Rendez-vous à Lyon, le 11 mars 2016, avec Jacques Testart, sur le thème « Tirage au sort et démocratie »

5/03/2016 | 17 commentaires

Ah ! que je suis content de revoir cet homme-là !
J’aime son regard, dans tous les sens du terme ; j’aime sa cer­ti­tude que tous les hommes peuvent deve­nir meilleurs, ensemble, s’ils acceptent de se par­ler pour déci­der du bien commun.

Nous allons ani­mer ensemble, avec Jacques Tes­tart, une ren­contre publique à Lyon le 11 mars (ven­dre­di pro­chain) à 19h, pour réflé­chir à cette com­bi­nai­son essen­tielle (et encore lar­ge­ment méconnue) :
tirage au sort et démocratie.

Ça se passe dans le cadre d’une semaine « Expé­riences poli­tiques », dont voi­ci le pro­gramme (cli­quez sur l’image) :
http://​expe​riences​-poli​tiques​.fr/​p​r​o​g​r​a​m​me/

Le len­de­main après-midi, il y a un ate­lier constituant 🙂

Nous n’au­rons, ven­dre­di soir, qu’une salle de 150 places, je crois, dont 100 ont été offertes ici : https://​www​.event​brite​.fr/​e​/​b​i​l​l​e​t​s​-​t​i​r​a​g​e​-​a​u​-​s​o​r​t​-​e​t​-​d​e​m​o​c​r​a​t​i​e​-​e​x​p​e​r​i​e​n​c​e​s​-​p​o​l​i​t​i​q​u​e​s​-​2​2​1​6​3​2​6​2​916, et dont 50 seront dis­po­nibles à la Mai­son Pour Tous (Lyon 3e).

======

Je vous parle de Jacques depuis long­temps ( et , par exemple) parce que je trouve son tra­vail extra­or­di­nai­re­ment utile pour PROUVER (pour que nous puis­sions être tous bien cer­tains) qu’un monde poli­tique démo­cra­tique digne de ce nom est à la fois pos­sible et souhaitable.

Jacques est un scien­ti­fique qui réunit des Confé­rences de citoyens (assem­blées tirées au sort) pour qu’elles forgent et for­mulent leur opi­nion sur des sujets d’é­thique scien­ti­fique com­plexes et contro­ver­sés. Mais pour lui, une opi­nion n’a de valeur que si elle est cor­rec­te­ment éclai­rée, et il tra­vaille pré­ci­sé­ment sur cet éclai­rage : il fait for­mer les tirés au sort pen­dant plu­sieurs séances avant qu’ils ne puissent voter.

Astu­cieu­se­ment, les condi­tions de cet éclai­rage de l’o­pi­nion (de cette for­ma­tion des tirés au sort) sont fixées par un Comi­té de pilo­tage, com­po­sé d’ad­ver­saires connus sur le pro­blème contro­ver­sé en ques­tion : ces adver­saires ne vont pas mener eux-mêmes la for­ma­tion, mais ils vont dire quel pro­gramme il faut suivre à leur avis, pour que les tirés au sort opinent en toute connais­sance de cause. 

Voi­ci com­ment Jacques l’ex­plique (je le trouve pas­sion­nant, tout simplement) :

Jacques Tes­tart : Com­ment les citoyens peuvent s’emparer des choix de société ?
httpv://youtu.be/wCAVBxcxnAI

Confé­rences de citoyens & Démo­cra­tie directe
httpv://youtu.be/QGUuUi0i42o

Le site Sciences citoyennes :

http://​scien​ces​ci​toyennes​.org/

Je trouve cette idée (faire pilo­ter l’é­clai­rage de l’o­pi­nion de tous par les adver­saires d’une contro­verse, sujet par sujet) intel­li­gente et sti­mu­lante, et je réflé­chis à sa géné­ra­li­sa­tion à toutes les ins­ti­tu­tions (sans la limi­ter aux seuls sujets d’é­thique scien­ti­fique). Je compte donc poser quelques ques­tions à Jacques pour avoir son sen­ti­ment (et ses sug­ges­tions) sur des pro­po­si­tions d’u­ti­li­sa­tion d’éclai­rage-gui­dé-par-des-Comi­tés-de-pilo­tage en matière de poli­tique générale.

Par exemple, si l’on consi­dère qu’on ne peut vala­ble­ment voter que si on a tra­vaillé le sujet en ques­tion, est-ce qu’on ne devrait pas :

1) empê­cher les réfé­ren­dums secs, sans débats contra­dic­toires préalables ?
2) empê­cher les son­dages habi­tuels, et impo­ser plu­tôt les son­dage délibératifs ?
3) empê­cher un dépu­té de voter une loi s’il a dor­mi ou s’il s’est absen­té pen­dant les débats ? 😉
4) impo­ser aux ser­vices publics d’in­for­ma­tion de pré­sen­ter tou­jours deux per­sonnes en désac­cord, sans jamais impo­ser un point de vue uni­voque ? (C’est juste une piste, car on sent bien poindre mille difficultés.)
5) empê­cher (ou dis­sua­der) un élec­teur d’é­lire un can­di­dat sans avoir écou­té atten­ti­ve­ment tous les autres can­di­dats ? (Ne grim­pez pas aux rideaux tout de suite, on réfléchit 🙂 )
6) nous auto-orga­ni­ser à faible coût un par­le­ment citoyen déli­bé­ra­tif et per­ma­nent, capable au moins de dire de facon fiable ce que désire réel­le­ment « le peuple fran­çais » sur tous les sujets de son choix. 50 ou 100 tirés au sort pour­raient suf­fire pour cette ins­ti­tu­tion auto-pro­clam­mée qui se char­ge­rait d’in­ter­pel­ler les pou­voirs et de don­ner son point de vue dans les médias (sug­ges­tion de Chris).

Etc.

Je vous invite à nous sug­gé­rer ici, en com­men­taires, d’autres appli­ca­tions qui vous vien­draient à l’es­prit ; par exemple autour des Chambres de contrôle (toutes tirées au sort) : com­ment éclai­rer leur juge­ment ? Quels articles pour­rait-on proposer ?

