« Complotiste, moi ? » Une excellente analyse de Michel Collon

3/04/2017 | 18 commentaires

Oli­vier Ber­ruyer vient de remettre en avant, sur son site les​-crises​.fr,  un excellent papier de Michel Col­lon à pro­pos de la théo­rie du com­plot.

Je fais de même, ci-des­sous, car ce papier est vrai­ment excellent et mérite effec­ti­ve­ment d’être connu du plus grand nombre :

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet : 

https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​5​1​0​9​6​9​4​1​6​2​317

 Dès qu’on critique les dirigeants des Etats-Unis, de l’UE ou d’Israël, certains agitent un épouvantail : « Vous êtes complotiste ! ». Sous-entendu : vous voyez le mal partout, mais ces dirigeants sont des démocrates, certes ils peuvent commettre des erreurs, mais ils agissent avec de bonnes intentions

Voi­là, en gros, nous serions for­cés de choi­sir entre :

  • La théo­rie du com­plot : tout est mani­gan­cé dans l’ombre, on nous cache tout, les maîtres du monde sont (au choix) : les juifs, les ban­quiers, les francs-maçons, les Illu­mi­na­ti, etc.
  • La théo­rie de la naï­ve­té : nos diri­geants occi­den­taux tra­vaillent pour le bien com­mun. Ils nous disent ce qu’ils font et ils font ce qu’ils disent.

Ni l’une, ni l’autre, mer­ci ! Nous reven­di­quons une troi­sième façon d’expliquer le fonc­tion­ne­ment de la socié­té, et elle n’a rien à voir avec ces deux fan­tasmes. Pour cla­ri­fier tout ça nous devrons répondre à quatre questions :

  1. Les com­plots, ça existe ou pas ?
  2. Le com­plo­tisme per­met-il de com­prendre le monde ?
  3. Pour­quoi cer­tains parlent-ils tant de « théo­rie du complot » ?
  4. Les médias font-ils le jeu du complotisme ?
  1. Les complots, ça existe ou pas ?

Par­tons de la défi­ni­tion. Une syn­thèse des dic­tion­naires peut se résu­mer ain­si : « pro­jet secret éla­bo­ré par plu­sieurs per­sonnes contre une autre ou contre une ins­ti­tu­tion ». Sur base de ces divers élé­ments, véri­fions ensemble :

  • Quand la CIA et le MI 6 bri­tan­nique orga­nisent en 1953 un plan secret avec des troubles et une cam­pagne de dif­fa­ma­tion pour ren­ver­ser le pre­mier ministre Mos­sa­degh en Iran, et le rem­pla­cer par le Chah d’Iran, sou­mis aux USA[1], est-ce un com­plot ? Oui, il n’y a pas d’autre mot.
  • Quand Hen­ry Kis­sin­ger et la CIA orga­nisent en 1973 un plan secret pour ren­ver­ser le pré­sident pro­gres­siste Allende[2] et le rem­pla­cer par la dic­ta­ture mili­taire néo-libé­rale du géné­ral Pino­chet, est-ce un com­plot ? Oui.
  • Quand Brze­zins­ki, conseiller du pré­sident Car­ter, orga­nise secrè­te­ment l’envoi en 1979 de Ben Laden et autres ter­ro­ristes en Afgha­nis­tan pour ren­ver­ser le gou­ver­ne­ment de gauche (il le recon­naî­tra vingt ans plus tard[3]), est-ce un com­plot ? Oui.
  • Quand, en 2003, le ministre de la Guerre US Donald Rum­sfeld pré­vient ses proches, mais pas l’opinion, que les Etats-Unis « vont prendre sept pays Afgha­nis­tan, Irak, Soma­lie, Sou­dan, Libye, Syrie pour finir par l’Iran »[4]plan qui sera effec­ti­ve­ment mis en oeuvre, est-ce un com­plot ? Oui.
  • Quand Bush et Blair fabriquent en 2003 de faux rap­ports[5] affir­mant que l’Irak pos­sède des armes de des­truc­tion mas­sive et cela pour jus­ti­fier leur guerre du pétrole, est-ce un com­plot ? Oui.

Nous ne dis­cu­te­rons pas ici la ques­tion de savoir si chaque guerre est ven­due avec de tels média­men­songes (cachant à l’opinion les véri­tables objec­tifs). Nous vou­lons juste sou­li­gner que les com­plots font bel et bien par­tie de la poli­tique inter­na­tio­nale, par­ti­cu­liè­re­ment en ce qui concerne les guerres et les coups d’Etat.

Les com­plots sont-ils tou­jours de droite ? Non. Si on se base sur la défi­ni­tion du dic­tion­naire, quand Cas­tro et Che Gue­va­ra orga­nisent à par­tir de 1955 – en secret évi­dem­ment – une insur­rec­tion pour ren­ver­ser la dic­ta­ture mili­taire pro-US qui opprime Cuba, est-ce un com­plot ? Oui. Pro­gres­siste cette fois : en faveur du peuple. Au contraire des com­plots tra­més par des élites pour leurs inté­rêts égoïstes. Bref, il existe des com­plots de droite et des com­plots de gauche.

—————————————————————————

  1. Le complotisme permet-il de comprendre le monde ?

Ma réponse a tou­jours été très claire : Non ! Je l’ai écrit noir sur blanc dans mon livre Israël, par­lons-en ! : « Le conflit Israël – Pales­tine n’est pas une guerre de reli­gion. Ce n’est pas non plus un com­plot juif. (…) La réa­li­té est bien plus simple. La réa­li­té der­rière Israël, c’est tout sim­ple­ment notre sys­tème éco­no­mique et social. Le capi­ta­lisme, de par ses lois éco­no­miques « natu­relles », pro­voque inévi­ta­ble­ment une grande accu­mu­la­tion de richesses à un pôle, et de pau­vre­té à un autre pôle. Depuis sa for­ma­tion jusqu’à aujourd’hui, le capi­ta­lisme a créé des for­tunes de plus en plus grandes et de plus en plus puis­santes. Ces gens entendent contrô­ler les matières pre­mières et le pétrole est la plus stra­té­gique. Pour le contrô­ler, ils sou­tiennent les dic­ta­tures pétro­lières arabes et Israël. Ce n’est pas un mys­té­rieux « com­plot », c’est juste une ques­tion de logique éco­no­mique. »[6]

Je l’ai répé­té dans mon livre sur Char­lie : « La seule façon de dépas­ser le faux pro­blème du com­plot consiste à débattre objec­ti­ve­ment sur les faits : en confron­tant les deux ver­sions, en ne croyant per­sonne sur parole et en véri­fiant tout sur base des meilleures sources selon les pos­si­bi­li­tés : témoins directs, témoins indi­rects fiables, docu­ments, rap­ports et com­mu­ni­qués. Tout cela des deux côtés bien sûr. »[7]

Mais qui a déve­lop­pé ce concept de « com­plo­tisme » ? C’est l’historien US Richard Hof­stad­ter. Dans son ouvrage The Para­noid Style in Ame­ri­can Poli­tics  (1964), il étu­dia l’idéologie de l’extrême droite US et notam­ment la chasse aux sor­cières du mac­car­thysme (1950 – 1956)[8]. Cette cam­pagne de répres­sion anti­com­mu­niste d’extrême droite avait été orches­trée par le séna­teur Joseph McCar­thy. Il pré­ten­dait que les Etats-Unis étaient gra­ve­ment mena­cés par un com­plot : « Des hommes haut pla­cés dans ce gou­ver­ne­ment tra­vaillent de concert pour nous livrer à la catas­trophe ? Ceci doit être le pro­duit d’une grande conspi­ra­tion, une conspi­ra­tion si igno­mi­nieuse que, lorsqu’elle sera mise à jour, ses prin­ci­paux pro­ta­go­nistes seront à jamais voués aux gémo­nies par les hon­nêtes gens. »[9] Au fond, McCar­thy repre­nait le thème obses­sion­nel d’Hitler : une grande conspi­ra­tion mon­diale judéo-maçon­ni­co-bol­ché­vique mena­çant l’Allemagne.

Le tra­vail d’Hofstadter mérite notre atten­tion. Car il four­nit une grille très pré­cise pour ana­ly­ser les com­po­santes de l’esprit com­plo­tiste qu’il appelle « para­noïaque ».  Selon Hof­stad­ter, le porte-parole para­noïaque nous entraîne dans un uni­vers où poli­tique et théo­lo­gie « expliquent » des évé­ne­ments qui en réa­li­té ont été pro­phé­ti­sés et se pré­parent depuis plu­sieurs géné­ra­tions. La « grande conspi­ra­tion » est tra­mée par des forces malé­fiques aux pou­voirs gigan­tesques et qua­si sur­na­tu­rels ; cette machi­na­tion enva­hit tous les pou­voirs : poli­tiques, édu­ca­tifs, média­tiques, reli­gieux, et donc aus­si l’Etat. C’est même pour cela qu’on n’en parle pas : le silence a été bien orga­ni­sé, ce qui confirme l’emprise des com­plo­teurs. Dans cet uni­vers, le genre humain ver­ra très bien­tôt le « bien » triom­pher du « mal ». Il s’agit donc de se ran­ger du bon côté.

Dans les périodes de crise et de désar­roi idéo­lo­gique, on assiste tou­jours à une recru­des­cence de la croyance aux com­plots. Et actuel­le­ment nous sommes bien dans une telle période pour diverses raisons :

  • la crise éco­no­mique, poli­tique et morale du sys­tème social
  • la per­cep­tion sen­sible des dan­gers qu’il apporte (envi­ron­ne­ment, guerres)
  • la perte de cré­di­bi­li­té des médias officiels
  • l’effondrement des par­tis de gauche en Europe
  • la dis­pa­ri­tion donc du cadre d’analyse objec­tif en termes d’intérêts des classes sociales

—————————————————————————

Le com­plo­tisme ne per­met pas de com­prendre l’économie

En matière éco­no­mique, le com­plo­tisme est par­ti­cu­liè­re­ment à côté de la plaque. Certes, les com­plots existent. Quand les prin­ci­pales banques du monde s’entendent pour mani­pu­ler les taux de change de devises et accu­mu­ler ain­si des béné­fices extra, et qu’elles sont condam­nées à 1,7 mil­liards d’amendes par l’UE [10], de quoi s’agit-il, sinon d’un com­plot ? De même, quand des mul­ti­na­tio­nales s’arrangent entre elles, secrè­te­ment, pour fixer des prix trop bas aux matières pre­mières qu’elles achètent ou des prix trop éle­vés aux pro­duits qu’elles vendent, n’est-ce pas un com­plot ? Et quand une juge de New York, Denise Cote, condamne Apple pour avoir orches­tré une entente avec de grands édi­teurs aux Etats-Unis pour aug­men­ter les prix des livres élec­tro­niques (« Les plai­gnants ont démon­tré qu’Apple avait conspi­ré pour rele­ver les prix »), elle applique une défi­ni­tion juri­dique correcte.

Mais géné­ra­li­ser et pré­tendre que l’économie est com­plè­te­ment mani­pu­lée par un grand com­plot, que par exemple la crise éco­no­mique a été déli­bé­ré­ment pro­vo­quée par les banques pour aug­men­ter leurs pro­fits ou pour détruire les classes moyennes, là on entre dans le fan­tasme, car cela ne cor­res­pond pas aux faits observés.

En réa­li­té, dès sa nais­sance qua­si­ment, le sys­tème capi­ta­liste n’a ces­sé d’être accom­pa­gné de crises à inter­valles plus ou moins régu­liers. Pour­quoi ? Parce que ce sys­tème est basé sur trois lois éco­no­miques fondamentales :

  1. La pro­prié­té pri­vée des grandes usines et autres entre­prises (les forces de production).
  2. La concur­rence entre ces patrons.
  3. Le pro­fit maxi­mum comme moyen fon­da­men­tal de vaincre ses concurrents.

Ensemble ces trois lois pro­duisent un engre­nage qui s’impose de manière auto­ma­tique : chaque grand capi­ta­liste doit abso­lu­ment exploi­ter au maxi­mum ceux qui tra­vaillent pour lui. C’est-à-dire les faire pro­duire le plus pos­sible, les payer le moins pos­sible, et même par­fois licen­cier le plus pos­sible en inten­si­fiant le tra­vail de ceux qui res­tent. Et ce n’est pas une ques­tion de sen­ti­ments : les capi­ta­listes agissent ain­si non parce qu’ils sont « méchants » mais parce que s’ils ne le font pas, ils seront éli­mi­nés ou ava­lés par les concur­rents. Cha­cun pour soi et tous contre tous.

