« Le chômeur, au lieu d’être la rançon de la science, devrait en être la récompense ! » L’édito de Charles SANNAT, à propos de Jacques DUBOIN

15/10/2015 | 46 commentaires

Charles San­nat tient un blog que je trouve sou­vent bien inté­res­sant, qui s’ap­pe­lait « Le Contra­rien Matin » et qui s’ap­pelle depuis peu « Inso­len­tiae ».

Charles a débus­qué sur mon (ancien) blog (qui est une vraie mine pour ceux qui ont la patience d’y far­fouiller) un article où je vous signa­lais (en 2007) une mer­veille, un livre enthou­sias­mant, de Jacques DUBOIN : « LA GRANDE RELÈVE des hommes par la Machine ».

Voi­ci la réac­tion de Charles, ce matin, à cette découverte :

Source : http://​inso​len​tiae​.com/​2​0​1​5​/​1​0​/​1​4​/​l​e​-​c​h​o​m​e​u​r​-​a​u​-​l​i​e​u​-​d​e​t​r​e​-​l​a​-​r​a​n​c​o​n​-​d​e​-​l​a​-​s​c​i​e​n​c​e​-​d​e​v​r​a​i​t​-​e​n​-​e​t​r​e​-​l​a​-​r​e​c​o​m​p​e​n​s​e​-​l​e​d​i​t​o​-​d​e​-​c​h​a​r​l​e​s​-​s​a​n​n​at/

« Le chômeur, au lieu d’être la rançon de la science, devrait en être la récompense ! »

L’édito de Charles SANNAT !

Mes chères imper­ti­nentes, mes chers impertinents,

Cet édi­to est long, j’espère sim­ple­ment que vous ne vous décou­ra­ge­rez pas, car il recèle quelques petits tré­sors qui  devraient ravir vos esprits contra­riens, inso­lents et impertinents.

« Le chô­meur, au lieu d’être la ran­çon de la science, devrait en être la récom­pense »… oui le chô­meur devrait-être la récom­pense du pro­grès humain. Il devrait être célé­bré comme le suc­cès entier de la réus­site de l’humanité vers un monde affran­chi du tra­vail et dont la vie de l’homme n’aurait plus à se résu­mer à une longue lutte pour assu­rer sa sur­vie quotidienne.

Le chô­meur, l’homme sans néces­si­té de tra­vailler est l’aboutissement logique de notre pro­ces­sus d’évolution.

C’était un 11 jan­vier. Ber­nard Maris, éco­no­miste per­dait la vie lors de l’attaque de Char­lie Heb­do, et pour­tant, presque d’outre tombe, c’est lui qui va vous faire connaitre cet homme aujourd’hui. J’ai connu cet auteur par un simple lien reçu dans un mail envoyé par l’un de nos cama­rades imper­ti­nents. Ce lien pointe sur le site inter­net d’Étienne Chouard, un « hur­lu­ber­lu »que cer­tains par­mi vous doivent connaître puisque ce « sombre indi­vi­du » ose par­ler d’une idée comme celle de démo­cra­tie… non mais je vous jure… par­ler de démocratie…On devrait inter­dire tous ceux qui parlent de démo­cra­tie… ça tombe bien Chouard est inter­dit d’antenne. Ouf… je com­men­çais à avoir sacré­ment peur. S’il y en a qui ont des pho­bies admi­nis­tra­tives, on oublie trop ceux qui souffrent de pho­bie démo­cra­tique. C’est une mala­die rare, orphe­line même. Elle ne touche qu’une toute petite par­tie de la popu­la­tion. Moins de 1%… oui c’est ça, ces 1% qui détiennent 90% des richesses et 100% du pou­voir… et bien ils souffrent ces braves petits. Et la pho­bie démo­cra­tique croyez-moi, c’est très douloureux…

Bref, sur le site d’Étienne Chouard un article de 2007… fran­che­ment pas tout jeune me direz-vous et pourtant !

Étienne donc écrit la chose suivante en 2007 !

« Je viens de taper pour vous un extrait impor­tant d’un livre mer­veilleux que je viens de rece­voir. Mer­ci à Ber­nard Maris d’avoir signa­lé cette perle (voir ses pré­cieuses chro­niques, sur le site de France Inter, et notam­ment : Où va l’argent ?). Il est épui­sé, pour l’instant, et on le trouve d’occasion, ce qui n’est pas si mal car le livre d’origine, très ancien, est d’autant plus émou­vant. On dirait vrai­ment un tré­sor. Bonne lecture. »

La grande relève des hommes par la machine de Jacques Duboin, 1932

C’est de ce livre là que nous allons par­ler, et ne le cher­chez plus en occa­sion je l’ai ai tous ache­té pour spé­cu­ler… ceux qui veulent un exem­plaire m’adresse un chèque de 100 euros… non je plai­sante bien évi­dem­ment, j’en ai trou­vé un d’occasion et pas en très bon état… mais à l’ère du numé­rique, cer­tains vieux papiers ont une véri­table valeur non pas finan­cière mais intel­lec­tuelle ! Sur le site d’Amazon il en passe régu­liè­re­ment, donc avec un peu de temps vous devriez trou­ver votre bon­heur. Pour toutes celles et ceux qui n’auront pas le bon­heur de trou­ver une édi­tion ori­gi­nale, sur le site d’Étienne Chouard ce livre est dis­po­nible gra­tui­te­ment sous for­mat PDF et vous pour­rez le télé­char­ger. Je vous indique le lien comme d’habitude ci-dessous.

Avant de par­ler de ce livre, d’une actua­li­té bru­lante alors qu’il est de 1932, je vou­lais vous mon­trer un peu qui était l’homme Jacques Duboin.

En 1922 Jacques Duboin fait un petit topo à la Chambre des dépu­tés assez tru­cu­lent avec le recul his­to­rique au Ministre de la guerre déjà à l’époque aus­si cré­ti­ni­fié que nos sinistres actuels. Vous pour­rez le trou­ver et le lire ici Voi­ci l’une de ses toutes pre­mières phrases…

« Vous nous deman­dez donc, mon­sieur le ministre, un cré­dit d’hommes, mais vous ne nous dites pas quel effort vous avez accom­pli jusqu’ici pour éco­no­mi­ser ces hommes, ni celui que vous pro­je­tez pour éco­no­mi­ser éven­tuel­le­ment leur sang ».

Et oui déjà à l’époque nous vou­lions croire que l’on nous vou­lait que du bien et depuis rien n’a fon­da­men­ta­le­ment chan­gé. Le peuple reste une variable d’ajustement pour des élites qui perdent rapi­de­ment tout sens moral lorsqu’elles sont aux affaires.