J’ai­me­rais aus­si savoir si, pour Jacques, il est (éven­tuel­le­ment) ima­gi­nable de faire pas­ser l’é­clai­rage de l’o­pi­nion (par Comi­tés de pilo­tage) de l’é­chelle de 40 per­sonnes à celle de 4 000 ou même de 40 mil­lions de per­sonnes, et avec quelles modalités.

Avons-nous besoin de repré­sen­tants ? Est-il pos­sible de dési­gner des repré­sen­tants fidèles ? Com­ment pour­rions-nous ins­ti­tuer un bon éclai­rage de l’o­pi­nion d’une Chambre légis­la­tive 1) élue sans can­di­dats ou 2) tirée au sort (envi­ron 1000 per­sonnes) ? Et si on écri­vait un article ?

Par ailleurs, il est des cas où il n’est peut-être pas pos­sible (et peut-être pas sou­hai­table) de prendre tout ce temps pour éclai­rer l’o­pi­nion de ceux qui vont voter. Je pense notam­ment à cet article 35 de la Décla­ra­tion des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1793 qui décla­rait le droit sacré (et le devoir indis­pen­sable) du peuple à l’in­sur­rec­tion (contre un pou­voir qui serait deve­nu tyran­nique). Est-on d’ac­cord pour dire qu’un réfé­ren­dum révo­ca­toire n’a pas besoin de for­ma­tion des élec­teurs ni de comi­té de pilotage ? 🙂

J’ai­me­rais enfin (si c’est pos­sible, on ver­ra) consa­crer un moment à essayer de faire avec Jacques, sur scène, un ate­lier consti­tuant 🙂 pour mon­trer à ceux qui se demandent com­ment ils pour­raient faire leurs propres ate­liers, pour qu’ils voient comme c’est simple, fina­le­ment : on est autour d’une table à prendre un café, et l’un d’entre nous invite la Consti­tu­tion dans la conver­sa­tion, en mon­trant aux autres l’ar­ticle qu’il a rédi­gé ce matin à la hâte au réveil ; il n’est pas très bien écrit, mais on s’en fiche car ce n’est qu’une pre­mière mou­ture et le secret de l’ac­tion, c’est de com­men­cer. J’i­ma­gine que Jacques va me dire « hep hep hep tu as oublié de pré­voir ça et ça, non ? » – « Ah oui, que je suis bête, cor­ri­geons… », et on cor­rige ensemble, et ain­si de suite… La salle pour­rait peut-être inter­ve­nir pour nous pro­po­ser des mots ou des idées…

Si on est en forme, ça peut être péda­go­gique, ça peut don­ner envie à plein de gens d’es­sayer, en don­nant en spec­tacle le fait que les ate­liers consti­tuants c’est simple et agréable, non ?

Bon, j’ai déjà hâte d’y être 🙂

=================

Un der­nier mot pour vous par­ler du der­nier livre de Jacques :

L’hu­ma­ni­tude au pou­voir Com­ment les citoyens peuvent déci­der du bien commun

http://​www​.seuil​.com/​l​i​v​r​e​-​9​7​8​2​0​2​1​2​1​9​3​1​9​.​htm

C’est un livre génial 🙂 Ah, mais comme ça donne de l’es­poir, toutes ces his­toires d’hu­mains deve­nant plus intel­li­gents et plus géné­reux par l’ef­fet de la déli­bé­ra­tion col­lec­tive bien organisée !

Je vais repro­duire ici un extrait que je trouve par­ti­cu­liè­re­ment émou­vant ; c’est à la page 37 :

L’hu­ma­ni­tude : intel­li­gence col­lec­tive avec empathie

Il est des situa­tions pri­vi­lé­giées, hélas fort peu fré­quentes, où les per­sonnes impli­quées dans une action de groupe par­ti­cu­liè­re­ment exal­tante semblent subir une muta­tion intel­lec­tuelle, affec­tive et com­por­te­men­tale que je pro­pose de nom­mer huma­ni­tude. Ce terme, dont la sono­ri­té évo­que­ra celui de bra­vi­tude, lan­cé sans néces­si­té ni bra­voure par la pré­si­dente de la Région Poi­tou-Cha­rentes, risque d’être moqué. Pour­tant, j’ai décou­vert après coup que le mot huma­ni­tude a déjà été pro­po­sé, il y a trente-cinq ans19 et repris en 1995 pour qua­li­fier la rela­tion de bien­trai­tance vis-à-vis des per­sonnes âgées : « Pour res­ter en rela­tion avec ces per­sonnes et par­ta­ger avec elles émo­tion et sen­ti­ment, il faut un  »prendre soin » fon­dé sur toutes les carac­té­ris­tiques qui per­mettent aux hommes de se recon­naître les uns les autres : l’Hu­ma­ni­tude20. »

Le sens que nous don­nons ici à huma­ni­tude n’est pas limi­té à la bien­veillance et porte l’i­dée d’é­man­ci­pa­tion col­lec­tive car, au-delà de la com­pas­sion, il vise la recherche active de solu­tions partagées.

Je ne connais pas de mot qui embrasse toutes les qua­li­tés que peut mani­fes­ter une per­sonne en com­mu­nion avec ses sem­blables pour pro­po­ser, en res­pon­sa­bi­li­té, des actions béné­fiques au plus grand nombre. En effet, si le sub­stan­tif « huma­nisme » signale le carac­tère altruiste, empa­thique, fra­ter­nel, qui se mani­feste dans l’hu­ma­ni­tude, il ne dit rien sur l’in­tel­li­gence col­lec­tive qui per­met d’ap­por­ter des pro­po­si­tions concrètes.

