On a peine à croire que nos propres « représentants » nous conduisent ainsi de force, comme « en nous tirant par les cheveux » dans la guerre que nous refusons tous évidemment.
L’intérêt et l’importance de l’article ci-dessous vont crescendo jusqu’à la fin. A mon avis, il faut connaître ces faits et les faire connaître ; il faut faire passer. On aimerait que de vrais journalistes comme Maxime Chaix (http://maximechaix.info) travaillent dans les médias grand public. Mais il n’en est rien, ou presque. Au lieu de ça, on dirait que les prétendus « journalistes » sont presque tous devenus des agents de l’étranger…
Avant de vous laisser lire cette enquête-synthèse édifiante (et très documentée, comme tous les travaux de Maxime Chaix), je voudrais insister sur ce qui me semble essentiel, du côté des causes premières de tous ces drames insensés :
Si les « élus » peuvent ainsi violenter impunément l’intérêt général (la paix et la justice), c’est parce que nous n’avons pas de constitution digne de ce nom ; et la totale impuissance politique populaire — qui résulte directement de cette absence de constitution — est principalement de notre faute, car nous sommes les seuls capables d’écrire une constitution digne de ce nom, nous-mêmes, en personne, sans représentants.
Or, pour le moment, massivement, nous nous foutons de la constitution…
Donc, si on réfléchit au fond des choses, l’impuissance politique populaire n’est pas (du tout) une fatalité, mais, tant que nous restons aussi inertes que nous le sommes actuellement sur le plan constituant, la-guerre-qui-vient-contre-quoi-on-ne-peut-rien c’est bien fait pour nous.
Bonne lecture (et bons ateliers constituants) 🙂
Etienne.
Fil Facebook correspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10154457697582317 vient de publier une enquête particulièrement instructive sur la rencontre qui a conduit à la séparation entre le Front al-Nosra – la branche syrienne d’al-Qaïda dirigée par Abou Mohammed al-Joulani –, et le réseau qui était alors connu sous le nom d’État Islamique en Irak (EII). Dans cet article, Foreign Policy nous détaille cette rencontre cruciale entre d’importants commandants jihadistes, dont Abou Bakr al-Baghdadi, qui était alors le leader de l’EII, et Abou Omar al-Shishani, le chef militaire de Daech qui a été tué par une frappe de l’U.S. Air Force en juillet 2016. Initialement, al-Shishani avait été formé par des instructeurs du Pentagonelorsqu’il combattait au sein des Forces spéciales géorgiennes en 2006, n’étant pas encore radicalisé. Décrit comme un « élève star » à cette époque, il avait combattu l’armée russe en 2008 lors du conflit en Ossétie du Sud. En 2013, avec les miliciens du mouvement jihadiste qu’il avait fondé, le Jaish al-Muhajireen wal-Ansar, il a joué un rôle déterminant dans la prise de la base aérienne de Menagh, au nord d’Alep – une « victoire hautement stratégique (…) ayant permis d’ouvrir un corridor pour l’opposition dans le Nord de la Syrie ». Il recevait alors ses ordres du colonel Okaidi, un commandant de l’Armée Syrienne Libre (ASL) soutenu par les États-Unis et la Grande-Bretagne qui, de son propre aveu, entretenait des relations « fraternelles » avec les extrémistes du Front al-Nosra et de l’État Islamique en Irak et au Levant (EIIL). Cette même année 2013, Abou Omar al-Shishani prêta allégeance à l’EIIL, s’imposant rapidement comme le « ministre de la guerre » de Daech. Comme nous le verrons, al-Shishani est loin d’être le seul combattant de cette organisation à avoir bénéficié d’un soutien occidental direct, du moins jusqu’en 2013.
Organisée en avril de cette même année, cette rencontre entre chefs jihadistes a lancé le processus de création de l’« État Islamique », qui fut décrété au mois de juin 2014 par son leader, Abou Bakr al-Baghdadi. Au plan symbolique, elle a conduit au changement de nom de l’EII, qui s’est alors rebaptisé l’EIIL (État Islamique en Irak et au Levant). Interrogé par Foreign Policy, un participant à cette rencontre – surnommé « Abou Ahmad » pour des raisons de sécurité –, décrit le fonctionnement interne de ces milices terroristes. Essentiellement, cet article nous indique que cette rencontre a abouti non pas à une scission entre ces deux organisations, mais à une véritable absorption des combattants, des cadres et des moyens militaires et logistiques du Front al-Nosra par l’EIIL d’al-Baghdadi au printemps 2013. Nous analyserons donc dans quelle mesure les opérations clandestines de la CIA et de ses alliés, dont les services français, ont alimenté dès 2012la montée en puissance de l’EII au sein d’al-Nosra, donc de ce qui allait devenir l’EIIL en avril 2013, puis l’« État Islamique » en juin 2014.
Printemps 2013 : l’EII absorbe la majorité des moyens humains et militaires d’al-Nosra
Pour le lecteur averti, l’information la plus importante de cet article de Foreign Policy se trouve dans sa conclusion. En effet, lors de la séparation d’avril 2013 entre l’EII et le Front al-Nosra, une « large majorité de commandants et de combattants d’al-Nosra en Syrie ne suivirent pas » leur leader Mohammed al-Joulani – le fondateur d’al-Nosra issu de l’EII, qui durant l’été 2011 avait été envoyé en Syrie par Abou Bakr al-Baghdadi pour y mener le jihad. Au contraire, ces combattants prêtèrent massivement allégeance à al-Baghdadi, se séparant du Front al-Nosra et constituant ce qui allait officiellement devenir l’« État Islamique » en juin 2014. Selon Foreign Policy, « le changement de l’EII vers l’EIIL signifiait que tous les groupes ou factions qui avaient rejoint l’EIIL perdraient leur nom. Pour le Front al-Nosra et son leader, Abou Mohammed al-Joulani, ce développement était un potentiel désastre ; il pouvait signifier la fin de leur influence dans le champ de bataille jihadiste le plus important au monde. Al-Joulani ordonna donc aux combattants d’al-Nosra de ne pas rejoindre l’EIIL, et d’attendre que [le numéro un d’al-Qaïda Ayman] al-Zawahiri se prononce sur qui devait diriger le jihad sur le théâtre de guerre syrien. Une large majorité de commandants et de combattants d’al-Nosra en Syrie ne suivirent pas [al-Joulani].Lorsqu’Abou Ahmad visita Alep quelques semaines plus tard seulement, environ 90 % des combattants d’al-Nosra dans cette ville avaient déjà rejoint l’EIIL. Les nouveaux soldats de Baghdadi ordonnèrent aux quelques derniers loyalistes d’al-Nosra de quitter l’hôpital d’al-Oyoun, qui avait été jusqu’à présent la principale base d’al-Nosra dans cette ville. “Vous devez partir ; nous constituons al-dawla [l’État] et nous regroupons la vaste majorité des combattants” dirent-ils aux hommes d’al-Nosra, selon Abou Ahmad. “Donc ces quartiers généraux nous appartiennent.”Partout dans le Nord de la Syrie, l’EIIL s’empara des QG d’al-Nosra, des caches de munitions et des dépôts d’armes. Étonnamment, la branche d’al-Qaïda en Syrie devait soudain combattre pour sa survie. Une nouvelle époque démarrait – celle de l’État Islamique. »
Interrogé sur ces informations de Foreign Policy, l’expert de la Syrie Fabrice Balanche confirme leur exactitude, tout en précisant que « ces faits étaient connus à l’époque, mais plutôt du côté des spécialistes ». Selon lui, « entre avril 2013 et janvier 2014, la majorité du Front al-Nosra s’est rangée du côté de l’EIIL. Al-Joulani s’est donc retrouvé en minorité. Le rapport devait être d’un quart de combattants restant loyaux à al-Nosra, contre trois quarts se ralliant à l’EIIL. La majorité des combattants du groupe jihadiste étaient des étrangers, dont beaucoup d’Irakiens. Ils ont donc préféré al-Baghdadi. » D’après ce chercheur, qui travaille actuellement au Washington Institute, « al-Nosra en Syrie regroupait environ 20 000 combattants avant la scission d’avril 2013. Par conséquent, près de 15 000 auraient rejoint l’EIIL et 5 000 seraient restés combattre sous la bannière d’al-Nosra – même si ces chiffres sont approximatifs. Par la suite, al-Nosra s’est renforcé en s’alliant avec d’autres groupes syriens contre l’EIIL. Dans cette histoire complexe, il faut retenir que la guerre entre al-Nosra et l’EIIL fut particulièrement sanglante durant l’hiver 2013–2014. Elle a laissé des traces, ce qui empêche les deux groupes de joindre leurs efforts. » Également interrogé sur cette scission, le député socialiste Gérard Bapt précise que « l’EIIL a ensuite été soutenu par les services spéciaux du prince Bandar pour contrer l’influence des Frères Musulmans qui s’exprimait à travers le Front al-Nosra, une milice appuyée principalement par le Qatar et la Turquie. Les Saoudiens n’imaginaient probablement pas les conséquences d’un tel soutien, avec la proclamation désastreuse de l’État Islamique entre l’Irak et la Syrie en juin 2014. »
Les services secrets saoudiens et la CIA : du jihad afghan au takfir syrien
Rappelons alors qu’en juillet 2012, le prince Bandar était nommé à la tête des services spéciaux saoudiens, ce qui avait été analysé par la plupart des experts comme un signe de durcissement de la politique syrienne de l’Arabie saoudite. Surnommé « Bandar Bush » du fait de sa proximité avec la dynastie présidentielle du même nom, il était ambassadeur à Washington à l’époque des attaques du 11-Septembre. Depuis plusieurs années, cet homme intimement lié à la CIA est accusé par l’ancien sénateur de Floride d’avoir indirectement soutenu certains des pirates de l’air désignés coupables de ces attentats. Après qu’il fut écarté de son poste de chef des services spéciaux en avril 2014, le Guardian souligna que « Bandar avait dirigé les efforts saoudiens visant à mieux coordonner les livraisons d’armes aux rebelles combattant el-Assad en Syrie. Néanmoins,il a été critiqué pour avoir soutenu des groupes islamistes extrémistes, risquant ainsi le même “retour de bâton” que celui des combattants saoudiens d’Oussama ben Laden rentrant au pays après le jihad contre les Soviétiques en Afghanistan dans les années 1980 – une guerre sainte qui avait été autorisée officiellement. » Or, comme à l’époque du jihad afghan, la CIA et les services secrets saoudiens ont étroitement collaboré en Syrie, la grande proximité du prince Bandar avec l’Agence facilitant cette politique clandestine.
