Le gouvernement impose au pays, et sans même passer par le Parlement (49.3), une loi qu’il n’avait pas annoncée dans son programme (c’est donc un tour de brigands) et qui supprime carrément la protection des salariés par le droit du travail ; c’est littéralement tyrannique : l’exécutif fait la loi ; cette confiscation du pouvoir législatif par ceux qui dirigent la police et l’armée (confiscation qu’on appelle confusion des pouvoirs) est la hantise principale de tous les penseurs qui cherchent à protéger les sociétés des abus de pouvoir, depuis toujours.
La régression principale, celle qu’il faut bien avoir repérée pour comprendre à la fois l’ampleur du danger social et le motif légitime pour une grève générale illimitée, c’est la possibilité prévue par cette loi scélérate, pour des accords locaux (accords de branche ou accords d’entreprise), d’imposer aux salariés des règles moins favorables que celles que prévoit la loi en général (ce qui est carrément une inversion dans la hiérarchie des normes), ce qui veut dire en clair que la protection de la loi disparaît. Les digues sautent, on va redécouvrir l’hubris des patrons, déjà bien éprouvée au 19ème siècle.
D’où vient cette loi El Khomery ? Directement des consignes (explicites) de la prétendue « Union européenne », https://youtu.be/E9bHcF9ckIU. L’UE aujourd’hui veut la disparition du droit du travail, pour baisser les salaires et hausser les profits. Ensuite, les gouvernements, comme de vils bourreaux, ne font qu’exécuter les ordres des technocrates — non élus et hors contrôle — de l’UE.
Le gouvernement dément qu’il obéit à l’UE ; Junker l’avoue pourtant tout net ; voyez ce bon papier de Coralie Delaume :
L’Union européenne assume : la loi El Khomri, c’est elle
Par Coralie Delaume
FIGAROVOX/DECRYPTAGE – Jean-Claude Juncker a déclaré que « la réforme du droit du travail voulue et imposée par le gouvernement Valls est le minimum de ce qu’il faut faire ». Pour Coralie Delaume, l’économie de notre pays est depuis longtemps l’application des orientations de l’Union européenne.
Coralie Delaume est journaliste. Elle a notamment publié Europe. Les Etats désunis (Michalon, 2014). Découvrez ses chroniques sur son blog.
La loi El Khomri est un produit d’importation made in Union européenne (voir explications détaillées ici). Les « Grandes orientations de politique économique » (GOPÉ), dont l’existence est posée par les traités, et le « Programme national de réformes » (PNR), qui s’inscrit lui-même dans le cadre de la stratégie Europe 2020 « pour une croissance économique intelligente, durable et inclusive » (tsoin-tsoin), prescrivent à de nombreux pays et depuis longtemps le malthusianisme budgétaire et la modération salariale.
Dans même temps, la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union (CJUE), n’a de cesse de promouvoir l’ordre concurrentiel et la dérégulation. Surtout, au travers d’arrêts à l’impact décisif mais mal connus du grand public, tels, par exemple, les arrêts Laval et Viking de 2007, elle œuvre à saper le droit du travail dans les pays membres, et à affaiblir la capacité de négociation des salariés dans les conflits sociaux.
Enfin, l’appartenance à l’euro interdit toute dépréciation de la monnaie. Dès lors, elle conduit les pays de l’eurozone non à renforcer leur coopération, non à développer entre eux la solidarité, mais à se mener les uns aux autres une véritable « guerre de la désinflation salariale », selon une expression de Steve Ohana. Pour livrer cette guerre, ajoute l’économiste, « la France ne semble plus avoir d’autre choix que de s’engager plus franchement dans des politiques de dévaluation interne, non plus seulement via la baisse de la fiscalité sur le travail, mais via la compression des salaires eux-mêmes ( …) c’est l’option qui sous-tend la loi El Khomri ».
Face au caractère scandaleux de l’affaire, face à la blessure d’orgueil que ne peut manquer d’occasionner, chez n’importe quel peuple encore un peu conscient de lui-même, l’idée d’être « gouvernancé » depuis Bruxelles, Francfort ou Luxembourg au lieu d’être normalement gouverné par les dirigeants qu’il a élus, on pourrait s’attendre à ce que les « Européens de métier » fassent profil bas. Par décence
Face au caractère scandaleux de l’affaire, face à la blessure d’orgueil que ne peut manquer d’occasionner, chez n’importe quel peuple encore un peu conscient de lui-même, l’idée d’être « gouvernancé » depuis Bruxelles, Francfort ou Luxembourg au lieu d’être normalement gouverné par les dirigeants qu’il a élus, on pourrait s’attendre à ce que les « Européens de métier » fassent profil bas. Par décence. Par souci de ne pas attiser la colère. Parce que le fait de bénéficier de pouvoirs exorbitants dont ils ne doivent la titulature qu’à une série d’erreurs d’aiguillage de l’Histoire, devrait suffire à les contenter.
Mais non. Jouir en silence du confort sans risque qu’offre le séjour dans cet Olympe grisâtre depuis lequel ils nous surplombent n’est pas assez bien pour ces encravatés. Il faut encore qu’ils portent en bandoulière leur bonheur niais d’être là où ils sont, et qu’ils l’ouvrent à tout propos. Sans se rendre compte qu’à la fin, « les gens » commencent à comprendre. Et à s’agacer.
L’ouvrir très grand, c’est l’une des choses que Jean-Claude – « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » – Juncker fait le mieux. Aussi a‑t-il trouvé judicieux, dans un récent entretien au journal Le Monde de formuler ces quelques regrets : « à voir les réactions que suscite la ‘loi travail’, je n’ose pas m’imaginer quelle aurait été la réaction de la rue, à Paris ou à Marseille, si votre pays avait dû appliquer des réformes comme celles qui ont été imposées aux Grecs ». Ah, ces Français rétifs ! Comme il est dommage de ne pouvoir vitrifier leur économie avec cette même brutalité joyeuse dont on à usé contre l’économie grecque !
Ceci dit, rien n’est jamais perdu pour qui sait s’armer de patience. Durant l’été 2015, au cœur de la « crise grecque », le ministre hellène Yanis Varoufakis avait donné quelques clés pour comprendre la dureté des créanciers vis-à-vis de son pays. Selon lui, la véritable cible des « Européens » (et de l’Allemagne, plus encore que de l’Europe institutionnelle) était en fait l’Hexagone. « La Grèce est un laboratoire de l’austérité, où le mémorandum est expérimenté avant d’être exporté. La crainte du Grexit vise à faire tomber les résistances françaises, ni plus ni moins », avait-il osé. Pour lui, les cibles terminales étaient l’État-providence et le droit du travail français.
Pour Jean-Claude Juncker, il se trouve que « la réforme du droit du travail voulue et imposée par le gouvernement Valls est le minimum de ce qu’il faut faire ». Le minimum seulement.
Or pour Jean-Claude Juncker, il se trouve que « la réforme du droit du travail voulue et imposée par le gouvernement Valls est le minimum de ce qu’il faut faire ». Le minimum seulement. Et, avec un peu de chance, de constance et d’audace, une simple étape vers ce rêve éveillé que constitue l’idéal grec !
Autre grand bavard : Pierre Moscovici. Lui assume mieux encore que Juncker, et ses insinuations n’en sont plus. Ce sont même des aveux : oui, l’Union européenne veut la loi El Khomri. Dans un entretien publié ici le 18 mai soit, précisément, le jour de la parution des recommandations adressées par la Commission à la France dans le cadre du « semestre européen », le commissaire aux Affaires économiques faisait connaître sa volonté. S’il minaudait tout d’abord en prétendant qu’il ne lui appartenait pas de « juger » la Loi travail, il rappelait toutefois qu’il lui appartenait bien de l’exiger : « Tout ce que je peux dire, c’est que la réforme est indispensable et qu’y renoncer serait une erreur lourde (…) les Français ont souvent le même réflexe quand une réforme se présente : celui de s’y opposer. Cela ne signifie pas que la réforme n’est pas nécessaire et qu’elle ne doit pas être menée (…) En outre, je pense que la volonté du peuple doit s’exprimer dans les élections, pas dans les sondages ».
C’est vrai. En principe, sauf à vivre dans le chaos de la démocratie d’opinion, les scrutins font foi bien plus que les sondages. Mais en principe aussi, le pouvoir exécutif français se situe à l’Élysée et à Matignon (Paris, France), et non dans le bâtiment du Berlaymont (Bruxelles, Belgique). Sauf à vivre dans le chaos de la démocratie congédiée.
Évidemment, si les choses en sont là, et Moscovici le dit fort bien, c’est en raison « des traités que les gouvernements et les Parlements de l’Union européenne, à commencer par celui de la France, ont signés ». C’est là l’argument dont les européistes se prévalent sans cesse, car il n’y a plus que ça en magasin. Au passage, ils se hâtent d’oublier que le dernier des traités, celui de Lisbonne, a tout de même nécessité pour être signé que l’on s’assoie en 2005 sur les résultats de deux référendums, le néerlandais et le français. Tout comme on s’est assis sur le résultat de la consultation grecque de juillet 2015. Autrement, c’était début du détricotage de la zone euro.
Au sujet du mouvement social actuellement en cours, Myriam El Khomri a eu ces mots très contestés : « il n’est pas question que l’économie de notre pays soit prise en otage ». Ils sont pourtant incontestables : l’économie de notre pays est, depuis longtemps, en situation de captivité. Simplement, les rançonneurs ne sont pas forcément ceux que l’on croit.
________
On rappelle que la presse patronale (pléonasme), experte de l’inversion accusatoire, ose traiter « d’extrême droite » tous ceux qui résistent à ce néofascisme qu’est l’UE, tous ceux qui défendent la souveraineté populaire et nationale.
Je rappelle deux ou trois choses que je dis sur ce sujet depuis onze ans :
httpv://youtu.be/7EhbGQUoy5o
httpv://youtu.be/8Ak-gFFhJ70
httpv://youtu.be/fEwCJEbJ9Pc
________
Citons aussi ces aveux importants, publiés par Fakir et Là-bas et qu’il faut connaître : dès avril 2012, avant l’élection de Hollande, les eurocrates savaient que le prochain élu ne pourrait pas faire autrement que détruire les diverses protections des salariés (notamment le CDI, mais pas seulement) ; l’UE est un piège antisocial, voulu comme tel par ceux qui le défendent :
httpv://youtu.be/4jXmdF8MjNo
_______
Rappelons enfin les explications par Gérard Filoche de la catastrophe en cours pour tous les salariés du pays : pour comprendre l’importance cruciale, intime, quotidienne, pour nous tous du Code du travail, et pour réaliser que c’est sa destruction qui est programmée par la loi « El Khomry » :
httpv://youtu.be/c3Bd-0q4sas
httpv://youtu.be/rWTFUPFVwtE
Voir aussi ce lien (importante explication) : http://rmc.bfmtv.com/emission/projet-de-loi-el-khomri-gerard-filoche-ps-milite-pour-une-greve-generale-953533.html
Et enfin ce très bon plaidoyer :
——-
PS : scandale absolu, quand on y pense :
De jeunes technocrates de l’Union Européenne dictent la politique de la France
httpv://youtu.be/uTinsboWJaM
10 raisons qui imposent de quitter l’Union Européenne – François Asselineau (UPR) :
httpv://youtu.be/ycfOvIZC3Rc
________
Il n’y a que nous
pour défendre le Code du travail,
personnellement,
maintenant.
