MONNAIE ET DÉMOCRATIE : deux rendez-vous en duo avec Philippe Derudder, vers Bourges et La Rochelle, les 8 et 9 octobre 2016

1/10/2016 | 23 commentaires

Bon­jour à tous.

Deux chouettes jour­nées s’approchent 🙂

Je dois beau­coup à Phi­lippe Derud­der et André-Jacques Hol­becq, pour mon éveil en matière monétaire.

C’est André-Jacques qui m’a inter­pel­lé très tôt, sur le forum du Plan C, en atti­rant notre atten­tion sur la cen­tra­li­té de la créa­tion moné­taire et sur le sabor­dage scan­da­leux que nous révé­lait « la loi de 1973 ». 

Je vous recom­mande d’ar­pen­ter, si vous ne le connais­sez pas déjà, ce très long mais très impor­tant fil du forum consa­cré à la créa­tion moné­taire : si vous sui­vez nos échanges pas­sés, vous y pro­gres­se­rez à votre tour comme nous l’a­vons fait, petit à petit. Pour vous faci­li­ter la vie, j’ai regrou­pé toutes ces pré­cieuses pages en un docu­ment pdf unique : « REPRENDRE LE POUVOIR SUR NOTRE MONNAIE » (1 200 pages (!), mais j’y ai sur­li­gné en jaune de nom­breux pas­sages essen­tiels) ; c’est une mine à réfé­rences utiles pour com­prendre la mon­naie, ses méca­nismes (actuels vs sou­hai­tables), les enjeux de socié­té qui y sont liés, et puis les nom­breuses alter­na­tives pos­sibles (que devraient d’a­bord connaître les citoyens pour ensuite pou­voir les défendre), etc.

Dix ans après cet éveil (et des mil­liers de livres et de textes plus tard), je vais bien­tôt avoir le plai­sir de vous ren­con­trer sur ce sujet « mon­naie et démo­cra­tie » avec Phi­lippe Derud­der lui-même, ce qui est une pre­mière et me rem­plit de joie. Phi­lippe va nous par­ler de la mon­naie (je ne connais per­sonne qui explique mieux que lui les prin­cipes de base de la mon­naie (ne ratez pas son petit livre sur les mon­naies locales, c’est un vrai bijou, impor­tant, tout le monde devrait l’a­voir lu et tra­vaillé), et moi je vais vous par­ler… de démo­cra­tie et de pro­ces­sus consti­tuant popu­laire (bien sûr 🙂 ), car les deux sujets — mon­naie et démo­cra­tie — sont, dans notre esprit à tous les deux, inti­me­ment liés et interdépendants.

Mais en fait, ça va être encore plus inté­res­sant que ça : au cours de l’ex­po­sé de cha­cun, l’autre pour­ra inter­ve­nir pour ques­tion­ner, sug­gé­rer, com­men­ter, de façon à vous offrir davan­tage deux échanges dyna­miques, peut-être même par­fois une contro­verse (bien­veillante), que deux confé­rences séparées.

De plus, (comme d’ha­bi­tude) je vous invi­te­rai ensuite à tra­vailler à votre tour 🙂 dans des ate­liers consti­tuants, natu­rel­le­ment foca­li­sés sur la mon­naie : faut-il déci­der dans la consti­tu­tion, et avec quels mots, qui est légi­time pour créer la mon­naie ? Qui est légi­time pour déci­der si le corps social a besoin de plus ou moins de mon­naie (qui va déci­der s’il faut créer de la mon­naie ou en détruire) ? Qui contrôle qu’au­cune per­sonne pri­vée ni aucune famille ne s’empare du pou­voir de créa­tion moné­taire ? Quel type de mon­naie vou­lons-nous ? Publique ? Pri­vée ? Payante ? Gra­tuite ? Tem­po­raire ? Per­ma­nente ? Stable ? Fon­dante ? Rare ? Abon­dante ? Unique ? Mul­tiple ? Natio­nale ? Locale ? Les deux ? Simple mar­chan­dise négo­ciable sur un mar­ché et expo­sée aux spé­cu­la­tions des plus riches ou Bien social vital non négo­ciable ? Mon­naie publique dis­po­nible à pro­fu­sion pour finan­cer (et donc rendre pos­sibles) les ser­vices publics ? Mon­naie nou­velle répar­tie régu­liè­re­ment de façon incon­di­tion­nelle et à vie ? , etc. 

Il fau­dra (apprendre ensemble à) bien dis­tin­guer les choix moné­taires qui relèvent de la consti­tu­tion (choix plu­tôt stables, simples et fon­da­teurs, mis à l’é­cart des que­relles poli­tiques quo­ti­diennes) des choix moné­taires qui relèvent de la loi (choix plus variables en fonc­tion de la conjonc­ture et constam­ment redé­fi­nis à tra­vers les contro­verses poli­tiques ordinaires).

Il fau­dra aus­si pen­ser à nous garantir/armer contre les inévi­tables coups d’É­tats oli­gar­chiques (anti­dé­mo­cra­tiques) qui ne man­que­ront pas d’être fomen­tés par des ban­dits — comme celui de la pré­ten­due « Union euro­péenne » —, et il fau­dra trai­ter comme cri­mi­nels les acteurs poli­tiques qui se ren­draient à nou­veau cou­pables de tels forfaits.

J’es­père que naî­tront de ces ate­liers quelques pro­po­si­tions d’ar­ticles de consti­tu­tion d’o­ri­gine citoyenne capables de don­ner des idées à tout le monde, à la fois sur l’im­por­tance car­di­nale du sujet moné­taire, sur la fécon­di­té de la par­ti­ci­pa­tion des citoyens à la réflexion sur les alter­na­tives moné­taires, et sur­tout, sur l’im­bri­ca­tion étroite entre l’é­man­ci­pa­tion moné­taire des peuples et la nature popu­laire du pro­ces­sus constituant.

Voi­ci donc les deux ren­dez-vous en question : 

1) Rendez-vous le 8 octobre 2016, au 4ème FORUM PAIX ET SOLIDARITÉ (23 rue de la Mairie, 18510 Menetou-Salon) : 

Annonce sur Face­book : https://​www​.face​book​.com/​e​v​e​n​t​s​/​3​3​9​0​4​0​8​1​9​7​8​0​6​91/

2) Rendez-vous le lendemain, 9 octobre 2016, au GÎTE DE MONTIFAUD (1 route de Montifaud, 17430 Genouillé) :

Ça va être deux belle jour­nées. Le niveau va encore monter.

J’ai hâte de vous retrou­ver en chair et en os, bande de virus 🙂

Étienne.
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PS : je vous signale ci-des­sous quelques liens pour bos­ser ces deux sujets :

Page dédiée à la mon­naie : https://​old​.chouard​.org/​E​u​r​o​p​e​/​m​o​n​n​a​i​e​.​php

Page dédiée au tirage au sort, seule pro­cé­dure démo­cra­tique digne de ce nom : https://​old​.chouard​.org/​E​u​r​o​p​e​/​t​i​r​a​g​e​_​a​u​_​s​o​r​t​.​php

Vidéo « Sommes-nous en démo­cra­tie ? » : https://​you​tu​.be/​6​L​B​4​6​2​z​-​j70

Vidéo « Les enjeux de la créa­tion moné­taire » : https://​you​tu​.be/​u​R​a​g​F​a​I​G​b5w

Un autre très bon bou­quin, « La dette publique, une affaire ren­table » :

_________

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​4​5​4​9​6​5​7​3​8​7​317:a>

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Étienne

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23 Commentaires

  1. zedav

    Péti­tion concer­nant un des pou­voirs les plus vio­lents, les plus arbi­traires et les moins contrô­lés de nos pseudo-démocraties :

    Il y a au moins 10 000 cas de dys­fonc­tion­ne­ments judi­ciaires, en France et par an, en toute impu­ni­té et incon­nus de l’o­pi­nion publique.

    Conci­lier l’in­dé­pen­dance et le contrôle de la jus­tice est un pro­blème majeur pour la démo­cra­tie depuis des mil­lé­naires, res­té encore sans aucune solu­tion utile à notre connaissance.

    Une solu­tion est pos­sible aujourd’­hui grâce à l’ODJ qui a déjà fait la preuve de son inté­rêt et de son effi­ca­ci­té par le nombre de témoi­gnages recueillis et la noto­rié­té de son site, au 1er rang des recherches sur Inter­net dans son domaine.

    Tous les élé­ments d’un suc­cès col­lec­tif durable ont aujourd’­hui été ras­sem­blés, sous réserve de la par­ti­ci­pa­tion intel­lec­tuelle, béné­vole mais sérieuse, de nom­breux inté­res­sés : entraide de citoyens béné­voles et de jus­ti­ciables, asso­cia­tions indé­pen­dantes pour la jus­tice, jour­na­listes, avo­cats, dépu­tés, …, retrai­tés, étu­diants en droit, .…

    Pour déve­lop­per notre action et nos moyens, dans votre inté­rêt et dans l’in­té­rêt géné­ral, nous venons de publier une pétition
    sur un site spé­cia­li­sé, avec des pre­mières infor­ma­tions très résu­mées et don­nant un accès direct à de nom­breuses autres infor­ma­tions plus détaillées, à votre conve­nance (200 signa­taires venant de toute la France dans les 10 pre­miers jours).

    Si vous êtes tou­jours intéressé(e) par notre objec­tif, nous vous deman­dons seule­ment aujourd’­hui de bien vou­loir par­ti­ci­per au suc­cès de cette pétition.
    Il vous suf­fit d’a­jou­ter votre signa­ture et vos com­men­taires éven­tuels et de la faire connaître à tous les autres intéressé(e)s de votre entourage.
    Pour cela, cli­quez ici : http://​www​.meso​pi​nions​.com/​p​e​t​i​t​i​o​n​/​j​u​s​t​i​c​e​/​m​e​t​t​r​e​-​j​u​s​t​i​c​e​-​c​o​n​t​r​o​l​e​-​p​e​u​p​l​e​-​n​o​m​-​d​u​q​u​e​l​/​2​5​056

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  2. etienne

    [Pour­ri­ture poli­ti­cienne]

    Démissionner pour mieux voter : l’étrange manœuvre des socialistes pour éviter le blocage du CETA !


    http://​trans​at​lan​tique​.blog​.lemonde​.fr/​2​0​1​6​/​1​0​/​0​7​/​d​e​m​i​s​s​i​o​n​n​e​r​-​p​o​u​r​-​m​i​e​u​x​-​v​o​t​e​r​-​l​e​t​r​a​n​g​e​-​m​a​n​o​e​u​v​r​e​-​d​e​s​-​s​o​c​i​a​l​i​s​t​e​s​-​p​o​u​r​-​e​v​i​t​e​r​-​l​e​-​b​l​o​c​a​g​e​-​d​u​-​c​e​ta/
    Signa­lé par Nicole Fer­ro­ni.

    —————–

    Com­men­taire de Nicole :

    « Expli­ca­tion du texte par « oui-oui essaye de com­prendre la poli­tique » : Et ben, grâce au para­chu­tage mati­nal de Mme Pové­da (et Co.), on se retrouve avec la sup­pléante de M. Fekl , mon­sieur Pro-CETA, à une com­mis­sion qui devait voter une réso­lu­tion ( = oppo­si­tion) à l’ap­pli­ca­tion du CETA… et du coup, comme de par hasard, le résul­tat du vote, c’est que les dépu­tés pré­sents se sont majo­ri­tai­re­ment oppo­sés à la réso­lu­tion pro­po­sés par les éco­lo­gistes. Ain­si le 18 octobre, Mathias Fekl notre secré­taire d’é­tat au com­merce pour­ra tran­quille­ment défendre le Ceta…sapristi.. »
    https://www.facebook.com/nicoleferroniofficiel/posts/1286422178071402?comment_id=1286442648069355&reply_comment_id=1286443274735959&comment_tracking=%7B%22tn%22%3A%22R9%22%7D

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  3. etienne
  4. etienne
  5. etienne

    L’ennemi commun des peuples : Le moment Hillary
    par Bruno Guigue

    Le moment Hillary

    L’avantage, avec Hil­la­ry Clin­ton, c’est qu’elle annonce clai­re­ment la cou­leur. A grand ren­fort de rhé­to­rique chau­vine, la can­di­date démo­crate gal­va­nise les éner­gies du com­plexe mili­ta­ro-indus­triel, du lob­by sio­niste et de la finance mon­dia­li­sée. Elle est fière comme un Arta­ban de ses exploits guer­riers en Libye. Elle pro­met de liqui­der sans délai Bachar Al-Assad. Elle couvre d’injures le pré­sident de la Rus­sie et l’accuse de com­plo­ter contre son élec­tion. D’une arro­gance à toute épreuve, Hil­la­ry ver­sion 2016 incarne cette frac­tion de l’oligarchie yan­kee qui est prête à tout pour étendre sa domi­na­tion. Mais pour bien com­prendre cette séquence poli­tique que j’appellerai le « moment Hil­la­ry », il faut la resi­tuer dans un conti­nuum historique.

    Clin­ton, Bush Jr, Oba­ma : depuis 1992, les trois pré­si­dents qui se sont suc­cé­dé à la Mai­son Blanche n’ont pas ména­gé leur peine pour ser­vir une oli­gar­chie qui se gave des pro­di­gieux divi­dendes de la mer­veilleuse mon­dia­li­sa­tion libé­rale. Le plus décrié des trois, George W. Bush, n’a pas eu besoin, pour­tant, d’inféoder la poli­tique de son pays aux majors pétro­lières et aux magnats de l’armement : elle était déjà sous leur coupe depuis long­temps ! Pro­to­type du guer­rier paci­fiste, redou­table expert en com­mu­ni­ca­tion, son pré­dé­ces­seur Bill Clin­ton a lar­ge­ment contri­bué à cette inféo­da­tion, et il a légué un héri­tage poli­tique dont on a par­fois ten­dance à oublier l’importance.

    Cet héri­tage, il faut le rap­pe­ler, est insé­pa­rable des cir­cons­tances excep­tion­nelles qui l’ont vu naître. L’élection de Bill Clin­ton eut lieu au len­de­main d’un évé­ne­ment majeur, l’effondrement de l’URSS. Cette dis­pa­ri­tion de la super­puis­sance rivale ouvrit la voie à l’instauration d’un monde uni­po­laire. Pous­sant les feux de la glo­ba­li­sa­tion éco­no­mique, ser­vant doci­le­ment les inté­rêts du capi­tal finan­cier, cet apôtre décon­trac­té du mon­dia­lisme confor­ta la domi­na­tion sans par­tage de Washing­ton. Bill Clin­ton n’a pas inven­té l’impérialisme, mais il l’a éten­du à la pla­nète. De quelle manière ? En réa­li­sant trois avan­cées hégé­mo­niques aux­quelles Hil­la­ry compte bien s’arc-bouter pour repous­ser encore plus loin les limites du lea­der­ship US.

    Lourde de consé­quences, la pre­mière avan­cée hégé­mo­nique fut la trans­for­ma­tion de l’OTAN en machine de guerre agres­sive. Bras sécu­lier d’une alliance défen­sive des­ti­née à parer à la « menace sovié­tique », cet appa­reil guer­rier sur­vé­cut à son enne­mi poten­tiel. Au lieu de le dis­soudre, les diri­geants US en firent une machine à émas­cu­ler les vieilles nations occi­den­tales et l’instrument d’une offen­sive per­ma­nente contre Mos­cou. Pro­vo­ca­tion sans pré­cé­dent, cette alliance bel­li­queuse élar­gie aux pays de l’Est euro­péen a atteint les fron­tières occi­den­tales de la Russie.

