L’arrogance (dangereuse) des puissants, qui aspirent (toujours et partout) à devenir tout-puissants : un exemple (à peine croyable quand on y réfléchit) avec cette polémique :
« Négationnisme économique » : l’affaire Cahuc
http://www.alterecoplus.fr//negationnisme-economique-laffaire-cahuc/00012140
Source : Alternatives Économiques
Ce serait risible si cela n’était pas grave. Pierre Cahuc et André Zylberberg viennent de publier Le négationnisme économique et comment s’en débarrasser. L’ossature du livre repose sur un syllogisme simple : les économistes mainstream travaillant à partir d’une méthode scientifique, leurs résultats disent la vérité ; ceux qui les contestent sont de faux savants qui nient la réalité, des négationnistes, au même titre que les personnes qui nient l’existence de la shoah durant la Seconde Guerre mondiale ; il faut donc se débarrasser d’eux en les privant de tout accès aux médias afin de préserver la pureté du débat.
C’est un ouvrage d’une rare violence dans le monde des économistes. Qui plus est, les auteurs refusent la possibilité même d’une discussion à ceux qui ne partageraient pas leur point de vue : s’ils sont économistes, il faut les excommunier ; s’ils ne le sont pas, tout propos les contestant est présenté par avance comme de la rhétorique négationniste.
Dans ces conditions Alternatives Economiques a hésité à commenter ce livre. On ne débat pas avec l’Inquisition et sa police de la pensée. Pourtant, trois raisons nous y ont finalement poussés. D’abord, la brutalité du propos assure à l’ouvrage une présence médiatique importante. Ensuite, Alternatives Economiques est directement attaqué dans l’ouvrage, à partir de manipulations grossières nous le montrerons, avec un appel explicite à faire fuir une partie de nos lecteurs. Dans un moment où, comme le reste de la presse, nous sommes fragilisés, l’objectif, a priori inédit de la part d’économistes, est clairement de tuer économiquement notre entreprise et ses emplois.
Enfin, lorsque l’on se comporte avec une telle violence, il faut être solide, à la fois sur le plan intellectuel et personnel. Suite aux débats suscités par le livre, Alternatives Economiques a reçu des informations décrivant un comportement pour le moins stupéfiant de monsieur Pierre Cahuc lors des débats sur la loi travail, que nous sommes donc en mesure de révéler.
L’économie est-elle une science ?
Après un départ en fanfare qui donne d’emblée le ton d’agressivité extrême de l’ouvrage, les auteurs relâchent un peu la pression en arrivant à nous faire rire dès la page 27 : « les économistes ‘orthodoxes’ représentent l’écrasante majorité des chercheurs dans le monde ». C’est incontestable : si les hétérodoxes étaient majoritaires, on les appellerait… les orthodoxes !
Plus sérieusement, qu’est-ce qui définit la qualité scientifique du travail des économistes du courant dominant, une hypothèse dont l’affirmation représente la prémisse du syllogisme ?
D’abord, une méthode expérimentale : pour toute question qu’elle traite, « l’analyse économique compare des groupes tests au sein desquels [d]es mesures ont été mises en œuvre, avec des groupes de contrôle où elles n’ont pas été mises en œuvre » (p. 14). On compare par exemple deux territoires proches économiquement et on regarde ce qui se passe en termes d’emploi quand l’un augmente le SMIC et pas l’autre. Ensuite, les résultats de ces tests font l’objet d’articles soumis à des revues qui ne les publient que lorsqu’elles jugent leur qualité suffisante, une validation par les pairs qui assurent la valeur de l’étude proposée.
Cette présentation fait-elle consensus chez les économistes ?Interrogé par Les Echos le 9 septembre dernier, Philippe Aghion, un ancien professeur de Harvard aujourd’hui au Collège de France ne croit pas « qu’il faille ignorer les études scientifiques au principe qu’elles ne sont pas publiées dans les meilleures revues, comme semblent le sous-entendre Pierre Cahuc et André Zylberberg. Nouriel Roubini avait prévu la crise économique. A‑t-il publié sa thèse dans une « top revue » à l’époque ? Non. Par ailleurs, les meilleures revues scientifiques tendent à publier des études empiriques très bien identifiées, mais pas forcément transposables. En particulier, ce sont rarement des études sur les effets de politiques ou réformes systémiques. Faut-il alors renoncer à commenter les effets de telles réformes ? ». Interviewé également, Pierre-Noël Giraud, professeur à Mines Paris Tech et Dauphine affirme que « l’économie n’est pas une science expérimentale, purement inductive et traitant des « faits » bruts qui ne sont que des statistiques, au sens de la médecine quand elle teste des médicaments. En effet, l’expérience en économie n’est jamais reproductible (sauf à la rigueur au micro niveau des expériences de moustiquaires à la Esther Duflo), elle ne peut jamais être « suffisamment » séparée de son environnement sociétal ».
Pour Xavier Ragot, le directeur de l’OFCE, le livre est caricatural. Après avoir démontré les faiblesses de la méthode expérimentale, il conclut que « l’approche scientiste du livre est réductrice » et « témoigne d’une pente dangereuse du débat intellectuel qui va à la fois vers une caricature du débat et une violence verbale ».
Pour aller dans le même sens, on mentionnera cette étude empirique qui a demandé aux économistes ayant publié dans des revues américaines de fournir leurs données afin de tenter de réaliser le même travail pour voir s’ils obtenaient les mêmes résultats. Si l’on met de côté deux articles pour lesquels ils ne disposaient pas des logiciels appropriés et six autres utilisant des données confidentielles, cela donne un taux de reproduction final de 49 % sur les 67 articles étudiés. En clair, lorsque nos deux économistes citent une étude pour justifier leur point de vue, sachez qu’il ne faut le croire, littéralement, qu’à moitié !
Angus Deaton, prix 2015 de la Banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel, un gage de sérieux dans le petit monde des économistes, liste également un nombre assez impressionnant de critiques à l’encontre de la méthode expérimentale qui fait tant briller les yeux de nos deux auteurs : les causes réelles de ce que l’on observe restent incertaines, les résultats peuvent être dus au hasard, ne donnent que des résultats en moyenne sans que l’on sache comment sont affectées l’ensemble des populations concernées, etc., etc.
Le chercheur André Orléan démontre de son côté dans une longue analyse combien les deux auteurs du livre ne connaissent, en fait, pas grand-chose aux questions épistémologiques en général et à la méthode expérimentale en particulier. Un argument notamment, pas le plus profond mais le plus étonnant, est avancé : sur les quinze derniers articles publiés entre 2002 et aujourd’hui par monsieur Pierre Cahuc, aucun n’a recours à la méthode expérimentale censée assurer la qualité scientifique des auteurs. Selon ses propres critères, Monsieur Cahuc avance donc des idées qui ne respectent pas la bonne méthode et doit donc être rangé chez les négationnistes ! Du grand n’importe quoi.
Petites et grosses manipulations (I) : Alternatives Economiques
Encore plus gênant pour un livre censé porté la bonne parole de la vérité scientifique, il est rempli de manipulations. Des petites et des plus grosses. A tout seigneur, tout honneur, les lecteurs ne nous en voudront pas de commencer par les deux attaques dont fait l’objetAlternatives Economiques, promu au rang d’institution tellement puissante qu’il faille tenter de la tuer. Notre petite équipe en a quand même ressenti une certaine fierté !
