Sur le terrorisme et la guerre, cette petite vidéo publiée par Jordanix vient de dépasser le million de vues en 48 h (!) :
Sacré internet…
Version Youtube pour les allergiques à Facebook 🙂 :
httpv://youtu.be/jl9bM6Nkm9c
Du bon boulot de bon virus, bravo 🙂
#auseindupeupleleniveaumonte
————-
POUR CREUSER le sujet (essentiel) des mensonges malfaisants de nos prétendus « représentants » pour justifier leurs sales guerres (depuis toujours), je vous conseille ces quelques documents (importants) :
1) Daniele Ganser nous explique les ARMÉES SECRÈTES DE L’OTAN et les innombrables attentats sous faux drapeau (STRATÉGIE DE LA TENSION) pour légitimer des guerres impériales de rapine :
Ne ratez pas les travaux de Daniel GANSER. Ce document est particulièrement important et mérite d’être téléchargé, sauvé en lieu sûr, étudié attentivement le crayon à la main (pour fixer les dates et les noms), et diffusé autour de vous au maximum :
httpv://youtu.be/uz4NaV50wh0
2) Michel COLLON nous explique les innombrables MEDIAMENSONGES proférés par les prétendus « journalistes » (presque tous salariés de banques ou de marchands de canons) pour légitimer les guerres de rapine de la grande bourgeoisie :
httpv://youtu.be/kq5q17DDzJk
3) Henri GUILLEMIN nous explique LE FASCISME, mutation autoritaire et guerrière des prétendus « républicains » conservateurs qui renient même leur faux « suffrage universel » (désigner des maîtres au lieu de voter les lois) dès qu’ils voient que le peuple ne va plus voter correctement, c’est-à-dire quand le vrai socialisme monte et que les usuriers négriers (les héritiers des « Girondins » et des « Versaillais ») sentent qu’ils vont perdre les élections — et donc le pouvoir : le fascisme, brandi contre le péril extérieur, sert à faire diversion pour ne pas traiter les problèmes intérieurs, l’éternelle « question sociale » :
(Conférence signalée sur ce blog il y a 4 ans, déjà : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2012/06/01/225-henri-guillemin-le-fascisme-en-france.)
J’en profite pour vous rappeler quelques mots sur ce que je pense de l’apport immense de Guillemin, pour comprendre l’importance de la guerre, VOULUE ET IMPOSÉE PAR LA CLASSE DES 1% LES PLUS RICHES contre la classe des 99% « pauvres » :
httpv://youtu.be/L08YbCyloRM
#auseindupeupleleniveaumonte
Merci à vous tous, bande de virus 🙂 pour tout ce que vous faites, personnellement, quotidiennement, opiniâtrement, concrètement, pour notre éducation populaire commune, entre nous, tous les jours.
Étienne.
PS : la-vidéo-aux-500–000-par-jour publiée par Jordanix est extraite d’un entretien de 20 min. avec Olivia, à Annecy en septembre 2014.
Pour résister à nos maîtres du moment (qui se prétendent nos « représentants ») et à leurs sales guerres, il faut que nous devenions tous constituants, pragmatiquement, réellement :
Fil Facebook correspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10154379488082317
[le terrorisme a une histoire]
Les crânes oubliés de la conquête de l’Algérie
« Nos cavaliers portaient des têtes au bout de leurs lances. » Simple observation d’un général français en 1840, lors de la conquête de l’Algérie. En 2011, un chercheur algérien a découvert que des têtes coupées de ceux qui résistèrent sont empilées aujourd’hui au Musée de l’Homme à Paris dans l’indifférence générale. Une pétition réclame le retour de ces crânes au pays natal. Il y a un lien entre la terreur colonialiste d’alors et le terrorisme d’aujourd’hui ; sans justice, la terreur s’enfonce dans l’inconscient des peuples comme ces bombes enfouies qu’un simple choc fait exploser bien des années plus tard. »
Un reportage radio d’Anaëlle VERZAUX et Rosa MOUSSAOUI
https://la-bas.org/la-bas-magazine/reportages/les-cranes-oublies-de-la-conquete-de-l-algerie
Source : Là-bas si j’y suis
« … Un plein baril d’oreilles… Les oreilles indigènes valurent longtemps dix francs la paire et leurs femmes, demeurèrent comme eux d’ailleurs, un gibier parfait… » [1]
C’est en ces termes choisis qu’un général français racontait les exploits de ses troupes pendant la guerre de conquête de l’Algérie.
« … Tout ce qui vivait fut voué à la mort… On ne fit aucune distinction d’âge, ni de sexe… En revenant de cette funeste expédition plusieurs de nos cavaliers portaient des têtes au bout de leurs lances… »
Prévenir si les autres publications seront de ce style siouplait , ce serait sympa ! Là , c’est trop limite pour moi , j’peux pas ! Carré blanc
Voilà de quoi cauchemarder pour plusieurs nuits !
Comme quoi , on n’a pas besoin d’être gammée pour porter une croix toute sa vie en laissant avant et derrière des recettes de sauvageries en groupe édifiant celui qui peaufine son oeuvre et la vend ! C’est dans les gènes !
[Très intéressant] Le pouvoir du « Niet »
par Dimitri Orlov
Source : Le Grand Soir : http://www.legrandsoir.info/le-pouvoir-du-niet.html
Le pouvoir du « Niet »
Voici la manière dont les choses sont censées fonctionner sur cette planète : aux États-Unis, les structures de pouvoir (publiques et privées) décident ce qu’elles veulent que le reste du monde fasse. Elles communiquent leurs vœux par les canaux officiels et officieux, et comptent sur une coopération automatique. Si la coopération n’intervient pas immédiatement, elles appliquent des pressions politiques, économiques et financières. Si cela ne produit toujours pas l’effet escompté, elles tentent de changer de régime par une révolution de couleur, un coup d’état militaire ou en organisant et finançant une insurrection conduisant à des attaques terroristes et à la guerre civile chez la nation récalcitrante. Si cela ne fonctionne toujours pas, ils bombardent le pays le réduisant à l’âge de pierre. C’est ainsi que cela fonctionnait dans les années 1990 et 2000, mais dernièrement une nouvelle dynamique a émergé.
Au début, elles se concentraient sur la Russie, mais le phénomène s’est depuis répandu dans le monde et est même prêt à engloutir les États-Unis eux-mêmes. Il fonctionne comme ceci : les États-Unis décident ce qu’ils veulent que la Russie fasse et communiquent leurs souhaits dans l’expectative d’une coopération automatique. La Russie dit « Niet ». Les États-Unis alors entreprennent toutes les étapes ci-dessus à l’exception de la campagne de bombardement, à cause de la puissance de dissuasion nucléaire russe. La réponse reste « Niet ». On pourrait peut-être imaginer qu’une personne intelligente au sein de la structure du pouvoir étasunien dirait : « Sur la base des preuves que nous avons devant nous, dicter nos conditions à la Russie ne fonctionne pas ; nous allons essayer de négocier de bonne foi avec elle, comme des égaux ». Et puis tout le monde applaudirait disant : « Oh ! C’est génial ! Pourquoi n’y avions-nous pas pensé ? » Mais au lieu de cela, cette personne serait le jour-même virée parce que, voyez-vous, l’hégémonie mondiale étasunienne est non-négociable. Et donc ce qui se passe à la place est que les étasuniens déconcertés, se regroupent et essayent de nouveau ; ce qui donne un spectacle tout à fait amusant.
L’ensemble de l’imbroglio Snowden était particulièrement amusant à suivre. Les États-Unis exigeaient son extradition. Les Russes ont répondu : « Niet, notre constitution l’interdit ». Et puis, de manière hilarante, quelques voix en Occident ont demandé alors que la Russie change sa constitution ! La réponse, ne nécessitant pas de traduction, était « ha-ha-ha-ha-ha ! ». L’impasse sur la Syrie est moins drôle : les étasuniens ont exigé que la Russie aille de pair avec leur plan pour renverser Bachar al-Assad. L’immuable réponse russe a été : « Niet, les Syriens décideront de leurs dirigeants, pas la Russie ni les États-Unis ». Chaque fois qu’ils l’entendent, les étasuniens se grattent la tête et … essayent de nouveau. John Kerry était tout récemment à Moscou, pour engager une « session de négociations » marathoniennes avec Poutine et Lavrov.
Ce qu’il y a de pire est que d’autres pays entrent dans ce jeu. Les Étasuniens ont dit aux Britanniques exactement comment voter, cependant ceux-ci ont dit « Niet » et ont voté pour le Brexit. Les Étasuniens ont dit aux Européens d’accepter les conditions désastreuses que voulaient imposer leurs grandes transnationales, le Partenariat pour le commerce et l’investissement transatlantique (TTIP), et les Français ont dit « Niet, ça ne passera pas ». Les États-Unis ont organisé un nouveau coup d’état militaire en Turquie pour remplacer Erdoğan par quelqu’un qui ne tentera pas d’essayer de faire le gentil avec la Russie. Les Turcs ont dit « Niet » à cela aussi. Et maintenant, horreur des horreurs, c’est Donald Trump qui dit « Niet » à toutes sortes de choses : l’OTAN, la délocalisation des emplois étasuniens, l’entrée à des vagues de migrants, la mondialisation, les armes pour les ukrainiens nazis, le libre-échange …
L’effet psychologiquement corrosif du « Niet » sur la psyché hégémonique étasunienne ne peut être sous-estimé. Si vous êtes censé penser et agir comme un hégémon, mais où seule fonctionne la partie penser, le résultat est la dissonance cognitive. Si votre travail est d’intimider les nations tout autour, et que les nations refusent de l’être, alors votre travail devient une blague, et vous devenez un malade mental. La folie qui en résulte a récemment produit un symptôme tout à fait intéressant : quelque membres du personnel du Département d’état étasunien, ont signé une lettre – rapidement fuitée – appelant à une campagne de bombardement contre la Syrie pour renverser Bachar al-Assad. Voilà des diplomates !
La diplomatie est l’art d’éviter la guerre, par la négociation. Les diplomates qui appellent à la guerre ne sont pas tout à fait … des diplomates. On pourrait dire que ce sont des diplomates incompétents, mais ce ne serait pas suffisant (la plupart des diplomates compétents ont quitté le service pendant la seconde administration Bush, beaucoup d’entre eux à cause du dégoût d’avoir à mentir au sujet de la justification de la guerre en Irak). La vérité est, qu’ils sont malades, des va-t-en-guerre non-diplomates mentalement dérangés. Voilà la puissance de ce simple mot russe qui leur a fait perdre littéralement la tête.
Mais il serait injuste de mettre en avant le Département d’Etat. C’est l’ensemble du corps politique étasunien qui a été infecté par un miasme putride. Il imprègne toutes les choses et rend la vie misérable. En dépit de l’augmentation des problèmes, la plupart des autres choses aux États-Unis sont encore un peu gérables, mais cette chose-là : l’incapacité d’intimider l’ensemble du monde, ruine tout. C’est le milieu de l’été, la nation est à la plage. La couverture de plage est mitée et râpée, l’ombrelle trouée, les boissons gazeuses dans la glacière pleines de produits chimiques nocifs et la lecture estivale ennuyeuse … et puis il y a une baleine morte qui se décompose à proximité, dont le nom est « Niet ». Elle ruine tout simplement toute l’ambiance !
Les têtes bavardes des media et des politiciens de l’ordre établi, sont à ce moment, douloureusement conscients de ce problème, et leur réaction prévisible est de blâmer ce qu’ils perçoivent comme la source des maux : la Russie, commodément personnifiée par Poutine. « Si vous ne votez pas pour Clinton, vous votez pour Poutine » est une devise puérile nouvellement inventée. Un autre est « Trump est l’agent de Poutine ». Toute personnalité publique qui refuse de prendre une position favorable à l’ordre établi est automatiquement étiquetée « idiot utile de Poutine ». Prises au pied de la lettre, de telles allégations sont absurdes. Mais il y a une explication plus profonde en ce qui les concernent : ce qui les lie toutes ensemble est la puissance du « Niet ». Le vote pour Sanders est un vote pour le « Niet » : l’ordre établi du Parti démocrate a produit une candidate et a dit aux gens de voter pour elle, et la plupart des jeunes ont dit « Niet ». De même avec Trump : L’ordre établi du Parti républicain a fait trotter ses sept nains et dit aux gens de voter pour l’un d’eux, et pourtant la plupart des ouvriers blancs laissés pour compte ont dit « Niet » et voté pour un outsider, Blanche neige.
C’est un signe d’espoir de voir que les gens à travers le monde dominé par Washington, découvrent la puissance de « Niet ». L’ordre établi peut encore apparaître, pimpant de l’extérieur, mais sous la nouvelle peinture brillante, il cache une coque pourrie, qui prend eau à toutes les jointures. Un « Niet » suffisamment retentissant sera probablement suffisant pour le faire couler, permettant quelques changements très nécessaires. Quand cela se produira, je vous prie de vous rappeler que c’est grâce à la Russie … ou, si vous insistez, Poutine.
