l’a adoptée en 1996. « L’économie sociale de marché a produit un haut niveau de prospérité matérielle » et représente « un grand progrès historique face au capitalisme sauvage », déclare-t-elle dans son programme fondateur, inchangé depuis. Tout en reconnaissant que ce système « n’a empêché ni le chômage de masse ni le gaspillage des ressources, et n’a pas produit l’égalité sociale ».
Tandis qu’une partie de la gauche allemande voit dans l’ordolibéralisme une forme d’interventionnisme opposable au néolibéralisme, le patronat l’associe à une économie de marché strictement libérale. Une série d’organismes partageant cette vision fournissent à la pensée ordolibérale une chambre d’écho polyphonique. L’Initiative pour une nouvelle économie sociale de marché, think tank naguère présidé par M. Tietmeyer, lutte contre le soutien public aux énergies renouvelables, contre l’impôt sur le patrimoine ou encore contre le salaire minimum légal mis en place début 2015. La Communauté d’action pour l’économie sociale de marché sévit toujours soixante ans après sa création. Plus récente, l’Alliance d’Iéna pour le renouvellement de l’économie sociale de marché décerne chaque année un prix pour l’innovation dans l’Ordnungspolitik, tandis que le Kronberger Kreis, un cercle d’économistes adossé à une fondation pour l’économie de marché, se vante de fournir aux gouvernements « la pensée pour les réformes indispensables ». L’ordopolitique dispose de relais jusqu’au sein de l’Eglise, en la personne de Mgr Reinhard Marx, archevêque de Munich et président de la Conférence épiscopale allemande.
Mais la voix la plus influente de l’ordopolitique n’est autre que le Conseil allemand des experts économiques, créé en 1963 par Erhard pour guider les choix du gouvernement. Seul l’un de ses cinq membres, Peter Bofinger, est keynésien. « Quel que soit le sujet, je suis seul contre quatre », peste-t-il (The Economist, 9 mai 2015). Ses confrères, eux, se veulent avant tout pragmatiques. « Nous voyons les avantages des concepts ordopolitiques, mais, si on y regarde de plus près, c’est plus hétérogène », nous explique par exemple Lars Feld, l’un des « sages », professeur à l’université de Fribourg et président de l’institut Walter-Eucken. « L’ordolibéralisme en lui-même ne rime pas forcément avec austérité. En 2008, avec mon collègue Clemens Fuest, nous avons par exemple recommandé au gouvernement de mettre en place un programme de soutien à la relance après la crise financière. Mais, avons-nous ajouté, “si vous craignez que cette mesure ne pénalise ensuite vos conditions de refinancement sur les marchés, alors introduisez un frein à l’endettement” » — la règle d’or budgétaire. Le gouvernement a suivi les deux recommandations à la lettre. « En tant qu’Allemand, c’est pour moi incompréhensible de voir à quel point mon pays est figé du point de vue de la pensée économique », nous confie l’économiste et spécialiste de l’ordolibéralisme Ralf Ptak.
Au-delà de sa mise en œuvre germanique dans une version plus ou moins abâtardie, l’idéologie « ordo » s’est transposée à l’état chimiquement pur dans les structures de l’Union européenne. « Tout le cadre de Maastricht reflète les principes centraux de l’ordolibéralisme et de l’économie sociale de marché », reconnaît volontiers M. Jens Weidmann, président de la Bundesbank (17). Avec son appel au « développement durable de l’Europe fondé sur une croissance économique équilibrée et sur la stabilité des prix, une économie sociale de marché hautement compétitive », l’article 2.3 du traité de Lisbonne, en vigueur depuis fin 2009, semble décalqué d’un discours d’Erhard.
Et pour cause : de Walter Hallstein, premier président de la Commission européenne (1958−1967), à Hans von der Groeben, commissaire à la concurrence (1958−1967), en passant par Müller-Armack, négociateur du traité, la plupart des Allemands ayant participé à la mise en place du Marché commun dans les années 1950 adhéraient à la pensée d’Eucken. Les hauts fonctionnaires des institutions européennes ont reproduit à l’échelon communautaire la stratégie d’Erhard et de son comité d’experts dans l’Allemagne fédérale occupée : acteurs d’un organisme dépourvu de légitimité, ils se sont concentrés sur l’élaboration d’un cadre juridique de la concurrence et de la stabilité monétaire, préoccupation jugée de second ordre par les puissances établies pendant la guerre froide.
Leur triomphe n’était pas acquis d’avance. Dans les années 1950, l’édifice européen s’érige sur deux piliers doctrinaux bien distincts. L’un, français, interventionniste et planificateur, fore volontiers à coups de subventions de larges zones d’exception dans le cadre concurrentiel (la politique agricole commune et celle des champions nationaux). Il voit dans le projet de marché intérieur européen une protection vis-à-vis du libre-échange mondial. L’autre, ordolibéral, presse ses partenaires non seulement d’établir un marché unique communautaire, mais également de procéder à un arasement des barrières douanières à l’échelle du « monde libre ». Dès 1956, le chancelier Erhard plaide pour l’instauration d’un… grand marché transatlantique (18).
Dominante dans les années 1960 et 1970, l’approche hexagonale ne résiste pas à la déréglementation des échanges internationaux, qui implique rigueur budgétaire et compétitivité. Paris abdique symboliquement le 23 mars 1983, quand François Mitterrand, renonçant à conduire la politique de rupture pour laquelle il a été élu, décide de maintenir le franc arrimé au système monétaire européen et à l’Allemagne. Ce choix implique la mise en œuvre par la gauche d’un plan d’austérité symboliquement comparable à celui que M. Alexis Tsipras entérina en juillet 2015. « Je suis partagé entre deux ambitions, confiait Mitterrand le 19 février 1983. Celle de la construction de l’Europe et celle de la justice sociale (19). » Une alternative du même tonneau fut imposée au dirigeant grec.
