[Passionnant] « France, terrorisme et diplomatie en carton » : Pierre Conesa interrogé par Thinkerview

26/10/2016 | 11 commentaires

httpv://www.youtube.com/watch?v=AQN8AYVzXqs

Ce type est vrai­ment passionnant.

« Diplo­ma­tie en car­ton » me paraît un euphé­misme trop gen­til, comme si les acteurs poli­tiques fai­saient de leur mieux pour ser­vir le bien com­mun, mais en étaient incapables.

L’hy­po­thèse de la cor­rup­tion et de la traî­trise est beau­coup plus plau­sible, je trouve.

Il me semble qu’il manque sur­tout à cette réflexion (très riche et utile) la recherche de causes pre­mières encore plus en amont : qui, sur terre, a inté­rêt au chaos en ques­tion (évi­dem­ment contraire au bien com­mun) ? Et quel est le pro­ces­sus consti­tuant qui nous conduit tou­jours à choi­sir pré­ci­sé­ment la pro­cé­dure qui donne le pou­voir aux grands pri­vi­lé­giés, tou­jours enne­mis du bien commun ?

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​4​6​2​3​9​9​9​3​4​2​317

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Étienne

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11 Commentaires

  1. etienne

    Trump déchaîné

    « À quand remonte la der­nière fois que les médias ont don­né leur sou­tien à 100% au can­di­dat pré­si­den­tiel d’un seul par­ti ? Qu’est-ce que cela dévoile, concer­nant ces médias ?

    Vous sen­tez-vous à l’aise avec l’idée qu’une poi­gnée de TV et de diri­geants de la presse écrite s’insèrent eux-mêmes, à notre place, dans le pro­ces­sus et le choix de nos diri­geants ? Est-ce ain­si que la démo­cra­tie est cen­sée fonctionner ? » […]

    « Voi­là ce qu’on appelle tru­quer une élec­tion. Lorsque vous regar­dez Washing­ton Week (Gwen Ifil) à la télé­vi­sion publique et voyez un aréo­page de six experts – trois conser­va­teurs et trois libé­raux – tous les six décla­rant leur amour pour Hil­la­ry et leur haine de Trump, vous pou­vez être rai­son­na­ble­ment cer­tain que l’élection est tru­quée, parce que c’est exac­te­ment la défi­ni­tion du tru­cage. Plu­tôt que de four­nir des infor­ma­tions géné­rales sur la posi­tion du can­di­dat concer­nant des ques­tions que se posent les élec­teurs, afin qu’ils puissent prendre une déci­sion éclai­rée, les médias uti­lisent des fai­seurs d’opinion pour adres­ser des louanges à un can­di­dat, en déni­grant sau­va­ge­ment l’autre. Le but évident est de façon­ner l’opinion publique de la manière qui convient le mieux aux inté­rêts des per­sonnes qui pos­sèdent les médias et qui appar­tiennent à l’establishment des élites riches et puis­santes qui dirigent le pays, le 1%. Dans ce cas, la classe diri­geante sou­tient una­ni­me­ment Hil­la­ry Clin­ton, ce qui est évident.

    Heu­reu­se­ment, le vent tourne pour les médias tra­di­tion­nels, car les gens se tournent vers d’autres sources, plus fiables, pour leur infor­ma­tion. Il ne faut donc pas s’étonner que les gens soient plus méfiants que jamais à l’égard des médias et que beau­coup d’entre eux estiment que les médias mènent une guerre de classe bru­tale contre les tra­vailleurs ordi­naires. Assu­ré­ment, qui­conque a sui­vi les déve­lop­pe­ments éco­no­miques au cours des sept der­nières années, sait que les poli­tiques de la Fed ont créé un gouffre béant entre riches et pauvres, qui ne fait qu’empirer tant que les leviers du pou­voir res­tent dans les mains des poli­ti­ciens de l’establishment. Hil­la­ry Clin­ton est cer­tai­ne­ment la pire de ces poli­ti­cards. En plus d’être le can­di­dat le plus lar­ge­ment vili­pen­dé que les démo­crates aient jamais dési­gné au cours de leur his­toire, elle est l’incarnation de la cor­rup­tion poli­tique et du copi­nage. Com­ment se fait-il, pour­riez-vous vous deman­der, que quelqu’un comme Clin­ton ait réus­si à gober « plus de $225 000 par dis­cours », offerts par Gold­man Sachs, si ce n’est pas du tra­fic d’influence ? » […]

    Lire la suite :
    http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​t​r​u​m​p​-​d​e​c​h​a​ine
    Source : le Saker Francophone

    Réponse
  2. Benoît Girard

    « L’hypothèse de la cor­rup­tion et de la traî­trise est beau­coup plus plau­sible, je trouve » dites-vous. 

    À ce pro­pos, voi­ci le récent témoi­gnage de J.-L. Mélen­chon lors d’une récente confé­rence por­tant sur « le peuple ». C’est à par­tir d’1h14mn [mais l’en­semble de la confé­rence est passionnante].

    httpv://youtu.be/FtriFMxsOWw?t=1h14m36s

    Réponse
  3. etienne

    Le dernier qui dit la vérité !

    par Jean Bric­mont le 24 octobre 2016

    « Jean-Fran­çois Pois­son a dit des choses évi­dentes : Hil­la­ry Clin­ton est liée à Wall Street et aux groupes de pres­sions (aus­si connus sous le nom de lob­by) pro-israé­liens. Et face à des groupes aus­si puis­sants, la dif­fé­rence entre lié et sou­mis n’est pas très grande.


    Inter­ven­tion de Jean-Fré­dé­ric Pois­son à l’Assemblée

    Plus juste encore, M. Pois­son a sou­li­gné que cette situa­tion était mau­vaise pour la France.

    Pour se convaincre de la jus­tesse des pro­pos de M. Pois­son, il suf­fit de lire les révé­la­tions de Wiki­leaks, ou d’écouter les dis­cours de Mme Clin­ton devant l’Aipac, ou de lire Hil­la­ry Clin­ton, la reine du chaos de Dia­na Johns­tone (qui cite entre autre Haim Saban, un mil­liar­daire sio­niste, disant qu’il don­ne­ra tout l’argent néces­saire pour qu’Hillary Clin­ton soit élue) ou le livre de J. Mear­shei­mer et S Walt, Le lob­by pro-israé­lien et la poli­tique étran­gère amé­ri­caine qui démontre l’influence déter­mi­nante de ce lob­by sur la poli­tique amé­ri­caine au Moyen-Orient.