_____
Fil Facebook correspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10154215916447317
Bien sûr, François Asselineau s’amuse 🙂
https://www.facebook.com/upr.francoisasselineau/photos/a.393974702611.173278.367713397611/10154257173827612/?type=3&theater
=== INCROYABLE ! TOUT FINIT PAR ARRIVER ! ===
APRÈS 9 ANS D’EXPLICATIONS FOURNIES PAR L’UPR, UN DÉPUTÉ PS ET LE MAGAZINE MARIANNE VIENNENT DE DÉCOUVRIR L’EXISTENCE DES GOPÉ ET LEUR RÔLE DANS LA LOI « EL KHOMRI » !
———————————
C’est incroyable. Cela tient du prodige. Et pourtant c’est vrai !
Le magazine Marianne vient de parler des GOPÉ, de relier cela à la loi El Khomri, et d’attribuer cette extraordinaire découverte à… un député PS « frondeur » !
Je cite Marianne :
« Philippe Noguès, député du Morbihan et premier frondeur a avoir quitté le Parti socialiste, s’interroge sur les origines de la loi Travail. Par le biais des GOPÉ (documents sur les Grandes Orientations de Politique Économique), la Commission européenne incite ses pays membres à s’aligner sur sa doxa.
Selon le parlementaire breton, la loi El Khomri n’en est qu’un nouvel exemple. Ce qui pose deux questions : l’Europe est-elle condamnée à être le cheval de Troie de l’ultra-libéralisme et que reste-t-il de la souveraineté populaire ? »
Tout est là : http://www.marianne.net/agora-loi-el-khomri-symptome-doxa-bruxelles-100243142.html
———————-
CONCLUSION
———————-
a)- Je suggère à tous mes lecteurs d’écrire très aimablement au magazine Marianne pour leur rappeler que – comme ses journalistes le savent parfaitement – cela fait 9 ans que j’ai créé l’UPR, et que je parcours la France, pour avertir mes compatriotes de l’existence de ces GOPÉ.
Je leur explique qu’il est essentiel de lire à la loupe les traités européens, je leur explique que ces GOPÉ ont été créées par le traité de Maastricht, et qu’elle sont imposées juridiquement à la France de nos jours par l’article 121 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE).
J’ai expliqué cela depuis des années dans plusieurs de mes conférences ; par exemple
httpv://www.youtube.com/watch?v=ycfOvIZC3Rc
C’est également expliqué dans un tract sur l’escroquerie européenne que nous avons distribué avec beaucoup de succès depuis 2 ans à travers toute la France et qui est d’ailleurs en téléchargement sur notre site ( dernière version en date ici : http://www.upr.fr/wp-content/uploads/2010/11/UE-escroquerie-12mai2016-WEB_V2.pdf)
—-
b)- Je suggère à tous mes lecteurs d’écrire non moins aimablement au député Philippe Noguès :
- pour le féliciter d’avoir quitté le PS (il est aujourd’hui non inscrit),
- pour lui suggérer d’adhérer à l’UPR,
- et pour lui demander de m’accorder son parrainage pour la prochaine élection présidentielle.
Sa fiche à l’Assemblée nationale pour le joindre est :
http://www2.assemblee-nationale.fr/deputes/fiche/OMC_PA607632
François ASSELINEAU
25 mai 2016
Voyez l’article précédent de Coralie :
Ce que la loi El Khomri doit à l’Union européenne
http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/05/17/31001–20160517ARTFIG00137-ce-que-la-loi-el-khomri-doit-a-l-union-europeenne.php
IGAROVOX/ANALYSE – Nous devons en grande partie la « Loi travail » à notre appartenance communautaire, explique Coralie Delaume. Les Grandes Orientations de Politique Économique de la Commission européenne en sont à l’origine.
_________
Coralie Delaume est journaliste. Elle a notamment publié « Europe. Les États désunis » (Michalon, 2014). Découvrez ses chroniques sur son blog.
_________
« La loi El Khomri c’est la faute à l’Europe », affirme sur son blog Jean-Luc Mélenchon. C’était sans doute une raison suffisante pour choisir de la faire adopter par 49.3. Quand ça vient de l’Europe c’est très sérieux, ça ne se discute pas. Et comme « l’Europe c’est la Paix », ça n’attend pas.
Pour autant, Mélenchon n’exagérait-il pas en écrivant cela ? De son côté, l’économiste Frédéric Farah ne caricaturait-il pas en expliquant à son tour : « comprenons-bien que la loi El Khomri a l’euro pour père, et pour mère la stratégie de Lisbonne de mars 2000 » ? Ne cédait-il pas à la facilité de « faire de l’Europe un bouc émissaire », selon l’expression consacrée ?
Hélas, ni l’un ni l’autre n’affabulait ni ne « bouc-émissairisait ». Cette « Loi travail », nous la devons effectivement, pour une bonne part, à notre appartenance communautaire. Pour s’en apercevoir, encore faut-il quitter un instant le terrain des grands principes sur lesquels s’affrontent généralement « européistes » et « eurosceptiques ». Il faut ajuster son masque, chausser ses palmes et consentir à plonger dans les eaux froides de la technique. On découvre alors le pot-aux-roses : l’Europe, c’est l’apnée.
Ce que la loi El Khomri doit aux traités européens
Il ne faut pas craindre de l’affirmer (d’autant moins qu’on ne risque guère d’être compris): la « Loi travail » nous vient des GOPE. Oui, des GOPE. Les GOPE, ce sont les « Grandes Orientations de Politique Économique ». Plus précisément, ce sont des documents préparés par la direction générale des affaires économiques de la Commission européenne. Conformément à l’article 121 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), ces documents sont ensuite transmis au conseil Ecofin (c’est à dire à la réunion des ministres européens de l’économie et des finances), puis au Conseil européen (les chef d’État et de gouvernement). Après validation, les GOPE deviennent des recommandations du Conseil aux pays de l’Union et font l’objet d’un suivi. Toujours selon l’article 121, « le Conseil, sur la base de rapports présentés par la Commission, surveille l’évolution économique dans chacun des États membres ». Cette « surveillance multilatérale » est rendue possible grâce aux informations généreusement fournies par les États à la Commission.
Bref, un joli petit traité de servitude volontaire que le Traité sur le Fonctionnement de l’UE.
Au départ toutefois, les GOPE n’étaient que des textes vagues et peu engageants. Pour les rendre plus contraignants et dans l’espoir de donner enfin son plein potentiel à l’idée délicieuse de « surveillance multilatérale », la Commission de Bruxelles s’est chargée d’en accroître la portée au sein d’un document important publié en 1998, à la veille de la mise en place de l’euro.
Ce document intitulé Croissance et emploi dans le cadre de stabilité de l’Union économique et monétaire s’intéresse au tout premier chef – comme son nom l’indique – à la question du marché du travail et à l’emploi. Il confère un rôle central aux GOPE et indique de manière claire ce qu’elles doivent contenir, en égrenant l’une derrière l’autre ces formules bien connues au doux parfum de schlague : « stabilité des prix », « assainissement des finances publiques », « modération des salaires nominaux », « renforcement des incitations à la discipline salariale ». Bref, toute la panoplie.
Depuis qu’elles existent, les GOPE ont toujours contenu des injonctions à réformer le marché du travail. Si l’on examine celles pour 2012 par exemple – parfaitement au hasard : il s’agit juste de l’année de l’élection de François Hollande – on voit que le Conseil recommande à la France de « revoir la législation, notamment la procédure administrative de licenciement ». Ou de « veiller à ce que l’évolution du salaire minimum favorise l’emploi, notamment des jeunes, et la compétitivité », ce qui signifie, traduit du Volapük de Bruxelles en Français des Deux-Sèvres ou de Haute-Garonne, qu’il ne faut pas augmenter le SMIC. On notera au passage et juste pour rire qu’il est demandé la même année de « supprimer les restrictions injustifiées sur les professions (vétérinaires, taxis, notaires…) et secteurs réglementés » : bienvenue à toi, ô « loi Macron ».
Ce que la loi El Khomri doit à la « stratégie de Lisbonne »
Tout cela n’étant pas encore suffisamment abstrus, il a fallu qu’on en rajoute. En mars 2000, on a donc mis en place la « stratégie de Lisbonne », dont l’objet était de faire advenir en Europe [roulements de tambours] : « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale » [Fermez le ban].
La stratégie de Lisbonne – devenue depuis « stratégie Europe 2020 » – se veut globale. Elle est surtout labyrinthique. Elle prétend faire superviser par les instances européennes tous les domaines de la vie de tous les pays. Et embrasser dans un même geste les questions liées aux marchés financiers, celles liées à l’éducation, les affaires de finances publiques, celles de protection sociale, de création de PME, d’emploi bien sûr, de veau-vache-cochon-couvée. On en passe, et pas des meilleures.
Plus on simule la scientificité, plus ça fait chic et plus on est crédible. Avec la stratégie de Lisbonne, on s’est donc doté d’outils nouveaux et hautement techniques. Pour suivre la question de l’emploi, on a ainsi adjoint aux GOPE les Lignes directrices pour l’emploi (LDE). Les deux ensemble, GOPE et LDE, sont regroupées dans les LDI (lignes directrices intégrées), dont le site de la Commission européenne nous dit ceci : « les lignes directrices intégrées déterminent le champ d’action des politiques des États membres et la direction à suivre dans la coordination de celles-ci. Elles servent de base aux recommandations par pays ».
Aux recommandations par pays ? Tiens donc. Et que recommande-t-on à la France, pour l’année 2016 ? L’intégralité du patafar est consultable ici. Pour résumer, il est d’abord déploré que « la décélération récente des salaires réels reste insuffisante », que « la France affiche toujours des coûts salariaux parmi les plus élevés de la zone euro, principalement en raison « du niveau élevé des cotisations sociales patronales », ou que « les augmentations du SMIC induisent une compression des salaires vers le haut ».