Vingt-cinq ans après la chute du mur de Berlin, la doctrine « ordo » imprègne toujours les cadres de la direction générale de la concurrence et inspire nombre de commissaires européens, tel le Belge Karel Van Miert, récipiendaire du prix Ludwig-Erhard en 1998, ou encore l’Italien Mario Monti. Mais le fief ordolibéral le plus inexpugnable se trouve à Francfort. « La constitution monétaire de la Banque centrale européenne [BCE] s’ancre fermement dans les principes de l’ordolibéralisme », reconnaît l’actuel président de l’institution, M. Mario Draghi (20). Par son fonctionnement, par son indépendance vis-à-vis des institutions démocratiques ou encore par sa mission unique de maintien de la stabilité des prix, la BCE plagie la Bundesbank. En 2003 (19 septembre), Les Echos saluaient son futur président, M. Jean-Claude Trichet — pourtant énarque et français —, comme « le plus authentique représentant de l’esprit mais aussi de la pratique qu’a incarnés la Bundesbank depuis sa création en 1949 jusqu’à l’intronisation de l’euro ».
Le combat a cessé faute de combattants. En Europe, la marée basse de la souveraineté populaire laisse apparaître dans leur froide efficacité les structures de pilotage automatique patiemment mises en place dans les bureaux de Bruxelles et les tours de Francfort : indicateurs placés en apesanteur démocratique par le traité de Maastricht (les fameux 3 % de déficit), instauration en mars 2012 de la « règle d’or » allemande limitant les déficits budgétaires pour les Etats membres.
Dix jours après le référendum grec, Hans-Werner Sinn, l’économiste le plus influent outre-Rhin, conseiller du ministre des finances et représentant inflexible de l’orthodoxie, nous l’affirmait : « La crise européenne exclut les recettes keynésiennes. Ce n’est pas spécialement ordolibéral, c’est tout simplement économique. » Le cadre d’Eucken s’est mué en cage de fer.
François Denord, Rachel Knaebel & Pierre Rimbert
Respectivement sociologue (Centre national de la recherche scientifique) et journaliste (Berlin).
______
Notes :
(1) Wolfgang Schäuble, allocution à Francfort, 5 septembre 2012.
(2) David J. Gerber, « Constitutionalizing the economy : German neo-liberalism, competition law and the “new” Europe » (PDF), The American Journal of Comparative Law, vol. 42, n° 1, Washington, DC, 1994.
(3) Cité par Siegfried G. Karsten, « Eucken’s “social market economy” and its test in post-war West Germany », The American Journal of Economics and Sociology, vol. 44, n° 2, Hoboken (New Jersey), 1985.
(4) Walter Eucken, Grundsätze der Wirtschaftspolitik, Mohr, Tübingen, 1952.
(5) Jean Solchany, Wilhelm Röpke, l’autre Hayek. Aux origines du néolibéralisme, Publications de la Sorbonne, Paris, 2015.
(6) Centre international d’études pour la rénovation du libéralisme (CIRL), Compte rendu des séances du colloque Walter Lippmann, Librairie de Médicis, Paris, 1939.
(7) Patricia Commun, « La conversion de Ludwig Erhard à l’ordolibéralisme (1930−1950) », dans Patricia Commun (sous la dir. de), L’Ordolibéralisme allemand. Aux sources de l’économie sociale de marché, Cirac, Cergy-Pontoise, 2003.
(8) François Bilger, La Pensée économique libérale dans l’Allemagne contemporaine, LGDJ, Paris, 1964.
(9) Werner Abelshauser, « Les nationalisations n’auront pas lieu », Le Mouvement social, n° 134, janvier-mars 1986.
(10) Lire Renaud Lambert, « Dette publique, un siècle de bras de fer », Le Monde diplomatique, mars 2015.
(11) Alfred Müller-Armack, repris dans Genealogie der Sozialen Marktwirtschaft, Haupt, Berne, 1981.
(12) Ludwig Erhard, La Prospérité pour tous, Plon, Paris, 1959.
(13) Hans Tietmeyer, Economie sociale de marché et stabilité monétaire, Economica, Paris, 1999.
(14) Christophe Strassel, « La France, l’Europe et le modèle allemand », Hérodote, vol. 4, La Découverte, Paris, 2013.
(15) Ralf Ptak, Vom Ordoliberalismus zur Sozialen Marktwirtschaft, Leske+Budrich, Opladen, 2004.
(16) André Piettre, L’Economie allemande contemporaine (Allemagne occidentale), 1945–1952, Librairie de Médicis, Paris, 1952.
(17) Conférence à l’institut Walter-Eucken, Fribourg-en-Brisgau, 11 février 2013.
(18) Lire notre dossier en ligne.
(19) Jacques Attali, Verbatim I, Fayard, Paris, 1993.
(20) Conférence de M. Mario Draghi à Jérusalem, 18 juin 2013.
DOSSIER LE RÉVÉLATEUR GREC
La crise grecque dévoile le fonctionnement de l’Union européenne : elle a mis au jour la distance qui s’est créée avec les ambitions formulées par les pères fondateurs — démocratie, solidarité et prospérité —, consacré la victoire d’une idéologie venue d’Allemagne, l’ordolibéralisme, et se montre désormais ouvertement hostile à toute perspective (…)
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EN PERSPECTIVE
• L’Allemagne, puissance sans désir
mai 2015
Source de cet important article, avec ses liens : Le Monde diplomatique, août 2015 :
http://www.monde-diplomatique.fr/2015/08/DENORD/53518
Nous devrions TOUS connaître parfaitement l’idéologie scandaleuse de L’ORDOLIBÉRALISME, l’esclavagisme qui vient.