    La deuxième avan­cée hégé­mo­nique de l’ère Clin­ton est de nature idéo­lo­gique. Pour jus­ti­fier l’intervention mili­taire contre un Etat sou­ve­rain, on invo­que­rait désor­mais le pré­texte des droits de l’homme. Cette doc­trine fut expé­ri­men­tée dans les Bal­kans, où la pro­pa­gande huma­ni­taire ser­vit de paravent à l’ingérence dans les affaires inté­rieures de la Ser­bie, ce petit Etat au natio­na­lisme ombra­geux et jaloux de son inté­gri­té ter­ri­to­riale. On inven­ta alors au Koso­vo un géno­cide qui n’eut jamais lieu, on bom­bar­da les infra­struc­tures serbes, puis on confia le ser­vice après-vente de ce désastre à Ber­nard Kouch­ner, dont le don pour le manie­ment de la ser­pillière est de noto­rié­té mondiale.

    Cette opé­ra­tion mili­taire eut pour résul­tat de créer un Etat voyou, livré clé en main à une mafia par­ti­cu­liè­re­ment glauque dont le ral­lie­ment à l’Occident lui per­mit d’accroître les marges béné­fi­ciaires de ses tra­fics en tout genre. Pour la pre­mière fois, un Etat-crou­pion fut por­té sur les fonts bap­tis­maux par une inter­ven­tion mili­taire de l’OTAN en l’absence de man­dat de l’ONU et en vio­la­tion fla­grante de la loi inter­na­tio­nale. On croyait naï­ve­ment que l’intangibilité des fron­tières était un prin­cipe de droit inter­na­tio­nal. C’est fini. La poli­tique des droits de l’homme lui a tor­du le cou.

    Troi­sième avan­cée hégé­mo­nique, enfin : le génie inven­tif de la pré­si­dence Clin­ton por­ta sur la façon de faire la guerre. Avec les bom­bar­de­ments fré­né­tiques infli­gés à la Soma­lie, à l’Irak et à la Ser­bie, le Penta­gone expé­ri­men­ta sa « révo­lu­tion dans les affaires mili­taires ». Au lieu d’expédier sur place des troupes ris­quant de se faire hacher menu, Washing­ton frap­pa ses enne­mis, du haut du ciel, en déchaî­nant attaques aériennes et mis­siles de croi­sière. D’une par­faite asy­mé­trie, ces frappes chi­rur­gi­cales cumu­laient les avan­tages de l’ubiquité, de la pré­ci­sion et de l’absence de pertes dans le camp du bien.

    Embri­ga­de­ment des alliés dans une OTAN sans fron­tières, droit-de‑l’hommisme en casque lourd et déchaî­ne­ment du feu céleste contre les récal­ci­trants : ces trois sauts qua­li­ta­tifs ont four­ni un modèle inoxy­dable de poli­tique étran­gère. Même les détrac­teurs répu­bli­cains de Bill Clin­ton ont rete­nu la leçon. Ses suc­ces­seurs George W. Bush et Barack Oba­ma n’y ont pas déro­gé. Le pre­mier a pro­fi­té du 11 sep­tembre pour lâcher les fau­cons du Penta­gone sur le Moyen-Orient, mais cet inter­ven­tion­nisme a fait l’effet d’un élé­phant dans un maga­sin de por­ce­laine. Devant ce fias­co, le peuple amé­ri­cain élut en 2008 un démo­crate plu­tôt ave­nant qui avait pour carte de visite son oppo­si­tion à cette aven­ture guer­rière. Hélas l’illusion fut de courte durée, et la poli­tique néo-conser­va­trice conti­nua de plus belle.

    Afin de limi­ter l’envoi de troupes sur le champ de bataille, Barack Oba­ma a pré­fé­ré le « lea­ding from behind » à l’intervention directe. Mais il a aus­si inten­si­fié la guerre des drones et main­te­nu le bagne de Guan­ta­na­mo. Jouant avec le feu, il a pac­ti­sé avec Al-Qai­da, fait détruire la Libye par ses lar­bins euro­péens et vai­ne­ment ten­té d’anéantir la Syrie, où il est tom­bé sur un os nom­mé Pou­tine. C’est pour­quoi il a ins­tal­lé en Europe un bou­clier anti-mis­sile qui menace Mos­cou, favo­ri­sé un coup d’Etat à Kiev et impo­sé à la Rus­sie des sanc­tions que rien ne justifie.

    La cam­pagne au lance-flammes d’Hillary Clin­ton montre que la frac­tion bel­li­ciste de l’oligarchie est déci­dée à pour­suivre cette poli­tique agres­sive. Le secré­taire à la Défense, Ash­ton Car­ter, a récem­ment décla­ré que les Etats-Unis se réser­vaient le droit d’utiliser l’arme nucléaire en pre­mière frappe. Sans état d’âme, les Doc­teur Fola­mour du néo­con­ser­va­tisme évoquent une future guerre avec la Rus­sie ou la Chine. Une chose est sûre. Cette stra­té­gie de la ten­sion l’emportera si la can­di­date démo­crate gagne l’élection du 8 novembre. Et le « moment Hil­la­ry » met­tra la pla­nète au bord du gouffre.

    Bru­no Guigue, ancien élève de l’École Nor­male Supé­rieure et de l’ENA, Haut fonc­tion­naire d’Etat fran­çais, essayiste et poli­to­logue, pro­fes­seur de phi­lo­so­phie dans l’enseignement secon­daire, char­gé de cours en rela­tions inter­na­tio­nales à l’Université de La Réunion. Il est l’auteur de cinq ouvrages, dont Aux ori­gines du conflit israé­lo-arabe, L’invisible remords de l’Occident, L’Harmattan, 2002, et de cen­taines d’articles.

    Source : Comi­té Val­my, Bru­no Guigue, 03-10-2016

    http://​www​.les​-crises​.fr/​l​e​n​n​e​m​i​-​c​o​m​m​u​n​-​d​e​s​-​p​e​u​p​l​e​s​-​l​e​-​m​o​m​e​n​t​-​h​i​l​l​a​r​y​-​p​a​r​-​b​r​u​n​o​-​g​u​i​g​ue/

    Source : les​-crises​.fr Oli­vier Berruyer

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  6. etienne

    [Indis­pen­sable ana­lyse de Michel Col­lon, authen­tique sen­ti­nelle du peuple]

    LES CINQ PRINCIPES DE LA PROPAGANDE DE GUERRE, APPLIQUÉS À LA SYRIE COMME AILLEURS : 

    On ne s’en lasse pas.
    Mer­ci Michel.

    Réponse
  7. etienne

    [Grâce au faux « suf­frage uni­ver­sel » (que nous ado­rons tous stu­pi­de­ment comme une vache sacrée), LES PIRES GOUVERNENT ET LA GUERRE S’EN VIENT]

    Les États-Unis rappellent qu’ils ne veulent pas s’interdire la première frappe nucléaire


    Le Secrétaire à la Défense Ash Carter s’adresse aux troupes sur la base Kirtland de l’Air Force, au Nouveau Mexique, le 27 septembre 2016. (Image : Département de la Défense des États-Unis)

    http://​www​.les​-crises​.fr/​l​e​s​-​e​t​a​t​s​-​u​n​i​s​-​r​a​p​p​e​l​l​e​n​t​-​q​u​i​l​s​-​n​e​-​v​e​u​l​e​n​t​-​p​a​s​-​s​i​n​t​e​r​d​i​r​e​-​l​a​-​p​r​e​m​i​e​r​e​-​f​r​a​p​p​e​-​n​u​c​l​e​a​i​re/

    Source : les​-crises​.fr Oli­vier Berruyer

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  8. etienne

    [Pen­seuse admirable]

    Arundhati Roy : « Je ne suis pas sûre que l’humanité veuille survivre »

    La roman­cière, acti­viste et essayiste indienne Arund­ha­ti Roy pour­suit sa ten­ta­tive de « réveiller notre ima­gi­na­tion » contre le chau­vi­nisme, le capi­ta­lisme et les pro­ces­sus en appa­rence inof­fen­sifs qui leur per­mettent de prospérer. 

    Arund­ha­ti Roy, l’auteur du Dieu des Petits Riens, ter­mine, vingt ans après, un nou­veau roman qui sera publié en anglais l’année pro­chaine et en fran­çais début 2018. En atten­dant, elle publie deux ouvrages qui s’inscrivent dans ses com­bats contre les natio­na­listes hin­dous et le capi­ta­lisme vorace.

    Le pre­mier, Capi­ta­lisme, une his­toire de fan­tômes (Gal­li­mard), est en réa­li­té un recueil d’articles, cen­tré sur les ten­sions au Cache­mire et la façon dont les ONG, les fon­da­tions phi­lan­thro­piques, les bourses d’études ou les dis­cours léni­fiants sur la diver­si­té et l’art servent de véhi­cules aux acca­pa­re­ments de terres et aux des­truc­tions des ima­gi­naires, dans une Inde dont le déve­lop­pe­ment éco­no­mique expo­nen­tiel est com­pa­tible avec le fait que « plus de 80 % de la popu­la­tion vit avec moins de cin­quante cents par jour ».

    Face à cela, Arund­ha­ti Roy rend compte de luttes qui tentent de résis­ter à ces rou­leaux com­pres­seurs finan­ciers et idéo­lo­giques. Si l’analyse est sombre sur le sort qui attend une huma­ni­té ayant anéan­ti des manières de pen­ser radi­ca­le­ment dif­fé­rentes, en sup­pri­mant cer­tains modes de vie pour en impo­ser d’autres, Arund­ha­ti Roy exige tou­jours le « droit de rêver dans un sys­tème qui a essayé de trans­for­mer tous les indi­vi­dus en zom­bies hyp­no­ti­sés au point d’assimiler le consu­mé­risme irré­flé­chi au bon­heur et à l’épanouissement ».

    Le second s’intitule Que devons-nous aimer ? (Gal­li­mard). Cosi­gné avec l’acteur et réa­li­sa­teur John Cusack, c’est le fruit d’une ren­contre avec Edward Snow­den mais aus­si Daniel Ells­berg, l’ancêtre des « lan­ceurs d’alerte », à l’origine de la fuite des “Penta­gone papers” durant la guerre du Viet­nam. Il consti­tue notam­ment une réflexion sur le patrio­tisme, au nom duquel disent avoir agi Ells­berg et Snow­den, tan­dis qu’Arundhati Roy appelle à redé­fi­nir nos prio­ri­tés : « Une forêt vierge, une chaîne de mon­tagnes ou une val­lée flu­viale sont plus impor­tantes et cer­tai­ne­ment plus dignes d’amour que tout pays ne le sera jamais. Je pour­rais pleu­rer pour une val­lée flu­viale, et cela m’est déjà arri­vé. Mais pour un pays ? » Entre­tien.

    Vous écri­vez que l’Inde est désor­mais une super­puis­sance comme les autres, « avec des bombes nucléaires et une scan­da­leuse inéga­li­té »… En 1998, dans The End of Ima­gi­na­tion, vous aviez déjà décla­ré : « Si pro­tes­ter contre l’implantation d’une bombe nucléaire dans ma tête est anti-hin­dou et anti­pa­trio­tique, alors je fais séces­sion. Par la pré­sente je m’autoproclame répu­blique iti­né­rante indé­pen­dante. » Presque vingt ans après, où en êtes-vous de votre rela­tion avec l’Inde ?

    En Inde, le dis­cours natio­na­liste est deve­nu ter­ri­fiant et cela a débu­té avec les essais nucléaires. Tous ceux qui ne célé­braient pas cela comme la marque d’une grande nation ont été accu­sés de tra­hi­son. La dif­fé­rence est que ceux qui stig­ma­ti­saient comme « anti-Hin­dous » les rares qui ne com­mu­niaient pas dans le culte de la grande puis­sance nucléaire sont aujourd’hui ins­tal­lés au pou­voir et retran­chés der­rière leurs convic­tions d’extrême droite. Certes, la région est loin de la situa­tion syrienne ou ira­kienne, mais un gou­ver­ne­ment avec Modi à sa tête, atti­sant le conflit au Cache­mire et la ten­sion avec le Pakis­tan, a de quoi nous inquié­ter tous, parce qu’on parle là de puis­sances déte­nant des bombes nucléaires.

    Êtes-vous per­son­nel­le­ment visée par les natio­na­listes hindous ?

    Le gou­ver­ne­ment opère en sous-trai­tant son mécon­ten­te­ment vis-à-vis des voix diver­gentes à la foule. Une mani­fes­ta­tion avait ain­si été orga­ni­sée devant mon domi­cile par l’aile fémi­nine du BJP, exi­geant mon arres­ta­tion. Et en avril der­nier, des étu­diants de l’université Neh­ru avaient orga­ni­sé une dis­cus­sion sur la pen­dai­son du cache­mi­ri Afzal Guru, sur lequel j’ai écrit plu­sieurs textes. Cer­tains groupes s’en sont alors pris aux étu­diants et un jour­na­liste d’une chaîne d’info en conti­nu a deman­dé : « Qui est la per­sonne der­rière tout cela ? Pour­quoi est-elle encore en liber­té ? » Les médias pos­sé­dés par de grandes entre­prises intiment aux voix indé­pen­dantes de se taire et le gou­ver­ne­ment sous-traite la cen­sure à des foules en colère.

    Com­ment expli­quer que la crois­sance expo­nen­tielle de l’Inde ait abou­ti à une situa­tion où les cent per­sonnes les plus riches du pays détiennent plus d’un quart du PIB ? Pour­quoi la théo­rie du « tri­ckle down », selon laquelle la crois­sance per­met à la richesse de « ruis­se­ler » vers les classes défa­vo­ri­sées, s’est-elle révé­lée fausse et a‑t-on assis­té, au contraire, à un mas­sif « gush-up » (lit­té­ra­le­ment, « jaillis­se­ment »), pro­ces­sus par lequel la concen­tra­tion des richesses s’opère au détri­ment des classes pauvres ? 

    Cela arrive par­tout dans le monde […]

    Lire la suite :

    Source : Media­part : https://​www​.media​part​.fr/​j​o​u​r​n​a​l​/​c​u​l​t​u​r​e​-​i​d​e​e​s​/​1​3​1​0​1​6​/​a​r​u​n​d​h​a​t​i​-​r​o​y​-​j​e​-​n​e​-​s​u​i​s​-​p​a​s​-​s​u​r​e​-​q​u​e​-​l​-​h​u​m​a​n​i​t​e​-​v​e​u​i​l​l​e​-​s​u​r​v​i​vre

    Réponse
  9. etienne

    [pour­ri­ture poli­ti­cienne extrême]

    Premier coup d’œil au documentaire explosif sur “l’argent des Clinton”

    Source : New York Post, le 17/05/2016

    Selon Hil­la­ry Clin­ton, quand elle et son mari ont quit­té la Mai­son-Blanche, il y a quinze ans, ils étaient « sur la paille ». Aujourd’hui, ils pos­sèdent plus de 150 mil­lions de dol­lars.

    Dans le nou­veau docu­men­taire « Clin­ton Cash », il appa­raît on ne peut plus clai­re­ment que l’ancien couple pré­si­den­tiel est pas­sé de la pau­vre­té à une richesse obs­cène – mais oui, obscène.

    Comme le montre le film, les Clin­ton sont des par­rains de la poli­tique qui passent à tra­vers tout, si on les com­pare, par exemple, à un autre couple du micro­cosme de Washing­ton, l’ancien gou­ver­neur de la Vir­gi­nie, Bob McDon­nell et sa femme, Maureen.

