Invité par les jeunes gens de THINKERVIEW à 14 h cet après-midi, en direct

4/08/2017 | 16 commentaires

Invi­té par les jeunes gens de Thin­ker­view à 14 h cet après-midi, en direct :

https://​www​.face​book​.com/​T​h​i​n​k​e​r​v​i​e​w​/​p​o​s​t​s​/​1​4​9​8​6​6​2​5​0​6​8​8​9​526

https://​www​.you​tube​.com/​t​h​i​n​k​e​r​v​iew

Ma valise de bou­quins est prête 🙂
J’es­père qu’on pour­ra gar­der un peu de temps pour en parler.

À tout bientôt.

Edit : le replay (2 h) est dispo 🙂 

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​5​5​1​1​4​2​7​7​3​7​317

 

Edit bis : des per­sonnes incroya­ble­ment dévouées (Sébas­tien et Cathe­rine, ain­si que Bruce) ont ins­pi­ré et fabri­qué la docu­men­ta­tion cor­res­pon­dant à cette inter­view Thin­ker­view. Mille mer­cis à eux :

https://​old​.chouard​.org/​E​u​r​o​p​e​/​E​.​C​h​o​u​a​r​d​-​I​T​V​-​T​h​i​n​k​e​r​v​i​e​w​-​R​e​f​e​r​e​n​c​e​s​.​pdf

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Étienne

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16 Commentaires

  1. majax

    Belle entre­vue Étienne, tu as l’air en forme ! 🙂

    Réponse
  2. Jacques

    J’ai trou­vé Etienne très tran­quille et serein mal­gré les ques­tions pénibles voire arro­gantes (genre le peuple est débile).
    J’ai été gêné par le fait que les réponses n’a­vaient pas l’air d’in­té­res­ser l’in­ter­vie­wer. Au milieu d’une expli­ca­tion, il pose une ques­tion qui n’a aucun rap­port et qui hors du domaine de com­pé­tences d’Etienne.
    C’est un peu lourd (mais ça se retrouve dans la plu­part de leurs entretiens).
    En tout cas, j’ai noté les bou­quins nouveaux 🙂

    Mer­ci Etienne !

    Réponse
    • majax

      C’est un peu la marque de fabrique de la chaîne. Bous­cu­ler un peu les gens, prê­cher le faux pour avoir le vrai etc, pour leur faire sor­tir ce qu’ils ont de meilleur, ou d’inédit.
      Au final cela donne une belle entre­vue de plus de 2h tout de même et cela a don­né l’oc­ca­sion à Étienne de sor­tir des sen­tiers battus.

      Réponse
      • Jacques

        Oui, je sais que c’est leur marque de fabrique (je le dis dans mon commentaire).
        Mais jus­te­ment, je n’ai pas trou­vé que ce soit per­ti­nent avec Etienne Chouard. On n’a pas appris grand-chose quand on le suit depuis quelque temps.
        (Sauf tou­jours les titres de cer­tains bouquins !)
        J’ai trou­vé leur méthode plus effi­cace sur le pré­sident de la Nef qui n’y connaît, ça m’a scié.
        Et leur entre­tien avec Ray­na Stam­bo­liyas­ka, c’é­tait car­ré­ment une dis­cus­sion entre deux potes. Des blagues per­sos tout le long, des ques­tions lais­sées très sou­vent sans réponses, des réponses elles-mêmes sou­vent déce­vantes et des « on se com­prend / on sait ce qu’il faut en pen­ser – par exemple sur le cas de Mas­to­dont) alors que nous, non, on ne sait pas !

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        • Berbère

          Je suis d’ac­cord aussi…
          je pré­fè­rais net­te­ment le ton de départ…super cap­ti­vant, où Etienne lais­sait déployer tout natu­rel­le­ment et sans inter­rup­tion, sa pensée…un peu comme un cours super concentré
          Fau­drait deman­der aux jour­na­listes leurs ques­tions, puis se fil­mer à part, pour pou­voir y répondre tran­quille, puis­qu’ils savent pas s’empêcher… 🙁

          Réponse
        • majax

          Il faut sur­tout rete­nir le fait que cette entre­vue a eu le mérite d’exis­ter et tout ce qui per­met de don­ner un peu de lisi­bi­li­té au pro­jet est tou­jours bien­ve­nu ! Per­son­nel­le­ment je ne m’im­plique pas tou­jours comme il fau­drait donc je pré­fère accueillir ce tra­vail avec bienveillance. 🙂

          Salu­ta­tions.

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  3. etienne

    À pro­pos des dépu­tés GODILLOTS : 

    « On nous impose un devoir de silence » : un député LREM justifie son absentéisme :

    « Sous le feu des cri­tiques en rai­son de sa faible pré­sence et de son acti­vi­té qua­si-nulle au palais Bour­bon, un ex-dépu­té PS deve­nu élu LREM a poin­té du doigt la dis­ci­pline impo­sée à ses élus par le nou­veau parti.

    Jean-Michel Clé­ment, dépu­té socia­liste de la Vienne deve­nu dépu­té La Répu­blique en marche (LREM) en 2017, est au cœur d’une polé­mique depuis que France Info a révé­lé son absen­téisme chro­nique au palais Bour­bon. Le dépu­té n’a en effet jamais effec­tué la moindre inter­ven­tion en com­mis­sion ou en séance, n’a signé aucun amen­de­ment et n’a jamais posé de ques­tion écrite. 

    Pour se défendre, l’in­té­res­sé sou­tient qu’il est avant tout actif dans sa cir­cons­crip­tion, sur le ter­rain. Mais c’est sur­tout la dis­ci­pline exi­gée aux par­le­men­taires LREM qui semble dérou­ter cet élu de 62 ans. « De toute manière, il n’y a pas beau­coup d’in­té­rêt à sié­ger dans cette majo­ri­té plé­tho­rique, où on nous impose un devoir de silence », sou­pire-t-il, inter­ro­gé par France Info. « Pas­ser son temps sur un banc à ne rien dire, ce n’est pas l’i­dée que je me fais de la vie par­le­men­taire », ajoute-t-il encore.

    Le dépu­té fait réfé­rence au règle­ment inté­rieur du groupe LREM à l’As­sem­blée, dont Le Canard Enchaî­né avait publié des extraits au début du mois de juillet der­nier et qui se révèle être par­ti­cu­liè­re­ment contrai­gnant pour les élus de la majo­ri­té pré­si­den­tielle. Ces der­niers sont en effet par exemple tenus, par l’ar­ticle 16, de ne jamais voter ou cosi­gner d’a­men­de­ment éma­nant de l’op­po­si­tion.