Ceux qui se sont bagarrés en 2005 contre l’anticonstitution européenne (référendum contre le TCE) connaissent l’existence de l’ordolibéralisme depuis plus de 10 ans, mais tous les autres devraient bien bosser la question, et faire passer le message.
Voyez :
https://www.google.fr/search?q=ordolibéralisme
Salut
Je demandais pourquoi les voix dissidentes se cantonnent à incriminer un système vieux de 30 ans (c’est souvent ce qu’on entend). Certes il y a eu le virage de la rigueur, trahison évidente de Mittérand 2 ans après son élection. Mais pourquoi ne parle-t-on jamais des septennats de Pompidou (ex-banquier Rotschild) et de Giscard (l’homme qui coûtait 3 milliards) ? Il y a quand même eu des trahisons importantes sous leur règne au niveau de la monnaie. Est-ce que quelqu’un s’est penché sur d’autres réformes ? Merci !
Olivier Berruyer apporte un éclairage qui arrive à nommé sur le giscardisme de Macron :
http://www.les-crises.fr/macron-le-dernier-giscardien-par-edouard-husson/
La landsgemeinde est d’une immense valeur d’exemplarité ( bien que la question de l’ « ordre du jour » ne soit pas tout à fait résolue ).
Les expériences de Vandoncourt, Saillans, Marinaleda, sont tout aussi réjouissantes ; il me semble que c’est à Saillans que se vit la plus claire volonté de nourrir maximalement l’esprit démocrate et de le faire triompher dans les esprits et les actes ; un esprit de recherche à suivre de près ; ça tombe bien, les impulseurs tentent la pollinisation au loin de la ruche locale.
J’aime ces gens.
En circonstances de pénibilité extrême, ce que tentent les kurdes du nord de la Syrie est méconnu … il faudrait se pencher sur cette affaire, voire la soutenir.
La critique usuelle la plus répandue à tous ces vécus porteurs d’espoir est bien entendu la question de la taille, et il nous est souvent balancé en pleine gueule qu’à grande échelle tout cela ne serait que billevesée irréaliste.
Il n’est bien entendu pas question de céder à l’évidente logique adorée des soumis volontaires. Car en face de la logique, qu’il vaudrait mieux nommer observation de ce qui est, et non de ce qui doit être, il y a une puissance négligée : l’imagination.
Et contrairement à ce qui est dit, des expériences de taille légèrement supérieure existent, telle par exemple celle du chiapas.
Et on ignore ce qu’aurait donné la CNT si elle n’avait été assassinée.
Pour passer du communalisme démocratique à des dimensions supérieures, je fonde un grand espoir dans l’inversion du principe de subsidiarité tel qu’il est imposé et vécu présentement :
Le principe de subsidiarité est de nos jours perçu comme une concession du global au local, une cession d’une part des pouvoirs, des devoirs, des charges, décidée de l’en haut ; quand au contraire, en démocratie, c’est le contenu qui concède au contenant, et garde le pouvoir de contester un accord ancien. J’use volontairement des mots contenant et contenu pour cela qu’ils ne gomment rien de la chaîne des emboîtements : on peut y voir le citoyen autant que le village, la région, le pays, le continent, la planète, l’essentiel étant que toujours le contenu garde la main et le contrôle du contenant, de même qu’il est prudent de contrôler toute instance et tout mandaté. C’est ce qui est faible qui doit gouverner ce qui est fort, et non as le contraire ; afin que la force soit la force de tous et non pas celle de quelques uns.
Je me répète et ça fait des années qu’on en cause 🙂 Je place un grand espoir dans la démocratie gigogne, c’est-à-dire dans un réseau dense d’assemblées délibératives et décisionnaires organisées en poupées russes et pensées dans l’esprit de la subsidiarité ascendante.
Voilou.
Hello, il y a un livre qui vient de sortir qui parle apparemment de démocratie participative et aussi de monnaie.
« Voyage en Misarchie. Essai pour tout reconstruire » d’Emmanuel Dockès
Il y a de nos jours un biais lexical particulièrement pervers, qui bombarde esprits et oreilles de l’expression « débat public », comme si cette chose de scène était un ancrage de la démocratie ; que nenni, en filigrane se cache la confusion entre « débat en public », entre VIP choisis, ou « débat du public », ce qui est fort différent.
La supériorité du vrai débat public ( débat du public ) sur le faux débat public ( débat en public ) réside dans le fait que lors du premier, toute idée peut surgir inopinément, de la pire à la meilleure, et en particulier, même si c’est ésopien, c’est cela qui est précieux, peuvent surgir les idées les plus originales ou imaginatives, donc souvent libératoires, ou émancipatrices du ronron neuronique, qui au contraire n’ont que très peu de chance, ou aucune, d’émerger lors du second type de débat, mis en scène, orchestré, où les intervenants sont sélectionnés pour cela qu’ils ne se battront que sur des sujets subalternes, non libératoires, quoiqu’ils en disent.
Ainsi le faux débat public vient il en renfort du faux suffrage universel pour inhiber l’éclosion d’une pensée neuve, donc intrinsèquement révolutionnaire, et orchestrer l’illusion qui porte l’oligopathie au statut d’émotion universelle.
Merci Ana.
Ah, excellent rétablissement du sens des mots ! La pensée est systématiquement bloquée dès que les mots sont dévoyés. C’est un préalable absolument indispensable que de questionner les mots, leur étymologie et les expressions (ainsi que réhabiliter certains mots que le pouvoir veut nous faire oublier.
