Bernard Friot à Ballast : « Nous n’avons besoin ni d’employeurs, ni d’actionnaires pour produire »

19/09/2015 | 98 commentaires

Puis­sante syn­thèse de Ber­nard Friot,
pour Ballast :
« Nous n’avons besoin ni d’employeurs, ni d’actionnaires pour produire »

À lire.

http://​www​.revue​-bal​last​.fr/​b​e​r​n​a​r​d​-​f​r​i​ot/

Entretien inédit pour le site de Ballast

Éco­no­miste et socio­logue, Ber­nard Friot défend depuis de nom­breuses années une alter­na­tive au capi­ta­lisme, qu’il a théo­ri­sée à par­tir de son sujet de pré­di­lec­tion : la sécu­ri­té sociale. Contrai­re­ment à la pro­po­si­tion du reve­nu de base qu’il qua­li­fie de « roue de secours du capi­ta­lisme », la solu­tion du salaire à vie s’inscrit autant dans une refonte com­plète de notre rap­port à la pro­prié­té que dans une démarche de sup­pres­sion de notre alié­na­tion au mar­ché de l’emploi, au pro­fit de la valo­ri­sa­tion du tra­vail. Car, pour ce pro­fes­seur émé­rite de l’université de Nan­terre, c’est très clair : nous tra­vaillons tous, même si nous n’avons pas d’emploi. Au sein de l’association d’éducation popu­laire Réseau sala­riat dont il est cofon­da­teur, Ber­nard Friot décons­truit métho­di­que­ment la rhé­to­rique de ce qu’il appelle la « reli­gion capi­ta­liste », que nous avons inté­grée jusqu’à en être pri­son­niers concep­tuel­le­ment. Entretien.


Potrait1Dans l’une de vos confé­rences, vous affir­mez que la France n’est pas un État laïc. Pou­vez-vous nous expli­quer en quoi le capi­ta­lisme est une reli­gion, d’État qui plus est ?

La France est un État par­tiel­le­ment laïc et c’est heu­reux : la laï­ci­té, en sépa­rant l’État des reli­gions, est une condi­tion de l’émancipation popu­laire, car les reli­gions sont de puis­sants sys­tèmes d’adhésion à la classe diri­geante. Mais jus­te­ment, il y a une reli­gion qui, loin d’être sépa­rée de l’Etat, y règne en maître : c’est la reli­gion capi­ta­liste. Enten­dons par là un ensemble très construit de dogmes, de croyances, de rituels, qui font pas­ser pour divine la vio­lence des ins­ti­tu­tions du capi­tal. Les dogmes sont construits par la pré­ten­due « science éco­no­mique », qui s’est impo­sée à l’université en excluant les hété­ro­doxes des postes de pro­fes­seur et qui for­mate tout le dis­cours des gou­ver­nants et des médias. Plus la réa­li­té infirme le dogme, plus il est raf­fi­né, avec l’affirmation clas­sique de toute reli­gion : c’est parce que nous ne sommes pas assez fidèles au dogme qu’il n’informe pas encore suf­fi­sam­ment le réel ! La pré­ten­due « science éco­no­mique » pro­cède par injonc­tion per­ma­nente. Les croyances per­mettent d’intérioriser les injonc­tions du capi­tal : nous pré­sen­ter sur le mar­ché du tra­vail comme « deman­deurs d’emploi » (alors que nous sommes les seuls pro­duc­teurs de la valeur !) parce que nous croyons que seuls ceux qui ont un emploi pro­duisent de la valeur éco­no­mique ; nous sou­mettre aux mar­chés finan­ciers parce que nous croyons que l’on ne peut finan­cer l’investissement (et créer de la mon­naie) que par cré­dit ; accep­ter la rému­né­ra­tion du capi­tal parce que nous croyons que l’outil de tra­vail crée de la valeur ; apprendre à vivre avec la souf­france d’un tra­vail mené sous la dic­ta­ture du temps parce que nous croyons que la mesure natu­relle de la valeur, c’est le temps de tra­vail. Je m’en tiens à ces exemples, mais les croyances capi­ta­listes nous enserrent dans un filet très fin.

Les rituels, eux, ins­crivent notre quo­ti­dien dans la pra­tique ou l’acceptation des croyances et des dogmes. Là encore, je n’en retiens que quelques-uns dans un ensemble infi­ni. Dès l’enfance, nous enten­dons à la radio et à la télé le prêche des édi­to­ria­listes, qui nous rabâchent ad nau­seam le même ser­mon : si vous n’êtes pas sages, vous irez en enfer (voyez, les Grecs n’ont pas été sages, ils sont en enfer). À la radio tou­jours, l’appel plu­sieurs fois par jour du muez­zin qui, depuis le temple de la Bourse, récite le mou­lin à prières de la cote des titres finan­ciers. Dès le col­lège, nos enfants sont régu­liè­re­ment conduits dans des salons d’orientation où ils vont apprendre à appau­vrir leurs dési­rs pro­fes­sion­nels pour les confor­mer aux « exi­gences du mar­ché du tra­vail », un dieu par­ti­cu­liè­re­ment cruel. Puis il fau­dra aller régu­liè­re­ment à confesse : auprès de conseillers de Pôle emploi et autres ins­ti­tu­tions du mar­ché du tra­vail pour exa­mi­ner avec eux com­ment sor­tir du péché en amé­lio­rant notre employa­bi­li­té, auprès du N+1 pour entre­te­nir soi­gneu­se­ment notre incer­ti­tude sur la légi­ti­mi­té de notre pré­sence dans notre emploi. A l’opposé, dans une pra­tique laïque de l’État, la loi ne doit être por­teuse d’aucune de ces croyances et de ces rituels, leur expres­sion doit être inter­dite dans les ins­tances d’État et les ser­vices publics (mais auto­ri­sée bien sûr sur France Culture le dimanche matin par­mi les autres croyances) ; la loi doit inter­dire leur obli­ga­tion et garan­tir l’impunité pour ceux qui les refusent. Nous en sommes loin, le com­bat laïc a encore fort à faire. Mener la bataille pour la sépa­ra­tion de l’État et de la reli­gion capi­ta­liste est d’autant plus déci­sif aujourd’hui que, chez les socia­listes, les mânes de la sépa­ra­tion de l’État et des églises tra­di­tion­nelles sont invo­quées comme cau­tion de gauche à une poli­tique de sou­tien réso­lu à la reli­gion capi­ta­liste, tan­dis que la laï­ci­té a été récu­pé­rée par le Front natio­nal et Les Répu­bli­cains comme argu­ment raciste au ser­vice d’une divi­sion popu­laire qui dédouane le capi­tal de sa res­pon­sa­bi­li­té dans la crise du travail.

Vous décri­vez donc une reli­gion capi­ta­liste qui est la cause d’une très puis­sante alié­na­tion aux ins­ti­tu­tions du capi­tal. Quelles sont les alter­na­tives pos­sibles à ces institutions ?

« Tout cela peut être éten­du à toute la pro­duc­tion, car nous n’avons besoin ni d’employeurs, ni d’actionnaires, ni de prê­teurs pour produire. » 

Mettre en évi­dence le déjà-là de ces alter­na­tives est tout l’objet de mon acti­vi­té de cher­cheur : je fais donc une réponse som­maire et je ren­voie le lec­teur à mes livres, du plus simple (Éman­ci­per le tra­vail, entre­tiens avec Patrick Zech, aux édi­tions La Dis­pute, en 2014) au plus tech­nique (Puis­sances du sala­riat, édi­tion aug­men­tée, La Dis­pute, 2012). Vous avez rai­son de sou­li­gner que mal­gré la chape de plomb de la reli­gion d’État, le mou­ve­ment popu­laire a com­men­cé à construire une classe révo­lu­tion­naire qui s’est vic­to­rieu­se­ment oppo­sée aux ins­ti­tu­tions du capi­tal. Contre le mar­ché du tra­vail a été construit le salaire à vie des fonc­tion­naires et des retrai­tés. Contre le salaire « prix de la force de tra­vail », qui fait de nous des mineurs éco­no­miques ayant droit à du pou­voir d’achat, niés comme pro­duc­teurs de valeur, la classe ouvrière a impo­sé le salaire à la qua­li­fi­ca­tion. Contre la mesure de la valeur par le temps de tra­vail, la pro­duc­tion des admi­nis­tra­tions est mesu­rée par la qua­li­fi­ca­tion des pro­duc­teurs. Contre la pro­prié­té lucra­tive, de mul­tiples formes de pro­prié­té d’usage sont en train de s’instituer. Contre le cré­dit à l’investissement, l’impôt et la coti­sa­tion per­mettent de sub­ven­tion­ner des équi­pe­ments col­lec­tifs. Tout cela peut être éten­du à toute la pro­duc­tion, car nous n’avons besoin ni d’employeurs, ni d’actionnaires, ni de prê­teurs pour produire.

Il a été repro­ché à Tho­mas Piket­ty de négli­ger dans son livre best-sel­ler Le Capi­tal au XXIsiècle toute la vio­lence sociale conte­nue dans le rap­port entre un employeur et un employé. Peut-on ima­gi­ner un capi­ta­lisme sans ce rap­port asy­mé­trique, et donc sans cette violence ?

Évi­dem­ment pas : la pro­prié­té lucra­tive réserve la pro­prié­té de l’outil de pro­duc­tion à une mino­ri­té, qui exerce une dic­ta­ture sur la majo­ri­té par le double chan­tage à l’emploi et à la dette. Les ins­ti­tu­tions de l’Union euro­péenne, syn­di­cat du capi­tal, orga­nisent depuis les années 1950 ce double chan­tage, avec une constance et une déter­mi­na­tion que des tra­vaux comme ceux de Corinne Gobin, poli­tiste à l’université libre de Bruxelles, ont très bien mon­trées depuis des décen­nies, sans qu’ils aient été pris au sérieux par tous les croyants dans une pos­sible réforme de l’Union euro­péenne. L’affrontement de la troï­ka au peuple grec ouvre aujourd’hui les yeux de cer­tains de ces croyants, et cela en dépit de la mise en scène du jeu de rôles entre Hol­lande et Mer­kel, et de l’incroyable pro­pa­gande du cler­gé média­tique. Dans une affaire où Le Monde et Libé­ra­tion s’illustrent par leur par­ti­ci­pa­tion sans rete­nue à la curée, de tous les quo­ti­diens, seul L’Humanité sou­tient le peuple grec, même s’il faut déplo­rer qu’elle le fasse sur la base d’un appui sans réserve à Syri­za, qui ne mène pas la néces­saire lutte contre la classe capi­ta­liste grecque pour la pro­prié­té popu­laire de l’économie, condi­tion sine qua non de tout bras de fer avec la troï­ka – ce qui nous ren­voie, chez nous, à la dérive sociale-démo­crate du PCF et de la CGT. Puisque votre ques­tion fait réfé­rence à Tho­mas Piket­ty, qui s’inscrit dans la filia­tion de Fran­çois Furet et de Pierre Rosan­val­lon dont la res­pon­sa­bi­li­té dans le dépla­ce­ment à droite du débat public depuis qua­rante ans est énorme, je note qu’il a pris posi­tion contre la troï­ka, avec tous les éco­no­mistes hété­ro­doxes. Ce qui montre que le refus de l’austérité, qui motive l’essentiel de l’opposition à la poli­tique de l’Union, est à côté de la plaque : la vio­lence du capi­tal exige en réponse la construc­tion d’une auto­no­mie popu­laire sur la base d’une pro­duc­tion alter­na­tive à la pro­duc­tion capi­ta­liste, comme la classe ouvrière, avant son affais­se­ment des qua­rante der­nières années, a com­men­cé à le faire. Je viens de rap­pe­ler ces com­men­ce­ments en réponse à votre pré­cé­dente ques­tion, et c’est de ces acquis – consi­dé­rables – qu’il faut par­tir pour les généraliser.

Pour faire dis­pa­raître la vio­lence sociale due à l’emploi, vous pro­po­sez, entre autres, la copro­prié­té d’usage, et donc l’abolition de la pro­prié­té lucra­tive. En quoi cette der­nière est-elle dif­fé­rente de ce que l’on appelle com­mu­né­ment la pro­prié­té pri­vée des biens de production ?

« Le capi­ta­lisme ne repose pas sur la pro­prié­té pri­vée des biens de pro­duc­tion mais sur leur pro­prié­té lucra­tive, c’est-à-dire sur la contrainte faite aux non pro­prié­taires de pré­sen­ter leur force de tra­vail comme une mar­chan­dise sur un mar­ché du travail. »

Rem­pla­cer dans l’analyse de la pro­prié­té l’opposition pro­prié­té privée/publique par l’opposition pro­prié­té lucrative/d’usage est déci­sif si le mou­ve­ment popu­laire veut sor­tir de son désas­treux mutisme sur la pro­prié­té. « Pro­prié­té pri­vée » est un pléo­nasme : le pro­prié­taire d’un loge­ment indi­vi­duel ou le col­lec­tif copro­prié­taire d’une usine en ont un usage pri­vé, per­sonne d’autre que ces pro­prié­taires ne peut dis­po­ser de ce loge­ment ou de cette usine. Le pro­jet  d’« abo­lir la pro­prié­té pri­vée » est de ce point de vue un non-sens : seuls des loge­ments ou des outils de tra­vail por­tés par des pro­prié­taires sont réel­le­ment assu­més. C’est pour­quoi ce pro­jet est si peu énon­cé, ou alors selon deux pro­po­si­tions très contes­tables. La pre­mière, tra­di­tion­nelle dans la reven­di­ca­tion de natio­na­li­sa­tions, opère une dis­tinc­tion entre les petits et les gros pro­prié­taires : seuls les seconds seraient concer­nés par la col­lec­ti­vi­sa­tion de la pro­prié­té (le pro­jet étant, je le rap­pelle, de pas­ser du « pri­vé » au « public »)… ce qui revient à lais­ser au capi­tal l’essentiel du tis­su pro­duc­tif, fait de PME, et crée une divi­sion du sala­riat entre les sala­riés des grandes entre­prises et les autres, deux rai­sons essen­tielles de l’échec des natio­na­li­sa­tions, qui ont pour­tant été très nom­breuses au XXe siècle. La seconde, plus récente, consi­dère la pro­prié­té comme une ques­tion dépas­sée, et pré­co­nise l’usage : certes, mais sur quelle base juri­dique et avec quelles capa­ci­tés déci­sion­nelles ? Reven­di­quer l’usage sans la pro­prié­té ne risque pas de faire peur au capi­tal ! Le capi­ta­lisme ne repose pas sur la pro­prié­té pri­vée des biens de pro­duc­tion mais sur leur pro­prié­té lucra­tive, c’est-à-dire sur la contrainte faite aux non-pro­prié­taires de pré­sen­ter leur force de tra­vail comme une mar­chan­dise sur un mar­ché du tra­vail, afin de pro­duire des mar­chan­dises sous la dic­ta­ture du temps et ain­si d’augmenter le patri­moine des pro­prié­taires. Seul le tra­vail vivant pro­duit de la valeur, et donc, si un patri­moine pro­cure un reve­nu, c’est for­cé­ment sur la base de cette extor­sion du tra­vail d’autrui dans la sphère de la pro­duc­tion. Y com­pris si l’on est « petit » : pro­prié­taire d’une TPE ou d’une PME, sala­rié action­naire ou titu­laire d’une épargne dont le ren­de­ment est supé­rieur à la crois­sance du PIB cou­rant, loueur d’un bien fon­cier ou immobilier.

