[« complotiste » ou courageuse lanceuse d’alerte ?] Manuela Cadelli, magistrate : « Le néolibéralisme est un fascisme »

2/03/2016 | 33 commentaires

Quand ce sont de simples citoyens qui disent que nos régimes par­le­men­taires actuels, à force de se vendre pour gagner les élec­tions, sont deve­nus l’ou­til d’un fas­cisme dégui­sé — et que cela se voit à la poli­tique de domi­na­tion abso­lue des mul­ti­na­tio­nales (et de guerre per­ma­nente, pour ter­ro­ri­ser tout le monde) que les pré­ten­dus « repré­sen­tants » imposent au peuple —, ces don­neurs d’a­lertes sont lis­tés et tra­qués pour « conspi­ra­tion­nisme », pour « confu­sion­nisme », pour « com­plo­tisme », etc. par de pré­ten­dus « anti­fas » et par de pré­ten­dus « jour­na­listes » (presque tous ven­dus aux banques, manifestement). 

Je suis curieux de voir le sort qui sera réser­vé à cette cou­ra­geuse magis­trate. Je trouve en tout cas son ana­lyse intéressante :

Le néolibéralisme est un fascisme

http://www.lesoir.be/1137303/article/debats/cartes-blanches/2016–03-01/neoliberalisme-est-un-fascisme

La carte blanche de Manue­la Cadel­li, pré­si­dente de l’Association syn­di­cale des magis­trats.

Le temps des pré­cau­tions ora­toires est révo­lu ; il convient de nom­mer les choses pour per­mettre la pré­pa­ra­tion d’une réac­tion démo­crate concer­tée, notam­ment au sein des ser­vices publics.

Le libé­ra­lisme était une doc­trine déduite de la phi­lo­so­phie des Lumières, à la fois poli­tique et éco­no­mique, qui visait à impo­ser à l’État la dis­tance néces­saire au res­pect des liber­tés et à l’avènement des éman­ci­pa­tions démo­cra­tiques. Il a été le moteur de l’avènement et des pro­grès des démo­cra­ties occidentales.

Le néo­li­bé­ra­lisme est cet éco­no­misme total qui frappe chaque sphère de nos socié­tés et chaque ins­tant de notre époque. C’est un extrémisme.

Le fas­cisme se défi­nit comme l’assujettissement de toutes les com­po­santes de l’État à une idéo­lo­gie tota­li­taire et nihiliste.

Je pré­tends que le néo­li­bé­ra­lisme est un fas­cisme car l’économie a pro­pre­ment assu­jet­ti les gou­ver­ne­ments des pays démo­cra­tiques mais aus­si chaque par­celle de notre réflexion. L’État est main­te­nant au ser­vice de l’économie et de la finance qui le traitent en subor­don­né et lui com­mandent jusqu’à la mise en péril du bien commun.

L’austérité vou­lue par les milieux finan­ciers est deve­nue une valeur supé­rieure qui rem­place la poli­tique. Faire des éco­no­mies évite la pour­suite de tout autre objec­tif public. Le prin­cipe de l’orthodoxie bud­gé­taire va jusqu’à pré­tendre s’inscrire dans la Consti­tu­tion des États. La notion de ser­vice public est ridiculisée.

Le nihi­lisme qui s’en déduit a per­mis de congé­dier l’universalisme et les valeurs huma­nistes les plus évi­dentes : soli­da­ri­té, fra­ter­ni­té, inté­gra­tion et res­pect de tous et des dif­fé­rences. Même la théo­rie éco­no­mique clas­sique n’y trouve plus son compte : le tra­vail était aupa­ra­vant un élé­ment de la demande, et les tra­vailleurs étaient res­pec­tés dans cette mesure ; la finance inter­na­tio­nale en a fait une simple variable d’ajustement.

Déformation du réel

Tout tota­li­ta­risme est d’abord un dévoie­ment du lan­gage et comme dans le roman de Georges Orwell, le néo­li­bé­ra­lisme a sa nov­langue et ses élé­ments de com­mu­ni­ca­tion qui per­mettent de défor­mer le réel. Ain­si, toute coupe bud­gé­taire relève-t-elle actuel­le­ment de la moder­ni­sa­tion des sec­teurs tou­chés. Les plus dému­nis ne se voient plus rem­bour­ser cer­tains soins de san­té et renoncent à consul­ter un den­tiste ? C’est que la moder­ni­sa­tion de la sécu­ri­té sociale est en marche.

L’abstraction domine dans le dis­cours public pour en évin­cer les impli­ca­tions sur l’humain. Ain­si, s’agissant des migrants, est-il impé­rieux que leur accueil ne crée pas un appel d’air que nos finances ne pour­raient assu­mer. De même, cer­taines per­sonnes sont-elles qua­li­fiées d’assistées parce qu’elles relèvent de la soli­da­ri­té nationale.

Culte de l’évaluation

Le dar­wi­nisme social domine et assigne à tous et à cha­cun les plus strictes pres­crip­tions de per­for­mance : fai­blir c’est faillir. Nos fon­de­ments cultu­rels sont ren­ver­sés : tout pos­tu­lat huma­niste est dis­qua­li­fié ou démo­né­ti­sé car le néo­li­bé­ra­lisme a le mono­pole de la ratio­na­li­té et du réa­lisme. Mar­ga­ret That­cher l’a indi­qué en 1985 : «  There is no alter­na­tive  ». Tout le reste n’est qu’utopie, dérai­son et régres­sion. Les ver­tus du débat et de la conflic­tua­li­té sont dis­cré­di­tées puisque l’histoire est régie par une nécessité.

Cette sous-culture recèle une menace exis­ten­tielle qui lui est propre : l’absence de per­for­mance condamne à la dis­pa­ri­tion et dans le même temps, cha­cun est incul­pé d’inefficacité et contraint de se jus­ti­fier de tout. La confiance est rom­pue. L’évaluation règne en maître, et avec elle la bureau­cra­tie qui impose la défi­ni­tion et la recherche de plé­thore d’objectifs et d’indicateurs aux­quels il convient de se confor­mer. La créa­ti­vi­té et l’esprit cri­tique sont étouf­fés par la ges­tion. Et cha­cun de battre sa coulpe sur les gas­pillages et les iner­ties dont il est coupable.

La Justice négligée

L’idéologie néo­li­bé­rale engendre une nor­ma­ti­vi­té qui concur­rence les lois du par­le­ment. La puis­sance démo­cra­tique du droit est donc com­pro­mise. Dans la concré­ti­sa­tion qu’ils repré­sentent des liber­tés et des éman­ci­pa­tions, et l’empêchement des abus qu’ils imposent, le droit et la pro­cé­dure sont désor­mais des obstacles.

De même le pou­voir judi­ciaire sus­cep­tible de contra­rier les domi­nants doit-il être maté. La jus­tice belge est d’ailleurs sous-finan­cée ; en 2015, elle était la der­nière d’un clas­se­ment euro­péen qui inclut tous les états situés entre l’Atlantique et l’Oural. En deux ans, le gou­ver­ne­ment a réus­si à lui ôter l’indépendance que la Consti­tu­tion lui avait confé­rée dans l’intérêt du citoyen afin qu’elle joue ce rôle de contre-pou­voir qu’il attend d’elle. Le pro­jet est mani­fes­te­ment celui-là : qu’il n’y ait plus de jus­tice en Belgique.

Une caste au-dessus du lot

La classe domi­nante ne s’administre pour­tant pas la même potion qu’elle pres­crit aux citoyens ordi­naires car aus­té­ri­té bien ordon­née com­mence par les autres. L’économiste Tho­mas Piket­ty l’a par­fai­te­ment décrit dans son étude des inéga­li­tés et du capi­ta­lisme au XXIe siècle (Seuil 2013).

Mal­gré la crise de 2008, et les incan­ta­tions éthiques qui ont sui­vi, rien ne s’est pas­sé pour poli­cer les milieux finan­ciers et les sou­mettre aux exi­gences du bien com­mun. Qui a payé ? Les gens ordi­naires, vous et moi.

Et pen­dant que l’État belge consen­tait sur dix ans des cadeaux fis­caux de 7 mil­liards aux mul­ti­na­tio­nales, le jus­ti­ciable a vu l’accès à la jus­tice sur­taxé (aug­men­ta­tion des droits de greffe, taxa­tion à 21 % des hono­raires d’avocat). Désor­mais pour obte­nir répa­ra­tion, les vic­times d’injustice doivent être riches.

Ceci dans un État où le nombre de man­da­taires publics défie tous les stan­dards mon­diaux. Dans ce sec­teur par­ti­cu­lier, pas d’évaluation ni d’études de coût rap­por­tée aux béné­fices. Un exemple : plus de trente ans après le fédé­ra­lisme, l’institution pro­vin­ciale sur­vit sans que per­sonne ne puisse dire à quoi elle sert. La ratio­na­li­sa­tion et l’idéologie ges­tion­naire se sont fort oppor­tu­né­ment arrê­tées aux portes du monde politique.

Idéal sécuritaire

Le ter­ro­risme, cet autre nihi­lisme qui révèle nos fai­blesses et notre couar­dise dans l’affirmation de nos valeurs, est sus­cep­tible d’aggraver le pro­ces­sus en per­met­tant bien­tôt de jus­ti­fier toutes les atteintes aux liber­tés, à la contes­ta­tion, de se pas­ser des juges qua­li­fiés inef­fi­caces, et de dimi­nuer encore la pro­tec­tion sociale des plus dému­nis, sacri­fiée à cet « idéal » de sécurité.

Le salut dans l’engagement

Ce contexte menace sans aucun doute les fon­de­ments de nos démo­cra­ties mais pour autant condamne-t-il au déses­poir et au découragement ?

Cer­tai­ne­ment pas. Voi­ci 500 ans, au plus fort des défaites qui ont fait tom­ber la plu­part des États ita­liens en leur impo­sant une occu­pa­tion étran­gère de plus de trois siècles, Nico­las Machia­vel exhor­tait les hommes ver­tueux à tenir tête au des­tin et, face à l’adversité des temps, à pré­fé­rer l’action et l’audace à la pru­dence. Car plus la situa­tion est tra­gique, plus elle com­mande l’action et le refus de « s’abandonner » (Le prince, cha­pitres XXV et XXVI).