Ceux qui ont vécu Mai 68 se sou­viennent de l’empathie presque géné­rale qui s’é­tait empa­rée des usa­gers du métro ou de per­sonnes croi­sées un peu par­tout : c’é­tait comme si cha­cun éprou­vait sou­dain le sens du mot fra­ter­ni­té et s’é­ton­nait de n’en avoir rien su aupa­ra­vant. Dans l’al­lé­gresse par­ta­gée, et sou­vent sans motif évident, on se sou­riait, échan­geait des plai­san­te­ries ou des idées un peu lou­foques, on s’en­trai­dait sans qu’il soit besoin de deman­der. Le monde était à nous parce qu’un autre monde sem­blait pos­sible, libé­ré des méchants, des exploi­teurs, des emmer­deurs et cas­tra­teurs, un monde où l’on aurait le droit de vivre inten­sé­ment chaque ins­tant, de le trans­for­mer en fête des sens et de l’es­prit, de com­mu­nier avec cha­cun qui n’est plus un incon­nu, de décou­vrir le goût et l’ap­ti­tude pour le bon­heur simple, l’é­change, l’i­ma­gi­na­tion, et le res­pect des gens.

Cette muta­tion de l’Homo eco­no­mi­cus en Homo enfin sapiens sapiens, celui qui agit en conscience, se réa­li­sait dans une situa­tion où bien peu étaient réel­le­ment acteurs, seule­ment contem­po­rains d’un mou­ve­ment débor­dant la médio­cri­té quo­ti­dienne en ouvrant des fenêtres géné­reuses et fan­tasques sur la « vraie vie ». Un phé­no­mène com­pa­rable peut exis­ter, par exemple à l’oc­ca­sion d’une grande mani­fes­ta­tion publique où s’ex­priment, dans l’en­thou­siasme et le nombre, des idées joli­ment uto­piques mais lar­ge­ment par­ta­gées, ou à l’oc­ca­sion d’une grève sou­te­nue qui amène à des com­pli­ci­tés pro­fondes avec des col­lègues qu’on igno­rait au quotidien.

Les avan­cées poli­tiques et sociales obte­nues depuis deux siècles ne résultent pas direc­te­ment du suf­frage uni­ver­sel, mais d’a­bord des luttes sociales, des mou­ve­ments à carac­tère révo­lu­tion­naire où fleu­ris­sait l’hu­ma­ni­tude et qui ont été capables d’im­po­ser ces avan­cées au légis­la­teur : abo­li­tion des dis­cri­mi­na­tions raciales ou de l’es­cla­vage, droits des mino­ri­tés et des femmes, déco­lo­ni­sa­tion, droits sociaux…

L’hu­ma­ni­tude n’est pas une qua­li­té indi­vi­duelle, elle ne jaillit pas d’un mou­ve­ment soli­taire, mais par l’é­mu­la­tion qui naît au sein d’un groupe en effer­ves­cence intel­lec­tuelle, morale et affec­tive. Elle figure le meilleur de l’hu­ma­ni­té et de l’in­tel­li­gence par­ta­gée. Dans Douze Hommes en colère (film de 1957), le réa­li­sa­teur Sid­ney Lumet mon­trait com­ment des jurés en viennent à inno­cen­ter un homme dont la culpa­bi­li­té était ini­tia­le­ment cer­taine : contre les juge­ments trop rapides, c’é­tait un éloge de la réflexion et de l’es­prit cri­tique de citoyens gagnés par l’humanitude.

C’est la même huma­ni­tude qui se mani­feste dans les confé­rences de citoyens. Celles-ci sti­mulent l’exal­ta­tion de per­sonnes qui découvrent leur capa­ci­té à maî­tri­ser un sujet com­pli­qué et igno­ré il y a peu, en inven­tant des solu­tions aux­quelles les experts n’a­vaient pas pen­sé ou qu’ils avaient négli­gées, en éprou­vant la puis­sance du col­lec­tif pour éla­bo­rer un avis qui échappe aux mes­qui­ne­ries des inté­rêts par­ti­cu­liers, en esquis­sant une nou­velle iden­ti­té où ils peinent à se recon­naître tant elle est faite de savoir, de rigueur et d’al­truisme, et en culti­vant l’hy­po­thèse que le monde pour­rait être chan­gé grâce à cette œuvre à laquelle ils participent.

Selon un expert alle­mand des jurys citoyens, « toutes les études démontrent que les conclu­sions sont for­te­ment mar­quées par la recherche de l’in­té­rêt géné­ral. Sa défense est un rôle si attrayant que les citoyens vont jus­qu’à pro­po­ser des solu­tions qui vont par­fois à l’en­contre de leurs propres inté­rêts. C’est ain­si qu’aux États-Unis les jurys citoyens ont deman­dé une aug­men­ta­tion des impôts« 21.

Pour la plu­part, ces citoyens s’at­tristent de devoir retour­ner à la médio­cri­té où la condi­tion ordi­naire les condamne, à l’is­sue d’une telle com­mu­nion intel­lec­tuelle et huma­niste avec quelques-uns de leurs sem­blables. Ain­si peut-on obser­ver « la trans­for­ma­tion per­son­nelle que beau­coup de membres des panels disent avoir subie : l’ex­pé­rience les marque, cer­tains chan­geant de métier, de mode de vie, s’im­pli­quant dans la vie publique comme ils ne l’a­vaient jamais fait« 22.

Mal­gré leur pou­voir infor­ma­tif ou cathar­tique, aucune des autres pro­cé­dures « par­ti­ci­pa­tives » n’est capable, au moins le temps d’é­la­bo­ra­tion d’un avis, de trans­for­mer un être banal en citoyen res­pon­sable capable d’hu­ma­ni­tude. En ce sens, il faut craindre que l’en­goue­ment crois­sant pour faire de l’In­ter­net un outil majeur de l’é­la­bo­ra­tion démo­cra­tique vienne bri­ser l’é­lan d’empathie, lequel passe aus­si par la com­mu­nion phy­sique, les regards com­plices, les émo­tions que tra­duisent les visages.

