httpv://www.youtube.com/watch?v=jNhw2lC8PrM
Merci à la bande de virus de « Devenons Citoyens » :
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Bonjour , toutes ces réflexions autour d’une Constituante Citoyenne m’intéressent au plus haut point . Je viens de visionner ce petit sujet sur la laïcité , autre sujet d’intérêt , le religieux étant la plaie des plaies de la vie en communauté ( celle des hommes bien entendu ) je n’en reconnais aucune autre ! il me semble que depuis que les frontons des édifices publics affichent mensongèrement Liberté etc etc , il serait peut être opportun et ambitieux , j’en conviens , d’y graver : LAÏCITÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ .
A réfléchir Non .…
Je m’intéresse ici au point 5 de ce document :
http://classiques.uqac.ca/contemporains/godbout_jacques_t/actualite_essai_sur_le_don/actualite_essai_sur_le_don.pdf
Marcel Mauss est critiqué pour son introduction du hau comme raison de l’obligation de rendre.
Cette critique est injuste.
Mauss parle de sociétés habitées par le chamanisme et il est approprié pour tenter de comprendre ces sociétés de faire l’effort de rentrer un minimum dans la pensée chamanique.
Et le hau est bien une notion chamanique ; il tient compte de l’esprit de la chose-objet + de la partie de l’être (artisan, chasseur, ou acteur du don) émetteur de la chose, partie qui se trouve portée par la chose.
(((Notons que le hau n’est pas présent dans ce que nous appelons un service, et l’obligation ressentie du devoir de rendre en retour le service reçu est d’une autre nature ; il se peut d’ailleurs que nul ne ressente cette obligation, mais que chacun étant impulsé à servir, tout se passe comme s’il y avait reddition ; il se peut aussi que le motif de rendre soit issu de l’éducation = transmission d’archétypes)))
Pour un esprit « occidental » « cartésien » « rationaliste » il peut être difficile de comprendre ce concept.
Et pourtant quiconque est « fétichiste », qui donc conservera précieusement un habit ou ornement de l’aimé(e), ou un bibelot souvenir d’un instant heureux, ce quiconque là est imprégné du concept du hau puisqu’il conserve l’objet non pour sa valeur pratique ou marchande, mais pour cela qu’il contient de l’esprit, ce que nous nommons pudiquement « valeur sentimentale ».
Dans d’autres civilisations que celle des Maori, l’obligation de rendre sera en partie liée à la notion de « dette karmique », qui prétérite la vie future de qui ne se serait pas acquitté en temps et heure raisonnable d’un devoir.
Les deux concepts sont très voisins …
Une question se pose :
Chez nous présentement où comme dit plus haut reste en filigrane le concept de hau, bien que nié, quelle est la part de cette dimension cachée qui préside à notre fonctionnement collaboratif social, d’individu à individu, ou au sein de l’entreprise, ou au niveau global, entre l’individu et la société.
S’il y en a trace archéologique, elle est certainement cachée par toutes sortes d’autres moteurs et freins à la contribution, au don, à l’échange.
Mon intuition, et comme chacun sait une intuition ne se démontre pas, est que ce mécanisme caché est pourtant dans le peloton de tête de nos fonctionnements.
😉 Question à 10 centimes : la monnaie fiduciaire contient elle plus de hau que la monnaie scripturale ? 😉
La société primitive ne fait pas de différence entre droits et devoirs, vengeance, entraide, gouvernance, échange, guerre, potlatch, rite de passage, et toutes les pratiques « expiatoires » sont de l’ordre du tabou (l’amazonien se suicidera lui même suite à un crime par ex). C’est aussi con comme question de se demander si l’échange « hau » est de l’ordre du religieux, que de demander si manger, pêcher, pisser, chasser, cuire la pitance, ou baiser est de l’ordre de la collaboration sociale. Mais ce système est valable avant la division des classes, avec juste une division du travail sexe/age, et SURTOUT est du à la frontière pas bobo de gôôôche qui s’appelle la jungle de l’amazonien où « la marche » du germain, qui bloque quasiment l’échange marchand.
La propriété se limitait aux outils (armes,vaisselle, pirogue etc…) d’où l’inadéquation du « hau » pour la lotocratie des benêts de la tribu des bobo i‑ped18. Laissez tomber pour la constitution lotocrate, c’est le monde des réactionnaires, pas de bobo le shiteux du supermarché.
« L’amazonien n’avait pas la foi où la science, il avait la certitude et l’émerveillement, c’est ce qui fait de lui un enfant envié » Le passéiste
D’ailleurs c’est Athènes, le berceau lotocrate, qui inventa l’hypothèque capitaliste, l’usure, et la vente des enfants pour rembourser la dette … L’organisation gentilice traditionnelle est incompatible avec la monnaie (d’où les recherches de Marx et Engels la dessus d’ailleurs) car la concentration financière y est impossible, mais la gens est loin, et la famille de bobo dorénavant achetée sur InterBEnet. D’ailleurs l’arrivée des « métèques » qui s’enrichissaient a aussi détruit l’ancien système des famille/gens/clan, pour une société de classes terriennes.
Les fameux champs de l’Attique hérissés de stèles hypothécaires .…
Sparte a résolu le problème … mais Sparte c’était pas du benêt moderne. Alors benêt obéira à ses nouveaux Seigneurs hypothécaires du GlobalState, car il le veau bien.
Solon abolit l’hypothèque vers ‑594
réduit le pouvoir des tribus en créant les dèmes
inhibe le pouvoir de l’oligarchie
annule la dette
Sur les chemins qui mènent à la démocratie, la question qui nous intéresse au présent, inspirée du passé, est : puisque ça s’est produit autrefois, dans quelles circonstances un archonte élu peut il être amené à (re)dynamiser l’éclésia.
De fait, il a trahi l’ »élite » => Pourquoi ? Est ce encore possible ?
Historiens svp 🙂
Yéti, le nègre de Zemmour, peu_être…
Quand César fait le cake sur son char d’Imperator, il porte les lauriers d’Apollon, car le vrai vainqueur est toujours le Dieu. César est un « initié », au sens religieux , à travers duquel la force divine s’exprime, son mérite est de comprendre la volonté des dieux et de se faire leur instrument.
Les vikings morts sur le champ de bataille renforcent la phalange des hoplites célestes qui lutte contre Raggggna Rökkrrr, « l’obscurcissement du divin » (Hésiode), purinement issu des premiers âges, qui triomphe dans le boboïsme du Dieu Jaloux d’Israël et l’utérus en location pour pédérastes. Arrivent en renfort Mithra et ses favashi aryens d’Ahmadinejad.
Volonté divine qui s’exprime aussi à travers les antiques votations helvétiques, grecques où germaniques (c’est pour ça que je sacrifie toujours un poulet avant d’aller voter, offrande nécessaire pour inspirer le bôn chouaa).
Car si les dieux n’influençaient pas le vote des lotocrasses, comment l’Illumination pourrait elle venir à des rappeurs, des dealers, des bas du front, des sexes décérébrés pousseurs de Caddie, des fonctionnaires où des burkas ?
Le sort désastreux inévitable d’une décision lotocrate ne peut être alors comparé par les clercs stochocratiques qu’à celui de la vertu malheureuse, qui n’est jugée et récompensée que dans l’autre vie.
» Nostri maiores religiosissimi mortales » Salluste
La laïcité c’est la liberté de ne pas avoir à nommer dieu. et donc ce droit.
Après avoir observé, lorsqu’on a retourné son regard vers l’intérieur de soi, que moins on nomme ou identifie dieu, plus on a de chance de s’éveiller au mystère.
Il faut ensuite remarquer que nommer, identifier dieu, n’a d’intérêt que pour manipuler et prendre du pouvoir sur la subjectivité d’autrui, techniquement en interposant une ‘représentation’ entre le ‘sujet’ et sa subjectivité. une forme de schizophrénie obligatoire pour satisfaire à l’instinct grégaire, l’arme fatale des théocrates.
la Laïcité est un besoin essentiel de la subjectivité. Subjectivité qui est LE contre pouvoir légitime à opposer à tous les experts et autres scientifiques objectivistes et chiens de garde de tout poils !
Oui, mille manières d’identifier Dieu ou cet Absolu censé nous dépasser, comme il y a tout autant de raisons de n’en parler qu’à bon escient ou pour pousser plus avant la réflexion et non pour imposer son interprétation personnelle et d’éventuels bénéfices matériels, égotistes, représentatifs… la métaphysique et/ou la foi nous plaçant face à nos limites et à nos responsabilités individuelles et communes.
Nier le mystère est absurde.
Le nommer est orgueilleux.
La vie est un mystère…
… l’orgueil quelque chose d’inSENSé qui confond libre arbitre et volonté, potentialité intellectuelle et pleine conscience…
Je suis très loin d’avoir fait le tour des arguments que j’avance, mais je me lance quand même : (dsl d’etre un peu long)
Je viens de lire en diagonale la lettre ouverte de JL Mélenchon adressée au Pape et cela m’a fait réfléchir.
Un premier mea culpa de ma part, quand j’ai dit que l’hébreu (en tout cas l’hébreu biblique, cf Annick de Souzenelle) n’avait pas de mot pour dire le corps : je me rends compte maintenant qu’à l’inverse, certains mystiques indiens n’hésitent pas à mortifier leur corps pour purifier leur âmes. D’ailleurs l’oeuf c’est la totalité mais aussi la mort… il n’y a rien de plus fragile qu’un oeuf ! (Pour « l’oeuf » qui grandit dans le ventre de la femme… peut être est-ce la souffrance de l’accouchement ? Et « version métaphysique », les trois monothéismes étant apparus dans des déserts, pas très « fertile » comme terre, voire mortelle!)
Le deuxième mea culpa porte sur mon idée d’une « école de médecine de Salerne » modernisée… si on donne des cours de théologie comparée cela ne plairait pas forcément à tout le monde… donc je renouvelle l’idée de médecine par les plantes et de psychosomatique (toujours en gardant la médecine de pointe quand elle s’impose) tout en reformulant l’aspect religieux (quand on va chez le médecin, on demande ce que l’on « a », chez le prêtre, ce que l’on « est »):
On devrait remettre Aristote au programme du Lycée… (Et pas juste en classe de philo de terminale… en meme temps que les maths et la rhétorique)
=> cf « De la logique » de Barthelemy Saint-Hilaire :
p.17 « savoir si la logique est une partie réelle de la philosophie, ou si elle est seulement l’instrument. Les Stoiciens avaient adopté la première opinion ; les péripatéticiens la seconde »
p.100 « On peut dire, d’une manière générale, et pour donner une idée claire du mot Catégorie, qu’il répond à peu près à notre mot : attribution »
p.143 « mais la double nature, logique et ontologique, des catégories, est cause d’incertitude »
p.147 « Ainsi, Aristote parti de simples distinctions entre les choses et les mots, arrive à cette conclusion que les mots, indépendamment de leur combinaison, dont il s’occupera plus tard, ne peuvent représenter les choses que sous dix aspects différents ; et comme les mots ne sont que l’image des choses […] Ce sont donc à la fois les catégories de la pensée et les catégories de l’être. »
et juste avant : « 1)substance 2)quantité 3)qualité 4)relation 5)lieu 6)temps 7)situation 8)manière d’être 9)action 10) passion ou souffrance. »
p.148 « la substance proprement dite, la substance première et supérieure, est celle qui ne peut ni être dite d’un sujet, ni être dans un sujet ; ainsi, un homme, un cheval. La substance réside essenciellement dans l’individu, et n’est point ailleurs, comme l’avaient prétendu Platon et d’autres écoles. »
Remarque 1 : Donc si on s’appelle Bouddha ou Zhuang Zi, e=mc2 nous dit que 5)le lieu et 6)le temps sont « nada »… ou plutot, à quelques bosons de higgs près, peuvent être résumés à de l’énergie.
Remarque 2 : La 4eme forme de syllogisme d’Aristote, l’impossibilité => {http://fr.wikipedia.org/wiki/Quatre_nobles_v%C3%A9rit%C3%A9s#La_quatri.C3.A8me_noble_v.C3.A9rit.C3.A9_:_Magga_sacca} ; qui donne : {http://fr.wikipedia.org/wiki/Noble_Chemin_octuple}
Remarque 3 : Toujours sur la 4eme forme de syllogisme, cf le genre d’appropriation qui me fait grincer des dents : {http://fr.wikipedia.org/wiki/Pens%C3%A9e_lat%C3%A9rale} ; ou pire, la définition de la sérendipité {http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9rendipit%C3%A9}; quand sur {http://fr.wikipedia.org/wiki/Voyages_et_aventures_des_trois_princes_de_Serendip#R.C3.A9sum.C3.A9_de_l.27histoire_du_chameau} on peut lire : « Les trois frères rencontrèrent ensuite un conducteur de chameau qui avait perdu son animal. Comme ils avaient déjà relevé beaucoup d’indices, ils lancèrent comme boutade au chamelier qu’ils avaient vu son chameau et, pour crédibiliser leur blague, ils énumérèrent les SEPT signes qui caractérisaient le chameau. Les caractéristiques s’avérèrent toutes justes. Accusés de vol, les trois frères furent jetés en PRISON. Ce ne fut qu’après que le chameau fut retrouvé sain et sauf par un villageois, qu’ils furent libérés. »
Remarque 4 : p.147 « les mots ne sont que l’image des choses » => cf le protosinaïtique, super important, puisque nous lisons des sons avec notre hémisphère gauche et (par exemple) les chinois lisent des images avec leurs hémisphères droits… j’émets l’hypothèse que les 22 lettres de Moise ne sont pas juste le début de l’abstraction, mais correspondent à 22 émotions différentes : {http://www.discoveringpeace.com/the-abraham-hicks-emotional-guidance-scale.html}
Je dois préciser : certains érudits de la scolastiques disaient que le syllogisme était l’unique accès à la vérité… mais de ce que j’ai lu, que ce soit Marc Aurèle qui s’est bien gardé de faire des syllogismes, Scipion Dupleix qui fait un éloge à « l’oeil de l’art » ou Barthélémy st Hilaire qui cite Hoederlin pour ses poèmes où les mots sont seulement juxtaposés… on retrouve bien la différence qu’Aristote donne aux catégories : on s’occupe des mots pris isoléments, et non des combinaisons des mots entre eux. Ainsi, selon moi, le Yi Jing est le tableau des énonciations imparfaites (donc impropre au syllogisme) pour lesquels l’homme se découvre être le « moyen » (émotionel).