    Les McDon­nell ont été condam­nés pour avoir accep­té  plus de 150 000 dol­lars de cadeaux d’un homme d’affaires, quand le gou­ver­neur était en poste. Les Clin­ton, quant à eux, ont engran­gé 700 fois ce mon­tant, soit 105 mil­lions, allé­guant qu’il s’agissait de rému­né­ra­tions pour des confé­rences don­nées à l’époque où Hil­la­ry occu­pait une fonc­tion publique.

    Pour­tant il se pour­rait bien que les McDon­nell se retrouvent en pri­son alors que les Clin­ton, eux, sont de nou­veau en route vers la Maison-Blanche.

    Le docu­men­taire s’inspire d’un livre de l’ancien membre de l’Association Hoo­ver, Peter Schwei­zer, et il vient juste d’être pré­sen­té au Fes­ti­val de Cannes. Il va être pro­je­té dans les grandes villes amé­ri­caines, y com­pris à Phi­la­del­phie, pen­dant la Conven­tion du par­ti démo­crate qui s’y déroule en juillet.

    Le tra­vail de Schwei­zer a résis­té un an à l’examen poin­tilleux des cri­tiques. Ce sont, en effet, des faits qui nous sont rap­por­tés ici, ce n’est pas une fic­tion. Et ces faits sont éloquents.

    Ce film vous emmène autour du monde, pour retra­cer la façon dont les Clin­ton ont per­son­nel­le­ment empo­ché, pour des confé­rences, des sommes à six chiffres et amas­sé des mil­liards de dol­lars pour leur fon­da­tion familiale.

    De quelle façon ? En met­tant à pro­fit le poste d’Hillary comme Secré­taire d’État et poten­tielle future présidente.

    Elle et son ex-pré­sident de mari se sont ven­dus aux titans, aux dic­ta­teurs et à des per­son­nages peu recom­man­dables du Nigé­ria, du Congo, du Kaza­khs­tan et des Emi­rats arabes unis, sans oublier Gold­man Sachs et la TD Bank.

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    En che­min, les Clin­ton ont tra­hi les valeurs dont ils font tant de cas dans la cam­pagne élec­to­rale comme les droits de l’homme, le res­pect de l’environnement et la démocratie.

    C’est la rai­son pour laquelle Schweit­zer va pro­je­ter ce docu­men­taire à Phi­la­del­phie, il veut mon­trer aux mili­tants sin­cères la façon dont, pour amas­ser leur for­tune, les Clin­ton ont uti­li­sé leurs prin­cipes pro­gres­sistes et les ont bafoués.

    Ils ont gagné la plus grande par­tie de leur argent en don­nant des confé­rences. Rien de plus simple : les rému­né­ra­tions de Bill se sont envo­lées quand Hil­la­ry a été nom­mée Secré­taire d’État en 2009. Cet élé­ment sug­gère que les pays et les socié­tés qui l’invitaient comp­taient avoir plus qu’une confé­rence de Bill, ils s’attendaient aus­si à obte­nir ce que sa femme pou­vait offrir.

    Ain­si, le pro­prié­taire d’un jour­nal nigé­rien lié au Par­ti démo­cra­tique du peuple au pou­voir, par­ti qui n’a rien de démo­cra­tique d’ailleurs, a‑t-il payé à Bill une somme fara­mi­neuse de 1,4 mil­lion de dol­lars pour deux confé­rences en 2011 et 2012. En encais­sant leurs chèques, les Clin­ton ont, bien sûr, igno­ré les vio­la­tions des droits de l’homme com­mises par le pré­sident, Goo­dluck Jonathan.

    La secré­taire Clin­ton a même fait une visite offi­cielle au Nige­ria en 2012 et a féli­ci­té Goo­dluck Jona­than pour ses « efforts de réforme », qui n’ont pas la moindre réa­li­té. Ce pou­voir se voyait ain­si légi­ti­mé par les États-Unis à un prix défiant toute concur­rence. Et en agis­sant ain­si, elle fait exac­te­ment le contraire de ce que le Comi­té des Droits de l’homme l’avait implo­rée de faire.

    Encore un exemple des agis­se­ments dou­teux mais lucra­tifs de ce couple. Ain­si la TD Bank n’a jamais deman­dé à Bill Clin­ton de venir faire une confé­rence pen­dant les huit années après son départ de la Mai­son-Blanche. Mais, en 2009, quatre jours après la nomi­na­tion de Hil­la­ry au poste de Secré­taire d’État, Bill a don­né la pre­mière d’une série de confé­rences pour les­quelles TD Bank a payé plus de 2 mil­lions de dol­lars. Une somme ahurissante.

    Et vous savez quoi ? La TD Bank était l’actionnaire prin­ci­pal de l’oléoduc Keys­tone XL, pour lequel il fal­lait l’aval du Dépar­te­ment d’État. Et voi­là que Hil­la­ry Clin­ton décide de sou­te­nir la construc­tion de l’oléoduc, pour­tant une héré­sie pour les éco­lo­gistes, et qu’elle retarde son rejet par l’administration Obama.

    Coïn­ci­dence ? Il n’y a pas de preuves irré­fu­tables que les confé­rences des Clin­ton soient rétri­buées ain­si en échange de pro­messes. Cepen­dant, selon Schwei­zer, on a la cer­ti­tude que d’autres hommes poli­tiques qui se condui­raient de cette façon devraient cer­tai­ne­ment en subir les fâcheuses consé­quences. Cer­tains sont d’ailleurs allés en pri­son pour bien moins.

    Regar­dez les McDon­nell. Leurs avo­cats sou­tiennent qu’ils sont inno­cents parce qu’ils se sont conten­tés d’ouvrir des portes. Ils n’ont jamais dit expres­sé­ment : « Don­nez-moi de l’argent et je ferai ce que vous voulez. »

    Les McDon­nell ont fait appel devant la Cour suprême où il se peut que leur condam­na­tion soit cas­sée. Le pré­sident de cette cour, John Roberts, a sug­gé­ré, en effet, que les hommes poli­tiques ne devraient pas être condam­nés pour cor­rup­tion à moins qu’on ne puisse four­nir la preuve d’une contrepartie.

    Cela peut être une bonne norme pour les tribunaux.

    Les élec­teurs cepen­dant sont à même de voir la cor­rup­tion à l’œuvre dans cette poli­tique d’octroi de mar­chés aux dona­teurs. C’est la rai­son pour laquelle, le jour de l’élection, ils doivent voter contre la Reine des cor­rom­pus, Hil­la­ry Clinton.

    Bet­sy McCau­ghey est membre sénior au Lon­don Cen­ter for Poli­cy Research.

    Source : New York Post, le 17/05/2016

    Tra­duit par les lec­teurs du site http://​www​.les​-crises​.fr. Tra­duc­tion libre­ment repro­duc­tible en inté­gra­li­té, en citant la source.

    Source : http://​www​.les​-crises​.fr/​p​r​e​m​i​e​r​-​c​o​u​p​-​d​o​e​i​l​-​a​u​-​d​o​c​u​m​e​n​t​a​i​r​e​-​e​x​p​l​o​s​i​f​-​s​u​r​-​l​a​r​g​e​n​t​-​d​e​s​-​c​l​i​n​t​on/

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  10. etienne

    Je ne me lasse pas de ce réca­pi­tu­la­tif édi­fiant pour dis­cré­di­ter l’é­lec­tion-par­mi-des-can­di­dats, ce faux « suf­frage uni­ver­sel » qui consiste à dési­gner des maîtres au lieu de voter les lois :

    « Monsieur le président, avez-vous vraiment gagné cette élection ? »

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    • joss

      J’ai com­men­cé le vision­nage des vidéos, ça fait tou­jours du bien de remettre ces idées fon­da­trices d’une socié­té à l’en­droit dans le cer­veau (en oppo­si­tion à la Reli­gion actuelle favo­ri­sant le « petit nombre »).

      PS. Il me semble qu’il y a un pro­blème audio dans les pre­mières vidéos, je pense que ce n’est pas juste une impression 😉

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  11. Les monnaies ne valent rien.

    Je ne me lasse jamais de répé­ter que les mon­naies actuelles, sur­tout l’Eu­ro et le dol­lar, ne valent rien depuis les années 70 et la fin de l’étalon Or.
    Non pas le concept de mon­naie fidu­ciaire en elle même, mais la sou­mis­sion de la mon­naie a des prio­ri­tés éco­no­miques et politique.
    En fin de compte, les indi­vi­dus vont payer la note (salée) des défi­cits publics et poli­tiques moné­taires accommodantes.

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  12. binnemaya

    Bon­jour à Tous, un texte que je sou­tiens du CADTM :
    http://www.cadtm.org/Que-faire-des-banques-Version‑2–0
    Que faire des banques ? Ver­sion 2.0
    Des mesures immé­diates pour aller vers la socialisation
    25 mars par Eric Tous­saint , Michel Hus­son , Patrick Sau­rin , Sta­vros Tom­ba­zos , Miguel Urbán Crespo
    L’article « Que faire des banques ? » a sus­ci­té en deux jours une série de com­men­taires très riches. Cela a ame­né les auteurs de l’article à modi­fier leur texte pour en tenir compte, voi­ci la nou­velle version.

    Neuf ans après le début de la crise finan­cière qui conti­nue à pro­duire ses effets délé­tères à tra­vers des poli­tiques d’austérité impo­sées aux popu­la­tions, il est temps de reve­nir sur les enga­ge­ments pris à l’époque par les ban­quiers, finan­ciers, poli­tiques et orga­nismes de contrôle. Ces quatre acteurs ayant gra­ve­ment failli nous pro­met­taient à l’époque la mora­li­sa­tion du sys­tème ban­caire, la sépa­ra­tion des banques de détail des banques d’investissement, la fin des bonus et des rému­né­ra­tions exor­bi­tantes, et enfin le finan­ce­ment de l’économie réelle. Nous ne les croyions pas à l’époque et nous avions rai­son. En lieu et place de mora­li­sa­tion du sys­tème ban­caire, nous n’avons qu’une longue liste de mal­ver­sa­tions révé­lées au grand jour par les faillites des banques qui se suc­cèdent depuis celle de Leh­man Bro­thers le 15 sep­tembre 2008.

    - Les mots pré­cé­dés d’un asté­risque (*) sont défi­nis dans le glos­saire se situant au bas de cet article.

    Si on se contente de lis­ter les sau­ve­tages inter­ve­nus depuis 2012, on peut men­tion­ner : Dexia en Bel­gique et en France (2012, 3e sau­ve­tage), Ban­kia en Espagne (2012), Espi­ri­to San­to (2014) et Banif (2015) au Por­tu­gal, Laï­ki et Bank of Cyprus à Chypre (2013), Monte dei Paschi, Ban­ca delle Marche, Ban­ca Popo­lare dell’Etruria e del Lazio, Carife en Ita­lie (2014−2015), NKBM en Slo­vé­nie (2012), SNS Reaal aux Pays-Bas (2013), Hypo Alpe Adria en Autriche (2014−2015), n’en sont que quelques exemples. Le plus grave est que les pou­voirs publics ont déci­dé de cou­vrir les exac­tions de ces banques en fai­sant sup­por­ter les consé­quences des agis­se­ments cou­pables des diri­geants et des action­naires par la popu­la­tion. La sépa­ra­tion des banques des *banques de dépôt et des *banques d’affaires reste tou­jours un vœu pieux. La soi-disant réforme ban­caire enga­gée en France en 2012 par Pierre Mos­co­vi­ci, ministre de l’économie et des finances, n’aura été qu’une fumis­te­rie. Inter­ro­gé le 30 jan­vier 2013 par Karine Ber­ger, rap­por­teur de la loi de sépa­ra­tion et de régu­la­tion des acti­vi­tés ban­caires pour savoir quelle est la part des acti­vi­tés spé­cu­la­tives concer­née par la loi, Fré­dé­ric Oudéa, PDG de la Socié­té Géné­rale, décla­rait : « Cela repré­sente entre 3 et 5 % de nos acti­vi­tés de BFI, qui repré­sentent elles-mêmes 15 % des reve­nus totaux de la banque. » Ce qui fait entre 0,5 % et 0,75 % des reve­nus totaux de la banque. En ce qui concerne les rému­né­ra­tions des ban­quiers, le pla­fon­ne­ment de la part variable déci­dé par le Par­le­ment euro­péen le 16 avril 2013 a eu pour consé­quence immé­diate… l’augmentation de la part fixe des rému­né­ra­tions et le recours à une dis­po­si­tion déro­ga­toire pré­vue par la loi. Enfin, pour ce qui est du finan­ce­ment de l’économie réelle, les efforts déployés jusqu’à aujourd’hui par les *banques cen­trales, la *BCE en par­ti­cu­lier, se sont révé­ler impuis­sants à enclen­cher un moindre début de reprise de l’économie.

    Parce que nous pen­sons, notam­ment à la lumière de l’expérience grecque, que les banques sont un enjeu essen­tiel à tout pro­jet de chan­ge­ment social, nous pro­po­sons ci-des­sous les mesures immé­diates à prendre pour atteindre les six objec­tifs suivants :

    1. Restruc­tu­rer le sec­teur bancaire
    2. Era­di­quer la *spé­cu­la­tion
    3. Mettre fin au secret bancaire
    4. Régu­ler le sec­teur bancaire
    5. Finan­cer autre­ment les dépenses publiques
    6. Ren­for­cer les banques publiques

    Dans une seconde par­tie, nous déve­lop­pons nos argu­ments en faveur de la socia­li­sa­tion du sec­teur bancaire.

    I. MESURES IMMEDIATES

    1. Restruc­tu­rer le sec­teur bancaire

    Réduire radi­ca­le­ment la taille des banques afin de sup­pri­mer le risque « trop grande pour faire faillite » que repré­sentent les *banques sys­té­miques |1|.

    Sépa­rer les *banques de dépôt et les *banques d’affaires. Les *banques de dépôt seront les seules ins­ti­tu­tions finan­cières auto­ri­sées à col­lec­ter des dépôts auprès des épar­gnants et à béné­fi­cier d’un sou­tien public (garan­tie publique des dépôts d’épargne et accès à la *liqui­di­té de la *Banque cen­trale). Ces *banques de dépôt ne seront auto­ri­sées à octroyer des prêts qu’aux par­ti­cu­liers, aux entre­prises et aux acteurs publics locaux et natio­naux. Il leur sera inter­dit de mener des acti­vi­tés sur les *mar­chés finan­ciers. Cela veut dire qu’il leur sera inter­dit de faire de la *titri­sa­tion : les cré­dits ne peuvent pas être trans­for­més en titres négo­ciables et les *banques de dépôt doivent conser­ver dans leurs livres de compte jusqu’à leur rem­bour­se­ment défi­ni­tif les cré­dits qu’elles ont consen­tis. La banque qui a consen­ti un cré­dit doit en por­ter le risque.

    Les *banques d’affaires ne doivent béné­fi­cier d’aucune garan­tie publique, en cas de faillite les pertes seront inté­gra­le­ment assu­mées par le sec­teur pri­vé, à com­men­cer par les action­naires (sur l’ensemble de leur patri­moine, voir plus bas).

    Inter­dire les rela­tions de cré­dit entre *banques de dépôt et *banques d’affaire. D’accord avec Fré­dé­ric Lor­don pour impo­ser un véri­table ’apar­theid’ entre *banque de dépôt et banque d’affaires, une *banque de dépôt ne pour­ra en aucun cas être impli­quée dans une rela­tion de cré­dit avec une *banque d’affaires |2|.

