[billet blog janv. 2009]
« Chers amis,
Il y a environ deux ans [en 2007], je vous avais signalé [sur ce blog] un texte extraordinaire, littéralement passionnant à plusieurs titres, publié en 1864 et qui s’intitulait « Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu ». On le trouvait sur WikiSource et j’en avais fait une compilation en un seul fichier pdf pour une impression commode et soignée.
En 2006, un petit éditeur que j’aime bien (parce qu’il fait de très beaux livres, avec des textes souvent formidables), Allia, à réédité ce redoutable mode d’emploi de l’apprenti totalitaire.
Je vous recommande ce livre : c’est un de mes meilleurs livres, parmi les centaines que j’ai découverts et articulés depuis quatre ans [2005–2009]. C’est un objet précieux qui aide à progresser vite. Bien avant que George Orwell, inspiré par la société soviétique, ne décrive dans « 1984 » les ressorts effrayants d’un monde totalitaire, Maurice Joly en avait déjà dénoncé les plus intelligents mécanismes dans ce pamphlet, dirigé contre Napoléon III mais spectaculairement utile pour comprendre notre monde « moderne ».
En plus, ce livre est vraiment beau : le papier est superbe, le format est élégant, l’impression est légère et précise, un beau livre. Et pas cher : 15 €.
Je remercie les éditions Allia de m’avoir permis de découvrir Michel Bounan, qui signe une introduction vraiment très intéressante au texte de Maurice Joly ; c’est elle que je vous invite à lire ici. Je trouve que Michel Bounan s’en prend correctement aux abus de pouvoir et, comme par hasard, ça me plaît :o)
L’argument bidon de la prétendue « théorie du complot » (invoqué par tous les faux naïfs qui travaillent au service des privilégiés) prend un coup dans le nez. J’ai commandé quelques uns de ses livres pour mieux le connaître ; je vous en reparlerai.
Je n’en dis pas plus et je lui laisse la parole.
Étienne.
[C’est moi qui souligne. ÉC]
L’ÉTAT RETORS
« Je vous avertis… de vous tenir toujours en défense ; tremblez même dans la victoire ;
c’est alors qu’il fait ses plus grands efforts, et qu’il remue ses machines les plus redoutables. »
BOSSUET
« Dans la voie du bouleversement les meilleurs éléments sont toujours dépassés par les plus mauvais…
Derrière le révolutionnaire honnête apparaissent bientôt ces existences troubles. »
MARÉCHAL DE MOLTKE
« La révolution industrielle a connu en France sa plus rapide expansion au cours du Second Empire en même temps qu’étaient posées les bases d’un véritable État moderne.
Autoritairement établi par un coup d’État, maintenu par une police omniprésente et efficace, le nouvel instrument de gouvernement était indispensable à l’ambitieux projet de ses promoteurs. Deux cent cinquante mille fonctionnaires sont liés par serment au chef de l’État et étroitement surveillés par les préfets ; les magistrats, assimilés aux fonctionnaires, sont nommés et révoqués par décret ; la presse est soumise à de multiples contraintes financières et menaces judiciaires ; les opposants au régime sont purement et simplement déportés en Algérie. Ce sont ces moyens et le « pacte de sang » avec l’armée qui ont permis la militarisation du travail productif et l’extraordinaire essor industriel.
Les banquiers, les hommes d’affaires et les industriels qui soutenaient ce régime se considéraient, en général, comme des philanthropes ; beaucoup étaient sincèrement convaincus par les doctrines socialistes de Saint-Simon, et l’actuelle dictature ne devait être qu’une étape intermédiaire vers cette ère nouvelle et bienheureuse qu’un autre saint-simonien appellera plus tard « la grande relève de l’homme par la machine ». [Ce livre est d’ailleurs, lui aussi, remarquable : il est de Jacques Duboin. ÉC]
Dès 1860, la poigne de fer se relâche en effet sans qu’apparemment aucune force réelle d’opposition ne l’y contraigne. (Les historiens expliquent ce mystère par « la sympathie » que Napoléon III avait toujours marquée à l’égard des classes dites « laborieuses ».) Des pouvoirs sont donc rendus aux élus et l’État facilite lui-même la création d’un grand parti uni d’opposition. Simultanément des contacts sont pris avec des délégués ouvriers, on les encourage à rencontrer leurs camarades trade-unionistes anglais, on crée des chambres syndicales, le droit de grève est enfin reconnu.
L’Empire a terminé sa tâche, la démocratie moderne peut fonctionner. Il y aura encore le soubresaut de la Commune, et puis plus rien pendant un siècle, même entre les deux guerres mondiales, au cours des sursauts plus tardifs de l’Allemagne, de l’Italie, puis de l’Espagne. En définitive, on peut dire que le Second Empire français a accompli seul en quelques années l’œuvre des dictatures européennes et celle de leurs libérateurs, c’est-à-dire la grande relève de l’homme d’État par ce que Nietzsche appelait « le plus froid des monstres froids ».
En 1864, l’année même où fut fondée à Londres l’Association internationale des travailleurs, Maurice Joly écrit et publie son Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu. Ancien enfant rebelle, familier du barreau et futur exilé, il observe avec une effrayante lucidité la mise en place des nouveaux mécanismes du pouvoir. Machiavel est ici le porte-parole du despotisme moderne. Il expose cyniquement ses buts, ses procédés et leur développement historique. Initialement la force brutale, le coup d’État militaire, le renforcement de la police et de l’armée, la prééminence des hauts fonctionnaires sur les élus, la mise au pas des magistrats, de l’université, de la presse.
Mais la force, ostensiblement déployée, suscite toujours des forces contraires. Elle n’est utilisée que pour modifier en quelques années les institutions, la Constitution, et pour créer des formes légales au nouveau despotisme. Ainsi l’emprisonnement des journalistes doit être relayé rapidement par des dispositions économiques sur la presse et par la création de journaux dévoués au gouvernement. Une telle tribune associée à d’astucieux découpages électoraux permet de maintenir une tyrannie élue au suffrage universel.
Pour en finir avec toutes ces vieilles formes d’opposition, partis, coteries, cabales, complots, qui gênaient tant les anciens despotes, l’État moderne doit créer lui-même son opposition, l’enfermer dans des formes convenables et y attirer les mécontents. Il doit en outre infiltrer tous les rassemblements, en prendre la direction et les dévoyer. Il doit même manipuler policièrement tous les complots clandestins, les surprendre, les égarer, les déconsidérer. Voilà le principal ressort du pouvoir moderne : parler « tous les langages » du pays afin d’en détourner le fleuve.
Un dernier mécanisme régulateur garantit enfin la perpétuation du nouveau régime : une telle société développe vite chez ses membres un ensemble de qualités qui travaillent pour elle : la lâcheté, la domesticité et le goût de la délation sont à la fois les fruits et les racines de cette organisation sociale. La boucle est bouclée.
La force brutale utilisée par les anciennes tyrannies n’a donc plus de raisons d’être, sauf en de rares circonstances. Au temps du machinisme on peut faire travailler les forces hostiles au moyen de dispositifs convenables. On peut même utiliser leur énergie domestique à réduire celles qui viendraient à surgir. Cette autorégulation est la base de toutes les sociétés vraiment modernes.
En face de ce nouveau pouvoir personnifié par Machiavel, que représente Montesquieu ? Il énonce les anciens principes politiques, moraux et idéologiques de ceux qui, un siècle auparavant, se préparaient à prendre la direction de la nouvelle société. Le génie de Machiavel consiste à citer volontiers. Montesquieu : l’actuel despotisme n’est nullement contradictoire avec ces fondements et cette idéologie.