Pro­blème : quand un capi­ta­liste réa­lise de telles éco­no­mies, ses rivaux font évi­dem­ment pareil. Résul­tat : tous appau­vrissent ceux qui tra­vaillent pour eux. Dès lors à qui vont-ils vendre puisqu’ils ont détruit le pou­voir d’achat de leurs acheteurs ?

On pour­rait se dire : mais les capi­ta­listes s’étant enri­chis, ils vont dépen­ser davan­tage et quand même faire tour­ner l’économie ? Non. En aug­men­tant la part des pro­fits au détri­ment des salaires, ils se donnent les moyens d’augmenter leur capi­tal et leurs forces de pro­duc­tion. Mais le pou­voir de consom­ma­tion ne peut pas suivre puisqu’il a été réduit. Et ce dés­équi­libre fon­da­men­tal revient sans cesse dans le sys­tème capi­ta­liste. Il n’y a pas de pla­ni­fi­ca­tion veillant à l’équilibre entre les inves­tis­se­ments et les salaires.

En consé­quence, à un moment don­né, il y a trop de pro­duits sur le mar­ché par rap­port aux reve­nus qui peuvent être employés à les ache­ter. C’est la « sur­pro­duc­tion », le blo­cage. Les uns sont capables de pro­duire de plus en plus, mais les autres ne peuvent ache­ter tout ça. Ne pou­vant plus vendre assez, les capi­ta­listes arrêtent par­tiel­le­ment la pro­duc­tion et donc leur accu­mu­la­tion de richesses.

Conclu­sion. Cela ne pro­vient pas du com­plot de quelques-uns. C’est un effet auto­ma­tique des trois lois du capi­ta­lisme et, contrai­re­ment à cer­tains récits com­plo­tistes, les capi­ta­listes n’en sont pas heu­reux car cela met en dan­ger leurs pro­fits, et par­fois même l’existence de cer­tains d’entre eux.

—————————————————————————

Sont-ils tout puissants ?

Une variante du com­plo­tisme pré­tend que l’économie serait diri­gée de façon occulte par un petit groupe de gens mys­té­rieux qui tirent les ficelles clan­des­ti­ne­ment. La réa­li­té est bien plus simple : envi­ron deux cent grandes mul­ti­na­tio­nales dominent tous les sec­teurs clés de l’économie. Et ça n’a rien de clan­des­tin, elles ont toutes un siège social et une adresse, des diri­geants et des action­naires connus. Avec des reve­nus et des pro­prié­tés iden­ti­fiés, des trains de vie luxueux. Tout cela géné­ra­le­ment dis­cret, oui, mais secret, non. Les « maîtres du monde » sont donc bien connus. Et c’est impor­tant, car on peut donc déci­der qui il faut com­battre si on veut défendre l’intérêt col­lec­tif contre les inté­rêts égoïstes.

Alors, qu’est-ce qui freine ou empêche ce com­bat ? Plu­sieurs causes que nous ver­rons. Mais d’abord le fait que les médias pré­sentent l’économie de façon défor­mée en ne don­nant la parole qu’aux experts pro­ca­pi­ta­listes. On en vient à pré­sen­ter les lois éco­no­miques du capi­ta­lisme comme « natu­relles et inévi­tables » en mar­te­lant qu’il n’y a pas d’alternative. On tue l’espoir.

Mais reve­nons au com­plo­tisme. En réa­li­té, cette vision d’une éco­no­mie qui serait diri­gée par des com­plo­teurs tout puis­sants est fausse et dan­ge­reuse. Fausse parce qu’en réa­li­té per­sonne ne peut contrô­ler l’ensemble de l’économie. Certes, d’un côté, les capi­ta­listes s’entendent entre eux pour défendre leurs inté­rêts face aux tra­vailleurs et aux popu­la­tions. Et aus­si pour défendre leurs inté­rêts contre ceux des autres pays. En ce sens, ce sont clai­re­ment eux qui dominent une éco­no­mie qui n’est pas du tout démo­cra­tique. Mais, de l’autre côté, ils se font aus­si concur­rence entre eux et cela affai­blit l’ensemble de leur sys­tème. Comme Albert Ein­stein l’avait très bien ana­ly­sé en 1949 : « L’anarchie éco­no­mique de la socié­té capi­ta­liste, telle qu’elle existe aujourd’hui, est, à mon avis, la source réelle du mal. Nous voyons devant nous une immense socié­té de pro­duc­teurs dont les membres cherchent sans cesse à se pri­ver mutuel­le­ment du fruit de leur tra­vail col­lec­tif — non pas par la force, mais, en somme, confor­mé­ment aux règles léga­le­ment éta­blies. L’aiguillon du pro­fit en conjonc­tion avec la com­pé­ti­tion entre les capi­ta­listes est res­pon­sable de l’instabilité dans l’accumulation et l’utilisation du capi­tal qui amène des dépres­sions éco­no­miques de plus en plus graves. La com­pé­ti­tion illi­mi­tée conduit à un gas­pillage consi­dé­rable de tra­vail et à la muti­la­tion de la conscience sociale des indi­vi­dus. » [11] Bon diag­nos­tic avec les trois élé­ments : pro­prié­té, pro­fit maxi­mum, compétition.

De ce diag­nos­tic (où Ein­stein rejoint Marx en fait) nous pou­vons tirer deux conclu­sions. 1. Sur le rap­port entre les ban­quiers et les indus­triels. 2. Sur les rap­ports au sein même de la classe capi­ta­liste en général.

  1. Ne pas exa­gé­rer l’importance de la banque. Certes, his­to­ri­que­ment, les ban­quiers ont joué un rôle impor­tant dans la pre­mière accu­mu­la­tion du capi­tal qui a per­mis la révo­lu­tion indus­trielle et la for­ma­tion des grands mono­poles. Et ils res­tent un rouage impor­tant du sys­tème éco­no­mique actuel. Mais l’idée qu’eux et la spé­cu­la­tion seraient seuls res­pon­sables de la crise et des maux du capi­ta­lisme n’est pas scien­ti­fique, elle ne reflète pas les lois réelles de son fonctionnement.

En réa­li­té, les mul­ti­na­tio­nales indus­trielles sont la base du capi­ta­lisme, leur exploi­ta­tion est la cause fon­da­men­tale de la crise, et ce sont elles, en der­nière ins­tance, qui pro­voquent les guerres. Ein­stein montre bien qu’en sup­po­sant que les banques n’existeraient pas, eh bien, même dans ce cas, les indus­triels pro­vo­que­raient des crises, consé­quences des règles que nous avons décrites. Dès lors, cen­trer toute l’attention, par exemple, sur Gold­man Sachs et ses com­plots (réels ou ima­gi­naires), c’est nier le pro­blème d’ensemble de ce sys­tème capi­ta­liste. C’est faire croire qu’en le gué­ris­sant de sa « mala­die ban­quière ou spé­cu­la­tive » il serait capable de mettre fin à l’exploitation et d’assurer le bien-être à tous. Illu­sion réfu­tée par les faits : jamais l’humanité n’a pro­duit autant de richesses, jamais il n’y a eu autant d’hommes mou­rant de faim.

  1. Bien mesu­rer les contra­dic­tions entre capi­ta­listes. On parle sou­vent des ren­contres du groupe Bil­der­berg comme étant le pou­voir abso­lu et tota­le­ment secret de notre socié­té. D’un côté, il est exact que cet organe où se concertent les plus grandes mul­ti­na­tio­nales a davan­tage de pou­voir que les gou­ver­ne­ments et peut leur dic­ter les grandes orien­ta­tions. De l’autre côté, le fait que les prin­ci­paux capi­ta­listes se concertent entre eux et tentent de s’entendre sur cer­taines ques­tions ne sup­prime pas la concur­rence achar­née que ces grandes mul­ti­na­tio­nales se mènent éga­le­ment entre elles et qui les affaiblit.

Quand les prin­ci­pales banques US se voient infli­ger des amendes colos­sales, comme indi­qué plus haut, et que Gold­man Sachs écope de cinq mil­liards de dol­lars, il est dif­fi­cile de croire que tout cela fait par­tie du grand com­plot tra­mé par Gold­man Sachs qui serait le maître abso­lu du monde. Il faut res­ter sérieux. Cette amende est l’effet concret des contra­dic­tions entre les banques et les autres capi­ta­listes, ceux-ci esti­mant que les banques leur ont fait du tort, voire ont mis l’ensemble du sys­tème en dan­ger et qu’il faut donc faire la police.

La Pre­mière Guerre mon­diale est bien la preuve que si les capi­ta­listes peuvent en effet s’entendre sur cer­taines ques­tions d’intérêt com­mun, ils peuvent aus­si avoir entre eux des conflits tota­le­ment des­truc­teurs et pas du tout pla­ni­fiés. Certes, au départ, chaque camp sou­hai­tait la guerre, espé­rant la gagner vite et pas cher. Cepen­dant per­sonne n’avait pré­vu qu’elle dure­rait aus­si long­temps et que cer­taines puis­sances en sor­ti­raient très affai­blies, voire détruites. L’Allemagne, récem­ment mon­tée en puis­sance, exi­geait : 1. L’Alsace-Lorraine, c’est-à-dire le char­bon et l’acier. 2. Les Bal­kans comme voie stra­té­gique vers l’Orient et le pétrole. 3. Les colo­nies afri­caines enfin dont elle esti­mait « ne pas avoir eu sa part ». La Grande-Bre­tagne et la France pour­sui­vaient leurs propres objec­tifs impé­ria­listes. L’idée que ces puis­sances auraient com­plo­té ensemble est absurde[12].

Pour conclure sur ce point, un « com­plot glo­bal » est impos­sible car les capi­ta­listes sont en concur­rence entre eux. Ils peuvent s’entendre sur un ou plu­sieurs com­plots quand leurs inté­rêts convergent sur un point, dans une région ou pour abattre un diri­geant. Mais ils ne peuvent pas s’entendre sur un « com­plot glo­bal » car leurs inté­rêts divergent et que cha­cun veut abattre l’autre.

—————————————————————————

Ana­lyse com­plo­tiste ou ana­lyse stratégique ?

Fausse donc, cette vision du « capi­ta­lisme com­plot tout puis­sant » est dan­ge­reuse. Car elle donne l’impression que l’Histoire est faite non par la lutte entre les diverses classes et forces sociales dont cha­cune défend ses inté­rêts mais par une poi­gnée de gens tout-puis­sants. Et donc cette vision décou­rage la résis­tance des vic­times de ce sys­tème. Elle donne l’impression que les tra­vailleurs et citoyens n’ont aucune chance de mar­quer des points. Or, toute l’histoire de la lutte ouvrière et citoyenne montre qu’il est tout à fait pos­sible de se défendre et d’obtenir des pro­grès sociaux : inter­dic­tion du tra­vail des enfants, limi­ta­tion de la jour­née de tra­vail (jusqu’à quinze heures/jour au 19ème siècle !), obten­tion de la Sécu­ri­té sociale (assu­rances contre le chô­mage, la mala­die, l’accident de tra­vail, la vieillesse), res­pect de l’hygiène et de la sécu­ri­té au tra­vail. Toutes ces avan­cées ont été obte­nues par des luttes ouvrières. Si les tra­vailleurs euro­péens d’aujourd’hui ont un cer­tain niveau de vie, c’est grâce aux luttes de leurs parents et grands-parents, il ne faut jamais l’oublier. Sur­tout que les capi­ta­listes veulent à pré­sent reprendre tout ce qu’ils ont dû concéder.

Pour défendre ces conquêtes et pour obte­nir de nou­veaux pro­grès, il faut donc ne pas se lais­ser inti­mi­der par une pré­ten­due toute puis­sance, occulte ou non, des patrons, mais au contraire les voir tels qu’ils sont : avec leurs forces mais aus­si leurs fai­blesses. On doit, sans nier les dif­fi­cul­tés, avoir confiance en ses propres forces. Le com­plo­tisme est une forme de défai­tisme et au fond il fait le jeu des patrons et de l’exploitation.