ETIENNE CHOUARD EUROPEAN UNION EUROPEENNE FASCISTE (French with English Subs)
httpv://www.youtube.com/watch?v=IT-Wb0zq4sA&feature=youtu.be
Merci, pour le montage et pour la traduction 🙂
[BARONS VOLEURS] EXCLUSIF. Comment les grands patrons s’emparent des médias
http://teleobs.nouvelobs.com/actualites/20170410.OBS7840/exclusif-les-bonnes-feuilles-de-medias-les-nouveaux-empires.html
Cinq pays détiennent 90% des liquidités injectées par la BCE
« Environ 90% de l’excédent de liquidités injecté par la Banque centrale européenne (BCE) pour soutenir l’activité économique dans la zone euro ont profité à cinq des plus riches pays de la région, montre mardi une étude de la banque centrale.
Elle cite « l’aversion au risque » parmi les raisons expliquant le fait que ces liquidités se concentrent en Allemagne, en France, aux Pays-Bas, au Luxembourg et en Finlande alors que dans d’autres pays, des banques dépendent encore de la BCE pour se fournir en liquidités. »
Source : REUTERS
Info signalée dans la (très indispensable) revue de presse d’Olivier Berruyer :
http://www.les-crises.fr/revue-de-presse-du-07052017/
INTERVIEW DE JULIEN COUPAT ET MATHIEU BURNEL
« Nous n’avons aucune raison de subir un rituel devenu si évidemment nocif. Nous sommes lassés de comprendre pourquoi tout va mal. »
Paru dans lundimatin#101, le 25 avril 2017
https://blogs.mediapart.fr/jean-marc‑b/blog/250417/interview-de-julien-coupat-et-mathieu-burnel
Quel jugement portez-vous sur la campagne présidentielle ?
Quelle campagne ? Il n’y a pas eu de campagne. Il n’y a eu qu’un feuilleton, assez haletant à vrai dire, rempli de rebondissements, de scandales, de tension dramatique, de suspense. Beaucoup de bruit, un peu de fureur, mais rien qui soit à même de percer le mur de la perplexité générale. Non qu’il manque, autour de chaque candidat, de partisans diversement fanatisés tournant en rond dans leur bulle virtuelle. Mais ce fanatisme même ne fait qu’ajouter au sentiment d’irréalité politique. Un graffiti, laissé aux abords de la place de la Nation par la manifestation du 1er Mai 2016, disait : « Il n’y aura pas de présidentielle ». Il suffit de se projeter au lendemain du second tour pour s’aviser de ce que ce tag contenait de prophétique : quel qu’il soit, le nouveau président sera tout aussi fantoche que l’actuel, sa légitimité à gouverner sera tout aussi introuvable, il sera tout aussi minoritaire et impotent. Cela ne tient pas seulement à l’extrême usure de la politique, au fait qu’il est devenu impossible de croire honnêtement à ce qui s’y fait et à ce qui s’y dit, mais au fait que les moyens de la politique sont dérisoires au regard de la profondeur de la catastrophe en cours. Que peut la politique et son univers proclamatoire quand s’effondrent concomitamment les écosystèmes et les subjectivités, la société salariale et l’ordre géopolitique mondial, le sens de la vie et celui des mots ? Rien. Elle ne fait qu’ajouter au désastre.
Il n’y a pas de « solution » au désastre que nous traversons. Penser en termes de problèmes et de solutions fait précisément partie de ce désastre : ce n’est qu’une manière de nous préserver de toute remise en question sérieuse. Or ce que l’état du monde met en cause, ce n’est pas seulement un système politique ou une organisation sociale, mais une civilisation, c’est-à-dire nous-mêmes, nos façons de vivre, d’être, de se lier et de penser. Les bateleurs qui montent sur des estrades pour vanter les « solutions » qu’ils se font fort de mettre en œuvre une fois élus, ne parlent qu’à notre besoin d’illusion. À notre besoin de croire qu’il existerait une sorte de changement décisif qui nous épargnerait, qui nous épargnerait notamment d’avoir à combattre. Toutes les « révolutions » qu’ils promettent ne sont là que pour nous permettre de ne rien changer à ce que nous sommes, de ne prendre aucun risque, ni physique ni existentiel. Ils ne sont candidats qu’à l’approfondissement de la catastrophe. De ce point de vue, il semble que chez certains le besoin d’illusion soit impossible à rassasier.
Vous dites cela, mais jamais dans une élection il n’y a eu autant de candidats jurant de « renverser la table » ? Et comment pouvez-vous tenir pour rien l’enthousiasme soulevé ces dernières semaines par la candidature de Jean-Luc Mélenchon ?
Jean-Luc Mélenchon n’est rien, ayant tout été, y compris lambertiste. Il n’est que la surface de projection d’une certaine impuissance de gauche face au cours du monde. Le phénomène Mélenchon relève d’un accès de crédulité désespéré. Nous avons les expériences de Syriza en Grèce ou d’Ada Colau à la mairie de Barcelone pour savoir que la « gauche radicale », une fois installée au pouvoir, ne peut rien. Il n’y a pas de révolution qui puisse être impulsée depuis le sommet de l’État. Moins encore dans cette époque, où les États sont submergés, que dans aucune autre avant nous. Tous les espoirs placés en Mélenchon ont vocation à être déçus. Les gouvernements de « gauche radicale », qui prétendent s’appuyer sur des « mouvements populaires », finissent plutôt par en venir à bout, non à coup de répression, mais de dépression.
La virulence même des mélenchonistes atteste suffisamment de leur besoin de se convaincre de ce qu’ils savent être un mensonge. On ne cherche tant à convertir que de ce à quoi l’on n’est pas sûr de croire. Et en effet, nul n’a jamais renversé un système en en respectant les procédures. Au reste, les élections n’ont jamais eu pour fonction de permettre à chacun de s’exprimer politiquement, mais de renouveler l’adhésion de la population à l’appareil de gouvernement, de la faire consentir à sa propre dépossession. Elles ne sont plus désormais qu’un gigantesque mécanisme de procrastination. Elles nous évitent d’avoir à penser les moyens et les formes d’une révolution depuis ce que nous sommes, depuis là où nous sommes, depuis là où nous avons prise sur le monde. S’ajoute à cela, comme à chaque présidentielle dans ce pays, une sorte de résurgence maladive du mythe national, d’autisme collectif qui se figure une France qui n’a jamais existé. Le plan national est devenu celui de l’impuissance et de la névrose. Notre puissance d’agir se situe en deçà et au-delà de cet échelon débordé de toute part.