Cet ensei­gne­ment s’impose à l’évidence à notre époque où tout semble com­pro­mis. La déter­mi­na­tion des citoyens atta­chés à la radi­ca­li­té des valeurs démo­cra­tiques consti­tue une res­source ines­ti­mable qui n’a pas encore révé­lé, à tout le moins en Bel­gique, son poten­tiel d’entraînement et sa puis­sance de modi­fier ce qui est pré­sen­té comme iné­luc­table. Grâce aux réseaux sociaux et à la prise de parole, cha­cun peut désor­mais s’engager, par­ti­cu­liè­re­ment au sein des ser­vices publics, dans les uni­ver­si­tés, avec le monde étu­diant, dans la magis­tra­ture et au bar­reau, pour rame­ner le bien com­mun et la jus­tice sociale au cœur du débat public et au sein de l’administration de l’État et des collectivités.

Le néo­li­bé­ra­lisme est un fas­cisme. Il doit être com­bat­tu et un huma­nisme total doit être rétabli.

Manue­la Cadel­li, pré­si­dente de l’Association Syn­di­cale des Magistrats

Source :
http://www.lesoir.be/1137303/article/debats/cartes-blanches/2016–03-01/neoliberalisme-est-un-fascisme

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[Impor­tant] Com­plé­ment de vocabulaire 🙂

Chom­sky (pas­sion­nant) :
Ce qu’on appelle « Socialisme » ?

httpv://youtu.be/Lbd7a4e02RI

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Autre pré­cieux com­plé­ment (rap­pel) :

« Néo­li­bé­ra­lisme ver­sus État-providence.
Le débat éco­no­mique entre clas­siques et keynésiens »
par Édouard Cot­tin-Euziol (2016)


http://​www​.yves​mi​chel​.org/​p​r​o​d​u​c​t​-​p​a​g​e​/​e​c​o​n​o​m​i​e​/​n​e​o​l​i​b​e​r​a​l​i​s​m​e​-​v​e​r​s​u​s​-​e​t​a​t​-​p​r​o​v​i​d​e​n​ce/

J’ai rare­ment lu un livre à la fois aus­si léger à lire et aus­si effi­cace pour com­prendre l’es­sen­tiel du débat éco­no­mique fon­da­men­tal pour les humains. 

Un tra­vail remar­quable, à décou­vrir et à faire connaître.

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Vous pou­vez signer (si ce n’est déjà pas déjà fait) la PÉTITION INTERNATIONALE CONTRE LE TIPP ET LE CETA (Consti­tu­tion néo­li­bé­rale, pré­pa­rée dans le plus grand secret, scan­da­leux crime contre l’hu­ma­ni­té per­pé­tré par les mar­chands géants) :

https://​stop​-ttip​.org/​f​r​/​?​n​o​r​e​d​i​r​e​c​t​=​f​r​_FR
Plus de 3 mil­lions de signa­taires ! Les tech­no­crates néo­li­bé­raux irres­pon­sables s’en fichent com­plè­te­ment, bien sûr, mais nous on se compte, on n’est pas seuls !

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Étienne

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33 Commentaires

  1. etienne

    Chom­sky :
    Ce qu’on appelle « Socialisme » ?
    Du sens aux mots.

    httpv://youtu.be/Lbd7a4e02RI

    Réponse
    • etienne

      Pas­sion­nant, pas­sion­nant, passionnant…

      Réponse
    • yéti

      La mon­dia­li­sa­tion peut faire « l’économie » du fas­cisme, car l’im­pé­ria­lisme est déjà ache­vé. Au contraire l’an­ti-racisme, l’an­ti-fas­cisme peuvent être invo­qués par le néo-fas­cisme, et asseoir le mon­dia­lisme. Le droit­del­hom­misme écrase l’é­thique du pro­duc­teur, et la crise plus où moins sui­vant le développement.

      Le nihi­lisme mon­dain (le gode-bébé dans les ergas­tules d’u­té­rus), le libé­ra­lisme cor­se­tant le tra­vail, la sur­po­pu­la­tion et son sur­nu­mé­raire, sont les vrais fac­teurs impa­rables du néo-fas­cisme gôôôchiste.

      L’im­mor­ta­li­té pour les Sei­gneurs en sera le cou­ron­ne­ment, le nou­vel incons­cient de l’hyper-classe.La mon­dia­li­sa­tion peut faire « l’économie » du fas­cisme, car l’im­pé­ria­lisme est déjà ache­vé. Au contraire l’an­ti-racisme, l’an­ti-fas­cisme peuvent être invo­qués par le néo-fas­cisme, et asseoir le mon­dia­lisme. Le droit­del­hom­misme écrase l’é­thique du pro­duc­teur, et la crise plus où moins sui­vant le développement.

      L’im­mor­ta­li­té pour les Sei­gneurs en sera le cou­ron­ne­ment, le nou­vel incons­cient de l’hyper-classe.

      Réponse
  2. binnemaya

    Bon­jour Etienne,
    Mme Cadel­li et Mr Chom­sky confirment ce que je pense depuis un moment :
    Le capi­ta­lisme c’est l’URSS qui n’a­vait de com­mu­niste que le nom mais était un capi­ta­lisme d’é­tat fas­ci­sant avec a la place de l’é­tat une et/ou des socié­tés ano­nymes ou non. Je le résume ain­si : Le capi­ta­lisme « néo­li­bé­ral » c’est l’URSS avec Zucker­berg a la place de Staline.
    Et une des pires mons­truo­si­tés qu’ils (les fas­cistes) avaient inven­tés était l’Eu­gé­nisme qui chez les GAFA (zucker­berg et sa bande) est le Transhumanisme.
    Bref si on laisse faire nos GVT actuels sou­mis aux ban­quiers psy­cho­pathes avec l’ap­pui des fous du trans­hu­ma­nisme on va déguster.

    Réponse
  3. Ana Sailland

    Oula­la 🙂 Le fas­cisme est bien dif­fi­cile à défi­nir. Sinon impossible.

    Il serait peut être plus aisé de le défi­nir par ce qu’il anni­hile, de défi­nir par exemple deux de ses contraires, qui sont l’a­nar­chie et la démo­cra­tie, il y en en a sûre­ment d’autres, hors du champ pré­sent d’un ima­gi­naire auto-limité.
    Mais ce serait se pri­ver d’en faire le tour, d’en explo­rer au moins quelques facettes, de lis­ter ses décli­nai­sons pos­sibles, de réflé­chir à sa genèse, et aux cir­cons­tances de sa genèse.
    Et exa­mi­ner pour­quoi ni l’a­nar­chie ni la démo­cra­tie n’ad­viennent de manière pérenne,
    ou sys­té­ma­ti­que­ment sont blo­quées tan­tôt par un cen­tra­lisme exces­sif, tan­tôt par un fas­cisme clair ou lar­vé, est-ce synonyme ?…,
    exa­mi­ner donc pour­quoi l’ins­ti­tu­tion des outils de la liber­té semble tou­jours fata­le­ment tuer la liber­té, cela serait géné­ra­teur peut être d’une ima­gi­na­tion utile.

    Bigre, il y aurait là matière pour un pavé, et comme je suis pares­seuse, je vais opter pour la concision 😉

    La dif­fi­cul­té à défi­nir le fas­cisme tient au fait que c’est un concept poly­morphe, hydre poly­cé­phale, dont les tronches malé­fiques se relaient ou se coor­donnent selon les cir­cons­tances de l’His­toire. Comme cer­tains virus ou cer­taines bac­té­ries qui peuvent attendre mille ans leur cible, quand on le croit éteint, il n’est qu’en veille pro­lon­gée. Ce n’est pas parce que le mot fas­cisme n’exis­tait pas il y a deux mille ans que ce qu’il désigne n’exis­tait pas. Bien au contraire, l’empire romain est une belle illus­tra­tion de ce que peut être le fas­cisme. Et le concept d’é­tat, et l’ins­pi­ra­tion four­nie par le droit romain, sont un héri­tage eso­pien qui contient le pire comme le meilleur, ou plus que le meilleur (?).

    L’es­pèce humaine ne sait pas encore à cette heure-ci s’har­mo­ni­ser sans contrainte pour pro­duire sa beau­té, comme le font les vols d’é­tour­neaux que par­fois nous admi­rons dans le ciel. Un jour peut être, ou cer­tai­ne­ment (!), quand notre niveau de conscience aura atteint des som­mets. Mais nous sommes ici main­te­nant d’un niveau vibra­toire hélas bien bas, qui nous impose d’op­ter pour des pro­ces­sus d’har­mo­ni­sa­tion coer­ci­tifs, qui n’ont rien de natu­rel, et qui portent en eux tous les dangers.

    C’est dans notre nul­li­té crasse dans l’art de nous har­mo­ni­ser que naît la néces­si­té des pouvoirs.
    Pro­vi­soi­re­ment. Mais c’est un pro­vi­soire qui dure. Dur dur.

    Ain­si l’une des fonc­tions des pou­voirs est elle l’har­mo­ni­sa­tion de la multitude.
    Mais on confond vite l’har­mo­nie avec l’ordre. Un régi­ment qui marche au pas des lois ne pro­dui­ra jamais l’har­mo­nie des étour­neaux. Et c’est peut être là pré­ci­sé­ment, dans cette confu­sion entre l’har­mo­nie et l’ordre, que réside un code géné­tique com­mun à tous les fascismes (?).