Dmitry Orlov
Dmitry Orlov est né à Leningrad et a immigré aux États-Unis en 1970. Il est l’auteur de Reinventing Collapse, Hold Your Applause ! et Absolutely Positive. Il publie toutes les semaines sur le très populaire bloghttp://www.ClubOrlov.com.
[Traduction Alexandre MOUMBARIS
relecture Marie-José MOUMBARIS
Pour le Comité Valmy]
éditions Démocrite,
democrite@neuf.fr
http://dossiersdubip.wordpress.com/
Source : Le Grand Soir : http://www.legrandsoir.info/le-pouvoir-du-niet.html
Formidable Annie Lacroix-Riz :
Les élites françaises entre 1940 et 1944 – De la collaboration avec l’Allemagne à l’alliance américaine :
httpv://youtu.be/kBK8rm4DWb0
httpv://youtu.be/rHGu2ptjYSU
——
Aux origines du carcan européen (1900−1960) : La France sous influence allemande et américaine :
httpv://youtu.be/6KPZ1yGYOXE
httpv://youtu.be/XaeTg_nb5Qs
httpv://youtu.be/G9WRmz1IaFg
Grèce : la responsabilité du FMI mise au jour, mais tout continue comme avant
par Romaric Godin
http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-la-responsabilite-du-fmi-mise-a-jour-mais-tout-continue-comme-avant-589667.html
L’instance de surveillance indépendante du FMI a mis en cause la gestion de la crise grecque par cette institution. Des critiques qui détruisent la narration officielle, mais ne la change pas…
Un peu plus de six ans après le début de la crise grecque, la narration officielle, le « storytelling » qui a été élaboré par les gouvernements et les institutions qui ont géré cette crise, tombe chaque jour un peu plus en lambeaux. Alors que la malheureuse Grèce, soumise à un troisième mémorandum signé voici un an avec ses créanciers, n’en finit pas de s’effondrer économiquement, le FMI, membre de la troïka qui a supervisé la gestion de cette crise, n’en finit pas de procéder à des mea culpa tardifs, mais sans appels.
Absence de discussions internes
Après avoir reconnu qu’elle avait sous-estimé les « multiplicateurs budgétaires », autrement dit l’impact de la consolidation budgétaire sur la croissance, pour la Grèce, l’institution de Washington avait récemment, dans un article de recherche reconnu les effets négatifs des politiques d’austérité imposées à Athènes. Ce jeudi 28 juillet, un nouveau rapport est venu critiquer le rôle pris par le FMI dans sa gestion de la crise grecque. Et il est sévère. Le Bureau indépendant d’évaluation du FMI (IEO) a publié un long rapport sur le « FMI et les crises en Grèce, au Portugal et en Irlande » qui dresse un constat : le FMI a agi sous la pression des intérêts de certains pays de la zone euro, contre ses propres intérêts et a cherché pour cela à court-circuiter le conseil d’administration. Cette procédure a clairement conduit à des erreurs d’appréciations majeures de la situation, notamment en Grèce.
Dans son rapport, l’IEO confirme notamment ce que, entre autres, la Commission de Vérité sur la dette grecque, établie au printemps 2015 par le parlement hellénique, avait pointé du doigt : pour faire passer le soutien financier à la Grèce du FMI malgré le caractère insoutenable de la dette grecque, la direction de l’institution a fait adopter discrètement une modification des critères d’accès à l’aide du FMI. « Le conseil d’administration n’a pas été consulté sur cette question. En fait, les directeurs ne furent pas même informés des doutes des équipes sur la soutenabilité de la dette grecque », estime l’IEO. Et de poursuivre : « ni la direction du FMI, ni les équipes n’ont cherché à porter l’attention du Conseil sur la décision proposée de modifier les critères ou sur le fait qu’un critère d’accès exceptionnel serait modifié en approuvant le programme grec ». En clair : il y a eu clairement une volonté de tromper le Conseil, en incluant cette modification cruciale, qui plaçait le FMI dans la position de s’exposer à un pays insolvable. L’IEO renforce cette idée en précisant que le Conseil a été pressé par le temps, et n’a pas eu la possibilité de regarder le programme en détail.
Conséquences désastreuses
Les conséquences de cette pratique ont été désastreuses pour la Grèce. Ce pays s’est en effet retrouvé dans la situation de devoir gérer une dette insoutenable et croissante. L’issue de cette impasse était une autre impasse : demander toujours plus d’aides pour rembourser la dette. Créer donc un schéma de Ponzi, avec la complicité du FMI et des pays de la zone euro désireux de maintenir la fiction de la « soutenabilité » de la dette grecque. C’est ce montage qui a obligé la Grèce à aller toujours plus loin dans la politique d’austérité puisque ses créanciers continuaient à vouloir faire croire qu’une purge budgétaire et des « réformes structurelles » suffiraient à rendre la dette soutenable. Cette « tromperie » du FMI est donc une des sources des maux grecs. En passant, on remarquera que l’IEO estime que ceci pose un problème de « légitimité » pour le FMI. Une question de légitimité qui se pose aussi pour la dette du FMI alors contractée par la Grèce et qui, en 2015, a pesé si lourd dans le sort du pays.
Soumission à la zone euro
Si le FMI avait appliqué ses critères habituels, il aurait imposé une restructuration de la dette dès 2010. C’est la procédure habituelle du Fonds : faire de l’austérité contre une coupe dans la dette. Selon une étude parue en 2015 aux Etats-Unis, les équipes avaient proposé cette possibilité au directeur général d’alors du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Ce dernier l’aurait cependant rejeté et aurait refusé de le proposer aux Européens. Et ceci pose un autre problème majeur posé par l’étude de l’IEO : les amours coupables entre le FMI et la zone euro. Car les causes de ce refus de la restructuration de la dette en 2010 sont connues : c’est la protection des banques européennes, principalement françaises et allemandes, exposées à la dette grecque. Il fallait rapidement venir à la rescousse de ces créanciers, pour leur donner le temps de vendre les titres à des investisseurs rassurés par l’implication du FMI.
Le rapport de l’IEO ne va pas jusqu’à cette conclusion, désormais cependant bien connue, mais il pointe les relations très étroites entre la direction du FMI et la zone euro. Il critique ainsi la « faiblesse de la surveillance de la zone euro » fondée sur l’idée que « l’Europe est une chose différente ». Cette faiblesse a conduit à l’absence d’analyse des déséquilibres de la zone euro, notamment sur les comptes courants. Elle a ensuite conduit à un « oubli » des « leçons des crises passées ». Ces leçons « ne furent jamais appliquées », estime l’IEO. De fait, le FMI est largement apparu comme suiviste des décisions de l’Eurogroupe puisque les décisions de la zone euro « ont toujours précédé les réunions du conseil du FMI ». « Le FMI a perdu sa souplesse et son agilité en tant que gestionnaire de crise compte tenu des multiples couches de décisions dans la zone euro », explique l’IEO qui déplore aussi le poids de l’Eurogroupe qui a conduit « les jugements des équipes techniques du FMI à des pressions politiques ». C’est donc bien une soumission du FMI à la zone euro qu’implicitement dénonce l’IEO. Du reste, le rapport souligne la très forte « asymétrie de l’information » au sein du FMI puisque « des directeurs représentant les pays de la zone euro ont pu avoir accès à des informations qui n’étaient pas à la disposition des autres ».
L’IEO ne cache donc pas la soumission du FMI aux instances de la zone euro. Ceci pose, pour l’institution, la question de la nationalité de ses directeurs généraux. Le fait que le FMI ait été dirigé par un Français et l’est encore apparaît clairement comme une entrave à son bon fonctionnement, mais aussi à l’efficacité de ses politiques. Il est sans doute temps de donner aux pays dits émergents leur chance au sein du Fonds.
Destruction de la narration officielle
En attendant, cette soumission à la zone euro a eu des conséquences majeures pour la Grèce : nul ne s’est opposé aux décisions prises par Paris et Berlin pour « sauver la zone euro » et nul n’a vraiment apporté un esprit critique sur ses plans d’aide. Cette soumission du FMI a permis le développement du storytelling officiel : la faute est grecque. La Grèce aurait fait des excès et elle serait « sauvée » et « aidée » par les Européens. Plus tard, lorsque l’échec de ces politiques était devenu évident, le problème a encore été porté sur les Grecs qui auraient refusé de « s’approprier les programmes ». Or, là aussi l’IEO souligne que l’aveuglement du FMI a été total et qu’il a bien été commis des erreurs de politiques économiques majeures, notamment, comme on l’a vu par l’oubli du passé. « Les programmes du FMI pour la Grèce et le Portugal ont inclus des projections de croissance largement trop optimistes », indique le rapport qui ajoute des « projections plus réalistes auraient rendu évidents les impacts sur la croissance et la dynamique de la dette de la consolidation budgétaire ». L’IEO indique que ceci aurait conduit à laisser « jouer les stabilisateurs automatiques », ce qui n’a pas été fait et a conduit à l’effondrement de 25 % du PIB grec sur 6 ans en plongeant l’économie hellénique dans un cercle vicieux. En refusant la réalité par sa soumission politique, le FMI a donc été une des causes de la crise grecque. C’est une destruction en règle de la narration officielle.
Le rapport de l’IEO confirme donc ce que la Commission sur la dette grecque de 2015 avait établi sur 2010 : un déni de réalité a dominé les décisions d’alors, alimenté par des intérêts politiques dans les grands pays de la zone euro. Ce déni de réalité est devenu une vision officielle qu’il a fallu maintenir à tout prix et a conduit à l’effondrement de la Grèce. Le FMI a contribué à cette situation. C’est ce que la crise du premier semestre 2015 a prouvé : le nouveau gouvernement grec a réclamé la fin de ce cercle vicieux et a demandé la construction d’un compromis qui lui a toujours été refusé. Les créanciers ont préféré une nouvelle fois briser l’économie grecque plutôt que de reconnaître les erreurs que l’IEO met en avant aujourd’hui.
La réponse de Christine Lagarde
La question reste désormais de savoir quel sera l’impact réel de ce rapport. L’IEO rappelle que dès 2011, elle avait mis en garde contre l’aveuglement vis-à-vis de la zone euro, sans succès. La réponse, vendredi 29 juillet, de l’actuelle directrice générale Christine Lagarde n’est guère encourageante de ce point de vue : elle a repris la critique de la Grèce, de son manque « d’appropriation » des programmes, de l’instabilité politique du pays et a finalement rappelé que la Grèce est restée dans la zone euro, ce qui était « un objectif majeur ». Bref, le mea culpa au sein des instances agissantes du FMI n’est pas à l’ordre du jour. Rappelons que, de 2010 à 2015, la Grèce n’a connu qu’un mois d’instabilité politique après les élections de mai 2012. Le reste du temps, la majorité parlementaire en faveur de la troïka a été stable et les gouvernements ont pu appliquer les programmes. Certes, tout n’a pas été appliqué, mais ne serait-ce pas le signe que tout n’était pas applicable ? Selon une étude de l’OCDE datée de 2015, la Grèce a été le pays le plus « réformateur » de l’organisation. Dire que la Grèce n’a rien fait n’a pas de sens : l’effondrement de l’économie et le redressement des finances publiques sont les preuves de cette action. La réalité est bien que c’est la politique menée qui était insensée. Le maintien dans la zone euro est, de ce point de vue, une consolation bien maigre et une façon d’éviter le cœur du problème, ce qui semble le plus urgent pour Christine Lagarde.
La logique actuelle continue de dominer
En réalité, rien n’a changé. La politique du troisième mémorandum et du troisième mémorandum « et demi » imposée à la Grèce en août 2015 et encore en juin 2016 viennent le confirmer. Aucune critique n’a été réalisée au sein de la zone euro sur les politiques menées. L’Eurogroupe continue de dominer le jeu et d’imposer sa logique de consolidation budgétaire et de réformes structurelles à une économie exsangue. Cet Eurogroupe refuse toute remise en cause de la narration officielle et continue à réclamer du gouvernement grec un « engagement » dans le programme. La mise en place de coupes automatiques dans les dépenses pour atteindre l’objectif d’excédent primaire de 2018 est le nec plus ultra de cette logique. Et la preuve que rien n’a réellement changé. Aujourd’hui, la narration officielle fait toujours porter la faute de l’échec des programmes est toujours reporté sur les Grecs et sur son gouvernement qui a osé refuser au premier semestre 2015 ces politiques imposées par les créanciers. Or, cette critique qui était fort modérée et davantage un appel au compromis, se révèle chaque jour désormais plus pertinente.
Quant au FMI, il affirme avoir changé : il demande désormais une restructuration de la dette avant d’entrer dans le programme. C’est une avancée importante. Mais le FMI a néanmoins accepté le plan de juin 2016 et le report de l’essentiel de la restructuration de la dette à après 2018. A l’été 2015, il a tout fait pour faire échouer le gouvernement grec et le conduire à accepter un troisième mémorandum. Et, on l’a vu, l’analyse de Christine Lagarde demeure très proche de celle de l’Eurogroupe. Au final, le rapport de l’IEO est un élément important pour écrire l’histoire. Mais certainement pas pour la changer.
