« Négationnisme économique » : l’affaire Cahuc

12/09/2016 | 20 commentaires

L’ar­ro­gance (dan­ge­reuse) des puis­sants, qui aspirent (tou­jours et par­tout) à deve­nir tout-puis­sants : un exemple (à peine croyable quand on y réflé­chit) avec cette polémique :

« Négationnisme économique » : l’affaire Cahuc

http://www.alterecoplus.fr//negationnisme-economique-laffaire-cahuc/00012140

Source : Alter­na­tives Économiques

Ce serait risible si cela n’était pas grave. Pierre Cahuc et André Zyl­ber­berg viennent de publier Le néga­tion­nisme éco­no­mique et com­ment s’en débar­ras­ser. L’ossature du livre repose sur un syl­lo­gisme simple : les éco­no­mistes mains­tream tra­vaillant à par­tir d’une méthode scien­ti­fique, leurs résul­tats disent la véri­té ; ceux qui les contestent sont de faux savants qui nient la réa­li­té, des néga­tion­nistes, au même titre que les per­sonnes qui nient l’existence de la shoah durant la Seconde Guerre mon­diale ; il faut donc se débar­ras­ser d’eux en les pri­vant de tout accès aux médias afin de pré­ser­ver la pure­té du débat.

C’est un ouvrage d’une rare vio­lence dans le monde des éco­no­mistes. Qui plus est, les auteurs refusent la pos­si­bi­li­té même d’une dis­cus­sion à ceux qui ne par­ta­ge­raient pas leur point de vue : s’ils sont éco­no­mistes, il faut les excom­mu­nier ; s’ils ne le sont pas, tout pro­pos les contes­tant est pré­sen­té par avance comme de la rhé­to­rique négationniste.

Dans ces condi­tions Alter­na­tives Eco­no­miques a hési­té à com­men­ter ce livre. On ne débat pas avec l’Inquisition et sa police de la pen­sée. Pour­tant, trois rai­sons nous y ont fina­le­ment pous­sés. D’abord, la bru­ta­li­té du pro­pos assure à l’ouvrage une pré­sence média­tique impor­tante. Ensuite, Alter­na­tives Eco­no­miques est direc­te­ment atta­qué dans l’ouvrage, à par­tir de mani­pu­la­tions gros­sières nous le mon­tre­rons, avec un appel expli­cite à faire fuir une par­tie de nos lec­teurs. Dans un moment où, comme le reste de la presse, nous sommes fra­gi­li­sés, l’objectif, a prio­ri inédit de la part d’économistes, est clai­re­ment de tuer éco­no­mi­que­ment notre entre­prise et ses emplois.

Enfin, lorsque l’on se com­porte avec une telle vio­lence, il faut être solide, à la fois sur le plan intel­lec­tuel et per­son­nel. Suite aux débats sus­ci­tés par le livre, Alter­na­tives Eco­no­miques a reçu des infor­ma­tions décri­vant un com­por­te­ment pour le moins stu­pé­fiant de mon­sieur Pierre Cahuc lors des débats sur la loi tra­vail, que nous sommes donc en mesure de révéler.

L’économie est-elle une science ?

Après un départ en fan­fare qui donne d’emblée le ton d’agressivité extrême de l’ouvrage, les auteurs relâchent un peu la pres­sion en arri­vant à nous faire rire dès la page 27 : « les éco­no­mistes ‘ortho­doxes’ repré­sentent l’écrasante majo­ri­té des cher­cheurs dans le monde ». C’est incon­tes­table : si les hété­ro­doxes étaient majo­ri­taires, on les appel­le­rait… les orthodoxes !

Plus sérieu­se­ment, qu’est-ce qui défi­nit la qua­li­té scien­ti­fique du tra­vail des éco­no­mistes du cou­rant domi­nant, une hypo­thèse dont l’affirmation repré­sente la pré­misse du syllogisme ?

D’abord, une méthode expé­ri­men­tale : pour toute ques­tion qu’elle traite, « l’analyse éco­no­mique com­pare des groupes tests au sein des­quels [d]es mesures ont été mises en œuvre, avec des groupes de contrôle où elles n’ont pas été mises en œuvre » (p. 14). On com­pare par exemple deux ter­ri­toires proches éco­no­mi­que­ment et on regarde ce qui se passe en termes d’emploi quand l’un aug­mente le SMIC et pas l’autre. Ensuite, les résul­tats de ces tests font l’objet d’articles sou­mis à des revues qui ne les publient que lorsqu’elles jugent leur qua­li­té suf­fi­sante, une vali­da­tion par les pairs qui assurent la valeur de l’étude proposée.

Cette pré­sen­ta­tion fait-elle consen­sus chez les éco­no­mistes ?Inter­ro­gé par Les Echos le 9 sep­tembre der­nier, Phi­lippe Aghion, un ancien pro­fes­seur de Har­vard aujourd’hui au Col­lège de France ne croit pas « qu’il faille igno­rer les études scien­ti­fiques au prin­cipe qu’elles ne sont pas publiées dans les meilleures revues, comme semblent le sous-entendre Pierre Cahuc et André Zyl­ber­berg. Nou­riel Rou­bi­ni avait pré­vu la crise éco­no­mique. A‑t-il publié sa thèse dans une « top revue » à l’é­poque ? Non. Par ailleurs, les meilleures revues scien­ti­fiques tendent à publier des études empi­riques très bien iden­ti­fiées, mais pas for­cé­ment trans­po­sables. En par­ti­cu­lier, ce sont rare­ment des études sur les effets de poli­tiques ou réformes sys­té­miques. Faut-il alors renon­cer à com­men­ter les effets de telles réformes ? ». Inter­viewé éga­le­ment, Pierre-Noël Giraud, pro­fes­seur à Mines Paris Tech et Dau­phine affirme que « l’é­co­no­mie n’est pas une science expé­ri­men­tale, pure­ment induc­tive et trai­tant des « faits » bruts qui ne sont que des sta­tis­tiques, au sens de la méde­cine quand elle teste des médi­ca­ments. En effet, l’ex­pé­rience en éco­no­mie n’est jamais repro­duc­tible (sauf à la rigueur au micro niveau des expé­riences de mous­ti­quaires à la Esther Duflo), elle ne peut jamais être « suf­fi­sam­ment » sépa­rée de son envi­ron­ne­ment socié­tal ».

Pour Xavier Ragot, le direc­teur de l’OFCE, le livre est cari­ca­tu­ral. Après avoir démon­tré les fai­blesses de la méthode expé­ri­men­tale, il conclut que « l’ap­proche scien­tiste du livre est réduc­trice » et « témoigne d’une pente dan­ge­reuse du débat intel­lec­tuel qui va à la fois vers une cari­ca­ture du débat et une vio­lence ver­bale ».

Pour aller dans le même sens, on men­tion­ne­ra cette étude empi­rique qui a deman­dé aux éco­no­mistes ayant publié dans des revues amé­ri­caines de four­nir leurs don­nées afin de ten­ter de réa­li­ser le même tra­vail pour voir s’ils obte­naient les mêmes résul­tats. Si l’on met de côté deux articles pour les­quels ils ne dis­po­saient pas des logi­ciels appro­priés et six autres uti­li­sant des don­nées confi­den­tielles, cela donne un taux de repro­duc­tion final de 49 % sur les 67 articles étu­diés. En clair, lorsque nos deux éco­no­mistes citent une étude pour jus­ti­fier leur point de vue, sachez qu’il ne faut le croire, lit­té­ra­le­ment, qu’à moitié !

Angus Dea­ton, prix 2015 de la Banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel, un gage de sérieux dans le petit monde des éco­no­mistes, liste éga­le­ment un nombre assez impres­sion­nant de cri­tiques à l’en­contre de la méthode expé­ri­men­tale qui fait tant briller les yeux de nos deux auteurs : les causes réelles de ce que l’on observe res­tent incer­taines, les résul­tats peuvent être dus au hasard, ne donnent que des résul­tats en moyenne sans que l’on sache com­ment sont affec­tées l’ensemble des popu­la­tions concer­nées, etc., etc.

Le cher­cheur André Orléan démontre de son côté dans une longue ana­lyse com­bien les deux auteurs du livre ne connaissent, en fait, pas grand-chose aux ques­tions épis­té­mo­lo­giques en géné­ral et à la méthode expé­ri­men­tale en par­ti­cu­lier. Un argu­ment notam­ment, pas le plus pro­fond mais le plus éton­nant, est avan­cé : sur les quinze der­niers articles publiés entre 2002 et aujourd’hui par mon­sieur Pierre Cahuc, aucun n’a recours à la méthode expé­ri­men­tale cen­sée assu­rer la qua­li­té scien­ti­fique des auteurs. Selon ses propres cri­tères, Mon­sieur Cahuc avance donc des idées qui ne res­pectent pas la bonne méthode et doit donc être ran­gé chez les néga­tion­nistes ! Du grand n’importe quoi.

Petites et grosses mani­pu­la­tions (I) : Alter­na­tives Economiques

Encore plus gênant pour un livre cen­sé por­té la bonne parole de la véri­té scien­ti­fique, il est rem­pli de mani­pu­la­tions. Des petites et des plus grosses. A tout sei­gneur, tout hon­neur, les lec­teurs ne nous en vou­dront pas de com­men­cer par les deux attaques dont fait l’objetAlter­na­tives Eco­no­miques, pro­mu au rang d’institution tel­le­ment puis­sante qu’il faille ten­ter de la tuer. Notre petite équipe en a quand même res­sen­ti une cer­taine fierté !

La pre­mière flèche est diri­gée contre une phrase, une seule, de notre ancien rédac­teur en chef, ancien PDG et édi­to­ria­liste Phi­lippe Fré­meaux qui nous vaut une pre­mière men­tion de laveurs de cer­veaux des lycéens qui nous lisent et de leurs pro­fes­seurs. Les deux auteurs com­mencent par citer Fré­dé­ric Lor­don affir­mant que pour les éco­no­mistes du cou­rant domi­nant, « il n’y a même pas à dire que ce sont des ven­dus, car ils n’avaient pas besoin d’être ache­tés : ils étaient acquis dès le départ. Ou bien ils se sont offerts avec joie » au camp des puis­sants et des domi­nants de l’économie et de la finance. « Ce dis­cours est repris pra­ti­que­ment mot pour mot par le maga­zine Alter­na­tives Eco­no­miques », suit la cita­tion de Fré­meaux selon laquelle « nos experts ne sont pas ven­dus au sys­tème, mais lui sont sim­ple­ment acquis » (p. 29).