    Dans fas­cisme on peut entendre fais­ceau. Le isme indi­quant comme sou­vent un tro­pisme principiel.
    Le fas­cisme appa­raît alors comme la mise en fais­ceau de tous les pou­voirs, en peu de mains, qui en abusent. J’au­rais pu ne pas écrire « qui en abusent », car c’est une consé­quence iné­luc­table du faisceau.
    Zeus qui tient en sa main le fais­ceau des éclairs et de la foudre, Zeus qui com­mande aux autres dieux, ceux de la forge, ceux de la guerre, et tous les autres, jus­qu’à celui de l’a­mour, Zeus serait-il l’ar­ché­type du fas­cisme. Je vous laisse en décider 😉
    La sépa­ra­tion des pou­voirs au sens de Mon­tes­quieu pour­rait être per­çue comme un vac­cin contre cette mise en fais­ceau. Mais le risque exis­te­ra tou­jours de voir la déten­tion de pou­voirs sépa­rés, aux mains d’êtres ou d’or­ganes sépa­rés, pro­vo­quer la coa­gu­la­tion de ces sépa­ra­tions en ce qui devient le corps domi­nant et dominateur. 

    Et c’est exac­te­ment ce qui se passe à notre époque.
    Le juri­dique, le finan­cier, le média­tique, l’é­du­ca­tif, l’é­co­no­mique, le moné­taire, l’exé­cu­tif, le légis­la­tif, le consti­tu­tion­nel, j’en oublie cer­tai­ne­ment, tous ces pou­voirs se coa­gulent en un pou­voir unique, dont per­sonne ne détient l’ex­clu­si­vi­té, mais qui quant à lui détient tout le monde.

    Notons au pas­sage que le pou­voir du peuple n’est pas oublié dans ma liste, pour la simple rai­son qu’il n’existe pas. Si elle ne se révolte pas, la mul­ti­tude ne par­ti­ci­pant donc pas à son har­mo­ni­sa­tion ne peut donc être que le témoin de l’ordre coer­ci­tif qui la contraint.

    L’ex­clu­sion de la mul­ti­tude du pro­ces­sus d’har­mo­ni­sa­tion s’a­joute, je pense ain­si, à la mise en fais­ceau des pou­voirs, pour produire/définir le fas­cisme. Cause et effet, simultanément.

    Je reviens sur ce mot « coa­gu­la­tion » que j’ai uti­li­sé un peu plus haut, sur cette idée d’une coa­gu­la­tion natu­relle des pou­voirs espé­rés ou pré­ten­dus sépa­rés, qui pro­duit un corps unique, domi­nant et domi­na­teur. Un corps, une Bête.
    J’ose affir­mer que dès lors qu’on accepte la pré­sence de pou­voirs qui ne sont pas la pro­prié­té tech­nique de la mul­ti­tude, il est impos­sible de les main­te­nir sépa­rés. Des ins­ti­tu­tions bien pen­sées ne pour­ront en tel cas que limi­ter les dégâts, ne pour­ront que limi­ter la col­lu­sion, et seule­ment pour un temps. Que ce soit sous la forme d’un dic­ta­teur de chair, ou d’une classe domi­nante, ou d’un égré­gore impal­pable, fata­le­ment la contrainte s’in­car­ne­ra munie d’une puis­sance dévastatrice.
    Très au loin donc de la sus­dite fonc­tion d’harmonisation …

    Ain­si, en sim­pli­fiant : S’il existe un pou­voir média­tique pri­vé et s’il existe un sys­tème moné­taire pri­vé, ils navi­gue­ront fata­le­ment de conserve. S’il existe un pou­voir indus­triel pri­vé, il fera bon ménage avec les deux autres. Et ain­si ce ménage à trois pour­ra-t-il impo­ser son manège au légis­la­tif, vitri­fier la morale à son avan­tage, jus­qu’à façon­ner l’in­cons­cient col­lec­tif, pro­duire ou favo­ri­ser les para­digmes qui lui plaisent et lui per­mettent de s’im­po­ser. Le squat de la pen­sée, de force ou de gré, est alors l’un des symp­tômes du fas­cisme, qui lui per­met de s’au­to­jus­ti­fier, de se dis­si­mu­ler, et de pro­duire ses propres cercles ver­tueux qui pour la mul­ti­tude sont ses cercles vicieux.

    Ce corps coa­gu­lé poly­cé­phale pour­ra ain­si par exemple s’in­si­nuer par­tout, jusque dans la science, pour favo­ri­ser une science fal­la­cieuse dont il fera l’une de ses armes. La science éco­no­mique est de ce ton­neau-là, direc­te­ment ins­pi­rée de la pen­sée phy­sio­crate, ce men­songe né au XVIIIème siècle, qui pré­tend que des lois natu­relles régissent l’é­co­no­mie et que serait néfaste toute inter­ven­tion humaine qui ne res­pec­te­rait pas le cours natu­rel des choses. C’é­tait tout sim­ple­ment nier les ver­tus de l’in­tel­li­gence, mais plus per­ni­cieux, c’é­tait pré­pa­rer l’avènement du néo­li­bé­ra­lisme, donc la liber­té du plus fort, donc l’é­cra­se­ment du faible, donc le contraire de l’har­mo­nie. C’é­tait abo­mi­na­ble­ment offrir à la main sata­nique des mar­chés un carac­tère pré­ten­du divin.

    Que dire du secret d’É­tat, qui lors­qu’il est accep­té, ins­ti­tue la dis­si­mu­la­tion, et la jus­ti­fie par la néces­si­té de défendre les inté­rêts supé­rieurs de l’É­tat, de les pro­té­ger donc de l’o­pi­nion publique, à moins qu’il ne s’a­gisse de pro­té­ger l’o­pi­nion publique de la connais­sance pénible des crimes com­mis en son nom. C’est le pre­mier bas qui goutte, dit-on, et dès lors que par­mi d’autres le secret mili­taire est accep­té, on glis­se­ra vite vers la rédac­tion secrète des trai­tés. Le TAFTA en est un exemple phare, mais soyons cer­tains que ce qui se passe à l’OMC est tout sauf trans­pa­rent. Même si par­fois, comme dans le cas de l’AGCS il y a des années, un fonc­tion­naire, en secret dis­si­dent, orga­nise une fuite, mer­ci à ce sol­dat inconnu.
    Le secret est il fas­ciste par nature ? Je le pense.

    Mais l’É­tat lui-même ? Si les pou­voirs sont sépa­rés, com­ment se fait-il qu’on éprouve le besoin d’un État ?!? Est-il avant même que les pou­voirs sépa­rés ne se coa­gulent, est-il déjà par essence leur col­lu­sion vou­lue dès la nais­sance de toute république ?

    Mais j’a­vais pro­mis d’être pares­seuse. Je me réjouis donc de lire d’autres élans.

    Réponse
  4. etienne

    [Actua­li­té pra­tique des voleurs de pouvoir]
    Temps de parole : cette dis­crète réforme qui favo­rise les grands partis

    http://​www​.marianne​.net/​t​e​m​p​s​-​p​a​r​o​l​e​-​c​e​t​t​e​-​d​i​s​c​r​e​t​e​-​r​e​f​o​r​m​e​-​q​u​i​-​f​a​v​o​r​i​s​e​-​l​e​s​-​g​r​a​n​d​s​-​p​a​r​t​i​s​-​1​0​0​2​4​0​7​1​3​.​h​tml

    « À un peu plus d’un an de l’é­lec­tion pré­si­den­tielle de 2017, le Par­le­ment est en train de modi­fier cer­taines règles qui régentent la cam­pagne dans une indif­fé­rence qua­si-géné­rale. Pour­tant, l’une des mesures en cours d’a­dop­tion s’an­nonce lourde de consé­quences, puis­qu’elle pré­voit de réduire la période pen­dant laquelle les médias doivent res­pec­ter une éga­li­té du temps de parole entre les can­di­dats. Une dis­po­si­tion sus­cep­tible d’a­van­ta­ger les can­di­dats inves­tis par les prin­ci­paux par­tis, au détri­ment de ceux qui partent de plus loin.

    Cette mesure polé­mique fait par­tie d’une pro­po­si­tion de loi orga­nique dépo­sée par le groupe socia­liste à l’As­sem­blée natio­nale. Ce texte a été exa­mi­né par les dépu­tés en décembre, puis par les séna­teurs en février, en pro­cé­dure accé­lé­rée. Cela veut dire que l’exa­men est réduit à une seule lec­ture par assem­blée. Dépu­tés et séna­teurs, qui ont voté des ver­sions dif­fé­rentes du texte, ten­te­ront de se mette d’ac­cord en com­mis­sion mixte pari­taire (CMP) le 15 mars.

    L’une de leurs diver­gences concerne la durée de la période d’é­ga­li­té des temps de parole. Les règles actuelles pré­voient que les médias assurent cette éga­li­té pen­dant les cinq semaines qui pré­cèdent le pre­mier tour : les deux semaines de cam­pagne offi­cielle, mais aus­si les trois semaines dites de « période inter­mé­diaire », qui séparent la publi­ca­tion de la liste des can­di­dats du lan­ce­ment de la cam­pagne offi­cielle. La ver­sion ini­tiale de la pro­po­si­tion de loi rem­pla­çait l’é­ga­li­té durant la période inter­mé­diaire par un « prin­cipe d’é­qui­té » bien plus souple, sur lequel le Conseil supé­rieur de l’au­dio­vi­suel (CSA) serait char­gé de veiller (voir enca­dré en fin d’ar­ticle). Mais le Sénat – majo­ri­tai­re­ment à droite – pré­fè­re­rait conser­ver l’é­ga­li­té des temps de parole pen­dant cette période inter­mé­diaire, tout en la rédui­sant à une dizaine de jours.

    « C’est une cas­trophe pour la démo­cra­tie », s’a­larme Nico­las Dupont-Aignan.

