Chers amis,
Vous vous souvenez sans doute de ce film formidable qui nous avait tous bluffés en 2010 et qui s’appelait INSIDE JOB ?
L’expression « inside job » est utilisée dans les enquêtes policières, si j’ai bien compris, pour parler des crimes qui sont commis de l’intérieur, par des intimes qui connaissaient parfaitement les victimes et qui avaient toute leur confiance avant de les trahir.
On pourrait peut-être traduire ce titre par « TRAHISON ».
Car c’est bien une immense trahison des peuples par leurs « responsables » publics dont ce film apporte les preuves éclatantes.
En septembre dernier (2015), j’ai pensé utile de faire voir ce filmvoir ce film à mes étudiants (en économie), et à y travailler ensemble, pour les aider à comprendre les enjeux réels de ce qu’on appelle la « science économique » : régulation ou dérégulation ? Là, on pouvait juger sur pièces, évaluer les résultats d’une dérégulation grandeur nature.
J’ai donc revu ce film pour l’occasion, avant de le présenter, et je me suis alors rendu compte que j’avais oublié, en 5 ans, certains faits importants, des détails décisifs, certains noms des traîtres, certains enchaînements chronologiques et même quelques aveux incroyables. En effet, une vidéo est stimulante à regarder, évidemment attrayante mais aussi superficielle d’une certaine façon : un film grave moins de détails dans notre mémoire qu’un écrit lu et étudié à tête reposée.
J’ai donc entrepris, pour aider mes étudiants à bien fixer leurs idées, de leur préparer une retranscription intégrale, en français, qu’ils pourraient relire et analyser tranquillement, point par point.
Je suis parti des sous-titres en français que j’ai trouvé là. Mais ils étaient très sommaires, encombrés d’informations gênantes (minutages de synchro), et lacunaires aussi puisqu’il y manquait carrément tous les noms de ceux qui parlaient, un détail…
Ensuite, au fur et à mesure des corrections et des mises en forme, j’ai ajouté des copies d’écran, toujours pour aider le lecteur à mieux mémoriser, les noms des témoins et des responsables surtout : ainsi, les images nous aident à revoir intérieurement les séquences du film tout en lisant.
Enfin, pour inciter mes élèves à une lecture active, je leur ai posé un peu partout des questions (dans des encadrés vert clair).
Je me suis demandé si je devais vous laisser ces questions, ou s’il valait mieux les retirer. Ne sachant pas ce que vous alliez préférer, je les ai laissées : il n’est pas difficile, pour ceux que ces questions énervent, de les ignorer 🙂
Enfin, j’ai ajouté en dernière page quelques conseils de lectures pour creuser le sujet.
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Vous pouvez feuilleter ici-même ce précieux document :
Inside_job_texte_integral_en_francais
Au bout du compte, j’ai dû revoir ce film au moins 20 fois, seconde par seconde, et ce chantier m’a demandé un travail de Romain, des centaines d’heures, pendant des mois et des mois 🙂
Je vous livre aujourd’hui le résultat, en vous invitant à y travailler à votre tour et à faire connaître ce film autour de vous, car c’est la plus formidable enquête que j’ai vue sur ce qui est indéniablement le grand complot de la dérégulation financière : que d’ententes secrètes et de récompenses occultes (parfois différées dans le temps) il aura fallu aux banquiers pour arriver à leurs fins, que d’acteurs universitaires et journalistiques et politiciens à corrompre… (Cette fois, on a les noms, et même des aveux !)
C’est passionnant. Et c’est un procès important pour comprendre la prochaine « crise » (qui n’est pas une crise pour tout le monde…).
La question centrale de cette affaire mondiale est « régulation ou dérégulation ? », « keynésianisme ou néolibéralisme ? ».
Ce choix de société n’a pas du tout les mêmes enjeux pour les 99% et pour les 1% : les 99% ont un intérêt vital à la régulation (pour échapper à l’esclavage) alors que les 1% ont un intérêt central à la dérégulation (devenir les renards libres dans un poulailler libre est le rêve ultime des négriers autoproclamés « libéraux »).
Dès lors, les choix publics qui seront imposés à tous par les représentants politiques (puisque notre prétendue »démocratie« nous interdit de voter nous-mêmes nos lois et nous asservit à des maîtres « élus ») sont absolument décisifs : ce contrôle privé des choix publics, c’est « le mobile du crime », celui qui explique les innombrables intrigues des 1%, à grands coups de milliards, pour corrompre les médias, les professeurs, les intellectuels, les experts, les politiciens, pour faire gagner les élections à leurs hommes de main (étiquetés « droite » ou « gauche », peu importe) et imposer la dérégulation aux 99% par la magie de la »force publique« ainsi privatisée.
À l’évidence, toutes ces manœuvres (bien mises en lumière dans ce film) peuvent légitimement être analysées comme d’odieux complots contre le bien commun. Et ceux qui prétendent qu’il n’y a pas de complot (et que les donneurs d’alerte sont des « conspirationnistes », des « complotistes », — bientôt des « terroristes » ou des « nazis » si on les écoute…), ceux-là sont soit des suiveurs irréfléchis (je tiens à ne pas dire abrutis), soit des complices des comploteurs.
Les liens entre les « chasseurs de conspis » (sic) et les néoconservateurs va-t-en-guerre sont de mieux en mieux documentés, d’ailleurs ; voir là, là, là et là.
Un journaliste digne de ce nom est une sentinelle du peuple, il passe sa vie à chercher les complots contre l’intérêt général et à les dénoncer, vigoureusement et courageusement, sinon c’est un imposteur, il ne sert à rien. Depuis toujours, les démocraties se savent fragiles et ont besoin des yeux des simples citoyens pour monter la garde à tout moment contre les intrigues toujours possibles : à Athènes il y a 2 500 ans, l’iségoria, droit de parole pour tous, à tout moment et à tout propos, servait déjà précisément à armer les citoyens pour que chacun puisse défendre personnellement la démocratie. De ce point de vue, les « chasseurs de conspis » (quel sale nom ils se sont donné à eux-mêmes, vraiment) sont des ennemis de la démocratie (à mon avis). Nous avons tous absolument besoin de donneurs d’alertes, de whistle-blowers, et nous devons les protéger du mieux que nous le pouvons.