Notre jour­na­liste s’ex­prime en mars 2012 et Fré­dé­ric Lor­don en juillet, soit après lui. Mais c’est pour­tant notre édi­to­ria­liste inféo­dé qui l’a repris…

La mani­pu­la­tion est ici double. D’une part, les réfé­rences des deux cita­tions indiquent que Phi­lippe Fré­meaux s’est expri­mé en mars 2012 et Fré­dé­ric Lor­don en juillet, soit après lui. Mais c’est pour­tant notre édi­to­ria­liste inféo­dé qui l’a repris… D’autre part, là où Lor­don dénon­çait des éco­no­mistes per­son­nel­le­ment au ser­vice des forces éco­no­miques et finan­cières domi­nantes, l’intégralité de la cita­tion de Fré­meaux est inté­res­sante : « Pour ma part, j’au­rais ten­dance à dire que nos experts ne sont pas ven­dus au sys­tème, mais lui sont sim­ple­ment acquis. Ils pensent que le capi­ta­lisme, en dépit de tous ses défauts, est la seule voie pos­sible. Ce qui n’in­ter­dit pas de le réfor­mer à la marge, mais sans ren­ver­ser la table ». Quel lec­teur sérieux peut ras­sem­bler les deux pro­pos sous une même bannière ?

Même pra­tique dans la seconde attaque dont nous fai­sons l’objet. Elle porte cette fois sur l’engagement du jour­nal en faveur de la réduc­tion du temps de tra­vail, en par­ti­cu­lier dans notre numé­ro de mai 2016 qui com­porte un appel à remettre le temps de tra­vail au cœur du débat. Alors que nous sommes pré­sen­tés comme des aya­tol­lahs du sujet, que dit la par­tie du texte, non citée, de notre appel ? « Nous avons plei­ne­ment conscience de la dif­fi­cul­té de l’exer­cice tant en termes de finan­ce­ment que d’or­ga­ni­sa­tion des entre­prises, mais cette ques­tion doit reve­nir au cœur du débat public ». A ces pré­cau­tions et à cette demande de pou­voir débattre du sujet, nos deux accu­sa­teurs publics répondent : « un par­fait exemple de néga­tion­nisme » (p. 169) car « toutes les études publiées par les revues aca­dé­miques dignes de ce nom montrent que le par­tage du tra­vail ne crée pas d’emplois ».

Pour­quoi cherchent-ils à tuer éco­no­mi­que­ment l’en­tre­prise Alter­na­tives Eco­no­miques ?

Jean Tirole a tenu récem­ment le même pro­pos. Mais lorsque que je l’ai inter­viewé sur France Inter sur le sujet, il a fini par admettre qu’ar­ri­ver à une conclu­sion claire, « c’est com­pli­qué »… D’ailleurs, nos deux auteurs admettent que faire le bilan emploi des 35 heures est dif­fi­cile car plu­sieurs fac­teurs jouent (baisse des coti­sa­tions, réor­ga­ni­sa­tion des entre­prises). Mais, ils ont choi­si : la RTT n’y a joué aucun rôle. L’économiste Eric Heyer a pour­tant déjà mon­tré que le soi-disant consen­sus scien­ti­fique sur le sujet n’existe pas. Leur réponse ? Une seule étude pour la France a mon­tré que l’Alsace Moselle n’a pas créé plus d’emplois que les dépar­te­ments limi­trophes lorsqu’elle a béné­fi­cié d’une réduc­tion du temps de tra­vail… de 20 minutes par semaine ! No comment…

Ou plu­tôt si, un com­men­taire : com­ment expli­quer ces attaques contre notre jour­nal ? A chaque fois, ces deux éco­no­mistes sou­lignent que nous don­nons de mau­vaises pen­sées éco­no­miques aux lycéens et aux pro­fes­seurs qui nous lisent, leur inti­mant de fac­to d’arrêter de le faire. Ils citent avec pré­ci­sion notre dif­fu­sion et suivent visi­ble­ment nos écrits. Ils savent donc que, comme le reste de la presse, nous connais­sons des dif­fi­cul­tés, que nous sommes en train de sur­mon­ter grâce au sou­tien de nos lec­teurs. Par une mise en cause à l’aide de pro­cé­dés dis­cu­tables, ils avancent la der­nière branche de leur rai­son­ne­ment : faire dis­pa­raître ceux qui ne pensent pas bien. Un com­bat poli­tique qui reprend les pro­pos anciens de la frange la plus extrême du patro­nat dont nos deux scien­ti­fiques neutres et objec­tifs s’accommodent bien.

À l’in­verse, Xavier Ragot, le direc­teur de l’OFCE sou­ligne que « des jour­naux portent des visions hors du consen­sus, comme Alter­na­tives Eco­no­miques en France (au moins c’est dans le titre). Ces jour­naux sont utiles au débat public, pré­ci­sé­ment du fait de leur ouver­ture au débat ».

Petites et grosses mani­pu­la­tions (II) : thèmes divers

Si nous ne pou­vions lais­ser ces attaques sans réponse, Alter­na­tives Eco­no­miques n’est en fait qu’un petit épi­sode dans la série de mani­pu­la­tions des auteurs. Signa­lons déjà que, bien qu’ils demandent de se méfier des tou­tô­logues qui se croient spé­cia­listes en tout, les voi­là qui donnent des leçons sur ce qu’il faut pen­ser des ques­tions trai­tant du sort des enfants défa­vo­ri­sés, du salaire mini­mum, de la poli­tique indus­trielle, de la sta­bi­li­té finan­cière, de l’impôt, de la dépense publique, de l’immigration et de la réduc­tion du temps de tra­vail. Ne par­lant pas à tort et à tra­vers, nul doute qu’ils maî­trisent par­fai­te­ment toute la lit­té­ra­ture sur tous ces sujets. Mal­heu­reu­se­ment, sur plu­sieurs des thèmes trai­tés éclate au mieux leur incom­pé­tence, au pire leur mau­vaise foi (ou l’inverse !).

Sur plu­sieurs des thèmes trai­tés éclate au mieux leur incom­pé­tence, au pire leur mau­vaise foi (ou l’inverse !)

Pre­nons le cha­pitre consa­cré à la finance. La crise des sub­primes, répètent-il, est essen­tiel­le­ment le fait des non rem­bour­se­ments des prêts immo­bi­liers des ménages modestes. Connaissent-ils ce NBER Wor­king Paper de 2015, fon­dé sur un tra­vail empi­rique, qui démontre que l’essentiel des défauts de paie­ments durant la crise pro­viennent des classes moyennes et aisées ? Egre­nant la vul­gate libé­rale sur le sujet, ils expliquent que la crise ne résulte pas de la libé­ra­li­sa­tion finan­cière mais des poli­tiques publiques visant à favo­ri­ser l’accès au loge­ment des ménages modestes (p. 88). Quelle étude le démontre ? Aucune n’est citée. Pour­quoi ? Il n’y en pas. Et j’ai une bonne nou­velle pour eux : aga­cé par tous les argu­ments avan­cés par les conser­va­teurs et les libé­raux, Bar­ry Ritholz, diri­geant d’Equity Research, une entre­prise de recherche quan­ti­ta­tive sur la finance, a fini par lan­cer un défi sur son site, pro­po­sant à tous ceux qui pensent pou­voir démon­trer que les poli­tiques publiques sont res­pon­sables de la crise de parier entre 10 000 et 100 000 dol­lars de leur propre argent qu’il par­vien­dra à démon­ter leurs argu­ments. J’attends avec impa­tience le résul­tat de ce pari dans lequel nos deux « experts » vont assu­ré­ment se lancer.

Les éco­no­mistes des grandes ins­ti­tu­tions inter­na­tio­nales obéissent aux inté­rêts des Etats domi­nants et ne sont donc pas sérieux

La finance est-elle tou­jours favo­rable à la crois­sance ? Ceux qui le nient sont des néga­tion­nistes. Alors bien­ve­nue au club des néga­tion­nistes mes­sieurs les éco­no­mistes du FMI, de la BRI et de l’OCDE qui ont sou­te­nu ce point de vue ! Inter­viewé à l’émission de France Culture La Grande table du 5 sep­tembre der­nier, Pierre Cahuc a décla­ré « une étude du FMI n’est pas une étude indé­pen­dante. Le FMI repré­sente les inté­rêts des grands Etats de la pla­nète ». Un com­men­taire qui vaut donc pour les éco­no­mistes de toutes les ins­ti­tu­tions publiques inter­na­tio­nales ain­si ren­voyés d’un revers de main vers le néga­tion­nisme. La liste s’allonge… Ain­si, les « grands Etats de la pla­nète » com­mandent-il en secret des études pour démon­trer que trop de finance peut tuer la crois­sance car cela sert leurs inté­rêts cachés. Nous voi­là en plein com­plo­tisme et en plein ridi­cule dans un livre qui pré­tend don­ner des leçons de véri­té scien­ti­fique. Misère…

On pour­rait mul­ti­plier les exemples au fil des cha­pitres mais cet article est déjà trop long. Et il nous faut le finir par ce que l’on bap­ti­se­ra « l’affaire Cahuc ».

L’affaire Cahuc

On se rap­pelle que la loi tra­vail a don­né lieu à de viru­lents débats poli­tiques, syn­di­caux mais aus­si entre éco­no­mistes. Dans la ver­sion papier du jour­nal Le Monde du 5 mars 2016, Pierre Cahuc et plu­sieurs autres éco­no­mistes ont signé une tri­bune en défense de la loi tra­vail. Loin de faire consen­sus, leurs argu­ments ont été contes­tés par une autre tri­bune parue dans la ver­sion papier du même jour­nal le 10 mars, signée par d’autres économistes.