Notre XXe siècle a richement illustré les principes énoncés par Maurice Joly. Mais on aurait tort d’évoquer ici les multiples dictatures totalitaires où l’armée et la police s’affichent partout, où les tyrans ne dissimulent pas encore leur pouvoir. Le modèle décrit par Maurice Joly est précisément au-delà de cette étape historique : c’est celui du chef de l’État élu au suffrage » universel, celui des hauts fonctionnaires inamovibles, celui des consultations électorales qui masquent la véritable cooptation du personnel politique.
Ce mode de gouvernement n’est pas celui du parti unique, mais celui des pseudo-affrontements entre des partis politiques parlant « tous les langages » du pays, celui des faux complots organisés par l’État lui-même, celui enfin où l’appareil éducatif et médiatique, aux mains du même pouvoir, entretient un tel abaissement des esprits et des mœurs qu’il n’y a plus aucune résistance possible.
Le système de gouvernement décrit par Maurice Joly est celui du complot permanent occulte de l’État moderne pour maintenir indéfiniment la servitude, en supprimant, pour la première fois dans l’histoire, la conscience de cette malheureuse condition. »
[···]
Le paradoxe du consensus
http://www.iconoclastpapers.com/pdf.php
Cet article qui a circulé récemment dans la sphère « climatosceptique » mériterait qu’on en traduise un bon bout, mais ce qu’il dit se résume très simplement : non seulement le consensus, prétendument ou réellement très large, des scientifiques sur la question du réchauffement climatique ne saurait constituer un substitut à la preuve, il n’est aucunement une preuve, mais dans un cas comme celui-là, un tel niveau de consensus forme par lui-même une indication d’une absence de preuve. L’argument central, sur lequel je reviens tout de suite, rejoint une conclusion que je me suis déjà faite et que j’ai quelques fois entendu d’autres exprimer : s’il y avait des preuves, il n’y aurait justement pas besoin de chercher un consensus, et encore moins d’agiter cet argument sans cesse, et cela suffit donc à indiquer qu’il n’y a précisément pas de preuve. Et par conséquent, vu le contexte, que nous avons affaire à une grave et vaste perversion du processus scientifique.
L’argument majeur des auteurs, ici, mène à la même conclusion mais il est différent, et c’est ce que je tenais à signaler. Voilà : quand on à affaire à une théorie scientifique qu’il est relativement simple de tester (de vérifier ou d’invalider par l’expérience), alors la vérification en sera bientôt faite par nombre d’études indépendantes (suivant le processus normal et indispensable en sciences). Tandis que si la théorie est très compliquée à vérifier, et à la limite invérifiable, on devrait logiquement s’attendre, dans le cadre scientifique, à ce qu’elle suscite bien moins de consensus, et qu’elle mène à une grande diversités d’opinions.
Faire cette simple observation, immédiatement, rend extrêmement suspect le consensus sur le « changement climatique », une « théorie » (ainsi appelée par charité) qui ne peut être soumise à des expériences contrôlées. Évidemment, la morale de l’histoire est que nous avons affaire à un bête phénomène moutonnier et qu’il est facile de le vérifier – autre paradoxe que nous vaut l’infinie complexité du sujet… Sauf qu’en l’espèce, il menace de plonger l’humanité dans une misère noire, il enrichit des gredins, concentre des pouvoirs terriblement, suscitera des guerres si on n’arrête pas ce cirque, implante une idéologie morbide et mortifère et, un peu plus accessoirement, il coupe les vivres aux chercheurs qui cherchent ailleurs que là où on leur dit de trouver.
Bonjour à Tous,
un article a lire que je trouve très bon :
http://www.politis.fr/articles/2016/04/quand-sautera-lultime-verrou-34629/
Quand sautera l’ultime verrou
Selon François Cusset, les conditions d’une révolte globale sont sur le point d’être réunies.
Les fameuses « circonstances objectives » sont-elles réunies ? L’expression du vieux Lénine, qui s’y connaissait en grondements pré-révolutionnaires, comporte une part d’humeur et une part d’événement, un élément de surprise d’un côté et, de l’autre, la certitude chez un nombre suffisant de dominés qu’ils n’ont, cette fois, plus rien à perdre. Pour que la logique de la révolte aille jusqu’au bout, au lieu d’être un prurit saisonnier ou la bonne conscience des indignés, il faut que les rages collectives contenues aient atteint une masse critique et qu’une étincelle, soudain, mette le feu aux poudres. Imprévisible par définition, celle-ci reste impensable, sous la chape de l’état d’urgence, l’amas des peurs coagulées et, malgré une violence policière qu’on n’avait plus vue depuis longtemps à pareille échelle, cette expertise répressive du « zéro mort » qu’exporte partout dans le monde le ministère de l’Intérieur.
Les silex de la lutte s’entrechoquent jour et nuit place de la République et ailleurs, mais pas encore d’étincelle en vue. Celle-là en revanche, la masse critique des ras-le-bol, est nettement plus manifeste qu’en d’autres temps, et plus déterminée que jamais, surtout, à perdurer. Rien à voir, de ce point de vue, avec les deux derniers grands épisodes d’insurrection française. Quand, à l’automne 1995, salariés et précaires se soulèvent contre le plan de réforme des retraites du Premier ministre, un certain Alain Juppé, la classe dirigeante – experts médiatiques, décideurs libéraux, intellectuels de cour et politiciens conservateurs ou sociaux-démocrates – juge alors d’une seule voix qu’une telle protestation est non seulement passéiste mais, surtout, qu’elle ne prendra pas : il en résulta la plus longue grève générale du pays depuis trois décennies et le réveil des forces sociales après quinze ans d’anesthésie mitterrandienne.
Et quand, en avril 1968, dans l’Hexagone moderne du plein-emploi et de la télé d’État, engourdi par le paternalisme gaullien et les ruses pompidoliennes, l’éditorialiste du Monde Pierre Viansson-Ponté estime que « la France s’ennuie », personne n’y trouve à redire, la grande effervescence du mois suivant étant alors moins imaginable que l’apocalypse nucléaire ou la colonisation de la Lune.
Or, en avril 2016, le moins qu’on puisse dire est que la France ne s’ennuie pas. D’un côté, ce sont l’état d’urgence constitutionnalisé, avec pouvoirs policiers extraordinaires et militarisation de nos villes, l’abandon définitif par un État néolibéralisé des banlieues exsangues et des millions de mal-logés, la criminalisation des mouvements sociaux spontanés et le suréquipement contre-insurrectionnel (la préfecture de police est même en train d’acheter des drones pour surveillance à très basse altitude). Et, en face, de l’autre côté de ce fossé que ne cessent d’élargir les médias complices et les spécialistes de la « Grande Diversion », ce sont des feux et des contre-feux allumés partout dans l’espace social, et se multipliant ces derniers jours à un rythme qui ne trompe pas : zadistes indéboulonnables de l’Isère à la Loire-Atlantique, collectifs ruraux en sécession du Limousin à la Haute-Provence, intermittents du spectacle occupant le théâtre de l’Odéon comme en un autre printemps, grèves sectorielles en rafales mais bien coordonnées, des cheminots aux hôpitaux et de la justice au monde paysan, militants syndicaux battant le pavé ou le lançant sur les CRS sans attendre les consignes de leurs directions dépassées (qu’on dirait, plus que jamais, payées par le patronat et le gouvernement pour endiguer la vague des mécontentements), activistes d’une extrême gauche qui ne croit plus au mensonge de l’élection, réfugiés et sans-papiers bravant l’inhospitalité officielle et le refus de régularisation, indigènes d’au-delà du boulevard périphérique résolus à imposer leur réalité postcoloniale à cette France blanche qui les veut invisibles, étudiants et lycéens qu’ont convaincus d’aller se battre les diplômes inutiles, le chantage au stage et le mensonge grotesque de l’épanouissement par la vie d’entreprise.