Saïd Boua­ma­ma a bien expli­qué l’opposition com­plète entre les deux modes de pen­sée : « La théo­rie du com­plot pré­sente les évé­ne­ments poli­ti­que­ment signi­fiants comme le résul­tat d’une conspi­ra­tion glo­bale orches­trée en secret par un groupe social plus ou moins impor­tant. L’approche stra­té­gique c’est-à-dire maté­ria­liste ana­lyse l’histoire comme le résul­tat de la lutte entre les groupes domi­nés (classes, mino­ri­tés natio­nale et/ou eth­niques, nations, femmes, etc.) et les groupes domi­nants basée sur une diver­gence d’intérêt maté­riel. » [13]

La dif­fé­rence est essen­tielle : l’analyse maté­ria­liste (au sens d’une approche scien­ti­fique basée sur les faits maté­riels, obser­vables et prou­vables) montre com­ment il est pos­sible de lut­ter en pro­fi­tant des points faibles de l’adversaire. Tan­dis que le com­plo­tisme mène dans une impasse en ciblant de faux enne­mis, géné­ra­le­ment inatteignables.

Le com­plo­tisme ne per­met pas de com­prendre les guerres

En matière de guerre, il y a bel et bien des com­plots, on l’a vu. Mais là aus­si il serait dan­ge­reux de croire que les grandes puis­sances réus­sissent tous les com­plots qu’elles pré­parent. Le com­plot réus­sit quand il y a dépo­li­ti­sa­tion et absence de mobi­li­sa­tion.  Il échoue quand la résis­tance des « vic­times » est consciente et bien orga­ni­sée. Les Etats-Unis ont été vain­cus au Viet­nam, le peuple pales­ti­nien résiste depuis plus de soixante ans, les Etats-Unis ont certes plon­gé l’Irak dans le chaos mais ils n’ont pas réus­si à contrô­ler et exploi­ter ce pays comme Bush l’espérait, des coups d’Etat ont échoué en Boli­vie, en Equa­teur, au Vene­zue­la. Bref, le monde est une lutte entre des forces oppo­sées, ce ne sont pas tou­jours les mêmes qui gagnent et beau­coup dépend de l’unité et de la conscience des popu­la­tions. Leurs agres­sions et com­plots peuvent donc être mis en échec si la popu­la­tion a été bien pré­pa­rée à résis­ter. Ce qui com­mence par une bonne infor­ma­tion sur la réa­li­té des choses.

Et pour bien s’informer, il faut rompre consciem­ment et entiè­re­ment avec les deux fan­tasmes : le com­plo­tisme et la naï­ve­té. Car nous nous trou­vons face à deux dan­gers : voir des com­plots par­tout et voir des com­plots nulle part. La pre­mière théo­rie nous pro­pose une expli­ca­tion bidon qui ne per­met pas de com­prendre la socié­té, ni de la trans­for­mer. En cachant les vraies cibles, elle fait le jeu du pou­voir. La seconde théo­rie veut nous pous­ser à faire confiance aux diri­geants poli­tiques qui nous diraient la véri­té. Toutes deux sont des pièges parallèles.

Voir des com­plots par­tout ? Au lieu d’étudier soi­gneu­se­ment les méca­nismes du capi­ta­lisme, le com­plo­tisme est une expli­ca­tion pares­seuse que cer­tains veulent impo­ser aux masses pour les empê­cher de réflé­chir et pour les mani­pu­ler. Sou­vent en vue de s’emparer du pou­voir. Hit­ler par­lait du « grand com­plot judéo-bol­ché­vique » et au début il ton­nait, en paroles, contre les banques, mais il était payé par les grands ban­quiers et indus­triels alle­mands et toute son action les a ser­vis[14].

Voir des com­plots nulle part ? Ceux qui ne voient de com­plots « nulle part » devraient alors à nous expli­quer à quoi servent les ser­vices secrets ! Les vingt mille employés de la CIA sont-ils payés pour jouer aux mots croi­sés ou pour com­plo­ter ? C’est le moment de citer cette plai­san­te­rie fort en vogue en Amé­rique latine : « Pour­quoi n’y a‑t-il jamais eu de coup d’Etat aux Etats-Unis ? » Réponse : « Parce que c’est le seul pays où il n’y pas d’ambassade des Etats-Unis ! ».

Et quand la NSA espionne le monde entier, vous croyez que c’est juste contre le ter­ro­risme ou pour aider secrè­te­ment les entre­prises US à affai­blir leurs rivales étran­gères ? La théo­rie de la naï­ve­té, fran­che­ment, ne vaut pas mieux que la théo­rie du complot !

Fina­le­ment, com­ment arri­ver à une vision objec­tive de l’Histoire et des conflits actuels ? A mon sens, il faut dire qu’il y a eu des com­plots dans l’Histoire, assez bien même (pen­sons aux nom­breux coups pour rem­pla­cer un diri­geant par un autre), mais qu’ils ne font pas l’Histoire, ils n’en consti­tuent pas l’essence. Ils ne sont qu’un moyen par­mi d’autres pour défendre des intérêts.

—————————————————————————

  1. Pourquoi certains parlent-ils tant de « théorie du complot » ?

Alors, si je dénonce clai­re­ment le com­plo­tisme, pour­quoi cer­tains m’accusent-ils quand même d’être un « com­plo­tiste » ? Et suis-je le seul ?

En fait, pas du tout, dès que quelqu’un cri­tique la poli­tique inter­na­tio­nale des Etats-Unis, de la France ou d’Israël, en mon­trant son carac­tère glo­bal, il se voit accu­sé de « théo­rie du complot ».

Voi­ci une petite liste (très incom­plète) des “dia­bo­li­sés” : Zie­gler, Cha­vez, Cas­tro, Le Grand Soir, Lor­don, Ruf­fin, Kempf, Carles, Gresh, Bric­mont, Bour­dieu, Morin, Mer­met, Boni­face, Ender­lin, Cas­sen, Siné, Bové, Péan, Godard, Jean Fer­rat, Sey­mour Hersh, Wiki­leaks, et même des ana­lystes juifs : Hes­sel, Chom­sky, Finkelstein.

En fait, c’est très pra­tique. Vous n’avez pas d’arguments à oppo­ser aux faits avan­cés ? Alors, trai­tez sim­ple­ment vos adver­saires de « com­plo­tistes », et le tour est joué : plus besoin d’argumenter sur les faits, plus besoin de réfu­ter les preuves ! La « théo­rie du com­plot », c’est le truc de l’avocat qui sait que son dos­sier est pourri.

J’en ai eu per­son­nel­le­ment la preuve quand j’ai débat­tu avec Hen­ri Guai­no (auteur des dis­cours de Sar­ko­zy). J’exposais concrè­te­ment les crimes de ses amis des mul­ti­na­tio­nales fran­çaises au Mali et au Niger. N’ayant rien à répondre, tout ce qu’il a trou­vé à sor­tir, c’est « théo­rie du com­plot » ! [15]

Nous avons vu que « théo­rie du com­plot » était au départ un concept pro­gres­siste déve­lop­pé par Hof­stad­ter pour rendre compte des délires et fan­tasmes de la pen­sée d’extrême droite. Mal­heu­reu­se­ment, selon une méthode assez typique, il fut ensuite récu­pé­ré et mani­pu­lé par la CIA à par­tir de 1963. Il s’agissait alors de dis­cré­di­ter ceux qui deman­daient une véri­table enquête sur l’assassinat du pré­sident Ken­ne­dy : par un homme seul ou bien par une conspi­ra­tion ? Et depuis lors, « théo­rie du com­plot » est constam­ment uti­li­sé par les res­pon­sables des Etats-Unis pour dis­cré­di­ter les cri­tiques et refu­ser de débattre sur les faits. Car le meilleur moyen de mani­pu­ler, de divi­ser et de battre les pro­gres­sistes, c’est d’utiliser et détour­ner leurs propres argu­ments, tant les idées conser­va­trices sont en soi inconsistantes.

Si ça se limi­tait à cela, ce ne serait pas un si grand pro­blème. Mais ces der­nières années a été relan­cée dans les médias et sur Inter­net une cam­pagne sys­té­ma­tique contre cer­tains ana­lystes arbi­trai­re­ment éti­que­tés « com­plo­tistes ». A par­tir de quand ? A par­tir du mas­sacre de Gaza, en jan­vier 2009, quand Israël se retrou­va de plus en plus cri­ti­qué et iso­lé dans l’opinion publique internationale.

Cette cam­pagne ne tombe pas du ciel. Enfin un peu quand même : disons, du som­met de l’Etat. Aux USA, le site offi­ciel du Dépar­te­ment d’Etat brode pas mal sur le thème « com­plo­tisme et anti­sé­mi­tisme ». De même, en France, après Sar­ko­zy, le pré­sident Hol­lande a exploi­té le filon devant le lob­by pro-Israël du CRIF :

« L’antisémitisme a chan­gé de visage. (…) aujourd’hui, il se nour­rit aus­si de la haine d’Israël. Il importe ici les conflits du Moyen Orient. Il éta­blit de façon obs­cure la culpa­bi­li­té des juifs dans le mal­heur des peuples. Il entre­tient les théo­ries du com­plot qui se dif­fusent sans limite. Celles même qui ont conduit au pire. Nous devons prendre conscience que les thèses com­plo­tistes prennent leur dif­fu­sion par inter­net et les réseaux sociaux. Or nous devons nous sou­ve­nir que c’est d’abord par le verbe que s’est pré­pa­rée l’extermination. Nous devons agir au niveau euro­péen et même inter­na­tio­nal pour qu’un cadre juri­dique puisse être défi­ni et que les pla­te­formes inter­net qui gèrent les réseaux sociaux soient mises devant leurs res­pon­sa­bi­li­tés, et que des sanc­tions soient pro­non­cées en cas de man­que­ments. »[16]

Confon­dant avec mau­vaise foi l’antisémitisme (racisme anti-juifs) et l’antisionisme (refus du colo­nia­lisme israé­lien, c’est-à-dire d’un Etat théo­cra­tique repo­sant sur une dis­cri­mi­na­tion eth­nique, bref un Etat com­plè­te­ment anti­dé­mo­cra­tique), le pré­sident Hol­lande cri­mi­na­lise ceux qui sont soli­daires des Pales­ti­niens. Il les assi­mile car­ré­ment aux nazis et cherche en fait à nous inter­dire de par­ler contre la poli­tique d’Israël. La thèse « théo­rie du com­plot » pré­pare donc une très grave attaque contre la liber­té d’expression.

Tou­jours proche de l’Elysée, Ber­nard-Hen­ri Lévy emboîte évi­dem­ment le pas en accu­sant « cette mala­die moderne qui s’appelle le com­plo­tisme »[17] et en orga­ni­sant un « débat » en 2012 contre « le conspi­ra­tion­nisme ». Comme le fit remar­quer un spec­ta­teur, aucun contra­dic­teur ne fut invi­té. Cet homme qui jouit d’une énorme for­tune, accu­mu­lée sur le dos de tra­vailleurs afri­cains du bois, mal payés, mal soi­gnés et car­ré­ment volés par sa socié­té fami­liale, se per­met de don­ner au monde entier des leçons de digni­té humaine et de rigueur de pensée.

—————————————————————————

Des lob­byistes mani­pu­lant les textes

Alors est-ce un hasard si les poli­tiques fuient tout débat contra­dic­toire et s’ils sont rem­pla­cés par quelques pseu­do-jour­na­listes proches d’Israël et des néo-cons US ? Dans ce lob­by d’un nou­veau genre, on retrouve Caro­line Fou­rest, Rudy Reichs­tadt et Ornel­la Guyet. Tous trois ont coopé­ré avec des think tanks de droite radi­cale, US ou fran­çais[18].

Faut-il alors s’étonner que Caro­line Fou­rest me traite de « com­plo­tiste », Rudy Reichs­tadt de « conspi­ra­tion­niste » et Ornel­la Guyet (sou­vent cachée sous divers pseu­dos anti­fas­cistes) de « confu­sion­niste » ? Tiens, pour­quoi a‑t-elle sor­ti ce curieux concept ? Parce qu’elle se ren­dait compte que les autres accu­sa­tions ne tenaient pas debout ? Pour faire preuve d’originalité ? L’explication est peut-être plus simple : per­sonne ne com­prend ce terme qui ne veut rien dire, et dès lors com­ment vou­lez-vous réfu­ter un concept aus­si… confus ? C’est pratique.