Tant que la pro­prié­té lucra­tive n’est pas délé­gi­ti­mée (et inter­dite) dans toutes ses mani­fes­ta­tions, l’œuf volé par le « petit » légi­ti­me­ra le bœuf volé par le « gros ». Contre la pro­prié­té lucra­tive et à sa place, c’est une autre pro­prié­té qu’il faut conti­nuer à construire pour la géné­ra­li­ser : la pro­prié­té d’usage. Pro­prié­té, parce que c’est la condi­tion pour déci­der : de l’investissement, de ce qui va être pro­duit, de la hié­rar­chie, du col­lec­tif de tra­vail. Tout cela doit être le fait de cha­cun de nous, nous devons abso­lu­ment deve­nir pro­prié­taires de notre outil de tra­vail (et, j’ajoute, de notre loge­ment, pour pou­voir y appor­ter les modi­fi­ca­tions conformes à notre pra­tique de l’espace pri­vé). Faute d’être nous-mêmes pro­prié­taires, nous sommes impuis­sants devant des pro­prié­taires lucra­tifs qui délo­ca­lisent à leur guise, qui nous imposent l’objet et les condi­tions de notre tra­vail ou des hié­rar­chies sur les­quelles nous n’avons aucune prise, qui nous obligent à res­ti­tuer notre loge­ment dans l’état où nous l’avons trou­vé. Oui, contre cette impuis­sance, nous devons deve­nir tous pro­prié­taires de notre outil de tra­vail et de notre loge­ment, mais pro­prié­taires d’usage ! Qu’est-ce que ça veut dire ? Que nous ne tirons aucun reve­nu de cette pro­prié­té, et qu’elle n’est trans­mis­sible que comme pro­prié­té d’usage. Pas de parts sociales ces­sibles comme dans trop de coopé­ra­tives : dès qu’on est embau­ché, on entre dans l’entreprise avec tous les droits d’un copro­prié­taire (déci­sion sur l’investissement, le pro­duit, la hié­rar­chie, le col­lec­tif de tra­vail…), sans néces­si­té d’un quel­conque apport autre que celui de son tra­vail, et quand on la quitte, c’est sans autre enri­chis­se­ment que celui d’une pro­gres­sion sala­riale, si on a pu pas­ser une épreuve de qua­li­fi­ca­tion grâce à l’expérience acquise. Dans la même logique, la mai­son de famille, la ferme ou l’outil de tra­vail d’un arti­san sont trans­mis­sibles comme pro­prié­té d’usage, et uni­que­ment comme pro­prié­té d’usage. Aucune accu­mu­la­tion indi­vi­duelle et fami­liale ou col­lec­tive n’est possible.

Devant le rejet de la hié­rar­chie de la part de la nou­velle géné­ra­tion, le capi­ta­lisme semble opé­rer une nou­velle muta­tion. Dans de plus en plus d’entreprises, on sup­prime les hié­rar­chies, et on auto­no­mise et implique davan­tage tous les tra­vailleurs dans les créa­tions de pro­jet. On leur pro­pose même par­fois de déci­der eux-mêmes de leur salaire. Qu’en pensez-vous ?

On peut aus­si venir y tra­vailler en short et tongs et avec son chat. Et, si pos­sible, avec son sac de cou­chage, pour être en per­ma­nence « créa­teur de pro­jet » ! La capa­ci­té de telles entre­prises à esso­rer les jeunes en s’appuyant sur leur inté­rêt pour leur tra­vail pour obte­nir d’eux un infi­ni tra­vail gra­tuit est effec­ti­ve­ment très per­verse. Mais, à 30 ou 35 ans, ils se rendent compte qu’ils ont été floués.

Cette ques­tion vous est sou­vent objec­tée mais, pour avoir lu et écou­té vos réponses, nous res­tons encore sur notre faim : qu’est-ce qui pour­rait pous­ser les gens à tra­vailler s’ils reçoivent un salaire à vie ? Ne pro­je­tez-vous vos propres dis­po­si­tions per­son­nelles sur l’en­semble de la popu­la­tion ? Votre anthro­po­lo­gie ne souffre-t-elle pas de quelque candeur ?

« La valeur n’a pas d’autre fon­de­ment que poli­tique, elle est le lieu d’expression de l’enjeu de pou­voir inhé­rent à toute pro­duc­tion, à tout travail. »

Si les réponses que je fais habi­tuel­le­ment à cette objec­tion ne vous satis­font pas, je vais pas­ser par un détour théo­rique sur la valeur et la lutte des classes. Le mot « tra­vail » ren­voie à deux réa­li­tés qu’il faut bien dis­tin­guer. Nous pas­sons l’essentiel de notre vie éveillée dans des acti­vi­tés concrètes qui pro­duisent, avec la nature, des biens et des ser­vices utiles – ou consi­dé­rés comme tels. Ce tra­vail concret est pro­duc­teur de la richesse sans laquelle notre espèce ne pour­rait pas se repro­duire. Et lorsqu’une per­sonne, bien qu’engagée dans ces acti­vi­tés concrètes, dit qu’elle « cherche du tra­vail » ou qu’elle « ne tra­vaille plus », nous sommes ren­voyés à la seconde dimen­sion du tra­vail, celle de sa vali­da­tion sociale et de l’expression moné­taire de cette vali­da­tion dans le pro­fit du pro­prié­taire lucra­tif et le salaire du sala­rié, ou dans le béné­fice du tra­vailleur indé­pen­dant. Ici, ce n’est pas sous sa dimen­sion concrète, en tant que pro­duc­teur de richesse, que le tra­vail est consi­dé­ré, mais en tant que pro­duc­teur de valeur. On parle alors de tra­vail abs­trait : quelles que soient les dif­fé­rences de leur tra­vail concret, une comp­table et un bou­cher peuvent pro­duire la même valeur. Le tra­vail abs­trait déter­mine le tra­vail concret : c’est sur « ce qui vaut » que va se concen­trer la pro­duc­tion de richesse et cela, selon les cri­tères de « ce qui vaut ». Par exemple : si ce sont les trans­ports liés à la route qui valent, il y a peu de chance pour que des moyens de trans­port fer­ro­viaires ou flu­viaux soient pro­duits. Il y a une loi de la valeur, au sens où la pro­duc­tion de richesse est déter­mi­née par la pro­duc­tion de valeur. Pen­ser qu’on pour­rait faire socié­té dans la trans­pa­rence des valeurs d’usage, éli­mi­ner le tra­vail abs­trait, libé­rer la richesse de la valeur en sup­pri­mant la mon­naie et le tra­vail est un rêve mor­ti­fère, qui pré­tend abo­lir le pou­voir par décret et qui empêche de voir que le tra­vail abs­trait est l’objet d’une lutte de classes. Car qui décide de ce qui vaut dans tout ce que nous pro­dui­sons ? La lutte de classes. La valeur n’a pas d’autre fon­de­ment que poli­tique, elle est le lieu d’expression de l’enjeu de pou­voir inhé­rent à toute pro­duc­tion, à tout travail.

La classe capi­ta­liste, en tant que classe diri­geante, exerce une dic­ta­ture sur la pro­duc­tion de valeur en la met­tant au ser­vice de l’accumulation du capi­tal : les richesses pro­duites hors de son emprise (par les retrai­tés, les fonc­tion­naires, les tra­vailleurs indé­pen­dants, les chô­meurs) sont décla­rées sans valeur, tan­dis que valent des biens et des ser­vices par­fai­te­ment inutiles ou dan­ge­reux, dont la pro­duc­tion ali­mente le capi­tal. Mais contra­dic­toi­re­ment, comme nous l’avons vu, une classe révo­lu­tion­naire se construit depuis deux siècles, avec des hauts et des bas, et com­mence à impo­ser une autre pra­tique de la valeur que, dans L’Enjeu du salaire et dans Éman­ci­per le tra­vail, je qua­li­fie de « sala­riale » parce qu’elle se construit à par­tir des ins­ti­tu­tions du salaire conquises par la classe révo­lu­tion­naire : une pra­tique de la valeur déci­dée par des copro­prié­taires d’usage titu­laires d’un salaire à vie, libé­rés du mar­ché du tra­vail, du chan­tage au cré­dit et de la mesure de la valeur par le temps de tra­vail. La lutte de classes est l’affrontement irré­duc­tible entre deux pra­tiques anta­go­nistes de la valeur. Elle se joue dans la maté­ria­li­té des ins­ti­tu­tions de la pro­duc­tion et dans les repré­sen­ta­tions qu’elles génèrent. La bour­geoi­sie prend l’avantage dans la lutte de classes quand elle réus­sit à impo­ser le gel ou le recul des coti­sa­tions et des impôts qui paient les soi­gnants, les retrai­tés, les fonc­tion­naires, les parents ou les chô­meurs. Quand elle trans­forme le droit au salaire des chô­meurs en droit à l’emploi, la retraite comme salaire conti­nué par la retraite comme salaire dif­fé­ré, le salaire à la qua­li­fi­ca­tion par la sécu­ri­sa­tion des par­cours pro­fes­sion­nels. Quand elle réim­pose le finan­ce­ment à cré­dit des équi­pe­ments col­lec­tifs. Quand, par le new public mana­ge­ment, elle intro­duit la dic­ta­ture du temps dans la pro­duc­tion des ser­vices publics et y rem­place des fonc­tion­naires par des CDI ou des sala­riés asso­cia­tifs. Nous sommes là dans la maté­ria­li­té des ins­ti­tu­tions de la pro­duc­tion. Mais la lutte de classes se joue aus­si dans les repré­sen­ta­tions. Quand un chô­meur dit qu’il ne tra­vaille pas, ou qu’un retrai­té dit qu’il ne tra­vaille plus, il y a, dans cet aveu que ce qu’ils font peut être utile mais ne crée pas de valeur, adhé­sion à la reli­gion capi­ta­liste, alié­na­tion à la vio­lence de rap­ports de classes qui per­mettent à la classe capi­ta­liste de refu­ser de vali­der l’activité qui se déroule hors de l’emploi, dont elle a la maî­trise absolue.

« Quand un chô­meur dit qu’il ne tra­vaille pas, ou qu’un retrai­té dit qu’il ne tra­vaille plus, il y a, dans cet aveu que ce qu’ils font peut être utile mais ne crée pas de valeur, adhé­sion à la reli­gion capitaliste. »

Quand des fonc­tion­naires acceptent l’idée absurde qu’ils dépensent (et non pas qu’ils pro­duisent, comme tous les sala­riés) la valeur de l’impôt qui les paie, ils témoignent aus­si de la même vio­lence et de son inté­rio­ri­sa­tion reli­gieuse : ils croient que, comme ils ont un salaire à vie lié à leur grade, qui est un attri­but de leur per­sonne, et non un salaire à l’emploi (dont le sup­port est le poste de tra­vail, comme dans le pri­vé), ils ne tra­vaillent pas – au sens de : ils ne pro­duisent pas de valeur –, puisque leur tra­vail concret ne s’inscrit pas dans les canons capi­ta­listes du tra­vail abs­trait. L’enjeu est que la classe révo­lu­tion­naire reprenne l’avantage, dans les ins­ti­tu­tions comme dans les repré­sen­ta­tions. Pour m’en tenir à l’objet de votre ques­tion (mais le rai­son­ne­ment serait le même pour la copro­prié­té d’usage de tous les outils de tra­vail, pour le finan­ce­ment de l’investissement sans appel au cré­dit, ou pour le rem­pla­ce­ment de la mesure capi­ta­liste du tra­vail abs­trait par le temps de tra­vail, par sa mesure sala­riale, par la qua­li­fi­ca­tion du pro­duc­teur), nous ne pour­rons géné­ra­li­ser le salaire à vie que si la classe révo­lu­tion­naire retrouve l’offensive et conti­nue à impo­ser la pra­tique sala­riale de la valeur contre sa pra­tique capi­ta­liste, comme elle l’a fait jusque dans les années 1970. Énu­mé­rons quelques mots d’ordre et pra­tiques d’une telle ré-offen­sive en vue de l’institution d’un droit poli­tique au salaire, c’est-à-dire d’un salaire attri­bué de façon irré­vo­cable à chaque per­sonne, de 18 ans à sa mort, avec une pro­gres­sion pos­sible par épreuves de qua­li­fi­ca­tion : hausse mas­sive des coti­sa­tions et des impôts qui paient les fonc­tion­naires, les libé­raux de san­té ou les retrai­tés, pour que la valeur qu’ils pro­duisent aille au salaire socia­li­sé, exclu­si­vi­té des mar­chés publics pour les seules entre­prises non capi­ta­listes afin de sor­tir les coopé­ra­tives et le tra­vail indé­pen­dant de la mar­gi­na­li­té, affec­ta­tion de la qua­li­fi­ca­tion, et donc du salaire, à la per­sonne des sala­riés du pri­vé et non à leur poste de tra­vail, trans­for­ma­tion des pré­ten­dues « aides à l’agriculture » en salaire à vie des pay­sans, etc.