Quelle n’a pas été la sur­prise de ces der­niers de rece­voir peu de temps après un mél de mon­sieur Cahuc. Je l’ai reçu de trois per­sonnes dif­fé­rentes afin de pou­voir être cer­tain de son conte­nu. Dans un pre­mier para­graphe, l’économiste s’étonne que ses détrac­teurs aient cité telle étude pour sou­te­nir leur pro­pos, conteste sa vali­di­té et en four­nit d’autres qui lui paraissent plus solides. Jusque-là, tout est normal.

« Je ne pense pas que dénon­cer une poten­tielle incom­pé­tence ou volon­té de mani­pu­la­tion de la part de col­lègues cher­cheurs par voie de presse rende ser­vice à notre dis­ci­pline ». Signé : Cahuc !

La suite est plus sur­pre­nante. « Je ne pense pas que dénon­cer une poten­tielle incom­pé­tence ou volon­té de mani­pu­la­tion de la part de col­lègues cher­cheurs par voie de presse rende ser­vice à notre dis­ci­pline ». On en reste stu­pé­fait ! L’auteur de ce pro­pos est le copro­duc­teur d’un ouvrage de 240 pages, dont il assure dans la presse une large pro­mo­tion, pour faire exac­te­ment ce qu’il dénonce, une dénon­cia­tion outra­geuse de l’incompétence de ceux qui ne pensent pas comme lui ! Ce qui lui vaut une réponse de la même aune, par exemple de Hen­ry Ster­di­niak dans le Nou­vel Obser­va­teur : « un pam­phlet ignoble », « un appel direct à l’épuration ».

Ce n’est pas tout. La fin est plus inquié­tante : « Il me semble que ce type de débats devrait plu­tôt faire l’objet de sémi­naires qui nous per­mettent de nous faire une opi­nion mieux éta­blie grâce à des échanges d’idées dans un cadre serein ». En clair : les amis, quand il n’y a pas consen­sus entre nous, sur­tout n’en faites pas un débat public, après les gens vont croire qu’il y a plu­sieurs poli­tiques pos­sibles en éco­no­mie, c’est pas bon pour notre image, ça. Sur­tout pas de débat. Et encore, tous n’ont pas reçu cet appel : par exemple, Phi­lippe Aské­na­zy, cher­cheur au CNRS ou Xavier Tim­beau, direc­teur prin­ci­pal à l’OFCE, signa­taires de la tri­bune mais sûre­ment trop néga­tion­nistes, n’ont pas été conviés, l’auteur du mél ajou­tant l’ostracisme à son com­por­te­ment démo­cra­ti­que­ment douteux.

L’auteur du mél ajoute l’ostracisme à un com­por­te­ment démo­cra­ti­que­ment douteux

Ce violent appel à refu­ser l’existence même d’un débat est réité­ré à la fin du livre. Les deux auteurs demandent tout bon­ne­ment aux jour­na­listes de ces­ser de don­ner la parole à ceux qui ne pensent pas comme eux. Des repré­sen­tants de divers médias ont publié un textepour sou­li­gner l’horreur poli­tique de tels procédés.

Des moti­va­tions incompréhensibles

Il est dif­fi­cile de com­prendre le com­por­te­ment de ces éco­no­mistes. Figures impor­tantes de l’économie mains­tream, ils détiennent les labos, les bud­gets, les ins­tances de sélec­tion des pro­fes­seurs, etc. La grande majo­ri­té des chro­niques éco­no­miques de l’audiovisuel pri­vé et public sont adeptes de leurs recom­man­da­tions. Alors qu’ils contrôlent puis­sam­ment la pro­fes­sion et l’information publique, leur rêve est d’éliminer tota­le­ment ce qu’il reste de pen­sée éco­no­mique hété­ro­doxe. A quelles sources puisent donc leurs motivations ?

Il est dif­fi­cile de com­prendre le com­por­te­ment de ces éco­no­mistes qui sont déjà lar­ge­ment dominants

En tout état de cause, lorsque leurs repré­sen­tants ont pro­mis au gou­ver­ne­ment de faire atten­tion dans la sélec­tion des pro­fes­seurs d’université à lais­ser de la place à la diver­si­té des méthodes scien­ti­fiques et des sujets, on est cer­tain aujourd’hui que cela ne sera pas le cas. Si ce gou­ver­ne­ment tient à l’avenir de la diver­si­té de la pen­sée éco­no­mique en France, il doit abso­lu­ment et rapi­de­ment ouvrir une autre voie de sélec­tion et lais­ser jouer la concur­rence des idées entre les éco­no­mistes. Sinon la vio­lence du mains­tream détrui­ra tout débat éco­no­mique en France.

CHRISTIAN CHAVAGNEUX

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Mon com­men­taire :

Les domi­nants ne manquent pas d’air.
Les « éco­no­mistes » au ser­vice des banques non plus.

Keynes disait fort jus­te­ment que la place des éco­no­mistes n’est pas au volant mais sur la ban­quette arrière.

Les choix éco­no­miques sont tous des choix poli­tiques, et les mettre hors de por­tée du peuple (en pré­sen­tant ces choix comme des choix qui s’im­posent d’eux-mêmes parce que « tech­niques », « scien­ti­fiques ») est tout sim­ple­ment (mais très pro­fon­dé­ment) antidémocratique.

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Étienne.

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20 Commentaires

  1. etienne

    Quand Messieurs Cahuc et Zylberberg découvrent la science
    par ANDRÉ ORLÉAN :

    « Il n’est pas facile de lire serei­ne­ment le livre de Mes­sieurs Pierre Cahuc et André Zyl­ber­berg. Non seule­ment parce que la vio­lence du ton et des attaques peuvent dis­sua­der les meilleures volon­tés, mais sur­tout parce que, sans cesse, le lec­teur se trouve confron­té à des contre-véri­tés mani­festes et à des mani­pu­la­tions. Ce livre n’éclaire pas ; il obs­cur­cit et déforme sciem­ment. Son but n’est pas la recherche de la véri­té mais le désir de faire mal – ou de faire du buzz, ce qui est à peu près la même chose. L’usage du terme « néga­tion­nisme » est plei­ne­ment révé­la­teur de cette volon­té, non pas de réfu­ter ou de contre­dire, comme il sied à un débat contra­dic­toire argu­men­té, mais de salir. Le livre s’ouvre sur le récit de l’affaire Lys­sen­ko et, en effet, il y a dans le ton des auteurs comme des relents de guerre froide, de croi­sade puri­fi­ca­trice, d’ennemis irré­duc­tibles qu’il s’agit de détruire et d’exclure comme y invite expli­ci­te­ment le sous-titre : « com­ment s’en débar­ras­ser ». Après la « science pro­lé­ta­rienne », il ne manque que les « vipères lubriques » pour que le tableau soit complet.

    Mal­heu­reu­se­ment la haine rageuse ne fait pas bon ménage avec la jus­tesse des ana­lyses. Tor­que­ma­da n’a pas été rete­nu par l’histoire pour la finesse de ses juge­ments. Ce livre n’est que poudre aux yeux. Il faut d’ailleurs noter que cela a fonc­tion­né à mer­veille. La mise en scène d’économistes scien­ti­fiques, repous­sant avec abné­ga­tion tous les a prio­ri idéo­lo­giques pour s’efforcer modes­te­ment de s’en tenir stric­te­ment aux faits, et ceci même lorsque ces faits les obligent à remettre en cause leurs convic­tions les plus intimes, est beau comme l’antique, sur­tout lorsque, face à eux, on donne à voir des néga­tion­nistes, sans foi ni loi, gau­chistes moti­vés par la seule idéo­lo­gie, n’ayant pour seul hori­zon que la des­truc­tion du capi­ta­lisme, au mépris de toute véri­té. Cette mise en scène fait un tabac média­tique. Il faut croire que la sub­ti­li­té n’est pas une valeur en vogue. Même l’appel expli­cite à l’exclusion de tous ceux qui ne sont pas dans le consen­sus n’a en rien alté­ré l’enthousiasme des nom­breux commentaires.

    Une igno­rance épistémologique

    Mais venons-en à la thèse qui est au cœur du livre : « depuis plus de trois décen­nies, l’économie est deve­nue une science expé­ri­men­tale dans le sens plein du terme comme la phy­sique, la bio­lo­gie, la méde­cine ou la cli­ma­to­lo­gie. » Assu­ré­ment, c’est là une forte pro­po­si­tion qui donne matière à réflexion. Il est heu­reux de voir deux éco­no­mistes sor­tir de leur ter­rain usuel – le mar­ché du tra­vail – pour s’intéresser aux ques­tions dif­fi­ciles, mais cru­ciales, de métho­do­lo­gie et d’épistémologie. Rap­pe­lons que l’épistémologie est cette branche du savoir qui s’efforce de déter­mi­ner ce qui fait qu’une science est une science et qui étu­die, tout par­ti­cu­liè­re­ment, les sciences expé­ri­men­tales. Notons que ce sont là des sujets hau­te­ment tech­niques, qui demandent un bagage scien­ti­fique conséquent.

    Je signale ce point parce qu’une des conclu­sions cen­trales du livre est que « Pour ne pas se faire abu­ser par des infor­ma­tions pseu­do-scien­ti­fiques, en éco­no­mie comme dans tout autre domaine, il y a quelques prin­cipes à res­pec­ter ». Quels sont-ils ? « Une pré­cau­tion mini­male consiste à s’assurer que ces infor­ma­tions sont extraites de textes publiés par des revues scien­ti­fiques recon­nues ». Et nos deux auteurs de mettre tout spé­cia­le­ment en garde contre les textes qui ne sont pas pas­sés au crible de la cri­tique d’authentiques spé­cia­listes : « des résul­tats qui appa­raissent pour la pre­mière fois dans des rap­ports ou des livres, même à gros tirage, n’ont aucune fia­bi­li­té. » N’est-ce pas stupéfiant ?

