« Nous sommes aux travaux forcés aux services de parasites… qui ont pris le contrôle de la production du droit. Ils sont capable d’écrire eux même le droit injuste, inique… ».
Lien Facebook correspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10152442928967317
Je suis un retraité pauvre écœuré, mais je combats, comme bénévole après des victime d’injustices sociale a L’ïle de la Réunion
La Constitution se construit non pas pour, mais contre. Les articles désignent surtout le négatif, ce que l’on récuse. Et cela ne pose aucun problème au niveau économique, cependant lorsque qu’il s’agit de limiter le pouvoir absolu, c’est une autre affaire…
Sachant qu’il existe aussi un fantasme de Constitution, depuis les tables de Moises. Dans la « rumeur » (Blanchot) ambiante, il n’est pas sûr qu’une Constitution puisse avoir valeur de fondation. Il n’est pas sûr que nous puissions poser encore un acte fondateur, d’ailleurs il s’agit là du désir d’origine, d’identité. Il faut avoir foi dans la Loi, et avant d’écrire une Constitution, il faut des hommes capables de l’écrire et d’y croire, car il s’agit de foi ! De foi dans la société, et de force, de tout ce qui fait défaut. Il faut une violence.…
Rétablir la démocratie sans violence.
1) Objectif : rétablir le pacte de liberté citoyenne et modifier la Constitution pour installer une Démocratie.
2) Augmenter le nombre d’êtres humains éclairés à se sujet que nous repartirons en quatre familles
– les réfractaires (ex : 1% pop.)
– les non concernés (ex : 85% pop.)
– les éclairés passifs (ex : 13% pop.)
– les éclairés actifs (ex : 2% pop.)
3) Encourager des petits groupes d’éclairés actifs de surveillance et d’action sur un élu (ex : un député)
– 5 à 11 personnes ( si plus, pré-sélection suivi d’un tirage au sort démocratique non renouvelable)
– il faut minimum 1 avocat, 1 journaliste communication, 1 journaliste terrain, 1 administratif, 1 modérateur.
– 1er objectif : tenir un site citoyen d’information local (ex : circonscription d’un député) réunir un maximum d’humains éclairés et non concernés (présence sur facebook, se présenter au association locale, récupération des listes électorales et autres).
– 2ème objectif : Soumettre l’élu à la question.
– 3ème objectif : Soumettre les actions de l’élu (si possible à venir) à un mini référendum auprès des électeurs de la zone concernée (ex:circonscription d’un député).
– 4ème objectif : Communiquer par tout moyen possible les réponses et surtout les non réponses de l’élu.
– 5ème objectif : Communiquer par tout moyen possible les résultat des mini-référendums.
– 6ème objectif : Établir un maximum de pétitions citoyennes cautionnant les questions à l’élu et leurs communications.
– 7ème objectif : Etre le plus procédurier possible avec les élus réfractaires dans leurs actes à la démocratie.
4) Dans un second temps présenter des candidats sous contrat démocratique.
Ceci n’est qu’une esquisse. Il faut développer !
Alain : excellente analyse, démarche et état d’esprit.
J’adhère totalement aux éléments avancés par Etienne, mais je pense que des affirmations trop péremptoires, trop fortes ne sont pas propices à convaincre les non-concernés (ce sont eux qu’il faut rallier, et il ne faut pas les mépriser : nous l’étions avant et que savons-nous d’eux…)
L’argumentation ne serait-elle pas plus efficace si on partait de constats plus quotidiens avant de conclure ?
« Le droit inique qui permet aux propriétaires de faire travailler les non-propriétaires »…
Quel écho chez M. Tout le monde sans plus de nuance et d’explications ? Qu’il faudrait supprimer la propriété privée ? On va me prendre ma maison, ma petite entreprise ? Allez, 70 % des auditeurs à qui on pourrait présenter ça sont partis dans un haussement d’épaule (les auditeurs quelconques et pas que quelques personnes choisis dont on sait d’avance qu’ils seront d’accord)
« Nous avons augmenté la productivité de 100, nous devrions travailler 100 fois moins ». Oui, pourquoi ? Faut-il le dire ? (oui) : parce que la productivité, fruit de l’exploitation des ressources naturelle et des découvertes de quelques scientifiques passionnés et désintéressés, biens publics s’il en est, est confisquée par la coalition du pouvoir économique et politique.
