[sentinelle du peuple] Gérard Filoche explique l’importance cardinale du droit du travail (CQFD, ce qu’il faut défendre)

9/03/2016 | 13 commentaires

Il y a long­temps, plus de dix ans, que j’aime écou­ter et lire Gérard Filoche. Cet ins­pec­teur du tra­vail défend bec et ongles les inté­rêts de ceux qui tra­vaillent contre leurs exploiteurs.

En ce moment, quand les chefs de son propre par­ti sont en train de lit­té­ra­le­ment détruire le droit du tra­vail, ses inter­ven­tions sont par­ti­cu­liè­re­ment utiles, je trouve impor­tant de foca­li­ser un peu notre atten­tion sur ce que dit Gérard Filoche :

Filoche à l’an­tenne de Là-Bas Si J’y Suis, avec Daniel Mermet :
9 mars, grève géné­rale contre la « loi travail » : 

Le pro­jet de loi EL KHOMRI vu par Gérard FILOCHE :
httpv://youtu.be/mlkfNu_NSKE

Extrait : « Tout est dans l’article 1 : ne serait-ce qu’à cause de ce seul article, tout le pro­jet de loi El Khom­ri doit être reti­ré. C’est la remise en cause his­to­rique, théo­rique, juri­dique fon­da­men­tale d’un siècle entier de code du travail.

Pour le com­prendre il faut savoir que le code du tra­vail est né en 1910 après la catas­trophe de Cour­rières de 1906 dans le Pas-de-Calais. Lors de cette tra­gé­die, 1099 mineurs avaient per­du la vie au fond des puits. Le patron avait exi­gé que le tra­vail reprenne en ces­sant la recherche des sur­vi­vants, car sinon le char­bon polo­nais allait arri­ver et il allait mettre la clef sous la porte. Une dou­zaine de jours plus tard, 13 puis 1 sur­vi­vants étaient réap­pa­rus. Le choc émo­tion­nel avait été tel qu’on avait déci­dé de créer le Minis­tère du tra­vail pour qu’il échappe aux exi­gences du Minis­tère de l’économie.

Le choix fon­da­men­tal a été d’adapter le tra­vail aux humains et non pas les humains au tra­vail. Si nous avons exi­gé les 3 X 8 : 8 h de tra­vail, 8 h de loi­sir, 8h de repos, ce n’est pas pour plaire aux patrons des entre­prises, c’est pour plaire aux humains, pour qu’ils puissent vivre avec leur travail.

Aus­si lorsque le Pré­sident Hol­lande annonce qu’il allait « adap­ter le droit au tra­vail aux besoins des entre­prises », c’est une contre-révo­lu­tion concep­tuelle. Elle n’a rien de « moderne » et rien à voir avec la « crise » : c’est le retour au 19° siècle, bien avant 1906, aux débuts du sala­riat post escla­vage quand il n’y avait ni lois ni coti­sa­tions sociales.

Ça n’a rien à voir non plus avec l’emploi : Fran­çois Hol­lande l’avoue le 21 février 2016 en pré­ci­sant que cette loi « n’aura pas d’effets en termes d’emploi avant plu­sieurs mois. Mais il s’agit d’installer un nou­veau modèle social » Il ne pou­vait mieux recon­naitre que le chô­mage était un pré­texte, et qu’il visait sur­tout à rompre avec le droit du tra­vail existant. » 

 
Gérard Filoche (en jan­vier) : « Un culot monstre de M. Gat­taz, d’o­ser récla­mer ça ! »
httpv://youtu.be/t4ChR9hjFjE

Il y a aus­si ce (trop) court échange, inté­res­sant, avec des petits patrons :
https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=943548459027651&id=100001175166013
(je n’ai pas encore de lien YT vers cette vidéo => seule­ment FB)