    2. Era­di­quer la *spé­cu­la­tion

    Inter­dire la *spé­cu­la­tion. Comme le pro­pose Paul Jorion, il faut inter­dire la *spé­cu­la­tion. « En France la *spé­cu­la­tion a été auto­ri­sée en 1885, en Bel­gique en 1867. La *spé­cu­la­tion était d’ailleurs défi­nie très clai­re­ment par la loi qui visait à « inter­dire les paris à la hausse ou à la baisse sur des titres finan­ciers ». Avec une telle inter­dic­tion, les gens qui la pra­tiquent seraient en infrac­tion ; qu’ils se trouvent dans une banque X ou Y, cela ne chan­ge­rait rien » |3|. On peut ajou­ter que les banques qui spé­culent pour le compte de clients ou pour leur propre compte seront condamnées.

    L’acquisition par une banque ou une autre ins­ti­tu­tion finan­cière d’un bien maté­riel (matières pre­mières, ali­ments, terres, immeubles…) ou d’un titre finan­cier (*actions, *obli­ga­tions ou tout autre titre finan­cier) dans le but de spé­cu­ler sur son prix sera interdite.

    Inter­dire les *pro­duits déri­vés. Cela signi­fie que les banques et autres ins­ti­tu­tions finan­cières qui veulent se cou­vrir contre les risques de dif­fé­rents types (risques de change, de taux d’intérêt, de défaut de paie­ment…), doivent reve­nir à des contrats d’assurance classiques.

    Obli­ger les *banques d’affaire à deman­der une auto­ri­sa­tion préa­lable de mise sur le mar­ché de pro­duits finan­ciers. Tout pro­duit finan­cier nou­veau (les *pro­duits déri­vés ne sont pas concer­nés ici puisqu’ils sont inter­dits) devra être sou­mis aux auto­ri­tés de contrôle par les *banques d’affaires afin d’obtenir une auto­ri­sa­tion avant d’être mis sur le marché.

    Sépa­rer les acti­vi­tés de conseil et les *acti­vi­tés de mar­ché. D’accord éga­le­ment avec l’économiste belge Eric de Keu­le­neer qui pro­pose de sépa­rer les acti­vi­tés de conseil et les *acti­vi­tés de mar­ché : « Il est en effet anor­mal que des banques prennent des risques de pla­ce­ment de titres, et conseillent leurs clients quant à la qua­li­té de ces titres, ou soient actuel­le­ment en mesure de spé­cu­ler sur l’or, tout en conseillant de façon « dés­in­té­res­sée » à leurs clients d’acheter de l’or. » Pour cela il pro­pose de recréer la fonc­tion de courtage.

    Inter­dire le *tra­ding de haute fré­quence et le *sha­dow ban­king. Limi­ter stric­te­ment ce qui peut être mis dans le *hors-bilan |4|. Inter­dire les *ventes à décou­vert et les *ventes à nu.

    3. Mettre fin au secret bancaire

    Inter­dire les *mar­chés finan­ciers de *gré à gré. Toutes les tran­sac­tions sur les *mar­chés finan­ciers doivent être enre­gis­trées, tra­çables, régle­men­tées et contrô­lées. Jusqu’ici, les prin­ci­paux *mar­chés finan­ciers sont de *gré à gré, c’est-à-dire qu’ils ne sont sou­mis à aucun contrôle : il s’agit du mar­ché des changes (5 300 mil­liards de dol­lars chaque jour) |5|, du mar­ché des *déri­vés, du mar­ché des matières pre­mières et des pro­duits agri­coles |6|…

    Mettre fin au secret ban­caire. Les banques doivent avoir l’obligation de com­mu­ni­quer toutes les infor­ma­tions sur leurs res­pon­sables, leurs dif­fé­rentes enti­tés, leurs clients, les acti­vi­tés qu’elles exercent et les tran­sac­tions qu’elles réa­lisent pour le compte de leurs clients et pour elles-mêmes. De même, les comptes des banques doivent éga­le­ment être lisibles et com­pré­hen­sibles. La levée du secret ban­caire doit deve­nir un impé­ra­tif démo­cra­tique mini­mal pour tous les pays.

    Concrè­te­ment cela signi­fie que les banques doivent tenir à la dis­po­si­tion de l’administration fiscale :
    – une liste nomi­na­tive des béné­fi­ciaires d’intérêts, de divi­dendes, de plus-values et autres reve­nus financiers ;
    – les infor­ma­tions sur les ouver­tures, les modi­fi­ca­tions et les fer­me­tures de comptes ban­caires en vue d’établir un réper­toire natio­nal des comptes bancaires ;
    – toutes les infor­ma­tions sur les entrées et sor­ties de capi­taux avec en par­ti­cu­lier l’identification du don­neur d’ordre.

    Inter­dire les tran­sac­tions avec les para­dis fis­caux. Il faut inter­dire aux banques toute tran­sac­tion avec un *para­dis fis­cal. Le non-res­pect de l’interdiction doit être assor­ti de sanc­tions très lourdes (pou­vant aller jusqu’au retrait de la licence ban­caire) et du paie­ment de lourdes amendes.

    4. Régu­ler le sec­teur bancaire

    Exi­ger des banques une aug­men­ta­tion radi­cale du volume de leurs *fonds propres en rap­port avec le total du *bilan |7|. Alors que les *fonds propres sont en géné­ral infé­rieurs à 5 % du *bilan de la banque, nous sommes favo­rables à por­ter leur mini­mum légal à 20 %.

    Inter­dire la socia­li­sa­tion des pertes des banques et des autres ins­ti­tu­tions finan­cières pri­vées. Il s’agit d’interdire aux pou­voirs publics de mettre à la charge des finances publiques des dettes privées.

    Res­tau­rer la res­pon­sa­bi­li­té illi­mi­tée des grands action­naires en cas de faillite. Le coût de la faillite doit pou­voir être récu­pé­ré sur l’ensemble du patri­moine des grands action­naires (per­sonnes phy­siques ou entreprises/personne morale).
    En cas de faillite, les clients de la *banque de dépôt doivent conti­nuer à béné­fi­cier d’une garan­tie d’État pour leurs dépôts, limi­tée au mon­tant rai­son­nable d’épargne d’un ménage moyen-supé­rieur (esti­mé aujourd’hui à 150 000 euros, mon­tant à sou­mettre au débat démocratique).

    Taxer for­te­ment les banques. Les béné­fices des banques doivent être sou­mis stric­te­ment aux dis­po­si­tions légales en matière d’imposition des socié­tés. En effet actuel­le­ment le taux effec­ti­ve­ment payé est très net­te­ment infé­rieur au taux légal lui-même lar­ge­ment insuf­fi­sant. Les tran­sac­tions ban­caires sur les devises |8| et sur les titres finan­ciers doivent être taxées. Les dettes ban­caires à court terme doivent être taxées afin de favo­ri­ser le finan­ce­ment à long terme.

    Pour­suivre sys­té­ma­ti­que­ment les diri­geants res­pon­sables de délits et de crimes finan­ciers et reti­rer la licence ban­caire aux ins­ti­tu­tions qui ne res­pectent pas les inter­dic­tions et se rendent cou­pables de malversations.

    Sau­ver les banques d’une autre manière. Outre les dis­po­si­tions men­tion­nées plus haut : res­pon­sa­bi­li­té illi­mi­tée des grands action­naires (sur leur patri­moine glo­bal), garan­tie des dépôts jusque 150 000 euros, inter­dic­tion de mettre des dettes pri­vées à la charge des finances publiques, il s’agit de créer un méca­nisme de mise en faillite ordon­née des banques avec la créa­tion de deux struc­tures : une banque de défai­sance pri­vée (à charge des action­naires pri­vés et sans aucun coût pour les pou­voirs publics) et une banque publique vers laquelle sont trans­fé­rés les dépôts ain­si que les actifs sains. Cer­taines expé­riences récentes peuvent ser­vir de source d’inspiration, notam­ment l’expérience islan­daise enga­gée depuis 2008 |9|.

    5. Finan­cer autre­ment la dette publique

    Impo­ser aux banques pri­vées la déten­tion d’un quo­ta de titres de la dette publique.

    Don­ner pour mis­sion nou­velle à la *Banque cen­trale d’octroyer des prêts à taux zéro aux pou­voirs publics. A l’inverse de ce qui est pra­ti­qué par la *BCE du fait des trai­tés euro­péens, la *banque cen­trale serait en capa­ci­té de per­mettre un finan­ce­ment à taux zéro de l’État et de l’ensemble des struc­tures publiques (col­lec­ti­vi­tés, hôpi­taux, orga­nisme de loge­ment social, etc.) afin de mener des poli­tiques socia­le­ment justes ins­crites dans la tran­si­tion écologique.

    6. Ren­for­cer les banques publiques existantes

    et en recréer dans les pays où elles ont été pri­va­ti­sées (bien sûr en les sou­met­tant comme toutes les autres banques aux mesures concrètes men­tion­nées plus haut). En France, s’est mis en place en 2012 un col­lec­tif « Pour un Pôle Public Finan­cier au ser­vice des Droits ! » |10| favo­rable à la créa­tion d’un pôle public ban­caire. Mais le grave incon­vé­nient de ce pro­jet est qu’il ne va pas au fond des choses car il laisse sub­sis­ter, à côté d’un pôle public insi­gni­fiant, des banques pri­vées et un pôle mutua­liste qui n’a de mutua­liste que le nom. Dans le cas de la Bel­gique où le gou­ver­ne­ment a pri­va­ti­sé les der­nières banques publiques dans les années 1990, l’État a rache­té en 2011, la « par­tie » banque de Dexia et en est action­naire à 100 %. Dexia Banque est deve­nue Bel­fius et garde un sta­tut pri­vé. Il faut que Bel­fius devienne une véri­table banque publique et qu’on y mette en pra­tique les mesures concrètes for­mu­lées plus haut. Le mon­tant payé par l’État s’élève à 4 mil­liards d’euros, ce que la com­mis­sion euro­péenne a consi­dé­ré elle-même comme tout à fait exa­gé­ré. Ce qu’il aurait fal­lu faire : Bel­fius aurait dû être consti­tuée sans coût pour les finances publiques comme ins­ti­tu­tion ban­caire publique béné­fi­ciant des dépôts des clients chez Dexia Banque et de tous les actifs sains. Cette banque aurait dû être mise sous contrôle citoyen. Les condi­tions de tra­vail, l’emploi et les reve­nus du per­son­nel auraient dû être garan­tis tan­dis que les rému­né­ra­tions des diri­geants auraient dû être net­te­ment réduites. Il fal­lait inter­dire aux admi­nis­tra­teurs et direc­teurs d’avoir un man­dat dans une ins­ti­tu­tion pri­vée. Les diri­geants de Dexia auraient dû être pour­sui­vis en jus­tice par le minis­tère public pour les dif­fé­rents délits qu’ils ont com­mis. Le rap­port d’information du Sénat n° 58 sur la Socié­té de finan­ce­ment local éva­lue à envi­ron 20 mil­liards d’euros (13 mil­liards pour la France dont 6,6 mil­liards affec­tés à la reca­pi­ta­li­sa­tion et le reste à la prise en charge d’une par­tie des indem­ni­tés de rem­bour­se­ment anti­ci­pé des emprunts toxiques ; 6,9 mil­liards d’euros pour la Bel­gique, cor­res­pon­dant à la natio­na­li­sa­tion de Dexia Bank Bel­gique et à la reca­pi­ta­li­sa­tion de Dexia) le coût de la faillite de Dexia à cette date. Le 1er février 2013, la France a créé une struc­ture à 100 % publique (avec l’État à 75 %, le CDC à 20 % et la Banque pos­tale à 5 %) afin de pro­cé­der à l’acquisition à 100 % de la socié­té de cré­dit fon­cier Dexia Muni­ci­pal Agen­cy (filiale de Dexia Cré­dit Local) qui est deve­nue la Caisse Fran­çaise de Finan­ce­ment Local (CAFFIL).

    II. POUR LA SOCIALISATION DU SECTEUR BANCAIRE

    La mise en pra­tique des mesures concrètes qui sont men­tion­nées plus haut consti­tue­rait une avan­cée dans la réso­lu­tion de la crise du sec­teur ban­caire mais le sec­teur pri­vé conti­nue­rait à occu­per une posi­tion dominante.

    Il faut aller plus loin que les mesures immé­diates proposées.

    Ce que démontre l’expérience des der­nières années, c’est qu’on ne peut pas lais­ser les banques aux mains des capi­ta­listes. Si, par la mobi­li­sa­tion sociale, on arrive à faire appli­quer les mesures pré­sen­tées plus haut (qui sont sou­mises à la dis­cus­sion afin de les amé­lio­rer et com­plé­ter), les capi­ta­listes cher­che­ront par tous les moyens à récu­pé­rer une par­tie du ter­rain per­du, ils mul­ti­plie­ront les acti­vi­tés leur per­met­tant de contour­ner les régle­men­ta­tions, ils uti­li­se­ront leurs puis­sants moyens finan­ciers pour ache­ter l’appui de légis­la­teurs et de gou­ver­nants afin de déré­gle­men­ter à nou­veau et d’augmenter au maxi­mum leurs pro­fits sans prise en compte de l’intérêt de la majo­ri­té de la population.

    Il faut la socia­li­sa­tion du sec­teur ban­caire sous contrôle citoyen

    Parce que les capi­ta­listes ont démon­tré à quel point ils étaient capables de com­mettre des délits et de prendre des risques (dont ils refusent d’assumer les consé­quences) dans le seul but d’augmenter leurs pro­fits, parce que leurs acti­vi­tés entraînent pério­di­que­ment un lourd coût pour la socié­té, parce que la socié­té que nous vou­lons construire doit être gui­dée par la recherche du bien com­mun, de la jus­tice sociale et de la recons­ti­tu­tion d’une rela­tion équi­li­brée entre les humains et les autres com­po­santes de la nature, il faut socia­li­ser le sec­teur ban­caire. Comme le pro­pose Fré­dé­ric Lor­don, il s’agit de réa­li­ser « une dépri­va­ti­sa­tion inté­grale du sec­teur ban­caire » |11|. La socia­li­sa­tion de l’intégralité du sec­teur ban­caire est pré­co­ni­sée par le syn­di­cat Sud BPCE |12|.

    Socia­li­ser le sec­teur ban­caire signifie :

    - l’expropriation sans indem­ni­té (ou avec comme seule indem­ni­té l’euro sym­bo­lique) des grands action­naires (les petits action­naires seront indemnisés) ;

    - l’octroi au sec­teur public du mono­pole de l’activité ban­caire à une excep­tion près : l’existence d’un sec­teur ban­caire coopé­ra­tif de petite taille (sou­mis aux mêmes règles fon­da­men­tales que le sec­teur public).

    - la créa­tion d’un ser­vice public de l’épargne, du cré­dit et de l’investissement, dou­ble­ment struc­tu­ré : un réseau de petites implan­ta­tions proches des citoyens, d’une part, et, d’autre part, des agences spé­cia­li­sées en charge des acti­vi­tés de ges­tion de fonds et de finan­ce­ment d’investissements non assu­rés par les minis­tères en charge de la san­té publique, de l’éducation natio­nale, de l’énergie, des trans­ports publics, des retraites, de la tran­si­tion éco­lo­gique, etc. Ces minis­tères devront être dotés du bud­get néces­saire aux finan­ce­ments des inves­tis­se­ments rele­vant de leurs attri­bu­tions. Les agences spé­cia­li­sées quant à elles inter­vien­draient dans des domaines et des acti­vi­tés excé­dant les com­pé­tences et les sphères d’action de ces minis­tères et ce afin d’assurer le bou­clage d’ensemble.