Et la 4e forme de syllogisme prend une valeur onto-psycho-logique : p.95 von Franz déjà cité… « la fonction inférieure est la porte par laquelle toutes les images de l’inconscient viennent à la conscience. Notre domaine conscient est comme une chambre à quatre portes et c’est par la 4e que l’ombre, l’anima ou l’animus et la personnification du Soi pénètrent. Ils entrent plus rarement par les autres portes, ce qui, en un sens, va de soi car la fonction inférieure demeure si proche de l’inconscient et elle est resté si barbare, inférieure et non développée qu’elle constitue naturellement le point faible de la conscience par lequel les figures de l’inconscient peuvent faire irruption. Sur le plan de la conscience, on la ressent comme une faille, comme la chose désagréable qui ne nous laisse jamais de répit et ne cesse de nous causer des ennuis. […] Aussi longtemps qu’on a pas développé les autres fonctions, les deux fonctions auxiliaires sont, elles aussi, des portes ouvertes […] Quand on a réussi à développer les trois fonctions, en fermant trois des portes intérieures, le problème de la quatrième demeure, car celle-ci ne semble pas faite pour être fermée. C’est là qu’il nous faut succomber et subir la défaite en vue d’un développement ultérieur.« P.96 « Lorsqu’on sera devenu quelque peu conscient de son ombre, la fonction inférieure continuera à doter la figure de l’animus ou de l’anima d’une qualité particulière. Par exemple, la figure d’anima, si elle est personnifiée par un être humain, apparaîtra très souvent comme une personne de la fonction opposée. Il se produira la même chose quand surgiront des personnifications du Soi. Un autre genre de personnification, naturellement en rapport avec l’ombre, se présente lorsque la 4e fonction est identifiée avec les couches sociales du plus bas niveau ou avec les soi-disant « pays sous-développés ». […] De même elle se manifeste sous les traits de personnes exotiques telles que Chinois ou Russes ou qui que se soit possédant quelque chose d’inconnu sur le plan conscient […] (p.99) Dans la plupart des sociétés, les gens dissimulent leur fonction inférieure derrière une persona. L’une des principales raisons pour laquelle on développe une persona, c’est afin de ne pas montrer ses aspects inférieurs, en particulier ceux appartenant à la 4e fonction. Celle-ci est mêlée à notre nature animale et mélangée à nos émotions inadaptées et à nos affects. […] (p.100) Dans la plupart des autres sociétés ou groupes, la fonction inférieure est recouverte et tisse ses intrigues sous la table ; toutes ces difficultés demeurent en sous-sol, sans jamais faire l’objet d’une discussion ouverte. L’assimilation de l’ombre ou de la fonction inférieure a pour effet de rendre les gens socialement plus difficiles et moins conventionnels, ce qui provoque des frictions. Mais d’un autre côté, cela crée aussi une plus grande animation ; ce n’est jamais ennuyeux car il y a toujours une tempête dans un verre d’eau et, au lieu d’évoluer sur une surface lisse, à la fois polie et morne, le groupe est beaucoup plus vivant. »
Ps : (p.28) Ces quatres fonctions sont : 2 rationnelles (pensée et sentiment) et 2 irrationnelles (sensation et intuition) pouvant être chacune extravertie ou introvertie.
p.185 du Yi-Jing (Albin Michel 2002), cf. l’analyse de l’idéogramme « chariot » :
« L’idéogramme est composé avec le signe général des chars, précisé par un caractère qui évoque l’idée d’ »union concertante » (voir 61⁄2, et). Le chariot, comme le char, en raison de sa caisse carrée comme la Terre et de son dais rond comme le Ciel, est en Chine une image usuelle du couplage Terre-Ciel. Dans le contexte du Yi-Jing, sa faculté à avancer et à transporter marque généralement l’efficience de ce couplage. »
Si l’on change le cercle du ciel par le triangle du toit, qui lui est équivalent, on obtient particulièrement : « La République Francaise est indivisible, laïque, démocratique et sociale ; et sa devise est : Liberté, Egalité, Fraternité. »
Pour le fun : petit inventaire lexical :
Il y a 5 occurences du mot « char » : 22⁄1 « Embellir ses pieds, renoncer au char et marcher » ; 14⁄2 « Un grand char à charger, il y a où aller, absence de fautes » ; 40⁄3 « Etre charger en biens et en plus voyager en char, provoque l’arrivée des brigands, présage de gêne. » 47⁄4 « venir tout doucement, épuisé auprès du char doré. Gêne, il y a aboutissement. »; 38⁄6 « Esseulé en divergence. On voit un porc couvert de boue. Un char chargé de fantômes. D’abord on tend l’arc, ensuite on détend l’arc. N’est pas brigand qui scelle l’union par mariage. En allant on rencontre la pluie, donc l’ouverture s’ensuit.
Il y a 5 occurences du mot « chariot » : 9⁄3 « Les essieux du chariot lâchent prise. Mari et épouse se regardent de travers » ; 26⁄3 « Un bon cheval s’efforce de poursuivre, présage de difficultés profitables. Chaque jour contrôler les chariots et les gardes, profitable d’avoir où aller. » 38⁄3 « On voit le chariot freiné, un boeuf traîné, des gens le crâne rasé le nez coupé. Sans début il y a aboutissement. » 34⁄4 Présage d’ouverture, tout regret disparaît. La haie s’ouvre. On n’est plus lié. Force à l’essieu d’un grand chariot. » 23⁄6 « Un fruit excellent n’est pas consommé. Un chef accompli obtient un chariot, l’être petit l’usure de sa cabane. »
A comparer avec le début du premier chapitre des Essais de Montaigne : https://fr.wikisource.org/wiki/Essais/%C3%A9dition_Michaud,_1907/Livre_I/Chapitre_1
« La soumission vous concilie d’ordinaire ceux que vous avez offensés ; parfois une attitude résolue produit le même résultat. — La façon la plus ordinaire d’attendrir les cœurs de ceux que nous avons offensés, quand, leur vengeance en main, nous sommes à leur merci, c’est de les émouvoir par notre soumission, en leur inspirant commisération et pitié ; toutefois la bravoure, la constance et la résolution, qui sont des moyens tout contraires, ont quelquefois produit le même résultat.
Édouard, prince de Galles, celui-là même qui, si longtemps, fut régent de notre province de Guyenne, personnage dont les actes et la fortune ont maintes fois témoigné de beaucoup de grandeur d’âme, s’étant emparé de vive force de Limoges, avait ordonné le massacre de ses habitants qui l’avaient gravement offensé. Il cheminait à travers la ville, et les cris de ceux, hommes, femmes et enfants, ainsi voués à la mort, qui, prosternés à ses pieds, imploraient merci, n’avaient pu attendrir son âme ; quand s’offrirent à sa vue trois gentilshommes français, qui, avec une hardiesse incroyable, tenaient tête, à eux seuls, à son armée victorieuse. Un tel courage lui inspira une considération et un respect qui calmèrent subitement sa colère ; sur-le-champ il leur fit grâce, et cette grâce, il retendit à tous les autres habitants de la ville.
Scanderberg, prince d’Épire, poursuivait avec l’intention de le tuer, un de ses soldats ; celui-ci, après avoir essayé en vain de l’apaiser par des protestations de toutes sortes et les plus humbles supplications, se résolut, en désespoir de cause, à l’attendre l’épée à la main. Cet acte de résolution arrêta net l’exaspération de son maître qui, en le voyant prendre un si honorable parti, lui fit grâce. Ce fait est susceptible d’être interprété autrement que je ne le fais, mais par ceux-là seulement qui ignorent la force prodigieuse et le courage dont ce prince était doué.
L’empereur Conrad III, assiégeant Guelphe, duc de Bavière, n’avait consenti à ne laisser sortir de la ville que les femmes des gentilshommes qui s’y trouvaient enfermées avec son ennemi, s’engageant à respecter leur honneur, mais ne leur accordant de sortir qu’à pied, en n’emportant que ce qu’elles pourraient porter elles-mêmes ; et il s’était refusé à adoucir ces conditions, quelques autres satisfactions qu’on lui offrît, si humiliantes qu’elles fussent. N’écoutant que leur grand cœur, ces femmes s’avisèrent alors de charger sur leurs épaules leurs maris, leurs enfants et le duc lui-même. L’empereur fut tellement saisi de cette touchante marque de courage, qu’il en pleura d’attendrissement ; la haine mortelle qu’il avait vouée au duc, dont il voulait la perte, en devint moins ardente ; et, à partir de ce moment, il le traita lui et les siens avec humanité. »
Ce brave Aristote fut un des premiers à tenter de mettre de l’ordre dans les règles de la déductibilité.
Depuis on a progressé un peu.
Mais en amont de cette intention est le présupposé du treillis des causes et des effets.
Qui n’est pas un acquis solide, loin de là.
(Nous y sommes attachés car sans lui démunis, « à poil » devant le futur et devant l’imaginaire)
o Logos c’est la parole.
Avec un esprit rude sur le o n°1 😉
Non seulement étymologiquement mais encore de fait, la logique est rigoureusement liée au langage et à la notion de grammaire.
La logique est humaine, donc, si la parole l’est.
Mais existe-t-il, et avant l’intelligence incarnée, une logique qui serait une donnée cosmique, préhominienne donc, qui instituerait l’ordre des choses avant qu’une conscience ne soit là pour les observer. L’ordre des choses concrètes, certes, mais aussi celui des choses abstraites(!)
Nous savons depuis un siècle que le déterminisme doit être tempéré ou nié quand il s’agit du monde physique.
Mais qu’en est il du monde abstrait ?
Existe-t-il avant que d’être pensé, et si oui est il déterministe.
Nous sommes là dans un mystère qui précède celui de la création.
!!! J’avoue que je peux dormir sans savoir répondre 😉
« La logique est humaine, donc, si la parole l’est. »
‑au commencement était le verbe, et le verbe était dieu et le verbe était avec dieu…
=no comment.
« Mais existe-t-il, et avant l’intelligence incarnée, une logique qui serait une donnée cosmique »
‑la nature est fractale, et bien que ce soit logos qui le dise, on peut observer sa réalité fractale avant le concept.
« le déterminisme doit être tempéré ou nié quand il s’agit du monde physique. » -? là je ne saisis pas à quoi tu fais référence ?
« Mais qu’en est il du monde abstrait ?
Existe-t-il avant que d’être pensé, »
‑est-ce que dans ta pensée l’abstrait a à voir avec l’éthérique ?
Pour la spiritualité : (~1h in english)
https://www.youtube.com/watch?v=_gJN7I0a9XU
Bonjour !
La video est un peu longue, elle n’est pas tres rejouissante sur la fin, mais donne un bon apercu !
https://youtu.be/Hz4E3pVM_KI
Bonjour,
Voici une vidéo de Bernard Friot qui colle avec le sujet :
Bernard Friot : Religion Capitaliste & Laïcité
http://www.laffranchipresse.fr/video/2015/03/20/bernard-friot-religion-capitaliste-laicite
httpv://youtu.be/3vW8EoVUaEo
httpv://youtu.be/oIdzo2HpRYk
Très intéressante. Je me permets de vous en faire un résumé (en espérant qu’il soit exact, n’hésitez pas à intervenir pour le préciser), tout en vous invitant à la visionner pour en avoir les détails.
Bernard Friot nous rappelle que le mot laïcité vient du mot grec laïos, qui signifie : peuple en opposition au chef, donc affirmation de la souveraineté du peuple contre la classe dirigeante.
Ensuite, il nous rappelle le fondement de la laïcité, qui consiste à rendre possible des lois et des institutions garantissant la souveraineté du peuple contre le pouvoir.
Enfin, il nous explique que nous sommes aujourd’hui en pleine religion capitaliste, que les économistes sont devenus nos nouveaux curés, ceux en charge de répandre la bonne parole du capital dans les médias, et que nous adhérons nous-mêmes à cette religion en acceptent de croire à une série de mensonges de nature économiques.
Il fait une liste de 5 de ces croyances :
1. CROYANCE QUE LE PATRIMOINE GÉNÈRE DE LA VALEUR ET QU’IL EST NORMAL D’EN TIRER UN REVENU
=> seul le travail créé de la valeur économique, les détenteurs de patrimoines (immobiliers ou industriels) ne produisent pas de valeur ; lorsqu’ils tirent un revenu de leur propriété, c’est qu’ils ponctionnent le salaire produit par un travailleur.
SOLUTION : remplacer la propriété lucrative par la propriété d’usage.
2. CROYANCE DANS LE MARCHE DU TRAVAIL
=> ce n’est pas parce qu’on ne se soumet pas à un employeur qu’on ne créé pas de valeur (exemple du fonctionnaire).