Il faut lire sur le blog de Gérard la syn­thèse des reproches à for­mu­ler contre la loi scé­lé­rate « El Khomri »
En conden­sé, les rai­sons du RETRAIT du pro­jet El Khomri
http://​www​.filoche​.net/​2​0​1​6​/​0​3​/​0​7​/​e​n​-​c​o​n​d​e​n​s​e​-​l​e​s​-​r​a​i​s​o​n​s​-​d​u​-​r​e​t​r​a​i​t​-​d​u​-​p​r​o​j​e​t​-​e​l​-​k​h​o​m​ri/

=====

Je relie toutes ces alertes de Gérard Filoche à celles de Fran­çois Ruf­fin (et de son équipe du jour­nal Fakir, abon­nez-vous), qui est, à mon sens, une autre pré­cieuse « sen­ti­nelle du peuple » (c’est comme ça que les révo­lu­tion­naires de 1789 appe­laient les jour­na­listes, comme Marat) :

[vidéo impor­tante] Quand la gauche a bas­cu­lé à droite 
httpv://youtu.be/i0d975vtTys

La mise à mort du CDI déci­dé par les banques :
httpv://youtu.be/0BZWzkTHXNo

=====

Et puis, bien sûr, je relie aus­si tout ça à la défi­ni­tion de Chom­sky du socia­lisme digne de ce nom :

Chom­sky : ce qu’on appelle « Socia­lisme » ? Du sens aux mots. 
httpv://youtu.be/Lbd7a4e02RI

=====

Tout ceci ne doit pas, cepen­dant, nous conduire à oublier d’ap­prendre à consti­tuer : en même temps que nos luttes sociales, il faut mul­ti­plier les ate­liers consti­tuants populaires. 

Ana Saillans a écrit à ce sujet un beau texte, que je repro­duis ici pour lui don­ner un peu plus de l’au­dience qu’elle mérite :

9 mars 2016

Autant ou plus que contre une loi inique,
c’est contre l’ « élite » qu’il faut se mobiliser.

Car la loi n’est écrite ni par un ministre ni par un parlement,
ceux là ne font que tenir le sty­lo et le micro, … et les armes,
mais de tous temps la loi est écrite par une classe psy­cho­so­ciale unique,
intem­po­relle, unie, et sans vergogne,
hypercompétente…
dans l’art de conso­li­der la répu­blique des copains-coquins.
Ses guerres intes­tines, sur le fond, ne sont qu’un leurre,
un men­songe qui n’a d’é­gal que celui de son huma­nisme de façade, et d’apparat.

Même s’il y eut, à l’oc­ca­sion de drames guer­riers, de brèves rémis­sions , la classe des maîtres a tou­jours, depuis les siècles des siècles, été unie contre les faibles.

Rem­pla­cer des élites par d’autres élites, et le mot élite m’é­corche l’en­ten­de­ment … , cela a tou­jours conduit au même résul­tat : la per­sis­tance de la sou­mis­sion du grand nombre au petit nombre.

Que se vayan todos, si, pero todos

La révo­lu­tion ne s’ar­rête pas au moment où le tyran tombe,
c’est au contraire à cet ins­tant qu’elle com­mence vraiment,
si
et seule­ment si
le peuple ne rentre pas à la maison,
refuse l’é­mer­gence de nou­veaux leaders,
refuse de se confier aux plus sédui­sants d’entre ses rangs,
inter­dit aux voleurs de révo­lu­tion de s’emparer de la réorganisation,
écrit lui-même le contrat nou­veau dont il sera le seul gardien,
éta­blit fer­me­ment la déci­sion col­lec­tive comme un bien commun,
inal­té­ra­ble­ment commun.

Nous ne savons pas, nul ne peut pré­voir, ce qu’il advien­dra dans les jours qui viennent du mou­ve­ment ron­chon qui légi­ti­me­ment gronde. Pétard mouillé ou chute du gou­ver­ne­ment, tout est pos­sible. Mais sou­ve­nons nous tou­jours que, pour un peuple, confier son des­tin, c’est le perdre. »

Ana Saillans

Source :

 
Je conseille à tout le monde de lire les réflexions d’A­na : ce qu’elle exprime est tou­jours utile au bien com­mun, tou­jours fort et clair.