La première flèche est dirigée contre une phrase, une seule, de notre ancien rédacteur en chef, ancien PDG et éditorialiste Philippe Frémeaux qui nous vaut une première mention de laveurs de cerveaux des lycéens qui nous lisent et de leurs professeurs. Les deux auteurs commencent par citer Frédéric Lordon affirmant que pour les économistes du courant dominant, « il n’y a même pas à dire que ce sont des vendus, car ils n’avaient pas besoin d’être achetés : ils étaient acquis dès le départ. Ou bien ils se sont offerts avec joie » au camp des puissants et des dominants de l’économie et de la finance. « Ce discours est repris pratiquement mot pour mot par le magazine Alternatives Economiques », suit la citation de Frémeaux selon laquelle « nos experts ne sont pas vendus au système, mais lui sont simplement acquis » (p. 29).
Notre journaliste s’exprime en mars 2012 et Frédéric Lordon en juillet, soit après lui. Mais c’est pourtant notre éditorialiste inféodé qui l’a repris…
La manipulation est ici double. D’une part, les références des deux citations indiquent que Philippe Frémeaux s’est exprimé en mars 2012 et Frédéric Lordon en juillet, soit après lui. Mais c’est pourtant notre éditorialiste inféodé qui l’a repris… D’autre part, là où Lordon dénonçait des économistes personnellement au service des forces économiques et financières dominantes, l’intégralité de la citation de Frémeaux est intéressante : « Pour ma part, j’aurais tendance à dire que nos experts ne sont pas vendus au système, mais lui sont simplement acquis. Ils pensent que le capitalisme, en dépit de tous ses défauts, est la seule voie possible. Ce qui n’interdit pas de le réformer à la marge, mais sans renverser la table ». Quel lecteur sérieux peut rassembler les deux propos sous une même bannière ?
Même pratique dans la seconde attaque dont nous faisons l’objet. Elle porte cette fois sur l’engagement du journal en faveur de la réduction du temps de travail, en particulier dans notre numéro de mai 2016 qui comporte un appel à remettre le temps de travail au cœur du débat. Alors que nous sommes présentés comme des ayatollahs du sujet, que dit la partie du texte, non citée, de notre appel ? « Nous avons pleinement conscience de la difficulté de l’exercice tant en termes de financement que d’organisation des entreprises, mais cette question doit revenir au cœur du débat public ». A ces précautions et à cette demande de pouvoir débattre du sujet, nos deux accusateurs publics répondent : « un parfait exemple de négationnisme » (p. 169) car « toutes les études publiées par les revues académiques dignes de ce nom montrent que le partage du travail ne crée pas d’emplois ».
Pourquoi cherchent-ils à tuer économiquement l’entreprise Alternatives Economiques ?
Jean Tirole a tenu récemment le même propos. Mais lorsque que je l’ai interviewé sur France Inter sur le sujet, il a fini par admettre qu’arriver à une conclusion claire, « c’est compliqué »… D’ailleurs, nos deux auteurs admettent que faire le bilan emploi des 35 heures est difficile car plusieurs facteurs jouent (baisse des cotisations, réorganisation des entreprises). Mais, ils ont choisi : la RTT n’y a joué aucun rôle. L’économiste Eric Heyer a pourtant déjà montré que le soi-disant consensus scientifique sur le sujet n’existe pas. Leur réponse ? Une seule étude pour la France a montré que l’Alsace Moselle n’a pas créé plus d’emplois que les départements limitrophes lorsqu’elle a bénéficié d’une réduction du temps de travail… de 20 minutes par semaine ! No comment…
Ou plutôt si, un commentaire : comment expliquer ces attaques contre notre journal ? A chaque fois, ces deux économistes soulignent que nous donnons de mauvaises pensées économiques aux lycéens et aux professeurs qui nous lisent, leur intimant de facto d’arrêter de le faire. Ils citent avec précision notre diffusion et suivent visiblement nos écrits. Ils savent donc que, comme le reste de la presse, nous connaissons des difficultés, que nous sommes en train de surmonter grâce au soutien de nos lecteurs. Par une mise en cause à l’aide de procédés discutables, ils avancent la dernière branche de leur raisonnement : faire disparaître ceux qui ne pensent pas bien. Un combat politique qui reprend les propos anciens de la frange la plus extrême du patronat dont nos deux scientifiques neutres et objectifs s’accommodent bien.
À l’inverse, Xavier Ragot, le directeur de l’OFCE souligne que « des journaux portent des visions hors du consensus, comme Alternatives Economiques en France (au moins c’est dans le titre). Ces journaux sont utiles au débat public, précisément du fait de leur ouverture au débat ».
Petites et grosses manipulations (II) : thèmes divers
Si nous ne pouvions laisser ces attaques sans réponse, Alternatives Economiques n’est en fait qu’un petit épisode dans la série de manipulations des auteurs. Signalons déjà que, bien qu’ils demandent de se méfier des toutôlogues qui se croient spécialistes en tout, les voilà qui donnent des leçons sur ce qu’il faut penser des questions traitant du sort des enfants défavorisés, du salaire minimum, de la politique industrielle, de la stabilité financière, de l’impôt, de la dépense publique, de l’immigration et de la réduction du temps de travail. Ne parlant pas à tort et à travers, nul doute qu’ils maîtrisent parfaitement toute la littérature sur tous ces sujets. Malheureusement, sur plusieurs des thèmes traités éclate au mieux leur incompétence, au pire leur mauvaise foi (ou l’inverse !).
Sur plusieurs des thèmes traités éclate au mieux leur incompétence, au pire leur mauvaise foi (ou l’inverse !)
Prenons le chapitre consacré à la finance. La crise des subprimes, répètent-il, est essentiellement le fait des non remboursements des prêts immobiliers des ménages modestes. Connaissent-ils ce NBER Working Paper de 2015, fondé sur un travail empirique, qui démontre que l’essentiel des défauts de paiements durant la crise proviennent des classes moyennes et aisées ? Egrenant la vulgate libérale sur le sujet, ils expliquent que la crise ne résulte pas de la libéralisation financière mais des politiques publiques visant à favoriser l’accès au logement des ménages modestes (p. 88). Quelle étude le démontre ? Aucune n’est citée. Pourquoi ? Il n’y en pas. Et j’ai une bonne nouvelle pour eux : agacé par tous les arguments avancés par les conservateurs et les libéraux, Barry Ritholz, dirigeant d’Equity Research, une entreprise de recherche quantitative sur la finance, a fini par lancer un défi sur son site, proposant à tous ceux qui pensent pouvoir démontrer que les politiques publiques sont responsables de la crise de parier entre 10 000 et 100 000 dollars de leur propre argent qu’il parviendra à démonter leurs arguments. J’attends avec impatience le résultat de ce pari dans lequel nos deux « experts » vont assurément se lancer.
Les économistes des grandes institutions internationales obéissent aux intérêts des Etats dominants et ne sont donc pas sérieux
La finance est-elle toujours favorable à la croissance ? Ceux qui le nient sont des négationnistes. Alors bienvenue au club des négationnistes messieurs les économistes du FMI, de la BRI et de l’OCDE qui ont soutenu ce point de vue ! Interviewé à l’émission de France Culture La Grande table du 5 septembre dernier, Pierre Cahuc a déclaré « une étude du FMI n’est pas une étude indépendante. Le FMI représente les intérêts des grands Etats de la planète ». Un commentaire qui vaut donc pour les économistes de toutes les institutions publiques internationales ainsi renvoyés d’un revers de main vers le négationnisme. La liste s’allonge… Ainsi, les « grands Etats de la planète » commandent-il en secret des études pour démontrer que trop de finance peut tuer la croissance car cela sert leurs intérêts cachés. Nous voilà en plein complotisme et en plein ridicule dans un livre qui prétend donner des leçons de vérité scientifique. Misère…
On pourrait multiplier les exemples au fil des chapitres mais cet article est déjà trop long. Et il nous faut le finir par ce que l’on baptisera « l’affaire Cahuc ».