Si l’on veut sortir des griffes des 1% et éviter le retour à l’asservissement général du 19e siècle, il va falloir être un peu courageux et arrêter de baisser les yeux devant les extravagantes calomnies des chiens de garde du système.
Le texte au format pdf, 4 Mo (pour une impression facile et propre ; je préconise formellement la couleur) :
https://old.chouard.org/Europe/Inside_job_texte_integral_en_francais.pdf
Le texte au format doc, 140 Mo (pour copier/coller facilement des passages importants) :
https://old.chouard.org/Europe/Inside_job_texte_integral_en_francais.doc
Je pense que vous devriez vraiment acheter le DVD (ça coûte à peine 10 € => le rapport qualité/prix est imbattable), pour aider les enquêteurs à financer leur prochain travail, et pour l’avoir encore à disposition quand on nous aura supprimé l’Internet et pour expliquer tout ça à vos petits-enfants 🙂
J’espère que ce travail de retranscription-illustration vous sera utile, pour prolonger et amplifier ce travail d’enquête historique, qui ne doit pas sombrer dans l’oubli.
Bon travail, bande de virus 🙂
Étienne.
PS : la voix du narrateur (Matt Damon) est agréable et sa diction est parfaite : ce film est donc, en plus, un bon cours d’anglais 🙂
PPS : en plus de cette précieuse enquête sur la conspiration pour la dérégulation FINANCIÈRE, il faudra relayer d’autres enquêtes (j’en ai quelques unes en magasin) pour dénoncer en détail les complots qui ont permis la scandaleuse dérégulation COMMERCIALE (et le cortège délocalisations-désindustrialisation-chômage-bas salaires-misère), de même que les intrigues qui sont en train de rendre possible la honteuse dérégulation SOCIALE.
PPPS : j’attire votre attention sur le dernier livre que j’ai signalé en biblio (j’ai gardé le meilleur pour la fin) : ne ratez pas ce livre, il est épatant, vraiment :
« Néolibéralisme versus État-providence.
Le débat économique entre classiques et keynésiens »
par Édouard Cottin-Euziol (2016)
http://www.yvesmichel.org/product-page/economie/neoliberalisme-versus-etat-providence/
J’ai rarement lu un livre à la fois aussi léger à lire et aussi efficace pour comprendre l’essentiel du débat économique fondamental pour les humains.
Un travail remarquable, à découvrir et à faire connaître.
PPPPS : finalement, je vous ai préparé aussi une version « nue », sans aucun encadré vert avec questions, ni aucun coup de surligneur jaune 🙂
https://old.chouard.org/Europe/Inside_job_texte_integral_en_francais_nu.pdf
Fil Facebook correspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10153978883577317
merci Etienne !
Merci Etienne pour ce travail acharné … et de qualité, et aussi pour ta passion et ta persévérance.
André (nous nous sommes rencontrés à LCC)
Super travail, comme d’hab 😉
La dernière fois que l’on s’est vu, on attendait un livre de vous 😉 …
Quand je vois le travail que vous faite pour vos élèves, je ne suis pas sûr que vous ayez le temps d’en écrire un.
Par contre lorsque se système politique éprouvé aura laissé place à une vraie démocratie, vous serez ministre de l’économie. Vous pourrez vous reposer un peu comme ça … 😉
Démocratie Directe Votez Pour Vous
PS : Nous somme restés en contact avec mes partenaires (et d’autres) de votre atelier constituant à Versailles, et nous continuons notre petit bonhomme de chemin. Prochain atelier le 27/02/2016 à Paris si vous voulez venir …
Bonjour, je n’ai pas pu venir à l’Atelier constituant de Versailles suite à un souci familial, en revanche j’aimerais bien me joindre au prochain de Paris le 27⁄02 si cela est possible. Merci de me contacter par mail, Gerard.
Préférez ACHETER le film (pour le soutenir) quand vous le pouvez (il ne coûte que 10 € !) : les auteurs de ces précieuses enquêtes ont besoin de sous, bien sûr, pour préparer leurs enquêtes suivantes.
🙂
Sauf que ce n’est pas vraiment une histoire de dérégulation, mais bien une histoire d’HYPER RÉGLEMENTATION IMPOSSIBLE puique c’est le plus reglementé de TOUS les secteurs, en france c’est l’un des 7 ou 8 codes code dédié entiérement à une profession (3556p pour l’édition ordinaire chez Dalloz presque aussi gros que celui du cartel syndical de mutuel appelé « SECU ») , sans compte la législation européenne .… Kikif aux USA et partout dans le monde
Comme le train (et les exploiteurs de la SNCF en particulier) , il est
hyper subventionné
hyper réglementé
hyper renfloué
Hyper défaillant
Voilà ce qui se passe quand on HYPER REGLEMENTE en lieu et place de la responsabilité pleine et entière.
Même causes mêmes conséquences .…
Mauvais diagnostique mauvais résultats … pour ne pas dire inverse …
Bonjour Etienne,
je me sens impuissante, je bouillonne devant mon ordinateur au fur et à mesure des informations qui me montrent à quel point nous sommes menés par le bout du nez dans tous les domaines par notre gouvernement et ses amis, à quel point nous sommes exploités ! J’aimerais tant faire pour aider les gens à ouvrir les yeux et changer les choses mais comment ? je n’ai aucune compétence en matière d’économie ou politique, je suis juste poussée par mon intime conviction que je ne me trompe pas, que nous sommes pris pour des moutons et qu’il faut faire quelque chose… Merci
N’oublions pas Economix, comme parfaite introduction, non ?
http://wiki.gentilsvirus.org/index.php/Economix
Merci Olivier, bien sûr !