    Quelle que soit la ver­sion fina­le­ment adop­tée, le résul­tat va dans le même sens : la période d’é­ga­li­té des temps de parole se trou­ve­ra bel et bien rac­cour­cie. « Une folie », s’in­digne auprès de Marianne Nico­las Dupont-Aignan, pré­sident de Debout la France, qui avait obte­nu 1,78% des voix à la pré­si­den­tielle de 2012. Le dépu­té de l’Es­sonne dénonce une alliance des par­tis ins­tal­lés pour exclure les autres can­di­dats : « C’est gra­vis­sime. Il s’a­git d’une volon­té d’ins­tal­ler le tri­par­tisme. C’est une catas­trophe pour la démo­cra­tie, alors que la pré­si­den­tielle est la seule élec­tion qui inté­resse encore les Fran­çais, jus­te­ment parce qu’elle est libre. »

    Bas­tien Fau­dot, inves­ti en février comme can­di­dat à la pré­si­den­tielle du Mou­ve­ment répu­bli­cain et citoyen (MRC) fon­dé par Jean-Pierre Che­vè­ne­ment, s’in­surge lui aus­si contre cette « déré­gle­men­ta­tion ». Et il file la méta­phore : « Quelques grosses mul­ti­na­tio­nales vont se par­ta­ger le mar­ché tan­dis que les PME vont souf­frir. » Bas­tien Fau­dot accuse les grands par­tis de s’en­tendre « sur un coin de table » pour chan­ger les règles : « Eux qui sont en géné­ral atta­chés à la concur­rence libre et non faus­sée, ce serait bien qu’ils l’ap­pliquent aus­si à la poli­tique ! » D’autres voix s’é­taient éle­vées contre ce texte fin 2015, dont celles de Jean-Luc Mélen­chon, can­di­dat décla­ré au scru­tin de 2017, et Jean-Chris­tophe Lagarde, le patron des cen­tristes de l’UDI. » […]

    Source : Marianne

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  5. Ana Sailland

    Ce bri­co­lage sur les règles du temps de parole illustre pré­ci­sé­ment l’un des piliers du fas­cisme qui est la capa­ci­té pour le pou­voir de défi­nir les règles du pouvoir.

    Si ce n’é­tait pas dra­ma­tique, il serait d’ailleurs amu­sant de consta­ter et obser­ver l’éner­gie que les pou­voirs tota­li­taires dépensent dans l’art de se cacher der­rière LEUR loi. Un peu comme s’ils avaient peur de se décla­rer à visage découvert.
    Mais cette dis­tor­sion schi­zo­phrène entre le fait d’être maître et le vou­loir être maître légal indique aux peuples le talon d’A­chille à flé­cher, il est la loi, et en par­ti­cu­lier la loi des lois. La for­te­resse à investir.

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  6. etienne

    [1997] La menace capi­ta­liste, par George Soros
    http://​www​.les​-crises​.fr/​1​9​9​7​-​l​a​-​m​e​n​a​c​e​-​c​a​p​i​t​a​l​i​s​t​e​-​p​a​r​-​g​e​o​r​g​e​-​s​o​r​os/
    Quel genre de socié­té vou­lons-nous ? “Lais­sons le libre mar­ché déci­der !” est la réponse sou­vent enten­due. Cette réponse, argu­mente un émi­nent capi­ta­liste, sape les valeurs dont dépendent les socié­tés ouvertes et démocratiques.

    GEORGE SOROS | PUBLICATION DE FÉVRIER 1997

    « Dans The Phi­lo­so­phy of His­to­ry, Hegel a dis­cer­né un modèle his­to­rique dis­tri­bu­tif – la cas­sure puis la chute des civi­li­sa­tions en rai­son à une inten­si­fi­ca­tion mor­bide de leurs propres prin­cipes fon­da­men­taux. Bien que j’aie fait une for­tune sur les mar­ché finan­ciers, j’ai main­te­nant peur que l’intensification sans entrave du capi­ta­lisme du lais­sez-faire et de la pro­pa­ga­tion des valeurs mar­chandes dans les domaines de la vie mettent en dan­ger notre socié­té ouverte et démo­cra­tique. L’ennemi prin­ci­pal de la socié­té ouverte, je crois, n’est plus la menace com­mu­niste mais la menace capitaliste.

    Le terme de “socié­té ouverte” a été pour la pre­mière fois uti­li­sé par Hen­ri Berg­son, dans son livre Les deux sources de la morale et de la reli­gion (1932), et mis en lumière par le phi­lo­sophe autri­chien Karl Pop­per, dans son livre La socié­té ouverte et ses enne­mis (1945). Pop­per montre que les idéo­lo­gies tota­li­taires comme le com­mu­nisme ou le nazisme ont un élé­ment com­mun : elles pré­tendent déte­nir la véri­té ultime. Depuis que la véri­té ultime est hors de por­tée de l’espèce humaine, ces idéo­lo­gies doivent avoir recours à l’oppression afin d’imposer leur vision de la socié­té. Pop­per a jux­ta­po­sé à ces idéo­lo­gies tota­li­taires une autre vision de la socié­té, qui recon­naît que per­sonne n’a le mono­pole de la véri­té ; dif­fé­rentes per­sonnes ont des vues dif­fé­rentes et des inté­rêts dif­fé­rents, et il y a un besoin d’institutions qui les auto­risent à vivre ensemble en paix. Ces ins­ti­tu­tions pro­tègent les droits des citoyens et assurent la liber­té de choix et la liber­té d’expression. Pop­per a appe­lé cette forme de d’organisation sociale la “socié­té ouverte”. Les idéo­lo­gies tota­li­taires étaient ses ennemis.

    Écrit durant la Seconde Guerre mon­diale, La socié­té ouverte et ses enne­mis expli­quait ce que les démo­cra­ties occi­den­tales défen­dait et ce pour quoi elles se bat­taient. L’explication était hau­te­ment abs­traite et phi­lo­so­phique, et le terme “socié­té ouverte” n’obtint jamais une large recon­nais­sance. Néan­moins, l’analyse de Pop­per était péné­trante, et quand je l’ai lu en tant qu’étudiant à la fin des années 40, ayant déjà fait l’expérience à la fois du nazisme et du com­mu­nisme en Hon­grie, cela me frap­pa telle une révélation.

    J’ai été ame­né à explo­rer plus pro­fon­dé­ment la phi­lo­so­phie de Karl Pop­per, et à me deman­der, pour­quoi per­sonne n’a accès à la véri­té ultime ? La réponse est deve­nue claire : nous vivons dans le même uni­vers que nous ten­tons de com­prendre, et nos per­cep­tions peuvent influer sur les évè­ne­ments aux­quels nous par­ti­ci­pons. Si nos pen­sées appar­tiennent à un uni­vers et leur sujet à un autre, la véri­té pour­rait être interne à notre com­pré­hen­sion : nous pour­rions for­mu­ler des affir­ma­tions cor­res­pon­dant aux faits, et les faits ser­vi­raient de cri­tères fiables pour déci­der dans quel cas les affir­ma­tions sont vraies. [Lire la suite…] »

    Source : les​-crises​.fr

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  7. etienne

    Des citoyens hos­tiles aux trai­tés félons (TAFTA / TIPP) s’in­vitent dans les soi­rées pince-fesses des néo­li­bé­raux, les pires enne­mis du peuple, pour chan­ter leur résistance :
    httpv://youtu.be/egHQxpLh-zE

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    • etienne

      Même la traître-en-chef (Ceci­lia Mal­ström, la Com­mis­saire euro­péenne qui négo­cie seule et en secret au nom des 500 mil­lions d’Eu­ro­péens !) se fait inter­rompre en public !
      httpv://youtu.be/jE8J4pM3Lcg

      Réponse
    • etienne

      Résis­tance chan­tée en Belgique : 
      httpv://youtu.be/xyJL9b5uJLM

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  8. etienne

    L’his­toire des spon­sors du fas­cisme his­to­rique per­met de retrou­ver les liens (évi­dents) avec les spon­sors actuels du néo­li­bé­ra­lisme. Lire : 

    Kurt Goss­wei­ler :
    « Hit­ler, l’irrésistible ascension ?
    Essais sur le fascisme »

    Atten­tion au point d’interrogation.


    http://​www​.aden​.be/​i​n​d​e​x​.​p​h​p​?​a​d​e​n​=​h​i​t​l​e​r​-​i​r​r​e​s​i​s​t​i​b​l​e​-​a​s​c​e​n​s​ion

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  9. Lebrun claude

    Mon­sieur Chouard,
    Madame,
    Monsieur,
    Depuis long­temps, sans être d’au­cune cote­rie spé­ci­fique, je lis, écoute, en tous sens, et mer­ci pour ce fil que vous dres­sez pour ces recherches…
    et deux consta­tions s’im­posent à moi avec évi­dence, et cela selon votre recom­man­da­tion, recher­cher la source ini­tiale des problématiques.
    Deux s’im­posent donc à moi :
    – la ten­dance métho­do­lo­gique adop­tée par tous qui dirigent de recou­rir par faci­li­té à réduire tous les groupes humains comme de « socié­tés » à gérer (comme s’il étaient tous né d’un affec­tio socie­ta­tis…) bien plus aisé à maî­tri­ser que les communautés…
    – et peut-être dans ce même tra­vers, insi­dieu­se­ment per­mettre à la per­sonne morale (de tous poils…) de prendre toute légi­ti­mi­té de fait, elles qui ne sont que fruit de « théo­rie » virtuelle…
    Ensuite,et je n’at­tends qu’à être convain­cu, ces deux cor­rec­tions implé­men­tées… plus rien ne peut arriver…
    Bien à vous
    claude Lebrun

    Réponse
  10. Lebrun claude

    J’i­gnore si mon mes­sage est passé !
    Bien à vous,
    cl. Lebrun

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  11. etienne

    Maxime Chaix : « Le fas­cisme réel »
    (DeDe​fen​sa​.org)

    http://​maxi​me​chaix​.info/​?​p​=​376

    « Le néo­li­bé­ra­lisme est le fas­cisme réel. Il repré­sente aujourd’hui le prin­ci­pal dan­ger qui menace notre Répu­blique, c’est-à-dire l’extrémisme le plus sub­til et le plus incom­pris, donc le plus més­es­ti­mé dans sa capa­ci­té des­truc­tive. Ce nou­veau fas­cisme se mani­feste à tra­vers une offen­sive géné­ra­li­sée contre les inté­rêts de la France et de nom­breux autres pays, notam­ment euro­péens. Il ne s’agit pas d’un vaste com­plot, mais d’un mode auto­ri­taire de gou­ver­nance qui se glo­ba­lise dan­ge­reu­se­ment depuis la « Révo­lu­tion Rea­gan » des années 80 et la déré­gu­la­tion finan­cière cor­res­pon­dante. Ain­si, l’influence et la richesse de ce que l’ancien diplo­mate et uni­ver­si­taire Peter Dale Scott a appe­lé le « supra­monde » se sont déme­su­ré­ment ampli­fiées. (1)