C’est sur­tout l’hu­ma­ni­tude qui fait l’o­ri­gi­na­li­té d’une confé­rence de citoyens et ce phé­no­mène nous semble décou­ler d’une levée sou­daine de la chape oppres­sive qui inhi­bait au jour le jour l’in­tel­li­gence, la géné­ro­si­té, la volon­té de savoir et déci­der. La confé­rence de citoyens est l’oc­ca­sion d’une rébel­lion pai­sible mais inté­grale contre la domes­ti­ca­tion. Cela ne suf­fit pas pour conduire une révo­lu­tion sociale impli­quant la majo­ri­té de la popu­la­tion, mais donne à espé­rer dans les capa­ci­tés humaines pour défi­nir et réa­li­ser de véri­tables chan­ge­ments. Car les gens qui peuplent nos socié­tés sont rare­ment admi­rables : sou­vent lâches, bêtes et égoïstes, la plu­part ne sont que la forme inhi­bée d’Ho­mo sapiens comme la che­nille ram­pante contient le papillon. Per­mettre la méta­mor­phose, même dans un bref échan­tillon, c’est consta­ter que l’i­ma­go vaut mieux que la larve et qu’il peut s’é­pa­nouir chez le plom­bier ou la ména­gère, le bour­geois ou le tra­vailleur pré­caire, l’a­po­li­tique ou l’é­lec­teur d’ex­trême droite… Il s’a­git d’une sorte de miracle, qu’ont obser­vé presque tous ceux qui ont orga­ni­sé ou par­ti­ci­pé à de telles procédures.

Peut-être n’est-ce pos­sible que grâce à la sélec­tion des seuls volon­taires pour consti­tuer un jury citoyen ? En effet, par­mi les per­sonnes tirées au sort mais qui ont refu­sé ce man­dat, exi­geant et non rému­né­ra­teur, on peut pen­ser que cer­tains auraient man­qué de l’as­pi­ra­tion curieuse et altruiste néces­saire pour les trans­for­mer en « super-citoyens », c’est-à-dire en per­sonnes plei­ne­ment conscientes que la soli­da­ri­té est le meilleur ciment de l’hu­ma­ni­té. Par l’ac­cep­ta­tion d’une mis­sion col­lec­tive d’in­té­rêt public, l’é­mu­la­tion naît dans ce petit groupe et éveille la conscience uni­ver­sa­liste de ceux qui ne com­battent pas pour prendre ou gar­der le pou­voir. Ain­si se révèle le meilleur de l’hu­ma­ni­té. Pour­tant, il ne s’a­git pas d’é­li­tisme quand ce sont les élus du sort eux-mêmes qui valident leur par­ti­ci­pa­tion, offerte par le hasard, et que leur rôle fugace et béné­vole se concentre sur le bien commun.

Croire aux ver­tus de la citoyen­ne­té, ce n’est pas célé­brer les êtres humains en l’é­tat où les a pla­cés la socié­té, c’est ne pas dou­ter qu’un citoyen som­meille en cha­cun et s’ef­for­cer de l’é­veiller, c’est culti­ver l’hu­ma­ni­tude pour faire du gogo un citoyen.

Dans l’im­mé­diat, et pour culti­ver au plus tôt la capa­ci­té d’hu­ma­ni­tude, en faire dési­rer les effets, les enfants pour­raient consa­crer davan­tage de temps aux échanges pour des créa­tions col­lec­tives (des­sin, scé­na­rio, chant cho­ral, théâtre…).

Si des condi­tions oppor­tunes sont capables de révé­ler l’hu­ma­ni­tude, on peut se deman­der si cet état de l’hu­main est le fruit d’une levée d’in­hi­bi­tion ou celui d’une sti­mu­la­tion. L’hu­ma­ni­tude est-elle empê­chée dans les condi­tions usuelles, ou bien des condi­tions excep­tion­nelles sont-elles capables de créer cet état ? On ne peut que remar­quer le rôle de l’é­co­no­mie capi­ta­liste pour main­te­nir les popu­la­tions dans une situa­tion d’in­hu­ma­ni­tude mais d’autres formes de socié­té semblent aus­si y parvenir.

Ain­si, même dans les socié­tés dites « pri­mi­tives », une cer­taine hié­rar­chie et l’at­tri­bu­tion de rôles affec­tés aux divers membres pour­raient frei­ner les mani­fes­ta­tions d’hu­ma­ni­tude. Dans nos socié­tés néo­li­bé­rales, une dis­pute oppose ceux qui accusent le sys­tème de « flat­ter les bas ins­tincts » avec les jeux d’argent, la culture de com­pé­ti­tion, le culte de la réus­site, etc., à ceux qui répondent qu’on ne doit pas refu­ser aux gens ce qui les rend heu­reux. Mais, ce qui indigne fina­le­ment si, comme défen­du ici, les êtres humains ne sont pas ce qu’ils paraissent, s’ils peuvent plus et mieux, c’est la déri­sion qui fait nom­mer démo­cra­tie un mode d’ad­mi­nis­tra­tion du monde qui ignore (qui craint ?) ce sup­plé­ment d’âme et d’in­tel­li­gence, qui parque les humains dans un trou­peau exis­ten­tiel n’ac­cé­dant à la vraie liber­té que par des lucarnes inter­mit­tentes. La démo­cra­tie ne peut se suf­fire de l’exé­cu­tion des pul­sions de l’hu­main inache­vé, mais c’est pour­tant là la seule exi­gence des démo­crates aujourd’­hui. Si notre sys­tème poli­tique ne peut qu’en­tre­te­nir cette illu­sion grâce à l’a­lié­na­tion des majo­ri­tés à coups de son­dages, de débats publics ou d’é­lec­tions, c’est qu’il s’a­dresse tou­jours à la part la plus médiocre de l’hu­main. Ain­si va la comé­die politique…

 Jacques Tes­tart, « L’humanitude au pou­voir. Com­ment les citoyens peuvent déci­der du bien com­mun », Seuil 2015, p. 37 et s..