L’affaire Cahuc
On se rappelle que la loi travail a donné lieu à de virulents débats politiques, syndicaux mais aussi entre économistes. Dans la version papier du journal Le Monde du 5 mars 2016, Pierre Cahuc et plusieurs autres économistes ont signé une tribune en défense de la loi travail. Loin de faire consensus, leurs arguments ont été contestés par une autre tribune parue dans la version papier du même journal le 10 mars, signée par d’autres économistes.
Quelle n’a pas été la surprise de ces derniers de recevoir peu de temps après un mél de monsieur Cahuc. Je l’ai reçu de trois personnes différentes afin de pouvoir être certain de son contenu. Dans un premier paragraphe, l’économiste s’étonne que ses détracteurs aient cité telle étude pour soutenir leur propos, conteste sa validité et en fournit d’autres qui lui paraissent plus solides. Jusque-là, tout est normal.
« Je ne pense pas que dénoncer une potentielle incompétence ou volonté de manipulation de la part de collègues chercheurs par voie de presse rende service à notre discipline ». Signé : Cahuc !
La suite est plus surprenante. « Je ne pense pas que dénoncer une potentielle incompétence ou volonté de manipulation de la part de collègues chercheurs par voie de presse rende service à notre discipline ». On en reste stupéfait ! L’auteur de ce propos est le coproducteur d’un ouvrage de 240 pages, dont il assure dans la presse une large promotion, pour faire exactement ce qu’il dénonce, une dénonciation outrageuse de l’incompétence de ceux qui ne pensent pas comme lui ! Ce qui lui vaut une réponse de la même aune, par exemple de Henry Sterdiniak dans le Nouvel Observateur : « un pamphlet ignoble », « un appel direct à l’épuration ».
Ce n’est pas tout. La fin est plus inquiétante : « Il me semble que ce type de débats devrait plutôt faire l’objet de séminaires qui nous permettent de nous faire une opinion mieux établie grâce à des échanges d’idées dans un cadre serein ». En clair : les amis, quand il n’y a pas consensus entre nous, surtout n’en faites pas un débat public, après les gens vont croire qu’il y a plusieurs politiques possibles en économie, c’est pas bon pour notre image, ça. Surtout pas de débat. Et encore, tous n’ont pas reçu cet appel : par exemple, Philippe Askénazy, chercheur au CNRS ou Xavier Timbeau, directeur principal à l’OFCE, signataires de la tribune mais sûrement trop négationnistes, n’ont pas été conviés, l’auteur du mél ajoutant l’ostracisme à son comportement démocratiquement douteux.
L’auteur du mél ajoute l’ostracisme à un comportement démocratiquement douteux
Ce violent appel à refuser l’existence même d’un débat est réitéré à la fin du livre. Les deux auteurs demandent tout bonnement aux journalistes de cesser de donner la parole à ceux qui ne pensent pas comme eux. Des représentants de divers médias ont publié un textepour souligner l’horreur politique de tels procédés.
Des motivations incompréhensibles
Il est difficile de comprendre le comportement de ces économistes. Figures importantes de l’économie mainstream, ils détiennent les labos, les budgets, les instances de sélection des professeurs, etc. La grande majorité des chroniques économiques de l’audiovisuel privé et public sont adeptes de leurs recommandations. Alors qu’ils contrôlent puissamment la profession et l’information publique, leur rêve est d’éliminer totalement ce qu’il reste de pensée économique hétérodoxe. A quelles sources puisent donc leurs motivations ?
Il est difficile de comprendre le comportement de ces économistes qui sont déjà largement dominants
En tout état de cause, lorsque leurs représentants ont promis au gouvernement de faire attention dans la sélection des professeurs d’université à laisser de la place à la diversité des méthodes scientifiques et des sujets, on est certain aujourd’hui que cela ne sera pas le cas. Si ce gouvernement tient à l’avenir de la diversité de la pensée économique en France, il doit absolument et rapidement ouvrir une autre voie de sélection et laisser jouer la concurrence des idées entre les économistes. Sinon la violence du mainstream détruira tout débat économique en France.
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Mon commentaire :
Les dominants ne manquent pas d’air.
Les « économistes » au service des banques non plus.
Keynes disait fort justement que la place des économistes n’est pas au volant mais sur la banquette arrière.
Les choix économiques sont tous des choix politiques, et les mettre hors de portée du peuple (en présentant ces choix comme des choix qui s’imposent d’eux-mêmes parce que « techniques », « scientifiques ») est tout simplement (mais très profondément) antidémocratique.
Abonnez-vous à Alter Éco puisque ça énerve les ploutocrates 🙂
Étienne.
Fil Facebook correspondant à ce billet :
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Quand Messieurs Cahuc et Zylberberg découvrent la science
par ANDRÉ ORLÉAN :
« Il n’est pas facile de lire sereinement le livre de Messieurs Pierre Cahuc et André Zylberberg. Non seulement parce que la violence du ton et des attaques peuvent dissuader les meilleures volontés, mais surtout parce que, sans cesse, le lecteur se trouve confronté à des contre-vérités manifestes et à des manipulations. Ce livre n’éclaire pas ; il obscurcit et déforme sciemment. Son but n’est pas la recherche de la vérité mais le désir de faire mal – ou de faire du buzz, ce qui est à peu près la même chose. L’usage du terme « négationnisme » est pleinement révélateur de cette volonté, non pas de réfuter ou de contredire, comme il sied à un débat contradictoire argumenté, mais de salir. Le livre s’ouvre sur le récit de l’affaire Lyssenko et, en effet, il y a dans le ton des auteurs comme des relents de guerre froide, de croisade purificatrice, d’ennemis irréductibles qu’il s’agit de détruire et d’exclure comme y invite explicitement le sous-titre : « comment s’en débarrasser ». Après la « science prolétarienne », il ne manque que les « vipères lubriques » pour que le tableau soit complet.
Malheureusement la haine rageuse ne fait pas bon ménage avec la justesse des analyses. Torquemada n’a pas été retenu par l’histoire pour la finesse de ses jugements. Ce livre n’est que poudre aux yeux. Il faut d’ailleurs noter que cela a fonctionné à merveille. La mise en scène d’économistes scientifiques, repoussant avec abnégation tous les a priori idéologiques pour s’efforcer modestement de s’en tenir strictement aux faits, et ceci même lorsque ces faits les obligent à remettre en cause leurs convictions les plus intimes, est beau comme l’antique, surtout lorsque, face à eux, on donne à voir des négationnistes, sans foi ni loi, gauchistes motivés par la seule idéologie, n’ayant pour seul horizon que la destruction du capitalisme, au mépris de toute vérité. Cette mise en scène fait un tabac médiatique. Il faut croire que la subtilité n’est pas une valeur en vogue. Même l’appel explicite à l’exclusion de tous ceux qui ne sont pas dans le consensus n’a en rien altéré l’enthousiasme des nombreux commentaires.
Une ignorance épistémologique
Mais venons-en à la thèse qui est au cœur du livre : « depuis plus de trois décennies, l’économie est devenue une science expérimentale dans le sens plein du terme comme la physique, la biologie, la médecine ou la climatologie. » Assurément, c’est là une forte proposition qui donne matière à réflexion. Il est heureux de voir deux économistes sortir de leur terrain usuel – le marché du travail – pour s’intéresser aux questions difficiles, mais cruciales, de méthodologie et d’épistémologie. Rappelons que l’épistémologie est cette branche du savoir qui s’efforce de déterminer ce qui fait qu’une science est une science et qui étudie, tout particulièrement, les sciences expérimentales. Notons que ce sont là des sujets hautement techniques, qui demandent un bagage scientifique conséquent.