    Com­ment ne pas voir que les élu­cu­bra­tions épis­té­mo­lo­giques de nos deux auteurs tombent pré­ci­sé­ment sous le coup de cette cri­tique radi­cale ? Vous cher­che­rez en vain dans l’en­semble de leurs tra­vaux le moindre article consa­cré à la méthode expé­ri­men­tale en éco­no­mie. Ils n’ont jamais rien publié sur ce sujet. Ce livre est leur pre­mière incur­sion dans ce domaine de telle sorte que, si l’on suit leurs propres cri­tères, leurs ana­lyses doivent être reje­tées. Nous sommes face à un livre qui contient sa propre réfu­ta­tion ! Et nous ver­rons, en effet, dans ce qui suit qu’il y a tout lieu d’être plus que scep­tiques quant aux capa­ci­tés de nos deux auteurs en matière d’épistémologie. Pour le dire sim­ple­ment, ils n’y connaissent rien. » […]

    Lire la suite :
    http://​www​.alte​re​co​plus​.fr/​q​u​a​n​d​-​m​e​s​s​i​e​u​r​s​-​c​a​h​u​c​-​e​t​-​z​y​l​b​e​r​b​e​r​g​-​d​e​c​o​u​v​r​e​n​t​-​l​a​-​s​c​i​e​n​c​e​/​0​0​0​1​2​139

    Réponse
    • Eve

      Dans l’ombre ou la lumière ,
      Entre les pierres et les silences ,
      L’homme croit choi­sir sa révélation
      ève

      Réponse
    • Xavier

      Il me semble que ce sché­ma répond assez bien au sou­hait d’os­tra­ci­ser tout cri­tique au sys­tème dominant… 

      Réponse
    • barbe

      Bon­jour
      Voyons dans cette sombre affaire un gros aveu de fai­blesse : on n’a­gresse pas aus­si gra­tui­te­ment, et qui plus est ad homi­nem, sans être empor­té par quelque chose qui vous dépasse, et qui s’ap­pelle la peur. Celle-ci peut se trans­for­mer en haine.
      Haine de consta­ter que les hété­ro­doxes sont plus per­ti­nents, en assu­mant que l’é­co­no­mie n’est pas une science (qui plus est expé­ri­men­tale) puis­qu’elle est de la poli­tique, ou une de ses branches. Voir Alain Supiot et le gou­ver­ne­ment par les don­nées chif­frées, qui a l’a­van­tage de bien soi­gneu­se­ment faire dis­pa­raitre le rôle de la parole : les phrases que l’on fait pour les inter­pré­ter ne peuvent pas être une appli­ca­tion de la méthode expérimentale.
      Cette pra­tique minable opère une nou­velle diver­sion de l’at­ten­tion, dont on peut voir des symp­tômes un peu par­tout : les domi­nants et leur vision du monde com­mencent à sen­tir que les gens se méfient de leur modèle : il ne marche pas : il prend l’eau de toutes parts,
      et devant la peur, la stra­té­gie de l’a­gres­sion hai­neuse est une solu­tion de désespérés.

      Réponse
  2. Domi Dasco

    Cahuc et Zyl­ber­berg c’est une « contre­pè­te­rie » de Cahu­zac et Bilderberg ? 😀

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  3. etienne
  4. joss

    Karl Pop­per, La logique de la décou­verte scientifique :

    « Les théo­ries ne sont donc jamais véri­fiables empi­ri­que­ment (…) Tou­te­fois j’admettrai cer­tai­ne­ment qu’un sys­tème n’est empi­rique ou scien­ti­fique que
    s’il est sus­cep­tible d’être sou­mis à des tests expé­ri­men­taux. Ces consi­dé­ra­tions sug­gèrent que c’est la fal­si­fia­bi­li­té et non la véri­fia­bi­li­té d’un sys­tème qu’il faut prendre comme cri­tère de démar­ca­tion. En d’autres termes, je n’exigerai pas d’un sys­tème scien­ti­fique qu’il puisse être choi­si une fois pour toutes, dans une accep­tion posi­tive mais j’exigerai que sa forme logique soit telle qu’il puisse être dis­tin­gué, au moyen de tests empi­riques, dans une accep­tion néga­tive : un sys­tème fai­sant par­tie de la science empi­rique doit pou­voir être réfu­té par l’expérience »

    Pour Karl Pop­per, une théo­rie n’est scien­ti­fique que si elle prend le risque d’être infir­mée par un test expé­ri­men­tal. Par consé­quent aucune théo­rie, même la plus par­fai­te­ment éta­blie dans la com­mu­nau­té scien­ti­fique, n’est à l’abri d’une éven­tuelle réfu­ta­tion ulté­rieure. Il faut donc consi­dé­rer « toutes les lois ou théo­ries comme hypo­thé­tiques ou conjec­tu­rales, c’est-à-dire comme des sup­po­si­tions. ». Ce qui signi­fie que les nou­velles théo­ries ne sont que des approxi­ma­tions meilleures que celles qui les ont pré­cé­dées. Par exemple, la théo­rie de la rela­ti­vi­té d’Einstein contient celle de New­ton en tant qu’approximation, cette der­nière englo­bant à son tour celles de Kepler et de Gali­lée. Rien ne per­met de pen­ser que la théo­rie de la rela­ti­vi­té ne sera pas un jour remise en ques­tion par une théo­rie au pou­voir expli­ca­tif plus grand, qui l’inclura comme une simple approximation.

    Ain­si il demeure impos­sible d’établir de manière indu­bi­table la véri­té d’une théo­rie scien­ti­fique. Nous ne pou­vons que nous appro­cher tou­jours plus de la vérité.

    J’ajouterai…sinon cette théo­rie c’est une reli­gion, ce que les 2 zigo­tos ont fina­le­ment démontré !

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  5. etienne

    httpv://youtu.be/SDU742gQoZw

    Réponse
  6. binnemaya

    Bon­jour à Tous,

    cet article sur Zem­mour d’O­li­vier Ber­ruyer montre qu’Annie Lacroix-Riz a rai­son quand elle dit que dans l’entre deux guerres les Oli­garques ont choi­si inten­tion­nel­le­ment la voie du Fas­cisme et de la guerre car, quand le taux de ren­de­ment (leur seul bous­sole) s’effondre, alors seul le fas­cisme per­met de contraindre le peuple à la sou­mis­sion et la guerre de réta­blir le profit :

    Lettre Ouverte aux Dirigeants : Vous nous mettez TOUS en danger avec le scandale Zemmour !

    http://​www​.les​-crises​.fr/​l​e​t​t​r​e​-​o​u​v​e​r​t​e​-​a​u​x​-​d​i​r​i​g​e​a​n​t​s​-​v​o​u​s​-​n​o​u​s​-​m​e​t​t​e​z​-​t​o​u​s​-​e​n​-​d​a​n​g​e​r​-​a​v​e​c​-​l​e​-​s​c​a​n​d​a​l​e​-​z​e​m​m​o​ur/

    Réponse
  7. etienne

    Une enquête d’A­lain de Hal­leux qu’il me tarde de voir : 

    Dexia : huit ans après, autopsie sans concession d’un naufrage non assumé

    En 2006, Pierre Richard et Axel Miller, respectivement président et CEO de Dexia, avaient encore le sourire. Mais deux ans plus tard, la crise financière allait mettre en pleine lumière les failles abyssales de la banque franco-belge. – © MARK RENDERS – BELGA

    « Huit ans après l’é­cla­te­ment de la crise finan­cière qui allait mener nos banques au bord du pré­ci­pice, a‑t-on tiré tous les ensei­gne­ments de la chute de Dexia ? C’est la ques­tion que pose un docu­men­taire copro­duit par la RTBF. Avec un titre qui y répond en par­tie : « Dexia, la faute à personne ».

    La jour­na­liste fran­çaise Cathe­rine Le Gall et le réa­li­sa­teur belge Alain de Hal­leux ont patiem­ment ras­sem­blé les mor­ceaux du puzzle Dexia avec l’in­ten­tion de com­prendre, mais aus­si d’interpeller.

    Le docu­men­taire s’a­dresse direc­te­ment aux deux prin­ci­paux pro­ta­go­nistes du désastre, Pierre Richard et Axel Mil­ler : « Qu’a­vez-vous fait ? » Aucun des deux n’ac­cep­te­ra de répondre devant camé­ra, seul Axel Mil­ler ren­con­tre­ra hors champ les réa­li­sa­teurs. Mais de nom­breux seconds cou­teaux ou experts sont là pour racon­ter la catastrophe.

    « Dexia la faute à per­sonne », le docu­men­taire de Cathe­rine Le Gall et Alain de Hal­leux sera dif­fu­sé mer­cre­di 14 sep­tembre sur La Une à 22h14 et en direct sur Auvio, via le lien ci-dessous :

    Le ver dans la corbeille

    Dexia est née en 1996 du rap­pro­che­ment du Cré­dit Com­mu­nal avec le Cré­dit Local de France. Mais à par­tir de quel moment les dif­fi­cul­tés ont-elles com­men­cé ? En réa­li­té, le ver était dans la cor­beille de mariage. Deux banques appa­rem­ment com­plé­men­taires, mais avec des objec­tifs dif­fé­rents et des cultures d’en­tre­prise incom­pa­tibles. Une alliance 50/50 sans lea­der unique cela ne pou­vait fonc­tion­ner selon Cathe­rine Le Gall : « Une des ques­tions pour les­quelles la banque a chu­té, c’est le pro­blème de la gou­ver­nance. Cha­cun a vou­lu gar­der son pré car­ré et ils n’ont pas eu l’in­tel­li­gence de vrai­ment fusion­ner et d’a­voir une vision com­mune qui aurait per­mis à la banque de gran­dir dans une sorte de col­lé­gia­li­té. Cette situa­tion a per­mis que des risques s’immiscent sans que per­sonne ne s’en rende compte ».