En réalité, les relations entre la CIA et les services saoudiens sont littéralement fusionnelles. Début 2016, le New York Times révéla que l’Arabie saoudite avait été « de loin » le principal financeur de la guerre secrète anti-Assad de la CIA, baptisée « opération Timber Sycamore ». Afin de renverser le gouvernement syrien, l’Agence a mobilisé « environ un milliard de dollars » chaque année depuis 2013, dans le cadre de ce que le Washington Post a décrit comme un « plus vaste effort de plusieurs milliards de dollars impliquant l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie », c’est-à-dire les trois États notoirement connus pour soutenir les factions extrémistes en Syrie. En d’autres termes, la CIA a facilité et coordonné dès janvier 2012 les opérations syriennes des services secrets de ces pays, essentiellement financées par les pétrodollars saoudiens. Comme des experts et desjournalistes américains l’on expliqué à l’automne 2015, cette guerre secrète aurait pu aboutir au renversement de Bachar el-Assad, essentiellement du fait des pertes infligées à l’armée syrienne par les missiles TOW made in USA. En 2013, sous couvert d’équiper sa garde nationale et son armée de terre, l’Arabie saoudite avait acheté plus de 15 000 missiles TOW à la multinationale américaine Raytheon – soit un investissement de 1,1 milliard de dollars. En réalité, plusieurs milliers de missiles ont été distribués aux rebelles anti-Assad par différents services depuis les « MOC » (Military Operations Centers), des bases secrètes supervisées par la CIA en Turquie et en Jordanie.
Toujours selon le New York Times, « les efforts saoudiens [en Syrie] furent dirigés par le flamboyant prince Bandar ben Sultan, (…) qui demanda aux espions du royaume d’acheter des milliers [de mitrailleuses] AK-47 et des millions de munitions en Europe de l’Est pour les rebelles. La CIA a facilité certains [sic] de ces achats d’armements pour les Saoudiens, dont un vaste deal avec la Croatie en 2012. Durant l’été de cette même année, ces opérations semblaient être hors de contrôle à la frontière entre la Turquie et la Syrie, les nations du Golfe transmettant de l’argent et des armes à des factions rebelles – y compris à des groupes dont les hauts responsables américains craignaient qu’ils soient liés à des organisations extrémistes comme al-Qaïda. » En réalité, malgré ces craintes, la CIA coordonnait clandestinement depuis le mois de janvier 2012 au moins deux réseaux d’approvisionnement en armes financés par les pétromonarchies du Golfe et la Turquie : une série de livraisons aériennes depuis les Balkans, qui a récemment fait l’objet d’uneenquête approfondie du BIRN et de l’OCCRP confirmant le rôle central de la CIA dans ce trafic d’armes illégal ; et une autre voie d’approvisionnement maritime depuis la Libye, selon lesrévélations jamais démenties du journaliste d’investigation Seymour Hersh. Concernant le trafic en provenance des Balkans, seuls cinq médias francophones ayant rapporté cette enquête sont recensés par Google Actualités. Et parmi eux, seuls Mediapart.fr et Bruxelles2.eu ont souligné la coresponsabilité des États-Unis dans ces opérations, contrairement à Liberation.fr, DirectMatin.fr, et LOpinion.fr – qui se sont contentés d’articles laconiques pour traiter ce sujet.
En juillet 2013, d’après le parlementaire britannique Lord Ashdown, ces opérations clandestines de la CIA et de ses partenaires avaient armé « presque exclusivement » les jihadistes du Front al-Nosra, qui incluait jusqu’au printemps 2013 l’EII d’al-Baghdadi. Bon connaisseur des Balkans, cetancien Haut Représentant des Nations-Unies en Bosnie-Herzégovine confirmait ainsi lesrévélations du New York Times, qui nous avait informés en mars 2013 que les services spéciaux turcs, qataris, jordaniens, émiratis et saoudiens avaient introduit au moins 3 500 tonnes d’armements en Syrie depuis janvier 2012 avec l’aide discrète de la CIA – ce qui a considérablement renforcé la coalition Front al-Nosra/EII avant la séparation d’avril 2013. Et comme nous l’avons démontré, la majorité des combattants d’al-Nosra ont alors été absorbés par l’EII, qui s’est rebaptisé EIIL et qui s’est accaparé les principales ressources humaines, logistiques et militaires d’al-Nosra. Il est donc indéniable que ces politiques clandestines ont grandement encouragé le développement de ce qui allait devenir Daech en juin 2014, du moins sur le théâtre de guerre syrien. En Occident, le fait que si peu d’observateurs l’aient souligné semble être symptomatique d’une réticence collective à accepter que les réseaux d’al-Qaïda en Syrie furent massivement armés et soutenus par nos propres services spéciaux, et ce dans le but de renverser Bachar el-Assad. L’irrésistible montée en puissance de Daech est donc bel et bien une conséquence directe de cette stratégie, comme l’avait prédit le Renseignement militaire du Pentagone dès 2012.
La coresponsabilité des alliés occidentaux et israéliens de la CIA dans le chaos islamiste en Syrie
Bien qu’ils aient joué un rôle majeur dans ce désastre, la CIA et ses alliés turcs et pétromonarchiques n’en sont pas les seuls fautifs. Selon les magistrats de la Haute Cour criminelle britannique, les services spéciaux de Sa Majesté ont soutenu la coalition Front al-Nosra/EII, potentiellement pour le compte de la CIA afin que cette dernière puisse échapper à la supervision du Congrès. Depuis 2014, il est de notoriété publique qu’Israël soigne des combattants d’al-Nosraet, comme le grand reporter Robert Parry l’a souligné, Tsahal « a également mené des frappes aériennes en Syrie qui ont soutenu les avancées d’al-Nosra, ce qui a notamment impliqué l’élimination de conseillers du Hezbollah et de l’Iran qui aidaient le gouvernement syrien ». En décembre 2012, le ministre des Affaires étrangères français Laurent Fabius avait repris à son compte les arguments des alliés pétromonarchiques de la France, qui pensaient que le Front al-Nosra faisait du « bon boulot sur le terrain » alors que le Département d’État plaçait cette milice sur la liste onusienne des organisations terroristes – en contradiction avec la politique clandestinede la CIA et de ses partenaires. Cette déclaration stupéfiante, qui fut relayée par le journal Le Monde, n’avait pas été reprise dans la presse. Elle avait été prononcée par Laurent Fabius alors que l’EII faisait partie intégrante de ce réseau terroriste ce qui, manifestement, n’a été relevé par aucun observateur.