Mais même ces constats, si justes soient-ils sont peut-être encore trop abstraits, dont les gens s’interdisent la pensée (trop « macro », trop compliqué, trop éloigné du quotidien, réservé aux spécialistes ou aux idéologues…) et doivent peut-être être servis en seconde ligne , pour, partant déjà de la nécessité de développer une démocratie plus participative pour contrer déjà la désespérance politique, promouvoir une véritable constitution citoyenne ?
J’entends bien l’argument qui consiste à considérer que toutes les autres luttes sont vaines et que seule la réponse à la cause des causes changerait les choses. J’y adhère. Mais il n’empêche que, dans les esprits , le parcours de ces étapes intermédiaires est nécessaire pour convaincre.
N’est-on pas prêt non pas parce qu’on n’a pas fait d’ateliers constituants, mais parce qu’on n’est pas encore convaincu qu’il faille les faire ?
Bon, j’organise quand même une première rencontre vendredi prochain dans mon petit patelin de Revel, mais, cherchant à ne pas avoir que les classiques militants, j’avoue avoir du mal à sélectionner la matière permettant d’introduire ces problématiques avec une chance qu’elles trouvent un écho chez chacun, qu’elle éveille ce petit questionnement : « oui, tiens pourquoi pas, ça répond à telle insatisfaction que je ne m’exprimais peut-être même pas »
😉 Juste pour aborder la question sous un angle non cartésien 😉
CHACUN SA CHIMÈRE
Sous un grand ciel gris, dans une grande plaine poudreuse, sans chemins, sans gazon, sans un chardon, sans une ortie, je rencontrai plusieurs hommes qui marchaient courbés.
Chacun d’eux portait sur son dos une énorme Chimère, aussi lourde qu’un sac de farine ou de charbon, ou le fourniment d’un fantassin romain.
Mais la monstrueuse bête n’était pas un poids inerte ; au contraire, elle enveloppait et opprimait l’homme de ses muscles élastiques et puissants ; elle s’agrafait avec ses deux vastes griffes à la poitrine de sa monture ; et sa tête fabuleuse surmontait le front de l’homme, comme un de ces casques horribles par lesquels les anciens guerriers espéraient ajouter à la terreur de l’ennemi.
Je questionnai l’un de ces hommes, et je lui demandai où ils allaient ainsi. Il me répondit qu’il n’en savait rien, ni lui, ni les autres ; mais qu’évidemment ils allaient quelque part, puisqu’ils étaient poussés par un invincible besoin de marcher.
Chose curieuse à noter : aucun de ces voyageurs n’avait l’air irrité contre la bête féroce suspendue à son cou et collée à son dos ; on eût dit qu’il la considérait comme faisant partie de lui-même. Tous ces visages fatigués et sérieux ne témoignaient d’aucun désespoir ; sous la coupole spleenétique du ciel, les pieds plongés dans la poussière d’un sol aussi désolé que ce ciel, ils cheminaient avec la physionomie résignée de ceux qui sont condamnés à espérer toujours.
Et le cortège passa à côté de moi et s’enfonça dans l’atmosphère de l’horizon, à l’endroit où la surface arrondie de la planète se dérobe à la curiosité du regard humain.
Et pendant quelques instants je m’obstinai à vouloir comprendre ce mystère ; mais bientôt l’irrésistible Indifférence s’abattit sur moi, et j’en fus plus lourdement accablé qu’ils ne l’étaient eux-mêmes par leurs écrasantes Chimères.
Charles Baudelaire
Le tamas est ce qui colle la conscience au sol et lui interdit l’envol.
Pour « rétablir » la Démocratie ou plutôt l’établir pour un pays de plusieurs millions de citoyens, il faut définir un protocole capable de permettre à la Volonté Générale de cette population de s’exprimer.
Voici des années que notre petit groupe travaille sur cette question et pense (peut-être à tort) avoir trouvé une solution pour atteindre ce but.
Nous avons tenté à plusieurs reprises d’engager un dialogue sur cette question fondamentale pour la Démocratie avec Étienne (le 22 mars 2013 à Paris par exemple) et avec les GV sur Facebook etc… en vain. Étienne ne nous a pas contacté et les GV … .