Si une telle mobi­li­sa­tion était por­teuse d’une moindre inci­ta­tion à tra­vailler, elle serait immé­dia­te­ment vain­cue par l’adversaire de classe. Et d’ailleurs, qu’est-ce qui pousse aujourd’hui à une telle mobi­li­sa­tion ? Pré­ci­sé­ment l’expérience que le mar­ché du tra­vail et le mar­ché des capi­taux (ces fouets escla­va­gistes qui sont impli­ci­te­ment der­rière la croyance que leur dis­pa­ri­tion condui­rait à une moindre inci­ta­tion à tra­vailler) sont des ins­ti­tu­tions du tra­vail abs­trait qui empêchent le tra­vail concret, celui des tra­vailleurs bri­dés dans leurs ini­tia­tives par la néces­si­té de pro­duire de la valeur pour l’actionnaire, celui des jeunes sous-uti­li­sés mas­si­ve­ment parce que vic­times du mar­ché du tra­vail, celui des retrai­tés réduits au béné­vo­lat, celui des tra­vailleurs indé­pen­dants ou des patrons de PME réduits aux miettes que leur laissent les groupes capi­ta­listes. La muta­tion sala­riale du tra­vail abs­trait va consi­dé­ra­ble­ment relan­cer le tra­vail concret et, ce qui est encore plus déci­sif quand on consi­dère les consi­dé­rables dégâts anthro­po­lo­giques et éco­lo­giques de la pra­tique capi­ta­liste du tra­vail, le dépla­cer vers d’autres valeurs d’usage si, dès l’enfance, nous sommes édu­qués à la cores­pon­sa­bi­li­té sur la valeur, puisque nous nous serons libé­rés de la dic­ta­ture du capital.

Je résume : la géné­ra­li­sa­tion du salaire à vie contre le mar­ché du tra­vail est l’affaire d’une inces­sante lutte de classes pour construire un tra­vail abs­trait libé­ré de sa pra­tique capi­ta­liste et ren­dant pos­sible un tra­vail concret pour tous dans de bonnes condi­tions anthro­po­lo­giques et éco­lo­giques. Il ne s’agit en aucun cas d’une « autre répar­ti­tion de la valeur » qui affec­te­rait aux per­sonnes sous forme incon­di­tion­nelle une par­tie de la valeur créée par un tra­vail abs­trait inchan­gé. Lais­sons ce pro­jet aux tenants du reve­nu de base, roue de secours d’une classe capi­ta­liste por­teuse d’un tra­vail abs­trait à ce point aber­rant pour le tra­vail concret qu’elle est prête à mettre en place la sou­pape de sécu­ri­té d’un reve­nu de base per­met­tant à cha­cun, dans les inter­stices que laisse une pro­duc­tion capi­ta­liste inchan­gée, de mener les acti­vi­tés concrètes de son choix : par exemple avoir un jar­din bio dans un océan d’agro-business, pro­duire des logi­ciels libres qui, au bout du compte, ali­men­te­ront le droit de pro­prié­té intel­lec­tuelle des groupes capi­ta­listes de l’internet. En contra­dic­tion avec cette dérive hélas pos­sible, la géné­ra­li­sa­tion du salaire à vie est une des dimen­sions de la sup­pres­sion de la pro­duc­tion capi­ta­liste et de l’institution, à l’échelle macroé­co­no­mique, d’une autre pra­tique de la valeur et du tra­vail dans laquelle le chan­tage à l’emploi et à la dette céde­ra la place à la cores­pon­sa­bi­li­té dans la pro­duc­tion d’une valeur suf­fi­sante pour assu­rer le droit poli­tique au salaire.

Nous avons récem­ment inter­viewé le socio­logue Alain Bihr. Il nous disait : « Ce qui me paraît fort cri­ti­quable dans l’i­dée de « salaire à vie », c’est qu’elle passe à la trappe l’i­dée qu’a­bo­lir le capi­tal, c’est, simul­ta­né­ment et du même mou­ve­ment, abo­lir le sala­riat. Le pro­ces­sus révo­lu­tion­naire est celui par lequel les pro­duc­teurs asso­ciés, et au-delà l’en­semble de la socié­té à tra­vers eux, se réap­pro­prient les moyens sociaux de pro­duc­tion et dirigent, orga­nisent et contrôlent la pro­duc­tion de manière à satis­faire l’en­semble des besoins sociaux. Dans le cadre de pareils rap­ports de pro­duc­tion, il n’y a pas de sala­riat. » Que répondez-vous ?

« La croyance dans une révo­lu­tion qui n’aura jamais lieu que demain entre­tient le mythe de l’impuissance des domi­nés aujourd’hui. »

Alain Bihr fait par­tie de ces mar­xistes (et ils sont hélas nom­breux) qui pensent qu’il n’y a pas de sujet révo­lu­tion­naire effec­ti­ve­ment en train de se construire à l’échelle macro­so­ciale, que la seule classe qui existe est la classe capi­ta­liste. Et cela contre le cœur même de l’œuvre de Marx, ana­lyste magis­tral du capi­ta­lisme comme contra­dic­tion, jour­na­liste soi­gneux des mou­ve­ments révo­lu­tion­naires, acteur de la Première Inter­na­tio­nale. Alain Bihr écrit certes sur « les rap­ports sociaux de classes », au sens où il énonce, à juste titre, que les classes ne pré­existent pas à leur conflit et que ce sont les luttes de classes qui pro­duisent les classes, mais les classes qu’il défi­nit ne com­portent… qu’une classe, la « classe capi­ta­liste » qui domine res­pec­ti­ve­ment  le« pro­lé­ta­riat »,  l’« enca­dre­ment » et la « petite bour­geoi­sie ». Le pos­tu­lat de la lutte de classes reste chez lui un élé­ment du puzzle théo­rique mais, dans la réa­li­té, il n’observe aucun résul­tat révo­lu­tion­naire de la mobi­li­sa­tion syn­di­cale ou poli­tique concrète des domi­nés : la qua­li­fi­ca­tion, la sécu­ri­té sociale, la fonc­tion publique, la coti­sa­tion, tout cela peut selon lui appor­ter une cor­rec­tion aux inéga­li­tés sociales et des­ser­rer pro­vi­soi­re­ment l’étau, mais ne consti­tue en aucun cas les pré­mices d’une alter­na­tive, voire sert les inté­rêts fon­da­men­taux du capi­tal. Ce mou­ve­ment ouvrier qui n’a rien conquis de véri­ta­ble­ment sub­ver­sif du capi­tal n’est donc pas un sujet his­to­rique, il n’est pas une classe révo­lu­tion­naire. Seule la classe capi­ta­liste existe comme telle. Alain Bihr n’est pas le seul à exal­ter le mou­ve­ment ouvrier abs­trait mais à faire du mou­ve­ment ouvrier concret un idiot utile du capi­tal, à éla­bo­rer une cri­tique théo­rique du capi­ta­lisme dans l’ignorance de sa cri­tique sociale, à racon­ter la saga d’une classe diri­geante qui a tou­jours la main : la majo­ri­té des cher­cheurs en sciences sociales écrivent l’histoire du point de vue de la domi­na­tion de classe. Par leur fas­ci­na­tion pour le pou­voir, ils sont un élé­ment déci­sif du cler­gé de la reli­gion capi­ta­liste. Je ne parle pas ici des éco­no­mistes ortho­doxes, dont j’ai dit dès le début qu’ils sont le haut cler­gé de cette reli­gion et qui pra­tiquent d’ailleurs, non pas la science sociale (pouah), mais la science tout court ! Je parle d’un bas-cler­gé d’autant plus effi­cace qu’il cri­tique une domi­na­tion capi­ta­liste dont il nie qu’elle ait com­men­cé à être radi­ca­le­ment mise en cause.

On retrouve là un ingré­dient consti­tu­tif de la reli­gion, qui, je le rap­pelle, n’est pas simple sou­mis­sion, mais aus­si sou­pir du sou­mis contre son maître. De même que la croyance dans la dam­na­tion des riches après la mort entre­tient la sou­mis­sion dans cette vie à ces riches haïs, de même la croyance dans une révo­lu­tion qui n’aura jamais lieu que demain entre­tient le mythe de l’impuissance des domi­nés aujourd’hui. J’ai tout à fait conscience de la gra­vi­té qu’il y a à dire cela, s’agissant de col­lègues aus­si res­pec­tables qu’Alain Bihr ou les Pin­çon-Char­lot, ou trop d’Écono­mistes atter­rés. Si je le dis aujourd’hui avec encore plus de fer­me­té qu’hier, c’est parce qu’il y a urgence à sor­tir d’une cri­tique du capi­ta­lisme aveugle sur les trem­plins révo­lu­tion­naires construits dans la lutte de classes, une cri­tique qui, par son aveu­gle­ment, par­ti­cipe, évi­dem­ment à son corps défen­dant, à la domi­na­tion qu’elle com­bat. Pour­quoi Alain Bihr iden­ti­fie-il sou­ve­rai­ne­té sur la pro­duc­tion des pro­duc­teurs asso­ciés et abo­li­tion du sala­riat ? Pré­ci­sé­ment parce que les sala­riés sont ran­gés chez lui dans deux classes-qui‑n’en-sont-pas, le pro­lé­ta­riat, qu’il défi­nit exclu­si­ve­ment comme domi­né, et l’encadrement, qui regroupe « les agents subal­ternes de la domi­na­tion capi­ta­liste ». Le sala­riat, c’est les pri­son­niers et leurs kapos. Et alors même qu’il insiste sur le papier sur la néces­si­té théo­rique d’une his­to­ri­ci­sa­tion des classes sociales, en pra­tique il les essen­tia­lise : les sala­riés sont enfer­més à vie dans le camp du capi­tal. Rien, dans ce qui s’est pas­sé depuis deux siècles de com­bat ouvrier, n’est fon­da­men­ta­le­ment éman­ci­pa­teur. Le « pro­ces­sus révo­lu­tion­naire » dont il parle dans la cita­tion que vous rap­por­tez est pour demain, Alain Bihr attend le Mes­sie qui balaie­ra la classe capi­ta­liste, et donc le sala­riat qui en est l’appendice. Alors que si, comme je m’y efforce depuis qua­rante ans dans mon ana­lyse de la sécu­ri­té sociale dans l’Europe conti­nen­tale, on éla­bore une cri­tique théo­rique du capi­ta­lisme à par­tir de sa cri­tique sociale, le sala­riat prend une tout autre cou­leur. En tant que classe ouvrière, il a mené une lutte de classes sur le salaire qui a pro­duit les ins­ti­tu­tions déci­sives que sont le salaire à la qua­li­fi­ca­tion et, plus encore, à la qua­li­fi­ca­tion de la per­sonne qui en fait un salaire à vie, et une socia­li­sa­tion mas­sive de la valeur contra­dic­toire à l’accumulation capi­ta­liste par la par­tie de la coti­sa­tion et de l’impôt qui est affec­tée au paie­ment du salaire à vie et au sub­ven­tion­ne­ment de l’investissement.

« Il y a urgence à sor­tir d’une cri­tique du capi­ta­lisme aveugle sur les trem­plins révo­lu­tion­naires construits dans la lutte de classes. »

Aujourd’hui où la classe ouvrière s’est affais­sée dans les vieux pays capi­ta­listes – ce qui certes est dom­ma­geable sur le court terme mais doit être lu dans le néces­saire temps long de la révo­lu­tion du mode de pro­duc­tion (après tout, la bour­geoi­sie a mis cinq siècles pour l’emporter comme classe révo­lu­tion­naire sur l’aristocratie féo­dale, et a connu elle aus­si des hauts et des bas dans ce com­bat sécu­laire) –, l’imposition d’une pro­duc­tion sala­riale sans emploi et sans cré­dit, sans chan­tage donc de la pro­prié­té lucra­tive, relève de la mobi­li­sa­tion et de l’inventivité des orga­ni­sa­tions encore vivantes de la classe ouvrière, mais aus­si, très au-delà d’elles, de la mobi­li­sa­tion des cadres, écœu­rés des pra­tiques des action­naires et des prê­teurs et qui mettent leur savoir-faire au ser­vice d’une pro­duc­tion alter­na­tive por­tée par de plus en plus de tren­te­naires édu­qués qui refusent, c’est leurs termes, de « pro­duire de la merde pour le capi­tal » ou de se sou­mettre aux injonc­tions d’employabilité : et aus­si de la mobi­li­sa­tion de tra­vailleurs indé­pen­dants qui ont com­pris que leur inté­rêt n’est abso­lu­ment pas du côté du capi­tal, voire de patrons de PME sur qui pèsent la fonc­tion d’employeur et la pro­prié­té d’un patri­moine dont ils pour­raient être libé­rés par une orga­ni­sa­tion sala­riale de la pro­duc­tion. Le sala­riat comme classe révo­lu­tion­naire en cours d’affirmation face à la classe capi­ta­liste ne se défi­nit évi­dem­ment pas à par­tir du contrat de tra­vail avec un employeur. Il regroupe toutes celles et tous ceux qui assument les ins­ti­tu­tions anti­ca­pi­ta­listes du salaire : droit poli­tique au salaire à vie, copro­prié­té d’usage de l’outil de tra­vail, socia­li­sa­tion de tout le PIB dans la coti­sa­tion-salaire et la coti­sa­tion-inves­tis­se­ment, créa­tion moné­taire sans crédit.

Dans Après l’é­co­no­mie de mar­ché, paru aux édi­tions ACL, Anselm Jappe vous reproche de vous battre pour des choses qui, fina­le­ment, existent déjà (la valeur, l’argent, le salaire, les fonc­tion­naires, les retraites), et estime que votre mon­tagne (la révo­lu­tion) accouche d’une sou­ris. Vous voyez les choses en petit ou Jappe a‑t-il la folie des grandeurs ?

Comme Alain Bihr, Anselm Jappe pense qu’il n’y a pas de sujet révo­lu­tion­naire en construc­tion face à la classe capi­ta­liste, ce qui pour lui n’a d’ailleurs aucune impor­tance. Car la lutte de classes dis­pa­raît chez lui non seule­ment de l’observation concrète, mais de la théo­rie elle-même. Le capi­ta­lisme est défi­ni comme féti­chisme de la valeur, un féti­chisme qui domine tant les capi­ta­listes que ceux qu’ils dominent, les uns comme les autres impuis­sants à conte­nir une dyna­mique éper­due de mar­chan­di­sa­tion pour ten­ter d’échapper à l’implacable baisse ten­dan­cielle du taux de pro­fit, dans une fuite en avant qui débou­che­ra sur une inévi­table apo­ca­lypse. Il reste à espé­rer qu’elle sera joyeuse. Anselm Jappe ne voit les choses ni en petit ni en grand : il déve­loppe du capi­ta­lisme une lec­ture mil­lé­na­riste irres­pon­sable. Ce qui m’importe, c’est de débattre avec ceux que touche cette lec­ture. Car un tel dis­cours sur l’horreur éco­no­mique, sur l’inutilité des mobi­li­sa­tions syn­di­cales, sur la néces­si­té de sup­pres­sion de la valeur, et donc du tra­vail et de la mon­naie, n’est pas sans échos à une époque où, à défaut de pou­voir sus­ci­ter l’adhésion au triste état dans lequel elle met la pra­tique de la valeur et donc le tra­vail concret, la classe diri­geante s’accommode d’opposants qui récusent toute mobi­li­sa­tion pour chan­ger cette pratique.