Mais alors, que proposez-vous ? De laisser Marine Le Pen accéder au pouvoir ?
Il est patent que Marine Le Pen a une fonction précise au sein du système politique français : forcer par la menace qu’elle représente la participation à des procédures auxquelles plus personne ne croit, faire voter les uns et les autres « en se bouchant le nez », droitiser jusqu’à l’absurde les termes du débat public et figurer au sein même du système politique une fausse sortie de celui-ci – alors même qu’elle en forme la clef de voûte.
Évidemment que la question n’est pas de sortir de l’euro, mais de sortie de l’économie, qui fait de nous des rats. Évidemment que le problème n’est pas l’envahissement par les « étrangers », mais de vivre dans une société où nous sommes étrangers les uns aux autres et à nous-mêmes. Évidemment que la question n’est pas de restaurer le plein emploi, mais d’en finir avec la nécessité de faire tout, et surtout n’importe quoi, pour « gagner sa vie ». Évidemment qu’il ne s’agit pas de « faire de la politique autrement », mais de faire autre chose que de la politique – tant il est devenu évident que la politique n’est, à tous les niveaux, que le règne de la feinte et de la manigance. Aucune révolution ne peut être plus folle que le temps que nous vivons – le temps de Trump et de Bachar, celui d’Uber et de l’État Islamique, de la chasse aux Pokémons et de l’extinction des abeilles.
Se rendre ingouvernable n’est plus une lubie d’anarchiste, c’est devenu une nécessité vitale dans la mesure où ceux qui nous gouvernent tiennent, de toute évidence, la barre d’un navire qui va au gouffre. Les observateurs les plus mesurés admettent que la politique se décompose, qualifient cette campagne d’« insaisissable » pour ne pas dire « inexistante ». Nous n’avons aucune raison de subir un rituel devenu si évidemment nocif. Nous sommes lassés de comprendre pourquoi tout va mal.
Vous pensez donc qu’il n’y a rien à attendre de ces élections ?
Si, bien sûr : leur débordement. Il y a un an, il a suffi de quelques youtubeurs et d’une poignée de lycéens pour lancer un intense conflit de plusieurs mois au motif de la loi Travail. Ce qui s’est alors traduit par des affrontements de rue réguliers n’était que l’extrême discrédit de l’appareil politique, et par contrecoup le refus de se laisser gouverner. Croyez-vous qu’au lendemain d’élections qui prennent cette fois dès le premier tour la forme du chantage à la démocratie, le dégoût de la politique sera moindre qu’alors ? Croyez-vous que chacun va sagement continuer de constater devant son écran la démence du spectacle de la politique ? Qu’il ne viendra à personne l’idée d’investir la rue de nos corps plutôt que les candidats de nos espoirs ? Croyez-vous que ces élections aient quelque chance d’apaiser l’inquiétude des âmes ? Il faut être naïf pour penser que la génération qui s’est formée politiquement dans le conflit du printemps dernier, et n’a pas cessé depuis lors de se former encore, va avaler cette supercherie parce qu’on leur propose désormais du bio à la cantine et une assemblée constituante. Depuis plusieurs mois, il ne s’est pas passé deux semaines sans que des affrontements n’éclatent aux quatre coins du pays, pour Théo, contre la police ou tel ou tel meeting du FN. Évidemment, cela reste minoritaire et les élections, en tant que non-événement, vont bien avoir lieu. La question est donc la suivante : comment faire pour que le vide intersidéral qui éclatera au lendemain des élections quel que soit le vainqueur ne soit pas le seul fait des « jeunes », immédiatement réduits par un déploiement policier démesuré ? Pour cela, il nous faut d’urgence réarmer nos perceptions et notre imagination politiques. Parvenir à déchiffrer cette époque et à déceler les possibles qu’elle contient, les chemins praticables. Et tenir qu’il n’y a pas eu de présidentielle, que tout ce cirque a assez duré, que ce monde doit être mis à l’arrêt au plus vite partout où nous sommes, sans attendre l’abîme. Cesser d’attendre, donc. Reprendre confiance en nous-mêmes. On pourra alors dire, comme Benjamin Fondane : « Le monde est fini. Le voyage commence. »
https://blogs.mediapart.fr/jean-marc‑b/blog/250417/interview-de-julien-coupat-et-mathieu-burnel
500.000 cartes d’électeurs en doublon : et si la présidentielle était faussée ?
https://www.marianne.net/politique/500000-cartes-d-electeurs-en-doublon-et-si-la-presidentielle-etait-faussee
http://teleobs.nouvelobs.com/actualites/20170410.OBS7840/exclusif-les-bonnes-feuilles-de-medias-les-nouveaux-empires.html
Élection présidentielle Truquée?… 23% pour Macron
(Pourquoi cela serait-il donc exclu d’emblée…?)
httpv://www.youtube.com/watch?v=n9HMk_4ATgY
J’ai l’impression que les couacs ça et là n’ont eu que peu d’incidence sur les vrais résultats. Cela ressemblerait à un trucage d’amateurs et je ne vois pas les milliardaires jouer à ce petit jeu là en France (ou alors nous sommes vraiment dans une véritable république bananière).
Le trucage de nos maîtres est un trucage de plus haut vol qui consiste à acheter les sondages et les media pour effectuer une opération de propagande moderne que Goebbels n’aurait pas reniée.