À titre de solution, il ensuite proposé de « maintenir les réduction du coût du travail découlant du CICE », d’œuvrer à limiter davantage « les rigidités du marché du travail » (ce qui signifie qu’il faut faciliter le licenciement), de « faciliter, au niveau des entreprises, les dérogations aux dispositions juridiques générales, notamment en ce qui concerne l’organisation du temps de travail ». Dans cette dernière formule, on reconnaît immédiatement l’inspiration des nombreuses dispositions prévues dans la loi El Khomri pour accroître le temps de travail des salariés, tout en rémunérant moins bien, dans certaines conditions, les heures supplémentaires. ( http://lentreprise.lexpress.fr/rh-management/droit-travail/13-mesures-cles-de-la-loi-travail_1791715.html ).
Ce que la loi El Khomri doit à l’euro
Enfin, il ne faut pas négliger ce que la « Loi travail » doit à l’appartenance à la zone euro, et cela pour plusieurs raisons.
La première est que l’euro est une monnaie surévaluée pour plusieurs économies de la zone, de la Grèce à la France et jusqu’à la Finlande, qui a parfois envisagé de s’en défaire. Cela nuit à la compétitivité de ces pays, fait perdre des parts de marché à leurs entreprises, et détruit des emplois. La loi El Khomri fait partie de ces solutions que l’on essaie de trouver pour regagner de la compétivité-coûts par l’écrasement des salaires faute de pouvoir déprécier la monnaie.
La seconde raison est que la zone euro vit sous la surveillance permanente des marchés financiers, dont on a décidé au départ – c’est l’un des innombrables vices de conception de l’euro – qu’ils seraient désormais les seuls banquiers des États-membres. Or les marchés de capitaux, on s’en doute, ont une tendance assez nette à œuvrer pour que la répartition de la valeur ajoutée créée dans la zone soit favorable au capital (c’est-à-dire à eux-même) et non au travail. Ça leur est d’autant plus facile en régime de « libre circulation des capitaux », que le capital y est éminemment mobile, cependant que le travail demeure très sédentaire. La compétition entre les deux ne se fait donc pas à armes égales. A tout moment, le capital peut menacer d’aller s’investir ailleurs si les conditions dans l’un ou l’autre des pays européens lui déplaisent. Le travail, lui, ne peut menacer que de pas grand chose. Enfin, il peut toujours manifester contre la loi El Khomri, comme c’est le cas actuellement. Sans grand succès d’ailleurs, ce qui témoigne assez bien du caractère inéquitable du rapport de force.
La troisième et dernière raison est que l’euro n’a pas seulement privé les État-membres de leur monnaie. Elle les a aussi privés de l’instrument budgétaire, puisque dans le cadre du « semestre européen », du two pack, du six pack – encore des instruments inspirés des techniques managériales et dont la prétention à scientificité confine au grotesque – les budgets nationaux sont sous haute surveillance de la Commission européenne. Alors, faute de pouvoir recourir à la politique monétaire, faute de pouvoir utiliser l’instrument budgétaire, on se sert du seul levier de politique économique qui demeure : l’ajustement à la baisse du « coût du travail ».
La loi El Khormi est le résultat de tout cela, exactement comme le Jobs Act italien de 2015, et comme toutes les réformes du même acabit adoptées ces dernières années en Europe du Sud.
***
En tout état de cause, le gouvernement français a bien travaillé. Le commissaire Valdis Dombrovskis l’en a chaudement félicité lors d’une visite à Paris fin mars. Comme rapporté par le site spécialisé sur les questions européennes EurActiv, le vice-président de la Commission « à l’euro et au dialogue social » (sic) a salué la loi El Khomri comme une heureuse initiative « destinée à répondre aux rigidités du marché du travail, et qui devrait relancer l’emploi ». Un bien bel hommage ! Merci patron !
Coralie Delaume.
Source : http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/05/17/31001–20160517ARTFIG00137-ce-que-la-loi-el-khomri-doit-a-l-union-europeenne.php
Depuis 1974, les dirigeants successifs de tous bords ont poursuivi des priorités mutuellement incompatibles :
1) Augmenter les salaires, et en particulier les bas salaires correspondant à des emplois peu qualifiés, plus vite que la productivité du travail.
2) Diminuer la durée du travail en baissant à la fois l’âge légal de la retraite et la durée hebdomadaire du travail, et entraver les relations contractuelles (code du travail de 3500 pages contre 130 pages en Suisse pour prendre un exemple voisin et socialement mieux disant) renchérissant ainsi encore davantage le coût du travail.
3) Étendre le champ et les effectifs du secteur public, poussant ainsi les dépenses publiques et donc la fiscalité à des niveaux parmi les plus élevés du monde relativement au PIB.
4) Engager le pays dans une monnaie unique avec d’autres pays européens, se privant ainsi d’un possible ajustement par le taux de change sans s’assurer de la convergence des politiques économiques et, en l’occurrence, en divergeant totalement de l’autre pilier de l’Euro – l’Allemagne – qui a suivi la politique exactement inverse de la France en allongeant la durée et en réduisant le coût du travail pour soigner sa compétitivité mondiale.
5) Engager le pays dans le libre-échange mondial, y compris avec des pays ayant des salaires 10 fois moins élevés, des charges salariales 2 fois moins élevées, des durées du travail 40% plus élevées, une fiscalité 50% moins élevée, sans s’assurer que les parités de change seraient bien fixées à des niveaux équilibrant les balances commerciales et donc les balances en emplois.
6) Créer des emplois en France.
Il est immédiatement visible que 1−2−3 sont incompatibles avec 4–5 et que cette incompatibilité ne peut se traduire que par la destruction d’emplois et l’envolée du chômage, c’est à dire l’échec de 6. Dans les faits, les dirigeants français ont choisi le chômage. On peut dire qu’ils ont réussi.
En effet, de la « rupture » de 1974 à 2015 :
Population totale +12 millions
Population active +10 millions
Emploi total +4.4 millions, dont
– Emplois agricoles ‑1.4 millions
– Emplois marchands non agricoles +2.6 millions, dont +2.3 millions de CDD, intérimaires et stagiaires
– Emplois non marchands +3.2 millions, dont +0.9 millions de CDD, intérimaires et stagiaires
Chômeurs (toutes catégories) +5.3 millions
Dépenses des administrations publiques en % de la valeur ajoutée du secteur marchand : de 59% en 1974 à 93% en 2015
Dette publique en % de la valeur ajoutée du secteur marchand : de 29% en 1974 à 158% en 2015
Un désastre qui a consisté à fabriquer constamment pendant 40 ans des emplois publics (+2.3m), des travailleurs précaires (+3.2m) et des chômeurs (+5.3m). En net, pas un seul emploi marchand de qualité créé en 40 ans. Le tout financé par une fuite en avant de la fiscalité et de l’endettement public, qui a totalement explosé la base fiscale représentée par la valeur ajoutée marchande.
Ainsi avons nous aujourd’hui la protection statutaire pour 9 millions de salariés titularisés du secteur non marchand ; la précarité pour 9 millions de chômeurs et travailleurs précaires ; l’imposition fiscale intégrale pour les 14 millions de salariés marchands restants qui font vivre directement et indirectement les 66 millions de français. Un tel « modèle social » n’est bien sûr pas le modèle que le monde nous envie. A l’étranger, le modèle français fait figure de repoussoir caricatural. A juste titre car, de fait, il aboutit globalement à un « moins-disant » social flagrant. Enfin, il est immédiatement visible qu’un tel contrat social est incompatible avec la concorde et la cohésion nationale.
Il est à noter que les alternances politiques au cours de la période 1974–2015 n’ont en rien modifié le développement de ces tendances de fond. Des accords de grenelle en 1968 au projet de loi El Khomri en 2016, en passant par les lois Auroux de 1982, les 35 heures en 2000 et les nombreuses tentatives de « retour en arrière » tout au long du chemin, absolument toutes ces mesures ont systématiquement donné lieu à des joutes enflammées pendant que la situation de l’emploi ne cessait de se détériorer. Ni les lois prétendument de « progrès social », ni les lois prétendument « d’efficacité économique » dont le projet El Khomri est le dernier avatar n’ont eu le moindre effet bénéfique durable sur la situation de l’emploi, bien au contraire. De la gesticulation réthorique aboutissant à des résultats calamiteux, exactement contraires aux objectifs proclamés.
La controverse actuelle sur le projet de « loi travail » ne fait que prolonger ce lamentable enfumage. Quel spectacle affligeant, et même pathétique, après 45 ans de montée inexorable du chômage et du sous-emploi, de voir le débat français s’enliser avec une passion constamment renouvelée dans des postures totalement stériles et se détourner obstinément de la détermination sereine des causes du sous-emploi massif qui mine le pays, et sans laquelle aucune action efficace et acceptable par tous ne sera possible.
Quant aux représentants politiques, il est évidemment totalement impensable que ceux et celles qui ont œuvré à un désastre de cette ampleur aient le toupet de se (re)présenter aux élections. C’est bien sûr une question d’éthique civique élémentaire : quand on dessert de façon aussi flagrante le pays, le meilleur moyen de le servir est de se retirer. C’est le minimum de la décence. C’est aussi une question de crédibilité : le discrédit qui frappe ceux qui ont œuvré à ce désastre est si profond et si parfaitement justifié que leur légitimité pour agir sera nulle. Même s’ils voyaient soudainement la lumière – ce qui est très loin d’être le cas – ils ne pourraient rien faire. Enfin, si le renouvellement complet du personnel politique est une condition non suffisante en soi, elle est absolument nécessaire. C’est même peut être la seule solution pacifique pour sortir de cette redoutable impasse.
Les banques européennes.
Il faut donner de l’argent aux banques européennes.
C’est ça, le plus important.
Quant aux peuples européens, ils peuvent crever, on n’en a rien à foutre.
Mercredi 4 mai 2016 :
C’est un rapport allemand, de l’école European School of Management and Technology de Berlin (ESMT), qui l’affirme : des 220 milliards d’euros du plan d’aide à la Grèce, 210 milliards d’euros ont servi à renflouer les banques européennes.
Article d’ekathimerini.com, publié le 4 mai 2016 :
« Environ 95 % des 220 milliards d’euros versés à la Grèce depuis le début de la crise financière sous forme de prêts dans le cadre du mécanisme de renflouement ont servi à renflouer les banques européennes. Ce qui signifie qu’environ 210 milliards d’euros ont atterri sur les comptes du secteur bancaire européen, tandis que seulement 5 % ont garni les caisses de l’État, d’après une étude de l’European School of Management and Technology (ESMT) de Berlin.
