Sur le terrorisme et la guerre : Daniele GANSER, Michel COLLON, Henri GUILLEMIN

31/07/2016 | 20 commentaires

Sur le ter­ro­risme et la guerre, cette petite vidéo publiée par Jor­da­nix vient de dépas­ser le mil­lion de vues en 48 h (!) :

https://​www​.face​book​.com/​J​o​r​d​a​n​i​i​i​x​/​v​i​d​e​o​s​/​8​8​8​0​8​5​9​0​1​3​2​4​5​5​3​/​?​p​n​r​e​f​=​s​t​ory

Sacré inter­net…

Ver­sion You­tube pour les aller­giques à Facebook 🙂 :

Du bon bou­lot de bon virus, bravo 🙂
#ausein­du­peu­ple­le­ni­veau­monte

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POUR CREUSER le sujet (essen­tiel) des men­songes mal­fai­sants de nos pré­ten­dus « repré­sen­tants » pour jus­ti­fier leurs sales guerres (depuis tou­jours), je vous conseille ces quelques docu­ments (impor­tants) :

1) Daniele Gan­ser nous explique les ARMÉES SECRÈTES DE L’OTAN et les innom­brables atten­tats sous faux dra­peau (STRATÉGIE DE LA TENSION) pour légi­ti­mer des guerres impé­riales de rapine :

Ne ratez pas les tra­vaux de Daniel GANSER. Ce docu­ment est par­ti­cu­liè­re­ment impor­tant et mérite d’être télé­char­gé, sau­vé en lieu sûr, étu­dié atten­ti­ve­ment le crayon à la main (pour fixer les dates et les noms), et dif­fu­sé autour de vous au maximum :

2) Michel COLLON nous explique les innom­brables MEDIAMENSONGES pro­fé­rés par les pré­ten­dus « jour­na­listes » (presque tous sala­riés de banques ou de mar­chands de canons) pour légi­ti­mer les guerres de rapine de la grande bourgeoisie :

3) Hen­ri GUILLEMIN nous explique LE FASCISME, muta­tion auto­ri­taire et guer­rière des pré­ten­dus « répu­bli­cains » conser­va­teurs qui renient même leur faux « suf­frage uni­ver­sel » (dési­gner des maîtres au lieu de voter les lois) dès qu’ils voient que le peuple ne va plus voter cor­rec­te­ment, c’est-à-dire quand le vrai socia­lisme monte et que les usu­riers négriers (les héri­tiers des « Giron­dins » et des « Ver­saillais ») sentent qu’ils vont perdre les élec­tions — et donc le pou­voir : le fas­cisme, bran­di contre le péril exté­rieur, sert à faire diver­sion pour ne pas trai­ter les pro­blèmes inté­rieurs, l’éternelle « ques­tion sociale » :

https://​old​.chouard​.org/​E​u​r​o​p​e​/​m​u​l​t​i​m​e​d​i​a​/​G​u​i​l​l​e​m​i​n​_​L​e​_​f​a​s​c​i​s​m​e​_​e​n​_​F​r​a​n​c​e​_​1​9​8​7​.​mp3

(Confé­rence signa­lée sur ce blog il y a 4 ans, déjà : http://​etienne​.chouard​.free​.fr/​E​u​r​o​p​e​/​f​o​r​u​m​/​i​n​d​e​x​.​p​h​p​?​2​0​1​2​/​0​6​/​0​1​/​2​2​5​-​h​e​n​r​i​-​g​u​i​l​l​e​m​i​n​-​l​e​-​f​a​s​c​i​s​m​e​-​e​n​-​f​r​a​nce.)

J’en pro­fite pour vous rap­pe­ler quelques mots sur ce que je pense de l’apport immense de Guille­min, pour com­prendre l’importance de la guerre, VOULUE ET IMPOSÉE PAR LA CLASSE DES 1% LES PLUS RICHES contre la classe des 99% « pauvres » :

#ausein­du­peu­ple­le­ni­veau­monte

Mer­ci à vous tous, bande de virus 🙂 pour tout ce que vous faites, per­son­nel­le­ment, quo­ti­dien­ne­ment, opi­niâ­tre­ment, concrè­te­ment, pour notre édu­ca­tion popu­laire com­mune, entre nous, tous les jours.

Étienne.

PS : la-vidéo-aux-500–000-par-jour publiée par Jor­da­nix est extraite d’un entre­tien de 20 min. avec Oli­via, à Anne­cy en sep­tembre 2014.

 

Pour résis­ter à nos maîtres du moment (qui se pré­tendent nos « repré­sen­tants ») et à leurs sales guerres, il faut que nous deve­nions tous consti­tuants, prag­ma­ti­que­ment, réellement :

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​4​3​7​9​4​8​8​0​8​2​317

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Étienne

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20 Commentaires

  1. etienne

    [le ter­ro­risme a une histoire]
    Les crânes oubliés de la conquête de l’Algérie

    « Nos cava­liers por­taient des têtes au bout de leurs lances. » Simple obser­va­tion d’un géné­ral fran­çais en 1840, lors de la conquête de l’Algérie. En 2011, un cher­cheur algé­rien a décou­vert que des têtes cou­pées de ceux qui résis­tèrent sont empi­lées aujourd’hui au Musée de l’Homme à Paris dans l’indifférence géné­rale. Une péti­tion réclame le retour de ces crânes au pays natal. Il y a un lien entre la ter­reur colo­nia­liste d’alors et le ter­ro­risme d’aujourd’hui ; sans jus­tice, la ter­reur s’enfonce dans l’inconscient des peuples comme ces bombes enfouies qu’un simple choc fait explo­ser bien des années plus tard. »

    Un repor­tage radio d’Anaëlle VERZAUX et Rosa MOUSSAOUI
    https://​la​-bas​.org/​l​a​-​b​a​s​-​m​a​g​a​z​i​n​e​/​r​e​p​o​r​t​a​g​e​s​/​l​e​s​-​c​r​a​n​e​s​-​o​u​b​l​i​e​s​-​d​e​-​l​a​-​c​o​n​q​u​e​t​e​-​d​e​-​l​-​a​l​g​e​rie

    Source : Là-bas si j’y suis

    « … Un plein baril d’oreilles… Les oreilles indi­gènes valurent long­temps dix francs la paire et leurs femmes, demeu­rèrent comme eux d’ailleurs, un gibier par­fait… » [1]

    C’est en ces termes choi­sis qu’un géné­ral fran­çais racon­tait les exploits de ses troupes pen­dant la guerre de conquête de l’Algérie.

    « … Tout ce qui vivait fut voué à la mort… On ne fit aucune dis­tinc­tion d’âge, ni de sexe… En reve­nant de cette funeste expé­di­tion plu­sieurs de nos cava­liers por­taient des têtes au bout de leurs lances… »

    Réponse
    • Eve

      Pré­ve­nir si les autres publi­ca­tions seront de ce style siou­plait , ce serait sym­pa ! Là , c’est trop limite pour moi , j’peux pas ! Car­ré blanc
      Voi­là de quoi cau­che­mar­der pour plu­sieurs nuits !
      Comme quoi , on n’a pas besoin d’être gam­mée pour por­ter une croix toute sa vie en lais­sant avant et der­rière des recettes de sau­va­ge­ries en groupe édi­fiant celui qui peau­fine son oeuvre et la vend ! C’est dans les gènes !

      Réponse
  2. etienne

    [Très inté­res­sant] Le pou­voir du « Niet »
    par Dimi­tri Orlov

    Source : Le Grand Soir : http://​www​.legrand​soir​.info/​l​e​-​p​o​u​v​o​i​r​-​d​u​-​n​i​e​t​.​h​tml

    Le pouvoir du « Niet »

    Voi­ci la manière dont les choses sont cen­sées fonc­tion­ner sur cette pla­nète : aux États-Unis, les struc­tures de pou­voir (publiques et pri­vées) décident ce qu’elles veulent que le reste du monde fasse. Elles com­mu­niquent leurs vœux par les canaux offi­ciels et offi­cieux, et comptent sur une coopé­ra­tion auto­ma­tique. Si la coopé­ra­tion n’intervient pas immé­dia­te­ment, elles appliquent des pres­sions poli­tiques, éco­no­miques et finan­cières. Si cela ne pro­duit tou­jours pas l’effet escomp­té, elles tentent de chan­ger de régime par une révo­lu­tion de cou­leur, un coup d’état mili­taire ou en orga­ni­sant et finan­çant une insur­rec­tion condui­sant à des attaques ter­ro­ristes et à la guerre civile chez la nation récal­ci­trante. Si cela ne fonc­tionne tou­jours pas, ils bom­bardent le pays le rédui­sant à l’âge de pierre. C’est ain­si que cela fonc­tion­nait dans les années 1990 et 2000, mais der­niè­re­ment une nou­velle dyna­mique a émergé.

    Au début, elles se concen­traient sur la Rus­sie, mais le phé­no­mène s’est depuis répan­du dans le monde et est même prêt à englou­tir les États-Unis eux-mêmes. Il fonc­tionne comme ceci : les États-Unis décident ce qu’ils veulent que la Rus­sie fasse et com­mu­niquent leurs sou­haits dans l’expectative d’une coopé­ra­tion auto­ma­tique. La Rus­sie dit « Niet ». Les États-Unis alors entre­prennent toutes les étapes ci-des­sus à l’exception de la cam­pagne de bom­bar­de­ment, à cause de la puis­sance de dis­sua­sion nucléaire russe. La réponse reste « Niet ». On pour­rait peut-être ima­gi­ner qu’une per­sonne intel­li­gente au sein de la struc­ture du pou­voir éta­su­nien dirait : « Sur la base des preuves que nous avons devant nous, dic­ter nos condi­tions à la Rus­sie ne fonc­tionne pas ; nous allons essayer de négo­cier de bonne foi avec elle, comme des égaux ». Et puis tout le monde applau­di­rait disant : « Oh ! C’est génial ! Pour­quoi n’y avions-nous pas pen­sé ? » Mais au lieu de cela, cette per­sonne serait le jour-même virée parce que, voyez-vous, l’hégémonie mon­diale éta­su­nienne est non-négo­ciable. Et donc ce qui se passe à la place est que les éta­su­niens décon­cer­tés, se regroupent et essayent de nou­veau ; ce qui donne un spec­tacle tout à fait amusant.

    L’ensemble de l’imbroglio Snow­den était par­ti­cu­liè­re­ment amu­sant à suivre. Les États-Unis exi­geaient son extra­di­tion. Les Russes ont répon­du : « Niet, notre consti­tu­tion l’interdit ». Et puis, de manière hila­rante, quelques voix en Occi­dent ont deman­dé alors que la Rus­sie change sa consti­tu­tion ! La réponse, ne néces­si­tant pas de tra­duc­tion, était « ha-ha-ha-ha-ha ! ». L’impasse sur la Syrie est moins drôle : les éta­su­niens ont exi­gé que la Rus­sie aille de pair avec leur plan pour ren­ver­ser Bachar al-Assad. L’immuable réponse russe a été : « Niet, les Syriens déci­de­ront de leurs diri­geants, pas la Rus­sie ni les États-Unis ». Chaque fois qu’ils l’entendent, les éta­su­niens se grattent la tête et … essayent de nou­veau. John Ker­ry était tout récem­ment à Mos­cou, pour enga­ger une « ses­sion de négo­cia­tions » mara­tho­niennes avec Pou­tine et Lavrov.

    Ce qu’il y a de pire est que d’autres pays entrent dans ce jeu. Les Éta­su­niens ont dit aux Bri­tan­niques exac­te­ment com­ment voter, cepen­dant ceux-ci ont dit « Niet » et ont voté pour le Brexit. Les Éta­su­niens ont dit aux Euro­péens d’accepter les condi­tions désas­treuses que vou­laient impo­ser leurs grandes trans­na­tio­nales, le Par­te­na­riat pour le com­merce et l’investissement trans­at­lan­tique (TTIP), et les Fran­çais ont dit « Niet, ça ne pas­se­ra pas ». Les États-Unis ont orga­ni­sé un nou­veau coup d’état mili­taire en Tur­quie pour rem­pla­cer Erdoğan par quelqu’un qui ne ten­te­ra pas d’essayer de faire le gen­til avec la Rus­sie. Les Turcs ont dit « Niet » à cela aus­si. Et main­te­nant, hor­reur des hor­reurs, c’est Donald Trump qui dit « Niet » à toutes sortes de choses : l’OTAN, la délo­ca­li­sa­tion des emplois éta­su­niens, l’entrée à des vagues de migrants, la mon­dia­li­sa­tion, les armes pour les ukrai­niens nazis, le libre-échange …

    L’effet psy­cho­lo­gi­que­ment cor­ro­sif du « Niet » sur la psy­ché hégé­mo­nique éta­su­nienne ne peut être sous-esti­mé. Si vous êtes cen­sé pen­ser et agir comme un hégé­mon, mais où seule fonc­tionne la par­tie pen­ser, le résul­tat est la dis­so­nance cog­ni­tive. Si votre tra­vail est d’intimider les nations tout autour, et que les nations refusent de l’être, alors votre tra­vail devient une blague, et vous deve­nez un malade men­tal. La folie qui en résulte a récem­ment pro­duit un symp­tôme tout à fait inté­res­sant : quelque membres du per­son­nel du Dépar­te­ment d’état éta­su­nien, ont signé une lettre – rapi­de­ment fui­tée – appe­lant à une cam­pagne de bom­bar­de­ment contre la Syrie pour ren­ver­ser Bachar al-Assad. Voi­là des diplomates !

    La diplo­ma­tie est l’art d’éviter la guerre, par la négo­cia­tion. Les diplo­mates qui appellent à la guerre ne sont pas tout à fait … des diplo­mates. On pour­rait dire que ce sont des diplo­mates incom­pé­tents, mais ce ne serait pas suf­fi­sant (la plu­part des diplo­mates com­pé­tents ont quit­té le ser­vice pen­dant la seconde admi­nis­tra­tion Bush, beau­coup d’entre eux à cause du dégoût d’avoir à men­tir au sujet de la jus­ti­fi­ca­tion de la guerre en Irak). La véri­té est, qu’ils sont malades, des va-t-en-guerre non-diplo­mates men­ta­le­ment déran­gés. Voi­là la puis­sance de ce simple mot russe qui leur a fait perdre lit­té­ra­le­ment la tête.

    Mais il serait injuste de mettre en avant le Dépar­te­ment d’Etat. C’est l’ensemble du corps poli­tique éta­su­nien qui a été infec­té par un miasme putride. Il imprègne toutes les choses et rend la vie misé­rable. En dépit de l’augmentation des pro­blèmes, la plu­part des autres choses aux États-Unis sont encore un peu gérables, mais cette chose-là : l’incapacité d’intimider l’ensemble du monde, ruine tout. C’est le milieu de l’été, la nation est à la plage. La cou­ver­ture de plage est mitée et râpée, l’ombrelle trouée, les bois­sons gazeuses dans la gla­cière pleines de pro­duits chi­miques nocifs et la lec­ture esti­vale ennuyeuse … et puis il y a une baleine morte qui se décom­pose à proxi­mi­té, dont le nom est « Niet ». Elle ruine tout sim­ple­ment toute l’ambiance !