    […]


    https://​fran​cais​.rt​.com/​f​r​a​n​c​e​/​4​1​7​0​2​-​o​n​-​n​o​u​s​-​i​m​p​o​s​e​-​d​e​v​o​i​r​-​s​i​l​e​nce

    Réponse
    • etienne

      La Théorie des Jeux — Science étonnante #39

      Réponse
  4. etienne

    Dans cet entre­tien avec Thin­ker­view, j’é­voque (je ne sais plus à quelle minute) un article du Saker sur la Corée du nord que j’ai trou­vé per­ti­nent pour nous dés­in­toxi­quer de la pen­sée unique bel­li­queuse mar­te­lée tous les jours ici par « La Prav­da des mil­liar­daires » (ce mono­pole de l’in­for­ma­tion en France qu’on appelle fal­la­cieu­se­ment « les médias ») ; voi­ci l’ar­ticle auquel je pensais :

    La véritable raison de l’inquiétude de Washington à propos de l’essai ICBM de la RPDC

    (Source : Le Saker fran­co­phone : http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​l​a​-​v​e​r​i​t​a​b​l​e​-​r​a​i​s​o​n​-​d​e​-​l​i​n​q​u​i​e​t​u​d​e​-​d​e​-​w​a​s​h​i​n​g​t​o​n​-​a​-​p​r​o​p​o​s​-​d​e​-​l​e​s​s​a​i​-​i​c​b​m​-​d​e​-​l​a​-​r​pdc)


    Par son essai ICBM signa­lant sa capa­ci­té de repré­sailles contre une agres­sion éta­su­nienne, la Corée du Nord a clai­re­ment indi­qué que l’effort de sept décen­nies des États-Unis pour ren­ver­ser son gou­ver­ne­ment ne se concré­ti­se­rait jamais – un revers pour le des­po­tisme amé­ri­cain et une avan­cée pour la paix et la démo­cra­tie à l’échelle mondiale.


    Par Ste­phen Gowans – Le 5 juillet 2017 – Source What’s Left

    Un cer­tain nombre de pays ont tes­té récem­ment des mis­siles balis­tiques ou de croi­sière et une poi­gnée d’entre eux, notam­ment la Rus­sie et la Chine, pos­sèdent des ICBM nucléaires capables de frap­per les États-Unis. Et pour­tant le pro­gramme de mis­siles et d’armes nucléaires d’un seul de ces pays, la Corée du Nord, sus­cite la conster­na­tion à Washington.

    Qu’est-ce qui fait de la toute petite Corée du Nord, avec son minus­cule bud­get de défense, un arse­nal nucléaire et des mis­siles de capa­ci­té rudi­men­taires une menace si grave que« l’inquiétude s’est répan­due à Washing­ton et aux Nations Unies » ?1.

    « La véri­té, dit quelqu’un, est sou­vent cachée à la pre­mière page du New York Times» 2 Ce n’est pas moins vrai de la vraie rai­son pour laquelle Washing­ton se tra­casse à pro­pos des essais de mis­siles de la Corée du Nord.

    Dans un article du 4 juillet 2017 inti­tu­lé « What can Trump do about North Korea ? His options are few and ris­ky » [Que peut faire Trump à pro­pos de la Corée du Nord ? Ses options sont peu nom­breuses et ris­quées], le jour­na­liste David E. San­ger, un membre du Conseil des rela­tions étran­gères, le cercle de réflexion non offi­ciel du Dépar­te­ment d’État amé­ri­cain, révèle pour­quoi Washing­ton s’alarme du récent essai de lan­ce­ment d’un mis­sile balis­tique inter­con­ti­nen­tal de la Corée du Nord.

    « La crainte, écrit San­ger, n’est pas que [le diri­geant nord-coréen] M. Kim lance une attaque pré­ven­tive visant la Côte Ouest ; ce serait sui­ci­daire, et si le diri­geant du Nord de 33 ans a démon­tré quelque chose dans ses cinq ans à son poste, c’est qu’il ne pense qu’à sa survie. »

    Si Washing­ton s’alarme, selon San­ger, c’est que « M. Kim a [main­te­nant] la capa­ci­té de ripos­ter. » En d’autres termes, Pyon­gyang a acquis les moyens d’une auto­dé­fense effi­cace. Cela, écrit San­ger, fait de la Corée du Nord un « régime dangereux ».

    En effet, pour une puis­sance domi­nante mon­diale comme les États-Unis, tout gou­ver­ne­ment étran­ger qui résiste et refuse de se pla­cer dans un rôle de vas­sal devient« un régime dan­ge­reux », qui doit être éli­mi­né. Par consé­quent, une Corée du Nord qui veut déve­lop­per en toute indé­pen­dance les moyens de se défendre plus effi­ca­ce­ment contre les ambi­tions impé­ria­listes éta­su­niennes n’a pas sa place dans les scé­na­rios de Washing­ton. Les États-Unis ont pas­sé les 70 der­nières années à essayer d’intégrer le minus­cule et cou­ra­geux pays dans leur empire non décla­ré. Aujourd’hui, alors que la Corée du Nord a acquis la capa­ci­té d’exercer des repré­sailles contre l’agression mili­taire éta­su­nienne d’une manière qui cau­se­rait des dom­mages consi­dé­rables à la patrie amé­ri­caine, les pers­pec­tives que ces sept décen­nies d’investissements portent leurs fruits semblent minces.

    L’hostilité des États-Unis à l’égard de l’indépendance nord-coréenne s’est expri­mée de mul­tiples manières au cours des 70 ans d’existence de la Corée du Nord.

    Une guerre d’agression de trois ans diri­gée par les États-Unis, de 1950 à 1953, a exter­mi­né 20% de la popu­la­tion de la Corée du Nord et détruit par le feu toutes les villes du pays 3,The Inter­cept, 3 mai 2017. LeMay dit : « Nous avons tué [] 20% de la popu­la­tion… Nous sommes allés là-bas, nous leur avons fait la guerre et fina­le­ment nous avons incen­dié toutes les villes de Corée du Nord. »], pous­sant les sur­vi­vants à se réfu­gier dans des abris sou­ter­rains dans les­quels ils vivaient et tra­vaillaient. Le géné­ral amé­ri­cain Dou­glas MacAr­thur a dit de la des­truc­tion que les États-Unis ont infli­gée à la Corée du Nord : « Je n’ai jamais vu une telle dévas­ta­tion… Après avoir regar­dé les décombres et ces mil­liers de femmes et d’enfants, et tout, j’ai vomi. »4 ne peut s’empêcher de gon­fler la menace nord coréenne), FAIR, 9 mai 2017.]

    Une odieuse cam­pagne de guerre éco­no­mique de 70 ans, visant à para­ly­ser l’économie du pays et à pro­vo­quer la misère dans sa popu­la­tion, a confé­ré à la Corée du Nord la dis­tinc­tion mal­heu­reuse d’être la nation la plus lour­de­ment sanc­tion­née sur la terre. Nichées dans les couches de sanc­tions amé­ri­caines, il y a celle qui ont été impo­sées parce que la Corée du Nord a choi­si « une éco­no­mie mar­xiste-léni­niste » 5, révé­lant ce qui est à la racine de l’hostilité des États-Unis à l’égard du pays.

    Pen­dant des décen­nies, les Coréens du Nord ont vécu sous une épée de Damo­clès nucléaire, sou­mis de manière répé­tée à des menaces d’annihilation nucléaire, y com­pris celle d’être trans­for­més en « bri­quettes de char­bon » 6, Demo­cra­cy Now !, 29 mai 2009.] et« détruits tota­le­ment » jusqu’à « ces­ser lit­té­ra­le­ment d’exister »7 – et cela avant qu’ils aient des armes nucléaires et des moyens rudi­men­taires pour les lan­cer. En d’autres termes, dans ses menaces de vapo­ri­ser les Coréens du Nord, Washing­ton les a mena­cés de faire d’eux les suc­ces­seurs des peuples autoch­tones amé­ri­cains, des objets des géno­cides per­pé­trés par les États-Unis.