Je signale ce point parce qu’une des conclusions centrales du livre est que « Pour ne pas se faire abuser par des informations pseudo-scientifiques, en économie comme dans tout autre domaine, il y a quelques principes à respecter ». Quels sont-ils ? « Une précaution minimale consiste à s’assurer que ces informations sont extraites de textes publiés par des revues scientifiques reconnues ». Et nos deux auteurs de mettre tout spécialement en garde contre les textes qui ne sont pas passés au crible de la critique d’authentiques spécialistes : « des résultats qui apparaissent pour la première fois dans des rapports ou des livres, même à gros tirage, n’ont aucune fiabilité. » N’est-ce pas stupéfiant ?
Comment ne pas voir que les élucubrations épistémologiques de nos deux auteurs tombent précisément sous le coup de cette critique radicale ? Vous chercherez en vain dans l’ensemble de leurs travaux le moindre article consacré à la méthode expérimentale en économie. Ils n’ont jamais rien publié sur ce sujet. Ce livre est leur première incursion dans ce domaine de telle sorte que, si l’on suit leurs propres critères, leurs analyses doivent être rejetées. Nous sommes face à un livre qui contient sa propre réfutation ! Et nous verrons, en effet, dans ce qui suit qu’il y a tout lieu d’être plus que sceptiques quant aux capacités de nos deux auteurs en matière d’épistémologie. Pour le dire simplement, ils n’y connaissent rien. » […]
Lire la suite :
http://www.alterecoplus.fr/quand-messieurs-cahuc-et-zylberberg-decouvrent-la-science/00012139
Dans l’ombre ou la lumière ,
Entre les pierres et les silences ,
L’homme croit choisir sa révélation
ève
Il me semble que ce schéma répond assez bien au souhait d’ostraciser tout critique au système dominant…
Bonjour
Voyons dans cette sombre affaire un gros aveu de faiblesse : on n’agresse pas aussi gratuitement, et qui plus est ad hominem, sans être emporté par quelque chose qui vous dépasse, et qui s’appelle la peur. Celle-ci peut se transformer en haine.
Haine de constater que les hétérodoxes sont plus pertinents, en assumant que l’économie n’est pas une science (qui plus est expérimentale) puisqu’elle est de la politique, ou une de ses branches. Voir Alain Supiot et le gouvernement par les données chiffrées, qui a l’avantage de bien soigneusement faire disparaitre le rôle de la parole : les phrases que l’on fait pour les interpréter ne peuvent pas être une application de la méthode expérimentale.
Cette pratique minable opère une nouvelle diversion de l’attention, dont on peut voir des symptômes un peu partout : les dominants et leur vision du monde commencent à sentir que les gens se méfient de leur modèle : il ne marche pas : il prend l’eau de toutes parts,
et devant la peur, la stratégie de l’agression haineuse est une solution de désespérés.
Cahuc et Zylberberg c’est une « contrepèterie » de Cahuzac et Bilderberg ? 😀
🙂
[C’est le moins qu’on puisse dire]
Joseph Stiglitz : « L’euro n’a pas apporté la prospérité promise »
http://lemonde.fr/economie/article/2016/09/12/joseph-stiglitz-l-euro-n-a-pas-apporte-la-prosperite-promise_4996208_3234.html
Karl Popper, La logique de la découverte scientifique :
« Les théories ne sont donc jamais vérifiables empiriquement (…) Toutefois j’admettrai certainement qu’un système n’est empirique ou scientifique que
s’il est susceptible d’être soumis à des tests expérimentaux. Ces considérations suggèrent que c’est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d’un système qu’il faut prendre comme critère de démarcation. En d’autres termes, je n’exigerai pas d’un système scientifique qu’il puisse être choisi une fois pour toutes, dans une acception positive mais j’exigerai que sa forme logique soit telle qu’il puisse être distingué, au moyen de tests empiriques, dans une acception négative : un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l’expérience »
Pour Karl Popper, une théorie n’est scientifique que si elle prend le risque d’être infirmée par un test expérimental. Par conséquent aucune théorie, même la plus parfaitement établie dans la communauté scientifique, n’est à l’abri d’une éventuelle réfutation ultérieure. Il faut donc considérer « toutes les lois ou théories comme hypothétiques ou conjecturales, c’est-à-dire comme des suppositions. ». Ce qui signifie que les nouvelles théories ne sont que des approximations meilleures que celles qui les ont précédées. Par exemple, la théorie de la relativité d’Einstein contient celle de Newton en tant qu’approximation, cette dernière englobant à son tour celles de Kepler et de Galilée. Rien ne permet de penser que la théorie de la relativité ne sera pas un jour remise en question par une théorie au pouvoir explicatif plus grand, qui l’inclura comme une simple approximation.
Ainsi il demeure impossible d’établir de manière indubitable la vérité d’une théorie scientifique. Nous ne pouvons que nous approcher toujours plus de la vérité.
J’ajouterai…sinon cette théorie c’est une religion, ce que les 2 zigotos ont finalement démontré !
httpv://youtu.be/SDU742gQoZw
Bonjour à Tous,
cet article sur Zemmour d’Olivier Berruyer montre qu’Annie Lacroix-Riz a raison quand elle dit que dans l’entre deux guerres les Oligarques ont choisi intentionnellement la voie du Fascisme et de la guerre car, quand le taux de rendement (leur seul boussole) s’effondre, alors seul le fascisme permet de contraindre le peuple à la soumission et la guerre de rétablir le profit :
Lettre Ouverte aux Dirigeants : Vous nous mettez TOUS en danger avec le scandale Zemmour !
http://www.les-crises.fr/lettre-ouverte-aux-dirigeants-vous-nous-mettez-tous-en-danger-avec-le-scandale-zemmour/
Une enquête d’Alain de Halleux qu’il me tarde de voir :
Dexia : huit ans après, autopsie sans concession d’un naufrage non assumé
En 2006, Pierre Richard et Axel Miller, respectivement président et CEO de Dexia, avaient encore le sourire. Mais deux ans plus tard, la crise financière allait mettre en pleine lumière les failles abyssales de la banque franco-belge. – © MARK RENDERS – BELGA
« Huit ans après l’éclatement de la crise financière qui allait mener nos banques au bord du précipice, a‑t-on tiré tous les enseignements de la chute de Dexia ? C’est la question que pose un documentaire coproduit par la RTBF. Avec un titre qui y répond en partie : « Dexia, la faute à personne ».
La journaliste française Catherine Le Gall et le réalisateur belge Alain de Halleux ont patiemment rassemblé les morceaux du puzzle Dexia avec l’intention de comprendre, mais aussi d’interpeller.
Le documentaire s’adresse directement aux deux principaux protagonistes du désastre, Pierre Richard et Axel Miller : « Qu’avez-vous fait ? » Aucun des deux n’acceptera de répondre devant caméra, seul Axel Miller rencontrera hors champ les réalisateurs. Mais de nombreux seconds couteaux ou experts sont là pour raconter la catastrophe.