    Les têtes bavardes des media et des poli­ti­ciens de l’ordre éta­bli, sont à ce moment, dou­lou­reu­se­ment conscients de ce pro­blème, et leur réac­tion pré­vi­sible est de blâ­mer ce qu’ils per­çoivent comme la source des maux : la Rus­sie, com­mo­dé­ment per­son­ni­fiée par Pou­tine. « Si vous ne votez pas pour Clin­ton, vous votez pour Pou­tine » est une devise pué­rile nou­vel­le­ment inven­tée. Un autre est « Trump est l’agent de Pou­tine ». Toute per­son­na­li­té publique qui refuse de prendre une posi­tion favo­rable à l’ordre éta­bli est auto­ma­ti­que­ment éti­que­tée « idiot utile de Pou­tine ». Prises au pied de la lettre, de telles allé­ga­tions sont absurdes. Mais il y a une expli­ca­tion plus pro­fonde en ce qui les concernent : ce qui les lie toutes ensemble est la puis­sance du « Niet ». Le vote pour San­ders est un vote pour le « Niet » : l’ordre éta­bli du Par­ti démo­crate a pro­duit une can­di­date et a dit aux gens de voter pour elle, et la plu­part des jeunes ont dit « Niet ». De même avec Trump : L’ordre éta­bli du Par­ti répu­bli­cain a fait trot­ter ses sept nains et dit aux gens de voter pour l’un d’eux, et pour­tant la plu­part des ouvriers blancs lais­sés pour compte ont dit « Niet » et voté pour un out­si­der, Blanche neige.

    C’est un signe d’espoir de voir que les gens à tra­vers le monde domi­né par Washing­ton, découvrent la puis­sance de « Niet ». L’ordre éta­bli peut encore appa­raître, pim­pant de l’extérieur, mais sous la nou­velle pein­ture brillante, il cache une coque pour­rie, qui prend eau à toutes les join­tures. Un « Niet » suf­fi­sam­ment reten­tis­sant sera pro­ba­ble­ment suf­fi­sant pour le faire cou­ler, per­met­tant quelques chan­ge­ments très néces­saires. Quand cela se pro­dui­ra, je vous prie de vous rap­pe­ler que c’est grâce à la Rus­sie … ou, si vous insis­tez, Poutine.

    Dmi­try Orlov

    Dmi­try Orlov est né à Lenin­grad et a immi­gré aux États-Unis en 1970. Il est l’auteur de Rein­ven­ting Col­lapse, Hold Your Applause ! et Abso­lu­te­ly Posi­tive. Il publie toutes les semaines sur le très popu­laire bloghttp://​www​.Clu​bOr​lov​.com.

    [Tra­duc­tion Alexandre MOUMBARIS
    relec­ture Marie-José MOUMBARIS
    Pour le Comi­té Val­my]
    édi­tions Démo­crite,
    democrite@neuf.fr
    http://​dos​siers​du​bip​.word​press​.com/

    Source : Le Grand Soir : http://​www​.legrand​soir​.info/​l​e​-​p​o​u​v​o​i​r​-​d​u​-​n​i​e​t​.​h​tml

    Réponse
  3. etienne

    For­mi­dable Annie Lacroix-Riz :

    Les élites fran­çaises entre 1940 et 1944 – De la col­la­bo­ra­tion avec l’Al­le­magne à l’al­liance américaine :

    ——

    Aux ori­gines du car­can euro­péen (1900−1960) : La France sous influence alle­mande et américaine :

    Réponse
  4. etienne

    Grèce : la res­pon­sa­bi­li­té du FMI mise au jour, mais tout conti­nue comme avant
    par Roma­ric Godin

    http://​www​.latri​bune​.fr/​e​c​o​n​o​m​i​e​/​u​n​i​o​n​-​e​u​r​o​p​e​e​n​n​e​/​g​r​e​c​e​-​l​a​-​r​e​s​p​o​n​s​a​b​i​l​i​t​e​-​d​u​-​f​m​i​-​m​i​s​e​-​a​-​j​o​u​r​-​m​a​i​s​-​t​o​u​t​-​c​o​n​t​i​n​u​e​-​c​o​m​m​e​-​a​v​a​n​t​-​5​8​9​6​6​7​.​h​tml

    L’ins­tance de sur­veillance indé­pen­dante du FMI a mis en cause la ges­tion de la crise grecque par cette ins­ti­tu­tion. Des cri­tiques qui détruisent la nar­ra­tion offi­cielle, mais ne la change pas…

    Un peu plus de six ans après le début de la crise grecque, la nar­ra­tion offi­cielle, le « sto­ry­tel­ling » qui a été éla­bo­ré par les gou­ver­ne­ments et les ins­ti­tu­tions qui ont géré cette crise, tombe chaque jour un peu plus en lam­beaux. Alors que la mal­heu­reuse Grèce, sou­mise à un troi­sième mémo­ran­dum signé voi­ci un an avec ses créan­ciers, n’en finit pas de s’ef­fon­drer éco­no­mi­que­ment, le FMI, membre de la troï­ka qui a super­vi­sé la ges­tion de cette crise, n’en finit pas de pro­cé­der à des mea culpa tar­difs, mais sans appels.

    Absence de dis­cus­sions internes

    Après avoir recon­nu qu’elle avait sous-esti­mé les « mul­ti­pli­ca­teurs bud­gé­taires », autre­ment dit l’im­pact de la conso­li­da­tion bud­gé­taire sur la crois­sance, pour la Grèce, l’ins­ti­tu­tion de Washing­ton avait récem­ment, dans un article de recherche recon­nu les effets néga­tifs des poli­tiques d’aus­té­ri­té impo­sées à Athènes. Ce jeu­di 28 juillet, un nou­veau rap­port est venu cri­ti­quer le rôle pris par le FMI dans sa ges­tion de la crise grecque. Et il est sévère. Le Bureau indé­pen­dant d’é­va­lua­tion du FMI (IEO) a publié un long rap­port sur le « FMI et les crises en Grèce, au Por­tu­gal et en Irlande » qui dresse un constat : le FMI a agi sous la pres­sion des inté­rêts de cer­tains pays de la zone euro, contre ses propres inté­rêts et a cher­ché pour cela à court-cir­cui­ter le conseil d’ad­mi­nis­tra­tion. Cette pro­cé­dure a clai­re­ment conduit à des erreurs d’ap­pré­cia­tions majeures de la situa­tion, notam­ment en Grèce.

    Dans son rap­port, l’IEO confirme notam­ment ce que, entre autres, la Com­mis­sion de Véri­té sur la dette grecque, éta­blie au prin­temps 2015 par le par­le­ment hel­lé­nique, avait poin­té du doigt : pour faire pas­ser le sou­tien finan­cier à la Grèce du FMI mal­gré le carac­tère insou­te­nable de la dette grecque, la direc­tion de l’ins­ti­tu­tion a fait adop­ter dis­crè­te­ment une modi­fi­ca­tion des cri­tères d’ac­cès à l’aide du FMI. « Le conseil d’ad­mi­nis­tra­tion n’a pas été consul­té sur cette ques­tion. En fait, les direc­teurs ne furent pas même infor­més des doutes des équipes sur la sou­te­na­bi­li­té de la dette grecque », estime l’IEO. Et de pour­suivre : « ni la direc­tion du FMI, ni les équipes n’ont cher­ché à por­ter l’at­ten­tion du Conseil sur la déci­sion pro­po­sée de modi­fier les cri­tères ou sur le fait qu’un cri­tère d’ac­cès excep­tion­nel serait modi­fié en approu­vant le pro­gramme grec ». En clair : il y a eu clai­re­ment une volon­té de trom­per le Conseil, en incluant cette modi­fi­ca­tion cru­ciale, qui pla­çait le FMI dans la posi­tion de s’ex­po­ser à un pays insol­vable. L’IEO ren­force cette idée en pré­ci­sant que le Conseil a été pres­sé par le temps, et n’a pas eu la pos­si­bi­li­té de regar­der le pro­gramme en détail.

    Consé­quences désastreuses

    Les consé­quences de cette pra­tique ont été désas­treuses pour la Grèce. Ce pays s’est en effet retrou­vé dans la situa­tion de devoir gérer une dette insou­te­nable et crois­sante. L’is­sue de cette impasse était une autre impasse : deman­der tou­jours plus d’aides pour rem­bour­ser la dette. Créer donc un sché­ma de Pon­zi, avec la com­pli­ci­té du FMI et des pays de la zone euro dési­reux de main­te­nir la fic­tion de la « sou­te­na­bi­li­té » de la dette grecque. C’est ce mon­tage qui a obli­gé la Grèce à aller tou­jours plus loin dans la poli­tique d’aus­té­ri­té puisque ses créan­ciers conti­nuaient à vou­loir faire croire qu’une purge bud­gé­taire et des « réformes struc­tu­relles » suf­fi­raient à rendre la dette sou­te­nable. Cette « trom­pe­rie » du FMI est donc une des sources des maux grecs. En pas­sant, on remar­que­ra que l’IEO estime que ceci pose un pro­blème de « légi­ti­mi­té » pour le FMI. Une ques­tion de légi­ti­mi­té qui se pose aus­si pour la dette du FMI alors contrac­tée par la Grèce et qui, en 2015, a pesé si lourd dans le sort du pays.

    Sou­mis­sion à la zone euro

    Si le FMI avait appli­qué ses cri­tères habi­tuels, il aurait impo­sé une restruc­tu­ra­tion de la dette dès 2010. C’est la pro­cé­dure habi­tuelle du Fonds : faire de l’aus­té­ri­té contre une coupe dans la dette. Selon une étude parue en 2015 aux Etats-Unis, les équipes avaient pro­po­sé cette pos­si­bi­li­té au direc­teur géné­ral d’a­lors du FMI, Domi­nique Strauss-Kahn. Ce der­nier l’au­rait cepen­dant reje­té et aurait refu­sé de le pro­po­ser aux Euro­péens. Et ceci pose un autre pro­blème majeur posé par l’é­tude de l’IEO : les amours cou­pables entre le FMI et la zone euro. Car les causes de ce refus de la restruc­tu­ra­tion de la dette en 2010 sont connues : c’est la pro­tec­tion des banques euro­péennes, prin­ci­pa­le­ment fran­çaises et alle­mandes, expo­sées à la dette grecque. Il fal­lait rapi­de­ment venir à la res­cousse de ces créan­ciers, pour leur don­ner le temps de vendre les titres à des inves­tis­seurs ras­su­rés par l’im­pli­ca­tion du FMI.

    Le rap­port de l’IEO ne va pas jus­qu’à cette conclu­sion, désor­mais cepen­dant bien connue, mais il pointe les rela­tions très étroites entre la direc­tion du FMI et la zone euro. Il cri­tique ain­si la « fai­blesse de la sur­veillance de la zone euro » fon­dée sur l’i­dée que « l’Eu­rope est une chose dif­fé­rente ». Cette fai­blesse a conduit à l’ab­sence d’a­na­lyse des dés­équi­libres de la zone euro, notam­ment sur les comptes cou­rants. Elle a ensuite conduit à un « oubli » des « leçons des crises pas­sées ». Ces leçons « ne furent jamais appli­quées », estime l’IEO. De fait, le FMI est lar­ge­ment appa­ru comme sui­viste des déci­sions de l’Eu­ro­groupe puisque les déci­sions de la zone euro « ont tou­jours pré­cé­dé les réunions du conseil du FMI ». « Le FMI a per­du sa sou­plesse et son agi­li­té en tant que ges­tion­naire de crise compte tenu des mul­tiples couches de déci­sions dans la zone euro », explique l’IEO qui déplore aus­si le poids de l’Eu­ro­groupe qui a conduit « les juge­ments des équipes tech­niques du FMI à des pres­sions poli­tiques ». C’est donc bien une sou­mis­sion du FMI à la zone euro qu’im­pli­ci­te­ment dénonce l’IEO. Du reste, le rap­port sou­ligne la très forte « asy­mé­trie de l’in­for­ma­tion » au sein du FMI puisque « des direc­teurs repré­sen­tant les pays de la zone euro ont pu avoir accès à des infor­ma­tions qui n’é­taient pas à la dis­po­si­tion des autres ».

    L’IEO ne cache donc pas la sou­mis­sion du FMI aux ins­tances de la zone euro. Ceci pose, pour l’ins­ti­tu­tion, la ques­tion de la natio­na­li­té de ses direc­teurs géné­raux. Le fait que le FMI ait été diri­gé par un Fran­çais et l’est encore appa­raît clai­re­ment comme une entrave à son bon fonc­tion­ne­ment, mais aus­si à l’ef­fi­ca­ci­té de ses poli­tiques. Il est sans doute temps de don­ner aux pays dits émer­gents leur chance au sein du Fonds.

    Des­truc­tion de la nar­ra­tion officielle

    En atten­dant, cette sou­mis­sion à la zone euro a eu des consé­quences majeures pour la Grèce : nul ne s’est oppo­sé aux déci­sions prises par Paris et Ber­lin pour « sau­ver la zone euro » et nul n’a vrai­ment appor­té un esprit cri­tique sur ses plans d’aide. Cette sou­mis­sion du FMI a per­mis le déve­lop­pe­ment du sto­ry­tel­ling offi­ciel : la faute est grecque. La Grèce aurait fait des excès et elle serait « sau­vée » et « aidée » par les Euro­péens. Plus tard, lorsque l’é­chec de ces poli­tiques était deve­nu évident, le pro­blème a encore été por­té sur les Grecs qui auraient refu­sé de « s’ap­pro­prier les pro­grammes ». Or, là aus­si l’IEO sou­ligne que l’a­veu­gle­ment du FMI a été total et qu’il a bien été com­mis des erreurs de poli­tiques éco­no­miques majeures, notam­ment, comme on l’a vu par l’ou­bli du pas­sé. « Les pro­grammes du FMI pour la Grèce et le Por­tu­gal ont inclus des pro­jec­tions de crois­sance lar­ge­ment trop opti­mistes », indique le rap­port qui ajoute des « pro­jec­tions plus réa­listes auraient ren­du évi­dents les impacts sur la crois­sance et la dyna­mique de la dette de la conso­li­da­tion bud­gé­taire ». L’IEO indique que ceci aurait conduit à lais­ser « jouer les sta­bi­li­sa­teurs auto­ma­tiques », ce qui n’a pas été fait et a conduit à l’ef­fon­dre­ment de 25 % du PIB grec sur 6 ans en plon­geant l’é­co­no­mie hel­lé­nique dans un cercle vicieux. En refu­sant la réa­li­té par sa sou­mis­sion poli­tique, le FMI a donc été une des causes de la crise grecque. C’est une des­truc­tion en règle de la nar­ra­tion officielle.

    Le rap­port de l’IEO confirme donc ce que la Com­mis­sion sur la dette grecque de 2015 avait éta­bli sur 2010 : un déni de réa­li­té a domi­né les déci­sions d’a­lors, ali­men­té par des inté­rêts poli­tiques dans les grands pays de la zone euro. Ce déni de réa­li­té est deve­nu une vision offi­cielle qu’il a fal­lu main­te­nir à tout prix et a conduit à l’ef­fon­dre­ment de la Grèce. Le FMI a contri­bué à cette situa­tion. C’est ce que la crise du pre­mier semestre 2015 a prou­vé : le nou­veau gou­ver­ne­ment grec a récla­mé la fin de ce cercle vicieux et a deman­dé la construc­tion d’un com­pro­mis qui lui a tou­jours été refu­sé. Les créan­ciers ont pré­fé­ré une nou­velle fois bri­ser l’é­co­no­mie grecque plu­tôt que de recon­naître les erreurs que l’IEO met en avant aujourd’hui.