    Nous devrions en pre­mier lieu nous rap­pe­ler pour­quoi la Corée du Nord s’est reti­rée du Trai­té de non-pro­li­fé­ra­tion nucléaire (TNP). Comme l’écrit Bruce Cumings, pro­fes­seur d’histoire à l’université de Chi­ca­go, pour la Corée du Nord, la crise nucléaire a com­men­cé à la fin de février 1993, lorsque :

    « le géné­ral Lee But­ler, chef du Com­man­de­ment stra­té­gique éta­su­nien a annon­cé qu’il redi­ri­geait les armes nucléaires stra­té­giques (c’est-à-dire les bombes à hydro­gène), conçues pour l’ancienne URSS, sur la Corée du Nord (entre autres endroits). Au même moment, le nou­veau chef de la CIA, James Wool­sey, a attes­té que la Corée du Nord était ‘notre plus grande pré­oc­cu­pa­tion actuelle’. À la mi-mars 1993, des dizaines de mil­liers de sol­dats (amé­ri­cains) par­ti­ci­paient à des jeux de guerre en Corée… et des bom­bar­diers B1‑B et B‑52 venant de Guam y par­ti­ci­pèrent aus­si, ain­si que plu­sieurs navires trans­por­tant des mis­siles de croi­sière et autres équi­pe­ments mili­taires : sur quoi, le Nord s’est reti­ré du TNP. »8.

    Vingt-cinq ans plus tard, les bom­bar­diers B1‑B et plu­sieurs navires trans­por­tant des mis­siles de croi­sière – cette fois des porte-avions « pro­jec­teurs de puis­sance » – sont de retour.

    Le mois der­nier, Washing­ton a envoyé non pas un mais deux porte-avions, l’USS Carl Vin­son et l’USS Ronald Rea­gan, dans les eaux entre le Japon et la Corée, pour mener des« exer­cices », une démons­tra­tion de force jamais vue depuis plus de vingt ans », a rap­por­té leWall Street Jour­nal. 9.

    En même temps, le Penta­gone a envoyé des bom­bar­diers stra­té­giques B1‑B, non pas une fois, mais deux fois le mois der­nier, pour pra­ti­quer des bom­bar­de­ments nucléaires simu­lés « à proxi­mi­té de la Ligne de démar­ca­tion qui sépare les deux Corées », autre­ment dit le long de la fron­tière de la Corée du Nord. 10.

    Natu­rel­le­ment, la Corée du Nord a dénon­cé les simu­lacres de bom­bar­de­ments pour ce qu’ils étaient : des pro­vo­ca­tions graves. Si les nou­velles capa­ci­tés d’autodéfense du pays com­mu­niste ont sus­ci­té la conster­na­tion à Washing­ton, alors la démons­tra­tion mani­feste de son offen­sive pour­rait légi­ti­me­ment déclen­cher l’alarme à Pyon­gyang. The Wall Street Jour­nal a résu­mé les pro­vo­ca­tions amé­ri­caines de cette manière : « L’armée amé­ri­caine a exé­cu­té plu­sieurs sur­vols à proxi­mi­té de la pénin­sule de Corée en uti­li­sant des bom­bar­diers B1‑B (c’est-à-dire nucléaires) et diri­gé un groupe de porte-avions de la Marine vers la région – à la grande conster­na­tion de la Corée du Nord. » 11.

    Robert Lit­wak, direc­teur des études inter­na­tio­nales pour le Wil­son Cen­ter, explique la rai­son du désar­roi de Pyon­gyang, si ce n’est pas déjà évident. Les jeux de guerre diri­gés par les États-Unis « [pour­raient res­sem­bler à] une manœuvre défen­sive pour nous, [mais] du point de vue de la Corée du Nord, ils peuvent pen­ser que nous pré­pa­rons une attaque lorsque des chas­seurs B2 com­mencent à arri­ver ».12.

    En jan­vier, la Corée du Nord a offert de « s’asseoir avec les États-Unis à n’importe quel moment », pour dis­cu­ter de leurs jeux de guerre et de ses pro­grammes d’armes nucléaires et de mis­siles balis­tiques. Pyon­gyang a pro­po­sé que les États-Unis « contri­buent à réduire les ten­sions sur la pénin­sule de Corée en sus­pen­dant tem­po­rai­re­ment leurs exer­cices mili­taires conjoints en Corée du Sud et leur proxi­mi­té cette année, et a dit que dans ce cas la RPDC était prête, en contre­par­tie, à prendre des mesures en sus­pen­dant tem­po­rai­re­ment les essais nucléaires qui pré­oc­cupent les États-Unis ». 13.

    La pro­po­si­tion nord-coréenne a été appuyée par la Chine et la Rus­sie 14 et récem­ment par le nou­veau pré­sident de Corée du Sud, Moon Jae-in. 15 Mais Washing­ton a reje­té péremp­toi­re­ment la pro­po­si­tion, refu­sant de recon­naître toute équi­va­lence entre les jeux de guerre menés par les États-Unis, que leurs res­pon­sables consi­dèrent comme« légi­times », et les essais de mis­siles nucléaires de la Corée du Nord, qu’ils qua­li­fient d’« illé­gi­times ». 16.

    Le rejet par les États-Unis de la pro­po­si­tion nord-coréenne sou­te­nue par la Chine, la Rus­sie et la Corée du Sud n’est cepen­dant liée rhé­to­ri­que­ment qu’à des notions de légi­ti­mi­té, et cette ques­tion ne résiste même pas à l’examen le plus som­maire. Com­ment se fait-il que les mis­siles balis­tiques et les armes nucléaires éta­su­niennes soient légi­times et pas ceux de Corée du Nord ?

    La vraie rai­son pour laquelle Washing­ton rejette la pro­po­si­tion nord-coréenne est expli­quée par San­ger : un tel accord  « recon­naî­trait fon­da­men­ta­le­ment que le modeste arse­nal nord coréen est ici pour res­ter », ce qui signi­fie que Pyon­gyang conser­ve­rait « la capa­ci­té de ripos­ter », pour arrê­ter la main amé­ri­caine et dis­sua­der Washing­ton de lan­cer une agres­sion en vue d’un chan­ge­ment de régime à la manière des guerres qu’ils ont per­pé­trées contre Sad­dam et Kadha­fi, des chefs de gou­ver­ne­ments pro-indé­pen­dance qui, comme la Corée du Nord, refu­saient d’être inté­grés dans l’empire amé­ri­cain infor­mel, mais qui, contrai­re­ment à la Corée du Nord, avaient renon­cé à leurs moyens d’autodéfense et qui, une fois sans défense, ont été ren­ver­sés par des agres­sions fomen­tées par les États-Unis.

    « C’est ce que son pro­gramme nucléaire empê­che­ra, croit M. Kim », écrit le membre du Conseil des rela­tions étran­gères, se réfé­rant à l’effort amé­ri­cain pour mener à bien la cam­pagne contre Pyon­gyang en vue d’un chan­ge­ment de régime, cam­pagne vieille de sept décen­nies. Et il a « peut-être rai­son », concède Sanger.

    Toute per­sonne pré­oc­cu­pée par la démo­cra­tie devrait prendre conscience que la Corée du Nord, contrai­re­ment à la Libye de Kadha­fi et à l’Irak de Sad­dam, a résis­té avec suc­cès aux pré­da­tions amé­ri­caines. Les États-Unis exercent une dic­ta­ture inter­na­tio­nale, s’arrogeant le droit d’intervenir en n’importe quel endroit du globe, afin de dic­ter aux autres com­ment ils devraient orga­ni­ser leurs affaires éco­no­miques et poli­tiques, au point de mener expli­ci­te­ment en Corée du Nord une guerre contre le pays parce qu’il a une éco­no­mie mar­xiste-léni­niste contraire aux inté­rêts éco­no­miques de la couche sociale supé­rieure amé­ri­caine dont les occa­sions de faire des pro­fits par les expor­ta­tions et les inves­tis­se­ments en Corée du Nord ont été par consé­quent éclipsées.