    Immé­dia­te­ment, comme dans toutes les « affaires » pré­cé­dentes (en vrac : Fau­ris­son, Chom­sky, Le Pen, Goll­nish, Mer­met, Morin, Siné, Garau­dy, l’abbé Pierre, Dieu­don­né, Soral,…) [1] c’est l’hallali : le cou­pable est cloué au pilo­ri, mis dans l’incapacité de se défendre, et som­mé de s’excuser. Et ses excuses ne ser­vi­ront à rien. En matière de délit d’opinion en France, c’est « ni oubli, ni pardon ».

    Ce qui est le plus cho­quant dans cette affaire, comme dans toutes les autres ques­tions liées à la liber­té d’expression, c’est l’absolue tra­hi­son des clercs. Qui ose­ra dire un mot pour per­mettre à M. Pois­son de s’exprimer ? Qui ose­rait orga­ni­ser un débat public et contra­dic­toire sur l’influence du sio­nisme dans nos socié­tés ? Tous ceux qui s’en vont répé­tant que « le silence est com­plice » se taisent.

    Où sont les intel­lec­tuels qui se « mobi­lisent » pour toutes les causes pos­sibles et ima­gi­nables, pour­vu qu’elles concernent des droits autres que ceux de leur propre peuple ? Où sont les Onfray, Debray, Polo­ny, Badiou, Ple­nel, Sapir, Todd, Lor­don, Ruf­fin ? Com­ment les Zem­mour, Fin­kiel­kraut, E. Lévy, Fou­rest, Cau­seur, Valeurs actuelles, Marianne, osent-ils encore pré­tendre que ce sont les isla­mistes qui limitent nos libertés ? 

    Où sont les sou­ve­rai­nistes ? Où sont les défen­seurs des droits de l’homme, les « pro-pales­ti­niens », les « anti-capi­ta­listes », les éco­lo­gistes radi­caux, les décrois­san­tistes ? Que dit Le Monde Diplo­ma­tique ? Peut-on réel­le­ment croire que l’on va opé­rer des trans­for­ma­tions radi­cales dans un pays où l’on a aban­don­né un des acquis les plus fon­da­men­taux de la Révo­lu­tion fran­çaise, à savoir la liber­té de dire ce que l’on pense. A quoi bon lut­ter pour que la France récu­père sa sou­ve­rai­ne­té face à l’Europe si c’est pour qu’elle reste sou­mise à un grou­pus­cule ser­vant les inté­rêts d’un État du Moyen-Orient ?

    Les intel­lec­tuels fran­çais adorent se foca­li­ser sur des sujets « auto­ri­sés », où l’on peut se don­ner l’illusion d’être sub­ver­sif sans prendre aucun risque : taper sur l’Islam, bien sûr, en pré­ten­dant « défendre la laï­ci­té », mais aus­si, si l’on est « de gauche », cri­ti­quer le catho­li­cisme, célé­brer les luttes du pas­sé (de la révo­lu­tion fran­çaise aux années 60), éla­bo­rer des uto­pies, condam­ner le néo-libé­ra­lisme, faire de la « cri­tique cultu­relle », atta­quer la science et ses appli­ca­tions (OGM, nucléaire, pes­ti­cides), ou « lut­ter » contre le fas­cisme, le racisme, l’homophobie, le sexisme, et, last but not least évi­dem­ment, l’antisémitisme.

    Et si l’on est « de droite », on peut aus­si s’adonner aux joies de la pseu­do-sub­ver­sion en atta­quant le mariage gay, la théo­rie du genre, la « fémi­ni­sa­tion » de la socié­té ou le multiculturalisme.

    Mais je ne conseille à per­sonne de contes­ter la ligne du par­ti sur la résis­tance armée pales­ti­nienne, la « révo­lu­tion » ukrai­nienne, la « révo­lu­tion » syrienne (notons à ce sujet que, d’après Wiki­leaks, Hil­la­ry Clin­ton veut ren­ver­ser Assad pour le bien d’Israël), la « néces­si­té » de la construc­tion euro­péenne, les guerres huma­ni­taires, ou sur Pou­tine, Assad, l’Iran et Trump. Ne serait-ce que dis­cu­ter de la liber­té d’expression lorsqu’il s’agit de sa répres­sion par les lois « contre la haine » ou « contre la néga­tion de l’histoire » est encore plus risqué.

    Ceux qui ne le croient pas n’ont qu’à essayer, juste pour voir : ils se ver­ront aus­si­tôt boy­cot­tés par les médias, dés­in­vi­tés de confé­rences si pas vic­times d’interdictions pro­fes­sion­nelles. On pour­rait rem­plir un assez gros volume avec toutes les « mésa­ven­tures » de ceux qui ont fran­chi cer­taines lignes colorées.

    La France est un triste pays où l’on adore célé­brer la Résis­tance mais où per­sonne ou presque n’a le cou­rage de défendre les liber­tés les plus élé­men­taires, même les siennes. 

    Cependant,contrairement à l’occupant pen­dant la guerre, le CRIF et la LICRA n’ont ni armée, ni moyens de tor­ture, ni camps. Leur pou­voir dépend uni­que­ment de l’infinie lâche­té des intel­lec­tuels, des jour­na­listes et des politiques.

    Ceux qui pensent que cette cen­sure omni­pré­sente est « bonne pour les juifs » se font de sérieuses illu­sions : de plus en plus de gens répètent la phrase attri­buée à Vol­taire : « si vous vou­lez savoir qui a le pou­voir, deman­dez-vous qui vous ne pou­vez pas cri­ti­quer ». Quand j’ai cité cette phrase dans une émis­sion de Tad­déi consa­crée à Dieu­don­né, J.-F. Kahn m’a dit qu’elle était anti­sé­mite ! Mais qui l’a ren­due anti­sé­mite ? Elle ne l’était sur­ement pas à l’époque de Voltaire.