    La réponse de Chris­tine Lagarde

    La ques­tion reste désor­mais de savoir quel sera l’im­pact réel de ce rap­port. L’IEO rap­pelle que dès 2011, elle avait mis en garde contre l’a­veu­gle­ment vis-à-vis de la zone euro, sans suc­cès. La réponse, ven­dre­di 29 juillet, de l’ac­tuelle direc­trice géné­rale Chris­tine Lagarde n’est guère encou­ra­geante de ce point de vue : elle a repris la cri­tique de la Grèce, de son manque « d’ap­pro­pria­tion » des pro­grammes, de l’ins­ta­bi­li­té poli­tique du pays et a fina­le­ment rap­pe­lé que la Grèce est res­tée dans la zone euro, ce qui était « un objec­tif majeur ». Bref, le mea culpa au sein des ins­tances agis­santes du FMI n’est pas à l’ordre du jour. Rap­pe­lons que, de 2010 à 2015, la Grèce n’a connu qu’un mois d’ins­ta­bi­li­té poli­tique après les élec­tions de mai 2012. Le reste du temps, la majo­ri­té par­le­men­taire en faveur de la troï­ka a été stable et les gou­ver­ne­ments ont pu appli­quer les pro­grammes. Certes, tout n’a pas été appli­qué, mais ne serait-ce pas le signe que tout n’é­tait pas appli­cable ? Selon une étude de l’OCDE datée de 2015, la Grèce a été le pays le plus « réfor­ma­teur » de l’or­ga­ni­sa­tion. Dire que la Grèce n’a rien fait n’a pas de sens : l’ef­fon­dre­ment de l’é­co­no­mie et le redres­se­ment des finances publiques sont les preuves de cette action. La réa­li­té est bien que c’est la poli­tique menée qui était insen­sée. Le main­tien dans la zone euro est, de ce point de vue, une conso­la­tion bien maigre et une façon d’é­vi­ter le cœur du pro­blème, ce qui semble le plus urgent pour Chris­tine Lagarde.

    La logique actuelle conti­nue de dominer

    En réa­li­té, rien n’a chan­gé. La poli­tique du troi­sième mémo­ran­dum et du troi­sième mémo­ran­dum « et demi » impo­sée à la Grèce en août 2015 et encore en juin 2016 viennent le confir­mer. Aucune cri­tique n’a été réa­li­sée au sein de la zone euro sur les poli­tiques menées. L’Eu­ro­groupe conti­nue de domi­ner le jeu et d’im­po­ser sa logique de conso­li­da­tion bud­gé­taire et de réformes struc­tu­relles à une éco­no­mie exsangue. Cet Euro­groupe refuse toute remise en cause de la nar­ra­tion offi­cielle et conti­nue à récla­mer du gou­ver­ne­ment grec un « enga­ge­ment » dans le pro­gramme. La mise en place de coupes auto­ma­tiques dans les dépenses pour atteindre l’ob­jec­tif d’ex­cé­dent pri­maire de 2018 est le nec plus ultra de cette logique. Et la preuve que rien n’a réel­le­ment chan­gé. Aujourd’­hui, la nar­ra­tion offi­cielle fait tou­jours por­ter la faute de l’é­chec des pro­grammes est tou­jours repor­té sur les Grecs et sur son gou­ver­ne­ment qui a osé refu­ser au pre­mier semestre 2015 ces poli­tiques impo­sées par les créan­ciers. Or, cette cri­tique qui était fort modé­rée et davan­tage un appel au com­pro­mis, se révèle chaque jour désor­mais plus pertinente.

    Quant au FMI, il affirme avoir chan­gé : il demande désor­mais une restruc­tu­ra­tion de la dette avant d’en­trer dans le pro­gramme. C’est une avan­cée impor­tante. Mais le FMI a néan­moins accep­té le plan de juin 2016 et le report de l’es­sen­tiel de la restruc­tu­ra­tion de la dette à après 2018. A l’é­té 2015, il a tout fait pour faire échouer le gou­ver­ne­ment grec et le conduire à accep­ter un troi­sième mémo­ran­dum. Et, on l’a vu, l’a­na­lyse de Chris­tine Lagarde demeure très proche de celle de l’Eu­ro­groupe. Au final, le rap­port de l’IEO est un élé­ment impor­tant pour écrire l’his­toire. Mais cer­tai­ne­ment pas pour la changer.

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  5. etienne

    Mas­sacre de 1965 en Indo­né­sie : le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l’Australie jugés complices

    Le Tri­bu­nal popu­laire inter­na­tio­nal de La Haye juge que le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Australie sont com­plices du mas­sacre anti-com­mu­niste de 1965 en Indonésie.

    Par Sput­nik News – Le 21 juillet 2016

    Au cours de cette période, quelque 500 000 à un mil­lion de per­sonnes sont mortes dans l’un des mas­sacres les plus san­glants du XXe siècle. Ce qui a com­men­cé comme une purge des com­mu­nistes après une ten­ta­tive de coup d’État man­qué, a conti­nué avec les Chi­nois et les gau­chistes pré­su­més, ce qui a conduit à un mas­sacre nom­mé politicide.

    Selon la déci­sion ren­due par le Tri­bu­nal popu­laire inter­na­tio­nal (TPI) à La Haye, le gou­ver­ne­ment indo­né­sien de 1965 [diri­gé par Suhar­to, dont la dic­ta­ture dure­ra jusqu’en 1998] a com­mis des crimes contre l’humanité, mais la sen­tence, comme pour celle pro­non­cée contre la Chine par les Phi­lip­pines la semaine der­nière en ce qui concerne les ter­ri­toires contes­tés en mer de Chine méri­dio­nale, est non contrai­gnante et sans consé­quences punitives.

    Les juges ont conclu que les allé­ga­tions de « meurtres cruels et innom­mables » et « l’emprisonnement injus­ti­fié de cen­taines de mil­liers de per­sonnes sans pro­cès » étaient bien fondées.

    « Il a éga­le­ment été démon­tré que la vio­lence sexuelle, en par­ti­cu­lier contre les femmes, était sys­té­ma­tique et régu­lière, en par­ti­cu­lier pen­dant la période de 1965 à 1967 » indique le rap­port du Tribunal.

    Le Tri­bu­nal a exi­gé des excuses du gou­ver­ne­ment indo­né­sien actuel et a exi­gé des enquêtes et des pour­suites contre les accu­sés encore en vie. Le Tri­bu­nal a éga­le­ment exi­gé une ouver­ture au public des archives et un dévoi­le­ment de la véri­té concer­nant ces événements.

    En outre, trois pays – le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Australie – ont été décla­rés com­plices d’avoir faci­li­té le mas­sacre en uti­li­sant la pro­pa­gande pour mani­pu­ler l’opinion inter­na­tio­nale en faveur de l’armée indonésienne.

    Selon le rap­port, l’Australie et le Royaume-Uni, «… ont par­ta­gé l’objectif des États-Unis de cher­cher à pro­vo­quer le ren­ver­se­ment du pré­sident Sukarno ».

    « Ils ont conti­nué cette poli­tique, même après qu’il fut deve­nu très clair que les meurtres avaient lieu à grande échelle et sans dis­cer­ne­ment. Dans l’ensemble, cela semble jus­ti­fier l’accusation de com­pli­ci­té » dit le rapport.

    Les détails des crimes com­mis par l’armée indo­né­sienne, qui com­prennent des assas­si­nats bru­taux, l’emprisonnement dans des condi­tions inhu­maines, l’esclavage, la tor­ture, les dis­pa­ri­tions for­cées et la vio­lence sexuelle, peuvent être trou­vés dans le texte inté­gral du rap­port.

    Le gou­ver­ne­ment indo­né­sien a récem­ment refu­sé de pré­sen­ter des excuses, et a réaf­fir­mé sa posi­tion en ce qui concerne les vic­times et les sur­vi­vants des atro­ci­tés 1965.

    « Notre pays est une grande nation. Nous recon­nais­sons et nous allons résoudre ce pro­blème [le mas­sacre 1965] à notre manière tout en res­pec­tant les valeurs uni­ver­selles » a décla­ré Luhut Pand­jai­tan, le ministre des Affaires juri­diques et sécu­ri­taire indo­né­sien, aux jour­na­listes réunis au palais pré­si­den­tiel, mer­cre­di der­nier [20 juillet].

    Tra­duit par Wayan, relu par Cathe­rine pour le Saker Francophone.

    http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​m​a​s​s​a​c​r​e​-​d​e​-​1​9​6​5​-​e​n​-​i​n​d​o​n​e​s​i​e​-​l​e​-​r​o​y​a​u​m​e​-​u​n​i​-​l​e​s​-​e​t​a​t​s​-​u​n​i​s​-​e​t​-​l​a​u​s​t​r​a​l​i​e​-​j​u​g​e​s​-​c​o​m​p​l​i​ces

    Source : Le Saker Francophone

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  6. etienne

    Com­ment Poké­mon Go est-il lié à la CIA :

    http://​reseauin​ter​na​tio​nal​.net/​c​o​m​m​e​n​t​-​p​o​k​e​m​o​n​-​g​o​-​e​s​t​-​i​l​-​l​i​e​-​a​-​l​a​-​c​ia/

    Alors que Poké­mon Go donne le tour­nis à la pla­nète entière, les joueurs ont-ils jamais pen­sé que le jeu pou­vait s’avérer dan­ge­reux ? Sput­nik a fait une petite recherche sur l’affaire.

    Voi­ci quelques faits curieux sur le jeu Poké­mon Go — et ce ne sont pas des ruses afin d’augmenter son niveau de jeu mais des détails sur le fonc­tion­ne­ment du pro­jet. Détails qui peut-être rédui­ront à néant votre envie de vous lan­cer à la pour­suite des Poké­mon, ou de jouer en général.

    Le pro­jet Poké­mon Go a été créé conjoin­te­ment par The Poké­mon Com­pa­ny, Nin­ten­do et Nian­tic, ancienne filiale de Google. Nian­tic a été fon­dé par John Hanke, éga­le­ment fon­da­teur de la com­pa­gnie Key­hole, Inc. spé­cia­li­sée dans la créa­tion de cartes géo­spa­tiales. La com­pa­gnie a été finan­cée par In-Q-Tel, un fonds amé­ri­cain de capi­tal-inves­tis­se­ment mis en place par la CIA en 1999.

    A l’époque, plu­sieurs tâches ont été accomplies :
    — la car­to­gra­phie de la pla­nète régu­liè­re­ment mise à jour, y com­pris les auto­routes et tous les grands objets de l’infrastructure urbaine en général,
    — des robots-véhi­cules ont mis leurs nez dans tous les coins du monde et ont car­to­gra­phié des villes entières, des rues…

    Un seul pro­blème demeu­rait : com­ment péné­trer les mai­sons des citoyens, les sous-sols, les casernes et ain­si de suite ? Et voi­là que Nian­tic lance un jeu génial et viral basé sur le prin­cipe de la réa­li­té aug­men­tée. Une fois qu’il l’a ins­tal­lé et qu’il lui a auto­ri­sé l’accès à sa camé­ra, son micro­phone, son gyro­scope, son GPS et tous ses appa­reils connec­tés, le smart­phone de l’utilisateur se met à vibrer et signale que plu­sieurs Poké­mon se trouvent à proximité.

    Que se passe-t-il ensuite ? L’application vous féli­cite pour votre pre­mier suc­cès parce qu’elle sait com­ment il est impor­tant pour le joueur d’être encou­ra­gé. Puis, elle requiert que vous fil­miez vos pre­miers Poké­mon cap­tés de tous les angles — et obtient donc les pho­tos de votre appar­te­ment en détail, y com­pris les coor­don­nées et l’angle d’inclinaison du smartphone.

    Féli­ci­ta­tions ! Il semble que vous venez de fil­mer votre appar­te­ment, les ser­vices secrets vous seront cer­tai­ne­ment reconnaissants…

    A pro­pos, les règles d’utilisation qu’il faut accep­ter pour ins­tal­ler le jeu recèlent des infor­ma­tions inté­res­santes. Ain­si, Nian­tic vous informe en ces termes officiels :

    « Nous coopé­rons avec le gou­ver­ne­ment, les auto­ri­tés com­pé­tentes ou des par­ties pri­vées pour appli­quer et res­pec­ter la loi. Nous pou­vons divul­guer toute infor­ma­tion vous concer­nant (ou votre enfant auto­ri­sé) en notre pos­ses­sion ou sous notre contrôle au gou­ver­ne­ment, aux auto­ri­tés com­pé­tentes ou aux par­ties pri­vées dans le cas où, à notre seule dis­cré­tion, nous le pen­se­rions néces­saire ou approprié ».

    Les déve­lop­peurs pré­cisent à quelles fins ils peuvent le faire : « (a) pour répondre aux récla­ma­tions et à toute pro­cé­dure juri­dique (y com­pris des cita­tions à com­pa­raître); (b) pour pro­té­ger notre pro­prié­té, nos droits et notre sécu­ri­té et la pro­prié­té, les droits, et la sécu­ri­té d’un tiers ou du public en géné­ral ; et © pour iden­ti­fier et arrê­ter toute acti­vi­té que nous consi­dé­re­rions illé­gale, contraire à l’éthique, ou pas­sible d’actions en justice ».

    Mais qui lit les règles de l’utilisation ? On appuie sur « J’accepte » et on se dépêche de lan­cer le jeu.

    Pour­tant, les règles s’avèrent être une lec­ture bien exci­tante. Elles signalent par exemple que les ser­vers de Poké­mon Go enre­gistrent auto­ma­ti­que­ment cer­taines infor­ma­tions sur la façon dont une per­sonne uti­lise ses ser­vices et s’en sert pour admi­nis­trer ces ser­vices et ana­ly­ser (petit détail : ils peuvent recou­rir à des tiers pour effec­tuer cette analyse).

    Et cerise sur le gâteau :

    « Les infor­ma­tions que nous col­lec­tons auprès de nos uti­li­sa­teurs, y com­pris les don­nées à carac­tère per­son­nel, sont consi­dé­rées comme un actif de l’entreprise ».

    Voi­là ce que vous accep­tez en effet en ins­tal­lant l’appli.

    « Si nous étions rache­tés par un tiers à la suite d’une tran­sac­tion telle qu’une fusion, une acqui­si­tion ou une vente d’entreprise, ou si nos actifs étaient rache­tés par un tiers pour cause de faillite ou de ces­sa­tion de com­merce, une par­tie ou la tota­li­té de nos actifs, y com­pris vos don­nées à carac­tère per­son­nel (ou celles de votre enfant auto­ri­sé), pour­raient être divul­guées ou trans­fé­rées à un tiers acqué­reur dans le cadre de la tran­sac­tion », pour­suivent les règles.

    Ima­gi­nez-vous cela : le ren­sei­gne­ment veut savoir ce qui se passe actuel­le­ment, par exemple… au Palais de l’Elysée. Et une minute plus tard les dépu­tés, les jour­na­listes, les employés qui s’y trouvent sont tous rivés sur leurs por­tables qui leur signalent qu’un cer­tain nombre de Poké­mon sont dans la place…

    Vous connais­sez la suite.

    source : https://​fr​.sput​nik​news​.com/​i​n​t​e​r​n​a​t​i​o​n​a​l​/​2​0​1​6​0​7​2​8​1​0​2​7​0​6​0​1​2​1​-​p​o​k​e​m​o​n​-​g​o​-​c​ia/

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  7. etienne

    Une avant première de « la guerre à venir entre la Chine et l’Amérique »


    Le fameux jour­na­liste John Pil­ger nous parle de la Chine, d’Okinawa et de la poli­tique éta­su­nienne en Asie.

    Maki Suna­ga­wa et Daniel Brou­dy – Le 19 juillet 2016 – Forei­gn Poli­cy In Focus.

    Source : http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​u​n​e​-​a​v​a​n​t​-​p​r​e​m​i​e​r​e​-​d​e​-​l​a​-​g​u​e​r​r​e​-​a​-​v​e​n​i​r​-​e​n​t​r​e​-​l​a​-​c​h​i​n​e​-​e​t​-​l​a​m​e​r​i​que

    John Pil­ger est un jour­na­liste de renom­mée mon­diale, docu­men­ta­riste et auteur. Il a rem­por­té par deux fois la plus haute dis­tinc­tion bri­tan­nique pour le jour­na­lisme. Ses films ont rem­por­té des prix de l’académie de télé­vi­sion en Grande-Bre­tagne et aux États-Unis. Deux de ses films, celui sur le Cam­bodge et l’autre à pro­pos du Timor orien­tal, sont consi­dé­rés par­mi les plus impor­tant du XXe siècle. La guerre à venir entre la Chine et l’Amérique est son 60e film. Voi­ci son interview.