OK. J’ai ajouté Economix dans la biblio 🙂
(penser à taper F5 pour rafraîchir le pdf…)
Dans moins de 5 ans nous aurons un collapse financier qui engloutira tout (le système bancaire, les réseaux d’énergie, d’eau, d’alimentation, de santé ) pendant plusieurs mois créant, partout dans le monde des guerres civiles.
Cette crise sera bien plus violente que toutes celles que nous avons pu connaître jusqu’ici.
Écoutez mon interview https://youtu.be/l76o03MJMho
Mais après cette période de trouble, ne nous trompons pas… ce sont encore ceux qui ont le pouvoir financier qui reprendront le pouvoir… cette fois sous forme dictatoriale !
là est tout le problème, comment faire en sorte que, une fois cette effondrement réalisé (rien ne pourra l’arrêté), on reconstruise une économie fonctionnelle, juste, écologique, humaine , redistributive etc sans que les mêmes reprennent le pouvoir ?
Car là est le vrai risque qui s’est quand déjà produit plusieurs fois en 2 siècles.
Et je crois qu’il va falloir les exproprier de force et sans passer par la case tribunal où leurs victoire est acquise d’avance (famille et amis compris).
Et une part des solutions réside dans la fixation dans la constitution de l’interdiction totale et irrévocable de tout enrichissement qui peut représenter un risque de corruption :
Taille des entreprises fixer par ex a 5 millions de CA et 50 employés car au-delà elle va se transformer en risque non acceptable pour la démocratie même locale.
Suppression de l’entreprise « morale » qui n’a par essence rien de morale car basé sur la recherche du profit et qui permet l’irresponsabilité des détendeurs de capital.
Sinon chapeau Etienne pour le taf réalisé
Trahison des « élites » ou mécanisme fatal de classe et du pouvoir ?
Pour changer notre modèle politique on doit changer le modèle économique et sociale avant, sinon on changera juste de maîtres (et pas d’ »élites », ça veut rien dire pour moi, même un mec du « peuple » peut être autoritaire, sans être une soit disant « élite »).
Sinon pourquoi mon message a été supprimé par rapport à l’article posté sur la guerre d’Espagne ?
Momo,
quel message a‑t-il été supprimé ??
Je sais plus exactement ce que j’avais écrit mais en gros c’était que la démocratie directe avait déjà été mise en pratique plusieurs fois par les anarchistes (notamment espagnols puisqu’il s’agissait de ça) et que c’était dommage que tu fasses de la pub pour certains descendants idéologiques de Franco.
J’ai peut être chié lors de l’envoi mais pourtant il me semble bien l’avoir vu publié, puis après plus rien 🙁
La félonie du TAFTA — autre COMPLOT MAJEUR (graves intrigues secrètes des représentants du pays contre l’intérêt général) — contestée publiquement par les godillots parlementaires :
httpv://youtu.be/0EkA3fFBI5w
La réponse du gouvernement (à la fin) est édifiante (le MENSONGE ÉHONTÉ comme ligne de conduite) : « J’ai fait de la transparence le cœur de ce sujet »…
Sans déconner… Comment on dit « foutage de gueule » en bon français ?
également édifiant…
TTIP : transparence 2⁄10, débat démocratique 0⁄10
http://www.levif.be/actualite/international/ttip-transparence‑2–10-debat-democratique‑0–10/article-opinion-471155.html
Et oui cher Etienne, nous voilà bien dans la m.….….…e avec ces gens là, je vous salue et vous êtes mon héros mais chutt ! J’en profite pour vous donner un livre gratuit vendu fort cher ailleurs sur la montée du fascisme en Allemagne avec la crise (sic !) le fascisme rimant avec la crise :
« On ne peut que saluer la décision de livrer au public francophone quelques travaux de Kurt Gossweiler couvrant près de trois décennies (de 1953 à 1980) et consacrés à l’analyse du fascisme allemand.
L’historien marxiste est-allemand y traite des conditions de son installation depuis les années vingt, recensant ses soutiens de classe précoces, des Junkers au grand capital, de l’industrie lourde à l’IG Farben, tous secteurs de l’économie confondus. Il décrit ses adversaires les plus résolus, les communistes du KPD, qui menèrent « une lutte réelle et active contre le capital monopolistique ».
Il étudie, contre la vieille thèse du « gauchisme » du KPD responsable de la défaite de la classe ouvrière allemande en janvier 1933, le rôle joué par « la direction du SPD » : hantée par la transformation. »
Hitler : l’irrésistible ascension ?
Essais sur le fascisme
de Kurt Gossweiler
http://www.aden.be/uploads/file/int_gossweiler.pdf
http://www.aden.be/index.php?aden=hitler-irresistible-ascension
Pour que les éventuelles erreurs ne soient pas répétées ou comment savoir que le passé éclaire le présent et prévoit l’avenir !
Bien à vous Étienne
Bravo à vous M.Chouard, et merci pour toute la persévérance dont vous faites preuve et l’exemple d’éducateur scolaire, universitaire, et plus généralement populaire que vous montrez à l’étudiant que je suis.
A propos de la guerre des classes :
26 novembre 2006 :
Warren Buffett, troisième fortune mondiale, déclare au journal New-York Times :
« There’s class warfare, all right, Mr. Buffett said, but it’s my class, the rich class, that’s making war, and we’re winning. »
Traduction :
« La guerre des classes existe, c’est d’accord, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner. »
http://www.nytimes.com/2006/11/26/business/yourmoney/26every.html
Lire Buckminster Fuller, anti lutte des classes.