(=> là je me permets d’ajouter qu’en plus, la soumission à un employeur ne créé par nécessairement un travail utile à la communauté (exemple : le travail produit par les employés des firmes comme Monsanto), et je pense qu’il vaut mieux encore pour la communauté une personne au chômage qui fait son jardin bio chez elle plutôt qu’une personne qui travaille dans ces firmes)
SOLUTION : le salaire à vie, afin de sortir le travail du chantage économique privé.
3. CROYANCE DANS LE CRÉDIT ET SA NÉCESSITÉ POUR FINANCER L’INVESTISSEMENT
=> comme seuls les travailleurs produisent de la valeur économique, tout prêteur a nécessairement piqué au préalable ce qu’il nous prête, puisqu’il n’a pas lui-même produit de travail. Nous lui achetons donc, par notre travail, notre propre argent, et la création monétaire par crédit ne profite qu’au prêteur.
SOLUTION : remplacer le crédit par la subvention (qui vient de nos impôts et cotisations, pris sur notre travail), et créer des caisses d’investissement.
4. CROYANCE DANS LE FAIT QUE LA RÉDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL EST LA MESURE DE LA PRODUCTIVITÉ
=> cette croyance repose sur le fait qu’on ne prend ici en compte que l’exemple des salariés du privé, dont le salaire est déterminé selon leur temps de travail. Or, les fonctionnaires eux ont un salaire indexé non sur leur temps de travail mais sur leur qualification, ce qui les retire de la contrainte économique du temps qui doit nécessairement généré du profit, autrement dit, c’est la qualité du travail qui compte et non sa quantité.
RAPPEL : la classe ouvrière s’est battue pour que ce ne soit pas le temps qui mesure la production MAIS la qualification du producteur.
SOLUTION : la mesure du travail doit se baser sur la qualité du producteur, ce qui permet de sortir de la dictature économique du temps, il faut donc généraliser le modèle des fonctionnaires.
5. CROYANCE DANS LE FAIT QUE LA SÉCURITÉ SOCIALE C’EST DE LA SOLIDARITÉ
=> sur ma fiche de salaire, mes cotisations ne vont pas aux autres, il s’agit d’un salaire différé, autrement dit, c’est moi qui produit ma pension, mon chômage et mes droits par mon travail, et non les autres.
RAPPEL : la classe ouvrière s’est battue pour le changement de la valeur et non pour son partage.
Conclusion de Friot :
– il faut arrêter de nous soumettre mentalement à ces croyances, et en sortir notre entourage.
– il faut militer pour obtenir la séparation de l’État d’avec l’église capitaliste, afin de reprendre notre souveraineté populaire sur l’économie.
AJOUT :
Il remarque également que le combat pour la laïcité a été déplacé et réduit au champ des religions officielles… ce qui permet évidemment d’occulter le vrai combat.
Je vous avoue que je ne connaissais pas cette définition de la laïcité…
J’avais vu, comme beaucoup d’autres, qu’il y avait un aspect religieux indéniable dans notre économie et dans cette soumission aux lois du marché qu’on exige continuellement de tous. Et l’État me semblait fort hypocrite en exigeant l’interdiction des signes ostentatoires de religion dans les lieux publics, alors qu’il s’accommodait fort bien par ailleurs de la présence de la religion de l’argent et du profit partout… (bourses, publicités, centres d’affaires, centres commerciaux, grandes chaînes ont contaminé l’espace public).
Cette conférence de Bernard Friot est très éclairante !
dictionnaire bailly page 1164
laÎkos = qui concerne le peuple, profane
Un peu d’air dans cette actualité chaotique, avec un texte d’Armand Robin, qui porte un regard spirituel sur le monde et retrace l’évolution historique de nos idées :
« On supprimera la Foi Au nom de la Lumière,
Puis on supprimera la lumière.
On supprimera l’Âme Au nom de la Raison,
Puis on supprimera la raison.
On supprimera la Charité Au nom de la Justice,
Puis on supprimera la justice.
On supprimera l’Amour Au nom de la Fraternité,
Puis on supprimera la fraternité.
On supprimera l’Esprit de Vérité Au nom de l’Esprit critique,
Puis on supprimera l’esprit critique.
On supprimera le Sens du Mot Au nom du sens des mots,
Puis on supprimera le sens des mots.
On supprimera le Sublime Au nom de l’Art,
Puis on supprimera l’art.
On supprimera les Écrits Au nom des Commentaires,
Puis on supprimera les commentaires.
On supprimera le Saint Au nom du Génie,
Puis on supprimera le génie.
On supprimera le Prophète Au nom du poète,
Puis on supprimera le poète.
On supprimera les Hommes du Feu Au nom des Éclairés,
Puis on supprimera les éclairés.
On supprimera l’Esprit, Au nom de la Matière,
Puis on supprimera la matière.
Au nom de rien on supprimera l’homme ;
On supprimera le nom de l’homme ;
Il n’y aura plus de nom ;
Nous y sommes. »
De quoi nous redonner de nouvelles pistes de réflexions, et d’inspiration.
httpv://youtu.be/ipe6CMvW0Dg
Oli, je crois que ça pourrait vous intéresser
http://www.christophervasey.ch/francais/articles.html
Quelques extraits de « Plotin ou la simplicité du regard » par Pierre Hadot (Folio poche).
p. 27–28
On peut dire que toutes les philosophies de cette époque cherchent à expliquer cette présence de l’âme divine dans un corps terrestre et qu’elles répondent à une interrogation anxieuse de l’homme qui se sent étranger ici-bas :
« Qui étions-nous ? Que sommes-nous devenus ? Où étions-nous ? Où avons-nous été jetés ? Où allons-nous ? D’où nous vient la libération ? »
Dans l’école même de Plotin, certains donnaient à cette interrogation gnostique la réponse du gnosticisme. Pour eux, les âmes étaient tombées dans le monde sensible à la suite d’un drame extérieure à elles. Une puissance mauvaise avait créé le monde sensible. Les âmes, parcelles du monde spirituel, s’y trouvaient prisonnières malgré elles. Mais, venues du monde spirituel, elles restaient spirituelles. Leur malheur venait seulement du lieu où elles se trouvaient. Avec la fin du monde, avec la défaite de la puissance mauvaise, leur épreuve prendrait fin. Elles retourneraient dans le monde spirituel, dans le « Plérôme ». Le salut était donc extérieur à l’âme : il consistait dans un changement de lieu ; il dépendait de la lutte entre des Puissance supérieures.
Contre cette doctrine qui, se parant d’une apparence platonicienne, menaçait de corrompre ses disciples, Plotin réagira avec passion, dans ses leçons et dans ses écrits.
p. 157–158
Précieuse anecdote ! Le disciple vit une crise spirituelle très grave : Plotin dit et répète qu’il faut se séparer du corps ; pourquoi ne pas le faire volontairement et physiquement, une bonne fois, pourquoi ne pas fuir d’ici, lorsqu’on est lassé du corps et de la vie ? Les stoïciens n’ont-ils pas dit que le sage est libre de sortir de ce monde quand il le veut ? Mais quelle surprise, lorsqu’on remâche ces noires pensées, de voir Plotin se diriger vers vous et vous dire : « Ce que tu médites ne vient pas de l’Esprit, mais du corps ; oui, d’un mauvais état de la bile ! » Surprise d’être deviné jusqu’au plus profond de soi, surprise aussi de savoir que « ce n’est que cela », surprise enfin de s’entendre proposer un remède aussi simple ! Et pourtant, ce remède bouleverse toute l’existence. Depuis six ans, on s’efforce de tenir la première place de l’école, on fait un effort continuel de recherche intense, d’ascèse et de méditation. Et le maître vous envoie loin de lui, « prendre l’air ».
Quelle profondeur, quelle délicatesse et quel bon sens dans la direction spirituelle de Plotin ! Non seulement il devine la crise intérieure, mais il en comprend la véritable signification. Porphyre se croit sincèrement mû par l’Esprit. Plotin voit tout de suite qu’il n’en n’est rien, mais il sait tout aussi bien que Porphyre n’est pas responsable de cet état : c’est une maladie ; il faut la soigner comme telle. Le remède sera simple : se changer les idées, voyager. Mais ce voyage, Porphyre tirera sans doute un profit spirituel : il se retrouvera lui-même, loin de la fièvre de Rome, loin des ambitions et des rivalités, qui sont peut-être la véritable cause de sa mélancolie.
p.159–160
Cette douceur de Plotin est une attitude consciente qui suppose toute son expérience spirituelle. Il faut accepter le monde sensible parce qu’il est la manifestation du monde des Formes :
« Ils [les gnostiques] diront peut-être que leurs discours ont pour effet de faire fuir loin du corps en s’en éloignant avec haine, tandis que nos discours retiennent l’âme près de lui. Mais c’est comme si deux hommes habitaient la même maison. L’un [le gnostique] en critiquerait la construction et le constructeur, tout en continuant d’y habiter ; l’autre [le platonicien] ne les critique pas. Il dit même que l’architecte l’a bâtie avec beaucoup d’art ; et il attend que vienne le temps où il s’en ira, quand il n’aura plus besoin de maison. (II 9, 18, 1.) Celui qui se plaint de la nature du monde ne sait pas ce qu’il fait et jusqu’où va son audace. C’est qu’il ignore l’ordre continu des choses, des premières aux secondes, puis aux troisièmes, et ainsi de suite jusqu’aux dernières, et il ne sait pas qu’il ne faut pas insulter des êtres parce qu’ils sont inférieurs aux premiers ; mais il faut accepter avec douceur la nature de tous les êtres. (II 9, 13, 1.) »
p.161
« La partie inférieure de l’âme sera comme un homme qui vit près d’un sage et qui profite de ce voisinage : ou bien il lui devient semblable ou bien il le respecte tellement qu’il n’ose rien faire de ce que l’homme de bien ne veut pas qu’il fasse. Il n’y aura pas de combat intérieur. Il suffit que soit présente la Raison ; la partie inférieure la respectera, en sorte que, si elle est troublée par quelque chose, c’est elle-même qui s’irritera de ne pas être restée en repos en présence de son maître, et c’est elle-même qui se reprochera sa faiblesse. (I 2, 5, 25) »
p.179–180
« La vie, qui surabonde dans l’univers, produit toutes choses et elle invente des formes de vie variées et elle ne se lasse pas de toujours créer des jouets vivants, beaux et gracieux. – Ces armées qui se font face et ces hommes, ces mortels ! S’avancent en bel ordre d’attaque, comme s’ils voulaient danser la pyrrhique, nous montre que les grandes affaires des hommes ne sont que des jeux… Oui, tout cela se passe comme sur des tréteaux de théâtre : ces meurtres et toutes ces morts et ces pillages de ville ! Tout cela, cela n’est qu’un changement de costume ou d’attitude, des lamentations et des gémissements d’acteurs. Et en effet, ici-bas, dans chacun de ces événements de la vie, ce n’est pas l’âme, celle qui est à l’intérieur, c’est seulement l’ombre extérieure de l’homme, qui pleure, s’afflige, prend toutes sortes d’attitudes, les hommes, sur ce théâtre qu’est la terre entière, jouant ainsi leur rôle sur de multiples scènes. Car telles sont les actions de l’homme qui ne sait vivre que les choses d’en bas et les choses extérieures : il ne sait pas que, même en versant des larmes, et même les prenant au sérieux, il joue. Seul ce qu’il y a de sérieux dans l’homme peut s’appliquer de manière sérieuse aux actions sérieuses ; le reste de l’homme n’est que jouet. Ceux qui ne savent pas être sérieux et qui ne savent pas qu’ils sont eux-mêmes des jouets, prennent leurs jouets au sérieux. Si, jouant avec eux, on éprouve les même sortes de malheurs qu’eux, l’on doit savoir, en déposant le masque de jeu que l’on avait revêtu, que l’on était tombé dans un jeu d’enfants. Et si Socrate joue, ce n’est assurément qu’avec le Socrate extérieur qu’il joue. (III 2, 15, 31.) »
p.193
L’homme est ainsi dans une position presque intenable. L’indicible vient rompre le tissu familier et confortable du quotidien. L’homme ne peut donc s’enfermer en celui-ci, y vivre totalement, s’en satisfaire. Mais s’il ose affronter le mystère, il ne pourra pas se maintenir dans cette attitude : il lui faudra revenir bien vite aux évidences rassurantes du quotidien. La vie intérieure de l’homme ne sera jamais pleinement unifiée ; elle ne sera jamais ni pure extase, ni pure raison, ni pure animalité. Cela, Plotin le savait déjà. Il acceptait avec douceur ces niveaux multiples et il cherchait seulement à réduire le plus possible cette multiplicité en détournant son attention du « composé ». Il fallait que l’homme apprît à se supporter lui-même.
p.209–211
En éditant les traités de son maître, Porphyre les a répartis selon un ordre systématique et arbitraire, sans tenir compte de l’ordre dans lequel ils avaient été composés. Il les a parfois découpés d’une manière conventionnelle. Il voulait en effet obtenir cinquante-quatre traités, c’est-à-dire un multiple des nombres parfaits six et neuf […]. Les Ennéades sont donc six groupes de neuf traités. Chaque groupe, selon Porphyre, est formé de traités se rapportant à des sujets communs : La première Ennéade correspondrait à des sujets de morale, la seconde, aux sujets de physique, la troisième aux sujets traitant du monde en général, la quatrième s’occuperait spécialement de l’âme, la cinquième de l’intelligence divine, la sixième enfin, du Bien ou de l’Un […]. Ceci nous révèle les véritables intentions de Porphyre. L’ordre systématique, qu’il a introduit artificiellement, correspond aux degrés de perfection de la vie spirituelle. Il a classé les traités de Plotin dans un ordre qui correspond à une division des parties de la philosophie qui distinguait trois étapes dans le progrès spirituel : La morale ou éthique y était placée au commencement pour assurer la purification initiale de l’âme indispensable à la progression ultérieure ; la physique venait ensuite pour achever la purification en révélant la vanité des choses sensibles ; venait enfin l’époptique (selon un terme emprunté aux mystères d’Eleusis) ou la métaphysique, qui livrait à l’âme parfaitement purifiée la révélation suprême des choses divines. Cette division des parties de la philosophie se retrouve chez Plutarque […], Théon de Smyrne […], Clément d’Alexandrie […], Origène […]. Elle jouera un grand rôle dans la mystique chrétienne.