    Daniel Brou­dy : – Vous êtes main­te­nant en train de ter­mi­ner votre der­nier pro­jet dont le titre, semble-t-il, risque de déclen­cher des sen­ti­ments de crainte consi­dé­rable. La guerre à venir, vous êtes d’accord, c’est du lourd. Pou­vez-vous décrire ce qui vous a pous­sé à avoir ce regard par­ti­cu­lier sur les évé­ne­ments mon­diaux, spé­cia­le­ment la manière dont vous les voyez se dérou­ler en Asie orientale ?

    John Pil­ger : – Le film reprend le thème d’une grande par­tie de mon tra­vail. Il cherche à expli­quer com­ment une grande puis­sance s’impose sur les peuples, com­ment elle cache son jeu et les dan­gers qu’elle fait craindre. Ce film est sur les États-Unis, plus du tout sûrs de leur puis­sance, et cher­chant à ravi­ver la Guerre froide. La Guerre froide a de nou­veau été lan­cée sur deux fronts : contre la Rus­sie et contre la Chine. Je me concentre sur la Chine dans ce film sur la région Asie-Paci­fique. Il débute aux îles Mar­shall où les États-Unis ont fait explo­ser 67 bombes ato­miques, des armes nucléaires, entre 1946 et 1958, lais­sant cette par­tie du monde gra­ve­ment endom­ma­gée en termes humains et envi­ron­ne­men­taux. Et cet assaut sur les Mar­shall conti­nue. Sur la plus grande île, Kwa­ja­lein, il y a une base impor­tante et secrète des États-Unis, appe­lée le centre d’expérimentation Ronald Rea­gan, qui a été créé dans les années 1960, comme le montrent les archives que nous uti­li­sons, « pour lut­ter contre la menace chi­noise ».

    Le film se déroule éga­le­ment à Oki­na­wa, comme vous le savez. Une par­tie du sujet est de mon­trer la résis­tance au pou­voir et à la guerre par un peuple qui vit le long de la ligne de clô­ture des bases amé­ri­caines dans leur pays d’origine. Le titre du film a un lien cer­tain avec ce sujet, car il est conçu comme un aver­tis­se­ment. Les docu­men­taires de ce genre ont la res­pon­sa­bi­li­té d’alerter les gens, si néces­saire pour les pré­ve­nir, et leur indi­quer les moyens de résis­tance à ces plans rapaces. Le film mon­tre­ra que la résis­tance à Oki­na­wa est remar­quable, effi­cace et peu connue dans le monde entier. Oki­na­wa héberge 32 ins­tal­la­tions mili­taires amé­ri­caines. Près d’un quart du ter­ri­toire est occu­pé par des bases amé­ri­caines. Le ciel est sou­vent bon­dé d’avions mili­taires ; l’arrogance de l’occupant est res­sen­tie quo­ti­dien­ne­ment. Oki­na­wa est de la taille de Long Island. Ima­gi­nez une base chi­noise implan­tée juste à côté de New York.

    Je suis aus­si allé fil­mer dans l’île de Jeju, au large de la pointe sud de la Corée, où quelque chose de très simi­laire s’est pas­sé. Les gens de Jeju ont essayé d’empêcher la construc­tion d’une base impor­tante et pro­vo­ca­trice à envi­ron 400 miles de Shan­ghai. La marine sud-coréenne la gar­de­ra prête pour les États-Unis. C’est véri­ta­ble­ment une base amé­ri­caine où des des­troyers de classe Aegis seront à quai aux cotés de sous-marins nucléaires et de porte-avions, à por­tée de la Chine. Comme Oki­na­wa, Jeju a une his­toire rem­plie d’invasions, de souf­france et de résistance.

    En Chine, j’ai déci­dé de me concen­trer sur Shan­ghai, qui est un des centres de l’histoire et des convul­sions de la Chine moderne, de son entrée dans la moder­ni­té. Mao et ses cama­rades y ont fon­dé le Par­ti com­mu­niste de Chine, dans les années 1920. Aujourd’hui, la mai­son où ils se sont réunis en secret est entou­rée par les sym­boles de la socié­té de consom­ma­tion : un Star­bucks se trouve juste en face. Les contra­dic­tions de la Chine contem­po­raine crèvent l’œil.

    Le der­nier cha­pitre du film se déroule aux États-Unis, où j’ai inter­viewé ceux qui pla­ni­fient le jeu de guerre contre la Chine et ceux qui nous alertent sur ses dan­gers. J’y ai ren­con­tré des gens impres­sion­nants : Bruce Cum­mings, l’historien dont le der­nier livre sur la Corée en révèle l’histoire secrète, et David Vine, dont le tra­vail com­plet sur les bases amé­ri­caines a été publié l’an der­nier. J’ai fil­mé une inter­view au Dépar­te­ment d’État avec le secré­taire d’État adjoint pour l’Asie et le Paci­fique, Daniel Rus­sell, qui a dit que les États-Unis « n’étaient plus dans les affaires de construc­tion de bases ». Les États-Unis pos­sèdent envi­ron 5 000 bases ;  4 000 aux États-Unis même et près d’un mil­lier éta­lées sur tous les conti­nents. Regrou­per tout cela ensemble, lui don­ner du sens, rendre jus­tice à tout le monde, autant que pos­sible, sont à la fois le plai­sir et la souf­france de la créa­tion ciné­ma­to­gra­phique. Ce que je sou­haite expri­mer à tra­vers ce film est que nous cou­rons de grands risques, qui ne sont pas recon­nus. Je dois dire que j’ai l’impression d’être dans un autre monde, aux États-Unis, pen­dant cette cam­pagne pré­si­den­tielle qui n’aborde aucun de ces risques.

    Mais ce n’est pas tout à fait exact. Donald Trump semble s’y être inté­res­sé sérieu­se­ment si ce n’est momen­ta­né­ment. Ste­phen Cohen, l’autorité renom­mée sur la Rus­sie qui a sui­vi cela de près, sou­ligne que Trump a dit clai­re­ment qu’il dési­rait des rela­tions ami­cales avec la Rus­sie et la Chine. Hil­la­ry Clin­ton a atta­qué Trump pour cela. Soit dit en pas­sant, Cohen lui-même a été atta­qué pour avoir sug­gé­ré que Trump n’était pas un va-t-en-guerre maniaque au sujet la Rus­sie. Pour sa part, Ber­nie San­ders est res­té  silen­cieux ; de toute façon il est du côté de Clin­ton main­te­nant. Comme ses cour­riels le montrent, Clin­ton semble vou­loir détruire la Syrie afin de pro­té­ger le mono­pole nucléaire d’Israël. Rap­pe­lez-vous ce qu’elle a fait à la Libye et Kadha­fi. En 2010, en tant que secré­taire d’État, elle a trans­for­mé un dif­fé­rend qui n’était que régio­nal, en mer de Chine du Sud, en un litige impli­quant l’Amérique. Elle en a fait une ques­tion inter­na­tio­nale, un point de ten­sion. L’année sui­vante, Oba­ma a annon­cé son pivot vers l’Asie, un jar­gon pour jus­ti­fier la plus grande accu­mu­la­tion de forces mili­taires amé­ri­caines en Asie depuis la Seconde Guerre mon­diale. L’actuel secré­taire à la Défense Ash Car­ter a récem­ment annon­cé que des mis­siles et des hommes seraient basés aux Phi­lip­pines, face à la Chine. Cela se passe alors que l’OTAN pour­suit son ren­for­ce­ment mili­taire étrange en Europe, aux fron­tières de la Rus­sie. Aux Etats-Unis, où les médias de toutes formes sont omni­pré­sents et où la presse est consti­tu­tion­nel­le­ment la plus libre au monde, il n’y a aucune conver­sa­tion natio­nale, encore moins de débat, au sujet de ces déve­lop­pe­ments. Dans un sens, le but de mon film est d’aider à bri­ser le silence.

    Daniel Brou­dy : – Il est tout à fait éton­nant de voir que les deux prin­ci­paux can­di­dats démo­crates n’ont pra­ti­que­ment rien dit de sub­stan­tiel sur la Rus­sie et la Chine et sur la poli­tique que les États-Unis déve­loppent face a eux. Comme vous l’avez dit, il est iro­nique de consta­ter que Trump, un homme d’affaires, parle de la Chine de cette façon.

    John Pil­ger : – Trump est impré­vi­sible, mais il a clai­re­ment dit qu’il n’avait pas envie d’entrer en guerre contre la Rus­sie et la Chine. À un moment don­né, il a dit qu’il serait même neutre au Moyen-Orient. C’était une héré­sie, et il a fait marche arrière sur ce point. Ste­phen Cohen a dit qu’il [Cohen] avait été atta­qué uni­que­ment pour avoir par­lé de cela [les points posi­tifs de Trump]. J’ai écrit quelque chose de simi­laire récem­ment et cela a remué une sous-strate de médias sociaux. Plu­sieurs per­sonnes l’ont inter­pré­té comme un  sou­tien à Trump.

    Maki Suna­ga­wa : – Je vou­drais reve­nir à cer­tains de vos tra­vaux pré­cé­dents qui nous ramènent au pré­sent. Dans votre film, Stea­ling a Nation [Voler une nation, NdT], Char­le­sia Alexis parle de ses plus beaux sou­ve­nirs de Die­go Gar­cia, en sou­li­gnant que « nous pou­vions man­ger de tout ; on n’a jamais man­qué de quoi que ce soit, et on n’a jamais ache­té quoi que ce soit, sauf pour les vête­ments que nous por­tions ». Ces paroles me rap­pellent les lieux et les cultures paci­fiques et vierges, à tra­vers le monde, qui exis­taient avant que les tech­niques colo­ni­sa­trices clas­siques n’aient été appli­quées aux peuples et aux envi­ron­ne­ments autoch­tones. Pour­riez-vous déve­lop­per un peu plus sur les détails que vous avez décou­verts, lors de vos recherches sur Die­go Gar­cia, qui illus­trent des faits sur cette force insi­dieuse que nous endu­rons encore aujourd’hui ?

    John Pil­ger : – Ce qui est arri­vé aux gens de Die­go Gar­cia est un crime épique. Ils ont été expul­sés, tous, par la Grande-Bre­tagne et les États-Unis. La vie que vous venez de décrire, la vie de Char­le­sia, a été déli­bé­ré­ment détruite. Depuis leur expul­sion, qui a com­men­cé dans les années 1970, le peuple des Cha­gos a orga­ni­sé une résis­tance infa­ti­gable. Comme vous le dites, leur his­toire repré­sente celle des peuples autoch­tones par­tout dans le monde. En Aus­tra­lie, les peuples autoch­tones ont été expul­sés de leurs com­mu­nau­tés et bru­ta­li­sés. L’Amérique du Nord a connu une his­toire simi­laire. Les popu­la­tions autoch­tones sont pro­fon­dé­ment mena­çantes pour les socié­tés de colons car elles repré­sentent une autre vie, une autre façon de vivre, une autre façon de voir les choses ; ils peuvent accep­ter la sur­face de notre mode de vie, sou­vent avec des résul­tats tra­giques, mais le sens de leur vie ne se satis­fait pas de la  cap­ti­vi­té. Si nous, modernes, étions aus­si intel­li­gents que nous croyons l’être, nous appren­drions d’eux. Au lieu de cela, nous pré­fé­rons le confort spé­cieux de notre igno­rance et de nos pré­ju­gés. J’ai eu beau­coup de rap­ports avec les peuples autoch­tones de l’Australie. J’ai fait un cer­tain nombre de films à leur sujet et sur leurs oppres­seurs, et j’admire leur rési­lience et leur résis­tance. Ils ont beau­coup en com­mun avec le peuple de Die­go Gar­cia. Car l’injustice et la cruau­té y sont simi­laires : les habi­tants des Cha­gos ont été trom­pés, inti­mi­dés et for­cés à quit­ter leur patrie. Afin de les effrayer, les auto­ri­tés colo­niales bri­tan­niques ont tué leurs chiens de com­pa­gnie bien-aimés. Puis ils les ont char­gés sur un vieux car­go avec une car­gai­son de merde d’oiseaux, et les ont jetés dans les bidon­villes de l’île Mau­rice et des Sey­chelles. Cette hor­reur est décrite en détails mépri­sants dans les docu­ments offi­ciels. L’un d’eux, écrit par l’avocat du Forei­gn Office, est inti­tu­lé, main­te­nir la fic­tion. En d’autres termes : com­ment entre­te­nir un gros men­songe. Le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique a men­ti à l’Organisation des Nations Unies en pré­ten­dant que les habi­tants des Cha­gos étaient destra­vailleurs tem­po­raires. Une fois expul­sés, ils ont été vola­ti­li­sés ; un docu­ment du minis­tère de la Défense a même pré­ten­du n’y avait jamais eu de popu­la­tion sur l’ile.

    Ce fut un tableau gro­tesque de l’impérialisme moderne : un mot d’ailleurs sup­pri­mé presque avec suc­cès du dic­tion­naire. Il y a quelques semaines, les Cha­gos­siens ont vu leur appel à la Cour suprême bri­tan­nique reje­té. Ils avaient fait appel d’une déci­sion prise par la Chambre des Lords en 2009 qui leur refu­sait le droit de ren­trer à la mai­son, même si une série d’arrêts de la Haute Cour avait déjà été ren­due en leur faveur. Lorsque la jus­tice bri­tan­nique est appe­lée à sta­tuer entre les droits de l’homme et les droits d’une grande puis­sance, ses déci­sions pure­ment poli­tiques sont presque mises à nu.

    Daniel Brou­dy : – En enten­dant, au cours des deux der­nières décen­nies, les gens par­ler de la grande beau­té de Die­go Gar­cia, de ses acti­vi­tés marines offertes à tous ceux assez chan­ceux pour être sta­tion­nés ou tem­po­rai­re­ment affec­tés là bas, je suis tou­jours frap­pé par l’ignorance déter­mi­née de ceux qui y vont et viennent allè­gre­ment, sans être per­tur­bés par l’histoire de l’île. Peut-être que les médias, que beau­coup de gens consomment, contri­buent à un tel déta­che­ment de la prise de conscience indi­vi­duelle. La ligne claire qui, avant, sépa­rait tra­di­tion­nel­le­ment la publi­ci­té com­mer­ciale civile des rela­tions publiques mili­taires semble avoir effec­ti­ve­ment dis­pa­ru dans ces com­mu­ni­ca­tions de masse. De nos jours, des publi­ca­tions civiles portent des titres comme : le clas­se­ment des meilleurs bases mili­taires outre mer. L’auteur d’un récent article sou­ligne que le per­son­nel de ces bases admet son rêve de voir le monde comme rai­son cen­trale moti­vant leur ser­vice mili­taire outre mer. Je me demande si le sys­tème actuel per­met, encou­rage à se voir comme une sorte de voya­geur du monde cos­mo­po­lite et, ain­si, contri­bue à déve­lop­per en soi un sens super­fi­ciel du monde. Un sens qui voile aus­si des réa­li­tés et des his­toires hor­ribles, comme à Die­go Gar­cia, situées juste hors de vue. Pen­sez-vous que peut-être le pro­ces­sus de com­mer­cia­li­sa­tion et d’idéalisation de ces acti­vi­tés mili­taires a joué un cer­tain rôle dans le main­tien du réseau mon­dial de bases militaires ?

    John Pil­ger : – Convaincre les jeunes hommes et les femmes à se joindre à une armée de volon­taires est pos­sible en leur offrant le genre de sécu­ri­té qu’ils ne rece­vraient pas autre­ment, dans les périodes éco­no­miques dif­fi­ciles, et en fai­sant en sorte que cela semble être une aven­ture. Ajou­tons à cela la pro­pa­gande patrio­tique. Les bases sont des petites Amé­riques ; vous pou­vez être à l’étranger dans des cli­mats exo­tiques, mais pas vrai­ment ; c’est proche d’une vie vir­tuelle. Lorsque vous vous confron­tez aux  locaux, vous pou­vez sup­po­ser que l’aventure dans laquelle vous êtes par­ti com­prend l’autorisation d’en abu­ser ; ils ne font pas par­tie de cette petite Amé­rique, de sorte qu’ils peuvent être abu­sés. Les habi­tants d’Okinawa ne le savent que trop bien.