    - la défi­ni­tion avec par­ti­ci­pa­tion citoyenne d’une charte sur les objec­tifs à atteindre et sur les mis­sions à pour­suivre, qui mette le ser­vice public de l’épargne, du cré­dit et de l’investissement au ser­vice des prio­ri­tés défi­nies selon un pro­ces­sus de pla­ni­fi­ca­tion démocratique ;

    - la trans­pa­rence (de la comp­ta­bi­li­té) des comptes qui doivent être pré­sen­tés au public de manière compréhensible.

    Le mot « socia­li­sa­tion » est uti­li­sé de pré­fé­rence à celui de « natio­na­li­sa­tion » ou « éta­ti­sa­tion » pour indi­quer clai­re­ment à quel point est essen­tiel le contrôle citoyen avec un par­tage de déci­sion entre les diri­geants, les repré­sen­tants des sala­riés, des clients, d’associations, les élus locaux et les repré­sen­tants des ins­tances ban­caires publiques natio­nales et régio­nales. Il faut donc défi­nir de manière démo­cra­tique l’exercice d’un contrôle citoyen actif. De même, il faut encou­ra­ger l’exercice d’un contrôle des acti­vi­tés de la banque par les tra­vailleurs du sec­teur ban­caire et leur par­ti­ci­pa­tion active à l’organisation du tra­vail. Il faut que les direc­tions des banques remettent annuel­le­ment un rap­port public sur leur ges­tion. Il faut pri­vi­lé­gier un ser­vice de proxi­mi­té et de qua­li­té rom­pant avec les poli­tiques d’externalisation menées actuel­le­ment. Il faut encou­ra­ger le per­son­nel des éta­blis­se­ments finan­ciers à assu­rer à la clien­tèle un authen­tique ser­vice de conseil et rompre avec les poli­tiques com­mer­ciales agres­sives de vente forcée.

    La socia­li­sa­tion du sec­teur ban­caire et son inté­gra­tion aux ser­vices publics permettront :
    – de sous­traire les citoyens et les pou­voirs publics de l’emprise des *mar­chés financiers ;
    – de finan­cer les pro­jets des citoyens et des pou­voirs publics ;
    – de dédier l’activité ban­caire au bien com­mun avec entre autres mis­sions celle de faci­li­ter la tran­si­tion d’une éco­no­mie capi­ta­liste, pro­duc­ti­viste à une éco­no­mie sociale et écologique.

    Parce que nous consi­dé­rons que l’épargne, le cré­dit, la sécu­ri­té des encaisses moné­taires et la pré­ser­va­tion de l’intégrité des sys­tèmes de paie­ment relève de l’intérêt géné­ral, nous pré­co­ni­sons la créa­tion d’un ser­vice public ban­caire par la socia­li­sa­tion de la tota­li­té des entre­prises du sec­teur ban­caire et de l’assurance.

    Parce que les banques sont aujourd’hui un outil essen­tiel du sys­tème capi­ta­liste et d’un mode de pro­duc­tion qui sac­cage la pla­nète, génère un inégal par­tage des res­sources, sème les guerres et la pau­pé­ri­sa­tion, rogne chaque jour davan­tage les droits sociaux et attaque les ins­ti­tu­tions et les pra­tiques démo­cra­tiques, il est essen­tiel d’en prendre le contrôle et d’en faire des outils au ser­vice de la collectivité.

    La socia­li­sa­tion du sec­teur ban­caire ne peut être envi­sa­gée comme un slo­gan ou une reven­di­ca­tion qui se suf­fi­rait en elle-même et que les déci­deurs appli­que­raient après en avoir sai­si le bon sens. Elle doit être conçue comme un objec­tif poli­tique à atteindre par un pro­ces­sus por­té par une dyna­mique citoyenne. Il faut non seule­ment que les mou­ve­ments sociaux orga­ni­sés exis­tants (dont les syn­di­cats) en fassent une prio­ri­té de leur agen­da et que les dif­fé­rents sec­teurs (col­lec­ti­vi­tés locales, petites et moyennes entre­prises, asso­cia­tions de consom­ma­teurs, etc.) se posi­tionnent en ce sens, mais aus­si – et sur­tout – que les employé.e.s de banque soient sensibilisé.e.s au rôle de leur métier et à l’intérêt qu’ils auraient à voir les banques socia­li­sées ; que les usa­gers soient infor­més là où ils se trouvent (exemple : occu­pa­tions d’agences ban­caires par­tout le même jour) afin de par­ti­ci­per direc­te­ment à la défi­ni­tion de ce que doit être la banque.

    Seules des mobi­li­sa­tions de très grande ampleur peuvent garan­tir que la socia­li­sa­tion du sec­teur ban­caire soit réa­li­sée en pra­tique car cette mesure touche au cœur le sys­tème capi­ta­liste. Si un gou­ver­ne­ment de gauche ne prend pas une telle mesure son action ne pour­ra pas véri­ta­ble­ment pro­vo­quer le chan­ge­ment radi­cal pour rompre avec la logique du sys­tème et enclen­cher un nou­veau pro­ces­sus d’émancipation.

    La socia­li­sa­tion du sec­teur ban­caire et des assu­rances doit faire par­tie d’un pro­gramme bien plus vaste de mesures com­plé­men­taires per­met­tant d’enclencher une tran­si­tion vers un modèle post-capi­ta­liste et post-pro­duc­ti­viste. Un tel pro­gramme, qui devrait avoir une dimen­sion euro­péenne tout en com­men­çant à être mis en pra­tique dans un ou plu­sieurs pays, com­pren­drait notam­ment l’abandon des poli­tiques d’austérité, l’annulation des dettes illé­gi­times, la mise en place d’une réforme fis­cale d’ensemble avec une forte impo­si­tion du capi­tal, la réduc­tion géné­ra­li­sée du temps de tra­vail avec embauches com­pen­sa­toires et main­tien du salaire, la socia­li­sa­tion du sec­teur de l’énergie, des mesures pour assu­rer l’égalité hommes-femmes, le déve­lop­pe­ment des ser­vices publics et de la pro­tec­tion sociale et la mise en place d’une poli­tique déter­mi­née de tran­si­tion écologique.

    Aujourd’hui, la socia­li­sa­tion de l’intégralité du sys­tème ban­caire est bien une urgente néces­si­té éco­no­mique, sociale, poli­tique et démocratique.

    GLOSSAIRE :

    ACTION : Valeur mobi­lière émise par une socié­té par actions. Ce titre repré­sente une frac­tion du capi­tal social. Il donne au titu­laire (l’actionnaire) le droit notam­ment de rece­voir une part des béné­fices dis­tri­bués (le divi­dende) et de par­ti­ci­per aux assem­blées générales.

    ACTIVITES DE MARCHE / TRADING : opé­ra­tion d’achat et de vente de pro­duits finan­ciers (actions, futures, pro­duits déri­vés, options, war­rants, etc.) réa­li­sée dans l’espoir d’en tirer un pro­fit à court terme.

    BANQUE CENTRALE : Éta­blis­se­ment qui, dans un Etat, est char­gé en géné­ral de l’émission des billets de banque et du contrôle du volume de la mon­naie et du cré­dit. En France, c’est la Banque de France qui assume ce rôle sous le contrôle de la Banque cen­trale européenne.

    BCE : La Banque cen­trale euro­péenne est une ins­ti­tu­tion euro­péenne basée à Franc­fort, créée en 1998. Les pays de la zone euro lui ont trans­fé­ré leurs com­pé­tences en matière moné­taire et son rôle offi­ciel est d’assurer la sta­bi­li­té des prix (lut­ter contre l’inflation) dans ladite zone. Ses trois organes de déci­sion (le conseil des gou­ver­neurs, le direc­toire et le conseil géné­ral) sont tous com­po­sés de gou­ver­neurs de banques cen­trales des pays membres et/ou de spé­cia­listes « recon­nus ». Ses sta­tuts la veulent « indé­pen­dante » poli­ti­que­ment mais elle est direc­te­ment influen­cée par le monde financier.

    BANQUE D’AFFAIRES ou BANQUE D’INVESTISSEMENT : Socié­té finan­cière dont l’activité consiste à effec­tuer trois types d’opérations : du conseil (notam­ment en fusion-acqui­si­tion), de la ges­tion de haut de bilan pour le compte d’entreprises (aug­men­ta­tions de capi­tal, intro­duc­tions en bourse, émis­sions d’emprunts obli­ga­taires) et des pla­ce­ments sur les mar­chés avec des prises de risque sou­vent exces­sives et mal contrô­lées. Une banque d’affaires ne col­lecte pas de fonds auprès du public, mais se finance en emprun­tant aux banques ou sur les mar­chés financiers.

    BANQUE DE DÉPÔT ou BANQUE COMMERCIALE : Éta­blis­se­ment de cré­dit effec­tuant des opé­ra­tions de banque avec les par­ti­cu­liers, les entre­prises et les col­lec­ti­vi­tés publiques consis­tant à col­lec­ter des fonds pour les redis­tri­buer sous forme de cré­dit ou pour effec­tuer à titre acces­soire des opé­ra­tions de pla­ce­ments. Les dépôts du public béné­fi­cient d’une garan­tie de l’Etat. Une banque de dépôt (ou banque com­mer­ciale) se dis­tingue d’une banque d’affaires qui fait essen­tiel­le­ment des opé­ra­tions de mar­ché. Pen­dant plu­sieurs décen­nies, suite au Glass Stea­gall Act adop­té pen­dant l’administration Roo­se­velt et aux mesures équi­va­lentes prises en Europe, il était inter­dit aux banques com­mer­ciales d’émettre des titres, des actions et tout autre ins­tru­ment financier.

    BANQUES SYSTÉMIQUES : Ces banques sont dites sys­té­miques du fait de leur poids et du dan­ger que la faillite de l’une d’entre elles repré­sen­te­rait pour le sys­tème finan­cier pri­vé au niveau international.

    BILAN : ‘pho­to’ de fin d’année des actifs (ce que la socié­té pos­sède) et pas­sifs (ce que la socié­té doit) d’une socié­té. Autre­ment dit, les actifs du bilan donnent des infor­ma­tions sur l’utilisation des fonds col­lec­tés par la socié­té. Les pas­sifs du bilan informent sur l’origine des fonds collectés.
    Dans le cas du bilan d’une banque, on retrouve au pas­sif : le capi­tal (les actions propres), les dépôts des clients, les réserves (béné­fices pas­sés non dépen­sés) et la dette (notam­ment ce que la banque a emprun­té auprès d’autres ins­ti­tu­tions). A l’actif, on retrouve les prêts (que la banques à octroyés aux par­ti­cu­liers, aux entre­prises), les créances ban­caires (prêts octroyés aux autres banques) et le porte¬feuille finan­cier (actions, titres émis par d’autres socié­tés et ache­té par la banque).

    COURTIERS : Une socié­té de cour­tage ou cour­tier est une entre­prise ou une per­sonne qui sert d’intermédiaire pour une opé­ra­tion, le plus sou­vent finan­cière, entre deux parties.

    FONDS PROPRES : Capi­taux appor­tés ou lais­sés par les asso­ciés à la dis­po­si­tion d’une entre­prise. Une dis­tinc­tion doit être faite entre les fonds propres au sens strict appe­lés aus­si capi­taux propres (ou capi­tal dur) et les fonds propres au sens élar­gi qui com­prennent aus­si des dettes subor­don­nées à durée illimitée.

    HORS BILAN : Le hors bilan assure le sui­vi comp­table des acti­vi­tés qui n’impliquent pas un décais­se­ment ou un encais­se­ment de la part d’une entre­prise ou d’une banque mais qui fait cou­rir à celle-ci un cer­tain nombre de risques. Il s’agit régu­liè­re­ment de contrats en cours d’exécution qui n’ont pas fait l’objet d’un paie­ment. Les acti­vi­tés enre­gis­trées dans le hors bilan ban­caire sont pour l’essentiel les enga­ge­ments par signa­ture, les opé­ra­tions de change et les opé­ra­tions sur dérivés.

    LIQUIDITÉS : Capi­taux dont une éco­no­mie ou une entre­prise peut dis­po­ser à un ins­tant T. Un manque de liqui­di­tés peut conduire une entre­prise à la liqui­da­tion et une éco­no­mie à la récession.

    MARCHÉ DE GRÉ À GRÉ : Un mar­ché de gré à gré ou over-the-coun­ter (OTC) en anglais (hors Bourse) est un mar­ché non régu­lé sur lequel les tran­sac­tions sont conclues direc­te­ment entre le ven­deur et l’acheteur, à la dif­fé­rence de ce qui se passe sur un mar­ché dit orga­ni­sé ou régle­men­té avec une auto­ri­té de contrôle, comme la Bourse par exemple.

    MARCHÉ FINANCIER : Mar­ché des capi­taux à long terme. Il com­prend un mar­ché pri­maire, celui des émis­sions et un mar­ché secon­daire, celui de la revente. A côté des mar­chés régle­men­tés, on trouve les mar­chés de gré à gré qui ne sont pas tenus de satis­faire à des condi­tions minimales.

    OBLIGATIONS : Part d’un emprunt émis par une socié­té ou une col­lec­ti­vi­té publique. Le déten­teur de l’obligation, l’obligataire, a droit à un inté­rêt et au rem­bour­se­ment du mon­tant sous­crit. Il peut aus­si, si la socié­té est cotée, revendre son titre en bourse.

    PARADIS FISCAL : Ter­ri­toire carac­té­ri­sé par les cinq cri­tères (non cumu­la­tifs) sui­vants : (a) l’opacité (via le secret ban­caire ou un autre méca­nisme comme les trusts) ; (b) une fis­ca­li­té très basse, voire une impo­si­tion nulle pour les non-rési­dents ; © des faci­li­tés légis­la­tives per­met­tant de créer des socié­tés écrans, sans aucune obli­ga­tion pour les non-rési­dents d’avoir une acti­vi­té réelle sur le ter­ri­toire ; (d) l’absence de coopé­ra­tion avec les admi­nis­tra­tions fis­cales, doua­nières et/ou judi­ciaires des autres pays ; (e) la fai­blesse ou l’absence de régu­la­tion finan­cière. La Suisse, la City de Londres et le Luxem­bourg accueillent la majo­ri­té des capi­taux pla­cés dans les para­dis fis­caux. Il y a bien sûr éga­le­ment les Iles Caï­mans, les Iles anglo-nor­mandes, Hong-Kong, et d’autres lieux exo­tiques. Les déten­teurs de for­tunes qui veulent échap­per au fisc ou ceux qui veulent blan­chir des capi­taux qui pro­viennent d’activités cri­mi­nelles sont direc­te­ment aidés par les banques qui font « pas­ser » les capi­taux par une suc­ces­sion de para­dis fis­caux. Les capi­taux géné­ra­le­ment sont d’abord pla­cés en Suisse, à la City de Londres ou au Luxem­bourg, tran­sitent ensuite par d’autres para­dis fis­caux encore plus opaques afin de com­pli­quer la tâche des auto­ri­tés qui vou­draient suivre leurs traces et finissent par réap­pa­raître la plu­part du temps à Genève, Zurich, Berne, Londres ou Luxem­bourg, d’où ils peuvent se rendre si néces­saires vers d’autres destinations.