    Le lob­by pro-israé­lien est un tigre de papier : si un peu plus de gens avaient le cou­rage de l’affronter et s’ils étaient soli­daires entre eux, il s’effondrerait demain et le sou­tien à Israël s’effondrerait peu après. Mais la France est comme l’Italie des années 50, avec le lob­by pro-israé­lien jouant ici le rôle que jouait là l’Eglise. Quand la révolte vien­dra-t-elle ? Est-ce que, par une sub­tile iro­nie de l’histoire, les véri­tés évi­dentes pro­fé­rées par un catho­lique réac­tion­naire pour­raient être l’étincelle qui met­tra le feu à la plaine ?

    Jean Bric­mont

    http://​arret​su​rin​fo​.ch/​l​e​-​d​e​r​n​i​e​r​-​q​u​i​-​d​i​t​-​l​a​-​v​e​r​i​te/

    Réponse
  4. Dany
  5. etienne

    Les Philippines : Bye Bye US
    1898 – 2016 une longue affaire…

    Par Pepe Esco­bar – Le 25 octobre 2016 – Source Stra­te­gic Culture

    « Hono­rables hôtes, dans ce lieu, j’annonce ma sépa­ra­tion des États-Unis … à la fois dans les domaines mili­taire et économique. »

    « Voi­là com­ment le Pré­sident des Phi­lip­pines Rodri­go Duterte, dit « Le Punis­seur », a déclen­ché un séisme géo­po­li­tique dans toute l’Eurasie, qui se réper­cute à tra­vers tout l’océan Pacifique.

    Et par­lons du lieu choi­si avec aplomb pour cette décla­ra­tion, en plein cœur du Dra­gon Émergent, pas moins.

    Au point culmi­nant de sa visite d’État à Pékin, Duterte a inven­té le slo­gan sacré – empreint de pro­fondes har­mo­niques – qui conti­nue­ra à réson­ner dans tout le Sud glo­bal : « L’Amérique a perdu ».

    Et si cela ne suf­fi­sait pas, il a annon­cé une nou­velle alliance – les Phi­lip­pines, la Chine et la Rus­sie – sur le point d’émerger : « Nous sommes trois contre le monde. »

    On pou­vait s’y attendre, l’establishment washing­to­nien de la « nation indis­pen­sable » est deve­nu dingue, les réac­tions allant de per­plexe à la colère pure et simple, dis­per­sant les jurons habi­tuels sur le « popu­liste pri­maire » et le « diri­geant déséquilibré ».

    L’essentiel est que cela néces­site une sacrée paire de rou­bi­gnoles pour le lea­der d’un pays pauvre, en déve­lop­pe­ment, en Asie du Sud-Est ou ailleurs, pour défier ouver­te­ment l’hyperpuissance. Pour­tant, ce à quoi joue Duterte est de la pure real­po­li­tik ; s’il réus­sit, il sera en mesure de jouer habi­le­ment les États-Unis contre la Chine au pro­fit des inté­rêts philippins. » […]

    Lire la suite :
    http://lesakerfrancophone.fr/les-philippines-bye-bye-us-1898–2016-une-longue-affaire

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  6. etienne

    Les États-Unis et le Royaume-Uni continuent à participer activement aux crimes de guerre saoudiens qui visent des civils yéménites, par Glenn Greenwald :

    « Depuis le début de l’affreuse cam­pagne de bom­bar­de­ment saou­dienne contre le Yémen il y a 18 mois, deux pays ont joué un rôle actif et vital ren­dant pos­sible le car­nage : les États-Unis et le Royaume-Uni. Les atro­ci­tés com­mises par les Saou­diens auraient été impos­sibles sans leur sou­tien indé­fec­tible et agressif.

    L’administration Oba­ma “a ven­du pour 115 mil­liards de dol­lars d’armes à l’Arabie saou­dite au cours de ses huit années à la Mai­son-Blanche, plus que toute admi­nis­tra­tion anté­rieure aux E.-U.,” comme le rap­porte le Guar­dian cette semaine, et lui four­nit sa meilleure tech­no­lo­gie en matière de sur­veillance. Comme le pré­ci­sait The Inter­cept en avril, “au cours de ses cinq pre­mières années comme pré­sident, Oba­ma a ven­du pour 30 mil­liards de dol­lars d’armes de plus que le Pré­sident Bush pen­dant toute la durée de ses huit années à la tête de l’État.”

    Plus impor­tant encore, selon le ministre des Affaires étran­gères saou­dien, bien que les Saou­diens aient en der­nier recours auto­ri­té pour choi­sir leurs cibles, “des res­pon­sables de l’armée bri­tan­niques et amé­ri­cains sont au centre de contrôle et de com­mande pour les attaques aériennes saou­diennes sur le Yémen,” et “ont accès aux listes de cibles.” En somme, alors que la cam­pagne de bom­bar­de­ment est inva­ria­ble­ment décrite dans les médias occi­den­taux comme “menée par les Saou­diens”, les E.-U. et le R.-U. sont tous deux des acteurs cen­traux et indis­pen­sables. Tan­dis que le New York Times titrait en août : “Les États-Unis sont com­plices de ce car­nage,” le Guar­dian sou­te­nait que “la Grande-Bre­tagne porte une lourde res­pon­sa­bi­li­té dans ces souffrances.”

    Depuis le début, les Saou­diens, sou­te­nus par les E.-U. comme le R.-U. ont aveu­glé­ment et par­fois déli­bé­ré­ment bom­bar­dé des civils, tuant des mil­liers de per­sonnes inno­centes. Depuis le Yémen, Iona Craig et Alex Pot­ter ont docu­men­té en détail pour The Inter­cept l’étendue des meurtres de civils cau­sés par cette cam­pagne de bom­bar­de­ment. Alors que les Saou­diens conti­nuent de bom­bar­der des civils incons­ciem­ment ou inten­tion­nel­le­ment, les armes amé­ri­caines et bri­tan­niques ont conti­nué d’affluer à Riyad, assu­rant la pour­suite des mas­sacres de civils. De temps en temps, quand une tue­rie par­ti­cu­liè­re­ment hor­rible a fait son che­min jusqu’aux infos, Oba­ma et divers res­pon­sables bri­tan­niques émettent une incon­tour­nable décla­ra­tion expri­mant leur “inquié­tude”, puis retournent ali­men­ter les attaques.