En mars 2016, le magazine Marianne a révélé que la direction de la prospective du Quai d’Orsay avait, dès octobre 2012, alerté le ministre des Affaires étrangères et l’Élysée sur le fait que l’Arabie saoudite et le Qatar finançaient les groupes jihadistes en Syrie. Dans une note qui fut ignorée par leur hiérarchie, ces experts soulignaient que le « piège [venait] du Golfe », et que « nous [risquions] d’y tomber ». Finalement, à partir de 2014, plusieurs députés de l’opposition ont affirmé que la France avait soutenu le Front al-Nosra. Interrogé sur cette question, le député Gérard Bapt confirme un « soutien clandestin de l’État français en faveur des différentes mouvances islamistes en Syrie, au regard de la porosité et de la proximité entre ces groupes alliés sur le terrain. Or, l’aide française aux rebelles en Syrie, et plus généralement le soutien occidental en leur faveur, se sont poursuivis y compris après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Casher, pourtant revendiqués par al-Qaïda. »
Nous pouvons conclure de ces différentes révélations que les services secrets occidentaux et leurs partenaires régionaux ont, au moins jusqu’en 2013, massivement armé et soutenu la milicetakfiriste qui allait devenir Daech l’année suivante, puisque l’EII et al-Nosra constituaient une seule et unique entité avant leur séparation d’avril 2013. Par conséquent, le Pentagone et ses alliés, qui incluent les forces aériennes françaises, sont en train de bombarder une organisation terroriste dont la CIA et ses partenaires ont grandement favorisé la montée en puissance en Syrie à partir de janvier 2012. Hélas, cette schizophrénie stratégique subsiste : depuis deux ans, nos armées sont engagées dans des opérations contre Daech à l’efficacité d’ailleurs contestable, alors que la CIA et ses alliés continuent de soutenir al-Qaïda pour renverser le gouvernement el-Assad. Or, selon un prestigieux think tank britannique cité par le Guardian en décembre dernier, « plus de la moitié des combattants rebelles en Syrie qui sont opposés au Président Bachar el-Assad sont favorables aux vues de l’État Islamique ». Dans ce même article, il est précisé que « si Daech est vaincu [en Irak et en Syrie], au moins 65 000 combattants appartenant à d’autres groupes salafistes-jihadistes sont prêts à prendre sa place ».
Ainsi, comme l’avait préconisé Michel Colomès en octobre 2015, il serait peut-être temps d’arrêter de « jouer les “bons” contre les “méchants” islamistes », une politique qui revient selon lui à « payer la corde qui nous pendra ». Et comme l’avait dénoncé la représentante au Congrès Tulsi Gabbard le 19 novembre 2015 – soit moins d’une semaine après les attentats de Paris –, « renverser le gouvernement syrien d’el-Assad est le but de Daech, d’al-Qaïda et d’autres groupes islamistes extrémistes. Nous ne devrions pas nous allier avec ces fanatiques en les aidant à remplir leur objectif, car cela est contraire aux intérêts sécuritaires des États-Unis et de la civilisation. » Quinze ans après le 11-Septembre, et dans un contexte de multiplication des attentats en Occident, ces arguments ne peuvent que remettre en cause l’impunité que la raison d’État légitime, et qui encourage des politiques échappant totalement aux contre-pouvoirs démocratiques.
Maxime Chaix.
Source : http://maximechaix.info/?p=3583
Merci d’avoir partagé mon article ! http://maximechaix.info
Rosanvallon, « le bon gouvernement »
:
httpv://youtu.be/cSeG6bsZ5bQ
Parle du potentiel d’Internet et du père Chouard vers la minute 55′ 🙂
Quand Rosanvallon déclare à 25 mn 24 s que : « l’érosion de souveraineté qui est liée à des éléments de construction européenne, c’est une érosion de souveraineté qui est désirée … »
Il parle pour les anti-démocrates européistes, il faudrait vérifier par un référendum si cette érosion de souveraineté est désirée par les français, les italiens, les allemands. Pour les britanniques, nous avons déjà la réponse.
« … qui est désirée, parce que l’on pense faire gérer au niveau européen un certain nombre de questions est nécessaire pour le bien commun des citoyens. »
Il n’y a pas de peuple UE, sans peuple unifié, pas de débats à l’échelle UE, pas de pouvoir du peuple, sans pouvoir du peuple, pas de démocratie et de bien commun.
« Donc l’abandon de souveraineté dans le domaine européen, on peut considérer que c’est un abandon favorable aux citoyens, et c’est pour cela, à ce niveau-là, il y a un abandon de souveraineté. Tout le monde souhaiterait, enfin beaucoup de citoyens souhaiteraient aujourd’hui, que en matière, par exemple, de droit du travail il y ait davantage de droit européen, cela veut dire qu’il y aurait moins de souveraineté dans le domaine social… »
Abandon favorable aux citoyens européens, qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! Comme si l’UE n’était pas un des instruments pour faire reculer le droit social. L’UE est à l’initiative des mémorandums en Grèce, peut-être que M. Rosanvallon ne lit pas les journaux, des réformes du marché du travail en Italie, en Espagne, au Portugal et en France de la réforme El-Khomri. Pour la France, on peut lire, par exemple, car ils sont nombreux les documents, :
http://ec.europa.eu/europe2020/pdf/csr2016/csr2016_france_fr.pdf
Cherchez le mot branche dans le document et vous avez l’article 2 de la loi El-Khomri sur la priorité des accords d’entreprise sur les accords de branche. Chercher le mot coût et vous trouverez des recommandations pour l’abaissement du coût de travail. Et c’est ce type d’abandon de souveraineté que nous propose ce « démocrate » de Rosanvallon ! Non, il s’agit avec M. Rosanvallon d’allumer des contre-feux à la poussée des citoyens.
Yémen : l’hypocrisie meurtrière des exportateurs d’armes, par Amnesty International
« À Genève cette semaine, la Coalition pour le contrôle des armes et Pax ont organisé une rencontre pour rappeler la souffrance endurée par les civils au Yémen aux délégations présentes lors de la conférence des Ėtats parties au Traité sur le commerce des armes. Le silence des États-Unis et du Royaume-Uni lors de cette réunion fut assourdissant. Quant à la France, elle ne s’est pas donnée la peine d’y assister.
Par Rasha Mohamed, chercheuse sur le Yémen à Amnesty International, et Rasha Abdul Rahim, chargée de campagne sur le Contrôle des armes à Amnesty International
ENCORE UN HÔPITAL TOUCHÉ PAR LA COALITION
La frappe aérienne qui a touché l’hôpital rural d’Abs, dans le gouvernorat d’Hajja, au Yémen, le 15 août, est la quatrième attaque contre un hôpital de Médecins Sans Frontières (MSF) en 10 mois. Cela n’a en rien atténué le choc.
Ayman Issa Bakri, chauffeur d’ambulance de 16 ans, compte parmi les 10 victimes. Il y travaillait depuis que MSF a commencé à financer l’hôpital à l’été 2015. Son corps a été retrouvé près du site de l’impact ; il portait encore dans les bras la patiente qu’il transférait de l’ambulance jusqu’aux urgences.
Peu après, MSF a annoncé qu’elle mettait un terme à ses opérations au Yémen. Il est difficile d’imaginer le désespoir des Yéménites apprenant que le seul hôpital à des kilomètres à la ronde est rayé de la carte.
DES ARMES POUR COMMETTRE DES CRIMES DE GUERRE
Sur le site de l’hôpital en ruines, nous avons identifié des fragments de bombes qui, semble-t-il, ont été fabriquées aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Cela coïncide avec ce que nous savons des importantes exportations d’armes qu’effectuent ces deux pays vers l’Arabie saoudite et d’autres membres de sa coalition militaire.
Parallèlement, des délégations du Royaume-Uni et des États-Unis s’apprêtaient à participer à la deuxième Conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes (TCA), qui s’est achevée à Genève le 26 août. Le TCA définit des interdictions portant sur les transferts d’armes lorsque l’on sait qu’elles seront utilisées pour commettre des crimes de guerre – dans le cadre d’attaques directes ou menées sans discrimination contre des civils notamment.
Le Royaume-Uni ayant ratifié le Traité, il est tenu d’en respecter les dispositions. En tant que signataires, les États-Unis ne doivent prendre aucune mesure susceptible de saper l’objet et le but du Traité.
L’HYPOCRISIE INTERNATIONALE
Étant donné les nombreuses informations pointant du doigt l’utilisation, par la coalition que dirige l’Arabie saoudite, de certaines armes pour commettre des attaques aveugles et directes contre des hôpitaux et des cibles civiles, ils ne devraient autoriser aucun transfert d’armes susceptibles d’être utilisées par la coalition au Yémen.