    Des risques sans que per­sonne ne s’en rende compte, c’est quand même énorme mais c’est exac­te­ment ce qui s’est pas­sé. D’a­bord, et le docu­men­taire le relève, ni Pierre Richard, ni Axel Mil­ler, CEO à par­tir de 2003, ne sont ban­quiers. Puis sur­tout, ce sera très vite la guerre des tran­chées entre la Bel­gique et la France. Quand la crise finan­cière explose en sep­tembre 2008, Dexia s’ef­fondre aussitôt.

    Des garan­ties iniques

    Les deux Etats n’ont alors d’autre choix que de cas­quer pour sau­ver la banque. Un sau­ve­tage coû­teux : 6,4 mil­liards d’eu­ros et des garan­ties d’E­tat à hau­teur de 150 mil­liards. La France impose à la Bel­gique d’as­su­mer 65 % de ces garan­ties. Cathe­rine Le Gall : « Cette pro­por­tion ne cor­res­pond à rien ! Elle ne cor­res­pond pas à l’ac­tion­na­riat, ni aux tailles des deux pays, ni aux enjeux éco­no­miques res­pec­tifs. On peut donc consi­dé­rer que cette clé de répar­ti­tion est inique mais le pro­blème des Belges étaient d’être dans une mau­vaise pos­ture par rap­port à l’E­tat fran­çais parce qu’en Bel­gique la banque ser­vait les par­ti­cu­liers. Ils avaient peur du ban­krun et donc ils étaient obli­gés d’ac­cep­ter les condi­tions impo­sées par les Français »

    Ces garan­ties res­tent une très lourde épée de Damo­clès pour les finances publiques et ce pour des décen­nies. Au total un dos­sier cala­mi­teux. La jour­na­liste estime qu’on est très loin d’en avoir tiré toutes les leçons : « Ce serait l’heure de pou­voir rendre des comptes. Ce n’est pas fait pour­tant c’est l’argent du contri­buable qui a été mobi­li­sé. Aujourd’­hui encore nous pou­vons inter­ro­ger la res­pon­sa­bi­li­té col­lec­tive, les diri­geants, les Etats mais éga­le­ment nous inter­ro­ger nous-mêmes. La faute à per­sonne, est-ce que cela ne veut pas dire la faute à tout le monde finalement ? »

    Michel Visart

    http://​www​.rtbf​.be/​i​n​f​o​/​e​c​o​n​o​m​i​e​/​d​e​t​a​i​l​_​d​e​x​i​a​-​a​u​t​o​p​s​i​e​-​s​a​n​s​-​c​o​n​c​e​s​s​i​o​n​-​d​-​u​n​-​n​a​u​f​r​a​g​e​-​n​o​n​-​a​s​s​ume

    Source : RTBF​.be

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  8. etienne

    « Négationnisme économique » : ce pamphlet est ignoble. C’est un appel direct à l’épuration

    par Hen­ri Ster­dy­niak (Éco­no­mistes atterrés)

    http://​leplus​.nou​ve​lobs​.com/​c​o​n​t​r​i​b​u​t​i​o​n​/​1​5​5​8​4​4​0​-​n​e​g​a​t​i​o​n​n​i​s​m​e​-​e​c​o​n​o​m​i​q​u​e​-​c​e​-​p​a​m​p​h​l​e​t​-​e​s​t​-​i​g​n​o​b​l​e​-​c​-​e​s​t​-​u​n​-​a​p​p​e​l​-​d​i​r​e​c​t​-​a​-​l​-​e​p​u​r​a​t​i​o​n​.​h​tml

    « Néga­tion­nisme éco­no­mique. Et com­ment s’en débar­ras­ser ». C’est le titre mus­clé du livre que viennent de publier les éco­no­mistes Pierre Cahuc et André Zyl­ber­berg. Un brû­lot dans lequel ils s’at­taquent aux éco­no­mistes dits « hété­ro­doxes », et notam­ment aux Éco­no­mistes atter­rés. Co-ani­ma­teur de ce col­lec­tif, Hen­ri Ster­dy­niak leur répond.

    « Deux éco­no­mistes, Pierre Cahuc et André Zyl­ber­berg, viennent de com­mettre un pam­phlet ignoble, contre tous les éco­no­mistes cri­tiques, contre ceux qui pro­posent aux citoyens des pistes de réflexion pour sor­tir de l’impasse du néo-libé­ra­lisme. Pour eux, une pen­sée unique doit pré­va­loir en éco­no­mie, à laquelle tous, éco­no­mistes et citoyens, doivent se soumettre.

    Le titre – « Le néga­tion­nisme éco­no­mique, et com­ment s’en débar­ras­ser » – est abject, qui oublie que le néga­tion­nisme est un délit, la néga­tion du géno­cide nazi, qui revient à absoudre Fau­ris­son, Dieu­don­né et autres le Pen en les met­tant sur le même pied que ceux qui ont mon­tré que les 35 heures ont créé des emplois. Le sous-titre (« Com­ment s’en débar­ras­ser ») est un appel direct à l’épuration.

    Il ne s’agit donc pas d’engager un débat intel­lec­tuel, mais de deman­der l’élimination de toute pen­sée critique.

    Ces deux pam­phlé­taires défendent un scien­tisme borné

    Ces deux pam­phlé­taires ont une concep­tion tout à fait par­ti­cu­lière de la science éco­no­mique. L’économie serait deve­nue scien­ti­fique depuis 30 ans ; enfin, seule l’économie expé­ri­men­tale basée, comme en méde­cine, sur des pro­to­coles expé­ri­men­taux (com­pa­rer la situa­tion de deux groupes, l’un sou­mis à la réforme que l’on veut tes­ter, l’autre pas).

    Certes, par­fois, cette méthode peut être per­ti­nente, mais on ne peut oublier ses limites, sur­tout pour les sciences sociales : elle est des­crip­tive et pas expli­ca­tive ; rien ne prouve que tous les fac­teurs ont été pris en compte ; elle oublie les inter­dé­pen­dances entre agents ; elle ne s’applique pas à l’analyse macroéconomique.

    Mais cela ne gêne pas Cahuc et Zyl­ber­berg. Seule cette méthode serait scien­ti­fique à leurs yeux. Elle a réponse à tout et per­met de clore tout débat scien­ti­fique. Ain­si, au nom de ce scien­tisme bor­né, ils épurent la science éco­no­mique de toute la macroé­co­no­mie, de toute réflexion sur l’organisation éco­no­mique de nos sociétés.

    Puisqu’elle n’entre pas dans leur méthode, les deux scien­ti­fiques auto­pro­cla­més oublient tout exa­men sérieux de la situa­tion actuelle : la contre-révo­lu­tion néo­li­bé­rale et la glo­ba­li­sa­tion finan­cière ont pro­vo­qué, dans tous les pays déve­lop­pés, une forte hausse des inéga­li­tés, la pré­ca­ri­sa­tion d’une par­tie de la popu­la­tion, une grande insta­bi­li­té finan­cière, l’accumulation des richesses finan­cières d’un côté, des dettes de l’autre, dés­équi­libres qui ont explo­sé avec la crise finan­cière de 2008.

    Ils pré­co­nisent les remèdes les plus libé­raux qui soient

    Faut-il refu­ser d’analyser ces faits ?

    Les Éco­no­mistes atter­rés se sont réunis après la crise pour mettre en évi­dence les dés­équi­libres induits par la domi­na­tion de la finance, engen­drant des bulles et des krachs, ce que recon­naît l’économie com­por­te­men­tale la plus récente (celle pra­ti­quée par Aker­lof et Shil­ler, deux récents titu­laires du prix de sciences éco­no­miques « en l’honneur d’Alfred Nobel »), et les poli­tiques d’austérité, dont même le FMI a fini par recon­naître le carac­tère néfaste après les avoir encensées.

    Ont-ils eu à ce point tort qu’il faille les exclure de la science éco­no­mique ? Cela amène mira­cu­leu­se­ment Cahuc et Zyl­ber­berg à pré­co­ni­ser les remèdes les plus libé­raux qui soient : bais­ser les coûts des bas salaires, don­ner toutes les liber­tés aux chefs d’entreprises. Pour­tant, mal­gré ce qu’ont pu écrire les éco­no­mistes libé­raux, de nom­breux pays intro­duisent main­te­nant des salaires mini­ma rela­ti­ve­ment éle­vés (Alle­magne, États-Unis, Royaume-Uni).

    Les pays où le niveau de vie des sala­riés est très bas voient se déve­lop­per la pré­ca­ri­sa­tion d’une par­tie impor­tante de la popu­la­tion. La France doit-elle se don­ner comme seule stra­té­gie, celle de déve­lop­per les emplois pré­caires sous-payés (le SMIC étant un enne­mi de l’emploi selon les auteurs), emplois qui ne cor­res­pondent pas à la for­ma­tion des jeunes ?

    Ils n’ont de cesse de refu­ser de voir l’évidence

    En 1997, des éco­no­mistes de la pen­sée domi­nante avaient démon­tré, de façon « scien­ti­fique », que le chô­mage en France était soit volon­taire (cau­sé par le choix des per­sonnes de ne pas tra­vailler en rai­son du niveau trop éle­vé du RMI), soit cau­sé par un niveau trop fort du SMIC. Pour­tant, de 1998 à 2002, la France a créé 2 mil­lions d’emplois sup­plé­men­taires, grâce au pas­sage aux 35 heures (qui grâce aux exo­né­ra­tions de coti­sa­tions sociales n’a pas aug­men­té le coût du tra­vail) et à la relance de la demande.

    Depuis cette expé­rience natu­relle, les deux pam­phlé­taires n’ont de cesse que de refu­ser de voir l’évidence, de trai­ter d’obscurantistes tous ceux qui, sur la base d’analyses pré­cises, concluent qu’environ 350.000 emplois ont été créés par le pas­sage aux 35 heures.

    Ces deux pseu­do-scien­ti­fiques refusent de tirer les leçons de l’évolution de l’emploi. Celui-ci dépend essen­tiel­le­ment de la demande de consom­ma­tion ou d’investissement.