=====

Encore une petite pointe de colère bien sen­tie, avant de rejoindre la manif :
Raquel Gar­ri­do remet en place la classe poli­tique qui pousse vers les bas salaires 
httpv://youtu.be/Z4yTtyICUH4

Salut à tous, bande de virus 🙂

Étienne.

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​4​0​1​7​3​7​1​7​6​2​317

Pour m'aider et m'encourager à continuer, il est désormais possible de faire un don.
Un grand merci aux donatrices et donateurs : par ce geste, vous permettez à de beaux projets de voir le jour, pour notre cause commune.
Étienne

Catégorie(s) de l'article :

13 Commentaires

  1. joss
    • Yacine Char

      Bon­jour Etienne et tous les virus sympas, 

      Je n’ai pas de compte face­book, alors un ami m’a extrait la vidéo de Gérard Filoche (où il dis­cute avec les patrons de PME). Et je l’ai mis en ligne pour vous. Mal­heu­reu­se­ment you­tube demande un numé­ro de télé­phone pour « véri­fer » le compte avant de pou­voir envoyer une vidéo. Alors je l’ai mis en ligne chez vimeo. 

      https://​vimeo​.com/​1​5​8​8​4​1​083

      Gérard Filoche défend le code du tra­vail auprès de patrons de petites entre­prises avec talent from dou­ze­douze on Vimeo.

      Conti­nuez comme ça, ces idées et ce site me donnent espoir.

      Cor­dia­le­ment,
      Douzedouze

      Réponse
      • nazgulz666

        Bon­jour,
        J’aime les idées de Gérard Filoche, je suis actuel­le­ment en train de lire son livre « Vivre l’En­tre­prise » et j’ai remar­quer plu­sieurs aberrations…
        Il milite pour les droits du sala­riés et contre la loi El… je suis com­plé­ment pour. Mais ce qui me déplait c’est qu’il parle majo­ri­tai­re­ment (pour pas dire exclu­si­ve­ment) des grandes entre­prises du CAC40. Quand il est en face de petits chefs d’en­tre­prises, comme dans cette inter­view, il n’a aucun dis­cours et quand il en a un, il dévie et parle de la régu­la­tion et de frei­ner les grosses entre­prises, ce qu’il faut faire sans aucun doute, mais tout de ne dépend pas des « 1000 Entre­prises » et toutes les petites entre­prises ne sont des sous-traitants.
        Il à un dis­cours très hono­rable, mais les chefs d’en­tre­prises qu’il à eu au télé­phone ont sans aucun doute pour moi, moins de sta­bi­li­té que le sala­rié qu’il emplois. Alors atta­quer les gros d’ac­cord, mais en paral­lèle il faut défendre les petites, je parle pas des droits des sala­riés mais sur­tout de la taxa­tion impo­sante pour une petite. J’aime les chiffres mais son dis­cours revient sur les mêmes pro­blé­ma­tiques qui sont les action­naires, les divi­dendes, la délo­ca­li­sa­tion, mais la petite entre­prise n’es pas concer­née et ce qu’elle veut et je le constate, c’est bien d’a­voir plus de flexi­bi­li­té, concer­nant non pas les sala­rié mais les charges et taxes lourdes. Dans son livre il fait des géné­ra­li­tés un peu absurde mais je suis d’ac­cord si on parle exclu­si­ve­ment des grandes entreprises.
        Enfin j’es­père m’être trom­pé dans mon ana­lyse mais c’est ce que j’ai rete­nu de son militantisme.

        Petit virus abstentionniste

        Réponse
  2. etienne
  3. binnemaya

    Bon­jour Etiénne,
    Filoche a tota­le­ment rai­son dans sa défense du code qui impacte le plus les fran­çais mais que fait-il encore au PS ?
    A moins que cela soit pour les « petits » avan­tages cité ci-dessus ?

    Réponse
    • RV

      +100000000 !
      cet homme est désespérant …
      même si ses ana­lyse sont excellentes …

      Réponse
  4. etienne

    Au coin des idées #1 : La loi travail
    Entre­tien avec David van der Vlist 

    httpv://youtu.be/wE2OEgLkRkM

    Réponse
  5. BA

    Jeu­di 23 juin 2016, il y aura un réfé­ren­dum au Royaume-Uni. Ce jour-là, le peuple déci­de­ra de res­ter ou de sor­tir de l’U­nion Européenne.

