Le secret des banques derrière la tragédie grecque

6/07/2015 | 143 commentaires

Un réqui­si­toire impor­tant, sur le méga-scan­dale des « dettes publiques », publié sur (l’in­dis­pen­sable) Media­part.
À lire atten­ti­ve­ment, le crayon à la main, et à faire connaître par­tout en Europe.

Le secret des banques
der­rière la tra­gé­die grecque

Maria Lucia Fato­rel­li, membre de la Com­mis­sion Véri­té sur la Dette Publique Grecque [1] et coor­di­na­trice de l’au­dit citoyen de la dette du Bré­sil, ana­lyse les faits pour revè­ler la super­che­rie du bai­lout grec de 2010.


La Grèce est confron­tée à l’é­norme pro­blème de la dette et à une crise huma­ni­taire. La situa­tion est main­te­nant pire que ce qu’elle a connue en 2010, lorsque la troï­ka – le FMI, la Com­mis­sion euro­péenne et la BCE – a impo­sé son « plan de sau­ve­tage », jus­ti­fié par la néces­si­té de sou­te­nir la Grèce. En fait, ce plan a été un désastre com­plet pour la Grèce, qui n’a tiré aucun avan­tage des conven­tions d’emprunt dou­teuses mises en œuvre depuis.

Ce dont per­sonne ne parle est qu’un autre plan de sau­ve­tage réus­si a effec­ti­ve­ment eu lieu à ce moment-là en 2010, mais pas au béné­fice de la Grèce, mais au pro­fit des banques pri­vées. Der­rière la crise grecque, il y a un énorme plan de sau­ve­tage illé­gal pour les banques pri­vées. Et la façon dont il est mené repré­sente un risque immense pour l’Europe.

Après cinq ans, les banques ont obte­nu tout ce qu’elles vou­laient. La Grèce, d’un autre côté, est entrée dans une véri­table tra­gé­die : le pays a vu son pro­blème de la dette consi­dé­ra­ble­ment alour­di, ses biens per­dus en rai­son du pro­ces­sus de pri­va­ti­sa­tion qui a été accé­lé­ré, ain­si que son éco­no­mie qui s’est énor­mé­ment réduite. De sur­croit, il y a eu un coût social incal­cu­lable per­cep­tible pour des mil­liers de per­sonnes déses­pé­rées qui ont vu leur sub­sis­tance et leurs rêves tou­chés par les sévères mesures d’aus­té­ri­té impo­sées depuis 2010. La san­té, l’é­du­ca­tion, le tra­vail, l’as­sis­tance, les pen­sions, les salaires et tous les autres ser­vices sociaux ont tous été tou­chés de façon destructive.

La répar­ti­tion du bud­get natio­nal grec montre que les dépenses de la dette l’emportent sur toutes les autres dépenses de l’E­tat. En fait, les prêts, les autres titres de créance, inté­rêts et autres frais, couvrent 56% du bud­get : bud­get annuel natio­nal de la Grèce en 2013 (Source : Εισηγητική Έκθεση Απολογισμού και Ισολογισμού 2013 – p. 90. Ela­bo­ré par Sta­vros Papaioannou).

En mai 2010, en même temps, toutes les atten­tions se sont foca­li­sées sur les mul­tiples annonces autour de l’in­gé­rence de la Troï­ka en Grèce, avec son curieux « plan de sau­ve­tage » ; un autre plan de sau­ve­tage effi­cace et un ensemble de mesures illé­gales pour sau­ver les banques pri­vées était éga­le­ment sur le point d’être approuvé.

En un seul coup, jus­ti­fiées par la néces­si­té de « pré­ser­ver la sta­bi­li­té finan­cière en Europe », des mesures illé­gales ont été prises en mai 2010. But de la manœuvre : four­nir les struc­tures néces­saires qui per­met­traient aux banques pri­vées de se débar­ras­ser de la « bulle » dan­ge­reuse, à savoir la grande quan­ti­té d’ac­tifs toxiques – des actifs essen­tiel­le­ment déma­té­ria­li­sés et non négo­ciables – qui a char­gé leurs comptes de patri­moine hors-bilan [2]. L’ob­jec­tif prin­ci­pal était d’ai­der les banques pri­vées à trans­fé­rer ces actifs pro­blé­ma­tiques aux pays européens.

Une des mesures adop­tées pour accé­lé­rer l’é­change d’ac­tifs des banques pri­vées et de régler la crise ban­caire était le pro­gramme de titre de mar­ché ou Secu­ri­ties Mar­kets Pro­gramme SMP [3], qui a per­mis à la Banque Cen­trale Euro­péenne (BCE) de faire des achats directs de titres de créance publics et pri­vés sur les mar­chés pri­maire et secon­daire. L’o­pé­ra­tion liée aux titres de la dette publique est illé­gale en ver­tu de l’ar­ticle 123 du trai­té de l’U­nion Euro­péenne [4]. Ce pro­gramme est l’un par­mi plu­sieurs « mesures non conven­tion­nelles », prises par la BCE à ce moment-là.

La créa­tion d’une socié­té Spe­cial Pur­pose Vehicle (SPV) basée à Luxem­bourg a été une autre mesure très impor­tante pour aider le trans­fert déma­té­ria­li­sé d’actifs toxiques des banques pri­vées dans le sec­teur public. Croyez-le ou non, les pays euro­péens [5] sont deve­nus « par­te­naires » de cette socié­té pri­vée, une « socié­té ano­nyme » appe­lée Fonds euro­péen de sta­bi­li­té finan­cière (FESF) [6]. Les pays se sont enga­gés avec des garan­ties de mil­liar­daire, qui a été ini­tia­le­ment mis en place sur le mon­tant de 440 mil­liards d’eu­ros [7]; puis en 2011, le capi­tal a été por­té à 779 780 000 000 EUR [8]. Le but réel de cette socié­té a été d’éclipser par des annonces le fait que cette socié­té four­ni­rait des « prêts » à des pays, basés sur des « ins­tru­ments de finan­ce­ment », et non pas de l’argent réel. La créa­tion du FESF était clai­re­ment impo­sée par le FMI [9], qui lui a don­né un appui de 250 mil­liards d’eu­ros [10].

Ensemble, le SMP et le FESF repré­sentent un sché­ma com­plé­men­taire essen­tiel de sau­ve­tage des actifs [11] dont les banques pri­vées avaient besoin pour conclure le sou­tien du public qui avait été lan­cé au début de la crise ban­caire de 2008 aux Etats-Unis et aus­si en Europe. Depuis le début de 2009, les banques ont pos­tu­lé pour davan­tage de sou­tien public afin de se déchar­ger de la quan­ti­té exces­sive de leurs actifs toxiques qui alour­dis­saient leurs comptes hors-bilan. Les solu­tions peuvent être soit les achats directs du gou­ver­ne­ment, ou le trans­fert des actifs à des socié­tés de ges­tion de patri­moine indé­pen­dantes. Les deux outils ont été four­nis par le SMP et le FESF, et les pertes liées aux actifs toxiques sont à la charge des citoyens européens.

L’é­change d’ac­tifs toxiques des banques pri­vées à une entre­prise par simple trans­fert, sans paie­ment et sans opé­ra­tion adé­quate d’a­chat / vente serait illé­gal selon les règles de red­di­tion de comptes [12]. EUROSTAT a chan­gé ces règles et a per­mis « les opé­ra­tions de liqui­di­té menées par l’é­change d’ac­tifs », jus­ti­fiant ce chan­ge­ment par les « cir­cons­tances par­ti­cu­lières de la crise financière ».

La prin­ci­pale rai­son du fait que le FESF a été basé au Luxem­bourg était d’é­vi­ter d’avoir à se sou­mettre aux lois inter­na­tio­nales. En outre, le FESF est éga­le­ment finan­cé par le FMI, dont la col­la­bo­ra­tion serait illé­gale, selon ses propres sta­tuts. Cepen­dant, le FMI a revi­si­té ses règles pour four­nir les 250 mil­liards d’eu­ros au FESF [13].

Confor­mé­ment à la loi [14] auto­ri­sant sa créa­tion, la socié­té luxem­bour­geoise FESF pour­rait délé­guer la ges­tion de toutes les acti­vi­tés de finan­ce­ment. Le conseil d’ad­mi­nis­tra­tion pour­rait délé­guer ses fonc­tions et ses États membres asso­ciés pour­raient délé­guer des déci­sions concer­nant les garants de l’Eu­ro­group Wor­king Group (EWG). À ce moment-même l’EWG n’a même pas un pré­sident à plein temps [15]. C’est le Bureau de la ges­tion de la dette alle­mande qui dirige réel­le­ment le FESF [16], et de concert avec la Banque euro­péenne d’in­ves­tis­se­ment four­nit un sou­tien pour la ges­tion opé­ra­tion­nelle du FESF. Le manque de légi­ti­mi­té du fond est évident, car il est effec­ti­ve­ment géré par un orga­nisme dif­fé­rent. Aujourd’hui, le FESF est le plus grand créan­cier de la Grèce.

Les ins­tru­ments de finan­ce­ment gérés par le FESF sont les plus ris­qués et res­treints, déma­té­ria­li­sés, non négo­ciables : tels les billets à taux flot­tant (Floa­ting Rate Notes) réglés comme pass-through, de change et d’ar­ran­ge­ments de cou­ver­ture et d’autres acti­vi­tés de co-finan­ce­ment qui implique la fidu­ciaire Bri­tan­nique Wil­ming­ton Trust (Londres) Limi­ted [17] en tant qu’ins­truc­teur pour la déli­vrance de type res­treint d’o­bli­ga­tions non-cer­ti­fiés, qui ne peuvent être com­mer­cia­li­sées dans un mar­ché légi­time des actions, parce qu’ils ne res­pectent pas les règles pour les obli­ga­tions de la dette sou­ve­raine. Cet ensemble d’ins­tru­ments de finan­ce­ment toxiques repré­sentent un risque pour les États membres dont les garan­ties peuvent être appe­lées à payer pour tous les pro­duits finan­ciers de la socié­té luxembourgeoise.

Un grand scan­dale de pro­por­tion aurait eu lieu en 2010 si ces agis­se­ments illé­gaux avaient été révé­lés : la vio­la­tion du trai­té de l’UE, les chan­ge­ments arbi­traires dans les règles de pro­cé­dure de la BCE, EUROSTAT et le FMI, ain­si que l’as­so­cia­tion des États membres à la socié­té Luxem­bour­geoise à but spé­cial pri­vé. Tout cela juste pour le sau­ve­tage des banques pri­vées et au détri­ment d’un risque sys­té­mique pour l’en­semble de l’Eu­rope, en rai­son de l’en­ga­ge­ment d’États avec des garan­ties de mil­liar­daires qui cou­vri­raient actifs toxiques pro­blé­ma­tiques, déma­té­ria­li­sées et non négociables.

Ce scan­dale n’a jamais eu lieu, parce que la même réunion extra­or­di­naire des affaires éco­no­miques et sociales de l’UE [18] qui a dis­cu­té de la créa­tion du « Spe­cial Pur­pose Vehicle » qu’est la socié­té du FESF en mai 2010 a don­né une impor­tance par­ti­cu­lière au « sou­tien du package pour la Grèce », ce qui fait croire que la créa­tion de cette struc­ture était pour la Grèce et que, ce fai­sant, elle assu­re­rait la sta­bi­li­té finan­cière dans la région. Depuis lors, la Grèce a été le centre de toutes les atten­tions, occu­pant constam­ment les grands titres des prin­ci­paux de médias par­tout dans le monde, tan­dis que le régime illé­gal qui a effec­ti­ve­ment sou­te­nu et pro­fi­té les banques pri­vées reste dans l’ombre, et presque per­sonne ne parle de ce sujet.

Le rap­port annuel de la Banque de Grèce montre une immense aug­men­ta­tion des comptes « hors bilan » liées aux valeurs mobi­lières en 2009 et 2010, sur des mon­tants beau­coup plus impor­tant que l’ac­tif total de la Banque, et cette ten­dance se pour­suit sur les années sui­vantes. Par exemple, sur le bilan de la Banque de Grèce de 2010 [19], le total des actifs au 31/12/2010 a été 138,64 mil­liards d’eu­ros. Les comptes hors bilan sur cette année ont atteint 204,88 mil­liards d’eu­ros. Le 31/12/2011 [20], alors que le solde du total des actifs addi­tion­nés est à 168.44 mil­liards d’eu­ros ; les comptes hors bilan a atteint 279.58 mil­liard d’euros.

« Ain­si, le trans­fert des actifs toxiques des banques pri­vées dans le sec­teur public a été un grand suc­cès pour les banques pri­vées. Et le sys­tème de la dette [21] a été l’outil pour dis­si­mu­ler cela. » 

La Grèce a été mise sur ce scé­na­rio après plu­sieurs mois de pres­sion per­sis­tante de la Com­mis­sion de L’Union Euro­péenne sur les allé­ga­tions d’in­co­hé­rences sur les don­nées sta­tis­tiques et l’exis­tence d’un défi­cit exces­sif [22]. Étape par étape, une grosse affaire a été créé sur ces ques­tions, jus­qu’en mai 2010, lorsque le Conseil d’Affaires Éco­no­miques et Finan­cières, a décla­ré : « dans le sillage de la crise en Grèce, la situa­tion sur les mar­chés finan­ciers est fra­gile et il y a un risque de conta­gion » [23]. Et ain­si la Grèce a été sou­mise à un package com­pre­nant l’in­gé­rence de la Troï­ka avec ses mesures sévères en ver­tu des plans d’a­jus­te­ment annuels, un accord bila­té­ral sur­pre­nant, sui­vis par des « prêts » de la socié­té FESF, sou­te­nus par des ins­tru­ments de finan­ce­ment à risque.

Les éco­no­mistes grecs, des diri­geants poli­tiques, et même cer­taines auto­ri­tés du FMI ont pro­po­sé que la restruc­tu­ra­tion de la dette grecque pour­rait four­nir des résul­tats bien meilleurs que ce package. Cela a été tout sim­ple­ment ignoré.

Les cri­tiques qui ont dénon­cé la sur­es­ti­ma­tion du défi­cit grec – qui avait été la jus­ti­fi­ca­tion de la créa­tion de la grosse affaire autour de la Grèce et de l’im­po­si­tion de du package de 2010 – ont éga­le­ment été ignorées.

Les dénon­cia­tions graves faites par des spé­cia­listes grecs [24] au sujet de la fal­si­fi­ca­tion des sta­tis­tiques n’ont éga­le­ment pas été prises en consi­dé­ra­tion. Ces études ont mon­tré que la quan­ti­té de 27,99 mil­liards d’eu­ros a sur­char­gé les sta­tis­tiques de la dette publique en 2009 [25], en rai­son de l’aug­men­ta­tion erro­née sur cer­taines caté­go­ries (comme les DEKO, les arrié­rés des hôpi­taux et SWAP Gold­man Sachs). Les sta­tis­tiques des années pré­cé­dentes avaient éga­le­ment été tou­chées par 21 mil­liards d’eu­ros de swaps Gold­man Sachs dis­tri­bués ad hoc en 2006, 2007, 2008 et 2009.

Mal­gré tout cela, sous une atmo­sphère d’ur­gence et de menace de « conta­gion », de curieux accords ont été mis en œuvre depuis 2010 en Grèce ; non pas comme une ini­tia­tive grecque, mais comme une injonc­tion des auto­ri­tés de l’UE et le FMI.

« L’a­na­lyse des méca­nismes [26] insé­rées dans ces accords montre qu’ils ne béné­fi­cient pas du tout la Grèce, mais qu’ils ont ser­vi les inté­rêts des banques pri­vées, en par­faite confor­mi­té à l’en­semble des mesures de sau­ve­tage illé­gales approu­vés en mai 2010. » 

• Pre­miè­re­ment, le prêt bila­té­ral a uti­li­sé un compte spé­cial à la BCE par lequel les prêts consen­tis par les pays et la Banque alle­mande de déve­lop­pe­ment, les prê­teurs, iraient direc­te­ment aux banques pri­vées qui déte­naient des titres de créance avec des valeurs nomi­nales bien en deçà. Donc, cet accord bila­té­ral étrange a été orga­ni­sé pour per­mettre le paie­ment inté­gral au pro­fit des déten­teurs d’o­bli­ga­tions tan­dis que la Grèce n’a obte­nu aucun avan­tage. Au lieu de cela, les Grecs auront à rem­bour­ser le capi­tal, les taux d’in­té­rêt éle­vés et tous les coûts.

• Deuxiè­me­ment, les « prêts » du FESF ont abou­ti à la reca­pi­ta­li­sa­tion des banques pri­vées grecques. La Grèce n’a pas reçu un véri­table prêt ou un sou­tien du FESF. À tra­vers les méca­nismes insé­rés dans les accords du FESF, l’argent réel n’est jamais par­ve­nu en Grèce. Le pays a donc été for­cé de réduire les dépenses sociales essen­tielles afin de rem­bour­ser, en espèces, les taux d’in­té­rêt éle­vés et tous les frais abu­sifs. Et devra éga­le­ment rem­bour­ser le capi­tal qu’il n’a jamais reçu.

Nous devons cher­cher la rai­son pour laquelle la Grèce a été choi­sie pour être dans l’œil de la tem­pête, sou­mis à des accords et mémo­ran­dums illé­gaux et illé­gi­times, sié­geant en tant que décor pour cou­vrir le plan de sau­ve­tage illé­gale scan­da­leux des banques pri­vées depuis 2010.

Peut-être que cette humi­lia­tion est liée au fait que la Grèce a été his­to­ri­que­ment la réfé­rence mon­diale pour l’hu­ma­ni­té, car elle est le ber­ceau de la démo­cra­tie, le sym­bole de l’é­thique et des droits humains. Le sys­tème de la dette ne peut pas admettre ces valeurs, car il n’a aucun scru­pule à endom­ma­ger les pays et les peuples afin d’ob­te­nir leurs profits.

Le Par­le­ment grec a déjà ins­tal­lé la Com­mis­sion de la Véri­té sur la Dette Publique et nous a don­né la chance de révé­ler ces faits. Car c’est seule­ment grâce à la trans­pa­rence que les pays vain­cront ceux qui veulent les mettre à genoux.

Il est temps que la véri­té l’emporte, il est le temps de pla­cer les droits humains, la démo­cra­tie et l’é­thique au-des­sus des inté­rêts pri­vés. Ceci est la mis­sion que la Grèce doit prendre en ce moment.

Maria Lucia Fatorelli.

Tra­duit de l’anglais par Mabrou­ka M’Barek (co-auteur de la loi pour l’audit de la dette tunisienne)

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Notes :

[1] Coor­don­na­trice Natio­nale de l’Audit Citoyen de la Dette au Bré­sil (www​.audi​to​ria​ci​da​da​.org​.br), invi­tée par la pré­si­dente du Par­le­ment grec la dépu­té Zoe Kons­tan­to­pou­lou afin de col­la­bo­rer avec la Com­mis­sion de la véri­té sur la dette publique créée le 4 avril 2015 et coor­don­née par Eric Tous­saint du CADTM.

[2] Hors-bilan signi­fie une sec­tion exté­rieure aux comptes de bilan nor­mal, où les actifs pro­blé­ma­tiques, tels que les actifs non négo­ciables déma­té­ria­li­sés sont informés.

[3] Secu­ri­ties Mar­kets Pro­gramme (SMP) – BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE. Glos­saire poli­tique moné­taire. Dis­po­nible depuis :

https://​www​.ecb​.euro​pa​.eu/​h​o​m​e​/​g​l​o​s​s​a​r​y​/​h​t​m​l​/​a​c​t​4​s​.​e​n​.​h​t​m​l​#​696 [Consul­té : 4th Juin 2015]

[4] LE TRAITÉ DE LISBONNE. Article 123. Dis­po­nible à par­tir : http://​www​.lis​bon​-trea​ty​.org/​w​c​m​/​t​h​e​-​l​i​s​b​o​n​-​t​r​e​a​t​y​/​t​r​e​a​t​y​-​o​n​-​t​h​e​-​f​u​n​c​t​i​o​n​i​n​g​-​o​f​-​t​h​e​-​e​u​r​o​p​e​a​n​-​u​n​i​o​n​-​a​n​d​-​c​o​m​m​e​n​t​s​/​p​a​r​t​-​3​-​u​n​i​o​n​-​p​o​l​i​c​i​e​s​-​a​n​d​-​i​n​t​e​r​n​a​l​-​a​c​t​i​o​n​s​/​t​i​t​l​e​-​v​i​i​i​-​e​c​o​n​o​m​i​c​-​a​n​d​-​m​o​n​e​t​a​r​y​-​p​o​l​i​c​y​/​c​h​a​p​t​e​r​-​1​-​e​c​o​n​o​m​i​c​-​p​o​l​i​c​y​/​3​9​1​-​a​r​t​i​c​l​e​-​1​2​3​.​h​tml [Consul­té : 4th Juin 2015]

[5] La zone euro des États membres ou action­naires du FESF : Royaume de Bel­gique, Répu­blique Fédé­rale d’Al­le­magne, Irlande, Royaume d’Es­pagne, la Répu­blique fran­çaise, la Répu­blique ita­lienne, la Répu­blique de Chypre, le Grand-Duché de Luxem­bourg, la Répu­blique de Malte, Royaume des Pays-Bas, Répu­blique d’Au­triche, la Répu­blique por­tu­gaise, la Répu­blique de Slo­vé­nie, la Répu­blique slo­vaque, la Répu­blique de Fin­lande et Répu­blique hellénique

[6] La socié­té FESF pri­vée a été créée comme un Méca­nisme euro­péen de la sta­bi­li­sa­tion finan­cière (MESF), dans : http://​ec​.euro​pa​.eu/​e​c​o​n​o​m​y​_​f​i​n​a​n​c​e​/​e​u​_​b​o​r​r​o​w​e​r​/​e​f​s​m​/​i​n​d​e​x​_​e​n​.​htm

[7] Com­mis­sion euro­péenne (2010) Com­mu­ni­ca­tion de la Com­mis­sion au Par­le­ment euro­péen, le Conseil euro­péen, le Conseil, la Banque cen­trale euro­péenne, le Comi­té éco­no­mique et social et au Comi­té des régions – Ren­for­cer la coor­di­na­tion des poli­tiques économiques.

http://ec.europa.eu/economy_finance/articles/euro/documents/2010–05-12-com(2010)250_final.pdf – Page 10.

[8] IRISH STATUTE BOOK (2011) Fonds euro­péen de sta­bi­li­té finan­cière et le Fonds de la zone euro prêt (Amend­ment) Act 2011. Dis­po­nible auprès de : http://​www​.irishs​ta​tu​te​book​.ie/​2​0​1​1​/​e​n​/​a​c​t​/​p​u​b​/​0​0​2​5​/​p​r​i​n​t​.​h​tml # s2 [Consul­té : 4th Juin 2015].

[9] Décla­ra­tion faite par M. Pana­gio­tis Rou­me­lio­tis, ancien repré­sen­tant de la Grèce au FMI, à la « Com­mis­sion de la véri­té sur la dette publique », au Par­le­ment grec, le 15 Juin à 2015.

[10] EUROPEAN FINANCIAL STABILITY FACILITY (2010) A pro­pos FESF [en ligne] Dis­po­nible à partir :

http://​www​.efsf​.euro​pa​.eu/​a​b​o​u​t​/​i​n​d​e​x​.​htm et http://​www​.efsf​.euro​pa​.eu/​a​t​t​a​c​h​m​e​n​t​s​/​f​a​q​_​e​n​.​pdf – Ques­tion A9 [Consul­té le 3 Juin 2015].

[11] Haan, Jacob de ; OSSTERLOO, San­der ; SCHOENMAKER, Dirk. Ins­ti­tu­tions et mar­chés finan­ciers – A Euro­pean Pers­pec­tive (2012) 2e édi­tion. Cam­bridge, Royaume-Uni. régimes d’ac­tifs de secours, Van Riet (2010) page 62.

[12] EUROSTAT (2009) Nou­velle déci­sion d’Eu­ro­stat sur le défi­cit et la dette – L’en­re­gis­tre­ment sta­tis­tique des inter­ven­tions publiques pour sou­te­nir les ins­ti­tu­tions finan­cières et les mar­chés finan­ciers durant la crise finan­cière. Dis­po­nible depuis :

http://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/5071614/2–15072009-BP-EN.PDF/37382919-ebff-4dca-9175–64d78e780257?version=1.0 [Consul­té : 4th Juin 2015]

[13] « La plu­part des admi­nis­tra­teurs (…) appe­lé le Fonds à col­la­bo­rer avec d’autres ins­ti­tu­tions, comme la Banque des règle­ments inter­na­tio­naux, le Conseil de sta­bi­li­té finan­cière, et les auto­ri­tés natio­nales, à atteindre cet objec­tif. » En FMI (2013) des déci­sions choi­sies. Dis­po­nible à par­tir : http://​www​.imf​.org/​e​x​t​e​r​n​a​l​/​p​u​b​s​/​f​t​/​s​d​/​2​0​1​3​/​1​2​3​1​1​3​.​pdf – Page 72. [Consul­té : 4th Juin 2015]

[14] LOI SUR L’Eu­ro­pean Finan­cial Sta­bi­li­ty Faci­li­ty 2010. FESF accord-cadre, l’ar­ticle 12 (1) a, b, c, d, et (3); Article 10 (1), (2) et (3); Article 12 (4); Article 10 (8).

[15] Seule­ment à par­tir d’Octobre 2011, selon une déci­sion du Conseil le 26 Avril 2012, EWG a pré­sident à temps plein :
JOURNAL OFFICIEL DE L’UNION EUROPÉENNE (2012) Déci­sion offi­ciel. Dis­po­nible depuis :
http://​euro​pa​.eu/​e​f​c​/​p​d​f​/​c​o​u​n​c​i​l​_​d​e​c​i​s​i​o​n​_​2​0​1​2​_​2​4​5​_​e​c​_​o​f​_​2​6​_​a​p​r​i​l​_​2​0​1​2​_​o​n​_​a​_​r​e​v​i​s​i​o​n​_​o​f​_​t​h​e​_​s​t​a​t​u​t​e​s​_​o​f​_​t​h​e​_​e​f​c​.​pdf .

La même per­sonne, Tho­mas Wie­ser, avait été le pré­sident du Comi­té éco­no­mique et finan­cier (CEF) de Mars 2009 à Mars 2011 : CONSEIL DE L’UNION EUROPÉENNE. Groupe de tra­vail de l’Eu­ro­groupe. Dis­po­nible depuis :
http://​www​.consi​lium​.euro​pa​.eu/​e​n​/​c​o​u​n​c​i​l​-​e​u​/​e​u​r​o​g​r​o​u​p​/​e​u​r​o​g​r​o​u​p​-​w​o​r​k​i​n​g​-​g​r​o​up/

[16] EUROPEAN FINANCIAL STABILITY FACILITY (2013) FESF ques­tions géné­rales. Dis­po­nible depuis :
http://​www​.efsf​.euro​pa​.eu/​a​t​t​a​c​h​m​e​n​t​s​/​f​a​q​_​e​n​.​pdf – Ques­tion A6. [Consul­té : 4th Juin 2015].

Voir aus­si : L’agence de ges­tion de la dette alle­mande a émis des titres du FESF au nom du FESF.

De EUROPEEN DE STABILITÉ FINANCIÈRE (2010) de l’UE et de finan­ce­ment du FESF plans visant à four­nir une aide finan­cière pour l’Ir­lande. Dis­po­nible depuis :

http://www.efsf.europa.eu/mediacentre/news/2010/2010–006-eu-and-efsf-funding-plans-to-provide-financial-assistance-for-ireland.htm [Consul­té : 4th Juin 2015]

Accord [17] Co-finan­ce­ment, PREAMBULE (A) et de l’ar­ticle 1 – Défi­ni­tions et « Obli­ga­tions » d’in­ter­pré­ta­tion. Dis­po­nible au http://crisisobs.gr/wp-content/uploads/2012/02/7‑co-financing-agreement.pdf [Consul­té : 4th Juin 2015]

Ces obli­ga­tions sont émises sur la forme déma­té­ria­li­sée et non cer­ti­fiés. Ils ont beau­coup de res­tric­tions parce qu’ils sont émis direc­te­ment dans un cer­tain but et pas offerts sur le mar­ché, comme les valeurs mobi­lières lois et règles déter­mi­nées par la SEC. Ils sont émis en ver­tu d’une règle d’ex­cep­tion per­mise seule­ment pour les émet­teurs pri­vés, pas pour les États.

[18] AFFAIRES ÉCONOMIQUES ET FINANCIÈRES Conseil Réunion extra­or­di­naire de Bruxelles, 910 mai 2010. CONCLUSIONS DU CONSEIL

https://​www​.consi​lium​.euro​pa​.eu/​u​e​d​o​c​s​/​c​m​s​U​p​l​o​a​d​/​C​o​n​c​l​u​s​i​o​n​s​_​E​x​t​r​a​o​r​d​i​n​a​r​y​_​m​e​e​t​i​n​g​_​M​a​y​2​0​1​0​-​E​N​.​pdf

[19] BANQUE DE GRECE RAPPORT ANNUEL 2010 BILAN p. A4 http://​www​.ban​kof​greece​.gr/​B​o​g​E​k​d​o​s​e​i​s​/​A​n​n​r​e​p​2​0​1​0​.​pdf

[20] BANQUE DE GRECE RAPPORT ANNUEL 2011 BILAN p. A4. http://​www​.ban​kof​greece​.gr/​B​o​g​E​k​d​o​s​e​i​s​/​A​n​n​r​e​p​2​0​1​1​.​pdf

[21] L’ex­pres­sion créé par l’au­teur pour véri­fier, suite à plu­sieurs pro­cé­dures d’au­dit de la dette dans dif­fé­rentes ins­tances, l’u­ti­li­sa­tion abu­sive de l’ins­tru­ment de la dette publique comme un outil pour prendre des res­sources des États, au lieu de les sou­te­nir, en fonc­tion­nant comme un ensemble d’en­gre­nages qui concernent le sys­tème poli­tique, le sys­tème juri­dique, le modèle éco­no­mique basé sur des plans d’a­jus­te­ment, les grands médias et la corruption.

[22] 24 mars 2009 – Avis de la Com­mis­sion – http://ec.europa.eu/economy_finance/economic_governance/sgp/pdf/30_edps/104–05/2009–03-24_el_104-5_en.pdf

27 avril 2009 – Déci­sion du Conseil – http://ec.europa.eu/economy_finance/economic_governance/sgp/pdf/30_edps/104–06_council/2009–04-27_el_104-6_council_en.pdf

10 novembre 2009 – Conclu­sions du Conseil – http://​www​.consi​lium​.euro​pa​.eu/​u​e​d​o​c​s​/​c​m​s​_​d​a​t​a​/​d​o​c​s​/​p​r​e​s​s​d​a​t​a​/​e​n​/​e​c​o​f​i​n​/​1​1​1​0​2​5​.​pdf

8 JANVIER 2010- Rap­port de la Com­mis­sion – http://ec.europa.eu/eurostat/documents/4187653/6404656/COM_2010_report_greek/c8523cfa-d3c1-4954–8ea1-64bb11e59b3a

2 décembre 2009 – Déci­sion du Conseil – https://​www​.consi​lium​.euro​pa​.eu/​u​e​d​o​c​s​/​c​m​s​_​d​a​t​a​/​d​o​c​s​/​p​r​e​s​s​d​a​t​a​/​e​n​/​e​c​o​f​i​n​/​1​1​1​7​0​6​.​pdf

11 février 2010 – Décla­ra­tion des chefs d’É­tat ou de gou­ver­ne­ment de l’U­nion euro­péenne. – http://​www​.consi​lium​.euro​pa​.eu/​u​e​d​o​c​s​/​c​m​s​_​d​a​t​a​/​d​o​c​s​/​p​r​e​s​s​d​a​t​a​/​e​n​/​e​c​/​1​1​2​8​5​6​.​pdf

16 février 2010 – Déci­sion don­nant Conseil – http://ec.europa.eu/economy_finance/economic_governance/sgp/pdf/30_edps/104–09_council/2010–02-16_el_126-9_council_en.pdf

[23] 910 mai 2010 – Conclu­sions du Conseil – Réunion extra­or­di­naire – En ver­tu de la jus­ti­fi­ca­tion de la « crise grecque », les mesures du régime pour sau­ver les banques sont mises en œuvre.

https://​www​.consi​lium​.euro​pa​.eu/​u​e​d​o​c​s​/​c​m​s​U​p​l​o​a​d​/​C​o​n​c​l​u​s​i​o​n​s​_​E​x​t​r​a​o​r​d​i​n​a​r​y​_​m​e​e​t​i​n​g​_​M​a​y​2​0​1​0​-​E​N​.​pdf

10 MAY 2010 – Déci­sion du Conseil -

http://ec.europa.eu/economy_finance/economic_governance/sgp/pdf/30_edps/104–09_council/2010–05-10_el_126-9_council_en.pdf

[24] Le pro­fes­seur Zoe Geor­gan­ta, pro­fes­seur d’é­co­no­mé­trie appli­quée et de la pro­duc­ti­vi­té, Ex membre de la contri­bu­tion du conseil ELSTAT à « La Com­mis­sion de la véri­té sur la dette publique » le 21 mai 2015.

[25] HF inter­na­tio­nal (2011) Geor­gan­tas a dit que le défi­cit de 2009 était déli­bé­ré­ment gon­flé pour nous mettre dans le code rouge. Dis­po­nible à par­tir : http://​hel​las​frappe​.blog​spot​.gr/​2​0​1​1​/​0​9​/​s​h​o​c​k​i​n​g​-​r​e​p​o​r​t​-​o​f​f​i​c​i​a​l​-​a​d​m​i​s​t​-​2​0​0​9​.​h​tml

[26] Les méca­nismes sont résu­més dans le cha­pitre 4 du rap­port pré­li­mi­naire pré­sen­té par la Com­mis­sion de la véri­té sur la dette publique, le 17 Juin 2015. Dis­po­nible auprès de : http://​www​.hel​le​nic​par​lia​ment​.gr/​U​s​e​r​F​i​l​e​s​/​8​1​5​8​4​0​7​a​-​f​c​3​1​-​4​f​f​2​-​a​8​d3- 433701dbe6d4 / Report_web.pdf

(Article dis­po­nible dans le blog de la pla­te­forme de l’audit citoyen de la Grèce http://​www​.audi​ta​mos​gre​cia​.org/​e​n​/​b​a​n​k​s​-​b​e​h​i​n​d​-​g​r​e​e​k​-​t​r​a​g​e​dy/)

Source : Media­part

Mon com­men­taire :

Encore une inci­ta­tion puis­sante à réflé­chir à la res­pon­sa­bi­li­té effec­tive (pénale, finan­cière et patri­mo­niale) des « res­pon­sables » poli­tiques… non ?

Ceux qui nous gou­vernent en ser­vant aus­si hon­teu­se­ment les banques pri­vées aux dépens de l’in­té­rêt géné­ral sont des fléaux de l’hu­ma­ni­té et devraient être punis à plu­sieurs titres. 

Mais ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux.
Notre impuis­sance poli­tique découle — direc­te­ment et prin­ci­pa­le­ment — de NOTRE démis­sion du pro­ces­sus constituant.
La solu­tion (durable et uni­ver­selle) est entre NOS mains (inutile de récla­mer quoi que ce soit à qui que ce soit : la solu­tion ne vien­dra PAS des « élus ») : il faut nous entraî­ner per­son­nel­le­ment, dès aujourd’­hui et tous les jours qui viennent, à écrire nous-mêmes les règles qui nous per­met­tront un jour de contrô­ler enfin comme il faut les acteurs poli­tiques ; et aus­si ne pas oublier d’en­traî­ner avec nous le plus grand nombre pos­sible d’en­dor­mis que nous aurons réveillés. 

Tout va dépendre de ce que vous faites, VOUS, oui vous, main­te­nant et les jours qui viennent, pour déclen­cher et entre­te­nir votre muta­tion en citoyen consti­tuant.

Étienne.

