[RICs LIBRES et contagieux – DÉMOCRATIE VRAIE] Dans l’Aveyron, des Gilets jaunes ont organisé EUX-MÊMES un RIC local !

24/11/2019 | 1 commentaire

« Une première nationale » : dans l’Aveyron, des Gilets jaunes ont organisé un RIC local

Source : RT France, https://​fran​cais​.rt​.com/​f​r​a​n​c​e​/​6​8​2​4​5​-​p​r​e​m​i​e​r​e​-​n​a​t​i​o​n​a​l​e​-​d​a​n​s​-​a​v​e​y​r​o​n​-​g​i​l​e​t​s​-​j​a​u​n​e​s​-​o​r​g​a​n​i​s​e​-​r​i​c​-​l​o​cal

Un Gilet jaune de Saint-Affrique lors du RIC expé­ri­men­tal qu’ils ont orga­ni­sé dans leur com­mune le 23 novembre.

Convain­cus que le réfé­ren­dum d’i­ni­tia­tive citoyenne ne serait pas « ins­tau­ré par en haut », des Gilets jaunes avey­ron­nais ont déci­dé de le faire par­tir « par en bas » et en ont orga­ni­sé un dans leur com­mune. Ils espèrent faire des émules.

C’est LA reven­di­ca­tion phare des Gilets jaunes, qui est deve­nue réa­li­té ce 23 novembre dans l’A­vey­ron : dans la com­mune de Saint-Affrique, les habi­tants ont en effet pu s’es­sayer à la démo­cra­tie directe en pre­nant part à un réfé­ren­dum d’i­ni­tia­tive citoyenne (RIC) – non contrai­gnant légalement. 

Ils étaient appe­lés à se pro­non­cer sur trois pro­po­si­tions, qu’ils avaient eux-mêmes défi­nies en amont : l’u­ti­li­sa­tion de pro­duits bio locaux dans les cui­sines col­lec­tives, l’in­ter­dic­tion du gly­pho­sate dans la com­mune et l’in­té­gra­tion du RIC dans les prises de déci­sions de la com­mune. « C’est une pre­mière natio­nale ! » : dans la salle mise à dis­po­si­tion par la mai­rie – avec iso­loirs et urne – les Gilets jaunes à l’o­ri­gine de ce pro­jet « expé­ri­men­tal » n’ont pas bou­dé leur plai­sir face au suc­cès ren­con­tré par leur initiative. 

© RT France Les Saint-Affri­cains s’adonnant au RIC.

Si l’i­dée a ger­mé dans leur esprit en début d’an­née, après avoir assis­té à une confé­rence sur le sujet, l’or­ga­ni­sa­tion du vote à pro­pre­ment par­ler n’a com­men­cé qu’en juin. C’est un vrai par­cours du com­bat­tant auquel les Gilets jaunes ont alors été confron­tés pour mener à bien le pro­jet ; du tra­vail péda­go­gique à faire auprès de la popu­la­tion pour expli­quer en quoi consiste un RIC, aux trac­ta­tions avec le mai­rie pour obte­nir les listes élec­to­rales ain­si que du maté­riel, en pas­sant par la dis­tri­bu­tion de 3 500 bul­le­tins, et sur­tout l’é­la­bo­ra­tion des pro­po­si­tions par les habitants. 

Alors, quand vers midi une habi­tante a glis­sé le 100e bul­le­tin de vote de la jour­née, les applau­dis­se­ments étaient de rigueur. « Plus de 90% des gens qui sont venus voter, on ne les connaît pas », se féli­cite ain­si un Gilet jaune. Par­mi eux, une jeune mère de famille tren­te­naire, qui vient voter pour la pre­mière fois de sa vie. Ou encore une ado­les­cente pas encore majeure (le vote était ouvert aux per­sonnes de 16 ans et plus), bien déci­dée à don­ner son avis sur l’u­ti­li­sa­tion de pro­duits bio locaux dans les cui­sines col­lec­tives : « C’est impor­tant qu’à la can­tine ils nous donnent des pro­duits locaux », explique-t-elle. 

Puisque le RIC ne sera pas ins­tau­ré d’en haut,
il fau­dra qu’il parte d’en bas

Si les résul­tats du vote ne seront pas contrai­gnants, le RIC ne dis­po­sant pas à l’heure actuelle de cadre légal, ils seront mal­gré tout étu­diés par le Conseil muni­ci­pal le 27 novembre. A quelques mois des élec­tions muni­ci­pales, le maire PS de la ville Alain Fau­con­nier a d’ailleurs fait le dépla­ce­ment pour glis­ser un bul­le­tin dans l’urne. « Leur démarche citoyenne […] mérite qu’on s’y inté­resse […] J’en­voie un signe répu­bli­cain », a fait savoir l’édile. 