Mais l’ordre systématique introduit par Porphyre est d’autant plus arbitraire que la plupart des traités de Plotin traitent à la fois de morale, de physique et de métaphysique et ne se laissent pas enfermer dans les classifications scolaires. Ce sont toujours des écrits de circonstance : « Il en tirait les sujets des problèmes qui se présentaient », dit lui-même Porphyre […].
Heureusement, Porphyre nous a conservé dans sa Vie de Plotin […], une liste chronologique des traités et on a tout lieu de croire qu’elle est exacte au moins dans ses grandes lignes. Elle nous fournira donc l’ordre à suivre dans la lecture de Plotin.
Merci
La question de la chute ou de l’erreur divine, versus la voie de l’acceptation, voire celle de l’émerveillement , sont si souvent évoquées, et de manière pérenne, qu’il conviendrait d’y trouver une réponse claire, si c’était possible.
Le vouloir suffit, ainsi que le premier pas, la bêtise étant d’espérer atteindre le terme, ou pire de croire le chemin accompli.
Elle ( la question) fut cause ou prétexte de génocides, c’est pas rien …
L’indicible est à dire, impudique et nécessaire maladresse, mais bien sûr dans l’idée que dire c’est rêver, ou pire s’égarer. Mettre des mots sur le Mystère pour le nettoyer de sa qualité de mystère ne peut que travestir l’inconnu.
Nous n’aurons jamais de réponse aux questions que seul nous pose un sentiment ; ce sentiment assez largement partagé qui nous susurre et peut être nous trompe, qu’il y aurait en nous autre chose que l’immédiate apparence, autre chose que l’intelligence, autre chose que le désir et la satisfaction, autre chose que le sourire et les larmes, autre chose que l’amitié, l’amour, la haine, la peur, autre chose que ces paysages intérieurs ou extérieurs que nous appelons la vie, autre chose que la croissance et la déliquescence des fleurs, dont nous partageons le destin.
Je me promène au jardin et y contemple mes soeurs, qui me disent qui je suis. C’est apaisant, résolvant.
Mais nous pouvons cependant jouer.
Et si vivre était un métier que nous aurait assigné l’ordre des choses, et leur désordre (?)
Ordre et désordre harmonieusement organisés pour nous fournir le job.
Car enfin, imaginons le paradis des cieux qui serait le pays des âmes sans corps, où nulle passion ne viendrait ternir une immuable sérénité, nulle passion, mais non plus nulle jouissance.
Ne serait il pas mort ce paradis idéal, ou mortellement triste ?
Car enfin, imaginons le gemme initial du cosmos, noir ou éclairé, voire resplendissant, mais sans vie, sans âme ni corps pour le détester ou l’aimer, ni personne pour l’admirer ni le coloniser.
Existerait il seulement ?
Le monde physique existerait il sans l’esprit qui l’observe, sans la vie qui l’occupe, en jouit ou en souffre, tente de le façonner à l’image de son bonheur, avec des hauts et des bas, des bas souvent tragiques, des hauts himalayens.
Il y aurait donc dans le fait d’être en vie un métier, de couturier ou de tailleur, dont l’intention serait d’apparier ces deux mondes dits d’en haut et d’en bas, afin de leur accorder à tous deux l’existence d’un amour fusionnel, insécable.
Survient alors ce paradoxe étrange que je dois jouer le jeu pour en assumer l’intention, que je dois me plier à l’illusion pour qu’elle soit pleinement efficace. Ce seraient mes folies autant que mes sagesses qui autoriseraient l’accomplissement.
En vertu des espoirs qui me sont conférés, je sors un peu ici de la dualité qui angoisse, m’écarte du concept de chute, du classement des mondes en bon et mauvais, divin/charnel, et m’engage dans ce métier de petite main de l’Histoire, avec plaisir 🙂
Sur la Chute, un concept à part entière, on trouve dans l’école de Plotin une ‘explication’ des gnostiques. « Pour eux, les âmes étaient tombées dans le monde sensible à la suite d’un drame extérieure à elles. »
explication classique mais éminemment mystérieuse qu’il serait réducteur de voir seulement comme une ‘erreur divine’.
Autant son origine reste mystérieuse, autant la développement du concept de Chute nous permet de le comprendre jusqu’à l’épuisement !
Pour vous situer le tableau :
« c’était mieux avant »
« le temps passe de plus en plus vite »…
Les ‘constantes’ de notre environnement qui sont toujours pires ; degré de radioactivité, pollution en tout genres, épuisement des ressources, extinction des espèces, etc…
Nos conditions politiques toujours pires, je ne vous fait pas de dessein…
La perspective transhumaniste qui incarne l’objectivation du progrès est un des derniers et des plus beau fleuron de cette chute qui ne cesse de nous surprendre par son ampleur et sa profondeur et sa vitesse.
Même les ‘scientifiques’ l’ont conceptualisé, je sais qu’en général ils s’en défendant mais le concept d’entropie recouvre exactement le travail de la chute. Tout part en couilles en permanence (si vous me passez l’expression). On y comprend même l’importance du concept de Chute en ce que pour définir ce qui nie la chute, (que chacun d’entre nous s’approchant inéluctablement de la mort ne peut entendre comme une ‘chose’ positive), ils produit ‘néguentropie’. Donc qualifie d’un nom négatif les seules choses qui soient positives.…
le Titanic fournit une belle illustration de ce qu’est la chute, un drame dont on ne se relève que si on peut grimper dans un canot de sauvetage, en attendant le prochain naufrage… et le prochain canot de sauvetage, toujours plus petit…
cette histoire, cette chute abyssale n’a pas de remède ou seulement provisoires, pour lesquels il vaut le coup de se battre le temps ‘de comprendre la néguentropie’, le temps de reconstruire et d’accéder au réel, tel que le définit par exemple le Védanta.
Le Védanta résume assez bien Plotin, par anticipation si je peu me permettre en énonçant que seul ce qui dure éternellement et qui est parfait est réel, le reste sans pour autant être illusoire, n’est pas réel.…
À nous de voir à quoi nous nous attachons.
Lecture croisée imaginative : 2 hypothèses de départ :
1) Yi Jing : Les hexagrammes 29 (eau->eau) et 30 (feu->feu) partagent le même commentaire de la « 10°Aile » (Traditionnellement attribué à Confucius) : « Filet d’oiseleur (30) vers le haut et S’entraîner au passage des ravins (29) vers le bas. »
2) Grimaldi dans « Les idées en place », PUF, chapitre « Substance » p.346–347 : « Ainsi Leibniz avait-il montré, après bien des hésitations, que la monade (c’est-à-dire la substance) est constitué de deux tendances adverses dont l’une est indéfiniment active et l’autre tout aussi originellement passive. Comme l’âme est le dynamisme par lequel tout être vivant tend à développer et à accomplir tout ce qui est inscrit en lui dès le commencement, et comme le corps est cette portion de matière qui lui est unie et qui résiste au changement, le retarde, et impose ainsi des délais à son accomplissement, cette union d’une âme et d’un corps fait de toute monade l’unité d’une dualité. En même temps qu’elle tend à développer tous les prédicats contenus dans sa notion, une part inséparable d’elle-même tend, à l’inverse, à conserver l’état présent et résiste au changement. Aussi n’en finit-elle pas d’avoir à être ce qu’elle est. Du perpétuel délai que la dualité de son être lui impose s’ensuit sa perpétuelle inquiétude. A son désir d’expressivité et de développement, sans cesse le présent oppose sa résistance. Aussi n’a‑t-elle ni paix ni connivence avec lui, faute de pouvoir jamais se reconnaître en lui. Ayant partie liée avec l’avenir, elle ne peut que s’écarter et s’impatienter du présent. La substance ne peut plus, dès lors, être définie par sa permanence et son immutabilité, mais seulement par son identité à travers le temps. La substance, en ce sens, c’est l’individu. L’individu, c’est l’unité diachronique d’un même être, se déployant dans le temps, gardant des traces de tout son passé et portant en lui une anticipation de tout ce qu’il sera. Ainsi sommes-nous amenés à pressentir que la véritable réalité substantielle est celle de la vie. »
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Par la suite : « p. … : » correspond à des citations du chapitre « Démocratie » de Grimaldi et [n° : …] désigne les hexagrammes avec une partie de leur introduction respective.
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p.146 : « Selon Platon, qui pouvait en avoir gardé quelque cuisant souvenir, la démocratie est le plus charmant, le plus délicieux, en même temps que le moins contraignant des régimes. Rien ne le caractérise mieux que la liberté qu’y a chacun de faire ce qu’il veut. Nul ne s’y laissant rien imposer par personne, un tel régime est aussi incompatible avec aucune hiérarchie qu’avec aucune discipline. Aussi n’y en a‑t-il pas qui ressemble davantage à l’anarchie. »
[14] Ciel->feu : GRAND REALISE : « GRAND REALISE, c’est rendre réel. Le moment correspond à un souffle créateur qui permet de passer du projet à la réalisation, du latent au patent, du virtuel au manifesté. L’aptitude de ce qui est élevé à se concrétiser est à l’œuvre, ce qui rend possible de matérialiser les projets avec aisance. Le nom de l’hexagramme peut se lire de différentes manières : « pouvoir de réalisation de ce qui est grand », « grand pouvoir de réalisation », « pouvoir de réalisation en grand ». Toutes ces lectures ont un point commun : Le Grand a lieu, il s’exprime et fait advenir les choses. L’hexagramme ne traite donc pas de possessions ou d’opulence : il n’évoque pas un « avoir », mais un « avoir lieu ». Il ne s’agit pas non plus de l’être par rapport au non-être – notions trop fixes pour l’esprit chinois et étrangères au « Livre des changements » – mais d’un passage du virtuel au réel. »
(NB : 14⁄1 : « Absence de relation avec ce qui nuit. Aucune faute. Difficultés donc absence de faute. »)
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p.146 suite : « De là vient que chacun ne tarde pas à s’en remettre à n’importe quel tyran pour en être protégé. »
[7] Eau->terre : ARMEE : « Armée, c’est l’état de guerre, la mobilisation de toutes les forces contre un péril qui menace le territoire. C’est l’état d’exception qui exige l’instauration d’une discipline sévère, le regroupement de toutes les forces autour d’une autorité appropriée et leur convergence vers un seul objectif. L’Armée, c’est le temps où seule la bannière de général en chef flotte sur les remparts. »
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p.146 suite : « Car l’autre, l’imprévisible, l’indiscipliné, c’est aussi celui dont il y a tout à craindre. »
[36] Feu->terre : LUMIERE OBSCURCIE (OISEAU BLESSE) : « Lumière obscurcie est une situation d’étouffement, une oppression pénible, dont il faut se protéger de manière intelligente endurante afin que les talents et capacités propres ne soit pas définitivement annihilés. La tyrannie subie est d’autant plus cruelle que, à la différence du contexte conflictuel décrit par « Plaider sa cause » (6), on est confronté à cette oppression à son corps défendant. »
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p.146 suite : « Par ailleurs, aussi tolérant à toutes les opinions que soit un tel régime, une seule chose lui est pourtant absolument intolérable : c’est qu’un citoyen prétende avoir quelque mérite qu’un autre n’aurait pas. Car la démocratie qui souffre tout ne peut souffrir la moindre inégalité. Aussi le paradoxe de la démocratie est-il d’accueillir toutes les différences, mais sans pouvoir admettre aucune distinction. »
[13] Feu->ciel : S’ENTENDRE AVEC TOUS : « S’entendre avec tous, c’est aller vers l’autre. C’est faire entendre à autrui sa différence tout en accueillant la sienne afin que chaque partie inscrive sa spécificité dans une organisation harmonieuse. Tout comme un bol et son couvercle – c’est ce que dessine l’idéogramme, concordent en emboîtant leurs disparités, il s’agit ici de s’accorder entre êtres humains malgré, et avec, les particularités de chacun. Le moment n’est pas à s’abandonner à un sentiment d’affection universelle, mais à accomplir le difficile parcours entre espoirs de fraternité et leur passage au crible de la réalité.