    Le chô­mage a for­te­ment dimi­nué en 1998–2002 puis 2006–2007, a for­te­ment aug­men­té avec la crise finan­cière puis les poli­tiques d’austérité. Les réformes du mar­ché du tra­vail n’ont guère eu d’influence sur le volume de l’emploi, mais elles ont aug­men­té la pré­ca­ri­té. Il n’a pas eu en 2002 ou en 1997 de choc contre une bar­rière de taux de chô­mage struc­tu­rel, liée à un niveau trop éle­vé du RSA ou du SMIC. 

    Le rôle de l’économiste n’est pas de clore le débat

    Selon nous, il existe des choix sociaux à faire en matière d’orientation de la pro­duc­tion et de la consom­ma­tion. Ces choix sociaux doivent être démo­cra­ti­que­ment débat­tus. Le rôle de l’économiste n’est pas de clore le débat au nom d’une pré­ten­due science.

    Faut-il faire confiance aux diri­geants des entre­prises sou­mis aux exi­gences des mar­chés finan­ciers, pour orien­ter la pro­duc­tion de façon satis­fai­sante, compte tenu des contraintes éco­lo­giques ? Faut-il faire confiance, par exemple, aux banques qui ont choi­si de déve­lop­per leurs acti­vi­tés spé­cu­la­tives ou, pire, le tra­ding à haute fré­quence ? À l’industrie auto­mo­bile, quand elle contourne les tests de pol­lu­tion ? À l’industrie agro-ali­men­taire, quand elle déve­loppe des pro­duits nocifs pour la san­té publique ?

    Contrai­re­ment à ce que pré­tend ce pam­phlet, les éco­no­mistes cri­tiques ne pré­co­nisent pas, tou­jours et tou­jours, la hausse des dépenses publiques. Ils réflé­chissent au contraire sur les réformes néces­saires : que faire face à la domi­na­tion de la finance ? com­ment assu­rer un emploi pour tous ? que faire pour la tran­si­tion écologique ?

    Par contre, une poli­tique de sou­tien de la demande est, lors d’une réces­sion, néces­saire pour com­pen­ser la chute des dépenses pri­vées et main­te­nir l’emploi.

    Ils décon­si­dèrent ceux qui ne par­tagent pas leur aveuglement

    Cahuc et Zyl­ber­berg n’hésitent pas à assi­mi­ler les éco­no­mistes cri­tiques à des scien­ti­fiques dévoyés sou­mis à des lob­bies. Ils oublient com­plè­te­ment qu’une par­tie impor­tante des éco­no­mistes mains­tream sont effec­ti­ve­ment finan­cés par des indus­triels ou par la finance.

    Ils oublient que cer­tains des tra­vaux appe­lant à réduire tou­jours plus les coti­sa­tions sur le salaire mini­mum ont été finan­cés par la Fédé­ra­tion des entre­prises du com­merce et de la dis­tri­bu­tion ou par la Fédé­ra­tion pro­fes­sion­nelle des sec­teurs à forte inten­si­té de main‑d’œuvre opé­ra­tion­nelle. Ils oublient que des éco­no­mistes sont finan­cés par des assu­rances pour sou­te­nir la retraite par capi­ta­li­sa­tion contre la répar­ti­tion. Ils oublient le déve­lop­pe­ment des chaires uni­ver­si­taires finan­cées par des entre­prises, des banques, des assurances.

    Cahuc et Zyl­ber­berg croient per­ti­nent de dénon­cer les quelques inter­ven­tions des éco­no­mistes cri­tiques dans les médias. Les grands médias sont aujourd’hui entre les mains de sept groupes finan­ciers ou indus­triels. Ils font inter­ve­nir mas­si­ve­ment des éco­no­mistes non uni­ver­si­taires, qui n’ont jamais rien publié dans des revues scien­ti­fiques, à la solde des banques ou des indus­triels, ou des jour­na­listes tra­vaillant dans des jour­naux éco­no­miques des­ti­nés aux milieux d’affaires.

    Cela ne gêne pas nos deux inqui­si­teurs. Non, ils dénoncent des inter­ven­tions d’économistes uni­ver­si­taires, qu’ils veulent décon­si­dé­rer car ils ne par­tagent pas leur aveu­gle­ment scien­tiste. N’est-il pas triste de voir ain­si deux uni­ver­si­taires com­battre le plu­ra­lisme des idées, et récla­mer l’épuration des médias ? »

    Hen­ri Ster­dy­niak (Éco­no­mistes atterrés)

    Réponse
  9. etienne

    « Thorium, la face gâchée du nucléaire »
    Le thorium peut-il sauver la planète ?

    Sur Arte, vous sau­rez tout sur le tho­rium, un métal qui pour­rait trans­for­mer le nucléaire en indus­trie propre. Une uto­pie atomique ?
    Arte n’a certes pas la répu­ta­tion d’être pro­nu­cléaire. Pour preuve, cette soi­rée thé­ma­tique du [mar­di] 20 sep­tembre sur le nucléaire qui pré­sente tour à tour un repor­tage sur les déchets sous-marins et une adap­ta­tion de La Sup­pli­ca­tion, livre du prix Nobel Svet­la­na Alexie­vitch, écrit à par­tir des récits de vic­times de Tchernobyl.

    Pour­tant, entre ces deux films ter­ri­fiants, on découvre un curieux docu­men­taire qui jette un regard moins néga­tif sur cette indus­trie de mau­vaise répu­ta­tion. Tho­rium, la face gâchée du nucléaire nous embarque à la pour­suite de ce métal, décou­vert en Nor­vège en 1829, qui nous est pré­sen­té comme la pierre phi­lo­so­phale de notre temps, chan­geant le plomb – ou plu­tôt l’uranium – en or, et le nucléaire en éner­gie “propre” !

    Quatre fois plus abon­dant que l’uranium, il pro­dui­rait cent fois moins de déchets. Un kilo de tho­rium est équi­valent à 200 kilos d’uranium et à 3 500 tonnes de char­bon. Joli sym­bole, une sphère de tho­rium de la taille d’une boule de pétanque suf­fi­rait à pro­duire l’énergie d’un indi­vi­du pour toute une vie. Pour­quoi ce filon qua­si mira­cu­leux a‑t-il été écar­té au pro­fit de l’uranium et de ses cen­trales pol­luantes et explosives ?

    Un réac­teur inuti­li­sable à des fins militaires

    Entre­cou­pée de séquences d’animation, illus­trée par un faux film publi­ci­taire futu­riste et humo­ris­tique, l’enquête nous mène d’Amérique en Chine à la ren­contre des apôtres du métal magique, savants, ingé­nieurs qui pour­suivent l’œuvre d’Alvin Wein­berg. Ce phy­si­cien amé­ri­cain mort en 2006, vété­ran du pro­jet Man­hat­tan à l’origine de la bombe ato­mique, fut l’inventeur de la filière au tho­rium. Inquiet des risques de l’atome, il conçut un pro­to­type de réac­teur uti­li­sant de l’uranium puis des sels fon­dus de tho­rium, qui ren­draient impos­sible, nous assure-t-on, tout acci­dent du type Fukushima.

    Ce réac­teur, en outre, ne pro­duit pas de plu­to­nium, “car­bu­rant” de la bombe ato­mique, il est donc inuti­li­sable à des fins mili­taires, ce qui explique en par­tie pour­quoi il a été délais­sé lors de la guerre froide, et pour­quoi Wein­berg, deve­nu paci­fiste, a été viré en 1970.

    Aujourd’hui, la filière oubliée revit, grâce au tra­vail (au lob­bying ?) de ses adeptes, per­sua­dés de l’avenir de ce métal dis­cret. La pla­nète sau­vée par l’atome ? De quoi faire écla­ter quelques Verts de rage.

    Tho­rium, la face gâchée du nucléaire docu­men­taire de Myriam Tone­lot­to, mar­di 20, 20 h 55, Arte

    http://​www​.lesin​rocks​.com/​2​0​1​6​/​0​9​/​1​3​/​m​e​d​i​a​s​/​t​h​o​r​i​u​m​-​s​a​u​v​e​r​-​p​l​a​n​e​t​e​-​1​1​8​6​3​8​50/

    Source : Les Inrocks ; doc signa­lé par Denis Robert.

    Réponse
    • binnemaya

      Salut Etienne,
      Le Tho­rium ne règle pas la pol­lu­tion pen­dant des mil­lé­naires par rayon­ne­ment donc ce n’est pas une solu​tion​.Et en plus il fau­drait for­mer et inves­tir énor­mé­ment d’argent pour le développer.
      L’a­ve­nir est aux renou­ve­lables qui sont déjà moins chers et sur­tout sans AUCUN risque pour la biosphère.
      Si l’on veut inves­tir des fonds publics ailleurs que dans un fias­co garan­tie c’est dans le sto­ckage de l’élec­tri­ci­té qu’il faut le faire.

      Réponse
  10. etienne

    Violences policières : ouvrez les yeux !

    31 MAI 2016 | PAR FRANÇOIS BONNET ET LA RÉDACTION DE MEDIAPART

    Des dizaines de mani­fes­tants ont été bles­sés lors des mani­fes­ta­tions contre la loi sur le tra­vail. Le gou­ver­ne­ment a mis en place une stra­té­gie de la ten­sion, suite logique d’années de dérive. Il est temps qu’une com­mis­sion d’enquête se sai­sisse de cette ges­tion incendiaire.

    Un jeune homme de 28 ans est depuis le 26 mai main­te­nu dans un coma arti­fi­ciel, œdème céré­bral et boîte crâ­nienne enfon­cée, vic­time du tir d’une gre­nade dite de « décen­cer­cle­ment » (notre article ici). Un mois plus tôt, le 28 avril, un étu­diant de 20 ans à l’université de Rennes per­dait un œil à la suite d’un tir de lan­ceur de balles (LBD40), une arme plus puis­sante que les Flash-Ball. Depuis deux mois et demi, début des mani­fes­ta­tions contre la loi sur la réforme du code du tra­vail, plu­sieurs dizaines de mani­fes­tants ont été gra­ve­ment blessés.