_____________

Notes :

  1. Fred­dy Klop­fen­stein, Huma­ni­tude, Genève, Labor et Fides, 1980.
  2. Voir : http://​www​.igm​-for​ma​tion​.net/​i​n​d​e​x​.​p​h​p​?​o​p​t​i​o​n​=​c​o​m​_​c​o​n​t​ent & task = view & id = 20 & Ite­mid = 39
  3. Hans-Liud­ger Dienel, « Les jurys citoyens : pour­quoi sont-ils si rare­ment uti­li­sés ? », in La Démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive inache­vée, Marie-Hélène Bac­qué et Yves Sin­to­mer (dir.), Paris, Yves Michel, 2010.
  4. Marie-Angèle Her­mitte, « Confé­rence de citoyens », in Dic­tion­naire cri­tique et inter­dis­ci­pli­naire de la par­ti­ci­pa­tion, Paris, GIS Démo­cra­tie et Par­ti­ci­pa­tion, 2013, voir : http://​www​.par​ti​ci​pa​tion​-et​-demo​cra​tie​.fr/​n​o​d​e​/​1​289

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​4​0​0​9​4​9​0​5​3​7​317

==============

Rap­pel de cette belle ren­contre (pour moi très émou­vante) entre trois per­sonnes qui, dans le pays, bossent beau­coup à faire connaître au grand public les ver­tus fon­da­men­ta­le­ment démo­cra­tiques du tirage au sort en politique :
httpv://youtu.be/xiDpyNtasGQ

Plan détaillé minu­té de « J’AI PAS VOTÉ – La ren­contre – Étienne Chouard, Jacques Tes­tart et Yves Sintomer »
http://wiki.gentilsvirus.org/index.php/Plan_d%C3%A9taill%C3%A9_minut%C3%A9_de_%22J’AI_PAS_VOT%C3%89_-_La_rencontre_‑_%C3%89tienne_Chouard,_Jacques_Testart_et_Yves_Sintomer%22
(Ouf ! Quel bou­lot ! Merci ! 🙂 )

===================

Autre rap­pel important :
Trai­te­ment des Objec­tions contre le Tirage au Sort
http://​wiki​.gen​tils​vi​rus​.org/​i​n​d​e​x​.​p​h​p​/​A​f​f​i​c​h​a​g​e​_​O​b​j​e​c​t​i​o​n​s​_​c​o​n​t​r​e​_​l​e​_​T​i​r​a​g​e​_​a​u​_​S​ort

Pour m'aider et m'encourager à continuer, il est désormais possible de faire un don.
Un grand merci aux donatrices et donateurs : par ce geste, vous permettez à de beaux projets de voir le jour, pour notre cause commune.
Étienne

Catégorie(s) de l'article :

17 Commentaires

  1. etienne

    Exemple de confé­rence et d’a­te­liers consti­tuants sur le tirage au sort : Bor­deaux, août 2014, nous étions 350, for­mi­dable soirée :

    • Plan détaillé minu­té – confé­rence – Bor­deaux – 21 août 2014 :
    http://wiki.gentilsvirus.org/index.php/Plan_d%C3%A9taill%C3%A9_minut%C3%A9_-_conf%C3%A9rence_-_Bordeaux_-_21_ao%C3%BBt_2014

    • Ate­lier consti­tuant du 21 août 2014 à Bordeaux :
    http://wiki.gentilsvirus.org/index.php/Atelier_constituant_du_21_Ao%C3%BBt_2014_%C3%A0_Bordeaux

    Réponse
  2. skeol

    Bonne nou­velle, les idées com­mencent à se répandre !
    Je mets en lien ici une réunion qui se tient une fois par mois dans la biblio­thèque uni­ver­si­taire de Lille 3. Même l’u­ni­ver­si­té com­mence à être touchée ! 

    http://​phi​lo​.biblio​.univ​-lil​le3​.fr/​7​/​1​0​7​/​p​e​n​s​e​r​-​u​n​e​-​c​o​n​s​t​i​t​u​t​ion

    « Depuis Pla­ton ou Aris­tote (La Répu­blique, La Consti­tu­tion d’A­thènes) jus­qu’à des formes plus contrac­tuelles comme le trai­té de Maas­tricht, en pas­sant par Rous­seau (Le Contrat social) ou les acti­vi­tés de l’as­sem­blée consti­tuante en 1789, l’acte de rédi­ger une consti­tu­tion accom­pagne la vie poli­tique et plus encore : il lui donne un cadre légal (ou théo­rique) dans lequel s’ins­cri­ront les autres déter­mi­na­tions de la loi. Par la « cau­tion consti­tu­tion­nelle » pré­vaut l’i­dée que la vie poli­tique repose sur un contrat de citoyen­ne­té. Pré­sent ou non à l’es­prit des citoyens, ce contrat est actif. On peut en consul­ter les termes ; une ou plu­sieurs ins­ti­tu­tions veillent à son res­pect (aujourd’­hui le Conseil constitutionnel).

    Par­mi les épi­sodes les plus récents de la vie consti­tuante, on a notam­ment en mémoire le rejet par réfé­ren­dum en 2005 du « Trai­té éta­blis­sant une consti­tu­tion pour l’Eu­rope » (rejet qui n’a pas empê­ché un espace poli­tique de fonc­tion­ner selon les prin­cipes qu’il se sou­hai­tait pour lui-même). Moins connue est la récente volon­té citoyenne des Islan­dais de pro­duire une nou­velle consti­tu­tion après qu’ils eurent refu­sé le sau­ve­tage des banques. Ce « non » mas­sif et citoyen refu­sait de faire le jeu de l’é­co­no­mie finan­cia­ri­sée, de la consi­dé­rer comme un élé­ment « consti­tuant ». Leur entre­prise de réécri­ture consti­tu­tion­nelle, en fin de par­cours, échoua sur le Conseil consti­tu­tion­nel islan­dais, celui-là même qui avait voca­tion à être refor­mu­lé par leur action. Ils furent donc stop­pés par ce qu’ils enten­daient réfor­mer. Ce qui pose une ques­tion émi­nem­ment pra­tique : com­ment répa­rer la coque du navire tout en navi­guant ? Ce qui pose aus­si une ques­tion émi­nem­ment sym­bo­lique : qui a auto­ri­té pour le faire ?