Les mani­pu­la­tions et les sources d’extrême droite de ce trio ont été expo­sées très clai­re­ment par divers cri­tiques : Fou­rest ici[19], Reichs­tadt et son site Conspi­ra­cy Watch ici[20] et Guyet, démas­quée par Le Grand Soir, Acri­med et Le Monde Diplo­ma­tique, ici[21]. Ces obsé­dés de la théo­rie du com­plot ont en com­mun deux caractéristiques :

Pre­mière carac­té­ris­tique : la mani­pu­la­tion des textes. Ils ne cherchent pas la véri­té mais cachent ou déforment sys­té­ma­ti­que­ment mes textes qui gênent leurs thèses. Ou alors ils me prêtent des ami­tiés avec des gens que je ne sou­tiens pas (et par­fois même ne connais pas !), espé­rant ain­si salir en amal­ga­mant. Tout ceci n’a rien à voir avec le jour­na­lisme dont ils se réclament, ce sont en fait des pro­cu­reurs achar­nés qui enquêtent tou­jours à charge et écartent tout ce qui contre­dit leurs accu­sa­tions. Ce ne sont pas des jour­na­listes, mais des lobbyistes.

Ils se com­portent ain­si avec toutes leurs « cibles ». D’une façon si mal­hon­nête que Pas­cal Boni­face leur a consa­cré un livre : « Les intel­lec­tuels faus­saires ». Comme l’a indi­qué Fran­çois Ruf­fin (men­suel Fakir, éga­le­ment dia­bo­li­sé), les dia­bo­li­seurs appliquent une recette mal­hon­nête : « D’abord cari­ca­tu­rer à l’extrême de façon à don­ner une image sim­pliste de l’adversaire. Puis conclure, du soi-disant « sim­plisme » de ces « néo-gau­chistes » à leur pré­ten­due adop­tion géné­ra­li­sée de la théo­rie du com­plot. »[22].

Deuxième carac­té­ris­tique : la lâche­té. Les dia­bo­li­seurs refusent soi­gneu­se­ment de débattre avec ceux qu’ils dia­bo­lisent. Voi­là qui est sur­pre­nant : ils se déso­lent qu’un large public sombre dans le com­plo­tisme en étant influen­cé et mani­pu­lé par des gens comme moi. Mais chaque fois que je leur ai pro­po­sé un débat contra­dic­toire et publié sur mon site Investig’Action, ce qui leur aurait don­né une chance extra­or­di­naire de faire reve­nir au ber­cail toutes ces bre­bis éga­rées, ils ont lâche­ment refu­sé. Pour­quoi ? La seule expli­ca­tion est qu’ils savent qu’ils mentent, ils savent que leurs argu­ments reposent sur des fal­si­fi­ca­tions de textes.

Le débat sur le com­plo­tisme est un faux débat agi­té pour faire diver­sion. La véri­té est beau­coup plus simple : dans les luttes sociales comme dans les luttes Nord – Sud, domi­nants et domi­nés éla­borent des stra­té­gies pour l’emporter, c’est tout à fait nor­mal. Ces stra­té­gies com­portent des com­bats idéo­lo­giques, des affron­te­ments ouverts et aus­si des com­plots. Tout ne se ramène pas aux com­plots mais ils font par­tie de la stra­té­gie de lutte. En accu­sant de « com­plo­tisme », on veut décou­ra­ger de dénon­cer les stra­té­gies néo­co­lo­niales et guerrières.

Reste une ques­tion : pour­quoi dépen­ser tant d’énergie à dia­bo­li­ser ? Faire chan­ger d’avis ceux qui me lisent ? Impos­sible : ils savent que j’ai écrit exac­te­ment le contraire de ce qu’ils m’attribuent. Mais alors quel est le véri­table objec­tif des dia­bo­li­seurs ? Il s’agit de faire peur à ceux qui ne me connaissent pas. Il s’agit de dres­ser un mur entre les gens qui se posent des ques­tions sans avoir les moyens d’y répondre et nous qui appor­tons des réponses avec des faits concrets. Il s’agit de rabattre les hési­tants vers la ver­sion offi­cielle. Ridi­cu­li­ser les citoyens qui mettent en doute la ver­sion offi­cielle, mar­te­ler que le pou­voir est hon­nête mal­gré ses défauts et qu’il ne faut ne pas se poser de ques­tions : à qui cela profite-t-il ?

Pour le com­prendre, il ne faut pas se limi­ter à par­cou­rir telle ou attaque cir­cu­lant en boucle sur le Net mais il faut abso­lu­ment regar­der l’ensemble de ce que ces gens ont écrit. Afin de com­prendre dans quel camp ils se rangent et où ils veulent nous embarquer.

—————————————————————————

Caro­line Fou­rest : une complotiste ?

Pre­nons le cas de Fou­rest. Par­mi les médias qui la citent com­plai­sam­ment comme « experte du com­plo­tisme », lequel ira creu­ser un peu et signa­ler l’article qu’elle a publié dans le Wall Street Jour­nal (jour­nal patro­nal des Etats-Unis), article inti­tu­lé « La Guerre pour l’Eurabie »[23] ? Selon Fou­rest, l’Europe serait en train d’être enva­hie par les Arabes. Mani­pu­lés par l’islamisme, ces immi­grants inca­pables de s’intégrer repré­sen­te­raient une menace pour la démo­cra­tie. Au point que Londres serait deve­nue « Londonistan ».

Cette thèse déli­rante, elle l’a reco­piée direc­te­ment de trois idéo­logues d’extrême droite. L’un s’appelle Nor­man Pod­ho­retz, c’est un auteur US qui a constam­ment mené cam­pagne pour bom­bar­der l’Iran : « prin­ci­pal foyer de l’idéologie isla­mo-fas­ciste contre laquelle nous nous bat­tons depuis le 11 sep­tembre »[24]. Une autre source est Daniel Pipes, autre idéo­logue US d’extrême droite, auteur de La Menace de l’Islam, s’est notam­ment signa­lé en sou­te­nant le xéno­phobe hol­lan­dais Geert Wilders.

Mais la créa­trice ori­gi­nelle du terme Eur­abia, c’est  Bat Ye’or, essayiste bri­tan­nique porte-parole du lob­by pro-Israël. Voi­ci com­ment est pré­sen­té son livre « Eur­abia – L’axe euro-arabe » : « Depuis plus de trois décen­nies, l’Europe pla­ni­fie avec les pays de la Ligue arabe la fusion des deux rives de la Médi­ter­ra­née. Par le « Dia­logue euro-arabe », elle a déve­lop­pé une struc­ture d’alliances, et sou­vent d’allégeances, avec le monde arabe. Elle sacri­fie son indé­pen­dance poli­tique tout comme ses valeurs cultu­relles et spi­ri­tuelles en échange de garan­ties (quelque peu illu­soires) contre le ter­ro­risme et d’avantages éco­no­miques que lui dis­pensent les pays arabes. Si ces der­niers four­nissent à l’Europe des hydro­car­bures, s’ils lui offrent des mar­chés, ce n’est pas sans lui impo­ser des contre­par­ties : ils exigent d’elle une ouver­ture sans cesse accrue à leur culture, à leur langue, à leur reli­gion – l’islam -, à leurs émi­grants, qu’ils veulent tou­jours plus nom­breux. Ils arrachent aux pays d’accueil des condi­tions visant à main­te­nir ces émi­grants dans leur culture d’origine au lieu de faci­li­ter leur inté­gra­tion. Enfin l’alliance euro-arabe se base sur une poli­tique com­mune hos­tile à Israël et aux Etats-Unis. C’est une stra­té­gie de subor­na­tion de l’Europe qui est ain­si mise en œuvre par les pays arabes, avec l’active com­pli­ci­té des ins­tances diri­geantes euro­péennes : la Com­mis­sion euro­péenne pilote un puis­sant dis­po­si­tif finan­cier ser­vant cette poli­tique ; elle a déployé une immense toile média­tique fabri­quant le « poli­ti­que­ment cor­rect eur­abien » ; elle a enré­gi­men­té les ins­ti­tu­tions sco­laires et uni­ver­si­taires, et par­fois même les Eglises, dans cette entre­prise de déna­tu­ra­tion de l’identité européenne ».

 Résu­mons cette thèse Eur­abia : les pays arabes appliquent un plan secret d’islamisation de l’Europe et les élites euro­péennes sont com­plices. Si ça n’est pas une théo­rie du com­plot, nous sommes le Pape ! Il est donc éton­nant de consta­ter que les médias si élo­gieux sur Fou­rest se taisent com­plè­te­ment sur ce concept Eur­abia, clé de voute de sa « pen­sée ». Pour­tant, une ana­lyse rapide per­met d’y retrou­ver tous les cri­tères per­met­tant de défi­nir une théo­rie com­plo­tiste selon Hof­stad­ter : 1. La conspi­ra­tion dure depuis plu­sieurs décen­nies. 2. Allé­geance à une puis­sance étran­gère (le monde arabe). 3. L’Europe sacri­fie ses valeurs. 4. Les Arabes imposent leur langue, leur reli­gion et leurs valeurs. 5. L’axe euro-arabe est hos­tile à Israël et aux Etats-Unis. 6. Les diri­geants euro­péens laissent faire ou sont com­plices. 7. Tout cela consti­tue une entre­prise pour déna­tu­rer l’identité européenne.

Le pro­blème ne se limite pas à Fou­rest. Le site Conspi­ra­cy Watch est aus­si éri­gé en « expert » du com­plo­tisme par cer­tains médias, les­quels oublient de men­tion­ner que Reichs­tadt y reco­pie les thèses les plus racistes des néo­cons US et israéliens.

Leur père spi­ri­tuel, Pierre André Taguieff, est sou­vent pré­sen­té comme un pen­seur, grand théo­ri­cien du conspi­ra­tion­nisme. En réa­li­té Taguieff a gros­siè­re­ment contre­fait la grille d’analyse de Richard Hof­stad­ter, en la fusion­nant au prêche isla­mo­phobe et bel­li­queux de Daniel Pipes et Bat Ye’or. De 2009 à 2013, Taguieff a publié ses nom­breuses « ana­lyses » sur le site dreuz​.info. Ce site isla­mo­phobe d’extrême droite voit en Oba­ma un « anti­sé­mite », qui nom­me­rait un peu par­tout des « frères musul­mans », ce qui serait nor­mal vu son second pré­nom « Hus­sein » [25]. On voit le niveau, et ces gens-là nous donnent des leçons sur ce qu’est le complotisme !

Ain­si, Lévy, Fou­rest, Reichs­tadt, Guyet se sont ins­tau­rés en une véri­table police de la pen­sée unique. Pour étouf­fer tout ques­tion­ne­ment. A tra­vers nous, ce qu’ils attaquent c’est en fait le droit de tous les citoyens de s’informer libre­ment. Evi­dem­ment, quand on voit leurs méthodes de faus­saires, on doit vrai­ment se deman­der pour­quoi tant de médias les reco­pient com­plai­sam­ment alors que ces accu­sa­tions ne tiennent pas debout ? Dans quel inté­rêt ? Ceci nous amène à notre der­nière question…

—————————————————————————

  1. Les médias font-ils le jeu du complotisme ?

Cette ques­tion pour­ra sem­bler bizarre puisque les médias domi­nants ne cessent de mettre en garde contre le com­plo­tisme. Mais peut-être faut-il y regar­der de plus près ? Cer­tains jour­na­listes aiment à se moquer du public qui serait por­té à « croire n’importe quoi sur Inter­net » et à tom­ber dans le com­plo­tisme. Ce sen­ti­ment de supé­rio­ri­té me semble dépla­cé. Pour deux raisons.

Pre­mière rai­son : ces « grands jour­na­listes » ne sont-ils pas eux-mêmes tom­bés dans de nom­breuses théo­ries du complot ?

– En Rou­ma­nie, en décembre 1989, ils annoncent un char­nier de 4.632 vic­times des émeutes, tués par balles ou éven­trés à la baïon­nette. « Hor­rible char­nier des vic­times des mani­fes­ta­tions de dimanche », affirme Le Monde. « Bou­che­rie » titre Libé­ra­tion, « Chambres de tor­ture où, sys­té­ma­ti­que­ment, on défi­gu­rait à l’acide les visages des dis­si­dents et des lea­ders ouvriers », révèle El Pais. « Ceau­ces­cu, atteint de leu­cé­mie, aurait besoin de chan­ger son sang tous les mois », explique le scien­ti­fique TF1. En fait, ce grand com­plot de Ceau­ces­cu n’a jamais exis­té comme nous l’expliquions dès ces « révé­la­tions » et comme les grands médias ont dû le recon­naître deux semaines plus tard [26]. Le char­nier était tota­le­ment bidon.