Jacques Duboin n’ignorait pas non plus – et il le disait et l’écrivait sans cepen­dant insis­ter, car il par­lait en éco­no­miste – que les pri­vi­lé­giés actuels du régime emploie­raient toute leur puis­sance à com­battre son ensei­gne­ment. Ils le firent en orga­ni­sant sys­té­ma­ti­que­ment la « conspi­ra­tion du silence » autour de lui. Bien­tôt, et mal­gré les ventes très confor­tables de ses pre­miers livres, il ne trou­va plus un édi­teur pour les impri­mer et les diffuser.

Jacques Duboin, né à Saint-Julien-en-Genevois le 17 septembre 1878. Il sera banquier, industriel et homme politique.

En octobre 1935, Jacques Duboin crée le jour­nal de réflexion socio-éco­no­mique La Grande Relève. Il y pré­sente au fil des années sa vision d’une éco­no­mie de par­tage des richesses qu’il nomme « éco­no­mie dis­tri­bu­tive » et est consi­dé­ré comme l’un des tous pre­miers per­son­nages poli­tiques fran­çais à défendre l’idée d’un reve­nu de base.

Il décède en région pari­sienne en mars 1976.

Si vous vou­lez en savoir plus sur cet illustre incon­nu vous pou­vez consul­ter la bio­gra­phie com­plète ici

Voici donc les quelques passages cruellement d’actualité qu’Étienne Chouard avait d’ailleurs sélectionnés dans son article et qui je l’espère vous donneront envie de lire ce livre et de réfléchir à ce qui vient.

« Je ne vois pas pour­quoi la race humaine serait condam­née au tra­vail à per­pé­tui­té. Ou alors il ne fal­lait pas la doter d’un cer­veau grâce auquel elle oblige la matière à tra­vailler à sa place. Des tré­sors de patience et d’intelligence ont été dépen­sés par des géné­ra­tions et des géné­ra­tions, pour inven­ter et mettre au point des machines qui, de plus en plus, rem­placent le tra­vail des hommes. Nous assis­tons aujourd’hui à la grande relève des tra­vailleurs par la matière dis­ci­pli­née et ani­mée d’une force de pro­duc­tion. Ne peut-on conce­voir une évo­lu­tion du capi­ta­lisme qui tienne compte de cette relève, sans obli­ger l’armée qui des­cend des lignes à mou­rir de faim ? ».

Ou encore

« Un pays devrait être fier du nombre d’hommes dont le pro­grès per­met d’économiser l’effort. Le chô­meur, au lieu d’être la ran­çon de la science, devrait en être la récom­pense. Plus il y a de chô­meurs dans un pays, plus le niveau intel­lec­tuel, plus l’étiage éco­no­mique est éle­vé. Théo­ri­que­ment, n’est-ce pas vrai ? »

Il y a aus­si ce passage…

« Qu’y a‑t-il d’effrayant ? répli­qua tran­quille­ment Her­mo­dan ? Voi­ci deux pays de même popu­la­tion. L’un comme l’autre pro­duisent, chaque année, la même quan­ti­té de richesses, mais, dans le pre­mier, ce résul­tat est obte­nu grâce à l’effort inten­sif de tous les tra­vailleurs ; dans l’autre, grâce au tra­vail de la moi­tié seule­ment de la popu­la­tion. Laquelle de ces deux nations pos­sède le niveau intel­lec­tuel, social, éco­no­mique, — met­tez l’adjectif qui vous plai­ra, — le plus éle­vé ? La seconde évi­dem­ment. Cepen­dant, ce pays pri­vi­lé­gié est à plaindre, car la moi­tié de sa popu­la­tion, réduite à ne rien faire, est condam­née à mou­rir de faim et de froid. Voi­là le drame que nous vivons ».

Ou celui-là !

« Évi­dem­ment, je m’aperçois que ce que je vous dis vous sur­prend légè­re­ment. J’insisterai donc en affir­mant que, du moment que vous n’avez plus besoin de ces hommes, vous êtes dans l’obligation abso­lue de les faire vivre sans tra­vailler. Car du moment qu’ils sont venus au monde, ils ont droit à la vie. Ils y sont venus comme tous leurs frères, nus, sans poches rem­plies sur les côtés. Est-ce leur faute si toutes les richesses qui existent ont déjà un pro­prié­taire légi­time ? Et si l’abondance de ces richesses est telle que vous pré­fé­rez les détruire ? Ah ! pour légi­ti­mer cette appro­pria­tion de tout ce qui est néces­saire à la vie, la socié­té a éle­vé le tra­vail à la hau­teur d’une véri­table reli­gion. Ils ont accep­té cette loi, bien qu’elle dût leur paraître dure, et ils se sont mis cou­ra­geu­se­ment à l’œuvre. Mais voi­là que, grâce au pro­grès tech­nique, leur tra­vail ne vous est plus néces­saire ! C’est cepen­dant leur unique bien, qu’ils sont for­cés d’échanger contre le mor­ceau de pain indis­pen­sable à la vie. Concluez ?… Pré­fé­rez-vous les faire dis­pa­raître comme les che­vaux ? C’est la solu­tion des anthro­po­phages. Elle paraît tel­le­ment odieuse que, dans tous les pays, c’est l’État qui vient en aide à ces soi-disant déshé­ri­tés. Vous savez, d’ailleurs, qu’une atti­tude dif­fé­rente condui­rait droit à la révo­lu­tion, car ils sont de plus en plus nom­breux. Aujourd’hui 30 mil­lions, demain 35, 40, 50 mil­lions ! Il n’y a pas de rai­son pour que ça s’arrête, puisque l’idéal du pro­grès tech­nique est la sup­pres­sion totale de la main‑d’œuvre ».

Ce livre fût écrit en 1932. Cer­tains diront et bien « vous voyez, c’est la preuve qu’il ne faut pas avoir peur du pro­grès, le pro­grès tech­nique ne sup­prime pas les emplois il en créé » !

Oui c’était valable encore en 1932. C’était même valable en 1980 bien que net­te­ment moins et que le chô­mage com­men­çait à deve­nir « de masse »… Pour­tant la popu­la­tion active conti­nuait à s’accroitre et le mar­ché du tra­vail à absor­ber presque tout le monde moins quelques cen­taines de mil­liers de chômeurs.