    Je regar­dais quelques films d’archives inté­res­sants sur l’une des bases d’Okinawa. La femme d’un des sol­dats basés là dit : « Oh, nous essayons de sor­tir une fois par mois pour avoir un repas local et avoir une idée de l’endroit où nous sommes. » Avant de quit­ter les îles Mar­shall, l’an der­nier, mon équi­page et moi avons dû pas­ser par le centre d’expérimentation Ronald Rea­gan sur l’atoll de Kwa­je­lein. Ce fut une expé­rience kaf­kaïenne. On a pris nos empreintes digi­tales et nos iris ont été enre­gis­trés, notre taille mesu­rée, des pho­tos de nous prises sous tous les angles. C’était comme si nous étions en état d’arrestation. C’était la porte d’entrée d’une petite Amé­rique avec son ter­rain de golf, ses pistes de jog­ging et ses pistes cyclables avec chiens et enfants. Les jar­di­niers pour les ter­rains de golf et de contrôle du chlore dans les pis­cines viennent d’une île située de l’autre coté de la baie, Ebeye, d’où ils sont trans­por­tés par les mili­taires. Ebeye fait envi­ron deux kilo­mètres de long, où sont entas­sées 12 000 per­sonnes. Ce sont des réfu­giés en pro­ve­nance des îles Mar­shall qui ont subi les essais nucléaires. L’approvisionnement en eau et l’assainissement y fonc­tionnent à peine. C’est un apar­theid en plein Paci­fique. Les Amé­ri­cains de la base n’ont aucune idée de la façon dont les insu­laires vivent. Ils [les membres de la com­mu­nau­té mili­taire] se font des bar­be­cues au cou­cher du soleil. Quelque chose de sem­blable est arri­vée à Die­go Gar­cia. Une fois que les gens ont été expul­sés, les bar­be­cues et le ski nau­tique pou­vaient commencer.

    À Washing­ton, le secré­taire d’État adjoint que j’ai inter­viewé a dit que les États-Unis étaient en fait anti-impé­ria­listes. Il était impas­sible et pro­ba­ble­ment sin­cère, a peine conscient. Ce n’est pas rare. Vous pou­vez dire à des gens de niveau aca­dé­mique aux États-Unis : « Les États-Unis ont le plus grand empire que le monde ait connu, et voi­ci pour­quoi, voi­ci les preuves. » Il est fort pro­bable que cette conclu­sion soit reçue avec une expres­sion d’incrédulité.

    Daniel Brou­dy : – Cer­taines des choses dont vous par­lez me rap­pellent ce que j’appris par d’anciens amis au Dépar­te­ment d’État. Il y a tou­jours un risque que les employés du Dépar­te­ment d’État ou des per­sonnes ser­vant dans l’armée à l’étranger « tournent locaux », c’est à dire com­mencent à sym­pa­thi­ser avec les gens de la popu­la­tion locale.

    John Pil­ger : – Je suis d’accord. Quand ils com­pa­tissent, ils se rendent compte que la rai­son pour laquelle ils sont là est un non-sens. Cer­tains des lan­ceurs d’alerte les plus effi­caces sont des ex-militaires.

    Daniel Brou­dy : – Peut-être que les bar­rières sont plus des­ti­nées à rap­pe­ler aux mili­taires des bases qu’il existe une limite à ne pas fran­chir vis à vis des locaux plu­tôt que d’empêcher les étran­gers [les locaux] de péné­trer la zone [à l’intérieur].

    John Pil­ger : – Oui, c’est « eux et nous ». Si vous allez à l’extérieur de la clô­ture, il y a tou­jours le risque que vous acqué­riez la com­pré­hen­sion d’une autre socié­té. Cela peut vous conduire à vous poser la ques­tion de savoir pour­quoi la base est là. Cela ne se pro­duit pas sou­vent, car une autre ligne de clô­ture tra­verse la conscience militaire.

    Maki Suna­ga­wa : – Lorsque vous regar­dez en arrière sur vos lieux de repé­rage à Oki­na­wa ou lorsque vous avez entre­pris cer­taines prises de vue pour ce pro­jet, quels sont les sou­ve­nirs les plus inou­bliables et / ou les plus cho­quants que vous en avez ? Y‑a-t-il des scènes ou des conver­sa­tions que vous n’oublierez pas ?

    John Pil­ger : – Eh bien, il y en a un cer­tain nombre. Je me suis sen­ti pri­vi­lé­gié de ren­con­trer Fumi­ko [Shi­ma­bu­ku­ro], qui est une source d’inspiration. Ceux qui avaient réus­si à élire le gou­ver­neur Ona­ga et à sécu­ri­ser Heno­ko et la ques­tion de toutes les bases dans l’agenda poli­tique japo­nais sont par­mi les gens de prin­cipe les plus dyna­miques que j’ai ren­con­tré : plein d’imagination et si gracieux.

    L’écoute de la mère de l’un des jeunes qui a fini par mou­rir de ses ter­ribles bles­sures lorsqu’un chas­seur amé­ri­cain s’est écra­sé sur l’école [à Ishi­ka­wa] en 1959 a été un rap­pel bru­tal de la peur dans laquelle les gens vivent. Une ensei­gnante m’a dit qu’elle n’a, depuis, jamais ces­sé de regar­der avec anxié­té quand elle entend le bruit d’un aéro­nef au-des­sus de sa classe. Lorsque nous tour­nions à l’extérieur du Camp Schwab, nous étions (ain­si que tous les mani­fes­tants) déli­bé­ré­ment har­ce­lés par d’énormes héli­co­ptères Sea Stal­lion, qui volaient en cercles au des­sus de nous. C’était un avant-goût de ce que les gens d’Okinawa doivent vivre, jour après jour. Il y a sou­vent une ren­gaine chez les per­sonnes libé­rales, dans les socié­tés confor­tables, confron­tées à des véri­tés désa­gréables : « Alors, qu’est-ce que je peux faire pour chan­ger cela ? » Je dirais qu’il faut faire comme les habi­tants d’Okinawa ont fait : vous ne lâchez pas prise et vous continuez.

    Résis­tance n’est pas un mot que vous enten­dez ou voyez sou­vent dans les médias occi­den­taux. Il est consi­dé­ré comme un mot d’un autre monde, inuti­li­sé par les gens polis, les gens res­pec­tables. C’est un mot dif­fi­cile à retour­ner et à chan­ger. La résis­tance que j’ai trou­vée à Oki­na­wa est une source d’inspiration.

    Maki Suna­ga­wa : – Oui, je sup­pose que lorsque vous faites par­tie de la résis­tance, il n’est pas si facile de voir son effi­ca­ci­té aus­si bien. Très sou­vent, quand je fais des recherches sur le ter­rain, des entre­vues, des prises de notes, et de l’écriture, il faut un cer­tain temps pour prendre un peu de recul et regar­der les détails de façon plus objec­tive afin de com­prendre l’histoire plus pro­fonde sur laquelle je suis en train de réflé­chir. Je me demande, au cours du pro­ces­sus d’édition de ce nou­veau film, si vous pou­vez nous par­ler des nou­velles et impor­tantes leçons que vous en avez tirées, pen­dant que le scé­na­rio s’est formé.

    John Pil­ger : – Eh bien, faire un film comme celui-ci est vrai­ment un voyage de décou­verte. Vous com­men­cez avec un sché­ma glo­bal et un ensemble d’idées et d’hypothèses, et vous ne savez jamais vrai­ment où cela va vous mener. Je n’avais jamais été à Oki­na­wa, alors j’en ai acquis de nou­velles idées et expé­riences : un nou­veau sens des peuples, et je vou­drais que le film reflète cela.

    Les îles Mar­shall ont été aus­si une nou­veau­té pour moi. Là bas, à par­tir de 1946, les États-Unis ont tes­té l’équivalent d’une bombe d’Hiroshima chaque jour pen­dant douze ans. Les habi­tants des Mar­shall sont encore uti­li­sés comme cobayes. Des mis­siles sont tirés sur les lagons de l’atoll de Kwa­je­lein depuis la Cali­for­nie. L’eau est empoi­son­née, les pois­sons non comes­tibles. Les gens sur­vivent en man­geant des conserves. J’ai ren­con­tré un groupe de femmes qui étaient des sur­vi­vantes des essais nucléaires autour des atolls de Biki­ni et Ron­ge­lap. Elles avaient toutes per­du leurs glandes thy­roïdes. C’étaient des femmes dans la soixan­taine. Elles avaient sur­vé­cu, incroya­ble­ment. Ce sont des per­son­na­li­tés géné­reuses ayant un grand sens de l’humour noir. Elles ont chan­té pour nous, nous ont offert des cadeaux et ont dit qu’elles étaient heu­reuses que nous soyons venus les fil­mer. Elles aus­si font par­tie d’une résis­tance invisible.

    Tra­duit par Wayan, relu par Cathe­rine pour le Saker Francophone.

    Source : http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​u​n​e​-​a​v​a​n​t​-​p​r​e​m​i​e​r​e​-​d​e​-​l​a​-​g​u​e​r​r​e​-​a​-​v​e​n​i​r​-​e​n​t​r​e​-​l​a​-​c​h​i​n​e​-​e​t​-​l​a​m​e​r​i​que

    Réponse
  8. etienne

    J’aime écou­ter cette jeune fille.

    Keny Arka­naa : « On a dit non à la guerre… l’his­toire se répète »

    Réponse
  9. etienne

    Fausses bannières flottant sur les foutaises de l’Empire


    Saker US
    Saker US

    Par The Saker – Le 29 juillet 2016 – Source the​sa​ker​.is

    Lorsque je pense aux récents déve­lop­pe­ments aux États-Unis (tir de Dal­las, fusillade d’Orlando) et en Europe (Nice, le prêtre assas­si­né, les tirs en Alle­magne), j’éprouve ce sen­ti­ment déplai­sant que quelque chose ne va pas. Pour une rai­son, leurs auteurs sont tota­le­ment ridi­cules : des pseu­do-musul­mans qui se révèlent être des ivrognes homo­sexuels, d’anciens patients d’institutions psy­chia­triques – la sorte de gens que j’appelle des musul­mans du jour au len­de­main : ils font tout pour dire Allah Akbar un grand nombre de fois, mais à part ça, ils ne montrent aucun signe de l’islam. En fait, loin d’être des com­bat­tants aguer­ris de Daech, ce sont tous des per­dants aux per­son­na­li­tés faibles. Exac­te­ment le genre de gens dont les ser­vices spé­ciaux (et les sectes reli­gieuses) aiment à faire des proies parce qu’ils sont faibles et faciles à mani­pu­ler. Oh oui, je sais, les bonnes gens de Daech ne cessent d’affirmer que l’auteur est l’un d’entre eux, mais cela ne prouve rien (à part, peut-être que Daech déses­père d’accroître sa notoriété).

    Je n’en ai aucune preuve, évi­dem­ment, mais j’éprouve le sen­ti­ment très fort que quelqu’un fait beau­coup d’efforts pour effrayer la foule des télé­spec­ta­teurs. Mais pour­quoi ? Pour­quoi quelqu’un s’efforcerait-il de créer une menace tota­le­ment fictive ?

    Devrions-nous vrai­ment reje­ter tous les témoins innom­brables qui parlent de « plus d’un tireur » ? Qu’en est-il de la sur­en­chèreabso­lu­ment ridi­cule lorsque des cen­taines de poli­ciers sont envoyés pour affron­ter un seul tireur ? Cela ne vous semble-t-il pas bizarre ? Suis-je le seul à pen­ser que ce qui nous est mon­tré est un spec­tacle soi­gneu­se­ment chorégraphié ?

    Et puis il y a la fausse rumeur sur la menace isla­mique. OK, c’est vrai que tous ces isla­mo-ter­ro­ristes ont dit aux flics, et à qui­conque vou­lait les écou­ter, qu’ils tuent les infi­dèles pour la plus grande gloire de Dieu. Cela me rap­pelle les pas­se­ports uti­le­ment retrou­vés à New York le 911 (et lors des attaques de Char­lie Heb­do) ou com­ment les pré­ten­dus ter­ro­ristes du 911 ont lais­sé des copies du Coran dans les bars où ils s’offraient des lap dances [danse éro­tique pro­po­sée dans cer­taines boîtes de nuit, NdT]. Le pro­blème avec tout ce non-sens est qu’il y a exac­te­ment zéro preuve qu’aucun de ces ter­ro­ristes avait une quel­conque for­ma­tion ou croyance musul­mane réelle. D’ailleurs, si cha­cun d’entre eux s’était trans­for­mé en un musul­man pro­fon­dé­ment reli­gieux et pieux, cela ne prou­ve­rait encore rien. L’IRA était catho­lique romaine et pour­tant per­sonne ne par­lait de menace catho­lique. C’est vrai, il y a une menace très réelle sur tout le Moyen-Orient de la part des cin­glés de Daech (oui, ceux-là dont les États-Unis veulent que les Russes cessent de les bom­bar­der), mais il n’y a aucune preuve d’aucune sorte d’une quel­conque véri­table subor­di­na­tion / coor­di­na­tion entre les tak­fi­ris au Moyen-Orient et les auteurs des récents meurtres de masse aux États-Unis et en Europe.

    Le cui bono, bien sûr, pointe immé­dia­te­ment les inté­rêts qui veulent déses­pé­ré­ment ren­for­cer le mythe fra­gile de la menace isla­mique : les sio­nistes, évi­dem­ment, mais aus­si les élites néo­cons aux États-Unis et dans l’Union européenne.

    Pensez‑y : leur grand espoir était que la Rus­sie enva­hisse le Don­bass (ou, même mieux, l’Ukraine tout entière) et la libère des fous nazis que les néo­cons ont mis au pou­voir à Kiev. Un tel geste aurait été uti­li­sé comme une preuve que les méchants Russes revan­chards sont en train de recons­truire l’Union sovié­tique, d’envahir l’Europe de l’Est et peut-être même d’amener leurs chars jusqu’à la Manche. Et s’il y avait suf­fi­sam­ment de gens pour gober la théo­rie de la menace russe, ils devraient aus­si accep­ter des bud­gets mili­taires plus impor­tants (pour engrais­ser encore plus le com­plexe mili­ta­ro-indus­triel US) et le déploie­ment de plus de troupes amé­ri­caines en Europe de l’Est (où elles four­ni­raient une source de reve­nus très utile, et par­fois unique). Ensuite tous les pro­blèmes internes de l’Europe auraient pu être impu­tés à la menace russe, ou du moins éclip­sés par elle (dans le style « Pou­tine veut un Brexit »). Mais cet irri­tant Pou­tine n’a pas mor­du à l’hameçon et main­te­nant l’Europe est coin­cée sans menace cré­dible pour ter­ro­ri­ser les gens. L’OTAN, bien sûr, et ses colo­nies pros­ti­tuées que sont les pays baltes et la Pologne, aiment à pré­tendre qu’une inva­sion russe est immi­nente, mais per­sonne ne les croit vrai­ment. Selon cer­tains son­dages d’opinion, même les popu­la­tions des pays baltes doutent de la réa­li­té d’une menace russe (oubliez la Pologne : un pays avec un héros natio­nal comme Pil­sud­ski est un cas désespéré).

    Mais alors, presque au même moment où les néo­cons ont réa­li­sé que les Russes ne mor­daient pas à l’hameçon, le flux constant de réfu­giés en pro­ve­nance du Moyen-Orient et d’Afrique a subi­te­ment for­te­ment aug­men­té, résul­tat de la des­truc­tion et du chaos créés par la poli­tique néo­con au Moyen-Orient. À votre avis, com­bien cela a‑t-il pris de temps aux diri­geants de l’Empire pour réa­li­ser l’occasion fan­tas­tique que ce flux de réfu­giés venait de créer pour eux ?