    Les pays qui résistent au des­po­tisme sont les véri­tables cham­pions de la démo­cra­tie, et non ceux qui l’exercent (les États-Unis) ou la faci­litent (leurs alliés). La Corée du Nord est calom­niée pour être une dic­ta­ture bel­li­queuse, vio­ler les droits de l’homme et pra­ti­quer une répres­sion cruelle et excep­tion­nelle contre les dis­si­dents poli­tiques, une des­crip­tion qui convient au prin­ci­pal allié arabe de Washing­ton, l’Arabie saou­dite, la béné­fi­ciaire de faveurs mili­taires, diplo­ma­tiques et autres qua­si illi­mi­tées de la part des États-Unis, pro­di­guées à la tyran­nie arabe mal­gré sa totale aver­sion pour la démo­cra­tie, sa réduc­tion des femmes au sta­tut d’objets, sa dif­fu­sion d’une idéo­lo­gie wah­ha­bite cruel­le­ment sec­taire, une guerre injus­ti­fiée au Yémen et la déca­pi­ta­tion et la cru­ci­fixion de ses dis­si­dents politiques.

    Si nous nous sou­cions de la démo­cra­tie, nous devrions, comme le phi­lo­sophe ita­lien Dome­ni­co Losur­do le dit, être aus­si concer­nés par la démo­cra­tie à l’échelle mon­diale. L’inquiétude qui s’est répan­due à Washing­ton et aux Nations Unies est le signe que la vraie démo­cra­tie est en essor dans le monde. Et cela ne devrait pas être un sou­ci pour le reste d’entre nous, mais une chaude caresse.

    Ste­phen Gowans

    Tra­duit par Diane, véri­fié par Wayan, relu par Cathe­rine pour le Saker francophone

    http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​l​a​-​v​e​r​i​t​a​b​l​e​-​r​a​i​s​o​n​-​d​e​-​l​i​n​q​u​i​e​t​u​d​e​-​d​e​-​w​a​s​h​i​n​g​t​o​n​-​a​-​p​r​o​p​o​s​-​d​e​-​l​e​s​s​a​i​-​i​c​b​m​-​d​e​-​l​a​-​r​pdc

    Notes :

    1. Fos­ter Klug et Hyung-Jin Kim, North Korea’s nukes are not on nego­tia­tion table : Kim Jong-un, Reu­ters, July 5, 2017
    2. Pour­rait être attri­bué à Peter Kuz­nick, co-auteur avec Oli­ver Stone de The Untold His­to­ry of the Uni­ted States.
    3. Selon le géné­ral de l’Armée de l’air Cur­tis LeMay, chef du com­man­dant stra­té­gique aérien pen­dant la guerre de Corée, cité dans Medi Hasan, Why do North Koreans hate us ? One reason—They remem­ber the Korean War [Pour­quoi les Coréens du Nord nous haïssent-ils ? Pour une rai­son – ils se sou­viennent de la guerre de Corée
    4. Glen Frie­den, NPR can’t help hyping North Korea threat (La NPR [la radio publique amé­ri­caine, NdT
    5. North Korea : Eco­no­mic Sanc­tions, Congres­sio­nal Research Ser­vice, 2016.
    6. Colin Powell a aver­ti la Corée du Nord que les États-Unis pour­raient la trans­for­mer en « bri­quette de char­bon ». Bruce Cumings, Latest North Korean pro­vo­ca­tions stem from mis­sed US oppor­tu­ni­ties for demi­li­ta­ri­za­tion [Les der­nières pro­vo­ca­tions de la Corée du Nord résultent des occa­sions de démi­li­ta­ri­sa­tion man­quées des États-Unis
    7. Le géné­ral amé­ri­cain Wes­ley Clark, cité dans Dome­ni­co Losur­do, La non-vio­lence : une his­toire démys­ti­fiée, Ed. Del­ga, Paris 2015, a dit : « Les diri­geants de Corée du Nord uti­lisent un lan­gage bel­li­queux, mais ils savent très bien qu’ils n’ont pas d’option mili­taire dis­po­nible… S’ils atta­quaient la Corée du Sud, leur pays serait tota­le­ment détruit. Ils ces­se­raient lit­té­ra­le­ment d’exister. »
    8. Bruce Cumings, Korea’s Place in the Sun : A Modern His­to­ry, W.W. Nor­ton & Com­pa­ny, 2005. p. 488–489
    9. Gor­don Lubold, North Korea, South Chi­na Sea to domi­nate Defense Secretary’s Asia Trip, The Wall Street Jour­nal, 2 juin 2017
    10. Jona­than Cheng, U.S. bom­bers fly near North Korean bor­der after mis­sile launch, The Wall Street Jour­nal, 30 mai 2017
    11. Jona­than Cheng, North Korea com­pares Donald Trump to Adolph Hit­ler, The Wall Street Jour­nal, 27 juin 2017
    12. US experts argue in favor of sca­ling down S. Korea-US mili­ta­ry exer­cises, The Han­kyo­reh, 20 juin 2017
    13. Korean Cen­tral News Agen­cy, 10 jan­vier 2015
    14. Jona­than Cheng and Alas­tair Gale, North Korea mis­sile launch threa­tens U.S. stra­te­gy in Asia, The Wall Street Jour­nal, 4 juillet 2017
    15. David E. San­ger, What can Trump do about North Korea ? His options are few and ris­ky, The New York Times, 4 juillet 2017.
    16. Jona­than Cheng and Alas­tair Gale, North Korea mis­sile launch threa­tens U.S. stra­te­gy in Asia, The Wall Street Jour­nal, 4 juillet 2017

     

    Réponse
  5. Benoit

    Les vidéos du col­loque « Hen­ri Guille­min et la Com­mune – le moment du peuple ? », le 19 novembre 2016 à Paris.
    Avec Annie Lacroix-Riz, Flo­rence Gau­thier, Cécile Robe­lin, Céline Léger, Patrick Rödel, Patrick Ber­thier et Jean Chérasse.
    http://​www​.hen​ri​guille​min​.org/​p​o​r​t​f​o​l​i​o​_​c​a​t​e​g​o​r​y​/​v​i​d​e​o​-​c​o​l​l​o​q​u​e​-​2​0​16/

    Réponse
  6. etienne

    « Cher­chez la cause des causes. » Hippocrate.

    Le Venezuela possède plus de pétrole que l’Arabie saoudite

    par Hayat Gaz­zane (2011)

    Le Venezuela possède plus de pétrole que l'Arabie saoudite

    D’a­près un rap­port de l’Or­ga­ni­sa­tion des pays expor­ta­teurs de pétrole (Opep), le pays diri­gé par Hugo Cha­vez déte­nait l’an der­nier des réserves prou­vées de 296,50 mil­liards de barils, soit les plus grandes du monde.

    Le Vene­zue­la est plus riche en pétrole que l’A­ra­bie saou­dite. C’est le rap­port annuel de l’Or­ga­ni­sa­tion mon­diale du pétrole (Opep) qui l’af­firme. Ce docu­ment indique que le pays diri­gé par Hugo Cha­vez, actuel­le­ment à Cuba pour faire soi­gner son can­cer,dis­po­sait en fin d’an­née der­nière de 296,50 mil­liards de barils d’or noir pou­vant être exploi­tés, contre 211,2 mil­liards un an plus tôt. Il sur­passe ain­si le royaume saou­dien dont les réserves prou­vées sont res­tées stables, à 264,5 milliards.