    Mais il y aura peut-être un autre référendum.

    En Fin­lande, par réfé­ren­dum, le peuple fin­lan­dais déci­de­ra de res­ter ou de sor­tir de la zone euro …

    … sauf si le par­le­ment fin­lan­dais refuse d’or­ga­ni­ser ce référendum.

    Alors ?

    Le par­le­ment fin­lan­dais va-t-il accep­ter de consul­ter le peuple ?

    Ou alors le par­le­ment aura-t-il peur de la réponse du peuple ?

    Devi­nez !

    Ven­dre­di 11 mars 2016 :

    L’abandon de l’euro a de plus en plus d’adeptes en Finlande.

    L’euroscepticisme gagne du ter­rain en Fin­lande. Une péti­tion signée par plus de 50.000 citoyens, et dépo­sée jeu­di 10 mars devant le Par­le­ment, va for­cer les dépu­tés à débattre de l’éventualité d’un réfé­ren­dum pour que le pays aban­donne l’euro.

    Si un retour au mark fin­lan­dais semble com­plè­te­ment impro­bable, l’initiative a dépas­sé le seuil exi­gé pour être mise à l’ordre du jour. Elle a été lan­cée par le dépu­té euro­péen Paa­vo Väy­ry­nen, 69 ans, huit fois ministre, qui agit en franc-tireur dans cette affaire. Il n’est sou­te­nu par aucun par­ti, ni le sien (le Centre du Pre­mier ministre Juha Sipilä), ni même les Vrais Fin­lan­dais (euros­cep­tiques) membres de la coa­li­tion au pou­voir. Mais « au sein du peuple il y a un large sou­tien pour que la Fin­lande quitte la zone euro », a assu­ré Paa­vo Väy­ry­nen lors d’une confé­rence de presse à Hel­sin­ki. Selon le der­nier son­dage sur la ques­tion en décembre, 31% sont pour, alors qu’ils n’étaient que 19% quatre ans auparavant.

    Les divers réfé­ren­dums tenus sur l’Union euro­péenne dans d’autres pays membres ces der­nières années ont vu la mon­tée de l’hostilité à l’intégration euro­péenne. Les Bri­tan­niques doivent voter le 23 juin sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE, et un « Brexit » est une hypo­thèse tout à fait envisageable.

    http://​www​.lese​chos​.fr/​m​o​n​d​e​/​e​u​r​o​p​e​/​0​2​1​7​5​7​7​9​4​0​5​4​-​l​a​b​a​n​d​o​n​-​d​e​-​l​e​u​r​o​-​a​-​d​e​-​p​l​u​s​-​e​n​-​p​l​u​s​-​d​a​d​e​p​t​e​s​-​e​n​-​f​i​n​l​a​n​d​e​-​1​2​0​6​1​5​4​.​php

    Réponse
  6. BA

    Qui veut sor­tir de l’U­nion Européenne ?

    Pour répondre à cette ques­tion, il faut consul­ter les 28 peuples, en orga­ni­sant 28 référendums.

    - Réfé­ren­dum au Royaume-Uni : il aura lieu jeu­di 23 juin 2016.

    - Réfé­ren­dum en France : 53 % des Fran­çais le veulent. Fran­çois Hol­lande va peut-être accep­ter de consul­ter le peuple.

    - Réfé­ren­dum en Fin­lande : les dépu­tés fin­lan­dais vont peut-être accep­ter de consul­ter le peuple. Ce réfé­ren­dum por­te­rait sur le main­tien ou la sor­tie de la zone euro.

    Réca­pi­tu­lons.

    Jeu­di 23 juin 2016, il y aura un réfé­ren­dum au Royaume-Uni. Ce jour-là, le peuple déci­de­ra de res­ter ou de sor­tir de l’U­nion Européenne.

    Mais il y aura peut-être deux autres référendums.