Ce trucage là est lui plus qu’avéré !
Élection présidentielle de 2017
Edouard Philippe :
Il fait partie de l’équipe de campagne d’Alain Juppé, candidat à la primaire présidentielle Les Républicains de 2016. Il est son co-porte-parole avec Benoist Apparu.
En juin 2016, il participe à la réunion du groupe Bilderberg.
Le 2 mars 2017, dans le cadre de l’affaire Fillon, il quitte l’équipe de campagne de François Fillon à l’élection présidentielle.
Pour respecter la loi sur le cumul des mandats, il renonce à se présenter aux élections législatives de 2017.
Le 12 mai 2017, des rumeurs le disent pressenti pour devenir Premier ministre du premier gouvernement du président Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron :
Après des études de philosophie et de sciences politiques, il est diplômé de l’ENA en 2004, dont il sort inspecteur des finances. En 2008, il rejoint la banque d’affaire Rothschild & Cie dont il devient en deux ans associé-gérant. Membre du Parti socialiste entre 2006 et 2009, il est nommé secrétaire général adjoint au cabinet du président de la République française auprès de François Hollande en 2012 puis ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique en 2014 dans le gouvernement Manuel Valls II.
En avril 2016, il fonde son mouvement politique, baptisé En marche ! et démissionne quatre mois plus tard de ses fonctions de ministre. Candidat à la présidence de la République, il arrive en tête du premier tour avec 24,01 % des voix devant Marine Le Pen (21,30 %) et est élu au second tour le 7 mai 2017 avec 66,10 % des suffrages contre 33,90 % pour la candidate du Front national. Il devient, à 39 ans, le plus jeune président de la République française de l’Histoire, le plus jeune dirigeant du G20 et le plus jeune chef d’État en fonction dans une démocratie, si on excepte Saint-Marin.
Il apparaît dans la liste des invités à la réunion du groupe Bilderberg de 2014 en sa qualité de secrétaire général adjoint de la présidence de la République.
…ils sont bien nombreux à filer au Bilderberg… 😉
« Je ne crains pas le suffrage universel… »
Tiens c’est marrant, à l’époque j’avais pronostiqué la victoire de Juppé suite à la présence de Édouard Philippe à cette session Bilderberg.
Mince, ils sont vraiment imprévisibles ! 😉
Extrait du livre « la guerre du faux » d’Umberto Eco (colloque de 1967 et pourtant terriblement actuel ! ) :
« D’habitude les hommes politiques, les éducateurs, les spécialistes des problèmes de la communication estiment que, pour contrôler le pouvoir des médias, il faut contrôler deux moments de la chaîne de la communication : la source et le canal. On croit pouvoir contrôler de telle façon le message ; au contraire on ne contrôle ainsi que le message en tant que forme vide que chacun remplira de significations suggérées par sa propre situation anthropologique et son modèle culturel. La solution stratégique peut se résumer dans la phrase : « Il faut s’emparer du fauteuil du président de la Radio-Télévision », ou bien : « Il faut s’emparer du fauteuil du ministre de
l’Information », ou encore : « Il faut s’emparer du fauteuil du directeur du quotidien Tel ou Tel. » Je ne nie pas que cette approche puisse offrir d’excellents résultats à quelqu’un qui viserait le succès politique ou économique, mais je commence à craindre qu’elle n’offre que des résultats bien minces à celui qui souhaite rendre aux hommes une certaine liberté face au phénomène global de la communication.
C’est pourquoi, demain, il faudra appliquer à la stratégie une solution de guérilla. Il faudra occuper, dans chaque lieu du monde, la première chaise devant chaque poste de télévision (et évidemment : la chaise du leader du groupe devant chaque écran cinématographique, chaque transistor, chaque page de quotidien). Si vous voulez une formulation moins paradoxale, je dirai : On ne gagne pas la bataille pour la survie de l’homme en tant qu’être responsable dans l’ère de la communication à la source de la communication mais à son point d’arrivée. J’ai parlé de guérilla parce qu’un destin paradoxal et difficile nous attend – et par « nous », j’entends les spécialistes et techniciens de la communication : précisément au moment où les systèmes de communication prévoient une seule source industrialisée et un seul message qui arrivera à un public dispersé dans le monde entier, nous devrons être capables d’imaginer des systèmes de communication complémentaires qui nous permettent d’atteindre chaque groupe humain, chaque individu du public universel, pour discuter le message à son point d’arrivée, à la lumière des codes d’arrivée en les comparant aux codes de départ. Un parti politique, capable d’atteindre de façon capillaire tous les groupes qui regardent la télévision et de les amener à discuter le message qu’ils reçoivent, peut changer la signification que la source avait donnée à ce message. Une association pour l’éducation, capable de pousser un
certain public à discuter le message qu’il reçoit, pourrait en retourner la signification. Ou bien prouver que le message peut être interprété de plusieurs façons.
Attention : je ne suis pas en train de proposer une nouvelle forme de contrôle de l’opinion publique, encore plus redoutable. Je propose une action pour pousser le public à contrôler le message et ses multiples possibilités d’interprétation. L’idée qu’un jour il faudra demander aux savants et aux éducateurs d’abandonner les studios de télévision ou les rédactions des journaux pour mener une guérilla de porte en porte, comme les provos de la réception critique, peut faire peur et sembler être une pure utopie. Mais, si l’ère de la communication avance dans la direction qui nous semble être aujourd’hui la plus probable, elle sera le seul salut pour les hommes libres. Les modes de cette guérilla culturelle sont à étudier. Il est
probable que, dans l’interconnexion des différents médias, on pourra utiliser un média pour communiquer une série d’opinions sur un autre média. C’est ce que, dans une certaine mesure, fait un journal quand il critique une émission de télévision. Mais qui nous garantit que l’article du
journal sera lu dans l’optique que nous souhaitons ? Serons-nous obligés d’avoir recours à un autre média pour enseigner à lire le journal de façon consciente ? »
Bonjour Etienne Chouard,
Vous écrivez :
(…)même le vote blanc valide l’escroquerie représentative :
Pourriez-vous développer, SVP ?