287 per­sonnes ont fina­le­ment pris part au vote sur les 5 541 votants poten­tiels que compte Saint-Affrique et les 10 000 des com­munes alen­tours. La pro­po­si­tion qui a recueilli le plus de suf­frages concerne l’u­ti­li­sa­tion de pro­duits bio et locaux dans les cui­sines col­lec­tives, à laquelle 98% des votants ont adhé­ré. Les deux autres pro­po­si­tions ont éga­le­ment été adop­tées à une majo­ri­té de plus de 90% des votants. 

Très satis­faits de la par­ti­ci­pa­tion et du dérou­lé de la jour­née, les orga­ni­sa­teurs, au-delà des chiffres, espèrent sur­tout faire des émules. Que l’i­dée se répande et que les citoyens des quatre coins du pays s’en sai­sissent pour que le RIC finisse par deve­nir incon­tour­nable dans le pay­sage poli­tique : « Puisque le RIC ne sera pas ins­tau­ré d’en haut, il fau­dra qu’il parte d’en bas. Si des per­sonnes sont au cou­rant de ce qu’on a fait sur Saint-Affrique et trouvent ça inté­res­sant […] petit à petit, ça peut ren­trer dans des habi­tudes. Et à par­tir de là, on aura peut-être un jour ou l’autre un can­di­dat cré­dible à une élec­tion qui por­te­ra le RIC. » 


Lire aus­si :
Inter­dit d’in­ter­dire : Le réfé­ren­dum d’i­ni­tia­tive citoyenne en débat


Source : RT France, https://​fran​cais​.rt​.com/​f​r​a​n​c​e​/​6​8​2​4​5​-​p​r​e​m​i​e​r​e​-​n​a​t​i​o​n​a​l​e​-​d​a​n​s​-​a​v​e​y​r​o​n​-​g​i​l​e​t​s​-​j​a​u​n​e​s​-​o​r​g​a​n​i​s​e​-​r​i​c​-​l​o​cal

 

Mon com­men­taire :

En fait, le RIC LIBRE de Saint-Affrique n’est pas exac­te­ment « une pre­mière » puisque les gilets jaunes de Saint-Clair-du-Rhône ont orga­ni­sé un RIC LIBRE dès jan­vier 2019. Mais aujourd’­hui, ça com­mence à se répandre par­tout, ce qui est à la fois his­to­rique et enthousiasmant. 

J’ai ren­con­tré les gilets jaune de Saint-Affrique lors de la ren­contre de Mil­lau le 5 novembre der­nier. Nous avions par­ta­gé la tri­bune pour mettre en regard théo­rie et pra­tique, et leur expé­rience nous a paru à tous bien inté­res­sante et vivi­fiante. J’at­tends la vidéo de cette soi­rée avec impatience.

Faites des RIC !

Étienne.

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1 Commentaire

  1. Ronald

    Un échange qui fait réflé­chir est pas­sé récem­ment, entre Fran­çois Ruf­fin et Cédric O, Secré­taire d’État char­gé du numé­rique, sur la cen­sure dont son vic­time les pages Face­book sou­te­nant les Gilets Jaunes :

    https://​you​tu​.be/​E​N​8​d​m​2​4​V​yEc

    Fran­çois Ruf­fin signale que de nom­breuses pages Face­book qui sou­tiennent dif­fé­rents com­bats sociaux se retrouvent cen­su­rées. L’argument de Face­book est qu’elles « contre­viennent aux stan­dards de la com­mu­nau­té ». Ruf­fin estime qu’il s’agit d’une atteinte à la liber­té d’expression et que le gou­ver­ne­ment devrait agir contre l’entreprise. Le Secré­taire d’État consi­dère que s’agissant d’une entre­prise pri­vée, elle gère l’usage de la pla­te­forme comme elle l’entend et que le gou­ver­ne­ment n’a pas à s’en mêler.

    Éva­cuons d’abord un point, parce que tous deux sont d’accord. Pour tous les deux, il est nor­mal que la loi limite ce qui peut être dit. Je ne suis pas d’accord avec cela, mais ce n’est pas sur ce point que Ruf­fin attaque. Il semble d’accord pour lut­ter contre « les conte­nu hai­neux ». Mais com­ment réagi­rait-il si la défense sociale en venait à être caté­go­ri­sée comme « conte­nu hai­neux », on l’ignore. Cédric O ne va pas non plus sur ce ter­rain, et je n’en dis­cute donc pas ici pour ne pas alour­dir le débat.

    On a donc une oppo­si­tion entre deux valeurs : la liber­té d’expression poli­tique, et, pour les déten­teurs de sites inter­net, le droit d’user de leur pro­prié­té comme ils l’entendent. Le pro­blème étant que le réseau social est à l’intersection du domaine des deux valeurs.