    En France :

    Une majo­ri­té de Fran­çais sou­haite un réfé­ren­dum sur la sor­tie de la France de l’UE.

    Une majo­ri­té de Fran­çais (53 %) sou­haite un réfé­ren­dum sur le main­tien ou non de la France dans l’Union euro­péenne (UE), à l’instar de celui pré­vu au Royaume-Uni le 23 juin. C’est l’une des révé­la­tions de l’enquête menée début février auprès de 8 000 élec­teurs dans six pays de l’Union (Alle­magne, France, Pologne, Irlande, Espagne et Suède) par l’université d’Edimbourg et le cercle de réflexion alle­mand D/part.

    http://​www​.lemonde​.fr/​e​u​r​o​p​e​/​a​r​t​i​c​l​e​/​2​0​1​6​/​0​3​/​1​2​/​u​n​e​-​m​a​j​o​r​i​t​e​-​d​e​-​f​r​a​n​c​a​i​s​-​s​o​u​h​a​i​t​e​-​u​n​-​r​e​f​e​r​e​n​d​u​m​-​s​u​r​-​l​e​-​f​r​e​x​i​t​-​l​a​-​s​o​r​t​i​e​-​d​e​-​l​a​-​f​r​a​n​c​e​-​d​e​-​l​-​u​e​_​4​8​8​1​7​6​8​_​3​2​1​4​.​h​tml

    Fran­çois Hol­lande va-t-il accep­ter de consul­ter le peuple fran­çais par référendum ?

    Ou alors Fran­çois Hol­lande va-t-il refu­ser de consul­ter le peuple ?

    Quel sus­pens ! Mais quel suspens !

    En Fin­lande :

    Par réfé­ren­dum, le peuple fin­lan­dais déci­de­ra de res­ter ou de sor­tir de la zone euro …

    … sauf si le par­le­ment fin­lan­dais refuse d’or­ga­ni­ser ce référendum.

    Alors ?

    Le par­le­ment fin­lan­dais va-t-il accep­ter de consul­ter le peuple ?

    Ou alors le par­le­ment fin­lan­dais va-t-il refu­ser de consul­ter le peuple ?

    Devi­nez !

    http://​www​.lese​chos​.fr/​m​o​n​d​e​/​e​u​r​o​p​e​/​0​2​1​7​5​7​7​9​4​0​5​4​-​l​a​b​a​n​d​o​n​-​d​e​-​l​e​u​r​o​-​a​-​d​e​-​p​l​u​s​-​e​n​-​p​l​u​s​-​d​a​d​e​p​t​e​s​-​e​n​-​f​i​n​l​a​n​d​e​-​1​2​0​6​1​5​4​.​php

    Réponse
  7. binnemaya
    • Jacques

      Il y avait ce témoi­gnage qui m’avait mar­qué : « L’époque est au juge­ment de tous sur tous et sur tout, de la mesure de tous et de tout, qua­li­tés et quan­ti­tés iso­lées de leurs contextes et de leurs his­toires, réduites à quelques indi­ca­teurs qui viennent déter­mi­ner un idéal. » https://​blogs​.media​part​.fr/​j​e​a​n​-​f​r​a​n​c​o​i​s​-​c​o​f​f​i​n​/​b​l​o​g​/​1​9​1​0​1​5​/​l​i​d​e​a​l​-​e​s​t​-​u​n​e​-​n​o​rme

      …………………

      Et bien que l’ensemble de cette confé­rence soit pas­sion­nante (http://www.uitc-edu.org/l‑uitc/comite-socio-scientifique/jean-louis-le-moigne.html), je n’en retrans­cris que la fin :