« L’Europe et le FMI ont, durant ces dernières années, sauvé les banques et d’autres créditeurs privés, » conclut le rapport, publié hier dans le journal allemand Handelsblatt. Le directeur de l’ESMT, Jorg Rocholl, a déclaré au journal financier allemand que « les plans de sauvetage ont principalement sauvé les banques européennes ».
L’étude de cette école de commerce a déterminé que 86,9 milliards d’euros ont été utilisés pour rembourser d’anciennes dettes, 52,3 milliards pour le paiement des intérêts et 37,3 milliards pour la recapitalisation des banques grecques.
Les économistes qui ont participé à l’étude ont analysé de façon séparée chaque crédit afin d’établir la destination de l’argent. Ils ont conclu que seulement 9,7 milliards d’euros, soit moins de 5 %, ont contribué au budget grec au profit du peuple.
« Tout le monde le soupçonnait, mais peu de gens le savaient. C’est maintenant confirmé par cette étude : pendant 6 ans, l’Europe a tenté en vain de mettre un terme à la crise grecque via des prêts, tout en exigeant des mesures et des réformes toujours plus dures. Les causes de l’échec se trouvaient manifestement moins du côté du gouvernement grec que de la planification des plans de sauvetage, » conclut le quotidien allemand.
http://www.ekathimerini.com/208381/article/ekathimerini/business/german-report-bailout-has-saved-banks-not-greece
La France paralysée par des extrémistes radicaux et violents, Valls et Hollande, puncks à chien du grand patronat 🙂
httpv://youtu.be/ZDHR-VhQ_BI
Nicole Ferroni : nouvelle alarme, la directive « secret des affaires » (loi européenne scélérate pour exterminer les lanceurs d’alerte) adoptée sans tambour ni trompette jeudi 26 mai 2016 à 14 heures [reporté au vendredi à 9h] :
https://www.facebook.com/nicoleferroniofficiel/videos/1180629128650708/
Scandale absolu !
Un très jeune homme cravaté de la Commission européenne, sûr de lui et dominateur (tous les fonctionnaires de l’UE sont protégés par une IMMUNITÉ JUDICIAIRE À VIE. POURQUOI ?), venant de rédiger, quasiment sur un coin de table dans son bureau, la liste des tortures économiques et sociales qu’il a décidé d’imposer arbitrairement aux millions de Français…
Non mais merde quoi !
httpv://youtu.be/uTinsboWJaM
Combien de temps allons-nous nous laisser violer sans tout foutre en l’air ? On est quand même nuls, collectivement. Un corps social aussi amorphe et incapable de se défendre paraît complètement dégénéré… Ils ont raison de nous martyriser, quelque part, pourquoi se gêner ? Tout pouvoir va jusqu’à rencontrer une limite. C’est une loi fondamentale de la physique.
Grève générale.
Je propose qu’on pose aux prétendus « journaliste » la question impertinente suivante :
• Comment justifiez-vous l’immunité judiciaire à vie dont bénéficient les fonctionnaires européens ?
(décision prise discrètement en 1965, à la faveur d’un traité qui n’avait aucun rapport.)
Les eurocrates commettent-ils donc, en secret, tant de forfaits impardonnables qu’il faille ainsi les protéger d’une manière unique au monde ?
Lire :
« Immunités judiciaires à vie des Eurocrates, la polémique s’amplifie »
http://www.newropeans-magazine.org/en/2006/11/21/immunites-judiciaires-a-vie-des-eurocrates-la-polemique-samplifie‑2/
La réponse de Franck Biancheri, Président de Newropeans, au droit de réponse de la Commission sur les immunités à vie des fonctionnaires communautaires.
Nota (pour info) : Franck est désormais mort (très jeune)…
https://youtu.be/KheA6Me8LnM
Il est mort jeune… mais au fait de quoi est-il mort ? ^^ je sais, humour noir et imagination débordante.
Il faut supprimer l’immunité judiciaire à vie dont bénéficient les fonctionnaires des institutions européennes !
http://www.newropeans-magazine.org/en/2006/10/11/les-eurocrates-tout-puissants‑l%C2%92information-cle-que-verheugen-oublie-de-vous-dire/
[…] « Oui, vous avez bien lu : aucun tribunal dans l’Union européenne ne peut sanctionner les dérives des fonctionnaires européens intervenues dans le cadre de leur fonction, et cette protection leur est accordée à vie. Vous trouverez tout le détail dans l’annexe d’un Traité européen de 1965 qui a accordé ce privilège exorbitant[2].
Je me permets d’insister car c’est tellement énorme qu’on peut facilement mal comprendre l’information : ceux qui bénéficient de cette immunité à vie, ce ne sont pas les Commissaires européens comme Verheugen, nommés par les gouvernements, ni les députés européens de Strasbourg que nous élisons. Non, ceux là ont une immunité politique classique, comme dans les Etats membres, qui ne dure que le temps de leur fonction (5 ans). Ceux qui bénéficient de cette immunité, ce sont les fonctionnaires, qui restent en poste généralement une trentaine d’années ! Et de toute façon, elle leur est accordée jusqu’à leur mort !
Aucun régime démocratique dans l’Histoire n’a accordé un tel privilège à ses bureaucrates. Même les dictatures concentrent les immunités à vie sur la personne du dictateur ou de ses plus proches sbires. En tout cas, ces mêmes dictatures nous enseignent quelque chose d’utile pour comprendre où se trouve le vrai pouvoir à Bruxelles : ces immunités à vie ne s’attribuent qu’à ceux qui ont vraiment le pouvoir, et tout le pouvoir.
Alors, déjà, comme le rappelle fort justement Günter Verheugen, la durée de fonction des fonctionnaires européens (trente ans environ contre cinq pour les Commissaires), conduit la haute hiérarchie de la Commission à considérer les « politiques » de la maison comme de vulgaires signataires de décisions élaborées sans eux, voire contre eux. Vous pouvez imaginer, avec l’immunité à vie dans la poche, comment ils peuvent évaluer les rapports de force entre eux et le soi-disant niveau politique de la Commission : tout le pouvoir aux Eurocrates[3] et seulement l’apparence aux Commissaires. »
[…]
Franck Biancheri
(mort depuis, à 51 ans…)
_____
Notes
[2] Texte des traités européens relatif aux immunités des fonctionnaires européens : Europa.eu ; et plus d’information sur la question : Newropeans
[3] Je tiens à préciser que ce pouvoir des Eurocrates est concentré dans les mains de moins de 500 hauts fonctionnaires. L’immense majorité des fonctionnaires européens n’a ni la volonté, ni la capacité d’exercer ce pouvoir en haut du système. Mais via les immunités à vie qu’in fine seule la haute hiérarchie peut lever si elle le souhaite, non seulement les directeurs généraux et directeurs tiennent leurs troupes avec un instrument particulièrement efficaces ; mais en plus ils savent qu’en cas de crise c’est leur « patron politique » qui sautera. Ces dernières années ont vu des Commissaires, voire des Commissions entières, démissionner ou être mises en accusation, y compris devant la justice. Cherchez en revanche les hauts fonctionnaires européens dans le même cas ! Vous ne trouverez rien, car il n’y en a tout simplement pas eu. C’est l’avantage d’être intouchable. »
Je rappelle aux nouveaux venus ici un billet où je trouvais les journalistes assez peu impertinents avec les pouvoirs, et où je leur suggérait quelques questions utiles à poser aux « responsables » (totalement irresponsables comme chacun peut en juger) :
SOS journaliste en panne : réservoir à questions citoyennes impertinentes :
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2007/03/09/59-sos-journaliste-en-panne
L’éditocratie unanime : haro sur les grèves !
http://www.acrimed.org/L‑editocratie-unanime-haro-sur-les-greves
Source : Acrimed
Pour démocratiser l’UE, supprimons limmunité judiciaire des fonctionnaires européens
15-12-2005 David Carayol
http://www.newropeans-magazine.org/en/2005/12/15/pour-democratiser‑l%C2%92ue-supprimons‑l%C2%92immunite-judiciaire-des-fonctionnaires-europeens‑2/
« En tant que fonctionnaires de l’UE ils ont une immunité de juridiction pour les actes accomplis par eux, y compris leurs paroles et écrits, en leur qualité officielle. Et surtout, ils continuent à bénéficier de cette immunité après la cessation de leurs fonctions.
Une telle immunité est loin de constituer un élément de la démocratisation de l’UE. Dans nos propres démocraties, nos présidents, nos ministres, nos premiers ministres, nos membres du Parlement, même ceux du Parlement et de la Commission européenne, ne sont protégés que par une immunité pour la durée de leur mandat. Aucun pays démocratique n’a une telle protection légale pour ses fonctionnaires que celle des fonctionnaires de l’UE. Au contraire, les démocraties ont été établies en combattant de telles immunités, une telle « classe de privilégiés », pour empêcher la création d’une société à deux vitesses. Or les fonctionnaires de l’UE de Bruxelles ou du Luxembourg sont protégés à vie ! Même après la cessation de leurs fonctions, ils ne peuvent pas être confrontés à la justice pour tout acte accompli durant leur mandat.
Cette immunité à vie, outre qu’elle est incompatible avec le principe d’égalité devant la loi au coeur de toute démocratie, contribue à entretenir une opacité des institutions (même opaque à la justice) et un éloignement des gens qui alimentent la dérive bureaucratique de tout le système communautaire. Elle n’a aucune raison d’être puisque l’UE rassemble 25 démocraties où l’indépendance de la justice est garantie.
Personne ne peut expliquer pourquoi cette immunité a été accordée, ni par qui. Régie par le Protocole sur les privilèges et immunités des Communautés européennes du 8 avril 1965, elle a été ajoutée furtivement en 1965, des années après la création de la Communauté européenne, dans une annexe à un traité qui n’a rien à voir avec le sujet. Après avoir interrogé des fonctionnaires de plusieurs États membres dans le cadre d’une campagne pour la suppression de cette immunité et dans la quelle le Newropeans Magazine avait été engagé, nous n’avons pu obtenir jusqu’à maintenant aucune réponse, si ce n’est : “nous ne savons pas”.
Pour respecter le principe fondamental de la démocratie en Europe, pour éviter qu’une caste d’ « intouchables » ne dirige l’Union européenne, il est nécessaire de réviser cette immunité judiciaire à vie des fonctionnaires européens. Cette immunité régie par le Protocole sur les privilèges et immunités des Communautés européennes du 8 avril 1965 doit être supprimée sans que pour autant cette révision ne remette en cause l’immunité diplomatique des fonctionnaires, qui est rattachée à l’exercice de leur fonction hors de l’UE et pour la période correspondant à la durée du poste.