Ce fût net­te­ment moins vrai dans les années 90… mais la véri­table inflexion c’est la crise de 2007. Cette crise de 2007, va ser­vir de déclen­cheur aux entre­prises pour encais­ser cer­tains gains de pro­duc­ti­vi­té. On l’oublie déjà pour­tant le haut débit n’arrive qu’en 2005… en 2007 il est déployé, les tuyaux sont là. La véri­table révo­lu­tion inter­net peut com­men­cer. Les pro­grès de la robo­tique et de la puis­sance infor­ma­tique, et de façon géné­rale de l’ensemble des tech­no­lo­gies rendent l’utilisation de masse de tra­vailleurs tota­le­ment obso­lète. Dépassée.

C’est en soi une excel­lente nou­velle car le génie humain depuis l’invention de la roue a tou­jours eu pour objec­tif de nous faci­li­ter la tâche… au bout du compte, à force de se faci­li­ter la tâche, il est logique de « sup­pri­mer » la tâche. Nous y sommes. Le pro­blème n’est donc pas l’absence de tra­vail qui est la consé­quence logique de l’évolution humaine.

Le pro­blème est l’organisation de notre sys­tème éco­no­mique. Le pro­blème est la répar­ti­tion de la créa­tion des richesses sans pas­ser par la case salaire. Le pro­blème c’est de main­te­nir des inci­ta­tions posi­tives pour ne pas tom­ber dans les défauts d’une socié­té sans sti­mu­la­tion comme ce fût le cas de l’expérience sovié­tique… désas­treuse. Le pro­blème c’est de dépas­ser nos concep­tions tota­le­ment erro­nées de l’économie. En 1932 cer­tains en avaient déjà par­fai­te­ment conscience.

Cette fois, nous y sommes. La ques­tion c’est com­ment abor­der col­lec­ti­ve­ment et indi­vi­duel­le­ment ces sujets.

Pré­pa­rez-vous car il est déjà trop tard !

Charles SANNAT

Inso­len­tiae signi­fie imper­ti­nence en latin

Pour m’écrire charles@insolentiae.com
Pour télé­char­ger gra­tui­te­ment le livre c’est ici sur le site d’Etienne Chouard !

Site de l’association pour l’économie distributive

 

Source : http://​inso​len​tiae​.com/​2​0​1​5​/​1​0​/​1​4​/​l​e​-​c​h​o​m​e​u​r​-​a​u​-​l​i​e​u​-​d​e​t​r​e​-​l​a​-​r​a​n​c​o​n​-​d​e​-​l​a​-​s​c​i​e​n​c​e​-​d​e​v​r​a​i​t​-​e​n​-​e​t​r​e​-​l​a​-​r​e​c​o​m​p​e​n​s​e​-​l​e​d​i​t​o​-​d​e​-​c​h​a​r​l​e​s​-​s​a​n​n​at/

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Étienne

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46 Commentaires

  1. etienne

    Le livre inté­gral de Jacques Duboin :
    « LA GRANDE RELÈVE des hommes par la Machine » 

    https://​old​.chouard​.org/​E​u​r​o​p​e​/​J​a​c​q​u​e​s​_​D​u​b​o​i​n​_​L​a​_​g​r​a​n​d​e​_​r​e​l​e​v​e​_​1​9​3​2​.​pdf

    avec l’au­to­ri­sa­tion de Marie-Louise DUBOIN, sa fille, qui est elle aus­si une femme épatante 🙂

    Plan du livre :

    • Où l’auteur dévoile sa source d’information

    • Pour­quoi un désordre universel ?

    • Les pro­grès sur­pre­nants de la technique

    • Plus la pro­duc­tion aug­mente… et plus la consom­ma­tion diminue

    • De quelques conséquences

    • Le chô­mage technologique

    • La tenace illu­sion des besoins illi­mi­tés est des débou­chés nouveaux

    • Pro­prié­té indi­vi­duelle et profit

    • L’abondance tue le pro­fit et pro­voque la thésaurisation

    • Si l’abondance ne réus­sis­sait pas à tuer le pro­fit, la fis­ca­li­té s’en chargerait

    • Alors on détruit l’abondance pour res­sus­ci­ter le profit

    • Où l’on cherche à éta­blir que le pro­grès pour­suit inlas­sa­ble­ment sa carrière

    • Où l’on consulte sans suc­cès les doc­trines économiques

    • Et l’on échange quelques solutions

    • Où l’on cherche à démon­trer que l’économie diri­gée est un bateau qui nous conduit tout droit dans les eaux communistes

    • La semaine de 40 heures

    • La solu­tion du jeune ingénieur

    • Où l’on explique com­ment la poli­tique du « vase clos » n’est qu’un retour au Moyen Âge

    • Et l’on presse Her­mo­dan de dépas­ser le pré­sent pour décou­vrir l’avenir

    • La grande relève

    • L’État est l’héritier de ceux qui n’en ont plus

    • Il faut que les jeunes retrouvent la foi en l’avenir

    La fille de ce grand homme, Marie-Louise Duboin, anime un site passionnant :
    « La grande relève »,
    http://​per​so​.orange​.fr/​g​r​a​n​d​e​.​r​e​l​e​v​e​/​i​n​d​e​x​.​h​tml
    et vient d’écrire un livre qui promet :
    « Mais où va l’argent ? »
    http://​eco​no​mie​dis​tri​bu​tive​.free​.fr/​s​p​i​p​.​p​h​p​?​a​r​t​i​c​l​e​1​140

    « Dans ce livre, Marie-Louise DUBOIN démys­ti­fie les règles finan­cières qui, en pri­vant les res­pon­sables poli­tiques de tout pou­voir moné­taire, leur ôte, en fait, tout moyen d’agir pour le bien public. Et elle évoque des pro­po­si­tions, qui, en sor­tant des sen­tiers bat­tus, per­met­traient une véri­table démo­cra­tie, même dans l’économie. »

    Réponse
  2. etienne

    Le réveil sonne : pre­mière humi­lia­tion de la journée.
    Ano­nyme américain.

    Réponse
  3. etienne

    Les patrons n’en reviennent pas ! Les esclaves sont ENCORE reve­nus travailler !
    Affiche suisse allemande.