    Ce week-end, alors que l’attention de l’Amérique était presque exclu­si­ve­ment tour­née vers Donald Trump, un mas­sacre des plus révol­tants a eu lieu. Same­di, des avions de guerre ont atta­qué une céré­mo­nie d’enterrement à Sanaa, bom­bar­dant de manière répé­tée la salle où elle avait lieu, tuant plus de 100 per­sonnes et bles­sant plus de 500 autres (voir la pho­to ci-des­sus). La vidéo ne montre qu’une par­tie de la des­truc­tion et du carnage.

    La vidéo montre l’attaque saou­dienne en deux passes dans la salle de l’enterrement, à Sanaa, Yémen, aujourd’hui. Des cen­taines de tués ou bles­sés. Les Saou­diens nient, pas un mot des États-Unis.

    Les res­pon­sables saou­diens ont d’abord men­ti en essayant d’imputer le mas­sacre à “d’autres causes” mais ont fait marche arrière depuis. La pro­chaine fois que quelqu’un qui s’identifie au monde musul­man attaque des citoyens amé­ri­cains ou bri­tan­niques, et que les diri­geants poli­tiques de ces pays-là répondent à la ques­tion : “pour­quoi, oh pour­quoi nous détestent-ils ?” en assu­rant à tout le monde qu’”ils nous détestent pour nos liber­tés” il serait ins­truc­tif de regar­der cette vidéo. » […]

    Lire la suite :
    http://​www​.les​-crises​.fr/​l​e​s​-​e​t​a​t​s​-​u​n​i​s​-​e​t​-​l​e​-​r​o​y​a​u​m​e​-​u​n​i​-​c​o​n​t​i​n​u​e​n​t​-​a​-​p​a​r​t​i​c​i​p​e​r​-​a​c​t​i​v​e​m​e​n​t​-​a​u​x​-​c​r​i​m​e​s​-​d​e​-​g​u​e​r​r​e​-​s​a​o​u​d​i​e​n​s​-​q​u​i​-​v​i​s​e​n​t​-​d​e​s​-​c​i​v​i​l​s​-​y​e​m​e​n​i​t​e​s​-​p​a​r​-​g​l​e​n​n​-​g​r​e​e​n​w​a​ld/
    Source : les crises​.fr Oli­vier Berruyer

    Réponse
  7. etienne

    Les bombes de François Hollande ne tuent pas

    par Jacques-Marie BOURGET

    « N’étant pas pilote de chasse, ni doté des ailes d’un ange, c’est donc aux côtés des gens ordi­naires, depuis le plan­cher, que j’ai vécu à peu près tous les bom­bar­de­ments depuis un demi-siècle de guerres. Et je peux vous assu­rer que les bombes, même « chi­rur­gi­cales » tuent. Et sur­tout des inno­cents. Pour entrer dans l’intime, j’ai aus­si fait du jour­na­lisme pour ten­ter, modes­te­ment, de dire que les guerres ne sont pas jolies. J’ai échoué. Fran­çois Hol­lande – et les sup­por­ters des tue­ries justes – n’ont tou­jours pas décou­vert que cette hor­reur pro­voque le chaos et la mort. A leur tour – un siècle plus tard – ces paci­fistes à sens unique, mili­tants des « frappes huma­ni­taires », vivent-ils la sidé­ra­tion qui a tou­ché de nom­breux jour­na­listes en 1914 ? Ceux qui cou­vraient le front au début de la Grande guerre et qui titraient ain­si leurs articles : « Les balles boches ne tuent pas ! ».

    Seules tuent les bombes russes et leurs clones syriennes. Et j’ose ajou­ter que les fameux « barils d’explosifs », lan­cés par l’aviation de Damas et qui, indignent à juste titre les Puja­das, sont moins meur­triers qu’un unique mis­sile ven­du par Matra. Je vais vous révé­ler un autre secret : la guerre c’est la guerre. Et c’est une salo­pe­rie. Et cela inclus donc les mor­tiers et obus, par­fois char­gés de gaz, lan­cés à Alep par les exem­plaires dji­ha­distes « modérés ».

    Reve­nons aux fon­da­men­taux : une guerre est tou­jours bonne. On dit « il nous fau­drait une bonne guerre ». Sauf que l’appréciation, le sens du bon, change de champ quand on fran­chit la ligne de front.

    Pre­nez l’exemplaire Fran­çois Hol­lande, à l’époque de la si regret­tée SFIO. Son maître Mol­let, la ciga­rette au bec, a jadis copieu­se­ment bom­bar­dé douars et mech­tas en Algé­rie… Pas de quoi faner une rose. Les chats ne fai­sant pas des chiens, Hol­lande est fidèle à la doc­trine, c’est à son tour un Lucky Luke de la bombe. Un temps, comme le ridi­cule héros d’une opé­rette d’Offenbach, il a tré­pi­gné en pous­sant des cris : « Il faut bom­bar­der Damas ! ». C’était sup­po­ser que les célestes et explo­sives fer­railles, ché­ries de l’Elysée, n’allaient tuer que des méchants ? Oublions qu’il y a deux mois, visant de fourbes et cruels dji­ha­distes dans la région de Raq­qa, les Rafales fran­çais ont volé les vies de plus d’une cen­taine de pay­sans. Her­mé­tiques jusqu’au bout aux prin­cipes huma­nistes de la guerre d’ingérence, ces sans-dents ont igno­ré qu’ils allaient mou­rir pour une juste cause.

    Les indi­gna­tions sont comme les guerres, asy­mé­triques. Ain­si, pen­dant qu’à juste titre nous pleu­rons sur les mar­ty­ri­sés d’Alep (ceux des deux « camps »), équi­pés de bombes fran­çaises l’Arabie Saou­dite – aidée du mer­veilleux Qatar – pul­vé­risent des cen­taines de vies au Yémen. Qui les pleure ? Per­sonne puisque les maîtres des san­glots, Le Drian et Puja­das, rient dans ce cimetière.