Et, à l’épicentre de ces départs de feu, à bonne distance aussi des syndicats et des partis, il y a cette Nuit debout, inédite et opiniâtre, dont on commence à comprendre, au 55 ou 60 mars de son calendrier (commencé le 31 mars), qu’elle n’est pas réductible aux antécédents d’Occupy Wall Street ou de la Puerta del Sol (tout en leur empruntant certains modes d’action), ni au doux utopisme d’un « autre monde possible » ou au moralisme bavard de l’indignation, ni à plus forte raison à la sociologie bobo que veulent lui coller les observateurs myopes.
La « convergence des luttes » dont ces combats divers font tous leur priorité ne se décrète pas, bien sûr, ni ne s’obtient par une stratégie institutionnelle précise, qui n’existe pas. À moins de confondre convergence tactique et unité forcée, car, ici, les écarts d’intérêts, d’agendas et d’objectifs sont moins une faiblesse qu’une possible puissance – au nom de ce « pouvoir humanisant de la division » dont parlait le philosophe Jacques Rancière quand il théorisait les vertus de la lutte des classes.
Cette convergence, en revanche, même ponctuelle et bricolée, suppose trois conditions, nécessaires avant d’être suffisantes. Primo, la désignation d’un adversaire commun, autrement plus vaste qu’une seule loi El Khomri de destruction du code du travail, mais moins flou que l’hydre abstraite du Capital – car, des DRH aux élus zélés, ils ont des noms, des postes, des rôles précis. Secondo, le refus du mirage électoral, refus qu’on sent cette fois largement partagé, le roi (des urnes) étant bel et bien nu après des décennies de promesses bafouées et de serments foulés aux pieds. Tertio, et c’est là que le bât blesse : un accord a minima sur les moyens d’action, compte tenu de la réticence croissante aux logiques de la discussion, mais aussi du risque de scission interne porté par les virées nocturnes pour casser vitrines de banques ou agences de Pôle emploi. La marge d’action est étroite, mais le débat doit avoir lieu, après trente ans de tabou sur ces questions : sabotage ou résistance physique relèvent-ils de la « violence » ? Et quels modes d’action effectifs opposer à la violence sourde du système, celle qui menace, épuise, assigne ou sacrifie des vies ? Ce dernier point est évidemment le plus difficile, l’ultime verrou qui n’a pas encore sauté. Quand il cédera, un mouvement uni déferlera en comparaison duquel Mai 68 et décembre 95 auront l’air d’innocentes parties de plaisir. C’est demain, après-demain – au pire la prochaine fois. Mais dès lors qu’ont été franchis tous les seuils du supportable, c’est pour bientôt. Sans aucun doute possible.
Jean Bricmont : pour une critique de la nouvelle gauche
httpv://youtu.be/aaXsL1WkgSI
Un décryptage incontournable de l’idéologie qui domine au présent, ici brillamment synthétisé en une heure (de 4:20 à 1:10:10).
[Comparatif] La présentation du scandale des 28 pages par nos médias
Source : http://www.les-crises.fr/la-presentation-du-scandale-des-28-pages-par-nos-medias/
Appel de quelques intellectuels de gauche contre le « flash-ball » :
http://www.europe1.fr/societe/intellectuels-et-politiques-signent-un-appel-contre-le-flash-ball-2733958
Ce qui est scandaleux, aussi, c’est tous ces « intellectuels » qui ne protestent pas contre les violences policières.
« Tout chef deviendra détestable si on le laisse faire. » Alain.
C’est aux citoyens eux-mêmes d’imposer des limites aux pouvoirs institués.
A propos de la décadence :
François Fillon : « La France est dans une situation d’extrême faiblesse parce que nous n’avons pas su enrayer une forme de décadence. »
http://www.atlantico.fr/decryptage/francois-fillon-france-est-dans-situation-extreme-faiblesse-parce-que-avons-pas-su-enrayer-forme-decadence-2682586.html
« Une forme de décadence » ? ? ?
Mais de quand date la décadence de la France ?
Le début de la décadence, c’est le 19 mai 1974.
Le 19 mai 1974, le peuple français choisit un chef de l’Etat qui n’a plus comme priorité l’intérêt national.
Pour la première fois de son histoire, le peuple français choisit un chef de l’Etat qui a comme priorité numéro un : la construction européenne.
L’élection de Valéry Giscard d’Estaing est un tournant historique : à partir du 19 mai 1974, tous les chefs de l’Etat auront comme priorité numéro un : la construction européenne.
De même, tous les premiers ministres auront comme priorité numéro un : la construction européenne.
Exemple : François Fillon.
- La Convention de Schengen entre en vigueur le 26 mars 1995. A partir de ce jour-là, il n’y a plus de frontières nationales. A la place, il y a un gigantesque espace européen de libre-circulation. François Fillon était à l’époque ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. François Fillon était en faveur de la Convention de Schengen.
- Dix ans plus tard, le 29 mai 2005, François Fillon vote « oui » au référendum sur le traité établissant une constitution pour l’Europe. Cette constitution européenne était surnommée « la constitution Giscard. »
- En 2008, le premier ministre François Fillon était en faveur du traité de Lisbonne. Selon Valéry Giscard d’Estaing lui-même, le traité de Lisbonne reprend 98 % de la constitution Giscard. Le premier ministre François Fillon fait adopter le traité de Lisbonne en le faisant voter par le Parlement français, sans le soumettre au référendum.
Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, François Fillon, Nicolas Sarkozy, François Hollande : tous ces européistes sont les responsables de la décadence de la France.
Ils ont été au pouvoir, on les a vus à l’oeuvre.
Conclusion :
Depuis le 19 mai 1974, le peuple français est le premier responsable de la décadence de la France, car il vote toujours pour des européistes.
Aujourd’hui, nous avons la décadence de la France, car nous sommes devenus un peuple décadent.
L’atonalisme. Et après ? Conférence de Jérôme Ducros au Collège de France (en tant qu’invité, par Karol Beffa alors titulaire de la chaire). Une terrible charge contre l’impasse de la musique atonale, sorte d’équivalent, dans le domaine sonore, du désert de la rébellion sans objet que constitue « l’art contemporain » dans le domaine pictural. Cette conférence donnée le 20 décembre 2012 mérite vraiment le détour. C’est limpide, et c’est tranchant :
httpv://youtu.be/Yot1zZAUOZ4
Un petit tour sur la page Wikipédia du conférencier vous suffira ensuite à vérifier ce dont vous vous serez douté après avoir vu ça : les gardiens du temple de la nullité, du progrès pour le progrès et de la rébellion faite norme, ont aligné les coups bas et les noms d’oiseau. Puisque un nazi au moins a un jour fustigé « l’art dégénéré », ce monsieur est donc un nazi qui a bien du mal à le cacher.
Il n’est pas inintéressant, non plus, d’écouter ce que ce monsieur compose. Pour le dire vite, lui qui n’a pas cherché à en faire commerce s’est permis d’écrire de la musique « du XIXe siècle »…, quelque chose de beau, simplement, quand bien même il n’aurait pas l’inspiration « divine » d’un Schubert et, surtout, sans s’imposer de faire plus moderne que Brahms ! C’est déjà en soi un crime impardonnable pour les fonctionnaires de l’art d’État, de la dictature de la fuite en avant.
Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la charge creuse que Frédéric Lordon avait mené contre Jean-Claude Michéa, s’escrimant à démasquer le réactionnaire. J.-C. Michéa ne s’était pas même abaissé à répondre à ce verbiage de « sociologue d’État » alternant entre le faux procès et le mépris du peuple.
Superbe … Ca va me donner à réfléchir un moment. Merci !