    Réponse
  4. etienne

    Dans la glo­ri­fi­ca­tion du « tra­vail », dans les infa­ti­gables dis­cours sur la « béné­dic­tion du tra­vail », je vois la même arrière-pen­sée que dans les louanges des actes imper­son­nels et conformes à l’intérêt géné­ral : la crainte de tout ce qui est indi­vi­duel. On se rend main­te­nant très bien compte, à l’aspect du tra­vail — c’est-à-dire de ce dur labeur du matin au soir — que c’est là la meilleure police, qu’elle tient cha­cun en bride et qu’elle s’entend vigou­reu­se­ment à entra­ver le déve­lop­pe­ment de la rai­son, des dési­rs, du goût de l’indépendance. Car le tra­vail use la force ner­veuse dans des pro­por­tions extra­or­di­naires, et la sous­trait à la réflexion, à la médi­ta­tion, aux rêves, aux sou­cis, à l’amour et à la haine, il place tou­jours devant les yeux un but minime et accorde des satis­fac­tions faciles et régu­lières. Ain­si, une socié­té où l’on tra­vaille sans cesse dure­ment, joui­ra d’une plus grande sécu­ri­té : et c’est la sécu­ri­té que l’on adore main­te­nant comme divi­ni­té suprême.
    F. Nietzsche, Aurore

    Réponse
  5. etienne

    Les pauvres croient […] que le tra­vail enno­blit, libère. La noblesse d’un mineur au fond de son puits, d’un mitron dans la bou­lan­ge­rie ou d’un ter­ras­sier dans une tran­chée, les frappe d’admiration, les séduit. On leur a tant répé­té que l’outil est sacré qu’on a fini par les en convaincre. Le plus beau geste de l’homme est celui qui sou­lève un far­deau, agite un ins­tru­ment, pensent-ils. « Moi, je tra­vaille », déclarent-ils, avec une fier­té dou­lou­reuse et lamen­table. La qua­li­té de bête de somme semble, à leurs yeux, rap­pro­cher de l’idéal humain. Il ne fau­drait pas aller leur dire que le tra­vail n’ennoblit pas et ne libère point ; que l’être qui s’étiquette Tra­vailleur res­treint, par ce fait même, ses facul­tés et ses aspi­ra­tions d’homme ; que, pour punir les voleurs et autres mal­fai­teurs et les for­cer à ren­trer en eux-mêmes, on les condamne au tra­vail, on fait d’eux des ouvriers. Ils refu­se­raient de vous croire. Il y a, sur­tout, une convic­tion qui leur est chère, c’est que le tra­vail, tel qu’il existe, est abso­lu­ment néces­saire. On n’imagine pas une pareille sot­tise. La plus grande par­tie du labeur actuel est com­plè­te­ment inutile. Par suite de l’absence totale de soli­da­ri­té dans les rela­tions humaines, par suite de l’application géné­rale de la doc­trine imbé­cile qui pré­tend que la concur­rence est féconde, les nou­veaux moyens d’action que des décou­vertes quo­ti­diennes placent au ser­vice de l’humanité sont dédai­gnés, oubliés. La concur­rence est sté­rile, res­treint l’esprit d’initiative au lieu de le développer.
    Georges DARIEN : La Belle France

    Réponse
  6. etienne

    Nous sommes en 1848, à la suite d’une longue lutte, la jour­née de tra­vail vient de pas­ser de 16 heures à 14 heures dans cer­taines entre­prises lyon­naises. Pour le patro­nat c’est la catas­trophe, ain­si qu’ils le disent dans une lettre adres­sée au préfet :

    « Nous atti­rons votre atten­tion sur les graves consé­quences qu’auraient à subir nos indus­tries si la loi venait à être appli­quée. Vous le savez la main d’œuvre, ici, est exi­geante et hors de prix. Avec seize heures nous tenions à peine. Qua­torze heures pré­ci­pi­te­raient les faillites (déjà le coût du tra­vail insup­por­table). Nous atti­rons d’autre part, votre atten­tion sur le fait que libé­rée plus tôt de sont labeur la main d’oeuvre n’y gagne­rait pas en som­meil et en repos. Elle s’empresserait de rejoindre le café ou le débit de bois­son et il y aurait fort à craindre pour les jeunes filles qui libres et désoeu­vrées trop tôt le soir, ris­que­raient de se livrer à des actes que la morale réprouve. » 

    Réponse
    • Boulanger François

      Bon­jour,

      Quelle est la source de cette lettre ?

      Bien cor­dia­le­ment,
      François

      Réponse
  7. etienne

    Le propre du tra­vail, c’est d’être forcé.
    Émile Char­tier, dit Alain.

    Réponse
  8. etienne

    En 1938, quand DALADIER, par décrets- loi, sup­prime les qua­rante heures obte­nues en 1936, l’argument rete­nu vaut la citation :

    « Cette loi de paresse et de tra­hi­son natio­nale est la cause de tout les maux de notre éco­no­mie. Elle a pré­ci­pi­té la chute de la France. On ne peut avoir à la fois une classe ouvrière avec une semaine de deux dimanches et un patron qui s’étrangle à faire vivre le pays. »

    Réponse
  9. binnemaya

    Bon­jour Étienne,
    Je vois qu’on lit les mêmes articles ; je viens jus­te­ment de pos­ter un com­men­taire sur le fil pré­cé­dent à ce sujet.

    Sinon que penses-tu de ce texte ? 

    Toute les révo­lu­tions ont leur genèse dans l’ar­ro­gance et l’a­vi­di­té sans fin des puis­sants du moment qui a un ins­tant T de l’his­toire humaine devient insou­te­nable par le peuple qui sou­dai­ne­ment ouvre les yeux sur la réa­li­té de son sort.

    En 1789, la révo­lu­tion bour­geoise des com­mer­çants qui, ne sup­por­tant plus l’ar­ro­gance des nobles alors qu’eux avaient l’argent, déci­da de prendre le pou­voir et pour ce faire ins­tru­men­ta­li­sa à son propre pro­fit la belle idée de « démo­cra­tie » en ins­tal­lant une répu­blique qui n’a­vait de répu­bli­cain que le nom car pour prendre le pou­voir il faut le sou­tien popu­laire sans lequel il ne tien­drait pas dans la durée. Et quoi de mieux que la fable de la démo­cra­tie pour enfu­mer le peuple.

    En 1871, un nou­veau risque poin­tait c’é­tait le com­mu­nisme théo­ri­sé par Marx etc et pre­nant corps dans la Com­mune de Paris il fal­lut inven­ter une nou­velle fable pour ne pas perdre le pou­voir ce fut la « sociale démo­cra­tie » qui per­mit a nou­veau de reprendre la main sur le dis­cours poli­tique en cédant quelques miettes qu’on nom­me­ra plus tard « acquis sociaux » et que depuis ils (les pos­sé­dants) n’ont de cesse de vou­loir reprendre au peuple. 