Massacre de 1965 en Indonésie : le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’Australie jugés complices
Le Tribunal populaire international de La Haye juge que le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Australie sont complices du massacre anti-communiste de 1965 en Indonésie.
Par Sputnik News – Le 21 juillet 2016
Au cours de cette période, quelque 500 000 à un million de personnes sont mortes dans l’un des massacres les plus sanglants du XXe siècle. Ce qui a commencé comme une purge des communistes après une tentative de coup d’État manqué, a continué avec les Chinois et les gauchistes présumés, ce qui a conduit à un massacre nommé politicide.
Selon la décision rendue par le Tribunal populaire international (TPI) à La Haye, le gouvernement indonésien de 1965 [dirigé par Suharto, dont la dictature durera jusqu’en 1998] a commis des crimes contre l’humanité, mais la sentence, comme pour celle prononcée contre la Chine par les Philippines la semaine dernière en ce qui concerne les territoires contestés en mer de Chine méridionale, est non contraignante et sans conséquences punitives.
Les juges ont conclu que les allégations de « meurtres cruels et innommables » et « l’emprisonnement injustifié de centaines de milliers de personnes sans procès » étaient bien fondées.
« Il a également été démontré que la violence sexuelle, en particulier contre les femmes, était systématique et régulière, en particulier pendant la période de 1965 à 1967 » indique le rapport du Tribunal.
Le Tribunal a exigé des excuses du gouvernement indonésien actuel et a exigé des enquêtes et des poursuites contre les accusés encore en vie. Le Tribunal a également exigé une ouverture au public des archives et un dévoilement de la vérité concernant ces événements.
En outre, trois pays – le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Australie – ont été déclarés complices d’avoir facilité le massacre en utilisant la propagande pour manipuler l’opinion internationale en faveur de l’armée indonésienne.
Selon le rapport, l’Australie et le Royaume-Uni, «… ont partagé l’objectif des États-Unis de chercher à provoquer le renversement du président Sukarno ».
« Ils ont continué cette politique, même après qu’il fut devenu très clair que les meurtres avaient lieu à grande échelle et sans discernement. Dans l’ensemble, cela semble justifier l’accusation de complicité » dit le rapport.
Les détails des crimes commis par l’armée indonésienne, qui comprennent des assassinats brutaux, l’emprisonnement dans des conditions inhumaines, l’esclavage, la torture, les disparitions forcées et la violence sexuelle, peuvent être trouvés dans le texte intégral du rapport.
Le gouvernement indonésien a récemment refusé de présenter des excuses, et a réaffirmé sa position en ce qui concerne les victimes et les survivants des atrocités 1965.
« Notre pays est une grande nation. Nous reconnaissons et nous allons résoudre ce problème [le massacre 1965] à notre manière tout en respectant les valeurs universelles » a déclaré Luhut Pandjaitan, le ministre des Affaires juridiques et sécuritaire indonésien, aux journalistes réunis au palais présidentiel, mercredi dernier [20 juillet].
Traduit par Wayan, relu par Catherine pour le Saker Francophone.
http://lesakerfrancophone.fr/massacre-de-1965-en-indonesie-le-royaume-uni-les-etats-unis-et-laustralie-juges-complices
Source : Le Saker Francophone
Comment Pokémon Go est-il lié à la CIA :
http://reseauinternational.net/comment-pokemon-go-est-il-lie-a-la-cia/
Alors que Pokémon Go donne le tournis à la planète entière, les joueurs ont-ils jamais pensé que le jeu pouvait s’avérer dangereux ? Sputnik a fait une petite recherche sur l’affaire.
Voici quelques faits curieux sur le jeu Pokémon Go — et ce ne sont pas des ruses afin d’augmenter son niveau de jeu mais des détails sur le fonctionnement du projet. Détails qui peut-être réduiront à néant votre envie de vous lancer à la poursuite des Pokémon, ou de jouer en général.
Le projet Pokémon Go a été créé conjointement par The Pokémon Company, Nintendo et Niantic, ancienne filiale de Google. Niantic a été fondé par John Hanke, également fondateur de la compagnie Keyhole, Inc. spécialisée dans la création de cartes géospatiales. La compagnie a été financée par In-Q-Tel, un fonds américain de capital-investissement mis en place par la CIA en 1999.
A l’époque, plusieurs tâches ont été accomplies :
— la cartographie de la planète régulièrement mise à jour, y compris les autoroutes et tous les grands objets de l’infrastructure urbaine en général,
— des robots-véhicules ont mis leurs nez dans tous les coins du monde et ont cartographié des villes entières, des rues…
Un seul problème demeurait : comment pénétrer les maisons des citoyens, les sous-sols, les casernes et ainsi de suite ? Et voilà que Niantic lance un jeu génial et viral basé sur le principe de la réalité augmentée. Une fois qu’il l’a installé et qu’il lui a autorisé l’accès à sa caméra, son microphone, son gyroscope, son GPS et tous ses appareils connectés, le smartphone de l’utilisateur se met à vibrer et signale que plusieurs Pokémon se trouvent à proximité.
Que se passe-t-il ensuite ? L’application vous félicite pour votre premier succès parce qu’elle sait comment il est important pour le joueur d’être encouragé. Puis, elle requiert que vous filmiez vos premiers Pokémon captés de tous les angles — et obtient donc les photos de votre appartement en détail, y compris les coordonnées et l’angle d’inclinaison du smartphone.
Félicitations ! Il semble que vous venez de filmer votre appartement, les services secrets vous seront certainement reconnaissants…
A propos, les règles d’utilisation qu’il faut accepter pour installer le jeu recèlent des informations intéressantes. Ainsi, Niantic vous informe en ces termes officiels :
« Nous coopérons avec le gouvernement, les autorités compétentes ou des parties privées pour appliquer et respecter la loi. Nous pouvons divulguer toute information vous concernant (ou votre enfant autorisé) en notre possession ou sous notre contrôle au gouvernement, aux autorités compétentes ou aux parties privées dans le cas où, à notre seule discrétion, nous le penserions nécessaire ou approprié ».
Les développeurs précisent à quelles fins ils peuvent le faire : « (a) pour répondre aux réclamations et à toute procédure juridique (y compris des citations à comparaître); (b) pour protéger notre propriété, nos droits et notre sécurité et la propriété, les droits, et la sécurité d’un tiers ou du public en général ; et © pour identifier et arrêter toute activité que nous considérerions illégale, contraire à l’éthique, ou passible d’actions en justice ».
Mais qui lit les règles de l’utilisation ? On appuie sur « J’accepte » et on se dépêche de lancer le jeu.
Pourtant, les règles s’avèrent être une lecture bien excitante. Elles signalent par exemple que les servers de Pokémon Go enregistrent automatiquement certaines informations sur la façon dont une personne utilise ses services et s’en sert pour administrer ces services et analyser (petit détail : ils peuvent recourir à des tiers pour effectuer cette analyse).
Et cerise sur le gâteau :
« Les informations que nous collectons auprès de nos utilisateurs, y compris les données à caractère personnel, sont considérées comme un actif de l’entreprise ».
Voilà ce que vous acceptez en effet en installant l’appli.
« Si nous étions rachetés par un tiers à la suite d’une transaction telle qu’une fusion, une acquisition ou une vente d’entreprise, ou si nos actifs étaient rachetés par un tiers pour cause de faillite ou de cessation de commerce, une partie ou la totalité de nos actifs, y compris vos données à caractère personnel (ou celles de votre enfant autorisé), pourraient être divulguées ou transférées à un tiers acquéreur dans le cadre de la transaction », poursuivent les règles.
Imaginez-vous cela : le renseignement veut savoir ce qui se passe actuellement, par exemple… au Palais de l’Elysée. Et une minute plus tard les députés, les journalistes, les employés qui s’y trouvent sont tous rivés sur leurs portables qui leur signalent qu’un certain nombre de Pokémon sont dans la place…
Vous connaissez la suite.
source : https://fr.sputniknews.com/international/201607281027060121-pokemon-go-cia/
Une avant première de « la guerre à venir entre la Chine et l’Amérique »
Le fameux journaliste John Pilger nous parle de la Chine, d’Okinawa et de la politique étasunienne en Asie.
Maki Sunagawa et Daniel Broudy – Le 19 juillet 2016 – Foreign Policy In Focus.
Source : http://lesakerfrancophone.fr/une-avant-premiere-de-la-guerre-a-venir-entre-la-chine-et-lamerique
John Pilger est un journaliste de renommée mondiale, documentariste et auteur. Il a remporté par deux fois la plus haute distinction britannique pour le journalisme. Ses films ont remporté des prix de l’académie de télévision en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Deux de ses films, celui sur le Cambodge et l’autre à propos du Timor oriental, sont considérés parmi les plus important du XXe siècle. La guerre à venir entre la Chine et l’Amérique est son 60e film. Voici son interview.
Daniel Broudy : – Vous êtes maintenant en train de terminer votre dernier projet dont le titre, semble-t-il, risque de déclencher des sentiments de crainte considérable. La guerre à venir, vous êtes d’accord, c’est du lourd. Pouvez-vous décrire ce qui vous a poussé à avoir ce regard particulier sur les événements mondiaux, spécialement la manière dont vous les voyez se dérouler en Asie orientale ?
John Pilger : – Le film reprend le thème d’une grande partie de mon travail. Il cherche à expliquer comment une grande puissance s’impose sur les peuples, comment elle cache son jeu et les dangers qu’elle fait craindre. Ce film est sur les États-Unis, plus du tout sûrs de leur puissance, et cherchant à raviver la Guerre froide. La Guerre froide a de nouveau été lancée sur deux fronts : contre la Russie et contre la Chine. Je me concentre sur la Chine dans ce film sur la région Asie-Pacifique. Il débute aux îles Marshall où les États-Unis ont fait exploser 67 bombes atomiques, des armes nucléaires, entre 1946 et 1958, laissant cette partie du monde gravement endommagée en termes humains et environnementaux. Et cet assaut sur les Marshall continue. Sur la plus grande île, Kwajalein, il y a une base importante et secrète des États-Unis, appelée le centre d’expérimentation Ronald Reagan, qui a été créé dans les années 1960, comme le montrent les archives que nous utilisons, « pour lutter contre la menace chinoise ».
Le film se déroule également à Okinawa, comme vous le savez. Une partie du sujet est de montrer la résistance au pouvoir et à la guerre par un peuple qui vit le long de la ligne de clôture des bases américaines dans leur pays d’origine. Le titre du film a un lien certain avec ce sujet, car il est conçu comme un avertissement. Les documentaires de ce genre ont la responsabilité d’alerter les gens, si nécessaire pour les prévenir, et leur indiquer les moyens de résistance à ces plans rapaces. Le film montrera que la résistance à Okinawa est remarquable, efficace et peu connue dans le monde entier. Okinawa héberge 32 installations militaires américaines. Près d’un quart du territoire est occupé par des bases américaines. Le ciel est souvent bondé d’avions militaires ; l’arrogance de l’occupant est ressentie quotidiennement. Okinawa est de la taille de Long Island. Imaginez une base chinoise implantée juste à côté de New York.
Je suis aussi allé filmer dans l’île de Jeju, au large de la pointe sud de la Corée, où quelque chose de très similaire s’est passé. Les gens de Jeju ont essayé d’empêcher la construction d’une base importante et provocatrice à environ 400 miles de Shanghai. La marine sud-coréenne la gardera prête pour les États-Unis. C’est véritablement une base américaine où des destroyers de classe Aegis seront à quai aux cotés de sous-marins nucléaires et de porte-avions, à portée de la Chine. Comme Okinawa, Jeju a une histoire remplie d’invasions, de souffrance et de résistance.
En Chine, j’ai décidé de me concentrer sur Shanghai, qui est un des centres de l’histoire et des convulsions de la Chine moderne, de son entrée dans la modernité. Mao et ses camarades y ont fondé le Parti communiste de Chine, dans les années 1920. Aujourd’hui, la maison où ils se sont réunis en secret est entourée par les symboles de la société de consommation : un Starbucks se trouve juste en face. Les contradictions de la Chine contemporaine crèvent l’œil.
Le dernier chapitre du film se déroule aux États-Unis, où j’ai interviewé ceux qui planifient le jeu de guerre contre la Chine et ceux qui nous alertent sur ses dangers. J’y ai rencontré des gens impressionnants : Bruce Cummings, l’historien dont le dernier livre sur la Corée en révèle l’histoire secrète, et David Vine, dont le travail complet sur les bases américaines a été publié l’an dernier. J’ai filmé une interview au Département d’État avec le secrétaire d’État adjoint pour l’Asie et le Pacifique, Daniel Russell, qui a dit que les États-Unis « n’étaient plus dans les affaires de construction de bases ». Les États-Unis possèdent environ 5 000 bases ; 4 000 aux États-Unis même et près d’un millier étalées sur tous les continents. Regrouper tout cela ensemble, lui donner du sens, rendre justice à tout le monde, autant que possible, sont à la fois le plaisir et la souffrance de la création cinématographique. Ce que je souhaite exprimer à travers ce film est que nous courons de grands risques, qui ne sont pas reconnus. Je dois dire que j’ai l’impression d’être dans un autre monde, aux États-Unis, pendant cette campagne présidentielle qui n’aborde aucun de ces risques.