C’est précisément pourquoi nous avons demandé à plusieurs reprises un embargo total sur les transferts d’armes susceptibles d’être utilisées par l’une des parties au conflit au Yémen.
Dans une déclaration à la Conférence le 23 août, la délégation britannique a exhorté les États parties à « remédier aux pratiques qui ne vont pas dans le sens de l’idéal du Traité » et à se montrer prêts à accepter les critiques quant à leur conduite.
Cet appel est d’une hypocrisie consternante : il intervient après trois semaines d’horreurs vécues par les civils yéménites, une nouvelle fois victimes d’attaques menées sans discrimination par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite qui regorge d’armes fabriquées au Royaume-Uni – munitions et avions militaires notamment.
UN TIERS DES CIVILS TUÉS SONT DES ENFANTS
En effet, depuis l’échec fracassant des pourparlers au Koweït le 6 août, les frappes aériennes contre le groupe armé des Houthis ont repris, et les civils en paient le prix fort. Deux jours seulement avant l’attaque contre l’hôpital d’Abs, 10 enfants auraient été tués et 28 blessés dans le bombardement de leur école à Saada. Les enfants ne peuvent se sentir en sécurité nulle part. Ils comptent pour le tiers des 3 799 civils tués au Yémen depuis le lancement de la campagne de la coalition en mars 2015.
Nous avons recueilli de nombreuses informations sur les livraisons d’armes qu’effectuent certains États parties au TCA à destination de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite, armes du même type que celles utilisées pour les attaques contre des civils et des infrastructures civiles au Yémen. En continuant ces livraisons, ces États risquent de se rendre complices de ces attaques illégales.
Par ailleurs, la coalition dirigée par l’Arabie saoudite utilise des bombes à sous-munitions, prohibées par » […]
(lire la suite)
http://www.les-crises.fr/yemen-lhypocrisie-meurtriere-des-exportateurs-darmes-par-amnesty-international/
Source : les-crises.fr Olivier Berruyer
« Détruire Daech ne tuera pas la matrice du salafisme qu’est l’Arabie saoudite »
Quinze ans après le 11 Septembre Dans son livre « Dr Saoud et Mister Djihad », Pierre Conesa montre comment Riyad exporte le salafisme dans le monde.
« L’un des contingents les plus nombreux des combattants étrangers de Daech, 15 des 19 terroristes du 11 Septembre et 115 des 611 prisonniers de Guantánamo, ce sont des Saoudiens. » En introduction de son livre intitulé « Dr Saoud et Mr Djihad », Pierre Conesa, énarque et ancien haut fonctionnaire du Ministère de la défense français, souligne une constante qui n’est pas un hasard. Sans détour, il dénonce la responsabilité de l’Arabie saoudite dans le développement du terrorisme djihadiste. Mais sa mise en cause va beaucoup plus loin que les précédentes. Il détaille en effet une diplomatie religieuse soutenue par les énormes revenus du pétrole pour que le wahhabisme, la doctrine la plus littéraliste et fondamentaliste de l’islam, prenne l’ascendant sur toutes les autres formes d’islam.
Sept milliards de dollars
« L’Arabie saoudite est à l’origine de cette idéologie politico-religieuse que l’on appelle salafiste pour ne pas dire wahhabite, afin de préserver nos intérêts stratégiques et commerciaux avec le royaume, nous explique l’agrégé d’histoire. Le wahhabisme est la version la plus antisémite, homophobe, sectaire, misogyne et raciste de l’islam. On peut toujours réduire le califat de Daech à une portion de territoire, cela ne tuera pas la matrice idéologique qu’est l’Arabie saoudite. »
Cette politique étrangère, définie dès l’origine par les Saoud, alliés aux oulémas wahhabites, « se formalise pour combattre le nassérisme, c’est-à-dire le panarabisme. Pour répliquer, l’Arabie saoudite met en place le panislamisme, qui s’inspire du soft power à l’américaine et de la propagande soviétique », souligne l’historien français.
Ses moyens sont énormes. « Riyad dépense à peu près autant pour sa diplomatie religieuse que pour son armement, soit environ 7 à 8 milliards de dollars par an », précise Pierre Conesa. « Vous avez comme aux Etats-Unis une politique publique, des fondations privées, des associations, des universités qui tirent toutes dans le même sens. Singeant la propagande soviétique, elle diffuse une idéologie totalitaire qui s’appuie sur la formation de cadres internationaux à l’Université de Médine, comme le faisait l’université Lumumba de Moscou en d’autres temps. Les Saoudiens ont formé ainsi entre 25 000 et 30 000 cadres qu’ils ont renvoyés dans leurs pays. »
Le faux nez saoudien
Cette politique touche les pays du « premier cercle », comme le Pakistan, sanctuaire de la résistance afghane antisoviétique et des djihadistes internationaux financés par Riyad. Les Saoudiens ont ainsi pu imposer des écoles qui ont concurrencé les madrasas deonbandi déjà très radicales. Il en sortira les talibans, les étudiants en religion qui vont installer un régime de terreur en Afghanistan. Elle vise aussi tous les pays à minorité musulmane.
« Le bras armé de cette diplomatie, c’est la Ligue islamique mondiale. Elle est toujours dirigée par un Saoudien, ne publie jamais son budget et finance des mosquées et des universités partout sur la planète. C’est le faux-nez de la diplomatie saoudienne. Elle n’a vocation qu’à diffuser le wahhabisme et non l’islam. » La Ligue a financé de nombreux lieux de culte, y compris en Europe, dont les grandes mosquées de Genève et Zurich. « L’Arabie saoudite s’est rendu compte que son argent se perdait dans les sables et que les musulmans locaux, d’origines nationales diverses, se l’appropriaient. Avec des ressources qui s’amenuisent au gré des baisses du cours du pétrole, elle tente de reprendre la main, comme récemment à Genève », commente Pierre Conesa.
L’Arabie saoudite a aussi choisi d’implanter « dans un choix stratégique judicieux » ces relais dans les sociétés communautaristes du monde occidental comme le Canada ou la Grande-Bretagne. « Dans les années 90, l’Arabie saoudite a ainsi réussi à implanter des tribunaux islamiques et des écoles coraniques dans ces pays. Les Britanniques ont découvert après coup que le programme de leurs écoles coraniques était le programme saoudien, antisémite, raciste et intolérant. Les Canadiens se sont rendu compte, eux, que les tribunaux islamiques acceptés pour résoudre des conflits concernant la justice civile rendaient aussi des jugements sur des cas de droit pénal canadien, comme le fait de battre sa femme. »
« Ce qui me frappe, c’est que ce sont des pays musulmans comme le Maroc, qui exporte l’enseignement d’un islam modéré, l’Algérie qui a connu les années sombres de la guerre contre les salafistes et même le Pakistan, qui parlent d’arabisation de l’islam, qui dénoncent cette influence déstabilisatrice. Et pas les pays occidentaux », souligne le chercheur.
« L’obsession chiite »
« Dans les quelque 70 000 câbles diplomatiques saoudiens que WikiLeaks a rendus publics, on observe une constante de la politique étrangère de Riyad : la dénonciation du chiisme. En Indonésie par exemple, pays de 180 millions d’habitants, vous avez une petite secte chiite, les ahmadiyyas, qui regroupe à peu près 400 000 fidèles. Riyad demande à son ambassade de dénoncer « leur dangerosité ». Autre exemple, l’Inde, qui est le deuxième pays comptant le plus de chiites, ce qu’on ignore, l’Arabie saoudite a mené campagne » contre cette communauté. Sans parler de l’Iran ou de l’Irak. Partout, l’ennemi est chiite. Au Yémen, les Saoudiens bombardent les houthis chiites, pas les combattants d’Al-Qaida dans la péninsule Islamique.