    En jan­vier der­nier, le pré­sident Hugo Cha­vez affir­mait déjà être deve­nu le numé­ro un du pétrole devant l’A­ra­bie saou­dite. Mais jus­qu’à pré­sent, les chiffres de l’O­pep ne le confir­maient pas car l’or­ga­ni­sa­tion n’in­té­grait pas dans ses cal­culs le pétrole non conven­tion­nel, c’est-à-dire lourd et extra-lourd, qui fait la richesse du Vene­zue­la. C’est désor­mais chose faite. La forte hausse des réserves prou­vées qui en résulte a été le prin­ci­pal moteur de l’aug­men­ta­tion géné­rale des réserves de l’O­pep, qui s’é­ta­blissent à 1193 mil­liards de barils (+12,1%).

    Un pétrole trop lourd

    Le Vene­zue­la a tou­jours mili­té pour la recon­nais­sance par l’O­pep du poten­tiel de son bas­sin de l’O­ré­noque, situé dans le nord du pays. Cette zone est consi­dé­rée comme la plus grande réserve d’hy­dro­car­bures du monde. Elle est actuel­le­ment exploi­tée par la com­pa­gnie natio­nale pétro­lière Petro­leos de Vene­zue­la (PDVSA) et des par­te­naires étran­gers, dont l’i­ta­lien Eni. Le Vene­zue­la, qui y pro­duit en moyenne 2,3 mil­lions de barils par jours (mbj) selon l’or­ga­ni­sa­tion, espère y pro­duire 4,6 mbj en 2020. Ven­dre­di der­nier, la com­pa­gnie pétro­lière ita­lienne ENI a d’ailleurs enga­gé 2 mil­liards de dol­lars dans des pro­jets com­muns d’ex­ploi­ta­tion et de raf­fi­nage avec PDVSA dans cette zone.

    Mais le point faible du Vene­zue­la réside dans la qua­li­té de son pétrole. Son extrac­tion et raf­fi­nage demandent des coûts bien plus éle­vés que le pétrole léger qui fait la richesse des sous-sols saou­diens. Le Vene­zue­la a plus de dif­fi­cul­té à trans­for­mer et rendre com­mer­cia­li­sable son or noir. Même s’il dis­pose de plus de réserve, il reste donc loin der­rière l’A­ra­bie saou­dite en termes de pro­duc­tion (8,16 mbj en 2010 contre 2,85 mil­lions pour le Vene­zue­la) et d’ex­por­ta­tion (950.900 mbj contre 751.100 mbj).


    L’Irak retrouve de l’élan

    Par­mi les autres pays à avoir aug­men­té leur pro­duc­tion figurent l’I­ran, avec 151 mil­liards de barils (+10,3%), et l’I­rak. Ce der­nier pays détient 143 mil­liards de barils de réserves, un chiffre en hausse de 24,4%. D’a­près le gou­ver­ne­ment ira­kien, l’in­dus­trie pétro­lière, qui avait été mise à mal par le conflit de 2003, repart de l’a­vant. En 2009, onze contrats ont été signés avec des com­pa­gnies étran­gères pour l’ex­ploi­ta­tion de ses immenses réserves pétro­lières. Le pays entend por­ter sa capa­ci­té de pro­duc­tion à 12 mbj en 2017, contre 2,5 mbj actuel­le­ment. « Si nous conti­nuons sur la voie dans laquelle nous nous sommes enga­gés, l’I­rak sera au cours des deux pro­chaines décen­nies le pays qui fixe­ra la poli­tique pétro­lière dans le monde en matière de prix, de l’offre et de la demande », s’est même avan­cé le vice-Pre­mier ministre char­gé de l’éner­gie, Hus­sein Chahristani.

    D’autres pays membres de l’O­pep se sont en revanche illus­trés par leur immo­bi­lisme. Les réserves de l’Al­gé­rie, du Koweït, ou encore des Émi­rats arabes unis n’ont ain­si pas bou­gé depuis 2006. Au total, les douze membres de l’or­ga­ni­sa­tion contrô­laient à eux seuls 81,3% des réserves prou­vées mon­diales en 2010 contre 76,9% un an plus tôt.

    Réponse
  7. etienne

    [Témoi­gnage remarquable]

    L’armée syrienne affrontait l’EI longtemps avant que les Américains ne tirent leur premier missile

    Les sur­vi­vants de cette armée et leurs familles vont vou­loir que leur sacri­fice soit recon­nu et même récompensé


    Un an jour pour jour avant sa mort, le géné­ral Fouad Kha­dour est assis dans son quar­tier géné­ral à l’ouest de Pal­myre, Pho­to Nelo­fer Pazira

    Par Robert Fisk – Le 27 juillet 2017 – Source The Independent

    Je n’aime pas les armées. Ce sont des ins­ti­tu­tions dan­ge­reuses. Les sol­dats ne sont pas des héros juste parce qu’ils se battent. Et je suis fati­gué de répé­ter que ceux qui vivent par l’épée pour­raient bien aus­si mou­rir par l’épée. Mais si on com­pare les 40 000 civils tués à Mos­soul par les Amé­ri­cains, les Ira­kiens et l’EI au cours des douze der­niers mois, aux 50 000 civils abat­tus par les Mon­gols au XIIIe siècle à Alep – et que l’on se rend compte que l’influence des droits humains sur les avia­teurs amé­ri­cains, la bru­ta­li­té ira­kienne, et le sadisme de l’EI, n’a per­mis d’obtenir qu’une dimi­nu­tion de 10 000 morts par rap­port aux hordes mon­goles – la mort semble par­fois avoir per­du son sens.

    Sauf quand on connait les vic­times ou leurs familles. J’ai un ami dont la mère a été assas­si­née à Damas, dans le fau­bourg de Haras­ta, au début de la guerre syrienne, un autre dont le beau-frère a été enle­vé à l’est de la ville et n’a jamais été retrou­vé. J’ai ren­con­tré une petite fille dont la mère et le petit frère ont été abat­tus par des tueurs d’al-Nosra dans la ville de Jisr al-Shu­ghour, et un Liba­nais qui croit que son neveu a été pen­du dans une pri­son syrienne. Et puis, ce mois-ci, dans le désert syrien orien­tal, près du vil­lage d’al-Arak, aux cabanes balayées par la pous­sière, un sol­dat syrien que je connais­sais a été tué par l’EI.

    C’était, bien sûr, un sol­dat de l’armée du régime syrien. Il était géné­ral d’une armée constam­ment accu­sée de crimes de guerre par la même nation, les États-Unis, dont les frappes aériennes ont si géné­reu­se­ment contri­bué au mas­sacre épou­van­table de Mos­soul. Mais le géné­ral Fouad Kha­dour était un sol­dat pro­fes­sion­nel et il défen­dait les champs de pétrole de l’est de la Syrie : les joyaux de la cou­ronne de l’économie syrienne. L’EI vou­lait s’en empa­rer et c’est pour ça qu’ils ont tué Kha­dour. La guerre dans le désert n’est pas une guerre sale comme tant des attaques per­pé­trées en Syrie. Quand j’ai ren­con­tré le géné­ral à l’ouest de Pal­myre, l’EI venait de conqué­rir l’ancienne ville romaine et de tran­cher, en public, la tête des civils, des sol­dats et des fonc­tion­naires qui n’avaient pas réus­si à fuir.