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Étienne

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143 Commentaires

  1. etienne

    Rap­pel d’une impor­tante confé­rence (un mil­lion de vues),
    avec la for­mi­dable Myret Zaki :
    httpv://youtu.be/TLjq25_ayWM

    Réponse
  2. etienne

    Inter­ven­tion d’Eric Tous­saint (CADTM) à Athènes le 17 juin 2015 (www​.zintv​.org)
    httpv://youtu.be/x_Y3CUZUIN4

    Réponse
  3. etienne

    Gérard Fou­cher :
    Pour­quoi la Grèce ne quit­te­ra jamais l’Euro 

    httpv://youtu.be/Mt1Q90Wip3s

    Réponse
  4. Ana Sailland

    du texte de Maria Lucia Fatorelli

    J’é­tais par hasard depuis hier soir en conver­sa­tion sur son FB avec Alexan­dra Gross­mann sur le thème « un citoyen peut il por­ter plainte contre la gou­ver­nance » et voi­ci qu’elle me signale ce texte.

    C’est vrai­ment du lourd qui je pense pour­rait per­mettre plu­sieurs choses

    -Une action en jus­tice ; il y a du beau monde qui mérite la poêle à frire, là.
    ‑Beau­coup plus que la restruc­tu­ra­tion de la dette, grecque mais pas que : sa contestation.
    ‑De la péda­go­gie, un vec­teur d’éveil.

    Je m’in­té­resse ici au troi­sième point.

    Ce texte est dif­fi­cile à lire, et je pense que per­co­lé tel quel il aura peu d’effet.
    Ce qui serait très dom­mage car il mérite … une indi­gna­tion, non, une révolution …

    Il méri­te­rait donc d’être tra­vaillé afin d’être ren­du clair au plus grand nombre.

    Une per­sonne seule peut faire ( je n’ai pas la com­pé­tence ) ou un groupe.

    Chiche ?

    Réponse
    • Amaury Janny

      Ayant moi-même du mal à lire ce texte (et donc, n’i­ma­gi­nant que dif­fi­ci­le­ment le par­ta­ger avec mes proches) j’ap­prouve entiè­re­ment votre remarque !

      Je pense que ce genre de tra­vail de vul­ga­ri­sa­tion scien­ti­fique (entendre : sciences humaines) est pri­mor­dial, car c’est un excellent outil d’é­du­ca­tion populaire.

      A bon entendeur,
      Salut !

      Réponse
  5. etienne

    Myret Zaki :
    Qui doit payer l’austérité ?

    http://​www​.bilan​.ch/​e​n​t​r​e​p​r​i​s​e​s​/​r​o​o​t​-​2​1​/​q​u​i​-​d​o​i​t​-​p​a​y​e​r​-​l​a​u​s​t​e​r​ite

    Les ten­sions viennent d’un sen­ti­ment de détour­ne­ment des richesses :
    les popu­la­tions paient à la place des spéculateurs

    Ces der­nières semaines, nous avons vu les popu­la­tions se sou­le­ver contre les méfaits de l’austérité, que ce soit en Grèce, en Espagne ou au Por­tu­gal, sur fond de mon­tée de l’europhobie. Dans l’esprit de tout-un-cha­cun, le cou­pable est « l’austérité ». Mais le vrai pro­blème, ce n’est pas l’austérité. C’est qui paie la fac­ture de cette aus­té­ri­té. Les sacri­fiés, ce sont la masse des petits et moyens sala­riés de la zone euro, ceux qui forment le tis­su de l’économie réelle. 

    Or il y a tra­gique méprise : ceux qui passent à la caisse ne sont pas les prin­ci­paux res­pon­sables de la crise. Jamais aupa­ra­vant les peuples n’avaient dû s’appauvrir alors que le monde était si riche, et que leur propre pro­di­ga­li­té avait si peu à voir avec la crise. C’est à ce titre que cette aus­té­ri­té est illé­gi­time. D’où le pro­fond malaise. 

    Cette crise a pour ori­gine les dégâts colos­saux de la spé­cu­la­tion finan­cière sur l’économie réelle et sur les bud­gets des Etats. Ces der­niers ont dû encais­ser les chocs réces­sion­nistes et fis­caux majeurs de la bulle bour­sière et immo­bi­lière venue des Etats-Unis, qui avait entraî­né, par voie de mimé­tisme moné­taire, des bulles de même nature en Espagne, en Angle­terre et en Irlande. 

    Les mêmes tech­niques spé­cu­la­tives impor­tées ont per­mis à Gold­man Sachs de s’enrichir en ven­dant à la Grèce une solu­tion pour mas­quer son endet­te­ment. Les ten­sions actuelles viennent d’un sen­ti­ment de détour­ne­ment des richesses, les popu­la­tions ayant d’abord sup­por­té les sau­ve­tages ban­caires, et devant, avec l’austérité, sup­por­ter le sau­ve­tage des Etats… qui avaient sau­vé la finance pri­vée. Quand les Por­tu­gais marchent contre le « vol des salaires et des pen­sions », ils se doutent bien qu’il y a tromperie.

    A rai­son. Ain­si, les mêmes 5 mil­liards d’euros que Lis­bonne demande aux Por­tu­gais d’économiser en 2013 sont ceux que les fonds spé­cu­la­tifs ont raflé en 2011 en dégra­dant la dette du Por­tu­gal et de ses voi­sins. Depuis 2010 en effet, le détour­ne­ment de richesses s’opère à tra­vers les gains pri­vés réa­li­sés sur la mise à terre des dettes euro­péennes. En 2011, les fonds spé­cu­la­tifs ont géné­ré leurs meilleurs pro­fits sur la chute pro­vo­quée des obli­ga­tions de la zone euro. Selon CNBC, les fonds bri­tan­niques Bre­van Howard, Cax­ton Asso­ciates et GLG Part­ners en ont tiré, sur les seuls mois d’août et sep­tembre 2011, 3 mil­liards de dol­lars, soit la moi­tié de l’austérité que devra consen­tir le Por­tu­gal en 2013. Et là, on parle de 3 fonds et de quelques semaines. Il fau­drait encore ajou­ter tout ce qu’ont gagné, en pariant contre l’Europe, les fonds de Paul Tudor Jones, Soros Fund Mana­ge­ment, Bri­gade Capi­tal, Green­light Capi­tal et SAC Capi­tal Mana­ge­ment, mais aus­si John Paul­son, ain­si que les prin­ci­pales banques inter­mé­diaires sur ces stra­té­gies que sont Gold­man Sachs, Bank of Ame­ri­ca et Barclays. 

    D’immenses for­tunes se sont créées. Ces gains pro­viennent de la chute de valeur des obli­ga­tions grecques et des pays voi­sins, cau­sée par des ventes à décou­vert (short sel­ling) mas­sives. L’argent tiré de ces paris ven­deurs est le même qui est sous­trait aux gou­ver­ne­ments par la flam­bée des taux d’intérêt ain­si créée, indui­sant leur stran­gu­la­tion finan­cière. Avec l’austérité, Athènes, Lis­bonne et Madrid demandent aux sala­riés euro­péens de ren­flouer les pertes colos­sales que ces gou­ver­ne­ments ont essuyées suite au trans­fert d’une par­tie de leurs richesses vers la finance spé­cu­la­tive. Cette der­nière a donc per­mis de détour­ner des fonds publics vers des tra­ders milliardaires.

    Des for­tunes colossales

    Les gains indi­vi­duels que peut géné­rer le short sel­ling dépassent l’entendement. L’Americain John Paul­son avait empo­ché, à lui seul, 3 mil­liards de dol­lars en 2007 en pariant contre l’immobilier amé­ri­cain. Avant lui, George Soros s’était per­son­nel­le­ment enri­chi de 2 mil­liards en 1992 en cou­lant la livre ster­ling. Les hedge funds gagnent davan­tage que des pays entiers. En 2006, 25 spé­cu­la­teurs (dont Jim Simons et Ken­neth Grif­fin) avaient per­son­nel­le­ment empo­ché l’équivalent du PIB de l’Islande (15 mil­liards de dol­lars). D’aucuns refusent par prin­cipe d’établir un quel­conque lien entre les for­tunes amas­sées par les hedge funds sur les dif­fi­cul­tés de l’Europe et l’austérité en cours : c’est man­quer là de notions finan­cières de base. 

    De toute évi­dence, les gains pré­le­vés par les acteurs finan­ciers équi­valent à l’austérité aujourd’hui payée par la popu­la­tion. Ceux qui devraient ren­flouer les Etats ne sont autres que ceux qui les ont rui­nés. Au mini­mum devraient-ils contri­buer au pro­ra­ta des pertes éco­no­miques et de l’endettement qu’ils ont occa­sion­nés. Mais com­ment l’Europe pour­ra-t-elle jamais récu­pé­rer cet argent, elle qui a ten­té en vain de régle­men­ter la spéculation ?

    Myret Zaki

    (Publié le 2 octobre 2012.)

    Réponse
  6. claude saint-jarre

    Dette : tout le monde est insa­tis­fait qu’au­cun pays Euro­péen ne prenne la défense des Grecs. À défaut de pays, pour­quoi pas des cen­taines de conseils muni­ci­paux ( au Qué­bec) ou de Com­munes ( en France et autres pays euro­péens) où des gen­tils virus, – qui s’en­tendent aupa­ra­vant sur un texte com­mun à lire- ne diraient ‑ils pas un mes­sage de véri­té sur la dette, grecque et de leur propre pays ou province??
    Moi, je suis prêt à le faire dans mon propre conseil muni­ci­pal. Le micro est ouvert. la par­ti­ci­pa­tion citoyenne est bien­ve­nue, la télé­vi­sion est là… et on ‘a décou­ra­gé de le faire…

    Réponse
    • claude saint-jarre

      Voi­là, c’est fait , j’ai lu un texte co-écrit par deux per­sonnes mises en rela­tions par un cata­ly­seur, au conseil muni­ci­pal de Bou­cher­ville. Il y aura un lien télé­vi­sion dans quelques jours et un jour­na­liste m’a deman­dé le texte que voici :
      a) L’idée d’un tel appui par les muni­ci­pa­li­tés est sou­te­nu par des per­son­na­li­tés impli­quées et fait son che­min à tra­vers le Qué­bec parce que les muni­ci­pa­li­tés sont les ins­tances les plus proches du peuple et c’est la volon­té du peuple qui est mis en valeur dans le réfé­ren­dum Grec.

      b) Objet : Appui au peuple grec
      ATTENDU
      1. que les mesures d’aus­té­ri­té impo­sées au peuple grec par les pou­voirs finan­ciers pour rem­bour­ser les inté­rêts de sa dette publique ont fait perdre à la Grèce 25% de soin PIB, ont fait dou­bler le chô­mage, l’ont obli­gé à sabrer dans son sys­tème de san­té, ses régimes de retraite, ses ser­vices et biens publics, et ont appau­vri consi­dé­ra­ble­ment sa population ;
      2. que ces mesures d’aus­té­ri­té et les prêts consen­tis ne pro­fitent désor­mais qu’aux banques pri­vées et étouffe toute pos­si­bi­li­té de relance éco­no­mique de leur pays ;
      3. que la dette publique est due bien davan­tage à l’ac­cu­mu­la­tion des inté­rêts qu’à l’ex­cès de dépenses, et que la mon­naie est, par nature, un outil col­lec­tif et non pri­vé dont la créa­tion et le contrôle relèvent de la sou­ve­rai­ne­té du peuple et de l’État ;
      4. que tout porte à croire que notre pays, le Qué­bec en par­ti­cu­lier, est enga­gé sur la même pente,
      LE CONSEIL MUNICIPAL DE Bou­cher­ville, en tant que repré­sen­tant de la com­mu­nau­té locale de Boucherville,
      1. tient à expri­mer son appui au peuple grec qui remet en ques­tion l’aus­té­ri­té que lui imposent les pou­voirs finan­ciers euro­péens et internationaux
      2. demande aux diri­geants concer­nés chez nous et dans le monde de remettre en ques­tion sans délai le contrôle de la dette publique et du sys­tème moné­taire par les banques privées
      3. demande que cette réso­lu­tion soit ache­mi­née au ministre des finances du Qué­bec, du Cana­da et de la Grèce.
      Car­los J. Leitäo, ministre, minis­tères des finances du Qué­bec, 12, rue Saint-Louis, Qué­bec, G1R 5L3
      Joe Oli­ver, ministre, minis­tère des finances du Cana­da, 90, rue Elgin, Otta­wa, Onta­rio, K1A 0G5
      Euclide Tsa­ka­lo­tos, ministre des Finances, Par­le­ment grec, Place Syn­tag­ma, Athènes, Grèce.

      Réponse
  7. James

    La dette de nos pays :
    Expli­quez-moi pour­quoi la Banque cen­trale Euro­péenne « donne » de l’argent aux banques pri­vées qui ensuite prêtent cet argent avec des inté­rêts exorbitant !!!
    Cela res­semble plus à une arnaque qu’à un plan de sau­ve­tage qui pro­fite aux banks­ters et pas à nos pays …
    L’Europe n’est plus une démo­cra­tie, mais res­semble de plus en plus à un sys­tème mafieux diri­gé par la voyou­cra­tie poli­tique au ser­vice des banksters …

    Réponse
    • joss

      Leur ver­nis com­mence à s’é­cailler ! Les gens ne sont pas dupes. C’est du toc sous la pein­ture et de très mau­vaise qualité.
      L’U­nion Euro­péenne n’a jamais vou­lu être une démo­cra­tie, mais une Union de Banksters.

      Réponse
  8. claude saint-jarre

    Pour­quoi est Grecs n’en pro­fi­te­raient-ils pour réécrire leur Consti­tu­tion pour qu’elle soit d’o­ri­gine Citoyenne ? Cette fois, sans esclaves et avec le droit de vote pour les femmes???!!!!:) Étienne y est allé, mon­sieur Tous­saint a fait son audit, toutes les meilleures condi­tions sont réunies. Il ne manque qu’un mes­sage public de mon­sieur Tsi­pras pour que des ate­liers consti­tuants soient mis sur pied!!!! Je rêve ? Pincez-moi !

    Réponse
    • claude saint-jarre

      Pour­quoi est Grecs n’en pro­fi­te­raient-ils pour réécrire leur Consti­tu­tion pour qu’elle soit d’o­ri­gine Citoyenne ? Cette fois, sans esclaves et avec le droit de vote pour les femmes???!!!!:) Étienne y est allé, mon­sieur Tous­saint a fait son audit, toutes les meilleures condi­tions sont réunies. Il ne manque qu’un mes­sage public de mon­sieur Tsi­pras pour que des ate­liers consti­tuants soient mis sur pied!!!! Je rêve ? Pin­cez-moi ! Au besoin, com­men­cer les bal­bu­tie­ments d’un démo­cra­tie élec­tro­nique. Des babillards avec des cartes géo­gra­phiques et des choix à cocher, des commentaires??

      Réponse
  9. WALTER BRISS

    Main­te­nant nous avons deux exemples (modèles) de com­por­te­ment à tenir : l’Is­lande et la Grèce ! avec la France et d’autres nous pou­vons faire en sorte qu’en­fin une EUROPE SOCIALE chasse cette Europe de l’argent sale ! La fin 2016 devrait à mon humble avis cor­res­pondre à une pro­po­si­tion de 6° répu­blique ; pro­po­si­tion éma­nant de gens du peuple décidés !
    La poli­tique finan­cière s’au­to détrui­ra par la force des choses.

    Réponse
  10. etienne

    [Recom­man­dé] Crises et Dévoi­le­ment, par Jacques Sapir (+ bonus)

    http://​www​.les​-crises​.fr/​r​e​c​o​m​m​a​n​d​e​-​c​r​i​s​e​s​-​e​t​-​d​e​v​o​i​l​e​m​e​n​t​-​p​a​r​-​j​a​c​q​u​e​s​-​s​a​p​ir/

    Nul ne peut pré­voir le résul­tat du réfé­ren­dum qui se tien­dra en Grèce le 5 juillet pro­chain. Les élec­teurs grecs sont sou­mis à une pres­sion tant éco­no­mique que média­tique sans pré­cé­dents pour les convaincre de voter « oui ». Les exemples ici abondent, depuis les décla­ra­tions des hié­rarques de l’Union euro­péenne (les Jun­cker, Schulz et autres) jusqu’aux pres­sions faites par les entre­prises grecques, en pas­sant bien enten­du par la pres­sion la plus impor­tante, et la plus signi­fi­ca­tive, celle de la Banque Cen­trale euro­péenne qui a cou­pé l’accès au compte Target2 des entre­prises grecques, les empê­chant de com­mer­cer avec l’étranger. On est en train d’étrangler la Grèce, en la pri­vant de liqui­di­tés, et ce au moment même ou le FMI recon­naît le bien-fon­dé des posi­tions défen­dues par le gou­ver­ne­ment d’Alexis Tsi­pras. L’ampleur de l’ingérence euro­péenne est sans égale ; elle consti­tue un scan­dale inouï et un déni de démo­cra­tie immense. Elle jette un doute sur l’honnêteté du résul­tat si le « oui » devait l’emporter.

    Mais, ce réfé­ren­dum a per­mis en quelques jours d’opérer un dévoi­le­ment impor­tant de l’attitude tant de l’Eurogroupe que de l’Union euro­péenne. Ce dévoi­le­ment de la nature réelle des ins­ti­tu­tions euro­péennes est un fait impor­tant pour l’ensemble des peuples qui vivent sous ce qu’il nous faut bien aujourd’hui appe­ler la coupe de l’UE. Il faut donc ici faire le bilan de ce que nous avons appris à la fois dans les mois qui nous séparent de l’élection de jan­vier der­nier et sur­tout dans les jours qui ont sui­vi l’annonce du référendum.

    La posi­tion, tant de l’Eurogroupe que de la Com­mis­sion euro­péenne, ou du Conseil euro­péen, vis-à-vis du gou­ver­ne­ment grec n’a nul­le­ment été fon­dée sur un constat éco­no­mique mais elle a tou­jours pro­cé­dé d’un par­ti-pris poli­tique. En effet, il était clair que les demandes de restruc­tu­ra­tions que le gou­ver­ne­ment grec a pré­sen­té sans relâche depuis le mois de février der­nier de la dette étaient fon­dées. De nom­breux éco­no­mistes l’ont écrit[1]. Même le FMI l’a récem­ment reconnu[2]. Il est aujourd’hui évident que cette restruc­tu­ra­tion devra avoir lieu, et que le plus tôt sera le mieux. Les rejets mul­tiples et répé­tés de ces pro­po­si­tions par l’Eurogroupe n’ont eu pour seul objec­tif que d’aboutir soit à la capi­tu­la­tion du gou­ver­ne­ment grec soit à sa démis­sion. La décla­ra­tion de Mar­tin Schulz, Pré­sident du Par­le­ment euro­péen le confirme[3]. Il est donc désor­mais bien éta­bli que les ins­ti­tu­tions euro­péennes n’ont eu de cesse que d’obtenir le départ d’un gou­ver­ne­ment démo­cra­ti­que­ment élu. Ceci en dit long sur la notion de « démo­cra­tie » dont on se gar­ga­rise tant à Bruxelles qu’à Stras­bourg. Ces « ins­ti­tu­tions » ont donc mené une guerre sans relâche contre le gou­ver­ne­ment grec, n’hésitant devant aucune manœuvre pour le désta­bi­li­ser. On en a eu une confir­ma­tion avec les méthodes odieuses qui sont uti­li­sées contre lui depuis qu’il a déci­dé de recou­rir au référendum.

    L’Eurogroupe, qui est l’instance assu­rant le pilo­tage de l’Union Eco­no­mique et Moné­taire, que l’on appelle la « zone Euro » n’a pas hési­té à vio­ler les règles tacites de fonc­tion­ne­ment éta­blies depuis main­te­nant des décen­nies que ce soit du temps du « Mar­ché Com­mun » ou de celui de l’Union euro­péenne. En déci­dant de tenir une réunion dont le ministre Grec, M. Varou­fa­kis, serait exclu, l’Eurogroupe, et en par­ti­cu­lier son Pré­sident M. Dijs­sen­bloem ne se sont pas seule­ment com­por­tés de manière illé­gale, mais sur­tout de manière contraire aux prin­cipes qui sont cen­sés être res­pec­tés entre les dif­fé­rents pays de l’UE. Il s’agit, ici encore, d’un abus de pou­voir inouï. Il n’a de paral­lèle que la déci­sion de la Banque Cen­trale Euro­péenne de cou­per les comptes Target2 (ou sys­tème élec­tro­nique de trans­ferts intra-zone) des entre­prises grecques, orga­ni­sant une pénu­rie arti­fi­cielle de liqui­di­tés en Grèce, pénu­rie qui pèse de manière dra­ma­tique sur la situa­tion de la popu­la­tion et qui com­pro­met la tenue du réfé­ren­dum. C’est la pre­mière fois que, dans l’Histoire, une Banque Cen­trale orga­nise une crise finan­cière au sein de la zone dont elle a la res­pon­sa­bi­li­té, non par incom­pé­tence mais à des­sein. A nou­veau, nous sommes confron­tés à un abus de pou­voir inouï. Cet abus de pou­voir signi­fie en réa­li­té que, sans le dire, la BCE a exclu la Grèce de la zone Euro. Si tel n’était pas le cas, la BCE aurait dû conti­nuer à res­pec­ter les comptes Target2 des entre­prises. Cela signi­fie que tant l’Eurogroupe que la BCE ne res­pectent pas la sou­ve­rai­ne­té de la nation grecque. Nous sommes reve­nus à la situa­tion des années 1960 quand Leo­nid Bre­j­nev affir­mait la doc­trine de « sou­ve­rai­ne­té limi­tée » des pays de l’Est vis-à-vis de l’Union sovié­tique. Ce qu’on fait l’Eurogroupe et la BCE est l’équivalent finan­cier de l’intervention sovié­tique à Prague en août 1968. Nous sommes donc bien confron­té à une tyran­nie. Il faut en mesu­rer soi­gneu­se­ment toutes les conséquences.

    On peut en déduire que l’Euro n’est pas une mon­naie, ni même un pro­jet éco­no­mique, mais qu’il est un mode de gou­ver­ne­ment qui vise à impo­ser les règles du néo-libé­ra­lisme contre l’avis des peuples. Telle est la conclu­sion logique des dénis de démo­cra­tie que l’on a décrits et que le gou­ver­ne­ment grec, avec beau­coup de cou­rage et un grand dis­cer­ne­ment, ont per­mis de dévoi­ler. Le main­tien de l’Euro ne se jus­ti­fie pas par des argu­ments éco­no­miques, mais essen­tiel­le­ment par la volon­té poli­tique de domi­na­tion qui aujourd’hui s’incarne dans l’Allemagne, mais qui s’étend, que l’on parle ici de « col­la­bo­ra­tion » ou de « syn­drome de Stock­holm » n’a que peu d’importance, aux élites poli­tiques de l’Espagne, de la France et de l’Italie. De ce point de vue, l’absence de poli­tique fran­çaise, ou plus pré­ci­sé­ment la ser­vi­li­té com­pas­sion­nelle dont elle fait preuve face à l’Allemagne sur la ques­tion de la Grèce est des plus ins­truc­tives. On ne peut que s’indigner de la pas­si­vi­té du Ministre des Finances, M. Michel Sapin quand, le same­di 27 juin, M. Varou­fa­kis a été exclu de la réunion de l’Eurogroupe. Mais recon­nais­sons que cette pas­si­vi­té est dans la logique de l’attitude fran­çaise depuis le début. Rap­pe­lons ici qu’avant son élec­tion M. Alexis Tsi­pras n’avait pas été reçu par les membres du gou­ver­ne­ment et du P « S »…

    Ces com­por­te­ments signi­fient la fin des illu­sions en ce qui concerne la pos­si­bi­li­té d’aboutir à un « autre Euro » ou de « chan­ger l’UE ». Il faut sur ce point être très clair. De nom­breuses forces se sont ber­cées d’illusions sur ce point, que ce soit en Grèce, et c’est l’une des contra­dic­tions de Syri­za, ou en France, avec l’attitude du PCF et du Par­ti de Gauche. Toute bataille menée de l’intérieur du sys­tème est appe­lée à ren­con­trer des obs­tacles tel­le­ment for­mi­dables que l’on peut dou­ter de son suc­cès. James Gal­braith, après beau­coup d’autres, a écrit que seul le vote « non » au réfé­ren­dum du 5 juillet pour­rait encore sau­ver l’Euro[4]. Ce qui est sûr est que, para­doxa­le­ment, le « oui » va accé­lé­rer la fin de l’Euro en met­tant au jour la nature réelle de la zone Euro. Le voile de la soi-disant « ratio­na­li­té » éco­no­mique désor­mais déchi­ré, réduit à un méca­nisme de domi­na­tion, l’Euro se révèle dans sa nature la plus odieuse[5]. Vou­loir « chan­ger » l’Euro n’est plus aujourd’hui une simple erreur ; cela devient au vu de l’action de la zone Euro envers la Grèce une stu­pi­di­té cri­mi­nelle. Il fau­dra d’urgence que les dif­fé­rents par­tis qui ont joué avec cette idée se mettent rapi­de­ment au clair sur cette ques­tion ou qu’ils assument de n’être que l’aile com­pas­sion­nelle de la tyran­nie européiste.

    Les erreurs stra­té­giques de Syri­za pèsent alors lourd, même si la manière dont la négo­cia­tion a été menée est digne d’éloge. Il convient de s’inspirer du com­bat mené mais de ne pas en répé­ter les erreurs. Ne s’étant jamais mis au clair sur cette ques­tion, le gou­ver­ne­ment grec n’a pu appor­ter au coup d’Etat finan­cier orga­ni­sé par Bruxelles qu’une réponse bien incom­plète. A par­tir du moment où la clô­ture des comptesTarget2 des entre­prises grecques était consta­tée il devait réqui­si­tion­ner la Banque Cen­trale de Grèce pour que le pays ne se trouve pas à court de liqui­di­té, ou émettre des cer­ti­fi­cats de paie­ment (garan­tis par le Minis­tère des finances). On rétor­que­ra que cela aurait été inter­pré­té par l’Eurogroupe comme une rup­ture défi­ni­tive. Mais l’action de la BCE était bien l’équivalent de cette rup­ture. Il n’est aujourd’hui pas dit que le « oui » l’emporte. Mais, s’il devait l’emporter, ce serait bien parce que le gou­ver­ne­ment grec n’a pas vou­lu aller jusqu’au bout de la logique dans sa lutte pour la démocratie.

    Les leçons que l’on doit tirer de ce qui se passe actuel­le­ment en Grèce, que ce soit en France ou ailleurs, sont extrê­me­ment impor­tantes. Un gou­ver­ne­ment qui entre­rait en conflit avec l’Eurogroupe et avec l’UE sait désor­mais à quoi s’attendre. Les risques de désta­bi­li­sa­tion de la socié­té sont immenses dès lors que l’arme finan­cière est uti­li­sée sans res­tric­tion par la BCE. Devant ces risques, du moins en France, nous avons une pro­cé­dure d’exception qui est pré­vue par la consti­tu­tion : c’est l’article 16. Le pré­cé­dent de la Grèce montre que les pres­sions finan­cières peuvent empê­cher un fonc­tion­ne­ment nor­mal des ins­ti­tu­tions. Le pou­voir exé­cu­tif serait alors en droit d’user de l’article 16 pour gou­ver­ner par décret dans la période de crise et pour répli­quer, du tac au tac, aux actions venant de Bruxelles et de Francfort.

    * * *

    [1] Voir Sti­glitz J, « Europe’s attack on Greek demo­cra­cy », le 29 juin 2015,http://www.project-syndicate.org/commentary/greece-referendum-troika-eurozone-by-joseph‑e–stiglitz-2015–06
    [2] Voir The Guar­dian du 2 juillet, http://​www​.the​guar​dian​.com/​b​u​s​i​n​e​s​s​/​2​0​1​5​/​j​u​l​/​0​2​/​i​m​f​-​g​r​e​e​c​e​-​n​e​e​d​s​-​e​x​t​r​a​-​5​0​b​n​-​e​u​r​o​s​?​C​M​P​=​s​h​a​r​e​_​b​t​n​_tw
    [3] « Un gou­ver­ne­ment de tech­no­crates pour en finir avec l’ère Syri­za », décla­ra­tion de Mar­tin Schulz, 2 juillet 2015,http://​fr​.sput​nik​news​.com/​i​n​t​e​r​n​a​t​i​o​n​a​l​/​2​0​1​5​0​7​0​2​/​1​0​1​6​8​2​4​8​7​1​.​h​tml
    [4] Gal­braith J., « Greece : Only the ‘No’ Can Save the Euro », 1er juillet 2015,http://​www​.pros​pect​.org/​a​r​t​i​c​l​e​/​g​r​e​e​c​e​-​o​n​l​y​-​n​o​-​c​a​n​-​s​a​v​e​-​e​uro
    [5] Lor­don F., La Mal­fa­çon, Paris, Les Liens qui Libèrent, 2014
    Source : Jacques Sapir, pour son blog Rus­sEu­rope, le 3 juillet 2015.

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  11. Untel

    Au fil des siècles, ils ont gagné notre sou­mis­sion à leur sys­tème en nous cloi­son­nant dans l’i­dée que nous pou­vions être indi­vi­duels. Nous leur avons tout aban­don­né, nous avons renon­cé à tout ce qui nous consti­tue pour cet idéal per­son­na­li­sable. Je suis pour une reprise en main mais le sevrage s’an­nonce long. N’y a‑t-il pas un élec­tro­choc à mettre en place ?

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  12. LeBoulager

    Bon­jour,
    Je ne com­prends pas pour­quoi nous devons accep­ter les mots en boucle par le mains­tream « de sau­ver la Grèce » depuis des années, plu­tôt les banques pri­vées grecques et non grecques qu’ils essayaient de sau­ver jus­qu’à maintenant .
    L’U­nion Euro­péenne elle même ne veut rien dire, avez vous remar­qué que les billets ne repré­sentent aucun cas l’i­den­ti­té de chaque pays ?
    En France, pre­nons un exemple : AIR FRANCE, FRANCE TELECOM, EDF, GDF… les entre­prises conti­nuent de chan­ger de nom sans lais­ser une iden­ti­té par­ti­cu­lière. Le logos AIR FRANCE devient AIRFRANCE, ORANGE…etc.
    N’y-a-t-il pas une volon­té d’ef­fa­cer l’identité de chaque pays membre ? ont-ils pillé les entre­prises publiques de chaque pays membres : les biens maté­riels, les bre­vets par l’in­ter­mé­diaire de la planche à billet(quantitative easing drôle de mots) ou les dettes odieuses ?
    Quand je prends l’au­to­route pra­ti­que­ment vide jus­qu’en Espagne en moyenne 800km, j’ai comp­té 6 per­sonnes maxi­mum sur les péages de tout le tra­jet (période de vacance), est-ce-normal?Pourtant le prix ne cesse pas d’aug­men­ter. Bon­jour le dégât de la privatisation…
    L’U­nion Euro­péenne ne nous aime pas (peuple de chaque pays), alors pour­quoi conti­nuons nous à cre­ver avec eux?Il est temps de quit­ter cette mascarade…
    Ils les disent en plus le refe­ren­dum est contre l’es­sence de leur défi­ni­tion de la démo­cra­tie, si j’es­saie de com­prendre com­ment fonc­tionne dans leur tête…
    Bref, il n’y a jamais eu de pro­jet social en Europe​.Au contraire, l’Europe est une des­truc­tion métho­dique des acquis. Peut être elle est un pro­jet de la paix ? Je ne sais pas mais L’OTAN et Les Nazis en Ukraine sont pres­sés de bouf­fer l’ours russe, ils veulent pro­vo­quer la guerre à la Rus­sie, sommes nous vrai­ment en pays ?
    Avez vous remar­quer que les prix ont aug­men­té depuis la créa­tion de l’Euro?Ou encore la quan­ti­té de pro­duit est ajus­tée pour mas­quer l’aug­men­ta­tion de prix.
    Voi­là nos dis­cus­sions de comp­toir, je vous fais par­ta­ger, l’a­ve­nir est dans le « coin de rue « 8) . Encore minable de dire qu’il y a une autre Europe possible …
    Bon cou­rage à tous,
    Les commentaires :
     » Ils foutes la gueule de tout le monde là … un jour nous sommes dans la même situa­tion, nous rigo­le­rons moins »
    « C’est salaud limite à 60 euros par jour pour ver­rouiller notre fruit de tra­vail, les riches ont déjà vidé leurs comptes ailleurs… »

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  13. etienne

    Deux enne­mis du peuple, col­la­bos de l’oc­cu­pant (qui traitent les résis­tants, tous les jours depuis 10 ans, de para­noïaques racistes proches de l’ex­trême droite, et qui feront peut-être un jour enfer­mer ces résis­tants pour « mala­die men­tale », comme aux temps tota­li­taires), sont incri­mi­nés par Fré­dé­ric Lordon : 

    Le cré­pus­cule d’une époque

    mar­di 7 juillet 2015, par Fré­dé­ric Lordon

    http://blog.mondediplo.net/2015–07-07-Le-crepuscule-d-une-epoque

    C’est une pho­to comme il y en a des mil­liers, cer­taines sym­pa­thiques, d’autres gro­tesques : un sel­fie. Deux ahu­ris font un sel­fie, regards béats et satis­faits. Ils se res­semblent comme deux gouttes d’eau. Ils sont visi­ble­ment très contents de leur coup, « on va le mettre sur Twit­ter pour les faire chier ». Arnaud Lepar­men­tier et Jean Qua­tre­mer. On est jeu­di 2 juillet, jour de mani­fes­ta­tion de soli­da­ri­té avec le peuple grec. Il y a une légende à la pho­to : « Ça va Bas­tille ? Nous on est rive gauche ».

    En fait, oui, ça va, pas mal même. Et vous ?

    ***

    Une vic­toire élec­to­rale, fut-elle mas­sive, n’a par soi aucun vrai pou­voir de des­sille­ment du camp d’en face, ni d’endiguement des contre-véri­tés. On n’attendra donc pas des deux ahu­ris au sel­fie qu’ils renoncent à leurs scies pré­fé­rées : « les contri­buables euro­péens ne veulent pas payer pour les fonc­tion­naires grecs » ; « et si la Grèce fait défaut, ce sont les retrai­tés slo­vaques et alle­mands qui paie­ront pour eux » — soit le bon sens à front de bœuf.

    Les contri­buables euro­péens ne payent pas pour les fonc­tion­naires grecs. Ils payent pour les épar­gnants euro­péens. Car c’est une tuyau­te­rie finan­cière désor­mais entiè­re­ment cir­cu­laire qui prête aux Grecs pour qu’ils rem­boursent les créan­ciers — de ces euros-là qui cir­culent sous leur nez, les Grecs ne voient pas la cou­leur. Les contri­buables euro­péens ont d’abord payé pour la reprise publique des titres grecs déte­nus par les banques pri­vées — un grand clas­sique. Main­te­nant ils payent direc­te­ment pour eux-mêmes — enfin cer­tains pour d’autres. On progresse…

    Ils payent sur­tout en consé­quence une des plus colos­sales erreurs de poli­tique éco­no­mique de l’histoire, ins­crite il est vrai dans les trai­tés euro­péens et engen­drée de leur fonc­tion­ne­ment qua­si-auto­ma­tique : for­cer le retour vers les 3 %-60 % en pleine réces­sion, a conduit à la des­truc­tion d’une éco­no­mie, ni plus ni moins : 25 % de PIB en moins, 25 % de taux de chô­mage, tout le monde connaît ces chiffres qui sont désor­mais entrés dans l’histoire. Le plus éton­nant, mais en réa­li­té c’est un signe d’époque, c’est l’incapacité de ces don­nées pour­tant mas­sives, don­nées d’une faillite intel­lec­tuelle écra­sante, à désar­mer l’acharnement et déclen­cher le moindre pro­ces­sus cog­ni­tif de révi­sion. Lepar­men­tier et Qua­tre­mer conti­nue­ront donc soit de sou­te­nir que les trai­tés n’y sont pour rien, soit de main­te­nir qu’il s’agissait de la seule poli­tique pos­sible, soit d’assurer que pour notre bon­heur ça n’était pas seule­ment la seule pos­sible mais la meilleure. Soit de regar­der ailleurs — les fonc­tion­naires grecs. Autisme et qua­si-racisme (car il faut voir ce que depuis 2010 ces deux-là auront déver­sé sur « le Grec »). Bel­li­cisme aus­si d’une cer­taine manière, pour ceux qui n’ont que « l’Europe de la paix » à la bouche mais s’acharnent à jeter les uns contre les autres Grecs et « Euro­péens » (les autres) — « contri­buables euro­péens » contre « fonc­tion­naires grecs », ou quand l’aveuglement idéo­lo­gique n’hésite plus à répandre la dis­corde pour se don­ner libre cours : si le contri­buable euro­péen veut obte­nir jus­tice, qu’il la réclame au fonc­tion­naire grec. Eh bien non : si le contri­buable euro­péen veut obte­nir jus­tice, qu’il la réclame à ses gou­ver­nants qui, « en son nom », ont pris la déci­sion éclai­rée de le char­ger pour sau­ver les banques, et puis de char­ger la Grèce en s’adonnant à la pas­sion macroé­co­no­mique des traités.