Avec Daech, qui dénonce, comme Al-Qaida à ses débuts, le régime saoudien, Riyad a vu sa créature lui échapper. « Comme dans Frankenstein, le monstre s’est retourné contre son créateur. »
« Dr Saoud et Mr Djihad » de Pierre Conesa, préface d’Hubert Védrine, Editions Robert Laffont, septembre 2016, 300 pages.
http://www.tdg.ch/monde/detruire-daech-tuera-matrice-salafisme-qu-larabie-saoudite/story/11512565
Source : La Tribune de Genève
La CIA, l’Arabie saoudite et l’histoire inavouable d’al-Qaïda
Encore une passionnante synthèse proposée par Maxime Chaix :
« Quinze ans après le 11-Septembre, alors que le Congrès vient d’autoriser les citoyens américains à poursuivre l’Arabie saoudite pour son rôle présumé dans ces attentats, la « guerre contre le terrorisme » lancée peu après l’effondrement des Tours jumelles ne trouve pas de conclusion. Dans ce contexte, un nombre croissant d’experts désignent le militarisme occidental dans le « Grand Moyen-Orient » comme un facteur majeur d’amplification de la menace terroriste. Or, une attention bien moindre a été accordée aux politiques clandestines de la CIA, des services secrets saoudiens et de leurs alliés, qui sont pourtant à l’origine de ce fléau. En effet, tout observateur avisé est au courant du rôle central de ces agences dans la création et l’essor d’al-Qaïda, depuis la campagne antisoviétique des années 1980 en Afghanistan jusqu’au soutien des groupes armés qui tentent de renverser Bachar el-Assad en Syrie. Plongée dans une période trouble et mécomprise de l’histoire récente des services spéciaux américains et de leurs principaux partenaires. » […]
Lire la suite :
http://maximechaix.info/?p=3605
Les rebelles asiatiques à Alep, angle mort de l’Occident
par Christina Lin
Militants du groupe ouzbek Katibat al Tawhid wal Jihad lors des combats à Tal Bajir au sud d’Alep
« Le secrétaire à la Défense Ashton Carter et le secrétaire d’État John Kerry considèrent souvent les groupes djihadistes rebelles en Syrie comme membres de « l’opposition syrienne ».
Cependant, comme le renseignement allemand l’a fait remarquer, plus de 95% des combattants en Syrie sont étrangers et non syriens. De plus, beaucoup ne sont même pas arabes, mais de plus en plus souvent asiatiques. » […]
Lire la suite :
http://www.les-crises.fr/les-rebelles-asiatiques-a-alep-angle-mort-de-loccident-par-christina-lin/
Source : les-crises.fr Olivier Berruyer
François Asselineau, UPR : === NOUVELLES RÉVÉLATIONS ===
Le Pentagone a payé 500 millions de dollars à une entreprise de relations publiques britannique pour réaliser, notamment, des fausses vidéos de propagande de Al Qaïda.
https://www.upr.fr/terrorisme/pentagone-a-paye-500-millions-de-dollars-a-entreprise-de-relations-publiques-britannique-realiser-notamment-fausses-videos-de-propagande-de-al-qaida
Communiqué du cœur de la guerre contre la Syrie
Mur à la mémoire des journalistes et techniciens qui ont payé de leur vie la couverture du conflit qui touche leur pays
http://lesakerfrancophone.fr/communique-du-coeur-de-la-guerre-contre-la-syrie
source : le Saker Francophone
« Alep : la guerre des cinq jours » par Bassam Tahhan,
spécialiste de politique internationale et de la Syrie,
interviewé par Frédéric Saillot, le 10 décembre 2016 :
httpv://youtu.be/2Yes21HJyfE
Passionnant document signalé par Olivier Berruyer sur les-crises.fr :
http://www.les-crises.fr/video-alep-la-guerre-des-cinq-jours-bassam-tahhan/
Images et témoignages d’Alep au lendemain de la libération des quartiers est
Par Pierrick Tillet le 17 décembre 2016 – Le monde du Yéti
http://yetiblog.org/index.php?post%2F2133
Depuis la libération d’Alep est, des témoignages sur ce qui se passe dans cette ville commence à nous parvenir. Ils n’ont rien à voir avec ces véritables “reality shows” que les medias occidentaux nous égrainaient avec des commentaires et des mises en scène plus dramatiques les uns que les autres. Contre-propagande à la propagande ? À vous de juger.
Qui nous expliquera comment l’on pouvait communiquer aussi régulièrement, quasi à la demande, par téléphone, Twitter et Skype, depuis des quartiers est assiégés et privés de moyens de communication comme vient de le constater la journaliste Vanessa Beeley qui suivait les troupes de Damas lorsqu’elles reprirent Alep est ?
Voici un court extrait d’une vidéo de 30 minutes tournée dans le centre d’enregistrement de Jibreen par Vanessa Beeley sur l’accueil des réfugiés en provenance d’Alep est par les autorités syriennes :
Car c’est vers les quartiers ouest tenus par le régime que se sont réfugiés les habitants d’Alep est. Les “rebelles”, eux, n’ont pas été massacrés, mais évacués sous supervision de la Croix-rouge (CICR) par bus, vers la Turquie pour les étrangers, vers la ville d’Idlib pour ceux de nationalité syrienne.
Où étaient les fameux “casques blancs” qu’on aurait logiquement dû retrouver occupés, après la libération de la zone, à leur mission de sauvetage. Partis (dans les bus ?) par « crainte des représaille ».
Enfin, voici le témoignage des élèves de Pierre Le Corf un humanitaire français habitant et enseignant à Alep ouest :
Roland Dumas sur l’origine de la guerre à la Syrie :
httpv://youtu.be/tCXiyRe6OP4
Il y a beaucoup de débat actuellement pour savoir si les habitants d’Alep soutiennent les rebelles ou le gouvernement, et si les images adverses sont de la propagande. Mais ce que l’on n’évoque jamais, c’est qu’il est bien connu que les gens ne soutiennent pas celui qui a la cause la plus juste, mais celui qui semble le plus à même de maintenir l’ordre public. Les mêmes personnes qui acclamaient De Gaulle entrant dans Paris à la Libération acclamaient Pétain trois semaines plus tôt. On voit la même chose à plus petite échelle, où dès qu’un personnage remporte une victoire électorale, sa cote de popularité augmente :
http://www.ladepeche.fr/article/2016/11/30/2469107-sondage-de-popularite-valls-en-hausse-3-fillon-en-tete.html
http://www.gallup.com/poll/197576/trump-favorability-trails-presidents-elect.aspx
Il n’est pas nécessaire d’imaginer que la police doive venir faire pression sur ces gens pour qu’ils tournent casaque quand la victoire change de camp. C’est certainement un phénomène identique qui se passe dans les régions de Syrie reprises par le gouvernement.
Cela est bien sûr encore plus évident dans la presse. Une illustration célèbre de cela est la séquence des titres des journaux lors du retour de Napoléon de l’île d’Elbe (je n’ai jamais vérifié si cette anecdote est authentique, mais je le crois volontiers) :
https://gavroche60.com/2016/01/09/le-retour-de-lile-delbe/
Rappel TRÈS important, sur l’origine de la guerre à la Syrie, les différents projets de pipelines :
SYRIE : L’énergie au coeur du conflit – France 2
httpv://youtu.be/C4XB8qpB8vo
Un résumé de la guerre civile en Syrie, par Nassim Nicholas Taleb
http://www.les-crises.fr/un-resume-de-la-guerre-civile-en-syrie-par-nassim-nicholas-taleb/
Source : Olivier Berruyer les-crises.fr
Bachar al-Assad : « L’Occident a perdu toute crédibilité »
Le 14 décembre 2016 – Source Russia Today
http://lesakerfrancophone.fr/bachar-al-assad-loccident-a-perdu-toute-credibilite
httpv://www.youtube.com/watch?v=1apBQGVMt2Q
httpv://www.youtube.com/watch?v=8n9fvfL6Ex8
Source : le Saker Francophone
Sur la Syrie, la France est en état d’extinction cérébrale
La Tour Eiffel éteinte le 14 décembre.@ LUDOVIC MARIN / AFP
Provoquée par la cupidité des puissances occidentales et des pétromonarchies corrompues, la guerre en Syrie connaît avec la libération d’Alep un tournant majeur. Le dernier carré des terroristes d’Al-Qaida et consorts, cerné dans les décombres, est sur le point de céder devant la progression fulgurante de l’armée arabe syrienne. Les civils s’enfuient en masse vers le reste de la ville, tenu par les troupes gouvernementales.
Que fait la France ? Elle éteint la Tour Eiffel par solidarité avec Alep. Avec les habitants d’Alep, avec tous ses habitants ? Non. Le million et demi d’Alépins réfugié dans les quartiers Ouest, pour le gouvernement français et pour les médias qui le servent, ce sont des gens qui n’existent pas. Et même s’ils existaient, ils ne mériteraient pas de vivre. Lorsqu’ils subissaient les tirs de mortier des courageux rebelles en lutte pour la démocratie, leurs morts demeuraient invisibles, effacés des écran-radar.