Cordialement.
Thierry Saladin
Petit rappel sur l’Islande (2012) : extrait de Journarles.org
En Islande,
– le peuple a fait démissionner un gouvernement au complet,
– les principales banques ont été nationalisées et il a été décidé de ne pas payer la dette qu’elles avaient contractée auprès de banques de Grande Bretagne et de Hollande, dette générée par leur mauvaise politique financière
– une assemblée populaire vient d’être créée pour réécrire la Constitution.
Suite sur : http://journarles.org/spip.php?article829
En quoi l’assemblée constituante serait bancale ? Des élus, des tirés au sort pour écrire la constitution, ça parait logique. Sinon faire écrire la constitution par des « lambdas » ça fait genre écrire une liste de courses sur un coin de table, non ?
L’Ode à la joie, une « musique d’Etat » aux usages sinueux
https://www.mediapart.fr/journal/international/130517/l‑ode-la-joie-une-musique-d-etat-aux-usages-sinueux
La victoire sera plus certaine et durable si vous prenez la mesure du temps long
« Connaissez-vous Pepe Mujica ? Comment est il arrivé au pouvoir ? Voici un petit récit qui pourrais vous aider en ce moment complexe de joie et désenchantement.
L’Uruguay est un petit pays, mais qui a des des similitudes à la France : Un État très fort et organisé, des acquis sociaux importants, un niveau de vie plus haut que nos voisins, etc.
Malheureusement on n’a pas d’indiens, et les noirs sont moins de 10% plutôt bien intégrés.
Comme notre niveau de vie est plutôt bon par rapport à l’Amérique Latine, on est en train de recevoir beaucoup d’immigration andine et centro-américaine, mais l’énorme majorité de la population sont des petits fils d’européens. Il fait chaud en été et très froid en hiver.
Le néolibéralisme a commencé aux environs de 1970, les énormes protestations empêchaient le pouvoir de mettre en œuvre son projet. Les « Tupamaros » (du nom de Tupac Amaru, le mythique chef Inca qui se rebella en 1780 face aux colons espagnols, au Pérou) sont nés dans cette circonstance, une guérilla urbaine sans vraiment trop de support populaire. Nous sommes un peuple pacifique. […]
Lire la suite :
https://www.legrandsoir.info/la-victoire-sera-plus-certaine-et-durable-si-vous-prenez-la-mesure-du-temps-long.html
Le capitalisme n’est pas réformable – Entretien avec Alain Accardo
http://www.les-crises.fr/le-capitalisme-nest-pas-reformable-entretien-avec-alain-accardo/
httpv://youtu.be/e3Zsxp49lAs
En relation avec l’entretien d’Alain Accardo.
httpv://www.youtube.com/watch?v=7juZqXaTBm0
Pour un meilleur scrutin
Un guide interactif sur les modes de scrutin alternatifs
https://xdeadc0de.github.io/ballot-fr/
« Les médias ne sont plus que très accessoirement des facteurs de l’utilité publique », par Alain Accardo
https://www.vice.com/fr/article/les-medias-ne-sont-plus-que-tres-accessoirement-des-facteurs-de-lutilite-publique-un-entretien-avec-alain-accardo
Entretien signalé et chaudement recommandé par Olivier Berruyer (les-crises.fr)
ÉPURATION ANTIPALESTINIENNE :
Une lettre du Comité En Marche de la Porte d’Orléans
À l’intention de la Commission d’Investiture de la République En Marche, et de Monsieur J.P. Delevoye.
Mesdames, Messieurs, bonjour,
il vous a fallu cinq minutes pour obéir hier aux injonctions des colons israéliens et de l’extrême-droite israélienne, que vous ont transmises leurs représentants en France, le CRIF, la LICRA et leurs infiltrés au sein de la République En Marche, et pour retirer son investiture de candidat à la députation sous l’étiquette de la République En Marche à Monsieur Christian Gelin en l’accusant d’avoir proféré des paroles antisémites (« Israël doit cesser la colonisation de la Palestine ») et d’avoir lancé des appels à l’antisémitisme (appel au B.D.S., moyen international non-violent pour obliger Israël à respecter le Droit international).
En ignorant donc son engagement comme nous sommes des millions en France à être engagés contre la colonisation de la Palestine, contre l’apartheid et pour la reconnaissance par la France d’un Etat palestinien uni et viable. A être donc antisionistes. Un engagement inclus dans le combat plus vaste pour le respect des Droits humains , contre toutes formes de racisme dont l’antisémitisme.
En regard de cette rapidité à satisfaire les exigences des colons israéliens et du gouvernement raciste actuellement en place en Israël, vous hésitez à répondre aux simples questions que je vous ai posées hier et que je vous repose :
* La colonisation de la Palestine par Israël est-elle, oui ou non, à l’instar de la colonisation de l’Algérie par la France, un crime contre l’humanité ?
* L’apartheid instauré en Israël et en Palestine par Israël à l’égard des Palestiniens et autres »Arabes », est-il, oui ou non, une pratique inhumaine contraire au Droit international ?
* Demander la fin de la colonisation de la Palestine et la reconnaissance de l’Etat de Palestine est-il un crime d’antisémitisme, oui ou non ?
* Choisir de participer au moyen international du Boycott, Désinvestissement, Sanctions, pour peser de façon non-violente sur le gouvernement actuel d’extrême-droite d’Israël, est-il, oui ou non, un acte criminel d’antisémitisme ?