    PRODUITS DÉRIVÉS : Famille de pro­duits finan­ciers qui regroupe prin­ci­pa­le­ment les options, les futures, les swaps et leurs com­bi­nai­sons, qui sont tous liés à d’autres actifs (actions, obli­ga­tions, matières pre­mières, taux d’intérêt, indices,..) dont ils sont par construc­tion insé­pa­rables : option sur une action, contrat à terme sur un indice, etc. Leur valeur dépend et dérive de celle de ces autres actifs. l existe des pro­duits déri­vés d’engagement ferme (change à terme, swap de taux ou de change) et des pro­duits déri­vés d’engagement condi­tion­nel (options, warrants…).

    SHADOW BANKING (la banque de l’ombre ou la banque paral­lèle) : Les acti­vi­tés finan­cières du sha­dow ban­king sont prin­ci­pa­le­ment réa­li­sées pour le compte des grandes banques par des socié­tés finan­cières créées par elles. Ces socié­tés finan­cières (SPV, money mar­ket funds,…) ne reçoivent pas de dépôts ce qui leur per­met de ne pas être sou­mises à la régle­men­ta­tion et à la régu­la­tion ban­caires. Elles sont donc uti­li­sées par les grandes banques afin d’échapper aux régle­men­ta­tions natio­nales ou inter­na­tio­nales, notam­ment à celles du comi­té de Bâle sur les fonds propres et les ratios pru­den­tiels. Le sha­dow ban­king est le com­plé­ment ou le corol­laire de la banque universelle.

    SPÉCULATION : Opé­ra­tion consis­tant à prendre posi­tion sur un mar­ché, sou­vent à contre-cou­rant, dans l’espoir de déga­ger un profit.

    TITRISATION : Tech­nique finan­cière qui per­met à une banque de trans­for­mer en titres négo­ciables des actifs illi­quides, c’est-à-dire qui ne sont pas (ou pas faci­le­ment) ven­dables. Ini­tia­le­ment, cette tech­nique a été uti­li­sée par les éta­blis­se­ments de cré­dit dans le but de refi­nan­cer une par­tie de leurs prêts à la clien­tèle. Les prêts sont cédés à un véhi­cule juri­dique qui émet en contre­par­tie des titres (géné­ra­le­ment des obli­ga­tions) pla­cés sur les mar­chés finan­ciers. Avec la titri­sa­tion, les risques affé­rents à ces cré­dits sont trans­fé­rés des banques aux ache­teurs. Cette pra­tique s’étend aujourd’hui à d’autres types d’actifs et d’acteurs (por­te­feuilles d’assurances, immo­bi­lier, créances commerciales).

    TRADING À HAUTE FRÉQUENCE : (de l’anglais high-fre­quen­cy tra­ding), exé­cu­tion à grande vitesse de tran­sac­tions finan­cières faites par des algo­rithmes infor­ma­tiques. Ces opé­ra­teurs vir­tuels de mar­ché peuvent ain­si exé­cu­ter des opé­ra­tions sur les mar­chés finan­ciers — les bourses — en quelques microsecondes.

    VENTE A DECOUVERT : (short sel­ling en anglais). La vente à décou­vert consiste à vendre à terme un actif que l’on ne détient pas le jour où cette vente est négo­ciée mais qu’on se met en mesure de déte­nir le jour où sa livrai­son est pré­vue. L’actif ven­du à décou­vert est géné­ra­le­ment un titre, mais on peut aus­si vendre des devises ou des matières pre­mières à décou­vert. Si la valeur de l’actif baisse après la vente à décou­vert, le ven­deur peut le rache­ter au comp­tant et déga­ger une plus-value. Le gain poten­tiel est limi­té à la valeur de l’actif. Si, à l’inverse, elle monte, le ven­deur s’expose à un risque de perte illi­mi­tée, tan­dis qu’un ache­teur ne peut pas perdre plus que sa mise de fonds.

    VENTE A DECOUVERT A NU : dans ce cas, l’acheteur n’emprunte rien : il se contente de vendre à terme des titres qu’il ne pos­sède pas encore. Il parie alors sur la baisse du cours de ce titre, pour pou­voir l’acheter à moins cher que ce qu’il a pro­mis de le vendre. Pra­ti­quée mas­si­ve­ment, cette tech­nique peut pro­vo­quer la baisse des cours que sou­haitent les vendeurs.

    Réponse
  13. etienne

    Les colonnes infernales de la défaite civilisationnelle

    valerie_bugault

    Cet article a été ins­pi­ré par une ana­lyse du géo­po­li­to­logue russe Alexandre Dou­guine dans laquelle il décrit les tenants et abou­tis­sants du concept nou­veau de « sixième colonne ». Par­tant de ces constats très per­ti­nents du côté russe, il m’est appa­ru utile d’en ana­ly­ser les pen­dants du côté occi­den­tal. Le résul­tat de cette étude révèle bien autre chose qu’une enti­té, plus ou moins for­melle, hos­tile aux peuples : elle révèle l’existence ins­ti­tu­tion­nelle, en France, en Occi­dent et au niveau mon­dial, de puis­sances d’argent domi­nantes, struc­tu­rel­le­ment hos­tiles à tous les peuples du monde. 

    Le contexte occidental

    Dans mes pré­cé­dentes ana­lyses de géo­po­li­tique éco­no­mique (voir ma série d’articles publiés sur le site du Saker fran­co­phone), j’ai beau­coup insis­té sur le fait que la concep­tion fran­çaise tra­di­tion­nelle du droit avait été, depuis l’avènement des ins­ti­tu­tions euro­péennes, bat­tu en brèche au pro­fit d’une concep­tion anglo-saxonne, de nature éco­no­mique et finan­cière. J’ai éga­le­ment axé mon décryp­tage du sys­tème éco­no­mique glo­bal sur le fait que la notion d’État était deve­nue, depuis le XXe siècle, une variable d’ajustement d’un modèle deve­nu supé­rieur, le modèle de l’entreprise de type capi­ta­lis­tique. Il résulte de mes ana­lyses que le modèle civi­li­sa­tion­nel anglo-saxon s’est peu à peu impo­sé dans tous les pays occi­den­taux, trans­for­mant dere­chef le fait poli­tique en fait économique.

    Cette évo­lu­tion fran­çaise et occi­den­tale, sans accroc et accé­lé­rée au niveau mon­dial depuis la fin de la Seconde Guerre mon­diale, a en réa­li­té com­men­cé bien avant par la cap­ta­tion, par les puis­sances d’argent, du pou­voir politique.

    Les puis­sances d’argent ont com­men­cé leur cap­ta­tion du pou­voir poli­tique en Occi­dent en s’emparant de façon hégé­mo­nique du fait moné­taire, qu’elles ont extir­pé de tout contrôle poli­tique au moyen de la créa­tion du concept de « banque cen­trale ». Ces banques cen­trales, pré­sen­tées comme des enti­tés éta­tiques mais réel­le­ment sous contrôle de capi­taux et d’intérêts stric­te­ment pri­vés, sont depuis long­temps les seules régu­la­trices des ques­tions moné­taires, elles contrôlent la masse moné­taire en cir­cu­la­tion dans chaque pays et fina­le­ment l’évolution de l’économie des­dits pays. Ces banques, dénuées de tout contrôle poli­tique, tra­vaillent pour les inté­rêts des plus grands capi­ta­listes. L’une des pré­ro­ga­tives réga­liennes essen­tielles, le fait de battre mon­naie, ne res­sort désor­mais plus des com­pé­tences de l’État, occa­sion­nant par là même une perte sérieuse de légi­ti­mi­té et de sou­ve­rai­ne­té de l’État.

    Mais il y a plus, l’État lui-même est deve­nu, en Occi­dent, le porte-parole des inté­rêts des plus grands déten­teurs de capi­taux. À cet égard, per­met­tez-moi de prendre plus pré­ci­sé­ment l’exemple de la France, car tous les pays d’Europe occi­den­tale, s’ils abou­tissent au même résul­tat, n’ont pas sui­vi le même dérou­le­ment his­to­rique. En France, pays tra­di­tion­nel­le­ment cen­tra­li­sa­teur, le fait poli­tique est, depuis la troi­sième Répu­blique, concen­tré autour de deux concepts : des par­tis poli­tiques hié­rar­chi­sés et la « fabrique » d’hommes poli­tiques pro­fes­sion­nels, par des écoles et des for­ma­tions plus ou moins dédiées consti­tuant un vivier de recru­te­ment. Ce phé­no­mène per­met une appro­pria­tion rela­ti­ve­ment aisée du pou­voir poli­tique au moyen de la prise en main du som­met hié­rar­chique des « par­tis poli­tiques » et de la cor­rup­tion des quelques élèves sor­tant des fabriques à per­son­na­li­tés poli­tiques. Cette cor­rup­tion est d’ailleurs tout autant active que pas­sive en rai­son de l’orientation idéo­lo­gique du pro­ces­sus de for­ma­tion lui-même ; l’instruction clai­ron­née et tel­le­ment van­tée s’analysant beau­coup plus en un for­ma­tage (maté­ria­liste) des esprits qu’en une élé­va­tion de ces derniers.

    Il résulte des phé­no­mènes décrits ci-des­sus qu’en France – et plus géné­ra­le­ment en Occi­dent – l’État s’est vu appro­prié par des inté­rêts pri­vés sélec­tifs, per­dant au pas­sage sa légi­ti­mi­té intrin­sèque. Le fait poli­tique est deve­nu par­tie inté­grante du fait éco­no­mique dans la mesure où les inté­rêts pri­vés des plus grands capi­ta­listes – oli­garques – ont mis la force publique résul­tant des ins­ti­tu­tions éta­tiques à leur ser­vice. Dès lors, le « fait » poli­tique n’a plus pour voca­tion d’organiser, le plus serei­ne­ment pos­sible, la vie en com­mun sur un ter­ri­toire don­né, mais a pour fonc­tion de faire res­pec­ter, par le plus grand nombre, les inté­rêts finan­ciers – homo­gènes – d’une caste par­ti­cu­lière d’individus, les grands capi­ta­listes accapareurs.

    Iden­ti­fi­ca­tion de la sixième colonne dans le contexte occidental

    Il résulte de l’analyse du contexte ci-des­sus décrit que la sixième colonne iden­ti­fiée par Alexandre Dou­guine n’a pas réel­le­ment d’équivalent en France et plus lar­ge­ment dans les pays occi­den­taux. Ou plu­tôt, ce sont les États et, plus récem­ment, les orga­ni­sa­tions éta­tiques supra­na­tio­nales (c’est-à-dire les ins­ti­tu­tions de l’Union euro­péenne) qui sont eux-mêmes les porte-paroles de cette sixième colonne.

    Pour reve­nir à la France, sym­bole éter­nel de l’évolution occi­den­tale, l’État issu de la Révo­lu­tion fran­çaise a été appro­prié par les puis­sances d’argent, à savoir la bour­geoi­sie com­mer­çante, deve­nue et mélan­gée à la bour­geoi­sie ban­caire, enri­chie par le com­merce lié aux grandes décou­vertes et par la ges­tion des mon­naies. Plus récem­ment, l’Union euro­péenne a conti­nué et accen­tué le pro­ces­sus met­tant direc­te­ment les ins­ti­tu­tions publiques au ser­vice de ces puis­sances d’argent ; en Europe occi­den­tale les mul­ti­na­tio­nales font les lois, qui s’appliquent à tous, et les « juri­dic­tions » euro­péennes sont les garantes de cet ordre éco­no­mique nouveau.

    Ain­si, après 1789, la France est pas­sée d’une monar­chie, qui avait pour contre-pou­voirs tous les corps inter­mé­diaires, à une oli­gar­chie finan­cière dénuée de tout contre-pou­voir, le tout sous le vocable trom­peur de démo­cra­tie. La démo­cra­tie est le vête­ment dont se pare le pou­voir sous le pré­texte qu’existe une repré­sen­ta­tion popu­laire (pou­voir légis­la­tif). Mais cette repré­sen­ta­tion est, dans les faits, c’est-à-dire concrè­te­ment, caté­go­rielle et non pas popu­laire parce que contrô­lée par des par­tis poli­tiques sous influence des puis­sances d’argent. L’appareil d’État (pou­voir exé­cu­tif) est par ailleurs lui-même géré par des hommes poli­tiques issus du vivier contrô­lé par ces mêmes puis­sances d’argent.

    Il en résulte de la pré­sente ana­lyse qu’en Occi­dent, c’est la struc­ture même du pou­voir qui cor­res­pond au concept de sixième colonne iden­ti­fié par Alexandre Douguine.

    Aucun État occi­den­tal n’a cher­ché à s’affranchir de l’emprise des puis­sances d’argent qui donnent le « la » poli­tique et dictent leur conduite à des États qui sont en réa­li­té les ges­tion­naires des inté­rêts finan­ciers des oli­gar­chies occi­den­tales asso­ciées. Certes, nous avons assis­té en France et en Occi­dent à des varia­tions appa­rentes de poli­tique, mais ces varia­tions étaient entiè­re­ment dues aux choix effec­tués par les puis­sances d’argent domi­nantes : tan­tôt celles-ci étaient assez fortes, notam­ment en rai­son de leurs colo­nies, pour s’auto-gérer, tan­tôt elles ont dû s’allier à d’autres puis­sances d’argent ayant une concep­tion dif­fé­rente de la vie en socié­té et se plier, en consé­quence, à ces nou­velles conceptions.

    D’empire conti­nen­tal, la France (comme l’Allemagne et toutes les anciennes puis­sances d’Europe) est deve­nue colo­nie de l’empire des mers. Le droit conti­nen­tal écrit, civi­li­sa­tion­nel­le­ment struc­tu­rant, héri­té de l’Empire romain, a ain­si défi­ni­ti­ve­ment cédé la place au droit anglo-saxon tout entier tour­né vers la pré­da­tion éco­no­mique des puis­sances d’argent.

    La dis­pa­ri­tion iné­luc­table de l’ordre poli­tique conti­nen­tal au pro­fit de l’ordre poli­tique atlantiste

    La rai­son pour laquelle la France et tous les pays conti­nen­taux d’Europe occi­den­tal ont per­du leur iden­ti­té civi­li­sa­tion­nelle était, dès le départ, ins­crite dans la struc­ture même de leur pou­voir. La force de leurs puis­sances d’argent s’est avé­rée infé­rieure à la force des puis­sances d’argent dûment orga­ni­sées à la façon bri­tan­nique, et plus lar­ge­ment anglo-saxonne. Les Anglo-Saxons ont, depuis tou­jours, une concep­tion éco­no­mique de la vie en socié­té qui a gran­de­ment favo­ri­sé l’émergence d’un modèle de cap­ta­tion des richesses aujourd’hui inter­na­tio­na­le­ment déployé par les ins­tances inter­na­tio­nales qui font « l’ordre inter­na­tio­nal ». C’est pré­ci­sé­ment ce modèle qui s’est éri­gé en pou­voir abso­lu non seule­ment au niveau local mais aujourd’hui au niveau mondial.

    Le jour, sym­bo­li­que­ment repré­sen­té par l’avènement de la Révo­lu­tion fran­çaise, où la France a ban­ni la civi­li­sa­tion de « l’être » pour adop­ter, de façon exté­rieure à son propre déve­lop­pe­ment, la civi­li­sa­tion de « l’avoir », et des « avoirs », elle a per­du non seule­ment sa supré­ma­tie poli­tique mais aus­si et sur­tout sa rai­son d’être. Relé­guée à un rôle de bou­ti­quier finan­cier qu’elle n’a jamais vrai­ment maî­tri­sé, la France s’est volon­tai­re­ment sou­mise à son maître en la matière : la civi­li­sa­tion « de la mer », diri­gée par les puis­sances finan­cières anglo-saxonne.