    En 1945, les com­mu­nistes ayant for­cé le res­pect en orga­ni­sant la résis­tance et se sacri­fiant pour la liber­té du peuple face à la bar­ba­rie nazie, orga­ni­sée et ren­due pos­sible par le capi­tal tou­jours à la recherche du Saint Graal du ren­de­ment sans fin et sans limite, ont créé une brèche pré-révo­lu­tion­naire en créant la Sécu­ri­té Sociale qui devait à l’é­poque per­mettre de sor­tir du capi­ta­lisme res­pon­sable de deux guerres mon­diales ; mais ce fut de courte durée car à peine remis du chaos engen­dré par la guerre, le Capi­tal reprit le com­bat idéo­lo­gique en inven­tant une nou­velle fable « la liber­té » enfin sur­tout la sienne.

    Mal­heu­reu­se­ment le pou­voir ren­dant fou et la chute du concur­rent au fas­cisme nazi faus­se­ment nom­mé « com­mu­nisme » l’ai­dant, libé­ra sur­tout la folie du capi­tal qui porte en elle celle des Hommes.

    Mais la par­tie n’est pas ter­mi­née et l’es­poir renaît de ses cendres à tra­vers Ber­nard Friot et son « salaire à vie » (à ne pas confondre avec reve­nu de base) qui, si nous savons mener la bataille idéo­lo­gique actuelle, nous per­met­tra de sor­tir de l’a­lié­na­tion du capi­tal ; sinon nous retom­be­rons dans une période où l’es­cla­va­gisme nous sera pré­sen­té comme l’est le capi­ta­lisme aujourd’­hui : non négo­ciable car sacralisé.

    Réponse
    • Ronald

      L’i­dée conduc­trice est per­ti­nente, que l’i­déo­lo­gie capi­ta­liste à trans­for­mé le tra­vail en ver­tu alors qu’il était par exemple consi­dé­ré comme dégra­dant dans l’An­ti­qui­té. Et qu’il serait pos­sible grâce aux « esclaves » machines de rem­pla­cer l’es­cla­vage sans perdre la qua­li­té de vie.

      Je regrette juste que Lafargue uti­lise comme beau­coup à l’ap­pui de sa thèse des mau­vais argu­ments tenant soit de la mau­vaise foi soit de l’I­mage d’E­pi­nal : que la san­té est meilleure dans les socié­tés pri­mi­tives que les socié­tés modernes, que les femmes des ères pré­in­dus­trielles « enfant[aient] sans dou­leurs des petits sains et vigou­reux », que l’Évangile fait l’é­loge de la paresse (quid de la para­bole des Talents ?), que les classes supé­rieures sont oisives (moi, tous les diri­geants que je connais tra­vaillent plus de 50h/semaine), que les membres des pro­fes­sions telles que « tailleurs de dia­mants, den­tel­lières, bro­deuses, relieurs de luxe, cou­tu­rières de luxe, déco­ra­teurs des mai­sons de plai­sance » sont des « mal­heu­reux », etc … Mais bon, je conçois bien que c’est un pas­sage obli­gé quand on fait de la lit­té­ra­ture pamphlétaire.

      Sinon, sur la même thé­ma­tique, mais avec un style dif­fé­rent, il y a aus­si le texte
      « Éloge de l’oi­si­ve­té » de Russell 
      (je ne sais pas s’il a déjà été pré­sen­té sur le blog) :
      http://​www​.esprit68​.org/​i​n​f​o​k​i​o​s​q​u​e​/​e​l​o​g​e​d​e​l​o​i​s​i​v​e​t​e​.​pdf

      Réponse
      • Mic El

        Sur les den­tel­lières et autres bro­deuses, « Mort à cré­dit » de Céline don­ne­rait plu­tôt rai­son à Lafargue. C’est pro­ba­ble­ment une ques­tion d’époque.

        Réponse
  10. etienne

    Les « capi­ta­listes » (en fait, ce sont des escla­va­gistes, mais « capi­ta­listes » ça fait moins ‘cra­pules abjectes’) savent très bien construire des pri­sons pour enfer­mer les désœuvrés : 

    À qui pro­fite la taule ? #DATAGUEULE 47
    httpv://www.youtube.com/watch?v=xA99It3-0kE

    Réponse
  11. Borel Nicolas

    Bon­jour, très inté­res­sant cet article. Je suis étu­diant en mas­ter 1 de socio­lo­gie et vais sur­ement tra­vailler sur les tech­nos­ciences en pre­nant pour objet le trans­hu­ma­nisme (pas sur encore). Un auteur qui me semble incon­tour­nable pour abor­der la tech­nique est Jacques Ellul. Le liens sui­vant est une bonne intro­duc­tion pour abor­der cet auteur : https://youtu.be/01H5-s0bS‑I

    Réponse
    • Jacques

      https://​you​tu​.be/​1​3​n​Q​0​s​q​p​HxU (31 min en tout)
      14 :10 très bonne ques­tion (sans réponse défi­ni­tive) de l’intervieweur : « est-ce que vous pen­sez que Google est une secte ? »

      ;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;

      http://www.franceculture.fr/emission-science-publique-l-economie-est-elle-regie-par-les-mathematiques-2015–10-02 (55:55 en tout)

      Minute 25, Yvar Eke­land : « Eh bien, la méthode, il ne nous l’a pas don­née ; je veux dire : quand on fait de la science, il fau­drait que je vois le modèle, il fau­drait que je vois ce qu’il y a là-dedans, etc… c’est un peu comme le logi­ciel, on vous vend un logi­ciel, le logi­ciel libre, parce qu’on peut regar­der ce qu’il y a dedans ; et quand un ven­deur vous vend un logi­ciel pri­vé, c’est une boîte noire, donc on a une boîte noire, et on nous dit qu’il y a quelque chose dedans mais on a aucun moyen de vérifier. » 

      [Ima­gi­nez le futur avec le « secret des affaires » ; déjà qu’il est impos­sible pour un ingé­nieur de connaître le pro­ces­sus total de fabri­ca­tion d’une mar­chan­dise tech­no­lo­gique (spé­cia­li­sa­tion oblige) !]

      ;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;

      Un com­men­taire très intéressant :
      https://​www​.paul​jo​rion​.com/​b​l​o​g​/​2​0​1​5​/​0​9​/​2​8​/​l​e​-​1​-​s​e​-​d​e​b​a​r​r​a​s​s​e​r​a​-​b​i​e​n​t​o​t​-​d​e​s​-​9​9​-​e​n​c​o​m​b​r​a​n​t​s​-​p​a​r​-​a​n​c​e​s​t​r​a​l​/​#​c​o​m​m​e​n​t​-​5​8​2​410

      ;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;

      https://www.ted.com/talks/vs_ramachandran_the_neurons_that_shaped_civilization?language=fr#t‑390257 (7 :36 en tout)

      6 :40 « membre fan­tôme » [ques­tion sous-jacente : peut-on avoir un bras bio­nique recon­nu par le corps, comme si c’était celui qu’on a per­du ? Réagi­rait-il comme tel ? Y‑a-t’ il au moins une expé­rience concluante ?]