Car ils ont commis une faute impardonnable, ces Syriens qui ne demandaient qu’à vivre en paix, un crime qu’on ose à peine nommer. Ils n’ont pas pris les armes contre le gouvernement de leur pays. Ils n’ont pas obéi aux gouvernements occidentaux qui leur demandaient de renverser le pouvoir baasiste. Sourds aux appels des prédicateurs saoudiens, ils n’ont pas réclamé l’instauration de la charia wahhabite. Alors on n’en parle pas, c’est plus simple.
On fait l’impossible, en revanche pour sauver la peau des mercenaires recrutés en masse pour détruire l’Etat syrien, laïque et souverain, et le remplacer par un Etat-croupion d’obédience wahhabite. Encerclés dans ce qui reste de la « capitale » d’une révolution-bidon, ces mercenaires sont les mêmes que ceux qui ont tué nos compatriotes au Bataclan. Ce sont les charognards du takfir, les seconds couteaux des Saoud, les petites frappes du gangstérisme sponsorisé par l’OTAN.
La cuisante défaite de ces desperados de la terreur leur arrache des larmes, à nos faiseurs d’opinion, elle les met en transe compassionnelle comme si ces coupeurs de tête étaient nos frères d’armes, ou de pauvres victimes sur le sort desquelles il faudrait s’apitoyer. Avec un art consommé du mensonge et de la manipulation, ces affabulateurs professionnels font comme si le sort des terroristes était lié aux populations civiles qui leur servent de boucliers humains, comme si les souffrances des innocents causées par la guerre justifiaient notre soutien aux terroristes qui en sont responsables.
Pourtant on les voit, ces civils, qui fuient les quartiers rebelles dès qu’ils le peuvent, essuyant les tirs de leurs soi-disant protecteurs. Les médias parlent de 100 000 personnes qui seraient recluses dans le dernier réduit « rebelle », mais sans nous expliquer comment elles peuvent contenir dans trois kilomètres carrés ! Plus les heures passent, en réalité, et plus ce dernier bastion de fanatiques se vide de ses civils, et plus les gouvernements occidentaux, relayés par leurs perroquets médiatiques, s’en affligent.
Avec un cynisme sans limite, nos dirigeants voudraient que ces civils restent bien sagement avec les terroristes dans leur trou à rats, pour servir d’alibi à la poursuite de la guerre par procuration contre la souveraineté syrienne. Complices des allumés du takfir maquillés en rebelles démocrates, nos dirigeants aimeraient les prendre en otages, ces civils, les avoir sous la main comme des preuves vivantes de cette révolution-bidon, en nous faisant croire que lorsque l’armée syrienne frappe Al-Qaïda, elle s’acharne en fait contre des innocents.
Mensonge pour mensonge, on nous dit aussi que des dizaines de civils ont été froidement abattus par des milices chiites. Mais ceux qui rapportent cette accusation oublient de dire que selon l’ONU il n’y a pas de preuve de ces massacres et que ces allégations sont « invérifiables ». Peu importe, c’est un détail ! Les mêmes accusateurs diront alors que des massacres auront lieu, que c’est inévitable, qu’il y aura un « génocide » ! Impuissante à produire la moindre preuve sur des faits passés, l’accusation se conjugue au futur, elle se fait prophétique, elle vaticine en prenant ses désirs pour des réalités.
La désinformation bat son plein, l’esprit collabo se déchaîne et l’hexagone, comme d’habitude, bat tous les records. Quel pays de masochistes ! On éteint la Tour Eiffel pour pleurer la défaite de ceux qui mitraillent les terrasses de nos cafés, mais on impose un embargo sur les médicaments à un peuple qui ne nous a rien fait en croyant punir un gouvernement qui combat ces assassins sans frontières. Alors, oui, éteignons la Tour Eiffel et tout le reste. De toute façon, la France est un pays en état d’extinction cérébrale, une colonie de l’Empire dirigée par des imposteurs qui, en faisant le malheur des autres, feront aussi le nôtre.
Bruno Guigue | 15 décembre 2016
Source : http://arretsurinfo.ch/sur-la-syrie-la-france-est-en-etat-dextinction-cerebrale/
Alexandre Del Valle – La france amie des entités terroristes
httpv://www.youtube.com/watch?v=-RuqK–cUc0
Les médias contre la réalité en Syrie – Eva Bartlett parle à RT
httpv://youtu.be/D5OW2tuoS3Q
Réaction d’un français lambda sur la situation à Alep et son traitement médiatique…
http://www.les-crises.fr/reaction-dun-francais-lambda-sur-la-situation-a-alep-et-son-traitement-mediatique/
Si vous êtes pour la paix, c’est que vous êtes un agent russe
Par Paul Craig Roberts :
« Puisque l’époque est aux « fausses nouvelles », le dernier numéro du National Enquirer, vendu aux caisses du supermarché, donne aux médias pressetitués une bonne longueur d’avance : « Confession de Castro sur son lit de mort : j’ai tué JFK. Comment j’ai manipulé Oswald. »
C’est presque aussi bon que la fausse nouvelle qui circule dans les médias pressetitués, comme les stations de télévision, le Washington Post, le New York Times et le Guardian – oui, même l’ancien journal britannique de gauche a rejoint les rangs des prostituées de la presse – disant que la CIA a conclu que « les agents russes ont secrètement interféré dans la campagne électorale, dans le but d’assurer la victoire du candidat républicain ».
Si la CIA est assez stupide pour le croire, c’est que les États-Unis n’ont pas d’agence de renseignement compétente. Bien sûr, la CIA n’a jamais dit et ne croit pas une telle chose. Les fausses nouvelles dans les médias pressetitués sont toujours fournies par des fonctionnaires anonymes. L’ancien ambassadeur britannique Craig Murray a décrit les articles avec précision : « Un tas de conneries ».
Alors, qui invente ces histoires, un autre groupe anonyme lié à Hillary comme PropOrNot, l’organisation secrète et cachée qui a publié une liste de 200 sites Web qui sont des agents russes ?
Les fausses nouvelles sont le produit des pressetitués. Tout au long des primaires et de la campagne présidentielle, il fut tout à fait évident que les principaux médias imprimés ou télévisés publiaient sans arrêt de fausses nouvelles, visant à nuire à Trump et à stimuler Hillary. Nous l’avons tous vu. Nous avons tous vécu cela. Qu’est ce que c’est que cette histoire de Russie source de fausses nouvelles ?
Nous n’avons eu que des fausses nouvelles, de la part des pressetitués depuis le régime klingon [Référence à Star Trek, NdT]. Des fausses nouvelles ont été utilisées contre la Yougoslavie et la Serbie, afin de dissimuler les crimes de guerre de Bill Clinton.
De fausses nouvelles ont été utilisées contre Oussama ben Laden, l’Afghanistan, l’Irak, le Pakistan, le Yémen et la Somalie, afin de dissimuler les crimes de guerre du régime Bush.
De fausses nouvelles ont été utilisées contre la Libye et la Syrie, afin de camoufler les crimes de guerre du régime Obama.
Sans ces fausses nouvelles, ces trois présidences couvertes de sang auraient fini devant la Commission pour crimes de guerre, jugées et condamnées.
Quelqu’un peut-il produire une déclaration véridique de la part des médias pressetitués, sur quelque chose d’important ? Le vol MH-17 ? La Crimée ? L’Ukraine ?
Ironique, n’est-ce pas, que ce soient ceux qui prétendent être libéraux et progressistes, qui sont responsables de la renaissance du maccarthysme en Amérique. Et en plus, ce sont ces progressistes libéraux qui vont institutionnaliser le maccarthysme dans le gouvernement américain. Il y a manifestement un effort concerté pour définir la vérité comme des fausses nouvelles et pour définir le mensonge comme la vérité.
Ironie, n’est-ce pas, que ce soit la criminelle de guerre Hillary, responsable de la destruction de la Libye et de la quasi destruction de la Syrie jusqu’à ce que les Russes interviennent, que les forces progressistes libérales veulent désespérément avoir en tant que président. Non seulement les forces libérales progressistes ont tenté d’élire un président criminel de guerre, mais elles font de leur mieux pour délégitimer le président élu, qui s’oppose au conflit orchestré contre la Russie.
Ironique, n’est-ce pas, que le bloc progressiste libéral refuse de donner une chance à la paix.
Le faux rapport de presse des imbéciles de PropOrNot, qui a été mis en avant par le journal des fausses nouvelles, le Washington Post, prétend que je suis un agent russe, tout cela pour tenter d’altérer ma crédibilité. Au lieu de cela, la liste des 200 a dit à tout le monde où l’on pouvait obtenir de bonnes informations, et le nombre de mes lecteurs a grimpé. De plus, j’ai presque obtenu un passeport russe grâce à cela. Mais avant de l’envoyer, Poutine a vérifié auprès du renseignement russe et a été informé que je n’étais pas sur leur liste.