[ESSENTIEL] Franck LEPAGE,
sur LE SALAIRE, cotisations comprises :
httpv://youtu.be/eCe1ZLT-ax8
Un article qui sans doute n’ est pas une panacée mais il a le mérite de poser le problème de l’ action où le pouvoir ne nous attends pas. Ainsi il se trompe peut-être sur les lanceurs d alerte mais des expériences comme la ZAD de notre-dame-des-landes ou les nombreuses monnaies locales ou encore les conseils de mairie filmés sont des actes inventifs à multiplier :
https://blogs.mediapart.fr/geoffroy-de-lagasnerie/blog/200216/sortir-de-notre-impuissance-politique
Les ateliers constituants aussi bien sûr
Entretien avec Eva Joly
En Islande, les responsables du naufrage bancaire n’ont pas pu acheter leur procès
20 février par Eva Joly , Renaud Vivien
http://cadtm.org/En-Islande-les-responsables-du
À l’issue de sa visite en Grèce qui s’est achevée le 8 décembre 2015, l’Expert de l’ONU sur la dette, Juan Pablo Bohoslavski, a recommandé au gouvernement grec « d’améliorer les procédures juridiques et administratives pour examiner la responsabilité des autorités du gouvernement et celles des décideurs du secteur privé » en citant l’exemple de l’Islande. Ce petit pays de 320 000 habitants a, en effet, démontré qu’il est tout à fait possible de poursuivre en justice les responsables de la crise financière et de les condamner à des peines d’emprisonnement. Le CADTM s’est entretenu avec Eva Joly, députée européenne du groupe des Verts, qui a joué un rôle clé puisqu’elle a conseillé en 2009 et 2010 le Procureur spécial islandais dans le cadre de ces enquêtes pénales. Eva Joly, à qui nous avons remis le dernier ouvrage d’Éric Toussaint, « Bancocratie », aborde également dans cet entretien la gestion de la crise en Islande et les pressions de ses créanciers pour obtenir le remboursement d’une dette illégitime.
Avant d’évoquer votre rôle comme conseillère du Procureur islandais, pouvez-vous nous rappeler la situation des banques islandaises en 2008 ?
Comme les autres pays européens, l’Islande a subi de plein fouet la crise financière déclenchée par la crise des « subprimes ». En septembre 2008, les trois principales banques du pays (Kaupthing, Landsbanki et Glitnir) sont tombées en faillite et l’État a dû les nationaliser en urgence.
La faillite de ces banques s’explique par la dérégulation financière qui a débuté dans les années 1990. Le secteur bancaire, qui a été totalement privatisé en 2003, a alors pris un maximum de risques pour attirer les capitaux étrangers. Les banques islandaises ont notamment développé des comptes en ligne qui permettaient d’offrir des taux d’intérêt élevés défiant toute concurrence. Résultat : en à peine quatre ans, la dette extérieure de ces trois banques islandaises a plus que quadruplé : passant de 200% du PIB en 2003 à 900 % du PIB en 2007 ! En 2008, lorsque la crise des subprimes frappe l’Islande, elles étaient évidemment dans l’impossibilité de rembourser leurs dettes.
Contrairement aux autres pays européens, les dettes du secteur bancaire n’ont pas été transférées vers le secteur public. Elles ont été supportées par les créanciers de ces banques plutôt que par la population islandaise. Ce qui est tout à fait normal vu que la grande majorité des Islandais-e‑s ne sont en rien responsables du comportement des banques.
Le refus d’assumer ces dettes provient de la formidable mobilisation citoyenne qui, malheureusement, a été largement passée sous silence par les grands médias. Rappelons que par deux référendums successifs (en mars 2010 et avril 2011), le peuple islandais a refusé de rembourser les créanciers étrangers qui étaient principalement des épargnants britanniques et néerlandais ayant perdu de l’argent lors de la faillite en 2008 de la banque en ligne Icesave, la succursale Internet de la banque Landsbanki qui offrait des taux délirants. Les résultats de ces référendums ont été suivis d’effet par le gouvernement islandais en dépit des protestations des gouvernements britannique et hollandais. La population a ainsi obtenu une victoire sur les créanciers.
Que réclamaient les gouvernements hollandais et britannique ?
Ils exigeaient que l’Islande leur verse des sommes astronomiques (plus de 2,7 milliards d’euros pour le Royaume-Uni et plus de 1,3 milliards d’euros pour les Pays-Bas) assorties d’un taux d’intérêt de 5,5 %.
Alors que les Pays-Bas et le Royaume-Uni ont accueilli à bras ouverts les filiales et succursales de ces banques islandaises et que les autorités de ces deux pays ont été alertées des risques qui pesaient sur ces banques, ils ont estimé que c’était à l’État islandais de garantir les dépôts réalisés auprès d’Icesave… Et ils ont décidé de fixer eux-mêmes cette garantie de 50 000 euros à 100 000 euros par dépôt. Or, ce que disait la directive européenne sur les garanties des dépôts était bien différent.
Primo, la directive prévoyait 20 000 euros environ par dépôts (ce qui était déjà impossible à tenir pour le gouvernement islandais). Secundo, elle n’obligeait pas les États à garantir les déposants avec de l’argent public. En effet, cette directive demandait seulement aux États de constituer des fonds de garanties qui peuvent donc être alimentés par les banques elles-mêmes via des prélèvements obligatoires réalisés par l’État.
En plus de nier leurs responsabilités |1| et de bafouer le droit européen, les gouvernements du Royaume-Uni et des Pays-Bas ont tenté d’imposer le remboursement de ces dettes privées en exerçant un chantage odieux sur le gouvernement islandais. Mais fort heureusement, le peuple a résisté au chantage et a poussé le Président d’Islande à recourir aux référendums |2| afin de rejeter les demandes des créanciers.
Quel était ce chantage des créanciers ?
En octobre 2008, le Royaume-Uni de Gordon Brown a pris une mesure de rétorsion extrême : le gel des avoirs de la banque Landsbanki mais aussi de Kaupthing alors que cette dernière n’avait aucun rapport avec Icesave, en usant de sa législation anti-terroriste. Ce faisant, il mettait les Islandais dans la même catégorie que des organisations comme Al Qaida. Le gouvernement britannique a aussi usé de son influence pour qu’aucune « aide » internationale (de l’UE et du FMI) ne soit octroyée à l’Islande avant qu’elle ne rembourse les dettes privées contestées.