      ;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;

      Pour le fun : Notes dans « Hip­po­crate, l’art de la méde­cine. » GF Flammarion :

      Note 101 p. 261 :
      Si le trai­té date bien du Ve siècle, c’est là la plus ancienne attes­ta­tion de « phi­lo­so­phiê » au sens pré­cis de phi­lo­so­phie, et non au sens large d’ « amour de la sagesse ». Com­pa­rer, pour les méde­cins à ten­dance phi­lo­so­phique, Aris­tote, « De sen­su », […] : « Par­mi les méde­cins, ceux qui s’attachent à leur art de manière suf­fi­sam­ment phi­lo­so­phique com­mencent leurs études médi­cales par l’étude de la nature. »

      Note 22 p.266 :
      La méde­cine est défi­nie ici comme un savoir cau­sal, repo­sant sur la connais­sance du « pour­quoi » (dia ti). C’est parce qu’il connait les causes des mala­dies que le méde­cin pour­ra éta­blir son trai­te­ment, en appli­quant la théo­rie des contraires […] et qu’il sera en mesure d’anticiper et de for­mu­ler un pro­nos­tic (voir à ce sujet le « Pro­nos­tic », où seul le bon méde­cin, qui arrive à déter­mi­ner les causes et l’évolution des mala­dies, peut pro­non­cer un pro­nos­tic). Cette concep­tion de l’art domi­née par la notion de cau­sa­li­té sera reprise par Aris­tote : « Les hommes d’expérience savent bien qu’une chose est, mais ils ignorent le pour­quoi, tan­dis que l’homme d’art connait le pour­quoi et la cause ». (Méta­phy­sique, I, 1, […]).

      Note 23 p.266 :
      Si les malades meurent, c’est de leur faute ! Com­pa­rer avec Démo­crite ([…]) : « Les hommes demandent aux dieux la san­té dans leurs prières, mais ils ne savent pas qu’ils pos­sèdent en eux-mêmes le pou­voir de l’obtenir. Mais ils font tout le contraire par manque de tem­pé­rance et sont des traitres à leur propre santé. »

      ;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;

      Suite du fun (pour com­plé­ter cette der­nière cita­tion de Démocrite) : 

      « Com­ment recon­naitre un « faustien » »
      https://​you​tu​.be/​C​j​H​l​R​2​j​L​kjA (5 :16)

      « Les signes thé­ra­peu­tiques du Faustien »
      https://​you​tu​.be/​z​m​f​H​F​3​U​D​54k (2 :32)

      ;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;

      Fin du fun :
      Autant j’ai du res­pect pour Cyn­thia Fleu­ry lorsqu’elle se bat pour la démo­cra­tie, autant son « indi­vi­dua­tion » me semble très « Pro­mé­théenne » (voir du pur lob­bying pour la Sili­con Val­ley … Atten­tion, la vidéo m’a don­né la gerbe !) : 

      https://​you​tu​.be/​s​S​J​g​s​x​q​-​X6w (12 :54)

      A com­pa­rer avec http://​www​.per​see​.fr/​d​o​c​/​e​p​h​e​_​0​0​0​0​-​0​0​0​2​_​2​0​0​0​_​n​u​m​_​1​1​3​_​1​0​9​_​1​1​832 (p.412 = 8e page sur le PDF): 

      « Nous lui [Felix Mei­ner, cf. ligne pré­cé­dente] avons emprun­té l’idée selon laquelle une des manières pos­sible d’aborder cette ques­tion de l’ésotérisme maçon­nique de l’époque des Lumières pour­rait consis­ter à prendre en compte l’existence de deux points de ren­contre entre celui-ci et l’esprit dit « rai­son­nable » de l’Aufklärung. A savoir, les deux binômes, com­plé­men­taires l’un de l’autre : d’une part un inté­rêt pour le « sen­sible » et la rai­son, d’autre part, l’image de la lumière et des ténèbres. Dans les loges, la mon­tée vers la Lumière – imma­nente ou trans­cen­dante, c’est selon – est mise en scène par un rituel qui engage les sens et dont les degrés plu­riels impliquent l’existence d’une « rai­son » à plu­sieurs niveaux. Le modèle de la géo­mé­trie se trouve ain­si comme sur­plom­bé par une expé­rience vécue, dans laquelle Esprit des Lumières (Aufklä­rung, Illu­mi­nis­mo ita­lien, etc.) et l’ésotérisme (Illu­mi­nisme éso­té­rique) se rejoignent. L’un et l’autre ne ferait alors que repré­sen­ter deux moda­li­tés de ce même besoin de créer un Erleb­nis­raum (un Lebens­raum, un « espace de vécu ») pro­pice à une auto-réa­li­sa­tion et dont la loge serait comme le sym­bole ou le para­digme. La pos­si­bi­li­té de cet espace et de cette auto-réa­li­sa­tion est favo­ri­sée tant par le pro­ces­sus de sécu­la­ri­sa­tion à l’œuvre dans la socié­té, que par le besoin d’individuation si for­te­ment res­sen­ti alors. »

      Réponse
  12. Ronald

    La « clause d’o­bli­ga­tion d’oc­cu­pa­tion », ça me sem­blait un peu too much, mais c’est bien réel. La source ori­gi­nale est ici (en anglais) :
    http://​www​.inthe​pu​bli​cin​te​rest​.org/​w​p​-​c​o​n​t​e​n​t​/​u​p​l​o​a​d​s​/​C​r​i​m​i​n​a​l​-​L​o​c​k​u​p​-​Q​u​o​t​a​-​R​e​p​o​r​t​.​pdf
    Mais il faut bien com­prendre ce que cela signi­fie. En écou­tant la vidéo, on a l’im­pres­sion que l’on va aller cher­cher des clo­chards dans les rues pour rem­plir des pri­sons pri­vées pour ne pas avoir de péna­li­tés. En fait, d’a­près ce que je com­prends, s’il y a une « clause d’oc­cu­pa­tion » de la pri­son de 100 % par exemple, l’E­tat paye à la firme un mon­tant annuel for­fai­taire cor­res­pon­dant à l’en­tre­tien de 100 % des lits, qu’il en occupe 100 ou sim­ple­ment 80. L’E­tat a donc inté­rêt à uti­li­ser au mieux les places aux­quelles y a droit. Il le fait en fer­mant des pri­sons publiques au pro­fit de pri­sons pri­vées, ou en y met­tant des déte­nus qui ne devraient pas y être (par exemple trop dan­ge­reux pour le niveau de sécu­ri­té pré­vu), ou en sur­peu­plant ces pri­sons. Bien sûr tout cela à des effets nui­sibles, mais on ne va pas par exemple condam­ner des inno­cents pour rem­plir ces places.