REBONDS 

☰ Lire notre entre­tien avec Franck Lepage, « L’é­cole fabrique des tra­vailleurs adap­tables et non des esprits cri­tiques », juin 2015
☰  Lire notre entre­tien avec Alain Bihr, « Éta­tiste et liber­taire doivent créer un espace de coopé­ra­tion », mai 2015

Source : Bal­last

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98 Commentaires

    • Eliade Guy

      … il res­te­ra des poches de lumières en dif­fé­rents endroits du monde, …
      Ça me fait pen­ser aux TAZ d’ Hakim Bey

      Réponse
  1. etienne

    Dos­sier : sur­veillance de masse

    http://​www​.fran​cein​ter​.fr/​d​o​s​s​i​e​r​-​s​u​r​v​e​i​l​l​a​n​c​e​-​d​e​-​m​a​s​s​e​-​d​i​c​i​-​e​t​-​d​a​i​l​l​e​urs

    « Com­ment une PME fran­çaise s’est-elle retrou­vée témoin assis­té dans le cadre d’une infor­ma­tion judi­ciaire pour com­pli­ci­té de tor­ture en Syrie ?

    Qu’est-ce que le Deep Packet Ins­pec­tion, le pro­duit phare de Qos­mos, qui a fait son suc­cès ? La vente de ce type de tech­no­lo­gie per­met­tant la mise en place d’une sur­veillance de masse est-elle suf­fi­sam­ment encadrée ?

    Com­ment Qos­mos, une entre­prise habi­li­tée confi­den­tiel-défense depuis 2009, gère-t-elle sa communication ? 

    En France, la loi sur le ren­sei­gne­ment ouvre-t-elle la voie à ce type de sur­veillance intru­sive, au nom de la lutte antiterroriste ? »

    […]

    Réponse
  2. etienne

    Le monde serait bien meilleur, tout natu­rel­le­ment, si nous ces­sions (per­son­nel­le­ment) de démis­sion­ner à en ins­ti­tuer les règles fon­da­men­tales de dévo­lu­tion et de contrôle des pouvoirs.

    Réponse
  3. etienne

    Pour ce qui concerne la mon­naie et la dette publique, je suis en train de pré­pa­rer (pour mes étu­diants) le script com­plet de l’ex­cel­lente enquête INSIDE JOB. C’est un texte essen­tiel. On devrait tous bos­ser ce texte le crayon à la main, tout y est très important :

    Dès que c’est prêt, je vous le passe.

    Réponse
  4. etienne

    Sur le blog de Cora­lie Delaume,
    « Les gauches n’ont le choix qu’entre aban­don­ner toute pers­pec­tive de chan­ge­ment ou rede­ve­nir révolutionnaires »
    entre­tien avec Chris­tophe Bouillaud :
    l‑arene-nue.blogspot.fr/2015/09/les-gauches-nont-le-choix-quentre.html

    Réponse
  5. etienne

    La coti­sa­tion sociale,
    outil de sou­ve­rai­ne­té populaire

    par Réseau Sala­riat Pro­vence-Alpes Côte d’A­zur 10 mai 2015

    httpv://youtu.be/0lm_XKtsKZk

    Réponse
  6. etienne

    Sur l’i­nu­ti­li­té, ou plu­tôt sur l’ex­trême noci­vi­té de « la finance » pour l’in­té­rêt géné­ral, je rap­pelle aux nou­veaux venus ce billet important : 

    LERNER, la finance fonc­tion­nelle et le mythe de la contrainte bud­gé­taire, par Ran­dall Wray :

    Dans cette pré­sen­ta­tion des prin­cipes de la finance fonc­tion­nelle déve­lop­pée par Abba Ler­ner, l’économiste post-key­né­sien Ran­dall Wray, citant le prix Nobel d’économie Paul Samuel­son, rap­pelle que celui-ci assi­mi­lait à une « reli­gion », une « super­sti­tion » l’idée qu’un gou­ver­ne­ment uti­li­sant sa propre mon­naie doive équi­li­brer son bud­get. Selon Samuel­son ce mythe était néces­saire pour « effrayer la popu­la­tion afin qu’elle se com­porte de la manière sou­hai­tée, » et per­mettre ain­si d’éviter que les élec­teurs n’exigent de leurs gou­ver­nants trop de dépenses. Ce fai­sant, pour­suit Wray, « l’idée que l’équilibre bud­gé­taire soit sou­hai­table n’a rien à voir avec « la capa­ci­té de finan­ce­ment » et les ana­lo­gies entre le bud­get du ménage et un bud­get du gou­ver­ne­ment ne sont pas fon­dées. En réa­li­té, s’il est néces­saire de limi­ter les dépenses du gou­ver­ne­ment grâce à un « mythe », c’est pré­ci­sé­ment parce qu’il n’est pas réel­le­ment confron­té à une contrainte budgétaire. » […]

    http://​etienne​.chouard​.free​.fr/​E​u​r​o​p​e​/​f​o​r​u​m​/​i​n​d​e​x​.​p​h​p​?​2​0​1​2​/​0​8​/​0​8​/​2​4​1​-​l​e​r​n​e​r​-​l​a​-​f​i​n​a​n​c​e​-​f​o​n​c​t​i​o​n​n​e​l​l​e​-​e​t​-​l​e​-​m​y​t​h​e​-​d​e​-​l​a​-​c​o​n​t​r​a​i​n​t​e​-​b​u​d​g​e​t​a​i​r​e​-​p​a​r​-​r​a​n​d​a​l​l​-​w​ray

    Réponse
  7. etienne
    • Ana Sailland

      le cra­tos est cratogène 😉

      Réponse
  8. binnemaya

    La révo­lu­tion du salaire à vie de B.Friot avec la pro­prié­té d’u­sage est une solu­tion pour sor­tir du capi­ta­lisme sau­vage actuel, mais reste tou­jours la ques­tion essen­tielle com­ment la faire pas­ser du stade d’u­to­pie a celui de réalité ?
    Sur­tout que le moment si rare ou cela devient pos­sible car l’é­co­no­mie mon­diale est entrain de s’ef­fon­drer tous les signes sont aux rouges.

    Réponse
  9. Maxime

    Com­ment le faire pas­ser du stade de l’u­to­pie à la réa­li­té ? Rien de plus simple, il suf­fit de recom­men­cer à aug­men­ter les coti­sa­tions sociales, comme durant les 30 glo­rieuses (au lieu de les bais­ser sys­té­ma­ti­que­ment à chaque réforme depuis 30 ans). Comme le dit Friot, le révo­lu­tion­naire est déjà-là, il suf­fit de savoir le voir.

    Réponse
  10. etienne

    Remar­quable…

    Fré­dé­ric Lor­don : Il faut défendre le social

    Il fau­drait retrans­crire cer­tains pas­sages par­ti­cu­liè­re­ment bien for­mu­lés de cet entretien.

    Réponse
  11. LA HYENE

    Je constate que plus per­sonne n’in­ter­vient ici, ou presque.
    Peut-être parce que tout a déjà été dit.

    Donc concrè­te­ment, main­te­nant on fait quoi ?
    On conti­nue à sif­fler sur la col­line, en atten­dant que nos chères élites aient fini de tout cade­nas­ser, ou on attaque ?
    Nous n’a­vons pas signé leur soit-disant « contrat social », ni un quel­conque « pacte de non-agres­sion », qu’at­ten­dons-nous pour dénon­cer ce contrat uni­la­té­ral, et pour faire usage de la légi­time défense ?

    Ils ne sont puis­sants que parce que nous sommes à genoux, et nous avons des armes pour nous défendre : auto­no­mie et refus de la consom­ma­tion, déso­béis­sance civile sous toutes ses formes et sabo­tage si nécessaire.

    Réponse
    • etienne

      « Plus per­sonne n’in­ter­vient » ?!

      Hum.

      C’est la ren­trée, on a par­fois un métier 🙂 Et puis on n’est pas obli­gé de tout le temps par­ler 🙂 on peut aus­si lire et médi­ter, c’est autorisé 🙂 

      Mais « atta­quer », quand on est encore (extra­or­di­nai­re­ment) faibles (et endoc­tri­nés) sur TOUS les plans (éco­no­mique, poli­tique, cultu­rel…), c’est poli­ti­que­ment se sui­ci­der ; c’est don­ner aux pou­voirs la légi­ti­mi­té pour (lit­té­ra­le­ment) nous enfermer. 

      Non mer­ci.

      Rap­pel : « Atten­tion ! Pas de guerre civile ! La guerre civile per­drait la liber­té. Deux heures de conver­sa­tion à coups de canon, et c’est vingt ans d’euphorie pour les banques et vingt ans de misère et de silence pour les faubourgs. »

      Jules Val­lès, cité par Hen­ri Guille­min, « La Com­mune, n°4 » minute 5’40.

      (Voyez ma pré­cieuse page « En vrac », p 28.)

      http://​www​.rts​.ch/​a​r​c​h​i​v​e​s​/​t​v​/​c​u​l​t​u​r​e​/​d​o​s​s​i​e​r​s​-​d​e​-​l​-​h​i​s​t​o​i​r​e​/​3​4​4​8​5​4​8​-​l​e​-​s​i​e​g​e​-​d​e​-​p​a​r​i​s​.​h​tml

      « Donc concrè­te­ment, main­te­nant on fait quoi ? »

      Eh bien on fait comme on a dit 🙂 : on s’en­traîne (mais vrai­ment, hein) à ins­ti­tuer nous-mêmes notre puis­sance poli­tique ; et sur­tout, on entraîne avec nous le plus pos­sible d’en­dor­mis, pour deve­nir vrai­ment nom­breux à être deve­nus citoyens consti­tuants, ce qui n’est pas encore (pas du tout) le cas.

      Je com­prends les jeunes gens qui brûlent d’a­gir, mais en fait d’ac­tion ils feraient mieux de mul­ti­plier (vrai­ment, quo­ti­dien­ne­ment) les ate­liers consti­tuants popu­laires que de cher­cher la bagarre avec un monstre mille fois plus fort qu’eux.

      Réponse
      • Ana Sailland

        J’en pro­fite pour glis­ser que mul­ti­plier l’ex­pé­rience d’Au­rillac serait por­teur de progrès.
        Zut, cata­racte et coro­naires. Il fau­drait que je me donne des coups de pieds aux cul. Allez les jeunes !

        Demain je donne une confé­rence sur mon­naie ver­sus don, et j’im­pulse un ate­lier consti­tuant, à Poi­sy (74)
        Allez les jeunes !

        Réponse
      • LA HYENE

        Etienne,
        Mer­ci pour votre réponse.

        J’ai le sen­ti­ment que les méthodes que vous pro­po­sez, si elles ont été extrê­me­ment effi­caces et virales sur moi comme sur beau­coup d’autres, atteignent aujourd’­hui leurs limites : ceux qui étaient dis­po­sés à remettre en cause leurs condi­tion­ne­ments l’ont fait ; mais trop en sont inca­pables, par arro­gance ou résignation.
        Il faut bien enten­du conti­nuer à ras­sem­bler et édu­quer autant que pos­sible, et je ne vous remer­cie­rai jamais assez pour l’é­veil des consciences que vous avez pu provoquer.
        Mais je doute que ce soit suffisant.

        C’est pour­quoi je pro­pose d’autres moyens d’ac­tion com­plé­men­taires, car je ne peux me résoudre à votre idée que le monstre soit mille fois plus fort que nous : c’est l’ap­pa­rence qu’il sou­haite nous don­ner, mais il l’est bien moins que nous l’imaginons…

        Comme le dit Joss un peu plus bas, citant Sun Tzu : « Qui connaît son enne­mi comme il se connaît, en cent com­bats ne sera point défait. »
        Nous connais­sons bien ses leviers comme ses points faibles : puisque nous sommes son unique car­bu­rant, arrê­tons de l’alimenter.
        C’est NOUS TOUS qui pro­dui­sons TOUT !

        Beau­coup ne sont plus (à mon humble avis) ni faibles ni endoc­tri­nés, bien que l’im­mense majo­ri­té le soit encore.

        Il faut atta­quer sur tous les fronts, de façon indi­vi­duelle et sans hié­rar­chie. J’en appelle à la pro­pa­gande par le fait, dont les ate­liers consti­tuants sont une des facettes, mais pas le seul.

        Ceci n’est PAS une inci­ta­tion au ter­ro­risme ni à la gué­rilla, les actions que je prône sont avant tout basés sur l’obs­truc­tion et les chan­ge­ments de com­por­te­ments indi­vi­duels, cha­cun étant libre de les appli­quer sui­vant sa conscience, son ima­gi­na­tion et ses moyens.
        La séces­sion, le refus de col­la­bo­rer… Et leur mettre autant de bâtons dans les roues qu’on le peut.

        C’est le meilleur moyen de démon­trer aux scep­tiques que le sys­tème qu’ils pensent immuable n’est qu’un fra­gile châ­teau de carte.

        Ces idées ne sont pas les vôtres, et je res­pecte votre point de vue consis­tant à édu­quer les esprits dans l’es­poir d’un chan­ge­ment futur.

        Cepen­dant je vous remer­cie au nom de vos convic­tions démo­cra­tiques de me per­mettre de lan­cer cet appel.