    Un an aupa­ra­vant, le fils du géné­ral, éga­le­ment sol­dat, avait été tué en se bat­tant à Homs. Fouad Kha­dour a sim­ple­ment fait oui de la tête quand je l’ai men­tion­né. Il vou­lait par­ler de la guerre dans les mon­tagnes brû­lées par le soleil du sud de Pal­myre, où il ensei­gnait à ses sol­dats à se battre contre les attaques sui­cides de l’EI, à défendre leurs posi­tions iso­lées autour de la sta­tion de pom­page et de trans­mis­sion élec­trique où il était basé, et à sau­ver les pipe­lines T4 sur la route de Homs. Les Amé­ri­cains, qui pro­cla­maient que l’EI était une force « apo­ca­lyp­tique », se sont moqués de l’armée syrienne qui, selon eux, ne se bat­tait pas contre l’EI. Mais Kha­dour et ses hommes com­bat­taient l’EI bien avant que les Amé­ri­cains ne tirent de mis­sile, et ils ont appris la seule leçon que les sol­dats peuvent apprendre lorsqu’ils sont confron­tés à un enne­mi aus­si hor­rible : ne pas avoir peur.

    Kha­dour a recon­nu avoir eu de grosses pertes. Puis il m’a racon­té avec un calme hor­ri­fié com­ment, lors d’une attaque sur un groupe de grottes dans les mon­tagnes, ses sol­dats avaient trou­vé des vête­ments de femmes lais­sés der­rière par l’EI. Je ne com­prends pas, ai-je dit. « Moi non plus je ne com­pre­nais pas, a répon­du le géné­ral, puis nous avons réa­li­sé qu’ils appar­te­naient pro­ba­ble­ment aux esclaves sexuelles Yezi­dis que Daech avaient enle­vées en Irak. »

    Par la suite, les Syriens, sou­te­nus par de mas­sives attaques aériennes russes contre l’EI, sont reve­nus à Pal­myre et ont repris la ville, et j’ai à nou­veau ren­con­tré le géné­ral Kha­dour dans la bicoque en béton, située entre un châ­teau mame­louk du XIIIe siècle et une chaîne de mon­tagnes, qui lui ser­vait de quar­tier géné­ral. Il avait conduit ses sol­dats dans Pal­myre sous de constants tirs de mor­tier. Beau­coup d’entre eux étaient morts en mar­chant sur les mines que l’EI avait habi­le­ment pla­cées sous des che­mins de terre appa­rem­ment fré­quen­tés. Kha­dour avait lui-même été bles­sé par des éclats de mines, même s’il fai­sait plus de cas des scor­pions qui venaient le piquer la nuit dans sa cabane de béton.

    Il était éga­le­ment indi­gné par les médias. « Une équipe de télé­vi­sion est venue à Pal­myre après la bataille, m’a‑t-il dit, et le jour­na­liste nous a deman­dé de recons­ti­tuer les com­bats pour pou­voir dire qu’il était là pen­dant qu’ils avaient lieu ! » Et il a secoué la tête tris­te­ment. Ce n’était pas une équipe de télé­vi­sion occi­den­tale, a‑t-il ajou­té. Il m’a dit que la guerre allait conti­nuer, qu’il y avait encore beau­coup de com­bats à mener dans le désert. Nous avons pris une pho­to de lui assis en treillis dans la cha­leur du désert près d’un écran de camou­flage déchi­ré. Il avait l’air de bonne humeur, fati­gué peut-être, un homme qui avait beau­coup appris sur le désert. Il lui res­tait exac­te­ment un an à vivre.

    L’EI est reve­nu à Pal­myre et a été repous­sé une fois de plus et quelques mois plus tard, a com­men­cé la grande bataille pour repous­ser Isis vers l’Euphrate. Je vou­lais par­ler à Kha­dour à nou­veau. Il se bat­tait main­te­nant à l’est de Pal­myre dans les col­lines autour d’al-Arak. Un ami l’a appe­lé, alors qu’il pre­nait un bref congé, chez lui, près de Lat­ta­quié – oui, c’était un alaouite tan­dis que la plu­part de ses hommes étaient des musul­mans sun­nites –, pour lui dire que je vou­lais le voir. Il ne lui res­tait plus que deux jours à vivre.

    Je n’aime pas les armées. Ce sont des ins­ti­tu­tions dan­ge­reuses. Les sol­dats ne sont pas des héros juste parce qu’ils se battent. Et je suis fati­gué de répé­ter que ceux qui vivent par l’épée pour­raient bien aus­si mou­rir par l’épée. Mais si on com­pare les 40 000 civils tués à Mos­soul par les Amé­ri­cains, les Ira­kiens et l’EI au cours des douze der­niers mois, aux 50 000 civils abat­tus par les Mon­gols au XIIIe siècle à Alep – et que l’on se rend compte que l’influence des droits humains sur les avia­teurs amé­ri­cains, la bru­ta­li­té ira­kienne, et le sadisme de l’EI, n’a per­mis d’obtenir qu’une dimi­nu­tion de 10 000 morts par rap­port aux hordes mon­goles – la mort semble par­fois avoir per­du son sens.

    Sauf quand on connait les vic­times ou leurs familles. J’ai un ami dont la mère a été assas­si­née à Damas, dans le fau­bourg de Haras­ta, au début de la guerre syrienne, un autre dont le beau-frère a été enle­vé à l’est de la ville et n’a jamais été retrou­vé. J’ai ren­con­tré une petite fille dont la mère et le petit frère ont été abat­tus par des tueurs d’al-Nosra dans la ville de Jisr al-Shu­ghour, et un Liba­nais qui croit que son neveu a été pen­du dans une pri­son syrienne. Et puis, ce mois-ci, dans le désert syrien orien­tal, près du vil­lage d’al-Arak, aux cabanes balayées par la pous­sière, un sol­dat syrien que je connais­sais a été tué par l’EI.

    C’était, bien sûr, un sol­dat de l’armée du régime syrien. Il était géné­ral d’une armée constam­ment accu­sée de crimes de guerre par la même nation, les États-Unis, dont les frappes aériennes ont si géné­reu­se­ment contri­bué au mas­sacre épou­van­table de Mos­soul. Mais le géné­ral Fouad Kha­dour était un sol­dat pro­fes­sion­nel et il défen­dait les champs de pétrole de l’est de la Syrie : les joyaux de la cou­ronne de l’économie syrienne. L’EI vou­lait s’en empa­rer et c’est pour ça qu’ils ont tué Kha­dour. La guerre dans le désert n’est pas une guerre sale comme tant des attaques per­pé­trées en Syrie. Quand j’ai ren­con­tré le géné­ral à l’ouest de Pal­myre, l’EI venait de conqué­rir l’ancienne ville romaine et de tran­cher, en public, la tête des civils, des sol­dats et des fonc­tion­naires qui n’avaient pas réus­si à fuir.