Pour que la suppression de cette immunité soit effective, la clause du traité concerné doit être modifiée. Toute modification de traité doit être ratifiée par l’ensemble des Etats membres. Cette modification de la clause sur l’immunité aurait pu être mise en application simultanément avec la ratification de la Constitution. Elle aurait dû à ce titre figurer en annexe du traité de la constitution en énonçant simplement la clause suivante : « les fonctionnaires de l’UE sont légalement responsables aux yeux du système judiciaire du pays où leur institution se trouve. Ils jouissent d’un statut juridique semblable aux fonctionnaires nationaux de ce pays même ». Mais ni les politiques nationaux, ni les politiques européens, encore moins les fonctionnaires, ne semblent avoir mesuré la distorsion que cette clause représente dans le processus de démocratisation européenne que le Constitution européenne se proposait d’insuffler dans le développement politique de l’UE. Une démocratisation dans le cadre de laquelle doit être rétablie d’urgence l’égalité de traitement des citoyens devant la loi, et supprimée toute mesure d’exception visant à écarter de toute responsabilité de ceux qui sont censés gérer notre gouvernance.
David Carayol
Paris (France)
Notes :
– Protocole sur les privilèges et immunités des Communautés européennes du 8 avril 1965 :
[lien mort] http://europa.eu.int/eur-lex/fr/treaties/selected/livre506.html
[j’ai trouvé ça à la place]http://www.cvce.eu/content/publication/1999/1/1/56743413–2746-4c03-bd94-de079a684dca/publishable_fr.pdf
[J’ai aussi trouvé ça ]Document CIG 41 (03.11.03)
Adaptation des Protocoles annexés au Traité sur l’UE et aux traités CE et Euratom
Document de base pour travail groupe experts juridiques
http://ec.europa.eu/dorie/fileDownload.do;jsessionid=wnQhT06HSQhWpkz1Wtvd0nJ7gLgSDP32K1pnJPBb6HpT4LYD1zCr!682913849?docId=90103&cardId=90103
– Quand les immunités menacent la liberté de la presse (par Elodie Laborie)
Quand les immunités menacent la liberté de la presse
15-04-2005 Elodie Laborie
http://www.newropeans-magazine.org/en/2005/04/15/quand-les-immunites-menacent-la-liberte-de-la-presse/
« Quand il a choisi le titre de son livre, publié en 2003, “Raumschiff Brüssel. Wie die Demokratie in Europa scheitert” (Vaisseau spatial Bruxelles. Comment la démocratie échoue en Europe), Hans-Martin Tillack ne croyait pas si bien dire.
Dix ans d’expérience journalistique avec Stern l’avaient mené à Bruxelles, où il faisait partie des rares journalistes basés en permanence dans la capitale belge pour suivre l’actualité européenne.
Un an avant son livre, en février 2002, Stern publiait un article sur de possibles fraudes au sein de la Commission européenne, fraudes qui cadraient mal avec les promesses de « zéro tolérance » de Romano Prodi, après l ‘affaire Eurostat. Un an après son livre, le 19 mars 2004, Hans-Martin Tillack passait dix heures en garde à vue à Bruxelles, sans avoir le droit d’avertir son épouse, sa rédaction, ni même son avocat, après que la police belge ait saisi chez lui et à son bureau ses carnets d’adresses, agendas, et disques durs d’ordinateur.
L’association de défense de liberté de la presse Reporters sans frontières avait dénoncé une “violation du principe de la protection des sources, fondamental pour la garantie d’un journalisme d’investigation indépendant“. “Nous vous rappelons que la Cour européenne des droits de l’homme considère que les perquisitions aux domiciles et dans les locaux professionnels des journalistes sont contraires à l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme si elles ne correspondent pas à un “besoin social impérieux”. Nous demandons que les biens du journaliste lui soient restitués dans les plus brefs délais“, avait-elle indiqué dans un courrier adressé au procureur du roi de Bruxelles, Paul Degryse.
L’article de Stern avait pu être rédigé grâce à des documents internes –et donc, confidentiels- de l’Office européen de lutte antifraude, l’OLAF. Cet organisme, créé en 1999 par les institutions communautaires, est chargé de protéger les intérêts financiers de la Communauté. Son champ d’enquête est vaste : détection des fraudes douanières, détournement de subventions européennes, lutte contre l’évasion fiscale, la corruption…. Bien qu’il soit présenté comme un organisme d’enquête indépendant, l’OLAF fait partie de la Commission européenne, qui nomme son directeur général pour cinq ans.
Le 11 février 2004, l’OLAF portait plainte contre Hans-Martin Tillack auprès du procureur de Bruxelles et du procureur de Hambourg, en l’accusant d’avoir payé un fonctionnaire, membre de la Commission ou du Parlement Européen, pour obtenir les documents. En perquisitionnant au mois de mars, la police belge cherche des preuves confirmant, ou infirmant cette accusation. Les polices nationales travaillent en effet en collaboration avec les enquêteurs de l’OLAF.
Le 9 juin 2004, “Süddeutsche Zeitung” publiait l’interview de Joachim Gross, ancien porte-parole de la Commissaire Michaele Schreyer, disant qu’il était celui qui avait témoigné devant l’OLAF de la culpabilité du journaliste. Hans-Martin Tillack, soutenu par sa rédaction qui finance les poursuites, attaque alors en diffamation.
Le 7 juillet 2004 , il obtient de la cour de justice de l’Etat d’Hambourg (la Landgericht Hamburg) l’interdiction pour M. Gross de répéter ses allégations, entendues, soi-disant, d’un collègue haut fonctionnaire. Joachim Gross fait appel de la décision du Landgericht. Il perd une deuxième fois.
Le 7 décembre 2004, l’avocat de M. Gross introduisait un nouvel appel auprès de la cour supérieure, la Oberlandesgericht Hamburg, invoquant pour la première fois son immunité de haut fonctionnaire européen, en vertu de laquelle il ne peut être jugé devant une cour nationale.
Le 1er février 2005, la juge accepte cet argument, soulignant que ce n’est pas une décision sur le fond de l’affaire, mais sur la forme. La cour allemande, en se déclarant incompétente, coupe court aux poursuites menées par le journaliste et sa rédaction.
Hans-Martin Tillack mène un combat en parallèle, en attaquant la Belgique devant la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg. Il demande la restitution de plus de mille pages de documents, saisis par la police belge lors de la perquisition de mars 2004. Sa plainte devrait être examinée dans les semaines qui viennent, alors que le porte-parole de la police belge Jos Colpin a déclaré le 13 avril 2005 au magazine anglais EU Observer que l’enquête sur M. Tillack était encore en cours. »
Elodie Laborie
Paris (France)
La machine de guerre politico médiatique de citizen Drahi
25 MAI 2016 PAR RENÉ BACKMANN
https://blogs.mediapart.fr/rene-backmann/blog/250516/la-machine-de-guerre-politico-mediatique-de-citizen-drahi
L’interview de Manuel Valls diffusée dimanche soir par I24 News et BFM-TV, avec la participation de journalistes de l’Express et de Libération confirme que le milliardaire boulimique est en train de bâtir une machine de guerre politico médiatique destinée à défendre ses engagements politiques et ceux de ses amis et partenaires sans s’encombrer des règles de base du journalisme
Pourquoi le milliardaire franco-israélien, Patrick Drahi, qui possède notamment l’opérateur de téléphonie mobile SFR, le réseau Numericable et la chaîne de télévision israélienne à vocation internationale I24 News a‑t-il aussi pris le contrôle, en 2014 et 2015 du quotidien Libération, puis de l’Express avant d’étendre son empire médiatique à BFM-TV et RMC ? Ceux qui se posent encore cette question ont, depuis dimanche soir, des éléments de réponse éloquents. Et inquiétants. [Lire la suite…]
[scandale redoublé] Prenez bien le temps de vous concentrer sur ce rouage fondamental de l’oppression économique, politique et sociale, rouage central signalé aussi sur le blog de Coralie :
La Cour de justice de l’Union européenne : agent d’un « fédéralisme furtif » et alliée de l’austérité
http://l‑arene-nue.blogspot.fr/2016/04/la-cour-de-justice-de-lunion-europeenne.html
« L’ancien chancelier allemand Helmut Kohl ne s’est pas trompé lorsqu’il affirmait en 1992 au sujet de l’action de la Cour : « nous avons l’exemple de quelque chose que nous n’avions pas voulu au début ». Une phrase en dit long sur l’extension du rôle de la CJUE dans la construction européenne, et de sa capacité à s’émanciper, y compris des intentions originelles des plus fervents promoteurs de l’idée communautaire.
Dans un premier temps, la CJUE a su imposer le droit européen comme un écheveau de normes supérieures aux droits nationaux des États membres pour devenir, dans un second temps, la sourcilleuse gardienne des « libertés économiques ». Quant à la crise dite des dettes souveraines, elle a fait de la Cour un véritable organe de politique économique. Plus que jamais la construction européenne emprunte la voie du droit pour viser des buts politiques, sans jamais craindre d’être confrontée à quelque protestation populaire que ce soit. Ses choix sont pourtant lourds de conséquences. Ils sapent la souveraineté des États-nations européens et aggravent le sentiment de dépossession des citoyens. » [lire la suite… et faire passer]
10 raisons qui imposent de quitter l’Union Européenne – François Asselineau (UPR) :
httpv://youtu.be/ycfOvIZC3Rc
[rappel] Les institutions européennes nous condamnent, sciemment, volontairement, à un chômage de masse :
https://www.facebook.com/NousSommesAnonymous/videos/1665236287032790/?permPage=1
550 000 vues en 8 mois sur cette seule copie Facebook… Le niveau monte 🙂
Coralie Delaume :
« Tiens, c’est marrant parce que précisément, ça confirme ce que disait Varoufakis dans Le Monde du 22 août 2015 :
« La véritable cible, c’est l’Etat-providence français, son droit du travail, ses entreprises nationales sont la véritable cible (…). [On] considère la Grèce comme un laboratoire de l’austérité, où le mémorandum est expérimenté avant d’être exporté. La crainte du Grexit vise à faire tomber les résistances françaises, ni plus ni moins ».
Lenteur du Parlement : Manuel Valls en vient à faire l’éloge… du système grec !
http://www.marianne.net/lenteur-du-parlement-manuel-valls-vient-faire-eloge-du-systeme-grec-100243157.html
Bonjour, voici un lien vers une vidéo qui confirme vos écrits.
https://www.facebook.com/AutrementVue/videos/1018626024900127/
Ça fait longtemps que François Asselineau refuse d’appeler les lois nationales socialement régressives d’un nom de ministre : il les appelle loi « art. 121 du TFUE », du nom de l’article qui donne à la Commission européenne le pouvoir de fixer les GOPÉ et de les imposer ensuite aux millions d’esclaves européens.
httpv://youtu.be/7EaklXqf1pI
Nous devrions tous en faire autant.