« Dexia la faute à personne », le documentaire de Catherine Le Gall et Alain de Halleux sera diffusé mercredi 14 septembre sur La Une à 22h14 et en direct sur Auvio, via le lien ci-dessous :
Le ver dans la corbeille
Dexia est née en 1996 du rapprochement du Crédit Communal avec le Crédit Local de France. Mais à partir de quel moment les difficultés ont-elles commencé ? En réalité, le ver était dans la corbeille de mariage. Deux banques apparemment complémentaires, mais avec des objectifs différents et des cultures d’entreprise incompatibles. Une alliance 50/50 sans leader unique cela ne pouvait fonctionner selon Catherine Le Gall : « Une des questions pour lesquelles la banque a chuté, c’est le problème de la gouvernance. Chacun a voulu garder son pré carré et ils n’ont pas eu l’intelligence de vraiment fusionner et d’avoir une vision commune qui aurait permis à la banque de grandir dans une sorte de collégialité. Cette situation a permis que des risques s’immiscent sans que personne ne s’en rende compte ».
Des risques sans que personne ne s’en rende compte, c’est quand même énorme mais c’est exactement ce qui s’est passé. D’abord, et le documentaire le relève, ni Pierre Richard, ni Axel Miller, CEO à partir de 2003, ne sont banquiers. Puis surtout, ce sera très vite la guerre des tranchées entre la Belgique et la France. Quand la crise financière explose en septembre 2008, Dexia s’effondre aussitôt.
Des garanties iniques
Les deux Etats n’ont alors d’autre choix que de casquer pour sauver la banque. Un sauvetage coûteux : 6,4 milliards d’euros et des garanties d’Etat à hauteur de 150 milliards. La France impose à la Belgique d’assumer 65 % de ces garanties. Catherine Le Gall : « Cette proportion ne correspond à rien ! Elle ne correspond pas à l’actionnariat, ni aux tailles des deux pays, ni aux enjeux économiques respectifs. On peut donc considérer que cette clé de répartition est inique mais le problème des Belges étaient d’être dans une mauvaise posture par rapport à l’Etat français parce qu’en Belgique la banque servait les particuliers. Ils avaient peur du bankrun et donc ils étaient obligés d’accepter les conditions imposées par les Français »
Ces garanties restent une très lourde épée de Damoclès pour les finances publiques et ce pour des décennies. Au total un dossier calamiteux. La journaliste estime qu’on est très loin d’en avoir tiré toutes les leçons : « Ce serait l’heure de pouvoir rendre des comptes. Ce n’est pas fait pourtant c’est l’argent du contribuable qui a été mobilisé. Aujourd’hui encore nous pouvons interroger la responsabilité collective, les dirigeants, les Etats mais également nous interroger nous-mêmes. La faute à personne, est-ce que cela ne veut pas dire la faute à tout le monde finalement ? »
Michel Visart
http://www.rtbf.be/info/economie/detail_dexia-autopsie-sans-concession-d-un-naufrage-non-assume
Source : RTBF.be
« Négationnisme économique » : ce pamphlet est ignoble. C’est un appel direct à l’épuration
par Henri Sterdyniak (Économistes atterrés)
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1558440-negationnisme-economique-ce-pamphlet-est-ignoble-c-est-un-appel-direct-a-l-epuration.html
« Négationnisme économique. Et comment s’en débarrasser ». C’est le titre musclé du livre que viennent de publier les économistes Pierre Cahuc et André Zylberberg. Un brûlot dans lequel ils s’attaquent aux économistes dits « hétérodoxes », et notamment aux Économistes atterrés. Co-animateur de ce collectif, Henri Sterdyniak leur répond.
« Deux économistes, Pierre Cahuc et André Zylberberg, viennent de commettre un pamphlet ignoble, contre tous les économistes critiques, contre ceux qui proposent aux citoyens des pistes de réflexion pour sortir de l’impasse du néo-libéralisme. Pour eux, une pensée unique doit prévaloir en économie, à laquelle tous, économistes et citoyens, doivent se soumettre.
Le titre – « Le négationnisme économique, et comment s’en débarrasser » – est abject, qui oublie que le négationnisme est un délit, la négation du génocide nazi, qui revient à absoudre Faurisson, Dieudonné et autres le Pen en les mettant sur le même pied que ceux qui ont montré que les 35 heures ont créé des emplois. Le sous-titre (« Comment s’en débarrasser ») est un appel direct à l’épuration.
Il ne s’agit donc pas d’engager un débat intellectuel, mais de demander l’élimination de toute pensée critique.
Ces deux pamphlétaires défendent un scientisme borné
Ces deux pamphlétaires ont une conception tout à fait particulière de la science économique. L’économie serait devenue scientifique depuis 30 ans ; enfin, seule l’économie expérimentale basée, comme en médecine, sur des protocoles expérimentaux (comparer la situation de deux groupes, l’un soumis à la réforme que l’on veut tester, l’autre pas).
Certes, parfois, cette méthode peut être pertinente, mais on ne peut oublier ses limites, surtout pour les sciences sociales : elle est descriptive et pas explicative ; rien ne prouve que tous les facteurs ont été pris en compte ; elle oublie les interdépendances entre agents ; elle ne s’applique pas à l’analyse macroéconomique.
Mais cela ne gêne pas Cahuc et Zylberberg. Seule cette méthode serait scientifique à leurs yeux. Elle a réponse à tout et permet de clore tout débat scientifique. Ainsi, au nom de ce scientisme borné, ils épurent la science économique de toute la macroéconomie, de toute réflexion sur l’organisation économique de nos sociétés.
Puisqu’elle n’entre pas dans leur méthode, les deux scientifiques autoproclamés oublient tout examen sérieux de la situation actuelle : la contre-révolution néolibérale et la globalisation financière ont provoqué, dans tous les pays développés, une forte hausse des inégalités, la précarisation d’une partie de la population, une grande instabilité financière, l’accumulation des richesses financières d’un côté, des dettes de l’autre, déséquilibres qui ont explosé avec la crise financière de 2008.
Ils préconisent les remèdes les plus libéraux qui soient
Faut-il refuser d’analyser ces faits ?
Les Économistes atterrés se sont réunis après la crise pour mettre en évidence les déséquilibres induits par la domination de la finance, engendrant des bulles et des krachs, ce que reconnaît l’économie comportementale la plus récente (celle pratiquée par Akerlof et Shiller, deux récents titulaires du prix de sciences économiques « en l’honneur d’Alfred Nobel »), et les politiques d’austérité, dont même le FMI a fini par reconnaître le caractère néfaste après les avoir encensées.
Ont-ils eu à ce point tort qu’il faille les exclure de la science économique ? Cela amène miraculeusement Cahuc et Zylberberg à préconiser les remèdes les plus libéraux qui soient : baisser les coûts des bas salaires, donner toutes les libertés aux chefs d’entreprises. Pourtant, malgré ce qu’ont pu écrire les économistes libéraux, de nombreux pays introduisent maintenant des salaires minima relativement élevés (Allemagne, États-Unis, Royaume-Uni).
Les pays où le niveau de vie des salariés est très bas voient se développer la précarisation d’une partie importante de la population. La France doit-elle se donner comme seule stratégie, celle de développer les emplois précaires sous-payés (le SMIC étant un ennemi de l’emploi selon les auteurs), emplois qui ne correspondent pas à la formation des jeunes ?
Ils n’ont de cesse de refuser de voir l’évidence
En 1997, des économistes de la pensée dominante avaient démontré, de façon « scientifique », que le chômage en France était soit volontaire (causé par le choix des personnes de ne pas travailler en raison du niveau trop élevé du RMI), soit causé par un niveau trop fort du SMIC. Pourtant, de 1998 à 2002, la France a créé 2 millions d’emplois supplémentaires, grâce au passage aux 35 heures (qui grâce aux exonérations de cotisations sociales n’a pas augmenté le coût du travail) et à la relance de la demande.