    En matière de pas­sions, Lepar­men­tier et Qua­tre­mer n’ont pas que celle des contri­buables : celle des retrai­tés aus­si (pour­vu qu’ils ne soient pas grecs). « Qu’est-ce que vous dites aux retrai­tés de Bavière si la Grèce ne rem­bourse pas ? » demande Lepar­men­tier à Piket­ty qui répond à base de grande confé­rence sur la dette en Europe [1]. On pour­rait répondre aus­si que si les Bava­rois avaient une retraite entiè­re­ment par répar­ti­tion, cette ques­tion n’aurait même pas lieu d’être. On pour­rait répondre que c’est bien ce qui arrive quand depuis des décen­nies on fait le choix de faire pas­ser le finan­ce­ment de toutes les acti­vi­tés sociales — retraites, études uni­ver­si­taires, bien­tôt san­té, etc. — par les mar­chés de capi­taux, ce fléau voué à toutes les catas­trophes. Et que, là encore, ça n’est pas « aux Grecs », mais à tous les gou­ver­nants qui ont pris ce par­ti de la finan­cia­ri­sa­tion qu’il faut s’adresser. Ou bien accep­ter que la retraite confiée aux mar­chés, ça fait… comme les mar­chés : ça va, ça vient, un mau­vais inves­tis­se­ment et c’est le bouillon. On pour­rait d’ailleurs, et enfin, répondre qu’on n’a pas le sou­ve­nir d’avoir vu Lepar­men­tier prendre fait et cause pour les retrai­tés de la capi­ta­li­sa­tion lorsque les mar­chés d’actions se sont effon­drés au début des années 2000, et toute la finance dans un bel ensemble en 2007–2008, au pas­sage pour des pertes autre­ment consi­dé­rables que celles qui sui­vraient d’un défaut grec — mais il est vrai qu’il n’y avait alors ni fonc­tion­naires grecs ni gou­ver­ne­ment de gauche à incriminer.

    ***

    Et main­te­nant que peut-il se pas­ser ? L’« alter­na­tive de la table » est-elle dépas­sée si peu que ce soit ?

    De 2005 à 2015, si l’on fait bien les comptes, on jouit une fois tous les dix ans. C’est bon à pro­por­tion de ce que c’est rare — avouons les choses, ima­gi­ner la tête des ahu­ris au sel­fie (et de tous leurs sem­blables) est spé­cia­le­ment délec­table. Mais tout ceci n’implique pas de céder com­plè­te­ment à l’ivresse. Il n’y a rien de signi­fi­ca­tif à gagner dans la négo­cia­tion avec la troï­ka. Le scé­na­rio le plus avan­ta­geux est donc celui d’une reprise de négo­cia­tion d’où sor­ti­ront quelques conces­sions de second ordre — dimi­nu­tion de la déci­male du sur­plus pri­maire exi­gé, licence lais­sée au gou­ver­ne­ment grec d’organiser l’ajustement bud­gé­taire comme il l’entend (et non sous la menue dic­tée de la troï­ka), pro­messe éven­tuelle d’une dis­cus­sion sur la restruc­tu­ra­tion de la dette (en étant vrai­ment très optimiste).

    C’est qu’il y a des rai­sons sérieuses à ce que rien de plus ne puisse être obte­nu. On les connaît. L’Allemagne en fait par­tie. Qu’entre Sig­mar Gabriel et Mar­tin Schulz, la réac­tion du Par­ti social démo­crate (SPD) ait été encore plus vio­lente que celle d’Angela Mer­kel pour­rait peut-être finir par faire aper­ce­voir de quoi il y va vrai­ment dans la posi­tion alle­mande. Les prin­cipes d’orthodoxie dont l’Allemagne a exi­gé l’inscription dans les trai­tés sont l’expression d’une croyance moné­taire trans­par­ti­sane et pour ain­si dire méta­po­li­tique – en amont des dif­fé­ren­cia­tions poli­tiques. Elle n’est pas une affaire d’« idéo­lo­gie poli­tique » au sens ordi­naire du terme, c’est-à-dire de quelque chose qui ouvri­rait la pers­pec­tive d’un retour­ne­ment pos­sible à échéance élec­to­rale, mais une construc­tion sym­bo­lique de longue période qui donne leur cadre com­mun aux alternances.

    C’est dire com­bien la thèse de l’« Alle­magne de Mer­kel », cette argu­tie de rac­croc pour tous les Ber­nard Guet­ta, faux appel à la patience d’une future « Europe social-démo­crate » [2] quand le débris qu’est la social-démo­cra­tie euro­péenne est entiè­re­ment pas­sé à droite, c’est dire com­bien cette thèse était pro­mise — par bêtise ou par céci­té volon­taire ? — à ne rien com­prendre à ce qui se passe en Europe, et sur­tout à ce qui ne pour­ra jamais s’y pas­ser, en tout cas dans sa confi­gu­ra­tion actuelle.

    Ce qui ne pour­ra jamais s’y pas­ser c’est qu’un pays, qui plus est du Sud, pré­tende s’être sous­trait aux prin­cipes — le thème récur­rent de tous le com­men­taire alle­mand sur la Grèce, c’est la règle enfreinte. Que cette règle ne convienne qu’à l’Allemagne, qu’elle soit la sienne même, que par­tout ailleurs ou presque son appli­ca­tion for­ce­née ait tour­né à l’un des plus grands désastres éco­no­miques de l’histoire euro­péenne, rien de ceci ne pro­dui­ra le moindre bou­gé — et jusque dans les autres pays, notam­ment la France, en état de stu­pé­fac­tion fusion­nelle avec l’Allemagne, hommes poli­tiques pour qui le « couple fran­co-alle­mand » est deve­nu un intou­chable fétiche auquel tout sera aveu­glé­ment sacri­fié, experts res­sas­sant le caté­chisme ordo­li­bé­ral (dont même les éco­no­mistes amé­ri­cains se tapent sur les cuisses qu’on puisse être bête à ce point de le prendre au sérieux), édi­to­ria­lisme du gramophone.

    C’est bien ici en tout cas que s’avèrera la mal­fa­çon euro­péenne. Le peuple alle­mand vit à sa manière la chose moné­taire. C’est son droit le plus abso­lu. Mais il a choi­si d’imposer sa manière à tous les autres. Et les pro­blèmes ne pou­vaient qu’apparaître. Après cinq ans d’épuisement, et même de per­sé­cu­tion éco­no­mique, le peuple grec vient de dire que cette manière, il n’en vou­lait plus. Ce sera donc manière contre manière, et voi­là pour­quoi l’« alter­na­tive de la table » se trouve recon­duite à l’identique — aux conces­sions cos­mé­tiques près dont on fait les com­mu­ni­qués de vic­toire des deux bords.

    Il ne faut pas dou­ter en effet de la réponse que don­ne­rait l’électorat alle­mand s’il était consul­té, sans doute d’autres avec lui, mais lui tout spé­cia­le­ment. Au len­de­main du « non » grec, les incom­pa­ti­bi­li­tés euro­péennes sont main­te­nant aigui­sées à un point qui réduit à très peu l’espace des com­pro­mis, et ne per­met plus du tout d’exclure par exemple que le Par­le­ment alle­mand, écra­sante majo­ri­té sociale réunie der­rière lui, rejette tout nou­vel accord de l’Eurogroupe. Le réfé­ren­dum de Tsi­pras avait évi­dem­ment (aus­si) à voir avec la pré­ser­va­tion de sa coa­li­tion. Le refus de Mer­kel pro­cé­de­ra des mêmes mobiles – aux­quels il n’y a pas grand-chose à redire : à un cer­tain moment les hommes poli­tiques sont rap­pe­lés aux néces­si­tés de leur poli­tique natio­nale, celle qui les a mis là où ils sont.

    Comme tou­jours la chasse aux lièvres sera ouverte et l’on ver­ra le com­men­taire se pré­ci­pi­ter avec pas­sion sur toutes les fausses pistes : l’irresponsabilité des uns, l’égoïsme des autres, le défaut de soli­da­ri­té de tous. Soit le fléau du mora­lisme. Car le mora­lisme est bien cette pen­sée indi­gente qui rap­porte tout aux qua­li­tés morales des acteurs sans jamais voir ni les struc­tures ni les rap­ports : rap­ports de force, de conve­nance ou de dis­con­ve­nance, de com­pa­ti­bi­li­té et de via­bi­li­té. On ne com­pose une tota­li­té col­lec­tive viable que si l’on met ensemble des par­ties qui entre­tiennent entre elles des rap­ports de com­pa­ti­bi­li­té mini­male. Et si cette com­pa­ti­bi­li­té tombe sous un cer­tain seuil cri­tique, alors la tota­li­té — tau­to­lo­gi­que­ment — court à la décom­po­si­tion. Le rap­port entre la croyance moné­taire alle­mande et les blocs d’affects de cer­tains autres peuples euro­péens est en train d’atteindre ce seuil. L’incompatibilité, res­tée mas­quée tant qu’un envi­ron­ne­ment macroé­co­no­mique pas trop défa­vo­rable per­met­tait de tenir à peu près les objec­tifs, était vouée à deve­nir criante au pre­mier point de crise sérieuse. Depuis 2009, nous y sommes.

    Le droit des Alle­mands de ne pas vou­loir voir enfreintes les règles aux­quelles ils tiennent par-des­sus tout est fina­le­ment aus­si légi­time que celui des Grecs à ne pas être pré­ci­pi­tés aux tré­fonds de la misère quand on les leur applique. C’est donc d’avoir ima­gi­né faire tenir ensemble dura­ble­ment ces deux droits sans pen­ser aux condi­tions où ils pour­raient deve­nir vio­lem­ment anta­go­nistes qui était une mau­vaise idée. Ou alors il faut dis­po­ser des ins­ti­tu­tions qui rendent un peu plus com­pa­tibles les incom­pa­tibles, par exemple une union de trans­fert, sous la forme d’une (très signi­fi­ca­tive) assu­rance-chô­mage euro­péenne — le rapié­çage mini­mal quand, par ailleurs, tant de lourds pro­blèmes demeu­re­raient. Ceci en tout cas n’a rien d’une ques­tion de morale, c’est une ques­tion de struc­tures, capables ou non d’accommoder des forces poli­tiques cen­tri­fuges au sein d’un ensemble mal construit, et mena­cé d’une perte com­plète de via­bi­li­té pour n’avoir pen­sé aucune régu­la­tion de la diver­gence. Si l’Allemagne ne veut pas entendre par­ler d’annulation d’une (part de) dette qui ne peut qu’être annu­lée, il s’en sui­vra logi­que­ment l’éclatement de la zone euro.

    Et par tous les bouts. Car il ne faut pas s’y trom­per : si d’aventure il se for­mait une coa­li­tion d’Etats-membres pour sou­te­nir cette annu­la­tion, et plus géné­ra­le­ment une réforme d’ampleur des prin­cipes moné­taires de la zone, c’est l’Allemagne, éven­tuel­le­ment accom­pa­gnée de quelques sem­blables, qui mena­ce­rait de prendre le large, au nom de la défense de ses irré­fra­gables prin­cipes — Gerxit et non Grexit, l’hypothèse constam­ment oubliée.

    ***

    Il ne faut donc pas se trom­per dans l’appréciation de la por­tée de l’événement oχi. Il est des plus que dou­teux que le gou­ver­ne­ment Syri­za obtienne davan­tage que des conces­sions mar­gi­nales — dont il lui appar­tien­dra de faire comme il peut une pré­sen­ta­tion triom­phale… Mais ça n’est pas ain­si qu’il faut juger de l’événement, car c’est un ébran­le­ment d’une tout autre sorte qui s’est pro­duit dimanche 5 juillet. L’ébranlement d’un peuple entier entré en rébel­lion contre les ins­ti­tu­tions euro­péennes. Et l’annonce d’un cré­pus­cule — donc aus­si d’une aube à venir.

    Ce qui s’est trou­vé enfin condam­né et appe­lé à l’effacement his­to­rique sous cette pous­sée d’un peuple, c’est une époque et ses hommes. Nous allons enfin entrer dans l’agonie de l’économicisme, cette dégé­né­res­cence de la poli­tique, une voca­tion à la non-poli­tique qui, comme de juste, ne cesse pas de faire de la poli­tique — de même que la « fin des idéo­lo­gies » est le der­nier degré de l’idéologie —, mais de la pire des façons, au tré­fonds d’un mélange de men­songe et d’inconscience. Seuls de grands cyniques étaient capables de voir que le règne ges­tion­naire, la réduc­tion éco­no­mi­ciste de tout, qui se targuent de pré­fé­rer l’administration des choses au gou­ver­ne­ment des hommes, comme l’auront répé­té en boucle tout ce que le néo­li­bé­ra­lisme a comp­té d’idiots utiles, seuls de grands cyniques, donc, étaient capables de voir qu’il y avait dans cette pro­fes­sion de foi anti-poli­tique la plus sour­noise des politiques.

    Quitte à être du mau­vais côté de la domi­na­tion, il faut regret­ter qu’il n’y ait pas plus de cyniques. Eux au moins réflé­chissent et ne se racontent pas d’histoires — ni à nous. On leur doit l’estime d’une forme d’intelligence. Mais quand les cyniques manquent ce sont les imbé­ciles qui pro­li­fèrent. Le néo­li­bé­ra­lisme aura été leur triomphe : ils ont été par­tout. Et d’abord au som­met. Une géné­ra­tion d’hommes poli­tiques non-poli­tiques. Le pou­voir à une géné­ra­tion d’imbéciles, inca­pables de pen­ser, et bien sûr de faire de la poli­tique. Le gou­ver­ne­ment par les ratios est le seul hori­zon de leur poli­tique. On com­prend mieux le féti­chisme numé­ro­lo­gique qui s’est empa­ré de toute la construc­tion euro­péenne sous leur conduite éclai­rée : 3 % [3], 60 %, 2 %. Voi­là le résu­mé de « l’Europe ». On com­prend que ces gens soient réduits à la per­plexi­té d’une poule devant un démonte-pneu quand sur­vient quelque chose de vrai­ment poli­tique — un réfé­ren­dum par exemple. La per­plexi­té et la panique en fait : la résur­gence des forces déniées est un insup­por­table retour du refou­lé. Qu’il y ait des pas­sions poli­tiques, que la poli­tique soit affaire de pas­sions, cela n’était pas pré­vu dans le tableur à ratios. Aus­si observent-ils, inter­dits, les évé­ne­ments vrai­ment poli­tiques : la qua­si-séces­sion écos­saise, les menaces équi­va­lentes de la Flandre ou de la Cata­logne — le sur­saut grec, évi­dem­ment. Le choc de l’étrangeté est d’ailleurs tel­le­ment violent qu’ils s’efforcent spon­ta­né­ment de le recou­vrir. Comme la guerre de Troie, les réfé­ren­dums n’ont pas eu lieu.

    En une tra­gique pré­des­ti­na­tion à l’échec, c’est à cette géné­ra­tion qu’a été remise la construc­tion euro­péenne. On lui aura dû cette per­for­mance, appe­lée à entrer dans l’histoire, d’une mon­naie unique sans construc­tion poli­tique — catas­trophe intel­lec­tuelle typique de l’économicisme qui croit à la sou­ve­rai­ne­té de l’économie, et pense que les choses éco­no­miques tiennent d’elles-mêmes. Même leur réveil tar­dif, et bru­tal, est aus­si pathé­tique que le som­meil épais d’où il les tire : « il faut une Europe poli­tique ! » Mais le pyja­ma est de tra­vers, le che­veu en bataille et les idées encore un peu gru­me­leuses. C’est qu’il ne suf­fit pas d’en appe­ler à une Europe poli­tique pour qu’ipso fac­to elle advienne. La for­ma­tion des com­mu­nau­tés poli­tiques n’est pas un jeu de Mec­ca­no. Comme fait-on vivre ensemble des idio­syn­cra­sies hété­ro­gènes ? Par quelles formes ins­ti­tu­tion­nelles peut-on espé­rer réduire leurs incom­pa­ti­bi­li­tés ex ante ? Quelles sont les contraintes d’une éco­no­mie géné­rale de la sou­ve­rai­ne­té ? Quelles sont les condi­tions de pos­si­bi­li­té d’acceptation de la loi de la majo­ri­té ? Sont-elles néces­sai­re­ment rem­plies ? Et dans le cas pré­sent ? Tiens, on va aller poser toutes ces ques­tions à Michel Sapin.

    Comme un symp­tôme du degré ultime de sou­mis­sion à l’ordre des choses qu’aura incar­né la « social-démo­cra­tie », c’est en effet au Par­ti socia­liste qu’on trouve les plus beaux spé­ci­mens de la catas­trophe : Sapin donc, mais aus­si Macron, Valls, Mos­co­vi­ci, et bien sûr, pri­mus inter pares, Hol­lande. Les figures ahu­ries du gou­ver­ne­ment des ratios et, en temps de grande crise, les poules dans une forêt de démonte-pneu. Un cau­che­mar de poules. Il faut les regar­der tour­ner ces pauvres bêtes, déso­rien­tées, hagardes et incom­pre­nantes, au sens éty­mo­lo­gique du terme stu­pides. Tout leur échappe. D’abord il y a belle lurette que les ratios ont explo­sé à dache, mais la vague angoisse qui les gagne leur fait bien sen­tir que c’est plus grave que ça : ça pour­rait ne plus être une affaire de ratios… La pen­sée par ratios risque de ne plus suf­fire. Il fau­drait refaire « cette chose… » : de la poli­tique. « Mais com­ment faire ? Nous ne savons pas ».

    On le sait qu’ils ne savent pas. Le pire, d’ailleurs, c’est quand ils font comme s’ils savaient. Qu’ils s’essayent à la « vision ». « Il faut que les jeunes Fran­çais aient envie de deve­nir mil­liar­daires », voi­là la pen­sée des ratios dans son effort de « prendre de la hau­teur ». Les ratios en hau­teur, ça donne ça : la vision civi­li­sa­tion­nelle d’Emmanuel Macron. Voi­ci les gens que nous man­da­tons pour nous conduire. Mais où peuvent-ils nous emme­ner si ce n’est au désastre — civi­li­sa­tion­nel, pré­ci­sé­ment ? Com­ment ima­gi­ner que l’Europe à tête de bulot ait pu aller ailleurs qu’au nau­frage ? Quelqu’un depuis vingt ans a‑t-il éprou­vé le moindre trem­ble­ment à un dis­cours euro­péiste ? Sen­ti le moindre souffle ? Peut-on com­po­ser une épo­pée autre que gro­tesque lorsqu’on met bout à bout les odes à l’Europe sociale d’Elisabeth Gui­gou et de Mar­tine Aubry, les bafouille­ments de Jacques Delors, les chuin­te­ments de Jean-Claude Jun­cker, les hys­té­ries de Cohn-Ben­dit, les com­mer­cia­lismes de Lamy, les ful­gu­rances cha­ris­ma­tiques de Mos­co­vi­ci, et tant d’autres remar­quables contri­bu­tions à la chro­nique d’un désastre annon­cé ? La véri­té est qu’il suf­fi­sait de les écou­ter, ou plu­tôt de tendre l’oreille, en fait de per­ce­voir l’absence de toute vibra­tion, pour se péné­trer de la cer­ti­tude de l’échec : une entre­prise his­to­rique conduite par des gens de cette étoffe ne pou­vait qu’échouer.

    Il ne faut pas faire accep­tion de cas sin­gu­liers : c’est bien une géné­ra­tion entière qui est en cause. La géné­ra­tion du néo­li­bé­ra­lisme. Les autres pays ont les leurs, les mêmes : Bar­ro­so, Ren­zi, Mon­ti, Zapa­te­ro, Verhof­stadt, etc., tous ont été for­més dans la même matrice, la matrice d’une époque. Com­ment l’économicisme néo­li­bé­ral qui est une gigan­tesque déné­ga­tion du poli­tique ne pou­vait-il pas engen­drer sa géné­ra­tion d’hommes poli­tiques igno­rants de la poli­tique ? « Aban­don­nez ces sot­tises, regar­dez les ratios, ils ne sont ni de droite ni de gauche », on ne compte plus les décé­ré­brés qui, répé­tant cet adage, auront cru s’affranchir de la poli­tique, en fai­sant la pire des poli­tiques : la poli­tique qui s’ignore.

    Et ceux-là auront été par­tout, pas seule­ment sous les lam­bris. Car c’est tout un bloc hégé­mo­nique qui aura com­mu­nié dans la même éclipse. A com­men­cer par ses intel­lec­tuels orga­niques, si vrai­ment on peut les appe­ler des intel­lec­tuels puisque, de même qu’il a fait dégé­né­rer les hommes poli­tiques, le néo­li­bé­ra­lisme n’a pro­duit que des formes dégé­né­rées d’intellectuels : les experts. Et for­cé­ment : l’économicisme néo­li­bé­ral ne pou­vait se don­ner d’autres « intel­lec­tuels » que des éco­no­mistes. Les dits think tanks auront été la fabrique de l’intellectuel deve­nu ingé­nieur-sys­tème. A la Répu­blique des Idées c’était même un pro­jet : en finir avec les pitres à che­mise échan­crée, désor­mais le sérieux des chiffres — la branche uni­ver­si­taire de la pen­sée des ratios.

    Et der­rière eux toute la cohorte des per­ruches — les jour­na­listes. Fas­ci­nés par le pseu­do-savoir éco­no­mique auquel ils n’ont aucun accès de pre­mière main, ils ont gra­ve­ment répé­té la néces­si­té de com­man­de­ments éco­no­miques aux­quels ils ne com­prennent rien — de la même manière, on peut le parier, que, têtes vides, ils se la lais­se­ront rem­plir par le nou­vel air du temps et sou­tien­dront exac­te­ment l’inverse dès que les vents auront tourné.

    Il faut déjà les ima­gi­ner per­tur­bés et angois­sés par le conflit renais­sant des auto­ri­tés, comme des enfants devant la dis­pute des parents. Car on entend des éco­no­mistes dis­so­nants — si ce ne sont que des hété­ro­doxes, ça n’est pas trop grave. Mais il y a aus­si ces prix Nobel qui disent autre chose — c’est tout de même plus sérieux. Pire encore, de l’intérieur même de la curie, du dis­sen­sus se fait entendre : des éco­no­mistes du FMI sug­gèrent mez­za voce qu’il aurait pu y avoir quelques erreurs… du FMI, une sombre his­toire de mul­ti­pli­ca­teur [4], mais on com­prend bien que l’édifice doc­tri­nal n’était pas, comme on le croyait, en marbre de Car­rare. Que le monde ait été plon­gé en plein chaos en 2008, que des pays euro­péens se tapent des des­centes façon Grande Dépres­sion années trente, non, cela ne pou­vait avoir aucun effet sur les per­ruches, tant que la volière res­tait bien arri­mée : ouvrir les yeux pour s’interroger ne sert à rien puisqu’il suf­fit d’écouter les réponses qui font auto­ri­té. Mais quand l’autorité com­mence à se cra­que­ler, et que le clou menace de céder ?…

    Pour l’heure il tient encore. On dépayse la volière et les per­ruches prennent le che­min d’Aix-en-Provence, où l’on va se réchauf­fer, et se ras­su­rer, entre soi. On revien­dra dûment regon­flé en répé­tant les élé­ments de lan­gage avec d’autant plus de convic­tion qu’ils ne sont pas reçus comme des élé­ments de lan­gage mais comme des évi­dences qui parlent d’elles-mêmes : réforme, ne-pas-dépenser-plus-qu’on-ne-gagne (enfin‑c’est-élémentaire), la-dette-qu’on-va-laisser-à-nos-enfants. Et puis pour les plus doués, ceux qui sont en classe supé­rieure : archéo-key­né­sia­nisme. C’est Emma­nuel Macron qui le dit, et comme nous l’avons vu, c’est quelqu’un. Evi­dem­ment la per­ruche ignore cette phrase de Keynes, à qui ce serait faire insulte que de le mettre en simple com­pa­rai­son avec Macron, cette phrase qui dit qu’il n’est pas de diri­geant poli­tique qui ne soit l’esclave qui s’ignore d’un éco­no­miste du pas­sé. C’est peu dire que Macron fait par­tie de ces esclaves incons­cients et ravis. Et pour cause : il ne connaît même pas son maître. On va le lui indi­quer. Son maître s’appelle Pigou. Une espèce d’Aghion de l’époque qui a si bien plai­dé la cause de l’ajustement par les mar­chés que Hoo­ver, Brün­ning et Laval ont dans un bel ensemble pré­ci­pi­té leurs éco­no­mies dans l’effondrement de la Grande Dépres­sion. Emma­nuel Macron, qui a appris à l’ENA l’économie dans la même ver­sion que son pré­sident l’histoire — pour les Nuls — ron­ronne de conten­te­ment en s’entendant dire « archéo-key­ne­sien ». Et les per­ruches caquètent de joie tout autour. Le pro­blème c’est qu’il est, lui, paléo-libé­ral. Et qu’il ajoute son nom à la série his­to­rique des années trente.

    Et puis il y a l’élite : les twit­tos à sel­fie. Même au milieu des ruines fumantes de l’Europe effon­drée, eux ne lâche­ront rien : ce sera tou­jours la faute à autre chose, les Grecs fei­gnants, les rouges-bruns, la bêtise des peuples, l’erreur, quand même il faut le dire, de trop de démo­cra­tie. Mais tous les sys­tèmes ont leurs irré­duc­tibles achar­nés et leurs obtu­rés du jusqu’au bout.

    Têtes poli­tiques en géla­tine, experts de ser­vice, jour­na­lisme domi­nant décé­ré­bré, voi­là le cor­tège des impor­tants qui aura fait une époque. Et dont les réa­li­sa­tions his­to­riques, spé­cia­le­ment celle de l’Europe, seront offertes à l’appréciation des temps futurs. Il se pour­rait que ce soit cette époque à laquelle le réfé­ren­dum grec aura por­té un coup fatal. Comme on sait, il faut un moment entre le coup de hache déci­sif et le fra­cas de l’arbre qui s’abat. Mais toutes les fibres com­mencent déjà à cra­quer. Main­te­nant il faut pous­ser, pous­ser c’est-à-dire refaire de la poli­tique inten­sé­ment puisque c’est la chose dont ils ignorent tout et que c’est par elle qu’on les renversera.

    L’histoire nous livre un ensei­gne­ment pré­cieux : c’est qu’elle a des pou­belles. Il y a des pou­belles de l’histoire. Et c’est bien. On y met les époques faillies, les géné­ra­tions cala­mi­teuses, les élites insuf­fi­santes, bref les encom­brants à oublier. Alors tous ensemble, voi­là ce qu’il fau­drait que nous fas­sions : faire la tour­née des rebuts, rem­plir la benne, et prendre le che­min de la décharge.

    Fré­dé­ric Lordon.

    Notes

    [1] Tho­mas Piket­ty, « Ceux qui cherchent le Grexit sont de dan­ge­reux appren­tis-sor­ciers », Le Monde, 4 juillet 2015.

    [2] Ber­nard Guet­ta, « De l’urgence de savoir défendre l’Europe », Libé­ra­tion, 26 février 2013.

    [3] Cf. « La règle des 3 % de défi­cit est née sur un coin de table », Le Monde diplo­ma­tique, octobre 2014.

    [4] Oli­vier Blan­chard et Daniel Leigh, « Growth Fore­cast Errors and Fis­cal Mul­ti­pliers » (PDF), IMF Wor­king Paper, jan­vier 2013.

    Source : http://blog.mondediplo.net/2015–07-07-Le-crepuscule-d-une-epoque

    Réponse
  14. etienne

    Piket­ty :
    « l’Al­le­magne est LE pays qui n’a jamais rem­bour­sé ses dettes »

    (« Libération »)

    « Ce qui m’a frap­pé pen­dant que j’é­cri­vais, c’est que l’Al­le­magne est vrai­ment le meilleur exemple d’un pays qui, au cours de l’his­toire, n’a jamais rem­bour­sé sa dette exté­rieure, ni après la Pre­mière, ni après la Seconde Guerre mon­diale. […] L’Al­le­magne est LE pays qui n’a jamais rem­bour­sé ses dettes. Elle n’est pas légi­time pour faire la leçon aux autres nations. »

    http://​www​.libe​ra​tion​.fr/​d​i​r​e​c​t​/​e​l​e​m​e​n​t​/​p​i​k​e​t​t​y​-​l​a​l​l​e​m​a​g​n​e​-​e​s​t​-​l​e​-​p​a​y​s​-​q​u​i​-​n​a​-​j​a​m​a​i​s​-​r​e​m​b​o​u​r​s​e​-​s​e​s​-​d​e​t​t​e​s​_​1​2​3​95/

    Réponse
      • quelqu'un

        quelle hypo­cri­sie. Le plan est évident. Good cop/bad cop puis reve­nir sur la culpa­bi­li­sa­tion des alle­mands. N’ou­bliez pas que ce sont les Roth­schild, Ford et Rocke­fel­ler qui ont finan­cé la II guerre mon­diale, qui l’ont encou­ra­gée pour que Hit­ler détruise la Rus­sie et les pays slaves ‘aleur place. 

        Piket­ty fait main­te­nant par­tie de ces hypo­crites comme Mélen­chon qui res­sortent volon­tai­re­ment le mépris entre les peuples au lieu de dénon­cer les dif­fé­rents gou­ver­ne­ments d’Is­rael et des Etats Unis pour escro­que­rie, viol, pres­sure, géno­zide, chan­tage, crimes de guerre, meurtre, pillage, et je’en passe.

        D’ailleurs DIE Zeit : les rédac­teurs en chef Mat­thias Nass et Joffe sont membres du Bil­der­berg, tout comme les rédac­teurs en chef de la Bild et du Stan­dard (Autri­chien).

        Réponse
  15. Julie

    Bon­jour,
    Je me suis per­mis de reprendre ce texte extrê­me­ment inté­res­sant pour le rendre plus lisible en fran­çais. J’es­père n’a­voir pas écrit d’â­ne­rie… je suis tra­duc­trice mais je ne lis pas toutes les langues ! Je n’ai donc pas pu véri­fier ma ver­sion avec l’o­ri­gi­nal, j’ai fait au mieux…