    Un an aupa­ra­vant, le fils du géné­ral, éga­le­ment sol­dat, avait été tué en se bat­tant à Homs. Fouad Kha­dour a sim­ple­ment fait oui de la tête quand je l’ai men­tion­né. Il vou­lait par­ler de la guerre dans les mon­tagnes brû­lées par le soleil du sud de Pal­myre, où il ensei­gnait à ses sol­dats à se battre contre les attaques sui­cides de l’EI, à défendre leurs posi­tions iso­lées autour de la sta­tion de pom­page et de trans­mis­sion élec­trique où il était basé, et à sau­ver les pipe­lines T4 sur la route de Homs. Les Amé­ri­cains, qui pro­cla­maient que l’EI était une force « apo­ca­lyp­tique », se sont moqués de l’armée syrienne qui, selon eux, ne se bat­tait pas contre l’EI. Mais Kha­dour et ses hommes com­bat­taient l’EI bien avant que les Amé­ri­cains ne tirent de mis­sile, et ils ont appris la seule leçon que les sol­dats peuvent apprendre lorsqu’ils sont confron­tés à un enne­mi aus­si hor­rible : ne pas avoir peur.

    Kha­dour a recon­nu avoir eu de grosses pertes. Puis il m’a racon­té avec un calme hor­ri­fié com­ment, lors d’une attaque sur un groupe de grottes dans les mon­tagnes, ses sol­dats avaient trou­vé des vête­ments de femmes lais­sés der­rière par l’EI. Je ne com­prends pas, ai-je dit. « Moi non plus je ne com­pre­nais pas, a répon­du le géné­ral, puis nous avons réa­li­sé qu’ils appar­te­naient pro­ba­ble­ment aux esclaves sexuelles Yezi­dis que Daech avaient enle­vées en Irak. »

    Par la suite, les Syriens, sou­te­nus par de mas­sives attaques aériennes russes contre l’EI, sont reve­nus à Pal­myre et ont repris la ville, et j’ai à nou­veau ren­con­tré le géné­ral Kha­dour dans la bicoque en béton, située entre un châ­teau mame­louk du XIIIe siècle et une chaîne de mon­tagnes, qui lui ser­vait de quar­tier géné­ral. Il avait conduit ses sol­dats dans Pal­myre sous de constants tirs de mor­tier. Beau­coup d’entre eux étaient morts en mar­chant sur les mines que l’EI avait habi­le­ment pla­cées sous des che­mins de terre appa­rem­ment fré­quen­tés. Kha­dour avait lui-même été bles­sé par des éclats de mines, même s’il fai­sait plus de cas des scor­pions qui venaient le piquer la nuit dans sa cabane de béton.

    Il était éga­le­ment indi­gné par les médias. « Une équipe de télé­vi­sion est venue à Pal­myre après la bataille, m’a‑t-il dit, et le jour­na­liste nous a deman­dé de recons­ti­tuer les com­bats pour pou­voir dire qu’il était là pen­dant qu’ils avaient lieu ! » Et il a secoué la tête tris­te­ment. Ce n’était pas une équipe de télé­vi­sion occi­den­tale, a‑t-il ajou­té. Il m’a dit que la guerre allait conti­nuer, qu’il y avait encore beau­coup de com­bats à mener dans le désert. Nous avons pris une pho­to de lui assis en treillis dans la cha­leur du désert près d’un écran de camou­flage déchi­ré. Il avait l’air de bonne humeur, fati­gué peut-être, un homme qui avait beau­coup appris sur le désert. Il lui res­tait exac­te­ment un an à vivre.

    L’EI est reve­nu à Pal­myre et a été repous­sé une fois de plus et quelques mois plus tard, a com­men­cé la grande bataille pour repous­ser Isis vers l’Euphrate. Je vou­lais par­ler à Kha­dour à nou­veau. Il se bat­tait main­te­nant à l’est de Pal­myre dans les col­lines autour d’al-Arak. Un ami l’a appe­lé, alors qu’il pre­nait un bref congé, chez lui, près de Lat­ta­quié – oui, c’était un alaouite tan­dis que la plu­part de ses hommes étaient des musul­mans sun­nites –, pour lui dire que je vou­lais le voir. Il ne lui res­tait plus que deux jours à vivre.

    L’officier supé­rieur de Kha­dour por­tait le même nom de famille – c’était le géné­ral Moha­med Kha­dour, qui com­mande toute la région mili­taire de l’est – bien qu’ils ne soient pas de la même famille. Il m’a emme­né dans les col­lines où Kha­dour a été tué. Voi­ci ce qu’il m’a dit : « Un col­lègue et moi-même par­lions au télé­phone à Fouad là où il était atta­qué près du champ [de pétrole] Rama­min et nous sommes allés le voir pour par­ler de l’opération. Nous l’avons vu sur une col­line en train d’organiser ses troupes à al-Arak. Il s’est diri­gé vers la route où nous nous étions arrê­tés et l’EI tirait des mor­tiers qui ont atter­ri près de nous. Ils savaient sur qui ils tiraient. Nous avons don­né nos plans à Fouad. J’ai dit que nous devrions éva­cuer tem­po­rai­re­ment cette zone. Quand nous sommes remon­tés dans notre véhi­cule, Fouad est venu pour nous dire au revoir. Mais juste après notre départ, un réser­voir de pétrole a explo­sé à côté de lui. Nous avons appris qu’il avait été tou­ché à la main. J’ai essayé de l’appeler sur son télé­phone et il a essayé de me répondre mais il n’arrivait pas à par­ler. Je voyais qu’il était en ligne parce que son nom était ins­crit sur l’écran de mon télé­phone. Ils l’ont ame­né à l’hôpital, il conti­nuait à dire : « C’est juste ma main » et il était tout à fait conscient. Mais ils ont décou­vert qu’un éclat d’obus était entré dans son corps et avait trans­per­cé ses pou­mons. Et puis son état s’est dété­rio­ré, sa res­pi­ra­tion a com­men­cé à fai­blir et, une heure plus tard, il était mort. C’était un héros et un homme très courageux. »

    Les enne­mis du régime le nie­ront – car ils mau­dissent toute l’armée d’Assad – mais le fait est que le géné­ral Fouad Kha­dour soit mort en com­bat­tant la même idéo­lo­gie meur­trière que la Rus­sie, l’Amérique et la France et d’innombrables pays occi­den­taux consi­dèrent comme leur pire enne­mi. Le fait que tant d’armes de l’EI pro­viennent de l’Occident – comme me l’ont répé­té aus­si bien le géné­ral Kha­dour vivant que le géné­ral Kha­dour mort – donne un tour cruel­le­ment iro­nique à cette his­toire. Le tank qui a tiré sur Fouad Kha­dour était peut-être un tank syrien cap­tu­ré au début de la guerre – ou un Abrams amé­ri­cain pris par l’EI à Mos­soul en 2014 et ame­né en Syrie comme beau­coup d’autres tanks américains.

    Mais la mort de Fouad Kha­dour signi­fie autre chose. C’est la perte d’un offi­cier supé­rieur expé­ri­men­té de plus dans une armée qui a per­du envi­ron 74 000 sol­dats. Il y a en effet beau­coup d’officiers par­mi les sol­dats morts, parce que les com­man­dants de ter­rain en Syrie sont en pre­mière ligne. Un autre offi­cier supé­rieur a été tué lors d’un ces­sez-le-feu qui a échoué à Alep il y a deux semaines. J’ai ren­con­tré un colo­nel syrien à Alep ce mois-ci qui, après mûre réflexion, m’a dit que 200 per­sonnes qu’il connais­sait per­son­nel­le­ment avaient été tuées dans la guerre, la plu­part des sol­dats, et par­mi eux son oncle. Les sur­vi­vants de cette armée et leurs familles – s’ils « gagnent » cette guerre et si une vic­toire claire est pos­sible quand autant de puis­sances étran­gères sont impli­quées, vou­dront que leur sacri­fice soit recon­nu et même récompensé.

