J’ai hâte de vous retrouver pour un nouvel atelier constituant (à Montpellier, samedi 26 avril 2014, à 10h) : ce coup-ci, ce sera un atelier « droit à l’information ».
Si tout se passe comme prévu, on essaiera donc de se concentrer sur la garantie constitutionnelle d’un droit à l’internet (connexions gratuites, neutralité du net et liberté d’expression, par exemple), et plus généralement sur les règles capables de garantir un vrai droit à l’information aux citoyens (nouvelles, statistiques, sondages…).
Mais comme d’habitude, vous êtes libres de réfléchir et de vous entraîner sur les sujets qui vous semblent importants, bien sûr.
On commence à 10h (je présenterai l’idée des ateliers en compagnie d’un jeune homme qui a des choses à nous dire sur ce qui menace l’Internet aujourd’hui), et on a l’après-midi devant nous 🙂
Les inscriptions sont ici : http://montpellier.demosphere.eu/rv/2649.
L’annonce Facebook :
https://www.facebook.com/events/242681562586457
Bienvenue à Montpellier, je participerai avec grand plaisir.
LE DROIT À « L’INFORMATION », MAIS LAQUELLE ?
Cette interrogation m’est venue en posant les yeux, cet après-midi, sur l’émission journalière « C dans l’air » d’Yves Calvi, l’animateur chéri des pépés et mémés qui croient apprendre quelque chose en écoutant ses invités, tous triés sur le volet de la pensée unique. On avait aujourd’hui manifestement fait fort pour « marteler » dans l’esprit des français qui travaillent la necessité de se plier à l’austérité voulue par « l’Europe »,
les 50 milliards de Valls n’étant qu’un hors d’oeuvre au menu de l’émission.
On avait réuni là trois des meilleures pointures néolibérales : outre Philippe Dessertine, dit « la voix des banques », tronaient Ghislaine Ottenheimer de la très conservatrice revue« Challenges » et Nicolas Beytout fondateur de « L’opinion »… qu’il voudrait bien modeler à son goût !
Que les politiques soient corrompus par les lobbies, ici comme ailleurs, encore faut-il en persuader le public, otage de ces médias. Car il y a plus indécent que les agissements des financiers ou même leurs salaires, ce sont leurs commentaires et plus encore ceux de leurs complices :
Ainsi de l’inénarrable Philippe Dessertine, cet économiste de la pensée unique, devenu par sa soumission au système directeur de l’Institut de Haute Finance et membre du Haut Conseil des finances publiques, on ne compte plus les plaidoyers pro domo :
- « Peut-on réconcilier l’économie réelle avec la finance internationale ? » et surtout pas l’inverse…
car « La société française doit concevoir qu’elle est dans une situation intenable à terme » !
- Interrogé sur les bons chiffres de l’emploi et de la croissance américains, il attribue cela aux injections importantes de liquidités de la Fed depuis 2011, estimant que cela pénalise notre économie, mais qu’il ne faut surtout faire la même chose : « Cette idée d’injecter des liquidités sans limite… », non ! car « Le monde entier est obligé de soutenir le dollar ».
- La dette… Il faut la payer. Mais sur le rôle de la BCE, sur la PAC … sur l’indépendance de la France : nous sommes trop petits et nous n’avons pas les moyens d’être indépendants, fondons-nous dans l’Empire des étoiles et la force sera avec nous !…
- Sur le déficit démocratique de l’Union européenne et les suicides d’agriculteurs : le gouvernement français applique de façon trop rigide les directives de Bruxelles (sic !)
- En revanche, à l’emission « C dans l’air » d’aujourd’hui, Dessertine n’avait pas de mots assez durs pour notre désindustrialisation, ce « manque de compétitivité » de la France à l’ombre du « modèle allemand », tout de rentabilité et rigueur avec ses boulots sous le smic, et de dégraissage avec ses 5 millions de chômeurs dissimulés sous le temps partiel des petits boulots à 400 euros mensuels, quand ce n’est pas à un euro de l’heure !