      47 :13 « Mon der­nier exemple pour ter­mi­ner, il est très beau : c’est le gira­toire. Vous vous sou­ve­nez – pas – que jusqu’en 1938 je crois, quand on n’avait pas encore inven­té le concept de route à grande prio­ri­té, quand quatre voi­tures se pré­sen­taient à la même seconde à un car­re­four, le code de la route pré­voyait que les quatre auto­mo­bi­listes arrê­taient leurs véhi­cules, sor­taient de leur véhi­cules, se réunis­saient au milieu du car­re­four [rires de l’auditoire] – c’était dans le texte ! – et déli­bé­raient sans don­ner de règles, ils déli­bé­raient entre eux… vous pou­vez dire les femmes d’abord, les jeunes d’abord, les vieux, comme vous vou­lez, mais ils déli­bé­raient ; et ils finis­saient par dire bon ben c’est toi d’abord, on remon­tait dans sa voi­ture et c’était réglé… c’est le rêve de l’organisation, celle où tout le monde déli­bé­re­rait ! Bon ben alors évi­dem­ment c’est un peu un beau rêve ; mais alors après on a été atroce, on a dit puisque c’est ça il faut un chef. Alors je ne sais pas si vous avez sui­vi, mais c’est un pro­dige de génie infor­ma­tique : les pro­cé­dures de régu­la­tion de tra­fic par feu rouge / feu vert sur des ordi­na­teurs cen­traux d’une puis­sance qua­si infi­nie, avec des mil­liards de cap­teurs, une équa­tion mathé­ma­tique opti­mi­sante – enfin vous voyez le dis­cours ou vous le devi­nez et vous en avez été l’heureuse vic­time ou… selon les cas de figures. Et puis alors là la seule contrainte c’est que le citoyen se per­ce­vait comme ayant une obli­ga­tion de débi­li­té men­tale. Nous devions être, comme il reste beau­coup trop de gens dans les entre­prises, en situa­tion de débi­li­té men­tale : je fais ce qu’on me dit, je ne fais rien d’autre, et si je fais quelque chose d’autre ce n’est pas bien. Et voi­là que tout d’un coup les anglais ren­versent le sablier et disent « eh bien non ! A par­tir de main­te­nant il n’y a plus de chef, mais je vais créer une seule contrainte – elle est forte – je vais mettre un gira­toire au milieu du car­re­four. » Quel est l’effet du gira­toire ? Il oblige cha­cun de nous à ralen­tir, qu’on le veuille ou non, parce qu’on ne va pas aller dans le mur. Si on ralen­tit, on a le temps de se construire une repré­sen­ta­tion riche – et pas com­plexi­fiée – du contexte. On voit ce qui arrive à droite, ce qui arrive à gauche, si c’est glis­sant, si ce n’est pas glis­sant… enfin bref, tout ce que vous pou­vez [ima­gi­ner]… et dans ces quelques secondes, on a le temps à la fois de construire une repré­sen­ta­tion du contexte et d’élaborer inten­tion­nel­le­ment son com­por­te­ment. Si j’amène ma femme à l’accouchement, c’est très grave, ce ne sera pas le même que si je suis en balade amou­reuse – voyez, pour prendre un exemple par­mi [d’autres] – et ceci en per­ma­nence. Autre­ment dit, tout acteur dans une orga­ni­sa­tion com­plexe, en situa­tion de pou­voir se repré­sen­ter de façon intel­li­gente et intel­li­gible, effec­ti­ve­ment, le contexte dans lequel il va avoir à agir, est capable d’élaborer son com­por­te­ment. […] Gar­dons ce modèle en tête, il a une ver­tu de géné­ra­li­sa­tion extra­or­di­naire : du coup il n’y a plus de chef ! Il n’y a plus une intel­li­gence pivot – cen­trale – qui est intel­li­gente pour tout le monde : cha­cun s’exerce à l’exercice de son intel­li­gence, si j’ose dire. »

      Réponse

Laisser un commentaire

Derniers articles

JUSTICE CITOYENNE – Regards croisés – LIVE 4 novembre 2024, 19h45

JUSTICE CITOYENNE – Regards croisés – LIVE 4 novembre 2024, 19h45

Bonjour à tous Pendant cette soirée dédiée au bilan de la période récente, où nous venons de vivre (le début d')une bascule totalitaire sous prétexte sanitaire, et demain sous prétexte de péril de guerre ou de catastrophe climatique, je parlerai de souveraineté...