    La France n’était France que parce qu’elle n’avait pas don­né la pré­émi­nence aux puis­sances d’argent. Autre­ment dit, la France n’était indé­pen­dante et auto­nome qu’à l’époque, qui cor­res­pond à l’ordre monar­chique de l’Ancien Régime, où la spi­ri­tua­li­té chré­tienne était une valeur supé­rieure à la déten­tion maté­rielle : la France n’avait d’existence ins­ti­tu­tion­nelle réelle que parce qu’elle orga­ni­sait, de façon struc­tu­relle, la supé­rio­ri­té de « l’être » sur « l’avoir », le sta­tut social et les réa­li­sa­tions des indi­vi­dus pas­sant avant leurs avoirs maté­riels – aujourd’hui simples numé­ros (déma­té­ria­li­sés) indi­qués sur des comptes en banque dont les titu­laires ne sont pas propriétaires.

    Les évé­ne­ments, de type tec­to­nique, ci-des­sus décrits ne peuvent se voir qu’une fois leur mou­ve­ment ache­vé, car de telles modi­fi­ca­tions, lentes par nature, sont peu appa­rentes. En revanche, elles opèrent des modi­fi­ca­tions si radi­cales des fon­da­men­taux civi­li­sa­tion­nels que leur résul­tat final est pro­pre­ment spec­ta­cu­laire : il rend mécon­nais­sable le point de départ, qui était la notion d’État sou­ve­rain, juri­di­que­ment décli­née en un Sou­ve­rain qui dirige un État.

    L’avènement trans­na­tio­nal du pou­voir sans racine et de l’homme sans huma­ni­té comme fina­li­té des puis­sances d’argent dominantes

    Le point d’arrivée de ce mou­ve­ment tec­to­nique, « for­cé » par les puis­sances d’argent domi­nantes du point de vue ins­ti­tu­tion­nel mais mino­ri­taires du point de vue démo­gra­phique, n’est, par construc­tion, pas conforme à la voca­tion pro­fonde des peuples concer­nés. C’est pré­ci­sé­ment la rai­son pour laquelle ces puis­sances d’argent estiment aujourd’hui indis­pen­sable de bri­ser ce qu’il reste de cohé­sion natio­nale, iden­ti­fiée avec le concept d’État-nation. La vic­toire ne sera totale pour les puis­sances d’argent que le jour où il ne res­te­ra plus aucune poche de résis­tance civi­li­sa­tion­nelle, c’est-à-dire le jour où la struc­ture socié­tale natu­relle des peuples aura été éra­di­quée. Nous assis­tons ain­si, par­tout dans le monde, à une radi­ca­li­sa­tion ten­dant à faire dis­pa­raître le regrou­pe­ment des peuples par affi­ni­tés cultu­relles, lin­guis­tiques et his­to­riques : ce qui se fait au moyen de guerres, de coups d’État, de migra­tions for­cées, d’organisation de la perte de repères spi­ri­tuels et reli­gieux. Ce mou­ve­ment est natu­rel­le­ment mon­dial puisque pro­duit par les puis­sances d’argent pré­émi­nentes ayant orga­ni­sé l’ordre international.

    Plus géné­ra­le­ment, il est une leçon de l’histoire que ces puis­sances d’argent vic­to­rieuses connaissent et redoutent : « Chas­sez le natu­rel et il revien­dra au galop ».

    L’ordre natu­rel est tout entier, ab ini­tio, le pire enne­mi des puis­sances d’argent domi­nantes. Elles veulent ban­nir, inter­dire ou rendre impos­sible toute pro­créa­tion natu­relle, ali­men­ta­tion natu­relle, soins natu­rels, cultures et éle­vages natu­rels, regrou­pe­ment natu­rel d’individus, « droit natu­rel » et fina­le­ment toute huma­ni­té, tant il est vrai que l’humanité est une part du pro­ces­sus natu­rel qu’elles honnissent.

    De leur détes­ta­tion du « natu­rel », vient notam­ment le subit déve­lop­pe­ment natio­nal et inter­na­tio­nal de la théo­rie du genre. C’est éga­le­ment en rai­son de leur détes­ta­tion du « fait natu­rel » que les puis­sances d’argent rêvent aujourd’hui de s’approprier phy­si­que­ment la notion d’homme nou­veau. Elles rêvent ain­si de créer un homme aug­men­té, par les pou­voirs de la science, fai­sant dan­ge­reu­se­ment déri­ver l’espèce humaine vers le trans­hu­ma­nisme, dont le déve­lop­pe­ment tech­nique est confié à des per­son­na­li­tés autis­tiques de type Asper­ger, cou­pées par essence du reste de l’espèce humaine par le fait qu’elles ne res­sentent pas d’émotions posi­tives les liant au groupe. Il faut d’ailleurs voir dans ce pro­ces­sus de recherche d’un « homme nou­veau » la rai­son d’être, déve­lop­pée à par­tir de la seconde moi­tié du XXe siècle, de la hié­rar­chi­sa­tion sociale des indi­vi­dus en fonc­tion de pré­ten­dus QI (coef­fi­cient intel­lec­tuel), les­quels sont for­ma­tés pour mettre en avant les capa­ci­tés « cal­cu­la­toires » d’individus que l’on cherche à cou­per de toute réac­tion émo­tion­nelle dis­tinc­tive ; ces mêmes réac­tions émo­tion­nelles qui ont assu­ré la sur­vie de l’espèce humaine au fil des âges.

    L’avènement de cet Homme nou­veau-aug­men­té sera réser­vé aux puis­sances d’argent vic­to­rieuses. Il s’accompagnera d’un Nou­vel Ordre Mon­dial – gou­ver­ne­ment mon­dial auto­ri­taire, cen­tra­li­sa­teur à l’extrême, accom­pa­gné d’une reli­gion mon­diale et d’une cryp­to-mon­naie mon­diale – qu’une grande par­tie des popu­la­tions ne connaî­tra pas, vouées qu’elles sont à disparaître.

    Valé­rie Bugault

    http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​l​e​s​-​c​o​l​o​n​n​e​s​-​i​n​f​e​r​n​a​l​e​s​-​d​e​-​l​a​-​d​e​f​a​i​t​e​-​c​i​v​i​l​i​s​a​t​i​o​n​n​e​lle

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    • Chalier Jean-Pierre

      Comme toi, j’ap­pro­fon­dis mes connais­sances en éco­no­mie depuis seule­ment quelques années et je découvre que l’é­co­no­mie ensei­gnée aux éco­no­mistes n’est pas une science, même pas une science humaine. Il y a de véri­tables lois scien­ti­fiques concer­nant la créa­tion moné­taire qui sont igno­rées et bafouées. En se posant seule­ment la ques­tion » com­ment créer une mon­naie dans une com­mu­nau­té où elle n’existe pas encore ? », on se rend compte qu’il y a des règles à res­pec­ter pour que le sys­tème puisse fonc­tion­ner de façon pérenne et mes conclu­sions vont encore plus loin que la théo­rie chartaliste :
      _La fonc­tion pre­mière de la mon­naie est de mesu­rer la valeur des échanges.
      Notons bien que la mon­naie n’est qu’un ins­tru­ment de mesure : elle mesure les valeurs comme un mètre mesure les lon­gueurs. Elle n’a pas de valeur en soi ou, si elle a une valeur propre, cette valeur est indé­pen­dante de la valeur de ce qu’elle mesure (de même que la valeur du mètre est indé­pen­dante de la valeur de l’objet mesuré).
      _Pour qu’un sys­tème moné­taire puisse fonc­tion­ner, il est néces­saire que l’organisme qui crée la mon­naie ne prenne pas d’intérêts sur les prêts qu’il accorde.( sinon, il prend plus de mon­naie qu’il n’en crée, ce qui assèche inexo­ra­ble­ment la masse monétaire)
      _Quand l’organisme émet­teur de mon­naie est géré par la col­lec­ti­vi­té, il peut payer les inves­tis­se­ments col­lec­tifs et ceux qui tra­vaillent pour le col­lec­tif avec de la créa­tion moné­taire. Cela rem­place l’impôt et ne pro­duit pas d’inflation. Il n’y a pas d’inflation tant que la mon­naie créée cor­res­pond à la valeur d’une richesse pro­duite.( l’a­chat spé­cu­la­tif, contrai­re­ment à ce que disent les capi­ta­listes, n’est pas un inves­tis­se­ment pro­duc­teur de richesse réelle)
      Ain­si, il pour­rait y avoir une banque cen­trale gérée par la col­lec­ti­vi­té (et non par l’é­tat pour évi­ter les abus) qui pour­rait prê­ter à tous (et pas seule­ment à l’é­tat) sans inté­rêts quel que soit le délai de rem­bour­se­ment et finan­cer direc­te­ment par créa­tion moné­taire tout ce qui est pro­duit pour la col­lec­ti­vi­té (cela rem­place les impôts mais enri­chit la col­lec­ti­vi­té au lieu de l’appauvrir)
      La créa­tion moné­taire pri­vée inter­dit cela et, par les inté­rêts qu’elle prend, rend le sys­tème com­plè­te­ment ingé­rable. De plus, elle place ces banques au des­sus des états et leur per­met en plus de créer de l’argent pour spéculer.
      Plus d’ex­pli­ca­tions sur mon site :
      http://​demo​cra​tie​-sociale​.fr/​2​0​1​6​/​l​e​x​t​r​a​o​r​d​i​n​a​i​r​e​-​p​o​u​v​o​i​r​-​d​e​-​l​a​-​c​r​e​a​t​i​o​n​-​m​o​n​e​t​a​i​re/

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      • Ronald

        Glo­ba­le­ment je suis d’ac­cord. Mais je pro­fite de l’oc­ca­sion pour réfu­ter la conclu­sion à laquelle arrivent la plu­part des par­ti­san de la reprise de la créa­tion moné­taire par le pou­voir public : « la créa­tion moné­taire rem­pla­ce­rait les impôts ». Ce n’est pas tout à fait vrai. Evi­dem­ment, on arrive rapi­de­ment à la conclu­sion que avec la créa­tion moné­taire publique, on ne se pré­oc­cupe plus d’al­ler par exemple récu­pé­rer la mon­naie qui s’é­chappe dans les para­dis fis­caux. Il suf­fit d’en recréer, cela demande beau­coup moins d’éner­gie que de per­ce­voir l’impôt.
        Oui, mais nous ne somme pas dans un sys­tème fer­mé. Il y a autour d’autre nations qui récu­pèrent l’im­pôt et ne créent pas de mon­naie. On se retrouve donc dans la situa­tion de l’I­ta­lie avec la lire à côté de l’Al­le­magne avec le Deutsche Mark. Un pays avec une mon­naie forte atti­re­ra tou­jours plus la confiance et les inves­tis­se­ments qu’un pays avec une mon­naie qui se déva­lue sans cesse, et donc aura un avan­tage éco­no­mique par rap­port à celui-ci (je me place dans une hypo­thèse la plus réa­liste à court terme où on garde une mon­naie natio­nale, conver­tible, avec une libre cir­cu­la­tion des échanges com­mer­ciaux et monétaires).
        Ce n’est pas for­cé­ment rédhi­bi­toire, mais il faut gar­der à l’es­prit que la créa­tion de mon­naie publique a volon­té n’est pas sans effets secon­daires et ne dis­pense pas de per­ce­voir l’impôt.

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        • Chalier Jean-Pierre

          Il n’est pas ques­tion de lais­ser la mon­naie s’é­chap­per dans les para­dis fis­caux et d’en créer pour rem­pla­cer : mon étude est faite dans un sys­tème fer­mé et les règles de créa­tion sont strictes, on ne peut pas créer à tout va. Si on l’ap­plique à la France, il est évident que cela ne peut s’ap­pli­quer qu’a­près être sor­ti de l’Europe et de l’eu­ro, avoir réta­bli des bar­rières doua­nières pro­tec­trices et un contrôle des changes. Et nous n’a­vons pas besoin d’une mon­naie forte à l’é­tran­ger car nous n’a­vons pas besoin de leurs inves­tis­se­ments : les inves­tis­se­ments, les vrais, pas les inves­tis­se­ments spé­cu­la­tifs, se font par créa­tion moné­taire. Dans un pre­mier temps, la créa­tion moné­taire rem­place l’im­pôt (n’ou­blions pas que c’est le seul argent plein qui cir­cule car l’argent dette se détruit), l’im­pôt sera envi­sa­geable si trop d’argent est en circulation.

          Réponse
  14. etienne

    L’idée choc étudiée en Islande : et si on retirait aux banques la capacité de créer de la monnaie ?

    par Roma­ric Godin (La Tri­bune) :

    Un rap­port par­le­men­taire islan­dais sug­gère de don­ner à la seule banque cen­trale le mono­pole de la créa­tion moné­taire. Une vraie révo­lu­tion, si l’i­dée était appliquée…

    Déci­dé­ment, l’Is­lande est le pays de la créa­ti­vi­té finan­cière. Après avoir mon­tré, en 2009, qu’il exis­tait bien une alter­na­tive au trans­fert de la dette ban­caire vers la dette publique, l’île nor­dique pour­rait s’ap­prê­ter à réa­li­ser une grande expé­rience monétaire.

    Le 31 mars der­nier, en effet, le pré­sident du comi­té des affaires éco­no­miques de l’Al­thin­gi, le par­le­ment islan­dais, Fros­ti Sigurd­jons­son, a remis un rap­port au pre­mier ministre, Sig­mun­dur Gunn­laug­sson, sur la réforme du sys­tème moné­taire islan­dais. Et c’est une véri­table révo­lu­tion qu’il propose.

    L’ab­sence de maî­trise de la banque cen­trale sur le sys­tème monétaire

    Le rap­port cherche en effet à réduire le risque de bulles et de crises dans le pays. En 2009, l’Is­lande a connu une crise très aiguë qui a fait suite à une explo­sion du cré­dit ali­men­té par un sys­tème ban­caire deve­nu beau­coup trop géné­reux dans ses prêts et beau­coup trop incons­cient dans sa ges­tion des risques.

    Ni l’E­tat, ni la Banque cen­trale islan­daise (Sed­la­ban­ki) n’ont pu stop­per cette fré­né­sie. « Entre 2003 et 2006, rap­pelle Fros­ti Sigurd­jons­son, la Sed­la­ban­ki a rele­vé son taux d’in­té­rêt et mis en garde contre une sur­chauffe, ce qui n’a pas empê­ché les banques d’ac­croître encore la masse monétaire. »

    Com­ment fonc­tionne le sys­tème actuel

    Dans le sys­tème actuel, ce sont en effet les banques com­mer­ciales qui créent l’es­sen­tiel de la masse moné­taire, en accor­dant des prêts à dis­cré­tion. La banque cen­trale ne peut que ten­ter de décou­ra­ger ou d’en­cou­ra­ger, par le mou­ve­ment des taux ou par des mesures non conven­tion­nelles, cette créa­tion. Mais la trans­mis­sion de la poli­tique moné­taire aux banques n’est jamais une garantie.