        Réponse
        • Dany

          100% d’ac­cord. Mais pour les autres actions il faut aller sur d’autres blogs…Déja sur le seul tra­vail d’E­tienne se trouvent d’autres groupes…
          C’est la richesse et la fai­blesse des mou­ve­ments alter­na­tifs… A la rigueur, peut-ếtre qu’E­tienne serait d’ac­cord qu’un cou­ra­geux volon­taire sou­mette une liste ( à com­plé­ter par les blo­gueurs) sur les sites et les actions de ter­rain. Le mot sabo­tage ne me déplaît pas quand on pense que sim­ple­ment par­ler de décrois­sance, c’est déja consi­dé­ré comme du sabo­tage par le capitalisme…
          Com­ment ne pas être pes­si­miste face aux forces en place et pourtant,au sujet de l’éner­gie, je n’au­rais jamais pen­ser voir vaciller les monstres du sec­teur ( voir l’ex­cellent Patrick Rey­mond : w. La chute-lapsus).En fait, je pense comme beau­coup que
          le sys­tème approche de l’ex­plo­sion ; autant s’y préparer…Le salut sera dans le plus d’au­to­no­mie pos­sible et l’entraide…Et peut-être que les idées d’E­tienne s’ap­pli­que­ront à l’é­che­lon local…

          Réponse
    • joss

      Quelques cita­tions de
      Sun Tzu « l’art de la guerre » (tou­jours d’actualité) :

      « L’art de la guerre, c’est de sou­mettre l’en­ne­mi sans combat. »

      « Qui connaît son enne­mi comme il se connaît, en cent com­bats ne sera point défait. Qui se connaît mais ne connaît pas l’en­ne­mi sera vic­to­rieux une fois sur deux. Qui ne connaît ni son enne­mi ni lui-même est tou­jours en danger. »

      « Ne lais­sez pas vos enne­mis s’u­nir. »

      Je ne sais pas pour­quoi mais cela me fait pen­ser à l’U­nion Européenne 😉

      Et aus­si au fait qu’on essaye de nous mettre les uns contre les autres : les tra­vailleurs contre les chô­meurs, les vieux contre les jeunes, les Fran­çais contre les étran­gers, les « riches » contre les pauvres,…

      Réponse
    • Ana Sailland

      « Je constate que plus per­sonne n’intervient ici »

      L’er­go­no­mie du blog n’est pas très agréable. ( Le méca­nisme d’in­den­ta­tion fait qu’on se marche desus et qu’une conver­sa­tion devient vite impos­sible). Le sup­port free me sem­blait plus ergonomique.
      Et il y a une migra­tion vers Face­book, qui n’est pas très pra­tique non plus.

      Réponse
  12. etienne

    Emma­nuel Todd, tou­jours pas­sion­nant (et cou­ra­geux), dénonce la tour­nure auto­ri­taire, hié­rar­chique, anti­dé­mo­cra­tique, que prend de plus en plus la pré­ten­due « Union européenne » :

    httpv://youtu.be/31ZnO9y0j9A

    Réponse
    • binnemaya

      Excellent ce mon­sieur il avait déjà tout compris.

      Réponse
  13. J-Stéphane

    Ne pas lou­per les séquences entre les minutes 28 et 35, et entre 44 et 47… :

    httpv://youtu.be/cRH39j3Kmh0

    Réponse
    • etienne

      Mer­ci J‑Stéphane.

      Voir aus­si (très impor­tant) les minutes 13’53 à 22′, sur le carac­tère indis­pen­sable (et quelques moda­li­tés pra­tiques) d’une mon­naie paral­lèle publique.

      Réponse
      • Ana Sailland

        j’ai écou­té une fois en entier il y a quelques jours, il me semble que ce qui concerne la mon­naie paral­lèle est plus loin.

        Pour un pays qui ne sou­haite pas sor­tir de l’eu­ro ( hum hum ) mais qui est en situa­tion périlleuse et dou­lou­reuse, il est impé­ra­tif qu’il dis­pose de car­touches pour répondre à l’in­tran­si­geance de la commission/troïka/eurogroupe. N’ayant pas le pou­voir de battre mon­naie conti­nen­tale ni de battre mon­naie natio­nale acce^tée en inter­na­tio­nale, il se doit cepen­dant d’as­su­rer sa liqui­di­té intérieure.
        Un mon­naie natio­nale com­plé­men­taire est cer­tai­ne­ment (?) le meilleur outil per­met­tant d’as­su­rer la liqui­di­té inté­rieure, et de per­mettre la sur­vie de l’é­co­no­mie inté­rieure, mieux encore, son embel­lie, voire plus, l’as­pect relo­ca­li­sant étant tout sauf racoucougnant 😉
        Dès le début de l’a­ven­ture Syri­sa, nous avions enten­du dire qu’é­tait pen­sé un tel pro­jet de mon­naie bis, et je m’en réjouis­sait. Et puis silence radio.
        Per­son­nel­le­ment, je n’ar­rive pas à com­prendre que cette voie n’ait pas été emprun­tée éner­gi­que­ment, qui dans la situa­tion de la Grèce me sem­blait néces­saire, même avant le car­can ren­for­cé ulté­rieur. Peut être est ce dû à l’ob­ses­sion du « res­ter dans l’eu­ro », et donc à la crainte qu’une telle ini­tia­tive soit « mal perçue »

        ;;;;;;;;;;;;;;

        Une idée mar­rante pour créer dans l’ur­gence une mon­naie paral­lèle, non scrip­tu­rale, mais qua­si infal­si­fiable, c’est de cou­per les billets euros en deux, en conser­vant la même valeur faciale pour chaque moitié 😉

        ;;;;;;;;;;

        Cette vidéo regorge de pépites.
        Fait par­ti­cu­liè­re­ment sur­sau­ter l’ins­tant où il est dit qe l’eu­ro­groupe n’é­tant pas une ins­ti­tu­tion euro­péenne il n’a pas à res­pec­ter les traités.
        Il s’a­git là, de la part du pré­sident de l’eu­ro­groupe, de l’a­veu de l’é­qui­valent d’un coup d’état.

        Réponse
        • J-Stéphane

          Oui Ana, la par­tie qui concerne la mon­naie est en deuxième par­tie de soi­rée, juste en des­sous il y a le lien de la deuxième vidéo.

          Réponse
    • joss

      Les expli­ca­tions d’i­nexis­tence de rap­port des réunions de l’Eu­ro­groupe et d’inexistence de l’Eu­ro­groupe dans la légis­la­tion euro­péenne prouve que :
      l’Eu­ro­groupe est impuis­sant, c’est une mas­ca­rade, une façade, une marion­nette. Ceux qui décident réel­le­ment, ce sont ceux qui sont der­rière la Troï­ka, c’est-à-dire les créan­ciers, les big banques, ceux qui tirent les mar­rons hors du feu.
      C’est une preuve sup­plé­men­taire que le capi­ta­lisme est la dic­ta­ture du capital…mondialisé. Pas facile de trou­ver notre place sou­ve­raine là dedans, autant créer une oasis dans le désert. Le plus dur est de créer la pre­mière oasis, peut-être une micro-oasis et puis des micro-oasis pour à la fin ne plus avoir de désert.

      Réponse
    • joss

      Je ne suis pas d’ac­cord avec Varou­fa­kis sur la mon­naie paral­lèle élec­tro­nique, sur­tout si elle est tou­jours dans les mains du sys­tème ban­caire. Il faut pré­voir une mon­naie paral­lèle mais pas élec­tro­nique, trop facile pour avoir le mono­pole sur l’é­co­no­mie du pays et nous contrô­ler. Ne pas oublier que le pou­voir corrompt.
      Avoir dif­fé­rentes mon­naies dans une même zone économique…
      Ce serait pas mal d’a­voir de la concur­rence dans les mon­naies, pou­voir choi­sir la mon­naie qui nous cor­res­pond le mieux, celle qui ne nous rend pas esclave. Pour l’ins­tant, nous n’a­vons pas le choix, c’est l’eu­ro et il nous coûte très (trop) cher à cause des inté­rêts que nous demandent ses pro­prié­taires, les créanciers.

      Réponse
      • Ana Sailland

        Un archi­pel de mon­naies locales est une solu­tion, par­ti­cu­liè­re­ment adap­tée à la Grèce. Mais je n’i­ma­gine pas qu’un gou­ver­ne­ment puisse ima­gi­ner cela 😉 car c’est pour lui contre nature.

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  14. claude saint-jarre

    Le prin­temps d’A­thènes, vous connaissez ?

    file:///C:/Users/Claude/Downloads/notre_printemps_d_athenes_par_yanis_varoufakis.pdf

    Réponse
  15. etienne
    • etienne

      À Saillans, les habi­tants réin­ventent la démocratie
      17 octobre 2015 / Gas­pard d’Allens et Lucile Leclair (Repor­terre) :
      http://www.reporterre.net/A‑Saillans-les-habitants-reinventent-la-democratie

      « Dans ce vil­lage sus­pen­du aux pentes du Ver­cors, l’histoire com­mence comme une fable. Un pro­jet de super­mar­ché mena­çait le « bien vivre au pays ». Le maire était pour, les habi­tants contre. Des citoyens se sont pré­sen­tés aux élec­tions muni­ci­pales. Leur liste a gagné et, depuis, la révo­lu­tion par­ti­ci­pa­tive est en marche. » […]

      Réponse
      • Ronald

        Je pense qu’au niveau de la cri­tique du sys­tème actuel, on a fait un peu le tour de la ques­tion. On voit bien que l’on n’a plus grand chose à dire sur le fond, si ce n’est mul­ti­plier des exemples d’a­bus de pou­voir. L’é­tape sui­vante, cela va être comme dans le cas de Saillans, de tes­ter dif­fé­rentes expé­riences démo­cra­tiques, qui seront for­cé­ment locales. On sau­ra ain­si ce qui fonc­tionne bien, ce qui ne marche pas, les points forts et les fai­blesses. Visi­ble­ment, ils sont à Saillans actuel­le­ment dans une phase de bilan à mi-che­min de l’ex­pé­rience. Tris­tan Rechid pré­sen­tait récem­ment le détails des évé­ne­ments pas­sés dans la commune :
        https://​you​tu​.be/​5​x​6​D​X​-​S​4​VeI
        (Notez qu’il n’est pas un pur ama­teur, mais est au départ direc­teur de centre social ; et on recon­naî­tra faci­le­ment la for­ma­tion aux « Confé­rences Ges­ti­cu­lées »). Il y raconte com­ment le nou­veau mode de fonc­tion­ne­ment s’est mis en place pas à pas. J’ai trou­vé inté­res­sant le pas­sage de 36:15 à 42:30, qui explique l’é­qui­libre des pou­voirs dans les com­mis­sions thé­ma­tiques, et les pas­sages 1:24:30–1:26:40 et 1:54:45–1:57:00 où l’on voit que tout ne va pas si faci­le­ment, que beau­coup de gens pré­fèrent sin­cè­re­ment l’An­cien Régime, et qu’il est néces­saire de marier Pro­gres­sisme et Tradition.

        Le Week-End « Curieuses Démo­cra­ties » évo­qué dans le papier et dans la video a bien eu lieu. L’in­té­gra­li­té des ate­liers est dis­po­nible (plu­sieurs heures – je n’ai pas encore écouté) :
        http://www.curieusesdemocraties.org/index.php/curieuses-democraties-we-18–20-09–2015/14-materiaux-audio-video-we-2015-pendant

        Il y a une video de com­men­taires de com­men­ta­teurs sur ce week-end publiée ici (par Armel Le Coz) :
        https://​www​.you​tube​.com/​w​a​t​c​h​?​v​=​_​j​6​W​c​4​W​0​C00

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  16. etienne

    Pour un Sénat tiré au sort

    Supprimer cette chambre ne relève pas d’une position plus éclairée que de la laisser sombrer dans son état actuel de décadence

    3 octobre 2015 | Alain Deneault – Chro­ni­queur à la revue « Liber­té » et auteur de « La Médio­cra­tie » (Lux édi­teur) | Cana­da
    En tirant au sort les sénateurs, les citoyens seraient à même de s’imaginer un jour en poste et y verraient une incitation à suivre de près le débat public.
    Pho­to : Adrian Wyld La Presse cana­dienne
    En tirant au sort les séna­teurs, les citoyens seraient à même de s’imaginer un jour en poste et y ver­raient une inci­ta­tion à suivre de près le débat public.

    « En insis­tant sur les dys­fonc­tion­ne­ments occur­rents du Sénat cana­dien ain­si que sur des affaires de cor­rup­tion à la petite semaine, per­sonne n’aborde la ques­tion de la Chambre haute eu égard au rôle qu’elle a en prin­cipe dans un État de droit fonc­tion­nant conve­na­ble­ment. Le Sénat est un contre-pou­voir qui a pour fonc­tion de modé­rer les ardeurs de l’Assemblée légis­la­tive lorsque celle-ci abuse de son auto­ri­té. Au vu du contexte actuel, ce n’est pas un luxe.

    On rêve d’un véri­table Sénat lorsqu’un par­ti au pou­voir mène à l’aveugle des pro­jets majeurs et prend des déci­sions d’envergure sur des sujets fon­da­men­taux sans les avoir préa­la­ble­ment sou­mis à l’approbation du peuple lors d’une cam­pagne élec­to­rale ou de consul­ta­tions dignes de ce nom, par exemple.Malheureusement, les chambres hautes de bien des pays gèrent aujourd’hui les siné­cures de ser­vi­teurs et amis des par­tis de gou­ver­ne­ment. S’il s’agit là d’un détour­ne­ment auquel il urge de remé­dier, sup­pri­mer cette chambre ne relève pas d’une posi­tion plus éclai­rée que de la lais­ser som­brer dans son état actuel de déca­dence. Actuel­le­ment domi­née par la vie des par­tis, leurs com­man­di­taires occultes et leurs ani­ma­teurs de car­rière, la poli­tique ins­ti­tu­tion­nelle pro­voque du désabusement.

    Au contraire, don­ner vie à la démo­cra­tie, du point de vue ins­ti­tu­tion­nel, c’est cher­cher à ce que, le plus lit­té­ra­le­ment pos­sible, le pou­voir revienne au peuple. Or, on a vu ces der­nières années des exé­cu­tifs prendre des déci­sions graves sur des sujets pour les­quels ils n’avaient reçu aucun man­dat, que ce soit l’achat d’avions mili­taires, l’envoi de troupes armées, la fusion de très nom­breuses villes ou encore des com­pres­sions bud­gé­taires majeures dans les ser­vices publics. Cette farce a assez duré.Le prin­cipe démo­cra­tique repose néces­sai­re­ment sur un acte de recon­nais­sance : l’égalité des intel­li­gences. Être démo­crate sup­pose qu’il revient à n’importe qui de pou­voir déli­bé­rer sur les choses com­munes. Cela sup­pose a contra­rio qu’il n’y a pas, dans notre tra­di­tion, de théo­rie garan­tis­sant en der­nière ins­tance des cri­tères devant déter­mi­ner à qui revient le pou­voir de déli­bé­rer sur des enjeux de nature publique, que ce soit ceux de l’âge, de la classe sociale, des diplômes, de la for­tune ou des titres de noblesse.