Ah ! le brave homme, lui qui s’y connait si bien en travaux grassement payés pour ne produire que de la salive… et mieux cracher sur ceux qui le nourrissent !
Il a repris aujourd’hui avec insistance un mot qu’il aime bien, pour dire que 50 milliards pris au monde du travail, ce n’était pas assez, et combien il fallait « marteler » cela aux français, une expression qu’il réservait d’habitude à « cette vérité… qu’une sortie de la France de l’euro serait une catastrophe » !
Allez, il aura bien mérité de la pensée unique distillée chez Yves Calvi, et rediffusée trois fois par jour pour tous nous toucher…
C’est d’ailleurs pour ça qu’on l’y invite si souvent !
AUTRE EXEMPLE DE DESINFORMATION… au nom de l’Europe :
Tout en célébrant sans vergogne le « pacifiste Jaurès », Hollande, plus militariste que jamais, s’est joint à l’OTAN d’Obama pour menacer la Russie de ses petits poings et l’accuser de ne pas respecter la « desescalade »… alors que les seuls chars vus à l’Est en ce moment sont ceux de l’armée ukrainienne contre des civils !
Il est vrai que, comme le fait ironiquement remarquer O. Berruyer sur son blog, un char face à des civils, ça desescalade énormément !
N.B. Lire l’ensemble du dossier ukrainien, remarquablement commenté sur http://www.les-crises.fr/
Avec, notamment, ce billet du 23 avril illustrant la carte des bases américaines en Eurasie, portant comme sous-titre :
La Russie veut la Guerre… Voyez comme ils ont placé leur pays tout près des bases américaines !
Et dire qu’on a failli l’avoir, la guerre, pour une seule base installée près des USA, celle de Cuba !
Dommage que je n’habite pas près de Montpellier…
Je connais, et adhère entièrement, aux propositions politiques de Chouard, dont je consulte régulièrement les différents sites.
Je souhaite aborder ici (car où ailleurs ?) un sujet dont on parle peu, et qui est pourtant d’une importance capitale.
On parle beaucoup de désinformation et de manipulation des faits par les médias. Je pense qu’il serait aussi important de parler de la manipulation de notre langue et de nos mots, car ce sont nos mots qui nous permettent de réfléchir, d’appréhender les principes de la société qui nous entoure, de formuler des concepts, de dénoncer les problèmes que nous subissons, d’expliquer nos points de vue, d’émettre nos idées et nos solutions… etc… Les mots sont la parole même du citoyen, et permettent ou non à une « démocratie » de respirer et d’exister réellement.
Qui contrôle les mots contrôle donc l’esprit.
On dit souvent que les médis abrutissent les citoyens (et je suis pleinement d’accord avec cette remarque) mais cet abrutissement vient aussi en grande partie du fait que les citoyens sont privés de mots pour s’exprimer, qu’on retire régulièrement quantité de mots de notre vocabulaire pour en mettre des autres, qui ne nous permettent plus de dénoncer les problèmes, et de formuler des solutions.
J’en viens au fait. En cliquant sur ce lien, vous découvrirez des fonctionnaires, payés par vos impôts, dont on parle très peu :
http://www.education.gouv.fr/pid478/le-haut-fonctionnaire-charge-de-la-terminologie-et-de-la-neologie.html
Et pour cause, ces fonctionnaires, qui agissent dans chaque ministère, se réunissent régulièrement pour décider des mots qui seront utilisés dans les programmes scolaires, les médias, les discours officiels, ou au sein des services publiques…
Ces fonctionnaires travaillent régulièrement avec l’AFNOR (ici http://www.afnor.org/metiers/normalisation/panorama-normalisation) une association internationale, dont le but est d’instaurer des normes (normes économiques, bien évidemment, qui font le bonheur des entreprises finançant leurs actions) partout dans le monde…
En faisant une recherche sur cette association par wikipédia, vous vous rendez compte des merveilleuses actions qu’ils entreprennent dans le formatage entier de la pensée des habitants de tous les pays où ils se sont implantés. Voici notamment une de leur magnifique trouvaille :
La certification de personnes
La certification de personnes apporte la preuve qu’une personne peut mettre en pratique des connaissances et/ou un savoir-faire et, le cas échéant, des qualités personnelles. Elle est délivrée pour une durée définie et doit faire l’objet d’actions visant à s’assurer régulièrement du maintien et de l’amélioration des compétences.