– En 1990, ces mêmes médias annoncent que Sad­dam Hus­sein dont les troupes ont enva­hi le Koweit a fait voler toutes les cou­veuses d’une mater­ni­té à Koweit-City, condam­nant les bébés à une mort atroce. Bidon aussi.

– En 1999, ils jus­ti­fient les bom­bar­de­ments de l’Otan contre la You­go­sla­vie par l’existence d’un « Plan Fer-à-Che­val » serbe pour vider le Koso­vo de ses habi­tants alba­nais. Ce com­plot n’existait que dans l’imagination fer­tile des conseillers com du ministre alle­mand de la Guerre Rudolf Scharping.

– En 2003, l’invasion de l’Irak est jus­ti­fiée par le fait que Sad­dam Hus­sein cache­rait des armes de des­truc­tion mas­sive (chi­miques et bio­lo­giques) pou­vant nous mena­cer. Bidon encore.

– En 2011, le bom­bar­de­ment de la Libye est jus­ti­fié par le fait que Kadha­fi pré­voi­rait d’exterminer les popu­la­tions résis­tantes et aurait déjà mas­sa­cré six mille per­sonnes en quelques jours. Bidon toujours.

Et on pour­rait ajou­ter de nom­breux autres exemples. Bref, ces grands médias don­neurs de leçons sont tom­bés dans tous les pièges de la pro­pa­gande de guerre des trente der­nières années. Pire : ils ont cen­su­ré nos infos quand nous don­nions l’alerte. Bref, on peut se deman­der qui doit prendre des leçons de vigilance.

Deuxième rai­son pour être moins arro­gant : en conti­nuant à défendre bec et ongles la ver­sion offi­cielle sur les guerres, en refu­sant de cri­ti­quer leurs propres erreurs et en refu­sant tout débat public sur la fia­bi­li­té de l’info, les médias domi­nants ne créent-ils pas eux-mêmes ce réflexe de méfiance géné­ra­li­sée dont ils souffrent aujourd’hui ?

  • Quand les revues stra­té­giques des USA, ou d’autres puis­sances occi­den­tales (Strat­for, Rand Cor­po­ra­tion, Forei­gn Affairs, etc.) exposent une ver­sion tota­le­ment contraire à ce qu’on raconte à l’opinion publique, pour­quoi les médias n’en parlent-ils pas ? Un seul exemple, Georges Fried­man, direc­teur de Strat­for (proche du Penta­gone) : « Les évé­ne­ments du début 2014 en Ukraine (furent) le coup d’Etat le plus fla­grant de l’histoire. » «  Tout le Maï­dan (…) Les USA ont ouver­te­ment sou­te­nu les mou­ve­ments pour les droits de l’homme, y com­pris finan­ciè­re­ment (…) Les Russes n’ont pas com­pris ce qui se pas­sait » « Les USA ne cherchent pas à « vaincre » la Ser­bie, l’Iran ou l’Irak, il leur faut y répandre le chaos, de façon à empê­cher ces pays de deve­nir trop forts. »[27] Quand nous on écrit la moi­tié de ça, on se fait trai­ter de complotiste !
  • Quand Oba­ma affirme lui-même : « Le lea­der­ship amé­ri­cain implique de for­cer la main des Etats qui ne font pas ce que nous vou­lons qu’ils fassent. (…)Les Etats-Unis comptent sur la force mili­taire et d’autres leviers pour atteindre leurs buts. (…) Nous sommes le plus grand, le plus puis­sant pays sur terre. Nous accep­tons cette res­pon­sa­bi­li­té. Mon admi­nis­tra­tion est très agres­sive dans ses efforts pour essayer de résoudre les pro­blèmes. » [28], on aime­rait que les médias nous expliquent si Oba­ma est aus­si un complotiste ?
  • Quand les emails d’Hillary Clin­ton confirment ce que nous disions dès le départ, à savoir que le but de Sar­ko­zy était de faire main basse sur le pétrole et l’or libyens, on aime­rait que les médias nous expliquent si Clin­ton est aus­si une complotiste ?

Selon moi, ces deux rai­sons (tom­ber soi-même dans des théo­ries du com­plot et refu­ser le débat) font que les médias domi­nants sont eux-mêmes res­pon­sables de la mon­tée du sen­ti­ment com­plo­tiste. Les gens ont de bonnes rai­sons de se méfier, ils ont été tant de fois ber­nés, et tant d’innocents ont été tués à cause de ces média­men­songes ! On dira que les jour­na­listes n’en sont pas eux-mêmes res­pon­sables, que cela pro­vient de conseillers en com et en mani­pu­la­tions ? Sans doute, mais alors pour­quoi ne pas lan­cer une grande enquête et un débat sur ces mani­pu­la­tions ? Ne fau­drait-il pas mettre les gens en garde contre la pro­pa­gande de guerre qui se répète à chaque fois ? Les trai­ter en adultes ?

En refu­sant de le faire, en conti­nuant à infor­mer comme si on nous disait tou­jours ou presque tou­jours la véri­té, les médias poussent les gens à cher­cher l’explication ailleurs. Et vu qu’il n’y a mal­heu­reu­se­ment pas d’éducation aux médias dans les écoles, il est alors inévi­table qu’une par­tie de ce public méfiant tombe dans les fan­tasmes répan­dus sur Internet.

Mais si les jour­na­listes se méfiaient un peu plus, on n’aurait pas le coup des armes de des­truc­tion mas­sive à chaque guerre. Bref, les médias ne sont pas inno­cents, ils sont les pre­miers res­pon­sables de ce qu’ils déplorent sans l’analyser sérieu­se­ment et sans se remettre en ques­tion. A mes yeux, le com­plo­tisme est l’enfant non recon­nu des médias dominants.

—————————————————————————

La seule pro­fes­sion qui ne fasse jamais d’erreurs ?

Lan­cer à tout bout de champ l’étiquette « com­plo­tiste » me paraît un aveu d’impuissance du jour­na­liste qui craint d’engager un débat démo­cra­tique sur la façon dont l’info peut être mani­pu­lée d’en haut. Mal­heu­reu­se­ment, il semble qu’il soit inter­dit à cer­tains jour­na­listes d’avouer qu’ils se sont trom­pés ou ont été trom­pés. Comme si cette pro­fes­sion était la seule à ne jamais com­mettre d’erreurs.

En réa­li­té, quel jour­na­liste ne s’est jamais trom­pé ? Mais les auto­cri­tiques sont raris­simes. On ne peut pas ris­quer de faire bais­ser l’audimat et perdre des recettes publi­ci­taires ? Il sem­ble­rait que les médias appliquent la recette néga­tion­niste de Manuel Valls refu­sant d’analyser les causes, c’est l’eurojihadisme « Expli­quer, c’est déjà un peu excu­ser »[29]. Pratique !

On ne débat pas ! Ain­si, quand l’hebdomadaire L’Express – Le Vif consacre un dos­sier au conspi­ra­tion­nisme, une « experte » en com, Aurore Vande Win­kel, y recom­mande de ne jamais invi­ter les « com­plo­tistes » à l’écran. Même pour les réfu­ter car, « s’ils le fai­saient, ils en « conta­mi­ne­raient » (sic) d’autres. Ce que les médias doivent faire, c’est don­ner la parole à des experts extrê­me­ment poin­tus qui démon­te­ront leurs argu­ments un par un. (…) Il faut prio­ri­tai­re­ment réta­blir la confiance de la popu­la­tion dans les gou­ver­ne­ments et les médias »[30]. Ici, n’est-ce pas le tiroir-caisse qui parle ? Et quel mépris pour les gens, sup­po­sés inca­pables de se faire leur opi­nion par eux-mêmes entre deux points de vue ! Mais, ser­vice public ou ser­vice pri­vé, les gens vous paient pour les infor­mer cor­rec­te­ment, pas pour répé­ter les com­mu­ni­qués des autorités !

Le mépris, Hen­ri Maler (Acri­med) le consi­dère comme une défaillance grave des médias domi­nants : « Trop rares sont les enquêtes jour­na­lis­tiques qui (…) dans les grands médias, ne se bornent pas à dénon­cer des « cer­veaux malades » et tentent de répondre à des argu­ments répu­tés « conspi­ra­tion­nistes » en s’adressant à de vastes publics qui doutent. Les expli­ca­tions jour­na­lis­tiques, quand elles existent, sont dif­fu­sées par des médias dont l’audience reste limi­tée. Voir du conspi­ra­tion­nisme par­tout inter­dit aux jour­na­listes de lui faire face quand il est avé­ré. » Et il pro­pose une autre méthode : « À ces défaites du jour­na­lisme, un seul remède : un peu moins d’imprécations et un plus de jour­na­lisme ! »[31]

Le phi­lo­sophe Laurent Paillard pense aus­si qu’il faut abso­lu­ment débattre sur les infos : « La cri­tique des médias ins­pi­rée de la socio­lo­gie est le meilleur anti­dote à la théo­rie du com­plot. Elle montre en effet que l’absence de plu­ra­lisme est l’effet d’une logique de classe et pas le résul­tat d’un pacte secret. »[32]

Logique de classe ? Le manque d’objectivité des médias domi­nants et leur sou­mis­sion à l’ordre éta­bli néces­sitent en effet des ana­lyses socio­lo­giques dont Her­man et Chom­sky ont brillam­ment mon­tré l’exemple dans Manu­fac­tu­ring Consent (La Fabri­ca­tion du Consen­te­ment) en 1988 [33]. Les conte­nus média­tiques sont influen­cés par quatre grands fac­teurs : pro­prié­té des médias (aux mains du 1%), publi­ci­té enva­his­sante des mul­ti­na­tio­nales (idem), liai­sons entre pou­voirs éco­no­miques, poli­tiques et média­tiques (idem), et enfin domi­na­tion – consciente ou non – de l’idéologie domi­nante (aus­si celle du 1%).

On ne déve­lop­pe­ra pas ici cette ana­lyse que nous avons menée ailleurs. Mais il convient de réfu­ter l’idée que tout le pro­blème vien­drait du manque de temps dont les jour­na­listes dis­posent pour bien tra­vailler. Certes, il y a la pres­sion du « tou­jours plus vite ! », mais elle n’explique pas tout. Il faut dis­tin­guer deux caté­go­ries. On a d’un côté les jour­na­listes (la grande majo­ri­té) à qui leur patron ne laisse pas le temps de bien tra­vailler, véri­fier, recou­per, enquê­ter. Ceux-là, on ne peut que les plaindre : dans l’info-marchandise (c’est-à-dire l’info sup­port de pub), il n’est pas « ren­table » de pra­ti­quer la rigueur qu’on leur avait ensei­gnée dans (cer­taines) écoles de journalisme.

Mais de l’autre côté, on a aus­si le jour­na­liste qui fait ses choix poli­tiques, consciem­ment, aux côtés du 1%, et qui se prend pour Dieu-je-sais-tout. Par exemple, sur Arte, voi­ci com­ment Daniel Leconte a intro­duit une grande soi­rée cen­sée démas­quer les com­plo­tistes : « On croyait tout savoir. Eh bien, paraît-il qu’on avait tort.[34] « Tout savoir », c’est ça votre défi­ni­tion du bon jour­na­liste ?! Mais n’est-ce pas exac­te­ment le contraire ? Cher­cher et creu­ser ce qu’il ne sait pas pour bien nous l’expliquer ? En fait, Leconte ne manque pas de temps, il manque de dignité.

Le même mépris du citoyen spec­ta­teur se retrouve chez Fou­rest. Voi­ci com­ment en février 2013, elle pré­sen­tait son émis­sion « Les obsé­dés du com­plot » sur France 5 : « Ils voient des com­plots par­tout et ont fait de la mani­pu­la­tion par les médias leur unique grille de lec­ture du monde et de l’actualité. Ce sont les « obsé­dés du com­plot », ces tri­bus d’internautes sou­mis à des mer­ce­naires de la pro­pa­gande pas­sés maîtres dans l’art de dés­in­for­mer pour radi­ca­li­ser les iden­ti­tés et dis­cré­di­ter la démo­cra­tie en même temps que la presse. » Admi­rez les divers trucs…

  • Des « tri­bus d’internautes » : des sau­vages au fond, mais heu­reu­se­ment, une anthro­po­logue n’écoutant que son cou­rage va nous délivrer !
  • Des « inter­nautes sou­mis ». Inca­pables donc de réflé­chir par eux-mêmes.
  • « Mani­pu­lés » par « des mer­ce­naires ». Bien sûr, Fou­rest ne cite pas de noms ici pour évi­ter un pro­cès qu’elle per­drait. Juste, elle insi­nue que les gens qui n’adorent pas la poli­tique de Washing­ton ou de Tel-Aviv sont for­cé­ment payés. Des traîtres, on vous dit.
  • Traîtres à quoi ? « A la démo­cra­tie ». Qui, comme cha­cun le sait, fonc­tionne admi­ra­ble­ment, les citoyens étant tous enchan­tés qu’on écoute si bien leurs besoins.
  • Et traîtres aus­si envers « la presse ». Qui, cha­cun le sait aus­si, n’a ces­sé de dire la véri­té sur toutes les guerres. Fou­rest se gar­de­ra bien de dire qui la paie pour répandre ses bobards.