    Cette offen­sive néo­li­bé­rale – mul­ti­forme et inces­sante – sert avant tout les inté­rêts de la poli­tique étran­gère des États-Unis et de leurs mul­ti­na­tio­nales. Mais elle est éga­le­ment pro­fi­table à une nou­velle aris­to­cra­tie apa­tride (2) : une hyper­classe infor­melle qui « n’a pas de visage », (3) qui dirige les Mar­chés et qui domine les cercles média­tiques, éco­no­miques et poli­tiques fran­çais. (4) Cette hyper­classe ne consti­tue pas une struc­ture hié­rar­chi­sée agis­sant de manière coor­don­née, mais une classe sociale hau­te­ment pri­vi­lé­giée qui uti­lise son influence exces­sive pour s’enrichir au détri­ment de l’économie réelle. Mani­fes­te­ment, la plu­part des Fran­çais de cette hyper­classe sont ani­més par un état d’esprit patho­lo­gi­que­ment cupide (5) et déloyal envers notre pays. (6) En effet, à l’image de nos prin­ci­paux diri­geants poli­tiques, leurs allé­geances pro­fondes sont essen­tiel­le­ment atlan­tistes, (7) sio­nistes (8) et hydro­car­bo­mo­nar­chistes. (9) Au regard de la dés­in­dus­tria­li­sa­tion accé­lé­rée de la France, (10) du consen­sus poli­tique der­rière la pri­va­ti­sa­tion de son éco­no­mie (11) et de l’exode fis­cal d’un nombre crois­sant d’entreprises du CAC 40, (12) cette men­ta­li­té est com­mune à la plu­part de nos élites qui – comme l’a dénon­cé la dépu­tée de l’Aisne et ancienne direc­trice de l’ENA Marie-Fran­çoise Bech­tel –, par­tagent une « détes­ta­tion (…) envers la nation [fran­çaise] ». (13)

    Impo­sé par des élites hos­tiles à leur patrie, le néo­li­bé­ra­lisme prend la forme concrète d’une véri­table guerre éco­no­mique, finan­cière, idéo­lo­gique, psy­cho­lo­gique et sécu­ri­taire – une attaque si désta­bi­li­sante que doré­na­vant, la menace de troubles sociaux à carac­tère insur­rec­tion­nel n’est pas exclue par l’État fran­çais. (14) Appuyée par les grandes écoles et les médias de masse, cette offen­sive néo­li­bé­rale est à la fois bru­tale et invi­sible, car elle est sou­te­nue quo­ti­dien­ne­ment par le confor­misme de la presse écrite et audio­vi­suelle. (15) C’est pour­quoi elle est dif­fi­ci­le­ment per­cep­tible, en tant que menace réelle et immé­diate, par la majo­ri­té de nos conci­toyens. (16) Hélas, elle amoin­drit len­te­ment – mais effi­ca­ce­ment – les struc­tures de l’État pro­vi­dence héri­tées du Conseil Natio­nal de la Résis­tance (CNR). (17) Non conven­tion­nelle et inten­sive, cette guerre asy­mé­trique a comme fina­li­té d’enrichir les riches et d’appauvrir les pauvres au mépris de la sou­ve­rai­ne­té éta­tique, péren­ni­sant ain­si une nou­velle guerre des classes menée ver­ti­ca­le­ment – du fort au faible – à l’échelle glo­bale. Les tra­vaux de Tho­mas Piket­ty, qui deviennent un para­digme majeur en matière d’analyse éco­no­mique, tendent à le démon­trer de façon indis­cu­table. (18) Cette guerre des classes d’un nou­veau genre – encou­ra­gée par la glo­ba­li­sa­tion finan­cière et la révo­lu­tion infor­ma­tique dans les échanges bour­siers –, a d’ailleurs été admise par l’un de ses prin­ci­paux bel­li­gé­rants, le mul­ti­mil­liar­daire états-unien War­ren Buf­fet. (19) Bien que cet « aveu » soit iro­nique, il illustre néan­moins une réa­li­té concrète.

    Plus tra­gi­que­ment, le néo­li­bé­ra­lisme pré­da­teur engendre des guerres dura­ble­ment bru­tales et des­truc­trices, qui favo­risent avant tout des inté­rêts pri­vés (et pas seule­ment éner­gé­tiques). (20) Ces inter­ven­tions mili­taires sont jus­ti­fiées par un usage abu­sif et trom­peur des notions huma­nistes que sont les droits uni­ver­sels ou la démo­cra­tie, comme en Irak ou en Libye. Depuis le 11-Sep­tembre, elles sont éga­le­ment légi­ti­mées par la guerre glo­bale « contre » le ter­ro­risme, comme en Afgha­nis­tan ou à Gaza. En réa­li­té, les forces néo­li­bé­rales s’appuient fré­quem­ment sur des jiha­distes (Bos­nie (21), Koso­vo (22), Libye (23), Syrie (24)…) ou sur des extré­mistes de l’ultradroite (Amé­rique latine (25), Ukraine (26)…) pour « nor­ma­li­ser » des nations récal­ci­trantes, tout en invo­quant les ver­tus de la démo­cra­tie à la moindre occa­sion médiatique. […] »

    Réponse
  12. etienne

    « J’ai vécu dans votre futur et ça n’a pas marché »
    Un ex-sovié­tique parle de l’UE 

    httpv://youtu.be/0ezJAIIt8Og

    Réponse
    • binnemaya

      vidéo très juste mais la pub pour l’U­PR a la fin bof.
      Tous les par­tis sont des sectes avec a leur tête un gourou.

      Réponse
  13. binnemaya

    Laurent Mau­dit a repu­blié le texte « les jours heu­reux » du CNR pen­dant 1944 qu’il faut relire :https://​blogs​.media​part​.fr/​l​a​u​r​e​n​t​-​m​a​u​d​u​i​t​/​b​l​o​g​/​0​2​0​3​1​6​/​l​e​s​-​j​o​u​r​s​-​h​e​u​r​e​u​x​-​l​e​-​p​r​o​g​r​a​m​m​e​-​d​u​-​c​o​n​s​e​i​l​-​n​a​t​i​o​n​a​l​-​d​e​-​l​a​-​r​e​s​i​s​t​a​nce
    Pour moi cela démontre qu’il faut pour­suivre l’i­dée d’E­tienne d’é­crire sans attendre une consti­tu­tion digne de se nom mais sur­tout qu’elle soit la plus com­plète pos­sible et ne pas se dire, çà c’est un détail qu’on lais­se­ra a plus tard, car la moindre faille du texte s’il est un jour mis en appli­ca­tion sera uti­li­ser par ceux qui veulent le détri­co­ter pour y entrer.

    Réponse
  14. etienne

    Quand la gauche a bas­cu­lé à droite (Fakir)
    httpv://youtu.be/i0d975vtTys
    Fran­çois Ruf­fin décrit bien le rôle de deux ban­quiers (Atta­li et Cam­des­sus) pour convaincre des poli­ti­ciens d’a­ban­don­ner la sou­ve­rai­ne­té moné­taire et la sou­ve­rai­ne­té commerciale.
    Les ban­quiers sont vrai­ment les pires enne­mis du peuple.

    Réponse
  15. zedav

    Elle est « gen­tille » Manuela…
    On la pren­drait plus au sérieux si elle et sa cor­po­ra­tion étaient aus­si prompts à récla­mer le contrôle de leur pou­voir exor­bi­tant et la sus­pen­sion de leur impu­ni­té au pré­texte fal­la­cieux d’une indé­pen­dance qui n’est jamais mena­cée par les jus­ti­ciables en posi­tion de fai­blesse et jamais effec­tive en face des jus­ti­ciables en posi­tion de force.
    Mais c’est encore et encore un pou­voir qui s’es­time mal­trai­té par un autre, comme le révèle son para­graphe sur la « Jus­tice négli­gée », qui s’ex­prime là.
    Lorsque des juges récla­me­ront le contrôle des juges par des conseils indé­pen­dants et le fait d’être punis lors­qu’ils violent la loi, ou exclus lors­qu’ils se révèlent trop sou­vent incom­pé­tents ; et ces­se­ront de se prendre pour des êtres supé­rieurs (éty­mo­lo­gie de magis­trat) cumu­lant mépris de classe, arro­gance, infa­tua­tion et stu­pi­di­té crasse consé­quence directe de leur « qua­li­tés » , êtres supé­rieurs ne se trom­pant jamais (essayez donc pour voir de pro­po­ser à n’im­porte quel avo­cat de plai­der de façon argu­men­tée les erreurs ou l’in­com­pé­tence du juge ayant ren­du votre der­nière déci­sion) et ne devant rendre de comptes qu’à leurs pairs…alors seule­ment leur cri­tique des autres pou­voirs pour­ra être enten­due comme sin­cère et légitime.
    Mêmes les poli­tiques cor­rom­pus peuvent encore perdre leur man­dat en n’é­tant pas réélus ! Seule l’o­dieuse caste des juges joui à vie et sans contrôle réel de son pou­voir exor­bi­tant de vio­ler la vie des gens jusque dans leur inti­mi­té en leur impo­sant leurs pré­ju­gés (pri­va­tion de liber­té, sanc­tions finan­cières et viol illi­mi­té de la parentalité). 

    Et les lois me direz vous ? Nul par ailleurs que dans l’en­ceinte des « palais » de « jus­tice » elles ne sont autant violées.