    Une pre­mière posi­tion pos­sible serait d’accorder tous les droits aux usa­gers. Mais aucun déten­teur de site inter­net n’accepterait que n’importe qui puisse venir y tenir tous les pro­pos qu’il veut. Un forum consa­cré à l’a­qua­rio­phi­lie accep­te­rait-il que des mili­tants UPR y viennent faire de la pro­pa­gande poli­tique ? En outre, si toute la liber­té était accor­dée aux usa­gers, il serait facile de cou­ler des petits sites déran­geants en enga­geant des groupes de trolls pour le sac­ca­ger. Il faut bien que le pro­prié­taire ait le doit de défi­nir des condi­tions d’utilisation.

    Une seconde pos­si­bi­li­té est celle pro­po­sée par Cédric O. Face­book impose des condi­tions d’u­ti­li­sa­tion. Celui qui ne s’en satis­fait pas peut tou­jours s’ex­pri­mer sur des pla­te­formes alter­na­tives. Mais cette solu­tion ne satis­fait pas Ruf­fin. Car celui-ci veut pou­voir s’a­dres­ser au plus grand nombre. Et le plus grand nombre est sur Face­book. On est ici devant une autre limite : les grands réseau sociaux sont deve­nus tel­le­ment impor­tants qu’ils mono­po­lisent les échanges et notam­ment la pro­pa­gande poli­tique qu’il est pos­sible de faire. On a des entre­prises pri­vées mais qui ont acquis l’im­por­tance d’un ser­vice public. Cette option d’al­ler sur des pla­te­formes mineures n’est donc pas satis­fai­sante non plus.

    Une autre option par­fois pro­po­sée est « Il suf­fit de blo­quer Face­book et faire un réseau social public ; les Chi­nois y arrivent bien ». Il y a plu­sieurs pro­blèmes qui se posent ici : (1) Je ne suis pas sûr que l’État fran­çais ait les capa­ci­tés tech­no­lo­giques pour rem­pla­cer tous les prin­ci­paux réseaux sociaux (Face­book, Twit­ter, You­tube …). (2) Je suis tou­jours scep­tique sur l’i­dée que la cen­sure soit la bonne voie pour éta­blir la liber­té. (3) La plu­part des gens sont satis­faits des réseaux sociaux tels qu’ils existent. Les blo­quer pour créer un ser­vice public serait aller contre la volon­té majo­ri­taire et donc anti­dé­mo­cra­tique. On voit ici le pro­blème : avoir la liber­té d’ex­pres­sion sur les réseaux sociaux n’est pas un pro­blème pour la majo­ri­té, mais pour la mino­ri­té qui voit ses droits bafoués. Les diri­geants des réseaux sociaux veulent une pla­te­forme consen­suelle jus­te­ment pour atti­rer le plus grand nombre. Il sont en cela en phase avec les annon­ceurs publi­ci­taires qui veulent aus­si tou­cher le plus grand nombre. Peu leur importe les droits des opi­nions minoritaires.

    Aus­si, ma solu­tion légis­la­tive que je pro­po­se­rais est la suivante :
    « Les pla­te­formes numé­riques deve­nues des oli­go­poles de fait doivent avoir des condi­tions d’u­ti­li­sa­tion conformes aux normes juri­diques hié­rar­chi­que­ment supé­rieures. La liste de ces pla­te­formes est éta­blie tous les 5 ans par la Com­mis­sion Natio­nale Infor­ma­tique et Liber­té. Les pla­te­formes sou­mettent leurs condi­tions d’u­ti­li­sa­tion lors de cha­cune de leurs modi­fi­ca­tions au Conseil Consti­tu­tion­nel. Celui-ci se pro­nonce sur leur conformité. »

    Il fau­drait pré­ci­ser la for­mu­la­tion pour qu’elle soit juri­di­que­ment cor­recte, mais l’i­dée étant que si la liber­té d’ex­pres­sion poli­tique est garan­tie dans l’es­pace public, elle l’est aus­si sur ces réseaux sociaux. Mais on ne peut pas trou­bler l’ordre public ni har­ce­ler les per­sonnes dans l’es­pace public et la pla­te­forme peut donc effec­tuer une « police » en ce sens. Si les mêmes cri­tères régle­men­taires s’ap­pliquent à tous les réseaux, les annon­ceurs publi­ci­taires mêmes étran­gers devront s’ha­bi­tuer à ce que cela fonc­tionne ain­si dans le pays. En même temps, cela ne concer­ne­ra que les gros réseaux, les petits sites gar­de­ront leur liber­té de pra­tique sans être sous la menace conti­nue de pour­suites. Cela ne régle­ra évi­dem­ment pas tout (les entre­prises peuvent tou­jours jouer sur l’al­go­rithme de visi­bi­li­té) mais devrait régler les abus les plus manifestes.

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