Quant au FMI lui-même, il a assorti les conditions de son prêt de 2,1 milliards de dollars à des mesures drastiques dont l’objectif était de ramener le déficit public de l’Islande à zéro d’ici 2013. Cet objectif impossible à tenir a entraîné d’énormes coupes dans les dépenses publiques. Le FMI a également conditionné le versement des tranches de ce prêt au remboursement des dettes privées par l’Islande (celles qui ont été refusées par la population islandaise). Le FMI s’est donc comporté comme un véritable agent de recouvrement au service du Royaume-Uni et des Pays-Bas !
La Commission européenne a aussi clairement pris fait et cause pour ces deux pays puisque son président de l’époque, José Manuel Barroso, a indiqué qu’il n’y aurait pas d’ « aide » européenne tant que le cas « Icesave » ne serait pas résolu |3|. Ajoutons à cela que la Commission européenne s’est associée à la plainte déposée par les Pays-Bas et le Royaume-Uni contre l’Islande auprès du tribunal de l’AELE (Association européenne de libre-échange).
Pouvez-vous nous résumer le jugement rendu par ce tribunal ?
Ce tribunal a donné raison à l’Islande dans son refus de payer la dette réclamée par le Royaume-Uni et les Pays-Bas et a donc rejeté les plaintes déposées par ces pays. Le jugement indique clairement que ce n’est pas la responsabilité du pays où une société bancaire a son siège de couvrir les coûts des garanties de son système bancaire. Ce jugement est tout à fait conforme au droit européen puisque je le répète : rien dans les directives européennes n’obligeait les États à secourir les banques avec de l’argent public.
Venons-en à présent au volet pénal. Comment avez-vous été contactée par le gouvernement islandais en 2008 pour enquêter sur les responsabilités dans ces faillites bancaires et quels ont été les principaux résultats de l’enquête ?
À l’origine, il y a eu une émission de talk show à la télévision islandaise en 2008 à laquelle j’ai participé comme expert juridique sur les délits et les crimes financiers. Le journaliste-présentateur de cette émission m’avait invitée sur son plateau car il avait lu mon livre Justice under Siege et parce qu’il y avait une demande forte de justice de la part de la population pour identifier et sanctionner les responsables de la crise.
À la suite de cette émission, il y a eu un engouement incroyable : une page « Eva Joly » sur Facebook a été créée (en une nuit cette page a réuni 20 000 internautes !). J’ai également donné plusieurs conférences dans des Universités en Islande. Devant cet élan populaire, le gouvernement m’a demandé de le conseiller pour chercher les responsabilités pénales dans ce naufrage bancaire. Il y a donc eu une volonté politique claire des autorités islandaises poussées par la population de poursuivre les responsables de la crise financière.
Vu que le système juridique islandais est très proche du système norvégien |4|, j’ai accepté la proposition mais à la condition de disposer de véritables moyens humains pour mener l’enquête. Fort heureusement, le gouvernement a accepté et j’ai pu travailler au sein d’une large équipe de 84 personnes composée de plusieurs experts judiciaires et d’auditeurs financiers. Ma mission en tant que conseillère du Procureur spécial islandais sur ces enquêtes a duré de janvier 2009 à octobre 2010.
Avec cette équipe, nous avons pu mener des perquisitions dans les filiales des banques islandaises comme la filiale de Kaupthing au Luxembourg. Il faut souligner que cette banque empruntait auprès de la Banque centrale européenne (BCE) de manière frauduleuse, que le ratio de solvabilité inscrit dans les Conventions de Bâle n’était absolument pas respecté et que des délits boursiers ont été commis. D’autres délits sont venus s’ajouter au fil de notre enquête.
Concrètement, ces enquêtes ont permis les poursuites en justice et les condamnations de plusieurs dizaines de responsables de haut niveau. Jusqu’à aujourd’hui, il n’y a malheureusement pas d’équivalent dans d’autres pays européens.
Qui sont ces responsables condamnés et pour quel motifs ?
Les personnes qui ont été poursuivies et condamnées par les tribunaux islandais occupaient différents postes clés. On trouve aussi bien des PDG de ces banques, des directeurs financiers, des avocats de ces banques, des gros actionnaires, que des hauts fonctionnaires d’État.
Les peines prononcées, dont certaines font encore l’objet d’appel, vont jusqu’à 6 ans de prison ferme. Ces individus n’ont pas pu « acheter » leur procès via des transactions financières pour échapper à toute sanction comme c’est souvent le cas ailleurs, notamment aux États-Unis.
Les motifs de leurs condamnations sont multiples : manipulation des cours boursiers, escroquerie, délits d’initiés, falsification de comptes, octroi de prêts frauduleux, etc. Ces cas ont été jugés par plusieurs cours en Islande : la Cour suprême et les tribunaux de grande instance.
Pour donner quelques exemples de condamnations par la Cour suprême d’Islande : l’ancien chef de cabinet du Ministère des finances a écopé de 2 ans d’emprisonnement pour délit d’initié. Il possédait des parts dans la banque Landsbanki et les a revendues quelques jours seulement avant la faillite de cette banque. L’ancien PDG de la banque Byr a écopé de 4 ans de prison et le PDG de la banque MP a été condamné à 1 an et demi de prison pour prêt frauduleux. Devant les tribunaux de première instance, deux anciens PDG de Kaupthing ont écopé respectivement de 3 ans et demi de prison et de 5 ans et demi. Un gros actionnaire de Kaupthing a quant à lui été condamné à 3 ans de prison pour manipulation de cours et prêt frauduleux. Plusieurs de ces personnes condamnées ont fait appel devant la Cour suprême mais pour le moment elles restent en prison.