    L’importance de l’armée syrienne aug­mente chaque jour. Ce n’est plus la force armée cor­rom­pue et cor­rup­trice qui a pour­ri au Liban pen­dant 29 ans, ni la force armée mal entraî­née qui s’est confron­tée à l’insurrection, au début, quand ses propres sol­dats fai­saient défec­tion. C’est main­te­nant l’armée arabe la plus aguer­rie du Moyen-Orient, plus que l’armée ira­kienne qui a beau­coup moins de sol­dats professionnels.

    Et c’est l’armée syrienne qui devra recons­truire la Syrie. Le géné­ral Fouad Kha­dour – et sa mort – font donc par­tie du futur autant que du pas­sé de la Syrie.

    Robert Fisk

    Source : le Saker­Fran­co­phone, http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​l​a​r​m​e​e​-​s​y​r​i​e​n​n​e​-​a​f​f​r​o​n​t​a​i​t​-​l​e​i​-​l​o​n​g​t​e​m​p​s​-​a​v​a​n​t​-​q​u​e​-​l​e​s​-​a​m​e​r​i​c​a​i​n​s​-​n​e​-​t​i​r​e​n​t​-​l​e​u​r​-​p​r​e​m​i​e​r​-​m​i​s​s​ile

    Réponse
  8. etienne

    [passionnant] Voilà pourquoi la Corée du Nord déteste autant les États-Unis…

    Quand les Etats-Unis détrui­saient un pays pour le sauver

    Le 25 juin 2010 marque le soixan­tième anni­ver­saire du début de la Guerre de Corée, appe­lée « Guerre de Libé­ra­tion de la patrie » en Répu­blique popu­laire démo­cra­tique de Corée. Entre 1950 et 1953, les hos­ti­li­tés ont fait près de quatre mil­lions de vic­times, mais l’ « héri­tage » de cette guerre va bien au-delà de ce bilan humain déjà ter­ri­fiant : l‘accord d’armistice signé à Pan­mun­jom le 27 juillet 1953 a scel­lé la divi­sion de la pénin­sule coréenne en éta­blis­sant une ligne de démar­ca­tion mili­taire entre le nord et le sud, et, faute de véri­table trai­té de paix, la Corée reste « tech­ni­que­ment » en état de belligérance.

    Au len­de­main de la libé­ra­tion de la Corée (15 août 1945), après 35 ans de colo­ni­sa­tion japo­naise, le peuple coréen pou­vait pour­tant légi­ti­me­ment pré­tendre à recou­vrer son indé­pen­dance et sa sou­ve­rai­ne­té, comme s’y étaient enga­gés les pays alliés lors de la Confé­rence du Caire (novembre 1943). Cette légi­time aspi­ra­tion de la nation coréenne ne fut mal­heu­reu­se­ment pas réa­li­sée dans le contexte d’affrontement des grandes puis­sances : dès le mois de sep­tembre 1945, deux zones d’occupation, sovié­tique et amé­ri­caine, se mirent en place de part et d’autre du 38emeparallèle. En 1948, l’organisation d’élections sépa­rées au sud, sous l’égide de l’ONU où les Etats-Unis dis­po­saient de la majo­ri­té, abou­tit à la créa­tion de deux Etats coréens : la Répu­blique de Corée au sud, la Répu­blique popu­laire démo­cra­tique de Corée au nord. La par­ti­tion de fait de la Corée était réa­li­sée. La nation coréenne se trou­vait dra­ma­ti­que­ment divi­sée contre son gré par la « fron­tière » arti­fi­cielle du 38eme paral­lèle, autour de laquelle divers accro­chages firent des mil­liers de morts de 1945 à 1950.

    La thèse de l’offensive nord-coréenne du 25 juin 1950 ser­vit de pré­texte à une inter­ven­tion mili­taire des Etats-Unis, dans le cadre d’une stra­té­gie amé­ri­caine glo­bale de « refou­le­ment du com­mu­nisme ». L’intervention amé­ri­caine en Corée fut légi­ti­mée par le Conseil de sécu­ri­té de l’ONU – où l’URSS ne sié­geait pas en rai­son du refus d’y admettre la jeune Répu­blique popu­laire de Chine -, le pré­sident amé­ri­cain Har­ry Tru­man pré­sen­tant alors l’envoi de troupes en Corée comme une « opé­ra­tion de police » dont le but était de repous­ser un « raid de ban­dits contre la Répu­blique de Corée ». Le pré­sident amé­ri­cain l’a fait sans décla­ra­tion de guerre, jusqu’alors une condi­tion préa­lable à la par­ti­ci­pa­tion mili­taire des Etats-Unis à l’étranger. Il a ain­si éta­bli un pré­cé­dent pour le pré­sident Lyn­don John­son qui a enga­gé des troupes dans la Guerre du Viet­nam sans jamais sol­li­ci­ter un man­dat du Congrès pour son action. Les inter­ven­tions en Irak et en Afgha­nis­tan ont été menées selon les mêmes principes.

    Pour cette « opé­ra­tion de police », les Etats-Unis eurent recours à des armes de des­truc­tion mas­sive, ou mena­cèrent d’en uti­li­ser, ce qui contri­bue encore à éclai­rer la situa­tion actuelle. Comme l’écrit l’historien amé­ri­cain Bruce Cumings en conclu­sion de l’article que nous repro­dui­sons ci-après, « la Corée du Nord ten­te­rait, sans rai­son, de s’équiper en armes de des­truc­tion mas­sive, tan­dis que l’opposition de Washing­ton à cette stra­té­gie relè­ve­rait de l’innocence ori­gi­nelle. Pour­tant, depuis les années 1940, les Etats-Unis ont eux-mêmes uti­li­sé ou mena­cé d’utiliser ces armes en Asie du Nord-Est. Ils sont la seule puis­sance à avoir eu recours à la bombe ato­mique, et leur dis­sua­sion repose sur la menace de les employer de nou­veau en Corée ». Cumings écri­vait ces lignes en 2004, sous l’administration Bush. Elles res­tent d’une trou­blante actua­li­té, sur­tout après l’annonce, le 6 avril 2010, de la nou­velle pos­ture nucléaire de l’administration Oba­ma, selon laquelle les Etats-Unis s’autorisent à frap­per la Corée du Nord avec des armes nucléaires même si celle-ci n’utilise que des armes conventionnelles.

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    Mémoires de feu en Corée du Nord

    Quand les USA détrui­saient un pays pour le sauver

    La Corée du Nord ten­te­rait, sans rai­son, de s’équiper en armes de des­truc­tion mas­sive, tan­dis que l’opposition de Washing­ton à cette stra­té­gie relè­ve­rait de l’innocence ori­gi­nelle. Pour­tant, depuis les années 1940, les USA ont eux-mêmes uti­li­sé ou mena­cé d’utiliser ces armes en Asie du Nord-Est. Ils sont la seule puis­sance à avoir eu recours à la bombe ato­mique, et leur dis­sua­sion repose sur la menace de les employer de nou­veau en Corée.

    Bruce Cumings est Pro­fes­seur d’histoire à l’université de Chi­ca­go et auteur de Paral­lax Visions : Making Sense of Ame­ri­can-East Asian Rela­tions, Duke Uni­ver­si­ty Press, Londres, 1999 et de North Korea, Ano­ther Coun­try, The New Press, New York, 2004.

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    Source : les​-crises​.fr, Oli­vier Berruyer

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