    Au delà des pro­fes­sions de foi auto-com­plai­santes, on ne devient pas juge par hasard :
    « Ce qui carac­té­rise l’homme juste est de ne point vou­loir gou­ver­ner autrui, de ne vou­loir gou­ver­ner que lui même. Cela décide de tout. Autant dire que les pires gou­ver­ne­ront ». Alain

    Le poli­tique gou­verne la socié­té à l’é­chelle macro, le juge la gou­verne à l’é­chelle micro. L’un comme l’autre aspirent d’a­bord à l’exer­cice du pouvoir.
    Or, selon Alain, ce sont déjà les pires qui aspirent à ces pou­voirs : puis l’exer­cice de ce pou­voir les rends pire encore. Moins ce pou­voir est contrô­lé, pire ils deviennent…
    Faites la liste des pou­voirs les moins contrô­lés et vous aurez le por­trait du pire.

    Réponse
  16. zedav

    Non M. Ruf­fin, ce n’est pas une ques­tion de per­sonne et de rap­port de force contin­gent à un moment ou un autre ! Vous dites une poli­tique de rigueur pas inéluctable ?
    Et la poli­tique des « gauches » de TOUT les autres pays euro­péens ? Une simple coïncidence ?
    Un peu plus tôt ou un peu plus tard, c’é­tait bien iné­luc­table. Iné­luc­table du moins dans le contexte d’ins­ti­tu­tions non démo­cra­tiques, d’une consti­tu­tion écrite par et pour les puis­sants, d’une méca­nique élec­tive qui rend les poli­tiques débi­teurs des pou­voirs indus­triels, finan­ciers et ban­caires intriqués…quand ils ne sont pas sim­ple­ment pilo­tés direc­te­ment par les mêmes inté­rêts et représentations.

    L’é­ti­quette de « gauche » ou socia­liste est idéale pour déclen­cher des réflexes pav­lo­viens dis­sé­qués par Lor­don avec habi­le­té et humour : https://​you​tu​.be/​B​t​W​x​P​m​H​s​uuk
    La dis­tinc­tion qu’il fait entre UMP et PS est celle d’une droite décom­plexée et d’une droite com­plexée est plus pro­fonde qu’il n’y paraît. On pour­ra néan­moins ajou­ter à l’é­coute des dis­cours des gou­ver­nants PS que durant leurs dif­fé­rents man­dats, la gauche com­plexée a vigou­reu­se­ment tra­vaillé à…se décomplexer.
    C’est avec eux que nous irons vers les camps de tra­vail en oppo­sant le moins de résis­tance. Et dire qu’il suf­fit d’une étiquette !

    Réponse
  17. joss

    La réponse d’un « néo­li­bé­ra­liste » (du Minis­tère de la Véri­té) à Mme Cadelli :
    (en gros) le néo­li­bé­ra­lisme n’existe pas ! (ou l’art de la novlangue)
    http://www.lesoir.be/1139900/article/debats/cartes-blanches/2016–03-03/neoliberalisme-un-fascisme-madame-cadelli-neoliberalisme-n-existe-pas

    le « libé­ra­lisme », c’est la liber­té du renard d’en­trer dans le poulailler.
    Même si le mot (qui défi­nit l’ac­tion) n’exis­tait pas, cela ne l’empêcherait pas d’en­trer. Sup­pri­mer le mot, ne sup­prime pas ce qu’il décrit, mais le sens qu’on lui donne.

    Réponse
  18. etienne

    30 ans d’injustice fiscale : l’impôt sur les sociétés

    par François Ruffin 02/12/2013 paru dans le Fakir n°(48 ) décembre – jan­vier 2011

    On a besoin de vous

    Le jour­nal fakir est un jour­nal papier, en vente dans tous les bons kiosques près de chez vous. Il ne peut réa­li­ser des repor­tages que parce qu’il est ache­té ou parce qu’on y est abon­né !

    Depuis trente ans, les gou­ver­ne­ments se suivent et leur poli­tique se res­semble : faire bais­ser les impôts sur les bases « mobiles » (capi­taux, entre­prises, riches), et rele­ver ceux sur les bases « immo­biles » : vous et moi. Cette orien­ta­tion se véri­fie pour toutes les taxes, et dans tous les pays du conti­nent. C’est qu’une même logique est à l’œuvre : la concur­rence fiscale.

    La TVA (Taxe sur la Valeur Ajou­tée) va encore aug­men­ter, au 1er jan­vier ?
    L’écotaxe touche aus­si les trans­por­teurs sur de petits par­cours ?
    La CET (Contri­bu­tion éco­no­mique ter­ri­to­riale, qui a rem­pla­cé la taxe pro­fes­sion­nelle) sur­taxe aveu­glé­ment les petits commerçants ?

    Mal­heu­reu­se­ment, Fran­çois Hol­lande n’innove pas. Depuis Pierre Béré­go­voy en 1985, les gou­ver­ne­ments se suivent et leur poli­tique se res­semble : faire bais­ser l’impôt sur les socié­tés, sur les reve­nus, sur les suc­ces­sions. C’est-à-dire les impôts « pro­gres­sifs », les plus justes. Pour se rat­tra­per sur les impôts « régres­sifs » : la TVA, la taxe d’habitation, les impôts locaux, etc. qui frappent plus les pauvres.

    Et la même orien­ta­tion, gros­so modo, est visible à tra­vers tout le conti­nent. C’est que la même logique pré­vaut par­tout en Europe, celle de la « concur­rence fis­cale », Les « bases mobiles » sont favo­ri­sées, car elles risquent de par­tir : les capi­taux, les grosses entre­prises, les riches. Tan­dis que les « bases immo­biles » sont pénalisées.

    Qui sont ces « bases immo­biles » ? Vous. Pas facile de se délo­ca­li­ser au Por­tu­gal, par exemple, quand on a sa famille, ses enfants, son bou­lot, son loge­ment ici. On peut dès lors faire bas­cu­ler la fis­ca­li­té sur notre dos, et sans risque.

    Pour démas­quer cette logique à l’œuvre, Fakir reprend, en une série d’articles, l’histoire de chaque impôt depuis les années 80.

    Impôt sur les sociétés : ratiboisé

    « Le coût de la baisse des taux de l’impôt sur les socié­tés est énorme, s’étonnent Les Échos, puisqu’il est esti­mé à 13 mil­liards de francs » (13÷09÷91). À l’automne 1991, la presse finan­cière est stu­pé­faite, sur­prise de l’offrande que « la gauche » s’apprête à faire au patro­nat : « Cette mesure, qui coû­te­ra à l’état 7,7 mil­liards de francs en 1993, est un cadeau fis­cal aux entre­prises, mais éga­le­ment à leurs action­naires » (La Tri­bune, 22/10/91).
    Dans quelle France est prise cette déci­sion ? Dans un pays à la crois­sance radieuse, à l’état géné­reux, aux caisses débor­dantes ? Pas vrai­ment. En 1991, « le gou­ver­ne­ment affirme sans cesse qu’il faut des réduc­tions bud­gé­taires ». Il opte pour un « pré­lè­ve­ment de 0,9 % des coti­sa­tions sociales, l’augmentation du for­fait hos­pi­ta­lier, les mini-aug­men­ta­tions de salaire » (L’Humanité, 27/08/91). Mieux : l’« état conti­nue de racler les fonds de tiroir pour bou­cler le bud­get », notam­ment en sou­ti­rant « 500 mil­lions de francs sur les béné­fices d’EDF » (Le Quo­ti­dien de Paris, 18/10/91). Bref, pour à peu près tout, à l’époque, le refrain revient : « Il n’y a pas d’argent dans les caisses. » Pour tout, sauf pour « mus­cler les entre­prises fran­çaises au moyen d’allègements fis­caux consé­quents » (La Tri­bune, 26/08/91).

    Mar­ché unique

    Que se passe-t-il alors ?
    Depuis 1971, sous la droite, la France de Valé­ry Gis­card d’Estaing, même celle de Georges Pom­pi­dou, ses patrons, ses entre­prises, ses action­naires, avaient par­fai­te­ment sup­por­té un impôt sur les béné­fices de 50 %. Et voi­là que, sous la gauche, la France de Fran­çois Mit­ter­rand ne tolère plus ce même taux ? Voi­là qu’il convient de le rabo­ter sans cesse – à 45% (1985), à 42 % (en 1986), jusqu’à 33,3 % donc ? L’explication tient en trois mots : « mar­ché unique euro­péen ». Comme le notent Les Échos« pres­sé par la pers­pec­tive du grand mar­ché de 1993, le gou­ver­ne­ment veut accé­lé­rer la réforme de l’impôt sur les socié­tés… Si le gou­ver­ne­ment modi­fie aujourd’hui sa phi­lo­so­phie et accé­lère la réforme, c’est essen­tiel­le­ment parce que le temps presse : le 1er jan­vier 1993, le mar­ché unique euro­péen devient une réa­li­té. Il s’agit tout à la fois de mettre les entre­prises en bonne posi­tion par rap­port à leurs concur­rentes – le taux moyen de l’impôt sur les socié­tés est de 43 % en RFA [Alle­magne de l’ouest], 35 % en Grande-Bre­tagne – et de favo­ri­ser les implan­ta­tions étran­gères en France » (26÷08÷91). Cette logique sévit depuis 1986, depuis la signa­ture de l’Acte unique euro­péen. Nous n’en sommes tou­jours pas sortis.

    Le taux réel

    Au cours des années 90, cet impôt varie­ra peu – et demeure fixé à 33,3 %. Du moins, le taux affi­ché. Car s’y est ajou­té un second mou­ve­ment, plus sou­ter­rain : dis­crè­te­ment, le taux réel a plon­gé. C’est ain­si que les firmes du CAC 40 ne paient que 8 % d’impôt sur les socié­tés. Les entre­prises de plus de 2 000 sala­riés, 13 %. Contre 30 % pour les PME. Pour­quoi pareille injus­tice entre les « petites » et les « grosses » boîtes ? Pour­quoi pareil fos­sé entre le taux réel et le taux affi­ché ? La faute à l’« opti­mi­sa­tion fis­cale ». Grâce à leurs conseillers, à leurs bataillons d’avocats, les mul­ti­na­tio­nales situent leurs béné­fices dans des para­dis fis­caux, ins­tallent leur siège aux Pays-Bas où sont détaxées les plus-values, et échappent ain­si lar­ge­ment à l’impôt. On com­prend que les PDG se soient unis, lors du réfé­ren­dum de 2005, pour célé­brer « la libre cir­cu­la­tion des capi­taux et des mar­chan­dises » : ça rap­porte gros…

    PME à l’amendeLes Petites et moyennes entre­prises paient 30 % d’impôt sur les socié­tés. Les mul­ti­na­tio­nales du CAC 40, seule­ment 8 % – grâce à leurs « centres off­shore » (autre nom pour « para­dis fis­cal ») et leurs facul­tés d’« opti­mi­sa­tion fis­cale » (autre nom pour « tri­che­rie légale ») (Le Monde, 14 décembre 2009).