Mais ce n’est pas tout à fait exact. Donald Trump semble s’y être intéressé sérieusement si ce n’est momentanément. Stephen Cohen, l’autorité renommée sur la Russie qui a suivi cela de près, souligne que Trump a dit clairement qu’il désirait des relations amicales avec la Russie et la Chine. Hillary Clinton a attaqué Trump pour cela. Soit dit en passant, Cohen lui-même a été attaqué pour avoir suggéré que Trump n’était pas un va-t-en-guerre maniaque au sujet la Russie. Pour sa part, Bernie Sanders est resté silencieux ; de toute façon il est du côté de Clinton maintenant. Comme ses courriels le montrent, Clinton semble vouloir détruire la Syrie afin de protéger le monopole nucléaire d’Israël. Rappelez-vous ce qu’elle a fait à la Libye et Kadhafi. En 2010, en tant que secrétaire d’État, elle a transformé un différend qui n’était que régional, en mer de Chine du Sud, en un litige impliquant l’Amérique. Elle en a fait une question internationale, un point de tension. L’année suivante, Obama a annoncé son pivot vers l’Asie, un jargon pour justifier la plus grande accumulation de forces militaires américaines en Asie depuis la Seconde Guerre mondiale. L’actuel secrétaire à la Défense Ash Carter a récemment annoncé que des missiles et des hommes seraient basés aux Philippines, face à la Chine. Cela se passe alors que l’OTAN poursuit son renforcement militaire étrange en Europe, aux frontières de la Russie. Aux Etats-Unis, où les médias de toutes formes sont omniprésents et où la presse est constitutionnellement la plus libre au monde, il n’y a aucune conversation nationale, encore moins de débat, au sujet de ces développements. Dans un sens, le but de mon film est d’aider à briser le silence.
Daniel Broudy : – Il est tout à fait étonnant de voir que les deux principaux candidats démocrates n’ont pratiquement rien dit de substantiel sur la Russie et la Chine et sur la politique que les États-Unis développent face a eux. Comme vous l’avez dit, il est ironique de constater que Trump, un homme d’affaires, parle de la Chine de cette façon.
John Pilger : – Trump est imprévisible, mais il a clairement dit qu’il n’avait pas envie d’entrer en guerre contre la Russie et la Chine. À un moment donné, il a dit qu’il serait même neutre au Moyen-Orient. C’était une hérésie, et il a fait marche arrière sur ce point. Stephen Cohen a dit qu’il [Cohen] avait été attaqué uniquement pour avoir parlé de cela [les points positifs de Trump]. J’ai écrit quelque chose de similaire récemment et cela a remué une sous-strate de médias sociaux. Plusieurs personnes l’ont interprété comme un soutien à Trump.
Maki Sunagawa : – Je voudrais revenir à certains de vos travaux précédents qui nous ramènent au présent. Dans votre film, Stealing a Nation [Voler une nation, NdT], Charlesia Alexis parle de ses plus beaux souvenirs de Diego Garcia, en soulignant que « nous pouvions manger de tout ; on n’a jamais manqué de quoi que ce soit, et on n’a jamais acheté quoi que ce soit, sauf pour les vêtements que nous portions ». Ces paroles me rappellent les lieux et les cultures pacifiques et vierges, à travers le monde, qui existaient avant que les techniques colonisatrices classiques n’aient été appliquées aux peuples et aux environnements autochtones. Pourriez-vous développer un peu plus sur les détails que vous avez découverts, lors de vos recherches sur Diego Garcia, qui illustrent des faits sur cette force insidieuse que nous endurons encore aujourd’hui ?
John Pilger : – Ce qui est arrivé aux gens de Diego Garcia est un crime épique. Ils ont été expulsés, tous, par la Grande-Bretagne et les États-Unis. La vie que vous venez de décrire, la vie de Charlesia, a été délibérément détruite. Depuis leur expulsion, qui a commencé dans les années 1970, le peuple des Chagos a organisé une résistance infatigable. Comme vous le dites, leur histoire représente celle des peuples autochtones partout dans le monde. En Australie, les peuples autochtones ont été expulsés de leurs communautés et brutalisés. L’Amérique du Nord a connu une histoire similaire. Les populations autochtones sont profondément menaçantes pour les sociétés de colons car elles représentent une autre vie, une autre façon de vivre, une autre façon de voir les choses ; ils peuvent accepter la surface de notre mode de vie, souvent avec des résultats tragiques, mais le sens de leur vie ne se satisfait pas de la captivité. Si nous, modernes, étions aussi intelligents que nous croyons l’être, nous apprendrions d’eux. Au lieu de cela, nous préférons le confort spécieux de notre ignorance et de nos préjugés. J’ai eu beaucoup de rapports avec les peuples autochtones de l’Australie. J’ai fait un certain nombre de films à leur sujet et sur leurs oppresseurs, et j’admire leur résilience et leur résistance. Ils ont beaucoup en commun avec le peuple de Diego Garcia. Car l’injustice et la cruauté y sont similaires : les habitants des Chagos ont été trompés, intimidés et forcés à quitter leur patrie. Afin de les effrayer, les autorités coloniales britanniques ont tué leurs chiens de compagnie bien-aimés. Puis ils les ont chargés sur un vieux cargo avec une cargaison de merde d’oiseaux, et les ont jetés dans les bidonvilles de l’île Maurice et des Seychelles. Cette horreur est décrite en détails méprisants dans les documents officiels. L’un d’eux, écrit par l’avocat du Foreign Office, est intitulé, maintenir la fiction. En d’autres termes : comment entretenir un gros mensonge. Le gouvernement britannique a menti à l’Organisation des Nations Unies en prétendant que les habitants des Chagos étaient destravailleurs temporaires. Une fois expulsés, ils ont été volatilisés ; un document du ministère de la Défense a même prétendu n’y avait jamais eu de population sur l’ile.
Ce fut un tableau grotesque de l’impérialisme moderne : un mot d’ailleurs supprimé presque avec succès du dictionnaire. Il y a quelques semaines, les Chagossiens ont vu leur appel à la Cour suprême britannique rejeté. Ils avaient fait appel d’une décision prise par la Chambre des Lords en 2009 qui leur refusait le droit de rentrer à la maison, même si une série d’arrêts de la Haute Cour avait déjà été rendue en leur faveur. Lorsque la justice britannique est appelée à statuer entre les droits de l’homme et les droits d’une grande puissance, ses décisions purement politiques sont presque mises à nu.
Daniel Broudy : – En entendant, au cours des deux dernières décennies, les gens parler de la grande beauté de Diego Garcia, de ses activités marines offertes à tous ceux assez chanceux pour être stationnés ou temporairement affectés là bas, je suis toujours frappé par l’ignorance déterminée de ceux qui y vont et viennent allègrement, sans être perturbés par l’histoire de l’île. Peut-être que les médias, que beaucoup de gens consomment, contribuent à un tel détachement de la prise de conscience individuelle. La ligne claire qui, avant, séparait traditionnellement la publicité commerciale civile des relations publiques militaires semble avoir effectivement disparu dans ces communications de masse. De nos jours, des publications civiles portent des titres comme : le classement des meilleurs bases militaires outre mer. L’auteur d’un récent article souligne que le personnel de ces bases admet son rêve de voir le monde comme raison centrale motivant leur service militaire outre mer. Je me demande si le système actuel permet, encourage à se voir comme une sorte de voyageur du monde cosmopolite et, ainsi, contribue à développer en soi un sens superficiel du monde. Un sens qui voile aussi des réalités et des histoires horribles, comme à Diego Garcia, situées juste hors de vue. Pensez-vous que peut-être le processus de commercialisation et d’idéalisation de ces activités militaires a joué un certain rôle dans le maintien du réseau mondial de bases militaires ?
John Pilger : – Convaincre les jeunes hommes et les femmes à se joindre à une armée de volontaires est possible en leur offrant le genre de sécurité qu’ils ne recevraient pas autrement, dans les périodes économiques difficiles, et en faisant en sorte que cela semble être une aventure. Ajoutons à cela la propagande patriotique. Les bases sont des petites Amériques ; vous pouvez être à l’étranger dans des climats exotiques, mais pas vraiment ; c’est proche d’une vie virtuelle. Lorsque vous vous confrontez aux locaux, vous pouvez supposer que l’aventure dans laquelle vous êtes parti comprend l’autorisation d’en abuser ; ils ne font pas partie de cette petite Amérique, de sorte qu’ils peuvent être abusés. Les habitants d’Okinawa ne le savent que trop bien.
Je regardais quelques films d’archives intéressants sur l’une des bases d’Okinawa. La femme d’un des soldats basés là dit : « Oh, nous essayons de sortir une fois par mois pour avoir un repas local et avoir une idée de l’endroit où nous sommes. » Avant de quitter les îles Marshall, l’an dernier, mon équipage et moi avons dû passer par le centre d’expérimentation Ronald Reagan sur l’atoll de Kwajelein. Ce fut une expérience kafkaïenne. On a pris nos empreintes digitales et nos iris ont été enregistrés, notre taille mesurée, des photos de nous prises sous tous les angles. C’était comme si nous étions en état d’arrestation. C’était la porte d’entrée d’une petite Amérique avec son terrain de golf, ses pistes de jogging et ses pistes cyclables avec chiens et enfants. Les jardiniers pour les terrains de golf et de contrôle du chlore dans les piscines viennent d’une île située de l’autre coté de la baie, Ebeye, d’où ils sont transportés par les militaires. Ebeye fait environ deux kilomètres de long, où sont entassées 12 000 personnes. Ce sont des réfugiés en provenance des îles Marshall qui ont subi les essais nucléaires. L’approvisionnement en eau et l’assainissement y fonctionnent à peine. C’est un apartheid en plein Pacifique. Les Américains de la base n’ont aucune idée de la façon dont les insulaires vivent. Ils [les membres de la communauté militaire] se font des barbecues au coucher du soleil. Quelque chose de semblable est arrivée à Diego Garcia. Une fois que les gens ont été expulsés, les barbecues et le ski nautique pouvaient commencer.
À Washington, le secrétaire d’État adjoint que j’ai interviewé a dit que les États-Unis étaient en fait anti-impérialistes. Il était impassible et probablement sincère, a peine conscient. Ce n’est pas rare. Vous pouvez dire à des gens de niveau académique aux États-Unis : « Les États-Unis ont le plus grand empire que le monde ait connu, et voici pourquoi, voici les preuves. » Il est fort probable que cette conclusion soit reçue avec une expression d’incrédulité.
Daniel Broudy : – Certaines des choses dont vous parlez me rappellent ce que j’appris par d’anciens amis au Département d’État. Il y a toujours un risque que les employés du Département d’État ou des personnes servant dans l’armée à l’étranger « tournent locaux », c’est à dire commencent à sympathiser avec les gens de la population locale.
John Pilger : – Je suis d’accord. Quand ils compatissent, ils se rendent compte que la raison pour laquelle ils sont là est un non-sens. Certains des lanceurs d’alerte les plus efficaces sont des ex-militaires.
Daniel Broudy : – Peut-être que les barrières sont plus destinées à rappeler aux militaires des bases qu’il existe une limite à ne pas franchir vis à vis des locaux plutôt que d’empêcher les étrangers [les locaux] de pénétrer la zone [à l’intérieur].
John Pilger : – Oui, c’est « eux et nous ». Si vous allez à l’extérieur de la clôture, il y a toujours le risque que vous acquériez la compréhension d’une autre société. Cela peut vous conduire à vous poser la question de savoir pourquoi la base est là. Cela ne se produit pas souvent, car une autre ligne de clôture traverse la conscience militaire.
Maki Sunagawa : – Lorsque vous regardez en arrière sur vos lieux de repérage à Okinawa ou lorsque vous avez entrepris certaines prises de vue pour ce projet, quels sont les souvenirs les plus inoubliables et / ou les plus choquants que vous en avez ? Y‑a-t-il des scènes ou des conversations que vous n’oublierez pas ?
John Pilger : – Eh bien, il y en a un certain nombre. Je me suis senti privilégié de rencontrer Fumiko [Shimabukuro], qui est une source d’inspiration. Ceux qui avaient réussi à élire le gouverneur Onaga et à sécuriser Henoko et la question de toutes les bases dans l’agenda politique japonais sont parmi les gens de principe les plus dynamiques que j’ai rencontré : plein d’imagination et si gracieux.