La rumeur est que si le projet de loi sur le renseignement de la Chambre passe avec le chapitre V intact, ceux d’entre nous nommés sur la liste PropOrNot pourraient être appelés devant le Congrès, comme à l’époque du maccarthysme. S’ils me soumettent à la simulation de noyade, je risque de craquer et d’impliquer Ronald Reagan, George H.W. Bush, Jim Baker, David Stockman, et tous les autres. Les preuves contre nous sont assez fortes. Trump est suspect, parce qu’il veut la paix avec la Russie, comme le voulait aussi Reagan. Du point de vue des forces pro Hillary et des pressetitués, quiconque veut la paix avec la Russie est un agent russe.
Vu la façon dont les pressetitués manipulent le sujet, il n’y aurait pas de raison légitime d’être pour la paix.
Si Poutine et ceux d’entre nous sur la liste des 200 sont ceux qui ont réellement fait élire Trump, c’est Poutine ou la liste qui devrait être la personne de l’année du magazine Time, et pas Trump. Après tout, si Poutine et moi faisons le travail, ne devrions-nous pas en obtenir la reconnaissance ? Pourquoi donner le mérite à la marionnette que nous avons mise en place ?
Pourquoi le Time nous rejette-il, nous les responsables, à l’arrière-plan ?
Ha, mais je sais ! Le Time est également un agent russe et nous protège en attribuant à Trump le crédit de notre travail. Ouf ! Après tout, je ne serai peut-être pas soumis à la simulation de noyade. »
Paul Craig Roberts
Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone
Source : le Saker Francophone, http://lesakerfrancophone.fr/si-vous-etes-pour-la-paix-cest-que-vous-etes-un-agent-russe
Jean Bricmont : lettre ouverte aux « défenseurs des droits de l’homme à Alep »
ou plutôt :
« Lettre ouverte à ceux qui invoquent sélectivement les droits de l’homme pour justifier la politique d’ingérence des puissances occidentales dans les affaires intérieures des autres pays. »
https://francais.rt.com/opinions/31480-lettre-ouverte-defenseurs-droits-homme-alep
Massacres à Alep : lettre à un « camarade » qui s’obstine à justifier l’injustifiable, par Julien Salingue (+ Réponse) (+ Débat] :
http://www.les-crises.fr/massacres-a-alep-lettre-a-un-camarade-qui-sobstine-a-justifier-linjustifiable-par-julien-salingue-reponse/
Source : les-crises.fr Olivier Berruyer
Guerre en Syrie : peut-on faire taire les armes ?
https://www.legrandsoir.info/guerre-en-syrie-peut-on-faire-taire-les-armes.html
Source : Le Grand Soir
[Récapitulatif intéressant, en croisant de nombreuses sources]
Qui combat vraiment en Syrie : la liste noire de la honte de l’Occident
http://lesakerfrancophone.fr/qui-combat-vraiment-en-syrie-la-liste-noire-de-la-honte-de-loccident
Source : le Saker Francophone
L’ex-ambassadeur UK en Syrie donne une leçon de diplomatie : “Les dirigeants ont perdu pied avec la réalité sur la Syrie !”
http://www.les-crises.fr/les-dirigeants-ont-perdu-pied-avec-la-realite-sur-la-syrie/
Source : les-crises.fr Olivier Berruyer
« Fausses nouvelles » aux US : faites maison et pas si nouvelles que ça
http://lesakerfrancophone.fr/fausses-nouvelles-aux-us-faites-maison-et-pas-si-nouvelles-que-ca
Source : le Saker Francophone
Bruno Guigue : Cette Gauche qui sert de supplétif à l’OTAN
http://www.les-crises.fr/cette-gauche-qui-sert-de-suppletif-a-lotan-par-bruno-guigue/
Signalé par les-crises.fr Olivier Berruyer
Syrie : L’histoire s’écrit sans les putschistes occidentaux :
http://lesactualitesdudroit.20minutes-blogs.fr/archive/2016/12/31/syrie-l-histoire-s-ecrit-sans-les-putschistes-occidentaux-933723.html
Bruno Guigue : En Occident, pas de pleureuses pour les enfants yéménites
Photo : Des centaines de milliers de Yéménites se sont rassemblés le 20 août 2016 à Sanaa, en soutien au mouvement Houthi. Image AP
« La prospérité de notre industrie de l’armement vaut bien la vie de quelques milliers d’enfants yéménites. C’est ce que répondit implicitement Manuel Valls lorsqu’on lui demanda ce qu’il pensait des bombardements saoudiens qui dévastent le Yémen et terrorisent sa population. « Est-il indécent de se battre pour nos emplois ? » répondit le premier ministre le 15 octobre 2015 sur Bfm/Tv. « Indécence », dites-vous ? À la tête d’un gouvernement qui aura généreusement distribué des armes et des médailles aux coupeurs de tête du Golfe, Manuel Valls sait de quoi il parle.
Depuis mars 2015, la « coalition » conduite par Riyad déchaîne le feu du ciel contre des civils sans défense en prétendant combattre une rébellion houthie coupable de s’être alliée avec l’ex-président Ali Abdallah Saleh contre son successeur Abd Rabbo Mansour Hadi, instrument docile de la monarchie saoudienne. Selon l’ONU, cette intervention militaire meurtrière a fait plus de 10 000 victimes. Elle a provoqué une catastrophe humanitaire, 400 000 enfants souffrant de malnutrition dans un pays dévasté par les bombardements et privé de ressources par l’embargo que lui imposent les pétromonarchies.
Dans une totale impunité, l’aviation saoudienne n’épargne ni les écoles, ni les hôpitaux, ni les cérémonies religieuses. Elle répand la terreur, elle cherche à faire plier, en la soumettant à un déluge de feu, une résistance qui infligerait une cuisante défaite aux forces coalisées si elles avaient le courage de l’affronter sur le champ de bataille. Les wahhabites, en fait, ne mènent pas une guerre contre des combattants, mais une entreprise systématique de démoralisation de la population, de destruction totale, d’arasement des infrastructures du pays.
Cette œuvre mortifère, ses auteurs la justifient en invoquant la légalité internationale. Le mouvement « Ansarullah », en effet, a investi la capitale du pays en septembre 2014 et poussé le président Mansour Hadi à la démission en janvier 2015. Effet à retardement de la « révolution » ratée de 2011, ce succès inattendu a pris de court les Saoudiens et leurs parrains occidentaux. Décidés à intervenir dans le conflit, ils ont obtenu du conseil de sécurité de l’ONU le vote de la résolution 2216 du 14 avril 2015 condamnant la prise du pouvoir par les Houthis et affirmant la légitimité du président Hadi.
Cette décision onusienne a offert à Riyad une couverture juridique l’autorisant à frapper le Yémen sans ménagement pour vaincre la rébellion. Perversion du droit international, c’est un chèque-en-blanc qui permet au pays arabe le plus riche d’écraser sous les bombes le pays arabe le plus pauvre. Tout se passe comme si l’agresseur bénéficiait d’une sorte de permis de tuer à grande échelle, avec la bénédiction de puissances occidentales qui lui fournissent des armes en quantité illimitée tandis que la rébellion houthie se voit frappée par l’embargo.
On se demande alors quel crime le peuple yéménite a pu commettre pour endurer un tel supplice. Aurait-il commis des actes terroristes ? Certainement pas. Il est la première victime des attentats meurtriers perpétrés par Daech et Al-Qaida, comme celui contre les mosquées chiites de Sanaa qui fit 142 morts le 20 mars 2015. Ces organisations, en revanche, ont longtemps bénéficié de l’étrange inaction de la coalition, notamment dans la région d’Al-Mukallah. Peine perdue ! Cette alliance objective sur fond de haine anti-chiite n’a pas mis les forces « loyalistes » à l’abri des attentats-suicides qui vont bientôt les frapper à leur tour en 2016.
D’où vient, alors, l’acharnement de Riyad contre le Yémen ? Selon la propagande saoudienne, il serait justifié par la complicité des Houthis avec Téhéran. Appartenant à la communauté chiite « zaydite », le mouvement « Ansarullah » servirait les ambitions géopolitiques de l’Iran. Les causes du conflit yéménite sont endogènes, l’aide fournie par les Iraniens aux rebelles est dérisoire, mais Riyad s’obstine à dénoncer l’influence malfaisante des mollahs. C’est une situation ubuesque. Les Houthis sont coupés du monde par l’embargo et bombardés par une puissante aviation, et Riyad les traite, sur leur propre sol, comme s’ils étaient des mercenaires étrangers !