    L’exer­cice (car ce café-phi­lo est avant tout un exer­cice) repose néces­sai­re­ment sur une fic­tion : nous sommes des Islan­dais (par exemple) nous avons l’au­to­ri­té requise, nous sommes man­da­tés pour pen­ser et écrire une consti­tu­tion. Les éven­tuels faits d’i­gno­rance ou naï­ve­tés ne sont pas des obs­tacles : il n’y a pas de per­mis ou de diplôme requis pour pen­ser le bien com­mun. Le « sens com­mun » doit pou­voir s’en occuper.

    [MàJ : 26/11/2015 – consul­ter le compte-ren­du] Il a été déci­dé que l’hy­po­thèse de la fic­tion ne serait pas rete­nue. Le groupe se pré­sente pour ce qu’il est : assem­blée consti­tuante, com­po­sée de citoyennes et citoyens volontaires.

    La ques­tion n’est pas tant de savoir (dans un pre­mier temps) ce que nous met­tons dans la consti­tu­tion. Car avant même de nous poser la ques­tion du conte­nu, nous nous pose­rons celle de la méthode : com­ment tra­vailler ensemble ? Quelles règles se don­ner ? Com­ment faire en sorte d’ac­cep­ter les nou­veaux entrants dans la dis­cus­sion au cours de son éla­bo­ra­tion tout au long de l’an­née ? Com­ment faire de ce tra­vail en com­mun (de cet exer­cice) un pre­mier acte poli­tique, orga­ni­sé, ouvert, et non exclusif ?
    L’é­cri­ture sera la tâche per­ma­nente de ce café-phi­lo. Écri­ture de comptes-ren­dus pour chaque séance, consigne de ce que le groupe sou­haite mettre dans la consti­tu­tion, consigne éga­le­ment des conflits éven­tuels et des arbi­trages. La lisi­bi­li­té des dis­cus­sions doit pou­voir garan­tir à qui­conque de rejoindre la réflexion quand il le peut ou le veut.

    Le sui­vi des tra­vaux sera dis­po­nible en per­ma­nence ici :
    http://​phi​lo​.biblio​.univ​-lil​le3​.fr/​c​o​n​s​t​i​t​u​t​ion.

    Venez, faites cir­cu­ler, participez…

    Une mai­ling-liste accom­pagne cet ate­lier, elle per­met de suivre le tra­vail en cours, d’être infor­mé de la publi­ca­tion de nou­veaux comptes-ren­dus ou de pro­lon­ger les ques­tions. Vous pou­vez vous y ins­crire (et vous en dés­ins­crire à tout moment) en sui­vant ce lien :

    https://​groupes​.rena​ter​.fr/​s​y​m​p​a​/​s​u​b​s​c​r​i​b​e​/​c​o​n​s​t​i​t​u​t​i​o​n​_​p​h​i​l​o​_​l​i​l​le3

    Source : http://​phi​lo​.biblio​.univ​-lil​le3​.fr/​7​/​1​0​7​/​p​e​n​s​e​r​-​u​n​e​-​c​o​n​s​t​i​t​u​t​ion

    ==========================================

    Petit hors sujet, mais qui je pense peux inté­res­ser les lec­teurs de ce blog, John Per­kins (confes­sion d’un assas­sin finan­cier) a sor­ti une nou­velle édi­tion de son livre le 9 février 2016 avec 15 nou­veaux cha­pitres.

    Cela car­tonne appa­rem­ment lien ama­zon : http://​www​.ama​zon​.com/​e​x​e​c​/​o​b​i​d​o​s​/​A​S​I​N​/​1​6​2​6​5​6​6​7​4​7​/​c​o​u​n​t​e​r​p​u​n​c​h​m​aga.

    Je pense que la ver­sion fran­çaise ne met­tra pas long­temps à arriver.

    Réponse
    • Ronald

      Chez nous aus­si en Bel­gique, ces ques­tions com­mencent à s’in­tro­duire dans le monde aca­dé­mique. Il y a quelques jours a eu lieu
      un ate­lier de réflexion orga­ni­sé par la Facul­té de sciences poli­tiques de l’U­ni­ver­si­té de Louvain :
      Work­shop : repré­sen­ta­tion et tirage au sort 


      https://​www​.uclou​vain​.be/​5​3​0​2​3​4​.​h​tml

      Je ne pense pas qu’il y aura une publi­ca­tion d’un compte-ren­du ou d’une video. Je fait dès lors part de quelques notes que j’ai prises en y assistant.

      1) Antoine Ver­ret-Hame­lin – « Le tirage au sort peut-il sau­ver le Sénat cana­dien ? Deux argu­ments pour un nou­veau bicaméralisme »

      Un débat sur une réforme du Sénat a cours au Cana­da. Ver­ret-Hame­lin pro­pose qu’il soit rem­pla­cé par une chambre de citoyens tirés au sort qui aurait pour fonc­tion d’é­mettre des pro­po­si­tions. Elles seraient d’a­bord pure­ment consul­ta­tives, mais à terme seraient sou­mises à un réfé­ren­dum contrai­gnant. Les deux points posi­tifs qu’il voit sont l’a­mé­lio­ra­tion de la qua­li­té des pro­po­si­tions (car la déli­bé­ra­tion en groupe tiré au sort amé­liore la qua­li­té des déci­sions, réduit les pré­ju­gés, fait appel à une grande diver­si­té de point de vues), et l’é­ga­li­té entre les intervenants.