Tout le plaisir est pour moi.^^
A présent que Pierre Boulez, le Staline de la musique française, est retourné au néant, le petit peuple dont je suis en arrive à réapprendre qu’il existe encore un avenir dans la musique… académique. Je viens de découvrir cet auteur qui m’a mis sur le cul, j’en tremble encore :
httpv://youtu.be/HX9WMrzk4Qk
On pourrait appeler ceci le néo-impressionnisme musical… ou quelque chose comme ça ^^
C’est en tout cas un très beau partage… la musique qui a ceci de si étrange et de si passionnant qu’elle est aussi multiple et diverse qu’elle est chaque fois imprévisible et infinie, en son inconnue comme en son potentiel ^^
Je faisais allusion à ce sextuor de Guillaume Connesson ^^
Super conférence, merci Sam 🙂
httpv://youtu.be/Yot1zZAUOZ4
Littéralement passionnant (et amusant).
Je note :
« Il va falloir se rendre à cette évidence (30:30) : on ne peut défigurer impunément que ce qui n’a pas de sens pour le spectateur. »
[…]
(52:00) « Ce qui veut dire que ceux qui ont pour obsession, aussi bien dans leur reconstruction de l’histoire de la musique que dans leur production, l’évolution vers toujours davantage de modernité, sont désormais empêtrés dans un choix qui les ferait frémir d’horreur s’ils s’y arrêtaient un instant : soit ils répètent le geste moderne (geste centenaire, faut-il le rappeler), soit ils rétrogradent… c’est-à-dire soit ils font comme avant, soit ils font comme avant… Dans les deux cas, répéter ou revenir, ils sont réactionnaires, nostalgiques ou révisionnistes… ils sont exactement ce qu’ils reprochent depuis tant d’années à leurs ennemis d’être. […]
Je sens qu’on peut tirer des utilisations politiques de ce captivant exposé 🙂
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Ça me rappelle ce (savoureux) pavé dans la mare (en 1995) :
Requiem pour une avant-garde
(nouvelle édition)
par Benoît Duteurtre
https://www.amazon.fr/Requiem-pour-avant-garde-nouvelle-édition/dp/2251443002/
Sur les relations entre évolutions musicales et politiques à l’ère moderne, il y a cette interview intéressante de Bruno Moysan, musicologue, enseignant à Sciences Po :
La musique contemporaine, et après ? Retour sur une querelle récente.
https://ephesblog.wordpress.com/2013/12/05/la-musique-contemporaine-et-apres-retour-sur-une-querelle-recente/
ici, sur wiki : en milieu de page, il est carrémment traité de nazi…pfff !
https://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9r%C3%B4me_Ducros
et un autre commentaire ici : « La réaction que l’on attendrait face à des propositions aussi stimulantes que celles émises par Ducros serait une discussion point par point de ses arguments. Ce serait mal connaître les académiques contemporains, les révolutionnaires institutionnels et décorés. On l’a vu naguère à propos de Jean-Philippe Domecq, lorsqu’il se permettait de remettre en cause, en argumentant de manière pondérée, une certaine doxa de l’art contemporain ou de la littérature contemporaine. Ce ne sont pas des arguments qui lui ont été opposés, mais une campagne systématique de démolition, un assassinat symbolique. »
Norman Finkelstein raconte une blague qui circule aux USA : pourquoi Israël ne deviendrait-il pas le 51ème État des États-Unis ? Réponse : parce qu’il n’aurait plus que deux sénateurs.
La France a une petite bite. Chez nous, les procès extrajudiciaires pour antisémitisme présumé ne s’abattent guère que sur trois pékins isolés : un prof par ci, par là un smicard quenellier, ici un anar ex-militant antiraciste breton à peau noire faisant profession de comique. (1) Chez nos amis anglo-saxons, où les campagnes électorales sont en vente libre (2), il paraît qu’on peu parfois plaisanter… mais — chose qui, elle est officiellement confirmée — il arrive aussi que les partis se livrent à de grandes purges, comme c’est le cas en ce moment même au sein du parti travailliste (3). Parmi les dernières victimes en date, une certaine Naz Shah, rare députée musulmane : radiée du parti pour avoir fait suivre en 2014 cette image (ci-dessous)… dont il s’avère qu’elle a été publiée initialement sur le blog de Norman Finkelstein, fils et petit fils de gens gazés par les Nazis (4).
Ce qui suit est ma traduction de l’interview qu’il a accordé au site Open Democracy UK, relayée notamment par l’association Jews for Justice for Palestinians (les notes de bas de page sont de moi, elles n’engagent évidemment pas N. Finkelstein). (5)
Finkelstein : Pourquoi Israël ne deviendrait-il pas le 51ème État des États-Unis ?
L’intellectuel juif américain qui était derrière le scandale « antisémite » rompt le silence.
Norman G. Finkelstein nous parle de la députée Naz Shah, de Ken Livingstone et de la controverse sur l’ « antisémitisme » du parti travailliste.
Interview de Norman Finkelstein par Jamie Stern-Weiner – openDemocracy, le 3 mai 2016.
Norman Finkelstein n’est pas inhabitué à la controverse. L’intellectuel juif américain est l’un des experts mondiaux du conflit israélo-palestinien et de l’héritage politique de l’holocauste nazi. Exceptés ses parents, tous les membres de sa famille, des deux côtés, ont été exterminés dans l’holocauste nazi. Son livre paru en 2000, L’industrie de l’holocauste, qui a été diffusé sous forme d’une série par le Guardian, est devenu un best-seller international et a provoqué un débat tempétueux. Mais l’intervention la plus récente de Finkelstein s’est produite de manière accidentelle.
Le mois dernier, la députée Naz Shah est devenue l’un des figures de plus grande envergure dans le scandale de l’ « antisémitisme » qui continue de remuer la direction du parti travailliste. Shah a été suspendue du Labour pour, entre autres, avoir fait suivre sur Facebook une image alléguée d’antisémitisme. L’image montre une carte des États-Unis avec Israël superposé dessus, et suggère une résolution du conflit Israëlo-palestinien par un déplacement d’Israël aux États-Unis. Il a été rapporté [sur le site JfJfP] que Shah a eu cette image sur le site de Finkelstein. J’ai discuté avec Finkelstein des raisons pour lesquelles il a posté cette image, et de ce qu’il pense des allégations selon lesquelles le Labour a un « problème juif ».
Est-ce vous qui avez créé l’image que Naz Shah a fait suivre ?
Je ne suis pas assez adepte de l’ordinateur pour composer des images. Mais c’est bien moi qui ait mis ça en ligne, sur mon site, en 2014. Ça doit être un correspondant qui m’avait envoyé ça par mail. C’était, et c’est toujours, drôle. S’il n’y avait pas ce contexte politique actuel, personne n’aurait d’ailleurs fait attention au fait que Shah fasse suivre ça. Sinon, il faudrait manquer d’humour. Ce genre de blagues est courrant aux US. Donc, on a cette blague : pourquoi Israël ne deviendrait-il pas le 51ème État des États-Unis ? Réponse : parce qu’il n’aurait plus que deux sénateurs. Même si le discours sur Israël en Amérique est complètement cinglé, au moins on a encore le sens de l’humour. Il est inconcevable qu’un politicien, aux US, soit crucifié pour avoir mis en ligne une telle carte.
La diffusion de cette image par Shah a été présentée comme le fait qu’elle approuverait l’idée d’une politique de « déplacement glaçante », et John Mann MP l’a comparée à Eichmann.