    Un bilan exact est impos­sible à éta­blir. Mais la mul­ti­pli­ci­té des témoi­gnages que nous avons reçus, des pho­tos et des vidéos docu­men­tées cir­cu­lant sur les réseaux sociaux per­mettent bien d’évaluer à plu­sieurs dizaines le nombre de per­sonnes vic­times de bles­sures sérieuses. Un seul exemple : 49 per­sonnes ont été bles­sées dont 10 gra­ve­ment, le 28 avril à Rennes, selon une équipe de soi­gnants déployée sur le cor­tège ce jour-là. Héma­tomes, nez cas­sés, frac­tures, mâchoires décro­chées, trau­ma­tismes crâ­niens, suf­fo­ca­tions, plaies ouvertes, éva­nouis­se­ments… Les oppo­sants à la loi sur le tra­vail le savent désor­mais : il est deve­nu ris­qué de mani­fes­ter, dan­ge­reux de res­ter dans les cor­tèges jusqu’à leur dis­so­lu­tion, impru­dent de « par­tir en manif’ » sans un mini­mum d’équipement de protection.

    Avec ces jeunes gens qui res­te­ront trau­ma­ti­sés à vie, ces dizaines voire cen­taines de per­sonnes bles­sées ou sim­ple­ment vio­len­tées, ces mil­liers de mani­fes­tants défi­lant la peur au ventre – peur de tom­ber sou­dai­ne­ment sous une charge de CRS –, ce bas­cu­le­ment orga­ni­sé dans la vio­lence et la cri­mi­na­li­sa­tion d’un mou­ve­ment social devrait pro­vo­quer un vaste débat public. Il devrait sus­ci­ter les inter­pel­la­tions sans relâche des membres du gou­ver­ne­ment. Il devrait pro­vo­quer – au nom du res­pect de nos liber­tés fon­da­men­tales – une mobi­li­sa­tion des dépu­tés et séna­teurs. Il devrait conduire à l’ouverture d’une com­mis­sion d’enquête par­le­men­taire sur les stra­té­gies de main­tien de l’ordre, les fonc­tion­ne­ments des chaînes de com­man­de­ment, les détails des ins­truc­tions données.

    C’est tout l’inverse qui se pro­duit. Les signaux d’alerte se mul­ti­plient. Rien ne se passe, sauf une légi­ti­ma­tion aveugle faite par ce pou­voir de la vio­lence poli­cière. Des acci­dents graves se pro­duisent. Rien n’est dit, sauf un sou­tien incon­di­tion­nel aux actions des forces de l’ordre. Rien n’est répon­du aux alertes qui pro­viennent de l’institution poli­cière elle-même, de la part de syn­di­ca­listes qui s’inquiètent de l’extrême dégra­da­tion de la situation.

    Que disent-ils, ces syn­di­ca­listes ? Que le gou­ver­ne­ment n’a rien appris de la mort de Rémi Fraisse, ce jeune mani­fes­tant paci­fique tué par une gre­nade offen­sive le 25 octobre 2014 à Sivens. Depuis, la doc­trine de main­tien de l’ordre n’a pas chan­gé, estime Alexandre Lan­glois, secré­taire géné­ral de la CGT-Police : « Ce qui a chan­gé, c’est la ges­tion de la crise sociale par la répres­sion. On favo­rise l’escalade de la vio­lence. Tout est mis en place pour que cela se passe mal ! » Sur le ter­rain, ajoute-t-il, ses délé­gués chez les CRS lui font remon­ter qu’on les uti­lise « de manière très offen­sive. Il ne s’agit pas de conte­nir mais d’aller à l’affrontement ».

    Phi­lippe Capon, du syn­di­cat Unsa-Police, lui-même ancien CRS, insiste sur « des grou­pus­cules extré­mistes très orga­ni­sés, très mobiles, qui nous obligent à nous réor­ga­ni­ser, à aller au contact ». Mais il veut aus­si mettre en avant l’argument du manque d’ex­pé­rience des forces déployées : « La situa­tion est ter­ri­ble­ment ten­due et avec l’état d’urgence, nous sommes débor­dés. On demande à des col­lègues de faire du main­tien de l’ordre alors que ce n’est pas leur métier. Cer­tains arrivent dans leur com­mis­sa­riat le matin et on leur dit : ‘’Tu mets un casque, tu prends une matraque et tu vas cou­vrir la manif !’’ Mais le main­tien de l’ordre, ça s’apprend. C’est un métier à part. »

    Niant ces pré­oc­cu­pa­tions, le gou­ver­ne­ment s’en tient pour sa part à une ver­sion et une seule qui lui per­met de jus­ti­fier cette esca­lade de la vio­lence : les « cas­seurs ». « Cas­seur », le mot est bana­le­ment uti­li­sé par tous les pou­voirs depuis cin­quante ans pour jus­ti­fier ses propres tur­pi­tudes. Aus­si Ber­nard Caze­neuve comme Manuel Valls assurent-ils avoir iden­ti­fié une nou­velle géné­ra­tion de « casseurs ».

    Ceux-là seraient « radi­ca­li­sés », adeptes de l’« ultra-vio­lence », « qui veulent tuer un poli­cier », qui se battent « contre l’É­tat et les valeurs de la Répu­blique ». Une frange extré­miste d’un mou­ve­ment social qui, par ailleurs, « prend en otage » le pays par ses grèves et blo­cages… Dans une France vivant sous le régime d’exception de l’état d’urgence, déjà pro­lon­gé à deux reprises, ce voca­bu­laire ne peut être neutre : il ne manque que « ter­ro­riste » voire « dji­ha­diste du social » pour com­plé­ter la pano­plie séman­tique d’un gou­ver­ne­ment jusqu’au-boutiste. Le pas vient d’ailleurs d’être fran­chi par le patron du Medef, Pierre Gat­taz, qui appelle, dans Le Monde, à mater ces « mino­ri­tés qui se com­portent un peu comme des voyous, comme des terroristes ».

    Médias à la mémoire courte

    Le pou­voir peut d’autant plus aisé­ment dérou­ler cet ahu­ris­sant mode de récit que les médias audio­vi­suels, télés d’info en conti­nu en pre­mière ligne, n’aiment rien plus que les « cas­seurs » et ces images d’affrontements et de dépré­da­tions. L’« affaire » de la voi­ture de police incen­diée a ain­si consti­tué un som­met dans la mise en spec­tacle de ces affron­te­ments. Comme la che­mise déchi­rée du cadre d’Air France, ces images ont pro­vo­qué un effet de souffle anni­hi­lant toute réflexion, ouvrant la voie aux décla­ra­tions mar­tiales de Manuel Valls qui furent par la suite démen­ties par les faits. Trois des cinq per­sonnes inter­pel­lées et pla­cées en déten­tion pro­vi­soire furent rapi­de­ment remises en liber­té, les charges étant beau­coup moins lourdes qu’annoncé.

    Médias à la mémoire courte. Ils n’auront pas rele­vé que pour la pre­mière fois depuis des décen­nies, les pillages de maga­sins sont raris­simes, tout comme les vio­lences col­la­té­rales (voi­tures brû­lées, dépré­da­tions diverses) qui ont de tout temps accom­pa­gné les grandes mani­fes­ta­tions. Ils ont oublié que c’est à l’occasion d’une mani­fes­ta­tion de marins pêcheurs que le Par­le­ment de Bre­tagne a brû­lé à Rennes en 1994. Que les auto­nomes ont, tout au long des années 1980, dévas­té les à‑côtés des mani­fes­ta­tions. Que ce sont des sidé­rur­gistes qui, en 1979, avaient sou­mis le quar­tier de l’Opéra à un pillage en règle après avoir lami­né les forces de l’ordre sous des pluies de bou­lons et de barres de fer et éri­gé des bar­ri­cades sur les grands boulevards…

    Il demeure cette réa­li­té : quelques cen­taines, par­fois mil­liers, de per­sonnes sont toutes contentes de hur­ler « Tout le monde déteste la police » (mais en 1968, c’était « CRS-SS ! ») et prêtes à déclen­cher ou à assu­mer des affron­te­ments avec les forces de l’ordre. Face à cela, tout pou­voir res­pon­sable n’a qu’un seul devoir : faire bais­ser la pres­sion, orga­ni­ser l’évitement, prendre bien en amont des mesures pré­ven­tives, négo­cier avec les ser­vices d’ordre des orga­ni­sa­tions, maî­tri­ser stric­te­ment l’usage des armes et des gaz par les forces de l’ordre, évi­ter les provocations.

    C’est tout le contraire que Ber­nard Caze­neuve et Manuel Valls ont déci­dé de faire, assu­mant voire orga­ni­sant une radi­ca­li­sa­tion dan­ge­reuse des mani­fes­ta­tions. Ils l’ont assu­mé en écar­tant sys­té­ma­ti­que­ment toute inter­ro­ga­tion pour mieux déli­vrer un feu vert incon­di­tion­nel aux forces de l’ordre. Manuel Valls a ain­si pu oser décla­rer le 19 mai sur RTL : « Il n’y a aucune consigne de rete­nue, aucune consigne de ne pas inter­pel­ler, aucune consigne de ne pas aller jus­qu’au bout pour ne pas appré­hen­der les casseurs. »

    « Aucune consigne de rete­nue » : le pre­mier ministre (qui fut pour­tant ministre de l’intérieur) a‑t-il seule­ment conscience de l’irresponsabilité d’un tel pro­pos quand sa fonc­tion devrait jus­te­ment l’obliger à dire l’inverse, c’est-à-dire à rap­pe­ler aux forces de l’ordre le devoir qu’elles ont de répondre de manière maî­tri­sée et pro­por­tion­née ? Au plus fort des affron­te­ments de Mai 68, le pré­fet de police de Paris, Mau­rice Gri­maud, écri­vait une lettre à tous les poli­ciers : « Je m’adresse aujourd’hui à toute la Mai­son (…) et je veux par­ler d’un sujet que nous n’avons pas le droit de pas­ser sous silence : c’est celui des excès dans l’emploi de la force. » « Frap­per un mani­fes­tant tom­bé à terre, c’est se frap­per soi-même en appa­rais­sant sous un jour qui atteint toute la fonc­tion poli­cière. Il est encore plus grave de frap­per des mani­fes­tants après arres­ta­tion et lorsqu’ils sont conduits dans des locaux de police pour y être inter­ro­gés », écri­vait-il (l’intégralité de la lettre est à lire ici). 