    Je vois encore les yeux épou­van­tés des Serbes quand l’OTAN a fait pleu­voir les mis­siles Toma­wak, ceux du bon droit, sur Bel­grade et le Koso­vo… Avant, en 1991, j’avais vu ceux des Ira­kiens puri­fiés eux aus­si par le feu céleste. Avec dans le lot quelques bombes signées « Ton­ton », un pré­sident fran­çais qui ne mégo­tait pas avec les valeurs colo­niales de son par­ti. La faute à Sad­dam Hus­sein. L’imbécile auto­crate avait ten­té de récu­pé­rer le Koweït, une ver­sion locale de « l’Alsace-Lorraine ». Une petite pénin­sule, en fait un bidon de pétrole, mis de côté par les anglais quand ces der­niers ont naguère dépe­cé le Moyen Orient en tra­çant les fron­tières au mieux de leurs intérêts.

    J’étais donc à Bag­dad le jour où un avion fur­tif éta­su­nien a lar­gué deux bombes sur un abri d’al-Amirya. Quand je suis arri­vé le béton du bun­ker per­fo­ré était si brû­lant qu’il a fal­lu des heures avant de pou­voir y péné­trer. A l’intérieur on a comp­té quatre cents femmes, vieillards et enfants, ou du moins leurs restes car­bo­ni­sés. Avez-vous enten­du dire que les Etats Unis se sont excu­sés pour ce crime ? Que le pilote a été mis en pri­son ? Que la CPI a dili­gen­té ses impla­cables pro­cu­reurs ? Non puisque cette jus­tice « blanche » agit seule­ment contre les tru­blions noirs quand ils nuisent à l’Occident. Avez-vous enten­du dire, aus­si, que les bour­reaux israé­liens de Sabra et Cha­ti­la et leurs mer­ce­naires liba­nais, où les bombes étaient des balles et des cou­teaux, ont été sanc­tion­nés, sim­ple­ment réprou­vés ? Non. L’ONU a alors dénon­cé « un acte de géno­cide » puis le monde juste, celui qui veille sur des Droits de l’Homme qui lui tiennent lieu de CAC 40, est reve­nu à ses vraies valeurs : l’argent.

    Tout ce chaos de sou­ve­nirs pour vous répé­ter que la guerre ne porte jamais de den­telles. Qu’elle est, toutes bombes confon­dues, bar­bare et injuste. Et que ce ne sont plus les mili­taires mais d’abord les civils qui y perdent la vie. Ima­gi­nez les jours tran­quilles du pilote de drone ins­tal­lé dans une chic ban­lieue éta­su­nienne… Le midi il va cher­cher ses gosses à l’école, l’après-midi il tue, et le soir rentre chez lui pour tondre la pelouse ; avant de regar­der une série à la télé. Elle n’est pas belle la mort ?

    Chro­nique publiée dans le numé­ro de Novembre du men­suel Afrique-Asie

    http://​www​.legrand​soir​.info/​l​e​-​b​o​m​b​e​s​-​d​e​-​f​r​a​n​c​o​i​s​-​h​o​l​l​a​n​d​e​-​n​e​-​t​u​e​n​t​-​p​a​s​.​h​tml
    Source : Le Grand Soir

    Réponse
  8. etienne

    A l’intérieur du gouvernement invisible : Guerre, Propagande, Clinton & Trump

    John PILGER

    « Le jour­na­liste amé­ri­cain, Edward Ber­nays, est sou­vent pré­sen­té comme l’inventeur de la pro­pa­gande moderne.

    Neveu de Sig­mund Freud, le pion­nier de la psy­cha­na­lyse, Ber­nays a inven­té le terme « rela­tions publiques » comme un euphé­misme pour dési­gner les mani­pu­la­tions et les tromperies.

    En 1929, il a per­sua­dé les fémi­nistes de pro­mou­voir les ciga­rettes pour les femmes en fumant lors d’une parade à New York – un com­por­te­ment consi­dé­ré à l’époque comme sau­gre­nu. Une fémi­niste, Ruth Booth, a décla­ré, « Femmes ! Allu­mez un nou­veau flam­beau de la liber­té ! Lut­tez contre un autre tabou sexiste ! »

    L’influence de Ber­nays s’étendait bien au-delà de la publi­ci­té. Son plus grand suc­cès a été de convaincre le public amé­ri­cain de se joindre à la grande tue­rie de la Pre­mière Guerre mon­diale. Le secret, disait-il, était « de fabri­quer le consen­te­ment » des per­sonnes afin de les « contrô­ler et orien­ter selon notre volon­té et à leur insu ».

    Il décri­vait cela comme « le véri­table pou­voir de déci­sion dans notre socié­té » et l’appelait le « gou­ver­ne­ment invisible ».

    Aujourd’hui, le gou­ver­ne­ment invi­sible n’a jamais été aus­si puis­sant et aus­si peu com­pris. Dans toute ma car­rière de jour­na­liste et de cinéaste, je n’ai jamais connu de pro­pa­gande aus­si influente sur nos vies que celle qui sévit aujourd’hui, et qui soit aus­si peu contestée.

    Ima­gi­nez deux villes. Les deux sont en état de siège par les forces gou­ver­ne­men­tales de ces pays. Les deux villes sont occu­pées par des fana­tiques, qui com­mettent des atro­ci­tés, comme la décapitation.

    Mais il y a une dif­fé­rence essen­tielle. Dans une des deux villes, les jour­na­listes occi­den­taux embar­qués avec les sol­dats gou­ver­ne­men­taux décrivent ces der­niers comme des libé­ra­teurs et annoncent avec enthou­siasme leurs batailles et leurs frappes aériennes. Il y a des pho­tos en pre­mière page de ces sol­dats héroïques fai­sant le V de la vic­toire. Il est très peu fait men­tion des vic­times civiles.

    Dans la deuxième ville – dans un pays voi­sin – il se passe presque exac­te­ment la même chose. Les forces gou­ver­ne­men­tales assiègent une ville contrô­lée par la même trempe de fanatiques.

    La dif­fé­rence est que ces fana­tiques sont sou­te­nus, équi­pés et armés par « nous » – par les Etats-Unis et la Grande-Bre­tagne. Ils ont même un centre de médias finan­cé par la Grande-Bre­tagne et les Etats-Unis.

    Une autre dif­fé­rence est que les sol­dats gou­ver­ne­men­taux qui assiègent cette ville sont les méchants, condam­nés pour avoir agres­sé et bom­bar­dé la ville – ce qui est exac­te­ment ce que les bons sol­dats font dans la pre­mière ville.

