NOUS N’AVONS NI CONSTITUTION NI REPRÉSENTANTS
PARCE QUE NOUS N’AVONS PAS (ENCORE) APPRIS
À ÊTRE NOUS-MÊMES CONSTITUANTS.
IL EST PLUS QUE TEMPS.
______
Miracle à l’islandaise : à Reykjavik, le taux de chômage est tombé à 1,9%
Par Pierre Magnan@GeopolisFTV | Publié le 09/02/2016 à 09H45
Piscine chauffée par géothermie en Islande, île fortement volcanique.
L’information n’a pas fait la Une : « L’Islande a retrouvé son niveau de chômage d’avant la crise. » Un résultat impressionnant pour la petite île indépendante qui a connu l’une des pires crises économiques d’Europe. Depuis sa faillite retentissante en 2008, l’Islande et ses quelque 320.000 habitants ont réussi un retournement économique impressionnant. Avec quelles recettes ?
Le chômage en Islande est désormais de 1,9%, selon les chiffres officiels, le taux le plus bas depuis 2007. En 2007, le taux de chômage était de 1,3%… Au plus fort de la crise, survenue en 2008, le chômage avait dépassé les 10% (avec des pointes à 12%).
Pourtant, la crise islandaise a été un vrai tsunami pour cette île. « Peu de pays, voire aucun, avaient vécu une débâcle économique aussi catastrophique », notait le FMI à son propos.
Ce petit miracle à l’islandaise s’explique. Selon le Premier ministre, « nous n’aurions pu sortir de la crise si nous avions été membre de l’Union européenne », avait-il dit en novembre 2015. Sigmundur Davíð Gunnlaugsson avait même été plus loin en affirmant que ne pas être membre de la zone euro avait été une chance pour l’Islande : « Si toutes ces dettes avaient été en euros, et si nous avions été obligés de faire la même chose que l’Irlande ou la Grèce et de prendre la responsabilité des dettes des banques en faillite, cela aurait été catastrophique pour nous sur le plan économique.»
Comparaison chômage Islande-Irlande entre 2005 et 2014 (source Alterécoplus) © alterecoplus
Pourtant l’Islande revient de loin. Le pays a connu une crise beaucoup plus violente que les autres pays européens du fait de la démesure de son système financier lors de l’éclatement de la crise des subprimes. Mais face à une telle situation, l’Islande a pris des mesures très différentes des autres pays européens, quitte à provoquer de vives tensions avec certains d’entre eux (leurs avoirs n’ayant pas été remboursés à la suite d’un référendum en Islande). « A la différence des autres pays heurtés par la crise, l’Islande a laissé ses banques faire faillite, ne préservant que les comptes des ménages résidents. Les étrangers qui avaient placé leur argent dans les banques du pays ont tout perdu lorsque ces banques ont fait faillite. Ailleurs, dans le reste de l’Europe, de nombreuses banques ont été nationalisées car il n’était pas concevable qu’elles puissent faire faillite », rappelait l’Express en 2015.
Le pays a mené une politique mêlant contrôle des capitaux (une idée mal vue en Europe), austérité budgétaire mais aussi hausse des impôts et surtout dévaluation importante de sa monnaie (60%) qui a entraîné une importante inflation, aujourd’hui maîtrisée… et une reprise de la croissance. Résultat, Reykjavik n’a pas sacrifié sa politique sociale et le FMI a été totalement remboursé de ses avances financières. Cette politique a fonctionné, moins d’entreprises ont fait faillite et il n’y a pas eu d’exode des jeunes comme au Portugal, Espagne ou Irlande.
De nombreux économistes font le parallèle avec le cas grec qui est toujours noyé dans sa dette et l’empilement des plans d’austérité. Mais les deux pays sont loin d’être semblables. La Grèce est enfermée dans les règles de la zone euro alors que l’Islande est libre de ses règles et de sa monnaie. Et a même décidé de ne plus demander son adhésion à l’Europe.