    Pre­miè­re­ment, cette vague de réfu­giés pro­voque une série de pro­blèmes sociaux impor­tants qui peuvent tous être uti­li­sés pour offrir des dis­trac­tions à la crise de cré­di­bi­li­té mas­sive et aux dif­fi­cul­tés éco­no­miques de l’UE. Peu importe à quel point les indi­ca­teurs éco­no­miques sont mau­vais, vous pou­vez tou­jours les cacher der­rière un gros titre du genre Refu­gee rapes 79yo woman at Ger­man ceme­te­ry [Un réfu­gié viole une femme de 79 ans dans un cime­tière alle­mand] (un cas véri­dique, cli­quez sur le lien pour véri­fier vous-mêmes).

    Deuxiè­me­ment, exac­te­ment au moment où les élites com­pra­dores qui dirigent l’Union euro­péenne sont mena­cées par le mécon­ten­te­ment popu­laire, la crise des réfu­giés crée le pré­texte par­fait pour adop­ter des lois d’urgence et, si pos­sible, intro­duire la loi martiale.

    Troi­siè­me­ment, plus la crise en Europe empire, mieux c’est pour le dol­lars US, qui devient la devise (plus) sûre où se réfugier.

    Qua­triè­me­ment, plus il y a d’unités mili­taires, par oppo­si­tion aux forces de police régu­lières, déployées en Europe, plus les Euro­péens s’habitueront à l’idée que « seule l’armée peut nous protéger ».

    Cin­quiè­me­ment, si, pour finir, des chars et des émeutes, des sou­lè­ve­ments et des révoltes se répandent dans l’Union euro­péenne – devi­nez qui se pré­sen­te­ra pour « sau­ver encore une fois l’Europe » ? Exac­te­ment : Oncle Sam et l’OTAN. Une assez bonne mis­sion pour un ves­tige, illé­gi­time autre­ment, de la Guerre froide, non ?

    Idéa­le­ment, la popu­la­tion euro­péenne devrait se pola­ri­ser entre, d’une part, ceux qui pré­tendent que les réfu­giés ne sont pas du tout un pro­blème et ceux qui les accusent de tout. Plus la socié­té se pola­rise, plus il sera néces­saire de main­te­nir la loi et l’ordre.

    Est-ce que tout cela vous semble familier ?

    Oui, bien sûr, c’est aus­si exac­te­ment ce qui se passe aux États-Unis avec le mou­ve­mentBlack Lives Mat­ter (BLM).

    Bien qu’il y ait énor­mé­ment d’immigrants aux États-Unis, ceux-ci sont prin­ci­pa­le­ment desHis­pa­niques et des Asia­tiques, qui s’adaptent plu­tôt bien à la socié­té amé­ri­caine. La bonne nou­velle pour l’État pro­fond éta­su­nien est que les Noirs aux États-Unis peuvent tout à fait assu­mer la même fonc­tion que les réfu­giés en Europe : ils sont une mino­ri­té bruyante, pro­fon­dé­ment alié­née, ani­mée d’une grande colère refou­lée contre le reste de la socié­té, et qui peut très faci­le­ment être mise en branle pour pro­vo­quer des émeutes et com­mettre des crimes. Il est aus­si assez facile de trou­ver quelques cin­glés par­mi ces Noirs pour com­men­cer à assas­si­ner des poli­ciers (le sym­bole idéal de l’esta­blish­ment blanc oppres­seur) et pro­vo­quer un sen­ti­ment de crise suf­fi­sam­ment aigu pour jus­ti­fier le recours à la police, à la Garde natio­nale et, poten­tiel­le­ment, aux forces armées pour res­tau­rer et main­te­nir la loi et l’ordre.

    Est-ce vrai­ment une coïn­ci­dence si les élec­tions pré­si­den­tielles amé­ri­caines pré­sentent des figures extrê­me­ment pola­ri­santes comme Hil­la­ry et Trump et que de la vio­lence, à un niveau assez faible, ait déjà été atti­sée par la pro­pa­gande anti-Trump hys­té­rique des médias com­mer­ciaux amé­ri­cains ? Ima­gi­nez seule­ment pen­dant une seconde ce qui pour­rait se pas­ser aux États-Unis si un tireur soli­taire tuait Hil­la­ry ou Trump ? La socié­té explo­se­rait lit­té­ra­le­ment et la loi et l’ordre devraient être res­tau­rés.

    Les moda­li­tés peuvent dif­fé­rer, mais tant dans l’Union euro­péenne qu’aux États-Unis nous voyons aujourd’hui des forces lour­de­ment armées et géné­ra­le­ment mili­ta­ri­sées dans les rues pour nous pro­té­ger de quelque menace exo­tique et effrayante.

    Cela aurait-il à voir avec le fait que les élites diri­geantes sont abso­lu­ment haïes par l’immense majo­ri­té des Euro­péens et des Amé­ri­cains ? Évidemment !

    Je suis convain­cu que ce qui se passe est la sup­pres­sion pro­gres­sive de la socié­té civile sous pré­texte de la pro­té­ger – nous – d’une menace épou­van­table. Je suis aus­si convain­cu qu’une par­tie de ce plan est de pola­ri­ser autant que pos­sible notre socié­té pour créer des troubles civils et pour dis­si­mu­ler les véri­tables pro­blèmes sys­té­miques et struc­tu­rels de notre socié­té tota­le­ment dys­fonc­tion­nelle et l’ordre poli­tique dis­cré­di­té et illégitime.

    La méthode du panem et cir­censes (du pain et des jeux) ne fonc­tionne que dans une socié­té capable de four­nir suf­fi­sam­ment de richesse à sa popu­la­tion pour qu’elle en jouisse. Mais lorsqu’un Empire ago­nise, lorsque son armée ne peut plus gagner de guerre, lorsque son chef est ridi­cu­li­sé, lorsque sa mon­naie est gra­duel­le­ment affai­blie et même rem­pla­cée et lorsque sa puis­sance n’est plus crainte, alors l’Empire devient inca­pable d’assurer les condi­tions mini­males néces­saires pour main­te­nir ses sujets tran­quilles et obéis­sants. À ce stade, le choix devient simple : trou­ver un enne­mi exté­rieur ou, au moins, en iden­ti­fier un à l’intérieur. Cette fois, les Anglo­sio­nistes ont trou­vé ce qu’ils pensent être la com­bi­nai­son par­faite : une menace externe dif­fuse et vague (l’islam) et un por­teur de menace interne faci­le­ment iden­ti­fiable (les réfu­giés en Europe, les Noirs aux États-Unis). Le fait que le gou­ver­ne­ment éta­su­nien ait pla­ni­fié diverses situa­tions d’état d’urgence ou de loi mar­tiale depuis des années n’est plus vrai­ment un secret (voir Natio­nal Secu­ri­ty Pre­si­den­tial Direc­tive 51 et Natio­nal Conti­nui­ty Poli­cy Imple­men­ta­tion Plan ou Rex84), mais main­te­nant il y a la preuve que les Alle­mands l’envisagent aus­si. En fait, nous pou­vons leur faire confiance, ils le pla­ni­fient. Ils sont à l’œuvre au moment même où nous en parlons.

    La der­nière fois que l’Empire a res­sen­ti le besoin de reprendre le contrôle sur l’Europe et d’empêcher l’élection au pou­voir de par­tis poli­tiques anti-amé­ri­cains, il s’est enga­gé dans la célèbre cam­pagne de coups sous fausse ban­nière de l’Opération Gla­dio pour neu­tra­li­ser la menace com­mu­niste (voir le docu­men­taire com­plet https://​you​tu​.be/​G​G​H​X​j​O​8​w​HsA). Il semble que les mêmes gens fassent de nou­veau la même chose, mais cette fois contre la sup­po­sée menace isla­mique. Et juste pour s’assurer que les gens ordi­naires paniquent vrai­ment, il semble que les Anglo­sio­nistes ont éta­bli un plan assez contre-intuitif :

    1) Pour les poli­ti­ciens : condam­ner offi­ciel­le­ment toute rhé­to­rique anti-musulmane

    2) Pour les médias, les per­son­na­li­tés publiques : mettre offi­cieu­se­ment et constam­ment en garde contre l’extrémisme islamique

    3) Prendre quelques mesures très visibles mais tota­le­ment inutiles (mesures de sécu­ri­té des trans­ports [TSA], for­ma­tion anti-ter­ro­riste) pour se défendre contre une attaque islamiste

    4) Sou­te­nir secrè­te­ment, mais acti­ve­ment, le tak­fi­risme du genre Daech au Moyen-Orient et s’opposer, en sabo­tant leurs actions, à ceux qui, comme les Russes, les Ira­niens et les Syriens, le com­battent réel­le­ment au quotidien.

    Que vise un plan aus­si illo­gique et appa­rem­ment voué à l’échec ? Simple ! Il fait croître la peur et pola­rise la socié­té.

    Ce genre de pola­ri­sa­tion arti­fi­cielle n’est rien de nou­veau. C’est pour­quoi, par exemple, ceux qui haïssent Oba­ma le traitent de socia­liste (ou même de com­mu­niste) tan­dis que ceux qui haïssent Trump le traitent de fas­ciste (en réa­li­té, tant Oba­ma que Trump ne sont que les hommes de paille des dif­fé­rentes fac­tions capi­ta­listes de la même élite des 1%).

    Ce que nos sei­gneurs impé­riaux veulent réel­le­ment est que nous nous bat­tions les uns contre les autres ou, au moins, que nous com­bat­tions des mou­lins à vent. Regar­dez le public amé­ri­cain – il est tota­le­ment obsé­dé par des non-ques­tions comme le mariage homo­sexuel, pour le contrôle des armes ver­sus contre les tireurs actifs, pour Black Lives Mat­ter ver­sus pour les flics, et les sem­pi­ter­nelles mani­fes­ta­tions pour les pro/anti avor­te­ment. Ces ques­tions importent à une mino­ri­té d’Américains, je sup­pose, mais pour l’immense majo­ri­té d’entre eux, ce sont des non-pro­blèmes abso­lus, des conne­ries dénuées de sens qui ne les touchent en aucune manière sinon à tra­vers les médias com­mer­ciaux. Cela me rap­pelle vrai­ment l’orchestre du Tita­nic jouant pen­dant que le navire som­brait : l’Empire craque sous toutes ses cou­tures, il y a un risque très réel de guerre nucléaire avec la Rus­sie et nous dis­cu­tons sérieu­se­ment de savoir si les transdevraient faire pipi dans les toi­lettes des mes­sieurs ou des dames lorsqu’ils/elles sont dans leur super­mar­ché favo­ri. C’est fou, bien sûr, mais c’est dif­fi­ci­le­ment une coïn­ci­dence. C’est comme ça que nos diri­geants nous veulent : ter­ri­fiés, confus et, par des­sus tout, distraits.

    Fran­che­ment, je suis pes­si­miste pour l’avenir à court et moyen terme. Lorsque je vois avec quelle faci­li­té la fausse rumeur de la menace isla­mique a été gobée non seule­ment par les pro­pa­gan­distes offi­ciels mais même par des gens tout à fait ration­nels et ins­truits par ailleurs, je vois que le 911 nous a très peu appris. Exac­te­ment comme un tau­reau dans une cor­ri­da, nous sommes prêts à fon­cer sur n’importe quel chif­fon rouge bran­di sous notre nez, indé­pen­dam­ment de celui qui agite ce chif­fon et nous saigne.

    La bonne nou­velle est qu’indépendamment de notre pas­si­vi­té cré­dule, l’Empire s’effondre, peut-être pas aus­si vite que cer­tains de nous le sou­haitent, mais assez rapi­de­ment pour inquié­ter vrai­ment nos diri­geants. Regar­dez les Israé­liens – ils ont déjà lu l’inscription sur le mur et sont main­te­nant dans un pro­ces­sus de chan­ge­ment de patrons, d’où leur grande ami­tié retrou­vée avec la Rus­sie – un mariage de conve­nance pour les deux côtés, entrés cha­cun en se pin­çant le nez. Idem pour Erdo­gan qui a appa­rem­ment déci­dé que ni l’Union euro­péenne ni les États-Unis ne pou­vaient être consi­dé­rés comme des pro­tec­teurs fiables. Même les Saou­diens ont ten­té, quoique mal­adroi­te­ment et gros­siè­re­ment, d’avoir les Russes de leur côté.

    Pour le moment, le spec­tacle de la menace isla­mique va se pour­suivre, comme celui destireurs actifs, de Black Lives Mat­ter et de tout le reste du pro­gramme que nous a appor­té l’Empire. Les fausses ban­nières conti­nue­ront à flot­ter en grand nombre sur les fou­taises de l’Empire.

    The Saker

    Article ori­gi­nal paru sur The Unz Review

    Tra­duit par Diane, véri­fié par Wayan, relu par Cathe­rine pour le Saker francophone

     

    Source : Le Saker fran­co­phone, http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​f​a​u​s​s​e​s​-​b​a​n​n​i​e​r​e​s​-​f​l​o​t​t​a​n​t​-​s​u​r​-​l​e​s​-​f​o​u​t​a​i​s​e​s​-​d​e​-​l​e​m​p​ire

    Réponse
  10. etienne

    Pro­pa­gande xéno­phobe ordi­naire au Petit journal

    Utile décryp­tage pro­po­sé par les​-crises​.fr, Oli­vier Berruyer
    Merci.

    Réponse
  11. etienne

    PROPAGANDE Anti Pou­tine Chez CANAL + Petit jour­nal Yann Barthes

    Réponse
  12. etienne

    Hiroshima : un crime qui paie encore, mais gare au jugement de l’histoire

    Dia­na JOHNSTONE

    Lors de sa visite à Hiro­shi­ma en mai der­nier, Oba­ma n’a pas, comme cer­tains l’avaient vai­ne­ment espé­ré, pré­sen­té des excuses pour le bom­bar­de­ment ato­mique de la ville, le 6 août 1945. Au lieu de cela, il a pro­non­cé un dis­cours ron­flant léni­fiant contre la guerre. Il l’a fait au moment même où il pour­sui­vait sa guerre de drones contre des enne­mis sans défense dans des pays loin­tains et approu­vait des plans pour dépen­ser mille mil­liards de dol­lars pour une mise à niveau de l’arsenal nucléaire américain.

    Des excuses auraient été aus­si inutiles que son dis­cours. Des paroles creuses ne changent rien. Mais voi­ci une chose que Oba­ma aurait pu dire qui aurait eu un véri­table impact : la vérité.

    Il aurait pu dire :

    « Les bombes ato­miques n’ont pas été lar­guées sur Hiro­shi­ma et Naga­sa­ki « pour sau­ver des vies en met­tant fin à la guerre ». Ce fut un men­songe offi­ciel. Les bombes ont été lar­guées pour obser­ver leurs effets et pour mon­trer au monde que les États-Unis pos­sé­daient une puis­sance des­truc­trice illi­mi­tée. »

    Mais il n’y avait aucune chance qu’Obama pro­nonce de telles phrases. Offi­ciel­le­ment, le bom­bar­de­ment « a sau­vé des vies » et cela donc en « valait le coût » (comme dira Made­leine Albright quant au demi-mil­lion d’enfants ira­kiens morts à cause des sanc­tions U.S.). Comme les vil­lages viet­na­miens que nous avons détruits pour les sau­ver, comme les innom­brables enfants ira­kiens qui sont morts à la suite des sanc­tions amé­ri­caines, les cen­taines de mil­liers de femmes et d’enfants ago­ni­sants dans deux villes japo­naises figurent encore au débit des comptes que les États-Unis ont à rendre à l’humanité, une dette tou­jours impayée et impunie.