Fou­rest ne tra­vaille pas comme jour­na­liste, mais comme lob­byiste. Elle ne cherche pas la véri­té, mais le rôle de chien de garde. Alors, quand on nous balance cette éti­quette « obsé­dés du com­plot », il fau­dra tou­jours se deman­der qui parle, quels sont ses anté­cé­dents, quels inté­rêts il ou elle défend. Il fau­dra tou­jours dépas­ser le jeu des éti­quettes, véri­fier les textes et ana­ly­ser le fond des dos­siers. Se faire son opi­nion par soi-même, ne croire per­sonne sur parole.

 

Conclusion

Résu­mons notre analyse :

  1. Oui, les com­plots existent. Dans l’économie, dans la poli­tique, dans les guerres.
  2. Mais ils ne consti­tuent pas l’explication essen­tielle du fonc­tion­ne­ment de notre socié­té. Le com­plo­tisme est une impasse qui empêche de comprendre.
  3. Les obsé­dés de la « théo­rie du com­plot » font ain­si diver­sion pour cacher leur absence d’arguments.
  4. Les médias, en refu­sant le débat sur leurs man­que­ments, font le jeu du complotisme.

Investig’Action, par contre, tra­vaille à pro­po­ser des expli­ca­tions qui ne soient pas sim­plistes, mais objec­tives. Prendre en compte la com­plexi­té des situa­tions, en extraire les inté­rêts essen­tiels qui s’affrontent, éclai­rer les méthodes de dés­in­for­ma­tion qui cachent ces inté­rêts. Et expo­ser tout cela sim­ple­ment dans un lan­gage acces­sible à tous. Parce que la véri­té est au ser­vice des gens.

Michel Col­lon.

Source : Investig’Action

___________________
Notes :

[1] La res­pon­sa­bi­li­té de la CIA a été décrite dans un rap­port interne The Bat­tle for Iran vers 1975, éta­blie par James Risen (New York Times) en 2000 et fina­le­ment recon­nue en… 2009 par Oba­ma dans son Dis­cours du Caire :  « The Uni­ted States played a role in the over­throw of a demo­cra­ti­cal­ly elec­ted Ira­nian government. »

[2] William Col­by, direc­teur de la CIA (1973 à 1976) a recon­nu que la CIA avait dépen­sé sept mil­lions $ sur injonc­tion de Kis­sin­ger pour « ali­men­ter un cli­mat pro­pice au coup d’État ». 30 ans de CIA, 1978.

[3] Inter­view au Nou­vel Obser­va­teur, 15 jan­vier 1998.

[4] Inter­view Demo­cra­cy Now, 2 mars 2007.

[5] http://​www​.inde​pendent​.co​.uk/​n​e​w​s​/​u​k​/​p​o​l​i​t​i​c​s​/​t​o​n​y​-​b​l​a​i​r​-​a​n​d​-​i​r​a​q​-​t​h​e​-​d​a​m​n​i​n​g​-​e​v​i​d​e​n​c​e​-​8​5​6​3​1​3​3​.​h​tml

[6] Michel Col­lon, Israël, par­lons-en!, Investig’Action, 2010, p 348.

[7] Michel Col­lon, Je suis ou je ne suis pas Char­lie ?, Investig’Action, 2015, p. 232.

[8] Obser­va­toire du néo-conser­va­tisme, Hofts­tad­ter et les théo­ries du com­plot, https://​anti​cons​.word​press​.com/​t​a​g​/​h​o​f​s​t​a​d​t​er/

[9] https://​anti​cons​.word​press​.com/​2​0​1​5​/​0​4​/​2​8​/​t​h​e​o​r​i​e​-​d​u​-​c​o​m​p​l​o​t​-​c​o​m​m​e​n​t​-​l​e​-​b​e​s​t​-​s​e​l​l​e​r​-​d​e​-​r​i​c​h​a​r​d​-​h​o​f​s​t​a​d​t​e​r​-​l​e​-​s​t​y​l​e​-​p​a​r​a​n​o​i​a​q​u​e​-​f​u​t​-​d​e​t​o​u​r​n​e​-​p​a​r​-​l​e​s​-​n​e​o​-​c​o​n​s​e​r​v​a​t​e​u​r​s​-​12/

[10] http://​www​.libe​ra​tion​.fr/​f​u​t​u​r​s​/​2​0​1​3​/​1​2​/​0​4​/​c​a​r​t​e​l​-​d​e​s​-​t​a​u​x​-​l​-​u​e​-​i​n​f​l​i​g​e​-​1​7​-​m​i​l​l​i​a​r​d​-​d​-​e​u​r​o​s​-​d​-​a​m​e​n​d​e​s​-​a​-​8​-​b​a​n​q​u​e​s​_​9​6​4​103

[11] Month­ly Review (USA), mais 1949.

[12] Michel Col­lon et Denise Vin­de­vo­gel, 14–18, on croit mou­rir pour la patrie, on meurt pour des indus­triels (vidéo), http://www.michelcollon.info/14–18-On-croit-mourir-pour-la.html

[13] https://​boua​ma​mas​.word​press​.com/​2​0​1​6​/​0​1​/​0​1​/​d​e​-​l​e​s​p​r​i​t​-​d​u​-​1​1​-​j​a​n​v​i​e​r​-​a​-​l​a​-​d​e​c​h​e​a​n​c​e​-​d​e​-​l​a​-​n​a​t​i​o​n​a​l​i​t​e​-​c​h​r​o​n​i​q​u​e​-​d​u​n​e​-​a​n​n​e​e​-​d​e​-​r​e​g​r​e​s​s​i​o​n​-​c​u​l​t​u​r​a​l​i​s​te/

[14] Jacques Pau­wels, Big busi­ness avec Hit­ler, Aden, Bruxelles, 2013. Kurt Goss­wei­ler, Hit­ler, L’irrésistible ascen­sion ?, Aden, 2006.

[15] Ce Soir ou jamais, https://​you​tu​.be/​7​a​0​V​H​V​6​_​7os

[16] http://www.lepoint.fr/societe/au-memorial-de-la-shoah-hollande-pourfend-la-theorie-du-complot-et-le-negationnisme-27–01-2015–1899969_23.php

[17] www​.bfmtv​.com/​i​n​t​e​r​n​a​t​i​o​n​a​l​/​b​h​l​-​v​i​c​t​i​m​e​-​d​u​-​c​o​m​p​l​o​t​i​s​m​e​-​e​n​-​t​u​n​i​s​i​e​-​8​4​4​1​0​0​.​h​tml

[18] Fou­rest : Aus­si avec le PDG de Total en mars 2012 et à Tel-Aviv http://​www​.ojim​.fr/​p​o​r​t​r​a​i​t​s​/​c​a​r​o​l​i​n​e​-​f​o​u​r​e​st/. Guyet : http://​www​.upr​.fr/​a​c​t​u​a​l​i​t​e​/​u​p​r​-​p​a​r​t​i​-​p​o​l​i​t​i​q​u​e​/​q​u​i​-​v​e​u​t​-​n​u​i​r​e​-​a​-​l​u​p​r​-​d​r​-​j​e​k​y​l​l​-​m​r​s​-​h​y​d​e​-​l​a​n​t​i​f​a​s​c​i​s​t​e​-​b​o​u​t​o​l​e​a​u​-​e​t​-​l​a​-​t​r​e​s​-​a​m​e​r​i​c​a​n​o​p​h​i​l​e​-​p​r​o​f​e​s​s​o​r​-​g​u​yet

[19] Lien Lettre à Karim Fadoul. Voir aus­si mon livre, Je suis ou je ne suis pas Char­lie, cha­pitre 9. LIEN

[20] https://​anti​cons​.word​press​.com/​2​0​1​3​/​0​9​/​0​9​/​r​u​d​y​-​r​e​i​c​h​s​t​a​d​t​-​o​p​p​o​r​t​u​n​i​s​t​e​-​n​e​o​-​c​o​n​s​e​r​v​a​t​e​ur/

[21] http://​www​.legrand​soir​.info/​a​n​a​l​y​s​e​-​d​e​-​l​a​-​c​u​l​t​u​r​e​-​d​u​-​m​e​n​s​o​n​g​e​-​e​t​-​d​e​-​l​a​-​m​a​n​i​p​u​l​a​t​i​o​n​-​a​-​l​a​-​m​a​r​i​e​-​a​n​n​e​-​b​o​u​t​o​l​e​a​u​-​o​r​n​e​l​l​a​-​g​u​y​e​t​-​s​u​r​-​u​n​-​s​i​t​e​-​a​l​t​e​r​.​h​tml Voir aus­si : http://​free​.niooz​.fr/​o​r​n​e​l​l​a​-​g​u​y​e​t​-​l​-​a​r​c​h​e​t​y​p​e​-​d​e​-​l​a​-​d​e​s​i​n​f​o​r​m​a​t​i​o​n​-​a​n​t​i​c​o​n​s​-​o​b​s​e​r​v​a​t​o​i​r​e​-​d​u​-​n​e​o​-​c​o​n​s​e​r​v​a​t​i​s​m​e​-​4​1​9​8​5​3​9​.​s​h​tml

[22] Fran­çois Ruf­fin, L’air du soup­çon, Fakir, 10 sep­tembre 2013.

[23] http://​www​.wsj​.com/​a​r​t​i​c​l​e​s​/​S​B​1​1​0​7​2​9​5​5​9​3​1​0​2​4​2​790

[24] The Case for Bom­bing Iran, andry​noss​.net, jiuin 2007.

[25] http://​www​.dreuz​.info/​2​0​0​9​/​0​6​/​0​8​/​a​r​t​i​c​l​e​-​3​2​3​9​2​6​64/ http://​www​.dreuz​.info/​2​0​1​5​/​0​9​/​2​9​/​b​a​r​a​c​k​-​o​b​a​m​a​-​n​e​s​t​-​p​a​s​-​m​u​s​u​l​m​a​n​-​m​a​i​s​-​c​o​m​m​e​-​i​l​-​l​e​s​-​a​i​m​e​-​r​e​g​a​r​d​e​z​-​s​a​-​n​o​u​v​e​l​l​e​-​t​r​o​u​v​a​i​lle

 

[26] Soli­daire (Bel­gique), 10 jan­vier 1990.

[27] Kom­mer­sant, 19 décembre 2014.

[28] Barack Oba­ma « Natio­nal Secu­ri­ty Stra­te­gy », USA 2015.

[29] https://​jea​ny​ves​nau​.com/​2​0​1​6​/​0​1​/​1​1​/​m​a​n​u​e​l​-​v​a​l​l​s​-​e​x​p​l​i​q​u​e​r​-​c​e​s​t​-​d​e​j​a​-​v​o​u​l​o​i​r​-​u​n​-​p​e​u​-​e​x​c​u​s​e​r​-​c​o​m​m​e​n​t​-​f​a​u​t​-​i​l​-​e​n​t​e​n​d​r​e​-​l​e​-​p​r​e​m​i​e​r​-​m​i​n​i​s​t​re/

[30] L’Express – Le Vif, 6 février 2015.

[31] www​.acri​med​.org/​J​o​u​r​n​a​l​i​s​m​e​-​c​o​n​t​r​e​-​c​o​m​p​l​o​t​i​s​m​e​-​d​e​s​-​i​m​p​r​e​c​a​t​e​u​r​s​-​q​u​i​-​s​e​-​p​r​e​n​n​e​n​t​-​p​o​u​r​-​des

[32] « Opé­ra­tion Cor­rea : un film anti­dote à la théo­rie du com­plot », Laurent Paillard, Les ZIndigné(e)s no 24)

[33] Voir aus­si notre Atten­tion, médias!, 1992 (épui­sé).