Depuis cette expérience naturelle, les deux pamphlétaires n’ont de cesse que de refuser de voir l’évidence, de traiter d’obscurantistes tous ceux qui, sur la base d’analyses précises, concluent qu’environ 350.000 emplois ont été créés par le passage aux 35 heures.
Ces deux pseudo-scientifiques refusent de tirer les leçons de l’évolution de l’emploi. Celui-ci dépend essentiellement de la demande de consommation ou d’investissement.
Le chômage a fortement diminué en 1998–2002 puis 2006–2007, a fortement augmenté avec la crise financière puis les politiques d’austérité. Les réformes du marché du travail n’ont guère eu d’influence sur le volume de l’emploi, mais elles ont augmenté la précarité. Il n’a pas eu en 2002 ou en 1997 de choc contre une barrière de taux de chômage structurel, liée à un niveau trop élevé du RSA ou du SMIC.
Le rôle de l’économiste n’est pas de clore le débat
Selon nous, il existe des choix sociaux à faire en matière d’orientation de la production et de la consommation. Ces choix sociaux doivent être démocratiquement débattus. Le rôle de l’économiste n’est pas de clore le débat au nom d’une prétendue science.
Faut-il faire confiance aux dirigeants des entreprises soumis aux exigences des marchés financiers, pour orienter la production de façon satisfaisante, compte tenu des contraintes écologiques ? Faut-il faire confiance, par exemple, aux banques qui ont choisi de développer leurs activités spéculatives ou, pire, le trading à haute fréquence ? À l’industrie automobile, quand elle contourne les tests de pollution ? À l’industrie agro-alimentaire, quand elle développe des produits nocifs pour la santé publique ?
Contrairement à ce que prétend ce pamphlet, les économistes critiques ne préconisent pas, toujours et toujours, la hausse des dépenses publiques. Ils réfléchissent au contraire sur les réformes nécessaires : que faire face à la domination de la finance ? comment assurer un emploi pour tous ? que faire pour la transition écologique ?
Par contre, une politique de soutien de la demande est, lors d’une récession, nécessaire pour compenser la chute des dépenses privées et maintenir l’emploi.
Ils déconsidèrent ceux qui ne partagent pas leur aveuglement
Cahuc et Zylberberg n’hésitent pas à assimiler les économistes critiques à des scientifiques dévoyés soumis à des lobbies. Ils oublient complètement qu’une partie importante des économistes mainstream sont effectivement financés par des industriels ou par la finance.
Ils oublient que certains des travaux appelant à réduire toujours plus les cotisations sur le salaire minimum ont été financés par la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution ou par la Fédération professionnelle des secteurs à forte intensité de main‑d’œuvre opérationnelle. Ils oublient que des économistes sont financés par des assurances pour soutenir la retraite par capitalisation contre la répartition. Ils oublient le développement des chaires universitaires financées par des entreprises, des banques, des assurances.
Cahuc et Zylberberg croient pertinent de dénoncer les quelques interventions des économistes critiques dans les médias. Les grands médias sont aujourd’hui entre les mains de sept groupes financiers ou industriels. Ils font intervenir massivement des économistes non universitaires, qui n’ont jamais rien publié dans des revues scientifiques, à la solde des banques ou des industriels, ou des journalistes travaillant dans des journaux économiques destinés aux milieux d’affaires.
Cela ne gêne pas nos deux inquisiteurs. Non, ils dénoncent des interventions d’économistes universitaires, qu’ils veulent déconsidérer car ils ne partagent pas leur aveuglement scientiste. N’est-il pas triste de voir ainsi deux universitaires combattre le pluralisme des idées, et réclamer l’épuration des médias ? »
Henri Sterdyniak (Économistes atterrés)
« Thorium, la face gâchée du nucléaire »
Le thorium peut-il sauver la planète ?
Sur Arte, vous saurez tout sur le thorium, un métal qui pourrait transformer le nucléaire en industrie propre. Une utopie atomique ?
Arte n’a certes pas la réputation d’être pronucléaire. Pour preuve, cette soirée thématique du [mardi] 20 septembre sur le nucléaire qui présente tour à tour un reportage sur les déchets sous-marins et une adaptation de La Supplication, livre du prix Nobel Svetlana Alexievitch, écrit à partir des récits de victimes de Tchernobyl.
Pourtant, entre ces deux films terrifiants, on découvre un curieux documentaire qui jette un regard moins négatif sur cette industrie de mauvaise réputation. Thorium, la face gâchée du nucléaire nous embarque à la poursuite de ce métal, découvert en Norvège en 1829, qui nous est présenté comme la pierre philosophale de notre temps, changeant le plomb – ou plutôt l’uranium – en or, et le nucléaire en énergie “propre” !
Quatre fois plus abondant que l’uranium, il produirait cent fois moins de déchets. Un kilo de thorium est équivalent à 200 kilos d’uranium et à 3 500 tonnes de charbon. Joli symbole, une sphère de thorium de la taille d’une boule de pétanque suffirait à produire l’énergie d’un individu pour toute une vie. Pourquoi ce filon quasi miraculeux a‑t-il été écarté au profit de l’uranium et de ses centrales polluantes et explosives ?
Un réacteur inutilisable à des fins militaires
Entrecoupée de séquences d’animation, illustrée par un faux film publicitaire futuriste et humoristique, l’enquête nous mène d’Amérique en Chine à la rencontre des apôtres du métal magique, savants, ingénieurs qui poursuivent l’œuvre d’Alvin Weinberg. Ce physicien américain mort en 2006, vétéran du projet Manhattan à l’origine de la bombe atomique, fut l’inventeur de la filière au thorium. Inquiet des risques de l’atome, il conçut un prototype de réacteur utilisant de l’uranium puis des sels fondus de thorium, qui rendraient impossible, nous assure-t-on, tout accident du type Fukushima.
Ce réacteur, en outre, ne produit pas de plutonium, “carburant” de la bombe atomique, il est donc inutilisable à des fins militaires, ce qui explique en partie pourquoi il a été délaissé lors de la guerre froide, et pourquoi Weinberg, devenu pacifiste, a été viré en 1970.
Aujourd’hui, la filière oubliée revit, grâce au travail (au lobbying ?) de ses adeptes, persuadés de l’avenir de ce métal discret. La planète sauvée par l’atome ? De quoi faire éclater quelques Verts de rage.
Thorium, la face gâchée du nucléaire documentaire de Myriam Tonelotto, mardi 20, 20 h 55, Arte
http://www.lesinrocks.com/2016/09/13/medias/thorium-sauver-planete-11863850/
Source : Les Inrocks ; doc signalé par Denis Robert.
Salut Etienne,
Le Thorium ne règle pas la pollution pendant des millénaires par rayonnement donc ce n’est pas une solution.Et en plus il faudrait former et investir énormément d’argent pour le développer.
L’avenir est aux renouvelables qui sont déjà moins chers et surtout sans AUCUN risque pour la biosphère.
Si l’on veut investir des fonds publics ailleurs que dans un fiasco garantie c’est dans le stockage de l’électricité qu’il faut le faire.
Violences policières : ouvrez les yeux !
31 MAI 2016 | PAR FRANÇOIS BONNET ET LA RÉDACTION DE MEDIAPART
Des dizaines de manifestants ont été blessés lors des manifestations contre la loi sur le travail. Le gouvernement a mis en place une stratégie de la tension, suite logique d’années de dérive. Il est temps qu’une commission d’enquête se saisisse de cette gestion incendiaire.