    Réponse
    • Ronald

      (ce post est un com­men­taire à la video « à qui pro­fite la taule »)

      Réponse
    • joss

      Si on pri­va­tise les pri­sons, c’est parce qu’il est pos­sible de faire du profit.
      Pour faire du pro­fit, les pri­sons seront auto­ma­ti­sées, plus de vie à l’in­té­rieur (à part les pri­son­niers), les tra­vaux for­cés seront léga­li­sés, les pro­prié­taires de pri­sons seront pro­prié­taires d’une main d’oeuvre bon mar­ché digne de l’es­cla­vage, ils auront tout inté­rêt de bien les rem­plir (les pri­sons), plus elles seront rem­plies, plus ils auront de la main d’oeuvre bon mar­ché ! Et donc les inno­cents y trou­ve­ront cer­tai­ne­ment leur place !

      Réponse
    • joss

      Il manque encore une autre étape : la pri­va­ti­sa­tion de la justice.

      Réponse
      • Mic El

        Non ça ne manque pas ! cela s’appelle tri­bu­naux arbi­traux et c’est déjà en ser­vice. Et ils prennent tout leur sens dans le TTIP , qui est ‘natu­rel­le­ment’ secret.

        Réponse
    • Mic El

      Morale pri­vée, jus­tice pri­vée, pri­sons pri­vées, …et nous on est juste là pour garnir!?

      Réponse
  13. joss
  14. etienne

    Poi­gnant docu­men­taire sur
    « le cau­che­mar euro­péen de l’Ukraine » :

    http://​lesa​ker​fran​co​phone​.net/​l​e​-​c​a​u​c​h​e​m​a​r​-​e​u​r​o​p​e​e​n​-​d​e​-​l​u​k​r​a​i​ne/

    httpv://youtu.be/dxpaPbpra3I

    Il faut abso­lu­ment que les humains fassent (vite) mon­ter leur niveau de conscience (et d’exi­gence) sur leur RÔLE PERSONNEL

    1) dans le contrôle des acteurs politiques
    et
    2) sur les tech­niques de créa­tion monétaire : 

    Tout ce qui manque à tous ces pauvres gens,
    • c’est de la mon­naie (des signes moné­taires en quan­ti­té suf­fi­sante): il faut qu’on apprenne à créer et répar­tir NOUS-MÊMES la mon­naie dont nous avons besoin
    • et des repré­sen­tants (des acteurs poli­tiques qui fassent la paix plu­tôt que la guerre): il faut qu’on apprenne à écrire (et faire res­pec­ter) NOUS-MÊMES une consti­tu­tion digne de ce nom.

    Réponse
    • etienne

      [Enne­mis du peuple]
      httpv://youtu.be/ESazVMdSBvo

      Réponse
    • etienne

      [Pour rela­ti­vi­ser un peu
      (et pour détes­ter la guerre plus que jamais)]
      httpv://youtu.be/17jymDn0W6U

      Réponse
      • joss

        Com­ment s’é­va­der en 6min30 😉
        « Nous sommes tous des pous­sières d’é­toiles » Hubert Reeves
        Aus­si bien les esclaves, les tyrans, le monde ani­mal, végé­tal, tout ce qui fait l’univers.

        Com­ment appor­ter la démo­cra­tie aux peuples extra­ter­restres ? On ne sait déjà pas le faire chez nous la terre.

        Réponse
  15. Norton

    «« Le chô­meur, au lieu d’être la ran­çon de la science, devrait en être la récom­pense »… oui le chô­meur devrait-être la récom­pense du pro­grès humain. Il devrait être célé­bré comme le suc­cès entier de la réus­site de l’humanité vers un monde affran­chi du tra­vail et dont la vie de l’homme n’aurait plus à se résu­mer à une longue lutte pour assu­rer sa sur­vie quotidienne. »

    Tous ban­quiers alors, comme Jacques Duboin ou Charles Sannat ?!!!

    « Le chô­meur, l’homme sans néces­si­té de tra­vailler est l’aboutissement logique de notre pro­ces­sus d’évolution. »

    Tous chô­meurs ?!!… Mêmes les élites qui devront se mettre à culti­ver des patates et à sai­gner leurs cochons ( Beurk!…) pour ne pas cre­ver de faim ?!!!…
    Que ne le font-t’elles pas déjà, pour mon­trer l’exemple ?…

    C’est une impos­ture d’in­tel­los pari­siens qui n’ont besoin de rien, pour l’ins­tant, parce que d’autres le font à leur place…
    Beurk !…

    Réponse
  16. Mic El

    le début de la cita­tion de Duboin…
    « Je ne vois pas pour­quoi la race humaine serait condam­née au tra­vail à per­pé­tui­té. Ou alors il ne fal­lait pas la doter d’un cer­veau grâce auquel elle oblige la matière à tra­vailler à sa place. »
    Tout est dit dans cette simple phrase qui résume le drame his­to­rique de l’hu­ma­ni­té. Je vous embête moi aus­si avec mes leit­mo­tiv, qui n’en ont pas moins la grâce d’être de circonstances…
    Leit­mo­tiv aus­si bref que cette phrase : L’hu­ma­ni­té a été crée pour accom­plir un tra­vail d’esclaves, dont il se trouve que quelques bons génies on déci­dés de nous affran­chir en nous dotant d’un cerveau.
    Affran­chir… quel franc parler !
    Dont acte.

    Réponse
  17. Mic El

    « vous voyez, c’est la preuve qu’il ne faut pas avoir peur du pro­grès, le pro­grès tech­nique ne sup­prime pas les emplois il en créé » !