De plus, l’Islande a profité des capitaux qu’elle détenait du fait de l’énormité de son système bancaire, bloqués par le contrôle des changes. En conclusion de son rapport sur l’Islande, le FMI le reconnaît le côté peu orthodoxe de la reprise islandaise : « Cet ensemble éclectique de mesures a été efficace dans le cas de l’Islande, mais il n’est pas du tout certain que les enseignements à en tirer soient transposables ailleurs, y compris dans la zone euro en crise. »
En tout cas, l’Islande est devenue un exemple pour ceux qui critiquent l’intégration autour de l’euro. Avec raison ?
______
De vrais représentants nous sortiraient de l’UE, au lieu de nous y enfermer.
______
Lien Facebook correspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10154146757002317
Le miracle ne vient-il pas de l’exception économique Islandaise, c’est a dire une économie binaire : la pèche et le tourisme ? Tourisme qui est fortement liée a la proximité de l’union européenne qui, grâce a une monnaie forte (livre ou euro), permet l’affluence de riches étrangers en Islande.
(devons nous faire le lien avec les offshore du panama ?)
A chaque fois « on » nous parle de « miracle du taux chômage », de l’Italie a l’Allemagne, mais en creusant un peu on trouve que la vérité et bien plus complexe et bien loin du miracle tant annoncé.
(le taux de chômage étant tout aussi lié a son calcul, souvent foireux)
Les libéraux vont te dire que c’est facile car petit pas nombreux binaire etc mais cela non plus ne tient pas l’analyse car la finance ne créé AUCUNE valeur elle est purement prédatrice des valeurs que nous créons.
Ce mythe de la finance qui investit ne tient plus depuis 2008 car tous les milliards injecter pour soit-disant sauver le système RIEN n’est allé aux PME, ménages mais uniquement dans de nouvelle bulle la dernière en date c’est les ventes auto ont bondi comme avec les subprimes les constructeurs vendent des leasing crédits a des gens insolvables déjà 1000 milliard aux USA, pour combien de temps avant le krach ?
Pour les chiffres du chômage vous avez raison tout est truqué aux USA 1/3(100millions) des gens sont sans activité et ils nous parle de croissance solide mort de rire
L’UE nous impose l’enfer fiscal du Luxembourg et martyrise nos lanceurs d’alertes.
Affaire LuxLeaks : Denis Robert & Amélie Deltour appellent à soutenir Antoine Deltour
httpv://youtu.be/6bO2EuZw488
Olafur Ragnar Grimsson : « nous avons laissé les banques faire faillite » (2013) :
httpv://youtu.be/3‑RjpdQwOu0
La solution est populaire, partout sur terre :
Exemple de mini atelier constituant, prolifique et contagieux (MAC-PC), ici, en famille, tranquilou…
Compte rendu pour les copains virus 🙂
http://wiki.gentilsvirus.org/index.php/Atelier_Constituant_Vaux_les_Pres
Bonjour,
Je te suis régulièrement, et je suis convaincu qu’il nous faut nous re-constituer, mais je ne comprends pas cet article, c’est à dire que je ne comprends pas le lien entre une « bonne » représentation et ce changement islandais. A quoi est dû le renouveau islandais ? je ne saurais dire. Ici, l’article propose des hypothèses. Soit, mettons que l’on soit d’accord. Quoiqu’il en soit, c’est sans doute du à des choix politiques nouveaux.
Mais aux dernières nouvelles, le processus constituant n’a pas été mené à son terme. Alors, on peut louer les dispositions prises par la classe politique, mais il n’y a pas d’éléments qui permettent de l’imputer au processus constituant, et en particulier à de nouvelles formes de représentations politiques.