Voilà donc qu’un organisme internationale commence à décider si telle ou telle personne est apte à faire telle ou telle action…
Tout ce joyeux monde travaille donc de concert pour normaliser notre langage, nos actions et nos vie, pour nous priver de toute liberté d’expression et de pensée, pour nous rendre encore plus productifs et lisses et soumis au système capitalo-libéral, et surtout, pour estimer selon leurs propres critères, ce que nous valons.
Je trouve personnellement très inquiétante cette dérive, et suis persuadé que si les citoyens ne se mobilisent pas plus, c’est parce qu’on leur à retirer leurs moyens d’agir mais aussi leurs moyens de concevoir la réalité qui nous entoure dans toute sa complexité, ainsi que les moyens de s’exprimer…
Bonjour à tous.
Ce serait bien que ceux qui viennent demain à Montpellier puissent imprimer chez eux (comme devraient sans doute le faire tous ceux qui se préparent à participer à des ateliers constituants) la compilation de documents de référence ci-dessous :
https://old.chouard.org/Europe/Documents_conferences/01_DDHC_Preambule46_C58.pdf
Ça servira à éviter à certains la peur de la page blanche : pour apprendre à devenir citoyen constituant, on peut très bien prendre l’anticonstitution de 1958 (la nôtre, l’actuelle) ou la wiki-constitution du Plan C comme base de réflexion, pour la comprendre puis l’améliorer, ensemble.
J’ai hâte d’être à demain.
Étienne.
Bonjour Etienne,
Ravi de t’avoir à nouveau croisé !
Pour compléter ma question orale à Montpellier, je souhaite que tu proposes aux prochains ateliers le sujet suivant : quelle constitution interne, au sein d’un atelier constituant ?
Distribution de la parole, modération, prise de notes, suivi d’un ordre du jour, … ça n’a l’air de rien mais c’est pourtant la brique de base pour *apprendre* à rédiger ensemble, non ? Les problèmes de relations humaines surgissent très vite dès qu’un groupe veut créer collectivement en présentiel : des énervements, des interruptions de parole justifiées ou non, des hors-sujets, des temps de parole trop longs ou trop courts, des formulations malheureuses, etc …
Individuellement derrière l’écran ou au-dessus d’une feuille de papier, c’est *facile* de rédiger une Constitution. Mais quand il faut supporter l’Autre en direct, c’est l’Enfer 🙂
Quelle constitution basique entre nous, quand nous nous rencontrons, au hasard ou non ? Pour limiter les pouvoirs des uns, pour repousser les limites des autres, pour savoir qui a le pouvoir de s’exprimer, de noter, de synthétiser, d’amender, de décider, pour promouvoir les comportements altruistes et annihiler les comportements destructeurs …
A revoir : Douze hommes en colère [et tirés au sort !]
https://www.dailymotion.com/video/x8hhd2_12-hommes-en-colere-part-1_news
Bien amicalement,
Alain
Bonjour,
Dans l’idée d’une démocratie, la démocratie gigogne me semble la plus démocratique, car, est démocratique la politique qui donne à chaque citoyen concerné la possibilité d’agir, mais aussi à chaque citoyen non concerné l’impossibilité d’agir.
De cette logique politique, la constitution qui en est sa règle doit également être gigogne. Elle doit avoir pour premiers articles les règles à tenir pour la réalisation de cette constitution jusqu’aux derniers articles à impact universels, en passant par les articles commune, région, pays, continents.
De cette logique, les articles universels seront identique à tout le monde, et les articles régionaux (pour exemple) peuvent être différents ou identiques d’une région à une autre, c’est le principe de l’ingérence qu’il faut proscrire et absolument intégrer à la constitution pour enfin prendre le chemin d’un monde pacifique…