    Der­rière la tra­gé­die grecque :
    Les secrets des banques

    Maria Lucia Fato­rel­li, membre de la Com­mis­sion Véri­té sur la Dette Publique Grecque [1] et coor­di­na­trice de l’audit citoyen de la dette du Bré­sil, ana­lyse les faits pour revé­ler la super­che­rie du bai­lout grec de 2010.
    ________________________________________
    La Grèce est aujourd’­hui confron­tée à l’énorme pro­blème de la dette, ain­si qu’à une crise huma­ni­taire. La situa­tion est pire qu’en 2010, lorsque la troï­ka – FMI, Com­mis­sion euro­péenne et BCE – a impo­sé son « plan de sau­ve­tage », alors jus­ti­fié par la néces­si­té de sou­te­nir la Grèce. De fait, ce plan s’est avé­ré com­plè­te­ment désas­treux pour la Grèce, qui n’a tiré aucun avan­tage des conven­tions d’emprunt dou­teuses mises en œuvre depuis.
    Ce dont per­sonne ne parle, c’est qu’un autre plan de sau­ve­tage, réus­si, lui, a effec­ti­ve­ment eu lieu en 2010, non pas au béné­fice de la Grèce, mais au pro­fit des banques pri­vées. Der­rière la crise grecque, il y a un énorme plan de sau­ve­tage illé­gal pour les banques pri­vées, qui repré­sente un risque immense pour l’Europe.
    Cinq ans après, les banques ont obte­nu tout ce qu’elles vou­laient. La Grèce, en revanche, est entrée dans une véri­table tra­gé­die : le pays a vu sa dette consi­dé­ra­ble­ment alour­die, ses biens per­dus en rai­son d’un pro­ces­sus de pri­va­ti­sa­tion accé­lé­ré, ain­si que son éco­no­mie énor­mé­ment réduite. De sur­croit, le coût social est incal­cu­lable. Des mil­lions de per­sonnes déses­pé­rées ont vu leur sub­sis­tance et leurs rêves tou­chés par les sévères mesures d’austérité impo­sées depuis 2010. Les retraites, les salaires, le tra­vail mais aus­si la san­té, l’éducation, la pro­tec­tion sociale, et tous les ser­vices sociaux ont été gra­ve­ment affec­tés, voire détruits.
    La répar­ti­tion du bud­get natio­nal grec montre que les dépenses de la dette l’emportent sur toutes les autres dépenses de l’Etat. En fait, les prêts, titres de créance, inté­rêts et autres frais, couvrent 56% du bud­get annuel de la Grèce en 2013 (Source : Εισηγητική Έκθεση Απολογισμού και Ισολογισμού 2013 – p. 90. Ela­bo­ré par Sta­vros Papaioannou).
    En mai 2010, toutes les atten­tions se sont foca­li­sées sur les mul­tiples annonces autour de l’ingérence de la Troï­ka en Grèce avec son curieux « plan de sau­ve­tage » mais un autre plan de sau­ve­tage effi­cace et un ensemble de mesures illé­gales pour sau­ver les banques pri­vées étaient éga­le­ment sur le point d’être approuvés.
    Ce sont les mesures illé­gales qui ont été choi­sies en mai 2010, et jus­ti­fiées par la néces­si­té de « pré­ser­ver la sta­bi­li­té finan­cière en Europe ». But de la manœuvre : four­nir les struc­tures néces­saires aux banques pri­vées pour se débar­ras­ser d’une « bulle » dan­ge­reuse, à savoir une grande quan­ti­té d’actifs toxiques –essen­tiel­le­ment déma­té­ria­li­sés et non négo­ciables – qui gre­vaient leurs comptes de patri­moine hors-bilan [2]. L’objectif prin­ci­pal était d’aider les banques pri­vées à trans­fé­rer ces actifs pro­blé­ma­tiques aux pays européens.
    Une des mesures adop­tées pour faci­li­ter cet échange d’actifs des banques pri­vées et régler la crise ban­caire était le “pro­gramme de titres de mar­ché” ou Secu­ri­ties Mar­kets Pro­gramme SMP [3], qui a per­mis à la Banque Cen­trale Euro­péenne (BCE) d’acheter direc­te­ment des titres de créance publics et pri­vés sur les mar­chés pri­maire et secon­daire. Cette opé­ra­tion est illé­gale en ver­tu de l’article 123 du trai­té de l’Union Euro­péenne [4], et ce pro­gramme n’est qu’un exemple des « mesures non conven­tion­nelles », prises par la BCE à ce moment-là.
    La créa­tion d’une socié­té Spe­cial Pur­pose Vehicle (SPV) basée à Luxem­bourg a éga­le­ment été très impor­tante pour fali­ci­ter ce trans­fert déma­té­ria­li­sé d’actifs toxiques des banques pri­vées vers le sec­teur public. C’est dif­fi­cile à croire mais les pays euro­péens [5] sont deve­nus « par­te­naires » de cette socié­té pri­vée, une « socié­té ano­nyme » nom­mée « Fonds euro­péen de sta­bi­li­té finan­cière » (FESF) [6]. Les pays se sont enga­gés en four­nis­sant des garan­ties qui se mon­taient ini­tia­le­ment à 440 mil­liards d’euros [7]; puis en 2011, le capi­tal a été por­té à 779 780 000 000 EUR [8]. Le but réel de cette socié­té, éclip­sé par les annonces, était de four­nir à des pays des « prêts » basés sur des « ins­tru­ments de finan­ce­ment », et non sur de l’argent réel. La créa­tion du FESF a clai­re­ment été impo­sée par le FMI [9], qui lui a four­ni un appui de 250 mil­liards d’euros [10].
    Ensemble, le SMP et le FESF consti­tuent un méca­nisme de sau­ve­tage des actifs [11] dont les banques pri­vées avaient besoin pour obte­nir le sou­tien du public, et qui a été lan­cé au début de la crise ban­caire de 2008 aux Etats-Unis, mais aus­si en Europe. Depuis début 2009, les banques récla­maient davan­tage de sou­tien public afin de se déchar­ger de la quan­ti­té exces­sive d’actifs toxiques qui gre­vaient leurs comptes hors-bilan. Deux solu­tions pos­sibles donc : des achats directs des gou­ver­ne­ments, ou le trans­fert des actifs à des socié­tés de ges­tion de patri­moine indé­pen­dantes. Les deux outils ont été four­nis par le SMP et le FESF, et les pertes liées aux actifs toxiques sont désor­mais à la charge des citoyens européens.
    Mais les trans­fert d’actifs toxiques des banques pri­vées à une entre­prise, sans paie­ment et sans opé­ra­tion adé­quate d’achat / vente aurait été illé­gal selon les règles de red­di­tion de comptes [12]. EUROSTAT a donc chan­gé ces règles et a per­mis « les opé­ra­tions de liqui­di­té menées par l’échange d’actifs », en uti­li­sant les « cir­cons­tances par­ti­cu­lières de la crise finan­cière » pour jus­ti­fier ce changement.
    Si FESF a été basé au Luxem­bourg, c’est prin­ci­pa­le­ment pour ne pas avoir à se sou­mettre aux lois inter­na­tio­nales. Mais le FESF était éga­le­ment finan­cé par le FMI, dont la col­la­bo­ra­tion était théo­ri­que­ment illé­gale selon ses propres sta­tuts. Le FMI a donc revi­si­té ses propres règles pour four­nir les 250 mil­liards d’euros au FESF [13].
    Confor­mé­ment à la loi [14] auto­ri­sant sa créa­tion, la socié­té luxem­bour­geoise FESF peut délé­guer la ges­tion de toutes ses acti­vi­tés de finan­ce­ment. Le conseil d’administration peut délé­guer ses fonc­tions et ses États membres asso­ciés peuvent délé­guer des déci­sions concer­nant les garants de l’Eurogroup Wor­king Group (EWG). En ce moment l’EWG n’a même pas de pré­sident à plein temps [15]. C’est le Bureau de la ges­tion de la dette alle­mande qui dirige réel­le­ment le FESF [16] et, de concert avec la Banque euro­péenne d’investissement, four­nit un sou­tien pour sa ges­tion opé­ra­tion­nelle. Le manque de légi­ti­mi­té du fonds est évident car, dans les faits, il est géré par un autre orga­nisme. Or, aujourd’hui, le FESF est le plus grand créan­cier de la Grèce.
    Les ins­tru­ments de finan­ce­ment gérés par le FESF sont des plus ris­qués et res­treints. Ils sont déma­té­ria­li­sés et non négo­ciables, tels les billets à taux flot­tant (Floa­ting Rate Notes) réglés comme pass-through, de change et d’arrangements de cou­ver­ture et d’autres acti­vi­tés de co-finan­ce­ment qui implique la fidu­ciaire Bri­tan­nique Wil­ming­ton Trust (Londres) Limi­ted [17] en tant qu’instructeur pour la déli­vrance de type res­treint d’obligations non-cer­ti­fiées. Celles-ci ne peuvent être com­mer­cia­li­sées sur un mar­ché légi­time des actions, parce qu’elles ne res­pectent pas les règles pour les obli­ga­tions de la dette sou­ve­raine. Cet ensemble d’instruments de finan­ce­ment toxiques repré­sente un risque pour les États membres, dont les garan­ties peuvent être appe­lées à payer pour tous les pro­duits finan­ciers de la socié­té luxembourgeoise.
    Un gigan­tesque scan­dale aurait eu lieu en 2010 si ces agis­se­ments illé­gaux avaient été révé­lés : la vio­la­tion du trai­té de l’UE, les chan­ge­ments arbi­traires des règles de pro­cé­dure de la BCE, d’EUROSTAT et le FMI, ain­si que l’association des États membres à une socié­té Luxem­bour­geoise à but spé­cial pri­vé. Tout cela rien que pour le sau­ve­tage des banques pri­vées, et en créant risque sys­té­mique pour l’ensemble de l’Europe, en rai­son de l’engagement des États appor­tant des mil­liards de garan­tie pour cou­vrir ces actifs toxiques pro­blé­ma­tiques, déma­té­ria­li­sées et non négociables.
    Ce scan­dale n’a jamais eu lieu, parce que la même réunion extra­or­di­naire des affaires éco­no­miques et sociales de l’UE [18] qui a dis­cu­té de la créa­tion du « Spe­cial Pur­pose Vehicle » qu’est la socié­té du FESF, en mai 2010, a mis l’accent sur le « package de sou­tien pour la Grèce », ce qui fait croire que cette struc­ture avait été bien créée pour la Grèce et que, par consé­quent, elle assu­re­rait la sta­bi­li­té finan­cière dans la région. Depuis lors, la Grèce est le centre de toutes les atten­tions, et fait constam­ment les gros titres des prin­ci­paux médias par­tout dans le monde, tan­dis que le régime illé­gal qui a effec­ti­ve­ment sou­te­nu les banques pri­vées et leur a pro­fi­té reste dans l’ombre, et que presque per­sonne n’en parle.
    Le rap­port annuel de la Banque de Grèce montre une immense aug­men­ta­tion des comptes « hors bilan » liée aux valeurs mobi­lières en 2009 et 2010, sur des mon­tants beau­coup plus impor­tant que son actif total. Cette ten­dance se pour­suit sur les années sui­vantes. Par exemple, sur le bilan de la Banque de Grèce de 2010 [19], le total des actifs au 31/12/2010 était de 138,64 mil­liards d’euros. Les comptes hors bilan sur cette même année attei­gnaient 204,88 mil­liards d’euros. Le 31/12/2011 [20], alors que le solde du total des actifs addi­tion­nés est à 168.44 mil­liards d’euros ; les comptes hors bilan atteignent, eux, 279.58 mil­liard d’euros.
    « Ain­si, le trans­fert des actifs toxiques des banques pri­vées vers le sec­teur public a été un grand suc­cès pour les banques pri­vées, ce que le sys­tème de la dette [21] a per­mis de dissimuler. »
    C’est ce qui s’est pro­duit en Grèce après plu­sieurs mois de pres­sion de la Com­mis­sion de L’Union Euro­péenne concer­nant des allé­ga­tions d’incohérences sur les don­nées sta­tis­tiques et l’existence d’un défi­cit exces­sif [22]. Étape par étape, une grosse affaire a été créée sur ces ques­tions, jusqu’à ce que le Conseil d’Affaires Éco­no­miques et Finan­cières déclare, en mai 2010 : « dans le sillage de la crise en Grèce, la situa­tion sur les mar­chés finan­ciers est fra­gile et il y a un risque de conta­gion » [23]. La Grèce a alors été sou­mise à un package com­pre­nant l’ingérence de la Troï­ka, avec des mesures sévères en ver­tu de plans d’ajustement annuels, un accord bila­té­ral sur­pre­nant, sui­vi par des « prêts » de la socié­té FESF, sou­te­nus par des ins­tru­ments de finan­ce­ment à risque.
    Les éco­no­mistes grecs, des diri­geants poli­tiques, et même cer­taines auto­ri­tés du FMI sou­te­naient que la restruc­tu­ra­tion de la dette grecque pour­rait four­nir des résul­tats bien meilleurs que ce package. On ne les a tout sim­ple­ment pas écoutés
    Des cri­tiques ont dénon­cé la sur­es­ti­ma­tion du défi­cit grec –jus­ti­fi­ca­tion de la créa­tion d’un gros scan­dale autour de la Grèce et de l’imposition du package de 2010 – on ne les pas écou­tés non plus.
    Les spé­cia­listes grecs qui ont dénon­cé [24] la fal­si­fi­ca­tion des sta­tis­tiques n’ont éga­le­ment pas été écou­tés. Des études ont mon­tré que les sta­tis­tiques de la dette publique en 2009 la sur­es­ti­maient de 27,99 mil­liards d’euros [25], en rai­son de l’augmentation erro­née sur cer­taines caté­go­ries (comme les DEKO, les arrié­rés des hôpi­taux et SWAP Gold­man Sachs). Les sta­tis­tiques des années pré­cé­dentes avaient éga­le­ment été affec­tées avec 21 mil­liards d’euros de swaps Gold­man Sachs dis­tri­bués ad hoc en 2006, 2007, 2008 et 2009.
    Mal­gré tout cela, dans une atmo­sphère d’urgence et de menace de « conta­gion », de curieux accords ont été mis en œuvre depuis 2010 en Grèce ; non pas à son ini­tia­tive, mais sous l’injonction des auto­ri­tés de l’UE et du FMI.
    « L’analyse des méca­nismes [26] insé­rés dans ces accords montre qu’ils ne béné­fi­cient pas du tout à la Grèce, mais qu’ils ont ser­vi les inté­rêts des banques pri­vées, en par­faite confor­mi­té avec l’ensemble des mesures de sau­ve­tage illé­gales approu­vées en mai 2010. »
    • Pre­miè­re­ment, le prêt bila­té­ral a uti­li­sé un compte spé­cial à la BCE par lequel les prêts consen­tis par les pays et la Banque alle­mande de déve­lop­pe­ment, les prê­teurs, allaient direc­te­ment aux banques pri­vées qui déte­naient des titres de créance avec des valeurs nomi­nales bien infé­rieures. Donc, cet accord bila­té­ral étrange a été orga­ni­sé pour per­mettre un paie­ment inté­gral au pro­fit des déten­teurs d’obligations tan­dis que la Grèce n’a obte­nu aucun avan­tage. Au lieu de cela, les Grecs auront à rem­bour­ser le capi­tal, les taux d’intérêt éle­vés et tous les coûts.
    • Deuxiè­me­ment, les « prêts » du FESF ont abou­ti à la reca­pi­ta­li­sa­tion des banques pri­vées grecques. La Grèce n’a pas reçu un véri­table prêt ni de sou­tien du FESF : en rai­son de son mode de fonc­tion­ne­ment, l’argent réel n’est jamais par­ve­nu en Grèce. Le pays a donc été for­cé de réduire des dépenses sociales essen­tielles afin de rem­bour­ser, en espèces, des taux d’intérêt éle­vés et tous les frais abu­sifs. Il devra éga­le­ment rem­bour­ser le capi­tal qu’il n’a jamais reçu.
    Nous devons cher­cher la rai­son pour laquelle la Grèce a été choi­sie pour être dans l’œil de la tem­pête, sou­mise à des accords et des mémo­ran­dums illé­gaux et illé­gi­times, pour deve­nir le décor qui sert à cou­vrir un plan de sau­ve­tage illé­gal et scan­da­leux des banques pri­vées depuis 2010.
    Peut-être cette humi­lia­tion est-elle liée au fait que la Grèce est, his­to­ri­que­ment, une réfé­rence mon­diale pour l’humanité en tant que ber­ceau de la démo­cra­tie, sym­bole de l’éthique et des droits humains. Le sys­tème de la dette ne peut pas admettre ces valeurs, car il n’a aucun scru­pule à nuire aux pays et aux peuples afin de faire des profits.
    Le Par­le­ment grec a déjà créé la Com­mis­sion de la Véri­té sur la Dette Publique et nous a don­né la chance de révé­ler ces faits. Car c’est seule­ment grâce à la trans­pa­rence que les pays vain­cront ceux qui veulent les mettre à genoux.
    Il est temps que la véri­té l’emporte, il est le temps de pla­cer les droits humains, la démo­cra­tie et l’éthique au-des­sus des inté­rêts pri­vés. C’est cette mis­sion que doit main­te­nant rem­plir la Grèce.
    Maria Lucia Fatorelli.
    Tra­duit de l’anglais par Mabrou­ka M’Barek (co-auteur de la loi pour l’audit de la dette tunisienne)
    _______________________________
    Notes :
    [1] Coor­don­na­trice Natio­nale de l’Audit Citoyen de la Dette au Bré­sil (www​.audi​to​ria​ci​da​da​.org​.br), invi­tée par la pré­si­dente du Par­le­ment grec, Zoe Kons­tan­to­pou­lou, afin de col­la­bo­rer avec la Com­mis­sion de la véri­té sur la dette publique créée le 4 avril 2015 et coor­don­née par Eric Tous­saint du CADTM.
    [2] Hors-bilan signi­fie une sec­tion exté­rieure aux comptes de bilan nor­maux, où figurent les actifs pro­blé­ma­tiques, tels que les actifs non négo­ciables dématérialisés.
    [3] Secu­ri­ties Mar­kets Pro­gramme (SMP) – BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE. Glos­saire poli­tique moné­taire. Dis­po­nible depuis :
    https://​www​.ecb​.euro​pa​.eu/​h​o​m​e​/​g​l​o​s​s​a​r​y​/​h​t​m​l​/​a​c​t​4​s​.​e​n​.​h​t​m​l​#​696 [Consul­té : 4th Juin 2015]
    [4] LE TRAITÉ DE LISBONNE. Article 123. Dis­po­nible à par­tir : http://​www​.lis​bon​-trea​ty​.org/​w​c​m​/​t​h​e​-​l​i​s​b​o​n​-​t​r​e​a​t​y​/​t​r​e​a​t​y​-​o​n​-​t​h​e​-​f​u​n​c​t​i​o​n​i​n​g​-​o​f​-​t​h​e​-​e​u​r​o​p​e​a​n​-​u​n​i​o​n​-​a​n​d​-​c​o​m​m​e​n​t​s​/​p​a​r​t​-​3​-​u​n​i​o​n​-​p​o​l​i​c​i​e​s​-​a​n​d​-​i​n​t​e​r​n​a​l​-​a​c​t​i​o​n​s​/​t​i​t​l​e​-​v​i​i​i​-​e​c​o​n​o​m​i​c​-​a​n​d​-​m​o​n​e​t​a​r​y​-​p​o​l​i​c​y​/​c​h​a​p​t​e​r​-​1​-​e​c​o​n​o​m​i​c​-​p​o​l​i​c​y​/​3​9​1​-​a​r​t​i​c​l​e​-​1​2​3​.​h​tml [Consul­té : 4th Juin 2015]
    [5] La zone euro des États membres ou action­naires du FESF : Royaume de Bel­gique, Répu­blique Fédé­rale d’Allemagne, Irlande, Royaume d’Espagne, Répu­blique fran­çaise, Répu­blique ita­lienne, Répu­blique de Chypre, le Grand-Duché de Luxem­bourg, la Répu­blique de Malte, Royaume des Pays-Bas, Répu­blique d’Autriche, Répu­blique por­tu­gaise, Répu­blique de Slo­vé­nie, Répu­blique slo­vaque, Répu­blique de Fin­lande et Répu­blique hellénique
    [6] La socié­té pri­vée FESF a été créée comme un Méca­nisme euro­péen de la sta­bi­li­sa­tion finan­cière (MESF), dans : http://​ec​.euro​pa​.eu/​e​c​o​n​o​m​y​_​f​i​n​a​n​c​e​/​e​u​_​b​o​r​r​o​w​e​r​/​e​f​s​m​/​i​n​d​e​x​_​e​n​.​htm
    [7] Com­mis­sion euro­péenne (2010) Com­mu­ni­ca­tion de la Com­mis­sion au Par­le­ment euro­péen, le Conseil euro­péen, le Conseil, la Banque cen­trale euro­péenne, le Comi­té éco­no­mique et social et au Comi­té des régions – Ren­for­cer la coor­di­na­tion des poli­tiques économiques.
    http://ec.europa.eu/economy_finance/articles/euro/documents/2010–05-12-com(2010)250_final.pdf – Page 10.
    [8] IRISH STATUTE BOOK (2011) Fonds euro­péen de sta­bi­li­té finan­cière et le Fonds de la zone euro prêt (Amend­ment) Act 2011. Dis­po­nible auprès de : http://​www​.irishs​ta​tu​te​book​.ie/​2​0​1​1​/​e​n​/​a​c​t​/​p​u​b​/​0​0​2​5​/​p​r​i​n​t​.​h​tml # s2 [Consul­té : 4 Juin 2015].
    [9] Décla­ra­tion faite par M. Pana­gio­tis Rou­me­lio­tis, ancien repré­sen­tant de la Grèce au FMI, à la « Com­mis­sion de la véri­té sur la dette publique », au Par­le­ment grec, le 15 Juin 2015.
    [10] EUROPEAN FINANCIAL STABILITY FACILITY (2010) A pro­pos du FESF [en ligne] Dis­po­nible à partir :
    http://​www​.efsf​.euro​pa​.eu/​a​b​o​u​t​/​i​n​d​e​x​.​htm et http://​www​.efsf​.euro​pa​.eu/​a​t​t​a​c​h​m​e​n​t​s​/​f​a​q​_​e​n​.​pdf – Ques­tion A9 [Consul­té le 3 Juin 2015].
    [11] Haan, Jacob de ; OSSTERLOO, San­der ; SCHOENMAKER, Dirk. Ins­ti­tu­tions et mar­chés finan­ciers – A Euro­pean Pers­pec­tive (2012) 2e édi­tion. Cam­bridge, Royaume-Uni. régimes d’actifs de secours, Van Riet (2010) page 62.
    [12] EUROSTAT (2009) Nou­velle déci­sion d’Eurostat sur le défi­cit et la dette – L’enregistrement sta­tis­tique des inter­ven­tions publiques pour sou­te­nir les ins­ti­tu­tions finan­cières et les mar­chés finan­ciers durant la crise finan­cière. Dis­po­nible depuis :
    http://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/5071614/2–15072009-BP-EN.PDF/37382919-ebff-4dca-9175–64d78e780257?version=1.0 [Consul­té : 4th Juin 2015]
    [13] « La plu­part des admi­nis­tra­teurs (…) appe­lé le Fonds à col­la­bo­rer avec d’autres ins­ti­tu­tions, comme la Banque des règle­ments inter­na­tio­naux, le Conseil de sta­bi­li­té finan­cière, et les auto­ri­tés natio­nales, à atteindre cet objec­tif. » En FMI (2013) des déci­sions choi­sies. Dis­po­nible à par­tir : http://​www​.imf​.org/​e​x​t​e​r​n​a​l​/​p​u​b​s​/​f​t​/​s​d​/​2​0​1​3​/​1​2​3​1​1​3​.​pdf – Page 72. [Consul­té : 4 Juin 2015]
    [14] LOI SUR L’European Finan­cial Sta­bi­li­ty Faci­li­ty 2010. FESF accord-cadre, l’article 12 (1) a, b, c, d, et (3); Article 10 (1), (2) et (3); Article 12 (4); Article 10 (8).
    [15] Seule­ment à par­tir d’Octobre 2011, selon une déci­sion du Conseil le 26 Avril 2012, EWG a pré­sident à temps plein :
    JOURNAL OFFICIEL DE L’UNION EUROPÉENNE (2012) Déci­sion offi­ciel. Dis­po­nible depuis :
    http://​euro​pa​.eu/​e​f​c​/​p​d​f​/​c​o​u​n​c​i​l​_​d​e​c​i​s​i​o​n​_​2​0​1​2​_​2​4​5​_​e​c​_​o​f​_​2​6​_​a​p​r​i​l​_​2​0​1​2​_​o​n​_​a​_​r​e​v​i​s​i​o​n​_​o​f​_​t​h​e​_​s​t​a​t​u​t​e​s​_​o​f​_​t​h​e​_​e​f​c​.​pdf .
    La même per­sonne, Tho­mas Wie­ser, avait été le pré­sident du Comi­té éco­no­mique et finan­cier (CEF) de Mars 2009 à Mars 2011 : CONSEIL DE L’UNION EUROPÉENNE. Groupe de tra­vail de l’Eurogroupe. Dis­po­nible depuis :
    http://​www​.consi​lium​.euro​pa​.eu/​e​n​/​c​o​u​n​c​i​l​-​e​u​/​e​u​r​o​g​r​o​u​p​/​e​u​r​o​g​r​o​u​p​-​w​o​r​k​i​n​g​-​g​r​o​up/
    [16] EUROPEAN FINANCIAL STABILITY FACILITY (2013) FESF ques­tions géné­rales. Dis­po­nible depuis :
    http://​www​.efsf​.euro​pa​.eu/​a​t​t​a​c​h​m​e​n​t​s​/​f​a​q​_​e​n​.​pdf – Ques­tion A6. [Consul­té : 4 Juin 2015].
    Voir aus­si : L’agence de ges­tion de la dette alle­mande a émis des titres du FESF au nom du FESF.
    De EUROPEEN DE STABILITÉ FINANCIÈRE (2010) de l’UE et de finan­ce­ment du FESF plans visant à four­nir une aide finan­cière pour l’Irlande. Dis­po­nible depuis :
    http://www.efsf.europa.eu/mediacentre/news/2010/2010–006-eu-and-efsf-funding-plans-to-provide-financial-assistance-for-ireland.htm [Consul­té : 4 Juin 2015]
    Accord [17] Co-finan­ce­ment, PREAMBULE (A) et de l’article 1 – Défi­ni­tions et « Obli­ga­tions » d’interprétation. Dis­po­nible au http://crisisobs.gr/wp-content/uploads/2012/02/7‑co-financing-agreement.pdf [Consul­té : 4 Juin 2015]
    Ces obli­ga­tions sont émises sur la forme déma­té­ria­li­sée et non cer­ti­fiées. Elles com­portent beau­coup de res­tric­tions parce qu’elles sont émises direc­te­ment dans un cer­tain but et non offertes sur le mar­ché, comme les valeurs mobi­lières lois et règles déter­mi­nées par la SEC. Elles sont émises en ver­tu d’une règle d’exception per­mise seule­ment pour les émet­teurs pri­vés, pas pour les États.
    [18] AFFAIRES ÉCONOMIQUES ET FINANCIÈRES Conseil Réunion extra­or­di­naire de Bruxelles, 910 mai 2010. CONCLUSIONS DU CONSEIL
    https://​www​.consi​lium​.euro​pa​.eu/​u​e​d​o​c​s​/​c​m​s​U​p​l​o​a​d​/​C​o​n​c​l​u​s​i​o​n​s​_​E​x​t​r​a​o​r​d​i​n​a​r​y​_​m​e​e​t​i​n​g​_​M​a​y​2​0​1​0​-​E​N​.​pdf
    [19] BANQUE DE GRECE RAPPORT ANNUEL 2010 BILAN p. A4 http://​www​.ban​kof​greece​.gr/​B​o​g​E​k​d​o​s​e​i​s​/​A​n​n​r​e​p​2​0​1​0​.​pdf
    [20] BANQUE DE GRECE RAPPORT ANNUEL 2011 BILAN p. A4. http://​www​.ban​kof​greece​.gr/​B​o​g​E​k​d​o​s​e​i​s​/​A​n​n​r​e​p​2​0​1​1​.​pdf
    [21] L’expression créée par l’auteur pour véri­fier, suite à plu­sieurs pro­cé­dures d’audit de la dette dans dif­fé­rentes ins­tances, l’utilisation abu­sive de l’instrument de la dette publique comme un outil pour prendre des res­sources des États, au lieu de les sou­te­nir, en fonc­tion­nant comme un ensemble d’engrenages qui concernent le sys­tème poli­tique, le sys­tème juri­dique, le modèle éco­no­mique basé sur des plans d’ajustement, les grands médias et la corruption.
    [22] 24 mars 2009 – Avis de la Com­mis­sion – http://ec.europa.eu/economy_finance/economic_governance/sgp/pdf/30_edps/104–05/2009–03-24_el_104-5_en.pdf
    27 avril 2009 – Déci­sion du Conseil – http://ec.europa.eu/economy_finance/economic_governance/sgp/pdf/30_edps/104–06_council/2009–04-27_el_104-6_council_en.pdf
    10 novembre 2009 – Conclu­sions du Conseil – http://​www​.consi​lium​.euro​pa​.eu/​u​e​d​o​c​s​/​c​m​s​_​d​a​t​a​/​d​o​c​s​/​p​r​e​s​s​d​a​t​a​/​e​n​/​e​c​o​f​i​n​/​1​1​1​0​2​5​.​pdf
    8 JANVIER 2010- Rap­port de la Com­mis­sion – http://ec.europa.eu/eurostat/documents/4187653/6404656/COM_2010_report_greek/c8523cfa-d3c1-4954–8ea1-64bb11e59b3a
    2 décembre 2009 – Déci­sion du Conseil – https://​www​.consi​lium​.euro​pa​.eu/​u​e​d​o​c​s​/​c​m​s​_​d​a​t​a​/​d​o​c​s​/​p​r​e​s​s​d​a​t​a​/​e​n​/​e​c​o​f​i​n​/​1​1​1​7​0​6​.​pdf
    11 février 2010 – Décla­ra­tion des chefs d’État ou de gou­ver­ne­ment de l’Union euro­péenne. – http://​www​.consi​lium​.euro​pa​.eu/​u​e​d​o​c​s​/​c​m​s​_​d​a​t​a​/​d​o​c​s​/​p​r​e​s​s​d​a​t​a​/​e​n​/​e​c​/​1​1​2​8​5​6​.​pdf
    16 février 2010 – Déci­sion don­nant Conseil – http://ec.europa.eu/economy_finance/economic_governance/sgp/pdf/30_edps/104–09_council/2010–02-16_el_126-9_council_en.pdf
    [23] 910 mai 2010 – Conclu­sions du Conseil – Réunion extra­or­di­naire – En ver­tu de la jus­ti­fi­ca­tion de la « crise grecque », les mesures du régime pour sau­ver les banques sont mises en œuvre.
    https://​www​.consi​lium​.euro​pa​.eu/​u​e​d​o​c​s​/​c​m​s​U​p​l​o​a​d​/​C​o​n​c​l​u​s​i​o​n​s​_​E​x​t​r​a​o​r​d​i​n​a​r​y​_​m​e​e​t​i​n​g​_​M​a​y​2​0​1​0​-​E​N​.​pdf
    10 MAY 2010 – Déci­sion du Conseil –
    http://ec.europa.eu/economy_finance/economic_governance/sgp/pdf/30_edps/104–09_council/2010–05-10_el_126-9_council_en.pdf
    [24] Le pro­fes­seur Zoe Geor­gan­ta, pro­fes­seur d’économétrie appli­quée et de la pro­duc­ti­vi­té, Ex membre de la contri­bu­tion du conseil ELSTAT à « La Com­mis­sion de la véri­té sur la dette publique » le 21 mai 2015.
    [25] HF inter­na­tio­nal (2011) Geor­gan­tas a dit que le défi­cit de 2009 était déli­bé­ré­ment gon­flé pour nous mettre dans le code rouge. Dis­po­nible à par­tir : http://​hel​las​frappe​.blog​spot​.gr/​2​0​1​1​/​0​9​/​s​h​o​c​k​i​n​g​-​r​e​p​o​r​t​-​o​f​f​i​c​i​a​l​-​a​d​m​i​s​t​-​2​0​0​9​.​h​tml
    [26] Les méca­nismes sont résu­més dans le cha­pitre 4 du rap­port pré­li­mi­naire pré­sen­té par la Com­mis­sion de la véri­té sur la dette publique, le 17 Juin 2015. Dis­po­nible auprès de : http://​www​.hel​le​nic​par​lia​ment​.gr/​U​s​e​r​F​i​l​e​s​/​8​1​5​8​4​0​7​a​-​f​c​3​1​-​4​f​f​2​-​a​8​d3- 433701dbe6d4 / Report_web.pdf
    (Article dis­po­nible dans le blog de la pla­te­forme de l’audit citoyen de la Grèce http://​www​.audi​ta​mos​gre​cia​.org/​e​n​/​b​a​n​k​s​-​b​e​h​i​n​d​-​g​r​e​e​k​-​t​r​a​g​e​dy/)
    Source : Mediapart 

    Réponse
  16. Julie

    Bon, voi­là que je découvre que l’o­ri­gi­nal est en anglais ?
    Quel­qu’un l’au­rait-il ? ou sait-il où le trouver ?
    Je n’ai pas le temps de chercher…
    Cette pre­mière tra­duc­tion a le mérite d’exis­ter mais elle n’est pas du tout satis­fai­sante. Ce texte mérite une large dif­fu­sion, ce qui semble impos­sible avec la pre­mière version…

    Réponse
    • Ana Sailland

      mer­ci 🙂

      Réponse
  17. claude saint-jarre

    Bon­jour. Je pense que ma réso­lu­tion est pas­sée inaper­çue. Je pense que cha­cun-cha­cune de vous pou­vez la pré­sen­ter dans votre Com­mune, en la modi­fiant quelque peu. Qu’en dites-vous ?

    Objet : Appui au peuple grec
    ATTENDU
    1. que les mesures d’aus­té­ri­té impo­sées au peuple grec par les pou­voirs finan­ciers pour rem­bour­ser les inté­rêts de sa dette publique ont fait perdre à la Grèce 25% de son PIB, ont fait dou­bler le chô­mage, l’ont obli­gé à sabrer dans son sys­tème de san­té, ses régimes de retraite, ses ser­vices et biens publics, et ont appau­vri consi­dé­ra­ble­ment sa population ;
    2. que ces mesures d’aus­té­ri­té et les prêts consen­tis ne pro­fitent désor­mais qu’aux banques pri­vées et étouffe toute pos­si­bi­li­té de relance éco­no­mique de leur pays ;
    3. que la dette publique est due bien davan­tage à l’ac­cu­mu­la­tion des inté­rêts qu’à l’ex­cès de dépenses, et que la mon­naie est, par nature, un outil col­lec­tif et non pri­vé dont la créa­tion et le contrôle relèvent de la sou­ve­rai­ne­té du peuple et de l’État ;
    4. que tout porte à croire que notre pays, le Qué­bec en par­ti­cu­lier, est enga­gé sur la même pente,
    LE CONSEIL MUNICIPAL DE Bou­cher­ville, en tant que repré­sen­tant de la com­mu­nau­té locale de Boucherville,
    1. tient à expri­mer son appui au peuple grec qui remet en ques­tion l’aus­té­ri­té que lui imposent les pou­voirs finan­ciers euro­péens et internationaux
    2. demande aux diri­geants concer­nés chez nous et dans le monde de remettre en ques­tion sans délai le contrôle de la dette publique et du sys­tème moné­taire par les banques privées
    3. demande que cette réso­lu­tion soit ache­mi­née au ministre des finances du Qué­bec, du Cana­da et de la Grèce.
    Car­los J. Leitäo, ministre, minis­tères des finances du Qué­bec, 12, rue Saint-Louis, Qué­bec, G1R 5L3
    Joe Oli­ver, ministre, minis­tère des finances du Cana­da, 90, rue Elgin, Otta­wa, Onta­rio, K1A 0G5
    Euclide Tsa­ka­lo­tos, ministre des Finances, Par­le­ment grec, Place Syn­tag­ma, Athènes, Grèce.

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  18. zedav

    « ‑Une action en jus­tice ; il y a du beau monde qui mérite la poêle à frire, là. »

    Une action en jus­tice ? C’est une blague ? Un gag ?

    Je reste coi devant un tel déni des faits, une igno­rance aus­si pro­fonde des méca­nismes du pou­voir et du rôle réel de l’ins­ti­tu­tion judi­ciaire (et non de « la Jus­tice », une notion trans­cen­dante, phi­lo­so­phique, une pers­pec­tive, un concept).

    Pas de pro­blème, remet­tez vous en à « la Jus­tice » ! Cet ins­tru­ment indé­pen­dant – ser­vi par ces gens si hon­nêtes et droits que sont les juges (« les pires gou­ver­ne­ront » Alain) – dira le droit sans le vio­ler, l’interprétera en toute neu­tra­li­té, pour­voi­ra au juste et à l’é­qui­table, puni­ra les puis­sants qui abusent (abus de puis­sance = pléo­nasme) et res­tau­re­ra les humbles dans leur digni­té et leurs biens.

    Il était une fois un prince charmant…

    Réponse
  19. gilles

    Salut nles­ca, Tsi­pras se dégonfle, remet­tons-lui la pression !
    Mal­gré la large vic­toire du NON au réfé­ren­dum, Tsi­pras pré­pare un accord odieux avec la Troïka.

    Par Gas­ton Lefranc ( 9 juillet 2015)

    Après la fête de la vic­toire dimanche soir, les len­de­mains sont dif­fi­ciles. Très dif­fi­ciles. Les choses s’ac­cé­lèrent et laissent pour l’ins­tant pen­ser qu’on se dirige vers un accord dimanche 12 juillet lors du som­met des chefs d’État européens.

    Lun­di, Tsi­pras a viré son ministre de l’é­co­no­mie Varou­fa­kis dont la tête était depuis long­temps récla­mée par les créan­ciers. Son inter­ven­tion viru­lente dimanche soir, en contra­dic­tion avec le dis­cours apai­sant et de concorde natio­nale de Tsi­pras, a sans doute pré­ci­pi­té la déci­sion de Tsi­pras. Ce même lun­di, une décla­ra­tion com­mune signée par les par­tis gou­ver­ne­men­taux (Syri­za et Anel) et les par­ti­sans du OUI (Nou­velle Démo­cra­tie, Pasok, Pota­mi) s’est per­mise d’in­ter­pré­ter le sens du vote des grecs : ils se seraient expri­més pour la pour­suite des négo­cia­tions avec la Troï­ka ! Par cette décla­ra­tion, Tsi­pras tourne la page du réfé­ren­dum pour affi­cher une conver­gence de vue avec les par­ti­sans du OUI.

    Mal­gré les signes d’ou­ver­ture de Tsi­pras, la Troï­ka est res­tée ferme et n’a fait aucune conces­sion. Hol­lande et Mer­kel ont deman­dé à la Grèce de rédi­ger une nou­velle copie. La BCE a encore dur­ci davan­tage les condi­tions de finan­ce­ment des banques grecques. Consé­quence : les banques res­te­ront fer­mées au moins jusqu’à lun­di pro­chain et les retraits aux gui­chets auto­ma­tiques sont tou­jours limi­tés à 60 euros par jour. En étran­glant l’é­co­no­mie grecque, la Troï­ka montre qu’elle est prête à tout pour arri­ver à ses fins, c’est-à-dire la conclu­sion d’un accord odieux avec le gou­ver­ne­ment grec.

    Mar­di, alors qu’un rap­port du FMI indique que la dette devra être restruc­tu­rée (ce qui n’est pas un scoop!), et qu’en­vi­ron 30% de la dette devra être effa­cée pour que la Grèce puisse conti­nuer à payer, le gou­ver­ne­ment alle­mand main­tient sa posi­tion : on pour­ra « par­ler de la pos­si­bi­li­té de réduire la dette seule­ment quand le gou­ver­ne­ment grec mon­tre­ra qu’il met en œuvre les réformes », a pré­ci­sé Sig­mar Gabriel, ministre SPD de l’é­co­no­mie. Pas ques­tion donc d’ac­cor­der à Tsi­pras une restruc­tu­ra­tion de la dette en contre­par­tie d’un nou­veau mémo­ran­dum. Autre­ment dit, l’Allemagne

    Lire la suite ici : http://​etienne​.chouard​.free​.fr/​f​o​r​u​m​/​v​i​e​w​t​o​p​i​c​.​p​h​p​?​p​i​d​=​2​7​9​3​8​#​p​2​7​938

    Réponse
  20. nlescan

    Salut Gilles,

    Attends un peu de voir avant de cra­cher a la gueule de Tsipras…après si vous vous atten­diez à Ché Gue­va­ra for­cé­ment vous allez être déçus…Moi ce que je vois c’est un mec avec un tout petit pays cri­blé de dettes qui fais des pieds et des mains pour grat­ter du mou aux bar­bares man­geurs de sau­cisses et leur caniches a baguette sous le bras (oui c’est nous)… Il est trop tôt pour parler.

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    • Ana Sailland

      Depuis jan­vier on dit qu’il va tra­hir. Il est un peu lent 😉

      Réponse
  21. gilles

    Bon­jour Ana et nles­can, si vous plaît, exa­mi­nons la ques­tion sans pas­sion exces­sive, cela ne me fait pas plai­sir de dire du mal de Tsi­pras, je pré­fé­re­rais en dire du bien et m’oc­cu­per d’autres choses, je ne m’at­ten­dais pas à Ché Gue­var­ra non-plus, j’ai cité l’ar­ticle de la ten­dance CLAIRE du NPA, mais j’au­rais pu citer des articles de l’U­nion Popu­laire Répu­bli­caine ou du M’PEP qui allaient dans le même sens.