    « Cela en valait le coût »

    La déci­sion de détruire Hiro­shi­ma et Naga­sa­ki fut une déci­sion poli­tique et non mili­taire. Les objec­tifs ne furent pas mili­taires, les effets ne furent pas mili­taires. Les attaques furent menées contre la volon­té de tous les grands chefs mili­taires. L’Amiral William Lea­hy, chef d’État-major inter­ar­mées à l’époque, écrit dans ses mémoires que « l’utilisation de cette arme bar­bare à Hiro­shi­ma et Naga­sa­ki n’était d’aucune aide maté­rielle dans notre guerre contre le Japon. Les Japo­nais étaient déjà vain­cus et prêts à se rendre … » Le géné­ral Eisen­ho­wer, le géné­ral MacAr­thur, et même le géné­ral Hap Arnold, com­man­dant de la Force aérienne, se sont oppo­sés à l’usage de cette arme. Le Japon était déjà dévas­té par des bombes incen­diaires, fai­sait face à une famine géné­ra­li­sée à cause du blo­cus naval des États-Unis, se retrou­vait démo­ra­li­sé par la red­di­tion de son allié alle­mand, et crai­gnait une attaque russe immi­nente. En réa­li­té, la guerre était ter­mi­née. Tous les hauts diri­geants amé­ri­cains savaient que le Japon était vain­cu et cher­chait à se rendre.

    La déci­sion d’utiliser les bombes ato­miques fut une déci­sion pure­ment poli­tique prise presque uni­que­ment par deux poli­ti­ciens : Le Pré­sident novice, joueur de poker, et son men­tor, le secré­taire d’État James F. Byrnes [1]

    Le pré­sident Har­ry S. Tru­man était en réunion avec Chur­chill et Sta­line dans la ban­lieue ber­li­noise de Pots­dam lorsqu’il apprit l’information secrète que l’essai ato­mique dans le Nou­veau-Mexique avait été un suc­cès. Les obser­va­teurs se sou­viennent que Tru­man devint « un autre homme », ren­du eupho­rique par la pos­ses­sion d’un tel pou­voir. Alors que d’autres hommes moins super­fi­ciels furent ébran­lés devant les impli­ca­tions d’une telle force des­truc­trice, pour Tru­man et son et secré­taire d’Etat intri­guant, James Byrnes, le mes­sage était : « Main­te­nant, on peut tout se per­mettre »

    Sur les bases de cette pré­somp­tion, ils se sont empres­sé d’agir – d’abord dans leurs rela­tions avec Moscou.

    En réponse aux appels répé­tés des Etats-Unis, Sta­line a pro­mis d’entrer en guerre en Asie trois mois après la défaite de l’Allemagne nazie, qui eut lieu au début de mai 1945. Il était bien connu que les forces d’occupation japo­naises en Chine et en Mand­chou­rie ne pou­vaient résis­ter à l’Armée rouge. Il était enten­du que deux choses pou­vaient entraî­ner la red­di­tion immé­diate du Japon : l’entrée de la Rus­sie dans la guerre et l’assurance des Etats-Unis que la famille royale ne serait pas trai­tée comme des cri­mi­nels de guerre.

    Ces deux évé­ne­ments se sont pro­duits dans les jours qui ont sui­vi le bom­bar­de­ment d’Hiroshima et de Nagasaki.

    Mais les deux ont été éclip­sés par la bombe atomique.

    Et c’était bien l’objectif recherché.

    Car ain­si, le cré­dit de la fin de la guerre fut attri­bué aux bombes ato­miques américaines.

    Mais ce n’est pas tout.

    La pos­ses­sion confir­mée d’une telle arme don­na à Tru­man et Byrnes un tel sen­ti­ment de puis­sance qu’ils pou­vaient aban­don­ner les pro­messes anté­rieures faites aux Russes et ten­ter d’intimider Mos­cou en Europe. En ce sens, les bombes sur Hiro­shi­ma et Naga­sa­ki ont non seule­ment tué sans rai­son des cen­taines de mil­liers de civils mais ont éga­le­ment déclen­ché la guerre froide.

    Hiro­shi­ma et la guerre froide

    Une obser­va­tion très impor­tante sur les effets de la bombe ato­mique est attri­buée au géné­ral Dwight D. Eisen­ho­wer. Comme son fils l’a racon­té, il était pro­fon­dé­ment abat­tu en appre­nant à la der­nière heure que le bombe serait uti­li­sée. Peu après Hiro­shi­ma, Eisen­ho­wer aurait dit en privé :

    « Avant l’utilisation de la bombe, j’aurais dit oui, je suis sûr que nous pou­vons pré­ser­ver la paix avec la Rus­sie. Main­te­nant, je ne sais pas. Jusqu’à pré­sent, je vous aurais dit que nous trois, la Grande-Bre­tagne avec sa puis­sante flotte, l’Amérique avec la plus puis­sante force aérienne, et la Rus­sie avec la plus grande force ter­restre sur le conti­nent, à nous trois nous aurions pu garan­tir la paix du monde pen­dant une longue, très longue période à venir. Mais main­te­nant, je ne sais pas. Par­tout les gens ont peur et sont secoués. Tout le monde se sent en insé­cu­ri­té à nou­veau ». [2]

    En tant que com­man­dant suprême des Forces alliées en Europe, Eisen­ho­wer avait appris qu’il était pos­sible de tra­vailler avec les Russes. Les sys­tèmes éco­no­miques et poli­tiques inté­rieurs des États-Unis et de l’URSS étaient tota­le­ment dif­fé­rents, mais sur la scène inter­na­tio­nale, ils pou­vaient coopé­rer. En tant qu’alliés, leurs dif­fé­rences étaient prin­ci­pa­le­ment dues à la méfiance et pou­vaient être réglés.

    L’Union sovié­tique vic­to­rieuse avait été dévas­tée par la guerre : les villes en ruines, une ving­taine de mil­lions de morts. Les Russes vou­laient de l’aide pour recons­truire. Aupa­ra­vant, sous Roo­se­velt, il avait été conve­nu que l’Union sovié­tique obtien­drait des répa­ra­tions de l’Allemagne, ain­si que des cré­dits des États-Unis. Tout à coup, il n’en était plus ques­tion. Lorsque la nou­velle de l’essai au Nou­veau-Mexique est tom­bée, Tru­man s’écria : « Main­te­nant, les Russes vont mar­cher droit. » Parce qu’ils se sen­taient tout à coup tout-puis­sants, Tru­man et Byrnes déci­dèrent de faire preuve de fer­me­té devant les Russes.

    Sta­line apprit main­te­nant que la Rus­sie ne pour­rait obte­nir des répa­ra­tions que sur la par­tie orien­tale de l’Allemagne, en grande par­tie agri­cole, qui se trou­vait sous occu­pa­tion de l’Armée rouge. Ce fut la pre­mière étape de la divi­sion de l’Allemagne, à laquelle Mos­cou en fait s’est opposée.

    Puisque plu­sieurs des pays d’Europe de l’Est s’étaient alliés à l’Allemagne nazie, et comp­taient de puis­sants élé­ments anti-russes, la seule condi­tion de Sta­line pour ces pays (alors occu­pés par l’Armée rouge) était que leurs gou­ver­ne­ments ne devaient pas être acti­ve­ment hos­tiles à l’URSS. Pour cette rai­son, Mos­cou favo­ri­sait la for­mule de « démo­cra­ties popu­laires », c’est-à-dire des coa­li­tions excluant les par­tis d’extrême droite.

    Se sen­tant tout-puis­sants, les Etats-Unis haus­sèrent le niveau de leurs exi­gences en deman­dant des « élec­tions libres » dans l’espoir d’installer des gou­ver­ne­ments anti-com­mu­nistes. Ce qui se retour­na contre eux. Au lieu de céder à la menace ato­mique impli­cite, l’Union sovié­tique s’est dur­cie. Au lieu de des­ser­rer le contrôle poli­tique de l’Europe de l’Est, Mos­cou impo­sa des régimes com­mu­nistes – et accé­lé­ra son propre pro­gramme de bombe ato­mique. La course aux arme­ments nucléaires était lancée.

    « Le beurre et l’argent du beurre »

    John J. McCloy, qua­li­fié par son bio­graphe Kai Bird comme le « pré­sident infor­mel de l’establishment amé­ri­cain », décla­ra à l’époque au Secré­taire de guerre Hen­ry Stim­son que : « nous devons avoir le beurre et l’argent du beurre ; nous devons être libres d’agir en ver­tu du pré­sent accord régio­nal en Amé­rique du Sud, et en même temps inter­ve­nir rapi­de­ment en Europe ; que nous ne devons céder aucun de ces atouts… » [3] Stim­son répon­dit : « Je pense que oui, sans hési­ta­tion. »

    En bref, les États-Unis devaient conser­ver leur sphère d’influence sur tout le conti­nent amé­ri­cain, reven­di­quée par la doc­trine Mon­roe, tout en pri­vant la Rus­sie de sa propre zone tampon.

    Il est néces­saire de recon­naître la dis­tinc­tion nette entre poli­tique inté­rieure et poli­tique étran­gère. La nature du régime inté­rieur sovié­tique a peut-être été aus­si affreux qu’on le décrit, mais en matière de poli­tique étran­gère, Sta­line res­pec­tait scru­pu­leu­se­ment les accords pas­sés avec les alliés occi­den­taux – l’abandon, par exemple, des com­mu­nistes grecs lorsqu’ils étaient écra­sés par les Anglo-Ame­ri­cans après la guerre. Ce furent les États-Unis qui ont renié les accords pas­sés à Yal­ta, qui ont par la suite été stig­ma­ti­sés comme autant de conces­sions faites à « l’agression com­mu­niste ». Sta­line n’avait abso­lu­ment aucun désir de pro­mou­voir la révo­lu­tion com­mu­niste en Europe occi­den­tale, encore moins d’envahir ces pays. En fait, son aban­don du pro­jet de pro­mo­tion de la révo­lu­tion mon­diale est pré­ci­sé­ment la base de la cam­pagne contre le « sta­li­nisme » par les Trots­kystes – y com­pris des Trots­kystes dont la dévo­tion à la révo­lu­tion mon­diale s’est main­te­nant trans­for­mée en une pro­mo­tion des guerres de « chan­ge­ment de régime » des États-Unis.

    Il y a une doc­trine domi­nante en Occi­dent selon laquelle les dic­ta­tures font la guerre et les démo­cra­ties font la paix. Rien ne démontre cette théo­rie. Des dic­ta­tures (pre­nez l’Espagne de Fran­co) peuvent être conser­va­trices et auto­cen­trées. Les prin­ci­pales puis­sances impé­ria­listes, la Grande-Bre­tagne et la France, étaient des démo­cra­ties. L’Amérique démo­cra­tique est loin d’être pacifique.

    Tan­dis que l’Union sovié­tique déve­lop­pait son propre arse­nal nucléaire, les États-Unis furent inca­pables d’interférer effi­ca­ce­ment en Europe de l’Est et se retour­nèrent vers des enne­mis plus faibles, en ren­ver­sant les gou­ver­ne­ments en Iran et au Gua­te­ma­la, en s’enlisant au Viet­nam, selon la théo­rie qu’ils n’étaient que des agents de l’ennemi com­mu­niste sovié­tique. Mais depuis que l’Union sovié­tique s’est effon­drée, aban­don­nant la zone tam­pon de la Rus­sie en Europe de l’Est, on voit une résur­gence de la confiance qui sub­mer­gea Tru­man : l’euphorie du pou­voir sans limites. Sinon, pour­quoi le Penta­gone lan­ce­rait-il un pro­gramme de mille mil­liards de dol­lars pour renou­ve­ler l’arsenal nucléaire des Etats-Unis, tout en posi­tion­nant des troupes et des armes offen­sives aus­si près que pos­sible de la fron­tière russe ?

    Dans son livre The Pre­sident Is Cal­ling (Le Pré­sident Appelle) de 1974 sur ses rela­tions avec son frère Dwight, Mil­ton Eisen­ho­wer a écrit : « Notre emploi de cette nou­velle force à Hiro­shi­ma et Naga­sa­ki fut une pro­vo­ca­tion suprême à d’autres nations, en par­ti­cu­lier l’Union Sovié­tique. » Et il a ajou­té, « Certes, ce qui est arri­vé à Hiro­shi­ma et Naga­sa­ki res­te­ra à jamais sur la conscience du peuple amé­ri­cain. »

    Hélas, à ce jour, tout prouve le contraire. La conscience cri­tique a été mar­gi­na­li­sée. Les men­songes offi­ciels sys­té­ma­tiques sur la « néces­si­té de sau­ver des vies amé­ri­caines », per­sistent, tan­dis que la puis­sance de la bombe a créé un sen­ti­ment durable de’ « excep­tion­na­lisme » ver­tueux chez les diri­geants du pays. Il n’y a que nous les Amé­ri­cains qui puis­sions faire ce que les autres ne peuvent pas faire, parce que nous sommes « libres » et « démo­cra­tiques » et les autres – si nous choi­sis­sons de les dési­gner ain­si – ne le sont pas. D’autres pays, parce que non « démo­cra­tiques », peuvent être détruits afin d’être libé­rés. Ou juste détruits. C’est cela au fond, « l’exceptionnalisme » qui, à Washing­ton, se sub­sti­tue à la « conscience du peuple amé­ri­cain » qui n’a pas été sus­ci­tée par Hiro­shi­ma, mais étouffée.

    La Conscience en Sommeil

    En tant qu’invité à Hiro­shi­ma, Oba­ma a pon­ti­fié habilement :

    « Les guerres de l’ère moderne nous enseignent cette véri­té. Hiro­shi­ma enseigne cette véri­té. Les pro­grès tech­no­lo­giques sans pro­grès équi­va­lents dans les ins­ti­tu­tions humaines peuvent nous condam­ner. La révo­lu­tion scien­ti­fique qui a conduit à la divi­sion d’un atome néces­site une révo­lu­tion morale. »

    Eh bien oui, mais une telle révo­lu­tion morale n’a pas eu lieu.

    « … La mémoire du matin du 6 août 1945, ne doit jamais s’effacer. Cette mémoire per­met de com­battre la com­plai­sance. Elle ali­mente notre ima­gi­na­tion morale. Il nous per­met de chan­ger. »

    « Chan­ger » est une spé­cia­li­té d’Obama. Mais il n’a rien fait pour chan­ger notre poli­tique sur les armes nucléaires, sauf pour la ren­for­cer. Aucune trace d’ « ima­gi­na­tion morale » ima­gi­nant la dévas­ta­tion vers laquelle cette poli­tique nous mène. Pas d’idées ima­gi­na­tives pour réa­li­ser le désar­me­ment nucléaire. Juste des pro­messes de ne pas lais­ser les méchants s’emparer de telles armes, parce qu’elles sont à nous.

    « Et depuis ce jour fati­dique, » a pour­sui­vi Oba­ma, « nous avons fait des choix qui nous donnent espoir. Les États-Unis et le Japon ont for­gé non seule­ment une alliance, mais une ami­tié qui a gagné beau­coup plus pour notre peuple que nous n’aurions jamais pu obte­nir par la guerre. »

    Comme c’est sinistre. En fait, ce fut pré­ci­sé­ment par la guerre que les États-Unis ont for­gé cette alliance et cette ami­tié – que les États-Unis essaient main­te­nant de mili­ta­ri­ser dans son « pivot asia­tique ». Cela signi­fie que nous pou­vons rayer de la carte avec des armes nucléaires deux villes d’un pays et finir avec « non seule­ment une alliance, mais une ami­tié ». Alors pour­quoi s’arrêter en si bon che­min ? Pour­quoi ne pas se faire encore plus de ce genre d’ « amis », par exemple en Iran, pays à pro­pos duquel Hil­la­ry Clin­ton a expri­mé sa volon­té de l’« éra­di­quer » si les cir­cons­tances le nécessitent.