Tous les pays de l’UE (!) et les USA REFUSENT de voter la motion de l’ONU condamnant les cérémonies glorifiant le nazisme et les Waffen SS… Voilà où on en est rendu :
httpv://youtu.be/2kN-icFW2_k
C’est accablant. Ça recommence… On va encore voir nos prétendues « élites » traîtreuses soutenir le fascisme comme rempart capitaliste contre la Russie 🙁
CBONNEUIL : « On bloque tout ! », force des sans-pouvoir
« Depuis l’invention de la grève générale en 1842, le blocage des approvisionnements énergétiques s’est maintes fois révélé une force des faibles, une arme du mouvement social et une fête émancipatrice…
Angleterre, été 1842. Devant le refus des capitalistes d’augmenter les salaires alors que le coût de la vie s’envole, de réduire la durée du travail, et devant le refus du gouvernement de donner suite à une pétition de 15.000 signataires en faveur du suffrage universel, un immense mouvement social naît en mai de cette année-là : la première grève générale du monde. « Bloquer … c’est inacceptable », s’indignent le premier ministre, les patrons et la presse des privilégiés.
France, mai 2016. Sourd à une pétition de plus d’un million de signataires, aux syndicats et au parlement qu’il balaye d’un coup de 49–3, autiste à la colère d’une jeunesse qui se remet « debout », Manuel Valls déclare que « bloquer … c’est inacceptable et on ne peut pas bloquer un pays… s’en prendre ainsi aux intérêts économiques de la France ». Il oublie que sans la grève, le sabotage et le blocage, et les luttes sociales depuis le XIXe siècle nous en serions encore aujourd’hui au monde de Dickens et Zola, du travail des enfants et du suffrage censitaire.
Quel était en effet le mode d’action des inventeurs de la grève générale en 1842 (et de bien d’autres depuis, en 1905, 1936, 1947 ou 1968)? Aller de mines en mines pour y casser les machines à vapeurs ou en voler les rondelles fusibles (« plug ») de sécurité. D’où l’appellation de « Plug Riots », les « émeutes des rondelles », donnée à cette mobilisation phare du mouvement chartiste. Comme le note un journal de l’époque, les mineurs avaient compris « le pouvoir qui était entre leurs mains de stopper tous les moulins, les usines et les trains ». En bloquant l’extraction et le transport de charbon pendant plusieurs semaines les travailleurs réussissent en effet à mettre à l’arrêt même les usines qui ne sont pas en grève, avant d’être suivis peu après par une grande grève des ouvriers textiles. Certains affirment : « mieux vaut mourir face à l’armée que de mourir… sous la machine du capitaliste » (1).
Cette Loi travail que le gouvernement et le MEDEF prétendent imposer à coup de 49–3 et de répression du mouvement social, n’est-elle pas précisément un retour au capitalisme sauvage du XIXe siècle ? Celui que des socialistes authentiques combattirent par le passé. Celui qui fut rendu en France moins invivable au XXe siècle : retraite, médecine du travail (affaiblie par le projet de Loi actuel), interdiction du travail des enfants (la première version de la Loi rétablissait des journées de 10h pour les apprentis mineurs !), démocratie sociale insérant les citoyens (via le parlement et le code du travail, que le socialisme patronal détricote à présent) et les syndicats dans la décision (via la primauté des accords de branche que l’article 2 du projet supprime, livrant les salariés au chantage patronal à l’emploi même quand l’entreprise dégage de juteux bénéfices !).
Cette régulation relative du capitalisme qui s’institutionnalise en Europe au milieu du XXe siècle n’aurait pu advenir sans le pouvoir de blocage énergétique des travailleurs comme l’a démontré l’historien Timothy Mitchell dans Carbon Democracy (2). Mais après 1945, la « pétrolisation » de l’Europe, d’ailleurs encouragée par le Plan Marshall, réduit le rapport de force des travailleurs (le pétrole vient du Moyen-Orient néo-colonial) et instaure une démocratie consumériste (des blocages, plus difficiles, restent possibles comme en 1968 et 2010). Selon Tim Mitchell, pétrolisée, la qualité de la démocratie change et cela prépare progressivement le terrain aux régressions néolibérales à partir des années 1970 : défiscalisation des riches, chômage, précarité, hausse de la part de la plus-value allant à la rémunération du capital au détriment du travail.
Bloquer serait aujourd’hui illégitime ? Alors que des millions de travailleurs pauvres sont en galère, sous le chantage du chômage de masse, et que le poids du patrimoine privé par rapport à la richesse nationale après avoir diminué après 1945, est maintenant revenu en France au niveau du temps de de Zola (3) ?
Non !
Jour debout et nuit debout, la grève, le blocage des sites de production et l’occupation des places sont la dernière arme des victimes d’un système économique injuste, d’un capitalisme ré-ensauvagé ; la contre-offensive des sans-voix d’un système politique à bout de légitimité (inégalités croissantes, démocratie représentative qui ne représente pas le pays réel, parlement godillot, état d’urgence permanent). »
[Lire la suite…]
https://blogs.mediapart.fr/cbonneuil/blog/270516/bloque-tout-force-des-sans-pouvoir
[scandaleuse et traîtreuse inversion de la hiérarchie des normes] Article 2 de la loi Travail : pourquoi NON, Hollande n’a pas été élu pour ça
Vendredi 27 mai 2016 par Thomas Vampouille sur Marianne :
http://www.marianne.net/article-2-loi-travail-pourquoi-non-hollande-n-pas-ete-elu-ca-100243272.html
Le trio Hollande-Valls-El Khomri n’a de cesse d’affirmer que son projet de loi Travail est en parfaite cohérence avec les idées de la majorité depuis quatre ans. Mais l’article 2, qui concentre l’opposition de la CGT, consacre une inversion de la hiérarchie des normes… que le PS promettait de rétablir en 2011, puis en 2015 !
« La réforme est en cohérence avec tout ce que nous avons fait depuis quatre ans », assure Hollande… Vraiment ? – SIPA
C’est LA ligne rouge. L’article 2 du projet de loi El Khomri, adopté en première lecture à l’Assemblée nationale, est celui autour duquel se cristallise aujourd’hui le bras de fer entre le gouvernement et les opposants au texte, CGT en tête.
Le fameux article a aussi provoqué cette semaine une certaine cacophonie au sein de la majorité, le chef des députés socialistes Bruno Le Roux puis le ministre des Finances lui-même, Michel Sapin, ayant évoqué sa possible modification avant d’être rabroués sèchement par Manuel Valls ce jeudi 26 mai : « On ne touchera pas à l’article 2 ». Depuis le Japon où il se trouve pour le sommet du G7, François Hollande a fini par descendre ce vendredi 27 mai dans l’arène, apportant son franc soutien à son Premier ministre : « Je l’ai voulue, cette réforme, elle est en cohérence avec tout ce que nous avons fait depuis quatre ans »… Vraiment ?
La hiérarchie des normes, promesse du PS et d’EELV en 2011
Le hic avec cet article 2, c’est qu’il consacre selon ses opposants « l’inversion de la hiérarchie des normes ». En clair, dans l’ancien code du Travail, il était impossible d’établir un accord d’entreprise moins avantageux pour le salarié que l’accord de branche, lequel était forcément mieux-disant que le code du travail. Aujourd’hui, dénoncent ses opposants, la loi El Khomri inverse cette pyramide en faisant prééminer, pour les questions de temps de travail, l’accord d’entreprise sur tout le reste.
Or, l’inversion de la hiérarchie des normes n’est effectivement pas très cohérente avec « tout ce que (la gauche) a fait depuis quatre ans ». Comme l’a souligné Jean-Luc Mélenchon dans l’émission DPDA ce jeudi soir, face à l’ex-secrétaire nationale d’EELV devenue ministre Emmannuelle Cosse, dans l’accord signé entre les Verts et le Parti socialiste en vue des législatives de 2012, « il était écrit qu’il fallait revenir sur l’inversion de la hiérarchie des normes qui avait été mise dans les lois de 2004 et de 2008 par la droite ». En effet, ce point figure très clairement page 12 du texte signé en novembre 2011 par le PS et EELV, intitulé « Ensemble pour combattre la crise et bâtir un autre modèle de vivre ensemble ». Au chapitre « Travailler tous, travailler mieux », celui-ci proclame :
La hiérachie des normes, ligne du PS en 2015
« Rétablir la hiérarchie des normes », donc. Est-ce à dire que le PS aurait signé cet accord sans le penser, juste afin de s’assurer l’aide des écologistes pour gagner les élections ? Que nenni : il ne l’a tellement pas oublié que cette disposition a été réaffirmée pas plus tard qu’il y a tout juste un an, début juin 2015, lors du congrès de Poitiers. Et ce, dans la motion A – « Le renouveau socialiste » – présentée par le secrétaire national du parti, Jean-Christophe Cambadélis :
« Rétablir la hiérarchie des normes », toujours, tout spécialement dans le domaine de la « durée légale du travail ». Un texte qui est devenu la ligne officielle du PS depuis juin dernier et qui avait été signé notamment par… Manuel Valls et Myriam El Khomri.
Reste une question : oui ou non l’article 2 de la loi El Khomri inverse-t-il cette hiérarchie des normes à laquelle la gauche, y compris le PS, tient officiellement tant ? Eh bien, voici l’exposé des motifs du projet de loi présenté par la ministre du Travail de Manuel Valls :
« La primauté de l’accord d’entreprise en matière de durée du travail devient le principe de droit commun », notamment « en matière de fixation du taux de majoration des heures supplémentaires, où la priorité est donnée à l’accord d’entreprise, et non plus à l’accord de branche ». C’est très clair. Et voici la formulation retenue par le projet de loi sur lequel le gouvernement a engagé sa responsabilité, concernant les dispositions sur le temps de travail :
« Une convention ou un accord d’entreprise ou d’établissement ou, à défaut, une convention ou un accord de branche peut prévoir… »
En clair, comme prévu dans l’exposé des motifs, « la primauté de l’accord d’entreprise en matière de durée du travail devient le principe de droit commun ».
Source : Marianne
Le code du travail français fait 3500 pages, ce qui fait tout de même plus de 3400 pages de trop avant que le qualificatif « d’ultra-libéral » puisse éventuellement s’appliquer, selon le contenu des 100 dernières pages.