Le voilà donc, son crime, à ce Yémen rebelle. Il est en cheville avec les forces du mal, il pactise avec le diable. Décidément inconscients, les Houthis admirent le Hezbollah libanais, ils soutiennent la Syrie souveraine, ils croient encore au nationalisme arabe. Pour ceux qui entendent asservir la région aux intérêts impérialistes, Sanaa est une épine dans le pied. Le Yémen a commis une faute politique qu’il va devoir expier dans la douleur. Vu de Riyad, il va falloir étouffer ce foyer de contestation d’un ordre impérial auquel se cramponnent des pétromonarchies vermoulues. L’Arabie saoudite ne veut pas, tout simplement, d’un Yémen indépendant et unifié.
Pour ce pays martyrisé qui n’intéresse personne, on n’entendra pas de jérémiades. Ni « génocide », ni « massacre », ni « barbarie » à l’horizon dans les colonnes de la presse mainstream. Le chœur des pleureuses occidentales est aux abonnés absents. Ni « Casques blancs » financés par des fondations anglo-saxonnes, ni parlementaires français en goguette pour « éveiller les consciences », ni gauchistes indignés qui appellent à la « solidarité révolutionnaire », ni droits-de‑l’hommistes qui signent héroïquement des pétitions à la pelle, rien, nada. Le Yémen est sorti des écrans-radar, rayé de la liste des causes qui en valent la peine. Il est abandonné aux criminels wahhabites par l’indécente lâcheté d’un Occident complice. Mais, qui sait, le peuple yéménite n’a peut-être pas dit son dernier mot. »
Bruno Guigue
http://www.mondialisation.ca/en-occident-pas-de-pleureuses-pour-les-enfants-yemenites/5566592
L’eau sale dans les « guerres propres » occidentales
par Maxime Chaix :
https://blogs.mediapart.fr/maxime-chaix/blog/050117/l‑eau-sale-dans-les-guerres-propres-occidentales
L’instrumentalisation de l’eau dans les conflits armés est une tactique plurimillénaire. Selon le géographe Philippe Boulanger, dès l’Antiquité, « le détournement des eaux [est] recommandé par le stratège chinois Sun Tse dans L’Art de la guerre (Ve siècle av. J.-C.), ou par le stratège romain Frontin dans Les stratagèmes (Ier siècle apr. J.-C.) ». D’après l’historien Jean-Nicolas Corvisier, il existe dans la Grèce antique « une certaine conscience de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas durant les conflits (…) : ne pas utiliser des armes interdites ; ne pas empoisonner les eaux ; ne pas priver d’eau une Cité (…) Toutefois, si ces pratiques sont réprouvées, elles sont loin d’être inconnues. Certaines ont même fini par se banaliser avec le temps. (…) En revanche, l’interdit sur l’empoisonnement des eaux est beaucoup plus respecté ». 2 500 ans plus tard, et malgré le développement du Droit international humanitaire depuis un siècle et demi, le recours à des tactiques illégales qui transforment l’eau en arme est une constante dans les guerres occidentales, qu’elles soient ouvertes (Irak, Kosovo, Libye…) ou clandestines (Yémen, Syrie…).
En septembre 2016, le Huffington Postrapporta qu’une « une station de pompage fournissant de l’eau aux quartiers d’Alep-Est tenus par les rebelles [avait] été détruite par des bombardements », ajoutant que les adversaires de Bachar el-Assad avaient « répondu en fermant une station approvisionnant le reste de la ville, laissant deux millions de personnes sans accès à l’eau potable. » Un an auparavant, dans un texte cosigné par cinq parlementaires français, le député syrien Boutros Merjaneh et le journaliste franco-libanais Nader Allouche dénoncèrent le fait que « les groupes armés à Alep, qui ont pris possession de la station de pompage et d’épuration de l’eau, [avaient] décidé de couper l’accès à [cette ressource vitale], dont ils [privaient] intentionnellement la population d’Alep, qui compte encore 2,5 millions d’habitants. » Rappelant les « relations privilégiées de la France avec les belligérants et leurs parrains » du Golfe, ils incitèrent en vain les autorités françaises à s’opposer à cette manœuvre des milices anti-Assad.
Depuis la fin décembre, le même processus d’instrumentalisation militaire de l’eau est à l’œuvre dans la région de Damas, chaque camp se renvoyant la responsabilité de cette situation tragique qui affecte près de 5 millions de civils. Comme l’a rapporté le site israélien YNetNews.com, en se basant sur des informations de Reuters, « la source d’Aïn el-Fijé, qui fournit 65 % des réserves d’eau de Damas, a été bloquée par les rebelles ; ces derniers auraient également contaminé l’eau avec du carburant », tandis que les opposants à Bachar el-Assad accusent l’armée syrienne d’avoir bombardé la station de pompage de cette ville. Durant ce conflit, les milices rebelles autant que les forces loyalistes ont utilisé l’eau potable pour déstabiliser l’ennemi, ce qui a durement touché la population. Sachant que l’État français et ses alliés soutiennent l’opposition anti-Assad, ils se sont abstenus de protester lorsque la rébellion a empêché des millions de personnes d’accéder à l’eau potable, tout en dénonçant les crimes de l’armée syrienne et de ses soutiens. À l’aune de l’Histoire récente, cette complaisance occidentale face à de telles méthodes n’est pas surprenante, puisque les systèmesnationaux de distribution d’eau ont été systématiquement visés durant les « guerres propres » des puissances de l’OTAN (Golfe, Yougoslavie, Afghanistan, Libye), et dans les « guerres inavouables » où elles sont clandestinement impliquées (Yémen, Syrie).
Yougoslavie, Afghanistan : des guerres « propres » et « humanitaires » ?
Lancée en 1999, la guerre du Kosovo est la première application moderne du concept de « guerre humanitaire », autrement qualifiée d’« intervention d’humanité ». Or, commel’a souligné l’universitaire Jean-Baptiste Jeangène Vilmer – qui est pourtant un défenseur de la doctrine de « Responsabilité de Protéger » (R2P) appliquée en Libye –, « la campagne aérienne de l’OTAN au Kosovo a été une catastrophe humanitaire. Elle constitue encore aujourd’hui l’un des cas les plus exemplaires de violation du principe de proportionnalité. La majorité des purges a eu lieu après le début des bombardements, et on a des raisons de croire qu’ils les ont accélérées. Lord Carrington lui-même, ancien ministre des Affaires étrangères britannique, Secrétaire général de l’OTAN et président de la Conférence Européenne sur la Yougoslavie, pense que ce sont les bombardements qui ont causé le nettoyage ethnique. » Moins connues de l’opinion publique, d’autres conséquences négatives de cette intervention militaire sont à déplorer, et elles discréditent la notion orwellienne de « guerre propre » popularisée en 1991, durant l’opération Tempête du désert.
En janvier 2001, un rapport de l’Assemblé parlementaire du Conseil de l’Europe dénonça l’impact écologique de cette campagne de l’OTAN en Serbie et au Kosovo. D’après ce document, « entre le 24 mars et le 5 juin 1999, 78 sites industriels et 42 installations énergétiques en Yougoslavie ont été endommagés par les bombardements et les frappes de missiles [, ce qui a] entraîné une grave contamination de l’air, de l’eau et du sol par des substances dangereuses. » Cet impact environnemental ne s’est pas limité à la Yougoslavie, « qui possède des nappes phréatiques d’importance européenne ; leur contamination peut avoir des incidences négatives à de grandes distances du territoire yougoslave. La situation est d’autant plus grave que les capacités d’auto-épuration des eaux souterraines sont nettement inférieures à celles des cours d’eau », selon les auteurs de ce rapport – qui soulignèrent également l’impact nocif des munitions à l’uranium appauvri. En outre, la destruction des infrastructures fournissant l’électricité ou l’eau potable – telles que les stations d’épuration –, ont massivement affecté les civils, ces frappes visant à encourager un rejet populaire de Slobodan Milosevic, alors Président de la République fédérale de Yougoslavie. Titrant que ces opérations réduisaient les Serbes à des « hommes des cavernes », le New York Times rapporta qu’« après deux mois de bombardements, qui commencèrent le 24 mars [1999], une OTAN désireuse de paralyser l’effort de guerre serbe s’[attaqua] intensivement au réseau électrique de ce pays, et les réserves d’eau dépendant des pompes électriques en [souffrirent] considérablement. Les bombes hautement explosives [causèrent] des dommages permanents à ces deux systèmes. » […]
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