    L’égalité des intelligences

    Le phi­lo­sophe fran­çais Jacques Ran­cière pos­tule en ce sens l’égalité des intel­li­gences. Cela ne revient pas pla­te­ment à affir­mer que tous les gens sont égaux en termes de savoirs et de com­pé­tences, mais que la poli­tique, contrai­re­ment aux dif­fé­rents champs de savoir tech­nique et aux dif­fé­rentes pra­tiques qui font la vie sociale, relève, elle, d’une « com­pé­tence sans spé­ci­fi­ci­té ». C’est-à-dire que s’il y va de com­pé­tences spé­ci­fiques pour orga­ni­ser un déploie­ment mili­taire, pour construire un bar­rage ou pour éla­bo­rer le pro­gramme d’enseignement de l’histoire d’un pays, en démo­cra­tie on se sait tous à même de réflé­chir de manière éclai­rée sur la pos­si­bi­li­té de dépê­cher une armée en Afgha­nis­tan, de har­na­cher une rivière et d’enseigner l’histoire natio­nale à de jeunes écoliers.

    L’élection au sort ne sup­pose pas que le hasard déniche des déci­deurs plus com­pé­tents que ceux aux­quels on a droit par le pro­ces­sus élec­to­ral. La véri­té reste néan­moins cruelle : s’ils étaient choi­sis aléa­toi­re­ment, les par­le­men­taires ne seraient tou­te­fois pas néces­sai­re­ment moins com­pé­tents que ceux que nous délé­guons au Par­le­ment. Pour­quoi le seraient-ils ? C’est impli­ci­te­ment ce type de réflexion qui a mené les Qué­bé­cois à voter mas­si­ve­ment en 2011 pour des par­le­men­taires qui n’étaient pas vrai­ment des­ti­nés à sié­ger à la Chambre des com­munes. Le sys­tème actuel, le plus sou­vent, n’encourage au fond qu’une com­pé­tence, celle qui consiste à prendre le pou­voir. Com­bien de poli­ti­ciens de car­rière sont doués pour se his­ser au som­met tout en don­nant l’impression de ne pas savoir quoi faire de leur « pou­voir » une fois qu’ils l’ont conquis ?Cette approche n’est d’ailleurs pas tout à fait étran­gère à nos ins­ti­tu­tions publiques. Elle s’applique déjà depuis long­temps en droit dans le sys­tème pénal. Face à des accu­sés sujets à des années d’incarcération, on demande depuis long­temps lit­té­ra­le­ment à n’importe qui de tran­cher sur leur sta­tut d’innocents ou de cou­pables, en tablant sur ce prin­cipe du par­tage des intel­li­gences et sur l’absence de com­pé­tence spécifique.

    Un contre-pou­voir

    En pro­cé­dant ain­si au Sénat, non seule­ment dis­po­se­rions-nous en per­ma­nence d’un contre-pou­voir, mais on sti­mu­le­rait imman­qua­ble­ment la conscience poli­tique. Désor­mais, tous les citoyens seraient à même de s’imaginer un jour en poste, et ils ver­raient dans cette pos­si­bi­li­té une inci­ta­tion à suivre de plus près le débat public.

    Réser­vée au Sénat, cette façon de pro­cé­der ne bous­cu­le­rait pas pour autant des pra­tiques élec­to­rales aux­quelles cer­tains peuvent encore être atta­chés, bien que celles-ci gagne­raient en cré­di­bi­li­té dans un sys­tème à deux tours ou à la pro­por­tion­nelle. Il ne s’agirait pas de confier de manière aléa­toire à n’importe qui le pou­voir de faire des lois, cela res­tant la pré­ro­ga­tive de l’Assemblée légis­la­tive tou­jours sou­mise au suf­frage élec­to­ral, mais de doter le peuple au nom duquel les déci­sions se prennent d’une Chambre haute pesant sur le pro­ces­sus déli­bé­ra­toire du Par­le­ment, en exer­çant un pou­voir de veille. Les mêmes consi­dé­ra­tions valent, bien enten­du, pour la vie par­le­men­taire à Qué­bec. Le Conseil légis­la­tif, abo­li en 1968, pour­rait très bien renaître sous cette forme. Ce type de struc­ture reste éga­le­ment envi­sa­geable dans un Qué­bec indépendant.

    On a là une pro­po­si­tion qui remé­die en par­tie à la crise de confiance de la popu­la­tion envers les déci­deurs publics, sans revê­tir tou­te­fois le carac­tère impro­bable d’une assem­blée consti­tuante capable dès aujourd’hui de ren­ver­ser l’ordre consti­tu­tion­nel au pro­fit d’une démo­cra­tie popu­laire immé­dia­te­ment à l’oeuvre, comme la défendent de manière théo­ri­que­ment fon­dée par exemple Étienne Chouard, Fran­cis Dupuis-Déri, Alexan­der Guer­re­ro ou David Van Reybrouck. »

    Source : lede​voir​.com

    Réponse
    • claude saint-jarre

      Bon­soir. C’est très bien. Voi­ci un com­men­taire de Roméo Bou­chard dans sa page FB : Excellent article qui fait une démons­tra­tion claire de la néces­si­té d’une Chambre citoyenne tirée au sort comme chien de garde des légis­la­teurs et qui explique bien les avan­tages et le bien fon­dé d’un tirage au sort. J’ai déjà aus­si fait la sug­ges­tion d’un tirage au sort pour les com­mis­saires sco­laires pour rem­pla­cer l’é­lec­tion défaillante. Je suis d’ac­cord avec lui que de com­men­cer tout de suite cer­taines réformes démo­cra­tiques comme celles-là ne peut que hâter l’a­vè­ne­ment d’un pro­ces­sus consti­tuant glo­bal. Je trouve juste que dans sa liste finale des défen­seurs de ce concept de chambre citoyenne tirée au sort, j’au­rais aimé et méri­té je pense de figu­rer (j’en fais la pro­mo­tion depuis 5 ans déjà), même si je ne suis qu’une sorte d’u­ni­ver­si­taire indigène.…ou peut-être qu’un « farmer »…
      .…… Et moi j’ai ain­si com­men­té : Très‘vrai, Roméo est dans cette liste quant à moi et ce grand écri­vain devrait être célé­bré:) le tirage au sort n’est qu’un des nom­breux élé­ments du chan­tier démo­cra­tique qu’il propose.

      Réponse
  17. binnemaya

    L’i­dée d’un sénat tiré au sort est sym­pa mais cela ne chan­ge­rai rien si comme c’est le cas actuel­le­ment en france le pré­sident conserve tout les pou­voirs poli­tiques, les banques tous les pou­voirs éco­no­miques (battre mon­naie com­pris) et le par­le­ment seul déci­deur en der­nier res­sort quand il y a encore un vote ce qui n’est même plus le cas (49.3 etc…).
    Donc la seule chose a faire c’est de se pré­pa­rer pour le jour J de l’ef­fon­dre­ment qui ne va pas tar­der (tous les signes sont là) car on le voit toute action de résis­tance au sys­tème est immé­dia­te­ment répri­mé actuel­le­ment et cette répres­sion de plus en plus rapide et forte est a elle seule la preuve de la connais­sance de la part de nos « élites » de la défaillance du système.

    Réponse
  18. etienne

    « Le patro­nat n’a pas besoin, lui, pour exer­cer une action vio­lente, de gestes désor­don­nés et de paroles tumul­tueuses ! Quelques hommes se ras­semblent, à huis clos, dans la sécu­ri­té, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans vio­lence, sans gestes désor­don­nés, sans éclats de voix, comme des diplo­mates cau­sant autour du tapis vert, ils décident que le salaire rai­son­nable sera refu­sé aux ouvriers ; ils décident que les ouvriers qui conti­nuent la lutte seront exclus, seront chas­sés, seront dési­gnés par des marques imper­cep­tibles, mais connues des autres patrons, à l’universelle vin­dicte patro­nale. […] Ain­si, tan­dis que l’acte de vio­lence de l’ouvrier appa­raît tou­jours, est tou­jours défi­ni, tou­jours aisé­ment frap­pé, la res­pon­sa­bi­li­té pro­fonde et meur­trière des grands patrons, des grands capi­ta­listes, elle se dérobe, elle s’évanouit dans une sorte d’obscurité. »

    Jean Jau­rès, dis­cours devant la Chambre des dépu­tés, séance du 19 juin 1906.

    Réponse
    • Ana Sailland

      Je suis effa­rée de lire sur Face­book jus­qu’aux vic­times du sys­tème ( ouf … pas toutes 😉 ) se dres­ser contre la réac­tion des sala­riés d’air france, car trop vio­lente ( 2900 sala­riés à poil confisquent une che­mise … et on crie au scandale).
      De même quand les gré­vistes sont assi­mi­lés à des pre­neurs d’otages.

      Essen­tielle est donc cette dis­sy­mé­trie en visi­bi­li­té entre la vio­lence que subit le grand nombre et celle dont il devrait user pour se libérer.

      Pour se libé­rer du petit nombre, il manque au grand nombre la per­cep­tion de son uni­té, l’in­té­gra­tion de l’ar­ticle 34 de la décla­ra­tion de 1793. Il lui manque la capa­ci­té de consti­tuer un corps social solide, cohé­rent, syner­gique, de façon natu­relle, donc sans le secours de ras­sem­bleurs qui tôt fait seront du petit nombre.

      Sur cela viennent se gref­fer les per­ver­sions du monde média­tique, qui c’est évident, va subrep­ti­ce­ment façon­ner la pen­sée du grand nombre dans un sens sou­hai­table par les pro­prié­taires de l’in­for­ma­tion. Afin de favo­ri­ser la dés­union et de ter­nir la moindre étin­celle avant qu’elle n’en­flamme les âmes.

      Réponse
        • Ana Sailland

          « Arri­ve­ra-t-on un jour à avoir des médias mesu­rés, expli­quant la com­plexi­té des choses, même si c’est moins “ven­deur” ? »

          C’est peut être à nous la mul­ti­tude de nous coti­ser afin de créer au moins un jour­nal natio­nal dont la ligne édi­to­riale serait défi­nie démocratiquement.

          Faut des sous …

          J’ai déjà ten­té une fois et y ai per­du ma che­mise. Plus jamais seule 🙂

          Réponse
  19. BA

    Qui est Alexandre Marie Hen­ry Begoügne de Juniac ?

    Alexandre Marie Hen­ry Begoügne de Juniac, né le 10 novembre 1962 à Neuilly-sur-Seine, est un chef d’entreprise fran­çais, actuel pré­sident-direc­teur géné­ral d’Air France-KLM. 

    Issu d’une famille de Limoges qui avait obte­nu la noblesse sous le Pre­mier Empire, fils de l’am­bas­sa­deur Gon­tran de Juniac, il étu­die au lycée Pas­teur puis entre à l’É­cole poly­tech­nique en 1981 et à l’E­NA (1988, pro­mo­tion « Michel de Mon­taigne »). Il a notam­ment effec­tué une par­tie de ses études à la Har­vard Busi­ness School. 

    https://​fr​.wiki​pe​dia​.org/​w​i​k​i​/​A​l​e​x​a​n​d​r​e​_​d​e​_​J​u​n​iac

    A pro­pos de la guerre des classes :

    26 novembre 2006 :

    War­ren Buf­fett, troi­sième for­tune mon­diale, déclare au jour­nal New-York Times :

    « There’s class war­fare, all right, Mr. Buf­fett said, but it’s my class, the rich class, that’s making war, and we’re winning. »

    Tra­duc­tion :

    « La guerre des classes existe, c’est d’ac­cord, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner. »

    http://​www​.nytimes​.com/​2​0​0​6​/​1​1​/​2​6​/​b​u​s​i​n​e​s​s​/​y​o​u​r​m​o​n​e​y​/​2​6​e​v​e​r​y​.​h​tml

    Bon.

    D’ac­cord.

    Mais la guerre des classes n’est pas finie.

    La guerre continue.

    Réponse
  20. etienne

    Par qui sommes-nous gouvernés ?
    Qui accepte une telle prise de risque pour la socié­té (au pro­fit de quelques giga-escrocs en costume) ?
    => La BNP (et donc nos comptes et notre mon­naie) est expo­sée au risque (insen­sé) des « déri­vés » pour… 48 000 mil­liards d’eu­ros, soit 24 fois le PIB de la France (2 000 mil­liards par an) !!! 

    http://​www​.age​fi​.fr/​a​r​t​i​c​l​e​s​/​l​e​s​-​b​a​n​q​u​e​s​-​s​o​u​s​-​e​s​t​i​m​e​r​a​i​e​n​t​-​l​e​s​-​r​i​s​q​u​e​s​-​s​u​r​-​l​e​s​-​p​r​o​d​u​i​t​s​-​d​e​r​i​v​e​s​-​1​3​0​0​8​6​2​.​h​tmlhttp://​www​.age​fi​.fr/​a​r​t​i​c​l​e​s​/​l​e​s​-​b​a​n​q​u​e​s​-​s​o​u​s​-​e​s​t​i​m​e​r​a​i​e​n​t​-​l​e​s​-​r​i​s​q​u​e​s​-​s​u​r​-​l​e​s​-​p​r​o​d​u​i​t​s​-​d​e​r​i​v​e​s​-​1​3​0​0​8​6​2​.​h​tml
    Ce n’est pas si bête (ni si violent que ça, quand on songe à leur propre vio­lence, quo­ti­dienne, contre la socié­té toute entière) de leur arra­cher leur costume…

    Réponse
    • nanou

      Wall Street : les révé­la­tions per­tur­bantes d’un finan­cier « repenti »
      08 octobre 2015, 08:30 | Amid Faljaoui

      Entendre un finan­cier dire du mal de la finance ou plu­tôt de la Bourse est extrê­me­ment rare, sur­tout si ce finan­cier est une légende de la finance. C’est por­tant ce qu’a fait John Bogle (1), le fon­da­teur du fameux groupe finan­cier Vanguard.