Un pays dont on pourrait sans doute s’inspirer est la Suisse : le code du travail y fait 130 pages, le taux de chômage est de 3.5% contre 10.5% en France et le salaire moyen 80% plus élevé qu’en France, sans qu’il existe de législation sur le salaire minimum (rejetée en 2014 par référendum … et oui, la Suisse est une démocratie !). Bref, 130 pages suisses produisent de bien meilleurs résultats que 3500 pages françaises. Vous avez dit « productivité » ?
Finalement avec les élections, on nous donne la possibilité de participer au choix d’une poignée d’exécutants. C’est vrai des professionnels (de tout horizon politique mais venant d’un même fournisseur, l’ENA) qui travaillent à la solde de commanditaires permanent en coulisses qui ne sont jamais embêtés. Quel travail ingrat que ce travail d’exécutants ! Ils sont détestés par la majorité mais adorés par quelques uns seulement…Où trouvent-ils ce courage ? 😉
L’ego, cette surestime de soi, la représentation, ce sentiment d’exister que leur renvoie l’opinion, le public, leur entourage, ce pouvoir aussi, réel ou/et relatif, etc., etc., mais le courage, nenni, ce ne sont là que suffisance, prétention, ambition, « adoration » subjective et malsaine, bref, toutes notions et tous comportements dont il faut nous émanciper si vous voulons vraiment tendre vers un mieux être sociétal et harmoniser nos existences dans ce respect et cette dignité en commun ^^
Oligarchie médiatique :
Hé ! Il en manque plein, là !
Acrimed : la concentration des médias et ses effets :
http://www.acrimed.org/La-concentration-des-medias-et-ses-effets
Acrimed : concentration des médias et dépendances :
http://www.acrimed.org/Concentration-des-medias-2-convergences-et-dependances
Acrimed : Les grandes manœuvres de concentration multimédia : comment et pourquoi ?
http://www.acrimed.org/Les-grandes-manoeuvres-de-concentration-multimedia-comment-et-pourquoi
Insurrection : une journaliste de France Culture rue dans les brancards médiatiques
« Aïe, ça se gâte pour les “zélites” : les médias mainstream sont désormais directement attaqués de l’intérieur ! »
http://yetiblog.org/index.php?post%2F1816
Aline Pailler, journaliste à France Culture, 77 mars 2016 :
« Crime de lèse majesté !
Le syndicat du livre CGT a bloqué la parution des quotidiens nationaux en ce jour de mobilisation nationale contre la loi travail ! C’est donc une action,du syndicat de la presse (FILPAC), au même titre que les blocages de port ou autres actions sur les autoroutes ou centrales nucléaires et raffineries. Mais sur France Inter Laurent Joffrin (qui bénéficie d’une tribune hebdomadaire sur cette chaîne du Service public) s’étrangle d’indignation au micro complaisant de sa consœur Sonia Devillers !
La liberté de la presse serait bafouée, « retour à l’URSS » a même osé dire sans rire le patron de Libération !
Rappelons que Libération, titre fondé par JP Sartre et le décevant Serge July, a été racheté par Bruno Ledoux qui n’a pas eu peur de s’en prendre à l’indépendance des journalistes dans des mots choisis : « Je veux les rendre ringards tous ces esprits étriqués et tirer un coup d’avance, un coup cash… Je pense qu’il faut prendre […] à témoin tous les Français, qui raquent pour ces mecs, pour que tout le monde comprenne bien l’enjeu qui se joue actuellement… D’un côté, la faillite, de l’autre côté, une autre vision… »
Joffrin lui a compris le message de celui dans la main de qui il mange !
Puis ce fut l’entrée de Patrick Drahi au capital de Libération. Celui-ci figure sur la liste des personnalités impliquées dans le scandale Panama papiers. Patrick Drahi, patron du groupe de télécommunication et de médias Altice (SFR et Numericable) est la dixième fortune de France et la 205e mondiale.
Rappelons que l’homme d’affaires réalise tous ses achats à crédit et emprunte auprès des banques et sur les marchés financiers.
Voilà pour les patrons de L. Joffrin.
Alors oui je soutiens cette action des ouvriers du livre et ne me sens pas solidaire de mes confrères et consœurs journalistes qui hurlent avec les loups à la sacro-sainte liberté de la presse alors qu’ils collaborent par auto-censure ou par accord idéologique avec les gouvernements et les pouvoirs financiers.
Leur recrutement social, leur formation laisse peu de place à un réel esprit libre et critique de la société capitaliste qui leur convient parfaitement visiblement.
Alors,que tous ces journalistes sont médiatisés jusqu’à l’écœurement et se partagent les temps d’antennes et rubriques, qu’ils ne veuillent pas laisser la place d’une tribune au secrétaire général d’un syndicat ( la CGT) brocardé à l’envi depuis quelques jours, c’est là la véritable atteinte à la liberté de parole et de penser !
Un groupe de #NuitDebout a écrit une tribune courte pour dénoncer les violences policières et n’a pas trouvé, même en payant, un quotidien national pour le publier !
Alors oui je trouve même amusant de voir l’arroseur arrosé grâce à cette action du syndicat des ouvriers du livre CGT en ce jour de manifestation nationale !
Aline Pailler, journaliste à France Culture »
http://yetiblog.org/index.php?post%2F1816
Source : Chroniques du Yéti yetiblog.org
VOUS EN AVEZ MARRE DE CES GRÈVES ET DE CES BLOCAGES ?
FAITES LE SAVOIR !!!!
COUPON À ENVOYER À VOTRE EMPLOYEUR
Je, soussigné, NOM : —————- Prénom ————————
Je demande à ne pas bénéficier des améliorations que les travailleurs en grève pourront obtenir, par exemple :
· Je demande à travailler au moins jusqu’à 67 ans,
· Je veux pouvoir être licencié plus facilement, qu’il s’agisse d’une incapacité due à un accident du travail ou à une diminution des bénéfices de mon entreprise,
· Je souhaite que mes indemnités soient réduites en cas de licenciement, y compris en cas de licenciement abusif,
· Je suis favorable à ce qu’il y ait un droit du travail par entreprise et non plus les mêmes droits pour tous,
· Je ne souhaite plus passer de visite médicale du travail,
· Je veux que mes horaires de travail (durée et répartition) puissent être modifiés n’importe quand,
· Je veux pouvoir travailler jusqu’à 60 heures par semaine et même sans limite en cas de forfait jour,
· Je souhaite que mes heures supplémentaires soient moins bien rémunérés et je suis d’accord pour qu’elle ne me soient payées que tous les trois ans,
· Je suis d’accord pour que mes dates de départ en congé puissent légèrement être modifiées moins d’une semaine avant mon départ,
· Je souhaite que tous les conquis sociaux soient remis à zéro tous les cinq ans,
· Je suis favorable à l’étouffement des services de l’inspection du travail.
Merci de me répondre favorablement à mes demandes
Date signature
————————————————————————————–
EN OPTION : Pour préparer l’avenir avec modernité,
je ne souhaite plus bénéficier des améliorations gagnées par le passé :
· Je renonce à mes congés payés,
· Je renonce à la Sécurité Sociale,
· Je ne veux plus de salaire minimum,
· Je suis favorable à l’interdiction des syndicats et du droit de grève.
Stéphane Guillon chez Ardisson mime Luchini :
Le tribunal de Cahors a condamné à 2 mois de tôle un SDF de 18 ans, pour avoir volé un paquet de pâtes et un paquet de riz…
Professeur Macron joue au donneur de leçons dans la rue pour éveiller les consciences, apporter la lumière divine, mettre « En Marche » les Français (ou plutôt les faire rentrer dans le rang) :
https://youtu.be/dtRvOs5vaC8
Il faut écouter celle-là aussi ; elle est un peu plus longue mais elle vaut le détour !!
httpv://youtu.be/3apU_1bIZzY
La réponse de la bergère au berger :
https://olivierdemeulenaere.wordpress.com/2016/06/02/enseignante-macron-arracher-costard-je-cours/
Etienne : c’est Stéphane Guillon, et pas Claude…
Merci Merome, corrigé — Je l’ai confondu avec le Guillon que je lis (« La terrorisation démocratique ») 🙂
L’Europe façon Wall Sreet exige la « Loi Travail » : corrosif rappel d’une historienne.
par Jacques-Marie BOURGET
L’historienne Annie Lacroix-Riz consacre toute sa carrière à mettre au jour les actions de ce que l’on n’appelle plus « le grand capital »… Dommage car il demeure tout puissant. Voulue telle qu’elle est aujourd’hui par les Etats-Unis ( un marché qui obéit et une puissance supplétive au plan militaire), l’Europe, dopée par Washington à partir de 1945, vit maintenant son apothéose ultra libérale. Son dernier avatar : écrire puis imposer la « Loi Travail ».
C’est sûrement faire injure au lecteur que d’étaler sous ses yeux une vérité trop première. Si le terrible virus social qu’est la « Loi Travail » nous tombe dessus, ce n’est pas pour, comme le bégaie Valls, « réformer la France en la modernisant ». Bien sûr que non. Ou alors expliquez-nous par quel miracle un gouvernement de droite en Belgique et un supposé de gauche en France, promulguent en même temps des règles identiques qui étranglent au mieux les travailleurs ? C’est tout simple, la consigne unique et mortifère vient de la Commission européenne, un machin livré à tous les lobbies. A Bruxelles, 40 000 personnes sont employées par ces officines « d’influence » qui soumettent au Parlement européen la version des lois qui convient le mieux à Wall Sreet. Ainsi soulagés d’une assommante besogne, avant de foncer à la buvette, les députés européens n’ont plus qu’à dire oui à ces lobbies qui s’activent à notre bonheur. Pendant ce temps, alors qu’ils devraient faire du tapage, peu de ceux dont le métier est de penser et de dire viennent nous mettre sous le nez l’extrait de naissance d’une Europe naguère fécondée par les Etats-Unis.
Pourtant, alors que les bataillons intellectuels sont aux arrêts de rigueur, Annie Lacroix-Riz, inoxydable sentinelle du temps, s’en vient par un livre, Les élites françaises entre 1940 et 1944, jeter boules puantes et verre pilé dans le lit de l’Europe. Cette chercheuse pour laquelle les archives ne sont pas des continents oubliés, nous rappelle, en plein blocages et fumées de lacrymos, l’origine de notre mal, pourquoi nous toussons. Ce catarrhe vient de ce que les « élites » du capitalisme français (banquiers ou élus) et nombre de leurs compères d’états voisins, ont la nécessité d’appuyer leur politique sur un pays qui joue pour eux le rôle de modèle. A partir de 1934 ce fut l’Allemagne nazie, projection d’un mode d’exploitation idéal. Plus tard, Hitler ayant hélas échoué dans la construction de sa nouvelle Europe, les trusts et les banques ont tourné leur veste pour courir au plus vite derrière le nouvel ami étasunien. Ouf. Depuis, le fleuve continue de couler tranquille, Juncker et autres perroquets de Goldman Sachs peuvent lancer leur fatwa de l’ultra libéralisme sur les travailleurs : « il n’y a pas d’alternative ». Voilà pourquoi une Loi Travail nous est tombée dessus, réclamée par ces fonds de pension étatsuniens qui sont à la justice sociale ce que Dracula est à la transfusion sanguine.