[34] http://​www​.acri​med​.org/​A​r​t​e​-​e​t​-​l​a​-​t​h​e​o​r​i​e​-​d​u​-​c​o​m​p​l​o​t​-​u​n​e​-​e​m​i​s​s​i​o​n​-​d​e​-​p​r​o​p​a​g​a​n​d​e​-​d​e​-​D​a​n​i​e​l​-​L​e​c​o​nte

Source : http://​www​.inves​ti​gac​tion​.net/​c​o​m​p​l​o​t​i​s​t​e​-​moi

Pour m'aider et m'encourager à continuer, il est désormais possible de faire un don.
Un grand merci aux donatrices et donateurs : par ce geste, vous permettez à de beaux projets de voir le jour, pour notre cause commune.
Étienne

Catégorie(s) de l'article :

18 Commentaires

  1. Johann

    Excel­lente analyse.
    Petite ques­tion en pas­sant : est-ce qu’il existe une défi­ni­tion de la notion de com­plot qui fasse consensus ?
    Par exemple, ma ver­sion per­son­nelle est net­te­ment plus large que celle de Michel Col­lon. Plu­tôt qu’un « pro­jet secret éla­bo­ré par plu­sieurs per­sonnes contre une autre ou contre une ins­ti­tu­tion », j’op­te­rais d’a­van­tage pour un « pro­jet pri­vé (pas for­cé­ment secret) éla­bo­ré par plu­sieurs per­sonnes indé­pen­dam­ment de l’in­té­rêt général ».
    Je ne pense pas qu’un com­plot soit for­cé­ment contre quelque chose de pré­cis. J’y vois plu­tôt une simple mani­fes­ta­tion de l’é­goïsme qui est le notre.

    Réponse
  2. Pierre

    Hal­lu­ci­nant : je regarde cnews pour voir le débat et j’étends à l’ins­tant l’au­teur du livre « no vote » dire « on est pas en démo­cra­tie » et par­ler de tirage au sort !

    Réponse
      • Pierre

        C’é­tait du direct sur cnews entre 20h et 20h30, je ne pense pas que quel­qu’un ait uploa­dé l’en­re­gis­tre­ment de cette partie.

        Mais la per­sonne qui par­lait est Antoine Bué­no auteur de « no vote » :

        http://​www​.no​-vote​.com/

        Réponse
  3. zedav

    Étrange et TRISTE para­doxe que de consta­ter d’une par la dif­fu­sion dans la socié­té des idées de consti­tuante popu­laire et de tirage au sort et – d’autre part – la rela­tive déser­tion de ce blog (il suf­fit de se rap­pe­ler le nombre des blo­gueurs inter­ve­nant sur ce site il n’y a pas si long­temps ou de consta­ter la dif­fé­rence de réac­tions sus­ci­tées par la recen­sion du même article – com­plo­tiste moi ? – par le blog du plan C ou par les crises​.fr).

    Réponse
  4. zedav

    Cepen­dant que tous ces sites ne font pour­tant « que » se foca­li­ser sur l’a­na­lyse – même utile – des conséquences…

    Ain­si nous demeu­rons dis­per­sés et inef­fi­caces, avec l’illu­sion d’a­gir et d’a­voir une influence – même minime – sur la marche du monde…

    Réponse
  5. etienne

    [À pro­pos des (innom­brables) conspi­ra­tions, un papier très inté­res­sant, signa­lé par Le Saker francophone]

    Regardons attentivement ces poudrières géopolitiques

    Par Bran­don Smith 

    Qui­conque a sui­vi des ana­lyses géo­po­li­tiques et éco­no­miques alter­na­tives dans une durée décente com­prend que la struc­ture du pou­voir de l’establishment se déve­loppe en fonc­tion de sa capa­ci­té à exploi­ter les crises natu­relles ou à les fabriquer.

    Ce n’est pas si dif­fi­cile à com­prendre, mais pour une rai­son quel­conque, il y a beau­coup de gens qui sup­posent sim­ple­ment que les évé­ne­ments mon­diaux majeurs se pro­duisent « par hasard », que les élites sont stu­pides ou incons­cientes et que tous les résul­tats sont un concours de cir­cons­tances plu­tôt qu’une volon­té diri­gée ou mani­pu­lée. J’appelle ces gens « idiots intel­lec­tuels » parce qu’ils croient appli­quer la logique à chaque scé­na­rio, mais leurs rai­son­ne­ments sont cas­sés par un biais inhé­rent qui leur fait renier le poten­tiel de « conspiration ».

    Pour cla­ri­fier, leur logique se replie sur elle-même et devient défec­tueuse. Ils se croient objec­tifs, mais ils aban­donnent l’objectivité quand ils refusent caté­go­ri­que­ment d’envisager la pos­si­bi­li­té d’une influence cachée par des inté­rêts spé­ciaux orga­ni­sés. Lorsque vous renon­cez à la pos­si­bi­li­té d’une chose, aucune preuve ne vous convain­cra jamais de sa réa­li­té. C’est la façon dont les « plus intel­li­gents » des gens dans la salle peuvent finir par être les plus stu­pides per­sonnes de cette salle.

    Dans la com­mu­nau­té des sur­vi­va­listes, il y a une phi­lo­so­phie : il n’existe pas de crise pour ceux qui sont pré­pa­rés. Cela vaut autant pour les indi­vi­dus pré­pa­rés que pour les com­mu­nau­tés pré­pa­rées ou les nations pré­pa­rées. La seule façon pour une socié­té de tom­ber, c’est quand elle devient volon­tai­re­ment igno­rante de résul­tats poten­tiels et refuse de s’organiser contre eux.

    Par exten­sion, il serait logique qu’en se pré­pa­rant à une crise ou à un résul­tat par­ti­cu­lier, un indi­vi­du ou un groupe puisse non seule­ment sur­vivre, mais aus­si en tirer béné­fice. Il n’est pas fou ou extra­va­gant de pen­ser qu’il y a des groupes au pou­voir (peut-être pour de nom­breuses géné­ra­tions) qui cherchent agres­si­ve­ment à pré­dire ou même à impo­ser des résul­tats par­ti­cu­liers en géo­po­li­tique pour leur propre pro­fit. Et, par pro­fit, je ne veux pas néces­sai­re­ment dire richesse maté­rielle. Dans beau­coup de cas, le pou­voir d’influence sur les masses pour­rait être consi­dé­ré comme un bien plus grand prix que l’argent ou la propriété.

    Vous pou­vez ache­ter des esclaves ou ache­ter le moyen d’imposer vos exi­gences aux gens à la pointe de l’épée, mais vous ne pou­vez pas mettre un prix sur la fidé­li­té ou l’adoration. C’est ce que les élites de l’establishment veulent en fin de compte, la ser­vi­tude volon­taire de la popu­la­tion. Ils veulent que nous sup­pliions leur lea­der­ship plu­tôt que de devoir l’accepter à contre­cœur sous la menace.

    À cette fin, un modèle hégé­lien de pro­blème / réac­tion / solu­tion est néces­saire. Vous ne pou­vez pas influen­cer les gens à se por­ter volon­taires pour la ser­vi­tude et la sou­mis­sion à moins qu’ils ne soient suf­fi­sam­ment ter­ri­fiés par une alternative.

    Les glo­ba­listes ont ten­dance à uti­li­ser ce que j’appelle un « effet de sau­pou­drage » lorsqu’il s’agit de créer ou de gérer le chaos. Ils ouvrent la voie à de mul­tiples pou­drières à tra­vers le monde et attendent de voir les­quelles fonc­tionnent et les­quelles échouent. Si vous avez assez de ces pou­drières en place, sta­tis­ti­que­ment il y a une forte pro­ba­bi­li­té que cer­taines au moins réus­sissent. Nous l’avons vu sous une forme évi­dente, il y a quelques années, lorsque des ser­vices de ren­sei­gne­ment ont lan­cé les insur­rec­tions des « Prin­temps arabes » en Libye et en Égypte par­mi d’autres nations, ain­si que le finan­ce­ment et la for­ma­tion de groupes ter­ro­ristes en Libye et en Jor­da­nie qui sont deve­nus ISIS en Syrie et en Irak. À peu près au même moment, nous avions des chiens de race éli­tistes comme John McCain en Syrie et en Ukraine, aidant à fomen­ter l’agitation et la guerre civile.

    Tous ces évé­ne­ments fabri­qués ont créé une vague d’instabilité mon­diale qui per­dure encore à ce jour. Non seule­ment cela, mais une pou­drière exploi­tée avec suc­cès a la capa­ci­té de don­ner nais­sance à des dizaines de nou­velles pou­drières. Elles ont ten­dance à se pro­pa­ger, comme un cancer.

    Cela dit, cer­taines pou­drières sont plus dan­ge­reuses que d’autres. Voi­ci quelques-uns des évé­ne­ments que je consi­dère les plus vola­tiles en ce moment. 

    […]

    À sur­veiller

    Chaque fois qu’un ana­lyste alter­na­tif écrit un article concer­nant l’évaluation de la menace, on peut s’attendre à ce que cer­tains imbé­ciles sautent sur l’accusation de « pro­phètes de mal­heur ». Je ne suis pas sûr que quelqu’un les prenne vrai­ment au sérieux, mais soyons cri­tiques pen­dant un moment.

    Une civi­li­sa­tion est fra­gile et finie. Cela a tou­jours été le cas et cela le sera très pro­ba­ble­ment tou­jours. La pour­suite de la paix et de la sta­bi­li­té, même à un micro-niveau comme un quar­tier ou une ville, exige de la vigi­lance et de la pré­pa­ra­tion. Les gou­ver­ne­ments dépensent des mil­liards dans des groupes de réflexion et des groupes de tra­vail dont la seule fonc­tion est l’évaluation de la menace. Ils pour­raient seule­ment éva­luer les menaces dues à l’élite au pou­voir et non pas celles des citoyens, mais elles existent tout de même. Per­sonne n’accuse ces think tanks de « pro­phé­ties apo­ca­lyp­tiques » chaque fois qu’ils pré­sentent une ana­lyse qui n’est pas des plus optimiste.

    Je ne vois guère par quelle logique nier le droit du public d’avoir ses propres « think tanks » ou être scep­tique sur notre « sta­bi­li­té » actuelle. Le fait est que les ana­lystes alter­na­tifs (moi inclus) ont prou­vé à maintes et maintes reprises la jus­tesse de leurs pré­dic­tions et de leurs aver­tis­se­ments, alors que les ana­lystes domi­nants, régur­gi­tant un faux opti­misme sans fin, se sont indu­bi­ta­ble­ment beau­coup trom­pés. Nous ne fai­sons pas la pro­mo­tion de « pro­phé­ties apo­ca­lyp­tiques ». Nous pré­sen­tons la réalité.

    De grands chan­ge­ments sociaux et poli­tiques ne se pro­duisent jamais dans le vide. Il y a tou­jours des déclen­cheurs et des signaux d’avertissement. Par­fois, ces évé­ne­ments se pro­duisent natu­rel­le­ment, par­fois ils sont créés. Dans les deux cas, res­ter vigi­lant et conscient est le pur bon sens. Cela ne signi­fie pas que nous devions être dans un état de panique constante. Au contraire, comme je l’ai men­tion­né au début de cet article, les gens bien pré­pa­rés n’ont pas besoin de paniquer.

    Bran­don Smith

    Lire la suite :
    http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​r​e​g​a​r​d​o​n​s​-​a​t​t​e​n​t​i​v​e​m​e​n​t​-​c​e​s​-​p​o​u​d​r​i​e​r​e​s​-​g​e​o​p​o​l​i​t​i​q​ues

    Source : Le Saker francophone

    Réponse
  6. zedav

    Super, d’un côté c’est une bonne nou­velle que le blog soit tou­jours aus­si vivant.

    A titre per­son­nel, c’est un peu moins posi­tif car je boy­cotte fes­se­book, son exi­gence de s’ins­crire avec cour­riel et télé­phone, sa coopé­ra­tion avec la logique de sur­veillance géné­ra­li­sée et de contrôle social, sa cen­sure insi­dieuse et sa méga­lo­ma­nie typique des GAFA.

    D’un côté un blog ouvert sans condi­tion, de l’autre un blog avec exi­gences à l’entrée.

    Il est donc quelque peu contra­dic­toire que des gens sen­sibles aux pro­blé­ma­tiques de concen­tra­tion des pou­voirs avec un regard pré­ten­du­ment cri­tique sur les abus des trans­na­tio­nales pré­fèrent le second au premier.