Étienne pousse un cri d’alarme sur cette vidéo, car rien ne bouge, personne ne se met vraiment à écrire une Constitution. Mais il oublie qu’il faut une méthode pour écrire une constitution, une loi, un tract à des dizaines, des milliers voire des millions de personnes dispersées sur internet, sinon il ne sortira que du bruit, et du découragement.
Nous en proposons une ici : http://www.willforge.fr/wikiwil/index.php?title=M%C3%A9thode_de_r%C3%A9daction_collaborative_auto‑r%C3%A9gul%C3%A9e
Elle est encore imparfaite (nous n’avons pas pu trouver de cobayes pour la tester et il reste à construire un logiciel efficace), mais elle est construite sur des concepts aptes à résoudre le problème de l’expression de la Volonté Générale.
Nous lançons donc un appel : venez discuter de cette méthode et éventuellement collaborer (en l’utilisant)
soit par mail contact@willforge.fr ou aristide.hivesne@free.fr
soit sur le serveur Mumble srv15.gotmumble.com port 10745
soit directement sur le Wiki http://www.willforge.fr/wikiwil/index.php?title=Accueil.
Le Collectif Willforge
Les Suisses vont prochainement voter pour ou contre l’achat d’avion de chasse appelés « Gripen ».
L’émission satirique 120 secondes de la radio Couleur 3 aborde le sujet démocratique avec le talent habituel des comédiens :
120 secondes
Bonjour,
Je rigole, les avions ceux sont des rafiots du ciel !
Quand on sait que des personnes comme les lobbies militaires secrets américains ont une armada d’engins à anti-gravité copiée d’engins extraterrestres, les avions sont bons à mettre à la casse !
Les gouvernements mentent sans arrêt et la présence extraterrestre en fait largement partie ! La réalité est qu’il y a a actuellement sur Terre au moins 200 bases souterraines fabriquées par des aliens humains et humanoïdes provenant de plusieurs planètes. Rien qu’en France, il y a au moins 7 bases aliens ! Et je sais de quoi je parle, je suis très sérieux. A part l’ancien Ministre de la Défense canadiennes Paul Hellyer, qui parle ouvertement au grand public de cela dans les politiciens ? Et bien PERSONNE ! LAMENTABLE !
Alors dimanche 25 mai 2014 en France, je voterai BLANC, et je ferai de la pub sur ce bulletin pour le site d’Étienne Chouard , qui pour moi nous offre les meilleures idées pour sortir de ce système ultra mafieux. Alors oui la constitution réécrite par le Peuple et le tirage au sort pour une VRAIE constitution pour le Peuple et pour entre autres éviter tout abus de pouvoir !
Merci encore aussi Étienne pour vos informations, j’ai pu vraiment connaître vos réflexions grâce à vos passages sur la radio « Bob vous dit toute la vérité » !
La Démocratie athénienne
1. La société démocratique athénienne
1.1 La Démocratie athénienne
1.2 Naissance de la démocratie
1.3 Les réformes de Clisthène
1.4 La boulê, les prytanes
1.5 Les magistratures
1.6 Réformes, crises et restauration
1.7 Périclès
1.8 Figure de l’Histoire
1. La société démocratique athénienne
1.1 La Démocratie athénienne
« Notre constitution n’a rien à envier aux lois des autres : elle est un modèle et n’’imite pas. Elle s’appelle démocratie parce qu’elle oeuvre pour le plus grand nombre et non pour une minorité. Tous participent également aux lois concernant les affaires privées, c’est la valeur seule qui introduit des distinctions et les honneurs vont plus aux mérites qu’à la fortune. Ni la pauvreté, ni l’obscurité n’empêchent un citoyen capable de servir la cité. Etant libre dans ce qui concerne la vie publique, nous le sommes également dans les relations quotidiennes. Chacun peut se livrer à ses plaisirs sans encourir de blâme ou des regards blessants, quand même ils ne causent pas de mal. Malgré cette tolérance dans notre vie privée, nous nous efforçons de ne rien faire d’illégal dans notre vie publique. Nous demeurons soumis aux magistrats et aux lois, surtout à celles qui protègent contre l’injustice et à celles qui pour n’être pas écrites n’en apportent pas moins la honte à ceux qui les transgressent. » – Discours de Périclès – 1
1.2 Naissance de la démocratie Début de page
Une certaine forme de gouvernement démocratique existait dans nombre de cités-Etats, mais c’est à Athènes qu’elle atteignit la forme la plus pure. A l’origine, la cité athénienne était une royauté. Avant les réformes de Clisthène, il existait encore quatre tribus (phylaï) : les Géléontes, les Aigicoreis, les Argadeis et les Hoplètes. Chaque tribu étant elle-même répartie en trois phratries placées sous la protection de Zeus et d’Athéna. Au sein d’une phratrie, les membres se considèrent comme des frères. Chaque année les nouveaux nés sont présentés à la phratrie lors de la fête des Apaturies et la communauté accepte leur venue par un vote. Au sein des phratries, paysans et grands propriétaires coexistent. Quant aux non-propriétaires, aux artisans et aux commerçants, ils sont exclus de tout rôle politique.