    Tsi­pras tient un double dis­cours depuis 2013, un aux diri­geants poli­tiques et patro­naux amé­ri­cains et un autre aux élec­teurs grecs, ceci depuis qu’il a fait une tour­née aux États-Unis, ceci a été rele­vé par une frac­tion trots­kyste amé­ri­caine qui l’a expri­mé sur son site :

    https://​www​.wsws​.org/​f​r​/​a​r​t​i​c​l​e​s​/​2​0​1​3​/​f​e​v​2​0​1​3​/​t​s​i​p​-​f​0​2​.​s​h​tml

    Bon, je dois par­tir, déjà exa­mi­nez cela, nous en repar­le­rons. À beintôt !

    Réponse
    • nlescan

      Peu importe ce que raconte le NPA (tou­jours si prompt a cri­ti­quer tout et tout le monde mais qui est lui même bour­ré de contra­dic­tions, dont les mili­tants et res­pon­sables sont vio­lents façon hoo­li­gan bien fachos et sur­tout bien lâches, j’ai vu des preuves objec­tives de ça, je n’é­coute même plus ce ridi­cule groupuscule)…

      Ça n’a rien a voir avec de la pas­sion, bien au contraire. Per­son­nel­le­ment, comme Chouard me l’a remis encore récem­ment, je ne crois pas à une solu­tion venant d’un quel­conque élu. Les gens vont encore trai­ter Tsi­pras de traître à cause des com­pro­mis qu’il fait avec les euro-plou­to­crates dans l’es­poir de grat­ter une ristourne.

      Je ne vois tou­jours pas ça, je conti­nue de voir un type qui se débat pour essayer de tirer son pays de la mouise.…alors bien sur il fonc­tionne dans un cadre, ce cadre étant le prin­ci­pal pro­blème qu’il fau­drait bri­ser, bien sur. N’empêche que par­mi les types qui conti­nuent de fonc­tion­ner dans ce cadre, a tort ou à rai­son, peut être par réa­lisme, ou par manque de réa­lisme (tou­jours une ques­tion de point de vue), je ne trouve pas qu’il soit le gars a mettre en prio­ri­té dans la case des vends patrie et autre vam­pires assoif­fés, désolé.

      Réponse
      • Mic El

        c’est ‘rela­ti­ve­ment’ facile d’être ‘un saint’ dans un cadre où c’est ‘sans consé­quences’. Au fond il s’ap­pui sur la lettre des trai­tés et est sou­te­nu par l’usa.

        Objec­ti­ve­ment il (tri­pras) est quand même en train de s’al­lier avec les par­ti­sans du oui.
        Reste sa demande de restruc­tu­ra­tion de la dette qui est tou­jours une bombe à retardement.
        la situa­tion est très com­plexe c’est certain.
        Une des ‘vic­toire’ pos­sible serait la déso­béis­sance aux USA, le début du dé-tri­co­tage de l’ue par la sor­tie de la Grèce ; mais si elle advient elle ne sera pas le fait des grecs mais le fait de l’Allemagne.

        Réponse
        • nlescan

          L’Allemagne ne vire­ra jamais la Grèce : d’une parce qu’ils ne peuvent pas juri­di­que­ment, de deux parce que si ils le font le grecs ne rem­bour­se­ront pas, ni inté­rêts, ni dette, de trois parce que ce serait le début de la fin de l’Eu­ro (qui est une mon­naie qui favo­rise un pays : l’Allemagne).

          La Grèce ne sor­ti­ra pas de l’Eu­ro (en tout cas pas toute seule). Si elle le fait elle va se faire lit­té­ra­le­ment bouf­fer par les fonds vau­tours et se retrou­ve­ra dans une situa­tion pire qu’à l’heure actuelle (ce qui ne serait peut être pas le cas si elle sor­tait en même temps que d’autres pays). Le PIB de la Grèce est infé­rieur à la for­tune des 10 fran­çais le plus riche, il faut le savoir et s’en rap­pe­ler quand on lui demande d’en avoir plus dans le pan­ta­lon que tout le monde et de sau­ter à pieds joints dans le feu de joie.

          Réponse
    • Ana Sailland

      « Bon­jour Ana et nles­can, si vous plaît, exa­mi­nons la ques­tion sans pas­sion exces­sive, » »> à toi l’honneur 🙂

      Réponse
  22. Mic El
    • nlescan

      Ça fait plai­sir, pour une fois.

      Réponse
  23. gilles

    Bon­jour nles­can, pre­miè­re­ment sur le cadre éco­no­mique et poli­tique, je suis d’ac­cord qu’il faille en changer.

    Les deux pro­messes simul­ta­nées de Tsi­pras de la fin de l’aus­té­ri­té en Grèce et celles du main­tien dans la zone euro ne sont pas compatibles.

    Pour­quoi ?

    C’est assez tech­nique et cela mérite d’être expli­qué. Ce n’est pas à moi d’a­voir le mérite d’a­voir expli­qué cela en pre­mier vous vous en dou­tiez bien, mais je com­mence un peu à piger le truc. Les dif­fé­rentes éco­no­mies de la zone euro diver­geaient avant l’eu­ro, elles n’é­taient pas syn­chro­ni­sées en rythme d’in­fla­tion, de pro­duc­ti­vi­té du tra­vail, de pro­gres­sion des salaires, elles étaient dif­fé­rentes en terme de répar­ti­tion des sec­teurs d’ac­ti­vi­té, de pyra­mide des âges, etc.

    L’eu­ro n’y a rien chan­gé, les dif­fé­rentes éco­no­mies conti­nuent à diver­ger, seule­ment un taux de change unique existe, une mon­naie unique existe entre ces éco­no­mies dif­fé­rentes. L’a­jus­te­ment des dif­fé­rences de l’ef­fi­ca­ci­té éco­no­mique ne peut plus se faire par les taux de change. Avant la mon­naie unique une rééva­lua­tion de la mon­naie avait lieu si la pro­duc­ti­vi­té d’un pays avait net­te­ment plus aug­men­tée que celle des prin­ci­pales éco­no­mies avec les­quelles il étaient en rela­tion, cela par exemple a été le cas du Deutsche Mark plu­sieurs fois ou bien une déva­lua­tion dans le cas contraire. 

    Alors com­ment ajus­ter les dif­fé­rences éco­no­miques dans le cadre d’une mon­naie unique ?

    — Pre­miè­re­ment soit par le dépla­ce­ment des tra­vailleurs et des moyens de pro­duc­tion des zones les moins pro­duc­tives vers celles les plus productives.

    — Deuxiè­me­ment soit par des trans­ferts finan­ciers mas­sifs et per­ma­nents des zones les plus pro­duc­tives vers les zones les moins pro­duc­tives, comme ceux par exemple entre la Région Pari­sienne et les régions fran­çaises les moins favorisées.

    — Troi­siè­me­ment soit par de la défla­tion sala­riale, c’est à dire des baisses du reve­nu du tra­vail, salaires, pen­sions de retraite, allo­ca­tion de chô­mage etc. dans les régions et pays les moins pro­duc­tifs et une infla­tion sala­riale dans les pays les plus productifs.

    La pre­mière solu­tion, celle du dépla­ce­ment des tra­vailleurs et des moyens de pro­duc­tion n’est pas pra­ti­cable à 100 % dans la zone euro en rai­son des dif­fé­rences lin­guis­tiques et culturelles.

    La deuxième, celle des trans­ferts, est ins­crite dans les trai­tés et les pays comme par exemple la Fin­lande, l’Al­le­magne sou­haitent main­te­nir inchan­gé cet aspect des trai­tés européens.

    Les deux pre­mières solu­tions, n’é­tant pas viables, la zone euro pra­tique donc une par­tie seule­ment de la troi­sième solu­tion, uni­que­ment celle de la défla­tion sala­riale, puisque la BCE a dans ses sta­tuts de lut­ter contre l’in­fla­tion et donc lut­ter contre l’in­fla­tion salariale.

    En résu­mé, les diver­gences et les chocs éco­no­miques ne sont trai­tés dans la zone euro que par la défla­tion sala­riale, c’est à dire l’austérité.

    La fin de l’aus­té­ri­té n’est pas pos­sible avec le main­tien dans l’eu­ro et le reproche que je ferais à Tsi­pras, c’est d’a­voir semé l’illu­sion du contraire. 

    Sur le cadre géo-poli­tique et géo-stratégique

    Cou­plé à un défaut négo­cié ou pas ( dans un pre­mier temps ) sur la dette, ce n’est pas le renou­veau de la mon­naie natio­nale grecque qui pose véri­ta­ble­ment pro­blème, des méca­nismes de rééqui­li­brage et de sub­sti­tu­tion aux impor­ta­tions cou­plés à de bons choix éco­no­miques peuvent, après une période dif­fi­cile d’a­dap­ta­tion, relan­cer l’é­co­no­mie, les salaires, la productivité. 

    Ce qui fait, selon moi et quelques autres, véri­ta­ble­ment obs­tacle au renou­veau du cadre est plus inquié­tant, c’est que l’eu­ro est d’une part, en rai­sons des liens étroits entre les élites UE et US, entre les liens étroits entre Réserve Fédé­rale Amé­ri­caine et BCE, un rem­part défen­sif de l’hé­gé­mo­nie du dol­lar, cela serait assez long à expli­quer, déso­lé et d’autre part l’UE est un bloc éco­no­mi­co-poli­ti­co-mili­taire ali­gné sur les inté­rêts US. Le détri­co­tage de l’eu­ro à par­tir de la Grèce vu comme un éven­tuel détri­co­tage du bloc UE est très mal par les milieux stra­té­giques amé­ri­cains. Il entraî­ne­rait de leur part une vague de rétor­sions assez sévères tant qu’of­fi­cielles et publiques que dis­si­mu­lées. Le renou­veau du cadre, c’est à dire renou­veau des mon­naies natio­nales et fin de l’aus­té­ri­té est blo­qué par volon­té US.

    Réponse
  24. gilles

    Erra­ta :
    Veuillez excu­ser les erreurs de frappes et la non-fer­me­ture de la balise de mise du texte en gras.

    cor­rec­tions :
    La deuxième, celle des trans­ferts, est inter­dite dans les traités

    Le détri­co­tage de l’euro à par­tir de la Grèce vu comme un éven­tuel détri­co­tage du bloc UE est très mal vu par les milieux stra­té­giques américains.

    Réponse
    • LeBoulanger

      Bon­jour Gilles,
      Êtes-vous sûr de votre pro­pos ? Encore une fois, je me demande si cette situa­tion ne masque pas les vrais pro­blèmes des pays occi­den­taux domi­nés par les anglo-saxons. 


      La « crise grecque », vue de Grèce
      par Dimi­tris Konstantakopoulos
      A pro­pos de l’image :

      De gauche à droite : (1) Wolf­gang Schäuble, ministre des Finances alle­mand après avoir été plu­sieurs fois ministre de l’Intérieur. Il est connu pour son ali­gne­ment sur Washing­ton, sa dénon­cia­tion des alliances avec Mos­cou, son sou­tien à la guerre contre l’Irak et au camp de Guantá­na­mo. (2) Ange­la Mer­kel, chan­ce­lière fédé­rale. Ancienne res­pon­sable de la pro­pa­gande en RDA, elle rejoi­gnit du jour au len­de­main le gou­ver­ne­ment Köhl et reste sous sur­veillance de la CIA. (3) Otmar Issing, pro­fes­seur d’économie. Il est à la fois conseiller de la banque Gol­damn Sachs et admi­nis­tra­teur de la Banque cen­trale euro­péenne. Il a publié en 2012 un ouvrage en faveur d’une éjec­tion des « PIIGS » (Por­tu­gal, Ita­lie, Irlande, Grèce et Espagne) hors de la zone euro.

      Bien à vous,

      Réponse
  25. Mic El

    selon toutes évi­dences Une des ‘vic­toire’ pos­sible serait la déso­béis­sance aux USA, et le début du dé-tri­co­tage de l’ue par la sor­tie de la Grèce dont pour le moment ON nous dit qu’ils ne veulent pas…
    Le NON au réfé­ren­dum sera-t-il suf­fi­sant pour empê­cher que le démé­na­ge­ment du bureau des pri­va­ti­sa­tion à Brus­sel (ou au para­dis) explose la rete­nue de la sainte patience populaire…?

    Réponse
  26. joss

    Conden­sé très pré­cieux sur la dette grecque (entre autres):
    httpv://www.youtube.com/watch?v=a4ZcsRgC5ak
    …il y aurait du pétrole et du gaz au large de la Crête ! Pas que des olives !

    Réponse
    • claude saint-jarre

      J’aime beau­coup. Madame Bugault a un lan­gage non ver­bal fort. Elle dit aus­si des choses graves, avec le sou­rire et le corps détendu.

      Réponse
  27. Lelong

    Alexis Tsi­pras aurait pro­mis de reje­ter les mesures d’austérité et de conser­ver l’Euro. Beau­coup s’accordent sur l’incompatibilité des deux pro­po­si­tions et j’en déduis qu’il tra­hi­ra au moins une de ses deux promesses.
    SAUF DANS DEUX CAS.
    En cas de Grex­pul­sion, les fau­cons Euro­péens por­te­ront le cha­peau, pas Tsipras.
    Au cas où le Peuple Grec lui-même le relè­ve­rait de la seconde pro­messe. C’est pas fait mais en cas de manifs devant les banques fer­mées avec des ban­nières telles que « Y’a plus d’Euros, on veut des Drachmes » « L’Europe nous refuse l’Euro – On a la Drachme » « En Euros ou en Drachmes ouvrez les banques »…

    Réponse
  28. etienne

    Il me semble que Nigel Farage (para­doxa­le­ment détes­té par une par­tie de la gauche) fait le bou­lot de la gauche, à la place de la gauche (qui, elle, nous enferme —scan­da­leu­se­ment— dans le piège européen) :

    httpv://youtu.be/6nYzQXIs-BA

    Réponse
    • marco

      Nigel Farage, c’est bien ce poli­ti­cien anglais qui trouve Mar­ga­ret That­cher un peu molle au niveau de la déré­gle­men­ta­tion, non?… Si ce type est anti-euro­péen, c’est parce qu’il trouve que l’UE est un cadre trop contrai­gnant pour le capi­ta­lisme, un comble ! Il vou­drait bien que celle-ci n’a­mende pas trop le TAFTA…

      Que la gauche le déteste, ça n’a rien de paradoxal !

      Réponse
      • etienne

        Il n’empêche que Farage dit haut et fort ce que la gauche devrait dire haut et fort, et ne dit PAS haut et fort. La gauche condamne même ces pro­pos, et c’est cette condam­na­tion qui est LE scandale.

        Donc, si : c’est ultra para­doxal de voir mau­dire par la gauche popu­liste ce dis­cours de droite popu­liste (et du point de vue popu­laire, popu­liste n’est évi­dem­ment PAS un gros mot). 

        Et cette carence — scan­da­leuse — de la gauche est la source même du fas­cisme his­to­rique (relire Daniel Gué­rin) : s’il n’y a plus qu’un acteur pour défendre ardem­ment (et vrai­ment) le peuple sur la scène média­tique, et même si c’est évi­dem­ment un nou­veau leurre, il est natu­rel que le peuple aban­don­né se tourne vers ce popu­lisme de droite, davan­tage que vers ses « amis » pré­ten­du­ment « de gauche » mais qui le tra­hissent chaque jour un peu plus.

        Réponse
        • marco

          Si j’ai bien com­pris la vidéo, Farage conclut son inter­ven­tion en affir­mant que les Grecs ne peuvent pas avoir le beurre et l’argent du beurre, et que la Grèce ne doit plus désor­mais comp­ter que sur elle-même et sor­tir de la zone. Bref, comme beau­coup de lea­ders de droite dure, Farage assume qu’il est pro-grexit. La dif­fé­rence avec eux (et ça fait pas lerche), c’est qu’il ponc­tue son dis­cours de petites allu­sions his­to­riques piquantes et de « ça-les-autres-n’osent-pas-le-dire », des petites choses qui ne coûtent rien, mais qui l’as­surent au moins que sa vidéo sera reprise sur le net par ceux qui voient en lui quel­qu’un de « différent ».

          Bref, je ne vois pas en quoi « la gauche » devrait reprendre un ver­biage aus­si inepte, poli­ti­que­ment aus­si dou­teux et socia­le­ment aus­si vide. A force d’en­tendre Farage et d’autres (Sar­ko?) pous­ser la Grèce vers la sor­tie, avec l’ar­gu­ment « assez payé pour ces branques », on en vien­drait même à se deman­der si cette sor­tie serait en ce moment une bonne chose pour les Grecs. Si les plus affa­més des loups le veulent, ça doit pas être si bon que ça pour les moutons…

          Quoi­qu’il en soit, Farage est un liber­ta­rien habile, d’au­tant plus redou­table qu’il sait jouer avec les tabous de la classe domi­nante pour balan­cer quelques pun­chlines bien sen­ties qui feront ensuite le tour du web et ren­for­ce­ront sa cote « anti­sys­tème » – alors qu’il n’est anti­sys­tème que dans la mesure où le sys­tème entrave encore trop à son goût les inté­rêts de ses puis­sants amis. 

          C’est donc à un enne­mi de classe par­ti­cu­liè­re­ment retors – capable de s’a­dres­ser à la jeu­nesse connec­tée et aux tra­vailleurs dés­illu­sion­nés pour les séduire – à qui nous avons affaire. Com­bat­tu, il doit l’être de toute évi­dence ! Et c’est pour­quoi il semble éton­nant de le voir ici pro­mu, et encore plus éton­nant de vous voir faire de Farage un argu­ment contre « la gauche ». Certes, le suc­cès d’un tel déma­go doit beau­coup aux incu­ries et aux renon­ce­ments des sociaux-traîtres. Pour autant, ses argu­ties sys­té­ma­tiques méritent-elles d’être relayées ? Au vu des ses posi­tion­ne­ments idéo­lo­giques hors ques­tion euro­péenne, n’est-il pour­tant pas suf­fi­sam­ment clair que les inter­ven­tions de ce zigue relèvent davan­tage de l’é­cran de fumée que d’une réelle pro­po­si­tion sociale ?

          Réponse
          • etienne

            « mar­co »,

            Si vous êtes contre le « grexit », vous êtes donc pour que les Grecs res­tent enfer­més dans le piège fas­ciste (anti­dé­mo­cra­tique, anti­com­mu­niste et anti­so­cial) de la pré­ten­due « union euro­péenne » et son ver­rou de l’euro. 

            C’est votre point de vue, mais ce n’est PAS un point de vue de gauche : c’est un point de vue euro­péiste, donc (hypo­cri­te­ment) ultra-libéral.

            SUR LE FOND de la vidéo incri­mi­née, vos reproches (votre pre­mier para­graphe) sont lit­té­ra­le­ment incon­sis­tants. C’est juste indi­gent, une cri­tique pareille ; ça ne vaut rien. Farage dit dans cette vidéo ce que tous les intel­lec­tuels de gauche dignes de ce nom devraient dire AUSSI. 

            En ne le disant JAMAIS, en ne disant pas qu’il faut abso­lu­ment et urgem­ment sor­tir du piège usu­rier qu’est l’UE+euro, les intel­lec­tuels de gauche se désho­norent et se révèlent indignes de la mis­sion qu’ils pré­tendent assu­mer mais qu’ils tra­hissent EN FAIT (comme vous aujourd’­hui) tous les jours en semant la ziza­nie dans l’o­pi­nion populaire. 

            La « gauche euro­péiste » est un oxy­more, une oppo­si­tion contrô­lée (© Orwell), c’est-à-dire une fausse oppo­si­tion, une « oppo­si­tion » dont le sys­tème n’a RIEN à craindre.

            Mani­fes­te­ment, « mar­co » fait par­tie de cette oppo­si­tion contrôlée.

        • nlesca

          En Grece le par­ti com­mu­niste est res­té droit dans ses bottes et a conti­nué a rejet­ter l’Eu­ro jus­qu’au bout… remarque vaine mais qui prouve que tout les par­tis de gauche ne sont pas for­ce­ment soumis…mais c’est vrais que la Syri­za reste en tra­vers de la gorge…et sort objec­ti­ve­ment de la gauche ou du moins de ce que j’a­pelle ainsi.

          Par contre je ne trouve pas que toutes le cri­tiques de Mar­co envers Farage soient inconsistantes…il sou­leve des points valides, dans le cas de ce type on voit bien qu’an­ti euro ne signi­fie pas for­ce­ment anti capitaliste.

          Réponse
        • marco

          Je fai­sais sim­ple­ment remar­quer que Nigel Farage était peut-être plus farou­che­ment libé­ral encore que les ins­ti­tu­tions de l’UE. J’en concluais qu’un anti-EU n’é­tait pas néces­sai­re­ment un com­pa­gnon de route viable, et que ce posi­tion­ne­ment était somme toute une façon com­mode d’at­ti­rer les suf­frages des peuples écra­sés par l’UE. 

          Je fai­sais remar­quer l’in­con­sis­tance des dis­cours de Farage, hélas, c’est ma cri­tique qu’  »etienne » trouve inconsistante…

          C’est tout. Visi­ble­ment, c’est déjà de trop, et suf­fi­sam­ment en tout cas pour se faire estam­piller : « oppo­si­tion contrô­lée ». Je ne vien­drai donc plus vous contra­rier, « etienne » !

          Réponse
          • nlesca

            Ne t’a­gace pas Mar­co, Etienne a les boules, je suppose…moi en tout cas j’ai les boules…il ne t’a pas trai­té « d’op­po­si­tion contro­lée », il parle de gauche européiste…

            C’est nor­mal d’a­voir un coup de mou vu le grand huit emo­tion­nel que les per­ipé­ties greques nous ont fait vivre…le pire c’est pour eux, ils doivent avoir mal au bide…mais il ne faut pas que de petits qui pro quo sement la ziza­nie ici…

            En tout cas la tra­hi­son des élus se veri­fie, le non res­pect des referendums…comme d’hab.

          • nlesca

            A si par­don il l a dit…j’avais pas vu la der­niere phrase…une erreur probablement.

          • marco

            Récu­ser – à juste titre – l’ex­trême-droite du PS, pour mieux plé­bis­ci­ter l’extrême-droite…de la droite libé­rale, sous pré­texte qu’elle est par­fois anti-européenne…What the fuck ! 

            Mais pour­tant, ça crève les yeux que Farage n’en a stric­te­ment rien à foutre des Grecs ! Qu’on refile ce nid de cocos aux yan­kees : voi­là la posi­tion anglaise sur la Grèce, et ça fait un bout de temps que ça dure.

          • Mic El

            Mar­co, appa­rem­ment votre argu­ment ‘de gauche’ c’est de s’op­po­ser à ce « Qu’on refile ce nid de cocos aux yankees ».

            Or il y a des solu­tion de gauche pour la Grèce hors de l’ue, celle de Sapir http://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​4​089
            celle de noko­noff aus­si… dans ‘sor­tons de l’euro’

            En tout état de cause, contre le cor­don sani­taire qui est l’ar­gu­ment pré­fé­ré de la gauche euro­péiste, le bon sens note concer­nant l’opposition droite gauche, que l’on puisse être en accord sur des ana­lyses poli­tiques sans être d’accord sur les solu­tions à mettre en œuvre, donc en res­tant oppo­sés politiquement.

          • nlesca

            Mar­co je suis d’ac­cord avec toi sur Farage, je n’aime pas ce mec et son pro­jet est tout pourri…si EC le cite c’est pour sa posi­tion anti euro, il a le droit de trou­ver qu’il dit des trucs inter­es­sants si ca lui chante…Je suis d’ac­cord qu’au vu le reste du conte­nu du type il n’est pas inter­es­sant, du tout…mais bon res­tons cool…comme je te dit les eve­ne­ments recents pesent sur le moral d’un peu tout le monde ici, on s’agace…mais ca sert a rien.

    • joss

      Farage ana­lyse la situa­tion comme toute per­sonne pour le moins cri­tique et sen­sée devrait le faire. Il voit un car (la zone euro) rem­pli de tou­ristes (les euro­zo­nards) qui foncent droit vers un mur et qui accé­lère. Ca a l’air de faire la fête dans ce car. Tsi­pras vou­drait y res­ter mais Farage lui dit qu’il ferait mieux de descendre…
      Ses ana­lyses sont per­cu­tantes (comme le car ci-des­sus). Mais sa fina­li­té, son pro­jet social est pro­ba­ble­ment à des miles de notre démo­cra­tie citoyenne.

      Réponse
    • gilles

      Étienne, pas d’ac­cord avec Farage à 100%, il fau­drait trans­crire la vidéo ou deman­der la trans­crip­tion à l’A­gence Info Libre pour détailler ce avec quoi nous sommes d’ac­cord, ce que nous trou­vons dou­teux ou à exa­mi­ner plus soi­gneu­se­ment et ce que nous refu­sons dans les pro­pos de Farage. Je suis néan­moins d’ac­cord sur le fait qu’il accom­plit ( avec verve et brio et mal­heu­reu­se­ment avec une absence de cri­tique sociale, ce que tu aurais pu noter ) une par­tie du bou­lot cri­tique sur l’eu­ro et l’UE que devrait effec­tuer le Par­ti de Gauche et le PCF. Le moindre éco­no­miste, athée en matière de reli­gion euro­péiste, sait que les règles des trai­tés et les règles de l’U­nion Éco­no­mique et Moné­taire entraînent euro = aus­té­ri­té, le Par­ti de Gauche et le PCF dis­si­mulent ceci et enfument sur la question.

      Voir l’ar­ticle du Cou­rant Com­mu­niste Révo­lu­tion­naire du NPA
      Début :
      « L’austérité, c’est l’Allemagne ! »
      La « gauche de la gauche » hexa­go­nale, Hol­lande et Tsipras

      Publié le 14 juillet 2015

      Yano Lesage

      Dif­fi­cile exer­cice d’équilibriste pour la « gauche de la gauche » hexa­go­nale face à l’échec cin­glant de Tsi­pras contre la Troï­ka, pour ceux-là mêmes qui ont fait de Syri­za et, plus lar­ge­ment, des phé­no­mènes néo-réfor­mistes comme Pode­mos, un modèle à suivre. En effet, avec l’imposition d’un nou­veau mémo­ran­dum à la Grèce par la Troï­ka et, sur­tout, la tra­hi­son de Tsi­pras vis-à-vis de l’expression du peuple grec, com­ment sau­ver la face poli­ti­que­ment ? Les prises de posi­tion sont à l’évitement de la ques­tion de fond et à l’expression d’un sou­tien… à Hol­lande que cette gauche vou­drait faire pas­ser pour l’allié du peuple grec contre l’Allemagne.

      Rien de mieux qu’une situa­tion de crise pour révé­ler le véri­table visage des poli­tiques. La situa­tion en Grèce, avec la capi­tu­la­tion de Tsi­pras, qui est en passe de deve­nir le nou­veau relais des poli­tiques d’ajustement struc­tu­rel impo­sées par la Troï­ka, impose des repo­si­tion­ne­ments révé­la­teurs de la part des gauches hexa­go­nales. Sous cou­vert d’un sou­tien indé­fec­tible à Tsi­pras, la « gauche de la gauche » fran­çaise montre, une fois de plus, qu’elle n’a rien à envier à cette gauche de gou­ver­ne­ment en qui elle accorde, en der­nière ins­tance, sa confiance et qu’elle copie une fois au pou­voir. Pis encore, la crise grecque a ouvert les vannes d’un patrio­tisme débri­dé, qui omet les res­pon­sa­bi­li­tés de Hol­lande dans la mise sous tutelle de la Grèce, le couvre sur sa gauche et fait de l’Allemagne l’ennemi désigné.

      Valls fier d’être hollandais

      Manuel Valls a expri­mé sa « fier­té d’être aux côtés de Hol­lande », n’hésitant pas à conver­tir l’issue des négo­cia­tions avec la Grèce et l’évitement d’un Grexit en res­sources poli­tiques internes. Hol­lande est ain­si deve­nu « sau­veur » d’un main­tien de la Grèce dans la zone euro. Si on n’en atten­dait pas moins de la part du gou­ver­ne­ment et de sa majo­ri­té, il est plus éton­nant de voir la « gauche de la gauche » réper­cu­ter le même son de cloche ou presque.

      Du côté d’Europe-Ecologie les Verts (EELV), on salue la ligne défen­due par l’Elysée au som­met de Bruxelles et on se féli­cite que l’Allemagne et la France soient par­ve­nues à un com­pro­mis. Quant la « mise sous tutelle de la Grèce », Fran­çois de Rugy, dépu­té EE-LV de Loire Atlan­tique la réfute : c’est l’intérêt de l’Union Euro­péenne qui a été sau­vé, qu’importe que cela se fasse au prix d’une semi-colo­ni­sa­tion d’un des pays-membre. Juste retour à l’ordre des choses pour ces anciens de la majo­ri­té gou­ver­ne­men­tale qui n’attendent qu’une chose : y retour­ner. A ce pro­pos, de Rugy ronge son frein depuis des mois.

      La vraie sur­prise vient plu­tôt du PCF : non content de fal­si­fier la réa­li­té en fai­sant titrer l’Humanité, le 10 juillet, « les nou­velles pro­po­si­tions de Tsi­pras font souf­fler un vent d’espoir sur la Grèce », le PCF s’est éga­le­ment ali­gné sur la posi­tion de Hol­lande. Pierre Laurent, son prin­ci­pal diri­geant, c’est ain­si satis­fait de voir « la France haus­ser le ton » face aux dik­tats de Ber­lin. « Je me féli­cite du rôle posi­tif qu’a joué la France dans la conclu­sion de cet accord. J’avais moi-même conduit une délé­ga­tion (…) à l’Elysée pour deman­der que la France joue ce rôle, ce com­bat ne peut pas s’arrêter », a ain­si décla­ré Pierre Laurent sur BFM-TV.

      Si le Par­ti de Gauche est plus réti­cent face aux condi­tions impo­sées à la Grèce et dénonce un accord obte­nu « le revol­ver sur la tempe » la res­pon­sa­bi­li­té fran­çaise est éga­le­ment éva­cuée. Durant les négo­cia­tions avec l’Eurogroupe, Eric Coque­rel, porte parole du PG, n’a pas eu peur de décla­rer que « le plan du gou­ver­ne­ment Tsi­pras et la restruc­tu­ra­tion de la dette doivent être vali­dés en l’état. Beau­coup de choses vont dépendre de la France : nous deman­dons à Fran­çois Hol­lande de pas­ser des paroles aux actes et d’apporter son plein sou­tien aux pro­po­si­tions de la Grèce ».

      Confiance appor­tée à Hol­lande donc, et à sa poli­tique. Oubli mani­feste des mesures d’austérité pas­sées en France durant ces der­niers mois sous la hou­lette socia­liste pour lui pré­fé­rer la cri­tique viru­lente de l’orthodoxie alle­mande. La manœuvre gou­ver­ne­men­tale a ain­si bien fonc­tion­né : la liqui­da­tion de l’option Syri­za et la pos­si­bi­li­té d’une contes­ta­tion de la poli­tique de la Troï­ka par des voies ins­ti­tu­tion­nelles se fait en miroir d’une liqui­da­tion de l’opposition anti-aus­té­ri­té au niveau national.

      Devant l’impossibilité d’analyser les contra­dic­tions qui se creusent entre les inté­rêts de la bour­geoi­sie alle­mande et la bour­geoi­sie fran­çaise (qui serait beau­coup plus impac­tée par les consé­quences éco­no­miques d’un Grexit) mais qui sont, in fine, les deux visages d’une même poli­tique au ser­vice du capi­tal et hos­tile au tra­vailleurs et au peuple grec, la gauche de la gauche tombe dans le pan­neau patrio­tique. Comble de l’ironie, c’est autour d’un sou­tien à Tsi­pras et Syri­za, et à cause d’un aveu­gle­ment poli­tique qui conduit y com­pris à accor­der du cré­dit aux pires enne­mis des tra­vailleurs et du peuple grec que sont l’Elysée et le gou­ver­ne­ment fran­çais, que la gauche de la gauche se retrouve pha­go­cy­tée par Hollande.

      Il n’aura fal­lu que quelques mois pour que Syri­za recule. Il n’aura ser­vi que quelques heures, le temps d’un som­met de l’Eurogroupe, pour que la gauche de la gauche fran­çaise revienne dans le giron du Par­ti Socia­liste et valide la posi­tion de la bour­geoi­sie fran­çaise pour impo­ser sa poli­tique sur la scène européenne.

      Fin de citation.

      Source : http://​www​.revo​lu​tion​per​ma​nente​.fr/​L​a​-​g​a​u​c​h​e​-​d​e​-​l​a​-​g​a​u​c​h​e​-​h​e​x​a​g​o​n​a​l​e​-​H​o​l​l​a​n​d​e​-​e​t​-​T​s​i​p​ras

      Nous pou­vons aus­si lire pour nous infor­mer , mal­gré qu’É­tienne tu ais eu des mots avec lui, le blog de Yan­nis Youlountas :

      http://​blo​gyy​.net/

      Réponse
  29. etienne

    La solu­tion ne vien­dra pas des « élus ». 

    Syri­za était un leurre :

    Grèce : un accord à l’ar­ra­ché orga­nise la mise sous tutelle de Tsipras
    http://​www​.media​part​.fr/​j​o​u​r​n​a​l​/​i​n​t​e​r​n​a​t​i​o​n​a​l​/​1​2​0​7​1​5​/​g​r​e​c​e​-​u​n​-​a​c​c​o​r​d​-​l​a​r​r​a​c​h​e​-​o​r​g​a​n​i​s​e​-​l​a​-​m​i​s​e​-​s​o​u​s​-​t​u​t​e​l​l​e​-​d​e​-​t​s​i​p​ras

    C’est Asse­li­neau qui a rai­son : il faut (vite) sor­tir de l’UE, de l’eu­ro et de l’O­TAN, sans quoi nous fini­rons en colo­nie d’un empire, gou­ver­nés par des agents de l’étranger.

    Réponse
    • etienne

      🙁
      Athènes et la zone euro par­viennent à un accord, « le Grexit a disparu »
      http://​www​.latri​bune​.fr/​e​c​o​n​o​m​i​e​/​u​n​i​o​n​-​e​u​r​o​p​e​e​n​n​e​/​l​a​-​g​r​e​c​e​-​e​t​-​s​e​s​-​c​r​e​a​n​c​i​e​r​s​-​p​a​r​v​i​e​n​n​e​n​t​-​a​-​a​c​c​o​r​d​-​l​e​-​g​r​e​x​i​t​-​e​s​t​-​e​v​i​t​e​-​4​9​1​6​9​8​.​h​tml

      À l’ex­pé­rience, Tsi­pras n’est pas de gauche.
      Il ne vaut pas mieux que notre P$.
      Ceux qui nous enferment dans l’UE, l’eu­ro et l’O­TAN sont DE FAIT des enne­mis du peuple.
      La solu­tion ne vien­dra pas des « élus ».

      Réponse
      • beo

        Ouh là c’est grave. Il est où San­dy, le mec qui disait que « les élec­tions c’est bien puisque Syri­za peut les gagner » ?

        Déjà il y a quelques mois, j’é­tais per­sua­dé que les riches achètent le pou­voir avec les élec­tions, mais que dans le cas de la Grèce, ce n’é­tait pas la peine puis­qu’il n’y avait plus rien à vendre, ils pou­vaient lais­ser le pou­voir à un vrai parti.

        Mais là ce qui c’est pas­sé est encore plus vicieux, et nous sommes tous com­plices du fait de notre léthar­gie citoyenne. Il est temps de se réveiller, et je remarque que les seuls qui pro­posent quelque chose de concret sont les jeunes qui veulent se pré­sen­ter en masse aux élec­tions pour les blo­quer et les rendre impossibles. 