    Source : Fakir, http://www.fakirpresse.info/L‑injustice-fiscale-a-une-histoire-652.html

    Réponse
  19. etienne

    Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours. Le vrai visage du capitalisme français

    His­toire secrète du patro­nat de 1945 à nos jours, de Fré­dé­ric Char­pier, Mar­tine Orange, Erwan Sez­nec, Benoît Col­lom­bat, David Servenay.Edité par LA DECOUVERTE, 2014.


    Des Trente Glo­rieuses au capi­ta­lisme mon­dia­li­sé d’au­jourd’­hui, en pas­sant par le choc pétro­lier de 1973, les natio­na­li­sa­tions de 1981 et les pri­va­ti­sa­tions de 1986 : der­rière ces étapes bien connues de l’his­toire récente de l’é­co­no­mie fran­çaise, s’en cache une autre, plus secrète. Celle des hommes qui ont réel­le­ment fait le capi­ta­lisme fran­çais de l’a­près-guerre. C’est cette his­toire que raconte ce livre : le rôle des anciens cadres de Vichy dans la Recons­truc­tion, les liens du patro­nat avec le monde de la pègre, le finan­ce­ment secret des par­tis poli­tiques, les des­sous du pari­ta­risme, les caisses noires des syn­di­cats patro­naux… Il plonge le lec­teur dans les arcanes d’un véri­table  » sys­tème  » né dans les années 1950 et tou­jours actif depuis… 

    Au gré des révé­la­tions qui rythment l’ou­vrage, le lec­teur décou­vri­ra des lob­byistes capables de se tailler des régle­men­ta­tions sur mesure au mépris de la san­té des citoyens, un patro­nat qui a su mobi­li­ser médias et intel­lec­tuels pour conver­tir les élites poli­tiques aux “mérites” de la finance déré­gu­lée. Ou le rôle cen­tral de per­son­nages aus­si puis­sants que dis­crets, au cœur de réseaux poli­tiques et éco­no­miques mécon­nus. Enfin, cette somme remar­qua­ble­ment infor­mée révèle les vraies ori­gines de nombre de grandes for­tunes fran­çaises, d’hier et d’au­jourd’­hui : sub­ven­tions extor­quées à l’É­tat, entre­prises publiques bra­dées, rachats de socié­tés dans des condi­tions obs­cures, affaires troubles dans la “Fran­ça­fric” ou dans l’im­mo­bi­lier, mon­tages finan­ciers aux marges de la léga­li­té, fraude fis­cale, espion­nage, etc. La légende de patrons conqué­rants, pre­nant tous les risques pour faire leur for­tune à la force du poi­gnet sort sérieu­se­ment écor­née de ce magis­tral livre-enquête.

    1. Cette vaste fresque de l’histoire du patro­nat fran­çais, écrite par plu­sieurs jour­na­listes, met au jour les com­pro­mis­sions et les manœuvres employées par les patrons pour asseoir leur pou­voir et aug­men­ter leurs pro­fits. L’ouvrage suit une struc­ture chro­no­lo­gique, com­men­çant par révé­ler les liens des grands patrons avec la col­la­bo­ra­tion pen­dant l’Occupation. Il cite les tra­vaux d’Annie Lacroix-Riz (Indus­triels et ban­quiers sous l’Occupation en 1999 et Le Choix de la défaite en 2006), qui ont mon­tré que les hauts repré­sen­tants du patro­nat, emme­nés par le Comi­té des forges et la Banque de France, se sont ral­liés dès les années 1930 à la poli­tique éco­no­mique prô­née par le pou­voir nazi. L’historienne a cité pour preuve la créa­tion de nom­breuses socié­tés mixtes entre ban­quiers, indus­triels fran­çais et groupes alle­mands, des­ti­nées à finan­cer la future machine de guerre nazie. Elle a été atta­quée de manière viru­lente pour ses conclu­sions. Le patro­nat fran­çais pro­meut, lui, une his­toire plus flat­teuse, et s’appuie en cela sur des his­to­riens plus favo­rables à son image comme Jacques Mar­seille. Comme l’a mon­tré l’historienne Sonia Combe en 1994 dans Archives inter­dites, les archives per­met­tant de faire l’histoire du patro­nat sont sou­vent dif­fi­ci­le­ment acces­sibles, les cher­cheurs se heur­tant à des « méca­nismes de cen­sure invi­sible et d’autocensure ».

    2. À la Libé­ra­tion, au nom du réa­lisme poli­tique, le géné­ral de Gaulle a lais­sé en place la majeure par­tie de ce patro­nat dis­cré­di­té. En échange, gaul­listes et com­mu­nistes ont impo­sé à ces patrons un modèle social issu du Conseil natio­nal de la Résis­tance (CNR). Les auteurs de l’ouvrage rap­pellent néan­moins com­ment la CIA a agi en 1947–1948, au béné­fice du patro­nat, pour pro­vo­quer une scis­sion de la CGT, don­nant nais­sance au syn­di­cat Force ouvrière.

    3.L’ouvrage relate la créa­tion en 1954 du « groupe Bil­der­berg », qui ras­semble, dans la plus grande dis­cré­tion, des repré­sen­tants des élites poli­tiques, patro­nales et média­tiques. Les auteurs pré­sentent aus­si d’autres struc­tures pro-patro­nales, comme le Siècle, pre­mier club de pou­voir, créé en 1945, le Centre des hautes études amé­ri­caines, créé lui aus­si en 1945, club pro-amé­ri­cain sou­te­nu par le patro­nat et l’Institut de France, et le « Centre d’études poli­tiques et civiques » (CEPEC), centre de pro­pa­gande anti­com­mu­niste lié aux inté­rêts colo­niaux, créé en 1954.

    4. Dans les années 1960, le patro­nat a orga­ni­sé l’immigration clan­des­tine, friand de cette main‑d’œuvre bon mar­ché, effi­cace et peu revendicative.

    5. Avec l’arrivée en 1981 des socia­listes au pou­voir, une fois pas­sée la grande peur du patro­nat, les affaires ont repris avec le « tour­nant de la rigueur » de 1983 puis les pri­va­ti­sa­tions de 1986.

    6. L’ouvrage met en lumière le long tra­vail de sape idéo­lo­gique qui a été néces­saire pour que la gauche se conver­tisse, après le choc des années 1970, aux idées les plus libé­rales et à la déré­gu­la­tion des mar­chés finan­ciers dans les années 1980. Il montre com­ment le monde patro­nal a éten­du son emprise sur la sphère médiatique.

    7. Il démonte les res­sorts de la fon­da­tion Saint-Simon, créée en 1982 sur l’initiative de Roger Fau­roux, PDG de Saint-Gobain, avec la par­ti­ci­pa­tion d’Alain Minc, Simon Nora, Fran­çois Furet et Pierre Rosan­val­lon. Il s’agit de jeter des ponts entre les entre­pre­neurs et les pen­seurs de gauche, pour conver­tir ces der­niers au néo­li­bé­ra­lisme. Le bud­get de la fon­da­tion est four­ni par des entre­prises comme Saint-Gobain, Danone, Suez, Publi­cis, la banque Worms, etc.

    8. L’ouvrage met aus­si le pro­jec­teur sur l’industrie phar­ma­ceu­tique, une des indus­tries les plus ren­tables. Il révèle les méthodes de lob­bying employées par ces firmes pour pro­mou­voir leurs médi­ca­ments et pour influen­cer les méde­cins et l’opinion. Il met en lumière les liens entre ces firmes et le pou­voir. La récente affaire du Média­tor fait écho à cette démonstration.

    9. Abor­dant le sujet de l’éducation, l’ouvrage montre les liens entre le monde de l’entreprise et des hommes poli­tiques de droite, et décrit leur offen­sive sou­ter­raine pour pro­mou­voir l’école pri­vée et pour rap­pro­cher le sys­tème édu­ca­tif des entre­prises. Ain­si, en 1993 est fon­dée l’association « Créa­teurs d’écoles », à laquelle a adhé­ré notam­ment Xavier Dar­cos. Cette asso­cia­tion béné­fi­cie du sou­tien de Domi­nique de Calan, direc­teur géné­ral adjoint de l’UIMM. « Créa­teurs d’écoles » milite pour le « chèque édu­ca­tion » (per­met­tant aux parents de payer à leurs enfants une école pri­vée), l’autonomie finan­cière des éta­blis­se­ments sco­laires, la rému­né­ra­tion des ensei­gnants au mérite et le recru­te­ment des ensei­gnants en contrat à durée déter­mi­née (CDD).

    10. Pour contrer la pen­sée de gauche répan­due dans l’Éducation natio­nale, plu­sieurs struc­tures ont agi dis­crè­te­ment, comme l’Association pour la liber­té éco­no­mique et le pro­grès social (ALEPS), créée en 1966, la Socié­té du Mont-Pèle­rin, l’Institut de l’entreprise, créé en 1975, les « Semaines de la pen­sée libé­rale », créées en 1968, ou encore l’ultra-conservatrice asso­cia­tion « SOS Éducation ».

    11. L’ouvrage montre com­ment fina­le­ment le monde de l’entreprise a entre­pris une véri­table « contre-révo­lu­tion libé­rale », visant à déman­te­ler l’État social, et à détruire métho­di­que­ment l’héritage du Conseil natio­nal de la Résis­tance. Ain­si, le Medef a mené des attaques répé­tées contre l’assurance-maladie et contre le sys­tème de retraite par répartition.