L’écoute de la mère de l’un des jeunes qui a fini par mourir de ses terribles blessures lorsqu’un chasseur américain s’est écrasé sur l’école [à Ishikawa] en 1959 a été un rappel brutal de la peur dans laquelle les gens vivent. Une enseignante m’a dit qu’elle n’a, depuis, jamais cessé de regarder avec anxiété quand elle entend le bruit d’un aéronef au-dessus de sa classe. Lorsque nous tournions à l’extérieur du Camp Schwab, nous étions (ainsi que tous les manifestants) délibérément harcelés par d’énormes hélicoptères Sea Stallion, qui volaient en cercles au dessus de nous. C’était un avant-goût de ce que les gens d’Okinawa doivent vivre, jour après jour. Il y a souvent une rengaine chez les personnes libérales, dans les sociétés confortables, confrontées à des vérités désagréables : « Alors, qu’est-ce que je peux faire pour changer cela ? » Je dirais qu’il faut faire comme les habitants d’Okinawa ont fait : vous ne lâchez pas prise et vous continuez.
Résistance n’est pas un mot que vous entendez ou voyez souvent dans les médias occidentaux. Il est considéré comme un mot d’un autre monde, inutilisé par les gens polis, les gens respectables. C’est un mot difficile à retourner et à changer. La résistance que j’ai trouvée à Okinawa est une source d’inspiration.
Maki Sunagawa : – Oui, je suppose que lorsque vous faites partie de la résistance, il n’est pas si facile de voir son efficacité aussi bien. Très souvent, quand je fais des recherches sur le terrain, des entrevues, des prises de notes, et de l’écriture, il faut un certain temps pour prendre un peu de recul et regarder les détails de façon plus objective afin de comprendre l’histoire plus profonde sur laquelle je suis en train de réfléchir. Je me demande, au cours du processus d’édition de ce nouveau film, si vous pouvez nous parler des nouvelles et importantes leçons que vous en avez tirées, pendant que le scénario s’est formé.
John Pilger : – Eh bien, faire un film comme celui-ci est vraiment un voyage de découverte. Vous commencez avec un schéma global et un ensemble d’idées et d’hypothèses, et vous ne savez jamais vraiment où cela va vous mener. Je n’avais jamais été à Okinawa, alors j’en ai acquis de nouvelles idées et expériences : un nouveau sens des peuples, et je voudrais que le film reflète cela.
Les îles Marshall ont été aussi une nouveauté pour moi. Là bas, à partir de 1946, les États-Unis ont testé l’équivalent d’une bombe d’Hiroshima chaque jour pendant douze ans. Les habitants des Marshall sont encore utilisés comme cobayes. Des missiles sont tirés sur les lagons de l’atoll de Kwajelein depuis la Californie. L’eau est empoisonnée, les poissons non comestibles. Les gens survivent en mangeant des conserves. J’ai rencontré un groupe de femmes qui étaient des survivantes des essais nucléaires autour des atolls de Bikini et Rongelap. Elles avaient toutes perdu leurs glandes thyroïdes. C’étaient des femmes dans la soixantaine. Elles avaient survécu, incroyablement. Ce sont des personnalités généreuses ayant un grand sens de l’humour noir. Elles ont chanté pour nous, nous ont offert des cadeaux et ont dit qu’elles étaient heureuses que nous soyons venus les filmer. Elles aussi font partie d’une résistance invisible.
Traduit par Wayan, relu par Catherine pour le Saker Francophone.
Source : http://lesakerfrancophone.fr/une-avant-premiere-de-la-guerre-a-venir-entre-la-chine-et-lamerique
J’aime écouter cette jeune fille.
Keny Arkanaa : « On a dit non à la guerre… l’histoire se répète »
httpv://youtu.be/GikTtrB5Z0w
Salut Etienne,
Et moi aussi je l’a trouve très bien avec en rappel un lien que j’avais déjà mis sur le plan C :
Keny Arkana : « Sans un effort de bienveillance, la guerre civile nous attend »
https://reporterre.net/Keny-Arkana-Sans-un-effort-de-bienveillance-la-guerre-civile-nous-attend
[Violences policières et déni de justice en « gouvernement représentatif »]
JT de France 2 : bref, Adama Traoré est mort
http://www.acrimed.org/JT-de-France-2-bref-Adama-Traore-est-mort
Source : Acrimed (via rezo.net)
Fausses bannières flottant sur les foutaises de l’Empire
Par The Saker – Le 29 juillet 2016 – Source thesaker.is
Lorsque je pense aux récents développements aux États-Unis (tir de Dallas, fusillade d’Orlando) et en Europe (Nice, le prêtre assassiné, les tirs en Allemagne), j’éprouve ce sentiment déplaisant que quelque chose ne va pas. Pour une raison, leurs auteurs sont totalement ridicules : des pseudo-musulmans qui se révèlent être des ivrognes homosexuels, d’anciens patients d’institutions psychiatriques – la sorte de gens que j’appelle des musulmans du jour au lendemain : ils font tout pour dire Allah Akbar un grand nombre de fois, mais à part ça, ils ne montrent aucun signe de l’islam. En fait, loin d’être des combattants aguerris de Daech, ce sont tous des perdants aux personnalités faibles. Exactement le genre de gens dont les services spéciaux (et les sectes religieuses) aiment à faire des proies parce qu’ils sont faibles et faciles à manipuler. Oh oui, je sais, les bonnes gens de Daech ne cessent d’affirmer que l’auteur est l’un d’entre eux, mais cela ne prouve rien (à part, peut-être que Daech désespère d’accroître sa notoriété).
Je n’en ai aucune preuve, évidemment, mais j’éprouve le sentiment très fort que quelqu’un fait beaucoup d’efforts pour effrayer la foule des téléspectateurs. Mais pourquoi ? Pourquoi quelqu’un s’efforcerait-il de créer une menace totalement fictive ?
Devrions-nous vraiment rejeter tous les témoins innombrables qui parlent de « plus d’un tireur » ? Qu’en est-il de la surenchèreabsolument ridicule lorsque des centaines de policiers sont envoyés pour affronter un seul tireur ? Cela ne vous semble-t-il pas bizarre ? Suis-je le seul à penser que ce qui nous est montré est un spectacle soigneusement chorégraphié ?
Et puis il y a la fausse rumeur sur la menace islamique. OK, c’est vrai que tous ces islamo-terroristes ont dit aux flics, et à quiconque voulait les écouter, qu’ils tuent les infidèles pour la plus grande gloire de Dieu. Cela me rappelle les passeports utilement retrouvés à New York le 9⁄11 (et lors des attaques de Charlie Hebdo) ou comment les prétendus terroristes du 9⁄11 ont laissé des copies du Coran dans les bars où ils s’offraient des lap dances [danse érotique proposée dans certaines boîtes de nuit, NdT]. Le problème avec tout ce non-sens est qu’il y a exactement zéro preuve qu’aucun de ces terroristes avait une quelconque formation ou croyance musulmane réelle. D’ailleurs, si chacun d’entre eux s’était transformé en un musulman profondément religieux et pieux, cela ne prouverait encore rien. L’IRA était catholique romaine et pourtant personne ne parlait de menace catholique. C’est vrai, il y a une menace très réelle sur tout le Moyen-Orient de la part des cinglés de Daech (oui, ceux-là dont les États-Unis veulent que les Russes cessent de les bombarder), mais il n’y a aucune preuve d’aucune sorte d’une quelconque véritable subordination / coordination entre les takfiris au Moyen-Orient et les auteurs des récents meurtres de masse aux États-Unis et en Europe.
Le cui bono, bien sûr, pointe immédiatement les intérêts qui veulent désespérément renforcer le mythe fragile de la menace islamique : les sionistes, évidemment, mais aussi les élites néocons aux États-Unis et dans l’Union européenne.
Pensez‑y : leur grand espoir était que la Russie envahisse le Donbass (ou, même mieux, l’Ukraine tout entière) et la libère des fous nazis que les néocons ont mis au pouvoir à Kiev. Un tel geste aurait été utilisé comme une preuve que les méchants Russes revanchards sont en train de reconstruire l’Union soviétique, d’envahir l’Europe de l’Est et peut-être même d’amener leurs chars jusqu’à la Manche. Et s’il y avait suffisamment de gens pour gober la théorie de la menace russe, ils devraient aussi accepter des budgets militaires plus importants (pour engraisser encore plus le complexe militaro-industriel US) et le déploiement de plus de troupes américaines en Europe de l’Est (où elles fourniraient une source de revenus très utile, et parfois unique). Ensuite tous les problèmes internes de l’Europe auraient pu être imputés à la menace russe, ou du moins éclipsés par elle (dans le style « Poutine veut un Brexit »). Mais cet irritant Poutine n’a pas mordu à l’hameçon et maintenant l’Europe est coincée sans menace crédible pour terroriser les gens. L’OTAN, bien sûr, et ses colonies prostituées que sont les pays baltes et la Pologne, aiment à prétendre qu’une invasion russe est imminente, mais personne ne les croit vraiment. Selon certains sondages d’opinion, même les populations des pays baltes doutent de la réalité d’une menace russe (oubliez la Pologne : un pays avec un héros national comme Pilsudski est un cas désespéré).
Mais alors, presque au même moment où les néocons ont réalisé que les Russes ne mordaient pas à l’hameçon, le flux constant de réfugiés en provenance du Moyen-Orient et d’Afrique a subitement fortement augmenté, résultat de la destruction et du chaos créés par la politique néocon au Moyen-Orient. À votre avis, combien cela a‑t-il pris de temps aux dirigeants de l’Empire pour réaliser l’occasion fantastique que ce flux de réfugiés venait de créer pour eux ?
Premièrement, cette vague de réfugiés provoque une série de problèmes sociaux importants qui peuvent tous être utilisés pour offrir des distractions à la crise de crédibilité massive et aux difficultés économiques de l’UE. Peu importe à quel point les indicateurs économiques sont mauvais, vous pouvez toujours les cacher derrière un gros titre du genre Refugee rapes 79yo woman at German cemetery [Un réfugié viole une femme de 79 ans dans un cimetière allemand] (un cas véridique, cliquez sur le lien pour vérifier vous-mêmes).
Deuxièmement, exactement au moment où les élites compradores qui dirigent l’Union européenne sont menacées par le mécontentement populaire, la crise des réfugiés crée le prétexte parfait pour adopter des lois d’urgence et, si possible, introduire la loi martiale.
Troisièmement, plus la crise en Europe empire, mieux c’est pour le dollars US, qui devient la devise (plus) sûre où se réfugier.
Quatrièmement, plus il y a d’unités militaires, par opposition aux forces de police régulières, déployées en Europe, plus les Européens s’habitueront à l’idée que « seule l’armée peut nous protéger ».
Cinquièmement, si, pour finir, des chars et des émeutes, des soulèvements et des révoltes se répandent dans l’Union européenne – devinez qui se présentera pour « sauver encore une fois l’Europe » ? Exactement : Oncle Sam et l’OTAN. Une assez bonne mission pour un vestige, illégitime autrement, de la Guerre froide, non ?
Idéalement, la population européenne devrait se polariser entre, d’une part, ceux qui prétendent que les réfugiés ne sont pas du tout un problème et ceux qui les accusent de tout. Plus la société se polarise, plus il sera nécessaire de maintenir la loi et l’ordre.
Est-ce que tout cela vous semble familier ?
Oui, bien sûr, c’est aussi exactement ce qui se passe aux États-Unis avec le mouvementBlack Lives Matter (BLM).
Bien qu’il y ait énormément d’immigrants aux États-Unis, ceux-ci sont principalement desHispaniques et des Asiatiques, qui s’adaptent plutôt bien à la société américaine. La bonne nouvelle pour l’État profond étasunien est que les Noirs aux États-Unis peuvent tout à fait assumer la même fonction que les réfugiés en Europe : ils sont une minorité bruyante, profondément aliénée, animée d’une grande colère refoulée contre le reste de la société, et qui peut très facilement être mise en branle pour provoquer des émeutes et commettre des crimes. Il est aussi assez facile de trouver quelques cinglés parmi ces Noirs pour commencer à assassiner des policiers (le symbole idéal de l’establishment blanc oppresseur) et provoquer un sentiment de crise suffisamment aigu pour justifier le recours à la police, à la Garde nationale et, potentiellement, aux forces armées pour restaurer et maintenir la loi et l’ordre.
Est-ce vraiment une coïncidence si les élections présidentielles américaines présentent des figures extrêmement polarisantes comme Hillary et Trump et que de la violence, à un niveau assez faible, ait déjà été attisée par la propagande anti-Trump hystérique des médias commerciaux américains ? Imaginez seulement pendant une seconde ce qui pourrait se passer aux États-Unis si un tireur solitaire tuait Hillary ou Trump ? La société exploserait littéralement et la loi et l’ordre devraient être restaurés.
Les modalités peuvent différer, mais tant dans l’Union européenne qu’aux États-Unis nous voyons aujourd’hui des forces lourdement armées et généralement militarisées dans les rues pour nous protéger de quelque menace exotique et effrayante.