Lacroix-Riz, qui laboure le champ de ses connaissances avec une totale obstination, nous a déjà régalés d’un petit livre, Aux origines du carcan européen chez Delga. Belle Europe que cette construction confiée à deux « pères », Robert Schuman (ministre de Pétain) et Jean Monnet (agent de Washington). Cette fois l’historienne nous décrit les douloureux balancements, pour les maîtres de l’économie, entre le prodigieux Adolf Hitler et les plis de la bannière étoilée à mesure que, Staline broyant SS et Wehrmacht dans l’hiver soviétique, les « boys » pouvaient avancer vers La Manche. On plaint presque ces pauvres industriels et banquiers et leurs poulains politique d’avoir à affronter tant d’incertitude, faisant pivoter, comme les spectateurs du tennis, leurs têtes entre Washington et Berlin.
Dans L’Etrange défaite Marc Bloch qui analyse à chaud la déroute française de 40, classe les responsables de cette tragédie en cinq catégories : armée, politiques, presse, affaires et hommes de main. Annie Lacroix-Riz, spécialiste de la Cagoule, ne revient pas sur ces « hommes de main » qu’elle connait trop et qui ne sont que des exécutants (c’est le cas de le dire). Mais elle ajoute le clergé catholique accusé d’avoir été un truchement, un liant entre Vichy ou l’occupant et de trop nombreux français. D’emblée elle piétine le postulat de ces historiens bien-pensants qui écrivent que la collaboration a été essentiellement une affaire de petites gens dévoyés. Pas du tout, au-dessus de la pyramide brune, Lacroix-Riz distingue sans contestation les « élites » et autres puissants, les donneurs d’ordres.
Egale à elle-même, à ce qu’est son livre « culte » Le Choix de la défaite, la chercheuse avec son nouvel ouvrage en béton, nous démontre que plus qu’une affaire de miliciens en manteaux de cuir ou de diatribes de journalistes crapules, la collaboration fut massivement le choix des industriels et banquiers qui préféraient Hitler au Front populaire. Le verdict de l’historienne est tranchant : toute collaboration est létale, ce qui emporte le mythe des « résistants » de Vichy dont Mitterrand est la tête de gondole. Collaborer, même de façon « éloignée », c’est plonger les mains dans le sang nous montre Lacroix-Riz.
« Les élites françaises de 1940 à 1944 » porte un sous-titre qui dit tout « De la collaboration avec l’Allemagne à l’alliance américaine » et, dans cette mutation qui porte d’un amour l’autre, certaines « élites » seront plus perspicaces que d’autres. Ce n’est pas par haine du nazisme ou par désespoir de vivre dans un pays occupé que certains dirigeants ont très vite pris le parti des Etats-Unis. Ni patriotes ni démocrates, ces pragmatiques se sont appuyés sur le rapport du général Doyen en date du 16 juillet 1941, un officier qui a participé à la Commission d’armistice, ou sur de semblables analyses. Pour Doyen, étant donné son degré de culture, sa puissance économique, sa population importante, son obligation de défendre la Grande Bretagne, les Etats-Unis étaient à long terme certains de gagner la guerre. Jouant cette carte, ces « élites » qui collaboraient avec l’Allemagne depuis le Plan Dawes en 1924, et encore mieux à partir de 1933, ont donc sauvé leur réputation à défaut de leur honneur. Et les américains peu regardants n’ont pas hésité à discuter et échanger avec Vichy : il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier et garder une matraque fasciste capable, le moment venu, de lutter contre le communisme. D’autres « élites » moins avisées, ont poursuivi un peu plus leur chemin commun avec les nazis. Pas très grave puisqu’après 1944 les tribunaux d’épuration ont eu pour mot d’ordre de ne pas casser l’outil industriel restant debout, ni le reste d’une économie asthénique. Quelques malchanceux, comme Renault qui ne l’avait pas volé, ont payé pour le compte de tous, histoire de faire symbole.
Il est passionnant de suivre, au travers de ses envoyés spéciaux, de ses « pions », l’action des amis de l’Amérique choisis par Washington dans l’entourage de Pétain. Alger va devenir un roman de Le Carré où les intrigues pour imposer les hommes de demain sont parfois mortelles.
Au-dessus de tout cela il y a un homme détesté des yankees et peu aimé par Churchill, il s’appelle De Gaulle. Il va surfer, jouer sa carte avec pugnacité et l’aide de quelques héros.
En fin de compte Wall Sreet et nos « élites » ne pouvant se mettre en travers, vont laisser le grand général gouverner la France. Mais l’idée de construire cette Europe américaine, un marché aux ordres, demeure. Petit à petit, lui-même entouré de quelques « Atlantistes », De Gaulle va lâcher sa position de « non aligné ». Il ne reste plus qu’à être patient, Bruxelles va être le relais qui commande aux anciennes nations. Par exemple de promulguer des lois « modernes » comme cette monstruosité française sur le droit du travail.
Jacques-Marie BOURGET
PS. Sur Internet un entretien donné par Annie Lacroix-Riz est un élément très convainquant, il permet de saisir parfaitement les recherches de l’historienne.
httpv://youtu.be/pFedkdGtrGw
Source : Le Grand Soir, http://www.legrandsoir.info/l‑europe-facon-wall-sreet-exige-la-loi-travail-corrosif-rappel-d-une-historienne.html
Conférence de Bernard Friot et d’Usul, a Science ‑Po Rennes
httpv://youtu.be/GP4dhZcVcWU
Loi travail : panique au sommet
http://www.regards.fr/web/article/loi-travail-panique-au-sommet
Source : regards.fr
Signez l’appel. « Ce gouvernement ne doit pas continuer à faire monter les pressions… »
Loi « Travail ». Un appel de la Fondation Copernic
http://www.humanite.fr/signez-lappel-ce-gouvernement-ne-doit-pas-continuer-faire-monter-les-pressions-608546
Les origines du carcan européen
Ce que rappelle Annie Lacroix-Riz est essentiel : le projet d’UE est très antérieur à la 2e guerre mondiale (il date des années 20) et il est (depuis l’origine et encore aujourd’hui) le projet des grandes banques et des cartels industriels :
httpv://youtu.be/yxI_8cGnPdo
[progression de la pourriture politicienne]
Les sénateurs suppriment les 35 heures
http://www.bienpublic.com/actualite/2016/06/01/les-senateurs-suppriment-les-35-heures
Au tour du Sénat de se pencher sur le projet de loi Travail. Et, en commission des affaires sociales, les sénateurs n’y ont pas été de main morte : ils ont purement et simplement supprimé les 35 heures !
D’autorité, ils ont voté un amendement ramenant la durée légale du temps travail à 39 heures, explique Public Sénat. Martine Aubry appréciera.
D’autres mesures supprimées
Dans la foulée, les sénateurs UDI et LR ont aussi retouché plusieurs dispositions de la loi Travail. Ils ont ainsi supprimé la généralisation de la garantie jeune ou le compte engagement citoyen. Deux mesures ajoutées par le gouvernement pour satisfaire sa gauche.
Un texte chamboulé
Le texte sera examiné en séance à partir du 13 juin. Nul doute que les sénateurs chambouleront la loi adoptée à l’Assemblée nationale avec le 49–3 avant que cette dernière ne revienne en seconde lecture chez les députés.
2 vidéos de Gérard Filoche pour bien comprendre la loi Travail (et son monde)
Qui mieux qu’un ancien inspecteur du travail pour expliquer ce qu’est la loi El Khomri et à quoi elle prétend se substituer ? Voici donc deux vidéos, une pour les pressés l’autre plus longue et détaillée, où Gérard Filoche choisit ses mots pour expliquer ce qu’est le code des travailleurs et pourquoi il est bâti de cette façon. Rien à voir avec cette tuile assénée à coups de 49–3 !
https://blogs.mediapart.fr/segesta3756/blog/020616/2‑videos-de-gerard-filoche-pour-bien-comprendre-la-loi-travail-et-son-monde
httpv://youtu.be/mlkfNu_NSKE
httpv://youtu.be/CfFSY6PsMqQ
La Suisse n’est plus candidate à l’adhésion
http://www.tdg.ch/suisse/suisse-candidate-ladhesion/story/12602876
Le parlement a intimé l’ordre au Conseil fédéral d’écrire à Bruxelles pour annuler sa requête vieille de… 24 ans.
Et donc ?
Terminé ?
Tous en vacances ? Loi travaille emballée, circulez y’a rien à voir ?
Une petite coupe ( de foot ) et s’en ?
Je sais que l’on a travaillé toute l’année pour s’offrir ce moment. Ces vacances. Cela servirait a quoi d’autre de travailler ? Attendre la retraite et avoir une pension impossible a utiliser avec l’enthousiasme de la jeunesse ?
Ce moment se produit maintenant. Juillet Août. Le timing du pouvoir est parfait comme d’habitude. Et de toute façon ce moment nous est imposé, l’école publique est ainsi établie. Et ça non plus ça n’a pas de sens. Ça aussi est une structure rigide et sans plus de bon sens ni de flexibilité.
Cette école qui ne nous apprend pas la constitution ni ne nous forme a être responsable et prendre le contrôle de notre société. A constituer par exemple.
Asservissement organisé. ( Instit:« vous savez la première année de maternelle on apprend surtout a devenir un élève. » Moi : « C’est-à-dire ? » Inscrit : « Cela consiste à apprendre à se taire, à rester assis, à écouter » Moi : « J’ai jeté ma télé, heureusement que vous étiez là. » )
Je suis donc choqué. Plus personne dans les rues finalement. La loi travail passe. Tant pis. Je pars changer le monde sans plus en parler mais en le faisant :
Je plante mes légumes et mange le moins de viande possible. ( ah oui ? Pk ? ).
Je sors mon petit pécule du système et adhère à une banque alternative.
Je sors mon enfant de l’école progressivement. Il aura ses idée à lui et comprendra que le système est tel qu’on accepte qu’il soit et que l’on a le choix de le changer. Cette prise d’otage n’est peut-être pas une fatalité.
Inutile d’aller voter et de donner de l’importance à des gens à qui on peut ne pas déléguer nos pouvoirs. Je les laisse Chouard.
Je vis l’instant présent et je fais ma part du colibri.