Il y a aussi de nombreuses autres procédures en cours (une quarantaine) et des dossiers toujours en phase d’enquête (près d’une trentaine). Le combat contre l’impunité est donc loin d’être terminé en Islande ! Il serait temps que cette volonté politique de poursuivre en justice les responsables de la crise financière se répande dans d’autres pays.
Entretien réalisé par Renaud Vivien (CADTM)
Notes
|1| Les directives européennes consacrées aux conglomérats financiers indiquent que les États membres de l’UE qui autorisent l’entrée sur leur territoire de tels établissements originaires d’un pays tiers doivent s’assurer qu’ils bénéficient d’un même degré de contrôle de la part des autorités de leur État d’origine que ce que les textes européens prévoient.
|2| Le 30 décembre 2009, l’Althingi (Parlement islandais) vote la loi dite « Icesave », en accord avec les exigences des pays demandeurs, qui entérine le remboursement de 4 milliards d’euros au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Cela revient à payer environ 100 euros par habitant et par mois pendant huit ans pour la faillite d’une banque aux investissements très hasardeux. La population manifeste son désaccord en exigeant, par une pétition et plusieurs jours de « casserolades » devant le parlement, que le président Olaf Ragnar Grimsson ne promulgue pas la loi. Ces manifestations permettent aussi la sensibilisation d’une partie de la population sur les méfaits du monde financier. Devant la pression de la rue, démontrant que les peuples en mouvement peuvent se faire entendre, le président refuse de signer, appelant, dans le cadre de l’article 26 de la Constitution islandaise, à un référendum contraignant pour le gouvernement. Le 6 mars 2010, avec une forte mobilisation, 93% des Islandais rejettent l’accord. Le 9 avril 2011, les Islandais ont refusé, à près de 60%, de payer pour assumer les erreurs de ceux qui ont conduit leur pays dans l’abîme. Ils ont une nouvelle fois refusé par référendum l’accord Icesave, qui prévoit que l’État indemnise Ils ont donc confirmé le premier « non » prononcé en mars 2010.
|3| L’Islande ou les faux semblants de la régulation de l’après-crise, par Eva Joly, Le Monde.fr | 01.08.2009
http://www.lemonde.fr/idees/article…
|4| Eva Joly a la double nationalité : française et norvégienne
Auteur
Il est membre de la Commission pour la Vérité sur la dette publique de la Grèce créée le 4 avril 2015.
Source : CADTM http://cadtm.org/En-Islande-les-responsables-du
Le 24 février prochain sort en salle Merci Patron, le premier film de François Ruffin, directeur du journal Fakir.
La censure a encore frappé : Une entrevue déprogrammée par Europe 1, propriété de Lagardère.
http://fawkes-news.blogspot.be/2016/02/la-censure-encore-frappe-une-entrevue.html
François Ruffin chez Lagardère ! contre l’oligarchie :
https://www.dailymotion.com/video/x3u0a4i_francois-ruffin-mon-documentaire-est-un-combat-contre-l-oligarchie_news
Couillu ! Il faut être déjà habitué aux médias pour ne pas se faire déstabiliser. Quelqu’un de moins roué que Ruffin aurait pu facilement être neutralisé. Très bon passage !
Puisque j’ ai l’ insigne honneur de clôre tous les sujets,
je suggère de passer au sujet suivant
Bonsoir :
Pour ceux qui veulent voir Inside job : https://m.youtube.com/watch?v=NtfqUbzcdXM
sur Youtube 😉
Dimanche 21 février 2016 :
Le maire de Londres annonce qu’il fera campagne pour une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Le maire de Londres, le conservateur Boris Johnson, a annoncé aujourd’hui qu’il fera campagne en faveur d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/02/21/97001–20160221FILWWW00132-le-maire-de-londres-annonce-qu-il-fera-campagne-pour-une-sortie-du-royaume-uni-de-l-union-europeenne.php
Vendredi 19 février 2016 :
Grande-Bretagne. Les partisans du Brexit en tête des sondages.
Si le référendum pour le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne se tenait aujourd’hui, les partisans du « non » l’emporterait avec 36 % des suffrages.
Les Britanniques favorables à une sortie de l’Union européenne ont deux points d’avance sur les partisans du maintien, selon un sondage de l’institut TNS publié vendredi. Dans le cadre du référendum promis par le Premier ministre David Cameron, 36 % voteraient « No » et 34 %, « Yes ». Les indécis représentent 23 % et 7 % n’ont pas l’intention d’aller voter.
Sans tenir compte des abstentions, le rapport de force, encore plus favorable au Brexit, passe à 39 % pour la sortie, contre 36 % pour le maintien.
http://www.ouest-france.fr/europe/ue/grande-bretagne-les-partisans-du-brexit-en-tete-des-sondages-4045183
idée .. faites une page facebook où vous suggérerais au maximum de gens de prélever 100 à 200€ sur le compte le même jour dans leurs agences (mini bank run)
Dans le même esprit
« les déportés du libre échange » de Marie Monique Robin
httpv://www.youtube.com/watch?v=tG89P8II0cA
Effectivement. Ce sera le centre d’un prochain billet, contre le scandaleux complot de la dérégulation commerciale, le « libre-échange », autre fléau du peuple 🙂
Bonjour,
Je le dis comme tous ici, Merci Etienne pour le boulot immense que tu as fait et que tu continue à faire, en suscitant les relais, en établissant les relations avec d’autres, ici et maintenant mais aussi ailleurs et avant. On a un sacré retard dans les lectures à faire pour réellement arriver à se former. Pour ma part, je reste complètement imperméable à l’économie malgré les nombreuses tentatives pour comprendre…ça doit être dans l’ADN de mon logiciel gravitationnel…
Maintenant, j’envoie :
Ne serait-ce pas le moment idéal pour élargir le champ de ta pédagogie via celle des nombreux virus et toucher plus de monde que d’essayer d’entrer dans (ou de frôler) le mouvement qui se crée autour de J.L.Mélenchon. Je dis moment idéal car on bénéficierait d’une très grande ouverture (qui ne durera peut-être pas), toute idée et information (comme cette page actuelle de dénonciation) devrait pouvoir circuler plus largement et montrer qu’il existe tout un mouvement (celui pour une constitution écrite en commun) que toute une fraction du public ne connait pas. Surtout que tu n’es pas (en ce moment) attaqué vertement par les fa-anti-fas.