Cela aurait-il à voir avec le fait que les élites dirigeantes sont absolument haïes par l’immense majorité des Européens et des Américains ? Évidemment !
Je suis convaincu que ce qui se passe est la suppression progressive de la société civile sous prétexte de la protéger – nous – d’une menace épouvantable. Je suis aussi convaincu qu’une partie de ce plan est de polariser autant que possible notre société pour créer des troubles civils et pour dissimuler les véritables problèmes systémiques et structurels de notre société totalement dysfonctionnelle et l’ordre politique discrédité et illégitime.
La méthode du panem et circenses (du pain et des jeux) ne fonctionne que dans une société capable de fournir suffisamment de richesse à sa population pour qu’elle en jouisse. Mais lorsqu’un Empire agonise, lorsque son armée ne peut plus gagner de guerre, lorsque son chef est ridiculisé, lorsque sa monnaie est graduellement affaiblie et même remplacée et lorsque sa puissance n’est plus crainte, alors l’Empire devient incapable d’assurer les conditions minimales nécessaires pour maintenir ses sujets tranquilles et obéissants. À ce stade, le choix devient simple : trouver un ennemi extérieur ou, au moins, en identifier un à l’intérieur. Cette fois, les Anglosionistes ont trouvé ce qu’ils pensent être la combinaison parfaite : une menace externe diffuse et vague (l’islam) et un porteur de menace interne facilement identifiable (les réfugiés en Europe, les Noirs aux États-Unis). Le fait que le gouvernement étasunien ait planifié diverses situations d’état d’urgence ou de loi martiale depuis des années n’est plus vraiment un secret (voir National Security Presidential Directive 51 et National Continuity Policy Implementation Plan ou Rex84), mais maintenant il y a la preuve que les Allemands l’envisagent aussi. En fait, nous pouvons leur faire confiance, ils le planifient. Ils sont à l’œuvre au moment même où nous en parlons.
La dernière fois que l’Empire a ressenti le besoin de reprendre le contrôle sur l’Europe et d’empêcher l’élection au pouvoir de partis politiques anti-américains, il s’est engagé dans la célèbre campagne de coups sous fausse bannière de l’Opération Gladio pour neutraliser la menace communiste (voir le documentaire complet https://youtu.be/GGHXjO8wHsA). Il semble que les mêmes gens fassent de nouveau la même chose, mais cette fois contre la supposée menace islamique. Et juste pour s’assurer que les gens ordinaires paniquent vraiment, il semble que les Anglosionistes ont établi un plan assez contre-intuitif :
1) Pour les politiciens : condamner officiellement toute rhétorique anti-musulmane
2) Pour les médias, les personnalités publiques : mettre officieusement et constamment en garde contre l’extrémisme islamique
3) Prendre quelques mesures très visibles mais totalement inutiles (mesures de sécurité des transports [TSA], formation anti-terroriste) pour se défendre contre une attaque islamiste
4) Soutenir secrètement, mais activement, le takfirisme du genre Daech au Moyen-Orient et s’opposer, en sabotant leurs actions, à ceux qui, comme les Russes, les Iraniens et les Syriens, le combattent réellement au quotidien.
Que vise un plan aussi illogique et apparemment voué à l’échec ? Simple ! Il fait croître la peur et polarise la société.
Ce genre de polarisation artificielle n’est rien de nouveau. C’est pourquoi, par exemple, ceux qui haïssent Obama le traitent de socialiste (ou même de communiste) tandis que ceux qui haïssent Trump le traitent de fasciste (en réalité, tant Obama que Trump ne sont que les hommes de paille des différentes factions capitalistes de la même élite des 1%).
Ce que nos seigneurs impériaux veulent réellement est que nous nous battions les uns contre les autres ou, au moins, que nous combattions des moulins à vent. Regardez le public américain – il est totalement obsédé par des non-questions comme le mariage homosexuel, pour le contrôle des armes versus contre les tireurs actifs, pour Black Lives Matter versus pour les flics, et les sempiternelles manifestations pour les pro/anti avortement. Ces questions importent à une minorité d’Américains, je suppose, mais pour l’immense majorité d’entre eux, ce sont des non-problèmes absolus, des conneries dénuées de sens qui ne les touchent en aucune manière sinon à travers les médias commerciaux. Cela me rappelle vraiment l’orchestre du Titanic jouant pendant que le navire sombrait : l’Empire craque sous toutes ses coutures, il y a un risque très réel de guerre nucléaire avec la Russie et nous discutons sérieusement de savoir si les transdevraient faire pipi dans les toilettes des messieurs ou des dames lorsqu’ils/elles sont dans leur supermarché favori. C’est fou, bien sûr, mais c’est difficilement une coïncidence. C’est comme ça que nos dirigeants nous veulent : terrifiés, confus et, par dessus tout, distraits.
Franchement, je suis pessimiste pour l’avenir à court et moyen terme. Lorsque je vois avec quelle facilité la fausse rumeur de la menace islamique a été gobée non seulement par les propagandistes officiels mais même par des gens tout à fait rationnels et instruits par ailleurs, je vois que le 9⁄11 nous a très peu appris. Exactement comme un taureau dans une corrida, nous sommes prêts à foncer sur n’importe quel chiffon rouge brandi sous notre nez, indépendamment de celui qui agite ce chiffon et nous saigne.
La bonne nouvelle est qu’indépendamment de notre passivité crédule, l’Empire s’effondre, peut-être pas aussi vite que certains de nous le souhaitent, mais assez rapidement pour inquiéter vraiment nos dirigeants. Regardez les Israéliens – ils ont déjà lu l’inscription sur le mur et sont maintenant dans un processus de changement de patrons, d’où leur grande amitié retrouvée avec la Russie – un mariage de convenance pour les deux côtés, entrés chacun en se pinçant le nez. Idem pour Erdogan qui a apparemment décidé que ni l’Union européenne ni les États-Unis ne pouvaient être considérés comme des protecteurs fiables. Même les Saoudiens ont tenté, quoique maladroitement et grossièrement, d’avoir les Russes de leur côté.
Pour le moment, le spectacle de la menace islamique va se poursuivre, comme celui destireurs actifs, de Black Lives Matter et de tout le reste du programme que nous a apporté l’Empire. Les fausses bannières continueront à flotter en grand nombre sur les foutaises de l’Empire.
The Saker
Article original paru sur The Unz Review
Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Catherine pour le Saker francophone
Source : Le Saker francophone, http://lesakerfrancophone.fr/fausses-bannieres-flottant-sur-les-foutaises-de-lempire
Propagande xénophobe ordinaire au Petit journal
httpv://www.youtube.com/watch?v=t3Sc0l385xo
Utile décryptage proposé par les-crises.fr, Olivier Berruyer
Merci.
PROPAGANDE Anti Poutine Chez CANAL + Petit journal Yann Barthes
httpv://www.youtube.com/watch?v=7FCgAhiL52k
Hiroshima : un crime qui paie encore, mais gare au jugement de l’histoire
Lors de sa visite à Hiroshima en mai dernier, Obama n’a pas, comme certains l’avaient vainement espéré, présenté des excuses pour le bombardement atomique de la ville, le 6 août 1945. Au lieu de cela, il a prononcé un discours ronflant lénifiant contre la guerre. Il l’a fait au moment même où il poursuivait sa guerre de drones contre des ennemis sans défense dans des pays lointains et approuvait des plans pour dépenser mille milliards de dollars pour une mise à niveau de l’arsenal nucléaire américain.
Des excuses auraient été aussi inutiles que son discours. Des paroles creuses ne changent rien. Mais voici une chose que Obama aurait pu dire qui aurait eu un véritable impact : la vérité.
Il aurait pu dire :
« Les bombes atomiques n’ont pas été larguées sur Hiroshima et Nagasaki « pour sauver des vies en mettant fin à la guerre ». Ce fut un mensonge officiel. Les bombes ont été larguées pour observer leurs effets et pour montrer au monde que les États-Unis possédaient une puissance destructrice illimitée. »
Mais il n’y avait aucune chance qu’Obama prononce de telles phrases. Officiellement, le bombardement « a sauvé des vies » et cela donc en « valait le coût » (comme dira Madeleine Albright quant au demi-million d’enfants irakiens morts à cause des sanctions U.S.). Comme les villages vietnamiens que nous avons détruits pour les sauver, comme les innombrables enfants irakiens qui sont morts à la suite des sanctions américaines, les centaines de milliers de femmes et d’enfants agonisants dans deux villes japonaises figurent encore au débit des comptes que les États-Unis ont à rendre à l’humanité, une dette toujours impayée et impunie.
« Cela en valait le coût »
La décision de détruire Hiroshima et Nagasaki fut une décision politique et non militaire. Les objectifs ne furent pas militaires, les effets ne furent pas militaires. Les attaques furent menées contre la volonté de tous les grands chefs militaires. L’Amiral William Leahy, chef d’État-major interarmées à l’époque, écrit dans ses mémoires que « l’utilisation de cette arme barbare à Hiroshima et Nagasaki n’était d’aucune aide matérielle dans notre guerre contre le Japon. Les Japonais étaient déjà vaincus et prêts à se rendre … » Le général Eisenhower, le général MacArthur, et même le général Hap Arnold, commandant de la Force aérienne, se sont opposés à l’usage de cette arme. Le Japon était déjà dévasté par des bombes incendiaires, faisait face à une famine généralisée à cause du blocus naval des États-Unis, se retrouvait démoralisé par la reddition de son allié allemand, et craignait une attaque russe imminente. En réalité, la guerre était terminée. Tous les hauts dirigeants américains savaient que le Japon était vaincu et cherchait à se rendre.
La décision d’utiliser les bombes atomiques fut une décision purement politique prise presque uniquement par deux politiciens : Le Président novice, joueur de poker, et son mentor, le secrétaire d’État James F. Byrnes [1]
Le président Harry S. Truman était en réunion avec Churchill et Staline dans la banlieue berlinoise de Potsdam lorsqu’il apprit l’information secrète que l’essai atomique dans le Nouveau-Mexique avait été un succès. Les observateurs se souviennent que Truman devint « un autre homme », rendu euphorique par la possession d’un tel pouvoir. Alors que d’autres hommes moins superficiels furent ébranlés devant les implications d’une telle force destructrice, pour Truman et son et secrétaire d’Etat intriguant, James Byrnes, le message était : « Maintenant, on peut tout se permettre »
Sur les bases de cette présomption, ils se sont empressé d’agir – d’abord dans leurs relations avec Moscou.
En réponse aux appels répétés des Etats-Unis, Staline a promis d’entrer en guerre en Asie trois mois après la défaite de l’Allemagne nazie, qui eut lieu au début de mai 1945. Il était bien connu que les forces d’occupation japonaises en Chine et en Mandchourie ne pouvaient résister à l’Armée rouge. Il était entendu que deux choses pouvaient entraîner la reddition immédiate du Japon : l’entrée de la Russie dans la guerre et l’assurance des Etats-Unis que la famille royale ne serait pas traitée comme des criminels de guerre.
Ces deux événements se sont produits dans les jours qui ont suivi le bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki.
Mais les deux ont été éclipsés par la bombe atomique.
Et c’était bien l’objectif recherché.
Car ainsi, le crédit de la fin de la guerre fut attribué aux bombes atomiques américaines.
Mais ce n’est pas tout.
La possession confirmée d’une telle arme donna à Truman et Byrnes un tel sentiment de puissance qu’ils pouvaient abandonner les promesses antérieures faites aux Russes et tenter d’intimider Moscou en Europe. En ce sens, les bombes sur Hiroshima et Nagasaki ont non seulement tué sans raison des centaines de milliers de civils mais ont également déclenché la guerre froide.
Hiroshima et la guerre froide
Une observation très importante sur les effets de la bombe atomique est attribuée au général Dwight D. Eisenhower. Comme son fils l’a raconté, il était profondément abattu en apprenant à la dernière heure que le bombe serait utilisée. Peu après Hiroshima, Eisenhower aurait dit en privé :
« Avant l’utilisation de la bombe, j’aurais dit oui, je suis sûr que nous pouvons préserver la paix avec la Russie. Maintenant, je ne sais pas. Jusqu’à présent, je vous aurais dit que nous trois, la Grande-Bretagne avec sa puissante flotte, l’Amérique avec la plus puissante force aérienne, et la Russie avec la plus grande force terrestre sur le continent, à nous trois nous aurions pu garantir la paix du monde pendant une longue, très longue période à venir. Mais maintenant, je ne sais pas. Partout les gens ont peur et sont secoués. Tout le monde se sent en insécurité à nouveau ». [2]
En tant que commandant suprême des Forces alliées en Europe, Eisenhower avait appris qu’il était possible de travailler avec les Russes. Les systèmes économiques et politiques intérieurs des États-Unis et de l’URSS étaient totalement différents, mais sur la scène internationale, ils pouvaient coopérer. En tant qu’alliés, leurs différences étaient principalement dues à la méfiance et pouvaient être réglés.