      2) Vincent Jac­quet – « Accep­ter ou refu­ser de par­ti­ci­per à une assem­blée tirée au sort »

      Un sujet inté­res­sant. Je ne dévoile pas tout car son tra­vail de thèse est encore en cours. Il a effec­tué des entre­tiens avec des gens qui avaient été contac­tés pour par­ti­ci­per à des panels citoyens en Bel­gique (G1000 et autres) et étu­dié leur moti­va­tion pour par­ti­ci­per ou non. Il constate un taux d’ac­cep­ta­tion de 3 % par­mi les tirés au sort. A com­pa­rer avec les 50 % qui acceptent de par­ti­ci­per aux jurys d’as­sises. Il estime donc que l’ins­ti­tu­tion­na­li­sa­tion de la pro­cé­dure serait impor­tante pour accroître la par­ti­ci­pa­tion. Il classe les argu­ments de ceux qui ont refu­sé de par­ti­ci­per à ces panels citoyens en cinq groupes : la sus­pi­cion géné­ra­li­sée (l’hos­ti­li­té contre tout ce qui est poli­tique), l’au­to-exclu­sion (la per­sonne ne se sent pas assez com­pé­tente ; cela touche sur­tout les femmes), le fait que ce n’est pas une prio­ri­té (cer­taines per­sonnes sont satis­faites du sys­tème actuel et ne voient pas l’in­té­rêt de tels pro­ces­sus déli­bé­ra­tifs ; dans ce groupe, on a beau­coup de gens affi­liés à des par­tis), la cri­tique du pro­ces­sus (ils sont d’ac­cord avec l’i­dée, mais consi­dèrent que le jeu est pipé et sera récu­pé­ré poli­ti­que­ment), et la peur de par­ler en public. Le manque de dis­po­ni­bi­li­té pro­fes­sion­nelle n’est que rare­ment évo­qué, et sou­vent, ce sont des gens déjà très occu­pés qui acceptent de par­ti­ci­per à ces panels.

      3) Jean-Benoît Pilet – « Les citoyens sont-ils prêts à accep­ter les déci­sions d’une assem­blée tirée au sort ? Retour sur quelques expé­riences d’assemblée citoyenne »

      Il s’in­ter­roge sur le fait que par­mi les grands exemples d’as­sem­blées tirées au sort (Colom­bie Bri­tan­nique, Onta­rio, Islande, Irlande, Pays-Bas), dans 50 % des cas, la pro­po­si­tion de l’as­sem­blée a été refu­sée par le Refe­ren­dum qui a sui­vi. Il relève comme causes pos­sibles de ces échecs (à par­tir de son­dages réa­li­sés à l’époque) :

      - que seule une mino­ri­té de la popu­la­tion était au cou­rant qu’ils votaient sur une pro­po­si­tion issue d’une assem­blée citoyenne. Seuls 13 des articles de presse évo­quaient ce fait.

      - que seuls 50 % de la popu­la­tion fai­sait confiance au sys­tème d’as­sem­blée tirée au sort pour four­nir une bonne décision

      - que les gens satis­faits du sys­tème actuel avaient plus ten­dance à voter Non
      Le sou­tient des par­tis au pro­ces­sus ne semblent par contre pas influen­cer le résultat.

      4) Min Reu­champs – « Des assem­blées – par­tiel­le­ment – tirées au sort ? Oui, mais comment ? 

      Quelques pro­po­si­tions concrètes »

      Une par­tie de l’« école belge » du tirage au sort est favo­rable à des assem­blées mixtes élus professionnels/citoyens tirés au sort pour intro­duire le sys­tème en dou­ceur. Ici, l’o­ra­teur pro­pose de telles assem­blées à trois niveaux de déci­sion pos­sibles. En rem­pla­ce­ment de l’as­sem­blée séna­to­riale, qui a per­du beau­coup de pou­voir en Bel­gique récem­ment, cela déran­ge­rait donc peu de monde (on aurait 50 élus et 100 citoyens, rému­né­rés de la même manière). En com­mis­sion par­le­men­taire mixte (12 élus + 12 citoyens), de telles com­mis­sions rem­plis­sant la fonc­tion clas­sique d’une com­mis­sion par­le­men­taire. Un simple chan­ge­ment du règle­ment de l’as­sem­blée suf­fi­rait. Et en jury de contrôle du par­le­ment (12 citoyens, pré­si­dés par le pré­sident de la Chambre), qui émet­trait un avis sur les pro­jets de lois (un simple chan­ge­ment du règle­ment suf­fit ici aussi). 

      5) Laurent de Briey – « Une alter­na­tive à l’élection ou à la consul­ta­tion populaire ? »

      Le tirage au sort ne devrait pas être appli­qué indis­tinc­te­ment à toutes les assem­blées. Il est inté­res­sant pour les panels citoyens et éven­tuel­le­ment pour une assem­blée consti­tuante, mais pas au niveau de l’as­sem­blée légis­la­tive. Car dans un panel ou une Consti­tuante, la déli­bé­ra­tion n’a lieu qu’une fois. Il y a donc peu de risque de lob­bying, de fac­tions, de jeux de coa­li­tions. Pas contre, dès lors où des membres d’une assem­blée légis­la­tive tiré au sort sont ins­ti­tués pour un man­dat plus long avec des votes ité­ra­tifs sur dif­fé­rents pro­jets, les vices des assem­blées actuelles se remet­tront en place, avec des alliances de cir­cons­tance et des échanges de bons procédés.

      Suivent ensuite dif­fé­rents argu­ments plus ou moins bons contre une assem­blée légis­la­tive tirée au sort. Glo­ba­le­ment, pour lui, un repré­sen­tant doit res­ter quel­qu’un qui garde un lien avec la cir­cons­crip­tion qui l’a élu, qui porte la voix de man­da­taires et rend des comptes de sa mis­sion devant eux. 

      6) Her­vé Pour­tois – « Pour­quoi le tirage au sort ne peut rem­pla­cer l’é­lec­tion des parlements? »
      Ce der­nier tient le rôle du méchant qui défend l’é­lec­tion. Il estime que l’é­lec­tion est plus démo­cra­tique que le tirage au sort car :

      - par l’é­lec­tion, l’é­lec­teur marque son consen­te­ment à être gou­ver­né par tel ou tel. Il n’y a pas de tel consen­te­ment don­né à un membre d’une assem­blée tirée au sort.

      - dans l’é­lec­tion, tous par­ti­cipent au pro­ces­sus de déci­sion (indi­rec­te­ment) ; dans le tirage au sort, ce n’est qu’une infime partie.