    12. Ce vaste pano­ra­ma, qui met le pro­jec­teur sur des cas concrets comme celui de Viven­di, Bol­lo­ré, Veo­lia, Lagar­dère, sur le rôle de per­son­nages clés comme Lau­rence Pari­sot ou Domi­nique Strauss-Kahn, est très éclai­rant et foi­sonne de révé­la­tions. Il montre à quel point le monde de l’entreprise est bien orga­ni­sé et a réus­si à tis­ser dis­crè­te­ment ses réseaux dans dif­fé­rentes sphères, notam­ment dans celles du pou­voir et dans les sphères intellectuelles.

    Source et réfé­rence électronique :
    Chloé Mau­rel, « Benoît Col­lom­bat et David Ser­ve­nay (dir.), His­toire secrète du patro­nat de 1945 à nos jours. Le vrai visage du capi­ta­lisme fran­çais », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire cri­tique [En ligne], 119 | 2012, mis en ligne le 01 jan­vier 2014, consul­té le 05 mars 2016.
    URL : http://​chrhc​.revues​.org/​2​875
    Médias et vidéos :
    France Inter, émis­sion “Là-bas si j’y suis” > https://​you​tu​.be/​s​l​V​B​U​p​L​k​dhw

    De Pétain à la CIA
    , La face cachée de Robert Schu­mann Un dos­sier de Fran­çois Asse­li­neau, publié le 9 mai 2010 URL : http://​www​.upr​.fr/​d​o​s​s​i​e​r​s​-​d​e​-​f​o​nd/
    Télé­char­ge­ment du dos­sier en PDF : https://www.upr.fr/wp-content/uploads/2011/02/UPR-DOSSIER-DE-FOND-LA-FACE-CACHEE-DE-ROBERT-SCHUMAN‑f%C3%A9vrier-2011.pdf

    Quo­ti­dien La Mar­seillaise
    du dimanche 1 sep­tembre 2013. Le livre d’Annie Lacroix-Riz, « Indus­triels et ban­quiers fran­çais sous l’Occupation » (Armand Colin, 2013), est le résul­tat d’années de tra­vail dans les archives. Il montre, docu­ments à l’appui, com­ment le grand patro­nat « dirige et anime, au détail près, la guerre sociale » n’hésitant pas à envi­sa­ger les pires méthodes. Son seul but, hier comme aujourd’hui, est de garan­tir les pro­fits les plus éle­vés pos­sibles, de mettre les poli­tiques éta­tiques au ser­vice des puis­sants, quitte, de nos jours, à liqui­der « le modèle social fran­çais. URL : http://​www​.his​to​rio​gra​phie​.info/​mar
    Louis Renault et « La fabri­ca­tion de chars pour la Wehr­macht », article d’Annie Lacroix-Riz, pro­fes­seur émé­rite d’his­toire contem­po­raine à l’u­ni­ver­si­té Paris VII-Denis Dide­rot Février 2011. URL :
    Ver­ba­tim de la Confé­rence sur « La col­la­bo­ra­tion du patro­nat » à l’Ins­ti­tut CGT d’His­toire Sociale, le 28 avril 2011 à Mon­treuil. URL : http://​www​.ihs​.cgt​.fr/​I​M​G​/​p​d​f​_​_​C​F​-​d​_​3​5​1​b​a​t​_​p​o​u​r​_​s​i​t​e​_​.​pdf
    Réponse
  20. etienne

    [Des nou­velles du front des assas­si­nats éco­no­miques-poli­tiques qui n’in­té­ressent pas nos « jour­na­listes » « démo­cra­tiques » à géo­mé­trie variable]
    (Le mal­heur de ne pas avoir été cubaine)
    Et si c’est une femme : Ber­ta Cáceres

    http://​www​.legrand​soir​.info/​e​t​-​s​i​-​c​-​e​s​t​-​u​n​e​-​f​e​m​m​e​-​b​e​r​t​a​-​c​a​c​e​r​e​s​.​h​tml

    Mer­ci à toute l’é­quipe du site Le Grand Soir.

    « En 2009, un coup d’Etat ren­ver­sait le pré­sident hon­du­rien. Puja­das regar­dait ailleurs.
    Le 3 mars 2016, Ber­ta Cáceres mili­tante éco­lo­giste était abat­tue. Apha­tie n’a rien entendu.
    Si Ber­ta Cáceres avait été cubaine, Puja­das, Apa­thie, les médias auraient pleu­ré pen­dant plu­sieurs jours ou semaines (et en « une »). Hol­lande, Valls, Fabius et Oba­ma aussi.
    Mais elle était une mili­tante hon­du­rienne des droits de l’Homme et de l’environnement. Nos trois ministres « verts (sic) ne l’ont pas su.
    Il y a deux ans, le Grand Soir avait publié ICI un admi­rable article sur elle et sur le com­bat des éco­lo­gistes honduriens.
    Mer­ci de le faire lire à vos amis « Verts ». »
    Le Grand Soir.

    Com­mu­ni­qué et appel de La Via Cam­pe­si­na Face à l’assassinat de notre cama­rade Ber­ta Cáceres

    Le mou­ve­ment pay­san inter­na­tio­nal La Via Cam­pe­si­na, inter­pel­lant l’opinion publique natio­nale et inter­na­tio­nale, fait part de l’assassinat de notre chère cama­rade de lutte, Ber­ta Cáceres, Coor­di­na­trice géné­rale du Conseil civique des orga­ni­sa­tions popu­laires et autoch­tones du Hon­du­ras (COPINH), ce jeu­di 3 mars 2016 au matin.

    L’assassinat de Ber­ta Cáceres, sur­ve­nu à son domi­cile, pen­dant son repos, expose à un risque plus éle­vé encore les défen­seurs des droits humains, hommes et femmes, la popu­la­tion autoch­tone en résis­tance dans les com­mu­nau­tés, ain­si que tous les membres des orga­ni­sa­tions du mou­ve­ment social et popu­laire qui mènent cette lutte légitime.

    A plu­sieurs occa­sions, Ber­ta Cáceres s’était pro­non­cée contre les actions et les inten­tions néfastes éma­nant aus­si bien de l’actuel gou­ver­ne­ment qui octroie des conces­sions de res­sources natu­relles, que des entre­prises trans­na­tio­nales étran­gères construi­sant des bar­rages et spo­liant les res­sources des peuples autochtones.

    Ber­ta Cáce­res­fai­sait l’objet de mesures conser­va­toires exi­geant de l’État du Hon­du­ras qu’il pro­tège son inté­gri­té physique.
    Or, ce même État du Hon­du­ras a exer­cé des mesures de per­sé­cu­tion à l’encontre de Ber­ta Cáceres, pour sa lutte contre les entre­prises étran­gères qui anéan­tissent les res­sources naturelles.

    Le monde entier a recon­nu les qua­li­tés de mili­tante des droits humains de la cama­rade Ber­ta Cáceres, qui s’est vue remettre le pres­ti­gieux Prix Gold­man pour l’environnement pour la défense des res­sources natu­relles du pays en 2015.

    Nous saluons la lutte his­to­rique qu’a menée notre cama­rade Ber­ta Cáceres aux côtés de notre peuple afin de reven­di­quer le droit à la terre, ain­si que sa lutte pour la défense de notre sou­ve­rai­ne­té, pour une réforme agraire inté­grale et pour la sécu­ri­té ali­men­taire de notre peuple.

    Rap­pe­lons que le 9 avril 2014, le dépu­té et Coor­di­na­teur géné­ral de La Via Cam­pe­si­na Hon­du­ras, Rafael Ale­gría, avait pré­sen­té en plé­nière du Congrès natio­nal le pro­jet de loi de Réforme agraire inté­grale basé sur l’équité de genre pour la Sou­ve­rai­ne­té Ali­men­taire et le Déve­lop­pe­ment Rural ; l’objectif étant de cher­cher des solu­tions, par la voie poli­tique, à la pro­blé­ma­tique que vivent actuel­le­ment les pay­sans et pay­sannes ain­si que les peuples ori­gi­naires du Hon­du­ras. Ce pro­jet n’a à ce jour pas été pris en compte par le Bureau direc­teur du Congrès national.

    Pour toutes ces rai­sons, La Via Cam­pe­si­na dénonce le gou­ver­ne­ment du Hon­du­ras et les entre­prises trans­na­tio­nales qui extraient et pillent les res­sources natu­relles du pays.
    Nous exi­geons des orga­nismes inter­na­tio­naux de défense des droits humains qu’ils somment l’État du Hon­du­ras de punir les auteurs de ce mépri­sable assassinat.
    La Via Cam­pe­si­na en appelle à des actions de pro­tes­ta­tion devant les ambas­sades du Hon­du­ras du monde entier afin d’exiger que la lumière soit faite sur cet acte criminel.
    En soli­da­ri­té, nous pré­sen­tons nos condo­léances à la famille de notre cama­rade Ber­ta Cáceres, ain­si qu’au peuple Len­ca et au peuple du Hon­du­ras, à la souf­france des­quels nous nous asso­cions face à cette perte irréparable.

    Via CAMPESINA

    TEGUCIGALPA M.D.C., 3 MARS 2016

    GLOBALISONS LA LUTTE, GLOBALISONS L’ESPOIR !
    BERTHA CÁCERES RESTE PRÉSENTE !
    PLUS QUE JAMAIS, LA LUTTE CONTINUE !

    Source : Le Grand Soir, http://​www​.legrand​soir​.info/​e​t​-​s​i​-​c​-​e​s​t​-​u​n​e​-​f​e​m​m​e​-​b​e​r​t​a​-​c​a​c​e​r​e​s​.​h​tml

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JUSTICE CITOYENNE – Regards croisés – LIVE 4 novembre 2024, 19h45

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Bonjour à tous Pendant cette soirée dédiée au bilan de la période récente, où nous venons de vivre (le début d')une bascule totalitaire sous prétexte sanitaire, et demain sous prétexte de péril de guerre ou de catastrophe climatique, je parlerai de souveraineté...