D’après Plutarque 2, c’est à Thésée que l’on doit l’unification de l’Attique et le rejet de la monarchie. Dès la seconde moitié du VIIe siècle, trois magistrats, les archontes choisis parmi l’aristocratie (les Eupatrides) gouvernent la cité pour un an et se répartissent le pouvoir politique de l’ancien roi : prêtre, juge et polémarque (chef de guerre). En 621, Dracon définit les différentes catégories de citoyens et rédige un code dont la dureté des peines est restée proverbiale. La réforme censitaire introduite par Solon peut être considérée comme une première étape vers la démocratie.
La démocratie naît de l’égalité entre tous au sein du même dème et de tous devant la loi. Le citoyen a des droits publics et privés. Dans le domaine privé, tout citoyen peut se marier, posséder des biens et défendre ses intérêts privés devant la justice. En contrepartie, le citoyen a des devoirs envers la cité : il doit le service militaire, payer des impôts et participer à la vie publique. C’est une démocratie imparfaite qui exclut de la cité les femmes et les esclaves, soit peut-être un tiers de la population. Vers 432 av. J.-C., la cité compte entre 35 000 et 46 000 citoyens pour 10 000 à 15 000 métèques. Quant aux esclaves, ils sont estimés à 100 000 !
1.3 Les réformes de Clisthène Début de page
La révolution de 510, menée par les aristocrates et les « démocrates » contre Hippias, le fils de Pisistrate, naît de l’essor des classes populaires. Clisthène s’appuya sur le peuple et gouverna la cité entre 508 et 507. Ses réformes entraînent une nouvelle répartition des citoyens et mettent fin à l’organisation familiale sur la base du génos : les citoyens seront désormais répartis en dix tribus. Le terme de démocratie n’est pas inventé à cette époque mais beaucoup plus tard par Hérodote. On parle alors d’iségoria (égalité de parole devant l’assemblée), d’isonomia (égalité devant la loi) et d’isokrateia (égalité des pouvoirs).
Dèmes et trittyes
Le dème est une subdivision géographique de la tribu, à l’origine il y avait 30 dèmes (10 par trittye) mais par la suite il y en eut davantage. Désormais tout Athénien portera trois noms : le sien propre, le nom de son père et le nom de son dème (démotique). A titre d’exemple : Périclès, fils de Xanthippe, du dème de Cholarges. L’appartenance au dème est héréditaire et l’inscription sur les registres du dème était un préalable pour accéder à la citoyenneté. Le dème possède sa propre assemblée et des magistrats (démarques). Il est responsable des sanctuaires situés sur son territoire. Un groupe de dèmes contigus forme une trittye, correspondant chacune à une région naturelle : la cité et sa banlieue (l’astu), la côte (la Paralia), l’intérieur (la Mésogée). « Chaque tribu reçoit trois trittyes tirées au sort de telle sorte qu’elle en ait une de chacune des trois régions. » 3
Les phratries
Clisthène maintint les anciennes phratries. La phratrie était un groupement de familles et une subdivision du dème mais son organisation est peu claire (lien du sang ?). Les phratries jouaient un rôle essentiel dans tous les actes liés à la vie du citoyen : naissance, initiation des adolescents, mariage, adoption, funérailles. C’est l’admission dans la phratrie qui conditionnait l’appartenance à la communauté civique pour les hommes comme pour les femmes.