    « Voi­là un ave­nir que nous pou­vons choi­sir », a décla­ré Oba­ma, « un ave­nir dans lequel Hiro­shi­ma et Naga­sa­ki sont connues non pas comme l’aube de la guerre ato­mique, mais comme le début de notre propre éveil moral. »

    Mais jusqu’à pré­sent, Hiro­shi­ma et Naga­sa­ki sont très loin de mar­quer le « début de notre propre éveil moral ». Au contraire. L’illusion de pos­sé­der un pou­voir sans limites ôte toute néces­si­té d’auto-examen cri­tique, toute néces­si­té de faire un véri­table effort pour com­prendre ceux qui ne sont pas comme nous et qui ne veulent pas être comme nous, mais pour­raient par­ta­ger la pla­nète en paix si nous les lais­sions tranquilles.

    Puisque nous sommes tout-puis­sants, nous devons être une force du bien. En réa­li­té, nous ne sommes ni l’un ni l’autre. Mais nous sem­blons inca­pables de recon­naître les limites de notre « exceptionnalisme ».

    Les bombes sur Hiro­shi­ma et Naga­sa­ki ont plon­gé les diri­geants des États-Unis dans un som­meil moral dont ils ne sont pas près de se réveiller.

    Dia­na Johnstone

    Tra­duc­tion « des bombes ato­miques ? Pas de pro­blème, il y en a pour tout le monde » par VD pour le Grand Soir avec pro­ba­ble­ment toutes les fautes et coquilles habituelles

    Notes.

    [1] Tout cela est connu des experts. Les preuves docu­men­taires ont tous été pré­sen­tées par Gar Alpe­ro­vitz dans les 800 pages de son livre de 1995, The Deci­sion to Use the Atom Bomb (la déci­sion d’utiliser la bombe ato­mique). Cepen­dant, les men­songes offi­ciels sur­vivent à une réfu­ta­tion documentée.

    [2] Alpe­ro­vitz pp 352–3.

    [3] p.254 Ibid.

    URL de cet article 30728
    http://​www​.legrand​soir​.info/​h​i​r​o​s​h​i​m​a​-​u​n​-​c​r​i​m​e​-​q​u​i​-​p​a​i​e​-​e​n​c​o​r​e​-​m​a​i​s​-​g​a​r​e​-​a​u​-​j​u​g​e​m​e​n​t​-​d​e​-​l​-​h​i​s​t​o​i​r​e​.​h​tml
    Réponse
  13. etienne

    « Blair et Bush sont des criminels » : le témoignage d’un ancien entrepreneur belge en Irak

    RAPHAËL MEULDERS Publié le

    Réponse
  14. etienne

    [À pro­pos de « la paix romaine » de l’Em­pire du moment] 

    Mes chers conci­toyens : Nous sommes fous
    Par Mar­got Kidder

    Note du Saker Francophone
    Ce texte est la tra­duc­tion de l’ar­ticle de Mar­got Kid­der ana­ly­sé sur le site dede​fen​sa​.org sous le titre Mes chers conci­toyens, nous sommes fous 

    « Après avoir vu la Conven­tion natio­nale démo­crate, ce soir, il y a quelque chose que je vais essayer d’expliquer ici, qui pro­vo­que­ra le mépris de beau­coup de mes amis. Mais les mots sont un bâillon dans ma gorge, mon esto­mac est tor­du, malade, et je dois vomir cela. L’anti-américanisme en moi est sur le point d’exploser et d’atterrir Dieu sait où, tant ma colère est bien au-delà de la rai­son. Et moi, par héri­tage, moi­tié amé­ri­caine en quelque sorte − ce qui me fait plus amé­ri­caine que presque tous dans ce pays, sauf pour les vrais Amé­ri­cains, les Indiens d’Amérique − je suis en total déni ce soir d’être, comme vous, américaine.

    Je suis à moi­tié Cana­dienne, j’ai été éle­vée là-bas, avec des valeurs très dif­fé­rentes des vôtres, vous les Amé­ri­cains, et ce soir − après la diar­rhée ver­bale, les van­tar­dises et les harangues au sujet de la gran­deur du mili­ta­risme amé­ri­cain, les louanges pour la force mili­taire amé­ri­caine, l’élimination d’ISIS, l’Amérique pays le plus fort sur la terre, et l’histoire tout à fait inepte d’une femme dont le fils est mort dans la guerre d’Obama, et la façon dont elle a pleu­ré de recon­nais­sance sur l’épaule d’Obama − ce soir, je me sens pro­fon­dé­ment cana­dienne. Chaque leçon sub­tile qui m’avait été don­née de façon sub­li­mi­nale sur les brutes de l’autre côté de la fron­tière, leur gros­siè­re­té, leur manque d’éducation et leur droit auto-pro­cla­mé de bom­bar­der tout ce qu’ils vou­laient dans le monde, juste parce qu’ils vou­laient quelque chose que les per­sonnes de l’autre pays pos­sé­daient, et leur cupi­di­té, est venu suin­ter à la sur­face de ma psyché.

    Je viens de ren­trer d’une pro­me­nade plu­tôt sau­vage à côté de la rivière Yel­lows­tone, ici dans le Mon­ta­na, en essayant de lais­ser les mon­tagnes, au loin, me recon­nec­ter à un lieu de bon­té dans mon âme, mais je ne pou­vais pas le trou­ver. Le pay­sage était aus­si exquis que jamais, mais il ne pou­vait pas tou­cher la rage dans mon cœur. Les visions de tous les enfants morts en Syrie, que Hil­la­ry Clin­ton a aidé à tuer, les enfants bom­bar­dés en miettes en Afgha­nis­tan et au Pakis­tan par les drones d’Obama, le chaos macabre de la Libye, la friche totale de l’Irak, la mort et la des­truc­tion cau­sées par­tout par l’intervention mili­taire amé­ri­caine. L’Ukraine, le Hon­du­ras, El Sal­va­dor, le Gua­te­ma­la, le Chi­li, nom­mez-les vous-même − votre pays a bom­bar­dé ou détruit, en quelque sorte, la vie civile de base.

    Quand j’ai enten­du, pen­dant la conven­tion du par­ti démo­crate, tous les Amé­ri­cains en liesse accla­mant les mili­taires et les décla­ra­tions de puis­sance pro­ve­nant des haut-par­leurs dans le Centre Wells Far­go à Phi­la­del­phie, je vous détes­tais. Je détes­tais cha­cun d’entre vous. Je savais dans mes tripes que ce qu’on m’a appris étant enfant était vrai : que vous êtes l’ennemi. VOUS êtes le pays à craindre. VOUS êtes le pays qui dégoûte. VOUS êtes igno­rants. Et votre cupi­di­té, votre auto-satis­fac­tion et votre fier­té usur­pée ne connaissent aucune limite.

    Je ne suis pas amé­ri­caine ce soir. Je rejette mes ancêtres puri­tains qui ont débar­qué dans ce pays en 1648. Je rejette les mots que j’ai expri­més à ma céré­mo­nie de citoyen­ne­té. Je rejette chaque ins­tant de décou­verte pas­sion­nante que j’ai eue dans ce pays.

    Vous, les gens, n’avez aucune idée de ce que c’est pour les gens d’autres pays de vous entendre vous van­ter et accla­mer vos armes, vos bombes, vos sol­dats, vos chefs mili­taires meur­triers, vos cri­mi­nels de guerre et votre Com­man­dant en chef, assas­sin sans conscience. Tous ces mots enflam­més sont reçus par le reste d’entre nous, par nous non-Amé­ri­cains, par toutes les cel­lules de notre corps, comme abso­lu­ment répu­gnants et obscènes.

    Et là, ce soir, vous êtes tous col­lés à vos télé­vi­seurs et à vos ordi­na­teurs, vos cœurs gon­flés de fier­té, parce que vous appar­te­nez au pays le plus fort sur la Terre, accla­mant votre Pré­sident assas­sin. Igno­rants de la répul­sion du monde entier. Vous tuez et vous tuez et vous tuez encore, mais vous res­tez fiers, mal­gré tout.

    Nous sommes fous. »

    Mar­got Kidder

    Tra­duit et édi­té par jj, relu par Cathe­rine pour le Saker Francophone

    http://​lesa​ker​fran​co​phone​.fr/​m​e​s​-​c​h​e​r​s​-​c​o​n​c​i​t​o​y​e​n​s​-​n​o​u​s​-​s​o​m​m​e​s​-​f​ous

    Réponse
  15. etienne

    Les hur­le­ments natio­na­listes et guer­riers du géné­ral Allen, sou­tien d’Hillary Clinton

    https://​www​.upr​.fr/​a​c​t​u​a​l​i​t​e​/​m​o​n​d​e​/​h​u​r​l​e​m​e​n​t​s​-​n​a​t​i​o​n​a​l​i​s​t​e​s​-​g​u​e​r​r​i​e​r​s​-​g​e​n​e​r​a​l​-​a​l​l​e​n​-​s​o​u​t​i​e​n​-​d​h​i​l​l​a​r​y​-​c​l​i​n​ton

    Com­men­taires de Fran­çois Asselineau : 

    == UN DISCOURS QUI DONNE ENVIE DE VOMIR À L’UPR ==
    LES HURLEMENTS NATIONALISTES ET GUERRIERS
    DU GÉNÉRAL ALLEN, SOUTIEN D’HILLARY CLINTON.

    Mes com­men­taires ?

    ———————————-

    Ima­gine-t-on ce que diraient Fran­çois Hol­lande, Manuel Valls, Alain Jup­pé, et toute la classe poli­tique euro-atlan­tiste qui a volé le pou­voir des Fran­çais, si la télé­vi­sion russe dif­fu­sait le dis­cours d’un proche de Vla­di­mir Pou­tine voci­fé­rant des slo­gans natio­na­listes et guer­riers et don­nant des coups de men­ton devant une foule russe hystérique ?

    Ima­gine-t-on les articles hor­ri­fiés que publie­raient, séance tenante, les jour­naux Le Monde ou Libé­ra­tion, si ce Russe était un géné­ral s’a­dres­sant à la foule avec des gla­pis­se­ments hit­lé­roïdes du type :

    ==> « Les peuples libres du monde entier ont pla­cé en la Rus­sie tous leurs espoirs car notre pays est le plus grand de la planète ! »

    ==> « Nous allons ren­for­cer nos forces armées ! Avec l’ar­mée russe, vous conti­nue­rez d’être l’exemple par­fait de ce qu’est la Russie ! »

    ==> « Avec Vla­di­mir Pou­tine comme com­man­dant en chef, la Rus­sie conti­nue­ra de repré­sen­ter cet indis­pen­sable pou­voir de muta­tion mon­diale pour nos alliés, nos amis et partenaires. »

    ==> « Vla­di­mir Pou­tine est exac­te­ment le com­man­dant en chef dont la Rus­sie a besoin ! Avec lui aux com­mandes, la Rus­sie pour­ra conti­nuer à gui­der ce monde instable ! »

    Ima­gine-t-on l’air sou­cieux et angois­sé qu’af­fi­che­raient les « experts géo­po­li­tiques » et les « consciences morales » ayant le mono­pole d’ac­cès aux grands médias fran­çais, si les habi­tuels jour­na­listes vedettes leur deman­daient de com­men­ter les vues d’une foule russe, chauf­fée à blanc par ces pro­pos natio­na­listes et guer­riers, et tré­pi­gnant en hur­lant : « ROSSIA ! ROSSIA ! ROSSIA ! »

    —-

    Eh bien, oui. On ne l’i­ma­gine que trop bien.

    Fran­çois Hol­lande, qui a publi­que­ment fait savoir que les cri­tiques de Donald Trump contre la famille d’un sol­dat musul­man lui don­naient des « haut-le-coeur », aurait incon­ti­nent convo­qué les agences de presse pour annon­cer que ce dis­cours d’un géné­ral russe lui don­nait une diar­rhée chronique.

    Seule­ment voi­là : la com­plexion déli­cate de la marion­nette ély­séenne est à géo­mé­trie variable. Car il se trouve que cette foule hys­té­rique et ces pro­pos néo-fas­cistes ont bien eu lieu, mais pas en Rus­sie. Aux États-Unis, et dans le camp d’Hil­la­ry Clin­ton que sou­tient ouver­te­ment… Fran­çois Hollande !

    Ce dis­cours enflam­mé et ces coups de men­ton mus­so­li­niens ont en effet été tenus mot pour mot – en chan­geant seule­ment « Vla­di­mir Pou­tine » par « Hil­la­ry Clin­ton » et « Rus­sie » par « Amé­rique » – par le géné­ral Allen, lors de la conven­tion démo­crate octroyant à l’an­cienne secré­taire d’État l’in­ves­ti­ture pour l’é­lec­tion pré­si­den­tielle de novembre prochain.

    Cha­cun peut le décou­vrir en vision­nant ce dis­cours, que l’U­PR a pris le soin de tra­duire en fran­çais pour que nos conci­toyens découvrent le vrai visage – le visage hideux – des cercles du pou­voir en Amé­rique : https://www.upr.fr/…/hurlements-nationalistes-guerriers-gen…

    Du coup, le loca­taire de l’Élysée n’a éprou­vé ni convul­sion de l’es­to­mac, ni colo­pa­thie, ni malaise gas­trique. C’est une nou­velle preuve que ce mon­sieur est un affa­bu­la­teur. Car pour ce qui nous concerne, voir un géné­ral comp­tant par­mi les prin­ci­paux sou­tiens d’Hil­la­ry Clin­ton tenir ce genre de pro­pos fas­ci­sants nous donnent envie de vomir.

    ————————————————————

    Conclu­sion : un fas­cisme post-moderne

    ————————————————————

    Il s’a­git d’un fas­cisme « post-moderne », qui n’a plus les mêmes boucs-émis­saires que celui des années 1930 puis­qu’il fait la révé­rence aux lob­bys divers et variés, de type LGBT, et qu’il assure se battre pour que les musul­mans puissent exer­cer leur culte sur le ter­ri­toire américain.

    Mais il s’a­git d’un néo-fas­cisme quand même. Par le pri­mat qu’il donne à la force mili­taire, à l’exal­ta­tion natio­na­liste, à la mani­pu­la­tion des foules, à la volon­té de s’as­su­rer une hégé­mo­nie mon­diale, et aux men­songes éhontés.

    Qu’y a‑t-il de plus révul­sant et vomi­tif que d’en­tendre ce géné­ral appe­ler à voter pour Hil­la­ry Clin­ton pour mieux com­battre l’is­la­misme, alors que c’est pré­ci­sé­ment cette dame qui a le plus lar­ge­ment contri­bué à finan­cer et à armer Al Qae­da et Daesh ?! (cf. https://​www​.upr​.fr/​a​c​t​u​a​l​i​t​e​/​e​u​r​o​p​e​/​f​r​a​n​c​o​i​s​-​h​o​l​l​a​n​d​e​-​a​p​p​e​l​l​e​-​a​m​e​r​i​c​a​i​n​s​-​a​-​e​l​i​r​e​-​h​i​l​l​a​r​y​-​c​l​i​n​t​o​n​-​j​u​l​i​a​n​-​a​s​s​a​n​g​e​-​e​x​p​l​i​q​u​e​-​c​o​u​r​r​i​e​l​s​-​r​e​n​d​u​s​-​p​u​b​l​i​c​s​-​d​e​-​l​e​x​-​s​e​c​r​e​t​a​i​r​e​-​d​e​t​a​t​-​p​r​o​u​v​e​n​t​-​a​-​p​r​o​m​u​-​f​o​urn)

    Si le pré­cieux Fran­çois Hol­lande a des des « haut-le-cœur » devant les âne­ries sans consé­quence de Donald Trump, nous avons quant à nous envie de vomir quand nous écou­tons les pro­pos truf­fés de men­songes des amis amé­ri­cains de Fran­çois Hol­lande, qui nous entraînent tout droit vers une confla­gra­tion majeure avec le reste du monde.

    Fran­çois Asselineau
    8 août 2016
    https://​www​.face​book​.com/​f​r​a​n​c​o​i​s​a​s​s​e​l​i​n​e​a​u​/​p​o​s​t​s​/​1​1​4​8​3​5​0​2​1​8​5​3​6​680

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