Franchement, je trouve ça obscène. Il est douteux que ces marchants d’Holocauste aient la moindre idée de ce qu’ont été les déportations, ou des horreurs auxquelles elles donnaient lieu. Je me souviens de ma mère, sur la fin de sa vie, me décrivant la déportation. Elle était dans le Ghetto de Varsovie. Les survivants du soulèvement du Ghetto, 30 000 Juifs environ, ont été déportés au camp de concentration de Majdanek. Ils ont été placés comme du cheptel dans des wagons. Ma mère était assise à côté d’une femme qui était avec son enfant. Et la femme — je sais que ça va vous choquer — a étouffé son enfant sous les yeux de ma mère. Elle l’a étouffé plutôt que de l’emmener là où ils allaient. Voilà ce que ça veut dire, d’être déporté. Comparer ça à quelqu’un qui met en ligne un dessin allègre et inoffensif qui fait une petite blague évoquant combien Israël est à la solde des US, ou vice-versa, c’est à vomir. Que font-ils ? N’ont-ils aucun respect pour les morts ? Tous ces apparatchiks desséchés du Labour traînant l’holocauste nazi dans la boue pour les besoins de leurs petites batailles pour les postes et le pouvoir. N’ont-ils pas honte ?
Qu’en est-il lorsque des gens utilisent des analogies avec les Nazis pour critiquer les politiques de l’État d’Israël ? N’est-ce pas aussi un usage politique abusif de l’holocauste nazi ?
Ce n’est pas une question simple. D’abord, si vous êtes Juif, l’analogie instinctive à aller chercher, quand il en va de la haine ou de la faim, de la guerre ou du génocide, c’est l’holocauste nazi, parce que nous voyons ça comme l’horreur ultime. Chez moi, quand j’étais petit, à chaque fois qu’un incident impliquant une discrimination raciale ou de la bigoterie passait dans les journaux, ma mère comparait ça à son expérience avant ou pendant l’holocauste nazi.
Ma mère a été enrôlée à la faculté de mathématiques de l’Université de Varsovie, en 1937 ou 1938 je crois. Les Juifs étaient obligés de se tenir dans une partie séparée de l’amphithéâtre, et les antisémites pouvaient les attaquer physiquement. (Vous vous rappelez peut-être la scène, dans Julia, où Vanessa Redgrave perd sa jambe en essayant de défendre des Juifs assaillis dans l’université.) Je me rappelle avoir demandé un jour à ma mère : comment ça se passait, tes études ? Elle m’a répondu : de quoi tu parles ? Comment pourrais-tu étudier dans ces conditions ?
Quand elle a vu la ségrégation des afro-américains, que ce soit dans les restaurants ou à l’école, pour elle c’était le prologue de l’holocauste nazi. Tandis que maintenant, bien des Juifs disent : ne comparez jamais (le refrain d’Elie Wiesel, « c’est triste mais ce n’est pas L’Holocauste »), le credo de ma mère était : compare toujours. Elle se projetait généreusement, avec joie, dans la situation de ceux qui souffraient, les enveloppant et les protégeant de l’étreinte de sa propre souffrance. Pour ma mère, l’holocauste nazi était un chapitre de la longue histoire de l’horreur de la guerre. Ce n’était pas, en lui-même, la guerre – elle insistait sur le fait qu’il s’agissait d’une extermination, non pas d’une guerre – mais c’était un chapitre unique dans la guerre. Donc, pour elle, c’était la guerre qui était l’horreur ultime. Quand elle a vu les Vietnamiens se faire bombarder durant la guerre du Vietnam, c’était l’holocauste nazi. C’étaient les bombardement, la mort, l’horreur, la terreur qu’elle avait traversés. Quand elle a vu les ventres dilatés des enfants affamés du Biafra, c’était aussi l’holocauste nazi, parce qu’elle se rappelait les douleurs de la faim dans le Ghetto de Varsovie.
Si vous êtes Juif, c’est tout simplement normal que l’holocauste nazi soit la pierre de touche omniprésente et instinctive. Certains Juifs disent que ceci ou cela n’est pas l’holocauste nazi, d’autre disent que si. Mais l’holocauste nazi est une constante en tant que point de référence.
Qu’en est-il lorsque des gens qui ne sont pas Juifs invoquent l’analogie ?
À partir du moment où l’holocauste nazi est devenu la référence culturelle, alors, si vous vouliez toucher un nerf en ce qui concerne la souffrance des Palestiniens, il vous fallait faire l’analogie avec les Nazis, parce que c’était la seule chose qui résonnait chez les Juifs. Si vous aviez comparé les Palestiniens aux Indiens d’Amérique, tout le monde s’en serait foutu.
En 1982, quand moi et une poignée d’autre Juifs avons déambulé dans les rues de New York pour protester contre l’invasion du Liban par Israël (il y a eu jusqu’à 18 000 morts, Libanais et Palestiniens, en très grande majorité des civils), je tenais une pancarte qui disait : cet enfant de survivants du soulèvement du Ghetto de Varsovie, d’Auschwitz, de Majdanek ne restera pas silencieux : Israéliens, Nazis – arrêtez l’Holocauste au Liban ! (Après la mort de ma mère, j’ai trouvé, dans des souvenirs qu’elle tenait dans un tiroir, une photo de moi tenant cette pancarte.) Je me souviens, quand les voitures passaient à côté, l’un des gars qui protestait avec moi ne cessait de me dire : monte ta pancarte plus haut ! (Et je ne cessais de lui répondre : facile à dire !)
Si vous invoquiez cette analogie, çà remuait les Juifs, ça les secouait suffisamment pour qu’au moins vous suscitiez leur attention. Je ne pense pas que ce soit encore nécessaire, parce que les crimes qu’Israël a commis contre les Palestiniens ont maintenant leur propre intégrité. Ils n’ont plus besoin d’être juxtaposés à l’holocauste nazi. A présent, l’analogie avec les Nazis est gratuite et c’est une distraction.
C’est antisémite ?
Non, c’est simplement une analogie historique faible – mais, si ça vient d’un Juif, c’en est une qui est moralement généreuse.
La semaine dernière, Ken Livingstone est passé sur les ondes pour défendre Naz Shah, mais ce qu’il a dit lui a valu d’être suspendu du parti travailliste. Sa remarque la plus incendiaire a consisté à rétorquer qu’à une certaine époque, Hitler a soutenu le sionisme. Cela a été condamné comme antisémite, et le député John Mann a accusé Livingstone d’être un apologiste du nazisme. Que vous inspirent ces accusations ?
Livingstone n’a peut-être pas été assez précis et il a manqué de nuance, mais il y connaît quelque chose de ce sombre chapitre de l’histoire. Il y a eu des spéculations selon lesquelles les opinions d’Hitler s’agissant de la manière de solutionner la « question juive » (comme on l’appelait alors) ont évolué, alors que les circonstances changeaient et que de nouvelles possibilités apparaissaient. Hitler n’était pas tout à fait hostile au projet sioniste au départ. C’est pourquoi tant de Juifs allemands ont réussi à survivre après qu’Hitler soit arrivé au pouvoir, en émigrant vers la Palestine. Mais là, Hitler en est arrivé à craindre qu’un État juif puisse renforcer le pouvoir de la « juiverie internationale », alors il a interrompu ses contacts avec les Sionistes. (5) Plus tard, peut-être qu’Hitler a imaginé une « solution territoriale » pour les Juifs. Les Nazis ont considéré de nombreux schémas de « réimplantation » – dans bien des cas, les Juifs n’y auraient pas survécu à long terme – avant s’embarquer dans leur processus d’extermination totale. Livingstone a plus ou moins juste à ce propos – ou il est aussi juste que l’on peut attendre que le soit un politicien s’exprimant de manière improvisée.