      - dans l’é­lec­tion, il y a une remise des comptes par rap­port à ses enga­ge­ments pré­élec­to­raux vis-à-vis de ses élec­teurs ; il n’y a rien de tel dans le tirage au sort.

      En fait, Her­vé Pour­tois s’est entiè­re­ment cen­tré sur le pro­ces­sus de for­ma­tion de l’as­sem­blée, mais le défaut argu­men­taire est qu’il passe com­plè­te­ment à côté du pro­blème du résul­tat qua­li­ta­tif pour la popu­la­tion de la déli­bé­ra­tion dans ces assemblées.

      Réponse
  3. etienne

    [Rap­pels impor­tants pour res­ter en forme, le matin 🙂 ]
    La véri­té sort de la bouche des enfants – Vic­to­ria Grant
    httpv://youtu.be/7vkMksVicYI

    Réponse
  4. etienne

    Syl­via me signale ce docu­men­taire sur
    une Confé­rence de Citoyens inti­tu­lée « Les nanos et nous »,
    dont l’in­tro­duc­tion est assez intéressante :

    Nanos et Nous – intro from David Hover on Vimeo.

    Je serais curieux de savoir si cette Confé­rence de Citoyens a invi­té, comme for­ma­teurs oppo­sants (très) déter­mi­nés dans cette contro­verse, les mili­tants de « Pièces et Main d’Oeuvre », à Gre­noble (très remon­tés contre les nano-tech­no­lo­gies) ? http://​www​.pie​ce​set​main​doeuvre​.com/​s​p​i​p​.​p​h​p​?​r​u​b​r​i​q​ue2

    On n’a pas encore trou­vé le film entier…

    Réponse
    • etienne

      Je viens de contac­ter le réa­li­sa­teur, David Hover, un homme char­mant, qui m’a expli­qué que l’in­vi­ta­tion des mili­tants de Pièces et Main d’Oeuvre a été for­mel­le­ment débat­tue par les orga­ni­sa­teurs (ins­ti­tuant le Comi­té de pilo­tage ?), bien sûr, et qu’ils ont for­mel­le­ment renon­cé à cette invi­ta­tion par crainte de la vio­lence et de l’in­tran­si­geance de ces mili­tants (très remontés).

      Je trouve que c’est une erreur (consi­dé­rable), parce que P&Md’O est très remon­té, certes, mais aus­si très docu­men­té, et David convient avec moi que cette non-invi­ta­tion comme for­ma­teurs est un choix regrettable.

      Il reste que ce docu­men­taire sur un tra­vail col­lec­tif sur le bien com­mun par des per­sonnes ordi­naires est sûre­ment un excellent outil pour décom­plexer poli­ti­que­ment les simples citoyens.

      Dès que je sais com­ment se pro­cu­rer le DVD ou voir le film d’une façon ou d’une autre, je vous préviens 🙂

      Réponse
  5. auvray

    Bon­jour, faut ‑il s’ins­crire pour les ate­liers ? ou doit-on venir direc­te­ment ? Ami­ca­le­ment. Camille AUVRAY

    Réponse
    • Adrian

      Bon­jour Camille,
      Les ate­liers sont en accès libre de 14h à 18h le same­di 12 mars, il suf­fit de venir ! 🙂

      Réponse
  6. Dom GDziD

    Étienne je me réjouis de cette confé­rence à Lyon même si je ne pour­rai m’y rendre…
    En revanche, juste un « petit » bémol : je n’ai vu aucune femme dans les inter­ve­nants??? Pour­quoi cet ostra­cisme ? Je suis assez sur­pris que la moi­tié de l’hu­ma­ni­té ne soit pas repré­sen­té dans ce genre de débat indis­pen­sable. Le débat démo­cra­tique serait-il encore une fois réser­vé aux hommes???
    Je compte sur toi pour réta­blir la parité 😉
    Bien amicalement
    Dominique

    Réponse
    • Adrian

      Bon­jour Dominique,
      Je suis l’or­ga­ni­sa­teur prin­ci­pal des Expé­riences Poli­tiques. Crois bien qu’il n’y a là aucune forme d’os­tra­cisme volon­taire. Il se trouve que j’ai invi­té prin­ci­pa­le­ment des gens que je connais (pour avoir lu leurs livres ou écou­té leurs inter­ven­tions), et que force est de recon­naitre que ce sont majo­ri­tai­re­ment des hommes. À moi de tra­vailler à décou­vrir les femmes qui s’ex­priment sur ces sujets, tra­vail que je vais m’ef­for­cer de faire — toute recom­man­da­tion est d’ailleurs la bien­ve­nue. Et il se trouve éga­le­ment que les quelques femmes que nous avons invi­tées n’ont pas pu venir, à mon grand regret.
      Mer­ci d’a­voir signa­lé ce pro­blème, auquel j’ap­porte une atten­tion particulière.
      Adrian

      Réponse
  7. etienne

    Ate­lier consti­tuant n°18 orga­ni­sé en bien­séance par des gen­tils virus toulousains 
    httpv://youtu.be/wd-xq2UbG6k

    Réponse
  8. Adrian
  9. etienne

    Voi­ci la trace fil­mée de cette belle soirée :

    httpv://youtu.be/kuqIkMqU-OU

    httpv://youtu.be/s3HtBoTxF8A

    httpv://youtu.be/23_k2mtz-4c

    httpv://youtu.be/_xcd_qVeqMs

    Mer­ci à Thom d’a­voir fil­mé et mon­té tout ça 🙂

    Réponse

Laisser un commentaire

Derniers articles

JUSTICE CITOYENNE – Regards croisés – LIVE 4 novembre 2024, 19h45

JUSTICE CITOYENNE – Regards croisés – LIVE 4 novembre 2024, 19h45

Bonjour à tous Pendant cette soirée dédiée au bilan de la période récente, où nous venons de vivre (le début d')une bascule totalitaire sous prétexte sanitaire, et demain sous prétexte de péril de guerre ou de catastrophe climatique, je parlerai de souveraineté...