        Si vous aus­si vous pen­sez que c’est un devoir citoyen de se pré­sen­ter lorsque les par­tis ne nous repré­sentent pas, et qu’il faut être le chan­ge­ment que nous vou­lons voir dans notre pays, eh bien ins­cri­vez-vous à http://​news​let​ter​.demo​cra​tie​reelle​.fr/

        Réponse
        • LeBoulanger

          Eh oui, dom­mage pour San­dy pourtant :
          « Aucun joueur, si bon et si fort qu’il soit, ne l’a jamais empor­té sur le pro­prié­taire du casi­no !
 » Dimi­tris Konstantakopoulos

          Réponse
      • nlesca

        J’ad­met que meme si j’ai eu ten­dance a essayer de defendre Tsi­pras tout au long des épi­sodes du psy­cho­drame je suis bien deçu…mais biza­re­ment peu surpris…

        Réponse
        • Mic El

          t’es pas trop sur­pris parce qu’on a tous sen­ti le vent du bou­let, et crié au loup dès le début. t’es pas trop sur­pris parce que ‘les choses’, à notre cœur défen­dant, conti­nuent d’être logique…

          Réponse
          • nlesca

            Pas faux.

      • Ronald

        Bof, ce n’est que par­tie remise. Comme le sys­tème de l’argent-dette n’est pas viable sur la durée, la situa­tion sera iden­tique dans 1 an, avec une dette publique grecque à 200%. Tsi­pras vien­dra deman­der un qua­trième >plan d’aide<. Les choses coin­ce­ront, et il quit­te­ra la zone euro, en disant « Nous avons mis en échec les plans des forces conser­va­trices qui vou­laient nous asphyxier, bla bla bla ». Et Mélen­chon repren­dra : « Tsi­pras a mon­tré que la gauche radi­cale pou­vait vaincre l’ar­ro­gance de l’axe Bruxelles-Ber­lin, etc etc » Puisque ces mys­tères nous dépassent, fei­gnons d’en être les organisateurs …

        Réponse
        • nlesca

          C’est probable…mais ce qui l’est encore plus c’est un peu plus de psy­cho­drame debou­chant sur plus de pillages en echange d’une ralonge en mon­naie de singe jus­qu’a plus soif (les grecs en slip a credit)

          Réponse
  30. Norton

    « Peut-être que cette humi­lia­tion est liée au fait que la Grèce a été his­to­ri­que­ment la réfé­rence mon­diale pour l’humanité, car elle est le ber­ceau de la démo­cra­tie, le sym­bole de l’éthique et des droits humains. Le sys­tème de la dette ne peut pas admettre ces valeurs, car il n’a aucun scru­pule à endom­ma­ger les pays et les peuples afin d’obtenir leurs profits. »

    Il y a peut-être aus­si quelques autres rai­sons… Les grecs ont peut-être inven­té la démo­cra­tie ( avec esclaves, quand-même…), mais éga­le­ment les com­bines par les­quelles l’é­tat est uti­li­sé comme une (sacrée) vache à lait…

    A prendre avec des pin­cettes, vu que se sont des experts de l’UE qui ont rédi­gée le rapport,…mais enfin…!

    « La poli­tique en Grèce ou pour­quoi Ange­la n’est pas prête a se lais­ser encore berner.
    Les experts man­da­tés par l’U­nion Euro­péenne pour étu­dier les causes qui ont conduit la Grèce à la situa­tion éco­no­mique actuelle rap­portent les faits suivants :
    >
    > – La Grèce a fal­si­fié ses comptes pour entrer dans l’eu­ro, puis a défor­mé la réa­li­té, jus­qu’à ce que celle-ci explose.
    > – Il y a eu des départs mas­sifs en retraite à 50 ans.
    > – Il y avait jusqu’à 50 chauf­feurs par voi­ture offi­cielle, en moyenne
    > – Il y avait 45 jar­di­niers pour une petite pelouse avec 4 buis­sons à l’hô­pi­tal Evangelismos.
    > – La Grèce a la plus forte popu­la­tion fic­tive au monde, de per­sonnes décla­rant un âge de 110 ans.
    > – Les décès ne sont sou­vent pas enre­gis­trés et les pen­sions conti­nuent à être perçues.
    > – L’U­nion Euro­péenne a détec­té qu’il y a des familles qui per­çoivent 4 à 5 pen­sions, qui ne leur sont pas destinées.
    > – Il y a encore des pen­sions payées à des per­sonnes mortes en 1953, il ya 50 ans.
    > – 40 000 jeunes filles reçoivent men­suel­le­ment une rente via­gère de 1000 euros pour le simple fait qu’elles sont filles céli­ba­taires de fonc­tion­naires décé­dés et il en coûte aux caisses de l’E­tat € 550 mil­lions d’euros par année. Main­te­nant elles la per­ce­vront seulement…jusqu’à 18 ans.
    > – Des sti­mu­la­teurs car­diaques dans les hôpi­taux grecs ont été acquis à un prix 400 fois supé­rieur à celui des hôpi­taux britanniques.
    > – En Grèce, de nom­breux tra­vailleurs ont béné­fi­cié de la retraite anti­ci­pée, fixée à 50 ans pour les femmes et 55 ans pour les hommes qui appar­tiennent à l’une des 600 caté­go­ries d’emploi recon­nus comme par­ti­cu­liè­re­ment pénibles, et par­mi les­quelles sont inclus les coif­feurs (à cause des colo­rants pou­vant être consi­dé­rés comme nocifs), les musi­ciens d’ins­tru­ments à vent (souf­fler dans une flûte est épui­sant) ou les pré­sen­ta­teurs de télé­vi­sion (les micro­phones étant cen­sés cau­ser des dom­mages à la san­té). (Cette loi a été adop­tée par le gou­ver­ne­ment socia­liste de 1978)
    > – Il y a des mil­liers de bonnes « com­bines », de minis­tères et ins­ti­tuts inutiles, des­quels vivent beau­coup de Grecs. A titre d’exemple l’Ins­ti­tut pour la pro­tec­tion du Kopais Lake, un lac assé­ché depuis 1930. (1763 Grecs sont employés pour sa protection)
    > – Dans la der­nière décen­nie, il s’est créé plus de 300 nou­velles entre­prises publiques.
    > – La fraude fis­cale est mas­sive, plus de 25% des Grecs ne paient pas un sou sur le reve­nu des particuliers.
    > – En outre, le poids du sec­teur public dans l’é­co­no­mie est écra­sant. Il y a envi­ron un mil­lion de fonc­tion­naires pour 4.000.000 de per­sonnes actives.
    > – Le salaire moyen des employés des che­mins de fer publics grecs dépasse € 66.000.- par an Et cela inclut les net­toyeurs ain­si que les tra­vailleurs peu qua­li­fiés. Le (presque gra­tuit) métro d’Athènes délivre pour envi­ron 90 mil­lions d’euros de billets par année, alors que le coût total de cette socié­té publique dépasse 500 millions
    > – Les Fran­çais reçoivent en moyenne à titre de retraite 51% du der­nier salaire, les alle­mands 40%, les Nord-Amé­ri­cains 41% et les japo­nais 34%. Pen­dant ce temps, les retrai­tés grecs reçoivent 96% de leur salaire antérieur.
    > – La Grèce a quatre fois plus d’en­sei­gnants que la Fin­lande, le pays le mieux situé dans le der­nier rap­port PISA, alors que cette sur­po­pu­la­tion d’enseignants n’a ser­vi qu’à être par­mi les pays euro­péens dis­po­sant du plus bas niveau dans presque tous les tests édu­ca­tifs alors que leurs ensei­gnants ain­si que ceux de l’Es­pagne et du Por­tu­gal (dont les résul­tats obte­nus sont aus­si mau­vais, même après le Luxem­bourg) sont les mieux payés au monde, ont le plus d’abstention et le moins d’élèves.
    > – Quelques confir­ma­tions en lisant ceci :
    http://​www​.lese​chos​.fr/​i​d​e​e​s​-​d​e​b​a​t​s​/​c​e​r​c​l​e​/​c​e​r​c​l​e​-​1​2​4​4​9​8​-​g​r​e​c​e​-​q​u​a​t​r​e​-​p​i​s​t​e​s​-​de- reformes-qualexis-tsipras-pourrait-proposer-1096223.php#
    > Il serait temps que les médias cessent de nous bas­si­ner avec les “pauvres Grecs” que l’on doit “abso­lu­ment” assis­ter dans leur pro­fonde détresse. »

    Réponse
    • nlesca

      Sauf qu’en realité :

      L’Al­le­magne n a ja mais payé aux grecs sa dette de guerre (bien super­ieure, mais de loin, a la dette de la Grece)

      La crise greque n’est pas du due a la serie a la liste de reproches des oli­garques, elle est due a des attaques finan­cières pra­ti­quées par des fonds vau­tours (Soros & friends, infor­mé ille­ga­le­ment dans le cadre d’un delit d’i­ni­tiés par la Gold­man Sachs) qui ont tou­ché la pac­tole sur de pla­ce­ments de type cre­dit default swap… demandes a la pote d’E­tienne elle va t’ex­pli­quer en video dans les pre­miers coms de ce fil…

      Le conte­nu de ton com c’est de la pro­pa­gande qui vaut peau d’balle.

      Réponse
  31. etienne
  32. nlesca

    C’est bien ce que je pen­sais : les menaces de grexit de la part des alle­mands n’e­tait qu’une pos­ture pour mettre la pres­sion a Tsi­pras… actua­li­té bien triste mais pre­vi­sible. En tout cas Tsi­pras a inter­et a obte­nir un serieux ame­na­ge­ment de sa dette vu le niveau ou il a accep­té de bais­ser le pan­ta­lon des grecs…

    Réponse
  33. etienne
  34. Ana Sailland
  35. joss

    Si Tsi­pras a des c…, c’est main­te­nant qu’il doit appe­ler pour un REFERENDUM, il connait la musique !
    Il a si bien dit, en jouant du vio­lon, que la démo­cra­tie allait renaître de ses cendres à Athènes, tel le Phé­nix (un oiseau d’o­ri­gine grecque, dif­fé­rent du pigeon du moins je l’espère).
    Ou alors qu’il aille rejoindre Papen­dreou et tous les autres, ils trou­ve­ront cer­tai­ne­ment un poste chez Gold­man Sachs !

    Réponse
    • nlesca

      Je pense que Tsi­pras pen­sait vrai­ment qu’il arri­ve­rait a nego­cier et un a fait face a un mur. Un mur fas­ciste… Je pense que si il se couche aujourd’­hui c’est par­ce­qu’il flippe et je ne suis pas sur qu’il ait tota­le­ment tort.

      Je pense que l’eu­rope et en par­ti­cu­lier l’Al­le­magne est conser­va­trice… domi­na­trice et xenophobe…fasciste quoi. 

      Ces gens la n’ont pas souf­fert qu’un gou­ver­ne­ment de gauche prenne le pou­voir en Grece et ils l’ont etran­glé et humilié…

      Réponse
      • nlesca

        Xeno­phobe : tu connais la der­niere vanne de cet etron de Jun­ker : ‘les ame­ri­cains veulent que l’on garde la Grece dans l’Eu­ro, je leur ai dit que si il pre­naient la Grece dans le dol­lar je vou­lais bien prendre Por­to­ri­co dans l’eu­ro’ … haha­ha… et cette pros­ti­tuée de Sapin qui rica­nait comme une baleine.

        Réponse
        • nlesca

          D’ailleurs je me suis plan­té c’est pas Jun­ker c’est Schäuble qui a racon­té cette déli­cieuse his­toire drôle.

          Réponse
        • joss

          On dirait des gosses devant un gâteau énorme ! Qui aura la cerise ?

          Réponse
      • joss

        Je ne pense pas qu’ils soient tous fas­cistes. Une grande par­tie ne se rend pas compte que le décor de leurs réflexions c’est du toc, c’est fac­tice. Mais ils sont comme lobo­to­mi­sés par les médias qui mar­tèlent ces idées jour après jour. Les idées non fon­dées deviennent alors des réa­li­tés enra­ci­nées, des dogmes, une reli­gion. Et dis­cu­ter, débattre, rai­son­ner de manière scien­ti­fique devient alors inopérant.
        Je les consi­dère alors comme des vic­times col­la­té­rales du sys­tème, comme de pauvres zom­bies (irré­cu­pé­rables ou dif­fi­ci­le­ment ceux-là)…
        Par contre, cer­tains, l’é­lite, sont bien au cou­rant de toute cette pro­pa­gande et ceux-là ne sont pas des vic­times mais les réels per­sé­cu­teurs ou com­man­di­taires. Ils connaissent les tenants et les abou­tis­sants et sont alors entiè­re­ment responsables.

        Réponse
        • nlesca

          Quand je dis « les alle­mands » je parle de leurs dirigeants…mais bon il semble bien qu’en alle­magne les oli­garques bene­fi­cient du sou­tient d’une majo­ri­té de la population…des mou­truches probablement…

          Réponse
  36. joss

    Le cas de la Grèce n’a pas ser­vi à rien, il a au moins ser­vi à nous ouvrir un peu plus les yeux et nous tirer les oreilles (ou aus­si nous mettre une claque, ou un coup de pied). Des pans entiers du décors du sys­tème sont tom­bés et der­rière c’est pas beau à voir. Notre petite voix, notre intui­tion avait mal­heu­reu­se­ment rai­son. La véri­té est dif­fi­cile à accepter.
    Comme disait Arthur Schopenhauer :
    « Toute véri­té passe à tra­vers trois étapes :
    Elle est d’abord ridiculisée.
    Ensuite elle est vio­lem­ment contestée.
    Fina­le­ment, elle est accep­tée comme évidente. »
    Du coup, je me suis repris une bonne dose de Gérard Fou­cher sur « pour­quoi la Grèce ne quit­te­ra jamais l’euro ».

    Réponse
  37. etienne

    Capi­tu­la­tion
    par Jacques Sapir :
    http://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​4​102

    Au petit matin de ce lun­di 13 juillet, le Pre­mier-ministre grec, M. Alexis Tsi­pras, a fini par capi­tu­ler. Il a capi­tu­lé sous les pres­sions insen­sées de l’Allemagne, mais aus­si de la France, de la Com­mis­sion euro­péenne et de l’Eurogroupe. Il n’en reste pas moins qu’il a capi­tu­lé. Car, il n’y a pas d’autres mots pour dési­gner l’accord qui lui a été impo­sé par l’Eurogroupe, puis par les dif­fé­rents diri­geants euro­péens, le revol­ver – ou plus pré­ci­sé­ment la menace d’une expul­sion de la Grèce hors de la zone Euro – sur la tempe. Cette capi­tu­la­tion aura des consé­quences dra­ma­tiques, en Grèce en pre­mier lieu où l’austérité va conti­nuer à se déployer, mais aus­si au sein de l’Union euro­péenne. Les condi­tions dans les­quelles cette capi­tu­la­tion a été arra­chée font voler en éclat le mythe d’une Europe unie et paci­fiée, d’une Europe de la soli­da­ri­té et des com­pro­mis. On a vu l’Allemagne obte­nir de la Grèce ce que les anciens appe­laient une paix car­tha­gi­noise. On sait que telle était la posi­tion dès le départ de M. Dijs­sel­bloem, le Pré­sident de l’Eurogroupe[1]. On a vu, avec tris­tesse mais aus­si avec colère, la France finir par se plier à la plu­part des exi­gences alle­mandes, quoi qu’en dise notre Président.

    Ce 13 juillet est et res­te­ra dans l’histoire un jour de deuil, à la fois pour la démo­cra­tie et pour l’Europe.

     

    Un accord détestable

    Cet accord est un accord détes­table, et pour plu­sieurs rai­sons. Il l’est dans le domaine éco­no­mique. Il saigne à nou­veau l’économie grecque sans lui offrir la néces­saire et réelle bouf­fée d’oxygène dont elle avait besoin. L’accroissement de la pres­sion fis­cale sans contre­par­ties, aura des consé­quences désas­treuses pour l’économie grecque. C’est la pour­suite de l’austérité dans la plus pure logique d’un Pierre Laval en France, mais sur­tout d’un Brü­ning en Alle­magne, ou d’un McDo­nald en Grande-Bre­tagne, ces figures tra­giques des années trente qui ont aggra­vé par leurs poli­tiques les consé­quences de la crise de 1929. La hausse de la pres­sion fis­cale exi­gée, les nou­velles coupes dans les dépenses, ne s’accompagnent nul­le­ment du plan d’investissement mas­sif qui aurait pu en com­pen­ser, au moins en par­tie, les effets. Notons ain­si que le gou­ver­ne­ment grec est contraint de s’engager à : « mener d’ambitieuses réformes des retraites et défi­nir des poli­tiques visant à com­pen­ser plei­ne­ment l’incidence bud­gé­taire de l’arrêt de la cour consti­tu­tion­nelle rela­tif à la réforme des pen­sions de 2012 et mettre en œuvre la clause de défi­cit zéro ou des mesures alter­na­tives mutuel­le­ment accep­tables d’ici octobre 2015 ». En d’autres termes on demande au gou­ver­ne­ment grec de com­pen­ser l’arrêt de la cour consti­tu­tion­nelle qui avait cas­sé la réforme des retraites de 2012. Bref, la logique de l’austérité est ici pro­cla­mée plus impor­tante que la consti­tu­tion d’un état sou­ve­rain[2].

    Cet accord est aus­si détes­table dans le domaine finan­cier aus­si. Il engage donc le Méca­nisme Euro­péen de Sta­bi­li­té, ou MES. Mais, cet enga­ge­ment sera appe­lé à gran­dir régu­liè­re­ment. L’économie grecque va, en effet, conti­nuer à s’enfoncer dans la dépres­sion. Les res­sources fis­cales vont au total stag­ner, voire dimi­nuer et cela même si la pres­sion fis­cale aug­mente comme il est pré­vu dans l’accord. La dette va donc, en pro­por­tion de la richesse pro­duite, deve­nir de plus en plus lourde. Sur cette dette, le repro­fi­lage – mot bar­bare qui désigne un allon­ge­ment des délais de paie­ment du prin­ci­pal et un report des inté­rêts – ne résout rien. On sait, le Fonds Moné­taire Inter­na­tio­nal l’a dit, qu’il faut restruc­tu­rer, c’est à dire annu­ler, une par­tie de la dette grecque. Mais, l’Allemagne s’y refuse tou­jours avec obs­ti­na­tion. Il fau­dra d’ici peu trou­ver à nou­veau de l’argent pour la Grèce. L’une des rai­sons pour les­quelles ce plan est détes­table est qu’il ne règle rien, ni éco­no­mi­que­ment, ni financièrement.

     

    Un accord de type néo-colonial

    Enfin, ce plan est détes­table pour une troi­sième rai­son. Poli­ti­que­ment, il abou­tit à mettre la Grèce en tutelle, à l’assimiler dans les faits à une colo­nie pri­vée de tout pou­voir réel. Le par­le­ment grec non seule­ment est som­mé de voter au plus vite cer­taines réformes, avec deux dates butoirs, du 15 et du 22 juillet[3], mais il devra sou­mettre désor­mais les dif­fé­rentes mesures à prendre au contrôle et au bon vou­loir des ins­ti­tu­tions euro­péennes. En par­ti­cu­lier, un para­graphe de l’accord est très signi­fi­ca­tif. Il dit ceci : « Le gou­ver­ne­ment doit consul­ter les ins­ti­tu­tions et conve­nir avec elles de tout pro­jet légis­la­tif dans les domaines concer­nés dans un délai appro­prié avant de le sou­mettre à la consul­ta­tion publique ou au Par­le­ment »[4].

    C’est le réta­blis­se­ment de ce que les grecs appellent le « régime de la Troï­ka », régime qu’ils avaient répu­dié lors des élec­tions du 25 jan­vier der­nier. Et c’est là sans doute le résul­tat le plus inouï de cet accord. Il équi­vaut à annu­ler une élec­tion libre et démo­cra­tique, à affir­mer que les règles édic­tées à Bruxelles ont plus de poids que le jeu démo­cra­tique. Il fau­dra s’en sou­ve­nir car, de ce point de vue, cet accord ne concerne pas les seuls grecs ; il menace aus­si tous les peuples de la Zone Euro. Il nous menace donc nous aus­si, les fran­çais. Et c’est pour­quoi le fait que notre Pré­sident, M. Fran­çois Hol­lande, se soit prê­té à ce crime, car il n’y a pas d’autre mot pour qua­li­fier cet accord dans le domaine poli­tique, doit nous emplir d’effroi. En accep­tant de poser sa signa­ture au bas de cet accord, en accep­tant de la faire voter d’ici la fin de la semaine au Par­le­ment fran­çais, Fran­çois Hol­lande est dès lors conni­vent à cet étran­gle­ment de la démo­cra­tie en Grèce, mais aus­si dans l’ensemble de la Zone Euro.

    Allant tou­jours plus loin, cet accord orga­nise la spo­lia­tion de la popu­la­tion grecque dans le para­graphe léo­nin qui concerne les pri­va­ti­sa­tions et qui date direc­te­ment de ce que l’on appe­lait au XIXème siècle la « poli­tique de la canon­nière ». Ce para­graphe sti­pule en effet que le gou­ver­ne­ment grec doit : « éla­bo­rer un pro­gramme de pri­va­ti­sa­tion net­te­ment plus étof­fé avec une meilleure gou­ver­nance ; des actifs grecs de valeur seront trans­fé­rés dans un fonds indé­pen­dant qui moné­ti­se­ra les actifs par des pri­va­ti­sa­tions et d’autres moyens. La moné­ti­sa­tion des actifs consti­tue­ra une source per­met­tant le rem­bour­se­ment pro­gram­mé du nou­veau prêt du MES et géné­re­ra sur la durée du nou­veau prêt un mon­tant total fixé à 50 mil­liards d’euros, dont 25 mil­liards d’euros ser­vi­ront au rem­bour­se­ment de la reca­pi­ta­li­sa­tion des banques et d’autres actifs, et 50 % de chaque euro res­tant (c’est-à-dire 50 % de 25 mil­liards d’euros) ser­vi­ront à dimi­nuer le ratio d’endettement, les autres 50% étant uti­li­sés pour des inves­tis­se­ments »[5]. Cela revient à dire que la Grèce ne pour­ra uti­li­ser que 50% de 25 mil­liards, soit 12,5 mil­liards issus des pri­va­ti­sa­tions pour des inves­tis­se­ments. Or, ces sommes ne seront pas dis­po­nibles – si tant est qu’elles le soient un jour – avant deux à trois ans.

    Quand on entend Fran­çois Hol­lande affir­mer dans la mâti­née de ce 13 juillet que la sou­ve­rai­ne­té de la Grèce a été pré­ser­vée, on se dit que notre Pré­sident a un goût dou­teux pour la plai­san­te­rie. C’est ajou­ter l’insulte à la bles­sure. Car la sou­ve­rai­ne­té de la Grèce a bel et bien été pié­ti­née par l’Eurogroupe et par l’Allemagne, avec l’aide et avec l’assentiment de la France. C’est pour cela que ce 13 juillet sera désor­mais un jour de deuil pour tous ceux qui défendent la démo­cra­tie, la sou­ve­rai­ne­té et la liber­té des peuples.

    La question de l’Euro

    Fran­çois Hol­lande affirme que son action a sau­vé l’Euro. Il est clair que si l’Allemagne avait impo­sé l’expulsion de la Grèce hors de la Zone Euro, cela aurait déclen­ché à rela­ti­ve­ment court terme le pro­ces­sus de dis­so­lu­tion de cette zone. Mais, le main­tient de la Grèce dans la zone Euro ne sauve nul­le­ment l’Euro. D’une part parce que les pro­blèmes éco­no­miques et finan­ciers de la Grèce ne sont pas réso­lus. D’autre part, parce que d’autres pays sont aujourd’hui en grandes dif­fi­cul­tés, et en par­ti­cu­lier l’un de nos voi­sins, l’Italie.

    L’Euro est, on en a eu la preuve aujourd’hui, indis­so­lu­ble­ment lié à la poli­tique d’austérité. La poli­tique éco­no­mique menée dans la Zone Euro conso­li­dée par le rôle des divers trai­tés, et en par­ti­cu­lier du der­nier le TSCG rati­fié en sep­tembre 2012, ne peuvent que mener à l’austérité. Si on ne l’avait pas encore com­pris c’est aujourd’hui par­fai­te­ment clair : l’Euro c’est l’austérité. Bien sur, il peut y avoir des poli­tiques d’austérité sans l’Euro. Mais l’Euro implique en réa­li­té la poli­tique d’austérité et toute poli­tique menée dans le cadre de l’Euro conduit à l’austérité. Il faut com­prendre le sens pro­fond de cette affir­ma­tion. Aujourd’hui, tant que l’on res­te­ra dans la zone Euro, il sera impos­sible de mener une autre poli­tique éco­no­mique que l’austérité. Pour ne pas avoir com­pris cela Alexis Tsi­pras s’est mis de lui-même la tête sur le billot.

    Cette consta­ta­tion est appe­lée à deve­nir le véri­table point de cli­vage de la poli­tique fran­çaise dans les mois et les années à venir. Ain­si, ce qu’a sau­vé Fran­çois Hol­lande, en réa­li­té, c’est bel et bien l’austérité. On sait qu’il fit ce choix en 2012. Il n’en a pas chan­gé. Il devra donc être jugé des­sus aux pro­chaines élections.

    Jacques Sapir

    Source : http://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​4​102

    ________
    Notes :

    [1] VAROUFAKIS : POURQUOI L’Allemagne REFUSE D’ALLÉGER LA DETTE DE LA GRÈCE, http://blogs.mediapart.fr/blog/monica‑m/120715/varoufakis-pourquoi-lallemagne-refuse-dalleger-la-dette-de-la-grece

    [2] Décla­ra­tion du som­met de la zone euro , Bruxelles, le 12 juillet 2015, page 3.

    [3] Le texte de l’accord pré­cise que ce der­nier ne sera valable que dans les condi­tions sui­vantes : « Ce n’est qu’après – et immé­dia­te­ment après – que les quatre pre­mières mesures sus­men­tion­nées auront fait l’objet d’une mise en oeuvre au plan juri­dique et que le Par­le­ment grec aura approu­vé tous les enga­ge­ments figu­rant dans le pré­sent docu­ment, avec véri­fi­ca­tion par les ins­ti­tu­tions et l’Eurogroupe, qu’une déci­sion pour­ra être prise don­nant man­dat aux ins­ti­tu­tions de négo­cier un pro­to­cole d’accord ». Décla­ra­tion du som­met de la zone euro, Bruxelles, le 12 juillet 2015, page 2.

    [4] Décla­ra­tion du som­met de la zone euro, Bruxelles, le 12 juillet 2015, page 5.

    [5] Décla­ra­tion du som­met de la zone euro, Bruxelles, le 12 juillet 2015, page 4.

    Réponse
    • nlesca

      Par­fait resu­mé de la situation.

      Réponse
    • Mic El

      « Toute poli­tique menée dans le cadre de l’Euro conduit à l’austérité. Tant que l’on res­te­ra dans la zone Euro, il sera impos­sible de mener une autre poli­tique éco­no­mique que l’austérité. Pour ne pas avoir com­pris cela Alexis Tsi­pras s’est mis de lui-même la tête sur le billot. »

      Je suis quand même plus que cir­cons­pect sur le fait qu’un ana­lyste aus­si per­for­mant que Sapir ‘s’i­ma­gine’ que Tsi­pras soit ‘un cré­tin’ qui n’au­rait pas com­pris ; lui qui ambi­tion­nait une pré­si­dence au par­le­ment UE, et dont on peu voir les traits se décom­po­ser quand Farage lui admi­nistre tous les argu­ments qui mènent à l’in­vi­ta­tion à sor­tir de l’ue la tête haute.…

      Réponse
      • nlescan

        Je pense que Sapir a rai­son et que c’est ton ana­lyse qui manque de clair­voyance sur ce coup la. Pour quelle rai­son Tsi­pras aurait fait sem­blant de vou­loir rené­go­cier sa dette et mener une poli­tique plus key­né­sienne ? Il aurait embau­ché un Varou­la­kis pour faire sem­blant pen­sant 5 mois afin de mieux le virer au moment de mettre en place le plan qu’il aurait sour­noi­se­ment pré­pa­ré avec les alle­mands depuis le départ ?

        La ver­sion « com­plot » sur Tsi­pras ne tient pas à l’é­preuve de la logique (niveau CP).

        Tsi­pras y a cru mais n’é­tait mani­fes­te­ment pas prêt à aller jus­qu’au grexit, il a donc débal­lon­né quand les nazis, par­don les diri­geants alle­mands, lui ont mis la pres­sion, ça s’est vu gros comme le nez au milieu de la figure…

        Il y a des fois ou il est inutile de cher­cher midi a 14h.

        Donc non il n’é­tait pas si fin que ça, ni si cou­ra­geux, il a fait un peu de remous et s’est cou­ché comme un car­pette, le tout très pro­ba­ble­ment de bonne foi et ce n’est pro­ba­ble­ment pas un agent du BND.

        Réponse
        • Mic El

          « En ce qui concerne le mou­ve­ment Trots­kiste de Syri­za, son lien avec le mil­liar­daire George Soros qui le finance est on ne peut plus clair comme le révèle le site Gazetawarsza . »

          « L’ascension ful­gu­rante de Tsi­pras semble avoir été faci­li­tée par l’oligarchie finan­cière inter­na­tio­nale afin d’empêcher l’arrive au pou­voir en Grèce du mou­ve­ment « ultra-natio­na­liste » Gol­den Dawn, oppo­sé à l’UE et à l’OTAN, dont les prin­ci­paux diri­geants sont en pri­son depuis bien­tôt deux ans. »

          je n’ai pas pu véri­fier per­son­nel­le­ment la valeur de ces argu­ments, pour autant ils me paraissent hau­te­ment vraisemblable.

          http://​mai68​.org/​s​p​i​p​/​s​p​i​p​.​p​h​p​?​a​r​t​i​c​l​e​9​013

          Réponse
  38. etienne

    Très inté­res­sant…

    Grèce : Yánis Varoufá­kis révèle les rai­sons de sa démis­sion surprise 
    http://​www​.libe​ra​tion​.fr/​e​c​o​n​o​m​i​e​/​2​0​1​5​/​0​7​/​1​3​/​v​a​r​o​u​f​a​k​i​s​-​r​e​v​e​l​e​-​l​e​s​-​r​a​i​s​o​n​s​-​d​e​-​s​a​-​d​e​m​i​s​s​i​o​n​_​1​3​4​7​506

    Son départ du gou­ver­ne­ment, au len­de­main du réfé­ren­dum, avait sur­pris tout le monde. L’ancien ministre des Finances grec, Yánis Varoufá­kis, a révé­lé, dans un entre­tien au maga­zine bri­tan­nique New Sta­tes­man publié lun­di, avoir démis­sion­né après avoir été mis en mino­ri­té, le soir du réfé­ren­dum, sur sa ligne dure pré­vue face à la BCE après la fer­me­ture des banques grecques.

    L’économiste qui assu­rait avant le réfé­ren­dum qu’il démis­sion­ne­rait en cas de vic­toire du oui, avait assez inex­pli­ca­ble­ment démis­sion­né au len­de­main de la vic­toire à 61,1% du non, le 5 juillet der­nier. Offi­ciel­le­ment, il avait jeté l’éponge parce que les créan­ciers ne l’aimaient pas et que le Pre­mier ministre Alexis Tsi­pras jugeait son départ « utile » pour un accord.

    Mais il a révé­lé lun­di avoir en fait per­du à quatre contre deux lors d’une réunion de cabi­net après la vic­toire du non, au cours de laquelle il prô­nait une ligne dure.

    Yánis Varoufá­kis a éga­le­ment affir­mé au maga­zine bri­tan­nique qu’il avait pré­vu « un trip­tyque » d’actions pour répondre à la situa­tion que connait la Grèce aujourd’­hui, et notam­ment à la fer­me­ture des banques, pour évi­ter une hémor­ra­gie de l’épargne : « émettre des IOUs » (pho­né­ti­que­ment « I owe you », « je vous dois », des recon­nais­sances de dettes en euros) ; « appli­quer une décote sur les obli­ga­tions grecques » déte­nues par la BCE depuis 2012, pour réduire d’autant la dette, et « prendre le contrôle de la Banque de Grèce des mains de la BCE ».

    Cela lais­sait, selon lui, entre­voir une pos­sible sor­tie de la Grèce de l’euro mais avec la cer­ti­tude, explique-t-il, qu’il n’y avait de toute façon aucun moyen légal de la pous­ser dehors. Le tout pour faire peur et obte­nir un meilleur accord des créan­ciers, selon lui. « Mais ce soir-là, regrette-t-il, le gou­ver­ne­ment a déci­dé que la volon­té du peuple, ce « non » reten­tis­sant, ne devait pas être le déclen­cheur de cette approche éner­gique (…) au contraire cela allait mener à des conces­sions majeures à l’autre camp ».

    La « très subtile » voix de Michel Sapin face à l’Allemagne

    L’an­cien ministre éreinte éga­le­ment le ministre alle­mand des Finances Wolf­gang Schäuble. Selon lui, le groupe des ministres des Finances de la zone euro est « com­plè­te­ment, tota­le­ment » domi­né par lui. « C’est comme un orchestre extrê­me­ment bien diri­gé, dont il serait le chef », raconte Yánis Varoufá­kis, qui s’est dit « sou­la­gé » de ne plus avoir à négo­cier une posi­tion « dif­fi­cile à défendre ».

    Selon lui, « il n’y a que le ministre des Finances fran­çais [Michel Sapin] qui émet­tait une tona­li­té dif­fé­rente de la ligne alle­mande, et c’était très sub­til. (…) Dans l’analyse finale, quand Doc Schäuble répon­dait et déter­mi­nait la ligne offi­cielle, le ministre fran­çais finis­sait tou­jours par plier et accep­ter », assure-t-il.

    Enfin Yánis Varoufá­kis, uni­ver­si­taire de for­ma­tion, s’en prend à l’absence de débat de fond au sein des ins­tances euro­péennes : « Il y avait un refus pur et simple d’engager des débats éco­no­miques.» Et d’assurer que lorsqu’il expo­sait un argu­ment éco­no­mique, il était confron­té à « des regards vides ». Avant de lan­cer une pique à ses anciens homo­logues euro­péens : « J’aurais pu tout aus­si bien chan­ter l’hymne natio­nal sué­dois, j’aurais obte­nu la même réponse ».

    Réponse
    • nlesca

      J’ai enten­du ca…les meilleurs s’en vont tou­jours les premiers.

      Réponse
  39. BA

    L’Eu­rope allemande.

    TINA !

    There Is No Alternative !

    La zone euro, c’est la zone mark.

    La poli­tique moné­taire de la zone euro, c’est la poli­tique d’An­ge­la Merkel.

    Aujourd’­hui, il n’y a qu’une seule poli­tique pos­sible en Europe : c’est la poli­tique d’An­ge­la Merkel.

    « Tout à coup, l’Europe se met à par­ler alle­mand. » (décla­ra­tion du lea­der des dépu­tés chré­tiens-démo­crates, Vol­ker Kau­der, au congrès de son par­ti, le 15 novembre 2011)

    « Tout à coup, l’Eu­rope se met à par­ler alle­mand. » Mal­adroite ou cynique, la décla­ra­tion du lea­der des dépu­tés chré­tiens-démo­crates, Vol­ker Kau­der, au congrès de son par­ti, le 15 novembre 2011 à Leip­zig, est bien dans le style de l’é­poque. Le ténor de la CDU a été ova­tion­né lors­qu’il a pré­ci­sé que ce n’é­tait pas la langue de Goethe qui s’im­po­sait, « mais l’ac­cep­ta­tion des idées poli­tiques pour les­quelles Ange­la Mer­kel se bat avec tant de succès ».

    http://www.challenges.fr/economie/20111124.CHA7248/l‑europe-a-l-heure-allemande.html

    Au sujet de l’Eu­rope allemande :

    Charles de Gaulle rêvait de construire une Europe des Etats indé­pen­dants, une Europe des Etats souverains.

    En revanche, l’Al­le­magne rêvait de construire une Europe allemande !

    Entre 1965 et 1969, Charles de Gaulle est de plus en plus violent lors­qu’il parle de l’Allemagne.