      A 85 ans, John Bogle n’a en fait plus rien à perdre et peut se per­mettre de dire la véri­té, sa véri­té. Qu’a dit, en sub­stance, ce gou­rou ? Pour lui, c’est simple, Wall Street ne sert à rien. Pire encore, l’in­dus­trie finan­cière pour laquelle il a pour­tant tra­vaillé pen­dant des années serait, selon lui, tout juste parasitaire.

      Bien enten­du, il ne se contente pas de le dire, il essaie aus­si de le démon­trer via des chiffres. Donc selon lui, pas moins de 32.000 mil­liards de dol­lars de titres – autre­ment dit, des actions et des obli­ga­tions – sont échan­gés tous les ans à Wall Street mais avec très peu d’im­pact posi­tif pour l’é­co­no­mie. C’est éton­nant, car le dis­cours offi­ciel que l’on retrouve dans tous les manuels qui parlent de la Bourse, c’est que jus­te­ment la Bourse sert au moins à une chose fon­da­men­tale : finan­cer les entre­prises, et notam­ment celles en croissance.

      Or, jus­te­ment, d’a­près John Bogler, ce n’est pas ce que fait la Bourse aujourd’­hui. Pour lui, 99% de ce qui se fait dans l’in­dus­trie finan­cière consiste en des échanges d’une per­sonne avec une autre dans le seul inté­rêt, je le cite (1), de l’in­ter­mé­diaire. Il en résulte un gâchis consi­dé­rable. Tra­duis en termes simples, notre finan­cier « repen­ti » nous dit que ces 32.000 mil­liards de dol­lars de titres qui sont échan­gés chaque année à Wall Street (pour rap­pel, ce mon­tant cor­res­pond à deux fois le PIB des Etats-Unis, soit deux fois la richesse annuelle de la pre­mière puis­sance éco­no­mique mon­diale), servent de rente à une indus­trie finan­cière qui prend un pour­cen­tage sur chaque transaction.

      On peut voir cela comme une sorte de péage à l’a­chat et à la vente. Pour John Bogle, les tra­ders, à l’in­verse des ana­lystes finan­ciers, n’ont aucune valeur, ils ne savent pas quelles sont les actions qui vont grim­per ou bais­ser, mais ils gagnent à la baisse et à la hausse. Sa véri­té, c’est que les grandes banques d’in­ves­tis­se­ment amé­ri­caines pour­raient tra­vailler une semaine par an seule­ment et fer­mer le reste du temps sans que cela ait la moindre consé­quence sur l’é­co­no­mie réelle. Evi­dem­ment, les experts qui écoutent cette chro­nique ne seront pas d’ac­cord et diront que ces banques ont un rôle (assu­rer la liqui­di­té par exemple). Il n’empêche, entendre un homme âgé de 85 ans, qui a très bien réus­si dans la finance et cela, au plus haut niveau mon­dial, dire que la finance – telle qu’elle est pra­ti­quée aujourd’­hui – n’ap­porte rien à l’é­co­no­mie réelle, c’est perturbant !

      (1) Why 99 of tra­ding is point­less, John Bogle, sur le site de mar​ket​watch​.com, et de slate​.com

      Réponse
  21. etienne
  22. binnemaya

    Salut Etienne,
    Un article inté­res­sant où l’on parle encore de toi (tu va finir en star « blague »)

    http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/l‑ere-numerique-de-la-democratie-172761

    Sinon mon res­sen­ti (ptit doigt) me dit qu’on se rap­proche d’un bou­le­ver­se­ment radi­cal en espé­rant que l’on ne tombe pas dans le piège des monstres genre (FN,UMP,PS etc…)

    L’his­toire grecque récente m’a beau­coup tou­ché mais ne doit pas nous arrê­ter car c’est leur but, aux puissants.

    Réponse
  23. claude saint-jarre
    • joss

      Le prix nobel de la paix ou autre, fait par­tie de la socié­té du spec­tacle, sert à ren­for­cer les croyances au sys­tème en place, c’est un cata­ly­seur, le nonosse au chien modèle.

      Réponse
    • nlesca

      étrange ta ques­tion… où exac­te­ment EC a‑t-il dit que les tuni­siens n’a­vaient pas par­ti­ci­pé à l’é­cri­ture de leur constitution ?

      Parce que la der­nière fois que je l’ai enten­du par­ler de ça, ce n’est pas du tout ce qu’il a dit. Je l’ai enten­du dire que les tuni­siens s’é­taient fait enfler en confiant l’é­cri­ture de leur consti­tu­tion à des élus, c’est un poil dif­fé­rent… Ces élus étaient pro­ba­ble­ment Tuni­siens oui… On peut dis­cu­ter le terme « élus » mais d’a­près ton article « Le Dia­logue natio­nal tuni­sien est consti­tué de membres du prin­ci­pal syn­di­cat des tra­vailleurs, d’un ordre d’avocats, de la Ligue des droits de l’Homme tuni­sienne et d’une orga­ni­sa­tion patro­nale. » … Pas vrai­ment des assem­blées popu­laires quoi…

      On peut jouer sur les mots tant qu’on veut et accla­mer des médailles en cho­co­lat mais mani­fes­te­ment EC a rai­son, les tuni­siens ont tro­qué un tyran pour une plou­to­cra­tie moderne et n’ont en rien obte­nu la démocratie.

      Réponse
  24. etienne

    Très remar­quable ana­lyse de Fré­dé­ric, qui en vien­dra un jour, je le sais, j’en suis sûr, à tra­vailler le mode de dési­gna­tion de ceux qui écrivent les ins­ti­tu­tions qu’il dénonce.

    Et quand il en sera là, je suis sûr qu’il ver­ra (et assi­mi­le­ra en pro­fon­deur dans ses ana­lyses) les innom­brables ver­tus du tirage au sort (avec contrôle des tirés au sort par d’autres tirés au sort) pour pro­té­ger – struc­tu­rel­le­ment – le corps social contre les conflits d’in­té­rêts (et contre la kyrielle de chan­tages, de coups de force impu­nis et d’in­jus­tices sociales qui s’en­suivent mécaniquement).

    Fré­dé­ric Lor­don : « Air France et le par­ti de la liquette »

    http://blog.mondediplo.net/2015–10-09-Le-parti-de-la-liquette

    Réponse
    • Ana Sailland

      il résiste au choc de l’évidence 😉

      Réponse
    • Ana Sailland

      Quoi­qu’on en dise, l’es­cla­vage n’est pas abo­li, a seule­ment chan­gé de forme juridique

      et cer­tains vou­draient le muscler.

      Réponse
  25. zedav

    Non Étienne, déso­lé mais M. Lor­don, aus­si inté­res­sant et per­ti­nent soit-il ne rejoin­dra pas la cause de la consti­tu­tion popu­laire ou du tirage au sort :
    « Dans cette pen­sée dos­toïevs­kienne du pauvre, ou plus exac­te­ment du nou­veau riche, « si le com­mu­nisme est mort, alors tout est per­mis ». L’instance externe de la peur effon­drée, et l’instance interne de la conten­tion – le pou­voir poli­tique – pas­sée avec armes et bagages du côté des forces qu’elle avait à conte­nir, la peur ne retrou­ve­ra plus d’autre ori­gine que dif­fuse et imma­nente : elle vien­dra du bas – du bas qui se soulève. »

    Où l’on peut lire que selon lui le pou­voir poli­tique est pas­sé du côté des forces qu’elle avait à conte­nir. Par magie ? Par acci­dent ? Du fait de cir­cons­tances particulières ?

    Non M. Lor­don, le pou­voir poli­tique des gou­ver­ne­ments repré­sen­ta­tifs n’est pas pas­sé avec armes et bagages de ce côté là puis­qu’il est dans sa nature d’y être. Il ne joue un rôle de modé­ra­teur que dans des cir­cons­tances his­to­riques excep­tion­nelles et somme toute assez (trop) rares, lorsque les­dites forces consti­tuent un contre pou­voir de puis­sance suf­fi­sante pour – comme vous le faites jus­te­ment remar­quer – leur faire peur, rôle d’épouvantail qu’a effec­ti­ve­ment joué le contre modèle fal­la­cieu­se­ment auto pro­cla­mé communiste.

    Réponse
      • Ana Sailland

        Je n’y crois pas trop non plus

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  26. etienne
    • Ana Sailland

      La ques­tion mérite en effet d’être posée. 

      Nous avons des diri­geants avec du pétrole plein les neurones

      Réponse
  27. Gaudefroy

    Un article inté­res­sant vu sur le Saker Francophone
    (Saker tenu par un ancien de l’O­TAN, en réfé­rence il me semble au SACEUR

    https://​en​.wiki​pe​dia​.org/​w​i​k​i​/​S​u​p​r​e​m​e​_​H​e​a​d​q​u​a​r​t​e​r​s​_​A​l​l​i​e​d​_​P​o​w​e​r​s​_​E​u​r​o​p​e​#​S​u​p​r​e​m​e​_​A​l​l​i​e​d​_​C​o​m​m​a​n​d​e​r​_​E​u​r​o​p​e​_​.​2​8​S​A​C​E​U​R​.29

    )

     » Revoir notre grille de lec­ture est indispensable

    Ein­stein disait que « la théo­rie, c’est quand on sait tout et que rien ne fonc­tionne. La pra­tique, c’est quand tout fonc­tionne et que per­sonne ne sait pour­quoi. Si la pra­tique et la théo­rie sont réunies, rien ne fonc­tionne et on ne sait pas pour­quoi ». Nous sommes exac­te­ment dans ce der­nier cas de figure dans la crise éco­no­mique qui nous occupe aujourd’hui.

    Quant à Ste­phen M. Gold­feld il disait qu’un « éco­no­miste est quelqu’un qui voit fonc­tion­ner les choses en pra­tique et se demande si elles pour­raient fonc­tion­ner en théorie ».

    Pour­quoi ces deux cita­tions ? D’abord parce que j’avais envie de les caser, c’est comme ça, et puis sur­tout parce que je trouve que cela est révé­la­teur de notre situation.
    Que nous montrent les faits ?

    Les faits nous montrent que nos théo­ries éco­no­miques ne fonc­tionnent tout sim­ple­ment plus.
    Les poli­tiques de relance dites key­né­siennes ? Un échec monu­men­tal qui n’a fait qu’accroître les dettes des états les rap­pro­chant un peu plus de l’insolvabilité.
    Les poli­tiques d’austérité ? Un bilan éco­no­mique et humain abso­lu­ment dra­ma­tique et ce quel que soit le pays et l’époque. Au bout du che­min, l’insolvabilité par la déflation.
    Les poli­tiques bap­ti­sées pudi­que­ment « non conven­tion­nelles » qui ne consiste qu’à impri­mer des billets à volon­té comme le ferait un gamin faux-mon­nayeur dans une par­tie de Mono­po­ly, aucun impact durable à part rajou­ter de la dette encore à d’autres dettes, déva­lo­ri­sant la mon­naie, fai­sant mon­ter les prix, notam­ment des matières pre­mières. Dans ce cas au bout du che­min, l’insolvabilité par l’inflation.
    Pour la pre­mière fois l’inflation et la défla­tion sont simultanées »

    http://​inso​len​tiae​.com/​2​0​1​5​/​1​0​/​0​6​/​o​u​b​l​i​e​z​-​l​i​n​f​l​a​t​i​o​n​-​o​u​-​l​a​-​d​e​f​l​a​t​i​o​n​-​v​o​i​c​i​-​l​i​n​d​e​f​l​a​t​i​on/

    Réponse
  28. binnemaya

    Bon­jour à tous,
    Encore un ptit article de C.Sannat que je suis jour­na­liè­re­ment sur son site inso​len​tiae​.com qui parle d’Etienne.
    Dans l’ar­ticle une seule chose me dérange c’est le mot « reve­nu de base » qui comme dit B.Friot est le der­nier ava­tar a la mode du capi­tal pour ube­ri­ser donc tuer le sala­riat. Il fau­drait l’é­chan­ger dans cet excellent texte par « salaire à vie » ce qui le ren­drait presque parfait.
    http://​inso​len​tiae​.com/​2​0​1​5​/​1​0​/​1​4​/​l​e​-​c​h​o​m​e​u​r​-​a​u​-​l​i​e​u​-​d​e​t​r​e​-​l​a​-​r​a​n​c​o​n​-​d​e​-​l​a​-​s​c​i​e​n​c​e​-​d​e​v​r​a​i​t​-​e​n​-​e​t​r​e​-​l​a​-​r​e​c​o​m​p​e​n​s​e​-​l​e​d​i​t​o​-​d​e​-​c​h​a​r​l​e​s​-​s​a​n​n​at/

    Réponse
  29. Eliade Guy

    Mer­ci pour cette trans­crip­tion d’ un inter­view de B.Friot.
    J’ avais un cer­tain goût pour la cri­tique de la valeur por­tée par des sites comme
    http://​www​.palim​-psao​.fr/ et des gens comme Anselm Jappe. Cette mise au point m’ est béné­fique. C’ est vrai qu’ ayant tra­vaillé dans des emplois qua­li­fiées et asep­ti­sées de l’ Infor­ma­tique, j’ ai des reflexes « petit bourgeois ».
    Merci

    Réponse
  30. etienne

    « Créa­tion moné­taire et Société » :
    Débat His­to­rique au Par­le­ment britannique

    httpv://youtu.be/NQTTfgG0NFc

    Réponse
  31. etienne

    Jacques Sapir (19÷10÷2015) : Si on sort de l’eu­ro comme il faut, « on peut consi­dé­rer qu’une baisse du chô­mage des DEUX TIERS consti­tue une pré­vi­sion robuste et crédible » !
    http://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​4​394

    L’Euro, la peur et Vichy
    Par Jacques Sapir · 19 octobre 2015

    Le dis­cours sur les consé­quences catas­tro­phiques que pour­rait avoir une sor­tie de l’Euro pour l’économie fran­çaise, et celle des autres pays de la zone Euro est com­mun dans une bonne par­tie du spectre poli­tique fran­çais. On est en pré­sence d’un dis­cours de peur tenu par ceux-là même qui accusent le Front Natio­nal de jouer sur des peurs. Voi­là qui ne manque pas de sel quand cer­tains de ces hommes poli­tiques ne font que reprendre la vieille antienne du gou­ver­ne­ment de Vichy ! Cela montre à quel point la ques­tion de l’Euro est deve­nue une ques­tion reli­gieuse dans la poli­tique fran­çaise. Res­ter dans l’Euro nous condui­rait au para­dis et en sor­tir nous entraî­ne­rait en enfer ! Mais, ce dis­cours ne repose pas sur des bases solides. 