Il a aussi raison lorsqu’il dit qu’un certain degré d’affinité idéologique existait entre les Nazis et les Sionistes. Sur une question critique, qui a fait rage au Royaume Uni durant la période où la Déclaration Balfour (1917) a été préparée, les antisémites et les Sionistes s’accordaient : un Juif peut-il être Anglais ? Ironie de l’histoire, au vue de l’hystérie actuelle au Royaume Uni, les opposants les plus véhéments à la Déclaration Balfour n’ont pas été les Arabes, dont à peu près tout le monde se fichait, mais les catégories les plus élevées de la communauté juive britannique. Des Juifs anglais éminents ont publié des lettres ouvertes dans des journaux comme le Times pour s’opposer à l’appui britannique d’un foyer juif en Palestine. Ils comprenaient que cette déclaration – et le Sionisme – impliquaient l’idée que les Juifs appartiennent à une nation distincte, et que la nation juive doive avoir son propre État, séparé, idée dont ils craignaient qu’elle les disqualifie effectivement en tant que membres de bonne foi de la nation britannique. Ce qui distinguait les Sionistes de l’aristocratie juive libérale était leur point de séparation : comme l’a exprimé Théodore Herzl au début de son livre L’État juif, « la question juive n’est pas plus une question sociale qu’une question religieuse […] c’est une question nationale ». Alors que l’aristocratie juive anglaise insistait pour dire que le judaïsme est purement une religion, les Sionistes assénaient que les Juifs constituent une nation. Et sur ce point – saillant à l’époque – les Sionistes et les Nazis étaient d’accord.
John Mann, quand il a accosté Livingstone devant les caméras, s’est payé de rhétorique en lui demandant s’il avait lu Mein Kampf. Si vous lisez Mein Kampf pour de vrai, chose dont je gage qu’aucun des interlocuteurs, dans ce débat, ne l’a fait (je l’ai enseigné autrefois, avant que les « Sionistes » m’éconduisent de l’académie – je plaisante !), vous constatez qu’Hitler insiste pour dire que les Juifs ne forment pas une religion mais une nation. Il dit que le grand mensonge juif est qu’ils prétendent former une religion alors qu’en fait ils sont une race (à cette époque, le mot « race » était employé de manière interchangeable avec le mot « nation »). Et à la page 56 de l’édition standard anglaise de Mein Kampf, il écrit que les seuls Juifs assez honnêtes pour reconnaître cette réalité sont les sionistes. Maintenant, pour être bien clair, Hitler ne pensait pas simplement que les Juifs sont une race distincte ; il pensait aussi qu’ils sont une race satanique, qui devait être exterminée. Ceci étant, sur la prémisse – qui n’est pas un point trivial -, lui et les Sionistes étaient d’accord. En pratique, les sionistes et les nazis ont pu trouver une certaine base d’entente dans l’émigration / l’expulsion des Juifs vers la Palestine. Ce fut un paradoxe qu’à l’encontre des vives protestations des Juifs libéraux, incluant des parties de l’establishment juif anglais, les antisémites et les sionistes, à l’époque, aient effectivement partagé le même slogan : les Juifs en Palestine. C’est la raison pour laquelle, par exemple, les nazis ont interdit aux Juifs allemands de porter le drapeau à croix gammée mais leur permirent expressément de tenir le drapeau sioniste. Ce fut comme pour dire que les sionistes avaient raison : les Juifs ne peuvent être des Allemands, ils appartiennent à la Palestine. Hannah Arendt a écrit de manière très critique à ce sujet dans Eichmann à Jérusalem, ce qui est une des raisons pour lesquelles elle s’est attiré les foudres de l’establishment juif sioniste.
Même s’il y avait une base factuelle aux remarques de Livingstone, aborder ce sujet maintenant… n’était-ce pas simplement une manière de narguer les Juifs ?
Je peux comprendre sa motivation, parce que nous sommes en gros de la même génération. S’il « narguait », c’était un retour réflexif sur une polémique qui existait effectivement dans les décennies 1970 – 1980. Israël promouvait l’idée que les sionistes étaient les seuls qui avaient résisté aux nazis. L’image de propagande projetée à cette époque était que la seule résistance aux nazis avait été le fait des sionistes, et le corollaire naturel de cette idée était que la seule force défendant les Juifs à présent était Israël. Tout autre Juif était soit un lâche, qui « allait à l’abattoir comme un mouton », soit un collabo. Ceux qui étaient en dissidence par rapport à la politique d’Israël, à l’époque, lorsqu’il s’agit de défaire cette propagande des Sionistes et de toucher une corde sensible chez eux, ont cet épisode peu savoureux de l’histoire du sionisme qui leur revient en mémoire.
Des pamphlets et des livres ont paru – tels que Le Sionisme à l’ère des dictateurs (1983) de Lenni Brenner – pour décrire cette « collaboration perfide entre sionistes et nazis ». Les commentaires récents de Livingstone sont nés du même réflexe qui nous animait à l’époque. Ces pauvres cinglés qui s’en sont pris à Naz Shah lui ont mis les nerfs à vif, et il a voulu leur rendre la pareille. C’est de cette manière qu’on s’y prenait pour mener cette bataille politique : mettre le doigt sur ces chapitres sordides de l’histoire du sionisme. Livingstone s’est basé sur le livre de Brenner. Disons, pour les besoins de l’argumentation, que le livre de Brenner contient peut-être des erreurs factuelles, c’est plus un pamphlet partisan qu’un volume académique, et il n’est pas affublé d’une copieuse documentation. Cela dit, le fait est que, lorsque le livre de Brenner a été publié, il a récolté des commentaires positifs dans la presse britannique respectable. Le Times qui, aujourd’hui, mène la charge contre Livingstone et la direction élue du parti travailliste, a publié à l’époque une revue qui encensait le livre de Brenner, « croustillant et soigneusement documenté ». Le critique, l’éditorialiste éminent Edward Mortimer, y observait que « Brenner est capable de citer de nombreux cas dans lesquels les sionistes ont collaboré avec des régimes antisémites, incluant celui d’Hitler ». C’est donc un hommage à rendre à Ken Livingstone qu’à l’âge de 70 ans il se souvienne d’un livre qu’il a lu il y a plus de 30 ans, et qui avait suscité une bonne critique de la part du Times à l’occasion de sa première édition. Si le Times est fâché des remarques de Livingstone, il n’a qu’à s’en prendre à lui-même. Pour ma part, je n’ai lu le livre de Brenner qu’après sa revue par le Times.
Ouvrons un peu le tableau. Vous avez beaucoup écrit sur la manière dont des accusations d’antisémitisme ont été utilisées pour discréditer et distraire des critiques contre Israël. Devrions nous voir la campagne actuelle contre Jeremy Corbyn et le Labour comme étant plus généralement le dernier épisode de cette histoire ?
Ces campagnes se produisent à intervalles réguliers, corrélés avec les massacres commis périodiquement par Israël et l’isolement politique qu’ils lui valent. Si vous cherchez, dans le premier catalogue littéraire venu, le terme « nouvel antisémitisme », vous dénicherez des titres des années 1970 proclamant un « nouvel antisémitisme », des titres des années 1980 proclamant un « nouvel antisémitisme », des titres des années 1990 proclamant un « nouvel antisémitisme », et puis une grosse surenchère, incluant des auteurs britanniques, lors de la « Deuxième intifada » ainsi appelée, depuis 2001.
N’oublions pas que, pas plus loin que l’an dernier, il y a eu une hystérie, au Royaume Uni, à propos de l’antisémitisme. Quelques sondages ridicules ont prétendument trouvé que près de la moitié des Britanniques étaient habités par des croyances antisémites et que la plupart des Juifs britanniques craignaient pour leur avenir au Royaume Uni. Bien que ces sondages aient été écartés par les spécialistes, ils ont déclenché l’habituelle frénésie dont s’alimentent les médias, le Telegraph, le Guardian et l’Independant faisant de l’hyperventilation à propos de ce « nouvel antisémitisme » « rampant ». Cela s’est avéré être un non-sens complet quand, en avril 2015, un sondage honorable réalisé par Pew a trouvé que le niveau d’antisémitisme au Royaume Uni était resté stable, avec un score remarquablement faible de 7%. Et cette farce ne remonte qu’à l’année dernière. On aurait imaginé que les gens impliqués dans ces basses oeuvres se cacheraient, accablés par la honte, et jouiraient au moins d’un petit répit dans ces mises en scène. Mais voilà qu’en un clin d’oeil, et juste dans la foulée du sondage Pew montrant que l’antisémitisme est marginal au Royaume Uni, l’hystérie a repris de plus belle.