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p.146–147 suite : « Sans doute est-ce cela même qui a rendu Socrate insupportable à la démocratie athénienne. N’avait-il pas osé dire que le tirage au sort était une folie, comme si tous n’étaient pas égaux ? Ne montrait-il pas, à toute occasion, comme ceux qu’on avait désignés pour occuper les plus hautes fonctions n’avaient-ils pas la moindre capacité pour les exercer, comme si certains étaient plus capables que d’autres ? »
[35] Terre->feu : AVANCER AU GRAND JOUR : « Avancer au grand jour, c’est se montrer et montrer de quoi on est capable. Il s’agit d’assumer une charge difficile sur un chemin parsemé d’obstacles, ce qui exige de vaincre ses réticences pour s’avancer en pleine lumière. Cette sortie de l’ombre a pour image principale un grand vassal mis à l’honneur par son suzerain, et appelé à exercer ses talents au service de l’Etat. »
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p.147–148 suite : « Ce prurit d’égalité et si inhérent à l’esprit démocratique qu’il identifie spontanément tout mérite à une exception, et toute exception à un privilège. Aussi Montesquieu considérait-il le tirage au sort comme le plus conforme à l’égalitarisme démocratique. Sans plus de considération personnelle que si l’on avait affaire à des numéros, ainsi chacun pouvait-il être désigné pour n’importe quelle charge indépendamment de sa compétence, de son habilité ou de son talent. Quelque satisfaction qu’une démocratie puisse tirer d’un mode aussi aveugle de désignation, l’ensemble du corps social n’en a pas moins intérêt à choisir pour chaque fonction le plus habile à l’exercer. Aussi Montesquieu avait-il observé que le bon sens populaire confiait presque infailliblement au plus expérimenté le soin de désigner les plus aptes à l’exercice d’une fonction. C’était, sous la pression du besoin et instruit par l’expérience, reconnaître quelque droit au mérite, et, par le fait, introduire les rudiments d’un principe aristocratique. Comme Rousseau après lui, Montesquieu avait corrigé la description que Platon avait faite de la démocratie. Serait démocratique tout régime qui ferait participer le peuple tout entier non seulement à la délibération et à la promulgation de ses lois, mais aussi à la désignation de ceux auxquels il confierait de les faire appliquer. Il suffit d’avoir énoncé le principe pour comprendre qu’une telle démocratie suppose une population si peu nombreuse et si ramassée que les capacités de chacun y seraient connues de tous, et que les intérêts de tous seraient pris en compte par chacun. Comme l’avait parfaitement vu Rousseau, il n’y a pas de démocratie possible en des nations si vastes qu’on ne saurait jamais en réunir tous les membres, aux régions si éloignées que les besoins des unes n’y seraient pas identique à ceux des autres, et aux populations si diverses que leurs intérêts ne sauraient être communs. »
[8] Terre->eau : ALLIANCE : « Alliance est élection d’un centre autour duquel des forces disparates viennent se constituer en un ensemble hiérarchisé. Cette convergence de toutes les composantes d’un groupe ou d’un individu s’organise autour d’un but ou d’un projet choisi comme primordial en la circonstance. L’établissement de ce pôle fédérateur nécessite de savoir à la fois faire le point des forces en présence et franchir le pas de la décision, deux opérations qui sont précisément celles que l’on effectue lorsqu’on interroge le Yi Jing. Qu’il soit question de tirage dans le jugement de cet hexagramme montre bien qu’il s’agit ici de sortir de l’inquiétude et de se centrer. La forme de la figure, composée majoritairement de traits yin, est à l’image de ce processus d’organisation. Il n’est d’ailleurs pas impossible que le choix de placer cet hexagramme en huitième position soit un écho à la signification générale du chiffre huit comme emblème de la bonne organisation d’un ensemble. »
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p.149 : « Autant reconnaître, par conséquent, que toute la vie démocratique se résume aux rivalités qui s’exercent à l’intérieur des partis, et qu’elle s’y résume de façon bien plus oligarchique encore, au pouvoir qu’y ont une vingtaines de personnes d’accorder à tel ou tel l’investiture du parti. Quand cette démocratie compterait soixante millions d’hommes, il n’y aurait guère que soixante d’entre eux à presque tout décider à l’écart de tout le monde. Ce serait donc encore trop accorder au peuple que de considérer ces démocraties comme des oligarchies partisanes (ce qu’elles sont en effet), puisque ce ne sont en effet que quelques personnes, dans quelques comités et dans quelques commissions, qui y décide tout. »
[5] Ciel->eau : ATTENDRE : « Attendre, c’est apprendre à différer. Lorsque ce qui est ardemment désiré est remis à plus tard, la tendance naturelle est de tomber dans une anxiété irrépressible et de se mettre à tourner en rond en rongeant son frein. Quelque impérieux puissent être le désir ou le besoin, on ne doit pas gâcher une situation riche de promesses en se laissant gagner par l’énervement ou l’impatience. L’attente ne doit pas pour autant être un moment de solitude renfrognée et inquiète, mais une période où la communication est entretenue dans la confiance et la bonne humeur. »
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p.149 suite : « Aussi amenuisé que soit l’exercice de la démocratie, trois problèmes n’en restent pas moins posés. Le premier est celui de savoir ce que représentent les députés de la nation. […] Le deuxième problème consiste à s’interroger sur leurs compétences pour légiférer. […] Le troisième, qui relève peut être plus de la morale que de la politique, porte sur la véritable motivation de ceux qui osent quémander comme une faveur ou comme un privilège l’accablant honneur de représenter le peuple. »
[6] Eau->ciel : PLAIDER SA CAUSE : « Plaider sa cause, c’est sortir d’une controverse. Faisant aussi bien référence aux plaintes des plaideurs – l’idéogramme signifie « parler devant le prince » – qu’aux joutes printanières qui présidaient dans l’antiquité aux rencontres amoureuses, cet hexagramme concerne toutes sortes de discordes, y compris les tiraillements entre différentes tendances d’une même personne. Axé sur la résolution du conflit, Plaider sa cause pose le débat et la discussion, la souplesse, et la modération comme principales manières d’aboutir à un nouveau départ. »
(NB : Cf. note sur 6/J : « Passer le grand fleuve : Formule mantique spécifique signifiant qu’il faut oser vaincre sa peur, sortir de chez soi, se jeter à l’eau. Le moment requiert de dépasser son fonctionnement habituel et de mettre à l’épreuve ses capacités en accomplissant le pas nécessaire pour aborder à des rives nouvelles. « Plaider sa cause » est le seul hexagramme où cette stratégie est considérée comme contre-productive (pas profitable de) car, en pareille situation, il est préférable de vérifier ses affirmations à l’aune de ses repères personnels, plutôt que de chercher à les appliquer au territoire d’autrui. »)
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p.150 : « Aussi la principale responsabilité de ceux qui la représentent est-elle moins d’y exercer le pouvoir avec plus ou moins d’habilité, de discernement et de compétence, que de ne pas l’avilir et de la déconsidérer au point que le peuple viennent à lui préférer n’importe quoi, pourvu qu’on en finisse avec cette dérision. Chaque démocrate devrait donc méditer la leçon platonicienne. »
* Anecdote sur Pyrrhon : Cf. Hadot dans « Qu’est-ce que la philosophie antique ? » (Folio) p.152–153
« Notamment un philosophe de l’école d’Abdère, Anaxarque, et l’élève de celui-ci, Pyrrhon d’Elis, avaient accompagné le conquérant jusqu’en Inde, et l’on racontait que Pyrrhon, à son retour, vécut retiré du monde, parce qu’il avait entendu un Indien dire à Anaxarque qu’il était incapable d’être un maître, puisqu’il fréquentait les cours royales. Dans ces contacts, il ne semble pas y avoir eu véritablement des échanges d’idées, des confrontations de théories. Du moins, nous n’en avons aucune trace évidente. Mais les Grecs furent impressionnés par le mode de vie de ceux qu’ils appelèrent les « gymnosophistes », les « sages nus ». L’historien et philosophe Onésicrite, qui participa lui aussi à l’expédition et en écrivit un récit peu de temps après la mort d’Alexandre, rapporta force de détails sur leurs mœurs, sur leur suicide par le feu. Les philosophes grecs eurent l’impression de retrouver chez les gymnosophistes la manière de vivre qu’ils recommandaient eux-mêmes : la vie sans convention, selon la pure nature, l’indifférence totale à ce que les hommes considèrent comme désirable ou indésirable, bon ou mauvais, indifférence qui conduisait à une parfaite paix intérieure, à l’absence de troubles. Démocrite, le maître d’Anaxarque, avait lui-même prôné cette tranquillité de l’âme. Les cyniques affectaient de mépriser toutes les conventions humaines. Mais ils découvraient chez les gymnosophistes cette attitude porté à l’extrême. Comme le dira le stoïcien Zénon, probablement à propos du suicide du sage hindou Calanus, qui était entré en contact avec Alexandre : « Je préfère voir un seul Indien brûlé à petit feu que d’apprendre abstraitement toutes les démonstrations que l’on développe sur la souffrance. » Et sans aller jusqu’à ces situations dramatiques, ce que les Anciens nous rapportent du mode de vie de Pyrrhon marque un tel degré d’indifférence à toutes choses que l’on ne peut s’empêcher de penser qu’il s’efforçait d’imiter ce qu’il avait vu en Inde. On remarquera par ailleurs l’extrême subjectivisme d’Anaxarque qui disait que les êtres existants n’étaient pas plus réels qu’un décor de théâtre et qu’ils ressemblaient aux images qui apparaissent à ceux qui rêvent ou qui sont dans un état de folie. On pourrait penser ici à une source orientale, mais il ne faut pas oublier que son maître Démocrite, fondateur de l’école d’Abdère, opposait déjà radicalement la réalité en soi, c’est-à-dire les atomes, et les perceptions subjectives des sens. »
* Anecdote sur Marc Aurèle : Cf. Hadot dans « La citadelle intérieure » (Fayard).
p.328–329
« Renan, en effet, comme bien d’autres historiens à sa suite, s’est trompé sur la signification que prend, chez Marc Aurèle, le fameux dilemme : Ou la Nature ou les atomes. […] Tout d’abord, Marc Aurèle ne l’a pas inventé : il était traditionnel dans l’école stoïcienne. D’autre part, ce raisonnement avait été élaboré par les stoïciens pour établir, d’une manière irréfutable, que, même si l’épicurisme était vrai (hypothèse qu’ils excluaient totalement), il faudrait quand même vivre en stoïcien, c’est-à-dire qu’il faudrait agir selon la raison, en considérant le bien moral comme le seul bien, même si tout, autour de nous, n’était que chaos et hasard. »
p.169–170
« La première opposition entre hasard [(hypothèse 1)] ou non-hasard, c’est-à-dire entre hasard et providence, est, comme Marc Aurèle le dit lui-même, une disjonctive, c’est-à-dire que l’un des opposé exclut totalement l’autre. Ils sont absolument incompatibles.
Les autres oppositions ne sont pas de véritables disjonctives. Ce sont ce que les historiens de la logique stoïcienne appellent des « subdisjonctives ». L’exclusion n’y est pas absolue, mais relative. Cela signifie que, pour Marc Aurèle, dans le même monde, certaines choses peuvent être produites par une action directe de la providence (hypothèse 2) et d’autres d’une manière seulement indirecte et dérivée (hypothèse 3). Ou encore, on peut dire que, dans le même monde, certaines choses peuvent être produites, soit par une impulsion générale initiale et unique de la providence (hypothèse 4), soit par une impulsion particulière qui se rapporte aux êtres raisonnables (hypothèse 5).
La distinction entre les hypothèses 2 et 3 a une importance capitale dans la perspective de la discipline du désir (VI, 36, 2) : « Tout vient de là-haut, ou bien sous l’impulsion du principe directeur universel (2), ou bien par voie de conséquence (3) (kat’epakolouthésin) : ainsi la gueule béante du lion et le poison et tout ce qui est désagréable : les épines, la fange, ne sont que des conséquences accessoires (epigénnemata) de ces choses d’en haut, vénérables et sacrées. Ne te représente donc pas ces choses qui viennent par voie de conséquence (3) comme étrangère à ce que tu vénères, mais remonte par le raisonnement jusqu’à la source de tout (2). »
p.177 (VII, 75) : « La Nature du Tout a donné autrefois l’impulsion [hypothèse 4], afin que se réalise la production du monde. Mais maintenant, ou bien tout ce qui se produit se produit en conséquence (kat’epakolouthésin) de cela [hypothèse 3], ou bien il y a un tout petit nombre de choses (oligista) – et ce sont les plus importantes – qui sont l’objet d’une volonté particulière [hypothèse 5] du principe directeur du monde. »
* Anecdote sur Hippocrate : Cf. « Hippocrate, L’art de la médecine » (GF Flammarion).
Note 25 p.300 :
« Nature de l’homme » est le premier traité à présenter une théorie aussi élaborée des quatre humeurs, avec un système quaternaire sans doute inspiré de la théorie des quatre éléments d’Empédocle, dont l’influence est sensible. C’est également l’un des premiers textes connus à faire de la bile noire une humeur sur le même plan que les autres. […]
Note 57 p.303 :
Plusieurs traités de la « Collection » offrent une description des vaisseaux et de leurs trajets. La plupart d’entre eux, […], placent l’origine des vaisseaux dans la tête ; d’autres, […] les font tous partir de gros vaisseaux situés dans le tronc ; enfin, il faut attendre le traité postaristotélicien du « Cœur », pour voir le cœur véritablement intervenir dans ces descriptions. Il faut rappeler que les médecins hippocratiques ne pratiquaient pas la dissection humaine, mais observaient des animaux morts, ou des malades très amaigris. […]
* Anecdote sur Jung : « Liber Novus » (L’iconoclaste).
p.630–631 : (Annexe B.)