    Rémi Fraisse, tué en octobre 2014 par une gre­nade offen­sive. © Reuters

    « Aucune consigne de rete­nue » : voi­là dans quels termes Manuel Valls fait écho au pré­fet Gri­maud. Cette pos­ture auto­ri­taire, déjà pré­sente dès le début du quin­quen­nat quand Manuel Valls décla­rait prio­ri­taire la lutte contre « l’en­ne­mi de l’in­té­rieur » (lire ici), est la même que lors des évé­ne­ments de Sivens. Les semaines pré­cé­dant la mort de Rémi Fraisse, le ministre de l’intérieur Ber­nard Caze­neuve a lais­sé des milices locales et des gen­darmes mobiles s’en prendre vio­lem­ment aux mili­tants éco­lo­gistes et zadistes oppo­sés au pro­jet de bar­rage. Le 7 octobre 2014, trois semaines avant la mort de Rémi Fraisse, une jeune femme de 25 ans a été griè­ve­ment bles­sée à la main par une gre­nade de désen­cer­cle­ment tirée dans sa cara­vane par un gen­darme. La scène a été fil­mée. L’enquête judi­ciaire est tou­jours enlisée. […]

    Lire la suite : 

    https://​www​.media​part​.fr/​j​o​u​r​n​a​l​/​f​r​a​n​c​e​/​3​1​0​5​1​6​/​v​i​o​l​e​n​c​e​s​-​p​o​l​i​c​i​e​r​e​s​-​o​u​v​r​e​z​-​l​e​s​-​y​e​u​x​?​o​n​g​l​e​t​=​f​ull

    Réponse
  11. etienne

    Pen­dant que les per­sonnes phy­siques et les PME crèvent la bouche ouverte (voir la Grèce et les pays du sud), les mul­ti­na­tio­nales se goinfrent avec les cadeaux des par­le­men­taires — « élus » qu’elles ont fait élire (par leurs médias aux ordres) pré­ci­sé­ment pour créer cette mer­veille de BCE « apo­li­tique », si géné­reuse aujourd’­hui avec ses supporters.

    L’in­ven­tion du TAUX D’INTÉRÊT NÉGATIF est lit­té­ra­le­ment scan­da­leuse, sur­tout quand il sert à gaver les fre­lons oisifs que sont les action­naires. Voi­ci le mes­sage de la Banque cen­trale euro­péenne aux per­sonnes morales qui se pré­sentent à ses gui­chets pour avoir du pognon : « si tu m’empruntes,en ce moment c’est mieux que gra­tuit, mon frère, c’est MOI (BCE) qui te ver­se­rai des inté­rêts !! (avec le pognon de ces cons de contri­buables, tiens, reprends donc une coupe de cam­pagne, ah quels cons vraiment »).

    Les entreprises se bousculent pour emprunter à taux zéro (ou négatif)

    http://​www​.latri​bune​.fr/​e​n​t​r​e​p​r​i​s​e​s​-​f​i​n​a​n​c​e​/​b​a​n​q​u​e​s​-​f​i​n​a​n​c​e​/​l​e​s​-​e​n​t​r​e​p​r​i​s​e​s​-​s​e​-​b​o​u​s​c​u​l​e​n​t​-​p​o​u​r​-​e​m​p​r​u​n​t​e​r​-​a​-​t​a​u​x​-​z​e​r​o​-​o​u​-​n​e​g​a​t​i​f​-​5​9​9​8​3​3​.​h​tml
    Source : La Tribune

    Réponse
  12. Zut

    Salut les AMG.
    Com­ment You­tube m’a mena­cée pour plaire au pré­sident Juncker
    httpv://www.youtube.com/watch?v=7y-xS_EB3QI

    Gogogle est ton ami, You­teub aussi !

    Réponse
  13. grioune

    Sur un site récent, Alga​rath​.com, vient de sor­tir un texte de Valé­rie Bugault sur la manière dont les zélites nous enfument. Brillant, clair, net et pré­cis, j’ai tout com­pris après l’a­voir lu. C’est un pdf sous le titre « Valé­rie Bugault et Mau­rice Allais ». Si cela vous tente…

    Réponse
  14. etienne

    Le CETA contre l’intérêt général

    À la veille de la ren­contre des ministres euro­péens du com­merce à Bra­ti­sla­va, où ils déci­de­ront du pro­ces­sus d’approbation du CETA par l’UE, Attac France, l’AITEC et Cor­po­rate Europe Obser­va­to­ry (CEO) publient, avec une ving­taine d’autres orga­ni­sa­tions de la socié­té civile en Europe, le rap­port « CETA : Mar­chan­der la démo­cra­tie ». Il démontre que le cha­pitre 8 du CETA, consa­cré à la libé­ra­li­sa­tion et à la pro­tec­tion de l’investissement, demeure une menace sub­stan­tielle pour nos démocraties.

    L’Accord éco­no­mique et com­mer­cial glo­bal (dit CETA du fait de son acro­nyme anglais – Com­pre­hen­sive Eco­no­mic Trade Agree­ment) pour­rait expo­ser les États membres de l’UE à des plaintes coû­teuses de la part d’investisseurs nord-amé­ri­cains contes­tant des mesures d’intérêt général.

    Une fois approu­vé et rati­fié, le CETA auto­ri­se­rait les inves­tis­seurs cana­diens, et leurs homo­logues amé­ri­cains dis­po­sant de filiales au Cana­da, à pour­suivre les États membres de l’UE et l’UE elle-même pour toute légis­la­tion affec­tant néga­ti­ve­ment leurs béné­fices. Le CETA ne com­prend en revanche aucune obli­ga­tion pour ces investisseurs.

    Les accords de libre-échange exis­tants tels que l’ALENA (Accord de libre-échange nord-amé­ri­cain) montrent que la majo­ri­té de telles pour­suites incri­mine des lois et régle­men­ta­tions pro­té­geant la san­té publique, l’environnement et le droit du tra­vail, et per­met aux inté­rêts lucra­tifs par­ti­cu­liers de sup­plan­ter l’intérêt géné­ral. Comme le sou­ligne le rap­port, le cha­pitre inves­tis­se­ment du CETA condui­rait à l’explosion des plaintes d’investisseurs contre des États. Ces plaintes sont tran­chées dans des cours d’arbitrage sises hors des juri­dic­tions natio­nales ou euro­péennes. Ce sys­tème de jus­tice paral­lèle rend les pro­cé­dures extrê­me­ment coû­teuses, opaques et par­tiales ; il alour­dit par ailleurs les dépenses publiques et met la déci­sion démo­cra­tique en péril.

    Lora Verheecke, cher­cheuse et char­gée de cam­pagne chez CEO, obser­va­toire des lob­bies à Bruxelles, coor­di­na­trice du rap­port, sou­ligne : « Ce nou­veau rap­port passe en revue les pro­messes de la Com­mis­sion euro­péenne cen­sées ras­su­rer les citoyens sur l’innocuité du cha­pitre inves­tis­se­ment du CETA. Mais en dépit des chan­ge­ments appor­tés aux dis­po­si­tions du pré­cé­dent cha­pitre, le CETA ne démontre tou­jours pas qu’il pro­té­ge­ra les États membres et l’UE d’une pluie de plaintes de la part d’investisseurs esti­mant leurs espoirs de pro­fits frustrés ».

    Amé­lie Canonne, pré­si­dente de l’AITEC, com­plète : « Le sys­tème juri­dic­tion­nel sur l’investissement ne pré­sente aucune évo­lu­tion signi­fi­ca­tive qui per­met­tra aux États de retrou­ver leurs capa­ci­tés à légi­fé­rer et régle­men­ter sans crainte d’être pour­sui­vis. Les plaintes liées aux sec­teurs pétrole-gaz/­mi­nes/­élec­tri­ci­té sont de plus en plus nom­breuses, et repré­sentent déjà un tiers du total des pour­suites. Cela signi­fie que les entre­prises cana­diennes qui sont lea­ders de l’extraction éner­gé­tique et minière dans le monde ne se pri­ve­ront pas d’attaquer des poli­tiques conçues pour lut­ter contre le chan­ge­ment climatique. »

    Auré­lie Trou­vé, porte-parole d’Attac France, conclut : « Au nom de la pro­tec­tion de leurs inves­tis­se­ments, les mul­ti­na­tio­nales amé­ri­caines et euro­péennes pour­ront bien davan­tage impo­ser leurs desi­de­ra­tas aux citoyens : moins de normes envi­ron­ne­men­tales, sani­taires et sociales pour plus de pro­fits finan­ciers. Cet énorme risque, qui a été mis en évi­dence dans le TAFTA, est bien pré­sent dans le CETA. Voi­là pour­quoi, tout comme le TAFTA, il faut repous­ser le CETA. »

    En dépit des mobi­li­sa­tions mas­sives de l’opinion publique contre le trai­té, et notam­ment son cha­pitre inves­tis­se­ment, les gou­ver­ne­ments de l’Union euro­péenne et du Cana­da pré­voient la signa­ture de l’accord avant la fin de cette année. Des marches et des actions exi­geant de renon­cer au CETA sont orga­ni­sées dans toute l’Europe dans le cadre de l’Automne d’action. En France et notam­ment à Paris, une ini­tia­tive por­tée le Col­lec­tif Stop TAFTA/CETA aura lieu le same­di 15 octobre.

    Lire le rap­port complet

    https://​france​.attac​.org/​a​c​t​u​s​-​e​t​-​m​e​d​i​a​s​/​s​a​l​l​e​-​d​e​-​p​r​e​s​s​e​/​a​r​t​i​c​l​e​/​l​e​-​c​e​t​a​-​c​o​n​t​r​e​-​l​-​i​n​t​e​r​e​t​-​g​e​n​e​ral

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