    Dérou­tant ? Pas vrai­ment. Tel est le double stan­dard de base qui est l’essence même de la pro­pa­gande. Je parle, bien sûr, du siège actuel de la ville de Mos­soul par les forces gou­ver­ne­men­tales ira­kiennes, sou­te­nues par les Etats-Unis et la Grande-Bre­tagne et le siège d’Alep par les forces gou­ver­ne­men­tales de la Syrie, sou­te­nues par la Rus­sie. L’un est bon ; l’autre est mauvais.

    Ce qui est rare­ment signa­lé est que les deux villes ne seraient pas occu­pées par des fana­tiques et rava­gées par la guerre si la Grande-Bre­tagne et les États-Unis n’avaient pas enva­hi l’Irak en 2003. Cette entre­prise cri­mi­nelle fut lan­cée sur la base de men­songes éton­nam­ment sem­blables à la pro­pa­gande qui déforme main­te­nant notre com­pré­hen­sion de la guerre en Syrie.

    Sans ce bat­te­ment de tam­bour de pro­pa­gande dégui­sé en infor­ma­tions, les mons­trueux Daesh, Al-Qai­da, al-Nus­ra et tout le reste de ces bandes de dji­ha­distes pour­raient ne pas exis­ter, et le peuple syrien ne serait pas en train de se battre pour sa survie.

    Cer­tains se sou­vien­dront peut-être de tous ces jour­na­listes de la BBC qui en 2003 défi­laient devant les camé­ras pour nous expli­quer que l’initiative de Blair était « jus­ti­fiée » pour ce qui allait deve­nir le crime du siècle. Les chaînes de télé­vi­sion US four­nis­saient les mêmes jus­ti­fi­ca­tions pour George W. Bush. Fox News invi­ta Hen­ry Kis­sin­ger pour dis­ser­ter sur les men­songes de Colin Powell.

    La même année, peu après l’invasion, j’ai fil­mé une inter­view à Washing­ton de Charles Lewis, le célèbre jour­na­liste d’investigation. Je lui ai deman­dé, « Qu’est-ce qui se serait pas­sé si les médias les plus libres du monde avaient sérieu­se­ment remis en ques­tion ce qui s’est avé­ré être une pro­pa­gande grossière ? »

    Il a répon­du que si les jour­na­listes avaient fait leur tra­vail, « il y a de très fortes chances qui nous ne serions pas entrés en guerre contre Irak. »

    Ce fut une décla­ra­tion cho­quante, et confir­mée par d’autres jour­na­listes célèbres à qui j’ai posé la même ques­tion – Dan Rather de CBS, David Rose du Obser­ver et des jour­na­listes et pro­duc­teurs de la BBC, qui sou­hai­taient res­ter anonymes.

    En d’autres mots, si les jour­na­listes avaient fait leur tra­vail, s’ils avaient contes­té et enquê­té sur la pro­pa­gande au lieu de l’amplifier, des cen­taines de mil­liers d’hommes, de femmes et d’enfants seraient encore en vie aujourd’hui, et il n’y aurait pas de Daesh et aucun siège à Alep ou à Mossoul.

    Il y aurait eu aucune atro­ci­té dans le métro de Londres le 7 Juillet 2005. Il n’y aurait eu aucune fuite de mil­lions de réfu­giés ; il n’y aurait pas de camps misérables.

    Lorsque l’atrocité ter­ro­riste a eu lieu à Paris, au mois de novembre der­nier, le pré­sident Fran­çois Hol­lande a immé­dia­te­ment envoyé des avions pour bom­bar­der la Syrie – et plus de ter­ro­risme a sui­vi, de façon pré­vi­sible, pro­duit par la gran­di­lo­quence de Hol­lande sur la France « en guerre » et « ne mon­trant aucune pitié ». Que la vio­lence de l’État et la vio­lence dji­ha­diste s’alimentent mutuel­le­ment est une réa­li­té qu’aucun diri­geant natio­nal n’a le cou­rage d’aborder.

    « Lorsque la véri­té est rem­pla­cée par le silence », a décla­ré le dis­si­dent sovié­tique Yev­tu­shen­ko, « le silence devient un mensonge ».

    L’attaque contre l’Irak, l’attaque contre la Libye, l’attaque contre la Syrie ont eu lieu parce que les diri­geants de cha­cun de ces pays n’étaient pas des marion­nettes de l’Occident. Le bilan en matière de droits de l’homme d’un Sad­dam ou d’un Kadha­fi est hors de pro­pos. Ils ont déso­béi aux ordres et n’ont pas aban­don­né le contrôle de leur pays.

    Le même sort atten­dait Slo­bo­dan Milo­se­vic une fois qu’il avait refu­sé de signer un « accord » qui exi­geait l’occupation de la Ser­bie et sa conver­sion à une éco­no­mie de mar­ché. Son peuple fut bom­bar­dé, et il fut pour­sui­vi à La Haye. Une telle indé­pen­dance est intolérable.

    Comme Wik­Leaks l’a révé­lé, ce ne fut que lorsque le diri­geant syrien Bashar al-Assad reje­ta en 2009 un pro­jet d’oléoduc qui devait tra­ver­ser son pays en pro­ve­nance du Qatar vers l’Europe, qu’il a été attaqué.

    A par­tir de ce moment, la CIA a pré­vu de détruire le gou­ver­ne­ment de la Syrie avec les fana­tiques jiha­distes – les mêmes fana­tiques qui tiennent actuel­le­ment en otage les habi­tants de Mos­soul et des quar­tiers est d’Alep.

    Pour­quoi les médias n’en parlent pas ? L’ancien fonc­tion­naire du Minis­tère des Affaires étran­gères bri­tan­nique, Carne Ross, qui était res­pon­sable des sanc­tions opé­ra­tion­nelles contre l’Irak, m’a dit : « Nous four­nis­sions aux jour­na­listes des bribes d’informations soi­gneu­se­ment triées, ou nous les tenions à l’écart. Voi­là com­ment ça fonctionnait. ».

    L’allié médié­val de l’Occident, l’Arabie Saou­dite – à laquelle les Etats-Unis et la Grande-Bre­tagne vendent des mil­liards de dol­lars d’armement – est en ce moment en train de détruire le Yémen, un pays si pauvre que, dans le meilleur des cas, la moi­tié des enfants souffrent de malnutrition.