Un jeune homme de 28 ans est depuis le 26 mai maintenu dans un coma artificiel, œdème cérébral et boîte crânienne enfoncée, victime du tir d’une grenade dite de « décencerclement » (notre article ici). Un mois plus tôt, le 28 avril, un étudiant de 20 ans à l’université de Rennes perdait un œil à la suite d’un tir de lanceur de balles (LBD40), une arme plus puissante que les Flash-Ball. Depuis deux mois et demi, début des manifestations contre la loi sur la réforme du code du travail, plusieurs dizaines de manifestants ont été gravement blessés.
Un bilan exact est impossible à établir. Mais la multiplicité des témoignages que nous avons reçus, des photos et des vidéos documentées circulant sur les réseaux sociaux permettent bien d’évaluer à plusieurs dizaines le nombre de personnes victimes de blessures sérieuses. Un seul exemple : 49 personnes ont été blessées dont 10 gravement, le 28 avril à Rennes, selon une équipe de soignants déployée sur le cortège ce jour-là. Hématomes, nez cassés, fractures, mâchoires décrochées, traumatismes crâniens, suffocations, plaies ouvertes, évanouissements… Les opposants à la loi sur le travail le savent désormais : il est devenu risqué de manifester, dangereux de rester dans les cortèges jusqu’à leur dissolution, imprudent de « partir en manif’ » sans un minimum d’équipement de protection.
Avec ces jeunes gens qui resteront traumatisés à vie, ces dizaines voire centaines de personnes blessées ou simplement violentées, ces milliers de manifestants défilant la peur au ventre – peur de tomber soudainement sous une charge de CRS –, ce basculement organisé dans la violence et la criminalisation d’un mouvement social devrait provoquer un vaste débat public. Il devrait susciter les interpellations sans relâche des membres du gouvernement. Il devrait provoquer – au nom du respect de nos libertés fondamentales – une mobilisation des députés et sénateurs. Il devrait conduire à l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur les stratégies de maintien de l’ordre, les fonctionnements des chaînes de commandement, les détails des instructions données.
C’est tout l’inverse qui se produit. Les signaux d’alerte se multiplient. Rien ne se passe, sauf une légitimation aveugle faite par ce pouvoir de la violence policière. Des accidents graves se produisent. Rien n’est dit, sauf un soutien inconditionnel aux actions des forces de l’ordre. Rien n’est répondu aux alertes qui proviennent de l’institution policière elle-même, de la part de syndicalistes qui s’inquiètent de l’extrême dégradation de la situation.
Que disent-ils, ces syndicalistes ? Que le gouvernement n’a rien appris de la mort de Rémi Fraisse, ce jeune manifestant pacifique tué par une grenade offensive le 25 octobre 2014 à Sivens. Depuis, la doctrine de maintien de l’ordre n’a pas changé, estime Alexandre Langlois, secrétaire général de la CGT-Police : « Ce qui a changé, c’est la gestion de la crise sociale par la répression. On favorise l’escalade de la violence. Tout est mis en place pour que cela se passe mal ! » Sur le terrain, ajoute-t-il, ses délégués chez les CRS lui font remonter qu’on les utilise « de manière très offensive. Il ne s’agit pas de contenir mais d’aller à l’affrontement ».
Philippe Capon, du syndicat Unsa-Police, lui-même ancien CRS, insiste sur « des groupuscules extrémistes très organisés, très mobiles, qui nous obligent à nous réorganiser, à aller au contact ». Mais il veut aussi mettre en avant l’argument du manque d’expérience des forces déployées : « La situation est terriblement tendue et avec l’état d’urgence, nous sommes débordés. On demande à des collègues de faire du maintien de l’ordre alors que ce n’est pas leur métier. Certains arrivent dans leur commissariat le matin et on leur dit : ‘’Tu mets un casque, tu prends une matraque et tu vas couvrir la manif !’’ Mais le maintien de l’ordre, ça s’apprend. C’est un métier à part. »
Niant ces préoccupations, le gouvernement s’en tient pour sa part à une version et une seule qui lui permet de justifier cette escalade de la violence : les « casseurs ». « Casseur », le mot est banalement utilisé par tous les pouvoirs depuis cinquante ans pour justifier ses propres turpitudes. Aussi Bernard Cazeneuve comme Manuel Valls assurent-ils avoir identifié une nouvelle génération de « casseurs ».
Ceux-là seraient « radicalisés », adeptes de l’« ultra-violence », « qui veulent tuer un policier », qui se battent « contre l’État et les valeurs de la République ». Une frange extrémiste d’un mouvement social qui, par ailleurs, « prend en otage » le pays par ses grèves et blocages… Dans une France vivant sous le régime d’exception de l’état d’urgence, déjà prolongé à deux reprises, ce vocabulaire ne peut être neutre : il ne manque que « terroriste » voire « djihadiste du social » pour compléter la panoplie sémantique d’un gouvernement jusqu’au-boutiste. Le pas vient d’ailleurs d’être franchi par le patron du Medef, Pierre Gattaz, qui appelle, dans Le Monde, à mater ces « minorités qui se comportent un peu comme des voyous, comme des terroristes ».
Médias à la mémoire courte
Le pouvoir peut d’autant plus aisément dérouler cet ahurissant mode de récit que les médias audiovisuels, télés d’info en continu en première ligne, n’aiment rien plus que les « casseurs » et ces images d’affrontements et de déprédations. L’« affaire » de la voiture de police incendiée a ainsi constitué un sommet dans la mise en spectacle de ces affrontements. Comme la chemise déchirée du cadre d’Air France, ces images ont provoqué un effet de souffle annihilant toute réflexion, ouvrant la voie aux déclarations martiales de Manuel Valls qui furent par la suite démenties par les faits. Trois des cinq personnes interpellées et placées en détention provisoire furent rapidement remises en liberté, les charges étant beaucoup moins lourdes qu’annoncé.
Médias à la mémoire courte. Ils n’auront pas relevé que pour la première fois depuis des décennies, les pillages de magasins sont rarissimes, tout comme les violences collatérales (voitures brûlées, déprédations diverses) qui ont de tout temps accompagné les grandes manifestations. Ils ont oublié que c’est à l’occasion d’une manifestation de marins pêcheurs que le Parlement de Bretagne a brûlé à Rennes en 1994. Que les autonomes ont, tout au long des années 1980, dévasté les à‑côtés des manifestations. Que ce sont des sidérurgistes qui, en 1979, avaient soumis le quartier de l’Opéra à un pillage en règle après avoir laminé les forces de l’ordre sous des pluies de boulons et de barres de fer et érigé des barricades sur les grands boulevards…
Il demeure cette réalité : quelques centaines, parfois milliers, de personnes sont toutes contentes de hurler « Tout le monde déteste la police » (mais en 1968, c’était « CRS-SS ! ») et prêtes à déclencher ou à assumer des affrontements avec les forces de l’ordre. Face à cela, tout pouvoir responsable n’a qu’un seul devoir : faire baisser la pression, organiser l’évitement, prendre bien en amont des mesures préventives, négocier avec les services d’ordre des organisations, maîtriser strictement l’usage des armes et des gaz par les forces de l’ordre, éviter les provocations.