Le démos et l’ecclésia
Le terme démos avait à l’origine un sens péjoratif, signifiant « gens du commun », « classes inférieures » mais il signifie aussi « le peuple comme un tout ». La réforme de Clisthène supprime le pouvoir régional des familles de l’aristocratie en créant un corps civique, l’assemblée du peuple, appelée l’ecclésia. Elle était composée de tous les citoyens ayant achevé leur service militaire et jouissant de leurs droits civiques. Les décrets de l’assemblée athénienne étaient promulgués « par le démos » plutôt que « par l’ecclésia ».
L’assemblée se réunissait fréquemment, au moins quatre fois de chaque période de 36 jours au IVe siècle (4 fois par prytanie) sur la colline du Pnyx où avait été aménagé un hémicycle. Evidemment, seule une fraction de citoyens venait mais ceux qui étaient présents à une séance constituait le démos et leurs actes étaient reconnus par la loi comme les actes du peuple entier. Tout citoyen présent à l’ecclésia est entièrement libre de s’exprimer en public, de proposer un amendement et à le droit de vote. Le projet de loi et ses amendements sont soumis au vote de l’assemblée. La décision est prise à la majorité des votants, le vote se faisant à mains levées. Le vote acquis, le décret était gravé sur une pierre est exposé pour publicité. Le nom de l’auteur de la proposition y était mentionné afin que si la mesure prise se révélait désastreuse on puisse se retourner contre lui. A partir du IVe siècle av. J.-C., les participants à l’assemblée se virent rétribuer d’un salaire, le misthos ecclesiasticos.
1.4 La boulê, les prytanes Début de page
Le pouvoir est confié à la boulê, composée de cinq cents membres tirés au sort (50 par tribu). Il n’y avait pas de conditions de cens exigée mais il est vraisemblable que seuls les citoyens bénéficiant de revenus suffisants pouvaient se permettre de s’y consacrer durant une année pleine car le misthos bouleutikos n’était que de cinq oboles par jour au IVe siècle. Les bouleutes devaient prêter serment de demeurer fidèles à la constitution. La boulê se réunissait dans le bouleutérion tous les jours sauf jours fériés. Une grande partie du travail préparatoire de l’assemblée (probouleuma) était fait par la boulê.
Les cinquante bouleutes d’une tribu étaient prytanes, c’est à dire présidents du Conseil, siégeant à tour de rôle pendant un dixième de l’année. Ce sont les prytanes qui réunissent l’ecclésia et la boulê et qui en préparent l’ordre du jour. Chaque jour, l’un des prytanes était tiré au sort pour être président de la boulê (épistate). Ce sont les prytanes qui recoivent les ambassadeurs étrangers et les lettres officielles ; ce sont eux qui peuvent déférer devant les tribunaux les statèges qui ne se seraient pas acquittés de leur tâche.
1.5 Les magistratures
A côté des prytanes qui sont les magistrats suprêmes, il y avait beaucoup d’autres magistrats, presque toujours réunis en collège de dix membres (1 par tribu). Toutes les magistratures sont électives. Tous les magistrats bénéficient de l’inviolabilité (tout délit à titre public contre l’un d’eux entraîne l’atimie) et tous ont le droit de porter une couronne. Il n’y avait pas de hiérarchie parmi les charges : tout homme occupant une charge était responsable directement et uniquement envers le démos. Tout magistrat quittant sa charge devait rendre des comptes.
Parmi ces magistrats, on peut distinguer les archontes et les stratèges. Après la réforme, il y a désormais neuf archontes plus un secrétaire : aux trois archontes antiques sont rajoutés six gardiens de la loi (thesmothètes), qui sont eux-aussi désignés par tirage au sort. Les dix stratèges étaient élus par l’assemblée du peuple parmi les pentacosiomédimnes (1 par tribu) et étaient indéfiniment rééligibles. A chaque prytanie ils sont confirmés dans leurs fonctions par un vote à mains levées. Si l’un d’eux n’est pas confirmé, il est traduit devant un tribunal ; s’il est acquitté il reprend immédiatement ses fonctions. Ils sont souverains quand ils commandent et peuvent chasser de l’armée, condamner à une amende quiconque n’obéit pas à leurs ordres. Chaque stratège se voit assigner une magistrature militaire spécifique.