    Cher­chez sur You­Tube et vous ver­rez le genre de bombes mas­sives – « nos » bombes – que les Saou­diens uti­lisent contre des vil­lages de terre bat­tue, et contre les mariages et les funérailles.

    Les explo­sions res­semblent à de petites bombes ato­miques. Ceux qui pilotent ces bombes depuis l’Arabie Saou­dite tra­vaillent côte à côte avec des offi­ciers bri­tan­niques. Vous n’en enten­drez pas par­ler dans les jour­naux télé­vi­sés du soir.

    La pro­pa­gande est plus effi­cace lorsque notre consen­te­ment est fabri­qué par l’élite édu­quée – Oxford, Cam­bridge, Har­vard, Colum­bia – qui fait car­rière à la BBC, au Guar­dian, New York Times, Washing­ton Post.

    Ces médias sont répu­tés pour être pro­gres­sistes. Ils se pré­sentent comme des gens éclai­rés, des tri­buns pro­gres­sistes de la morale ambiante. Ils sont anti-racistes, pro-fémi­nistes et pro-LGBT.

    Et ils adorent la guerre.

    En même temps qu’ils défendent le fémi­nisme, ils sou­tiennent les guerres rapaces qui nient les droits d’innombrables femmes, dont le droit à la vie.

    En 2011, la Libye, un Etat moderne, fut détruite sous pré­texte que Mouam­mar Kadha­fi était sur le point de com­mettre un géno­cide contre son propre peuple. L’information tour­nait en boucle ; mais il n’y avait aucune preuve. C’était un mensonge.

    En réa­li­té, la Grande-Bre­tagne, l’Europe et les États-Unis vou­laient ce qu’ils aiment à appe­ler un « chan­ge­ment de régime » en Libye, le plus grand pro­duc­teur de pétrole en Afrique. L’influence de Kadha­fi sur le conti­nent et, sur­tout, son indé­pen­dance était intolérable.

    Il a donc été assas­si­né avec un cou­teau dans son arrière par des fana­tiques, sou­te­nus par les Etats-Unis, la Grande-Bre­tagne et la France. Devant une camé­ra, Hil­la­ry Clin­ton a applau­di sa mort hor­rible en décla­rant, « Nous sommes venus, nous avons vu, il est mort ! »

    La des­truc­tion de la Libye fut un triomphe média­tique. Tan­dis que l’on bat­tait les tam­bours de guerre, Jona­than Freed­land écri­vait dans le Guar­dian : « Bien que les risques soient bien réels, le cas d’une inter­ven­tion reste forte. »

    Inter­ven­tion. Un mot poli, bénin, très « Guar­dian », dont la signi­fi­ca­tion réelle, pour la Libye, fut la mort et la destruction.

    Selon ses propres dos­siers, l’OTAN a lan­cé 9.700 « frappes aériennes » contre la Libye, dont plus d’un tiers étaient des­ti­nées à des cibles civiles. Elles com­pre­naient des mis­siles avec des ogives d’uranium. Regar­dez les pho­tos des décombres à Misu­ra­ta et à Syrte, et les fosses com­munes iden­ti­fiées par la Croix-Rouge. Le rap­port de l’Unicef ​​sur les enfants tués dit, « la plu­part [d’entre eux] avaient moins de dix ans. » Comme consé­quence directe, Syrte est deve­nue la capi­tale de l’Etat Islamique.

    L’Ukraine est un autre triomphe média­tique. Des jour­naux libé­raux res­pec­tables tels que le New York Times, le Washing­ton Post et le Guar­dian, et les dif­fu­seurs tra­di­tion­nels tels que la BBC, NBC, CBS et CNN ont joué un rôle cru­cial dans le condi­tion­ne­ment de leurs télé­spec­ta­teurs pour accep­ter une nou­velle et dan­ge­reuse guerre froide.

    Tous ont défor­mé les évé­ne­ments en Ukraine pour en faire un acte malé­fique de la Rus­sie, alors qu’en réa­li­té, le coup d’Etat en Ukraine en 2014 fut le tra­vail des États-Unis, aidés par l’Allemagne et de l’OTAN.

    Cette inver­sion de la réa­li­té est tel­le­ment omni­pré­sente que les menaces mili­taires de Washing­ton envers la Rus­sie sont pas­sées sous silence ; tout est occul­té par une cam­pagne de déni­gre­ment et de peur du genre de celui que j’ai connu pen­dant la pre­mière guerre froide. Une fois de plus, les Russ­koffs viennent nous cher­cher des poux, diri­gés par un nou­veau Sta­line, que The Eco­no­mist dépeint comme le diable.

    L’occultation de la véri­té sur l’Ukraine est une des opé­ra­tions de cen­sure les plus com­plètes que j’ai jamais vue. Les fas­cistes qui ont conçu le coup d’Etat à Kiev sont de la même trempe que ceux qui ont sou­te­nu l’invasion nazie de l’Union sovié­tique en 1941. Alors que l’on se répand sur les craintes d’une mon­tée de l’antisémitisme fas­ciste en Europe, aucun diri­geant ne men­tionne les fas­cistes en Ukraine – sauf Vla­di­mir Pou­tine, mais lui ne compte pas.

    Beau­coup dans les médias occi­den­taux ont tra­vaillé dur pour pré­sen­ter la popu­la­tion rus­so­phone eth­nique de l’Ukraine comme des étran­gers dans leur propre pays, comme des agents de Mos­cou, presque jamais comme des Ukrai­niens qui cherchent une fédé­ra­tion en Ukraine et, en tant que citoyens ukrai­niens, qui résistent à un coup d’Etat orches­tré depuis l’étranger contre leur gou­ver­ne­ment élu.

    Chez les bel­li­cistes règne pra­ti­que­ment le même état d’excitation que lors d’une réunion de classe. Le bat­teurs de tam­bour du Washing­ton Post qui incitent à la guerre contre la Rus­sie sont les mêmes qui publiaient les men­songes sur les armes de des­truc­tions mas­sive de Sad­dam Hussein.