    On sait qu’une dis­so­lu­tion de l’Euro pose­rait deux pro­blèmes immé­diats, celui des dettes et celui des flux finan­ciers entre les diverses éco­no­mies. Ces deux pro­blèmes sont, en réa­li­té, bien moins com­pli­qués que ce que cer­tains hommes poli­tiques, de Nico­las Sar­ko­zy à Fran­çois Hol­lande veulent nous faire croire. De plus, est avé­ré que l’Euro a failli, et dans des pro­por­tions impor­tantes, tant à engen­drer la crois­sance qu’à pro­té­ger les éco­no­mies des pays membres contres les fluc­tua­tions finan­cières inter­na­tio­nales. De cela, on a eu la preuve avec la crise de 2007–2009. On se pro­pose donc de reve­nir sur ces dif­fé­rents points pour dis­tin­guer le vrai du faux.

    La ques­tion des dettes

    Pour ce qui est des dettes, on sait aus­si que la dette sou­ve­raine de nom­breux pays, dont la France à 97%, est émise dans le droit de ce pays. Or, la règle, éta­blie par la cour d’arbitrage inter­na­tio­nale depuis la fin des années 1920, est que tout titre émis dans le droit du pays « x » doit être payé dans la mon­naie du pays « x », quel que soit le nom de cette mon­naie. C’est ce que l’on appelle la lex mone­tae. Cela veut dire que si la France décide de quit­ter l’Euro et de reve­nir au Franc, 97% de notre dette publique sera immé­dia­te­ment et sans contes­ta­tion pos­sible, re-dénom­mi­née en Franc. De ce point de vue, le seul pays qui serait obli­gé de faire défaut sur sa dette sou­ve­raine serait la Grèce car plus des deux-tiers de sa dette est émis en droit étranger.

    Par­ler soit d’une mul­ti­pli­ca­tion impor­tante pour la dette fran­çaise comme le font Nico­las Sar­ko­zy et les diri­geants de l’ex-UMP, ou au contraire par­ler d’un pos­sible défaut, comme le fait J‑L Mélen­chon, n’a aucun sens. Pour les uns, cela relève du men­songe pur et simple. Les diri­geants de l’ex-UMP ne peuvent pas igno­rer la com­po­si­tion et la nature de la dette sou­ve­raine de la France, et donc igno­rer qu’une sor­tie de l’Euro serait ici indo­lore. Pour ce qui est de J‑L Mélen­chon, l’erreur pro­vient de son incom­pré­hen­sion du méca­nisme des dettes publiques.

    En ce qui concerne les dettes pri­vées, une grande part de ces der­nières est pla­cée auprès d’acteurs fran­çais. Il n’y aura aucun pro­blème en cas de sor­tie de l’Euro. Pour les entre­prises mul­ti­na­tio­nales fran­çaises, une large part de leur endet­te­ment est sous­crite par des non-rési­dents. Mais, ces entre­prises font aus­si une large part de leur chiffre d’affaires hors de France. Dès lors, en cas de sor­tie de l’Euro accom­pa­gnée d’une dépré­cia­tion du « nou­veau » Franc, les dettes seraient rééva­luées mais le chiffre d’affaires (et les pro­fits) aus­si ! Les cal­culs qui ont été fait par diverses banques indiquent que les deux méca­nismes s’équilibrent.

    La ques­tion des flux financiers

    Il reste le pro­blème des flux finan­ciers entre pays, qu’ils soient dans la zone Euro ou hors de la zone Euro. Tech­ni­que­ment, les grandes banques inter­na­tio­nales se sont déjà pré­pa­rées à la pers­pec­tive d’une dis­so­lu­tion de l’Euro. Il convien­drait de sus­pendre les tran­sac­tions finan­cières pour une durée de 24 à 72h, puis de limi­ter les mou­ve­ments à très court terme (qui relèvent essen­tiel­le­ment de la spé­cu­la­tion) pour une période d’environ 6 mois.

    L’image d’une sor­tie de l’Euro pro­vo­quant un « désastre » relève donc de la fic­tion. C’est une fic­tion dont les par­ti­sans de l’Euro se servent pour ali­men­ter des peurs au sein des popu­la­tions. Il faut remar­quer que ce sont les mêmes qui accusent Marine le Pen et le Front Natio­nal de jouer sur la peur qui, en réa­li­té, tiennent un véri­table dis­cours de peur et cherchent à pro­vo­quer une réac­tion de panique chez les élec­teurs. Ce point est impor­tant. En fait, la peur semble bien devoir être le seul argu­ment que les par­ti­sans de l’Euro peuvent encore uti­li­ser devant la faillite com­plète de l’Union Éco­no­mique et Monétaire.

    Les avan­tages d’une sor­tie de l’Euro

    Main­te­nant, il faut être aus­si conscient que les avan­tages d’une sor­tie de l’Euro, et ces avan­tages sont nom­breux que ce soit dans le domaine de la crois­sance, de l’emploi, mais aus­si du réta­blis­se­ment des comptes publics, seront affec­tés par les condi­tions dans les­quelles se fera cette sor­tie et par la poli­tique qui sera conduite une fois la ques­tion de l’Euro réso­lue. L’Euro peut dis­pa­raître par une déci­sion concer­tée, com­mune à l’ensemble des pays de la zone, comme il peut dis­pa­raître par une suc­ces­sion de crise don­nant lieu à des sor­ties, cha­cune aggra­vant la crise et condui­sant un nou­veau pays à sor­tir à son tour. Cette hypo­thèse est la plus défavorable.

    Mais, même dans cette hypo­thèse, et en sup­po­sant que la France soit l’un des der­niers pays à sor­tir de l’Euro, notre situa­tion serait meilleure que la situa­tion actuelle. Ensuite, un point impor­tant sera celui des poli­tiques à mettre en place une fois la sor­tie de l’Euro effec­tuée. Il est clair que si le gou­ver­ne­ment alors en place don­nait la prio­ri­té au désen­det­te­ment de la France, et cher­chait à main­te­nir le taux de change à un niveau sur­éva­lué, les avan­tages de la sor­tie de l’Euro seraient très faibles. Mais ils ne seraient pas nuls. Par contre, avec une poli­tique rom­pant de manière déci­sive avec les poli­tiques menées depuis ces 25 der­nières années et don­nant une prio­ri­té à l’investissement, les avan­tages d’une sor­tie de l’Euro seraient impressionnants[1]. C’est pour­quoi j’ai tou­jours dit que la sor­tie de l’Euro était une condi­tion néces­saire, c’est à dire que tant que nous res­tons dans l’Euro rien n’est pos­sible, mais nul­le­ment une condi­tion suf­fi­sante. Ce point est impor­tant car, trop sou­vent, nombre des adver­saires de l’Euro pré­sentent la sor­tie de la mon­naie unique comme une pana­cée, ce qu’elle n’est pas.

    Quand fut rédi­gée la bro­chure pour la fon­da­tion ResPu­bli­ca où ont été esti­mées les consé­quences pos­sibles d’une sor­tie de l’Euro, une bonne part des dis­cus­sions qui se sont dérou­lées avec Cédric Durand et Phi­lippe Murer, les deux autres co-auteurs de cette dite bro­chure, por­taient jus­te­ment sur l’ampleur des gains que l’on pou­vait attendre d’une telle sor­tie. Les pre­miers résul­tats, don­nés auto­ma­ti­que­ment par le modèle nous avaient sem­blé fan­tas­tiques, au point que nous avons déli­bé­ré­ment cor­ri­gé à la baisse cer­tains de ces résul­tats. Même ain­si, une sor­tie de l’Euro condui­rait à près de 2 mil­lions de créa­tions d’emploi sup­plé­men­taires à court terme, rien que pour la caté­go­rie « A » de la DARES. Avec les effets induits (plus d’emplois implique plus de coti­sa­tion, donc un retour à l’équilibre des régimes retraites et san­té, donc la pos­si­bi­li­té de bais­ser les coti­sa­tions indi­vi­duelles, etc…), on arri­ve­rait en cinq ans à près de 3,5 mil­lions de créa­tions d’emplois, c’est à dire à un retour au plein emploi. Il faut avouer que l’on peut avoir des doutes sur de tels chiffres, parce que les chan­ge­ments d’échelle impliquent des chan­ge­ments dans les rela­tions éco­no­miques. Mais, on peut consi­dé­rer qu’une baisse du chô­mage des deux-tiers consti­tue une pré­vi­sion robuste et crédible.

    L’Euro est-il une protection ?

    Un der­nier argu­ment, fré­quem­ment uti­li­sé dans le débat sur l’Euro est que ce der­nier per­met­trait aux pays membres de s’affirmer face aux États-Unis et à la Chine. Mais, cet argu­ment ne cor­res­pond nul­le­ment à la réa­li­té. La zone Euro, ou l’Union Éco­no­mique et Moné­taire pour l’appeler par son nom véri­table, n’a jamais réus­si à s’imposer face aux États-Unis voire à la Chine. Dans le domaine moné­taire, actuel­le­ment l’Euro est, certes, la deuxième mon­naie de réserve au monde en ce qui concerne les réserves des Banques Cen­trales. Mais, son poids est de 20%, ce qui est infé­rieur aux mon­tants cumu­lés des mon­naies des pays de l’UEM avant 1999. Le tout n’est donc pas supé­rieur à la somme des par­ties, ce qui témoigne de l’inexistence d’une dyna­mique de l’Euro.

    Notons aus­si que l’Euro a per­du sa deuxième place face au Dol­lar en ce qui concerne les mon­naies de tran­sac­tions finan­cières inter­na­tio­nales. Cette deuxième place revient désor­mais au Yuan ! Bien sûr, l’UE est un grand mar­ché, mais ce n’est pas une puis­sance indus­trielle, en rai­son de l’incapacité à for­mu­ler une véri­table poli­tique indus­trielle à l’échelle de l’UE. En fait, nombre de pro­jets qui sont pré­sen­tés comme des pro­jets « euro­péens », ont été conçus dans des cadres bi ou mul­ti­la­té­raux. Il en est ain­si d’Airbus ou d’Ariane. En fait, la réa­li­sa­tion de tels pro­jets serait ren­due aujourd’hui si ce n’est impos­sible à tout le moins très dif­fi­cile tant par les régle­men­ta­tions euro­péennes que par l’existence de l’Euro.

    Enfin, il faut se deman­der si l’UE, et la zone Euro, ont jamais été réel­le­ment conçues comme des ins­tru­ments d’opposition à la poli­tique des États-Unis. Cela recoupe la ques­tion de « l’Europe-Puissance » dont on a dit qu’elle était un mythe, voire un men­songe. En fait, la CEE et l’UE ont été conçues comme des appen­dices éco­no­miques à l’OTAN. L’UE a été le prin­ci­pal ins­tru­ment de la mon­dia­li­sa­tion en Europe, le prin­ci­pal fac­teur de déman­tè­le­ment des pro­tec­tions natio­nales. On le voit encore dans la manière dont se déroule la négo­cia­tion sur le par­te­na­riat trans­at­lan­tique ou TAFTA. L’UE est en réa­li­té un che­val de Troie des États-Unis.

    Vichy c’est l’Euro ?

    Il faut ici réflé­chir à ce que révèle ce type d’argument dans l’inconscient de ceux qui l’utilisent. Il y a aujourd’hui un pes­si­misme pro­fond dans les élites fran­çaises à pro­pos de la sur­vie de la France. Ce pes­si­misme qu’exprime un Fran­çois Hol­lande ou un Nico­las Sar­ko­zy, c’est celui qui pense que sans l’Union euro­péenne il n’y aurait plus de France. Ce pes­si­misme pense que la France ne peut faire face au monde qu’en dis­pa­rais­sant dans une enti­té plus vaste. Or, ce dis­cours, nous l’avons déjà enten­du dans notre his­toire, et en par­ti­cu­lier de 1940 à 1944. Ce fut le dis­cours du régime de Vichy, théo­ri­sant la défaite de juin 1940. Ce fut par exemple le dis­cours de Pierre Laval, ancien socia­liste et par­ti­san de la défla­tion quand il fut Pré­sident du Conseil en 1935, deux points qui le rap­prochent de Fran­çois Hol­lande, quand il s’exclame sur les ondes de Radio-Paris « je sou­haite la vic­toire de l’Allemagne ».

    En fait la poli­tique euro­péenne menée par nos deux der­niers pré­si­dents, que ce soit Nico­las Sar­ko­zy ou Fran­çois Hol­lande, s’inscrit, consciem­ment ou incons­ciem­ment, dans la filia­tion de la poli­tique de renon­ce­ment de Vichy. Il en est ain­si parce que ces deux hommes se sont tou­jours oppo­sés en réa­li­té au Géné­ral de Gaulle, et ne cessent de le com­battre quo­ti­dien­ne­ment quand bien même ils le louent par la bouche ou la plume. Il faut donc ici reve­nir sur ce que le désastre de 1940 nous apprend sur les élites fran­çaises, dont on sait qu’une par­tie pré­fé­rait Hit­ler au Front Popu­laire. C’est en réa­li­té ce vieux fond réac­tion­naire, pétai­niste, héri­tier de Vichy, qui res­sort dans l’argument que seul l’UE pour­rait nous pro­té­ger face aux États-Unis et à la Chine.

    Jacques Sapir.

    [1] Voir Sapir J., Les sce­na­rii de dis­so­lu­tion de l’Euro, (avec P. Murer et C. Durand) Fon­da­tion ResPu­bli­ca, Paris, sep­tembre 2013.

    Source : http://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​4​394

    Réponse
  32. binnemaya

    Son dis­cours a sapir sur l’eu­ro peut pas­ser et encore faut voir mais sa der­nière idée d’un front avec les fachos que sont et res­te­ront les lepen et toute cette bande de minables qui d’ailleurs ne veulent qu’ac­cé­lé­rer ce que l’umps est entrain d’ins­tal­ler c’est à dire une belle dic­ta­ture avec un enne­mi déjà tout dési­gner (tout ce qui n’est pas f de souche bien blanc chré­tien) c’est ce que nous com­bat­tons il me semble ?
    sala­riat contre capital
    peuple contre oligarchie
    vivre ensemble contre guerre éco et militaire

    Réponse

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