1.6 Réformes, crises et restauration Début de page
Les Guerres Médiques consacrèrent le rôle fondamental du démos : la flotte athénienne victorieuse était essentiellement recrutée parmi les citoyens les plus pauvres (thètes) ; la guerre avait entraîné un afflux considérable de citoyens de la campagne vers la cité elle-même ; les stratèges, qui sont élus par le démos, virent leur rôle renforcé aux dépends des Archontes.
Ephialte fit voter une loi réformant l’Aréopage, en le privant de ses pouvoirs judiciaires qui furent transmis à la boulê et à l’Héliée. Puis vers 458–456, les zeugites furent admis à l’archontat. A la mort d’Ephialte, Périclès devient le chef du parti démocratique et parachève la constitution démocratique d’Athènes. Durant la Guerre du Péloponnèse, la démocratie athénienne connaîtra deux crises institutionnelles. En 411, le parti aristocratique profite de la crise ouverte par la désastreuse expédition de Sicile et de l’absence d’une bonne partie du démos partie combattre pour faire voter l’instauration du régime oligarchique des Quatre Cents. La démocratie est abolie au profit d’un conseil des Quatre Cents, représentant les possédants, épaulé par une assemblée de 5 000 citoyens. Les dissensions internes au régime amène sa chute dans des circonstances peu précises dès 410.
En 405, la défaite athénienne amène une nouvelle crise (404) et l’instauration du régime des Trente, dirigé par Théramène et Critias, où le pouvoir est confisqué par trente citoyens épaulé par une assemblée réduite à 3 000 citoyens. Parallèlement, les métèques furent arrêtés et leurs biens confisqués. La dérive tyrannique de ce régime conduit Sparte à soutenir le parti démocratique mené par Thrasybule qui rétablit la démocratie en 403.
Progressivement, le démos se désintéresse complètement des affaires de la cité, sauf s’il s’agit de décider d’une guerre, et l’on assiste à une professionalisation de la vie politique athénienne. En 322, la démocratie disparaît au profit d’une oligarchie censitaire qui réservait la politeia aux seuls possesseurs d’une fortune de 2 000 drachmes, abaissés à 1 000 drachmes en 317 par Démétrios de Phalère. La démocratie athénienne n’est plus désormais que l’ombre d’elle-même.
1.7 Périclès Début de page
C’est sans aucun doute le plus grand homme d’Etat qu’ai eu la Grèce. Thucydide écrira que l’Athènes de Périclès était « l’école de la Grèce ». Né vers 494, Périclès appartient par ses deux parents à des familles aristocratiques qui ont joué un grand rôle dans la vie politique d’Athènes, dont par sa mère celle des Alcméonides qui dirige le parti démocratique. Son père Xanthippe fut un célèbre opposant à Miltiade, ce qui lui valu d’être frappé d’ostracisme. Il est le petit-neveu de Clisthène. On raconte qu’un présage précéda sa naissance : sa mère Agaristé eut en songe la vision d’accoucher d’un lion. Son crâne trop allongé lui vaudra le sobriquet de « Tête d’oignon ». Dans sa jeunesse, il fréquente des poètes, des artistes et des philosophes notamment Zénon et surtout Anaxagore. Plus tard, il entretiendra des liens avec le sophiste Protagoras, le sculpteur Phidias, l’historien Hérodote et les poètes Eschyle et Sophocle.