L’Union soviétique victorieuse avait été dévastée par la guerre : les villes en ruines, une vingtaine de millions de morts. Les Russes voulaient de l’aide pour reconstruire. Auparavant, sous Roosevelt, il avait été convenu que l’Union soviétique obtiendrait des réparations de l’Allemagne, ainsi que des crédits des États-Unis. Tout à coup, il n’en était plus question. Lorsque la nouvelle de l’essai au Nouveau-Mexique est tombée, Truman s’écria : « Maintenant, les Russes vont marcher droit. » Parce qu’ils se sentaient tout à coup tout-puissants, Truman et Byrnes décidèrent de faire preuve de fermeté devant les Russes.
Staline apprit maintenant que la Russie ne pourrait obtenir des réparations que sur la partie orientale de l’Allemagne, en grande partie agricole, qui se trouvait sous occupation de l’Armée rouge. Ce fut la première étape de la division de l’Allemagne, à laquelle Moscou en fait s’est opposée.
Puisque plusieurs des pays d’Europe de l’Est s’étaient alliés à l’Allemagne nazie, et comptaient de puissants éléments anti-russes, la seule condition de Staline pour ces pays (alors occupés par l’Armée rouge) était que leurs gouvernements ne devaient pas être activement hostiles à l’URSS. Pour cette raison, Moscou favorisait la formule de « démocraties populaires », c’est-à-dire des coalitions excluant les partis d’extrême droite.
Se sentant tout-puissants, les Etats-Unis haussèrent le niveau de leurs exigences en demandant des « élections libres » dans l’espoir d’installer des gouvernements anti-communistes. Ce qui se retourna contre eux. Au lieu de céder à la menace atomique implicite, l’Union soviétique s’est durcie. Au lieu de desserrer le contrôle politique de l’Europe de l’Est, Moscou imposa des régimes communistes – et accéléra son propre programme de bombe atomique. La course aux armements nucléaires était lancée.
« Le beurre et l’argent du beurre »
John J. McCloy, qualifié par son biographe Kai Bird comme le « président informel de l’establishment américain », déclara à l’époque au Secrétaire de guerre Henry Stimson que : « nous devons avoir le beurre et l’argent du beurre ; nous devons être libres d’agir en vertu du présent accord régional en Amérique du Sud, et en même temps intervenir rapidement en Europe ; que nous ne devons céder aucun de ces atouts… » [3] Stimson répondit : « Je pense que oui, sans hésitation. »
En bref, les États-Unis devaient conserver leur sphère d’influence sur tout le continent américain, revendiquée par la doctrine Monroe, tout en privant la Russie de sa propre zone tampon.
Il est nécessaire de reconnaître la distinction nette entre politique intérieure et politique étrangère. La nature du régime intérieur soviétique a peut-être été aussi affreux qu’on le décrit, mais en matière de politique étrangère, Staline respectait scrupuleusement les accords passés avec les alliés occidentaux – l’abandon, par exemple, des communistes grecs lorsqu’ils étaient écrasés par les Anglo-Americans après la guerre. Ce furent les États-Unis qui ont renié les accords passés à Yalta, qui ont par la suite été stigmatisés comme autant de concessions faites à « l’agression communiste ». Staline n’avait absolument aucun désir de promouvoir la révolution communiste en Europe occidentale, encore moins d’envahir ces pays. En fait, son abandon du projet de promotion de la révolution mondiale est précisément la base de la campagne contre le « stalinisme » par les Trotskystes – y compris des Trotskystes dont la dévotion à la révolution mondiale s’est maintenant transformée en une promotion des guerres de « changement de régime » des États-Unis.
Il y a une doctrine dominante en Occident selon laquelle les dictatures font la guerre et les démocraties font la paix. Rien ne démontre cette théorie. Des dictatures (prenez l’Espagne de Franco) peuvent être conservatrices et autocentrées. Les principales puissances impérialistes, la Grande-Bretagne et la France, étaient des démocraties. L’Amérique démocratique est loin d’être pacifique.
Tandis que l’Union soviétique développait son propre arsenal nucléaire, les États-Unis furent incapables d’interférer efficacement en Europe de l’Est et se retournèrent vers des ennemis plus faibles, en renversant les gouvernements en Iran et au Guatemala, en s’enlisant au Vietnam, selon la théorie qu’ils n’étaient que des agents de l’ennemi communiste soviétique. Mais depuis que l’Union soviétique s’est effondrée, abandonnant la zone tampon de la Russie en Europe de l’Est, on voit une résurgence de la confiance qui submergea Truman : l’euphorie du pouvoir sans limites. Sinon, pourquoi le Pentagone lancerait-il un programme de mille milliards de dollars pour renouveler l’arsenal nucléaire des Etats-Unis, tout en positionnant des troupes et des armes offensives aussi près que possible de la frontière russe ?
Dans son livre The President Is Calling (Le Président Appelle) de 1974 sur ses relations avec son frère Dwight, Milton Eisenhower a écrit : « Notre emploi de cette nouvelle force à Hiroshima et Nagasaki fut une provocation suprême à d’autres nations, en particulier l’Union Soviétique. » Et il a ajouté, « Certes, ce qui est arrivé à Hiroshima et Nagasaki restera à jamais sur la conscience du peuple américain. »
Hélas, à ce jour, tout prouve le contraire. La conscience critique a été marginalisée. Les mensonges officiels systématiques sur la « nécessité de sauver des vies américaines », persistent, tandis que la puissance de la bombe a créé un sentiment durable de’ « exceptionnalisme » vertueux chez les dirigeants du pays. Il n’y a que nous les Américains qui puissions faire ce que les autres ne peuvent pas faire, parce que nous sommes « libres » et « démocratiques » et les autres – si nous choisissons de les désigner ainsi – ne le sont pas. D’autres pays, parce que non « démocratiques », peuvent être détruits afin d’être libérés. Ou juste détruits. C’est cela au fond, « l’exceptionnalisme » qui, à Washington, se substitue à la « conscience du peuple américain » qui n’a pas été suscitée par Hiroshima, mais étouffée.
La Conscience en Sommeil
En tant qu’invité à Hiroshima, Obama a pontifié habilement :
« Les guerres de l’ère moderne nous enseignent cette vérité. Hiroshima enseigne cette vérité. Les progrès technologiques sans progrès équivalents dans les institutions humaines peuvent nous condamner. La révolution scientifique qui a conduit à la division d’un atome nécessite une révolution morale. »
Eh bien oui, mais une telle révolution morale n’a pas eu lieu.
« … La mémoire du matin du 6 août 1945, ne doit jamais s’effacer. Cette mémoire permet de combattre la complaisance. Elle alimente notre imagination morale. Il nous permet de changer. »
« Changer » est une spécialité d’Obama. Mais il n’a rien fait pour changer notre politique sur les armes nucléaires, sauf pour la renforcer. Aucune trace d’ « imagination morale » imaginant la dévastation vers laquelle cette politique nous mène. Pas d’idées imaginatives pour réaliser le désarmement nucléaire. Juste des promesses de ne pas laisser les méchants s’emparer de telles armes, parce qu’elles sont à nous.
« Et depuis ce jour fatidique, » a poursuivi Obama, « nous avons fait des choix qui nous donnent espoir. Les États-Unis et le Japon ont forgé non seulement une alliance, mais une amitié qui a gagné beaucoup plus pour notre peuple que nous n’aurions jamais pu obtenir par la guerre. »
Comme c’est sinistre. En fait, ce fut précisément par la guerre que les États-Unis ont forgé cette alliance et cette amitié – que les États-Unis essaient maintenant de militariser dans son « pivot asiatique ». Cela signifie que nous pouvons rayer de la carte avec des armes nucléaires deux villes d’un pays et finir avec « non seulement une alliance, mais une amitié ». Alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas se faire encore plus de ce genre d’ « amis », par exemple en Iran, pays à propos duquel Hillary Clinton a exprimé sa volonté de l’« éradiquer » si les circonstances le nécessitent.
« Voilà un avenir que nous pouvons choisir », a déclaré Obama, « un avenir dans lequel Hiroshima et Nagasaki sont connues non pas comme l’aube de la guerre atomique, mais comme le début de notre propre éveil moral. »
Mais jusqu’à présent, Hiroshima et Nagasaki sont très loin de marquer le « début de notre propre éveil moral ». Au contraire. L’illusion de posséder un pouvoir sans limites ôte toute nécessité d’auto-examen critique, toute nécessité de faire un véritable effort pour comprendre ceux qui ne sont pas comme nous et qui ne veulent pas être comme nous, mais pourraient partager la planète en paix si nous les laissions tranquilles.
Puisque nous sommes tout-puissants, nous devons être une force du bien. En réalité, nous ne sommes ni l’un ni l’autre. Mais nous semblons incapables de reconnaître les limites de notre « exceptionnalisme ».
Les bombes sur Hiroshima et Nagasaki ont plongé les dirigeants des États-Unis dans un sommeil moral dont ils ne sont pas près de se réveiller.
Diana Johnstone
Traduction « des bombes atomiques ? Pas de problème, il y en a pour tout le monde » par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles
Notes.
[1] Tout cela est connu des experts. Les preuves documentaires ont tous été présentées par Gar Alperovitz dans les 800 pages de son livre de 1995, The Decision to Use the Atom Bomb (la décision d’utiliser la bombe atomique). Cependant, les mensonges officiels survivent à une réfutation documentée.
[2] Alperovitz pp 352–3.
[3] p.254 Ibid.
http://www.legrandsoir.info/hiroshima-un-crime-qui-paie-encore-mais-gare-au-jugement-de-l-histoire.html
« Blair et Bush sont des criminels » : le témoignage d’un ancien entrepreneur belge en Irak
RAPHAËL MEULDERS Publié le
http://www.lalibre.be/actu/international/blair-et-bush-sont-des-criminels-le-temoignage-d-un-ancien-entrepreneur-belge-en-irak-578640c1357086b3e0cfd49c
Après quatorze ans, il a décidé de briser le silence. « La deuxième guerre en Irak est basée non pas sur un doute mais sur un énorme mensonge, explique l’entrepreneur belge Gérard Delruelle, ancien président de Cockerill-Sambre, mais aussi ex-patron de Sybetra (NDLR : syndicat belge des travaux, soit un groupement de l’industrie belge pour exporter des usines clé en main). C’est à ce titre qu’il était au premier rang lors de la seconde guerre du Golfe (2003) quand l’usine construite par les Belges et située à Al Qaïm à la frontière entre l’Irak et la Syrie a été présentée au monde entier comme une menace directe pour les Etats-Unis. Photo géante, diffusée largement début octobre 2002, à l’appui.
« D’après les Américains, cette usine d’engrais, qui était l’une des plus belles du monde, était remplie d’uranium, destiné à un armement nucléaire, dénonce M. Delruelle qui fut également député. C’était totalement faux. Oui, une installation d’extraction d’uranium a bien existé , mais elle a été démolie par l’armée américaine lors de la première guerre du Golfe en 1991. Saddam Hussein n’était pas une menace ni pour la Grande-Bretagne, ni pour les Etats-Unis. Le rapport Chilcot (NDLR : un document publié la semaine dernière et qui dresse un bilan accablant de l’intervention britannique en Irak décidée sous le Premier ministre travailliste Tony Blair), doit être complété par notre témoignage. »
Quand a débuté votre expérience en Irak ?
En 1978, alors que j’étais député, la Société Générale de Belgique m’a demandé de prendre en charge le chantier de Sybetra, enlisé dans un mauvais contrat. Il s’agissait de la construction d’une gigantesque usine d’engrais à Al Qaim, près de la frontière syrienne. Les autorités irakiennes avaient fait les bons choix, en misant sur les technologies les plus modernes, mais le contrat avait été conclu à perte. Pendant cinq ans, j’ai dirigé l’équipe du chantier, près de 5000 personnes. Il a fallu renégocier avec le client irakien, difficile mais compétent. La guerre Irak-Iran est venue compliquer les choses.
A quoi ressemblait l’Irak à cette époque ?
C’était un pays où l’on bâtissait des usines, on construisait des routes et des autoroutes et pas uniquement des palais pour les dirigeants. La plupart des enfants étaient scolarisés, le niveau de vie était presque aussi élevé que dans les pays développés. On y rencontrait des femmes directeurs de ministères. C’était le contraire du pays archaïque dont on nous a parlé à l’époque.
Saddam Hussein était un homme très brutal mais efficace. Son régime était laïque et tentait de maintenir un équilibre entre les sunnites et les chiites. Le ministre des Affaires étrangères était chrétien. Un jour une ingénieure polonaise (il y avait des expatriés de 47 nationalités) a été enlevée et violée par des agents des services secrets. Retrouvés, ils ont immédiatement été pendus. C’est violent, mais dans beaucoup de dictatures ce genre d’affaire aurait été étouffée et on n’aurait jamais retrouvé les coupables.
On doit condamner, à juste titre, Saddam Hussein pour avoir gazé des milliers de Kurdes qui se révoltaient. Mais ce crime de guerre est-il plus grave que toutes les bombes à fragmentation des autres armées ?