La réalité, c’est qu’au Royaume Uni il y a probablement plus de préjugés contre les gros que contre les Juifs. Posez-vous cette question toute simple, mais sérieuse. Vous allez à un entretien d’embauche. Quel trait a le plus de chances de jouer contre vous : si vous êtes moche, si vous êtes gros, si vous êtes petit, ou si vous êtes Juif ? C’est peut-être un triste commentaire que l’on puisse faire au sujet des valeurs de notre société, mais le trait qui a le plus de chances de vous valoir une lettre de refus, c’est si vous êtes moche. En deuxième, gros ; en troisième, petit. Le facteur qui a le moins de chances de jouer contre vous, c’est si vous êtes Juif. En sens inverse, les Juifs ne sont-ils pas intelligents et ambitieux ? Le sondage Pew a trouvé un niveau d’antisémitisme de sept pour cent. Y a‑t-il de quoi en faire une hystérie nationale ? Un sondage YouGov de mai 2015 a trouvé que 40% des adultes au Royaume Uni n’aiment pas les musulmans, et que près de 60% d’entre eux n’aiment pas les Roms. Imaginez ce que c’est de postuler pour un job quand vous êtes rom ! Alors c’est quoi, l’ordre de vos priorités morales ?
Bon nombre de ceux qui ont été impliqués dans l’hystérie de l’ « antisémitisme » de l’an dernier participent également à la campagne actuelle contre Corbyn.
La question que vous devez vous poser est : pourquoi ? Pourquoi ce sujet a‑t-il été ressuscité, avec une vengeance, si tôt après que la précédente salve ait été évacuée comme la farce qu’elle s’est révélée être ? Est-ce à cause d’une poignée de messages prétendument antisémites postés par des membres du Labour ? Est-ce à cause de la carte ironique postée par Naz Shah ? Ce n’est pas croyable. La seule réponse plausible est : c’est politique. Cela n’a strictement rien à voir avec la situation réelle ; au lieu de ça, quelques cas suspects d’antisémitisme – certains réels, certains arrangés – sont exposés pour un motif politique ultérieur. Comme l’a dit l’autre jour un vieux député du Labour, il est transparent qu’il s’agit d’une campagne pour salir.
Les accusations d’ « antisémitisme » sont conduites par les Conservateurs dans le contexte d’élections locales et municipales en vue. Mais elles sont aussi exploitées par la droite du Labour pour miner la direction Corbyn, et par des groupes pro-Israël afin de discréditer le mouvement de solidarité avec la Palestine.
Vous pouvez voir ce recoupement entre la droite du Labour et des groupes pro-Israël personnifié dans des individus tels que Jonathan Freedland, un politicard blairiste qui joue aussi régulièrement la carte de l’antisémitisme. Il a combiné ces deux passe-temps en attaquant Corbyn. Incidemment, quand mon livre, L’industrie de l’Holocauste, est sorti en 2000, Freedland a écrit que j’étais plus proche des gens qui ont créé l’Holocauste que de ceux qui en ont souffert. Bien qu’il paraisse – oh – si politiquement correct à présent, il n’a pas trouvé déplacé de suggérer que je ressemble aux nazis qui ont gazé ma famille. Nous sommes apparus ensemble dans une émission de télévision. Avant l’émission, il s’est approché de moi pour me serrer la main. Quand j’ai refusé, il a eu une réaction de silence abasourdi. Pourquoi lui aurais-je serré la main ? Il aurait pu comprendre ça. Cela en dit quelque chose sur ce genre de sale type long à la détente. Salir, calomnier, ça fait partie de leur boulot. Pourquoi ça devrait émouvoir quelqu’un ? Plus tard, dans l’émission, il a été noté que le Guardian, journal pour lequel il travaillait, a publié en feuilleton L’industrie de l’Holocauste, sur deux numéros. Le présentateur lui a demandé : si mon livre était l’équivalent de Mein Kampf, aurait-il démissionné du journal ? Bien sûr que non. Le présentateur n’a-t-il pas capté que tout ça, c’est un jeu ?
Comparez avec la scène américaine. Notre Corbyn, c’est Bernie Sanders. Durant toutes les primaires, aux US, Bernie s’est employé à ramasser les voix des Arabes et des musulmans. Ça a été un moment merveilleux : le premier candidat juif à la présidentielle dans l’histoire américaine a forgé une alliance de principe avec les Arabes et les musulmans. Pendant ce temps, que songent à faire ces affreux du lobby israélien blairiste ? Ils soufflent sur les braises de la haine et créent de nouvelles discordes entre juifs et musulmans en s’en prenant à Naz Shah, une femme musulmane qui est parvenu à atteindre une charge publique. Il lui font passer les rituels d’auto-dénigrement en public, où on la voit forcée de s’excuser une fois, deux fois, trois fois pour un dessin ironique repris de mon site internet. Et ce n’est pas encore fini ! Parce qu’à présent ils disent qu’elle est « en voyage »…
Bien sûr, ce qu’ils entendent par là, c’est qu’elle est « en voyage de révélation personnelle, d’épiphanie, de compréhension de l’antisémite qu’elle est au plus profond de son être ». Mais vous voulez que je vous dise vers où elle voyage vraiment ? Le voyage qu’elle se paie est de ceux qui font de vous un antisémite à l’arrivée. A cause de ces gens ; parce qu’ils remplissent de révulsion les gens sains et normaux. Voilà cette femme musulmane députée, qui essaie d’intégrer les musulmans dans la vie politique britannique, et d’établir par sa personne un exemple qui s’adresse à la fois à l’ensemble de la société britannique et, à plus petite échelle, à la communauté musulmane. Elle est, de toute évidence, eut égard à l’avis général de ses électeurs, une personne honorable et respectable. Vous imaginez à peine combien ses parents, ses frères et soeurs, doivent être fiers d’elle. Combien la communauté musulmane doit être fière d’elle. On nous dit sans cesse que les femmes musulmanes sont des personnes opprimées, réprimées, déprimées, et voilà que vous avez cette femme musulmane qui décroche un mandat public. Mais la voilà à présent crucifiée, sa carrière ruinée, sa vie ruinée, son avenir en lambeaux, stigmatisée comme antisémite et comme nazi de cabinet, à qui on inflige ces rituels d’avilissement. Il n’est pas dur d’imaginer ce que ses électeurs musulmans doivent penser des Juifs. Ces sales types affamés de pouvoir créent de nouvelles haines avec leurs basses machinations. Comme Donald Trump aime à dire, « c’est dégoûtant ».
Maintenant le Labour a mis en place une commission d’enquête supposée produire une définition praticable de la notion d’ « antisémitisme » – c’est-à-dire réaliser l’impossible. Cela a été essayé un nombre incalculable de fois par le passé, et ça s’est toujours révélé futile. Les seuls bénéficiaires d’un pareil mandat seront les « spécialistes » académiques de l’antisémitisme, qui se feront payer de gros honoraires de consultants (je peux déjà apercevoir Richard Evans en tête de file), et Israël, qui sortira de sous les feux de la rampe. Je comprends la logique politique à court terme. Mais il arrive un point où vous devez dire : maintenant ça suffit. Les Juifs prospèrent comme jamais au Royaume Uni. Les sondages montrent que le nombre d’antisémites hard-core, pour ainsi dire, est minuscule. Il est temps de mettre un point d’arrêt à cette mascarade périodique, parce qu’elle finit par souiller les victimes de l’holocauste nazi, par détourner de la vraie douleur du peuple palestinien, et par empoisonner les relations entre les communautés juives et musulmanes. Vous avez eu une hystérie d’antisémitisme encore l’an dernier, et c’était une farce. Et maintenant, de nouveau ? Une nouvelle commission ? Une nouvelle enquête ? Non.