    Pour la plu­part d’entre nous, la cam­pagne pré­si­den­tielle US est un spec­tacle de monstres, où Donald Trump tient le rôle du grand méchant. Mais Trump est détes­té par ceux qui détiennent le pou­voir aux États-Unis pour des rai­sons qui ont peu à voir avec son com­por­te­ment odieux et ses opi­nions. Pour le gou­ver­ne­ment invi­sible à Washing­ton, le Trump impré­vi­sible est un obs­tacle au pro­jet de l’Amérique pour le 21e siècle, qui est de main­te­nir la domi­na­tion des États-Unis et de sou­mettre la Rus­sie, et, si pos­sible, la Chine.

    Pour les mili­ta­ristes à Washing­ton, le vrai pro­blème avec Trump est que, dans ses moments de luci­di­té, il ne semble pas vou­loir une guerre avec la Rus­sie ; il veut par­ler avec le pré­sident russe, pas le com­battre ; il dit qu’il veut par­ler avec le pré­sident de la Chine.

    Dans le pre­mier débat avec Hil­la­ry Clin­ton, Trump a pro­mis de ne pas être le pre­mier à uti­li­ser des armes nucléaires dans un conflit. Il a dit : « Je ne vou­drais cer­tai­ne­ment pas effec­tuer la pre­mière frappe. Une fois l’option nucléaire prise, c’est fini. » Les médias n’en ont pas parlé.

    Le pen­sait-il réel­le­ment ? Qui sait ? Il se contre­dit sou­vent. Mais ce qui est clair, c’est que Trump est consi­dé­ré comme une grave menace pour le sta­tu quo entre­te­nu par le vaste appa­reil de sécu­ri­té natio­nale qui opère aux États-Unis, quel que soit l’occupant de la Mai­son Blanche.

    La CIA veut le voir bat­tu. Le Penta­gone veut le voir bat­tu. Les médias veulent le voir bat­tu. Même son propre par­ti veut le voir bat­tu. Il repré­sente une menace pour les diri­geants du monde – contrai­re­ment à Clin­ton, qui n’a lais­sé aucun doute qu’elle était prête à aller en guerre contre la Rus­sie et la Chine, deux pays qui pos­sèdent des armes nucléaires.

    Clin­ton a la forme, comme elle s’en vante sou­vent. En effet, elle n’a plus rien à prou­ver. En tant que séna­trice, elle a sou­te­nu le bain de sang en Irak. Quand s’est pré­sen­tée contre Oba­ma en 2008, elle a mena­cé de « tota­le­ment détruire » l’Iran. En tant que secré­taire d’Etat, elle a com­plo­té dans la des­truc­tion des gou­ver­ne­ments de la Libye et du Hon­du­ras et mis en branle la pro­vo­ca­tion de la Chine.

    Elle a pro­mis de sou­te­nir une zone d’exclusion aérienne en Syrie – une pro­vo­ca­tion directe d’une guerre avec la Rus­sie. Clin­ton pour­rait bien deve­nir le pré­sident le plus dan­ge­reux des États-Unis de mon vivant – un titre pour lequel la concur­rence est rude.

    Sans la moindre preuve, elle a accu­sé la Rus­sie de sou­te­nir Trump et d’avoir pira­té ses e‑mails. Publiés par Wiki­Leaks, ces e‑mails nous révèlent que ce que dit Clin­ton en pri­vé, dans ses dis­cours aux riches et puis­sants, est le contraire de ce qu’elle dit en public.

    Voi­là pour­quoi il est si impor­tant de faire taire et de mena­cer Julian Assange. En tant que diri­geant de Wiki­Leaks, Julian Assange connaît la véri­té. Et per­met­tez-moi de ras­su­rer tous ceux qui sont pré­oc­cu­pés, il va bien, et Wiki­Leaks tourne à plein régime.

    Aujourd’hui, la plus grande accu­mu­la­tion de forces diri­gées par les Etats-Unis depuis la Seconde Guerre mon­diale est en route – dans le Cau­case et l’Europe orien­tale, à la fron­tière avec la Rus­sie, et en Asie et dans le Paci­fique, où la Chine est la cible.

    Gar­dez cela à l’esprit lorsque le cirque de l’élection pré­si­den­tielle attein­dra son apo­gée le 8 Novembre, Si Clin­ton gagne, un chœur des com­men­ta­teurs écer­ve­lés célé­bre­ra son cou­ron­ne­ment comme un grand pas en avant pour les femmes. Aucun ne men­tion­ne­ra les vic­times de Clin­ton : les femmes syriennes, les femmes ira­kiennes, les femmes libyennes. Aucun ne men­tion­ne­ra les exer­cices de défense civile menées en Rus­sie. Aucun ne rap­pel­le­ra « les flam­beaux de la liber­té » d’Edward Bernays.

    Un jour, le porte-parole char­gé des rela­tions avec la presse de George Bush a qua­li­fié les médias de « faci­li­ta­teurs complices ».

    Venant d’un haut fonc­tion­naire d’une admi­nis­tra­tion dont les men­songes, per­mis par les médias, ont pro­vo­qué tant de souf­frances, cette des­crip­tion est un aver­tis­se­ment de l’histoire.

    En 1946, le pro­cu­reur du Tri­bu­nal de Nurem­berg a décla­ré au sujet des médias alle­mands : « Avant chaque agres­sion majeure, ils lan­çaient une cam­pagne de presse cal­cu­lée pour affai­blir leurs vic­times et pré­pa­rer psy­cho­lo­gi­que­ment le peuple alle­mand pour une attaque. Dans le sys­tème de pro­pa­gande, la presse quo­ti­dienne et la radio étaient les armes les plus importantes. »

    John Pil­ger

    Tra­duc­tion « j’avais récem­ment recom­men­cé à écou­ter France-Inter mais je n’ai tenu qu’une petite semaine » par VD pour le Grand Soir avec pro­ba­ble­ment toutes les fautes et coquilles habituelles.

    »» http://​john​pil​ger​.com/​a​r​t​i​c​l​e​s​/​i​n​s​i​d​e​-​t​h​e​-​i​n​v​i​s​i​b​l​e​-​g​o​v​e​r​n​m​e​n​t​-​w​a​r​-​p​r​o​p​a​g​a​n​d​a​-​c​l​i​n​t​o​n​-​t​r​ump
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