Tiriez-vous de l’uranium depuis cette usine d’Al Qaïm ?
Oui, on a extrait de l’uranium. C’était l’un des petits suppléments qu’on avait rajoutés à la demande des Irakiens. Le phosphate ce de pays a la particularité d’avoir davantage d’uranium que la moyenne. On utilisait un procédé chimique simple, inventé par les Belges, qui nous permettait de produire un « yellow cake », un oxyde d’uranium, comparable à n’importe quel minerai d’uranium extrait au Niger ou dans d’autres pays et qu’on retrouvait sur le marché. Mais si une installation d’extraction de l’uranium contenu dans le phosphate irakien (de 0,3 % à 3 %) a bien existé… elle a été démolie par l’armée américaine lors de la première guerre du Golfe en 1991 !
Des américains sont venus à Méchim chercher les plans de l’usine de façon à avoir les informations précises permettant d’en cibler la destruction.
En octobre 2002, vous découvrez pourtant que votre usine fait la Une des médias…
Les Américains se sont servis de notre usine qui a fait la manchette du New York Times et de la plupart des journaux du monde à l’avant veille du vote au Congrès décidant d’une intervention en Irak. Il fallait faire peur et on a présenté Al Qaïm comme dangereuse pour la sécurité des Etats-Unis : cette énorme usine produisait, soi-disant, de l’uranium en grande quantité. Ce qui est complètement faux, car il n’y avait plus un gramme d’uranium depuis 1991. Impossible de nier la volonté de mentir. J’ai dénoncé cet énorme mensonge en écrivant un article que j’ai transmis à différents journalistes. Les contrôleurs de l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique (AIEA), ont fait le tour de toutes les rédactions de journaux pour prétendre que le danger était réel. Ils échapperont difficilement au dilemme : incompétents ou complices ?
Certains avaient-ils des raisons particulières d’intervenir en Irak ?
Pourquoi le président des Etats-Unis de l’époque, George W. Bush jr, le vice-président Dick Cheney, et le Premier ministre britannique Tony Blair ont-ils voulu attaquer l’Irak ? Il faut leur demander. Il n’y avait aucune raison objective de s’en prendre à l’Irak. Saddam Hussein n’était pas une menace ni pour la Grande-Bretagne, ni pour les Etats-Unis. Bush et Blair ont trompé leur monde. C’est maintenant admis.Cette deuxième intervention occidentale en Irak a causé la débandade de l’Irak. Depuis que les Américains sont intervenus, ce sont des attentats tous les jours. Daech est né de ces décisions mensongères. Le temps a passé et celui de la vérité est arrivé : Georges W. Bush, Dick Cheney et Tony Blair sont des criminels que l’Histoire reconnaîtra comme tels.
Avez-vous des nouvelles de cette usine d’Al Qaïm ?
Elle est au main de Daech, mais elle a probablement subi peu de dommages essentiels. Daech n’a certainement pas détruit des fours qui font 90 mètres de long. Dès que l’organisation terroriste sera mise hors d’état de nuire, je compte retourner en Irak avec ceux qui ont construit cette usine. Il faudra retrouver les plans, qui sont en Belgique, et la remettre en marche.
Source : La Libre Belgique
[À propos de « la paix romaine » de l’Empire du moment]
Mes chers concitoyens : Nous sommes fous
Par Margot Kidder
« Après avoir vu la Convention nationale démocrate, ce soir, il y a quelque chose que je vais essayer d’expliquer ici, qui provoquera le mépris de beaucoup de mes amis. Mais les mots sont un bâillon dans ma gorge, mon estomac est tordu, malade, et je dois vomir cela. L’anti-américanisme en moi est sur le point d’exploser et d’atterrir Dieu sait où, tant ma colère est bien au-delà de la raison. Et moi, par héritage, moitié américaine en quelque sorte − ce qui me fait plus américaine que presque tous dans ce pays, sauf pour les vrais Américains, les Indiens d’Amérique − je suis en total déni ce soir d’être, comme vous, américaine.
Je suis à moitié Canadienne, j’ai été élevée là-bas, avec des valeurs très différentes des vôtres, vous les Américains, et ce soir − après la diarrhée verbale, les vantardises et les harangues au sujet de la grandeur du militarisme américain, les louanges pour la force militaire américaine, l’élimination d’ISIS, l’Amérique pays le plus fort sur la terre, et l’histoire tout à fait inepte d’une femme dont le fils est mort dans la guerre d’Obama, et la façon dont elle a pleuré de reconnaissance sur l’épaule d’Obama − ce soir, je me sens profondément canadienne. Chaque leçon subtile qui m’avait été donnée de façon subliminale sur les brutes de l’autre côté de la frontière, leur grossièreté, leur manque d’éducation et leur droit auto-proclamé de bombarder tout ce qu’ils voulaient dans le monde, juste parce qu’ils voulaient quelque chose que les personnes de l’autre pays possédaient, et leur cupidité, est venu suinter à la surface de ma psyché.
Je viens de rentrer d’une promenade plutôt sauvage à côté de la rivière Yellowstone, ici dans le Montana, en essayant de laisser les montagnes, au loin, me reconnecter à un lieu de bonté dans mon âme, mais je ne pouvais pas le trouver. Le paysage était aussi exquis que jamais, mais il ne pouvait pas toucher la rage dans mon cœur. Les visions de tous les enfants morts en Syrie, que Hillary Clinton a aidé à tuer, les enfants bombardés en miettes en Afghanistan et au Pakistan par les drones d’Obama, le chaos macabre de la Libye, la friche totale de l’Irak, la mort et la destruction causées partout par l’intervention militaire américaine. L’Ukraine, le Honduras, El Salvador, le Guatemala, le Chili, nommez-les vous-même − votre pays a bombardé ou détruit, en quelque sorte, la vie civile de base.
Quand j’ai entendu, pendant la convention du parti démocrate, tous les Américains en liesse acclamant les militaires et les déclarations de puissance provenant des haut-parleurs dans le Centre Wells Fargo à Philadelphie, je vous détestais. Je détestais chacun d’entre vous. Je savais dans mes tripes que ce qu’on m’a appris étant enfant était vrai : que vous êtes l’ennemi. VOUS êtes le pays à craindre. VOUS êtes le pays qui dégoûte. VOUS êtes ignorants. Et votre cupidité, votre auto-satisfaction et votre fierté usurpée ne connaissent aucune limite.
Je ne suis pas américaine ce soir. Je rejette mes ancêtres puritains qui ont débarqué dans ce pays en 1648. Je rejette les mots que j’ai exprimés à ma cérémonie de citoyenneté. Je rejette chaque instant de découverte passionnante que j’ai eue dans ce pays.
Vous, les gens, n’avez aucune idée de ce que c’est pour les gens d’autres pays de vous entendre vous vanter et acclamer vos armes, vos bombes, vos soldats, vos chefs militaires meurtriers, vos criminels de guerre et votre Commandant en chef, assassin sans conscience. Tous ces mots enflammés sont reçus par le reste d’entre nous, par nous non-Américains, par toutes les cellules de notre corps, comme absolument répugnants et obscènes.
Et là, ce soir, vous êtes tous collés à vos téléviseurs et à vos ordinateurs, vos cœurs gonflés de fierté, parce que vous appartenez au pays le plus fort sur la Terre, acclamant votre Président assassin. Ignorants de la répulsion du monde entier. Vous tuez et vous tuez et vous tuez encore, mais vous restez fiers, malgré tout.
Nous sommes fous. »
Margot Kidder
Traduit et édité par jj, relu par Catherine pour le Saker Francophone
http://lesakerfrancophone.fr/mes-chers-concitoyens-nous-sommes-fous
Les hurlements nationalistes et guerriers du général Allen, soutien d’Hillary Clinton
https://www.upr.fr/actualite/monde/hurlements-nationalistes-guerriers-general-allen-soutien-dhillary-clinton
httpv://www.youtube.com/watch?v=epsCLgXLE6w
Commentaires de François Asselineau :
== UN DISCOURS QUI DONNE ENVIE DE VOMIR À L’UPR ==
LES HURLEMENTS NATIONALISTES ET GUERRIERS
DU GÉNÉRAL ALLEN, SOUTIEN D’HILLARY CLINTON.
Mes commentaires ?
———————————-
Imagine-t-on ce que diraient François Hollande, Manuel Valls, Alain Juppé, et toute la classe politique euro-atlantiste qui a volé le pouvoir des Français, si la télévision russe diffusait le discours d’un proche de Vladimir Poutine vociférant des slogans nationalistes et guerriers et donnant des coups de menton devant une foule russe hystérique ?
Imagine-t-on les articles horrifiés que publieraient, séance tenante, les journaux Le Monde ou Libération, si ce Russe était un général s’adressant à la foule avec des glapissements hitléroïdes du type :
==> « Les peuples libres du monde entier ont placé en la Russie tous leurs espoirs car notre pays est le plus grand de la planète ! »
==> « Nous allons renforcer nos forces armées ! Avec l’armée russe, vous continuerez d’être l’exemple parfait de ce qu’est la Russie ! »
==> « Avec Vladimir Poutine comme commandant en chef, la Russie continuera de représenter cet indispensable pouvoir de mutation mondiale pour nos alliés, nos amis et partenaires. »
==> « Vladimir Poutine est exactement le commandant en chef dont la Russie a besoin ! Avec lui aux commandes, la Russie pourra continuer à guider ce monde instable ! »
Imagine-t-on l’air soucieux et angoissé qu’afficheraient les « experts géopolitiques » et les « consciences morales » ayant le monopole d’accès aux grands médias français, si les habituels journalistes vedettes leur demandaient de commenter les vues d’une foule russe, chauffée à blanc par ces propos nationalistes et guerriers, et trépignant en hurlant : « ROSSIA ! ROSSIA ! ROSSIA ! »
—-
Eh bien, oui. On ne l’imagine que trop bien.
François Hollande, qui a publiquement fait savoir que les critiques de Donald Trump contre la famille d’un soldat musulman lui donnaient des « haut-le-coeur », aurait incontinent convoqué les agences de presse pour annoncer que ce discours d’un général russe lui donnait une diarrhée chronique.
Seulement voilà : la complexion délicate de la marionnette élyséenne est à géométrie variable. Car il se trouve que cette foule hystérique et ces propos néo-fascistes ont bien eu lieu, mais pas en Russie. Aux États-Unis, et dans le camp d’Hillary Clinton que soutient ouvertement… François Hollande !
Ce discours enflammé et ces coups de menton mussoliniens ont en effet été tenus mot pour mot – en changeant seulement « Vladimir Poutine » par « Hillary Clinton » et « Russie » par « Amérique » – par le général Allen, lors de la convention démocrate octroyant à l’ancienne secrétaire d’État l’investiture pour l’élection présidentielle de novembre prochain.
Chacun peut le découvrir en visionnant ce discours, que l’UPR a pris le soin de traduire en français pour que nos concitoyens découvrent le vrai visage – le visage hideux – des cercles du pouvoir en Amérique : https://www.upr.fr/…/hurlements-nationalistes-guerriers-gen…
Du coup, le locataire de l’Élysée n’a éprouvé ni convulsion de l’estomac, ni colopathie, ni malaise gastrique. C’est une nouvelle preuve que ce monsieur est un affabulateur. Car pour ce qui nous concerne, voir un général comptant parmi les principaux soutiens d’Hillary Clinton tenir ce genre de propos fascisants nous donnent envie de vomir.
————————————————————
Conclusion : un fascisme post-moderne
————————————————————
Il s’agit d’un fascisme « post-moderne », qui n’a plus les mêmes boucs-émissaires que celui des années 1930 puisqu’il fait la révérence aux lobbys divers et variés, de type LGBT, et qu’il assure se battre pour que les musulmans puissent exercer leur culte sur le territoire américain.
Mais il s’agit d’un néo-fascisme quand même. Par le primat qu’il donne à la force militaire, à l’exaltation nationaliste, à la manipulation des foules, à la volonté de s’assurer une hégémonie mondiale, et aux mensonges éhontés.
Qu’y a‑t-il de plus révulsant et vomitif que d’entendre ce général appeler à voter pour Hillary Clinton pour mieux combattre l’islamisme, alors que c’est précisément cette dame qui a le plus largement contribué à financer et à armer Al Qaeda et Daesh ?! (cf. https://www.upr.fr/actualite/europe/francois-hollande-appelle-americains-a-elire-hillary-clinton-julian-assange-explique-courriels-rendus-publics-de-lex-secretaire-detat-prouvent-a-promu-fourn)
Si le précieux François Hollande a des des « haut-le-cœur » devant les âneries sans conséquence de Donald Trump, nous avons quant à nous envie de vomir quand nous écoutons les propos truffés de mensonges des amis américains de François Hollande, qui nous entraînent tout droit vers une conflagration majeure avec le reste du monde.
François Asselineau
8 août 2016
https://www.facebook.com/francoisasselineau/posts/1148350218536680