    Je reco­pie un pas­sage de l’his­to­rien Eric Rous­sel, dans son livre « De Gaulle », édi­tion Tem­pus, tome 2, page 575 :

    A mesure que le temps passe, de Gaulle semble de plus en plus enclin à faire cava­lier seul sur le plan inter­na­tio­nal, à aller jus­qu’au bout de la logique expo­sée dans Le Fil de l’é­pée. Hen­ry Kis­sin­ger en a eu la preuve lors d’un dîner à l’E­ly­sée. Ayant deman­dé au géné­ral com­ment il pen­sait évi­ter que l’Al­le­magne ne domine l’Eu­rope dont il rêvait, il s’est enten­du répondre, très cal­me­ment : « Par la guerre. » « Il fau­dra leur ren­trer dans la gueule », dira le géné­ral peu après à l’a­mi­ral Flo­hic, sou­cieux d’a­voir son avis sur le même sujet.

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  40. etienne

    http://​www​.cour​rie​rin​ter​na​tio​nal​.com/​d​e​s​s​i​n​/​c​r​i​s​e​-​g​r​e​c​q​u​e​-​l​e​s​-​p​r​o​p​o​s​i​t​i​o​n​s​-​d​e​-​l​e​u​r​o​g​r​o​u​p​e​-​s​o​n​t​-​b​e​l​-​e​t​-​b​i​e​n​-​u​n​-​c​o​u​p​-​d​e​tat

    Crise grecque. Paul Krug­man : Les pro­po­si­tions de l’Eu­ro­groupe sont bel et bien un coup d’Etat

    “Même si vous pre­nez Tsi­pras pour une andouille incom­pé­tente, même si vous sou­hai­tez ardem­ment écar­ter Syri­za, son par­ti, du pou­voir, et même si vous êtes favo­rable à la pers­pec­tive d’é­jec­ter ces Grecs aga­çants hors de la zone euro, même dans ce cas-là la liste des demandes de l’Eu­ro­groupe est de la pure folie”, s’in­digne Paul Krug­man dans le New York Times.

    Le Nobel d’é­co­no­mie ne cache pas son accord avec le hash­tag #thi­si­sa­coup lan­cé par des inter­nautes pour dénon­cer un coup d’E­tat de l’Al­le­magne contre la Grèce. Les efforts deman­dés à Athènes “dépassent la sévé­ri­té, ils recèlent un esprit de ven­geance, la des­truc­tion totale de la sou­ve­rai­ne­té natio­nale et effacent tout espoir de soulagement”.

    On assiste à “une gro­tesque tra­hi­son de tout ce que pré­tend être le pro­jet euro­péen.” Pour Krug­man, “l’ar­gu­men­ta­tion éco­no­mique est deve­nue presque secon­daire. Durant les deux der­nières semaines, nous avons tout sim­ple­ment consta­té qu’être membre de la zone euro signi­fie que votre éco­no­mie peut être détruite si vous sor­tez des rangs.”

    Et d’as­sé­ner : “Le pro­jet euro­péen vient de subir un coup ter­rible voire fatal. Et quoique vous pen­siez de Syri­za ou de la Grèce, ce ne sont pas les Grecs qui ont por­té ce coup.”

    Réponse
    • Ana Sailland

      On peut se deman­der sérieu­se­ment quel est le but poursuivi.

      L’hy­po­thèse de la démence meur­trière ne doit pas être exclue.

      Plus n’est besoin de wagons plom­bés, on peut dépe­cer sur place.

      Réponse
        • nlesca

          A mon avis ce n’est pas désintéressé.

          Mon intui­tion c’est que le FMI (qui on le sait bosse essen­tiel­le­ment pour les USA) ne sou­haite pas que l’eu­rope tech­no­cra­tique et sclé­ro­sée (et donc faible et a sa botte) ne soit trop des­ta­bi­li­sée a terme.

          Les USA veulent conserve cet euro sta­tus quo qui ne mene nulle part et qui leur per­met de nous dominer.

          Le FMI sait par exe­pe­rience qu’etre trop dur avec un pays entraine inevi­ta­ble­ment que ce der­nier finisse par se rebif­fer et s’e­chappe de leurs griffes (comme l’Ar­gen­tine par exemple).

          Avec Syri­za et le refe­ren­dum les grecs ont mon­tré qu’ils sont murs pour tout envoyer peter…et la bal­trin­guade de Tsi­pras va for­te­ment bene­fi­cier aux mou­ve­ments anti euro (en Grece : coco/natios).

          Pour moi le FMI cherche sim­ple­ment a gar­der le pouvoir.

          Réponse
          • Mic El

            « LE FMI s’engage pour une restruc­tu­ra­tion de la dette !!! »
            sur ce point tota­le­ment d’ac­cord avec nlesca.

            cette der­nière recu­lade n’a qu’un objec­tif, le main­tient de la Grèce dans la zone euro. Et plus, des argu­ment pour ‘cal­mer les grecs’ et le main­tient de tsi­pras comme homme de paille qui a prou­vé sa docilité.

  41. etienne

    Une Europe contre les peuples et la démocratie
    par Fran­çois Bon­net :
    http://​www​.media​part​.fr/​j​o​u​r​n​a​l​/​i​n​t​e​r​n​a​t​i​o​n​a​l​/​1​3​0​7​1​5​/​u​n​e​-​e​u​r​o​p​e​-​c​o​n​t​r​e​-​l​e​s​-​p​e​u​p​l​e​s​-​e​t​-​l​a​-​d​e​m​o​c​r​a​tie

    L’eu­ro a accou­ché d’un monstre poli­tique. L’hu­mi­liant accord impo­sé à Alexis Tsi­pras le démontre une fois encore : il n’est pas de marges de manœuvre poli­tiques pos­sibles dans une zone moné­taire deve­nue l’o­tage des idéo­logues du libéralisme.

    Depuis dimanche soir, le hashs­tag #Thi­sI­sa­Coup est l’un des plus sui­vis sur Twit­ter. De l’é­co­no­miste Prix Nobel Paul Krug­man à l’an­cien ministre grec Yanis Varou­fa­kis, en pas­sant par le sou­ve­rai­niste fran­çais Nico­las Dupont-Aignant, le #Ces­tUn­Coup cana­lise les indi­gna­tions contre l’ac­cord impo­sé par les Euro­péens à la Grèce en échange de son sau­ve­tage financier.

    Coup d’É­tat ? L’ex­pres­sion peut cris­tal­li­ser les désac­cords mais une chose n’est guère contes­table : les « ins­ti­tu­tions euro­péennes » ont bel et bien déci­dé de prendre le pou­voir en Grèce. La pro­po­si­tion du socia­liste alle­mand Mar­tin Schulz, pré­sident du Par­le­ment euro­péen, d’ins­tal­ler « un gou­ver­ne­ment de tech­no­crates » à Athènes s’est ain­si réa­li­sée de fait, au terme d’un week-end de négo­cia­tions qui a vu l’Al­le­magne impo­ser de bout en bout sa ligne.

    C’est la vraie démons­tra­tion de ce week-end : la zone euro et ses pré­su­més cri­tères de ges­tion ont accou­ché d’un monstre poli­tique. Et ce monstre est en train de dévo­rer ce qui est au cœur même du pro­jet euro­péen : l’ap­pro­fon­dis­se­ment démo­cra­tique. La zone euro n’est plus l’Eu­rope, elle est deve­nue une machine à balayer les peuples et à écra­ser la démo­cra­tie. Nous l’a­vions déjà expé­ri­men­té à l’au­tomne 2011, quand deux chefs de gou­ver­ne­ment furent ren­ver­sés sous les pres­sions des mar­chés et du duo Merkel/Sarkozy. Il s’a­gis­sait alors de Sil­vio Ber­lus­co­ni et Georges Papandréou.

    Cette fois, la démons­tra­tion est autre­ment plus vio­lente parce qu’elle s’est faite de bout en bout sous les yeux des citoyens euro­péens. Le pre­mier ministre grec Alexis Tsi­pras se trouve de fait démis de ses fonc­tions, de la prin­ci­pale au moins, celle de conduire une poli­tique éco­no­mique ; c’est ce qu’ex­pli­cite par le menu le texte de l’ac­cord obte­nu à l’ar­ra­ché à l’is­sue de dix-sept heures de négociations.

    Tsi­pras et la Grèce ne sont pas seule­ment humi­liés ; le pre­mier ministre est bri­sé poli­ti­que­ment tant il a été contraint d’ab­di­quer la plu­part de ses demandes. Et si sa majo­ri­té par­le­men­taire peut encore le suivre un temps, il ne fait nul doute qu’un bou­le­ver­se­ment radi­cal du pay­sage poli­tique grec va inter­ve­nir dans les mois qui viennent. À Bruxelles, de nom­breux diri­geants euro­péens sug­gèrent déjà un rema­nie­ment, la mise en place d’un gou­ver­ne­ment d’u­nion natio­nale, la démis­sion des ministres jugés les plus radicaux…
    Donald Tusk, pré­sident du Conseil, Alexis Tsi­pras et son ministre des finances, Euclide Tsakalotos.

    […]

    Réponse
  42. etienne

    Varou­fa­kis : « La zone euro est un espace inhos­pi­ta­lier pour les gens honnêtes »

    http://​www​.marianne​.net/​v​a​r​o​u​f​a​k​i​s​-​z​o​n​e​-​e​u​r​o​-​e​s​t​-​e​s​p​a​c​e​-​i​n​h​o​s​p​i​t​a​l​i​e​r​-​l​e​s​-​g​e​n​s​-​h​o​n​n​e​t​e​s​-​1​0​0​2​3​5​4​7​2​.​h​tml

    Si les tenants euro­péens du « tout aus­té­ri­taire » pen­saient s’être défi­ni­ti­ve­ment débar­ras­sés de leur meilleur enne­mi, l’ancien ministre des Finances grec, Yanis Varou­fa­kis, avec son évic­tion du gou­ver­ne­ment Tsi­pras, c’est bel et bien raté. Puisque l’économiste à bécane, véri­table cau­che­mar de ses homo­logues euro­péens, vient de don­ner un entre­tien au maga­zine bri­tan­nique NewS­ta­tes­man. Il y met à jour les petits et grands secrets des négo­cia­tions qui se sont tenues entre les membres de l’Eurogroupe sur la crise grec et dénonce, sans ména­ge­ment, le défi­cit démo­cra­tique au sein des ins­ti­tu­tions européennes.

    « Je me sens sur le toit du monde – je ne dois plus vivre à tra­vers ce calen­drier char­gé, qui était abso­lu­ment inhu­main, tout sim­ple­ment incroyable. Je n’avais que deux heures de som­meil chaque jour pen­dant cinq mois », résume Varou­fa­kis sur son état d’esprit, quelques jours après sa retraite poli­tique for­cée. Dom­mage, les tech­no­crates ran­cu­niers n’auront même pas une petite dépres­sion à se mettre sous la dent… Et d’embrayer sec en cri­ti­quant « l’absence totale de scru­pules démo­cra­tiques de la part des défen­seurs sup­po­sés de la démo­cra­tie en Europe ».

    Pis, se sou­vient-il, dans les dis­cus­sions avec les par­te­naires euro­péens, il explique qu’« il y avait un refus pur et simple de livrer des argu­ments éco­no­miques. (…) Vous met­tez en avant un argu­ment que vous avez vrai­ment tra­vaillé — pour vous assu­rer qu’il est logique et cohé­rent — et vous êtes juste face à des regards vides. » Une méca­nique par­ti­cu­liè­re­ment trou­blante « pour quel­qu’un qui a l’ha­bi­tude des débats aca­dé­miques », avoue l’économiste.

    « Dans notre cas, il est clair que notre Par­le­ment grec a été trai­té comme de simples ordures »

    Sur­tout, Varou­fa­kis est frap­pé par la place pré­do­mi­nante de Wolf­gang Schaüble, l’austère — dans tous les sens du terme — ministre des Finances alle­mand. « [L’Eurogroupe] est comme un orchestre très bien réglé et [Schaüble] est le direc­teur. (…) Il y aura des moments où l’or­chestre est désac­cor­dé, mais il l’organise alors et le remet dans la ligne. » Le gou­ver­ne­ment grec aurait-il pu comp­ter sur le sou­tien d’autres pays de la zone euro, endet­tés eux-aus­si jusqu’au cou, et ayant subi des cures dras­tiques d’austérité ? « Dès le début, ces pays ont bien pré­ci­sé qu’ils étaient les enne­mis les plus éner­giques de notre gou­ver­ne­ment. Car leur plus grand cau­che­mar était notre suc­cès : notre réus­site à négo­cier un meilleur accord pour la Grèce, aurait évi­dem­ment anéan­ti leur poli­tique [d’austérité], ils auraient eu alors à jus­ti­fier devant leur peuple pour­quoi ils n’avaient pas négo­cié comme nous l’avions fait. » Une ana­lyse poli­tique qui éclaire d’un jour nou­veau tous les repor­tages, que cer­tains médias se sont empres­sés de réa­li­ser, sur l’absence de sou­tien de la Grèce par les pays les plus pauvres de la zone euro…

    En revanche, plus éton­nant, on apprend que le gou­ver­ne­ment Tsi­pras a pu comp­ter sur le sou­tien impli­cite de George Osborne, membre du par­ti conser­va­teur anglais. « Les plus grands défen­seurs de notre cause ont été les conser­va­teurs ! En rai­son de leur euros­cep­ti­cisme, hein… Mais pas seule­ment. Il y a dans le cou­rant Bur­kean (du nom d’Ed­mund Burke, consi­dé­ré comme le père du conser­va­tisme anglo-amé­ri­cain, ndlr) une concep­tion de la sou­ve­rai­ne­té du Par­le­ment. Dans notre cas, il est clair que notre Par­le­ment a été trai­té comme de simples ordures ».

    « L’Eu­ro­groupe n’a de comptes à rendre à per­sonne, étant don­né qu’il n’existe pas dans la loi ! »

    Reve­nant sur l’épisode du 27 juin der­nier, durant lequel le pré­sident de l’Eurogroupe, Jeroen Dijs­sel­bloem, avait signi­fié à Varou­fa­kis son expul­sion de l’Eurogroupe en rai­son de son refus de signer un com­mu­ni­qué, l’ancien ministre des Finances grec a fait une sur­pre­nante décou­verte. « J’ai deman­dé un avis juri­dique, relate-t-il au sujet de sa mise à l’écart, Ce qui a créé un peu de cafouillage. (…) Un expert juri­dique s’est adres­sé à moi et m’a alors dis « Eh bien, l’Eurogroupe n’existe pas dans la loi, il n’y a aucun trai­té qui le pré­voit  » ».

    L’économiste hété­ro­doxe en conclut donc : « Ce que nous avons est un groupe inexis­tant qui a pour­tant cet immense pou­voir de déter­mi­ner qu’elle sera la vie des Euro­péens. Il n’a de comptes à rendre à per­sonne, étant don­né qu’il n’existe pas dans la loi ; aucuns pro­cès-ver­baux ne sont conser­vés et tout est confi­den­tiel. Donc, aucun citoyen ne sau­ra jamais ce qu’il se dit en son sein ». Ras­su­rant…

    Le Grexit avait-il été envi­sa­gé par les diri­geants ? « Oui et non » répond-t-il. « Nous avions un petit groupe, un “cabi­net de guerre” au sein du minis­tère, d’en­vi­ron cinq per­sonnes qui y tra­vaillaient : nous avons donc tra­vaillé dans la théo­rie, sur le papier, tout ce qui devait être fait pour préparer/dans le cas d’un Grexit. » Un scé­na­rio, avoue Varou­fa­kis, uti­li­sé plus comme un levier à action­ner dans les négo­cia­tions que comme un véri­table sou­hait : « Je ne vou­lais pas que cela devienne une pro­phé­tie auto­réa­li­sa­trice. » C’est d’ailleurs cette posi­tion qui a pré­ci­pi­té l’économiste vers la sor­tie, au len­de­main du vote du réfé­ren­dum en Grèce.

    « Quand Doc Schäuble déter­mi­nait la ligne offi­cielle, le ministre des Finances fran­çais, à la fin, pliait et accep­tait toujours »

    Lui vou­lait remettre la pres­sion sur l’Eurogroupe, et mettre en place « un trip­tyque » d’actions : « émettre des IOUs » (des recon­nais­sances de dettes en euros), « appli­quer une décote sur les obli­ga­tions grecques » déte­nues par la BCE depuis 2012 afin de réduire la dette et « reprendre le contrôle de la Banque de Grèce des mains de la BCE ». Mais Alexis Tsi­pras n’était pas de son avis. Et a pré­fé­ré reprendre les dis­cus­sions immé­dia­te­ment. Se sont-ils fâchés pour autant ? Voi­là qui pour­rait être un lot de récon­fort pour ses détrac­teurs… « J’ai le sen­ti­ment que nous sommes tou­jours proches. Notre sépa­ra­tion s’est faite à l’amiable. Il n’ y a jamais eu de pro­blèmes graves entre nous » et de pré­ci­ser, comme nous l’écrivions déjà, « Et je suis très proche de Euclide Tsa­ka­lo­tos [le nou­veau ministre des Finances]. »

    Et la France dans tout ça ? Fran­çois Hol­lande, lors de son inter­ven­tion du 14 juillet, a décla­ré que la France avait « joué plei­ne­ment son rôle ». Reste à savoir lequel. Car si Michel Sapin, selon Varou­fa­kis, « a fait des bruits qui étaient dif­fé­rents de la ligne alle­mande », ces bruits étaient « très sub­tils » : « On sen­tait bien qu’il uti­li­sait un lan­gage très judi­cieux, pour ne pas être vu comme s’op­po­sant. Car en der­nière ana­lyse, quand Doc Schäuble répon­dait effi­ca­ce­ment et déter­mi­nait la ligne offi­cielle, le ministre des Finances fran­çais, à la fin, pliait et accep­tait tou­jours. »

    Varou­fa­kis a rai­son d’ex­pli­quer que « la zone euro est un espace très inhos­pi­ta­lier pour les gens hon­nêtes »

    Bru­no Rieth

    Source : Marianne

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    • LeBoulanger

      Cette épreuve pénible nous concerne, car la diver­gence entre la démo­cra­tie et les par­tis poli­tiques devient incon­tes­table. Cette incom­pa­ti­bi­li­té s’ac­cen­tue sous nos yeux quand la dette jus­ti­fie l’i­déo­lo­gie de nos maîtres.Beaucoup de trom­pe­rie dans ce faux-sem­blant évé­ne­ment impré­vu, on assiste un men­songe déli­bé­ré et pré­mé­di­té, des­ti­né à bles­ser les autres pays membres de l’U­nion européenne.On dirait que l’ob­jec­tif est à la fois une intro­ni­sa­tion et l’allégeance au fas­cisme finan­cier à tous les pays membres.

      Réponse
  43. etienne

    « L’Histoire montre que le meilleur moyen de jus­ti­fier des rela­tions fon­dées sur la vio­lence, de les faire pas­ser pour morales, est de les reca­drer en termes de dette — cela crée aus­si­tôt l’illusion que c’est la vic­time qui com­met un méfait.

    Les mafieux le comprennent.

    Les conqué­rants aussi.

    Depuis des mil­lé­naires, les vio­lents disent à leurs vic­times qu’elles leur doivent quelque chose, puisqu’ils ne les ont pas tuées. »

    David Grae­ber, « Dette : 5000 ans d’Histoire ».

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  44. etienne

    Pour­quoi il ne faut sur­tout pas rem­bour­ser la dette publique
    httpv://youtu.be/xszWsFEehQg

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  45. etienne

    Grèce : la vraie nature du troi­sième mémorandum
    par Roma­ric Godin :

    http://​www​.latri​bune​.fr/​e​c​o​n​o​m​i​e​/​u​n​i​o​n​-​e​u​r​o​p​e​e​n​n​e​/​g​r​e​c​e​-​l​a​-​v​r​a​i​e​-​n​a​t​u​r​e​-​d​u​-​t​r​o​i​s​i​e​m​e​-​m​e​m​o​r​a​n​d​u​m​-​4​9​2​0​9​8​.​h​tml

    « La morale pour cou­vrir un mon­tage de Ponzi

    Les gou­ver­ne­ments de la zone euro, en se cachant der­rière des argu­ments moraux qui ne sou­tiennent pas l’exa­men his­to­rique et éco­no­mique (« il faut payer ses dettes »), ont ain­si impo­sé un nou­veau tour de cava­le­rie finan­cière : la Grèce s’en­det­te­ra donc auprès du MES (Méca­nisme euro­péen de sta­bi­li­té) pour rem­bour­ser les dettes dues à « sa » banque cen­trale et au FMI. Avec le rap­port du FMI, c’est donc l’ab­sur­di­té du nou­veau « plan d’aide » à la Grèce qui éclate au grand jour. Nul besoin de s’in­ter­ro­ger long­temps pour le com­prendre : ce troi­sième plan res­semble furieu­se­ment aux deux pré­cé­dents : faire finan­cer ce mon­tage à la Pon­zi par des mesures d’aus­té­ri­té qui garan­tissent avec cer­ti­tude l’aug­men­ta­tion du poids de la dette grecque et l’in­ca­pa­ci­té future de rem­bour­ser cette dette. Imman­qua­ble­ment, il fau­dra pro­po­ser un qua­trième plan qui augu­re­ra d’un cinquième… »

    Réponse
    • Ana Sailland

      L’in­tru­sion de la morale s’o­père de manière subrep­tice à tra­vers la titri­sa­tion : Un cré­dit ex nihi­lo, dette dont l’an­nu­la­tion ne crée­rait aucune souf­france, sera, lors­qu’il est titri­sé, sera ache­té par mor­ceaux par des per­sonnes phy­siques, ou des enti­tés telles que des fonds de pen­sion, et par ce biais, l’an­nu­la­tion devient « irres­pon­sable ». Ce pro­ces­sus en outre change l’i­den­ti­té du créan­cier et libère le prê­teur ini­tial de ses fautes ou res­pon­sa­bi­li­tés ( par exemple prêt à un insolvable )

      Réponse
      • LeBoulanger

        Bon­soir,
        Oui, l’un de pro­blème est là, et à pro­pos de l’Al­le­magne (la pre­mière banque pri­vée), en 2012, Deutsche Bank est déjà expo­sée autour de 55.605 mil­liards d’euros.

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    • LeBoulanger

      … 8).

      Réponse
      • LeBoulanger

        Par­don, le sim­ley est à pro­pos de « La chose éti­que­tée de gauche ».

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  46. nlesca

    Tsi­pras a l’air vrai­ment ter­ro­ri­sé par l’e­ven­tua­li­té d’un grexit, a un point qui devient fran­che­ment irra­tio­nel… Voi­ci sa jus­ti­fi­ca­tion boi­teuse pour avoir signé un accord auquel lui meme dit ne pas croire…http://​www​.wat​.tv/​v​i​d​e​o​/​g​r​e​c​e​-​p​a​s​-​c​o​n​v​a​i​n​c​u​-​p​a​r​-​a​c​c​o​r​d​-​7​i​p​l​1​_​2​e​x​y​h​_​.​h​tml

    Réponse
  47. nlesca

    Appa­re­ment le comi­té cen­tral de Syri­za a reje­té l’ac­cord ce midi par 109 voix sur 201.

    Réponse
  48. gilles

    Lais­sez brû­ler les petits papiers
    Papiers de Bruxelles ou de Francfort
    Qu’un soir ils puissent, papier maïs
    Vous réchauffer

    Lais­ser les créer leurs petits papiers
    Papiers d’A­thènes ou de Thessalonique
    Qu’un soir ils puissent, papier maïs
    Décider

    C’est pas brillant, papier d’argent
    C’est pas don­ner, papier monnaie
    Ou l’on en meure, papier à fleurs
    Ou l’on s’en fout

    Lais­sez par­ler les petits papiers
    A l’oc­ca­sion, papier chiffon
    Puissent-ils un soir, papier buvard
    Vous consoler

    Réponse
  49. claude saint-jarre

    Pour­quoi pas un deuxième réfé­ren­dum en Grèce pour vali­der ou non l’entente ?

    Réponse
  50. etienne

    [Urgente résis­tance popu­laire aux coups d’É­tat bancaires]

    « Jamais je ne pour­rai voter et légi­ti­mer le conte­nu de l’accord »
    le 13 juillet 2015, par Zoe Kons­tan­to­pou­lou

    Dis­cours de Zoé Kons­tan­to­pou­lou, pré­si­dente du par­le­ment grec, sur le pro­jet sou­mis par le gou­ver­ne­ment aux créan­ciers le 11/07/2015

    http://​cadtm​.org/​J​a​m​a​i​s​-​j​e​-​n​e​-​p​o​u​r​r​a​i​-​v​o​t​e​r​-et

    Mes­dames et mes­sieurs, chers collègues,

    En de pareils ins­tants, nous devons agir et par­ler avec sin­cé­ri­té ins­ti­tu­tion­nelle et cou­rage politique.

    Nous devons assu­mer cha­cune et cha­cun la res­pon­sa­bi­li­té qui nous revient.

    Pro­té­ger, comme notre conscience nous y oblige, les causes justes et les droits sacrés, invio­lables et non négo­ciables de notre peuple et de notre société.

    Sau­ve­gar­der l’héritage de ceux qui ont don­né leur vie et leur liber­té pour que nous vivions aujourd’hui libres.

    Pré­ser­ver l’héritage des nou­velles géné­ra­tions et celles à venir ain­si que la civi­li­sa­tion humaine, de même que ces valeurs inalié­nables qui carac­té­risent et donnent un sens à notre exis­tence indi­vi­duelle et collective.

    La façon dont cha­cun choi­sit de déci­der et d’agir peut varier, mais per­sonne n’a le droit de se moquer, de dégra­der, de déni­grer ou d’utiliser à une fin poli­tique les déci­sions qui sont issues d’un pro­ces­sus et d’une épreuve qui touchent au cœur de notre existence.

    Nous toutes et tous sommes et serons jugés au regard de notre atti­tude et de nos déci­sions, de nos oui et de nos non, de nos actes et de nos omis­sions, de notre cohé­rence, de nos résis­tances, de notre abné­ga­tion et de notre désintéressement.

    Depuis cinq mois, le Gou­ver­ne­ment, qui a comme tronc la Gauche et comme noyau les forces anti-mémo­ran­dum, livre un com­bat inégal dans des condi­tions d’asphyxie et de chan­tage contre une Europe qui a tra­hi les objec­tifs ins­crits dans ses sta­tuts, à savoir le bien-être des peuples et des socié­tés, une Europe qui uti­lise la mon­naie com­mune, l’euro, non pas comme moyen d’atteindre le bien-être social, mais comme levier et ins­tru­ment d’assujettissement et d’humiliation des peuples et des gou­ver­ne­ments rebelles, une Europe qui est en train de se trans­for­mer en une pri­son cau­che­mar­desque pour ses peuples alors qu’elle a été construite pour être leur mai­son hos­pi­ta­lière commune.

    Le peuple grec a confié à ce Gou­ver­ne­ment la grande cause de sa libé­ra­tion des chaînes du mémo­ran­dum, de l’étau de la mise sous tutelle et de la mise sous sur­veillance qui a été impo­sée à la socié­té sous le pré­texte de la dette, une dette illé­gale, illé­gi­time, odieuse et insou­te­nable, dont la nature, comme l’ont démon­tré les conclu­sions pré­li­mi­naires de la Com­mis­sion pour la Véri­té de la Dette Publique, était déjà connue par les créan­ciers depuis 2010.

    Une dette qui n’a pas sur­gi comme un phé­no­mène météo­ro­lo­gique, mais qui a été créée par les gou­ver­ne­ments pré­cé­dents avec des contrats enta­chés de cor­rup­tion, avec des com­mis­sions, des pots-de-vin, des clauses léo­nines et des taux d’intérêt astro­no­miques dont ont tiré béné­fice des banques et des com­pa­gnies étrangères.

    Une dette que la Troï­ka, en accord avec les pré­cé­dents gou­ver­ne­ments, a trans­for­mée frau­du­leu­se­ment de dette pri­vée en dette publique, sau­vant ain­si les banques fran­çaises et alle­mandes mais aus­si les banques pri­vées grecques, condam­nant le peuple grec à vivre dans des condi­tions de crise huma­ni­taire, et en mobi­li­sant et rétri­buant pour ce faire les organes de la cor­rup­tion média­tique char­gés de ter­ro­ri­ser et trom­per les citoyens.

    Cette dette, que ni le peuple ni le gou­ver­ne­ment actuel n’ont ni créée et gon­flée, est uti­li­sée depuis cinq ans comme ins­tru­ment d’asservissement du peuple par des forces qui agissent à l’intérieur de l’Europe dans le cadre d’un tota­li­ta­risme économique.

    Au mépris de la morale et du droit, l’Allemagne n’a pas acquit­té jusqu’à aujourd’hui ses dettes à la petite Grèce résis­tante dont l’histoire recon­naît l’attitude héroïque. Des dettes qui dépassent la dette publique grecque et repré­sentent un mon­tant de 340 mil­liards d’euros selon les cal­culs modé­rés de la Com­mis­sion de la Cour des Comptes qui a été créée par le gou­ver­ne­ment pré­cé­dent, quand la pré­ten­due dette publique grecque a été chif­frée à 325 mil­liards d’euros. L’Allemagne a béné­fi­cié du plus grand effa­ce­ment de dette après la Seconde Guerre Mon­diale afin qu’elle se remette sur pied, avec le concours géné­reux de la Grèce. Or, c’est cette même Alle­magne qui a accor­dé sa pro­tec­tion à des res­pon­sables d’entreprises cou­pables d’actes de cor­rup­tion avec les pré­cé­dents gou­ver­ne­ments et leurs par­tis poli­tiques, comme Sie­mens, et elle les a pro­té­gés en les sous­trayant à la jus­tice grecque.

    Pour­tant, l’Allemagne se com­porte comme si l’Histoire et le peuple grec avaient des dettes envers elle, comme si elle vou­lait prendre sa revanche his­to­rique pour ses atro­ci­tés, en appli­quant et en impo­sant une poli­tique qui consti­tue un crime non seule­ment envers le peuple grec, mais aus­si un crime contre l’humanité, au sens pénal du terme car il s’agit ici d’une agres­sion sys­té­ma­tique et de grande enver­gure contre une popu­la­tion avec l’objectif bien pré­mé­di­té de pro­duire sa des­truc­tion par­tielle ou totale.

    Et mal­heu­reu­se­ment, alors qu’ils devraient se mon­trer à la hau­teur de leurs res­pon­sa­bi­li­tés et du moment his­to­rique, des gou­ver­ne­ments et des ins­ti­tu­tions se rendent com­plices de cette agression.

    Mes­dames et mes­sieurs, chers collègues,

    Sou­mettre le peuple et le gou­ver­ne­ment à des condi­tions d’asphyxie et à la menace d’une vio­lente faillite, par la créa­tion arti­fi­cielle et pré­mé­di­tée des condi­tions d’une catas­trophe huma­ni­taire, consti­tue une vio­la­tion directe de toutes les conven­tions inter­na­tio­nales qui pro­tègent les droits de l’Homme, de la Charte de l’ONU, des Conven­tions euro­péennes, mais aus­si des Sta­tuts mêmes de la Cour pénale internationale.

    Le chan­tage n’est pas une fata­li­té. Et la créa­tion et la mise en place de condi­tions dont le but est de sup­pri­mer le libre arbitre, ne per­met à per­sonne de par­ler de liber­té de « choix ».

    Les créan­ciers font du chan­tage sur le gou­ver­ne­ment. Ils agissent frau­du­leu­se­ment alors qu’ils savaient depuis 2010 que la dette n’était pas sou­te­nable. Ils agissent consciem­ment, puisqu’ils recon­naissent dans leurs décla­ra­tions la néces­si­té de l’octroi d’une aide huma­ni­taire à la Grèce. Une aide huma­ni­taire pour quelle rai­son ? Pour une catas­trophe natu­relle impré­vue et inat­ten­due ? Un séisme impré­vu, une inon­da­tion, un incendie ?

    Non. Une aide huma­ni­taire qui est la consé­quence de leur choix conscient et cal­cu­lé de pri­ver le peuple de ses moyens de sub­sis­tance, en fer­mant le robi­net des liqui­di­tés, en repré­sailles à la déci­sion démo­cra­tique du Gou­ver­ne­ment et du Par­le­ment d’organiser un réfé­ren­dum et don­ner la parole au peuple pour qu’il décide lui-même de son avenir.

    Le peuple grec a hono­ré le Gou­ver­ne­ment qui lui a fait confiance ain­si que le Par­le­ment qui lui a don­né le droit de prendre sa vie et son des­tin entre ses mains. Il a dit un NON cou­ra­geux et fier,

    NON aux chantages,

    NON aux ultimatums,

    NON aux memo­ran­da de l’assujettissement,

    NON au paie­ment d’une dette qu’il n’a pas créée et dont il n’est pas responsable,

    NON à des nou­velles mesures de misère et de soumission.

    Ce NON, les créan­ciers per­sistent obs­ti­né­ment à vou­loir le trans­for­mer en OUI, avec la com­pli­ci­té per­fide de ceux qui sont res­pon­sables de ces memo­ran­da et qui en ont tiré pro­fit, ceux qui ont créé la dette.

    Ce NON du peuple nous dépasse toutes et tous et nous oblige à défendre son droit à lut­ter pour sa vie, lut­ter pour ne pas vivre une vie à moi­tié ou une vie ser­vile, pour être fier de tout ce qu’il va lais­ser à ses suc­ces­seurs et à l’humanité.

    Le Gou­ver­ne­ment est aujourd’hui objet d’un chan­tage afin de lui faire accep­ter tout ce qu’il ne veut pas, qui n’émane pas de lui et qu’il com­bat. Le Pre­mier Ministre a par­lé avec sin­cé­ri­té, cou­rage, fran­chise et dés­in­té­res­se­ment. Il est le plus jeune Pre­mier Ministre et il est aus­si celui qui a lut­té comme aucun de ses pré­dé­ces­seurs pour les droits démo­cra­tiques et sociaux du peuple et des nou­velles géné­ra­tions, qui a repré­sen­té et repré­sente notre géné­ra­tion et lui donne espoir. Je l’honore et je conti­nue­rai tou­jours de l’honorer pour son atti­tude et ses choix. Et en même temps, je consi­dère de ma res­pon­sa­bi­li­té ins­ti­tu­tion­nelle, en tant que Pré­si­dente du Par­le­ment, de ne pas fer­mer les yeux et feindre ne pas com­prendre le chan­tage. Jamais je ne pour­rai voter et légi­ti­mer le conte­nu de l’accord et je crois que la même chose vaut et vau­dra pour le Pre­mier Ministre, qui est aujourd’hui l’objet d’un chan­tage uti­li­sant l’arme de la sur­vie de ce peuple. Je crois que la même chose vaut pour le Gou­ver­ne­ment et les groupes par­le­men­taires qui le soutiennent.

    Ma res­pon­sa­bi­li­té envers l’histoire dans cette ins­ti­tu­tion, je l’assume en répon­dant « pré­sente » au débat et au vote d’aujourd’hui. Je consi­dère ain­si que je suis plus utile au peuple, au Gou­ver­ne­ment et au Pre­mier Ministre, aux géné­ra­tions futures et aux socié­tés euro­péennes, en expo­sant au grand jour les véri­tables condi­tions dans les­quelles le par­le­ment est appe­lé à prendre des déci­sions et en refu­sant le chan­tage, au nom de l’alinéa 4 de l’article 120 de la Constitution.

    Le peuple grec est le deuxième à subir une telle agres­sion à l’intérieur de la zone euro. Il a été pré­cé­dé par Chypre en mars 2013.

    La ten­ta­tive d’imposer des mesures que le peuple a reje­tées par réfé­ren­dum, en uti­li­sant le chan­tage de la fer­me­ture des banques et la menace de la faillite, consti­tue une vio­la­tion bru­tale de la Consti­tu­tion et qui prive le Par­le­ment des pou­voirs que lui attri­bue cette même Constitution.

    Cha­cun et cha­cune a le droit et a le devoir de résis­ter. Aucune résis­tance dans l’histoire n’a été facile. Cepen­dant, nous avons deman­dé le vote et la confiance du peuple pour affron­ter les dif­fi­cul­tés et c’est face à ces dif­fi­cul­tés que nous devons main­te­nant réus­sir. Et sans avoir peur.

    Tra­duc­tion : Yor­gos Mitra­lias relue par Patrick Saurin.