Comment dire… il n’y a pas de lien de causalité, sauf à dire que, par exemple, la sortie de l’Euro est une condition sine qua non d’une bonne gestion politique, ce qui n’est pas l’essence de ton propos. On peut très bien imaginer (en théorie) un processus constituant national dans le cadre de l’UE. Ce ne sont pas des propositions immédiatement antagonistes.
Bref, il me semble que tu sors de tes « attributions » 🙂
Ce qui m’intéresse en l’occurrence :
• L’UE est un carcan antidémocratique et antisocial.
• L’exemple islandais montre que l’UE est aussi un carcan anti-économique.
• Et il insiste (encore une fois) sur notre très remarquable impuissance politique, concrètement (dans l’UE).
Mais bon, je te concède que je m’accorde très souvent, c’est vrai, la plus totale liberté de penser, et en toutes matières… 🙂
@ Wilemo,
bien bonne question, je trouve, celle que tu pointes concernant la corrélation apparente entre un « mieux-être » et… pas de changement dans la constitution islandaise. J’ai quand-même une objection peut-être pas complètement débile : même si le processus constituant n’a pas abouti, manifestement, il y a eu un mouvement pour revoir la constitution, et pas juste des mots en l’air dans une propagande de partis, mais un truc qui avait débouché sur une constituante (partielle) et même une constituante tirée au sort. Le quota lors du vote final n’a pas été atteint, certes, mais le processus constituant commence par un commencement, ce n’est pas du détail. Pour finir là-dessus, on peut au moins émettre l’hypothèse que cet acte « nationalement souverain » contre le chantage bancaire n’aurait pas été possible sans un contexte dans lequel un tel processus constituant pouvait être engagé – car, donc, il l’a bel et bien été.
« On peut très bien imaginer (en théorie) un processus constituant national dans le cadre de l’UE. Ce ne sont pas des propositions immédiatement antagonistes. »
Si, si, tout à fait antagonistes. Est-il vraiment besoin d’expliquer encore pourquoi ? La rigueur m’enjoint de préciser qu’il existe bel et bien, de l’avis du Conseil constitutionnel comme du mien, un moyen de concilier souveraineté nationale et appartenance à l’UE : quand vous voulez, vous pouvez décider d’en sortir…
« Comment dire… il n’y a pas de lien de causalité, sauf à dire que, par exemple, la sortie de l’Euro est une condition sine qua non d’une bonne gestion politique, ce qui n’est pas l’essence de ton propos. »
Comme on sait, l’euro (entre autres) est une monnaie 100% bancaire. De ce point de vue, si : c’est l’essence de son propos…
Pour le dire vite quitte à le dire mal, Étienne a depuis longtemps poussé le bouchon jusqu’à mettre la création monétaire, dans ses discours, presque sur le même plan, sacré, que le processus constituant.… L’euro est aussi 0% démocratique, mais je suis désolé de (re)dire que le miracle du financement par création monétaire de la reconstruction française et du début des « 30 glorieuses » s’est appuyé sur un mécanisme – « le circuit du Trésor » – mis en place sous le régime de Vichy (chose confirmée par B. Lemoine et ses sources, notamment Laure Quennouëlle-Corre). Inutile de dire que c’était donc pour le compte d’un État asservi à l’Allemagne nazie, à une économie de guerre pour le compte d’on ne sait bien qui, en définitive, mais en tout cas ce n’était assurément pas là une construction démocratique- pas non plus après guerre, du reste (toutes différences gardées). De là à raisonner sur l’inverse et l’inverse… on n’ira évidemment pas en déduire que la démocratie ne pourrait pas aboutir à une forme appropriation sociale, équitable, des pouvoirs associés au contrôle de la création monétaire. 😉
Merci de ta réponse
Sur le fait que la situation insurrectionnelle islandaise a sans doute eu pour résultat le changement de la politique, oui, j’en suis persuadé. Disons que c’est la situation insurrectionnelle qui a engendré à la fois (mas peut etre à des temps différents… je ne connais pas parfaitement la séquence politique) la mise en place d’un processus constituant – pas mené à son terme – ET le changement de politique extérieure.