« Le Vieux Sage représente un principe spirituel que l’on pourrait nommer Logos et la jeune fille un principe affectif non spirituel que l’on pourrait appeler Eros. Un descendant du Logos est le Nous, l’intellect, qui s’est débarrassé de la contamination par le sentiment, l’intuition et la sensation. Le Logos, en revanche, contient ce mélange. Il n’est cependant pas le produit de ce mélange, il serait sinon une vulgaire activité animale de l’âme ; au contraire, il maitrise le mélange de sorte que les quatre activités fondamentales de l’âme se soumette à son principe. Il est un principe formel autonome qui signifie compréhension, discernement, prévoyance, législation, sagesse. Le personnage du vieux prophète est donc une allégorie appropriée pour ce principe, puisque l’esprit prophétique réunit en lui tous ces attributs. En revanche, l’Eros est un principe qui contient certes tout autant un mélange de toutes les activités fondamentales de l’âme et qui les maîtrise dans la même mesure, mais sa finalité est tout autre. Il ne donne pas forme, il accomplit la forme, il est le vin qui est versé dans le récipient ; il n’est pas le lit et la direction du courant, mais l’impétuosité de l’eau qui y coule. L’Eros est désir, aspiration, force, exubérance, plaisir, passion. Le Logos est ordre et stabilité, l’Eros dissolution et mouvement. Ce sont deux forces fondamentales présentes dans l’âme, qui représente un couple de contraires dont chacun implique l’autre. L’âge du prophète exprime la stabilité, la jeunesse de la fille, le mouvement. Leur essence supra-personnelle s’exprime dans le fait qu’il s’agit de personnes appartenant à l’histoire universelle de l’humanité ; ils ne font pas partie d’une personne mais sont un contenu psychique des peuples depuis toujours. […] Cette force secrète est comme un sortilège, comme une magie, et provoque élévation autant que séduction. La caractéristique des images primordiale est qu’elles saisissent l’homme là où il n’est qu’un être humain et une force s’empare de lui comme si le peuple l’emportait dans la cohue. Et cela arrive même si la raison et le sentiment de l’individu s’insurgent. Que représente la force d’un individu face à la voix d’un peuple tout entier qui résonne en lui ? Il est captivé, happé et englouti. Rien n’exprime plus clairement cet effet que le Serpent. Il symbolise tous les aspects dangereux, tous les côtés malfaisants, nocturnes, inquiétant qui sont inhérents au Logos tout comme à l’Eros tant qu’ils peuvent agir en tant que sombres principes non reconnus de l’esprit inconscient. La maison exprime un domicile fixe, ce qui laisse entendre que Logos et Eros vivent en nous en permanence. »
p.637 : « La vue d’Eve entraîne vers une odyssée aventureuse, vers Circé et Calypso. La vue de la mère de Dieu, par contre, détourne du désir de la chaire et incite à vénérer l’esprit. Dans la chair, l’Eros est soumis à l’erreur, mais dans l’esprit, il s’élève au-dessus de la chair et au-dessus de l’infériorité dans l’erreur charnelle. Sous forme d’amour, il devient ainsi presque imperceptiblement esprit, domination de la chair, et du cocon de l’amour sort la puissance spirituelle qui croit certes aimer l’esprit, mais qui est en vérité et en réalité une domination de la chair. Et plus elle est puissante, moins elle est amour de l’esprit, plus elle est puissance charnelle. Ainsi, l’amour de l’esprit devient, parce qu’il domine la chair, l’instinct de puissance terrestre sous forme spirituelle. Le Christ a surmonté le monde en assumant la souffrance du monde. Le Bouddha a surmonté les deux, la jouissance et la souffrance du monde, en faisant fi de la jouissance et de la souffrance. Et il a ainsi régressé jusqu’au non-être, à l’état de non-retour. »
p.638 : « Mais voici le fâcheux inconvénient de la solution de filiation : tout enfant veut grandir. Etre enfant va de pair avec le désir ardent et l’impatience de devenir adulte. Si nous revenons à l’enfant pas peur des dangers de l’Eros, l’enfant va vouloir évoluer vers la puissance spirituelle. Mais si nous nous réfugions dans l’enfance par peur des dangers de l’esprit, nous succomberons à l’arrogance de la puissance érotique. »
p.645–650 : Annexe C.
« [Le texte qui suit est un fragment tiré du « cahier noir 5 », qui donne une idée provisoire de la cosmologie des « Sept sermons aux morts ». De nombreux aspects cités ne sont pas seulement éclairant pour les « Sermons », mais aussi pour le « Livre Rouge » dans sa totalité ; c’est pourquoi le texte est publié ici.]
16 janvier 1916.
Terrible est la puissance de Dieu.
Tu dois en apprendre plus à ce sujet. Tu es dans la deuxième ère. La première ère a été surmontée. Nous sommes à l’ère du règne du fils que tu appelles le dieu-crapaud. Une troisième ère suivra, l’ère de la répartition et de la puissance équilibrée.
Mon âme, où allais-tu ? Allais-tu voir les animaux ?
Je relie ce qui est en haut et ce qui est en bas. Je relie Dieu et l’animal. Une part de moi est animale, une part est Dieu, une troisième est humaine. Sous toi Serpent, en toi homme, au-dessus de toi Dieu. Au-delà du Serpent vient le Phallus, et plus loin la terre, et plus loin la lune et puis la froideur et le vide de l’espace cosmique.
Au-dessus de toi vient la colombe ou l’âme céleste, s’unissant dans l’amour et la prévoyance, comme s’unissent dans le Serpent venin et ruse. La ruse est la raison du Diable qui aperçoit toujours ce qui est encore plus petit et trouve des trous où tu n’en supposais aucun.
Si je ne suis pas composé de l’union de ce qui est en bas et de ce qui est en haut, alors je me dissocie en trois parties : le Serpent, et j’erre en tant que tel ou sous une autre forme animale, vivant la nature de manière démonique, inspirant la crainte et le désir ardent. L’âme humaine, ce qui vit toujours avec toi. L’âme céleste, qui fait que je réside près des dieux, loin de toi et inconnu de toi, apparaissant sous forme d’oiseau. Chacune de ces trois parties est alors autonome.
Au-delà de moi se trouve la Mère céleste. Son vis-à-vis est le Phallus. Sa mère est la terre, son but est la Mère céleste.
La mère céleste est la fille du monde céleste. Son vis-à-vis est la terre.
Le monde céleste est illuminé par le soleil spirituel. Son vis-à-vis est la lune. Et tout comme la lune est le passage vers la mort de l’espace, le soleil spirituel est le passage dans le Plérôme, le monde supérieur de l’abondance. La lune est l’œil divin du vide, tout comme le soleil est l’œil divin de la plénitude. La lune que tu vois est le symbole, tout comme le soleil que tu vois. Soleil et lune, plus précisément leurs symboles, sont des dieux. Il existe encore d’autres dieux, leurs symboles sont les planètes. La Mère céleste est un démon, en dessous du rang des dieux, une habitante du monde céleste.
Les dieux sont favorables et défavorables, impersonnels, âmes astrales, influences, forces, grands-pères des âmes, souverains du monde céleste, dans l’espace comme dans la force. Ils ne sont ni dangereux ni bienveillants, ils sont forts et pourtant dociles, spécifications du Plérôme et du vide éternel, configurations des attributs éternels.
Leurs nombre est immensément grand et conduit dans le supra-essentiel unique qui contient toutes les propriétés et n’en a lui-même aucune, un Néant et un Tout, la désagrégation totale de l’homme, mort et vie éternelle.
L’homme devient grâce au « principium individuationis ». Il aspire à être absolument unique ; ce faisant, il condense toujours plus la matière du Plérôme en état de dissolution absolue. Il transforme ainsi le Plérôme en point renfermant la plus haute tension, étant lui-même un astre resplendissant, d’une petitesse incommensurable tout comme le plérôme est d’une grandeur incommensurable. Plus le Plérôme est concentré, plus l’étoile de l’individu est forte. Elle est entourée de nuages lumineux, un astre en devenir, comparable à un petit soleil. Elle crache du feu. C’est pourquoi on dit [cf. note 1 : « Je suis une étoile qui chemine avec toi ». Citation de la liturgie de Mithra […]. Jung grava une reprise de cette phrase dans sa pierre de Bollingen.] Tout comme le soleil qui est aussi un tel astre, un Dieu et grand-père des âmes, l’étoile de l’individu, comme le soleil, est un Dieu et un grand-père des âmes. Elle est parfois visible, telle que je l’ai décrite. Sa lumière est bleue comme celle d’un astre lointain. Elle est loin dans l’espace, froide et solitaire, car elle est au-delà de la mort. Pour arriver à être uniques, nous avons besoin d’une grande part de mort. C’est pourquoi il est écrit [cf. note 2 : « Vous êtes des dieux » est une citation de Jean, 10, 33–34 : « Les juifs lui répondirent : ce n’est point pour une bonne œuvre que nous te lapidons, mais pour un blasphème, et parce que toi, qui es un homme, tu te fais Dieu. Jésus leur répondit : n’est-il pas écrit dans votre loi : « j’ai dit : Vous êtes des dieux ? » »], car tout comme les hommes qui dominent la terre sont innombrables, de même sont les astres, les dieux, souverains du monde céleste.
Ce Dieu est sans doute celui qui survit à la mort de l’homme. Celui pour qui la solitude est céleste va au ciel, celui pour qui elle est infernale va en enfer. Celui qui ne va pas au bout de ‘principium individuationis » ne devient pas Dieu, car il ne peut supporter d’être unique.
Les morts qui nous harcèlent sont des âmes qui n’ont pas accompli le « principium individuationis » ; ils seraient alors devenus des astres lointains. Dans la mesure où ne nous l’accomplissons pas, les morts ont un droit sur nous et nous harcèlent, et nous ne leur échappons pas.
Le Dieu des grenouilles ou des crapauds, sans cervelle, est l’union du Dieu chrétien et de Satan. Sa nature ressemble à la flamme, il est semblable à Eros mais il n’en est pas moins un Dieu alors qu’Eros est un démon.
« Le Dieu unique », à qui l’on doit adoration, est au milieu.
« Tu n’adoreras qu’un seul Dieu ». Les autres dieux sont sans intérêt. « C’est Abraxas qu’il faut craindre ». C’est pourquoi ce fut une délivrance lorsqu’il se sépara de moi. Tu n’as pas besoin de le chercher. Il te trouvera, tout comme l’Eros. Il est le Dieu de l’univers, extrêmement puissant et terrible. Il est la pulsion créatrice, il est forme et donne forme, autant matière qu’énergie, et par suite au-dessus de tous les dieux lumineux et obscurs. Il enlève les âmes et les jettent dans la procréation. Il est créateur et créature. Il est le Dieu qui se renouvelle constamment, dans le jour, dans le mois, dans l’année, dans la vie humaine, dans l’époque, dans les peuples, dans le vivant, dans les astres. Il contraint, il est impitoyable. Si tu l’adores, tu augmentes la force qu’il exerce sur toi. Elle devient alors insupportable. Tu auras toutes les peines du monde à te libérer de son emprise. Plus tu te libères de lui, plus tu te rapproches de la mort, car il est la vie du Tout. Mais il est également la mort universelle. C’est pourquoi tu lui succombes, non pas dans la vie, mais dans l’agonie. En conséquence, souviens-toi de lui, ne l’adore pas, mais n’imagine pas non plus que tu puisses lui échapper, car il est partout autour de toi. Il faut que tu sois en plein dans la vie, encerclé par la mort. Ecartelé, comme un crucifié, tu es accroché en lui, le terrible, le plus que puissant.
Mais tu as en toi le Dieu « unique », celui qui est singulièrement beau et généreux, solitaire, semblable à une Etoile, immobile, celui qui est plus âgé et plus sage que le Père, celui qui a une main assurée, qui te guide dans toutes les ténèbres et toutes les frayeurs mortelles du terrible Abraxas. Il donne joie et paix car il est au-delà de la mort et au-delà des vicissitudes. Il n’est pas un serviteur ni un ami d’Abraxas. Davantage : il est lui-même un Abraxas ; il ne l’est cependant pas pour toi, mais en lui-même et dans son monde lointain, car tu es toi-même un Dieu qui habite des espaces lointains et se régénère dans ses époques et ses créations et ses peuples, aussi puissant pour eux qu’Abraxas l’est pour toi.
Tu es toi-même créateur du monde et créature.
Tu as le Dieu « unique », tu deviens ton Dieu « unique » parmi les innombrables dieux.
Tu es en tant que Dieu le grand Abraxas de ton monde. Mais en tant qu’homme, tu es le cœur du Dieu unique qui apparaît à son monde comme le grand Abraxas, celui que l’on craint, qui est puissant, qui rend fou, qui distribue l’eau de la vie, l’esprit de l’arbre de vie, le démon du sang, celui qui apporte la mort.
Tu es le cœur souffrant de ton Dieu astral unique qui est l’Abraxas de son monde.
Puisque tu es le cœur de ce Dieu, cherches-le, aimes-le, vis pour lui. Crains l’Abraxas qui régit le monde des humains. Accepte ce à quoi il t’oblige, car il est le souverain de la vie en ce monde et personne ne lui échappe. Si tu n’acceptes pas, il te fait mourir sous la torture et le cœur de ton Dieu souffre, tout comme le Dieu « unique » du Christ a souffert le pire dans la mort de ce dernier.
La souffrance de l’humanité est sans fin, car sa vie est sans fin. Car il n’y a pas de fin si personne ne voit qu’il y a une fin. Quand l’humanité est à son terme, il n’y aura personne pour voir sa fin et il n’y aura personne qui pourrait dire que l’humanité a une fin. Elle n’a donc pas de fin pour elle-même, mais elle en a une pour les dieux.
La mort du Christ n’a pas supprimé les souffrances du monde, mais sa vie nous a beaucoup appris : à savoir qu’il plaît au Dieu « unique » que chaque individu vive sa propre vie en bravant la force d’Abraxas. Cela permet au Dieu « unique » de se libérer de la souffrance de la terre dans laquelle son Eros l’avait plongé ; car lorsque le Dieu « unique » vit la terre ; il la désira ardemment pour procréer et oublia qu’un monde lui était déjà donné où il était Abraxas. Ainsi le Dieu unique se fit homme. Ainsi l’Unique, à son tour, élève l’homme vers lui et en lui, afin que l’unique redevienne entier.