    Cette remarque ne vaut évi­dem­ment pas pour toi Étienne dont l’in­té­rêt est logi­que­ment de cher­cher à essai­mer le maximum…

    Réponse
  7. etienne

    [UE = crime orga­ni­sé, en bande]

    Viviane Reding, commissaire européen : « Il n’y a plus de politiques intérieures nationales »

    Réponse
  8. etienne

    Je trouve Phi­lippe Pou­tou de plus en plus intéressant
    (sauf sur l’UE, peut-être => est-ce que quel­qu’un l’a enten­du par­ler de sor­tir de l’UE ?) : 

    Philippe Poutou, l’irruption du réel

    Le can­di­dat du Nou­veau par­ti anti­ca­pi­ta­liste a bous­cu­lé le débat. Consi­dé­ré comme « petit can­di­dat », il s’est mon­tré au natu­rel comme le repré­sen­tant de la classe ouvrière, por­teur de la voix des gens nor­maux pour s’en prendre aux poli­tiques pro­fes­sion­nels. […]

    Lire la suite :
    https://​www​.media​part​.fr/​j​o​u​r​n​a​l​/​f​r​a​n​c​e​/​0​5​0​4​1​7​/​p​h​i​l​i​p​p​e​-​p​o​u​t​o​u​-​l​-​i​r​r​u​p​t​i​o​n​-​d​u​-​r​eel

    Source : Mediapart


    Philippe Poutou – On n’est pas couché 1er avril 2017 #ONPC


    Phi­lippe Pou­tou – On n’est pas cou­ché 1er avril… par onpc


    Sur la moralisation de la vie politique, Poutou dégomme Fillon et Le Pen
    #LeGrandDebat

    Réponse
    • etienne

      Fran­çois Asse­li­neau rap­pelle la posi­tion des 10 autres can­di­dats, y com­pris Phi­lippe Pou­tou, dans sa (très inté­res­sante) confé­rence à Tou­louse, le 5 avril (hier), à la minute 22:20 :

      https://​you​tu​.be/​j​u​A​3​w​E​Z​k​r​e​E​?​t​=​2​2​m​20s

      => Phi­lippe Pou­tou, lui non plus, ne compte PAS DU TOUT sor­tir de l’U­nion euro­péenne 🙁 mal­gré le fait (incon­tes­table) que ces deux trai­tés soient un piège capi­ta­liste (anti­dé­mo­cra­tique et antisocial). 

      Réponse
  9. etienne

    Le pillage et la dévas­ta­tion de la Grèce conti­nue, sous le règne hon­teux, traî­treux, de la pré­ten­due « gauche radicale » 🙁 

    L’épopée austéritaire de la « gauche radicale » continue en Grèce


    https://​rup​tures​-presse​.fr/​a​c​t​u​/​l​e​p​o​p​e​e​-​a​u​s​t​e​r​i​t​a​i​r​e​-​d​e​-​l​a​-​g​a​u​c​h​e​-​r​a​d​i​c​a​l​e​-​c​o​n​t​i​n​u​e​-​e​n​-​g​r​e​ce/

    Source : Rup­tures, https://​rup​tures​-presse​.fr
    un jeune site euro­cri­tique, un bon site, À AIDER.

    Réponse
  10. BA

    En tout, il existe 197 nations recon­nues par l’Organisation des Nations Unies.

    Sur ces 197 nations, 28 nations ont fait une expé­rience poli­tique : l’Union Européenne.

    Par­tout ailleurs, sur tous les autres conti­nents, les 169 autres nations gardent le contrôle de leurs lois nationales.

    Par­tout ailleurs, sur tous les autres conti­nents, les 169 autres nations gardent le contrôle de leurs fron­tières nationales.

    Par­tout ailleurs, sur tous les autres conti­nents, les 169 autres nations gardent le contrôle de leur mon­naie nationale.

    Il n’y a que nous, en Europe, qui avons fait cette expé­rience de tarés.

    Et cette expé­rience a com­plè­te­ment foiré.

    Il faut sor­tir de l’Union Européenne.

    Il faut sor­tir de l’euro.

    Votez Asse­li­neau.

    https://​www​.upr​.fr/​w​p​-​c​o​n​t​e​n​t​/​u​p​l​o​a​d​s​/​2​0​1​1​/​0​1​/​P​r​o​g​r​a​m​m​e​-​F​r​a​n​c​o​i​s​-​A​s​s​e​l​i​n​e​a​u​-​2​0​1​7​.​pdf

    Réponse
  11. Arthur

    Bon­jour,
    Après le débat et le suc­cès d’As­se­li­neau, Macron et Mélen­chon ont fait annu­ler celui qui devait se tenir le 20 avril.

    Allez-vous conti­nuer à sou­te­nir Mélenchon ?

    Est-ce que vous ne trou­vez pas cela bizarre que tous les « agents atlan­tistes » « anti­fa » qui hier s’at­ta­quaient à Sego­lène pour faire élire Sar­ko­zy, qui depuis des années font la chasse à tous les citoyens qui osent se poser des ques­tions en les trai­tant de « conspi­ra­tion­nistes » ou de « fas­cistes », se font aujourd’­hui pas­ser pour des pro Mélen­chon, FN ou Dupon­tiste pour atta­quer l’U­PR, mais, et c’est en cela que l’on les recon­naît, en uti­li­sant tou­jours les mêmes argu­ments de « conspi­ra­tion­niste », « fas­ciste » (celui-là ne tient plus) et ou emploient les termes « sec­taire » « gou­rou » uti­li­sé depuis tou­jours par les anti­fa » contre Asselineau ?

    Réponse
  12. joss

    Je viens de tom­ber sur la TV du MEDEF ! La seule TV qui pro­pose un vrai débat de fond pour la présidentielle 😉
    (je leur fais un peu de pub cari­ta­tive en passant)

    M. Emma­nuel Macron (le chou-chou)
    https://​you​tu​.be/​b​s​j​L​c​a​S​J​RkI

    Mme Marine Lepen
    https://​you​tu​.be/​u​A​L​E​W​v​e​G​9IQ

    M. Fran­çois Fillon
    https://​you​tu​.be/​y​f​F​0​c​b​c​C​8UA

    M. Jacques Cheminade
    https://​you​tu​.be/​H​I​X​H​S​R​S​n​2j0

    M. Fran­çois Asselineau
    https://​you​tu​.be/​A​f​t​Y​3​P​y​F​Dl0

    M. Nico­las Dupont-Aignan
    https://​you​tu​.be/​y​P​F​F​6​M​U​X​O44

    J’ai cher­ché les gens de la gauche…dommage ! Pas invités ?

    Réponse
  13. Adeline

    Si j’ai bien com­pris Mélen­chon et Hamon ont décli­né l’in­vi­ta­tion de TV MEDEF.

    Réponse
  14. Elysabethe

    Tiens ? curieu­se­ment pas de « manifs vio­lentes » envers le nou­veau pré­sident de la répu­blique (bana­nière) de France : Macron semble avoir cal­mé ces bobos seule­ment vio­lents envers les « vrais gens » de « gauche », réel­le­ment anti-sys­tème, nova­teurs ou indé­pen­dants sans liens finan­ciers avec les banques. Donc Macron est adou­bé par ces « faux rebelles » de salon, dont on sait qu’ils appar­tiennent à la « classe supé­rieure » et non la classe dite ouvrière. Sachez que notre chère rebelle (liber­taire, com­mu­niste, anti­fa) jour­na­liste pigeant à Street-Press tient le blog les Enra­gées ou elle reprends les thèmes obses­sion­nels de « ces enne­mis » bien connus. De temps en temps elle se fend d’un article rageur contre Asse­li­neau par exemple et n’hé­site pas à appel­ler a la déla­tion au CSA en rai­son de son invi­ta­tion fac­tuelle sur un pla­teau TV :
    http://​leplus​.nou​ve​lobs​.com/​c​o​n​t​r​i​b​u​t​i​o​n​/​1​2​4​2​4​7​3​-​o​n​p​c​-​e​n​-​i​n​v​i​t​a​n​t​-​f​r​a​n​c​o​i​s​-​a​s​s​e​l​i​n​e​a​u​-​l​a​u​r​e​n​t​-​r​u​q​u​i​e​r​-​c​e​d​e​-​a​-​l​a​-​p​r​e​s​s​i​o​n​-​d​e​s​-​c​o​m​p​l​o​t​i​s​t​e​s​.​h​tml
    Sous le pseu­do « Caro­line Mer­lin » (elle se cache desor­mais) elle enrage de voir Asse­li­neau enfin recon­nu mal­gré ces attaques inces­santes. La hyène pré­fé­rée du jour­na­lisme n’é­crit plus que sous « pseu­do » depuis qu’un membre de l’U­PR d’A­cri­med la ren­due « visible » aus­si elle se déchaine sur « Laurent dau­ré » comme sur « Col­lon » et tous ceux qui osent défier l’Em­pire de l’O­tan et les banques. Le salut sur vous Mr Chouard qui résis­tez aus­si . Je vous mets en lien un livre rare de Kurtz Goss­wei­ler pré­fa­cée par Annie Lacroix Riz sur la vraie nature du fas­cisme et ces liens consan­guins avec la finance ou les banques donc le Capi­ta­lisme : http://​www​.aden​.be/​u​p​l​o​a​d​s​/​f​i​l​e​/​i​n​t​_​g​o​s​s​w​e​i​l​e​r​.​pdf Ce que nos vaillants anti­fa oublient de dénon­cer et même défendent ces pauvres ban­quiers en uti­li­sant le thème de l’ex­trême droite « ad hit­lé­rium » : atta­quer les ban­quiers c’est être « fas­ciste » et voir des « juifs par­tout » etc…IBM par exemple a bien aidé le sys­tème concen­tra­tion­naire des camps nazis pen­dant toute la guerre : http://​www​.pie​ce​set​main​doeuvre​.com/​I​M​G​/​p​d​f​/​I​B​M​-​s​t​e​-​d​e​-​c​o​n​t​r​a​i​n​t​e​-​A​4​.​pdf Ford, Hol­ly­wood, Ugo Boss, Rock­fel­ler, Rot­shild etc…ont fait du fric sur le dos des esclaves humains. Mieux les frères Ber­na­nos ayant brû­lé un poli­cier dans sa voi­ture de police sont sor­ti de pri­son au bout de quelques mois en pré­ten­dant une « fausse affaire » ou l’exa­gé­ra­tion des poli­ciers !! Deux frères des beaux quar­tiers arrières petits fils de Ber­na­nos cassent du flic ou du fasho réel ou ima­gi­naire et mal­gré de graves vio­lences s’en sortent les doigts dans le nez ..Ima­gi­nez si cela avait été des jeunes des ban­lieues ? Quelle honte ces anti­fas ils sont les meilleurs gar­diens de l’Ordre Public et de l’ordre bour­geois : http://​www​.lex​press​.fr/​a​c​t​u​a​l​i​t​e​/​s​o​c​i​e​t​e​/​v​o​i​t​u​r​e​-​d​e​-​p​o​l​i​c​e​-​i​n​c​e​n​d​i​e​e​-​l​e​s​-​f​r​e​r​e​s​-​b​e​r​n​a​n​o​s​-​u​l​t​r​a​s​-​d​e​-​b​o​n​n​e​-​f​a​m​i​l​l​e​_​1​8​8​7​0​7​2​.​h​tml
    Comme quoi on sait « qui » les protège..et qui les financent, ceux qui parlent des com­plot des « petits » en oubliant les « plus gros » des puis­sants : http://​www​.pie​ce​set​main​doeuvre​.com/​I​M​G​/​p​d​f​/​C​o​m​p​l​o​t​.​pdf
    .Bonne soi­rée a vous toutes et tous.

    Réponse

Laisser un commentaire

Derniers articles

Essai pour un contrôle populaire des institutions – DÉFINITION, FORCE ET ENJEUX DE LA CONSTITUTION : pourquoi nous sommes complètement fous de ne pas nous y intéresser en priorité absolue (3 vidéos intégrales et texte)

Essai pour un contrôle populaire des institutions – DÉFINITION, FORCE ET ENJEUX DE LA CONSTITUTION : pourquoi nous sommes complètement fous de ne pas nous y intéresser en priorité absolue (3 vidéos intégrales et texte)

Chers amis, Je récapitule, sur ma chaîne et dans ce billet, les vidéos que j'ai conçues et publiées pour Une Nôtre Histoire pour faire le point sur la démocratie et les institutions, en insistant évidemment sur l'importance prioritaire d'un processus constituant...