    « On l’oublie déjà pour­tant le haut débit n’arrive qu’en 2005… en 2007 il est déployé, les tuyaux sont là. La véri­table révo­lu­tion inter­net peut commencer. »

    -Je vois là deux pistes d’analyses :

    En réa­li­té, c’est à dire à la louche, l’es­sen­tiel des emplois crées par le pro­grès tech­nique sont des emplois d’intermédiaires, dont une majo­ri­té sont des­ti­nés à être rem­pla­cés à terme par des robots. Pour inter­mé­diaire il faut com­prendre bour­geoi­sie, et sur­tout par emplois d’intermédiaires il faut entende petite et moyenne bour­geoi­sie, pro­mise à la casse… avec son engre­nage infer­nal, fas­cisme, …et se ter­mi­nant par le sacri­fice rituel du man­da­taire. Peut être que cette fois-ci on a une variante avec man­da­taires mul­tiples, à l’arme blanche, bour­rés de captagon.
    https://​fra​mas​phere​.org/​p​o​s​t​s​/​8​8​5​549

    L’autre fait réfé­rence à une ana­lo­gie avec le grand jeu. Dans cette ana­lo­gie le heart­land, le pays du cœur, est l’in­ter­naute, c’est à dire la fra­ter­ni­té humaine. Les tuyaux sont évi­dem­ment le réseau inter­net, et la matière pre­mière est son ingé­nio­si­té qu’il doit mettre en ligne pour s’af­fran­chir de l’es­cla­vage. Mais un empire mari­time fait tout pour l’en empê­cher et conser­ver la maî­trise des tuyaux de ce qui coule dedans et dans quel sens ça coule.…
    http://​chro​ni​ques​du​grand​jeu​.over​-blog​.com/​t​a​g​/​c​o​n​t​e​x​te/

    Réponse
  18. etienne

    Encore un rap­pel utile, de la part de Fakir :

    Un maçon à l’Assemblée 

    La loi sur les acci­dents du tra­vail, contre le mar­chan­dage d’hommes, contre le tra­vail de nuit, pour les retraites, pour la réduc­tion du temps de tra­vail… Son nom revient dans nos recherches sur les conquêtes sociales, au XIXème siècle : Mar­tin Nadaud.

    Pour­quoi ce dépu­té, plus répu­bli­cain que socia­liste, s’est-il atta­ché avec pareille constance à défendre la condi­tion ouvrière ? A cause d’une ano­ma­lie : sous la Deuxième Répu­blique, puis sous la Troi­sième, un maçon s’est retrou­vé à l’Assemblée… […]

    http://​www​.fakir​presse​.info/​U​n​-​m​a​c​o​n​-​a​-​l​-​A​s​s​e​m​b​l​e​e​-​8​9​9​.​h​tml

    Mon com­men­taire :
    Aujourd’­hui, nous n’a­vons pas de consti­tu­tion et donc pas de représentants.
    Ce qui explique nombre de dysfonctionnements.
    Mais il ne tient qu’à nous de chan­ger tout ça.
    Il faut sim­ple­ment ces­ser de démis­sion­ner du pro­ces­sus consti­tuant ; et prendre en charge nous-mêmes (quo­ti­dien­ne­ment) un entrai­ne­ment popu­laire constituant.
    Étienne.

    Réponse
  19. Florence

    Bon­jour,
    Extrait sur extrait, pour conti­nuer à réflé­chir sur le tra­vail (que j’ap­pelle volon­tiers CRAVAIL, avec un arrière-goût de cra­vache et de médaille – ne sommes-nous pas les ves­tiges de la méritocratie ?) :

    « Le drame véri­table est que tout le monde est tou­jours obli­gé de tra­vailler pour vivre, même lorsque le tra­vail n’est plus néces­saire dans la production. » 

    C’est ici, dans le para­graphe sui­vant, lui-même copié dans une longue inter­view d’An­selm Jappe, pen­seur de la Cri­ti­quede la valeur :

    « Il est très fré­quent qu’on attri­bue la crise aux mar­chés finan­ciers accu­sés d’é­touf­fer « l’é­co­no­mie réelle ». La véri­té est tout le contraire : le cré­dit seul per­met une simu­la­tion conti­nuelle de la pro­duc­tion-valeur – qui signi­fie pro­fits – une fois que l’ac­cu­mu­la­tion réelle en est arri­vée à un arrêt presque com­plet. Même l’ex­ploi­ta­tion mas­sive de tra­vailleurs en Asie ne contri­bue que très peu à la masse glo­bale des pro­fits. Rem­pla­cer la cri­tique du capi­ta­lisme par la cri­tique des mar­chés finan­ciers est du popu­lisme pur et signi­fie sim­ple­ment qu’on évite les vraies ques­tions. Le drame véri­table est que tout le monde est tou­jours obli­gé de tra­vailler pour vivre, même lorsque le tra­vail n’est plus néces­saire dans la pro­duc­tion. Le pro­blème ne pro­vient pas de la cupi­di­té d’in­di­vi­dus par­ti­cu­liers – même si cette cupi­di­té est évi­dente – et il ne peut pas être réso­lu à par­tir d’une base morale. Les ban­quiers et les per­son­nages du même aca­bit – qui, on ne peut le nier, sont très sou­vent des per­son­nages clai­re­ment désa­gréables – ne font qu’exé­cu­ter les lois aveugles d’un sys­tème féti­chiste qui doit être cri­ti­qué dans son ensemble. »

    Pour le texte entier :
    http://​www​.palim​-psao​.fr/​2​0​1​5​/​1​1​/​o​n​-​d​o​i​t​-​s​e​-​b​a​r​r​e​r​-​d​-​i​c​i​-​e​n​t​r​e​t​i​e​n​-​d​-​a​n​s​e​l​m​-​j​a​p​p​e​-​a​v​e​c​-​a​l​a​s​t​a​i​r​-​h​e​m​m​e​n​s​.​h​t​m​l​?​u​t​m​_​s​o​u​r​c​e​=​_​o​b​_​e​m​a​i​l​&​u​t​m​_​m​e​d​i​u​m​=​_​o​b​_​n​o​t​i​f​i​c​a​t​i​o​n​&​u​t​m​_​c​a​m​p​a​i​g​n​=​_​o​b​_​p​u​s​h​m​ail

    Nota :
    Tra­vail, Marx, capi­ta­lisme, situa­tion­nisme et socié­té du spec­table (Guy Debord)… : en France, un autre pen­seur laboure les mêmes terres avec d’autres éner­gies et issues, aux par­fums par­fois limites qu’il est aisé de dis­tin­guer (peuples plus doués que d’autres ?), mais le pro­pos est sou­vent déton­nant et sti­mu­lant. Ecou­ter Fran­cis Cou­sin, pour conser­ver sa pro­pen­sion à pen­ser (sujet ou non ! iro­ni­que­ment et retour à Jappe) .

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