Il faut trouver un angle d’attaque pour faire passer tes-nos idées car même si elles ne passent pas in-fine elles infuseront et pourraient multiplier les petits virus. Je crois qu’il se passe actuellement qqchose avec toutes les attaques neo-libérales medef-gouvernement qui permet de réunir un maximum de gens autour de ces idées, mais il faut pouvoir les exposer, ces idées. Elles « trainent » un peu partout, plus ou moins bien élaborées et ne demandent qu’à se rencontrer.
Voilà c’est tout, bonne continuation à tous.
1 150 000 000 000 dollars de dividendes versés en 2015
« En 2015, le montant total des dividendes versés par les entreprises dans le monde a atteint 1 150 milliards de dollars, selon l’étude annuelle réalisée par Henderson, qui analyse les dividendes payés par les 1 200 plus importantes sociétés mondiales par leur capitalisation boursière. » :
http://www.lemonde.fr/argent/article/2016/02/22/1–150-000–000-000-dollars-de-dividendes-verses-en-2015_4869618_1657007.html
Super article ! Quel blog ! Merci Etienne, vous êtes remarquables !
[Passionnant] Gilles Raveaud
La dispute des économistes
httpv://www.youtube.com/watch?v=p45RtEvvjEc
je suis fan de Karl Polanyi qui a ecrit : « La grande transformation » avec le vole des communs en Angleterre et aussi « La Substistance de l’ Homme »
Deplus les marchés ne sont pas seulement uniformateurs mais ils sont aussi faussés à cause de l’ accumulation du capital … les grandes surfaces ont tués les petits magasins
Claude Rochet :
Le nécessaire retour à la philosophie du bien commun
http://claude-rochet.fr/le-necessaire-retour-a-la-philosophie-du-bien-commun/
La Grande Dévalorisation. Pourquoi la spéculation et la dette de l’État ne sont pas les causes de la crise.
http://www.palim-psao.fr/article-la-borne-interne-du-capitalisme-entretien-avec-ernst-lohoff-krisis-sur-les-causes-et-les-con-123584377.html
d’ après les auteurs comme la valorisation du capital dépend du travail contenu humain devenant rare par les progrés de l’ automation de la productivité er de la concurence. le capital dit « fictif » s’ emploie dans des paris sur le futur .. c’est la grande dégringolade … le capital scie la branche sur laquelle elle est assise … quand tout ceci sera effondré .. il y aura peut-être une période de barbarie
vous avez raison et la descente en enfer est en cours et rien ne pourra l’arrêter.
Karl Polanyi excellent on devrait le remettre dans les débats économiques etc çà nous ferais du bien.
Bonjour à tous,
Plus le temps s’accélère plus je pense que la solution préconisé ici et la bonne :
Constitution par et pour le peuple avec tirage au sort (loi des nombres)
Nationalisation de toutes les banques et fermeture de la bourse.
Expropriation des sociétés qui sont un risque systémique même pour une commune( ex : 5millions de CA+50à salariés au delà non)
Salaire à vie de B.Friot avec propriété d’usage
Blockchain partout où l’on peut
Car le danger est tout proche regarder l’avenir de l’emploi salarié est là :
http://www.sciencesetavenir.fr/high-tech/robot/20160224.OBS5226/plus-leger-le-robot-bipede-de-boston-dynamics-peut-se-relever.html?xtor=RSS-12
Bonjour,
Merci beaucoup d’avoir partagé ce document. Je trouve ce format de transcription vraiment très efficace ! Si seulement plus d’enseignants faisaient ce travail critique de qualité, comme nous serions mieux armés !
Dire que de plus en plus d’élèves ingénieurs rêvent d’entrer dans le monde de la finance. Nous faudrait-il infiltrer l’Education nationale en masse pour renverser ce courant ?
Samedi 27 février 2016 :
Le G20-Finances appelle à utiliser tous les outils pour soutenir l’économie, cite le choc d’un éventuel Brexit.
Selon le G20-Finances, les cinq risques géopolitiques sont les suivants :
1- La sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne (Brexit). Ce risque géopolitique est cité dans le communiqué final du G20, dès le premier paragraphe du texte.
2- La volatilité des mouvements de capitaux, qui se déplacent d’une seconde à l’autre, d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre, et qui déséquilibrent toute l’économie mondiale.
3- La chute des cours des matières premières.
4- Les tensions géopolitiques accrues.
5- L’afflux de migrants dans certaines régions (Turquie, Union Européenne).
http://www.romandie.com/news/Le-G20Finances-appelle-a-utiliser-tous-les-outils-pour-soutenir-leconomie-cite-le-/680512.rom
Conclusion :
Le G20-Finances dit qu’il faut continuer à faire ce qui est fait sans interruption depuis septembre 2008 : les banques centrales doivent continuer à injecter des centaines de milliards dans le secteur financier.
Depuis septembre 2008, c’est toujours la même politique de tarés.
Depuis septembre 2008, on ne change pas une politique qui échoue.
Cette politique ne sert à rien, elle ne résout aucun problème, elle n’empêche pas l’économie réelle de s’effondrer, … mais au moins elle gonfle des bulles boursières et des bulles obligataires ! Et lors de la prochaine crise, l’éclatement de toutes ces bulles sera dévastateur.
Des génies.
Les participants du G20-Finances sont des génies.