L’homme ne se libère pas de la puissance d’Abraxas en se soustrayant de la puissance d’Abraxas – personne ne peut s’y soustraire, mais en s’y soumettant. Même le Christ dut se soumettre à la puissance d’Abraxas et Abraxas le tua cruellement.
Ce n’est qu’en vivant la vie que tu t’en libères. Vis-la donc dans la mesure où tu y a droit. Dans la mesure où tu la vis, tu succombe aussi à la puissance d’Abraxas et à ses terribles duperies. Mais en même temps, en toi, le Dieu stellaire gagne en désir et en force, car le fruit de la supercherie et de la déception de l’homme lui revient. Douleur et déception emplissent de froideur le monde d’Abraxas, toute ta chaleur vitale descends lentement dans les profondeurs de ton âme, au centre de l’homme, là où s’estompe la lumière astrale, bleue, lointaine, du Dieu unique.
Si tu fuis Abraxas par peur, tu échappes à la souffrance et à la déception et tu restes alors attaché à Abraxas par la peur, autrement dit par un amour dont tu n’es pas conscient et ton Dieu « unique » ne peut pas s’enflammer. Mais par la douleur et la déception, tu te libères, car alors ton désir tombe de lui-même comme un fruit mûr dans les profondeurs, par la force de la pesanteur, cherchant le centre où naît justement la lumière bleue du Dieu astral.
Alors ne fuis pas Abraxas, ne le cherches pas. Tu ressens sa contrainte, ne lui résiste pas afin que tu vives et payes ta rançon. Il faut réaliser les œuvres d’Abraxas, car, penses‑y, dans ton monde tu es toi-même Abraxas et tu obliges ta créature à réaliser tes œuvres. Ici où tu es une créature soumise à Abraxas, tu dois apprendre à réaliser les œuvres de la vie. Là où tu es Abraxas, tu obliges tes créatures à le faire.
Tu demandes pourquoi tout cela est ainsi ? Je comprends que cela te sembles douteux. Le monde est douteux. Il est l’infiniment grande folie des dieux dont tu sais qu’elle est infiniment sage. Il est certain qu’il est aussi une vilenie, un péché impardonnable et par suite aussi l’amour et la vertu les plus nobles.
Alors vis la vie, ne fuis pas Abraxas dans la mesure où il t’oblige à reconnaître sa nécessité, et où tu en es capable. Dans un sens, je dis : Ne le craint pas, ne l’aime pas. D’un autre côté, je te dis : Crains-le, aimes-le. « Il est la vie de la terre », cela t’en dit suffisamment. Tu as grand besoin de reconnaître la multiplicité des dieux. Tu ne peux pas tout réunir en un seul être. Tout comme tu n’es pas un avec la multiplicité des hommes, le Dieu unique n’est pas un avec la multiplicité des dieux. Ce Dieu « unique » est bienveillant, aimant, il guide et guérit. Tu lui dois tout ton amour et ton adoration. C’est lui que tu dois prier, c’est avec lui que tu ne formes qu’un, il est proche de toi, plus proche que ton âme.
Moi, ton âme, je suis ta mère qui t’entoure, tendre et effroyable, celle qui te nourrit et te pourrit, je te prépare manne et poison. J’intercède pour toi auprès d’Abraxas. Je t’enseigne les arts qui te protègent d’Abraxas. Je me tiens entre toi et Abraxas, celui qui entoure tout. Je suis ton corps, ton ombre, ton effet en ce monde, ton apparition dans le monde des dieux, ton éclat, ton souffle, ton odeur, ta force magique. C’est moi qu’il te faut invoquer si tu veux vivre avec des humains, mais invoque le Dieu « unique » si tu veux t’élever au-dessus du monde des humains jusqu’à la solitude éternelle et divine et l’Etoile. »
Annexe A : http://carl-gustav-jung.blogspot.fr/2012/11/systema-mundi-totius.html
Effet de la guerre ? :
p.227 dans « Psychothérapie » de Von Franz : « […] La poussée vers la totalité est la pulsion la plus forte dans l’homme. Au fond elle se dissimule derrière les passions plus profondes qui se manifestent au cours du transfert. A la fin de sa vie, Jung confessa ne pas savoir exprimer les paradoxes de l’Eros, ni oser le faire : « Eros est un kosmogonos, un créateur, père et mère de toute conscience […] S’il (l’homme) possède un grain de sagesse, il déposera les armes et appellera « ignotum per ignotius » – une chose ignorée par une chose encore plus ignorée – c’est-à-dire du nom de Dieu. » Et, lors d’un entretien, il dit : « Le problème de l’amour est difficile au point que vous pouvez vous estimer heureux si, à la fin de votre vie, vous pouvez affirmer que personne n’a fait naufrage à cause de vous. »
(Ps : le « Livre Rouge » ne fut publié à titre posthume qu’en 2009)
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Spécial Père Attali :
http://blogs.mediapart.fr/blog/dominique-g-boullier/070915/entretien-dans-le-monde-sur-les-sciences-sociales-3g-et-le-big-data
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Spécial Père Onfray « Philosophe au marteau » :
1) Citation de Zhuang Zi dans l’introduction de l’hexagramme 17 (tonnerre -> brume) « Suivre » [du chinois : « SUI » : Suivre, se conformer à. Suivant, selon, d’après, conformément à. Ensuite. Au fur et à mesure. Etc.]
« Le boucher du prince Wen Hui dépeçait un bœuf avec un rythme musical. « Eh bien ! lui répondit le prince, comment ton art peut-il atteindre un tel degré ? » Le boucher dit : « J’aime le Tao. Un bon boucher use un couteau par an parce qu’il ne découpe que la chair. Un boucher ordinaire use un couteau par mois parce qu’il le brise sur les os. Le même couteau m’a servi depuis dix-neuf ans. […]. Les jointures des os contiennent des interstices et le tranchant du couteau n’a pas d’épaisseur. Celui qui connaît la conformation naturel du bœuf sait glisser le mince tranchant dans ces interstices. Il agit avec aisance parce qu’il opère par le vide. –Très bien, dit le prince après avoir entendu les paroles du boucher, je saisis l’art de me conserver. »
2) Cynique, vous avez dit cynique ? (En Chine, le 8 c’est l’ordre, le 9 c’est l’imagination et le 10 c’est le (grand) Tout.)
Cf. note p.91–92 sur https://books.google.fr/books?id=1q9jLMaa5TQC&pg
« Il y a, dans le fargard cité du Vendidad –Sadé [=> Zoroastre], une espèce d’éloge du chien, assez bizarre pour être rapporté. Cet animal a, dit-on, huit qualités. Il est comme le prêtre, comme le militaire, comme le laboureur, comme l’oiseau, comme le voleur, comme la bête féroce, comme la femme de mauvaise vie, comme la jeune personne : comme le prêtre, en ce qu’il mange ce qu’il trouve, qu’il est heureux et bien faisant, qu’il se contente de tout, et éloigne ceux qui s’approchent de lui ; comme le militaire, en ce qu’il marche en avant, rode autour des lieux, et frappe les troupeaux purs en les conduisant ; comme le laboureur, en ce qu’il rode aussi devant et derrière les lieux, et qu’il est actif et vigilant pendant le sommeil ; comme l’oiseau, en ce qu’il est gai, s’approche de l’homme et se nourrit de ce qu’il peut prendre ; comme le voleur, en ce qu’il agit dans l’obscurité, est exposé à ne rien manger, et reçoit souvent quelque chose de mauvais ; comme les bêtes féroces, en ce qu’il agit dans les ténèbres, que sa force est pendant la nuit, et qu’il manque quelque fois de nourriture ; comme la femme de mauvaise vie, en ce qu’il se nourrit de ce qu’il peut trouver, et se tient dans les chemins écartés ; comme la jeune personne enfin, en ce qu’il dort beaucoup, qu’il est brûlant et en action, qu’il a la langue longue et qu’il court en avant. »
3) Premier comble de l’épicurien : Accepter « Vins » lois, en plus de la tetrapharmakon (?!) :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1063697/f13.image
« I. L’univers n’est rien que par la vie, et tout ce qui vit se nourrit.
II. Les animaux se repaissent ; l’homme mange ; l’homme d’esprit seul sait manger.
III. La destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent.
IV. Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es.
V. Le Créateur, en obligeant l’homme à manger pour vivre, l’y invite par l’appétit, et l’en récompense par le plaisir.
VI. La gourmandise est un acte de notre jugement, par lequel nous accordons la préférence aux choses qui sont agréables au goût sur celles qui n’ont pas cette qualité.
VII. Le plaisir de la table est de tous les âges, de toutes les conditions, de tous les pays et de tous les jours ; il peut s’associer à tous les autres plaisirs, et reste le dernier pour nous consoler de leur perte.
VIII. La table est le seul endroit où l’on ne s’ennuie jamais pendant la première heure.
IX. La découverte d’un mets nouveau fait plus pour le bonheur du genre humain que la découverte d’une étoile.
X. Ceux qui s’indigèrent ou qui s’enivrent ne savent ni boire ni manger.
XI. L’ordre des comestibles est des plus substantiels aux plus légers.
XII. L’ordre des boissons est des plus tempérées aux plus fumeuses et aux plus parfumées.
XIII. Prétendre qu’il ne faut pas changer de vins est une hérésie ; la langue se sature ; et après le troisième verre, le meilleur vin n’éveille plus qu’une sensation obtuse.
XIV. Un dessert sans fromage est une belle à qui il manque un œil.
XV. On devient cuisinier, mais on naît rôtisseur.
XVI. La qualité la plus indispensable du cuisinier est l’exactitude : elle doit être aussi celle du convié.
XVII. Attendre trop longtemps un convive retardataire est un manque d’égards pour tous ceux qui sont présents.
XVIII. Celui qui reçoit ses amis et ne donne aucun soin personnel au repas qui leur est préparé, n’est pas digne d’avoir des amis.
XIX. La maîtresse de maison doit toujours s’assurer que le café est excellent ; et le maître, que les liqueurs sont de premier choix.
XX. Convier quelqu’un, c’est se charger de son bonheur pendant tout le temps qu’il est sous notre toit. »
4) Deuxième comble de l’épicurien : pouvoir découper un icosaèdre en 6 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Icosa%C3%A8dre#cite_ref‑7)
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1063697/f29.image
« Nombre de sens : On doit compter au moins six : La « vue », qui embrasse l’espace et nous instruit, par le moyen de la lumière, de l’existence et des couleurs des corps qui nous environnent ; L’ « ouïe », qui reçoit, par l’intermédiaire de l’air, l’ébranlement causé par les corps bruyants ou sonores ; L’ « odorat », au moyen duquel nous flairons les odeurs des corps qui en sont doués ; Le « goût », par lequel nous apprécions tout ce qui est sapide ou esculent ; Le « toucher », dont l’objet est la consistance et la surface des corps ;
Enfin le « génésique », ou « amour physique », qui entraîne les sexes l’un vers l’autre, et dont le but est la reproduction de l’espèce.
Il est étonnant que, presque jusqu’à Buffon, un sens si important ait été méconnu, et soit resté confondu ou plutôt annexé au toucher.
Cependant la sensation dont il est le siège n’a rien de commun avec celle du tact ; il réside dans un appareil aussi complet que la bouche et les yeux ; et ce qu’il y a de singulier, c’est que chaque sexe ayant tout ce qu’il faut pour éprouver cette sensation, il est néanmoins nécessaire que les deux se réunissent pour atteindre au but que la nature s’est proposé. Et si le « goût », qui a pour but la conservation de l’individu, est incontestablement un sens, à plus forte raison doit-on accorder ce titre aux organes destinés à la conservation de l’espèce.
Donnons donc au « génésique » la place « sensuelle » qu’on ne peut lui refuser, et reposons-nous sur nos neveux du soin de lui assigner son rang. »
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Il me semble que c’est Freud qui, en le paraphrasant de mémoire, disait : « Le psychisme est une économie libidinale ».
[9] Ciel-> vent : PETIT APPRIVOISE : « PETIT APPRIVOISE, c’est apprivoiser de manière Yin. En retenant patiemment des énergies fortes, on peut non seulement les affiner mais aussi dompter les tensions, maintenir des liens et transformer peu à peu en enrichissement une situation ressentie comme un enfermement. APPRIVOISER ne signifie pas pour autant museler : l’idéogramme indique qu’il s’agit d’appliquer aux animaux de pâturage le processus d’élevage des vers à soie. La grande réserve d’énergie créative qui caractérise ce moment doit être délicatement affinée et lentement modelée afin de pouvoir prendre une forme aboutie. PETIT, correspondant à ce qui est interne, ténu, caché, évoque avant tout la souplesse prudente et longanime propre à la force Yin. Que l’hexagramme entre dans le cadre d’une relation difficile à l’entourage ou rende compte d’un processus intérieur, l’apprivoisement qui s’effectue par cette force du faible suit un modèle prestigieux : Chang l’étincelant, le créateur légendaire du Yi Jing, qui sera en raison de son œuvre civilisatrice et de sa vertu pacifique appelé : le Roi Wen. »
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[10] Brume-> ciel : DEMARCHE : « DEMARCHE montre comment se comporter au contact d’une force puissante et potentiellement dangereuse. L’allégorie utilisée est inhabituelle : elle expose les risques qu’on recourt à marcher sur la queue d’un tigre. Le tigre est en premier lieu associé à la force, parfois féroce, des rois et des puissants. DEMARCHE représente ainsi un moment où l’on se trouve impliqué par inadvertance dans des tensions soudaines qui peuvent provoquer des réactions violentes. Mais le symbole se double d’une autre signification : par opposition au dragon vert qui surgit des profondeurs au Printemps, le tigre, associé à la couleur blanche, est l’image de l’énergie qui s’enfuit dans la terre à l’Automne. Il représente alors une autre facette de cette force : celle, aussi puissante, tapie à l’intérieur de chacun de nous sous forme de sexualité, de désirs ou d’instincts qu’un hasard peut brusquement réveiller. Cet autre aspect symbolique du tigre, dont les appétits insatiables sont décrit au quatrième trait de l’hexagramme NOURRIR [27 tonnerre->montagne], est éclairé ici par l’emploi d’images insolites : le borgne et le boiteux qui ne sont mentionnés ailleurs dans le Yi Jing qu’à l’hexagramme MARIAGE DE LA CADETTE [54 brume->tonnerre], figure dédiée aux moments où l’on se laisse emporter par l’ardeur et la passion.