    Source : http://​cadtm​.org/​J​a​m​a​i​s​-​j​e​-​n​e​-​p​o​u​r​r​a​i​-​v​o​t​e​r​-et

    Réponse
  51. etienne

    [Le bon angle d’a­na­lyse : un com­plot, une tra­hi­son, plu­tôt qu’une erreur ou une fatalité]

    Le pro­blème de la Grèce n’est pas seule­ment une tra­gé­die. C’est un men­songe. (John Pilger)

    http://​par​tage​-le​.com/​2​0​1​5​/​0​7​/​l​e​-​p​r​o​b​l​e​m​e​-​d​e​-​l​a​-​g​r​e​c​e​-​n​e​s​t​-​p​a​s​-​s​e​u​l​e​m​e​n​t​-​u​n​e​-​t​r​a​g​e​d​i​e​-​c​e​s​t​-​u​n​-​m​e​n​s​o​n​g​e​-​j​o​h​n​-​p​i​l​g​er/

    varou2

    9ae3deca6381c2a9e1ecfec3d7b54303John Pil­ger est un jour­na­liste de natio­na­li­té Aus­tra­lienne, né à Syd­ney le 9 Octobre 1939, par­ti vivre au Royaume-Uni depuis 1962. Il est aujourd’hui basé à Londres et tra­vaille comme cor­res­pon­dant pour nombre de jour­naux, comme The Guar­dian ou le New Sta­tes­man.

    Il a reçu deux fois le prix de meilleur jour­na­liste de l’année au Royaume-Uni (Britain’s Jour­na­list of the Year Award). Ses docu­men­taires, dif­fu­sés dans le monde entier, ont reçu de mul­tiples récom­penses au Royaume-Uni et dans d’autres pays.

    John Pil­ger est membre, à l’instar de Van­da­na Shi­va et de Noam Chom­sky, de l’IOPS (Inter­na­tio­nal Orga­ni­za­tion for a Par­ti­ci­pa­to­ry Socie­ty), une orga­ni­sa­tion inter­na­tio­nale et non-gou­ver­ne­men­tale créée (mais encore en phase de créa­tion) dans le but de sou­te­nir l’activisme en faveur d’un monde meilleur, prô­nant des valeurs ou des prin­cipes comme l’auto-gestion, l’équité et la jus­tice, la soli­da­ri­té, l’anarchie et l’écologie.

    Article ini­tia­le­ment publié le 13 Juillet 2015, en anglais, sur le site offi­ciel de John Pil­ger, à cette adresse.


    Une tra­hi­son his­to­rique a consu­mé la Grèce. Ayant mis de côté le man­dat de l’électorat grec, le gou­ver­ne­ment Syri­za a volon­tai­re­ment igno­ré le raz-de-marée du « Non » et a secrè­te­ment accep­té un panel de mesures appau­vris­santes, répres­sives, en échange d’un « ren­floue­ment » qui signi­fie un sinistre contrôle depuis l’étranger, et un aver­tis­se­ment pour le monde.

    Le pre­mier ministre Alexis Tsi­pras a fait pas­ser au Par­le­ment une pro­po­si­tion de coupe d’au moins 13 mil­liards d’euros du Tré­sor public — 4 mil­liards d’euros de plus que la pro­po­si­tion « d’austérité » lar­ge­ment reje­tée par la majo­ri­té de la popu­la­tion grecque dans un réfé­ren­dum, le 5 juillet.

    Ceci com­prend appa­rem­ment une aug­men­ta­tion de 50 % du coût des soins médi­caux pour les retrai­tés, dont près de 40 % vivent dans la pau­vre­té ; d’importantes coupes dans les salaires du sec­teur public ; la pri­va­ti­sa­tion com­plète d’établissements publics comme les aéro­ports et les ports ; une aug­men­ta­tion dans les taxes sur la valeur ajou­tée de 23 % s’applique désor­mais pour les îles grecques, où les gens luttent pour gagner de quoi vivre. Et ce n’est pas terminé.

    « Le par­ti anti-aus­té­ri­té rem­porte une vic­toire écla­tante », décla­rait le Guar­dian dans sa Une du 25 jan­vier. « Radi­caux de gauche », voi­là com­ment le jour­nal qua­li­fiait Tsi­pras et ses cama­rades éton­nam­ment édu­qués. Ils por­taient des che­mises à cols ouverts, le ministre des finances rou­lait sur une moto et était décrit comme « une rock star de l’économie ». C’était une façade. Ils n’étaient radi­caux en aucun point de cette éti­quette cli­chée, et n’étaient pas non plus « anti-aus­té­ri­té ».

    Pen­dant six mois, Tsi­pras et le récem­ment écar­té ministre des finances, Yanis Varou­fa­kis, ont fait l’aller-retour entre Athènes et Bruxelles, Ber­lin et les autres centres du pou­voir moné­taire euro­péen. Au lieu de la jus­tice sociale pour la Grèce, ils ont mis en place un nou­vel endet­te­ment, un appau­vris­se­ment plus pro­fond encore, qui ne fera que rem­pla­cer une pour­ri­ture sys­té­mique basée sur le vol des recettes fis­cales par les super-riches Grecs — en accord avec les valeurs « néo­li­bé­rales » euro­péennes — et par des prêts bon mar­ché, hau­te­ment pro­fi­tables, émis par ceux qui veulent main­te­nant le scalp de la Grèce.

    La dette grecque, selon un audit du Par­le­ment grec, « est illé­gale, illé­gi­time et odieuse ». Pro­por­tion­nel­le­ment, elle est équi­va­lente à moins de 30 % de celle de l’Allemagne, son prin­ci­pal créan­cier. Elle est infé­rieure à la dette des banques euro­péennes dont le « sau­ve­tage » en 2007–2008 fut à peine contro­ver­sé, et impuni.

    Pour un petit pays comme la Grèce, l’euro est une mon­naie colo­niale : une attache à une idéo­lo­gie capi­ta­liste tel­le­ment extrême que même le pape la qua­li­fie « d’intolérable », et « d’excrément du diable ». L’euro est à la Grèce ce que le dol­lar est aux ter­ri­toires éloi­gnés du Paci­fique, dont la pau­vre­té et la ser­vi­li­té sont garan­ties par leur dépendance.

    Dans leurs voyages aux cours des puis­santes Bruxelles et Ber­lin, Tsi­pras et Varou­fa­kis ne se sont pré­sen­tés ni comme radi­caux, ni comme « gau­chistes », ni même comme d’honnêtes sociaux-démo­crates, mais comme deux arri­vistes sup­pliants, avec leurs demandes et leurs plai­doyers. Sans sous-esti­mer l’hostilité qu’ils affron­taient, il est juste de dire qu’ils n’ont fait preuve d’aucun cou­rage poli­tique. Plus d’une fois, le peuple grec a enten­du par­ler de leurs « plans d’austérité secrets » dans des fuites, dans les médias : comme dans une lettre en date du 30 juin publiée dans le Finan­cial Times, dans laquelle Tsi­pras pro­met­tait aux diri­geants de l’UE, à la banque cen­trale euro­péenne et au FMI, d’accepter leurs demandes élé­men­taires les plus vicieuses — qu’il a main­te­nant acceptées.

    Lorsque l’électorat grec a voté « non », le 5 juillet, contre ce type même d’accord putride, Tsi­pras a décla­ré « d’ici lun­di le gou­ver­ne­ment grec sera à la table des négo­cia­tions après le réfé­ren­dum, avec de meilleures condi­tions pour le peuple grec ». Les Grecs n’avaient pas voté pour de « meilleures condi­tions ». Ils avaient voté pour la jus­tice et la sou­ve­rai­ne­té, comme ils l’avaient fait le 25 janvier.

    Au len­de­main de l’élection de jan­vier, un gou­ver­ne­ment réel­le­ment démo­cra­tique et, oui, radi­cal, aurait empê­ché le moindre euro de quit­ter le pays, aurait répu­dié la dette « illé­gale et odieuse » — comme l’a fait l’Argentine, avec suc­cès — et aurait expé­dié un plan pour quit­ter l’écrasante Euro­zone. Mais il n’y a pas eu de plan. Il n’y a eu qu’une volon­té d’être « à la table » à la recherche de « meilleures condi­tions ».

    La véri­table nature de Syri­za a rare­ment été exa­mi­née, et expli­quée. Pour les médias étran­gers il ne s’agit que d’un par­ti « gau­chiste », ou « d’extrême gauche », « intran­si­geant » — les termes trom­peurs habi­tuels. Cer­tains des sup­por­ters inter­na­tio­naux de Syri­za ont atteint, de temps à autre, des niveaux d’acclamations qui rap­pellent l’ascension de Barack Oba­ma. Bien peu se sont deman­dés : qui sont ces radi­caux ? En quoi croient-ils ?

    En 2013, Yanis Varou­fa­kis avait écrit :

    « Devrions-nous nous réjouir de cette crise du capi­ta­lisme euro­péen, comme d’une oppor­tu­ni­té pour le rem­pla­cer par un meilleur sys­tème ? Ou devrions-nous nous en inquié­ter au point de nous embar­quer dans une cam­pagne de sta­bi­li­sa­tion du capi­ta­lisme ? Pour moi, la réponse est claire. La crise euro­péenne est bien moins sus­cep­tible de don­ner nais­sance à une meilleure alter­na­tive au capi­ta­lisme… je m’incline devant la cri­tique selon laquelle j’ai fait cam­pagne en me basant sur un agen­da fon­dé sur la sup­po­si­tion que la gauche était, et demeure, entiè­re­ment vain­cue… oui, j’aimerais mettre en avant un agen­da radi­cal. Mais, non, je ne suis pas prêt à com­mettre [l’erreur du par­ti tra­vailliste bri­tan­nique à la suite de la vic­toire de That­cher]… Quel bien avons-nous accom­pli en Angle­terre au début des années 1980 en fai­sant la pro­mo­tion d’un agen­da de chan­ge­ment socia­liste, que la socié­té bri­tan­nique a dédai­gné en tom­bant la tête la pre­mière dans le plan néo­li­bé­ral de That­cher ? Pré­ci­sé­ment aucun. À quoi bon appe­ler aujourd’hui à un déman­tè­le­ment de l’Eurozone, de l’union euro­péenne elle-même… ? »

    Varou­fa­kis omet toute men­tion du par­ti social-démo­crate qui a divi­sé le vote tra­vailliste et a entraî­né le Blai­risme. En sug­gé­rant que les gens en Angle­terre « ont dédai­gné le chan­ge­ment socia­liste » — alors qu’ils n’eurent aucune réelle oppor­tu­ni­té de mettre en place un tel chan­ge­ment — il se fait l’écho de Tony Blair.

    Les lea­ders de Syri­za sont des révo­lu­tion­naires d’un cer­tain type — mais leur révo­lu­tion est l’appropriation per­verse et fami­lière des mou­ve­ments sociaux-démo­crates et par­le­men­taires par des libé­raux s’apprêtant à accep­ter la folie néo­li­bé­rale et l’ingénierie sociale dont le vrai visage est celui de Wolf­gang Schauble, ministre des finances alle­mand, et ban­dit impé­ria­liste. Comme le par­ti tra­vailliste d’Angleterre et ses équi­va­lents par­mi les anciens par­tis sociaux-démo­crates comme le par­ti tra­vailliste d’Australie, se décri­vant tou­jours comme « libé­raux », voire « de gauche », Syri­za est le pro­duit d’une classe moyenne ins­truite, opu­lente, hau­te­ment pri­vi­lé­giée, « édu­quée dans le post­mo­der­nisme », comme l’écrit Alex Lantier.

    Pour eux, la classe est l’innommable, et encore moins la lutte pro­lon­gée, peu importe la réa­li­té des vies de la plu­part des êtres humains. Les per­son­na­li­tés de Syri­za sont très soi­gnées ; ils ne mènent pas la résis­tance à laquelle aspirent les gens ordi­naires, comme l’électorat grec l’a si bra­ve­ment démon­tré, mais visent de « meilleures condi­tions » pour le sta­tu quo vénal qui enchaine et punit les pauvres. Une fois asso­cié à la poli­tique iden­ti­taire et ses dis­trac­tions insi­dieuses, la consé­quence n’est pas la résis­tance, mais l’asservissement. La vie poli­tique « Mains­tream » (grand public) en Angle­terre illustre bien cela.

    Ceci n’est pas inévi­table, ce n’est pas un fait accom­pli, si nous nous réveillons du long coma post­mo­derne et reje­tons les mythes et les trom­pe­ries de ceux qui pré­tendent nous repré­sen­ter, et si nous combattons.

    John Pil­ger


    Tra­duc­tion : Nico­las Casaux

    Édi­tion & Révi­sion : Hélé­na Delaunay

    Source : http://​par​tage​-le​.com/​2​0​1​5​/​0​7​/​l​e​-​p​r​o​b​l​e​m​e​-​d​e​-​l​a​-​g​r​e​c​e​-​n​e​s​t​-​p​a​s​-​s​e​u​l​e​m​e​n​t​-​u​n​e​-​t​r​a​g​e​d​i​e​-​c​e​s​t​-​u​n​-​m​e​n​s​o​n​g​e​-​j​o​h​n​-​p​i​l​g​er/

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    • quelqu'un

      cette classe moyenne, bour­geoise et hyper­pri­vi­lé­giée trans­porte le même mépris envers les non-pri­vi­lé­giés que leurs ancêtres avant 68, sauf qu’eux ils se croient main­te­nant EN PLUS libres, indi­vi­dua­listes, alors que cette classe n’a pro­duit que d’é­goistes , et de révo­lu­tion­naires de mes deux avec l’argent de papa dans le dos.

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  52. gilles

    httpv://www.youtube.com/watch?v=_YUmIaxXpCo

    SYRIZA est divi­sé sur la ques­tion de l’eu­ro. Ce que j’es­sayais de sug­gé­rer, c’est que l’en­ga­ge­ment fon­da­men­tal de SYRIZA de rompre avec les poli­tiques d’aus­té­ri­té et d’ef­fa­cer la plus grande par­tie de cette dette odieuse et illé­gi­time n’est pas com­pa­tible avec le main­tien dans la zone euro actuelle. Et cela même si jus­te­ment ce n’est pas le choix de SYRIZA, mais on voit bien que de l’autre côté la Banque Cen­trale Euro­péenne n’est pas autre chose qu’une véri­table machine de guerre contre tout gou­ver­ne­ment, qui comme celui de SYRIZA jus­te­ment, tente d’ou­vrir une brèche dans ce mur des poli­tiques néo-libé­rales et que par consé­quent l’eu­ro n’est pas un ins­tru­ment neutre ou une simple mon­naie com­mune, c’est un pro­jet poli­tique qui vise à ver­rouiller les poli­tiques néo-libé­rales. Donc, je ne pense pas, et c’est effec­ti­ve­ment l’une des leçons que je tire de ces cinq mois de gou­ver­ne­ment SYRIZA, que la rup­ture avec l’aus­té­ri­té et avec le sur­en­det­te­ment est com­pa­tible avec le main­tien dans le cadre de l’euro.

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  53. Mic El

    M’PEP :
    « Constat N°3 : Les posi­tions de la Gauche et de l’extrême gauche fran­çaise s’alignent sur Syri­za, leurs mili­tants doivent en tirer toutes les conséquences

    En France, le Front de gauche, PCF et PG confon­dus, s’est ali­gné sur le pré­sident de la Répu­blique. Les dif­fé­rences avec le PS ne portent plus que sur des ques­tions d’ordre rhé­to­rique. Ain­si le Front de gauche n’a plus de rai­son d’être, il n’a plus qu’à dis­pa­raître for­mel­le­ment car il est déjà mort. Le masque de la gauche dite « radi­cale » (ou « gauche de gauche ») est tom­bé. Celle-ci se pré­sen­tait jusqu’à pré­sent comme le porte-dra­peau de la lutte contre le néo­li­bé­ra­lisme – les plus auda­cieux par­laient même d’anticapitalisme -, pré­ten­dait s’opposer à l’austérité, et mili­tait pour « une autre Europe, plus sociale et démo­cra­tique ». La réa­li­té appa­raît en pleine lumière. Cette gauche a mon­tré que son rôle était objec­ti­ve­ment celui d’agent accom­pa­gna­teur de l’oligarchie pour main­te­nir les nations dans l’euro et l’Union euro­péenne, quitte à écra­ser les peuples et leur ôter leur sou­ve­rai­ne­té. Le lien est direct entre le NON fran­çais du 29 mai 2005 et le NON grec du 5 juillet 2015 : dans les deux cas la sou­ve­rai­ne­té du peuple a été pul­vé­ri­sée. Et la gauche de gauche s’est adap­tée, a renon­cé à défendre les inté­rêts du peuple.

    Il est enfin temps que les mili­tants qui ont com­pris ces enjeux quittent les orga­ni­sa­tions de la « gauche de gauche ». La stra­té­gie de main­tien dans l’euro, même au prix du sacri­fice des peuples, vient d’être balayée. Ces mili­tants vont-ils conti­nuer à cau­tion­ner ces pos­tures et per­sis­ter dans l’illusion que là aus­si, des trans­for­ma­tions de l’intérieur seraient pos­sibles ? D’autres formes d’organisations et de ras­sem­ble­ments doivent naître sur les décombres du Front de gauche, du PCF, du PG, d’Ensemble, du NPA… La sor­tie de l’euro et de l’Union euro­péenne reste la condi­tion néces­saire, même si elle n’est pas suf­fi­sante, pour mettre un terme aux poli­tiques néolibérales. »
    http://www.m‑pep.org/La-dictature-de-l-Union-europeenne-et-de-ses-complices-de-la-droite-a-la-gauche

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  54. etienne

    Leçons de la crise grecque sur l’Euro
    Par Jacques Sapir · 16 juillet 2015

    « Le drame que vit la Grèce nous aura au moins appris deux choses : le lien qui existe aujourd’hui entre l’Euro et l’austérité et l’attachement d’une par­tie de la gauche à l’Euro, un atta­che­ment qui la conduit, main­te­nant de plus en plus rapi­de­ment, à sa perte. La pre­mière de ces choses per­met de com­prendre pour­quoi les auto­ri­tés de la zone Euro se sont mon­trées à ce point inflexibles. Le second nous explique pour­quoi Alexis Tsi­pras s’est lais­sé poser la tête sur le billot et n’a pas choi­si de rompre quand il le pou­vait, c’est à dire dans la nuit du 5 au 6 juillet, après la vic­toire du « Non » au référendum.

    L’Euro, c’est l’austérité »
    […]
    http://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​4​118

    Réponse
  55. nlescan

    Pour moi, quelques soient ses angoisses sur les consé­quences d’un grexit, ce qui est abso­lu­ment et défi­ni­ti­ve­ment impar­don­nable de la part de Tsi­pras, c’est son non res­pect du résul­tat du réfé­ren­dum qui consti­tue une haute tra­hi­son envers le peuple grec. Il se pré­tend de « gauche radi­cale », ce mon­sieur s’est avé­ré être un repré­sen­tant de la gauche pros­ti­tuée. Honte à lui.

    Réponse
    • binnemaya

      Tota­le­ment d’ac­cord avec vous !
      La sou­ve­rai­ne­té c’est la démo­cra­tie c’est le peuple !
      Il ne peut en être autre­ment car dès qu’on y touche on enlève aux peuples le droit fon­da­men­tal de déci­der de ce qui les concerne en le délé­gant a des per­sonnes (élus ou autres) qui ne seront pas impac­tés par leur déci­sions car hors sol.
      A chaque ins­tant et dans chaque lieu toute déci­sion doit être prise par les per­sonnes concer­nés et impac­tés par elle !

      Réponse
  56. etienne
  57. etienne

    la démocratie aux ordures

    https://​oula​vie​sau​vage​.word​press​.com/​2​0​1​5​/​0​7​/​2​0​/​l​a​-​d​e​m​o​c​r​a​t​i​e​-​a​u​x​-​o​r​d​u​r​es/

    endet­ter et punir : à pro­pos de la décla­ra­tion finale du Som­met de la zone euro sur la Grèce

    (à Zoe Mavrou­di et Zoe Konstantopoulou)

    1

    Volon­té mani­feste de bri­ser l’expression du suf­frage uni­ver­sel ; peuples tour­nés les uns contre les autres ; prise en otage des classes popu­laires (tra­vailleurs pré­caires, immi­grés, chô­meurs, sala­riés, petits épar­gnants, retrai­tés) par la mise en place d’un blo­cus finan­cier des­ti­né à for­cer la main d’un gou­ver­ne­ment élu ; chan­tage à la sor­tie désor­don­née de l’euro, pré­ci­pi­tant la signa­ture d’un accord odieux ; mise sous tutelle des pou­voirs légis­la­tif et exé­cu­tif ; appro­pria­tion des res­sources d’un pays ― tout ceci dans le cadre d’une Union à laquelle chaque État est cen­sé appar­te­nir de plein droit : rare­ment les ins­ti­tu­tions issues du pro­ces­sus d’intégration euro­péenne amor­cé après-guerre auront mon­tré visage plus repous­sant que lors du der­nier tour de négo­cia­tions entre la Grèce et ses créan­ciers. Jamais non plus les diri­geants euro­péens n’avaient été contraints de pous­ser à leur der­nière extré­mi­té les consé­quences des poli­tiques éco­no­miques ins­crites dans les trai­tés de l’union moné­taire : si les diri­geants de l’eurozone ont fini par se dévoi­ler, il importe de le sou­li­gner, c’est qu’ils y ont été accu­lés et que la capa­ci­té de résis­tance du gou­ver­ne­ment grec, démon­trée par six mois de négo­cia­tions, a fina­le­ment contraint l’Europe à jeter aux ordures son masque démocratique.

    Mais le fait est que cette capa­ci­té de résis­tance a été balayée. Après avoir échoué à ren­ver­ser ce gou­ver­ne­ment puis à retour­ner l’opinion publique hel­lé­nique contre ses repré­sen­tants, les res­pon­sables euro­péens sont en défi­ni­tive par­ve­nus à faire rendre gorge à Alexis Tsi­pras, qui n’apparaîtra plus sans doute, pour autant qu’il par­vienne à se main­te­nir au pou­voir, que comme la marion­nette des créan­ciers ― une marion­nette tra­gique, une marion­nette à laquelle on a mis le cou­teau sous la gorge, mais une marion­nette, cepen­dant, que l’on exhibe au regard des pas­sants comme si seul un céré­mo­nial à la fois gro­tesque et sinistre pou­vait laver l’affront et punir l’acte de déso­béis­sance que consti­tuent les élec­tions du 25 jan­vier et le réfé­ren­dum du 5 juillet. Cette marion­nette qui dit le contraire de ce qu’elle pense et fait le contraire de ce en quoi elle croit est là pour ren­voyer aux Grecs, comme en miroir, une image d’eux-mêmes humi­liante et bouf­fonne et pour leur signi­fier que leur repré­sen­tant n’est qu’un homme de paille ; que « l’homme endet­té », selon l’expression de Mau­ri­zio Laz­za­ra­to [1], est par nature indigne : indigne de por­ter une parole poli­tique ; indigne de voter vrai­ment, puisque son vote ne sau­rait être pris au sérieux ; indigne de négo­cier, d’être trai­té d’égal à égal, indigne de la confiance de ses « pairs » ou de ses « par­te­naires » ; tout juste bon à tendre la main (c’est le « volet huma­ni­taire » auquel Mar­tin Schulz, Jean-Claude Jun­cker et autres bonnes âmes « réflé­chissent » depuis quelques semaines déjà).

    La crise de la dette publique et la réponse appor­tée par les ins­ti­tu­tions aux exi­gences du peuple grec aura donc fait émer­ger la figure du « peuple men­diant », per­du de dettes, défi­ni par sa dette, résu­mé à sa dette ; plus pro­fon­dé­ment, le revi­re­ment sinistre auquel a abou­ti la négo­cia­tion du 13 juillet consti­tue une néga­tion très claire du dis­cours poli­tique lui-même.

    « Was für ein schlechtes Thea­ter ! » s’est excla­mée Sarah Wagenk­necht, repré­sen­tante de Die Linke, devant le Par­le­ment alle­mand : « Quelle mau­vaise pièce, quel spec­tacle sordide ! »

    Le plus grave est peut-être que les diri­geants alle­mands et fran­çais aient pu se livrer à cette paro­die de négo­cia­tion en pen­sant pou­voir se fon­der sur leurs opi­nions publiques.

    Mais il est vrai aus­si que, si les opi­nions fran­çaise et alle­mande ont pu s’amuser un temps des cari­ca­tures que leur pré­sen­taient les édi­to­ria­listes de la presse dite « de réfé­rence » comme de la presse « popu­laire (Grecs aus­si cor­rom­pus, las­cifs et pares­seux que les Juifs de la pro­pa­gande anti­sé­mite de tou­jours sont avares et usu­riers), per­sonne, aujourd’hui, ne rit plus ; il n’est pas sûr qu’Arnaud Lepar­men­tier réitè­re­rait aujourd’hui cette imi­ta­tion de l’accent grec à laquelle il s’était livré, il y a quelques mois, sur les ondes de France-Culture.

    2

    Dans un pay­sage éco­no­mique rui­né par six années de réces­sion, le gou­ver­ne­ment grec s’apprête à légi­fé­rer sur une hausse de la TVA (de 13% à 23%) qui affec­te­ra les pré­pa­ra­tions ali­men­taires pour enfants, le pain, les pâtes ali­men­taires, l’eau en bou­teille, le cou­rant élec­trique et le gaz natu­rel, le sucre, le cacao, la farine, les fécu­lents, le lait, les fleurs, le café, le thé, les épices, les œufs, le vinaigre, les ali­ments pour ani­maux, les pro­duits d’élevage, le sel et l’eau de mer, toutes les huiles, hors l’huile d’olive, les pré­pa­ra­tions à base de céréales, le bois de chauf­fage, les engrais, les insec­ti­cides, les pré­ser­va­tifs, les tam­pons hygié­niques, les pro­duits phar­ma­ceu­tiques, les cathé­ters, les seringues, les appa­reils ortho­pé­diques, cer­tains acces­soires des­ti­nés aux per­sonnes han­di­ca­pées, les tickets de métro et de bus.

    Il ne s’agit pas de « mesures ».

    Comme le remarque la réa­li­sa­trice et auteur de théâtre Zoe Mavrou­di, qui a jus­te­ment épin­glé le carac­tère sur­réa­liste de cette liste : « Lorsque les êtres humains n’ont plus la pos­si­bi­li­té de sub­ve­nir éco­no­mi­que­ment à leurs besoins, ils meurent. Ce mer­cre­di, ce ne sont pas des “mesures“ qui seront signées mais des condam­na­tions à mort. »

    La mise sous séquestre de la qua­si-tota­li­té des biens de l’État grec (îles, por­tions du lit­to­ral, aéro­ports, che­mins de fer, ins­tal­la­tions por­tuaires) ne consti­tue pas une « réforme ». Le déli­te­ment pla­ni­fié des ser­vices publics, la tiers-mon­di­sa­tion de l’économie locale et la dis­pa­ri­tion rapide à laquelle ce pro­gramme condamne un très grand nombre de petites et moyennes entre­prises, qui forment encore le tis­su de l’économie et de la socié­té grecques, ne répondent à aucun « objec­tif de moder­ni­sa­tion » mais à celui d’une redis­tri­bu­tion sau­vage. Le pla­ce­ment sous tutelle du gou­ver­ne­ment et de l’Assemblée natio­nale par les « Ins­ti­tu­tions », aux­quelles devra être sou­mis tout « pro­jet de loi d’importance » (sans autre pré­ci­sion), ne peut être inter­pré­té que comme l’instauration d’un régime d’exception per­ma­nent au sein même de l’Union : une zone d’administration mixte, où les prin­cipes for­mels ailleurs en vigueur seront comme sus­pen­dus. L’austérité sévère impo­sée à la socié­té et à l’économie grecques agit comme ces incen­dies de forêt d’origine cri­mi­nelle dont la Grèce est fami­lière et qui ont per­mis à de nom­breux entre­pre­neurs, au cours des décen­nies pré­cé­dentes, et au prix de quelques arran­ge­ments avec les dépu­tés, de construire et d’investir sur des ter­rains qui étaient jusqu’alors pro­té­gés par la légis­la­tion sur les zones fores­tières et décla­rés incons­truc­tibles. Cette stra­té­gie de la terre brû­lée ou de la table rase per­met de remo­de­ler un pay­sage plus pro­pice aux inté­rêts des mul­ti­na­tio­nales, de trans­fé­rer les biens publics entre les mains des inves­tis­seurs pri­vés, de bri­ser toute codi­fi­ca­tion des rela­tions de tra­vail et de dis­po­ser d’une réserve de main‑d’œuvre qua­li­fiée et mas­si­ve­ment pré­ca­ri­sée : l’aggravation de la situa­tion éco­no­mique et sociale géné­rée par ce plan contrain­dra un nombre crois­sant de jeunes à par­tir pour l’Allemagne, la Suède, la Hol­lande, la France, la Suisse ou, s’ils demeurent au pays, à tra­vailler pour des salaires de misère, à des postes sans rap­port avec leurs qua­li­fi­ca­tions ; la figure du men­diant devient celle même du tra­vailleur, intel­lec­tuel ou manuel, diplô­mé ou non.

    3

    Com­ment le sté­réo­type du Grec fai­néant, cor­rom­pu, bon viveur et frau­deur a‑t-il pu s’imposer avec une telle faci­li­té et faus­ser radi­ca­le­ment les termes mêmes du débat sur la crise ?

    Un grand nombre de Fran­çais, d’Allemands ou de Hol­lan­dais n’ont ren­con­tré de Grecs que dans le cadre de leurs vacances d’été. Qu’on le veuille ou pas, les Grecs sont d’abord à leurs yeux des pres­ta­taires de ser­vices tou­ris­tiques, des hôte­liers (sou­riants ou pas), des res­tau­ra­teurs (aimables ou non), des figures pit­to­resques (voir les innom­brables spots sur la Grèce et ses habi­tants qui nour­rissent depuis des décen­nies ― en les appau­vris­sant ― les repré­sen­ta­tions men­tales). Il n’est donc pas éton­nant que la condes­cen­dance ou le mépris se doublent sou­vent de témoi­gnages de sym­pa­thie (ou l’inverse).

    Le tou­risme contem­po­rain n’est pas fon­dé sur la décou­verte de l’autre mais sur la réduc­tion de sa culture à un bien de consom­ma­tion immé­diat, à un cer­tain nombre de cli­chés liés aux attentes spé­ci­fiques du visi­teur occi­den­tal (diver­tis­se­ment, dis­trac­tion, vie facile, far­niente, musique, danse, cui­sine, bois­son, etc.) ; le Grec qui appa­raît à tra­vers les dis­cours sur la crise semble ain­si sor­tir tout droit d’une cam­pagne publi­ci­taire inci­tant les sala­riés et retrai­tés de l’Europe plu­vieuse à visi­ter la Crète ou le Pélo­pon­nèse. La « colo­nie de la dette » est une colo­nie de vacances.

    4

    Avant d’être des « des­ti­na­tions tou­ris­tiques » et des « pays du soleil », les pays de l’Europe du Sud (Ita­lie, Grèce, Espagne, Por­tu­gal) ont été des terres d’émigration : Yan­nis, qui a ouvert la taverne sur la plage de Kar­dia­ni, a tra­vaillé trente ans, en Alle­magne, dans l’industrie auto­mo­bile ; …, qui dirige sur ses vieux jours une petite pen­sion de Lis­bonne, a pas­sé l’essentiel de sa vie comme femme de ménage à Paris. Au sté­réo­type du Grec bon viveur s’ajoute sans doute, par­ti­cu­liè­re­ment en Alle­magne, le pré­ju­gé à l’égard du Grec des années 60 venu « deman­der du tra­vail » [2].

    Dans tous les cas, c’est tou­jours de l’autre (de sa culture, de sa dif­fé­rence, de ses goûts, de ses habi­tudes, de son mode de vie) qu’il est ques­tion ; cette sin­gu­la­ri­té est réduite à une figure sym­pa­thique et ser­vile. Par temps de crise, la figure du Grec bon viveur (hos­pi­ta­lier, tou­jours prêt à rendre ser­vice) cède à la place à celle du Grec cor­rom­pu et pares­seux ; dans cer­tains cas, comme dans celui des cari­ca­tures de Jos Col­li­gnon publiées par le jour­nal hol­lan­dais « De Volks­krant », la cari­ca­ture devient infâme.

    5

    Dans le contexte de la crise grecque, cette image de l’autre a évi­dem­ment pour but d’occulter les vraies ques­tions : nature de la dette et des taux d’intérêt, fonc­tion de l’endettement dans le contexte de l’économie finan­cia­ri­sée, cir­cons­tances dans les­quelles les emprunts ont été impo­sés plu­tôt que contrac­tés, res­pon­sa­bi­li­tés poli­tiques et échec des poli­tiques d’austérité, consé­quences de ces poli­tiques sur le sys­tème de san­té, l’éducation, les poli­tiques cultu­relles, la pro­duc­tion, les conven­tions de tra­vail, le loge­ment, les rela­tions sociales.

    6

    Cette réponse « cultu­relle » et néo­co­lo­niale n’est bien sûr pas la seule.

    À l’époque de la déré­gu­la­tion sau­vage du mar­ché par le biais de la finan­cia­ri­sa­tion à outrance, de l’irresponsabilité crois­sante des éta­blis­se­ments ban­caires, du cré­dit géné­ra­li­sé et de l’extension mas­sive des pro­duits déri­vés, des CDO, des Swaps, des cock­tails de titres, face à une réa­li­té éco­no­mique com­plexe, répu­tée incom­pré­hen­sible, le dis­cours domi­nant évoque la dette grecque comme s’il s’agissait d’un emprunt entre amis. Les formes contem­po­raines de l’endettement sont indû­ment rame­nées à des formes plus anciennes, plus tra­di­tion­nelles, plus lisibles ; le dis­cours poli­tique inter­vient à ce point comme un « dis­cours de sens com­mun » : c’est ain­si que l’homme poli­tique se fait diseur de pro­verbes. « Les bons comptes font les amis », « Il faut payer ses dettes » et « Un sou est un sou » : expres­sions d’un bon sens concret, presque pay­san, dans le temps même où l’économie finan­cière sup­plante l’économie réelle et menace de la détruire. La seule fonc­tion dis­cur­sive d’un Fran­çois Hol­lande semble être dans ce contexte de rame­ner le chaos finan­cier pla­né­taire aux pro­por­tions ras­su­rantes d’un dic­ton auver­gnat, d’une pen­sée ronde. (Cette confu­sion entre les diverses accep­tions du mot « dette » per­met évi­dem­ment aus­si de confondre « dette morale » et « dette monétaire »).

    7

    Le trai­te­ment réser­vé à la Grèce et le déni de démo­cra­tie oppo­sé au gou­ver­ne­ment hel­lé­nique par les diri­geants poli­tiques euro­péens auront donc eu pour objec­tif essen­tiel de mas­quer les res­pon­sa­bi­li­tés propres que ces diri­geants portent, depuis plus de six ans, dans l’étranglement et le nau­frage de l’économie grecque, mais aus­si, plus fon­da­men­ta­le­ment, de dis­si­mu­ler la carence struc­tu­relle du pou­voir poli­tique face à un mar­ché finan­cier décon­nec­té de la sphère de la pro­duc­tion, domi­né par des inté­rêts pri­vés hors de toute mesure et de toute ratio­na­li­té. Le bouc émis­saire grec que l’on s’apprête à chas­ser au désert, à l’extérieur de la zone, porte sur son dos tous les maux du capi­ta­lisme financier.

    Dimi­tris Alexa­kis, Athènes, lun­di 20 juillet 2015

    ____________
    Notes :

    [1] La Fabrique de l’homme endet­té, essai sur la condi­tion néo-libé­rale. Voir notam­ment : http://​www​.cip​-idf​.org/​a​r​t​i​c​l​e​.​p​h​p​3​?​i​d​_​a​r​t​i​c​l​e​=​6​238 et http://​lavie​ma​ni​feste​.com/​a​r​c​h​i​v​e​s​/​5​497

    [2] Voir à ce pro­pos la pièce de Rai­ner Wer­ner Fass­bin­der, Kat­zel­ma­cher (Le Bouc), rédi­gée en 1968.

    Source : https://​oula​vie​sau​vage​.word​press​.com/​2​0​1​5​/​0​7​/​2​0​/​l​a​-​d​e​m​o​c​r​a​t​i​e​-​a​u​x​-​o​r​d​u​r​es/

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