L’homme politique
Il apparaît pour la première fois dans la vie publique en 472 en tant que chorège de la pièce Les Perses d’Eschyle. En 463, il intente un procès à Cimon pour corruption mais se montre très accommodant lors de l’audience. A la mort d’Ephialte, Périclès devient le chef du parti démocratique. Bon général, il aurait élevé neuf trophées 4. Pendant près de trente ans, il est le maître d’Athènes et par son ascendant personnel et par l’autorité que lui donne la charge de stratège, renouvelée chaque année quinze ans de suite à partir de 443. Il garde les allures un peu hautaine d’un aristocrate qui prétend conduire, par la raison, la foule qu’ il domine par son intelligence. Son éloquence est simple mais naturelle et reconnue par tous y compris ses adversaires. Il sait se monter juste et modéré avec ses adversaires. Thucydide, son adversaire en politique, souligne aussi une autre de ses qualités : « dans le domaine de l’argent, il était manifestement de la plus grande intégrité. » 5
Sa loi sur la citoyenneté instaure l’obligation d’être né de deux parents athéniens pour être citoyen d’Athènes ; loi dont le fils de Périclès et d’Aspasie sera directement victime ultérieurement. Démocrate convaincu, il fait accorder une indemnité (misthophorie) journalière pour les jurés des tribunaux populaires (Héliée), ce qui élargit le cadre de la démocratie athénienne en achevant de donner au peuple le pouvoir politique.
Il maintient la paix intérieure en obtenant des riches leur participation financière à l’entretien des vaisseaux de guerre et en assurant aux pauvres des moyens d’existence, soit par la création de clérouquies, soit par les grands travaux qui embellissent la ville (construction du Parthénon) et donnent du travail aux artisans (construction des « Longs Murs »).
1.8 Figure de l’Histoire Début de page
Mais ce qui met Périclès vraiment hors de pair, c’est sa vision de patriote hellène. Alors qu’Athènes est en paix avec toutes les cités, vers 448, il lance un appel à tous les peuples grecs et les invite à envoyer des délégués à Athènes. Ce congrès aurait pour but de voter les mesures nécessaires à la restauration des sanctuaires détruits par les Perses et d’examiner les moyens d’assurer la sécurité de la navigation dans les mers grecques.
Puisqu’Athènes doit être la capitale de la confédération hellénique ainsi formée, Périclès veut regrouper tous les Grecs autour d’un sanctuaire de l’Attique en l’honneur de Déméter, symbole de la terre nourricière. Enfin, l’union doit aboutir à la reprise de l’expansion hellénique. Périclès mena une politique extérieure expansionniste : il renforça les liens avec la Thrace et les colonies de Russie méridionale ; il attaqua sans succès l’Egypte ; il conclut des alliances avec les cités siciliennes. C’est là ce que vise la création de Thourioi. Les projets de Périclès échouent : les Péloponnésiens, sous la domination de Sparte ayant refusé d’y prendre part. Sparte comprenait que l’union rêvée par Périclès ferait d’Athènes la capitale morale du monde grec.
Périclès et Aspasie
Le couple que constituait Périclès avec Aspasie faisait scandale, d’abord parce que Périclès avait répudié sa première femme d’origine athénienne dont il avait eût des enfants et ensuite, parce qu’elle était une courtisane d’origine milésienne, enfin, parce qu’elle était intelligente et cultivée et qu’elle devait tenir une sorte de salon où se croisaient les hommes brillants de l’époque. Platon ne dit-il pas : « Socrate va quelquefois chez elle avec ses amis et les familiers y conduisent leurs femmes pour entendre sa conversion. » Ce qui n’empêchera pas ce même Platon de rejoindre Aristophane et les poètes comiques pour donner une image négative du couple Périclès-Aspasie.
Le poète comique Hermippos lui intente un procès pour impiété et débauche ce qui conduira Périclès lui-même à la défendre devant les juges et à verser des larmes pour implorer la clémence des juges ! Pleurer en public et pour une étrangère : situation doublement exceptionnelle et scandaleuse ! Vingt ans plus tard, Périclès, ayant perdu ses fils légitimes, n’hésitera pas encore une fois à s’humilier devant le peuple athénien en suppliant qu’on accorde la citoyenneté à son bâtard (nommé Périclès lui-aussi et futur vainqueur à la bataille des Arginuses en 406) né de l’union avec Aspasie.
1 Thucydide, Guerre du Péloponnèse, II, 37
2 Plutarque, Vie de Thésée, XIV, 1–2
3 Aristote, Constitution d’Athènes, XXI
4 Plutarque, Vie de Périclès, 38, 3.
5 Thucydide, Guerre du Péloponnèse, II, 65, 8.
comme quoi la démocratie est très difficile à construire. et à main tenir.