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Petites trouvailles sur le net :
« Pour une contre-histoire de la psychanalyse » : http://www.lacanchine.com/Massat_04.html
« Le Yi Jing et la topologie de Lacan » : http://www.lacanchine.com/Ju_01fr.html
J’ai oublié en 26⁄2 « Les essieux du chariot lâchent prise ». Donc 5 chars et 6 chariots. Etonnante (bien que je ne connaisse pas spécialement Platon) cette note à la dernière page : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reg_0035-2039_1969_num_82_391_1086
(Errata : le lien a (déjà!) disparu ?! Il était question dans l’Iliade de 5 occurrences du char céleste et de 6 occurrences du char terrestre… bref, passons !)
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Il faut distinguer ondes cérébrales et neurotransmetteurs : la sérotonine on l’utilise tout le temps, alors que les ondes delta on n’y entre que lors du sommeil (d’où l’impossibilité… surmontée par le Bouddha grâce à sa méditation des ondes delta.) Ce qui m’amène à imaginer une nouvelle loi de Pareto (Lol !) : 80% de la jouissance dans 20% du temps de sommeil (ondes delta + activation du sympathique dans le sommeil paradoxal (dernier 1⁄5 d’un cycle) !)
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[58] Brume -> Brume : ECHANGER :
Introduction : « ECHANGER, c’est la joie de communiquer. Commercer avec autrui dans un rapport amical et détendu, s’exprimer avec légèreté, échanger sur tout avec tous sont des plaisirs que le peuple chinois a toujours tenu en grande estime. Pierre angulaire de son art de vivre ensemble, l’aptitude à la communication est ce qui permet d’aplanir les difficultés inhérentes à la vie collective, d’en éroder les aspérités, comme les brumes légères adoucissent les contours et embellissent le paysage. […] Bien qu’elle ne puisse être le point de départ de grandes réalisations, la disposition raffinée décrite par ECHANGER est précieuse lorsqu’il s’agit, comme l’indique la Grande Image, d’aplanir les différends. L’amicale confiance qu’elle suppose, et dont le flux porteur est indiqué aux deux lignes centrales, ne doit pas être gaspillée mais servir, comme au moment de l’hexagramme 17 SUIVRE, à s’insérer dans un courant plus large que la disposition personnelle. On doit pour cela veiller à ce que l’échange ne se résume pas à un simple effet de miroir, comme pourrait le laisser croire la symétrie de la figure. Echanger, ce n’est pas seulement rechercher au-dehors l’écho de ce qui est intérieurement ressenti, mais savoir à la fois s’exprimer et se mettre subtilement à l’écoute. »
Analyse de l’idéogramme : « DUI : échanger, troquer. Transvaser (un liquide), changer (de l’argent). » […] « En haut se trouve le chiffre huit […] En dessous, se trouve le caractère « frère aîné ». L’idéogramme est formé du signe de la bouche et la partie inférieur du signe général de l’être humain. Dans la forme primitive, la bouche est dessinée tournée vers le Ciel (mandat), précision qui souligne une attitude votive (de nos jours, combiné avec le signe des affaires religieuses, ce caractère forme le verbe « souhaiter, faire le vœu de »). Le frère aîné est désigné par un geste de prière en raison de son rôle dans les cérémonies du culte familial aux ancêtres. L’aîné est en effet celui par lequel se réalise le passage entre deux niveaux, celui des vivants et celui des défunts, et s’instaure l’échange entre le monde visible des offrandes et celui invisible des ancêtres à qui elles sont destinées, lesquels en retour, selon une circulation fluide et ordonnée, feront redescendre sur leur clan faveurs et bienfaits (dans le Shuo Gua, la Huitième Aile, le trigramme Dui est associé à la bouche et au chamane intercesseur entre les mondes, et dans le document sur soie de Ma Wang Dui, le nom de l’hexagramme 58 comporte le signe de l’oiseau). […] »
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Dr Manola Souvanlasy Abhay dans « La médecine énergétique chinoise » sous-titré « des organes internes intégrés à la médecine fonctionnelle et nutritionnelle occidentale. » Ed. Dangles.
P.6–7 : « […] Le « Chong Qi » est donc le courant de l’Energie universelle crée par le Vide originel du Dao. Il circule sous la forme d’un tourbillon profond, appelé Yuan, qui, selon la tradition chinoise, existerait bien avant le Souverain céleste que personnalise le Ciel. Comme le Dao continue éternellement à rester vide, il continue éternellement à émettre ce puissant tourbillon d’énergie cosmique pour créer et entretenir les manifestations du Dao, qui sont le Ciel, la Terre et les Dix Mille Etres. Ce tourbillon profond, Yuan, est l’ancêtre des Dix Mille Etres, « He Tu » est son symbole. […] A la strophe 11 du Dao de Jing, Lao Zi dit : « Trente rais se réunissent pour faire le moyeux d’une roue. La fonction de la roue vient de « Wu, le non-être, le non-agir, le non-avoir, le vide, l’invisible, l’insensible ». L’usage du char vient de « You, l’être, l’agir, l’avoir, le plein, le visible, le sensible. » C’est pourquoi l’utilité vient de You et la fonction vient de Wu. […] C’est le vide du vase qui crée sa fonction, et la fonction crée son utilité. […] C’est le Vide qui crée la Plénitude. Inversement la Plénitude aboutit au Vide. […] C’est le Vide originel du Dao qui crée ses manifestations, le De.
P.7–8 : Selon le Dao De Jing, la fondation du Taoïsme, le Dao engendre le Grand Un, appelé Tai Ji. Le Un engendre le Deux, représenté par le yin et le yang. Le Deux engendre le Trois, le Ciel, la Terre et l’Homme appelé les Trois Puissances San Cai. Chacun d’eux joue un rôle dans la création de l’Univers : Le Ciel engendre la Terre, la Terre nourrit l’Homme et l’Homme crée la descendance des êtres vivants que la philosophie taoïste appelle les « Dix Mille Etres ». L’Homme est né entre le Ciel et la Terre. Il existe donc une Unité profonde entre l’Homme et l’Univers. L’équilibre de la santé de l’Homme dépend de sa capacité d’adaptation aux changements de l’Univers pour rester en harmonie avec lui. Dans le corps humain, par analogie avec le Chong Qi cosmique, il existe le Chong Qi de l’Homme qui circule dans le Chong Mai, le Vaisseau Merveilleux qui est l’équivalent, chez l’Homme, de l’axe entre le Ciel et la Terre, de l’axe entre le haut et le bas, de l’axe entre le Sud et le Nord, de l’axe entre le Cœur et les Reins, de l’axe entre le Shen (l’Esprit) et le Jing (la Matière). En tant qu’axe, le Chong Mai est constitué d’un vide « le Wu, le non-être, le non-avoir, le non-agir ». Le Chong Mai transporte le Chong Qi qui tourbillonne du centre de l’axe vers la périphérie pour tout nourrir sur son passage, comme le grand tourbillon de la vie. […] Le Chong Qi à l’intérieur de l’être humain circule dans le Chong Mai pour donner naissance aux Cinq Organes, aux Six Entrailles, aux Quatre Substances (Le Jing, le Qi, le Sang, les Liquides), aux trois trésors (le Jing, le Qi, le Shen). Le Chong Mai entretient leurs formes et leurs fonctions pour maintenir l’harmonie entre les différentes parties du corps humain afin que chaque être vivant reste une unité, une globalité.
P.9 : Le Chong Mai est à l’homme ce que le tourbillon profond Yuan est à l’univers.
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http://www.ted.com/talks/ron_eglash_on_african_fractals?language=fr#t‑288759
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[Suite de « La médecine énergétique chinoise »]
P.128 : Il y a un autre organe qui est le Maître du Cœur ou Péricarde. C’est l’enveloppe du Cœur. Sa physiologie est assimilée à celle du Cœur, c’est pourquoi on ne parle que de Cinq Organes et non de six.
P.136–137 [Sur les Trois Trésors « San Bao »] : Le Jing (Essence) et le Shen (Esprit) ne sont ni plus ni moins que des formes interchangeable de Qi. Le Qi condensé sous forme de Jing [stocké dans les Reins] correspond à la Terre, le Qi raffiné sous forme de Shen [élaboré dans le Cœur] correspond au Ciel. Tandis que le Qi [transformé par la Rate] correspond à l’Homme.
[…] Le Shen contrôle les activités physiologiques des Cinq Organes et des Six Entrailles qui ont besoin d’une « direction centralisée du Cœur » pour fonctionner d’une manière harmonieuse et coordonnée.
[…] Le Cœur abrite le Shen. Le Shen du Cœur est l’aspect Feu du Shen. [Orientation Sud, saison de l’Eté.] [Nb : la boussole chinoise indiquait le sud]
Le Po est l’Esprit du Poumon. Il correspond à l’aspect Métal du Shen. Le Po est souvent traduit par « l’âme corporelle », c’est-à-dire l’Esprit qui conditionne la prise de la forme corporelle. Le Po est indissociable du corps physique. Cette âme corporelle donne au corps physique sa capacité de sentir, de ressentir, d’entendre, de voir le monde extérieur. Le Po disparaît avec le corps physique. Après la mort, il retourne à la Terre. [Orientation Ouest, saison de l’Automne.]
Le Hun est l’Esprit du Foie. Il correspond à l’aspect bois du Shen. Le Hun est souvent traduit par « l’âme spirituelle ou âme éthérique ». C’est cette âme qui quittera le corps physique après son dépérissement et qui va lui survivre après la mort. [Orientation Est, saison du Printemps.]
Le Yi est l’Esprit de la Rate. Il correspond à l’aspect Terre du Shen. Le Yi est le pouvoir d’idéation, d’abstraction et de logique des idées, la capacité intellectuelle de penser, de comprendre, d’étudier, d’apprendre, de se concentrer, de mémoriser. [Orientation Centre, saison fin de l’Eté.]
Le Zhi est l’Esprit des Reins, il correspond à l’aspect Eau du Shen. Le Zhi est la volonté, l’endurance qui nous donne la force mentale, la détermination d’atteindre un objectif, le vouloir vivre, la capacité de se réaliser. [Orientation Nord, saison de l’Hiver.]
[…] Les Esprits des Cinq Organes se trouvent tous sous le commandement du Cœur, ce qui signifie que le Shen tient sous sa commande le Po, le Hun, le Yi et le Zhi.
P. 179–180 : Les Entrailles (Fu) sont yang par opposition aux viscères yin que sont les Organes (Zang). Elles sont au nombre de six : l’estomac, la vésicule biliaire, le gros intestin, l’intestin grêle, la vessie et le triple réchauffeur. Ils sont couplés respectivement à la Rate, au Foie, au Poumon, au Cœur, aux Reins et au Maître du Cœur. […] Contrairement aux organes, les Entrailles transmettent et transforment les aliments, mais ne stockent pas l’énergie quintessenciée. Elles peuvent être remplies des boissons et des céréales, mais elles ne peuvent pas être pleines de l’énergie quintessenciée Jing Qi. « Les Entrailles sont remplies, mais ne sont pas pleines ».
P.201 : Le Rein sans le Feu du Cœur, c’est de l’Eau froide, le Cœur sans l’Eau des Reins, c’est le Feu ardent.
P.365 : Les ponts entre les deux médecines [concernant le système nerveux] peuvent se résumer ainsi : 1. La substance grise, la substance blanche, le système nerveux central, la moelle épinière correspondent au Jing inné des Reins ; 2. Le système nerveux périphérique est un système de conduction des informations ; il correspond aux méridiens, qui sont les canaux de conduction invisible du Qi, du Sang et des Liquides. Les fonctions cognitives et psycho-émotionnelle du cerveau correspondent aux fonctions du Shen du Cœur, du Hun du Foie et du Po des Poumons ; 3. Le Jing Acquis dans la Rate correspond au rôle primordial de la nutrition fonctionnelle dans le maintien de la fonctionnalité du cerveau et de la plasticité des synapses.
P.366 : La médecine Chinoise n’a pas cette approche anatomophysiologique, car les dissections étaient interdites en Chine, mais elle a une approche plutôt « spirituelle et mystique » de l’Esprit des Organes énergétiques internes.
P.409–410 : Notre planète, en perdant son équilibre naturel entre l’Eau et le Feu à cause de l’égoïsme des hommes, de la course effrénée pour le pouvoir et la richesse, est en train d’épuiser ses réserves vitales qui sont le Bois et la Terre.