    Mal­gré la hausse des taux de la Sed­la­ban­ki, la confiance et l’eu­pho­rie qui régnait en Islande au début des années 2000 a sou­te­nu le pro­ces­sus de créa­tion moné­taire. Lorsque la demande existe, rien ne peut empê­cher les banques de prê­ter. Lors­qu’elle dis­pa­raît, rien ne peut les contraindre à le faire. Et sou­vent, ces mou­ve­ments sont exces­sifs, ce qui créé des dés­équi­libres, puis des cor­rec­tions par des crises où l’E­tat doit sou­vent venir au secours des banques. Et lors­qu’il faut faire repar­tir l’ac­ti­vi­té, les banques cen­trales ont sou­vent des dif­fi­cul­tés à être entendue.

    Le cas de la zone euro en est une preuve. Il a fal­lu que la BCE use de moyens immenses, l’an­nonce d’un QE de 1.140 mil­liards d’eu­ros, pour que le cré­dit com­mence à se redres­ser dans la zone euro et encore, de façon fort limi­tée pour l’instant.

    Une idée ancienne

    D’où cette idée cen­trale du rap­port de Fros­ti Sigurd­jons­son : ôter aux banques le pou­voir de créa­tion moné­taire. Comme le sou­ligne l’an­cien pré­sident de l’au­to­ri­té finan­cière bri­tan­nique, Aldair Tur­ner, qui pré­face le rap­port, « la créa­tion moné­taire est une matière trop impor­tante pour être lais­sée aux banquiers. »

    Cette idée n’est, en réa­li­té, pas neuve. Après la crise de 1929, des éco­no­mistes état­su­niens avaient pro­po­sé en 1933 le « plan de Chi­ca­go » qui pro­po­sait d’a­bo­lir la capa­ci­té des banques à créer par elle-même de la mon­naie. Il avait eu un grand suc­cès, mais pas de tra­duc­tion concrète véritable.

    En 1939, l’é­co­no­miste Irving Fischer, un de ceux qui avaient exa­mi­né de plus près la crise de 1929, avait pro­po­sé de trans­fé­rer le mono­pole de la créa­tion moné­taire à la banque cen­trale. James Tobin, Mil­ton Fried­man et d’autres ont éga­le­ment réflé­chi sur ce sujet. Mais la pro­po­si­tion islan­daise, que Fros­ti Sigurd­jons­son pré­sente comme « une base de dis­cus­sion » pour le pays, est la pre­mière pro­po­si­tion de pas­sage à un autre sys­tème qu’il appelle le « sys­tème moné­taire souverain. »

    Déci­der de la créa­tion moné­taire dans l’in­té­rêt de l’économie

    Quel est-il ? Le rap­port indique que l’Is­lande « étant un Etat sou­ve­rain avec une mon­naie indé­pen­dante est libre de réfor­mer son sys­tème moné­taire actuel, qui est instable et de mettre en place un sys­tème moné­taire de meilleure qua­li­té. » Dans ce sys­tème, seule la Banque cen­trale aura le mono­pole de la créa­tion moné­taire, aucune cou­ronne ne pour­ra cir­cu­ler si elle n’a pas été émise par la Sed­la­ban­ki à l’origine.

    Cette der­nière pour­ra donc faire évo­luer la masse moné­taire en fonc­tion de ses objec­tifs « dans l’in­té­rêt de l’é­co­no­mie et de toute la socié­té. » Fros­ti Sigurd­jons­son pro­pose qu’un « comi­té indé­pen­dant du gou­ver­ne­ment prenne des déci­sions sur la poli­tique moné­taire de façon transparente. »

    La Banque cen­trale crée­ra de la mon­naie en accor­dant des prêts aux banques com­mer­ciales pour qu’elles prêtent ensuite des sommes équi­va­lentes aux entre­prises et aux par­ti­cu­liers, mais aus­si en finan­çant des aug­men­ta­tions de dépenses publiques ou des exemp­tions d’im­pôts, ou encore par le rachat de dettes publiques. Pour empê­cher la créa­tion moné­taire par le sys­tème ban­caire, deux types de comptes auprès de la banque cen­trale seront créés.

    Les pre­miers seront les « comptes de tran­sac­tions. » Ces comptes repré­sen­te­ront les dépôts des par­ti­cu­liers et des entre­prises. Les banques com­mer­ciales admi­nis­tre­ront ces comptes, mais ne pour­ront pas en modi­fier les mon­tants. L’argent dépo­sé sur ses comptes ne rap­por­te­ra pas d’in­té­rêt, mais sera garan­tie en tota­li­té par la banque centrale.

    Un deuxième type de comptes, les « comptes d’in­ves­tis­se­ments », sera créé en paral­lèle. Les agents éco­no­miques pour­ront trans­fé­rer des fonds des comptes de tran­sac­tion vers les comptes d’in­ves­tis­se­ments. L’argent pla­cé sur ses comptes seront inves­tis par les banques et seront blo­qués durant une période déterminée.

    Les banques pour­ront alors pro­po­ser à ceux qui placent leur argent dans ces fonds dif­fé­rents types de pro­duits, notam­ment des pro­duits ris­qués à haut ren­de­ment. Il s’a­git concrè­te­ment de sépa­rer autant qu’il est pos­sible l’argent du cré­dit. Le risque lié au cré­dit ne dis­pa­raît pas, mais il est limi­té par l’o­bli­ga­tion de ne prê­ter que l’argent dépo­sé sur ces comptes d’investissements.

    Plus de Bank Runs

    Pour Fros­ti Sigurd­jons­son, ce sys­tème per­met­tra une ges­tion plus réa­liste de la masse moné­taire non plus dans l’in­té­rêt des agents pri­vés, mais dans celui de la col­lec­ti­vi­té. La garan­tie sur les dépôts per­met­tra d’é­vi­ter une course aux gui­chets (Bank Run), sans réduire, du reste, la res­pon­sa­bi­li­té de ceux qui auraient inves­ti dans des pro­duits à risque.

    Avec ce sys­tème, une sépa­ra­tion ban­caire entre banque d’in­ves­tis­se­ment et banque de dépôts n’est pas néces­saire, puisque l’ac­ti­vi­té de banque de dépôts sera garan­tie par la banque cen­trale. Du reste, la garan­tie impli­cite de l’E­tat dont béné­fi­cient les grandes banques dis­pa­raî­tra d’elle-même.

    Gérer la transition

    Pour la tran­si­tion, Fros­ti Sigurd­jons­son pro­pose de trans­fé­rer les dépôts déte­nus dans les banques com­mer­ciales vers les comptes de tran­sac­tion. Ce trans­fert se fera par l’é­mis­sion d’une créance sur les banques qui sera déte­nue par la Sed­la­ban­ki et qui sera payée sur plu­sieurs années par les banques.

    Ce « pas­sif de conver­sion » s’é­lè­ve­rait à 450 mil­liards de cou­ronnes islan­daises, soit 3,05 mil­liards d’eu­ros. Cet argent issu des banques com­mer­ciales sera donc pro­gres­si­ve­ment rem­pla­cé par de l’argent issue de la banque cen­trale. Dans cette phase de tran­si­tion, les sommes ver­sées par les banques pour­raient ser­vir soit à réduire la dette publique, soit à réduire, si besoin, la masse moné­taire, par l’an­nu­la­tion d’une par­tie des fonds versés.

    Les pro­blèmes posés

    Cette pro­po­si­tion ne règle­ra certes pas tous les pro­blèmes. Certes, les prêts seront sans doute moins impor­tants et la crois­sance de l’é­co­no­mie sans doute moins forte. Mais le pro­jet est d’a­voir une éco­no­mie plus stable et, sur le long terme, tout aus­si per­for­mante. Plu­tôt que de voir l’é­co­no­mie croître de 5 % par an, puis de cor­ri­ger de 3 % ; on pour­rait avoir une crois­sance stable de 2 % par an sans à‑coup…

    L’in­dé­pen­dance du comi­té de la Banque cen­trale sera très hypo­thé­tique, car l’E­tat sera une cour­roie natu­relle de la créa­tion moné­taire et un risque d’ex­cès n’est pas, ici, à exclure, même si l’E­tat peut aus­si bien pré­tendre repré­sen­ter l’in­té­rêt géné­ral que ce comi­té indépendant.

    Mais une ambi­guï­té peut ici être pro­blé­ma­tique. Les liens avec les autres sys­tèmes moné­taires clas­siques pour une petite éco­no­mie comme l’Is­lande sont encore à explo­rer. Mat­thew Klein, dans le Finan­cial Times, a sou­li­gné éga­le­ment que ce nou­veau sys­tème ne réduit pas le risque de finan­ce­ment d’in­ves­tis­se­ments à long terme par des inves­tis­se­ments à court terme qui avait été à l’o­ri­gine de la crise de 2007–2008.

    Enfin, il ne s’a­git là que d’une pro­po­si­tion. Le pre­mier ministre a bien accueilli le rap­port. Mais ira-t-il jus­qu’à lan­cer un tel cham­bar­de­ment de grand ampleur ? Les Islan­dais seront-ils prêts à fran­chir le pas ? La dis­cus­sion est, du moins, lancée.

    ___

    Lire (en anglais) le rap­port du par­le­ment islan­dais ici.

    Roma­ric Godin

    Lire aus­si les com­men­taires ici (le niveau monte) : 

    http://www.latribune.fr/economie/international/l‑idee-choc-etudiee-en-islande-et-si-on-retirait-aux-banques-la-capacite-de-creer-de-la-monnaie-470824.html

    Réponse
  15. etienne

    Le coupable ignoré : le Credit-default Swap (CDS)

    « Si l’on jette un regard en arrière sur la période qui s’étend du début de la crise des sub­primes à aujourd’hui, et que l’on s’efforce d’assigner des res­pon­sa­bi­li­tés pour les misères qui conti­nuent d’être les nôtres, on s’étonne de voir appa­raître, tou­jours plus clai­re­ment, non pas un être humain, mais un pro­duit finan­cier déri­vé : le Cre­dit-default swap ou CDS.

    La ten­dance glo­bale a été soit de char­ger les pro­duits déri­vés de tous les maux, le mil­liar­daire amé­ri­cain War­ren Buf­fett a par­lé ain­si à leur pro­pos d’ « armes de des­truc­tion mas­sive », soit de les exo­né­rer en bloc en affir­mant que comme toute inno­va­tion finan­cière, ils jouent un rôle béné­fique en favo­ri­sant la « com­plé­tude » des mar­chés, c’est à dire la mini­mi­sa­tion des pos­si­bi­li­tés d’arbitrage entre écarts de prix appa­rus arbi­trai­re­ment ici et là.

    Le dos­sier à charge du CDS est en réa­li­té accablant.

    Le CDS per­met de s’assurer contre les pertes subies sur un prêt : non-ver­se­ment des inté­rêts ou non-rem­bour­se­ment du prin­ci­pal. Ses concep­teurs ont cepen­dant cru bon d’en faire éga­le­ment un outil spé­cu­la­tif per­met­tant de s’assurer contre un risque auquel on n’est pas véri­ta­ble­ment expo­sé, d’où le sur­nom du CDS : « s’assurer sur la voi­ture du voi­sin ». On parle alors de « posi­tion nue sur CDS ».

    Qu’on juge du bilan du CDS.

    1° L’indice ABX joua un rôle déter­mi­nant dans le déclen­che­ment de la crise des sub­primes dont il ser­vit ensuite de pouls. Il s’agissait d’un CDS por­tant sur un panier de vingt titres ados­sés à des prêts subprimes.

    2° En 2010, puis en 2012, le CDS joua un rôle déter­mi­nant dans la crise de la zone euro en étant uti­li­sé comme un ins­tru­ment de mesure (fan­tai­siste, comme on le ver­ra) du risque de défaut de la Grèce.

    3° D’une manière géné­rale depuis 2007, le CDS a pro­té­gé contre tout sinistre les déten­teurs d’obligations, (direc­te­ment ou par le biais d’une assu­rance-vie), l’autre par­tie de la popu­la­tion subis­sant de plein fouet les effets de la crise en tant que contri­buables ou en tant que sala­riés vic­time de la récession.

    Durant les phases de crises aiguës, le CDS a été l’objet de toutes les sus­pi­cions, ont été ain­si été inter­dites par l’Allemagne puis par la zone euro, les posi­tions nues sur CDS. Une telle neu­tra­li­sa­tion n’a pas suf­fi à le rendre inof­fen­sif car le CDS est spé­cu­la­tif du fait de son méca­nisme même, et ceci qu’il soit uti­li­sé spé­ci­fi­que­ment dans un but spé­cu­la­tif ou non.

    Com­ment mesure-t-on le risque asso­cié à un ins­tru­ment de dette ? Les moyens sont mul­tiples. On peut exa­mi­ner ce qui s’est pas­sé autre­fois dans des cas simi­laires (c’est la méthode dite actuaire). Au cas où un bien a été gagé, son prix de revente peut-être com­pa­ré avec la somme emprun­tée. Etc.

    Or la méthode d’évaluation du risque uti­li­sée par les CDS est stu­pé­fiante : le mon­tant de la prime de risque est déter­mi­né par l’offre et la demande – ce prix étant inter­pré­té comme mesure objec­tive du risque, lequel est alors déter­mi­né par un rétro-calcul.

    Par quel miracle l’évaluation du risque de cette manière pour­rait-elle être cor­recte ? En rai­son de l’hypothèse d’ « omni­science » des mar­chés » : les mar­chés sachant tout, ils feront en sorte que le mon­tant de la prime du CDS déter­mi­né par l’offre et la demande consti­tue la mesure exacte de la perte éventuelle.

    On réagi­ra dif­fé­rem­ment à cette hypo­thèse selon que l’on est éco­no­miste ou non : les non-éco­no­mistes pen­se­ront qu’il s’agit là d’une farce, tan­dis que les éco­no­mistes témoi­gne­ront que de nom­breux Prix Nobel d’économie ont affir­mé doc­te­ment qu’il s’agit là d’une véri­té (le prou­ver serait une tout autre affaire !).

    Ima­gi­nons main­te­nant que vous pen­siez que la Grèce est en grande dif­fi­cul­té et qu’elle risque de faire défaut sur sa dette. Vous ne pos­sé­dez pas d’obligations grecques mais qu’à cela ne tienne : vous contrac­te­rez des « posi­tions nues » sur CDS pour simu­ler être en péril si la Grèce devait faire défaut.

    Main­te­nant – et quoi de plus légi­time ? – vous cher­che­rez à aug­men­ter vos chances de gain. Il vous suf­fi­ra d’acheter davan­tage de CDS : une demande supé­rieure fera grim­per le mon­tant de la prime, que les mar­chés – dans leur grande omni­science – se feront un plai­sir d’interpréter comme une aug­men­ta­tion objec­tive d’un risque de défaut de la Grèce… à qui l’on récla­me­ra des taux d’intérêt plus éle­vés… pour inté­grer un risque de défaut qui s’est accru… aug­men­tant le risque qu’elle doive alors faire défaut…

    Une escro­que­rie ? À cha­cun de juger ! Quoi qu’il en soit, c’est bien de cette manière, à par­tir du mon­tant de la prime du CDS, que le Fonds moné­taire inter­na­tio­nal cal­cu­la le risque de défaut de la Grèce en 2012. »

    Source : https://​www​.paul​jo​rion​.com/​b​l​o​g​/​2​0​1​6​/​1​1​/​0​3​/​t​r​e​n​d​s​-​t​e​n​d​a​n​c​e​s​-​l​e​-​c​o​u​p​a​b​l​e​-​i​g​n​o​r​e​-​l​e​-​c​r​e​d​i​t​-​d​e​f​a​u​l​t​-​s​w​a​p​-​c​d​s​-​l​e​-​2​7​-​o​c​t​o​b​r​e​-​2​0​16/

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