Je ferai un parallèle avec les mouvements sociaux qui aboutissent au blocage de l’outil de travail. C’est souvent une poignée d’individus, une minorité active, qui bloquent l’outil de travail, que ce soit une usine ou une fac, sans en demander l’autorisation (qu’ils n’auraient pas) à qui que ce soit. Je suis contre cette mise devant le fait accompli car on devrait demander leur avis aux gens que cela va concerner plutot qu’à la seule AG acquise à la cause, mais force est de constater que c’est le seul moyen efficace d’avancer ses pions en l’absence de procédure opérationnelle qui permettraient d’agir selon un autre mot d’ordre. Pour avoir par le passé essayé de proposer (en AG) une autre façon de faire, plus éclairée et inclusive, je m’y suis cassé les dents.
Pour revenir à l’Islande, on peut se dire qu’il ya eu des vélléités « hors du cadre », et que les garants du cadre s’en sont suffisamment effrayés pour réagir « in-cadre ».
Pour ma première phrase que tu cites, le mots important était entre parenthèses 🙂 . Il s’agissait de « en théorie ». Mon analyse porte sur un antagonisme langagier avant d’être opérant, et dans la perspective de le devenir.
Ainsi, que « rouge » ne s’oppose à pas à « noir », cela semble aller de soi, mais cela devient plus délicat quand on parle du « blanc ». On peut le voir comme l’opposition de noir, ou comme sa négation . Moi j’ai tendance à le voir comme une opposition : blanc et noir sont des couleurs, de même que rouge. La négation de noir est « non-noir » ou « absence de noir ». Mais au niveau individuel, « absence de noir » n’est pas représentable par un individu, et « non-noir », c’est déjà une affirmation… qui peut désigner « blanc » OU « rouge » Bref ! je m’égare ! 😀
Dans les faits donc, je crois que le processus constitutionnel serait hyper HYPER compliqué dans un autre cadre que national, mais pas impossible dans l’absolu (« en théorie »). La question alors, c’est si on préfère se coltiner le système national ou le système, par exemple, européen. Mais si l’on considère, par exemple, que l’Euro est l’aune d’un système financier non démocratique (c’est mon cas), il importe peu que la « pépette », la nouvelle monnaie que je vais co-créer avec les GV dans un cadre plus démocratique, se fasse dans un cadre français ou U.E. Si je sors d’un cadre, j’en sors, et la seule question est celle du nouveau cadre et de son rapport aux cadres concurrents. Et peu me chaut que mes co-créateurs soient estoniens, grecs ou allemands.
« L’euro est une monnaie 100% bancaire ».
Oui, certes… et alors ? La question est-elle la suppression d’une monnaie « bancaire » (de crédit, j’imagine) ou le contrôle de son action ? C’est une vraie question, à laquelle je n’ai pas de réponse.
Personnellement, je ne suis pas économiste, et je me fous un peu du système en place. Disons que j’ai pas la prétention de comprendre tout le truc. Au quotidien, ce qui m’intéresse, c’est de savoir si je peux acheter « des trucs » avec mes sous.
Pour terminer, je préciserai ma position en indiquant que mon « travail intellectuel » porte essentiellement sur la structure des organisations psychosociale (Je n’aurai malheureusement pas le temps de développer), sur la mise en évidence de ce qui fait Loi (que ce soit du légal ou du légitime) et quels sont les développements logiques d’une alternative structurelle plutôt qu’une autre. Oui je sais, ça a l’air abscons ! 😀
Et encore une fois, merci de répondre. Etienne Chouard est souvent malmené (ce que je peux comprendre), et les GV dans la foulée (ce que je comprends moins, sauf à assimiler un intellectuel à ses lecteurs, ce qui est proprement une logique totalitaire), et je suis toujours ravi de lire une pensée critique organisée, fut-elle critique de mes propres propos ! 😉