Une perle de Georges Frêche qui met en évidence le caractère « démocratique » des élections. Les élections entraînent de facto le populisme.
https://youtu.be/t55CC7U82nc
extrait :
« c’est pour ça que moi quand je fais une campagne, je ne la fais jamais pour les gens intelligents. Des gens intelligents, il y en a 5 à 6 %, il y en a 3% avec moi et 3% contre, je change rien du tout. Donc je fais campagne auprès des cons et là je ramasse des voix en masse. »
[Rappel important] La mise à mort du CDI décidée par les banques
httpv://youtu.be/0BZWzkTHXNo
À voir, à revoir, et à faire connaître.
Merci FAKIR ! Merci François (Ruffin) !
« UE » évidemment dominée par l’Allemagne :
httpv://youtu.be/R5lXYw1l8l0
Il faut d’urgence fuir ce piège à rats.
[progrès de la science] Les affreux manquent de sucre !
Un morceau de sucre pour les banquiers centraux
http://leseconoclastes.fr/2016/02/un-morceau-de-sucre-pour-les-banquiers-centraux/
Pouria Amirshahi : « Les partis sont au mieux incapables, au pire dangereux »
LE MONDE | • Mis à jour le
Le député socialiste Pouria Amirshahi, souvent critique de la politique gouvernementale depuis 2012, annonce qu’il quitte son parti, une formation qu’il a rejoint en 1987 et qu’il juge aujourd’hui « sans ressort » et « sans idées ».
Vous avez décidé de quitter le Parti socialiste, pourquoi ?
Je quitte le PS et le monde des partis en général, rhizomes d’un système institutionnel à bout de souffle. Ils sont devenus des machines électorales sans grande conviction, sans promesse d’avenir heureux pour le pays. Ils sont au mieux incapables, au pire dangereux comme par exemple le Front national. Notre système, confiscatoire de pouvoirs et de richesses, mène à l’abîme démocratique, social ou écologique.
Et les partis semblent ne pas pouvoir faire grand-chose quand ils ne sont pas carrément dans le renoncement ou la complicité. Le mien est sans ressorts, sans idées malgré de nombreuses bonnes volontés avec qui je continuerai de
Et pour vous, ce n’est pas ce que fait le gouvernement de François Hollande ?
La France n’est pas gouvernée par l’aile droite du PS, mais par des néoconservateurs, dans tous les domaines, à quelques exceptions près… D’ailleurs, leurs alliés sont désormais issus du bloc réactionnaire : déchéance de nationalité, état d’urgence, surenchère pénale, droit du travail.
Depuis 2012, la succession de renoncements donne le vertige : cela a débuté avec le traité européen. Sur le contrôle bancaire ou les insolentes rémunérations, le gouvernement a vite cédé. Le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi [CICE] et le pacte de responsabilité ont légalisé le vol de l’argent public dont on dit pourtant qu’il est si rare. 40 milliards d’euros donnés sans conditions, sans que les salariés aient vu le début d’une amélioration substantielle de leur niveau de vie ! Le mépris est vécu directement par beaucoup de nos compatriotes, les ouvriers, les jeunes et bien d’autres. S’ajoute à cela le choix de gouverner par la peur… D’où mon opposition.
Pourtant, vous avez également décidé d’abandonner la députation et de ne pas vous représenter en 2017…
Il me reste plus d’un an de mandat et je continuerai d’agir avec la même éthique et la même énergie. Mais je ne veux pas m’accrocher absolument à un mandat. Ma circonscription est passionnante, les gens sont d’une grande richesse pluriculturelle. J’y ai été « bien » élu en 2012, avec 62 % des voix, mais après cinq ans de mandat, je souhaite retourner à la vie professionnelle, ce qui ne coupera pas mon appétit militant !
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/politique/article/2016/03/04/pouria-amirshahi-je-quitte-le-ps-et-le-monde-des-partis-en-general_4876451_823448.html#vZui2DleSTzp1oF7.99
Ce travail est vraiment très utile… J’ai failli le faire,mais pas de façon aussi poussée. Alors merci Étienne !
(Rappel) [Pour ceux qui veulent comprendre « la crise de 2008 », passionnante (et savoureuse) invitation à nous concentrer sur les STRUCTURES plutôt que sur les AGENTS]
Lordon (très en forme) : les médias et la crise
Bonjour Étienne, et merci !
Je découvre ce blog un peu tard, mais je tiens à y apporter mon témoignage.
En 2010, j’avais rendez vous avec le père d’une cliente (je suis artisan maçon) pour discuter d’un devis qu’il devait approuver. Ancien ministre des finances du Brésil, cet homme était membre du FMI et arrivait tout juste de Washington où lui et ses collègues venaient de virer 700 milliards de Dollars aux banques qui avaient perdu en 2008.
Je me retrouve ainsi assis face à lui, chez sa fille, et … avant de parler du devis, je lui dis « Monsieur Ricupero, avant de m’adresser à mon client, je voudrais m’adresser au membre du FMI que vous êtes. D’où viennent les 700 milliards de Dollars ? »
Il sourit largement en donnant sa réponse : « De nulle part ! »
J’avais donc le scoop en direct de l’absurdité du système financier.
Pour en montrer l’absurdité, j’utilise un comparatif amusant et très éloquent :
On compare l’argent au temps, juste pour y voir clair .
Si un euro égale une seconde, un travailleur de base accumulera en un an l’équivalent d’une heure, si il a de la chance (au maximum, quelques heures.). La plupart finissent l’année endettés.
Le millionnaire, lui se sent à l’aise, car un milliard de secondes est égal à 11 jours.
Le milliardaire : un milliard de secondes est égal à 32 ans…!
Ainsi un milliardaire peut , quand il le veut, se payer des hommes de main en les faisant devenir millionnaires pourvu qu’ils obéissent à ses désirs les plus fous : fais leur croire à la démocratie, fais les marcher au pas, impose leur le port du masque, fais les marcher sur les mains… et si tu n’y arrive pas, tu n’es plus millionnaire.
Voilà !