C’est tout le contraire que Bernard Cazeneuve et Manuel Valls ont décidé de faire, assumant voire organisant une radicalisation dangereuse des manifestations. Ils l’ont assumé en écartant systématiquement toute interrogation pour mieux délivrer un feu vert inconditionnel aux forces de l’ordre. Manuel Valls a ainsi pu oser déclarer le 19 mai sur RTL : « Il n’y a aucune consigne de retenue, aucune consigne de ne pas interpeller, aucune consigne de ne pas aller jusqu’au bout pour ne pas appréhender les casseurs. »
« Aucune consigne de retenue » : le premier ministre (qui fut pourtant ministre de l’intérieur) a‑t-il seulement conscience de l’irresponsabilité d’un tel propos quand sa fonction devrait justement l’obliger à dire l’inverse, c’est-à-dire à rappeler aux forces de l’ordre le devoir qu’elles ont de répondre de manière maîtrisée et proportionnée ? Au plus fort des affrontements de Mai 68, le préfet de police de Paris, Maurice Grimaud, écrivait une lettre à tous les policiers : « Je m’adresse aujourd’hui à toute la Maison (…) et je veux parler d’un sujet que nous n’avons pas le droit de passer sous silence : c’est celui des excès dans l’emploi de la force. » « Frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière. Il est encore plus grave de frapper des manifestants après arrestation et lorsqu’ils sont conduits dans des locaux de police pour y être interrogés », écrivait-il (l’intégralité de la lettre est à lire ici).
Rémi Fraisse, tué en octobre 2014 par une grenade offensive. © Reuters
« Aucune consigne de retenue » : voilà dans quels termes Manuel Valls fait écho au préfet Grimaud. Cette posture autoritaire, déjà présente dès le début du quinquennat quand Manuel Valls déclarait prioritaire la lutte contre « l’ennemi de l’intérieur » (lire ici), est la même que lors des événements de Sivens. Les semaines précédant la mort de Rémi Fraisse, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a laissé des milices locales et des gendarmes mobiles s’en prendre violemment aux militants écologistes et zadistes opposés au projet de barrage. Le 7 octobre 2014, trois semaines avant la mort de Rémi Fraisse, une jeune femme de 25 ans a été grièvement blessée à la main par une grenade de désencerclement tirée dans sa caravane par un gendarme. La scène a été filmée. L’enquête judiciaire est toujours enlisée. […]
Lire la suite :
https://www.mediapart.fr/journal/france/310516/violences-policieres-ouvrez-les-yeux?onglet=full
Pendant que les personnes physiques et les PME crèvent la bouche ouverte (voir la Grèce et les pays du sud), les multinationales se goinfrent avec les cadeaux des parlementaires — « élus » qu’elles ont fait élire (par leurs médias aux ordres) précisément pour créer cette merveille de BCE « apolitique », si généreuse aujourd’hui avec ses supporters.
L’invention du TAUX D’INTÉRÊT NÉGATIF est littéralement scandaleuse, surtout quand il sert à gaver les frelons oisifs que sont les actionnaires. Voici le message de la Banque centrale européenne aux personnes morales qui se présentent à ses guichets pour avoir du pognon : « si tu m’empruntes,en ce moment c’est mieux que gratuit, mon frère, c’est MOI (BCE) qui te verserai des intérêts !! (avec le pognon de ces cons de contribuables, tiens, reprends donc une coupe de campagne, ah quels cons vraiment »).
Les entreprises se bousculent pour emprunter à taux zéro (ou négatif)
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/les-entreprises-se-bousculent-pour-emprunter-a-taux-zero-ou-negatif-599833.html
Source : La Tribune
Le plus grand vol de tous les temps a lieu sous vos yeux incrédules et hallucinés
http://www.insolentiae.com/le-plus-grand-vol-de-tous-les-temps-a-lieu-sous-vos-yeux-incredules-et-hallucines/
Salut les AMG.
Comment Youtube m’a menacée pour plaire au président Juncker
httpv://www.youtube.com/watch?v=7y-xS_EB3QI
Gogogle est ton ami, Youteub aussi !
Sur un site récent, Algarath.com, vient de sortir un texte de Valérie Bugault sur la manière dont les zélites nous enfument. Brillant, clair, net et précis, j’ai tout compris après l’avoir lu. C’est un pdf sous le titre « Valérie Bugault et Maurice Allais ». Si cela vous tente…
Le CETA contre l’intérêt général
À la veille de la rencontre des ministres européens du commerce à Bratislava, où ils décideront du processus d’approbation du CETA par l’UE, Attac France, l’AITEC et Corporate Europe Observatory (CEO) publient, avec une vingtaine d’autres organisations de la société civile en Europe, le rapport « CETA : Marchander la démocratie ». Il démontre que le chapitre 8 du CETA, consacré à la libéralisation et à la protection de l’investissement, demeure une menace substantielle pour nos démocraties.
L’Accord économique et commercial global (dit CETA du fait de son acronyme anglais – Comprehensive Economic Trade Agreement) pourrait exposer les États membres de l’UE à des plaintes coûteuses de la part d’investisseurs nord-américains contestant des mesures d’intérêt général.
Une fois approuvé et ratifié, le CETA autoriserait les investisseurs canadiens, et leurs homologues américains disposant de filiales au Canada, à poursuivre les États membres de l’UE et l’UE elle-même pour toute législation affectant négativement leurs bénéfices. Le CETA ne comprend en revanche aucune obligation pour ces investisseurs.
Les accords de libre-échange existants tels que l’ALENA (Accord de libre-échange nord-américain) montrent que la majorité de telles poursuites incrimine des lois et réglementations protégeant la santé publique, l’environnement et le droit du travail, et permet aux intérêts lucratifs particuliers de supplanter l’intérêt général. Comme le souligne le rapport, le chapitre investissement du CETA conduirait à l’explosion des plaintes d’investisseurs contre des États. Ces plaintes sont tranchées dans des cours d’arbitrage sises hors des juridictions nationales ou européennes. Ce système de justice parallèle rend les procédures extrêmement coûteuses, opaques et partiales ; il alourdit par ailleurs les dépenses publiques et met la décision démocratique en péril.
Lora Verheecke, chercheuse et chargée de campagne chez CEO, observatoire des lobbies à Bruxelles, coordinatrice du rapport, souligne : « Ce nouveau rapport passe en revue les promesses de la Commission européenne censées rassurer les citoyens sur l’innocuité du chapitre investissement du CETA. Mais en dépit des changements apportés aux dispositions du précédent chapitre, le CETA ne démontre toujours pas qu’il protégera les États membres et l’UE d’une pluie de plaintes de la part d’investisseurs estimant leurs espoirs de profits frustrés ».
Amélie Canonne, présidente de l’AITEC, complète : « Le système juridictionnel sur l’investissement ne présente aucune évolution significative qui permettra aux États de retrouver leurs capacités à légiférer et réglementer sans crainte d’être poursuivis. Les plaintes liées aux secteurs pétrole-gaz/mines/électricité sont de plus en plus nombreuses, et représentent déjà un tiers du total des poursuites. Cela signifie que les entreprises canadiennes qui sont leaders de l’extraction énergétique et minière dans le monde ne se priveront pas d’attaquer des politiques conçues pour lutter contre le changement climatique. »
Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac France, conclut : « Au nom de la protection de leurs investissements, les multinationales américaines et européennes pourront bien davantage imposer leurs desideratas aux citoyens : moins de normes environnementales, sanitaires et sociales pour plus de profits financiers. Cet énorme risque, qui a été mis en évidence dans le TAFTA, est bien présent dans le CETA. Voilà pourquoi, tout comme le TAFTA, il faut repousser le CETA. »
En dépit des mobilisations massives de l’opinion publique contre le traité, et notamment son chapitre investissement, les gouvernements de l’Union européenne et du Canada prévoient la signature de l’accord avant la fin de cette année. Des marches et des actions exigeant de renoncer au CETA sont organisées dans toute l’Europe dans le cadre de l’Automne d’action. En France et notamment à Paris, une initiative portée le Collectif Stop TAFTA/CETA aura lieu le samedi 15 octobre.
Lire le rapport complet
https://france.attac.org/actus-et-medias/salle-de-presse/article/le-ceta-contre-l-interet-general