* L’antisionisme (lutte contre la colonisation et l’apartheid) est-il, oui ou non, de l’antisémitisme ?
Si je suis, à vos yeux, à votre jugement, un antisémite parce que je suis un antisioniste, alors il me faut arrêter de suite toute participation à la campagne pour faire gagner les députés de la République En Marche.
Nous attendons donc votre réponse avant de donner suite à notre engagement pour les législatives.
Respectueusement,
André Querré.
Comité En Marche Porte d’Orléans 14ème.
Source : Dominique Vidal, ancien rédacteur en chef du Diplo :
https://www.facebook.com/dominique.vidal.9/posts/1155142714597438
Jacques Rancière : « Je ne vois pas très bien de quelle façon on peut justifier le fait que des gens qui n’ont pas de compétences pour participer au gouvernement des choses communes, en auraient, en revanche, pour choisir les bons gestionnaires des choses communes. Cela me paraît la contradiction fondamentale. Dans l’idée de tirage au sort, il y a cette idée très forte, qui remonte à Platon (qui n’était pas du tout un homme de gauche…) : le pire des gouvernements, c’est le gouvernement des gens qui veulent gouverner. Mon idée fondamentale est que l’on ne voit pas pourquoi une représentation au sort serait pire qu’une représentation dans les conditions actuelles. Déjà, la représentation au sort élimine les gens qui veulent gouverner. Deuxièmement, elle élimine le clientélisme. Troisièmement, elle élimine le développement des sentiments troubles qui sont liés au rapport électoral lui-même. Évidemment, on peut toujours dire : « Je ne vois pas ma famille, mon concierge ou mon plombier diriger l’État. » On peut. Mais pourquoi voit-on particulièrement, pour cette tâche, des membres d’une école d’Administration ou des avocats d’affaire ? L’État doit-il être dirigé par des représentants d’intérêts particuliers bien déterminés ? Par des malades du pouvoir ? Car c’est bien la combinaison que l’on a actuellement : l’État est gouverné par des drogués du pouvoir et des représentants des intérêts financiers. L’argument, c’est toujours : « Ils savent à quelle porte frapper, ils savent comment obtenir l’argent, ils savent se débrouiller avec les copains à Bruxelles. » D’accord. Mais si l’on veut autre chose, il faut, tout simplement, imaginer autre chose. Il n’y a pas de raisons de penser qu’une Chambre partiellement issue d’un tirage au sort, dans une logique de mandats courts et non renouvelables, serait pire qu’une Chambre représentant les drogués du pouvoir, les notables locaux et les représentations des intérêts financiers. La question des institutions a été complètement délaissée par la gauche dite radicale. Au nom du vieux principe marxiste selon lequel les apparences de la démocratie formelle cachent la réalité profonde de la domination économique, cette gauche a abandonné toute proposition sur les transformations de la vie publique. Il est clair, par ailleurs, que ceux qui présentent le tirage au sort comme solution qui résoudrait à elle seule la question du pouvoir du peuple, oublient que ce pouvoir est d’abord un contre-pouvoir produit par la dynamique effective de la lutte. Il faut que ce contre-pouvoir existe pour que des formes nouvelles prennent sens et force. »
Source : Ballast, Jacques Rancière : « Le peuple est une construction »,
http://www.revue-ballast.fr/jacques-ranciere-peuple-construction/
Le monde à l’envers (décrit par Christopher Hill, historien formidable) – Fiche de lecture :
http://www.lcr-lagauche.org/le-monde-a-lenvers/
[…] « Quand les paysans prennent le dessus, l’ordre divin est renversé et le monde se trouve sens dessus dessous, une situation intolérable et inacceptable pour ceux d’en haut, qui, oubliant un instant leurs querelles internes, vont mater ceux d’en bas dans des bains de sang.
Nous retrouvons cet étonnement scandalisé devant le retournement de l’ordre social en Europe. Dans ses commentaires sur les luttes des communaux contre les seigneurs et les patriciens dans les Flandres du XIVe siècle, le poète et chroniqueur brabançon Jan van Boendaele, exprime son étonnement du renversement de l’ordre social (Brabantsche Yeesten, chap. IV). Je traduis librement : « Les gens du commun se réunirent contre les droits des seigneurs. Ainsi la commune dominait les seigneurs, quel miracle. Cela se passait dans toutes les villes. Les gens bien nés ne pouvaient pas siéger et il leur était interdit d’entrer dans les mairies. (…). Tous les seigneurs durent céder aux cordonniers, foulons, tisserands, savonniers, bouchers, boulangers (…). » Quel miracle quand les pauvres s’y mettent ! »
On rencontre cet étonnement pendant la révolution anglaise du XVIIe siècle où non seulement les révolutionnaires bourgeois de Cromwell passaient à l’assaut de l’aristocratie, mais aussi toute une frange de petites gens avec des idées de partageurs, et contre lesquels les parlementaires mèneront la guerre. Les bourgeois avaient besoin d’eux, mais ils devaient se tenir à leur disposition et ne pas produire leurs propres idées sociales. Ces humbles enragés, les diggers, ranters et autres révoltés, ont été décrits par l’historien Christopher Hill sous le titre Le monde à l’envers : les idées radicales au cours de la Révolution anglaise (Payot 1977). »
Voir aussi :
Christopher Hill, Le Monde à l’envers. Les idées radicales au cours de la Révolution anglaise, Payot 1977 [compte-rendu]
http://www.persee.fr/doc/assr_0335-5985_1977_num_44_2_2136_t1_0245_0000_2
Suisse : La loi qui va vous connecter malgré vous au big data, voire plus… Liliane Held-Khawam
https://lilianeheldkhawam.com/2017/05/16/suisse-la-loi-qui-va-vous-connecter-malgre-vous-au-big-data-voire-plus-liliane-held-khawam/