Pour mettre un terme à cela, il doit y avoir une répudiation décisive de ce chantage politique. Bernie Sanders a été pressé brutalement de revenir sur sa déclaration selon laquelle Israël a utilisé une force disproportionnée lors de son assaut sur Gaza en 2014. Il n’a pas bougé, il ne s’est pas rétracté. Il a montré une vraie stature. Corbyn devrait tirer de l’inspiration et du courage de l’exemple de Bernie. Il doit dire : plus de rapports, plus d’enquêtes, on ne va plus sur ce terrain là. Ce jeu là, c’est bon, on a compris. Cela fait bien longtemps que ces brasseurs d’antisémitisme ont recommencé à ramper dans leurs égouts. Mais pas avant de s’excuser humblement auprès de Naz Shah, et de lui prier qu’elle pardonne.
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(1) Norman Finkelstein n’a pas dit ça – ce paragraphe introductif est de moi. Certes, il a exprimé un jour, sans finir sa phrase sinon avec une moue de dédain, l’idée qu’un pays dans lequel un BHL est réputé philosophe, pue un peu de la gueule…
(2) Pour ne pas re-re-citer l’incontournable bouquin de Walt et Mersheimer, s’agissant de l’influence sonante et trébuchante du lobby pro-Israëlien aux US et de ses visées geurrières, on se contentera ici de signaler cet article du Daily Mail anglais, selon lequel, pour les élections de mai dernier, bien que fâchés pour cause de reconnaissance de la Palestine par le Parlement, les grands donateurs juifs ont apporté au parti travailliste près du tiers des 9,7 millions de livres qui lui ont été fournis par des donateurs privés : http://www.dailymail.co.uk/news/article-3532042/Ignorant-Godless-Hateful-Corbyn-s-contempt-Jews-disgrace-withering-attack-Labour-leader-donor-backed-party-400–000-2015-Election.html
(3) Signalons aussi la campagne menée contre la nouvelle dirigeante élue du principal syndicat étudiant.
(4) https://www.opendemocracy.net/uk/jamie-stern-weiner-norman-finkelstein/american-jewish-scholar-behind-labour-s-antisemitism-scanda – http://jfjfp.com/?p=82502 – http://normanfinkelstein.com/2014/08/04/solution-for-Israël-palestine-conflict%E2%80%8F/ – http://www.gilad.co.uk/writings/2016/5/1/nobody-bothered-to-check-who-created-that-anti-semitic-image-naz-shah-retweeted-did-they
(5) https://youtu.be/mZbMf7vDU6g (ou, pour un extrait plus ciblé : https://youtu.be/-Ju1w-iDR0o) – http://www.ihr.org/jhr/v13/v13n4p29_Weber.html
Grreeeeee, j’ai eu des « typos » avec les balises…
J’ai une balise de fin d’italique qui n’a manifestement pas marché.
Et l’image n’est pas passée non plus.
Merci à Étienne pour la post-prod… 😉
Francis LALANNE et les mots…
httpv://youtu.be/kWO7Eb8FMF8
… le discours d’un Etienne CHOUARD
Destitution de la présidente brésilienne Dilma Rousseff :
entretien avec Pepe Escobar (passionnant passionnant passionnant) :
http://lesakerfrancophone.fr/destitution-de-la-presidente-bresilienne-dilma-rousseff-entretien-avec-pepe-escobar
Source : Le Saker Francophone
Quelle bonne surprise, de voir enfin en vidéo, parlant remarquablement le français, Pepe Escobar (que je lis toujours avec un vif intérêt, dans le Saker) : un type clairvoyant, je trouve, une sentinelle du peuple.
httpv://youtu.be/P63XFVSgMFo
Je reprendrais la métaphore des parapentes de Franck Lepage : le niveau de compétence des forces démocratiques monte, mais il faut aussi s’attendre à ce que l’astuce des forces contre-révolutionnaires monte aussi parallèlement.
C’est vrai que ce Pepe Escobar est très intéressant et semble sympathique. Ce qui me convainc de sa fiabilité, c’est qu’il ne vient pas raconter que la direction du PT sont de blanches colombes. A mon avis, il ne va pas tarder – si ce n’est pas déjà fait – à être traité de nazi ou quelque chose de cet acabit.
Logique du terrorisme (suite) :
« Au cours des années 1880, en France, dix ans après la Commune, l’agitation sociale redevenait inquiétante. Il était urgent de mater énergiquement les grèves et l’insoumission ouvrière, par la force armée au besoin. Il fallait museler les organes de presse qui s’en offusqueraient, il fallait arrêter les meneurs les plus actifs, il fallait d’abord s’employer à y décider les parlementaires non seulement réticents mais largement déconsidérés par le récent scandale du Panama.
C’est alors que le 9 décembre 1893, un anarchiste, Auguste Vaillant, lance en pleine séance de la chambre des députés une bombe artisanale dont l’explosion provoque de nombreuses blessures, heureusement légères. Cet attentat spectaculaire était destiné, selon son auteur, à arracher des réformes sociales aux responsables politiques. Le jour suivant, le criminel était appréhendé, un mois plus tard il était condamné à mort, et décapité trois semaines après.
Dès le lendemain de l’attentat, la Chambre votait, en une seule séance et sans discussion, une série de lois sur la presse et sur les « associations de malfaiteurs », des crédits extraordinaires étaient attribués à la police, de nombreux journaux étaient saisis, d’autres interdits de vente dans les kiosques. Plusieurs mandats d’arrêts étaient enfin lancés et plus de soixante personnes appréhendées. Evidemment, toute critique visant les parlementaires était immédiatement soupçonnée de complaisance envers l’anarchisme et le terrorisme.
Il fallut attendre trente-trois ans pour éclairer cette merveilleuse histoire, avec la publication, en 1926, des Souvenirs de police du commissaire Reynaud. Selon un témoin entendu par le commissaire juste après l’attentat, toute cette affaire avait été montée par la police. Auguste Vaillant, honnête et révolté, avait été manœuvré. On avait fait sortir de prison un de ses anciens camarades, qui l’avait retrouvé et lui avait procuré un explosif fourni par le laboratoire de la Préfecture de police. Ce « camarade » avait été à nouveau emprisonné, peu avant l’attentat, pour le mettre à l’abri des recherches. Au cours de son bref procès, l’accusé avait certes « avoué » qu’un « mécène » lui avait procuré de l’argent pour louer une chambre à Paris et pour confectionner sa bombe, dont il lui avait fourni les principaux éléments. Mais la police ne déploya aucun effort pour retrouver ce mécène et le tribunal ne tint pas compte de son aveu.
Ainsi cet attentat, commis par un véritable terroriste, prêt à reconnaître son crime, et jusqu’à l’échafaud, a été l’instrument parfait dont avait besoin la faction la plus répressive du gouvernement pour renforcer son appareil policier et étouffer l’agitation sociale. »
Michel Bounan, Logique du terrorisme (2e édition : 2011)
Sinon on peut trouver cet ouvrage numérisé ici : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k742943.r=Maurice%20Joly?ticket=ST-19-ThbGFmdc3hYVkkjsRYdS-diaz01.bnf.fr.#